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Guadeloupe Une éruption prévisible

mue numérique, Options va poursuivre sa « vie papier» sous la forme d’une revue trimestrielle. Son ambition est de répondre aux défis intellectuels et pratiques posés par la période aux forces de libération humaine, aux enjeux de la libération du travail, de traiter des problématiques démocratiques, économiques, sociales et écologiques, et de tenir sa partie dans les débats qui agitent les mondes du travail, le syndicalisme, les mouvements sociaux.

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Son contenu sera donc largement ouvert aux contributions syndicales, de l’enseignement et de la recherche. Il se tissera de réflexions croisées sur les enjeux du travail et de ses mutations, sur les enjeux qui surgissent à la confluence des champs « sociaux » et « sociétaux », sur les avenirs possibles du monde et de nos humanités plurielles. En se dédoublant ainsi, Options confirmera avec éclat la pertinence de son s final, adopté dès sa création pour affirmer, en opposition à toute pensée unique, que « plusieurs options sont toujours possibles». Ce pluriel se décline aujourd’hui avec la possibilité de marcher sur deux jambes, l’une numérique et l’autre papier. Pour aller de l’avant, deux, c’est mieux. Mais deux, c’est trop peu et il va nous falloir être évidemment beaucoup plus nombreux. Votre adresse e-mail nous sera précieuse. Elle nous sera précieuse en nous permettant d’être en contact avec vous, de vous signaler nos parutions, nos événements éditoriaux, en bref de vous informer. Cela semble peu ; c’est énorme. On en voit la confirmation à chaque conflit social, lors de chaque mouvement collectif, de chaque élaboration revendicative : comme les petits ruisseaux font les grandes rivières, les communications individuelles alimentent les mobilisations et les débats collectifs. Nous savons que nous allons avoir grand besoin d’idées, de réflexions, de débats et d’actions collectives. Les contradictions du moment sont des plus troubles et leur issue ne relève d’aucune fatalité. Pour qu’elles soient positives, qu’elles participent à la libération de l’humanité et non à son asservissement à des logiques d’exploitation et de domination, nous avons besoin de leur opposer de façon concrète les valeurs de liberté et de solidarité qu’a toujours portées le mouvement syndical. Il s’agit bien de les faire vivre au présent pour les construire au futur. L’ambition du journal est d’y prêter la main, objectif pour lequel l’équipe d’Options se mobilise en se renouvelant. Car l’auteur de ces lignes, journaliste dans la presse de la Cgt depuis l’année 1975, s’engage désormais dans une autre carrière. C’est en effet comme retraité qu’il termine ce dernier à-propos, en vous remerciant de votre fidélité et en souhaitant au journal, à son équipe, à ses lecteurs ses pleins vœux de succès. ▼

Guadeloupe Une érUption prévisible

Depuis le 15 novembre, l’île est traversée D’un mouvement social De granDe ampleur

PPP t/max P ique e de Poul PP Phili

Il y a deux volcans à la Guadeloupe. La Soufrière et la situation sociale. Le premier bénéficie en permanence de l’attention des vulcanologues et géologues. Le second ne bénéficie de l’attention de personne. C’est en tout cas la conclusion logique de l’explosion populaire qui, depuis le 15 novembre, secoue l’île et ses institutions. Les chaînes de télévision ont donné une large place aux barrages, aux incendies et autres images de dérèglement. Si celles-ci sont spectaculaires, elles éclairent peu sur les causes d’un mouvement qui n’a rien de surprenant, tout au contraire. En 2009, la grève générale initiée par le Lkp (Liyannaj Kont Pwofitasyon), qui regroupait une cinquantaine de structures politiques, syndicales et associatives guadeloupéennes, dont la Cgtg, avait largement mis au jour le déficit démocratique et social qui définissait–et définit toujours–les relations entre l’île et la métropole: vie chère, perspectives d’emploi réduites à rien, surplomb écrasant de Paris, absence de politiques publiques… L’accord de lutte contre la hausse des prix des denrées de base arraché de haute lutte en 2021 n’a pas fondamentalement changé cette donne. Dans ce contexte, l’obligation du passe sanitaire, surtout pour le personnel soignant, a joué le rôle de catalyseur, permettant un refus de fait de la mesure vaccinale, de l’autoritarisme étatique, de la paupérisation et de la stagnation économique. Cette précipitation –au sens chimique du terme –a largement été favorisée par la crise du chlordécone, durant laquelle la population a été victime à la fois d’un empoisonnement de masse, du déni des autorités gouvernementales et de leur gestion calamiteuse. La pandémie a frappé comme un écho tragique de cette période, avec des décès en augmentation de 64 % entre juin et novembre 2021. Les blocages, dans ce contexte, ne sont que la réplique d’un blocage d’une tout autre ampleur, celui du gouvernement. C’est à cette réalité-là que s’adosse la Cgtg, qui légitime à la fois revendications sociales et manifestations de désobéissance civile. De façon très éclairante, le premier réflexe du gouvernement n’a pas été d’ouvrir des négociations, mais d’envoyer Gign et gendarmes. La visite tardive et à reculons de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-Mer, n’aura fait qu’illustrer l’absence cruelle de vision du gouvernement sur l’avenir de ce territoire. Autant dire que la Soufrière et la question sociale n’ont pas fini de secouer la terre guadeloupéenne. L. S. ▼

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