Le Griffonnier 136 - 11 avril 2019

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Le journal étudiant de l'Université du Québec à Chicoutimi

No 136

Jeudi 11 avril 2019

50 printemps


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Jeudi 11 avril 2019 No 136 Le Griffonnier

Ouverture sur le futur Émilie Morin

Rédactrice en chef La fin de l’année scolaire arrive à grands pas, ce qui signifie aussi que la dernière édition du Griffonnier est à nos portes (ou dans nos présentoirs!). À cette occasion, l’équipe de collaborateur.trices du Griffonnier vous a concocté des textes qui ont trait à ce questionnement qui, une fois l’été venu, en titille plus d’un : l’avenir. Pour

plusieurs étudiant.es, cette fin d’année marquera aussi la fin de leurs études universitaires. Si certain.es d’entre nous choisissent de poursuivre au niveau de la maîtrise ou du doctorat, plusieurs quitteront pour de bon le milieu universitaire et se lanceront pour la première fois dans le monde professionnel. Cette nouvelle ouverture sur le monde amène plus d’un questionnement. Élise Pilote

vous offre ainsi une chronique pour contrôler son anxiété de l’avenir. Emmanuel Trotobas, quant à lui, soulève une réflexion quant à l’avenir environnemental de notre monde. Qui dit avenir dit aussi technologie. Emma Solet, étudiante au baccalauréat en communication interculturelle et médiatique, vous présente un projet qui prendra vie le 17 avril : un site web interactif pour vous

Photo : Pixabay

en apprendre plus sur l’UQAC, à l’occasion de son 50e anniversaire. Fidèles à nos habitudes, nous vous offrons des critiques culturelles, qui porteront cette fois sur le film The Favourite et le jeu Graveyard Keeper. Dans le même ordre d’idées, vous retrouverez entre ces pages ce qu’Emmanuel a pensé de l’exposition des finissantes à la maîtrise en art Izabelle Girard

et Isabelle Brassard. Du côté de l’actualité, Stéphane Boivin vous parle plus en détail des 50 ans de l’UQAC, en plus de vous présenter la rétrospective faite par l’ancien président du MAGE-UQAC. Fidèles lecteur.trices, nous vous remercions pour cette belle année passée à vos côtés. Le Griffonnier vous souhaite de passer une bonne fin de session! On se revoit au mois d’août!

MAGE-UQAC : d’un président à l’autre Stéphane Boivin Journaliste

Les élections du MAGEUQAC se sont tenues le 26 mars dernier. C’est Samuel Julien qui présidera un conseil exécutif dont plusieurs postes sont restés vacants. Nous avons invité le président sortant Keven Desgagné ainsi que son successeur afin d’établir un état des lieux des activités de l’association, à quelques jours de la fin l’année universitaire 20182019. Le vote par courriel a atteint le taux de participation anémique de 6,54%, la plupart

des candidat.es étant élu.es sans opposition. La seule lutte réelle a concerné la présidence, alors que la secrétaire générale sortante Catherine Fortin a recueilli 43% des votes contre 52% pour Samuel Julien.

financières, externes et de cycle supérieur. Deux sièges étudiants au conseil d’administration sont également vacants. Les détails pour soumettre une candidature sont disponibles en page huit de la présente édition.

Fabien Poirier, vice-président sortant aux affaires institutionnelles, passe aux affaires pédagogiques. Il est remplacé par Antoine Grandguillot Cormier. Marie-Philip Bergeron, prend quant à elle la vice-présidence aux affaires étudiantes.

Le défi de la mobilisation

Les postes vacants au conseil exécutif sont le secrétariat général ainsi que les vice-présidences aux affaires

Le faible taux de participation au vote et un exécutif réduit temporairement de moitié font penser à Samuel Julien que la mobilisation représentera une priorité dès le début de son mandat : « Il faut améliorer la mobilisation, encourager les gens à s’impliquer. Si on n’est

que quatre sur huit cet été, on ne peut pas donner le double de temps non plus. Ça impliquerait qu’on devrait prioriser entre les dossiers. » En plus de poursuivre les projets en cours (dont la révision de la cotisation étudiante et des statuts et règlements, Samuel Julien prévoit également que la mise en œuvre de la nouvelle politique de lutte contre les violences à caractère sexuel de l’UQAC, notamment son volet de formation, occupera le MAGE-UQAC dans la prochaine année. L’affiliation à une association nationale est une question

qui s’impose à presque tous les mandats. Dans la dernière année, le projet de l’AVEQ a implosé et le MAGE-UQAC s’est retrouvé à nouveau orphelin de représentation nationale. Un handicap certain aux yeux du président sortant Keven Desgagné : « Il faut avoir un organe pour développer des liens avec les élus provinciaux ou fédéraux afin d’être capables d’aller plus loin. C’est un handicap parce que ça nous demande beaucoup plus de temps et d’énergie, en plus de ressources que nous n’avons pas nécessairement. » Une affiliation nationale permettrait à l’exécutif local de se concentrer sur ses dossiers tout en étant à l’affût des


Jeudi 11 avril 2019 No 136 Le Griffonnier actions à plus grande échelle. Samuel Julien abonde dans le même sens : « C’est sûr que cet été il va falloir se questionner sur les autres associations nationales et voir ce qu’on fera dans les prochaines années. »

Bilan Après avoir donné quatre années à l’exécutif du MAGEUQAC, d’abord aux affaire financières puis à la présidence, Keven Desgagné résume son bilan sous le signe de la consolidation. « Les projets soutenus par les exécutifs des quatre dernières années se devaient d’aboutir et d’être stables pour les étudiant.es des années à venir. On pense à Accès libre sur lequel on travaillait depuis sept ans, la garderie qui a ouvert en février dernier, on y travaillait depuis quinze ans. […] Se dire que l’argent qu’on a peut aller encore plus loin au niveau des investissements sans pour autant toucher à la cotisation étudiante. »

Une école Keven Desgagné et Samuel Julien, ce dernier étant impliqué depuis plusieurs années auprès d’autres instances étudiantes, s’entendent pour dire que l’implication au sein de l’exécutif représente une expérience très formatrice. « En bout de ligne je ne vois que des côtés positifs », affirme Keven Desgagné. « C’est l’environnement parfait pour des gens qui veulent apprendre à se connaître et à aller beaucoup plus loin. […] Je n’aime pas dire ça, mais à certains égards j’ai plus appris au MAGE-UQAC que dans mes cours. Gestion, conciliation, ressources humaines, communautaire, environnement… j’ai beaucoup appris et ça m’a même donné une longueur d’avance parfois dans mes cours puisque j’avais expérimenté la situation concrètement. » Samuel Julien entrera officiellement en poste début mai. D’ici là, il suivra son prédécesseur comme son ombre.

Samuel Julien et Keven Desgagné au studio de CEUCRadio. Photo: MAtv

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Le premier recteur se souvient Stéphane Boivin Journaliste

Dès 1959, un groupe de notables saguenéens se rassemblait sous l’appellation de Groupe Saint-Thomas afin de réclamer une université régionale. Il aura fallu le temps d’une révolution tranquille pour que l’UQAC voit finalement le jour en 1969, dans l’urgence caractéristique de l’implantation du réseau des universités du Québec. À 94 ans, André Desgagné, premier recteur de l’institution, garde des souvenirs très clairs des débuts de l’aventure. Ce sont 857 étudiant.es qui se présentent en septembre 1969 à l’Université du Québec à Chicoutimi, alors basée au premier étage de l’ancien orphelinat de la rue JacquesCartier (aujourd’hui l’édifice CGI), dans des locaux vétustes mis à niveau à la hâte. Trenteet-un programmes de baccalauréat sont dès le début enseignés par une cinquantaine de professeurs. « Le premier obstacle a été l’urgence », se souvient André Desgagné. « Je suis rentré comme recteur en avril et on devait donner les premiers cours en septembre : recruter les professeurs, autant que possible détenteurs de doctorats, regrouper la main d’œuvre puisqu’on regroupait cinq unités qui existaient déjà. Les propos contenus dans chaque article n’engagent que leurs auteurs. - Dépôt légalBibliothèque Nationale du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Le Griffonnier est publié par les Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi (CEUC).

Il fallait recruter ces gens, du menuisier en passant par la cuisine jusqu’aux professeurs. Au début, j’étais le seul à pouvoir le faire. J’avais les dossiers devant moi dans un petit bureau d’une aile désaffectée du cégep... » Il se souvient de la grande simplicité de ces débuts où il arrivait que des candidats le prennent pour un concurrent. La rentrée de septembre 1969 s’est néanmoins déroulée comme prévu. « Ça a été un succès fou. Je me souviens d’avoir vu les voitures s’échelonner de l’entrée de l’université jusqu’à la rue Jacques-Cartier. J’avais été étonné de voir la première rentrée. »

curieuse et informée. Son fort esprit régionaliste n’a pas échappé au premier recteur qui déclarait dans la revue Réseau d’octobre 1969 : « Le contexte historique, géographique et psychologique ainsi que le désir d’autonomie des professeurs se traduisent aussi par le besoin […] de gérer l’université dans laquelle ils oeuvrent. » Une gestion participative qu’il remettait toutefois en question à la fin de son mandat en 1974. Cinquante ans plus tard, il parle en terme élogieux de son arrivée dans la région. « C’étaient des gens plus éveillés que dans nos grandes villes. Beaucoup plus éveillés aux idées nouvelles. Pour moi c’est un retour agréable. Je retrouve

le sens de l’accueil qui me rappelle mon arrivée ici, avec ma petite famille. Je connaissais la région mais pas les lieux comme je les ai connus ensuite. J’avais entendu parler du groupe Saint-Thomas mais sans plus. Je savais que c’était un pays, je dis bien un pays, cultivé et aimant la culture. Mais je ne l’avais jamais éprouvé dans ma vie propre. » Le résident de Québec a répondu à nos questions lors de son passage à l’UQAC à l’occasion du lancement des festivités du cinquantième anniversaire, le 22 mars dernier. Quelques minutes avant de s’adresser à l’assemblée, il nous décrivait ses impressions ainsi :

« Je vois les résultats de la recherche, des professeurs qui ont de fortes renommées internationales. J’entends dire toutes sortes de choses, que des étudiants de partout décident de venir étudier en région, particulièrement ici à Chicoutimi. Ça m’indique que l’université a une certaine renommée, un certain prestige. Je vais employer des termes excessifs… mais pas trop! Je trouve que c’est prodigieux… et céleste. » 54 000 diplômés plus tard, souvent de première génération universitaire, les termes choisis par André Desgagné ne nous semblent pas excessifs. Il suffit d’imaginer une région sans UQAC pour adhérer à la vision humble de ce bâtisseur.

Dès 1969, l’UQAC tisse des liens avec le milieu, notamment industriel, avec la reconnaissance de la multinationale Alcan (aujourd’hui Rio Tinto) qui l’intègre à son programme de bourses. En 1970, la Fondation de l’UQAC est mise sur pied afin de financer la recherche à caractère régional. La même année, le gouvernement fait l’acquisition des terrains sur lesquels se déploiera le campus que l’on connaît.

Université à la saguenéenne André Desgagné se souvient d’une population

Photo : Courtoisie

Rédactrice en chef : Émilie Morin

Collaborateurs :

Graphiste : Ysé Raoux

Stéphane Boivin Élise Pilote Jessica Roy-Vachon Frédérique Laroche Emma Solet

Coordonnateur : Stéphane Boivin Publicité : Christian Tremblay Courriel : publicitieceuc@uqac.ca Correction : Émilie Morin

Tiana Kader Émilie Morin Jessica Normandin Emmanuel Trotobas Audrey-Maude Lavoie

Couverture : Ysé Raoux

CEUC remercie ses partenaires :

Courriel : ceuc@uqac.ca Téléphone : 418 545-5011 #2011 Télécopieur : 418 545-5400 /ceuc.ca

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Cinéma

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The Favourite : du grand Lanthimos

Émilie Morin Journaliste

The Favourite est un film mettant en vedette Olivia Colman, Emma Stone et Rachel Weisz. Au 18e siècle, deux dames de la cour d’Angleterre, Sarah et Abigail, se disputent la place de favorite de l’excentrique Anne, reine d’Angleterre. Ceux qui sont familiers avec le réalisateur grec Yorgos Lanthimos y reconnaîtront sa réalisation un peu éclatée. Divisé en chapitres, tout comme l’était The Lobster, The Favourite par-

tage toutefois peu d’autres points communs avec son prédécesseur, également nominé aux Academy Awards. Le film s’adapte à la période qu’il évoque, ce qui le force à adopter un ton plus conformiste. Toutefois, c’est dans les dialogues et dans les personnages que Lanthimos laisse aller libre cours à ce style qu’on lui connaît. Les décors et les costumes sont d’époque, mais les nombreux « fuck » que l’on entend au cours du récit nous rappellent qu’il ne s’agit pas ici d’un long-métrage his-

torique traditionnel. Même chose pour les relations entre la Reine et ses deux dames de compagnie : Lanthimos n’hésite pas à montrer les relations homosexuelles de ces trois femmes, et la façon dont elles utilisent le sexe pour arriver à leurs fins. Le film, qui est classé comme une comédie noire, traite de sujets lourds de façon cocasse, voire absurde. La violence des relations entre Sarah et Abigail, entre ces deux femmes et Anne, est montrée dans tous ses abus.

Photos : The Favourite, Yorgos Lanthimos.

Olivia Colman livre une performance extraordinaire, tout comme Emma Stone et Rachel Weisz, mais c’est vraiment le personnage d’Anne qui vole la vedette. Excentrique, maniaque, colérique, elle vit un tourbillon d’émotions qui est représenté à son plein potentiel par la justesse du jeu de Colman. Tantôt douce et aimante, tantôt violente, Anne en vient à nous faire pitié. Le spectateur ne peut s’empêcher d’éprouver de la compassion pour cette femme mal-aimée qui, justement, croit l’être. Car on ne sait jamais si Anne gagne

réellement le cœur de ses amantes, ou si celles-ci ne font que jouer avec elle, désirant sa faveur au-delà de son amour. Malgré son humour,

The Favourite réussit bien à nous montrer les dilemmes parfois douloureux de la vie d’antan. Au final, ce qui est le plus douloureux, c’est peutêtre même d’admettre qu’entre amour, violence, guerre, argent et passion, il n’y avait aucun dilemme, et que le choix le plus évident était celui qui bénéficiait nos propres intérêts.


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Zoom sur l'UQAC Emma Solet Collaboratrice

L'UQAC fête ses 50 ans! Et nous, étudiant.es internation. ales.aux, nous fêtons notre première année à l'UQAC! Belle rencontre! L’anniversaire de l’UQAC permet de mettre en lumière un lieu riche en histoire(s) qui accueille chaque année 6500 étudiants, dont plus de 1000 étudiants internationaux, et qui a su évoluer au fil des décennies pour se créer son propre micro-organisme, sa propre alchimie… Nous vous proposons de partager notre découverte,

la naissance de notre histoire avec l'UQAC, avec notre web documentaire « Zoom sur l’UQAC ». L’interactivité du web documentaire vous permettra d’en apprendre plus sur cette institution; nous l'avons créé dans le cadre du projet du cours Production et diffusion web, offert par l’UQAC. Les auteures de ce projet, soit Chloé Brailly, étudiante en multimédia, Pauline Caiado, et moi-même, étudiantes en communication sont toutes trois Françaises. Nous entamons notre deuxième et dernière session d’échange universitaire à l’UQAC. Après avoir pu nous familiariser avec les différents

lieux du campus, nous avons pu apprécier un cadre d’études différent et avons souhaité laisser, par ce biais, notre regard sur cette université qui aura marqué considérablement notre parcours scolaire, mais aussi notre vie.

nouv.eaux.elles pourront alors apprendre et découvrir. En cliquant sur les bâtiments de l’UQAC affichés sur une carte interactive, les internautes auront accès à des photos, des interviews et des textes explicatifs.

Certes, nombreuses sont les informations disponibles sur l’Université, mais nous souhaitons porter, via ce projet, un regard nouveau, alternatif, en mettant de l’avant le travail de ceux qui œuvrent chaque jour pour son fonctionnement et auxquels on ne donne peutêtre pas toujours l’attention qu’ils méritent, même s’ils apportent tant à la VIE étudiante! Les habitué.es pourront facilement se repérer, et les

Ainsi, guidé.es par trois étudiantes, vous pourrez naviguer dans une interface interactive accompagnée de ressources inédites. Ce web documentaire qui prendra la forme d’une carte de la faculté vise à mettre de l’avant les différentes infrastructures offertes par l’Université, notamment la salle de sport, la cantine et la bibliothèque, mais aussi son histoire et ses acteurs.

L'art au féminin Emmanuel Trotobas Collaborateur

Au mois de mars ont eu lieu les vernissages d’étudiant.es à la maîtrise en Arts de l’UQAC, dont faisaient partie ceux d’Izabelle Girard et Isabelle Brassard (alias IBelle). Izabelle Girard présentait « Lancements intimes ». L’étudiante, lors de sa performance, tirait des briques, ou encore déplaçait une table. Au-delà de cette description simple, elle montrait

avec des symboles un quotidien chargé, celui d’une mère monoparentale qui a cheminé un parcours en émotion et en conscience. Cette exposition en tant qu’artiste et adepte du yoga fait ressortir toute son adaptation en souplesse avec les objets du quotidien (table, coussins, électroménagers), et on peut y entendre plusieurs voix : la sienne et celle d’enfants. Elle montre comment elle sait jongler avec les différentes facettes de la vie, comment elle doit s’affirmer dans ses divers rôles : de femme, de mère, d’artiste, d’être en cheminement.

Photo : Performance d'Izabelle Girard ; Frédéric L. Tremblay

Étudiant.es, futur.es étudiant.es, personnel ou simple intéressé.e, notre web-documentaire vous est adressé et vous permettra de découvrir ou de redécouvrir l’Université sous un angle différent. Nous vous offrons notre regard, accompagnez-nous! NDLR : Le web-documentaire « Zoom sur l’UQAC » paraîtra le 17 avril 2019.

COPYRIGHT 2019

IBelle présentait son parcours à travers les vestiges, lieu de traces de passage, puis la forêt, et finalement la plage. L’étudiante passait de la nudité d’un ver de terre à un corps transformé tel celui d’une chrysalide devient papillon ou fantôme, ou autre être libéré… Au-delà de cette simple description, il faut un peu se rappeler son parcours : durant les deux dernières années, il s’agissait d’actes poétiques tels que « Phénoména », où IBelle explorait son vécu corporel dans son rapport à l’espace, aux autres et au temps. Cette citation était insérée dans la présentation de la performance d’alors : « Les frontières du moi doivent être durcies avant d’être assouplies. Une identité doit être établie avant d’être transcendée. On doit se trouver soi-même avant de pouvoir se perdre. » (Scott Peck, 1987). Ces deux artistes, collègues et collaboratrices ont pu parler de la place de femme, d’artiste, en relation ou non, considérant l’aspect de la présence ou de l’absence d’un partenaire dans leur parcours, surtout leur parcours intérieur,

Photo : Performance d'Isabelle Brassard ; Frédéric L. Tremblay

où pouvaient se percevoir des états de pleine conscience. Plus largement, leur émancipation peut être prise en compte au niveau social. En tant que femme, comment évolue-t-on avec le regard de l’autre ou avec son absence, son assistance ou non? Leurs présentations font état de leur vulnérabilité tout en prônant les êtres qu’elles sont, se libérant de schémas individuels lourds. Elles véhiculent individuellement une promotion de l’Art au féminin, habitant l’espace dans leur corps réapprivoisé, accompagnées de symboles forts. C’est l’expérience de la femme monoparentale, artiste.

C’est le défi incarné contre les mensonges du romantisme. Les deux parcours font état de beaucoup d’introspection. On parle d’explorations intérieures avec des yeux critiques, une conscience aiguisée regardant les traces des passages dans les origines, dans des lieux aussi différents qu’un logement ou qu’un bout de forêt, ou encore une plage. Ces performances ont été les aboutissements de parcours, de défis où se côtoyaient des moments de rencontres intérieures et extérieures entre force et vulnérabilité, entre intimité et individualité oubliée.


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Censure et liberté d’expression Jessica Roy-Vachon Critique

Au cours de l’histoire littéraire, plusieurs œuvres ont fait l’objet de censure. Certains auteurs furent même interdits, et leurs livres bannis. Puis, avec les années, ces mêmes livres ont refait surface et les gens ont pu les lire. Aujourd’hui, en 2019, à une époque où on milite pour la liberté d’expression, comment se fait-il que la censure recommence à devenir acceptable? Comment se faitil qu’on l’accepte aussi facilement, alors qu’on devrait tenter de se dresser contre les censeurs qui tentent de nous faire taire et de brimer nos représentations artistiques!

Dernièrement, un livre assez populaire a fait l’objet de critiques sévères, ce qui m’a menée à me questionner sur ce qu’on peut dire ou écrire en 2019. À une époque où la liberté d’expression est aussi importante, y a-t-il une limite qu’il ne faut pas dépasser? Y a-t-il des sujets qu’on ne doit pas aborder? Alors qu’on voit des meurtres à la télé et dans les livres, ainsi que des scènes de nudité, pourquoi certains sujets sont-ils plus sensibles que d’autres? Est-ce que ce sont les sujets qui sont choquants ou bien est-ce que ce sont seulement quelques personnes qui ne veulent pas qu’on aborde de telles choses?

série des Contes interdits. Dans ce livre, il y a un passage où on décrit explicitement le viol d’une fillette de 9 ans. À la suite de la lecture de ce livre, une enseignante (qui l’a lu avant de le faire lire à ses élèves) a fait une plainte. Suite à cela, une enquête a été ouverte et l’auteur a été arrêté. Tous les exemplaires non vendus du livre ont été remis à la police. Une enquête est en cours pour incitation à commettre un crime grave à travers une œuvre de fiction. L’auteur est également accusé de production et de diffusion de pornographie juvénile. Pourtant, il est bien écrit sur le livre que c’est pour un public averti de 18 ans et plus.

Prenons par exemple le cas du livre Hansel et Gretel de la

Ne vient-on pas ici censurer une œuvre de fiction? Cela

veut-il dire que les auteurs et les éditeurs ne pourront plus publier des œuvres dans lesquelles ils mettent en scène des personnages qui commettent des crimes? Et les lecteurs, se verront-ils accuser s’ils se procurent ces œuvres? Va-t-on commencer à dire aux auteurs et aux artistes quoi faire ou ne pas faire? Il ne faut pas oublier qu’une œuvre de fiction reste une œuvre de fiction : les auteurs ne cherchent pas à encourager les crimes ni à banaliser les meurtres, les viols ou autre. Pareil pour un artiste : ce n’est pas parce qu’il peint une scène violente, qu’il incite les gens à la violence. Leur travail provient de l’imaginaire, ce n’est pas réel, même s’ils parlent de quelque chose

qui existe. L’auteur d’un livre n’est pas le personnage, il ne commet pas un crime et n’a pas non plus l’intention de le faire. Alors, jusqu’où peut-on aller? Que peut-on faire ou ne pas faire? Pourquoi censurer certaines œuvres et pas d’autres tout aussi explicites? Tout cela mène à la réflexion. Est-ce qu’on va se remettre à censurer et à interdire la diffusion de certaines œuvres pour ne pas choquer, ou va-t-on laisser les artistes s’exprimer librement? Est-il plus important de laisser place à la censure ou à la liberté d’expression? À nous de voir!

La garderie ouvre enfin ses portes Stéphane Boivin Journaliste

Après une quinzaine d’années de démarches, une garderie a enfin ouvert ses portes à l’UQAC en mars dernier. Entité indépendante de l’UQAC et des services de l’association étudiante, la garderie l’Univers des minimagiciens offre dès maintenant aux parents étudiants des services conçus sur mesure. La route aura été longue. À travers l’évolution des lois et des normes, et à cause du statut particulier de ce service universitaire, l’ouverture d’une garderie n’est visiblement pas une mince affaire. Après avoir bien cerné les besoins de la communauté, les porteuses du projet ont pu profiter de la construction du Pavillon de la culture des peuples autochtones pour y développer un espace très lumineux. Les parents ne devraient pas hésiter à visiter les lieux au local K0-1000.

Conçu pour la communauté étudiante On estime qu’entre 20% ou 25% de la communauté étudiante de l’UQAC aurait un ou plusieurs enfants à charge. Présidente du Regroupement des parents étudiants de l’UQAC et membre du conseil d’administration de la nouvelle garderie, Valérie Deschamps explique l’esprit selon lequel a été conçu le service. « Les étudiant.es exprimaient surtout des besoins sporadiques. Souvent les parents ont déjà une garderie mais il peut se présenter des problèmes occasionnels et le parent a un examen ce jour-là par exemple. Il y a aussi beaucoup d’étudiants qui viennent de l’extérieur de la région qui n’ont pas nécessairement un entourage pour les aider. C’est un service complémentaire qui vient combler certains besoins pour pouvoir poursuivre son parcours scolaire. »

Fonctionnement L’Univers des minimagiciens s’adresse aux enfants de parents étudiants exclusivement, âgés entre 18 mois et 5 ans. Pour le moment, 8 enfants peuvent être reçus simultanément le jour contre 6 pour

la plage-horaire du soir. Les plages-horaire correspondent aux heures de cours jusqu’à 19h45. Puisque le service est conçu en fonction de besoins sporadiques, on ne prévoit pas de liste d’attente à court terme. Il faut cependant s’inscrire auprès du portail gouvernemental La Place 0-5. La pro-

cédure peut être consultée en visitant uqac.ca/garderie. L’Univers des minimagiciens fermera ses portes en juillet avant d’accueillir à nouveau ses petits visiteurs dès le début août.




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Jeux vidéo

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Graveyard Keeper : qui n'a jamais rêvé d'être un fossoyeur ? Jessica Normandin Chroniqueuse

Après le stress occasionné par les examens et les travaux de fin de session, quoi de mieux qu’un bon vieux jeu de gestion pour se détendre et recharger ses batteries? Pour l’occasion, je vais vous présenter un petit jeu indépendant et diablement original : Graveyard Keeper. Souvent décrit comme le cousin maléfique de Stardew Valley, un jeu où l’on doit construire une ferme, Graveyard Keeper raconte l’histoire d’un homme des temps modernes qui, alors qu’il s’apprête à rejoindre sa bienaimée, se retrouve mystérieusement projeté au Moyen Âge. À peine vient-il de débarquer dans ces contrées inconnues qu’il se voit octroyer l’heureux titre de

gardien du cimetière. Métier qui, peu invitant, ne l’enchante guère, d’autant plus que son prédécesseur semble avoir disparu dans des circonstances on ne peut plus louches. Ne comprenant rien à ce qui lui arrive et voulant à tout prix retourner à son époque, le protagoniste devra se lier d’amitié avec des personnages tous plus farfelus les uns que les autres afin que ces derniers puissent lui donner des éléments qui l’aideront à avancer dans sa quête. Toutefois, leur empathie n’est pas spontanée : dans Graveyard Keeper, aucune aide n’est gratuite. Afin de répondre au mieux aux demandes parfois exigeantes des personnages non jouables, il vous faudra donc entretenir votre cimetière, votre église (qui deviendra accessible plus tard dans le jeu) et vos récoltes, améliorer vos compétences et sur-

tout, faire de l’argent et produire divers matériaux. Par ailleurs, le joueur aura également l’occasion d’explorer un donjon truffé de monstres où il pourra récolter certains matériaux exclusifs à cet endroit.

Du farming à l’état pur Disons-le d’office : il ne faut pas être rebuté par les longues sessions de farming pour apprécier l’expérience que nous propose Lazy Bear Games. Comme mentionné plus haut, les villageois auront plusieurs quêtes. Toutefois, pour espérer compléter une quête principale, le joueur devra en finir d’autres simultanément, ce qui peut donner l’impression que le jeu part dans tous les sens. Cela a bien évidemment pour effet de ralentir considérablement le rythme du jeu. C’est d’ailleurs pour cette

raison que le côté farming de Graveyard Keeper est souvent cité comme un défaut. Outre le farming, Graveyard Keeper est un jeu de gestion beaucoup plus complet qu’il n’y paraît, et ce, grâce à un arbre de technologies qui s’améliorera tout au long de la partie. Cet arbre contient plusieurs branches comme l’anatomie, la théologie, l’écriture, la construction, la cuisine, etc. Chacune de ces catégories contient à son tour diverses technologies qui peuvent être débloquées via des points que l’on récolte lorsque l’on effectue une action. C’est d’ailleurs ce qui peut rendre certaines quêtes assez longues : le fait qu’elles nécessitent une technologie qui n’est pas encore acquise par le personnage.

Un humour noir présent et nécessaire

Dans Graveyard Keeper, votre cimetière n’est pas perçu comme un lieu de recueillement, mais plutôt comme un commerce! Celui-ci devra être le plus reluisant possible afin qu’il ait une meilleure réputation. Le joueur devra parfois (souvent!) laisser tout sens moral de côté afin de parvenir à ses fins. Récupérer des cadavres, les dépecer, les étudier, revendre leurs viandes au tavernier du coin; il s’agit là d’un univers qui, mal emmené, aurait pu susciter beaucoup d’émoi. Heureusement, le jeu ne semble pas avoir créé de débats enflammés sur la toile, malgré son audace. Le récit se déroulant à une époque lointaine et enrobé d’un humour de bon goût, les concepteurs parviennent à atténuer le côté glauque de leur création. D’ailleurs, c’est justement cet univers morbide qui rend ce jeu de gestion unique et original.

Photo : Graveyard Keeper.


Société

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Ceci n'est pas une fausse nouvelle Photo : Pixabay

Audrey-Maude Lavoie Collaboratrice Ou peut-être que ça l’est, qui sait? Après tout, vous en conviendrez sûrement avec moi, il est devenu de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux dans le monde virtuel. La désinformation est une pratique plus que courante. Quoi, n’avez-vous donc pas vu qu’un régime sans sucre permettrait de faire disparaître totalement un cancer? Vous ne savez donc pas encore que le réel géniteur du premier ministre Justin Trudeau ne serait en réalité nul autre que Fidel Castro? Voilà tant d’informations qu’on peut voir circuler à mesure que nos doigts font défiler nos fils d’actualités

Facebook. Ce n’est pas un phénomène nouveau : la propagande est un outil de choix pour discréditer des personnes ou des idées qui confrontent les nôtres, un outil utilisé par plusieurs figures importantes de l’Histoire. Aujourd’hui, les interfaces virtuelles offrent des possibilités ahurissantes qui permettent le partage de connaissances, et ce, peu importe leur véracité. Je ne compte plus les fois où j’ai vu des personnes partager ces nouvelles tirées par les cheveux et qui me donnent envie d’arracher les miens. On dirait que l’esprit critique semble disparaître spontanément lorsqu’on utilise les réseaux sociaux. Le filtre du gros bon sens s’envole, et on se met à partager

n’importe quelle vidéo nous présentant une nouvelle qui pique notre curiosité, avec une musique entraînante et des mots en caractères gras percutants. C’est là la magie des fake news, comme se plaît à les pointer du doigt le cher président des États-Unis, Donald Trump : elles sont le parfait mixte de faits qui sont vraisemblables, basés sur la réalité, mais qui sont ensuite grossièrement déformés et/ou exagérés. Les fausses nouvelles sont dans une zone grise où on les trouve un peu folles, mais juste assez crédibles pour appuyer sur « partager ». C’est une machine qui s’enclenche ensuite rapidement : une étude du réputé MIT affirme qu’une fausse nouvelle se répand sur Internet

six fois plus rapidement que la vérité. Qui plus est, il semblerait que pour une fois, les vilains milléniaux ne soient pas les pires. Les champions de la désinformation sont plutôt ceux de 65 ans et plus, qui sont sept fois plus portés à partager une fausse nouvelle. Alors, la prochaine fois que ta grande tante partage une photo qui dit en rouge fluo que « LE LAIT DE VACHE EST LE PIRE CANCÉRIGÈNE JAMAIS IDENTIFIÉ », dis-toi que ce n’est peut-être pas à prendre tout à fait au sérieux. Certaines de ces nouvelles sont inoffensives et cocasses par leur absurdité. D’autres sont propagées à des desseins obscurs, traitant de sujets délicats comme l’immigration ou la religion; bref, de parfaits outils pour semer la division dans une

chaîne humaine facebookienne d’une ampleur inestimable. J’appelle à plus de conscience, plus d’esprit et une approche intelligente face au contenu publié sur les réseaux sociaux et les médias. Peut-être alors pourrons-nous avoir plus de respect, plus de tolérance et plus de réflexions sensées. N’ayez pas peur de vous questionner lorsque vous voyez des sources douteuses : en se demandant simplement qui, quoi, quand, où et comment, et avec quelques vérifications, on évite de participer à la diffusion massive de propos douteux. Vraiment, il n’y a rien de mal à se tourner les doigts sept fois avant de publier.


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Société

Jeudi 11 avril 2019 No 136 Le Griffonnier

Voir l'avenir sous différents angles Emmanuel Trotobas Collaborateur

Claude Villeneuve, chercheur à l’UQAC, dit que pour sortir d’un système destructeur dans lequel nous sommes enfoncés, il nous faut envisager l’avenir autrement, d’une façon plus circulaire et renouvelable que celle, linéaire, dans laquelle le futur est imbriqué. Même s’il semble neutre quant aux projets d’Arianne Phosphate, de Métaux Black Rock ou encore de GNL (car ils font des efforts de développement durable, tel qu’ils le disent eux-mêmes), ces projets sont selon moi destructeurs. Il dit encore, et cela est très intéressant, que l’avenir n’est pas la répétition du passé. Il le scande, même. On entend pourtant souvent un son de cloche différent. Et les avertissements de l’Histoire sont là. On parle de la montée du fascisme. N’a-t-on pas déjà vu de tels événements se produire à peu près de la même façon? Il y a un schéma, un mécanisme de mise en place d’un phénomène. Ce qui s’est passé en 1933 en Europe paraît soudainement beaucoup plus proche. On se souviendra du pourcentage de votants. Ainsi que de la place des médias. Évidemment, c’est différent. Il y a du nouveau. Ce n’est pas un copier-coller exact de ce qui s’est passé il y a presque 80 ans pour un phénomène ou 230 ans pour un autre (pour faire référence aux événements de France). Il peut y avoir des similitudes. Comme Claude Villeneuve le dit, ce n’est pas complètement linéaire. Il ne faudrait cependant pas exclure le fait qu’il y a des répétitions, même dans les nouvelles versions. Pour ne pas répéter les erreurs, alors qu’aujourd’hui est déjà différent d’hier, des groupes

travaillent par exemple sur le mode de scrutin, un facteur important qui pourrait changer la donne électorale. D’autres travaillent sur d’autres sciences, dont la génétique. Là encore, il faut être vigilant. C’est précisément là que pourrait se jouer notre avenir : dans notre vigilance. Vigilance dans ce que nous ingérons et comment nous faisons évoluer nos sciences et notre conscience. L’intelligence artificielle est un sujet préoccupant. Faisonsnous assez preuve d’éthique ou nous laissons-nous trop vite aller? Google a récemment créé un comité afin de se pencher sur la question. Les grands systèmes économiques sont éprouvés, notamment celui du capitalisme face à la grande crise écologique mondiale. Les grands ensembles politiques le sont également : l’Europe, le multilatéralisme onusien… La jeunesse, dit-on, prend le flambeau de l’espoir, avec un certain cynisme toutefois, critiquant la classe politique inactive ou démagogue. Les marches pour le climat se multiplient. Le climat, lui, s’emballe.

L’avenir est donc incertain. On le voudrait radieux, chantant. Cyril Dion, réalisateur de Demain, considère, parmi d’autres, que nous sommes déjà dans la phase d’effondrement. Au moment de la signature de la COP 21, des contrats d’approvisionnements de gaz de schiste américain ont été signés par des entreprises françaises : « Malgré leur soutien affiché à la maîtrise du réchauffement climatique, de gros groupes pétroliers et gaziers veulent étendre leurs opérations en énergies fossiles. » (Le Monde) Je reste encore surpris par la nouvelle selon laquelle un nouveau sommet pour l’environnement verrait le jour à Montréal (La Presse), même si j’aurais tendance à dire que

Lorsque Greta Thunberg est vue comme instrumentalisée par la gauche, on est encore dans des luttes de clans. On fait face à des luttes raciales et religieuses et l’on monte aux barricades, on descend dans les rues. Les inégalités décrites

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Alors que les manifestations pour la journée mondiale de grève pour le climat se déroulaient le 15 mars dernier, l’ONU a publié un rapport qui scelle l’avenir de l’Arctique. La fonte rapide du pergélisol, qui libère des quantités considérables de carbone et de méthane, pourrait même accélérer le changement climatique et faire dérailler les efforts pour atteindre l’objectif à long terme de l’accord de Paris et limiter la hausse de la température mondiale sous les 2 °C. Les conséquences seront dévastatrices pour les populations locales et pour le reste du monde.

plus rien ne m’étonne. Les ministres fédéral et provincial de l’environnement veulent-ils montrer un visage enfin enclin à la promotion de l’environnement? Ils font passer l’économie en priorité la plupart du temps, il me semble, étant des ministres à la solde de gouvernements libéraux ou conservateurs, loin d’être les Nicolas Hulot de ce monde. Cela me rappelle la promotion par le président français de l’événement ONE Planet Summit, en septembre 2018. Macron y fut sacré « champion de la Terre »!

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dans des livres comme celui d’Alain Denault sur les paradis fiscaux ne font pas beaucoup remuer le monde, paraît-il. Que faut-il de plus? Je ne sais pas. Ce que je vois, c’est qu’il faut être très vigilant par rapport aux positions que l’on peut prendre, sur les mots que l’on peut employer, les photos ou musiques que l’on peut diffuser. Les réactions sont vives, et la susceptibilité est de mise. Notre vigilance doit être accompagnée de bienveillance et observer l’invisible. Il faut aller au-delà des apparences. Être vigilant dans l’invisible, c’est se préoccuper de notre conscience. On dit souvent que les pensées font les gestes, qui font les habitudes. Ainsi se matérialisent les routines. Lorsque la conscience est là, on ne parle plus de la ruine de l’âme.

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Psychologie « 13

Jeudi 11 avril 2019 No 136 Le Griffonnier

L'avenir : objet de peur ou de surprise Élise Pilote

Collaboratrice Qui n’a jamais eu peur de l’avenir? Certains, plus téméraires que d’autres, apprécient l’adrénaline que leur procure cet inconnu en puissance. Quelques fois, c’est la peur qui domine : peur de ne pas savoir de quoi l’avenir est constitué À d’autres moments, nous avons hâte de parcourir ce terrain de jeux pour peut-être accomplir nos buts. Les deux sentiments sont légitimes, et cette ambivalence fait partie de la nature même de notre humanité. Dans cet article, vous découvrirez d’abord des moyens pour diminuer l’anxiété que vous éprouvez par rapport au futur, mais aussi, si vous faites partie des téméraires, comme vous poser pour ensuite mieux avancer.

La peur de l’avenir La peur est multifactorielle. Dans le cas de l’avenir, la peur tient plus du fait que l’avenir est imprévisible. On ne sait simplement pas qu’est ce que l’avenir nous réserve. Heureusement, il y a une solution bien simple pour diminuer notre anxiété face au futur. Il nous est possible de nous raccrocher à des

faits. Également, il est facile et rassurant de se rappeler de prendre un jour à la fois, et de vivre au moment présent.

Solution pratique à la peur de l’avenir Se raccrocher aux faits, c’est se fixer des buts qui nous apparaissent comme une réalité. J’avais déjà expliqué comment se fixer des buts à court, moyen et long terme dans un précédent numéro. Il s’agit avant tout de reproduire l’exercice et de l’actualiser en fonction des évènements de la vie présente. Récemment, j’ai défini mon projet d’étude en ces termes, par rapport à l’admission au doctorat en neuropsychologie. J’ai répondu aux questions : quand, où, comment et qui (qui sera mon directeur de recherche). J’ai remarqué que j’avais structuré ma pensée, et depuis, je sens que j’ai la tête moins pleine. Il faut aussi apprendre à vivre le moment présent. Les méthodes de pleine conscience peuvent être utiles pour se rapprocher de nos sensations. Je vous rappelle que les méthodes de pleine conscience consistent

simplement à porter une attention soutenue à nos sensations corporelles. Que ce soit en faisant une autre activité, ou en pratiquant la méditation en pleine conscience, les moyens pour y parvenir sont nombreux. Prendre le temps de faire des choses qui nous rendent heureux, sans penser à l’avenir ou aux problèmes de la vie quotidienne, est une délivrance pour notre cerveau. Le sport, la cuisine, la danse, la musique, les jeux vidéo, le dessin… toutes des méthodes diversifiées, mais tellement satisfaisantes pour se libérer l’esprit.

La témérité : voir l’avenir comme un immense terrain de jeux Vous savez comme j’aime mettre mes définitions pour illustrer mes propos, mais promis, c’est la dernière. La témérité est définie selon le Larousse comme une personne « qui est hardie au point d’accomplir des actions dangereuses », ou comme quelqu’un « qui est inspiré par une audace extrême ». Il s’agir donc d’une personne qui ne connaît point la peur. C’est quelqu’un qui fonce la tête

baissée dans toutes ses entreprises.

Solution pour dompter un peu sa témérité La personne téméraire est une personne curieuse qui, en fait, croque dans la vie, parfois un peu trop. Encore là, prendre un jour à la fois est souvent plus utile que de tout risquer avec l’avenir. On ne reparlera jamais assez des fameuses techniques de pleine conscience qui aident à mettre un pied à terre. De plus, comme je l’ai mentionné plus haut, prenez le temps de respirer. Faites des choses qui vous rendent heureux. Mettez l’accent sur le présent, et non sur l’avenir.

Entre témérité et peur : conciliation de deux identités Comment concilier deux choses qui sont aux antipodes? Il faut les mettre en opposition et les faire agir l’une contre l’autre. Utilisez la témérité pour contrer la peur, et la crainte pour contrer la témérité. Il est normal d’avoir peur. Tout le monde éprouve des craintes par rapport à son propre avenir. Par contre,

il est aussi important d’appliquer la témérité aux services de ses buts. Voilà pourquoi nous devons parfois nous faire violence et surmonter notre peur de l’inconnu. C’est aussi pour cette raison qu’avoir des buts est si utile. Sans buts, l’avenir en est encore plus angoissant.

Ma vision des choses Je crois que l’équilibre entre les moments de témérité et les moments de peur est essentiel. Par contre, il faut savoir quand user de chacun. Il faut aussi savoir quand considérer l’avenir. Souvent, nous oublions que nous sommes en réalité nés pour vivre dans le présent, pas dans le futur. C’est une façon de penser que l’on voit régulièrement en milieu universitaire. On se soucie de l’avenir, mais non de son bonheur actuel. Je comprends votre souci de l’avenir, mais n’oubliez pas que vous avez une vie à vivre, une seule chance de faire ce qui vous rendra fier. Vous avez le choix de vivre votre vie comme vous l’entendez. Utilisez l’avenir comme levier entre l’équilibre de la peur et de la témérité, sans oublier que vous êtes avant tout un être humain qui doit vivre dans le présent. Sur ce, respectez-vous, et l’avenir vous sourira.

Photo : Pixabay


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» Création littéraire

Jeudi 11 avril 2019 No 136 Le Griffonnier

présente... Frédérique Laroche est étudiante à la maîtrise en lettres, où elle rédige un mémoire de création centré sur l’écriture de séquences descriptives. Elle s’est jointe au Griffonnier afin de présenter ses œuvres aux autres étudiant.es.

Axelle Frédérique Laroche

Le fauteuil se mit en marche vers la destination demandée.

robinet, emplissant bientôt la pièce de vapeur.

« Si vous subissez l’opération, vous avez 9 % de chances de retrouver complètement vos facultés, 62 % de chances de les perdre davantage et 29 % de chances de perdre la vie. Voulez-vous poursuivre? »

« Je vous fais griller du pain? — Oui. »

Amélia aimait l’eau chaude, même si elle ne la sentait pas sur ses jambes inertes. La baignoire était profonde, assez pour qu’elle s’immerge complètement si elle en avait envie. Une paroi en verre rétractable pouvait être fermée, quand elle désirait un peu plus de tranquillité.

Collaboratrice

Amélia appuya sur le bouton rouge de l’écran alors que des larmes de rage lui montaient aux yeux. Beaucoup de médecins lui avaient déjà dit qu’ils ne pouvaient rien faire, mais elle avait gardé espoir, jusqu’à présent. Gregory poussa son fauteuil hors de la pièce. *** Six mois plus tard Amélia se réveilla dans le grand lit de la chambre qu’elle partageait avec Gregory. Il était déjà parti pour le travail. « Bon matin, Amélia. — Bon matin, Axelle, répondit-elle d’une voix encore endormie. — Comment allez-vous aujourd’hui? — Ça va… — Je vous approche votre fauteuil? — Oui. » Le fauteuil, immobilisé près d’un des murs, se rapprocha du lit en roulant, jusqu’à se retrouver à côté d’Amélia. À l’aide de ses bras, elle y prit place. « Voulez-vous prendre un bain? Manger? Regarder la télévision? — Amène-moi dans la cuisine. »

Le grille-pain se mit en marche et bientôt, Amélia put sentir l’odeur caractéristique du pain grillé. La maison était plongée dans le silence quand l’intelligence artificielle qui la contrôlait entièrement ne parlait pas. Une fois installée à la table devant des rôties et un café, elle se força à manger. Elle demanda ensuite à Axelle de la conduire dans le salon et d’allumer la télévision. « Bientôt, des maisons entièrement automatisées seront mises en vente pour le grand public. Elles sont présentement testées par des personnes à mobilité réduite. Vous pouvez dès maintenant réserver la vôtre en appelant au numéro qui s’affiche à l’écran! » Amélia regardait la publicité, qui montrait une maison presque identique à la leur, avec un sourire amer. « Axelle, ferme la télévision. » La télévision s’éteignit. « Que puis-je pour vous, Amélia? » – J’aimerais prendre un bain. » Son fauteuil se dirigea de lui-même dans la salle de bain, où l’eau se mit à couler par le

Elle restait généralement près d’une heure dans la baignoire à relaxer. C’était son moment préféré de la journée, car ses jambes n’étaient soudainement plus un poids qu’elle devait porter constamment. De temps à autre, elle demandait à Axelle d’ajouter de l’eau chaude, ne supportant pas que celle-ci refroidisse. Alors qu’elle avait la tête sous l’eau, elle sentit une légère vibration. Elle savait de quoi il s’agissait, mais se redressa. La paroi de verre était en train de se refermer. « Euh… Axelle, ne ferme pas la paroi. » Elle n’eut pas de réponse et se retrouva bientôt entourée de verre. « Axelle, ouvre la paroi. » La voix robotique ne brisa pas le silence, rien ne bougea. « Axelle? » Amélia s’efforçait de rester calme, mais elle ne comprenait pas pourquoi la paroi s’était fermée seule, ni pourquoi Axelle était devenue muette. Elle

Comment créer la bande dessinée d'Axelle avec l'illustration de Tiana

essaya de pousser sur le verre, tout en sachant que cela ne changerait rien. « Axelle, ouvre la paroi! » Elle avait adopté un ton plus autoritaire. De l’eau se mit à couler du robinet. « Axelle, ce n’est pas ce que j’ai dit… » Amélia attendit, croyant que l’eau s’arrêterait une fois la température habituelle atteinte, mais elle continua de couler, le niveau s’élevant de plus en plus. Perdant toute patience, elle se mit à taper contre la vitre. « Axelle, arrête ça! » Le niveau de l’eau atteignit la hauteur du bain, mais continua de monter, la paroi l’empêchant de s’écouler. Amélia fut rapidement obligée d’appuyer ses bras sur le bord du bain pour se soulever, afin de garder la tête hors de l’eau. Elle savait qu’elle n’arriverait pas à nager avec la seule force de ses bras. Et même si elle y arrivait, la paroi montait jusqu’au plafond. « Axelle, arrête l’eau! Ouvre la paroi! » – Je suis désolée, Amélia. C’est ce que veut Gregory. » Axelle était finalement sortie de son silence, mais ce qu’elle disait ne faisait pas de sens. Amélia se retrouva submergée, maudissant les deux poids qu’étaient devenues ses jambes. Quand elle eut cessé tout mouvement, la baignoire se

vida tranquillement, puis la paroi se rouvrit. Tout laissait croire qu’elle s’était noyée volontairement. *** Cinq heures plus tôt Gregory passa sa serviette sur le miroir de la salle de bain pour en essuyer la buée. Il pensait à Amélia qui, dans son sommeil, avait gardé les poings serrés toute la nuit. « Dois-je démarrer séchoir à cheveux? » – Oui, Axelle. »

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Le séchoir à cheveux, intégré au plafond, se mit à souffler de l’air chaud sur la tête de Gregory, jusqu’à ce que ses cheveux soient secs. « Y a-t-il quelque chose que je peux faire pour vous ou pour Amélia, aujourd’hui? » Il soupira. « J’aimerais seulement qu’Amélia arrête de souffrir. » *** Quatre mois plus tard « Les maisons entièrement automatisées sont désormais disponibles pour le grand public. Axelle, l’intelligence artificielle dont elles sont dotées, est spécialement programmée pour répondre au moindre de vos désirs. Plusieurs centaines d’exemplaires sont déjà disponibles, mais on en prévoit des milliers. Vous pouvez, dès maintenant, en faire l’acquisition en appelant au numéro qui s’affiche à l’écran! »


Jeudi 11 avril 2019 No 136 Le Griffonnier

Création littéraire

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Samedi 27 avril 2019

Félicitations

à nos diplômées et diplômés Diffusion en direct sur le Web uqac.ca/collationdesgrades


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