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Orientation

orientation Ugict: «Faire face à toutes nos

Le document d’orientation présenté au congrès a été largement débattu et enrichi de plus de 500 amendements.

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anne de Haro revient sur l’élaboration du document d’orientation et de ses objectifs: concevoir un document que peuvent facilement s’approprier les organisations ; produire des données chiffrées et sourcées; organiser une conception aussi homogène que possible des fiches revendicatives. Adopté à l’unanimité par la commission exécutive et le conseil national à l’été, le plan du document respecte cette feuille de route. Plus de 500 amendements ont été déposés, les trois quarts d’entre eux l’ayant été après le 28 octobre. Parmi les principaux amendements déposés et acceptés, la correction de la mention « professions intermédiaires » par « cadres, ingénieurs et techniciens ». Ce que la commission accepte, à l’exception de certaines parties mentionnant les documents de l’Insee ou de la Dares faisant état de cette notion. La suppression, acceptée, de la référence à l’échéance présidentielle, pour bénéficier de tout le temps de la mandature. Est également accepté, dans un certain nombre d’amendements, le remplacement de «patronat» par « employeur », pour définir les deux formes de l’adversaire, l’employeur privé ou public. Concernant les médias, un amendement donne lieu à un échange avec le Snj-Cgt, à la suite duquel l’expression «médias dominants» est modifiée par «médias détenus par les capitalistes». Et «capitalisme financier autoritaire» est substitué à «finance autoritaire», ainsi qu’il a été précisé pour les méthodes managériales « répondant à des objectifs financiers ». Sur le même thème, à propos de la définanciarisation de l’entreprise, une modification proposée pour contester l’expression «système financier capitaliste» est entérinée. Différentes précisions sur les donneurs d’ordre et les prestations de services, sur la sous-traitance ont été apportées. Elles permettent de prendre en compte cette façon d’organiser le travail qui le fragilise et constitue une vraie problématique pour la représentation syndicale. La notion de «managers toxiques», quant à elle, est précisée pour bien indiquer qu’il s’agit de « politiques managériales toxiques ». Le terme « manager » a été parfois remplacé par « encadrant ». Une intervention précisant l’étymologie du mot, afin d’indiquer qu’il n’est pas strictement anglo-saxon, permet de redire que l’Ugict s’en saisit sans complexe et que des occurrences sont encore présentes dans le document. Toutefois, pour préciser que les managers en question sont en responsabilité hiérarchique, le terme «encadrant» a été privilégié. La commission souhaite maintenir ce distinguo pour évoquer les managers non encadrants, mais dont le travail a des effets sur d’autres salariés. La modification du terme «patronat» par « employeur », outre sa signification particulière, a occasionné un échange sur sa signification. Pour la commission, Sylvie Durand tient à préciser qu’il ne s’agit en rien d’une édulcoration, le terme d’employeur, s’agissant du secteur public, n’empêchant pas celui qui en est qualifié de reproduire les pires pratiques du privé. La partie de l’introduction indiquant que le capitalisme commettait une faute grave est jugée redondante. La commission répond que, si le capital ne poursuit que ses intérêts, cela ne l’empêche pas de commettre des erreurs et d’avoir ses propres contradictions, que le document entend pointer.

« Produire autrement et articuler enjeux économiques, sociaux et environnementaux»

Cette partie a fait l’objet de cinq heures d’échanges qui, comme le rappelle Matthieu Trubert, « ont porté sur 142 amendements, en particulier 77 venant des Cheminots, soit 54% des demandes, 19 de la Fapt, 15 de la Métallurgie et 12 de la Ferc. La fiche la plus amendée est de très loin la 9 (“articuler enjeux sociaux et industriels”), celle qui a le plus fait consensus est la 11, relative à l’égalité femmes-hommes. Le travail de la commission a permis de retenir ou de reformuler 86 amendements, soit 61% de demandes». La commission a eu le souci de prendre en compte le plus grand nombre de demandes possible. Sur l’appellation de nos catégories par exemple (11 amendements), nous avons ajouté le terme Ictam à «professions intermédiaires», afin de permettre à toutes les professions, dans tous les secteurs, de s’identifier à une appellation qui lui corresponde. Elle a en revanche rejeté des amendements (6) qui voulaient supprimer des paragraphes au motif qu’ils n’apparaissaient pas assez spécifiques. Quelques autres exemples de modification de terminologie pour plus de précision : « changement climatique » a été remplacé par «dérèglement climatique», « greenwashing » par « verdissement de l’image ». La notion de « marché vert » a été introduite dans la fiche 9, du fait qu’il « reproduit le modèle capitaliste ». le terme « réseau » (amendement 204) a été remplacé par celui de «collectif». Une mention de la convention citoyenne pour le climat a été également ajoutée. Sur la recherche, la nécessité de mieux travailler avec les Ufict et fédérations concernées a été réitérée (amendement 188). L’égalité femmes-hommes a également fait l’objet

toutes nos responsabilités»

de plusieurs précisions, par exemple le paragraphe 11-32 sur le droit de garde des enfants, le congé parental, l’index égalité, la convention Oit 190 à traduire dans le Code du travail et le statut de la fonction publique, ainsi que sur la consolidation de la cellule de veille confédérale. Certains délégués prennent la parole pour défendre à nouveau une partie des amendements non retenus ou pour soutenir les démarches engagées. Celui concernant la défense du projet Astrid du Cea fait l’objet d’un vote du congrès et est à nouveau rejeté au motif essentiel que le débat sur le nucléaire au sein de la Cgt ne peut être tranché par le vote d’un amendement.

«Convertir le progrès technologique en progrès social et sociétal»

La commission a reçu 56 amendements sur les quatre fiches du document d’orientation concernant la transformation du progrès technologique en progrès social et sociétal, elle propose d’en retenir 27, principalement des amendements de précision, par exemple sur les retraites ou la prise en charge par l’employeur des matériels pour les télétravailleurs handicapés. Les deux amendements concernant l’accord national interprofessionnel du 28 février 2020 sur l’encadrement (fiche 16) sont rejetés parce qu’ils remettent en question l’accord de la Confédération ; pendant le débat, ce rejet alimente quelques échanges avec les Cheminots. La fiche 15, sur l’évolution de la qualification, sa reconnaissance et l’évolution de carrière, ne suscite pas de débat particulier. Les échanges se focalisent sur le renforcement du financement de la Sécurité sociale. Romain, délégué de l’aviation civile, interpelle la commission sur le travail décrit comme « avant tout lien social et activité qui donne sens». La commission défend sa formulation et l’invite à mettre ce passage dans son contexte : « Nous n’ignorons pas que le travail aliénant existe, nous ne défendons rien d’autre que le droit constitutionnel au travail.» Les échanges sur le revenu universel sont l’occasion de rappeler la position de la Cgt: «D’un point de vue sociétal, il acte un renoncement au droit du travail pourtant constitutionnel » et «l’assiette des cotisations sociales s’en trouverait […] amputée.» Deux délégués des Sociétés d’études demandent que l’expression «intelligence artificielle » soit remplacée par « intelligence algorithmique ». Comme aucun amendement n’a été déposé, Sophie Binet propose d’approfondir cette notion durant le prochain mandat. Dernier sujet: les tiers lieux, abordés dans le cadre de la réduction du temps de travail et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Deux délégués de la Sncf et du promoteur Nexity craignent que la formulation proposée laisse croire que la Cgt promeut ces tiers lieux alors que leur commerce se révèle lucratif pour le privé. La commission propose donc une reformulation qui trouve l’assentiment de l’assemblée.

Sur la vie et la structuration syndicales

La commission indique que, sur les 211 amendements que 14 syndicats ont proposés pour cette partie –deux syndicats étant à l’origine de 71% d’entre eux–, elle en a accepté 120 et les a intégrés au document. Le choix a été fait de pointer les freins objectifs au déploiement et de les évoquer clairement pour faire face aux responsabilités qui sont celles de l’Ugict. Marc Lagarrigue, de la commission, indique que le texte et les amendements intégrés permettent de décrire ces freins sans tabou et participent à la construction d’une organisation de masse et de classe. Précisant le rôle des syndicats et réaffirmant la nécessité de travailler le spécifique, Caroline Blanchot indique que le texte de la commission reprend des éléments contenus à la fois dans les textes d’orientation confédéraux du 52e Congrès et des éléments statutaires. Les interventions de la salle portent sur les distinctions entre syndicats et sections. Jocelyn, secrétaire général de l’Ufcm, intervient pour évoquer les sections syndicales, constatant qu’«elles fonctionnent mal» en dépit du choix de sa fédération, il y a dix ans, de passer à ce mode d’organisation pour les Ictam, «quand il le fallait». Jésus, secrétaire général de l’Ufict Services publics, insiste sur le fait que «le syndicat reste un espace de discussion pertinent». Caroline Blanchot indique que sections et syndicat ne constituent pas le même espace d’élaboration du revendicatif et qu’ils doivent être distingués. Valérie, de la Cgt Banques et Assurances, revient sur la nécessité de travailler la spécificité des Ictam pour gagner en représentativité. Elle rappelle que dans son secteur «ce sont 80 %, voire plus, des salariés qui relèvent des Ictam ». La première place comme organisation «sera regagnée quand on aura gagné dans les collèges 2 et 3, par une meilleure représentativité ». Sophie, de la Fapt, abonde et tient à redonner les éléments d’une enquête affirmant que les « Ict trouvent que “la Cgt est la meilleure pour défendre leurs droits”, mais la jugent “pas faite pour eux”». Le débat porte aussi sur la place des comités régionaux dans la coordination de l’action de la Cgt qu’Alain, secrétaire général du Cr Bretagne, affirme comme nécessaires pour « renverser la vapeur dans toute la Cgt pour la représentativité»; Caroline signale qu’ils existent depuis 1969 et que l’Ugict est présente dans «un certain nombre d’entre eux», comme l’Île-deFrance ou Aura. ▼

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