Moniteur du développement durable n° 15

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Le Moniteur du Développement Durable Trimestriel │ n°15│ hiver 12

Les nouveaux atours du Vestiaire social d’Etterbeek Le Plan Régional de Développement Durable Développement durable et communication : le challenge


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SOMMAIRE

Les nouveaux atours duVestiaire social d’Etterbeek Le Plan Régional de Développement Durable Développement durable et communication : le challenge Cette publication est le fruit d’une collaboration entre la Région de Bruxelles-Capitale et l’Association de la Ville et des Communes de la Région de Bruxelles-Capitale. Elle est téléchargeable sur le site www.avcb.be N° 2012/15 — Hiver 2012 Rédaction : Philippe Delvaux, Philippe Mertens, Virginie Randaxhe. Mise en page : Philippe Mertens Traduction : Liesbeth Vankelecom Relecture: Philippe Delvaux, Virginie Randaxhe Coordination : Philippe Mertens Editeur responsable : Marc Thoulen Adresse: rue d’Arlon 53/4 — 1040 Bruxelles

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Les nouveaux atours du Vestiaire social d’Etterbeek

Depuis quelques mois, un ancien home à Etterbeek abrite dans ses sous-sols le Vestiaire social, soit une boutique réservée aux démunis qui peuvent s’y rhabiller pour des sommes symboliques. Rencontre avec Mme Hanane Ben Hammane, agent d’insertion et responsable du Vestiaire social, et M. Jean Laurent, Président du CPAS.


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epuis 2000, Etterbeek dispose d’un service de vestiaire social.

Mais sa philosophie était alors différente du service actuel. Pendant plus de dix ans, ce vestiaire recevait en effet des vêtements qui, après nettoyage, étaient simplement revendus. Dernièrement, le service a fortement évolué pour aboutir cette année à un travail de customisation des vêtements. « Alors que le nombre de personnes dépendant du CPAS croît, de nombreux vêtements reçus, bien qu’en bon état, trouvaient en effet difficilement preneurs, parce qu’ils n’étaient plus du tout à la

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mode, explique Mme Hanane Ben Hammane. Nos couturières s’occupent maintenant de les retailler et de les transformer pour les mettre au goût du jour, ce qui en facilite le réemploi. Les transformations sont parfois radicales : nous pouvons transformer une robe en pantalon, une chemise en bustier… Cet ajout de service est avantageux à divers égards : nos clients trouvent des vêtements à la mode et nous recyclons pour notre part des vêtements et tissus autrement promis à la décharge. L’idée nous est venue à force de voir des clients demander si nous pouvions arranger certains vêtements.

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Nous ne travaillons cependant pas sur demande particulière des clients. Le stock de vêtements est toujours constitué à ce jour sur base de dons. Nous devons encore mieux nous faire connaître, le service ayant été entièrement redéfini depuis quelques mois. Nous avons déjà fait paraître des articles dans le journal communal et petit à petit, le réseau de contacts, des donateurs aux clients, se recrée. Les gens nous apportent le plus souvent eux-mêmes leurs anciens vêtements mais, si nécessaire, nous pouvons aller les chercher par camionnette : certains


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ont du mal à se déplacer ou à porter des sacs, d’autres habitent hors de la commune. Par principe, nous ne refusons aucun don pour ne pas décourager les bonnes volontés.

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Les vêtements retravaillés côtoient ceux qui peuvent être revendus tel quel. Cependant, je veux veiller à toujours proposer au moins deux rayons de vêtements customisés à la vente.

M. Jean Laurent, Président du CPAS, embraie : Mais bien entendu, il nous « le vestiaire social est ouvert faut quand même procéder à aux clients des CPAS qui perun travail de tri en aval, cerçoivent le revenu d’intégration taines pièces ne pouvant sociale, dépendent d’une petite plus guère trouver d’usage, pension ou se trouvent en mémême recyclées. diation de dette, ainsi qu’aux chômeurs. Ce rebus peut atteindre un tiers d’un lot. Les proporLe prix des vêtements est tions varient fortement d’un maintenu volontairement très lot à l’autre, d’une personne bas et relève plus du symbole à une autre. que d’un prix de revient bien étudié.

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Le nouveau projet a été financé principalement à l’aide de subsides fédéraux du SPP Intégration sociale dans le cadre d’un appel à projets « S’habiller en éco-citoyen » qui a été lancé juste au moment où nous cherchions à repositionner notre service. Nous avons ainsi soumis notre projet et décroché un subside de 24.000 €. A côté de cela, nous avons également bénéficié d’un soutien via Bruxelles Environnement car le vestiaire social est inclus dans l’Agenda 21 local etterbeekois.


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Et bien évidemment, le personnel du vestiaire est engagé dans le cadre des « articles 60 ». Le vestiaire social est tenu par trois personnes. A côté d’un chargé de la vente et de l’étalage - à qui nous faisons également suivre une formation de stylisme -, les vêtements sont recréés par Anaïs Rami, styliste, et par Otilia Manolache, couturière. A terme, je voudrais transformer la structure en asbl d’économie sociale et engager au moins une personne sous contrat à durée indéterminée afin de réaliser pleinement l’objectif social de réinsertion.

Nous sommes actuellement situés dans le sous-sol d’un

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ancien home, juste à côté du CPAS, mais devrons dans quelques années trouver une nouvelle localisation, l’endroit étant voué à la destruction pour faire place à la nouvelle maison communale encore à ériger. A ce moment, on tentera de s’implanter dans un quartier ayant une visibilité commerciale plus grande, pour améliorer notre zone de chalandise, même si notre public est ciblé. »

Propos recueillis par Philippe Delvaux

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Fin novembre, l’Association rencontre la Cellule régionale chargée de coordonner l’élaboration du Projet de PRDD. Entrevue avec Myriam Cassiers et Adeline Van Kerrebroeck, de la Cellule PRDD au sein de l’AATL, Direction Etudes et Planification.


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Les ateliers prospectifs tenus depuis quelques mois sont maintenant terminés. L’administration est en pleine rédaction de la synthèse de ces travaux. Quelles en sont à ce jour les principales lignes de forces ou tendances remarquables ?

d’ailleurs également se comprendre au niveau économique afin de trouver la meilleure adéquation possible entre formation et emploi. Le PRDD devra donc trouver une mécanique d’adaptation aux évolutions. L’interdépendance, par rapport aux autres Régions. L’aire métropolitaine est plus importante que la RéAdeline Van Kerrebroeck: gion comprise dans ses seules frontières. Les accords Six grandes lignes de force sur la sixième réforme de se dégagent, de manière transversale aux cinq défis l’Etat s’engagent sur la voie établis dans la note d’inten- d’une zone métropolitaine. Le PRDD sera au diapason tion qui ouvrait le chantier 1 de ces tendances car il est du PRDD . Le polycentrisme met l’ac- évident, pour ne citer qu’un cent sur l’importance du dé- exemple, que l’augmentation démographique attendue ne veloppement de pôles de limitera pas ses effets aux proximité afin de renforcer frontières régionales. Il y a l’habitabilité de la ville, mais aussi la spécialisation un intérêt à voir discutées et la mise en réseau de quel- en commun certaines matières. Le PRDD doit tenir ques pôles (économiques, compte de l’hinterland. A cet universitaires, culturels, égard, une étude sur ce sujet ….) situés à travers l’aire a justement déjà été menée. métropolitaine. A cette occasion, nous avons L’attractivité : la Région doit développer celle-ci tant demandé aux Régions Flamande et Wallonne leurs au niveau économique que culturel et touristique et projets pour les zones adjaprofiter de son rôle interna- centes à Bruxelles. tional comme levier. L’habitabilité, c’est-à-dire l’attention à porter à la préLa résilience, notamment servation de la qualité de vie eu égard à la durabilité : il faut se donner une capacité en ville, à la fois dans l’accès aux services, la mesure des à s’adapter aux changements climatiques. Cela im- nuisances, la préservation plique notamment des choix voire la création d’espaces verts ou encore une attenet développements en termes de mobilité et d’habita- tion pour la qualité des espabilité, mais aussi des choix ces publics. Cela pose égalede développement économi- ment la question de la densité de l’habitat, et d’une denque. Cette résilience doit

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sification nécessaire pour absorber l’essor démographique. Ce qui nous amène à la dernière tendance, celle de la diversité qui doit aussi encourager la mixité et la cohabitation. La mixité ne peut être imposée mais doit viser le respect de chacun et la recherche d’un équilibre pour éviter à la fois le repli sur soi et l’homogénéisation Dans le même ordre d’idées, quel regard portez-vous sur ce travail de prospection ? A-t-il permis de faire émerger des idées innovantes, des constatations nouvelles, des solutions originales, etc. ? Quels sont les avantages de cette formule de participation des acteurs de la société civile ? Adeline Van Kerrebroeck : Les ateliers ont vraiment constitué une démarche intéressante. C’était une première, le précédent PRD n’ayant pas connu de démarche similaire à cette échelle, donc tout était à inventer. L’exercice est limité, il se déploie dans un laps de temps assez court et peut engendrer des frustrations, mais, même imparfait, il était important de le mettre sur pieds car la matière est complexe. Pour nous, c’est l’occasion de rassembler les acteurs et les forces vives, de les écouter et d’intégrer des idées, des enjeux. Cela peut également favoriser une adhésion au futur

Soit les défis de l’environnement, l’essor démographique, l’emploi, la lutte contre la pauvreté et la dualisation, et enfin le défi de l’internationalisation.


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projet de ville. Les ateliers permettent par la confrontation d’acteurs très divers un débat qui englobe les problématiques soulevées sous différents angles. On ne recherchait pas du neuf à tout prix ; je crois qu’on peut aussi voir ces ateliers comme des chambres de résonnance dans lesquelles s’affirment des idées qui prennent ensuite le temps de murir avant d’être ou non conservées. Ils nous ont permis aussi de réfléchir avec moins de contrainte, et de sortir du cadre strictement bruxellois.

Des acteurs économiques par exemple ne veulent pas limiter la réflexion aux frontières institutionnelles. Sans transformer le monde ou faire émerger des idées que personnes n’avaient soupçonnées, les ateliers ont quand même permis de faire ressortir certains éléments vus comme importants par les participants. Dans sa Déclaration d’intention ouvrant le chantier du PRDD, le Gouvernement avait identifié cinq défis qu’on retrouve peu ou prou confortés au sortir des ateliers. Les ateliers ont

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cependant rapidement séparé la mobilité de l’environnement, le premier, par son ampleur s’affirmant en problématique nécessitant un traitement et un atelier distincts. A propos de mobilité – mais cette remarque vaut pour d’autres ateliers – comment avezvous traité le sujet, sachant que de nombreux instruments existent déjà, comme le Plan Iris II, le Plan Vélo, ou bien sont en cours de réalisation, comme le Plan Piéton. Adeline Van Kerrebroeck : Le fait que le PRDD dépasse le seul enjeu de la mobilité permet justement de replacer cette problématique dans un contexte plus global, par exemple en mettant en perspective la mobilité avec les questions d’aménagement du territoire. Les plans existants ne sont d’ailleurs pas ignorés, ils font partie des éléments dont on se sert en atelier. La prospection en atelier va-t-elle réorienter la rédaction de l’AvantProjet de PRDD. Quels sont les autres éléments qui serviront pour rédiger l’Avant-Projet de Plan ? Adeline Van Kerrebroeck : la synthèse des ateliers ne va pas « réorienter » la rédaction,


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puisque celle-ci suit la fin des ateliers. Elle va tout simplement l’alimenter.

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A partir de janvier, rédaction de l’Avant-projet de PRDD et la réalisation du RIE. L’Avant-projet et le RIE Tous les éléments arrivent devraient donc être terminés pour l’été. Ensuite, l’avant en même temps ou se suiprojet de plan sera débattu au vent de peu : les concluGouvernement.. sions des ateliers, les viEn ligne de mire, le but est sions prospectives d’arriver à un Projet de PRDD « Bruxelles, Métropoles 2040 »2 et les études spécifi- pour l’automne 2012. ques sur la densification, les immeubles élevés, les L’enquête publique et le proespaces publics, la recessus de consultations des convertibilité des immeudifférentes instances dureront bles de bureau et l’hinterà peu près un an, ce qui nous land. Enfin, le document amène à un PRDD pour l’auinitial, « Etat des lieux de tomne 2013. la Région de BruxellesCapitale »3, qui précédait Les communes, non spéciles ateliers, reste également fiquement représentées une pièce pertinente. aux ateliers prospectifs4, ont demandé une meilQuel est l’échéancier du leure implication dans le PRDD ? processus d’élaboration, sans attendre l’enquête puMyriam Cassiers : quasi- blique du Projet de PRDD. Comment répondre à ce ment tous les éléments souhait ? étant désormais disponibles, nous devrions avoir déterminé le fil rouge de la Myriam Cassiers : le cabinet suite du contenu du PRDD a entendu les demandes forpour Noël. En parallèle, mulées par les communes lors nous entamons le Rapport d’un atelier Développement sur les Incidences Environ- durable, organisé par l’Assonementale (RIE) sur lequel ciation le 12 octobre dernier, nous reviendrons. où leur avait été présenté l’état d’avancement du PRDD.

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Le représentant du Cabinet a ensuite rencontré le Conseil d’Administration de l’Association. Même si les modalités restent encore à finaliser, il semble qu’on s’accorde à ce que d’une part la Région demande aux communes de s’exprimer d’initiative sur les éléments qu’elles veulent voir figurer au PRDD. Les communes ont d’autre part demandé à ce que la Région réunisse autour de 4-5 thèmes des personnes de références désignées par les premières. Ainsi les communes seraient, au moins partiellement, consultées en amont de l’enquête publique. Qui « fait » le PRDD au niveau régional ? Myriam Cassiers : le PRDD est un projet du Gouvernement. C’est donc celui-ci qui effectuera les arbitrages. Le travail est cependant préparé par l’administration via un binôme entre la Direction Etudes et Planification de l’AATL (DEP) et l’Agence pour le Développement du Territoire (ADT) d’une part

2 L’étude « Bruxelles-Métropole 2040 » a pour objet l’élaboration d’une vision territoriale métropolitaine à long terme

(2040) et la définition de propositions stratégiques de mesures à mettre en œuvre à très court terme (fin de cette législature, soit 2014), à court et à moyen termes (horizon du PRDD 2020) qui permettront d’atteindre la vision territoriale métropolitaine de long terme (2040). L’analyse est faite à l’échelle de la zone RER et cet exercice débouchera sur un (des) scénario(s) sur l’avenir de la « métropole ». Les pistes se déclineront au niveau du territoire et à l’échelle métropolitaine. Trois bureaux d’étude ont travaillé de manière indépendante mais en parallèle sur le même objet. On retrouve ces trois études sur www.urbanisme.irisnet.be → Les règles du jeu → Les plans de développement → Le Plan Régional de Développement Durable (PRDD) → Bruxelles-Métropole 2040 3 « Plan régional de Développement durable – Phase préparatoire - Etat des lieux de la Région de Bruxelles-Capitale ». Ce document a été publié dans « Les cahiers de l’ADT », n°10. Il est disponible sur www.bruxellesplus10.be

4 Hormis la représentation de l’AVCB, qui a mandat de protéger leurs intérêts mais pas de représenter chacune d’elle


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et de l’autre. Les deux départements se répartissent le travail, entre organisation des ateliers et coordination des études. Ils se réunissent ensuite pour la rédaction de l’Avant-projet. En gros, une dizaine de personnes de l’administration, réparties pour moitié à l’ADT et pour l’autre à l’AATL, sont chargées du dossier. Toutes ne travaillent d’ailleurs pas exclusivement au PRDD, certaines étant affectées à d’autres dossiers comme l’Etude Canal ou encore la révision du PRAS. Concernant ce dernier, il est d’ailleurs intéressant, pour la cohérence de l’ensemble, que les mêmes personnes participent à ces deux dossiers. Et les études préalables servent ainsi aux deux dossiers. Le qualificatif « durable » différencie le PRDD de son prédécesseur, le PRD. Dès son entame, le PRDD prend donc une tournure marquée. Quels sont les changements par rapport au PRD en termes de méthodes, d’outils, de résultats attendus ? Myriam Cassiers : la démarche participative, qui introduit une concertation avec les acteurs concernés par les politiques, est déjà en soi une

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caractéristique qui nous place sur la voie de la durabilité. Ensuite, je relèverais l’attention constante portée à la transversalité des thématiques: le PRDD est un plan où tous les éléments doivent s’imbriquer, ce qui n’est pas simple. Enfin, nous recherchons cet équilibre entre les trois piliers du développement durable, à savoir l’environnement, le social et l’économique. A un autre niveau, cette nouvelle mouture s’inscrit dans l’évaluation incidences de certains plans et programmes sur l’environnement. Celle-ci est imposée par la Directive européenne 2001-42 5, via un Rapport d’incidence environnementale (RIE) qui sera réalisé en parallèle à l’écriture de l’Avant-projet. Le RIE analyse la situation environnementale existante au sens large , compare cette dernière avec l’impact des projets et mesures prévus et apporte des recommandations ou propose des alternatives. C’est en quelque sorte une analyse en amont de l'impact des mesures projetées. Elle constitue donc une aide à la prise de décisions. Concrètement, le RIE est réalisé par l’administration avec l’assistance d’un bureau d’études. Ce travail débutera en janvier et doit se terminer pour juin.

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Si le PRDD est un plan destiné à guider l’action publique en posant des choix politiques valables à long terme, et si le PRAS en est sa traduction réglementaire, implémentant les solutions précédemment dégagées, quelles difficultés (ou opportunités) rencontrezvous dans l’élaboration simultanées des deux outils ? Myriam Cassiers : le PRDD chapeaute l’ensemble des plans. Actuellement, nous travaillons en parallèle à une adaptation du PRAS, qualifiée de « démographique ». C’est à dire qu’on l’adapte partiellement pour autoriser du logement dans des zones où il n’était précédemment pas autorisé. En outre, d’autres adaptations permettront aussi des modifications pour le plateau du Heysel ainsi que pour l’affectation du triangle Delta. En effet, on ne peut pas se permettre d’attendre la finalisation du PRDD pour répondre à ces enjeux. C’est aujourd’hui qu’il faut répondre au défi démographique et c’est aujourd’hui aussi que doivent se décider les affectations des zones précitées. Ce PRAS démographique est attendu pour l’automne 2012. Mais bien entendu, une fois le PRDD terminé, une nou-

5 Directive 2001/42/CE du Parlement européen relative à l'évaluation des incidences de certains plans et programmes sur l'environnement, JOCE 21/7/2001


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velle mouture du PRAS sera entreprise, complète cellelà. Le PRDD signalera d’ailleurs les points à modifier dans le PRAS. On a vu émerger ces derniers mois et années des conflits régionaux (projets concurrents de pôle commerciaux, projet flamand d’élargissement du Ring, etc.), dont les prémisses d’une solution politique structurée se trouvent dans la « Déclaration de Politique Générale » du 1er décembre 20116. Ce document décide en effet du principe de création future d’une zone métropolitaine. Le PRDD embrasse-t-il aussi des problématiques interrégionales (notamment eu égard aux chapitres sur la Mobilité ou l’Economie) ? Myriam Cassiers : même si, par absence de volonté politique d’autres régions ou par manque de structures, c’est difficile, il n’en reste pas moins qu’on ne peut pas faire l’économie d’une réflexion portant sur la zone métropole de Bruxelles, malgré le fait que le PRDD énoncent des politiques portant uniquement sur le territoire régional bruxellois. Nous devons prendre en compte l’hinterland.

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Décrété fonction faible à protéger dans le précédent PRD, le logement l’est-il encore dans le nouveau projet de PRDD ? Doit-on s’attendre à voir émerger de nouvelles fonctions faibles ?

que l’on veut privilégier. Sans doute moins les industries lourdes que celles qui s’insèrent mieux dans un tissu urbain en densification. Mais l’exercice reste difficile, certaines entreprises ont effet besoin d’espace pour leurs agrandissements ultérieurs éventuels.

Myriam Cassiers : ce qui est indéniable, c’est qu’il y aura de nouveaux habitants à loger. Donc, même si c’est déjà une fonction forte, il reste un besoin en logement dans la Région. A côté de ça, le PRDD doit aussi parvenir à trouver un équilibre avec les autres fonctions urbaines, notamment économiques, lesquelles dépassent d’ailleurs comme on l’a dit les strictes frontières régionales. On est davantage dans la recherche du type d’économie à privilégier. Des pistes existent comme celles des filières « vertes » (par exemple, celles de recyclage, de traitement de déchets, de réemploi) ou « blanches » (la recherche, la santé), les TIC » (technologies de l’information et de la communication) ou encore « créatives » (la culture, le tourisme, la mode). Il faut s’attendre à l’avenir au dévelopement d’une économie fonctionnelle en milieu urbain (où l’on vend des services plutôt que d’acheter des biens, par exemple les voitures Cambio). Ce débat sur l’emploi du sol est essentiel. On devra dire ce

Comment et à quel moment sera associé la population au processus de réalisation du PRDD ? Myriam Cassiers : hormis les ateliers prospectifs, qui conviaient des acteurs sociaux particuliers, nous avons aussi organisé un panel avec 35 citoyens recrutés sur base d’une grille permettant de faire émerger un panel représentatif. Trois séances ont été organisées où ont surtout été discutés les thèmes de la sécurité et du logement. Ce panel a bien fonctionné. Ultérieurement, il y aura évidemment l’enquête publique, laquelle sera accompagnée d’une exposition visant à expliciter le Projet de PRDD. Propos recueillis par Philippe Mertens et Philippe Delvaux Synthétisés par Philippe Delvaux

6 « Les négociations en vue de former un Gouvernement fédéral ont abouti et le « projet de Déclaration de Politique Générale » du 1er décembre 2011 intègre l’accord institutionnel pour la 6ème réforme de l’Etat « un état fédéral plus efficace et des entités plus autonomes » du 11 octobre 2011. Pour la zone métropolitaine, voir la déclaration de Politique générale du 1er décembre 2011, partie I, chapitre 2 (BHV et Bruxelles: solution communautaire durable), point 2.5 : Bruxelles et son hinterland.


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Le Plan Régional de Développement Durable Le PRDD est un plan stratégique. Il fixe des orientations destinées à guider l’action des pouvoirs publics et du secteur privé. Le PRDD servira de cadre à l’ensemble des décisions concernant Bruxelles. Cet outil de pilotage de l'action publique régionale se décline en 3 grandes étapes : 1. Elaborer une vision du futur de la Région (à partir d’un état des lieux de la situation); 2. Définir les objectifs stratégiques pour concrétiser cette vision; 3. Déterminer les mesures opérationnelles pour réaliser ces objectifs. « Le Plan Régional de Développement Durable de la Région de Bruxelles-Capitale (PRDD) traduira le projet de ville, c’est-à-dire les grandes priorités d'actions de la Région Bruxelles-Capitale aux horizons 2020 et 2040. Le PRDD est l’occasion de poser un regard sur la ville de demain et de développer une vision concertée pour Bruxelles. Celle-ci traduira une volonté de renforcer la cohésion socio-économique, en s’appuyant sur les piliers du développement durable que sont le social, l’économique et l’environnemental. » Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a chargé l’Agence de Développement Territorial et la Direction Etudes et Planification de l’Administration de l'Aménagement du Territoire et du Logement ainsi que l’Institut Bruxellois de Statistique et d'Analyse d’organiser l’élaboration du projet de PRDD. Le processus passe par quatre grandes étapes : 1. La réalisation d’un diagnostic de la situation existante 2. Un exercice de prospective comportant : - un volet participatif : panel citoyen et ateliers prospectifs regroupant les acteurs régionaux. - la réalisation d’études spécifiques, dont l’étude « Bruxelles-Métropole » 3. La rédaction de l’Avant-projet de Plan et du Rapport d’Incidence Environnementale (c’est l’étape qui débute à parution du Trait d’Union) 4. L’adoption du PRDD : discussion au sein du Gouvernement, adoption du Projet de Plan, enquête publique, consultation des différentes instances, amendements et adoption finale du PRDD. En 2009, le Gouvernement de la Région Bruxelles-capitale a annoncé son intention de modifier totalement le Plan Régional de Développement qui avait été élaboré en 2002. La Déclaration d’intention de modification totale du PRD énonce les grands axes du nouveau PRD à élaborer. L’adjonction du qualificatif « durable » marque d’ailleurs la direction à prendre. Cette volonté régionale est exprimée dès l’accord de Gouvernement 2009-2014 et réaffirmée dans les Déclarations de politique générale 2009, 2010-2011 et, comme nous l’évoquions dans le Trait d’Union N°5/2011. Plus d’info Un site Internet permet de suivre l’évolution du PRDD : www.bruxellesplus10.be


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Développement durable et communication : le challenge

Le 6 décembre dernier, l’Association organisait l’atelier « Développement Durable: informer et/ ou communiquer ? ». L’agence de communication Greencap était notre expert invité pour cette session. La SDRB, un des clients de l’agence est venu témoigner de l’évolution de son image.


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ommuniquer pour et en fonction du développement durable de manière adéquate relève régulièrement de la gageure, en ce compris pour les professionnels de la communication. Les coordinateurs des Agenda 21 locaux sont d’ailleurs sans cesse confrontés à ce type de défi. Que communiquer ? Comment bien communiquer ? Au début du mois de décembre 2012, l’Association consacrait une matinée au thème « Institutions publiques et développement durable : informer et/ou communiquer ». Cet atelier, élaboré en collaboration avec l’agence Greencap Communication fondée par Hello Agency, a convié de nombreux fonctionnaires communaux. Malgré la surabondance d’informations relatives au terme « développement durable », force est de constater que ce dernier reste peu compris voire même méconnu de la part du citoyen lambda. Bien que l’on observe, au fil du temps, une progression dans l’appropriation du terme1, les occurrences pour celui-ci se localisent essentiellement dans la sphère environnementale et négligent trop souvent le social et

1. En

l’économique. En parallèle et a contrario, on voit se développer progressivement un marché de l’attention citoyenne prête à épingler toute tentative de greenwashing. D’autant que les représentations graphiques formant l’image du concept lassent le citoyen (graphique avec les trois sphères d’interpénétrant, Terre vue du ciel, récurrence de la couleur verte, ours polaire, etc.). La communication dite « responsable » devrait être envisagée comme un équilibre entre un développement informatif et un développement communicatif de manière à provoquer un feedback immédiat qui déclencherait un échange. Il est donc essentiel de considérer la communication comme l’une des dimensions faisant vivre et parler le développement durable. Cette dimension reposera sur le marché de l’attention citoyenne, marché propre à l’environnement de la commune. Au cours de cet atelier, la communication responsable a été définie comme « toute communication sur le développement durable ou tout autre contenu ou thème, tenant compte de la responsabilité sociétale des entrepri-

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ses et associations qui sont parties prenantes quant à ce contenu, sa production et sa diffusion ».

Pense-bête pour mieux communiquer Par le biais de ces constatations, les experts en marketing et communication de Hello Agency ont proposé un processus de réflexion permanent qui vise à évaluer les positions d’une organisation, dans ce cas un organisme public, en relation avec son environnement, suivi d’une analyse quant aux capacités et attentes des parties prenantes, et à partir de cela, à distiller une vision qui pourra par après être diffusée selon des représentations définies et dont l’impact sera constamment en évaluation, afin de permettre à l’organisation de gérer l’image qu’elle projette. L’application de cette démarche a permis de présenter l’analyse et la critique des différents outils de communication communaux (sites internet, journaux communaux, etc.). De ces observations, il en ressort que l’usage des mots reste important. Il est recommandé d’éviter des mots stéréotypés, des

France, en 2011, plus d’une personne sur deux (51% exactement) déclare avoir une idée précise de ce que signifie l’expression, soit 18 points de plus qu’il y a seulement 7 ans. (Commissariat général du Développement durable – Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement) http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/indicateurs-indices/f/1930/1339/connaissance-menagesnotion-developpement-durable.html


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mots anxiogènes ou faisant référence à des notions abstraites peu comprises. Il est important d’exclure tout coté moralisateur dans le discours choisi. En effet, le recours à la morale et à l’anxiété induit la crainte et ne permet pas d’englober le public. Le discours avantage est donc prôné au détriment de l’anxiogène. Il est donc impératif de construire un vocabulaire adapté à tout un chacun. Parler simplement est souvent la clé d’une bonne communication. Les termes techniques, arides sont à bannir. Le concept de développement durable doit être envisagé mais pas nécessairement dans le détail. Il doit servir de fil rouge sans pour autant être mentionné textuellement. En revanche, il est conseillé, au niveau du website, d’insérer l’ensemble des documents de référence concernant l’Agenda Iris 21, de manière à permettre à l’internaute qui le désire de se documenter plus en détails.

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progrès de la qualité de vie et non pas sur la commune et ses actions.

res d’accueil (parcs et terrains industriels, bâtiments).

Il est, en soi, essentiel de garder à l’esprit que le but de toute publication à destination du citoyen est de promouvoir (mêler donc la communication et l’information), en l’occurrence le développement durable, plutôt que fournir des informations brutes et non traitées sous l’angle communicatif.

Willy Coppens, directeur de la communication, nous explique : «Auparavant, la SDRB souffrait d’un problème d’image à différents égards : le nom ne reflétait pas notre métier, à savoir l’immobilier et les publics-cibles auxquels nous nous adressons. Il était, de plus, très souvent confondu avec d’autres institutions de la Région de Bruxelles-Capitale. Notre logo officiel était, par ailleurs, très sévère et désuet ».

La transition vers une communication efficiente, identifiée et différenciée Depuis dix-huit mois, la Société de Développement pour la Région de BruxellesCapitale (SDRB) travaille, en collaboration avec Hello Agency, au niveau de son image afin de rendre sa communication plus efficace.

La SDRB est une institution qui comprend deux publics cibles bien distincts. D’une part, le citoyen désireux d’acheter un logement moyen à des prix avantageux. L’institution réalise et vend des logements subsidiés dans Le message principal qui est des quartiers en déficit résidentiel en Région de retrouvé dans l’ensemble Bruxelles-Capitale. des discours DD des communes consiste avant D’autre part, le second public toute autre chose en la est situé du coté des entreprequalité de vie au sein d’un neurs souhaitant implanter même territoire. leurs activités économiques à Bruxelles et pour qui la Le propos de tout outil de SDRB développe des structucommunication doit être centré sur le citoyen et le

Pour pallier ces lacunes, la SDRB a donc décidé d’adopter une série de baselines qui permettent de mieux identifier leurs métiers en fonction de la cible : « Pour habiter Bruxelles » et « Pour entreprendre Bruxelles ». L’identité visuelle a également été actualisée. Elle est désormais plus dynamique et identifiable. En outre, les conseils des experts de Hello Agency ont permis de faire évoluer le discours et la manière de communiquer de la part de la SDRB. « Auparavant, ajoute Willy Coppens, tous nos supports de communication visaient uniquement à donner des éléments purement informatifs mais ne faisaient


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pas du tout appel aux émotions. Aujourd’hui, nous veillons à présenter nos informations de façon simple, claire et attrayante ». Dans cette veine, l’interface du site internet de la SDRB, www.sdrb.be, a d’ores et déjà évolué. Un travail sur une nouvelle structure qui facilitera l’utilisation et rendra le site web plus convivial est en cours. La charte graphique est également en phase de finalisation ce qui permettra de décliner la nouvelle identité sur tous les supports de communication interne et externe. De cette manière, « la nouvelle politique de communication sera complètement implémentée dans le courant de cette année. 2012 sera une année charnière avec cette nouvelle identité visuelle et un tout nouveau website ».

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COMMUNICATION IDENTIFIÉ IDENTIFIÉE ET DIFFÉ DIFFÉRENCIÉ RENCIÉE

Annonce : Hier

Communication SDRB: avant / après

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COMMUNICATION IDENTIFIÉ IDENTIFIÉE ET DIFFÉ DIFFÉRENCIÉ RENCIÉE

Annonce : Aujourd’hui

Virginie Randaxhe

Greencap Communication est un département de l’agence de communication Hello Agency qui a pour préoccupation principale le conseil en matière de communication écoresponsable,

Pour info: www.greencapcommunication.com/fr


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C’est électronique… c’est écologique ! Par soucis de cohérence et d’engagement en faveur d’un développement plus durable mais aussi afin d’éviter des gaspillages inutiles de papier, nous souhaitons diffuser le Moniteur du Développement Durable prioritairement par courriel. Inscrivez-vous ! Vous n’avez pas reçu personnellement le Moniteur du Développement Durable ? Vous souhaitez être tenu au courant de la parution des prochains numéros ? Pas de problème ! Abonnez-vous sur le site internet de l’Association. Pour remplir le formulaire : www.avcb.be>publications>moniteur du développement durable. Téléchargez-le ! Vous pouvez également télécharger gratuitement le moniteur à l’adresse suivante : www.avcb.be>publications>moniteur du développement durable. Pas d’adresse électronique ? Vous n’avez pas accès à internet et vous souhaitez quand même recevoir le Moniteur du Développement Durable. Téléphonez-nous, ensemble nous trouverons une solution. Contact: Forum pour un Développement Durable Association de la Ville et des Communes de la Région de Bruxelles-Capitale. Rue d'Arlon 53 Boîte 4 à 1040 Bruxelles Tél: 02/238.51.62 Fax: 02/280.60.90 Courriel : philippe.mertens@avcb-vsgb.be

Hiver 2012

L’arbre de la participation—Bordeaux novembre 2011

Le label écodynamique de l’Association a été porté à deux étoiles


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