FNews n°9 - Mars 2019

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news

l’actu analysée par les lycéens de Fénelon

édito Tal Bruttmann

09 mars 2019

Vendredi 8 mars, les élèves des classes de Première ont eu la chance de rencontrer l’historien Tal Bruttmann, venu présenter au cours d’une conférence les politiques de répression nazies dans le cadre de la Solution Finale et les photos issues de l’Album d’Auschwitz. Démontrer, témoigner, transmettre, révéler, dévoiler, justifier, faire face à la réalité…c’est le travail réalisé par Tal Bruttmann auprès des élèves pour attester de ce que fut la Shoah au travers de faits historiques et de photos d’archives clairement exploitées et expliquées. Cette conférence, organisée dans le cadre du projet « Mémoires », qui après l’organisation de la commémoration du 27 janvier au Chambon-sur-Lignon et la participation au Séminaire National à Paris, emmènera les élèves à Auschwitz-Birkenau en avril, a permis aux élèves de poursuivre leur réflexion et leur apprentissage d’un évènement considéré comme le paradigme de l ’horreur, La Shoah. Cette intervention fait naturellement écho aux articles de FNews qui à nouveau essayent de vous interpeller sur tout ce qui modifie, transforme, bouleverse nos sociétés et nos modes de vie …et en premier lieu, l’impact des réseaux sociaux, outil, vecteur ou acteur de l’information aujourd’hui.

Léa FILLOT


Les réseaux sociaux

#paradis ou #enfer ?

Les réseaux sociaux, décrits comme « une invention révolutionnaire » ou encore « un fléau », un sujet qui brûle les lèvres de tous. Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat, YouTube… Des noms si familiers. Mais tout d’abord, c’est quoi un réseau social ? C’est une plateforme sur laquelle nous pouvons nous créer un cercle d’amis ou de connaissances et partager du contenu comme des photos, mais aussi d’interagir avec eux via des commentaires ou des « likes ». Mais les réseaux sociaux sont-ils aussi beaux qu’ils n’y paraissent ? Sont-ils une invention si extraordinaire ? Plus de 2,2 milliard de personnes possèdent Facebook et 1 milliard ont Instagram, ça fait beaucoup, non ? Effectivement, bien que ce soit une invention très récente avec le premier réseau social paru en 1995, le Classmates.com, nous sommes déjà accrocs. Déjà 54% de la population est connectée, comme toi, moi, la voisine d’à côté et peut-être même le poissonnier du coin. Aussi bien filles que garçons, jeunes que vieux, personne n’est à l’abri. De nos jours, notre premier réflexe quand on cherche quelqu’un est de le chercher sur les réseaux sociaux, avoue-le, toi aussi tu l’as déjà fait. Mais si quelqu’un t’avait cherché toi aussi ? Ça n’a pas le même impact dit comme ça n’est-ce pas ? Toute notre vie est étalée sur les réseaux sociaux : de nos proches à nos connaissances plus lointaines, nos centres d’intérêts et même notre lieu de travail… De nos jours, c’est même devenu un réflexe de tout partager. Un nouveau pull ? Aller hop, une photo pour le web. Un dîner en famille ? Un petit selfie collectif. Une balade dans le parc ? Je pense que tu connais la suite. Malheureusement nous sommes devenus dépendants. Les réseaux sociaux sont une véritable source d’inspiration, tout y est. Du sport, de la mode, du cinéma, de la gastronomie, du style de vie… Je te l’avais dit, tout y est. Ce sont eux qui créent les règles et nous qui les suivons, comme un dictateur. Il nous montre comment nous habiller pour être intégré, à quoi ressembler pour nous sentir acceptés et ils osent même nous « apprendre » à nous aimer afin d’être au meilleur de nous-mêmes… Ironique, tu ne trouves pas ? Les réseaux sociaux sont des machines qui transforment les rêves en cauchemars. Ce sont des vitrines dans lesquelles on expose des œuvres, des femmes inhumaines, des modèles à suivre et que nous nous forçons à suivre, car on veut devenir comme lui, comme elle. Oui, elle, la perfection incarnée. Cette fille qui a un corps de rêve, une maison à en faire baver et une vie parfaite.

Alors on se donne du mal pour lui ressembler, on se fait vomir afin d’avoir les jambes aussi fines qu’elle, ou alors on se peint le visage non pas (pour la plupart) parce qu’on aime ça mais parce qu’on doit le faire, parce qu’on doit être comme elle. Je suis sûre que toi aussi tu as déjà douté de toi, et que tu t’es dit que tu serais tellement mieux sans ces kilos en trop, ou cette tâche de naissance sur ton visage, toutes ces choses qui te rendent unique et magnifique mais que tu dénigres parce que les réseaux n’autorisent pas ça, car tu dois être comme elle. A ce point, est-ce que les réseaux restent un moyen d’échange où deviennent-ils un moyen d’exposition qu’on utilise pour montrer une fausse vie et une fausse version de nous-mêmes ? 4,1 milliards de personnes sur terre ont la possibilité de communiquer entre elles. Deux personnes de pays différents, de deux cultures différentes, que tout oppose mais qui ont néanmoins le pourvoir de communiquer. Mais est-ce que tout est toujours aussi beau ? Cet écran permet d’avoir une liberté sans limites et ce pseudonyme permet un anonymat absolu. Il peut être utilisé afin d’attaquer mais sans affront. Certains disent « C’est pas pareil arrête ton cinéma », ou encore « Ce ne sont que des mots », des mots certes, mais qui restent ancrés à jamais. Selon l’UNESCO, 246 millions d’enfants et d’adolescents sont touchés par le cyber harcèlement. Des enfants autrefois innocents jettent des mots comme « personne ne t’aime », « ferme-la, tu ne sers à rien » ou pire encore « suicide-toi » et ce, grâce à l’illusoire pouvoir que leur donne ce bouclier qu’est l’écran. Les réseaux sociaux… Tant de choses à dire mais si peu de mots. Un fléau ? Je le pense. Invincible ? Sûrement pas ! Pas si nous agissons ensemble pour rendre notre monde indépendant de son influence. Pas si nous apprenons à nous aimer et à positiver. Pas si nous luttons ensemble pour un monde égal et sans injustice, car après tout, le monde c’est nous qui le faisons, et pas les réseaux sociaux. - F News n°9 page 2mars 2019

Shanna ALAMI


ALIMENTAIRE Lou GARNIER

Dans un monde où les réseaux sociaux sont de plus en plus présents, où culte du corps parfait et complexes physiques sont devenus la norme, les cas de troubles du comportement alimentaire (TCA) connaissent une augmentation constante. Mais que sont les TCA ? Qui est touché ? Y-a-t-il un lien entre troubles alimentaires et réseaux sociaux ? Que faire ?

Rassurez-vous, le fait de faire un régime ou un excès de nourriture ne veut pas dire que vous souffrez de troubles du comportement alimentaire qui sont des réelles maladies. On distingue ainsi l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie, qui ne sont que les principales. L’anorexie reste la plus connue, la plus répandue (environ 230 000 femmes) et la plus dangereuse ; elle est associée à une phobie de prendre du poids, et une addiction à la maigreur. Elle touche les personnes de plus en plus jeunes, principalement les jeunes femmes (moins de 5% d’hommes). C’est entre cette maladie et les réseaux sociaux que le lien est le plus visible. La boulimie quant à elle se caractérise par des crises, durant une à deux heures pendant lesquelles des quantités de nourriture très importantes sont ingérées, s’en suivent des crises vomitives. L’hyperphagie est une maladie semblable, mais aucun vomissement n’est induit suite aux crises. A la différence de la boulimie, l’hyperphagie ne s’associe pas à l’anorexie. Les TCA ont majoritairement quatre causes communes :

la génétique, si une personne de votre famille proche développe un tca, vous avez 3 à 4 fois plus de risques d’en souffrir également

des liens familiaux fragiles

l’hyperactivité, le fait d’avoir fait beaucoup voire trop de sport très jeune a aussi un rôle

un mal-être, qui peut-être dû à du harcèlement ou à la pression sociétale

Depuis l’apparition d’internet, le nombre de malades a explosé, ce qui amène à faire le lien entre TCA et réseaux sociaux. D’une part, les réseaux sociaux, comme nous le savons bien, participent à l’apologie du corps parfait. On voit tous les jours des influenceurs minces et sans imperfection en rêvant de leur ressembler, mais sans penser à chaque fois qu’il y a eu une centaine de photos prises et de retouches effectuées. Mais nous pouvons également relever les nombreuses émissions télévisées de témoignages d’anorexiques et de boulimiques qui ressemblent plus à des modes d’emplois qu’à des mises en garde. Ce facteur-là n’est en réalité que l’évolution de l’effet magazines et mannequins des années 90 et aggrave considérablement le mal-être de nombreux adolescents. De plus, nous vivons aujourd’hui dans un monde où les critères de beauté sont figés, bien que ces mêmes critères donnent accès à la popularité, au succès, etc. Pour se conformer à ces critères, il faudrait être maigre avec des formes, ce qui est physiologiquement impossible. Et les entreprises n’hésitent pas à monétiser nos complexes, en faisant toujours plus de publicité pour des pilules amincissantes et des régimes trop rapides. D’autre part, on voit se développer des comptes de « pros ana », d’abord sur des blogs dans les années 2000 et maintenant sur Instagram. C’est une communauté d’adolescentes qui s’entraînent mutuellement dans l’anorexie, cherchant tous les moyens pour maigrir et se donnant des conseils pour vomir par exemple. Cette communauté grandissante est réellement dangereuse, confortant les malades dans l’idée qu’elles ne sont pas seules, que leur comportement est normal. On estime par ailleurs que 5% des pros ana meurent de leur anorexie. Nous pouvons donc dire que l’anorexie et globalement les TCA ne sont pas dus aux réseaux sociaux, mais que ces derniers répandent cette maladie de façon trop rapide et trop importante. Si 70% des malades pris.es en charge arrivent à retrouver des habitudes saines, il est important de ne pas faire culpabiliser les 30% restants. Les troubles du comportement ne peuvent en effet pas disparaître tant que la personne ne se rend pas compte qu’elle est vraiment malade. Les réseaux sociaux sont donc, comme le reste, à consommer avec modération. - F News n°9 page 3 mars 2019

réseaux

l’influence des réseaux sociaux sur les troubles du comportement


Le droit à l’avortement

menacé ?

Mathilde SUCHET

Le droit à l’avortement a été adopté dans de nombreux pays, tels que la majorité des pays d’Europe et Amérique du Nord. Mais les choses restent très compliquées dans la plupart des pays d’Afrique, Amérique du Sud, ou même d’Asie. Le dernier pays en date à avoir acquis ce droit est l’Irlande. Néanmoins, même dans les pays l’ayant adopté, ce droit primordial reste très fragile. La lutte n’est donc pas terminée.

En Italie, un gouvernement souverainiste-populiste est au pouvoir depuis le 1er juin 2018. La question d’une réforme des droits de la famille fut très vite évoquée. De plus, l’Italie reste un pays très conservateur du fait de la relation entre l’Etat et l’Eglise. Celle-ci possède une influence très importante dans le pays. Giuseppe Conte, chef du gouvernement italien, compte remettre l’Eglise dans la vie des italiens. Selon lui, l’avortement est le premier facteur de mort des femmes. Sauf que non, le premier facteur sont les violences domestiques. L’IVG contribue au contraire à sauver de nombreuses vies, car cela permet aux femmes d’avorter dans un espace sain et sécurisé, qui ne met pas leur vie en péril. Le but du gouvernement est de redresser le taux de natalité qui est bas (1 ,35 enfants par femmes), et ce en réduisant le droit à l’IVG. 70% des médecins refusent déjà de le pratiquer, comme le prévoit la loi 194.

sant aux médecins pratiquant des avortements d’être autorisés à exercer dans un hôpital à moins de 50 kilomètres du lieu de l’opération.

70%

Mais concrètement, quel est le problème ? Un seul médecin sera en mesure de pratiquer dans tout l’état, et une clinique spécialisée sera ouverte pour environ 10 000 interventions. Un peu trop juste. Deux médecins et une clinique pratiquant des avortements ont saisi la Cour Suprême en urgence pour qu’elle bloque l’entrée en vigueur de la loi. Celle-ci a pour l’instant gelé l’entrée en vigueur de la loi afin d’éviter toute prise de décision hâtive. Néanmoins, depuis la nomination par Donald Trump de deux juges conservateurs à la Cour, la balance risque de pencher en faveur des Républicains. Cette décision risquerait de restreindre encore un peu les droits à l’avortement et d’accroître les inégalités entre les différents états qui sont déjà très importantes : par exemple, en Californie, on compte environ 500 cliniques spécialisées, contre 4 au Kansas. Rappelons que l’objectif de Trump est de défendre le « premier droit de notre Constitution : le droit à la vie ».

des médecins italiens refusent de pratiquer l’IVG .

Le ministre de la famille Lorenzo Fontana, de son côté, entend bien soutenir les associations dissuadant le recours à l’interruption de grossesse. Les femmes ne restent donc bien évidemment pas passives face à cette menace, et ont créé un mouvement de lutte : « Non una di meno » (« pas une de moins » en français). Celui-ci a pour but d’organiser un évènement le 8 mars, journée internationale de la femme. Il rassemble des femmes de tous milieux sociaux et professionnels, réunies par un seul même désir de liberté et d’égalité. Aux Etats-Unis, la situation est tout aussi critique. La Cour Suprême est saisie afin d’examiner une loi passée en Louisiane en 2014 impo

La France n’échappe pas non plus à son lot de protestataires. Chaque année, la marche pour la vie défile sur Paris et réunit plus de 13 000 manifestants le 20 janvier 2019. Elle est similaire à celle organisée sur Washington depuis de nombreuses années. Mais tout n’est pas perdu, certaines consciences sont toujours en train de s’éveiller. Prenons le cas de l’Irlande par exemple. Celle-ci a légalisé depuis peu l’avortement, une grande victoire pour le pays. La lutte n’est donc pas terminée.

- F News n°9 page 4mars 2019


les Français veulent savoir ! Grand débat ou grand blabla, telle est la question qui secoue la France durant cette période agitée où la lutte entre les gilets jaunes et l’Élysée fait encore rage. Cependant, étant le premier de l’histoire de notre République, ses tenants et aboutissants restent obscurs pour bien des gens. Qu’est ce que le grand débat ? Comment est-il mis en œuvre et quelles en seront les conséquences ? Tant de questions auxquelles nous tenterons de trouver des réponses dans cet article. Après avoir pratiqué pendant plusieurs semaines la politique de l’autruche, notre bien aimé président a enfin publié une lettre aux français répondant à 35 questions choisies par nos concitoyens. Si certains de ces sujets soumis au vote ont créé la polémique – comme celui pour l’abolition de la loi en faveur du mariage pour tous –, elles ont été pourtant démontées par les médias. En effet, il s’est trouvé que cette question, soumise par une branche de la manif pour tous, à été réfuté par le gouvernement. Si nous ne vous ferons certes pas un énième résumé de cette lettre dans laquelle le président ne manque pas de nous rappeler qu’il a été élu à la majorité, nous nous contenterons de dire que dès sa sortie elle fut rapidement décriée par l’opposition.

Inès LOUVEL

En premier lieu, a débuté une phase où tout citoyen pouvait se rendre en mairie afin de faire connaître ses doléances ainsi que sur le site granddebat.fr. Pour ce faire, chaque volontaire s’est vu distribué un kit méthodologique de débat, donné par l’État et obligatoire. Nous tenons tout de même à rappeler que la dernière fois que le gouvernement nous a obligé à nous munir d’un kit obligatoire il contenait un gilet jaune… Est ensuite venue une seconde phase où le Président a débattu pendant environ 7h avec les maires normands puis occitans. Ainsi, le gouvernement à pu mettre en œuvre ce projet de débat sans filtre avec les Français ! Eh bien… non ! Dans ce débat sans filtre, de nombreux maires de l’opposition regrettent de ne pas avoir été conviés et quand aux français, ils leur étaient interdits de manifester dans les communes alentours de celle recevant le débat. Bien sûr, les détracteurs de LREM se sont immédiatement emparés des faits. On pourra donc citer Marine Lepen comparant les dialogues Président/maires aux discours de 7H de Fidel Castro, qui rappelons-le, adorait débattre seul. Cette partie, ayant débutée le 15 janvier 2019, se finira le 15 mars 2019. Enfin, en Avril 2019, une synthèse réalisée par le gouvernement, sera publiée. Elle tiendra donc compte des conclusions auxquelles auront permis d’arriver les différents débats. Maintenant, la question que tous se posent : la synthèse passera-t-elle à la broyeuse à papier ? Ou sera-t-elle simplement oubliée derrière une tapisserie à 300€ ? Ainsi, tel un chien qui se mord la queue, l’opinion tourne en rond, s’arrête deux minutes, oublie tout et recommence. Nous modifierons donc l’intitulé de cet article pour ‘Grand Débat et Grand blabla ? Les français n’y croient pas !’

- F News n°9 page 5 mars 2019

société

grand débat ou grand blabla ?


Vous

avez dit Flexitarisme ? Mais qu’est-ce donc ? Si vous l’ignorez, il s’agit d’un mode d’alimentation, inspiré du végétarisme, où la consommation de viande et de poisson n’est pas totalement supprimée mais limitée : il est généralement adopté par les personnes en transition vers un mode d’alimentation végétarien ou voulant avoir un impact plus positif sur les animaux, l’environnement et leur santé. L’alimentation flexitarienne est plus éthique et raisonnée, tout en présentant moins de contraintes que l’alimentation végétarienne ou végétalienne, la rendant plus accessible.

demain tous flexitariens ? Il faut se rendre compte que notre consommation de viande a énormément augmenté et est aujourd’hui excessive : elle est passée de 28,7 kg par an et par habitant dans le monde en 1970 à 43 kg en 2014 mais derrière ce chiffre se cache un écart important entre les pays développés (76 kg en moyenne par an et par habitant) et en développement (33,7 kg en moyenne par an et par habitant), soit plus du double pour les pays les plus riches1. Or, cette alimentation carnée a des impacts négatifs : l’élevage représente 14,5% des émissions de gaz à effet de serre liés aux activités humaines, c’est plus que les émissions directes du secteur des transports2 . Cette pollution représente un prix à payer très fort compte tenu des avantages légers par rapport aux effets néfastes de la viande. Prenons l’exemple des bovins : en 2010, ils représentaient 80% des émissions totales liées à l’élevage alors qu’ils ne comptent que pour 29% de la demande mondiale2 ; sachant que leur consommation augmente les risques de diabète et de maladies cardio-vasculaires (à l’origine de 30% des décès)3 , que seulement 5% des protéines que l’animal a consommées dans sa vie se retrouvent dans nos assiettes4, et que la consommation de viandes transformées serait cancérogène, on peut se demander si la place que nous accordons à la viande ne serait pas trop importante. Il y a aussi de nombreux impacts dont nous ne nous rendons pas compte car plus éloignés de nous et concernant les conditions d’élevage de ces animaux : 75% des terres agricoles sont utilisées pour nourrir notre bétail4, bétail qui ne nous apporte que 8% des calories et 18 % de nos protéines annuelles1, imaginez ce qui se passerait si nous utilisions ces terres pour nourrir des êtres humains. En plus de leur nourriture, il faut prendre en compte les quantités d’eau nécessaires à faire pousser celles-ci et à abreuver les animaux : 8% de la consommation mondiale en eau1. L’élevage intensif est le mode d’élevage le plus répandu dans le monde et en France où 95% des porcs vivent dans des bâtiments clos.5

- F News n°9 page 6mars 2019


Qui dit promiscuité extrême dit risques élevés de présence de bactéries ou de maladies, on donne donc aux animaux de grandes quantités d’antibiotiques mais certaines passent à travers les mailles du filet : en 2014, en France, on a examiné 100 morceaux de dinde et de poulet, des bactéries Escherichia coli ont été retrouvées dans une pièce sur quatre, 64% d’entre elles étaient résistantes aux antibiotiques6 . Il est aussi important de parler de la pêche, mais surtout de la surpêche. En 2012, plus de 91 millions de tonnes de poisson furent pêchés dans les océans et les mers, il faut y ajouter les 66 millions de tonnes de poissons issus d’élevage et on arrive à un total de 158 millions de tonnes sans compter les 11 à 26 millions de tonnes de poissons pêchés illégalement1. En 1950, on pêchait 18,7 millions de tonnes de poisson, soit près de 5 fois moins1. Selon Paul Watson (le créateur de sea shepherd), la vie pourrait disparaître des océans d’ici 2048. Le problème vient surtout des techniques de pêches : on a mis en place une pêche industrielle grâce à des techniques héritées de la seconde guerre mondiale comme les radars ou les fils en nylon.

la vie pourrait disparaître des océans d’ici

2048 Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd En Méditerranée, on pêche avec des palangres, des lignes de 50 à 60 kilomètres de long avec des milliers d’hameçons pour attraper le plus de poissons possibles. Il existe aussi des sennes tournantes, des filets de 1 à 2km se refermant pour former d’immenses tubes plongeants jusqu’à 240m de profondeur, permettant de pêcher plus de 4 millions de thons par an7 . Sans oublier le chalutage en eaux profondes ramassant tout ce qui passe à sa portée, retournant les fonds marins et détruisant des coraux centenaires indispensables à la vie sous-marine8 . On pêche donc plus mais pas mieux, on récupère des centaines d’espèces pour au final n’en garder que très peu, on estime que 60% du contenu des filets destinés à récupérer des crevettes est jeté par-dessus bord ; « La pêche au gros est devenue la pêche en gros »9. Depuis 1994, les quantités de poisson pêchées stagnent aux alentours des 90 millions de tonnes et 29% des espèces marines sont surexploitées10 ; dans l’atlantique Nord, les 6 principales espèces de cabillaud ont frôlé l’extinction, voyant leur population baisser de 99%11 ... les océans sont en train de se vider. L’industrie de la pêche est contrainte de descendre la chaîne alimentaire, l’épuisement des gros poissons la forçant à se tourner vers leurs proies ayant proliféré en leur absence mais ces petits poissons se font de plus en plus rares et on doit pêcher plus petit, ou plus profond : en 2012, on va chercher des poissons à 300m de profondeurs quand en 1960 on ne descendait pas à plus de 150m7. - F News n°9 page 7 mars 2019

responsable

Eloïse ISSARTEL


demain : tous flexitariens ?

Les poissons vivant dans ces zones se reproduisent bien moins vite et plus tard que ceux déjà décimés et vont donc voir leur population en chute libre, cela ne représente absolument pas une solution stable et viable. Comme pour la viande, la consommation de poisson par an et par habitant a augmenté significativement, passant de 10 kg en 1960 à 19kg en 20127... L’aquaculture tente de pallier ce problème mais les poissons d’élevages sont carnivores et consomment de la farine faite à base de poissons sauvages. Si la provenance des aliments que vous consommez et les conditions dans lesquelles ont été élevés les animaux que vous mangez, c’est que les grandes marques n’ont pas intérêt à ce que vous en soyez informé. Bon, ce bilan peut sembler alarmant et peu positif, mais vous pouvez agir, vous pouvez aider à changer les choses et l’une des façons de faire ça c’est de réduire sa consommation de produits issus des animaux. Si nous réduisons la demande, ils devront réduire l’offre ; s’ils comprennent que nous ne voulons plus de ce système productiviste voué à l’échec, ils n’auront pas d’autre choix que de réduire leurs productions pour ne pas perdre d’argent à cause du manque de consommateurs. Tout peut commencer par un petit changement, un changement dans votre alimentation. Et si vous tenez trop aux produits animaux, tournez-vous vers le flexitarisme et faites attention à la provenance des aliments que vous consommez. Si l’on veut pouvoir nourrir la planète il est essentiel que tout le monde réduise sa consommation de viande et de poisson. Il faut revenir à un mode d’alimentation qui était logique et répandu à l’époque de nos grands-parents ou de nos arrière-grands-parents : ils mangeaient de la viande occasionnellement, les animaux dont elle avait été issue avaient été élevés en plein air, nourris sainement et non avec du soja génétiquement modifié, ils utilisaient peu ou pas de pesticides ou d’engrais chimiques, etc... Je pense qu’un grand nombre d’entre vous doit se dire que leur changement d’habitudes alimentaires n’aura aucun impact mais imaginez si tous ceux qui pensent comme vous que cet effort serait inutile le faisaient quand même alors les choses pourraient changer. Commencez par essayer de fixer un jour dans la semaine où vous ne mangez pas de viande ou de poisson, puis deux, et ainsi de suite jusqu’à n’en manger qu’une à deux fois par semaine voir plus du tout. Il existe aussi beaucoup d’autres moyens d’avoir des modes de consommation plus respectueux de l’environnement dont je parlerais sûrement dans d’autres articles mais que je ne vais pas aborder ici.

Sources Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture 2 Intergovernmental panel on climate change 3 World health report 4 Lesceptique.ca, Viande et végétaux : comprendre les impacts environnementaux de nos choix alimentaires 5 leporc.com, les différents systèmes d’élevages 6 quechoisir.org, Antibiorésistance dans les volailles 7 Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, the state of world fisheries and aquaculture 8 Le Monde, Chalutage profond : l’interdiction rejetée par erreur au Parlement européen ? 9 Une mer sans poissons, Philippe Cury et Yves Miserey, éditions Calmann-Levy 10 Arte, le dessous des cartes, Pêche : la fin de l’abondance 11 Why do fish stock collapse? the example of cod in Atlantic Canada ; une étude de Ransom A. Myers, Jeffrey A. Hutchings et Nicholas J. Borrowman

miam recette rapide VEGAN

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n by Justi

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour une recette un peu particulière : il s’agit d’une recette 100% vegan mais qui chatouillera vos papilles autant que les précédentes recettes. Je vais donc vous concocter une boisson originale nommée : « lait de citrouille et avoine » 10 minutes seulement suffiront pour la réaliser, pour vous, les impatients ! Tout d’abord, munissez vous d’un blender ou d’un mixeur afin de mixer les ingrédients suivants : 100g de flocons d’avoine 4 cuillères à soupe de purée de citrouille nature 4 cuillères à soupe de sirop de fleur de coco 1 cuillère à café d’huile de tournesol 1 pincée de cannelle

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- F News n°9 page 8mars 2019

Assurez vous d’obtenir un liquide fluide avec le moins de morceaux possible. Pour finir filtrez le contenant pour récupérer les résidus d’avoine. Versez votre boisson dans une tasse et blottissez vous sur votre canapé en buvant de chaudes gorgées de ce lait. Maintenant à vous de déguster !


DES FRINGUES !

Justine TAZE

Les soldes, les soldes elles envahissent notre quotidien que ce soit pendant les périodes de fête ou des périodes d’après fête. On ne sait plus où donner de la tête ! Alors on achète, encore et encore en pensant faire une bonne affaire. Mais que se cache-t-il derrière les vêtements qu’on appelle « invendus » ? Peut-on appeler cela Gaspillage vestimentaire ? Vous connaissez ? Non ? Je vais donc vous éclairer aujourd’hui sur ce sujet. Tout d’abord, un peu de chiffres :

Chaque année, 5 millions de tonnes de textiles sont mises sur le marché.

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Sur ce volume, 4 millions sont jetés, que ce soit des textiles neufs ou usagés. L’impact environnemental de ce gaspillage est considérable puisque pour fabriquer des vêtements, on exploite les terres agricoles, on déforeste, on utilise une énorme quantité d’eau, de l’énergie fossile… Cela est dû à la consommation et à l’influence sociale : la mode. En effet, les grandes firmes produisent de nombreuses collections (10 environ par ans) qui se démode aussi vite qu’elles sont lancées sur le marché. Alors où vont les invendus ? Les grandes entreprises les détruisent en énormes quantités hélas. En effet elles vont brûler tous les invendus neufs, n’ayant jamais été déballés. Heureusement en France, la totalité des articles invendus sont soit redistribués soit donné dans des associations. Mais quelque chose se cache derrière ce geste donateur : les entreprises peuvent bénéficier d’un intérêt financier, une déduction fiscale et peuvent éviter de nombreux surcoût comme de stockage. Ainsi cela est plus rentable pour l’entreprise. De plus, les associations ne croulent pas non plus sur les dons des sociétés. Alors faudrait-il adopter une loi anti-gaspillage vestimentaire ? Les résultats de ce débat restent tout de même mitigés : En effet les associations souhaitent créer une « feuille de route » pour tout d’abord vérifier les gaspillages (en chiffre). Ensuite, le gouvernement mettrait donc cette loi en place afin qu’aucun article invendu ne soit jeté ou détruit. Mais bon, la question est encore ouverte et puis, sur l’exemple du gaspillage alimentaire, nous sommes encore loin de stopper totalement la surconsommation. Et vous qu’en pensez vous ? - F News n°9 page 9 mars 2019

responsable

alerte au gaspillage

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dossier Ambassadeurs de la Mémoire

3ème rencontre nationale

des ambassadeurs de la mémoire

de la

dossier réalisé par Alice VERMEULEN

Shoah

Du 25 au 28 janvier 2019, 5 élèves de 1ère S sont partis à Paris pour la 3ème rencontre nationale des ambassadeurs de la mémoire. Retour sur cette expérience unique... Cette rencontre est organisée tous les deux ans depuis 2015 par le mémorial de la Shoah de Paris et permet de regrouper des lycéens de toute la France pour un même but : transmettre la mémoire afin que les erreurs passées ne se reproduisent pas.

Ensuite, le dimanche 27 : journée internationale de la mémoire des victimes de l’Holocauste, nous avons participé à plusieurs cérémonies d’hommage, avec la présence de plusieurs membres de l’état qui ont paru touché par notre engagement.

Après quelques mois de travail sur le site du Chambon-sur-Lignon, nous sommes partis accompagnés de Madame Loulergue pour représenter les valeurs de ce lieu : espoir, humanité et solidarité.

Enfin, le lundi, nous nous sommes rendus au Panthéon, sur la tombe de Simone Veil, et avons rencontré son fils, Pierre-François Veil qui a lui aussi été très ému de notre implication.

Départ du train, 5h55… arrivée à 9h04 à Bercy. Nous prenons le métro, valises en mains pour aller jusqu’au Mémorial de la Shoah où nous retrouverons tous les autres lycéens et professeurs de la rencontre. Enfin arrivés, nous écoutons un premier témoignage avant de partir dans Paris sur les traces de Simone Veil. Dispersés par équipe, nous pouvons faire la connaissance de nombreuses personnes, tous si différents. En effet, si une chose m’a parue très importante, c’est bien la diversité des profils, des caractères, des intérêts de chaque personne qui se sont pourtant réunies dans un même but : se souvenir. Chaque jour de la rencontre a été éprouvant et émouvant. Avec la présentation de chaque lieu de mémoire, des lieux bien différents également avec des camps, des maisons d’enfants, des prisons, des lieux de sauvetage… et la visite du camp de Drancy, constitué d’HLM aujourd’hui habités, le samedi.

Pour terminer, j’ajouterai que nous avons tous vécu de façon très différente cette expérience unique mais que nous en ressortons tous grandis parce que nous avons pris conscience de l’importance de la transmission du souvenir, nous avons pris conscience de l’ampleur de notre rôle à nous, la génération de l’avenir, nous avons pris conscience des conséquences du racisme, poussé à l’extrême…

Au Panthéon, devant la plaque des Justes de France

Au travers des nombreuses rencontres que nous avons faites, nous avons aussi découvert la sensibilité et l’investissement de chacun sur un sujet aussi important qui nous a montré que malgré la montée inquiétante des politiques extrêmes exercées dans de nombreux pays, des jeunes savent encore ce que sont les valeurs fondamentales de l’humanité et seront prêts à se battre pour leur droit de vivre.

- F News n°9 page 10mars 2019


Ambassadeurs de la mémoire ou non, il en va de notre avenir à tous de prendre conscience des évènements qui se déroulent dans ce monde. La seconde guerre mondiale date d’à peine 75 ans, l’âge de nos grands-parents ou arrière-grands-parents, et le monde recommence déjà ses mêmes erreurs. Commençons en février 2019…

Le 9

l’inscription « Juden » a été retrouvée taguée en lettres jaunes sur la devanture d’un restaurant Bagelstein situé en plein centre de Paris, sur l’île Saint-Louis.

Le 10

plusieurs autres tags sont retrouvés çà et là dans Paris : une porte de garage sur laquelle est écrit « Macron jews’ bitch », un mur du 18e arrondissement sur lequel on peut lire «truie juive».

Le 11

des croix gammées sont taguées sur deux œuvres de street art représentant Simone Veil, un hommage réalisé l’an dernier par l’artiste C215. En Essonne, les arbres plantés en mémoire d’Ilan Halimi ont été retrouvés dégradés, Ilan Halimi était un jeune homme juif de 23 ans retrouvé en 2006 nu, bâillonné et menotté après avoir été torturé pendant des jours.

Le 13

une plaque en mémoire d’enfants juifs déportés pendant la Seconde Guerre mondiale, installée devant l’entrée d’une école du Val-deMarne, a été retrouvée brisée au sol.

Le 16

le philosophe et académicien Alain Finkielkraut a été injurié et sifflé alors qu’il se trouvait dans le quartier du Montparnasse : « J’ai été en effet pris à partie de manière très violente par des manifestant et je dois dire qu’ils avaient vraiment envie d’en découdre parce que si des policiers ne s’étaient pas interposés (...), je pense que certains d’entre eux voulaient me casser la gueule. C’était une violence, malgré tout, pogromiste. »

Le 19

environ 80 tombes profanées dans un cimetière juif en Alsace. Elles ont été marquées à la bombe de croix gammées bleues et jaunes. Pas besoin de continuer pour comprendre qu’il est temps de prendre en compte la gravité des évènements. L’extrême droite monte à une vitesse considérable que ce soit en France ou dans les pays autour, notamment l’Italie, l’Allemagne ou la Pologne.

Cette progression rappelle fortement celle que l’Europe a connue au cours de l’entre-deuxguerres, avec l’arrivée au pouvoir d’Hitler en Allemagne, l’Italie fasciste de Mussolini ou encore les ligues d’extrême droite en France. A l’époque, ces politiques devaient leur succès à la crise économique mondiale de 1929, qui avait entraîné une montée considérable du chômage. Avec la crise économique et financière qui a éclaté en 2008, les taux de chômage de plusieurs pays (France, Grèce, Slovaquie) ont explosé ce qui constitue un contexte propice pour l’extrême droite, qui joue sur ce sujet pour toucher les populations. De plus, d’autres pays comme la Hongrie, la Pologne ou la République tchèque connaissent une forte crise migratoire qui entraîne la crainte d’une certaine vulnérabilité, une crainte exploitée par l’extrême droite.

humanité

vivre ?

Dans quel monde devrons-nous

C’est donc en partie pour ces deux raisons que les partis politiques de droite obtiennent de plus en plus de voix aux élections. Une question se pose alors : qui se souvient du siècle dernier ? Les adultes ont-ils tous séché leurs cours d’histoire ? Le même schéma se recrée, les mêmes discours sont déclamés… La seconde Guerre mondiale ne doit pourtant pas recommencer. Personne n’est ressorti plus fort de cette période de haine et de massacres. Ces évènements ne doivent pas se reproduire et c’est pour cela que l’éducation existe. L’éducation des enfants a pour but de les former à leur vie active mais aussi de leur apprendre les erreurs passées afin qu’ils comprennent l’importance d’agir avant qu’elles ne se reproduisent. Nelson Mandela a dit : « L’éducation est l’arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde ». Nous devons tous comprendre que l’enseignement nous est vital si nous voulons vivre avec des libertés et des droits. Aujourd’hui nous devons connaître le passé pour avancer vers le futur. Nous arrivons tous à la fin de l’école, et nous sommes en âge de prendre nos propres décisions pour notre avenir. Même à notre petite échelle, nous pouvons agir en enseignant et en transmettant la mémoire des évènements passés. Nous devons rester vigilants face à l’évolution du monde, c’est en étant attentif que nous réagirons le plus vite. Car n’oublions pas les paroles de Winston Churchill, « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. »

- F News n°9 page 11 mars 2019


épisode 2

le rêve LE FEUILLETON par Victoire DELORME

Je

ne pus fermer l’œil de la nuit. J’avais un besoin trop grand de la sentir auprès de moi, d’entendre son rire. Au réveil mon esprit n’était pas plus clair. Toujours aussi embrouillé par ces incohérences. Je passais ainsi des semaines cherchant Lucie dans tous les lieux où nous avions vécu quelque chose, notre parc, le muret surélevé proche de là ou vivait sa mère, le chemin emprunté lors de notre interminable randonnée. Rien. Lorsqu’un mois plus tard je perdais peu à peu espoir je l’aperçus dans un bus. Elle était de dos mais je reconnus la courbe de son dos. J’avais les larmes aux yeux, je l’avais enfin retrouvée, elle me manquait tant. Elle regarda par la fenêtre et exprima un léger soupir avant de s’immiscer dans la foule qui descendait à l’arrêt. Paniqué, je descendai à mon tour, je ne pouvais pas la perdre à nouveau. A mesure que la foule se dissipait je pouvais mieux distinguer mon entourage. Elle n’était plus là. J’étais pourtant certain de l’avoir vu, comment avait-elle pu m’échapper encore une fois ? J’avais l’impression d’être comme ces enfants qui veulent attraper les flocons de neiges et qui les voient se désintégrer dans leurs mains. Vingt ans s’écoulèrent ainsi, entrecoupés d’espoir, de quête, de détresse. Après dix ans je n’eus plus aucune vision de Lucie. Je finis par me considérer fou et demandai à être interné pour oublier et passer à autre chose. A quarante ans, la vie n’est pas finie, je pouvais rattraper le temps perdu si je me forçais à oublier. Simon, mon psychologue m’avait fermement conseillé de prendre du temps pour moi afin de m’aérer l’esprit. Dans cette optique je partai en vacances dans le nord, en Bretagne. Me rappelant ainsi mes années de scoutisme lorsque nous avions participé à un festival de musique folklorique. La température était agréable, l’air frais et sain de la mer me faisait un bien fou. Le ciel était divinement azuré et une couche légère de nuage y flottait.

Saisi par ce merveilleux spectacle, je m’engageai dans une promenade en bord de mer. La houle se levait lentement et venait se briser à mes pieds. L’eau fraîche me remplissait d’une excitation inexplicable mais géniale. Je levai les yeux pour me confronter à nouveau au splendide paysage. Je remarquai aussitôt un amas de roches brutes sombres sur laquelle une jeune fille était assise. Je ne voyais pas son visage, ainsi j’accélérai le pas, intrigué par cette scène. Brusquement ma vue s’éclaircit, ce n’était pas une jeune fille quelconque, c’était Lucie. Ses cheveux chancelaient dans le vent, elle portait un pull trop grand qui s’envolait. Elle semblait recroquevillée sur elle-même, sans doute prise par le froid glacial. La plage était vaste, il n’y avait aucune issue. J’avançai, puis courus à elle. Arrivant sur les roches, j’oubliai ce qui m’entourait, mes pieds nus, meurtris par la pierre affutée, le souffle qui allait à l’encontre de ma course. J’avais réussi à la rejoindre. Je touchai son épaule. Elle tressaillit puis se retourna et me regarda profondément. Elle était là, pour de vrai, je pouvais la sentir. « Je t’attendais » soupira-t-elle. Je voulais lui dire tant de chose, lui expliquer tout ce que j’avais fait pour elle pour la retrouver. Soudain un bruit cacophonique retentit, elle ne semblait pas être ébranlée par cet affreux son. Je me retournai pour en chercher l’origine, rien ne me parut. Je revenais à elle, intrigué, mais elle n’était plus là. - Martin, grouille toi on a Math ! - Euh, je… oui oui, j’arrive Pierre… Martin se réveilla difficilement, mais il savait qu’il devait se lever. Il avait quand même le concours à la fin de l’année. Il regarda son téléphone avant de se laisser emporter dans sa quête de vêtements. Il avait reçu un message :

atin ! u, Couco ssage du m rnée, e u petit m ne bonne jo on u em Passe en je t’aim i b bosse oulpe. Lucie petit p FNews responsable de la publication Mathilde Suchet

Vous avez des idées, des envies, des passions… FNews recrute des écrivains permanents, éphémères … Venez partager, faites-nous découvrir vos écrits , vos photos, vos dessins en nous écrivant à :

fnews63@gmail.com - F-News F News n°9 n°9 page page 12 -12mars mars 2019 2019

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