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LA LETTRE DU PORT Journal du Port de Nice et de son quartier
N° 26 I Janvier / Février / Mars 2014
Lou journal dou pouort de Nissa e doù siéu quartier
Prospective
Tranche de vie
Les copains d’abord
Ecoutilles
Concertation pour un port de Nice durable
En passant devant la panne M
L’homme Garibaldi
Le port de Nice soigne ses petites « bosses »
3 questions à
Prospective
Denis Zanon, Directeur de l’Office de Tourisme de Nice.
Concertation pour un port de Nice durable
Après avoir dirigé l'Office de Tourisme de Courchevel, Denis Zanon a posé ses valises à Nice. Et pas n’importe où. Au port qu’il affectionne tout particulièrement. Rencontre.
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Pourquoi avoir choisi de vous installer dans ce quartier du port ? Arrivé il y a cinq ans, et ne connaissant pas Nice, je me suis installé par facilité à l'ouest de la ville comme la plupart des nouveaux arrivants. Mais dès ma première visite au port quelques jours plus tard, le coup de foudre a été immédiat … Je suis tombé sous le charme de Lympia, de l'architecture piémontaise du quartier, des couleurs des façades… Je n’avais plus qu’un désir, venir vivre ici… Or, l'offre est plutôt rare sur le front du port. Un concours de circonstances m'a permis de trouver l'appartement que j'occupe aujourd'hui. J'en suis très heureux. C'est même mieux que ce que j'imaginais… j'ai conscience de la chance de vivre à Nice, « au port ».
out n’est encore qu’au stade de la réflexion mais le sujet est posé pour une modernisation du port de Nice. Plusieurs réunions ont été tenues avec les différentes parties prenantes et notamment une réunion avec le Comité de Défense des Quartiers du Port et de l’Environnement qui s’est déroulée le 7 novembre dernier. Objectif : • Accueillir des navires plus modernes, moins polluants ; • Réduire les nuisances du port sur les populations ; • Optimiser les retombées économiques, l’emploi et l’animation.
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Aujourd'hui, en tant que riverain du port, qu'est ce qui fait pour vous le charme de ce quartier, ce qu'il vous apporte et comment en profitez-vous ? Tout d'abord, je suis « en ville », je vis Nice au cœur, et ça, pour mon métier c'est tout simplement indispensable. Nice est une ville d'énergie, de vie et le port cristallise ce sentiment indéfinissable qui donne le pouls de la cité. Son côté village, ses commerces de proximité dont beaucoup sont traditionnels et moins « globalisés » que dans d'autres parties du centre ville, ses restaurants et bars lui confèrent une vraie identité… Même les inconvénients participent au charme du quartier comme la difficulté de stationner… Finalement peu de choses comparé au bonheur de voir le jour qui se lève sur le port, la colline et le bassin Lympia illuminés la nuit, les yachts rutilants ou les couleurs chatoyantes des pointus. J'adore aussi flâner dans les rues adjacentes, redécouvrir les boutiques, les échoppes et tester les restaurants… La réhabilitation des quais a été également un élément primordial pour « reconnecter » le port à la Promenade des Anglais et au centre-ville, tout comme la rénovation de la place Garibaldi. Les travaux ont redonné une cohérence urbanistique à cette grande partie noble de la ville, et radicalement optimisé l'attractivité globale de Nice. En cinq ans j'ai clairement vu cette ville se transformer et ce quartier du port renaître par cette « reconnexion » physique au reste de la ville.
Accueillir des navires modernes
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Comment, selon-vous, le port de Nice doit-il se positionner sur le marché de la croisière ? Le port joue évidemment un rôle majeur dans le positionnement de Nice sur le secteur de la croisière. En combinaison avec l'aéroport et toute la chaîne des acteurs (hébergeurs, professionnels du secteur), les marchés tête de ligne à forte contribution, sur lesquels nous sommes déjà bien positionnés (USA par exemple), sont des produits à développer. Les contraintes techniques et structurelles du port, nous guident naturellement vers une optimisation de l'accueil. Il faut privilégier la qualité à la quantité, d'où un positionnement premium aussi légitime que pertinent. Nous travaillons dans le cadre du French Riviera Cruise Club avec la CCI Nice Côte d’Azur dans ce sens.
Bien chez nous
Primé l’occasion des nombreux événements liés à « Marseille 2013 Capitale de la Culture », la Fédération du Patrimoine Maritime Méditerranéen a lancé en 2011 un concours international intitulé « Mémoire des ports de Méditerra-
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née ». L'idée : faire prendre conscience de la richesse de ce patrimoine maritime, réaliser un état des lieux et rapprocher les acteurs du patrimoine et de la culture méditerranéenne de l'ensemble du littoral. Une trentaine de participants de France mais aussi d’Italie, de Tunisie ou de Croatie ont répondu présent. Pendant plusieurs mois, chacun a mis en valeur son site portuaire à travers l’histoire, l’évolution des activités et la mise en valeur de ses éléments remarquables.
L’accueil de navires modernes (répondant aux nouvelles normes environnementales) au niveau du port induira la diminution de l’impact sur l’écosystème marin et sur la qualité de l’air. Les technologies mises en place sur les bateaux de croisières de luxe, les ferries et les yachts permettront de réduire encore les nuisances et les temps de manœuvre et d’accroître les conditions de sécurité. Accueillir ces nouveaux types de navires, c’est aussi maintenir le niveau des retombées économiques de la destination Nice Côte d’Azur.
des zones habitées en adaptant la partie interne de la digue du port pour amarrer les bateaux sur une nouvelle zone plus au sud.
Retombées économiques, emploi et animations diverses Des retombées économiques optimisées permettront de pérenniser l’environnement économique local et de les développer au-delà des 1 700 emplois existants. Plusieurs études seront nécessaires pour parvenir à proposer une solution optimisée : études paysagère, géotechnique, étude de circulation… En 2014, un dispositif de suivi environnemental va être mis en place autour du port de Nice qui permettra notamment : • De mesurer les améliorations continues notamment dans le suivi de la qualité de l’air, • D’ouvrir une démarche de veille pour identifier les meilleures pratiques, • De mettre en place les dispositifs les plus pertinents sur le port de Nice.
Un engagement collectif
Sans modifier la géographie de la digue extérieure du port, notre objectif est d’éloigner au maximum les navires
Une chose est sûre, cette avancée sera le fruit d'une large concertation : pouvoirs publics, professionnels, riverains, associations de commerçants… Durant l’année, la CCI poursuivra les rencontres sur le terrain. Lieux d'échanges, ces rendez-vous permettront de recueillir la vision de chacun sur les enjeux de demain et de faire les propositions appropriées. Déjà amorcés, ces échanges seront permanents. ■
On se souvient que la Chambre de Commerce et d’Industrie Nice Côte d’Azur s’est engagée dès le départ en présentant les sites historiques portuaires de Cannes, Nice et Villefranche Darse. L’obtention de deux prix remis à l’hôtel de région de Marseille en clôture des 8e Rencontres Internationales de la Mer et du Littoral, est venue récompenser son travail. Le premier couronne les panneaux et le film documentaire relatif au port de VillefrancheDarse. Le second, le travail collaboratif
mené avec l’association Niçoise « la Mouette » sur le patrimoine portuaire du port de Nice. Plusieurs expositions itinérantes sont actuellement organisées à Marseille et la Seyne-sur-Mer. Le port de Nice prévoit d’accueillir cette exposition en 2014 qui souligne et explique remarquablement l’identité de nos sites et de nos villes portuaires méditerranéennes. ■
Réduction des nuisances
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Tranche de vie Les copains d’abord
Ecoutilles
En passant devant la panne M Le port de Nice soigne
es 80 pointus du port de Nice exhalent cette odeur de bois vernis comme les salles de classe anciennes. Ils sont aussi colorés que les jeux de construction de l’enfance. Combien font-ils rêver ! Tous ceux qui passent devant la panne M ne peuvent s’empêcher de s’arrêter et de les regarder un moment. A chaque fois la magie opère. A quoi tient ce phénomène ? Peut être à leur simplicité. N’est ce pas la barque de bois parfaite que chaque enfant a un jour imaginé ? Sagement alignés côteà-côte, ils semblent raconter des histoires dont seuls eux se souviennent encore. Certains ont dépassé le siècle ! Véritable mémoire du port de Nice, le pointu ne serait rien sans son propriétaire qui l’entretient quotidiennement. Beaucoup de ces passionnés, qui ne comptent pas leurs heures, sont réunis dans l’association la Mouette.
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sion. Et pour la pêche, c’est l’idéal. Mon souvenir le plus marquant à la Mouette est cet épisode où nous avons barré l’entrée du port avec nos pointus au début des années 80. La cause de la fronde ? La suppression de la cale de halage où nous entretenions nos pointus pour agrandir le parking des voitures. La CCI, ouverte au dialogue, a compris notre spécificité et laissé une partie de la cale comme elle est actuellement. Durant mon mandat, je dois dire que les relations avec le port ont toujours été au beau fixe. C’est comme dans un couple qui vit depuis longtemps ensemble : il y a des hauts et des bas, mais toujours un grand respect de part et d’autre.
Féfé Gasparini
Jean Pierron – ancien président de la Mouette (1991 à 2000)
J’ai présidé l’association pendant une dizaine d’années. Mon pointu est le « Roi des îles 2 ». L’ancienne compagnie maritime de Cannes, qui organisait le tour des îles de Lérins, utilisait ce bateau quand elle n’avait qu’un ou deux clients. Moi je m’en sers pour pêcher, ma pas-
A bientôt 80 ans, je barre toujours mon « Horizon ». Il n’a pas été le premier ! J’ai connu mon premier pointu à l’âge de 3 ans. C’était celui de mon père : le « Yolande ». Puis il y eu « l’Azur » et le « Frère et sœur »… Un pointu peut vivre centenaire sans problème… à condition de bien l’entretenir. C’est le secret. Mais il faut savoir qu’entretenir un bateau en bois n’est pas facile. Le dicton veut qu’on est « content quand on l’achète
et content quand on le vend ». Mais à force de passion et d’efforts, le résultat est sous vos yeux. Tous ont une histoire. Voyez dans le port le « Désir » avec ses 104 ans ! ou la « Flibuste » qui servait à faire de la contrebande entre les deux guerres. Saisi par la Douane, il fut revendu par les domaines et rebaptisé de ce nom par son acheteur en l’honneur de son passé. Le père Parisi avait déjà un chantier naval en Tunisie. Lorsqu’il est arrivé à Nice, il a amené un pointu le « Bali Balan ». qui est toujours amarré dans le port. A Nice, 14 pointus sont signés Parisi. Une référence. Ces bateaux possèdent une âme, chacun est unique, il vit. Le mien a 35 ans et il est toujours comme neuf. C’est le dernier pointu sorti des chantiers navals Parisi, car au décès du père, le fils a décidé d’arrêter la construction.
Michel Lecerf – président de la Mouette
ses petites « bosses » Le régalage du bassin est une opération que le port mène chaque année. Un travail d’entretien récurrent, spectaculaire et nécessaire pour stabiliser les fonds du bassin.
e fond du port de Nice est composé de sables et de galets que les remous provoqués par les navires déplacent. Au fil du temps, des « bosses » apparaissent qui peuvent contrarier les manœuvres des grands navires, voire un échouement si rien n’est fait. Le régalage consiste à maintenir la profondeur du bassin afin de garantir un tirant d’eau minimum, ce qui revient à un étalement de ces « bosses » dans les « creux » du port ou dans des zones plus profondes de l’avant-port au pied du phare.
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Aucun risque pour l’environnement
Je suis président depuis trois ans et depuis mon élection je me suis appliqué à faire reconnaître les pointus comme un patrimoine maritime commun à tous les niçois. Ces bateaux participent à l’image et à la notoriété de la ville et du port de Nice. La preuve, on les voit partout sur les supports publicitaires. Lors des grandes manifestations portuaires, nous répondons toujours présent : à la Saint-Pierre, à la procession du 15 août ou à la Fête du Port. J’ai aussi incité les propriétaires de pointus à sortir le plus souvent quitte à pousser ceux qui n’utilisent plus leur bateau à le céder. Ainsi en 3 ans plus d’une vingtaine de pointus ont changé de main. Regardez les, ils sont tous bien entretenus malgré les contraintes propres à l’entretien des bateaux en bois. En octroyant aux pointus une panne dédiée, en mettant à notre disposition la cale de halage et en acceptant aujourd’hui que la cession d’un pointu ne remette pas nécessairement en cause sa place dans le port, le Conseil général et la CCI donnent au patrimoine maritime la place qu’il mérite dans le port de Nice. ■
Pour les fonds marins, l’opération est sans danger. Conformément à la loi sur l’eau, des prélèvements sont systématiquement réalisés afin de vérifier la qualité des sédiments déplacés et la qualité de l’eau dans la zone de rejet. Par ailleurs, des mesures seront réalisées tout au long de l’opération pour garantir la préservation de l’herbier de posidonies, situé à quelques centaines de mètres de la zone de rejet. ■
port de Nice va organiser une rencontre ➜ Le lors de ces opérations sur le régalage en février
Vous êtes intéressés : lettreduport@cote-azur.cci.fr Les copains d’abord
L’homme Garibaldi
Les copains d’abord
Declic & co : so british… urélie, la présidente du centre, est tombée dedans à sa naissance. « Ma mère est anglaise. A la maison c’était notre langue usuelle ». Pour Laetitia ce fut plus compliqué. « J’ai connu le parcours habituel de l’étudiant français. A la fin de mes études, je ne savais pas parler anglais ». Embêtant quand on fait des études supérieures de droit international… Embêtant tout simplement quand on sait la valeur qu’apporte cette langue sur le marché du travail. « J’ai donc décidé de rejoindre un de mes oncles qui vivaient à Londres ». Une fois immergée, l’apprentissage se passe plutôt bien. La jeune femme décide de prolonger l’expérience aux USA. « A mon retour, parfaitement bilingue, j’ai décidé de perfectionner mon écrit ». C’est ce parcours qui a incité les deux amies à créer Declic and Co. Un centre d’activités en anglais au port de Nice. « L’idée ? Une immersion
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dans la langue de Shakespeare qui passe par le quotidien et le jeu ». Ouvert depuis le mois de septembre, le centre s’adresse d’abord aux enfants, dès l’âge de 4 ans et jusqu’aux lycéens. « A raison de 8 enfants maximum par cession, nous leur apprenons à parler à travers des scènes de la vie quotidienne ». Mais pas seulement… « Nous organisons aussi des ateliers pour adulte ». Pourquoi dans ce quartier du port ? « D’abord pour des raisons affectives. Nous y avons des attaches familiales solides. Mais aussi pour des raisons stratégiques. Nous avons choisi l’endroit pour la densité de ses écoles et collèges à proximité tout comme pour la facilité d’accès de la rue François Guisol ». Et le moins que l’on puisse dire c’est que le choix s’est révélé heureux. Le centre a déjà trouvé son public et est devenu « the english fun house ». ■ 14 bis rue François Guisol
ictor Legendre a le sens du timing. « J’ai inauguré ma boutique le jour de la Fête du Port. ça a été incroyable. J’avais organisé pour l’occasion un concert de jazz et j’ai pu rester ouvert très tard. L’accueil des gens a été formidable ». Après des études d’anthropologie et avoir roulé sa bosse un peu partout dans le monde, dont l’Afrique du Sud et le Brésil, il ouvre une boutique de vêtement masculin dans le Marais. Mais l’air natal lui manque. L’amour du quartier est chez lui atavique. Ses aïeux, les Cassin, furent parmi les premiers à s’installer au port de Nice. Mais c’est surtout son grand-père, René Cassin qui reste pour les niçois une personnalité de premier ordre. Ce juriste renommé, résistant de la première heure, fut un des auteurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et prix Nobel de la Paix.
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Le Port de Nice est la propriété du Conseil Général des Alpes-Maritimes, à ce titre autorité portuaire. Il est exploité par la Chambre de Commerce et d’Industrie Nice Côte d’Azur qui en est le concessionnaire. La Lettre du Port : CCI Nice Côte d’Azur, 20 bd Carabacel - CS11259 - 06005 Cedex 1 • Directeur de la publication : Bernard Kleynhoff • Rédaction et conception : Azur Communication • Crédit photos : Azur Communication, R. Palomba, CCI Nice Côte d’Azur, Michèle Maurel Nierre, S. Morabito / SAVN - Ville de Nice • Contact : lettreduport@cote-azur.cci.fr • www.riviera-ports.com • ISSN 2259–0803 • Imprimeur : Imprimerie Trulli • Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore (PEFC)
Garder les lieux dans leur « jus » Décidé à revenir à Nice, Victor vend son affaire parisienne et achète des murs rue Cassini. « Le local était abandonné depuis 10 ans. Nous avons passé deux mois à le restaurer ». Les murs furent décroûtés à la main pour laisser les pierres apparentes. « La chaux avait été fabriquée avec le sable d’un bras du Paillon qui passait ici. Il y avait encore des coquillages et des algues dans le sable ! ». En quelques mois, l’Homme Garibaldi a déjà trouvé sa vitesse de croisière. Et pour cause. « Les collections que je propose sont souvent uniques sur la Côte. Et les prix très abordables ». Son slogan : « j’achète ce qui me plaît et je vends ce que je pourrai acheter ». Infatigable défricheur, il arpente les salons internationaux du prêt-à-porter et fait son marché auprès de jeunes créateurs. « Je privilégie à la fois l’originalité et un style accessible à tous ». ■ 5, rue Cassini