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Eurocadres

EUROCADRES Le challenge, c’est de pouvoir assurer nos ambitions

Nayla Glaise rappelle les propositions revendicatives d’Eurocadres. Créée en 1993 et reconnue depuis comme partenaire social européen, cette instance représente plus de 60 organisations dans 24 pays européens et 6 millions de membres.

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Nayla Glaise souligne d’emblée l’importance stratégique pour le syndicalisme d’une approche continentale face aux plans de Bruxelles, qui affectent les 27 États membres en termes de climat, de numérique et de santé, et la nécessité de dégager des réponses collectives. «Si les vingt-quatre derniers mois nous ont appris quelque chose, déclare-t-elle, c’est que les frontières ne peuvent pas nous protéger.» Cette démarche est d’ailleurs expérimentée ces dernières années, notamment avec la directive sur les lanceurs d’alerte puisque, à travers la création de la coalition et de la plateforme Whistleblowerprotection.eu, il a été possible d’obtenir une directive plus protectrice que la loi Sapin 2 existant en France et de rattraper ce que l’on avait perdu avec celle sur le secret des affaires. « De la même façon, il y a besoin d’intervenir sur les enjeux de santé, puisque la directive-cadre sur la santé-sécurité date de 1989. Depuis, il y a eu une soixantaine de directives qui ont été dédiées aux risques physiques et à l’environnement du travail, mais aucune aux risques psychosociaux et à l’organisation du travail.» Alors que les employeurs se montrent très actifs pour que rien n’aboutisse sur ce champ, Eurocadres met en avant toute une série de propositions à ce sujet, qui englobent la dimension santé mentale. Concernant l’intelligence artificielle (Ia), Nayla Glaise précise: «Nous mettons l’accent sur l’importance de l’implication des syndicats dans l’évaluation de l’impact des systèmes Ia, avec les autorités compétentes; et sur l’importance de l’implication des salariés et de leurs représentants dans la conception, le développement et le déploiement de ces systèmes, avec un droit à des expertises, le besoin de formation, y compris sur les questions d’éthique.» Elle évoque ensuite toute une série d’items revendicatifs portant sur: le télétravail, qui fait partie du programme de dialogue social 2022-2025 en cours de négociation ; le devoir de vigilance, qui renvoie, en France, à une loi existant depuis 2017, laquelle a besoin d’être fortement renforcée ; la formation professionnelle ainsi que l’égalité. «Nous avons travaillé sur la directive sur la transparence des salaires, qui vise à faciliter l’accès à l’information et donc à favoriser l’égalité des salaires. Cette directive doit aussi être améliorée pour y inclure les Pme et renforcer le droit des syndicats de négocier, d’évaluer et d’exiger la transparence et l’objectivité dans la mise en œuvre des évaluations des emplois.» Au chapitre de la recherche: «Nous insistons pour que l’objectif d’investir 3% du Pib de l’Ue dans la recherche et le développement soit réaffirmé et proposons un objectif d’effort public supplémentaire de 1,25% du Pib de l’Ue à atteindre par les États membres d’ici à 2030, un objectif tel qu’il est établi par l’Espace européen de la recherche (Eer), fondé sur l’excellence, compétitif, axé sur le talent et ouvert.» De même, Eurocadres demande instamment aux administrations privées et publiques, aux entreprises et aux universités ainsi qu’aux institutions de recherche de mettre à la disposition de tous les chercheurs une formation tout au long de la vie afin que leur carrière ne s’arrête pas, et d’apporter des solutions pour que leur carrière ne soit pas précaire. Nayla Glaise conclut son intervention sur les grands défis lancés au syndicalisme à l’échelle européenne. « Le challenge, c’est de pouvoir renforcer le rapport avec les organisations membres et que les batailles européennes s’appuient sur des campagnes revendicatives locales. C’est aussi de pouvoir assurer nos ambitions. Un vieux dicton européen affirme : “À Bruxelles, personne ne peut t’entendre crier.” Le challenge, c’est justement ne pas s’isoler dans les hautes sphères. Je compte beaucoup sur vous pour y arriver.» ▼

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