Le Minimalisme "d'un art à l'autre"

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musique action 2012 hors-série n°3

le minimalisme d’un art à l’autre

Historique La musique minimaliste également appelée minimaliste répétitive fait son apparition au début des années 60 aux Etats-Unis. Le terme minimaliste lui-même est emprunté au minimal art, apparu aux Etats-Unis, vers 1965. Le minimalisme, en peinture et sculpture, rejette à la fois le lyrisme de l’expressionnisme abstrait et la figuration du pop art. Il vise une neutralité esthétique absolue : épure des formes, froideur, refus de toute subjectivité. Un seul mot d’ordre : “The less is more” (“le moins est le mieux”). La musique minimaliste était intimement liée à ce mouvement traversant diverses pratiques artistiques. Steve Reich déclara, lors d’une interview à New Music Box en 1998, qu’à ses débuts son public était essentiellement constitué de peintres, sculpteurs, réalisateurs, chorégraphes tels que Sol Lewitt et Robert Smithson... Charlemagne Palestine s’inspirait directement de Mark Rothko, Barnett Newman et Clyford Still. Le minimalisme en musique se caractérise par un rejet du sérialisme, système de composition dans lequel la nouvelle génération ne se reconnaît plus, et à un retour à la tonalité et à la pulsation

rythmique. La plupart des compositeurs minimalistes ont expérimenté la Tape Music (manipulations de bandes magnétiques, proches de la musique concrète française) et les premiers instruments électroniques (oscillateurs, synthétiseurs). Ils ont côtoyé les pionniers de la musique électronique aux Etats-Unis (Richard Maxfield, David Behrman, Morton Subotnick...). Pauline Oliveros, Terry Riley et Steve Reich ont fréquenté le San Francisco Tape Music Center où Don Buchla développa la “Buchla Box”, un synthétiseur modulaire concurrent du Moog. Beaucoup se sont également plongés dans l’étude des musiques traditionnelles. Terry Riley, La Monte Young et Charlemagne Palestine ont suivi l’enseignement de Pandit Prân Nath, grand maître du raga indien du nord. Philip Glass a suivi celui de Ravi Shankar. Steve Reich, Ingram Marshall et Charlemagne Palestine ont étudié les gamelans balinais. Certains protagonistes du mouvement minimaliste sont d’abord passés par le jazz. La Monte Young a joué avec Don Cherry et Eric Dolphy dans les années 50. Steve Reich souhaita un temps devenir batteur de jazz. Deux tendances, très perméables, se sont dessinées. Tout d’abord un minimalisme radical qui focalise ses recherches sur les sons continus,

les drones et l’intonation juste (La Monte Young, Charlemagne Palestine et plus récemment Michael J. Schumacher...). Ensuite un minimalisme répétitif (Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass, John Adams...) : de courts motifs mélodiques, harmoniques ou rythmiques sont répétés ; d’infimes variations de ces motifs provoquent des effets psychoacoustiques chez l’auditeur, comme bercé, hypnotisé. “In C” créé par Terry Riley en 1964, et enregistrée pour Columbia Records en 1968 par David Behrman, est considérée comme l’œuvre fondatrice de ce courant. De nombreuses versions ont été enregistrées depuis. Le minimalisme correspond plus ou moins à une période de la création musicale contemporaine qui s’étend du milieu des années 1960 au milieu des années 1970. Au-delà de cette période, ses principaux protagonistes et de nouveaux arrivants ont complexifié leur langage et diversifié leurs influences et approches, et ce à un point tel qu’on ne peut plus réellement les qualifier de minimalistes. L’adjectif ne fut d’ailleurs jamais réellement accepté par les compositeurs eux-mêmes. Le minimalisme, courant musical à la croisée des chemins, a subi un véritable éclatement et connaît une descendance particulièrement florissante au sein de la musique contemporaine et au-delà.


Ont ainsi vu le jour des appellations diverses et aux contours flous : Postminimalism (John Adams, Ingram Marshall, Michael Gordon, Mikel Rouse, le label Cold Blue...), Totalism (Glenn Branca, Rhys Chatham...). En Angleterre, des compositeurs tels que Gavin Bryars et Michael Nyman peuvent être affiliés au minimalisme. Michael Nyman serait d’ailleurs le premier à avoir employé ce terme en musique en 1968. Aux Etats-Unis, le terme de New Music s’est imposé pour englober ce vaste domaine de création protéiforme comprenant l’héritage minimaliste, les musiques électroniques, la musique contemporaine puisant dans la Pop music... Les pionniers du minimalisme sont très fréquemment cités par bon nombre de musiciens et groupes pop des années 1960 à aujourd’hui. Le Velvet Underground se situe en filiation directe avec ce courant. Au début des années 60, John Cale, Angus MacLise et Tony Conrad ont participé au “Theatre of Eternal Music” de La Monte Young, notamment au sein de la formation appelée “Dream Syndicate”, avant que John Cale, Angus MacLise ne forment le Velvet Underground. John Cale a également enregistré en 1970 l’album “Church of Anthrax” avec Terry Riley. Les anglais de Soft Machine reconnaissent en Terry Riley une influence majeure, tant par ses travaux de manipulations de bandes magnétiques que par son approche modale et répétitive de la musique. L’écoute de “Third” de Soft Machine, chef d’œuvre monolithique et expérimental paru en 1970, suffit à s’en convaincre. La filiation passe ici par le fondateur de Gong et proche ami de Soft Machine, Daevid Allen, qui travailla lui-même avec Terry Riley au début des années 1960. Le courant minimaliste a également exercé une influence indéniable sur le rock planant allemand ou Krautrock. Les nappes synthétiques brodées par Tangerine Dream et les expérimentations guitaristiques de Manuel Göttsching d’Ash Ra Temple ne sont pas sans rappeler LaMonte Young et Terry Riley (tout particulièrement les œuvres pour orgues de ce dernier). Le groupe Faust participe même à l’album “Outside the Dream Syndicate” de Tony Conrad. Les ramifications du minimalisme sont foisonnantes ! Plus proche de nous, le groupe de rock expérimental Sonic Youth a livré une nouvelle interprétation de “Pendulum Music” de Steve Reich , une œuvre créée dans les années 1970. Lee Ranaldo de Sonic Youth, qui participa également aux symphonies de Glenn Branca, fit remasteriser l’une des plages de “Four Manifestations On Six Elements” de Charlemagne Palestine, un disque publié en 1996, regroupant divers travaux des années 1960/1970. On retrouve encore les minimalistes parmi les influences majeures du mouvement techno. Une dizaine de DJ rendait d’ailleurs hommage à Steve Reich avec l’album “Steve Reich Remixed” en 1999, sur lequel figurent, DJ Spooky, Ken Ishii et Coldcut (nom derrière lequel se cache les fondateurs du très influent label Ninja Tune).

L’art minimal Le qualificatif de minimalisme a été employé en 1965 par les théoriciens Barbara Rose et Richard Wolheim pour désigner une tendance de l’abstraction représentée par des artistes comme Carl Andre, Dan Flavin, Donald Judd, Robert Morris, Sol LeWitt ou Robert Ryman, qui fondaient leur démarche plastique sur des formes géométriques élémentaires, dites aussi “structures primaires”, généralement traitées de manière aussi épurée et impersonnelle que possible, s’écartant ainsi radicalement des mouvements de l’Expressionnisme abstrait, avec ce qu’ils supposaient de débordements et de subjectivisme. Comme antécédents à cette démarche, Wolheim évoque les ready-mades de Duchamp et les peintures noires d’Ad Reinhardt qui, selon lui, s’orientent vers un “minimum de contenu artistique”, comme l’atteste la description que livre Reinhardt de ses œuvres : “Une toile carrée (neutre, sans forme), cinq pieds de large, cinq pieds de haut, aussi haute qu’un homme, aussi large que les bras étendus d’un homme (ni petite, ni grande, sans taille), trisectrice (pas de composition), une forme horizontale niant une forme verticale (sans forme, ni haut ni bas, sans direction, trois (plus ou moins) couleurs sombres (sans éclat) non contrastées (sans couleur), coup de pinceau repassé pour faire disparaître les coups de pinceau, une surface peinte à la main, mate, plane (sans brillant, ni texture, nonlinéaire, sans bords nets, ni bords flous)” . L’art minimal se nourrit en fait du principe fondateur de l’architecte Mies van der Rohe “Less is more”, des œuvres de Malevitch, et reconnaît le peintre abstrait Ad Reinhardt comme l’un de ses pionniers avec Frank Stella. La simplicité devient une composante primordiale du mouvement et il n’existe aucune représentation subjective derrière le minimalisme; il se tient à distance de toute symbolique et ne cherche à jouer que sur les formes et les couleurs en évitant l’émotion au sens littéral du terme : il s’agit bien là de développer un art qui ne repose pas sur l’expression de sentiments. Pour les minimalistes, il n’y a en effet rien d’autre à voir que ce que l’on voit. Le ressenti

est hors de propos. Robert Morris et Sol LeWitt s’en détacheront pourtant rapidement. Carl Andre affirme pour sa part : “Minimal signifie pour moi la plus grande économie pour atteindre la plus grande fin”. Si la sobriété extrême est bien l’une des qualités communes à l’œuvre de ces artistes, elle ne constitue pas, selon eux, un but en ellemême. L’insistance sur cette caractéristique, qui présente leurs œuvres sous l’angle de la pauvreté, leur paraît un jugement réducteur au point qu’ils rejetteront l’appellation de minimalisme ou d’art minimal. En fait, seule la représentation de l’œuvre est minimale. Ce n’est pas un art de la réduction, mais plutôt une nouvelle expérience artistique débarrassée de tout effet illusionniste. Le minimalisme a profondément marqué l’évolution de l’art contemporain. Incarnant la tendance américaine dominante à la fin des années 1960, il a suscité de nombreuses réactions. Ainsi, dès sa naissance, le mouvement italien de l’Arte Povera, qui se fonde sur la conscience politique de l’artiste et une idée de la “pauvreté” de l’art dans le sens d’une précarité nécessaire, s’est opposé directement à la sophistication volontairement froide et neutre du minimalisme qui ne prend parti sur rien excepté sur son “idée”. Mais le minimalisme est aussi à l’origine d’une part importante de la sculpture contemporaine et de l’art conceptuel – lequel prolonge le souci d’économie de moyens jusqu’à privilégier l’idée sur la réalisation. Seule l’idée compte, le reste n’a pas d’importance, d’où la relation étroite entre art minimaliste et art conceptuel, un pont entre deux écoles en fait très liées par l’idée que “l’idée est œuvre d’art” et non pas “l’œuvre d’art” ellemême. Dans le domaine s’apparentant à la sculpture, les artistes minimalistes utilisent des structures élémentaires, réalisées dans des matériaux (fer, cuivre poli, acier) souvent laissés bruts, et des formes épurées, constituées d’éléments en deçà desquels la forme même se dissout : pavement faits de carreaux métalliques (Carl Andre), vastes feuilles de métal pliées ou roulées (Richard Serra), répétition de parallélépipèdes métalliques tous identiques (Donald Judd), morceaux de feutre lacérés et déformés par la seule action de la pesanteur (Robert Morris), compositions linéaires en tubes de néon blancs ou de couleur (Dan Flavin) en représentent des exemples caractéristiques. Le choix des volumes géométriques simples sont à appréhender immédiatement pour ce qu’ils sont (sans artifice). Les couleurs, les matériaux individuels permettent de produire des objets qui n’ont aucune histoire émotionnelle et donc le contenu de la sculpture n’est autre que la sculpture elle-même, c’est une représentation minimale parce qu’elle se limite à l’essentiel. extrait de l’intervention par Jean-Yves Bosseur Forum Régional des Musiques Nouvelle 2011


Tom Johnson

dans les pièces à compter, son contenu puisque ce sont les noms des nombres eux-mêmes qui forment la matière sonore de la pièce.

B.G. : Il y a donc ces jeunes musicologues mais, vous-même, avez-vous poursuivi votre réflexion sur le minimalisme ?

Témoin attentif de la révolution minimaliste au début des années soixante-dix à New York, révolution qu’il a chroniquée dans Village Voice, compositeur dont l’œuvre est immédiatement reconnaissable, Tom Johnson est une personnalité incontournable de la musique contemporaine.

Toute l’œuvre de Johnson ne se résume évidemment pas à l’application de formules mathématiques ou logiques à la composition musicale. Il a aussi à son catalogue plusieurs opéras dont un au moins, L’Opéra de quatre notes (1972), qui connut un grand succès. Ces pièces, souvent humoristiques, peuvent paraître éloignées de ses soucis rationels. A y regarder de plus près, elles obéissent aux mêmes principes : simplicité volontaire, vocabulaire réduit, lisibilité, implication du public. Tom Johnson tient notamment à ce que ses opéras soient toujours donnés dans la langue de celui-ci. Ce qui distingue ces deux versants de sa production est le type de mécanismes cognitifs sollicités chez les auditeurs. Il ne s’agit plus dans ces opéras de calculer la musique mais plutôt de jouer avec les codes d’une genre connu de tous. Que cette musique soit aisément reconnaissable est un peu un paradoxe si l’on songe que ce type de pratiques conduit à mettre à distance la subjectivité de l’auteur. En cela, Tom Johnson s’inscrit pleinement dans la modernité (...)

T.J. : Oui. A mes yeux, il y a plusieurs espèces de minimalisme : la musique répétitive, la musique de bourdonnement qui sont les plus connues. Mais il y a également la musique d’ameublement ou musique d’ambiance, la musique de bruitage, la musique carrément silencieuse... Et puis, il y a une dernière catégorie : la musique avec des différences minimales. Il y a parfois une musique qui semble tout à fait ordinaire, mais il y a une toute petite différence dans l’orchestration, c’est presque la même chose tout le temps, mais des nuances apparaissent soudain.

un homme qui compte

“L’homme qui compte”, comme on l’appelle parfois (une remarque de Tristan Murail lors d’une conversation privée en mai 2011), Tom Johnson, élève de Morton Feldmann, est le premier à avoir utilisé l’expression “musique minimaliste”. C’était dans un article du 03 décembre 1971 consacré à Alvin Lucier, mais l’idée était déjà présente dans une critique très positive, publiée la semaine précédente, et consacrée à une exécution en concert de Drumming de Steve Reich. Ce n’est pourtant que bien plus tard que l’expression s’imposera après que d’autres aient été essayées pour décrire une musique en rupture complète avec le sérialisme qui dominait l’avant-garde musicale depuis la fin de la guerre. Premier théoricien du minimalisme, Tom Johnson est, sans surprise, l’un des rares compositeurs de sa génération qui continue de s’en réclamer. Cette définition ne rend pourtant pas complétement compte de sa musique. Ses œuvres n’ont que peu à voir avec ces musiques de bourdonnement ou de répétition auxquelles on associe en général ce mouvement. S’il est malgré tout minimaliste c’est que, tout comme Steve Reich à ses débuts, Phill Niblock et bien d’autres, il privilégie la réduction du matériel, la simplicité et la sobriété : il y a peu de notes dans ses musiques et des formes que l’auditeur peut d’autant plus facilement reconnaître que le compositeur l’invite à jouer avec. Comme tous ces compositeurs, il s’est rebellé contre la complexité de la musique sérielle. Tout comme eux, il a voulu créer une musique d’accès facile, que l’auditeur puisse appréhender et comprendre sans pour autant retomber, comme tant d’autres, dans les facilités du néo-classicisme ou du néo-romantisme. Pour le reste, sa musique est assez différente de celle qu’on appelle d’ordinaire minimaliste. Il n’est pas allé chercher du côté de l’Inde ou de l’Afrique ses références musicales comme ont pu le faire La Monte Young, Terry Riley, Phil Glass ou Steve Reich. Il tire pour l’essentiel ses contraintes de l’emploi des mathématiques, du comptage, de la théorie des nombres et de l’analyse combinatoire. Là où les compositeurs cachent en général leurs recours aux mathématiques, laissant aux musicologues et professeurs d’analyse le soin de le reconstituer, Tom Johnson l’affiche : l’auditeur ne peut ignorer que le compositeur a utilisé des formules mathématiques. Le compositeur lui demande même de compter ou de calculer avec lui. Cela va avec un usage systématique : les mathématiques dictent la forme de l’œuvre voire,

Entretien Bernard Girard : Vous parlez d’abord de musiques simples, puis de musiques hypnotiques, méditatives, statiques... Et lorsque vous utilisez le mot “minimaliste” vous ne le reprenez pas immédiatement... Tom Johson : Au début, le mot minimaliste servait surtout à désigner les pièces répétitives qui étaient alors les plus populaires, mais le terme en est venu à désigner d’autres sortes de musique. Au début des années quatre-vingt, j’ai fait un article assez long dans Village Voice qui se terminait par une liste de compositeurs minimalistes. Il y avait cinquante ou soixante noms. Beaucoup sont aujourd’hui oubliés, d’autres font autre chose, mais beaucoup ont continué. B.G. : Vous avez été le premier à en faire la théorie. Avez-vous eu des sucesseurs ? Y a-til d’autres théoriciens qui ont travaillé sur ce style ? T.J. : Certainement. Dans une conférence au CDMC en 2011, j’ai fait état d’un colloque international, l’International Conference on Music and Minimalism, qui se déroule maintenant tous les deux ans. A chaque édition, cela attire beaucoup de musicologues qui découvrent d’autres musiciens que ceux que l’on cite d’ordinaire. En 2011, il y avait notamment quatre ou cinq conférences sur la musique de Phill Niblock qui pratique ce que j’appelle une musique du bourdonnement. Longtemps les critiques ont pensé que c’était une musique qu’il n’était pas très intéressant d’étudier, mais des musicologues ont commencé à l’écouter de plus près.

B.G. : Le mouvement minimaliste est né aux Etats Unis mais on a pourtant le sentiment que c’est en Europe que l’on trouve les compositeurs qui ont le plus maintenu la flamme de l’avantgarde T.J. : Les européens n’étaient pas si en retard que cela. Eliane Radigue a commencé en 1971. Arvo Pärt et Louis Andriessen (compositeur estonien) ont eux-aussi commencé très tôt. En Anglettere, Le Scratch Orchestra, (formation expérimentale créée en 1969 par Cornelius Cardew), a écrit beaucoup d’œuvres minimalistes dans les années 1970. Il faut, par ailleurs, rappeler que beaucoup de musiques traditionnelles étaient déjà très minimales, je pense à la musique africaine, à la musique méditative bouddhiste. B.G. : Plusieurs des compositeurs qui ont initié le mouvement minimaliste ont fini dans le classicisme, le néo-romantisme... T.J. : Beaucoup de compositeurs minimalistes sont effectivement revenus à une forme de classicisme ou de romantisme, aux émotions, avec des crescendi... C’est peut-être un compromis pour être mieux compris mais peutêtre, plus simplement, en avaient-ils assez des formes sévères du minimalisme et souhaitaientils revenir à des formes plus traditionnelles... Je me demande si ce n’est pas un phénomène assez banal que des artistes, d’avant garde dans leur jeunesse, deviennent plus traditionnels dans leur maturité. B.G. : Où votre musique se place-elle dans votre définition du minimalisme ? T.J. : Finalement, la définition universelle du minimalisme est la réduction du matériau. J’ai commencé avec L’Opéra de quatre notes, j’ai souvent composé avec des gammes très réduites. Dans d’autres cas, j’ai utilisé un processus simple, une liste, une collection, une seule idée en tout cas. Ce qui me distingue des autres, c’est la prévisibilité. Très peu de gens écrivent une musique prévisible. (...) textes extraits de Conversations avec Tom Johnson (Bernard Girard. éd Aedam Musicae)


L’Ensemble Dedalus voix Vincent Bouchot / violon Silvia Tarozzi / clarinette Fabrice Villard / saxophone PierreStéphane Meugé / flûte Amélie Berson / violoncelle Deborah Walker / trombone Thierry Madiot / percussion Stéphane Garin / contrebasse Eric Chalan / piano Denis Chouillet / guitare Didier Aschour Cet ensemble s’organise en collectif dans lequel les arrangements, orchestrations et interprétations sont élaborées en commun. La personnalité des musiciens et les multiples expériences musicales qu’ils ont traversées se conjuguent pour donner à l’ensemble la rigueur et la précision des musiciens classiques, la liberté des improvisateurs et l’énergie du rock ! L’Ensemble s’est constitué un répertoire d’œuvres à instrumentation libre issues de la musique minimaliste américaine des années 60 à ses multiples ramifications aujourd’hui. Ce courant n’est ni un genre musical ni même une esthétique mais plutôt une approche de l’acte musical comme expérience partagée. Expérience de l’œuvre, mais aussi de son interprétation et de sa réception. Se posant en alternative à une musique contemporaine académique, Dedalus entretient également des liens étroits (musiciens, réseaux, public) avec les musiques expérimentales improvisées ou électro-acoustiques. Cet ensemble a été fondé en 1996 par Didier Aschour, connu pour ses travaux sur la guitare microtonale. Invité en France et en Europe dans de nombreux festivals et séries de concerts, il a été également invité par les ensembles de musique contemporaine TM+, Aleph, L’Instant Donné, Zellig, l’Orchestre Philharmonique de Montpellier et l’Orchestre de l’Opéra de Paris. Comme compositeur, il travaille pour la danse avec Mathilde Monnier, Germana Civera, Patrice Barthès, la vidéo et le cinéma en concevant des dispositifs acoustiques qui interrogent les relations entre musique et phénomène sonore.

Parcours Musique Action · mercredi 16 mai - 12:00 > MJC Lillebonne, Nancy Tom Johnson : Musique à Compter (Vincent Bouchot - voix) · mercredi 16 mai - 17:00 > Médiathèque de Vandœuvre Alvin Lucier : 947 (Amélie Berson - flûte, diffusion) Alvin Lucier : Silver Street Car for the Orchestra (Stéphane Garin - triangle amplifié) · mercredi 16 mai - 18:00 > Ensa (Nancy) James Tenney : Beast (Eric Chalan - contrebasse) Tom Johnson : 32 respirations (Fabrice Villard - clarinette) · jeudi 17 mai - 20:30 > salle des fêtes de Vandœuvre James Tenney : Forms (Ensemble Dedalus) Phill Niblock : Two Lips (Ensemble Dedalus) · vendredi 18 mai - 12:00 > MJC Lillebonne, Nancy James Tenney : Cellogram (Deborah Walker - violoncelle) Clarence Barlow : Until (Didier Aschour - guitare électrique) · vendredi 18 mai - 17:00 > médiathèque de Vandœuvre James Tenney : Saxony (Pierre-Stéphane Meugé - saxophone, delay) Alvin Lucier : Wind Shadows (Thierry Madiot - trombone, diffusion) · vendredi 18 mai - 20:30 > salle des fêtes de Vandœuvre Pascale Criton : Circle Process (Silvia Tarozzi - violon amplifié) Frédéric Lagnau : Solar Loops + Les Charmes de la Marche + Ça va son dire + Bagatelles sans modalité (Denis Chouillet - piano) · samedi 19 mai - 15:00 > salle des fêtes de Vandœuvre Tom Johnson : Rational Melodies (Ensemble Dedalus) Frederic Rzewski : Coming Together + Attica (Ensemble Dedalus)

programme complet du festival sur www.musiqueaction.com avec le soutien de l’ONDA (Office National de Diffusion Artistique)

Dans le domaine de la musique expérimentale, on le retrouve aux côtés de Seijiro Murayama, du duo Kristoff K.Roll et Kasper T.Toeplitz. Depuis 2007, il fait partie du collectif du Festival Sonorités à Montpellier. et rejoint le comité de rédaction du trimestriel Revue & Corrigée en 2008. A l’occasion de cette 28e édition du festival, l’ensemble est invité du 16 au 19 mai à travers un parcours consacré à la musique “minimaliste”. (voir ci-après) couverture : Alvin Lucier / dos couverture : Didier Aschour

dedalusensemble.blogspot.com


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