Followed #23

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Followed - art de vivre - sport et loisirs -

Les secrets du Bureau des légendes

Découvrir l'Islande et ses glaciers

Pourquoi l'armagnac est un trésor

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IBRAHIM MAALOUF

Une Ferrari Portofino en Principauté

L'artiste ne veut plus jouer


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ÉDITO

Prendre son temps

Ç

a fait du bien. Surtout en ce moment, où l’on a l’impression que tout fout le camp, que la France est en rade, attendant dans la rue qu’on vienne la dépanner. Alors ça fait du bien de rencontrer des gens qui prennent le temps de faire les choses, de distiller leur vin doucement, en continu, de laisser vieillir leurs eaux-de-vie pendant des dizaines d’années. Car un armagnac de plusieurs dizaines d’années, c’est toujours meilleur, ils nous l’ont assuré. D’ailleurs, on ne doit pas dire armagnac, mais bas-armagnac pour les amateurs, à condition qu’il vienne des bons terroirs, de la partie basse qui donne les meilleurs raisins. Cette découverte, dans le Gers, de la maison d’armagnac Dartigalongue, aura été une bouffée d’air frais. Parce que leur produit est excellent, mais là n’est pas la question. À Followed, on s’interdit de juger... D’ailleurs, si ça se trouve, il en existe encore des meilleurs. Et alors ? Mais tout simplement parce que ces passionnés perpétuent des traditions, un savoir-faire ancien, une culture de terroir comme la France en recèle tant. Ils produisent un spiritueux que leurs aînés ont mis des décennies, voire des siècles, à élaborer. Ils avaient pris leur temps eux aussi, et cela en valait la peine. Tous ces produits locaux, car il en existe des centaines dans nos belles régions, tous ces produits que des passionnés fabriquent encore en respectant le rythme de leurs ancêtres, sont autant de trésors dont nous devons être fiers. Car ils nous font du bien, à nous comme à notre pays, même si pour certains il est de bon ton de les consommer avec modération. Au diable ces considérations. Pour les fêtes, que je vous souhaite excellentes, je vous promets de ne pas me restreindre. D’autant que j’ai encore de jolies choses à découvrir... Christophe Boulain

Couverture : Ibrahim Maalouf photographié par Bernard Rouffignac

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É T E R N I T É

F I A B I L I T É

Crédit Photo : L’AFFAIRE EDITH

Xavier PINCEMIN - Doria DUCLOCHER (Photos retouchées)

L I B E R T É

www.michel-herbelin.com #michelherbelin

Newport Chronographe Automatique


SOMMAIRE

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ENTRETIEN EXCLUSIF

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16 ➜ C ontributeurs : découvrez quelles sont les personnalités que nous sommes allés rencontrer Événement 18 ➜ S alon de Los Angeles : Plus qu’à Détroit, c’est maintenant à Los Angeles que les grosses nouveautés automobiles font Salon sur le continent américain. Nous vous en avons ramené une belle sélection

Futur 24 ➜ S auvegarde de données : et si le nec plus ultra était de coder de l’ADN pour stocker nos informations ? Naissance 26 ➜ P henomen : nous sommes allés dans le Jura pour découvrir une nouvelle marque horlogère de luxe... française Tendance 30 ➜ S ports d’hiver : sélection de produits capables de transformer une journée blanche en rêve de skieur Culture 32 ➜ I brahim Maalouf : artiste aux multiples facettes, trompettiste émérite, Ibrahim a pris le temps avec nous de revenir sur sa vie, sa carrière et son avenir

40 ➜ L e Bureau des légendes : rencontre avec Camille de Castelnau, la scénariste de la série déjà culte de Canal+ 46 ➜ E l Pez : « On évolue en permanence entre art et vandalisme. » Quand le street-artist José Sabate, alias El Pez, décrit son travail, c’est toujours avec les mots justes... et de la bonne humeur

Art de vivre 54 ➜ A rmagnac : visite dans le Gers, chez Dartigalongue, pour tout comprendre de ce spiritueux exceptionnel 62 ➜ C uisine : rencontre avec Antonio Salvatore, le chef italien du restaurant monégasque Rampoldi, pour une leçon de cuisine « entre amis »

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SOMMAIRE Mode et objets 68 ➜ S hopping : sélection non exhaustive des plus belles montres du moment. Pour amateurs éclairés seulement 74 ➜ G eorges Kern : rencontre avec celui qui est parti de chez Richemont pour relancer Breitling Sport & Loisirs 78 ➜ P auline Ferrand-Prévot : elle avait survolé le cyclisme féminin mondial en remportant les titres sur route,

en cyclo-cross et en VTT la même année. Retour, avec elle, sur une carrière bien remplie qui n’est pas près de finir

86 ➜ I slande : embarquez pour un circuit en Islande, en Škoda Karoq 4x4. À la découverte des glaciers Mécanique 98 ➜ F errari Portofino : la remplaçante de la California T met la barre toujours plus haut, avec son toit rétractable

et son V8 turbo. Essai entre Monaco et l’arrière-pays 106 ➜ S mart EQ : en proposant des systèmes de location innovants et des aides aux clients, Smart veut rendre l’électrique plus facile à vivre. On s’est fait tout expliquer lors de la présentation de la dernière EQ à Marseille 110 ➜ J eep Cherokee : quoi de mieux qu’un petit tour des vignobles d’Ontario pour essayer le nouveau Jeep Cherokee au Canada ?

Bien-être 116 ➜ E ntraînement : comment pratiquer avec des bandes élastiques 118 ➜ C ontacts : retrouvez ici les coordonnées des marques citées dans nos sujets

Abonnement 119-120 ➜ Recevez Followed directement chez vous, dans votre boîte aux lettres. C’est facile ! Suivez les indications

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Sac : CABINE I Photographie : Yves Mourtada


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CONTRIBUTEURS Camille de Castelnau Camille est une drôle d’écrivaine. Elle écrit des scénarios de séries télévisées, parmi lesquelles le fameux Bureau des légendes. Nous l’avons rencontrée à Paris pour comprendre son travail.

Pauline Ferrand-Prévot Ne vous fiez pas à son joli sourire, Pauline est une tueuse sur un vélo. C’est la seule femme à avoir été en même temps championne du monde sur route, en VTT et en cyclocross. Elle est revenue sur sa carrière lors du dernier Roc d’Azur.

Georges Kern C’est lors d’un passage dans notre capitale que nous avons pu discuter avec celui qui a quitté le groupe Richemont pour relancer la marque horlogère Breitling. Un observateur privilégié de cet univers de luxe.

Ibrahim Maalouf Le virtuose de la trompette a décidé d’en divorcer. Il nous a expliqué sa décision tout en revenant sur son parcours. Rencontre avec un jazzman pas comme les autres.

José Sabate (El Pez) À 42 ans, ce natif de Barcelone exilé en Colombie est l’un des street-artists les plus en vue. Nous avons profité de sa venue en Europe, pour « taper » un de ses murs, pour tout comprendre de son art et de sa vie. Colorée et joyeuse.

Hervé Poquet Brand Manager chez Smart, Hervé était l’interlocuteur idéal pour nous expliquer comment la marque va aider ses clients à vivre en 100 % électrique. Rencontre à Marseille lors de la présentation de la dernière Smart Fortwo EQ.

Antonio Salvatore À 31 ans, Antonio est le nouveau chef du restaurant monégasque Rampoldi. Il nous a donné un cours de cuisine avant les fêtes.

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Alexandre Weber Ancien du style Peugeot, Alexandre vient de lancer, avec son compère Sylvain Nourisson, une marque horlogère de luxe française. Une genèse risquée mais passionnante.



ÉVÉNEMENT

Los Angeles,

le Salon auto par lequel les tendances arrivent Si les constructeurs désertent Paris, c’est peut-être parce qu’ils investissent Los Angeles. Plus que jamais, le Salon californien tient une place de choix dans les événements automobiles mondiaux. On vous explique pourquoi.

Textes et photos C. Boulain

M

ême si LeBron James, la star des Los Angeles Lakers, redonne vie au Staples Center voisin depuis son arrivée sur la côte ouest en septembre dernier, c’est bien le Convention Center qui tient la vedette en cette fin d’année en Californie. Parce qu’entre la fin novembre et le début décembre s’y donnent rendez-vous tous les constructeurs mondiaux pour y célébrer le meilleur de l’automobile, d’aujourd’hui et de demain. Logique, l’État de Californie, et Los Angeles plus particulièrement, a l’argent pour s’offrir les plus belles voitures du monde, mais aussi les convictions écologiques qui vont avec pour développer

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les infrastructures du futur, comprenez les stations de recharge rapide pour véhicules électriques comme les stations de remplissage d’hydrogène pour les piles à combustible. Si bien que ce Salon, jadis boudé des constructeurs, qui lui préféraient Détroit pour sa proximité avec les Big Three (GM, Ford et Chrysler, qui ne sont plus si big que ça), devient l’incontournable de l’année. Ici comme ailleurs. Même les absents ne le sont pas. Dans les allées, nous avons croisé Stephan Winkelmann, l’emblématique patron de Bugatti, tout sourire alors que sa marque n’exposait pas. « Ce n’est pas parce que nous n’avons pas de stand que nous ne sommes pas là. Les États-Unis, et plus particulièrement la Californie et


Une fois par an, contrairement à ceux de Paris et Francfort qui ont lieu en alternance, le Salon automobile de Los Angeles attire le gratin de l’automobile mondiale. Et une foule de plus en plus large d’amateurs.

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ÉVÉNEMENT

Avec son nouvel X7, BMW investit un segment dans lequel la marque bavaroise n’était pas encore présente. Les premières livraisons auront lieu en mars prochain.

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Des nouveautés chez tous les constructeurs premium Los Angeles, sont notre plus gros marché. Mais est-ce que les clients viennent sur le Salon ou préfèrent des événements privés dans des lieux huppés ? Nous étions au Salon de Paris, ici nous sommes avec nos clients et partenaires. » Ça veut tout dire. Autre façon de voir cet événement, la vision du suédois Volvo (qui était absent à Paris). Ici, le stand, épuré, à la scandinave (photo d’ouverture), communique davantage sur les partenariats liés avec Amazon ou Google que sur les produits, puisqu’il n’y en avait pas. Ne pas montrer de voiture dans un Salon automobile, c’est osé... ou visionnaire, on ne sait pas. En tout cas, on peut tout se permettre à Los Angeles. Même d’exposer dans un petit hall rien qu’à soi, comme Porsche pour le lancement de sa nouvelle 911 (huitième

génération). Toujours plus grosse, toujours plus puissante et bientôt en hybride (c’est promis), cette sportive germanique profitait du Salon californien pour faire sa première apparition : logique, Porsche en vend ici comme Renault des Clio à Paris. Les autres constructeurs allemands haut de gamme n’étaient pas en reste, comme BMW qui, après la Série 8 à Paris, en dévoilait une version cabriolet ainsi qu’un tout nouveau modèle, dans un tout nouveau segment pour la marque bavaroise, le X7. Range Rover et Audi Q7 peuvent trembler, avec sa plate-forme partagée avec le « petit » Rolls-Royce, ce gros SUV devrait proposer un agrément de premier plan, avec des six-cylindres essence (et diesel, dommage) et bientôt une version hybride rechargeable. Il sera vendu dès

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ÉVÉNEMENT

Très recherché actuellement, un balcon rétractable, sur le flanc du yacht. À gauche, un coupé quatre portes électrique signé Audi, dont l’offensive dans ce type de motorisation est indéniable. À droite, la version extrême de l’AMG GT de Mercedes. : le GT R PRO.

En Californie, supercars et électriques cohabitent le mois de mars, en cinq ou sept places. Évidemment, Audi profitait de Los Angeles pour taper un peu plus le clou de l’électrique avec un nouvel e-tron (prononcez itrone), un coupé quatre portes rappelant l’A5, mais motorisé par plus de 500 ch électriques et une batterie de plus de 90 kW promettant des performances à ridiculiser la Tesla Model S, à laquelle il s’attaque. D’ailleurs, comme un clin d’œil, Tesla avait un tout petit stand, juste à côté. Pour ceux qui suivent l’actualité automobile, cette Audi GT e-tron est la cousine plus que germaine de la Porsche Taycan. De son côté, Mercedes dévoilait des AMG revues, dont le coupé R PRO dérivé des versions course (suspensions réglables, aérodynamique retravaillée). Marché américain oblige, les constructeurs locaux

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faisaient aussi feu de tout bois, mais c’est surtout Lincoln, la marque haut de gamme de Ford, qui a attiré notre attention avec son nouveau gros SUV, l’Aviator (même s’il n’est pas importé en France). Enfin, côté japonais, Mazda lançait sa nouvelle compacte 3, Lexus sa berline ES (que nous vous avions montrée en milieu d’année) et Toyota son RAV4 hybride. Mais c’était surtout les parties des stands Toyota et Honda dédiés à la pile à combustible qui piquaient la curiosité. Il faut dire qu’en Californie, les stations d’hydrogène fleurissent, si bien que les Mirai ou FCX Clarity, les modèles dotés de cette technologie, roulent régulièrement et font partie du paysage automobile local. Luxe et écologie, Los Angeles marie les deux, mieux qu’ailleurs.



FUTUR

STOCKER NOS DONNÉES

DANS L’ADN ?

L’acide désoxyribonucléique (ADN), support de notre patrimoine génétique, présente des propriétés intéressantes pour enregistrer des données informatiques. Ce n’est pas demain qu’il remplacera nos disques durs, mais cette perspective n’est désormais plus tout à fait de la science-fiction. Nous avons fait le point avec un expert. Texte A. Bloch

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ce jour, l’humanité a produit environ 10 zettaoctets (Zo) de données, soit une grosse dizaine de milliers de milliards de milliards d’octets. Et ce n’est qu’un début : même les chercheurs raisonnablement optimistes considèrent que ce volume double tous les deux ans. Faire une copie de sauvegarde de tout ce bazar (ou même de l’infime fraction présentant un intérêt pour les générations futures) est donc un vrai casse-tête. Chaque zettaoctet occuperait plusieurs dizaines de millions de disques durs de la plus grande capacité actuellement disponible sur le marché. La bonne nouvelle, c’est que l’on pourrait bien, à terme, encoder cette même quantité d’informations dans à peine... un demi-gramme d’ADN ! Subodorée dès les années 1920, théorisée dans les années 1980, cette piste a donné lieu à plusieurs expérimentations aussi amusantes qu’artisanales : une artiste britannique aurait par exemple fait encoder un article de la Déclaration universelle des droits de l’homme avant de vaporiser le résultat obtenu sur une pomme, abandonnée ensuite dans le métro londonien. Mais ce n’est qu’en 2013 que des chercheurs sont parvenus à encoder de façon semi-automatique puis à décoder sans erreur plusieurs fichiers informatiques (un article scientifique, une photo, un extrait audio...) dans de l’ADN synthétique. Nous avons fait le point avec le docteur Nick Goldman, meneur de cette équipe de l’Institut européen de bio-informatique de Cambridge... par Skype, histoire de générer encore un peu plus de données numériques ! Justement, nous les qualifions de « numériques » parce que, depuis les premiers balbutiements de

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l’informatique, nous raisonnons en termes d’interminables séquences de 0 et de 1 : actuellement, les données ne sont plus réellement enregistrées sous cette forme archaïque (et source d’erreurs), mais le système binaire reste la logique de base. Or, quand on synthétise de l’ADN, on peut manipuler, non pas deux, mais quatre caractères fondamentaux (des bases azotées), que l’on désigne par les lettres A, C, G et T. On a donc beaucoup plus de solutions possibles : pour une séquence longue de deux bits, leur nombre passe par exemple de quatre (00, 01, 10 ou 11) à seize (AA, AC, AG...). Et ainsi de suite. NICK GOLDMAN relativise un peu ce raisonnement : «  Pour une machine comme pour un être humain, il n’est pas simple de lire sans erreur une séquence comme “AAAAAAAATAAA”. Comme nous voulions 100 % de réussite, nous avons pris le parti un peu extrême de ne jamais avoir deux fois de suite la même lettre, ce qui revient à n’en utiliser que trois. » Mais ce n’est pas indispensable, car beaucoup de technologies actuelles s’accommodent d’un grand nombre d’erreurs, comme la télévision numérique ou la téléphonie mobile : les systèmes informatiques et notre cerveau savent plutôt bien compléter ce qui manque. Comme l’ADN ne peut être synthétisé que par courts fragments, il faut en revanche ajouter des informations : une sorte d’index qui, comme le plan de montage d’un meuble suédois, permet à la machine de comprendre comment recoller les morceaux lors du décodage. L’équipe de Nick ­Goldman a en outre réalisé plusieurs copies de chaque fragment (pour optimiser les chances d’en avoir au moins une complète), et fait en sorte


qu’elles se chevauchent : « Avec l’ADN, quand on a un fragment de 200 lettres et qu’il en manque une, on n’a aucun moyen de savoir où elle se trouvait. Comparer les fragments permet donc de reconstituer le message complet. » Pour générer de l’ADN synthétique, les chercheurs commandent à des entreprises de biochimie un certain nombre de A, de C, de G et de T, matières premières dont le coût est d’ailleurs modique. Puis les placent dans une machine qui fonctionne un peu comme une imprimante à jet d’encre : elle envoie chaque lettre sur un point précis, avant de provoquer une réaction chimique qui l’assemble avec les précédentes. En 2013, cette opération avait pris une bonne semaine, « mais ,début 2018, nous avons recommencé l’expérience pour une émission de la BBC, et nous avons pu encoder trois fois plus d’informations en seulement deux jours », précise Nick Goldman. Comme il faut générer une multitude de fragments, on pourrait aussi les dispatcher sur plusieurs « imprimantes » travaillant en parallèle, pour gagner du temps. Quoi qu’il en soit, la fabrication du premier exemplaire de chaque fragment, contrairement à celle des copies, reste longue et coûteuse. La course au volume de données encodées bat son plein : une équipe suisse travaille par exemple sur le stockage d’un album complet du groupe de trip-hop britannique Massive Attack. Pour l’heure, c’est officiellement Microsoft le plus avancé (200 Mo revendiqués, mais peu de détails communiqués), même si le chinois Huawei, comme bien d’autres, est aussi sur les rangs. Côté longévité, Nick Goldman estime que, même conservé dans le freezer du premier réfrigérateur venu, l’ADN serait encore parfaitement lisible par les machines actuelles dans plusieurs décennies. C’est moins spectaculaire que pour d’autres technologies actuellement à l’étude : les tenants de la gravure laser « femtoseconde » (un milliardième de seconde) sur des disques de quartz avancent par exemple une durée de vie de plus de 13 milliards

d’années ! Objection de Nick Goldman : « Nous avons abandonné beaucoup de supports de stockage, non parce qu’ils n’étaient pas durables, mais parce que nous avions changé de technologie. Or, tant qu’il y aura des humains sur Terre, on pourra et on devra décoder de l’ADN. » Lequel n’a donc aucune raison de tomber dans l’oubli, comme ce fut le cas pour la cassette Betamax ou le LaserDisc. L’ADN a en revanche un inconvénient, c’est qu’il n’est pas réinscriptible : « Modifier un message ADN est quasiment impossible, mais il est beaucoup plus simple, rapide et économique de... le remplacer par un nouveau. » À moins de trouver une astuce, l’ADN a donc peu de chances de remplacer un jour les millions de centres de données abondamment climatisés qui font que, par exemple, une recherche sur Google rejette l’équivalent de 0,2 g de CO2 dans l’atmosphère (et encore, c’est une estimation de Google). Confirmation de Nick Goldman : « Les propriétés de l’ADN semblent le destiner essentiellement à l’archivage, et surtout de données que l’on espère ne jamais avoir à lire, un peu comme la Réserve mondiale de semences. » Cette dernière regroupe sur une Île norvégienne (d’ailleurs menacée par la montée des eaux) un million d’échantillons de graines, pour pallier l’extinction d’espèces végétales. D’ailleurs, en parlant d’organismes vivants, pourrait-on stocker des données ADN dans une bactérie, voire un être humain ? « En principe, oui : un certain nombre de cellules, notamment chez les mammifères, n’ont pas de fonction évidente. On pourrait donc imaginer remplacer soigneusement une séquence ADN sans effet notable sur l’organisme. Le message serait vraisemblablement transmis aux cellules filles, et peut-être même aux descendants, mais sans doute sous une forme corrompue. Nous n’avons jamais travaillé dans cette optique, même si certaines législations le permettent, notamment aux Pays-Bas. » Devenir un disque dur ambulant, voilà qui est assez terrifiant... mais ouvre d’intéressantes perspectives médicales !

ACTUELLEMENT, ON A DEUX SOLUTIONS POUR CODER DES INFORMATIONS (0 OU 1). AVEC L’ADN, ON EN A QUATRE (A, C, G OU T) Followed Magazine 25


NAISSANCE

Cercle

fermé

Dans le milieu très fermé de la haute horlogerie, les naissances sont rares. Alors quand deux Français, basés à Besançon, dans le Jura, décident de lancer leur propre marque de montres de luxe, on doit y prêter attention. Explications. Textes et photos F. Montfort

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NAISSANCE

B

eaucoup d’entre nous ont découvert la marque française Phenomen lors de la dernière Foire de Bâle. Pourtant, il ne s’agissait pas de ses premiers pas dans le monde de la haute horlogerie. « En fait, si l’on doit parler de naissance à proprement parler, je dirais ce Salon luxembourgeois [Watchfair, NDLR], en mai 2017. Ça ne s’était pourtant pas du tout passé comme prévu ce jour-là, raconte Alexandre Meyer, le fondateur. J’avais, quelques années auparavant, monté mon propre studio de design après avoir quitté mes fonctions au sein du département projets avancés chez Peugeot, à Paris. Et parmi les différents projets auxquels je m’intéressais, l’horlogerie était un domaine dans lequel je voyais pas mal de choses à faire. » Le design de la boîte est confié à un de ses amis, Olivier Gamiette, lui planche sur le mouvement, et les choses prennent forme. Nous sommes au début 2017 et Alexandre, qui a depuis monté Phenomen, comprend qu’il lui manque des compétences. L’idée de leur première montre est d’offrir un affichage innovant dans une boîte élégante et traditionnelle. Mais pour aller plus loin dans le projet, il doit passer des validations que seul un horloger confirmé peut faire. La rencontre avec Sylvain Nourisson, ancien responsable technique chez La Joux-Perret, qui a développé et industrialisé des mouvements pour Arnold & Son comme pour Angelus, tombe parfaitement. « À l’époque, je recherche quelqu’un pour me conseiller. En cinq minutes, il démonte tout le travail des dix-huit derniers mois. Pas les idées, pas la façon de vouloir afficher, mais les solutions techniques pour y arriver. Nous comprenons vite que nous avons des choses à faire ensemble sur ce projet et nous nous donnons ce fameux Salon luxembourgeois comme échéance, quelques mois plus tard. » Quand Alexandre nous raconte cela, il a les yeux qui pétillent, préférant les bons souvenirs aux moments de galère. Derrière Phenomen, nul business angel, et encore moins de philanthrope millionnaire qui s’offre une danseuse : des banques et une levée de fonds familiale assurent le fonctionnement. Bref, ce Salon est crucial. « Nous étions arrivés avec un prototype magnifique. Et là, c’est étrange. Les observateurs louent notre créativité dans l’affichage mais trouvent l’ensemble trop traditionnel. On nous compare même à Bréguet. Quand vous avez l’histoire de Bréguet, c’est bien. Pour nous, pas du tout... Dans l’urgence, on

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Un design fort, mais un encombrement réduit qui rend cette Axiom portable au quotidien, un mouvement exclusif et doté de complications rares, comme les minutes rétrogrades et les heures rétrogrades sautantes synchronisées, voilà le programme de cette montre made in France.


Alexandre Meyer, designer et fondateur de Phenomen, retouchant certains croquis. En dessous, Sylvain Nourisson (et Maxime) contrôlant les pièces qui vont composer les dix premières montres de série.

allume nos PC et on décide de montrer les croquis du modèle suivant, plus décalé, totalement différent et toujours signé Olivier. Et là, c’est génial : les gens adorent, trouvent cette rupture stylistique très intéressante. C’était l’Axiom, la montre que vous avez sous les yeux. » On est en mai 2017, l’Axiom est née et Phenomen lancée. Alexandre et Sylvain se donnent dix mois pour présenter une version finale à Bâle 2018. Ils s’associent, refont un tour de table pour remettre du bois dans le feu et vont réaliser la convergence technique la plus rapide de leur vie. « Le matin, on se disait qu’il fallait valider telle ou telle pièce dans la journée. On va tellement plus vite quand design et technique sont réunis... » Le projet avance vite, celui d’une montre en rupture esthétique et technique, avec cette forme de boîte si spécifique et son mouvement à double barillet offrant 100 heures de réserve de marche, ses heures sautantes rétrogrades synchronisées et ses minutes rétrogrades. Avec cette volonté de conserver tout ça dans des proportions raisonnables. « Nous voulions une montre différente, mais portable tous les jours. C’était la seule certitude que nous avions, car ni sur le prix ni sur les volumes de production nous ne savions où nous allions. c’était entre 40 000 et 80 000 €, mais on ne savait pas si on faisait 20 ou 100 pièces. » À Bâle, l’Axiom est présentée. C’est une série de 60 pièces vendues 57 000 € HT (61 000 € en DLC noir). Avec son mouvement en étage pour tenir dans cette petite boîte, elle bouscule les esprits. La marque jurassienne, avec le renfort de l’horloger Maxime Colson (ex-Greubel Forsey) peut lancer sa production. En septembre, quand nous sommes passés à Besançon, Maxime et Sylvain vérifiaient les dernières pièces reçues. « Nous avons de quoi assembler notre première série, mais les contrôles prennent du temps. Nous ne produisons pas les composants, nous les achetons aux meilleurs fournisseurs suisses. Mais nous contrôlons tout et assemblons ici. C’était le plan, de nous équiper pour cela, en matériel comme ce microscope ou cette balance au 1/10 000e de gramme, mais aussi en compétences avec l’arrivée de Maxime. » Devant nous, des Axiom attendent les derniers contrôles. Les mouvements ont déjà été mesurés durant 300 heures. Ils le seront de nouveau, sur 300 heures aussi, mais emboîtés cette fois. Puis les montres partiront à Hong Kong, Tokyo ou Los Angeles, les trois premiers revendeurs Phenomen. Bon vent.

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TENDANCE

Bonnes conditions L’

hiver n’est intéressant pour le sport que si les conditions sont bonnes car skier dans la soupe, le froid ou le brouillard peut vite devenir dangereux. Sauf si vous êtes bien équipé. Avec ces quatre produits par exemple, capables de transformer une session de galère en partie de plaisir.

ARVA REACTOR 15 ULTRALIGHT Les amateurs de randonnée ou de ski hors piste le savent, l’ennemi c’est l’avalanche. Pas la neige, mais les plaques de neige qui se détachent au passage d’un skieur ou d’un randonneur, en faisant craquer la couche instable. Pour éviter de se faire brasser dans l’éboulement puis submerger, le mieux est alors de rester en surface. Le sac Arva Reactor, qui gonfle un large coussin d’air sur une simple traction de sa poignée, le permet. Et dans cette version Ultralight, de 15 litres de contenance, il s’emmène partout. Alors pourquoi s’en passer ? Prix de vente : 559 € (+ 70 € de bouteille de gaz).

UVEX DOWNHILL 2000 FM CHROME Pour les fragiles de la rétine, ou les amateurs de style, Uvex décline son iconique masque Downhill 2000, lancé la première fois lors de la coupe du monde 1971, dans une nouvelle version FM Chrome. Large champ de vision, traitement anti UVA, UVB et UVC, et revêtement contre la buée sont au programme de ce masque destiné aux amoureux des produits vintage remis au goût du jour. Il bénéficie même, et l’original de 1971 ne l’avait pas, de la technologie « décentrée » qui permet de limiter la distorsion des verres. Tarif : 199 €.

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DAINESE HP1 RC

Dans la gamme Dainese, les modèles HP riment avec conditions extrêmes, 1 avec performances ultimes et RC avec « race carve », un style de ski pour amateurs confirmés. Aussi, on l’aura compris, cette veste HP1 RC n’est pas pour les piliers de bar mais pour ces skieurs qui aiment sortir quel que soit le temps pour aller faire leurs propres traces là où les autres ne vont pas. Dotée d’une sous-veste technique amovible en Pertex et Polartec, cette veste en D-DRY dotée d’une membrane vous protégera de tout. Moyennant 899 €.

DYNASTAR SPEED MASTER DLC

Les fous de trajectoire vont adorer ce nouveau ski Dynastar. Doté de la technologie Look DLC, pour Dynamic Line Control, ce ski ne peut verser dans le cambre inverse grâce à son amortisseur hydraulique accroché entre la spatule et le patin, juste devant la fixation. Il offre ainsi un meilleur contrôle du flex de la partie avant pour dessiner des courbes sans accroc, quelle que soit la neige. Cette technologie, développée avec les athlètes de coupe du monde, rend le contre flex impossible pour tracer des virages parfaits et améliorer la stabilité entre les portes. Ces planches sont livrées avec des fixations Look SPX 15 et vendues au prix de 2 499,99 €.

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IBRAHIM MAALOUF

CULTURE

Letemps de

quart

de changer

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Rendu célèbre par sa trompette à quatre pistons, auréolé de plusieurs Victoires, et même d’un César, Ibrahim Maalouf a repris du Dalida comme du Rihanna, et collaboré avec Vincent Delerm comme avec Oxmo Puccino. Il revient avec nous sur sa décision de remiser son instrument fétiche (en 2021), mais aussi sur l’improvisation (qu’il a enseignée en conservatoire) ou son Liban natal... Propos recueillis par A. Bloch, photos B. Rouffignac


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ENTRETIEN Tu as toujours eu une relation un peu compliquée avec ton instrument. Pour quelle raison ? Elle n’est pas si compliquée : j’ai un père trompettiste et je suis devenu trompettiste... même si je n’aimais pas fondamentalement cet instrument. Je fais malheureusement partie de ceux qui ont suivi leur père, mais ça allait de soi : il m’a fait cadeau d’un métier, et peu de jeunes ont cette chance, donc j’ai compris progressivement que je ne pouvais pas jeter tout ça à la poubelle. J’accompagnais parfois mon père en concert quand j’étais enfant, et je me souviens qu’une fois, une dame m’a demandé à la fin si j’étais conscient de ce que j’arrivais à faire. Je n’ai même pas eu le temps de l’ouvrir, mon père lui a répondu sèchement que non. Je n’en ai pris conscience que quand je suis entré « premier nommé » au Conservatoire de Paris, à 17 ans, au milieu de musiciens du monde entier. Moi qui ne m’étais jamais comparé à personne, je ne savais pas que je jouais bien, donc j’ai eu un électrochoc ce jour-là. À la base, je voulais faire des études d’architecture. Pour reconstruire Beyrouth ? Sans doute. Quand mes potes d’école allaient en vacances sur la Côte d’Azur, moi j’allais dans un pays en guerre civile, et j’ai vu des choses qu’un enfant ne devrait pas voir. À la rentrée, je ne leur montrais pas les vraies images, mais des cartes postales des années 1960 à 1970, époque où Beyrouth était magnifique. Elle me fascinait, et New York aussi, donc, dans mes dessins, il y avait souvent de grands immeubles, avec des tours jumelles au milieu. Tu as même expliqué qu’au départ, la trompette te cassait les oreilles... Oui, mon père joue vraiment trop fort : je le lui disais tout le temps, et il se vexait. Mais comme il s’est saigné pour qu’on ait une belle maison (il vient juste de finir de la rembourser !), ma chambre était à l’étage, juste au-dessus du salon où il jouait : je me suis rendu compte que j’aimais bien l’écouter à travers le plancher, parce que le son était plus feutré. Et quand je jouais, je mettais souvent un coin de couette dans le pavillon. Ça donnait aussi un son très doux, qui a contribué à me faire un peu plus aimer cet instrument. Plus tard, j’ai découvert Miles Davis, après m’être acheté d’occasion l’album Kind of Blue, et j’ai compris que je pouvais jouer autrement, pas forcément avec un son clair comme Maurice André. Et aussi que je m’étais fait avoir pendant toutes ces années à jouer du classique. Tu n’avais jamais joué de jazz avec ton père ? Non, surtout du baroque et de la musique arabe (classique), ce qui fait que, plus tard, on m’a invité à jouer des musiques dites « du monde », notamment avec Lhasa (de Sela). Mais au Conservatoire, j’allais souvent écouter les cours de jazz, même si je n’avais pas le droit de participer. J’étais aussi totalement fan de Michael Jackson, que j’avais découvert avec Smooth Criminal [single de l’album Bad, NDLR]. Comme

je dévorais même toutes ses pochettes d’albums, j’ai fini par me rendre compte que les arrangements et la production étaient faits par un jazzman, Quincy Jones : un trompettiste, comme moi ! J’ai aussi beaucoup écouté de musiques ­ethniques en tout genre, d’électro, ou encore Rammstein et The Cure... C’est un peu cliché, mais j’aime toutes les musiques, ça fait vraiment partie de ma philosophie musicale... Ce que l’on qualifie souvent de « métissage » ? Ma musique n’est pas métissée, elle est métisse d’emblée, parce qu’à presque 40 ans j’ai écouté et aimé beaucoup de choses, et que c’est dans ma nature de mélanger des trucs. Parfois, je me surprends même à me freiner, en me disant que les gens ne vont pas comprendre et que, du coup, ils vont penser que je le fais exprès, juste parce que c’est à la mode. Je fais vraiment gaffe à ça, ce qui est un peu triste, d’ailleurs. En fait, c’est un peu comme un accent : ma mère ne fait pas exprès d’en avoir un, par exemple, elle ne réfléchit pas avant de parler à la meilleure manière de mélanger sa culture française et sa culture arabe, c’est dans sa nature. Comment es-tu venu au jazz ? Le jazz et le blues ont énormément de points communs avec la musique arabe, ou gipsy, ou indienne... J’en ai parlé avec de grands jazzmen, qui sont parfaitement d’accord avec ça. Les quarts de ton de la musique arabe, par exemple, sont l’équivalent de la « blue note » dans le jazz. Tout ça, c’est vraiment la même chose, même si les gens du jazz d’aujourd’hui ne le comprennent pas encore. Parce qu’il y a un truc qu’ils ne veulent pas dire, c’est que l’immigration arabe en Europe, et dans une moindre mesure aux États-Unis, a transformé le jazz. Dans un siècle ou deux, on comprendra, si tant est qu’on se souvienne un peu de nous, qu’à la fin du XXe siècle, et au début du XXIe, le jazz a été complètement chamboulé par l’Orient, qui l’a amené vers autre chose. Avec Dhafer Youssef, Anouar Brahem, ou les jazzmen israéliens qui arrivent avec des trucs incroyables, comme Avishai Cohen, on apporte chacun à sa manière quelque chose au jazz, qui le transforme profondément. C’est évident qu’on fait du jazz, mais si je dis que je suis jazzman, je vais me faire taper dessus, donc je préfère ne pas le dire. Les mesures irrégulières sont une marque de fabrique de ce jazz-là ? Non, les mesures un peu atypiques, que j’adore, comme Avishai Cohen ou d’autres, c’est surtout une façon de montrer que nous, les Orientaux, on est aussi capables de faire des trucs un peu compliqués, et que les Occidentaux ne sont pas les détenteurs de la vérité rythmique. Donc c’est peut-être une marque de fabrique, mais pas la principale : on apporte surtout quelque chose d’apaisant, lyrique et romantique, tout comme certains mecs qui ne viennent pas d’Orient mais sont influencés par ça,

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CULTURE Renaud Garcia-Fons pour n’en citer qu’un. Ça repose surtout sur le concept de « tarab » [sentiment de plénitude découlant de la communion dans la musique, NDLR], en faisant intervenir notamment le « maqâm » et le « taqsim » [règles harmoniques encadrant respectivement le thème principal et ses variations, NDLR]. Tout cela est extrêmement complexe, tout le monde ne le saisit pas, et quand on ne comprend pas, on a tendance à trouver que c’est nul, voire que ce n’est pas de la musique. C’est pour ça que tu passes du temps sur scène à expliquer le morceau qui suit ? Oui, j’aime bien m’expliquer, et d’ailleurs je n’ai aucun problème à faire des interviews : je connais beaucoup d’artistes que ça soûle, moi j’adore ça ! Sur scène, je le fais pour ne pas vivre l’injustice d’être mal compris, et parce que c’est ludique aussi. Ludique et pragmatique, dans la mesure où les gens ne sont pas censés comprendre ta musique comme ça, d’un claquement de doigts, même quand tu es Mozart, Bach ou Beethoven (je ne me compare pas à eux !). Même Dieu, pour ceux qui sont (ou se croient) croyants, est souvent compris de travers, donc bon... Il y a par exemple un morceau, Beirut, dont j’entends parfois dire qu’il ne se passe rien pendant des plombes, et qu’à un moment je pète un câble sans raison. Or, je l’ai composé en marchant dans Beyrouth en ruine... et en découvrant Led Zeppelin : quand on sait ça, on le comprend mieux, je pense. À quel moment as-tu compris que ta famille ne retournerait pas vivre au Liban ? C’est compliqué, parce que mes parents pensaient au départ venir en France pour un mois ou deux, le temps que la guerre se termine, et elle a duré... dix-sept ans ! C’est quand je suis entré au collège que je me suis demandé ce que je pourrais bien y faire, moi qui ne sais ni lire, ni écrire l’arabe. Mon père continuait à dire qu’on y retournerait, et j’ai assez rapidement compris que quelque chose ne tournait pas rond chez lui, qu’il était enfermé dans un fantasme. Il avait juste besoin de se convaincre qu’il n’était pas vraiment parti, qu’il travaillait juste un peu ici avant de reprendre l’avion. On ne se parle plus, mais je suis sûr qu’il continue à dire qu’il rentrera dès qu’il aura fini : à 80 ans, il compte finir quoi, exactement ? Certains regardent les migrants de travers, sans se rendre compte qu’ils portent en eux cette cicatrice qui ne se referme jamais. L’exil, c’est la pire humiliation, un constat d’échec terrible : on ne quitte pas sa famille, son histoire, ses ancêtres, pour le plaisir... même pas pour faire la plonge ou la manche. Les gens sont fous de penser ça ! Tu y retournes souvent maintenant ? Oui, je vais quasiment tous les mois à Beyrouth, parce que culturellement, c’est une partie de moi aussi, que j’ai besoin de nourrir de temps en temps : je me sens 100 % Français... et 100 % Libanais. J’adore aller à New York aussi, du coup Paris est une base idéale pour moi. Si je quitte Paris ou une autre grande ville du

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monde, je n’ai plus aucune inspiration musicale. C’est amusant : mon oncle [l’écrivain Amin Maalouf, NDLR], quand il travaille, il s’isole, il s’enferme, parce que ça lui demande beaucoup de concentration et d’introspection. Moi, mon introspection, elle ne peut se faire qu’à travers l’autre. Si tu m’envoies dans une campagne isolée, tout seul dans une vieille ferme, en me disant de composer un album, c’est le syndrome de la page blanche, je ne peux absolument rien faire. À la rigueur, je pourrais peutêtre travailler dans un lieu extrêmement signifiant pour moi, comme mon village d’enfance, mais dans tous les cas j’ai besoin de gens en face et autour de moi pour pouvoir lâcher prise. Toutes tes compositions partent de petits bouts d’improvisations ? Oui, sans exagérer, j’ai des milliers de petits bouts d’idées que je n’ai jamais concrétisés, mais qui sont là, qui me parlent, et reviennent à mes oreilles de temps en temps. Souvent, je me réveille avec une musique dans la tête, et je mets un peu de temps à réaliser que c’est un truc sur lequel j’ai travaillé il y a plusieurs années. Là, je travaille sur mon prochain album, et dedans il y a des trucs qui ont 15 à 20 ans : je n’avais jusqu’ici jamais réussi à en faire quelque chose. C’est un peu l’inverse de l’écriture : quand on écrit, on doit savoir à peu près où on veut arriver, puis faire en sorte qu’il y ait une dramaturgie, ou en tout cas une logique. Alors qu’en musique, plus tu essaies d’être logique, plus ton propos est inutile. La musique doit être spontanée et venir du cœur. Si elle est calculée, c’est que tu cherches à contrôler les émotions des gens ou, pire encore, les tiennes. Tu n’es pas un artiste si tu contrôles tes émotions. Et l’improvisation, ça s’enseigne vraiment ? Bien sûr, je l’ai beaucoup fait en conservatoire. Ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on improvise individuellement, mais ce qu’on arrive à construire ensemble. Souvent, les élèves commencent par jouer en même temps, puis se mettent progressivement à jouer ensemble, parce que c’est une forme de thérapie de groupe. L’improvisation n’est pas spécifique au jazz, ni à la musique arabe : c’est un feeling qui m’a permis de poser un son aussi bien avec Amadou et Mariam qu’avec Ariana Grande. Tous les grands compositeurs de musique classique étaient aussi d’incroyables improvisateurs, même si la tradition s’est perdue aujourd’hui dans les conservatoires. Par exemple, Mozart et Haydn se mettaient face à face, faisaient des « battles », comme en hip-hop freestyle aujourd’hui. Composer à partir de concepts et de mathématiques, comme dans la musique dite « contemporaine » ou les classes d’écriture des conservatoires supérieurs, c’est intéressant, mais à un moment c’est devenu une religion, complètement déconnectée des réalités du jeu musical. Comme tu es aussi producteur, on te reproche parfois d’être « commercial »... C’est vrai qu’en France, on n’aime pas trop ça. Mais aux ÉtatsUnis ou au Liban, et à vrai dire dans la plupart des pays où je

suis allé, on trouve bien que je sois aussi un peu businessman. Monter un label, avoir les mains dans la pâte, ça permet d’avoir conscience de la réalité du marché, et d’être complètement indépendant. Bon, en revanche, si je me plante, c’est vraiment moi qui me plante. Ça m’offre un regard réaliste sur la création artistique, que n’ont pas les créateurs qui ne font que créer : les peintres, par exemple, savent combien coûtent leur gouache et leur pinceau ! Je connais plein de mecs, surtout dans le jazz, qui ont plein de projets super, et qui attendent qu’un label les signe ; je ne comprends pas qu’ils se contentent d’attendre. Moi, la première fois que j’ai fait un disque, je me suis endetté, je n’avais pas un rond. En plus, quand tu lances un album produit par un autre, tu te dis souvent que tu n’as pas aimé la prod’, que le mix n’est pas terrible, ou je ne sais quoi. Quand tu fais tout toi-même, c’est toujours le plus beau du monde : on ne voit pas un jeune père dire que son bébé a une sale gueule et un nez tout pourri. Tu as annoncé que tu arrêteras la trompette à 40 ans : certains y ont vu un lien avec une procédure judiciaire en cours... Absolument rien à voir : j’ai pris cette décision il y a très longtemps maintenant. Plus exactement, j’ai annoncé que j’arrêterai à la fin de ma quarantième année, donc à 41 ans, et ce ne sera pas pour la remplacer par un autre instrument. Mais je ne l’abandonne pas complètement : je divorce d’elle, à l’amiable, ce qui n’empêche pas de se revoir de temps en temps. J’ai envie de continuer à faire de la musique, et de la scène, mais je n’ai plus envie que les gens viennent pour me voir jouer de la trompette. Par exemple, imagine qu’on devienne amis, qu’on boive des coups, qu’on parte en vacances ensemble... mais que dans plusieurs années je te présente toujours comme le mec qui m’a interviewé dans un café, ça va te soûler. C’est un peu ce qui m’est arrivé : ça fait vingt ans qu’on me présente comme le trompettiste à quarts de ton. Je n’ai pas envie qu’on oublie ça, c’est important pour moi, et c’est même la fondation de tout mon travail. Mais je ne suis pas que ça. J’ai fait une quinzaine de musiques de films, produit des albums pour plein d’artistes, fait des featurings avec plein de gens, où je ne joue absolument pas de trompette à quarts de ton. À un moment, j’ai envie de dire stop. Ce sera peut-être un peu symbolique, peut-être que je continuerai à jouer un peu, mais les gens diront que j’ai arrêté. Ils t’appelleront « l’ex-trompettiste à quarts de ton » ? Oh non, putain, pas ça ! Si ça arrive, promis, je produis le premier documentaire d’horreur de l’histoire !

ACTUALITÉ

Un album studio : Levantine Symphony n° 1 (sorti en septembre dernier), à écouter en live les 18 et 19 janvier 2019 à la Seine Musicale (Boulogne-Billancourt). Un album live (enregistré à Bercy) : 14.12.16, Live in Paris (sorti en novembre dernier). Une improvisation géante (5 000  musiciens !) : le 19 janvier 2019 (après-midi) à la Seine Musicale.

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CAMILLE DE CASTELNAU

La vie de bureau (des légendes) La série phare de Canal+, vendue dans plus de 80 pays, et qui devrait avoir droit à son remake américain, est une grosse machine. Alors que la diffusion de la saison 4 se termine, les coscénaristes sont en pleine écriture de la saison 5 (peut-être la dernière), en tournage à partir de mars 2019. Nous avons rencontré le « bras droit » du showrunner, Camille de Castelnau, pour en savoir plus. Textes A. Bloch

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Photo F. Stucin

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Camille cosigne les « arches » et plusieurs épisodes par saison. Avec le showrunner, elle repasse aussi sur les épisodes des autres.

«Q

uand j’étais petite, je voulais être écrivain... ou trapéziste. Finalement, je fais les deux, puisque chaque nouvelle saison est un saut dans le vide ! Je n’aime que le scénario, je n’ai jamais voulu réaliser par exemple, ce qui est rarissime en France (depuis la Nouvelle Vague). Je n’ai aucun problème à confier mes histoires à d’autres, d’autant que je ne fais pas de cinéma, je n’en ai jamais eu ni l’occasion, ni l’envie. En travaillant en binôme avec Éric Rochant, qui est showrunner (en même temps coauteur, coréalisateur et coproducteur), j’ai un peu le beurre et l’argent du beurre : il n’y a aucune déperdition entre le scénario et l’écran. J’ai commencé dans le métier sur un feuilleton pour ados sur France 2. La fiction jeunesse (qui n’existe plus maintenant) est une super école : il n’y a pas d’enjeu financier, et les épisodes de 26 minutes sont parfaits pour s’entraîner. Je suis passée en prime time avec des comédies pour TF1 parfaitement oubliables, puis une série pour Arte, oubliable aussi. J’ai rencontré Éric pendant qu’il travaillait sur Mafiosa, pour Canal. Ensemble, nous avons aussi travaillé sur Les Oligarques, un serpent de mer qui devrait finalement se faire sur le network américain HBO. Il sera question des oligarques

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russes, de la chute de l’URSS à aujourd’hui. Ce ne sera pas une série d’espionnage, même s’il sera naturellement question du KGB (devenu FSB) : on se demandera notamment comment le plus grand des oligarques, lui-même ancien du KGB, est devenu président. On a terminé l’écriture du pilote entre les saisons 3 et 4 du Bureau des légendes, et maintenant, on attend. Tant mieux : on n’aurait sans doute pas le temps de faire les deux en même temps... » À quoi ressemblait le premier pitch du Bureau ? Éric Rochant, le showrunner, avait vendu à Canal un truc très différent de ce qu’on voit à l’écran. Il était question de la DGSE et d’un héros ayant un problème d’identité, mais pas de la Syrie, par exemple. De quelles séries existantes vous êtes vous inspirés ? The West Wing (À la Maison-Blanche en français), qu’on adore. Et aussi de Mad Men, pour dépeindre la vie de bureau, avec un héros assez sombre, mais en même temps des personnages secondaires très forts. Le bureau de la série fonctionne beaucoup plus en vase clos que le vrai service dont il s’inspire, et en regroupe même plusieurs. Pourquoi ce choix ? Au départ, on pensait se concentrer exclusivement sur le service purement technique qui crée concrètement les identités fictives (les fameuses « légendes »).


Je n’ai aucune envie de passer à la réalisation : un tournage, c’est trop réel pour moi Camille de Castelnau, scénariste

un éventuel gouvernement de transition en Syrie ; on a rapidement compris que... bof. Concrètement, vous travaillez en premier lieu sur une « arche ». De quoi s’agit-il ? C’est un document d’une vingtaine de pages, découpé en épisodes, qui résume l’histoire de chaque saison. On a toujours trois lignes narratives en parallèle. La première tourne autour de Malotru (Mathieu Kassovitz), et on l’appelle aussi la « ligne mensonge ». Pour la saison 1, elle donnait plus ou moins ceci : Malotru rentre d’une mission longue, n’a pas le droit de conserver son identité fictive mais le fait quand même, pour recontacter la femme qu’il aime, et à force de s’enfermer dans toujours plus de mensonges, il finit par se vendre aux Américains. La seconde ligne narrative est celle de Marina (Sara Giraudeau), la jeune recrue : elle est très autonome et

Éric Rochant (ici avec Mathieu Kassovitz) est coauteur et coproducteur (ce qu’on appelle showrunner), mais aussi coréalisateur.

Photo S. Branchu

C’était une belle métaphore du métier de scénariste, mais un peu poussive : on s’est rapidement rendu compte qu’il fallait suivre les clandestins sur le terrain. Encore plus à partir de la saison 2, parce que, comme les spectateurs sans doute, on devenait complètement « claustro » dans le décor de la DGSE. Avez-vous justement fait un tour de « la boîte », boulevard Mortier ? Oui, pendant l’hiver 2013-2014. Les journalistes ont souvent beaucoup de questions sur nos rapports avec la DGSE, mais ils sont quasi inexistants : nous ne sommes pas de faux scénaristes, nous avons un vrai travail, et Google est d’une plus grande aide pour trouver des idées. En revanche, on a observé les gens là-bas : le personnage de Duflot (Jean-Pierre Darroussin) est inspiré d’un vrai officier, qui porte lui aussi des cravates très originales, incongrues dans le décor. Vos consultants sont universitaires, journalistes... Des anciens espions, aussi ? Non, Éric est régulièrement contacté par des gens qui se disent anciens (ou actuels) espions, mais ne donne jamais suite, parce qu’il est un peu parano : il a peur que ce soit justement la DGSE qui tente d’orienter l’écriture. Mais le dircom de la DGSE nous a mis ponctuellement en contact avec des gens, sur des questions précises. On a par exemple demandé s’il serait crédible qu’une femme soit pressentie dans

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Photo R. Grandroques

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Dans chaque saison, un grand enjeu fait se croiser en salle de crise des lignes narratives très autonomes le reste du temps.

ne croise quasiment jamais la première. La troisième, la « ligne crise », mobilise l’ensemble de la DGSE autour d’un grand enjeu : dans la saison 1, par exemple, c’était la disparition d’un officier de renseignement (nom de code Cyclone). Quel est le timing d’écriture ? Au premier jour de tournage de chaque saison (en mars), on commence à réfléchir à l’arche de la suivante, ce qui prend plus de trois mois (à peu près les trois quarts du tournage). Beaucoup de gens fantasment sur notre salle d’écriture « à l’américaine », à la Cité du cinéma, mais on n’est pas tous dans la même pièce toute l’année, heureusement ! Chaque auteur se penche sur chacun de ses épisodes en tête-à-tête avec Éric pendant une quinzaine de jours (c’est la structuration), puis le retravaille seul une quinzaine de jours de plus. On se retrouve avec des V1 (pour premières versions), et on écoute ce que les gens de la fiction de Canal (qui sont de très bons lecteurs) ont à dire. Puis on reprend tout (souvent Éric et moi) pour aboutir à des V2. Et souvent des V3, intégrant des remarques de production. Parce que le directeur de production, qui tient les cordons de la

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bourse, peut par exemple trouver qu’il y a 20 à 30 % de décors en trop, auquel cas il faut remanier des scènes d’extérieur pour les tourner en studio. Au générique, il est fait mention de coordinateurs d’écriture. Quel est leur rôle ? Il y en a un par saison, qui vient à toutes les réunions d’écriture, prend tout en note, et est donc notre mémoire. Quand on se demande si on n’avait pas déjà parlé d’une ligne de dialogue il y a trois semaines, il retrouve tout de suite ce qu’on avait dit. C’est un peu l’équivalent d’un script sur un tournage. Vous sautez donc les étapes classiques (en tout cas au cinéma) que sont le traitement, le séquencier... Tout à fait, on passe directement de l’arche à des épisodes intégralement dialogués. C’est très atypique, mais quand on fait dix épisodes par an, on n’a vraiment pas le temps pour ça. D’ailleurs, pour la saison 5... on n’est pas vraiment en avance ! De quoi parlera-t-elle ? Il n’y aura pas de gros virage, comme dans la saison 4, qui marquait justement le début d’un nouveau cycle dans la série : on continuera donc à parler de Russie, de cybersécurité...


Camille de Castelnau, scénariste

tous les Parisiens, on saturait un peu, et on passait en plus nos journées à faire des recherches sur la torture, la captivité, les exécutions... Vous avez tourné la Russie en Ukraine, et la Syrie ou l’Iran au Maroc. Y a-t-il eu des complications en termes d’écriture ? Pas pour l’Ukraine, puisqu’ils ont évidemment tourné dans des zones qui n’étaient pas impactées. Le problème du Maroc, c’est surtout qu’on n’y parle pas le même arabe que les personnages censés venir du Proche-Orient : or, l’État marocain ne délivre pas de visas aux acteurs syriens, par exemple. Nous, on n’entend pas la différence, mais on aurait aimé être précis aussi là-dessus...

Au départ, la série devait seulement tourner autour de « l’atelier », réplique du service technique qui élabore les identités fictives.

Photo R. Grandroques

Comment évoquer des thèmes pas franchement visuels, comme le cyber ? Eric avait très envie d’en parler, moi j’étais vraiment réticente : je n’ai pas travaillé sur ces scènes-là, parce que même quand on m’explique bien, je ne comprends rien. Finalement, Éric a bien fait parce que c’est super : il a utilisé des personnages naïfs (MarieJeanne) ou en formation (Sisteron) pour se faire expliquer les choses pour le compte du spectateur. On en a profité pour jouer sur la métaphore du virus : les mensonges de Malotru sont comme un poison qui se répand progressivement dans la DGSE. Comment trouvez-vous des thèmes toujours d’actualité un an et demi après ? C’est un peu casse-gueule, d’autant qu’on essaie de ne pas faire de politique-fiction, de ne pas anticiper sur les événements. Mais en passant nos journées sur Internet, on sent plein de choses. Par exemple, on est tombé sur les premiers articles consacrés aux combattantes kurdes, ou à la chute de Daesh (même si Raqqa et Mossoul n’étaient pas encore tombées au moment de l’écriture), et on a donc pu les intégrer à temps. Le 13 novembre 2015 (le jour des attentats à Paris) a été un vrai problème pour nous : comme

Je voulais être écrivain ou trapéziste. Finalement je fais les deux en même temps

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Il fait

sourire

nos villes Depuis plus de vingt ans, José Sabate, alias El Pez, égaie les villes du monde de ses poissons souriants aux couleurs vives. Pour comprendre ce qui pousse cet Espagnol exilé en Colombie à communiquer sa joie de vivre, nous avons passé une journée avec lui, au pied du mur. Textes et photos C. Boulain

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JOSÉ SABATE, ALIAS EL PEZ, posant devant un mur de Sant Joan Despí, dans la banlieue de Barcelone.

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El Pez avait quitté la Colombie et Bogota, où il habite, pour revenir une semaine à Barcelone et peindre ce mur.

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«J

e ne sais plus pour quelle raison c’était, mais un jour je me suis fait virer de mon job. J’avais 23 ans et c’était mon premier vrai boulot. Avec le recul, je crois que c’est le meilleur jour de ma vie. » José Sabate n’est pas du genre à se plaindre. Avec lui, le verre est toujours à moitié plein. Son optimisme se devine aux œuvres qu’il peint sur les murs des villes du monde entier, avec ses bombes de couleur. José, alias El Pez, est un street-artist joyeux. C’est à Barcelone qu’il naît, il y a quarante-deux ans. Comme il le dit, il est Catalan, mais aussi un peu Espagnol, Européen... ou même un terrien de l’Univers. Élève moyen, il préfère traîner avec ses potes qu’étudier. Boire des coups, fumer des cigarettes illégales, bref se la couler douce devient vite son quotidien. « Un jour, ma mère m’a demandé si l’idée d’aller balayer les rues et ramasser les poubelles me séduisait. Car c’était le seul avenir que je me préparais, selon elle. J’avais commencé à peindre

sur les murs dès 14 ans, mais des lettres comme tout le monde. Vous savez, des trucs pas faciles à lire pour les non initiés. Et puis j’adorais les comics et j’étais plutôt bon en graphisme, même si un prof m’avait mis un zéro lors d’un exercice. Il pensait que j’avais décalqué un dessin à reproduire... alors que je l’avais fait à main levée. C’était injuste, mais sans doute un bon indicateur de mes capacités. » En plus de commettre des tags sur les murs, José aime bien l’informatique. Si bien qu’il écoute sa mère, se reprend en main et devient programmeur, avec au bout du compte un premier job dans une banque barcelonaise, à 21 ans. « Tous les jours, dans le train qui m’amenait au bureau, je voyais des graffitis sur les murs. C’était tellement plus beau que les tags que je faisais. C’est ce qui m’a amené à passer des lettres aux dessins... » Puis, ce fameux jour, il se fait virer. Avec sa prime de départ et son chômage, il décide de se lancer véritablement dans l’art de rue. Il part en voyage, va découvrir d’autres styles


« cet accident de moto est la seconde meilleure chose qui me soit arrivée »

avec son mentor, Zosen. « On a le vieux Barcelone, des rideaux de fait des murs partout où on allait. fer peints de sa main il y a plus de Même s’il est un peu plus jeune vingt ans. C’est aussi le moment que moi, Zosen m’a appris beauoù il lance sa marque de tee-shirts, coup, sur l’utilisation des bombes pour décliner son poisson à l’envi. de peinture et sur les techniques. » José, on le verra plus tard, ne se José a déjà sa signature, son contente pas de bomber des murs... José Sabate, propre style, ce poisson bleu avec Pendant deux ans, il va survivre de street-artist son énorme sourire. Il se souvient son art. Un ami lui propose de faire qu’en soirée, avec ses amis, il lui arrivait de faire des une exposition, à condition d’avoir des toiles à grimaces en fumant ces fameuses cigarettes non montrer. Il se met à l’acrylique et peint frénétiquelégales, et qu’un de ses potes l’avait appelé « el ment sur ces petits formats qu’il ne connaît pas. pez » (le poisson). Sur le coup, ça l’avait fait rire. Les détails et l’éclat de cette nouvelle technique Puis rapidement il avait adopté ce nom d’artiste, lui plaisent. Il en vend quelques-unes, quelques car, comme il le dit : « Je ne pouvais pas signer tee-shirts aussi, récolte un peu d’argent. « C’était José Sabate. C’était un truc à se faire coincer. Le une période sympa, quand on gagnait 50 euros, street-art, ça évolue en permanence entre art et on allait acheter des bombes pour taper d’autres vandalisme. C’est de l’art quand on a l’autorisation, murs. » Puis le cycle recommence. Il avait travaillé sinon... » À ses débuts, il peint partout, sans comdeux ans pour la banque avant l’incident. Là, après mande, sans autorisation. On trouve encore, dans deux années à grapher, il rechute : cette fois, c’est

Cette œuvre a été commandée par la société qui siégera derrière le mur. Avec la volonté d’avoir « du Pez », mais aussi du Miró et du Gaudí.

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CULTURE Des couleurs vives, de grands sourires et une joie de vivre communicative. Ici en Espagne, mais on en trouve aussi à Londres, Paris, Berlin, Tokyo, Miami ou Los Angeles.

« je suis une personne plutôt positive. mes œuvres, sur des murs ou sur des toiles, le sont aussi, je crois » José Sabate, street-artist

un accident de moto. Il est passager, mais avec le genou cassé... et infecté, il gagne deux semaines d’hôpital. « Eh bien, c’est la deuxième meilleure chose qui me soit arrivée... » Avec le sourire, celui qui ne le quitte jamais, José explique qu’un bon avocat lui a négocié plus de 10 000 euros d’indemnité de l’assurance adverse. Un sacré pactole pour lui. Il a 25 ans, commence à avoir une petite réputation à Barcelone dans le milieu du street-art et peut voir venir. Surtout, il peut grandir. « Là encore, j’ai investi pour progresser, pour apprendre et découvrir. À l’époque, le milieu de l’art est tellement plus développé à Paris ou Londres et Berlin

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qu’ici... Il faut voyager, se faire connaître. Nous n’avions pas de réseaux sociaux, il fallait peindre et être vu. Aujourd’hui, avec tous ces réseaux, on peut très vite se faire remarquer. Trop vite peutêtre, car je vois des artistes qui veulent la reconnaissance au bout de quelques mois de pratique. Je crois qu’il ne faut pas aller trop vite, qu’il faut se trouver une identité et peindre le plus possible. » Bref, Tristan Manco le met en avant dans son livre iconique Street Logos, il multiplie les toiles et les expositions, mais aussi les voyages et les murs. Sa notoriété monte progressivement, comme sa cote. Il débute sa collaboration avec la galerie du


vieux Barcelone Base Elements tenue par Robert Burt (qui a encore quelques toiles de cette époque dans son sous-sol, ça vaut le détour), mais reste fidèle à son style, à son poisson aussi coloré que souriant. « Je suis quelqu’un de joyeux. Ce poisson, avec son énorme sourire blanc, c’est communicatif et universel à la fois. Tout le monde le comprend. Et puis il n’y a jamais de violence dans mes peintures. Ce n’est pas moi... » En 2008, José rencontre celle qui deviendra sa femme. Elle est colombienne et, juste après le mariage, ils partent pour Bogota faire le tour de la belle-famille. « Et là, je suis retombé amoureux, mais de la ville cette fois, toute blanche. C’était comme une toile immaculée, que je pouvais peindre à loisir. Les gens sont accueillants, il fait beau toute l’année... et je n’aime pas le froid. Quand

il fait froid, on ne va pas rester en terrasse à boire des coups avec les copains. » Logique. Partagé entre l’Europe et Barcelone, où sa mère vit toujours, et l’Amérique et Bogota, José voyage toujours. Il ne peut même plus se souvenir de tous les pays où il a vidé des bombes de peinture, entre le Canada, les États-Unis, le Pérou et l’Argentine d’un côté, ou l’Allemagne, la France (un a signé un très joli mur à Belleville), l’Angleterre et évidemment l’Espagne de l’autre. « Je veux peindre partout où je peux, mettre des sourires dans toutes les villes. Ça change la physionomie d’une cité que d’y mettre de la joie et de la couleur. » Ce peut être le rideau d’un magasin de chaussures de Barcelone ou le mur du siège social d’Adidas en Colombie, il s’adapte. « Pour ces commandes, je fixe un prix en fonction

« ce poisson, avec ce grand sourire, tout le monde le comprend. c’est de la joie universelle » José Sabate, street-artist El Pez, appuyé contre un mur qu’il vient de terminer, à Bogota, sa ville d’adoption en Colombie.

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CULTURE

À gauche, l’une de ses premières peintures dans une rue du vieux Barcelone, sur un rideau de fer à deux pas de la galerie Base Elements. Ci-dessus, un mur, près de la place d’Espagne, toujours à Barcelone, vu d’un drone.

de la surface... mais aussi du client. Une multinationale n’a pas les mêmes moyens qu’un petit artisan. Mais je veux peindre pour les deux. Et puis, aussi, le mur d’Adidas va durer plus longtemps. » Pourquoi ? Parce qu’on ne sait jamais si une œuvre sera respectée dans la rue, ou recouverte par une autre. Ou même souillée par un ivrogne à la sortie d’un bar, comme cela arrive souvent dans certains quartiers de Barcelone. Quand une société privée s’offre une peinture, c’est rarement pour un mur sur la voie publique, même si aujourd’hui, lors de notre rencontre à Sant Joan Despí, El Pez termine un mur public pour une société locale. « Pour ce travail, je facture 15 000 euros, billet d’avion et bombes compris. J’en aurais tout de même vidé

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deux milles pour le finir. Surtout du vert car c’était la commande. C’est la couleur de la société. J’aurais préféré du bleu, mon beau bleu. Bon, j’aurais aussi préféré n’y mettre que mon inspiration, mais ils voulaient des références à Barcelone, Miró, Gaudí... et moi. Finalement, c’est quand même super flatteur. » José, depuis quelques mois, développe aussi de nouvelles techniques, comme la réalité augmentée. En passant votre smartphone devant une de ses œuvres, sur une toile ou même devant un mur, elle s’anime, les poissons commençant à danser... ou à boire des coups. Ça l’amuse beaucoup, mais surtout cela fait basculer le street-art dans l’animation et rend le truc nettement plus marrant sur un téléphone. « J’aime bien ça, sans doute mon


Base Elements, la galerie de Barcelone qui lui a fait confiance dès le début, continue de vendre ses toiles et ses dessins. Mais les prix augmentent régulièrement. Comme dit Robert, le gérant : « Il a la chance d’être reconnu dans le monde entier, pas seulement ici. »

côté programmeur qui revient à la surface. J’ai aussi fait du mapping. Moi, ou un autre artiste, on peint en blanc, puis on projette des couleurs via un projecteur pour animer l’œuvre. Ça rend super bien. » On le comprend vite, le joyeux drille fourmille d’idées et compte bien décliner son usine à sourire sur tous les supports. Ce n’est pas pour nous déplaire. Alors si le street-art vous intéresse, et que le poisson bleu (du même bleu que le ciel de Barcelone, visiblement) vous amuse, dépêchez-vous. Alors que les prix au mètre carré dans son fief catalan restent entre 3 000 et 4 000 euros, José a vendu une toile de cette taille à près du triple à Los Angeles. Sa cote grimpe, surtout là où son art est reconnu. Vous habitez où ?

« je suis né à barcelone, j’y ai grandi, mais je vis à bogota. en fait, je suis un terrien de l’univers. je voyage beaucoup, je vais partout » José Sabate, street-artist

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ART DE VIVRE

Armagnac

LE TRÉSOR DU GERS 54 Followed Magazine


L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.

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ART DE VIVRE Dartigalongue achète des eaux-de-vie à quatre vignerons du Bas-Armagnac. Elles sont distillées par des alambics armagnacais itinérants, comme celui-ci (en bas). Ensuite, ces eaux-de-vie à 58° d’alcool sont vieillies en fûts de chêne (gascon généralement), régulièrement aérées, réduites à l’eau distillée et assemblées, dans un fût comme celui-ci (à droite). L’âge indiqué correspond à l’eau-de-vie la plus jeune dans l’assemblage.

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Connu de tous les amateurs de spiritueux, mais souvent apprécié des seuls initiés, l’armagnac est un produit de terroir qui mérite mieux que ce qu’on lui accorde. Une visite chez Dartigalongue, maison de Bas-Armagnac depuis six générations, nous l’a confirmé. Textes et photos C. Boulain

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e paradis. Tout le monde rêve d’y aller. Nous l’avons fait, à Nogaro dans le Gers. Place du Four, dans cette petite ville du Sud-Ouest, officie la maison de Bas-Armagnac Dartigalongue. Et dans l’un de ses bâtiments historiques, derrière une porte en bois d’époque, mais sous alarme, se trouve le fameux paradis, le chai où l’on entrepose ses plus beaux trésors. Ici, des dames-jeannes sont précautionneusement rangées, alignées par année. Avec, sur l’étagère du fond, les plus vieux armagnacs de la maison, identifiés d’une simple inscription : 1848. « Je ne vous cache pas que ce ne sont pas nos meilleures ventes. Par an, nous devons en embouteiller une ou deux, pour des enchères. La dernière a été adjugée 21 000 euros », explique Benoit Hillion, le directeur général. On l’a compris, l’armagnac n’est pas un breuvage alcoolisé à la mode parce que les jeunes en abusent en soirée. C’est un spiritueux français pour gens de goût. Mais arrêtons de l’appeler armagnac. « Cette appellation, c’est un peu le générique des produits vendus en grande surface. Dans les faits, il existe le bas-armagnac, l’armagnac-ténarèze et le haut-armagnac, ajoute Benoit. C’est une question de terroir, les meilleurs étant dans la partie ouest et basse du vignoble. On parle là de topographie, il y a une centaine de mètres de différence. L’armagnac – tout court – est souvent un mélange dont la provenance n’est pas très claire entre ces trois terroirs. » Déjà que la région n’est pas très accessible pour les touristes, sans autoroute ni ligne de TGV à proximité, mais si en plus le meilleur produit s’appelle « bas », ce n’est pas gagné. « Les clients novices ne font pas toujours la différence, c’est sans doute un problème... Mais oui, le bas-armagnac est réputé pour être le meilleur, comme la grande champagne dans le Cognac. » Ce n’est pas la seule similitude entre ces deux spiritueux français. Comme le cognac, l’armagnac est un vin blanc distillé puis vieilli. Les connaisseurs vous le diront, c’est proche du cognac, mais avec souvent davantage d’arômes et de gras en bouche. « Même si nous utilisons parfois les mêmes cépages de raisins blancs [la folle-blanche ou l’ugni blanc, NDLR], nous avons des eaux-de-vie bien différentes dues à notre propre méthode de distillation. » Pour faire simple, on distille à Cognac un peu comme en Écosse, en deux étapes (deux chauffes), en séparant la tête, le cœur et la queue, des qualités d’eaux-de-vie différentes. Ici, l’alambic armagnacais distille en continu et à bas degré. Quand une eau-de-vie de cognac ou de whisky titre facilement 70° d’alcool, celle d’armagnac oscille entre 52 et 65°. « Nos alambics tournent en continu, avec une température de chauffe constante et

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ART DE VIVRE

un ajout de vin régulier. Cela permet d’avoir des eaux-de-vie pleines d’arômes et pas trop fortes en alcool [58° chez Dartigalongue, NDLR]. » Dans l’étape de distillation, plus vous chauffez votre vin plus vous aurez des vapeurs chargées en alcool. Mais moins vous conserverez les arômes originaux du raisin. Il suffit de sentir une blanche, le petit nom de l’eau-de-vie d’armagnac, pour s’en rendre compte : c’est une explosion de senteurs. Et en bouche, avec une teneur en alcool raisonnable, cela perdure. Même si la loi française oblige tous les bouilleurs de cru à terminer leurs distillations avant le 31 mars, ce qui laisse du temps après les vendanges, Benoit presse ses conducteurs d’alambics ambulants à finir avant décembre. « Nous n’avons plus de vigne en propre depuis le début 2000 et une mauvaise passe qui nous les avait fait vendre. Nous achetons des eaux-de-vie à 58° à quatre vignerons du BasArmagnac, qui les font selon nos critères, avec des alambics ambulants de notre choix. Nous voulons un vin acide entre 9 et 10° d’alcool, pas de transformation malolactique et une distillation à basse température faite assez vite après la fermentation. Nous ne travaillons que trois des dix cépages autorisés, baco et ugni blanc pour 40 % chacun et 20 % de folle-blanche. Avec le maître de chai, Ghislain, nous pensons vraiment que c’est parfait pour conserver notre identité. » Les amateurs de vins aiment connaître les rendements des vignes, exprimés en quintaux à l’hectare. Cela donne une idée de la maturation des raisins vendangés. Dans les meilleurs châteaux bordelais, on approche les cinquante. En Bourgogne aussi, voire moins dans les grands crus. Ici, comme à Cognac, on dépasse cent ! « N’oubliez pas qu’on ne cherche pas le sucre dans le raisin mais l’acidité. Et puis l’étape de distillation nous donne un rapport d’un à six entre le volume de vin distillé et l’eau-de-vie collectée. » Finalement, les vignes du Bas-Armagnac donnent nettement moins de jus que celles de Bourgogne... Vient ensuite le temps du vieillissement. « Quand les eaux-de-vie arrivent, nous goûtons tout avec Ghislain. Il est là depuis vingt-huit ans, moi depuis huit. On commence à bien cerner ce qu’elles peuvent donner dans le temps. » Les plus prometteuses vont partir pour un an en fûts neufs, faits de chêne gascon. Les autres, qu’ils destinent à des armagnacs jeunes à boire plus vite, iront directement dans de vieilles barriques, pour ne pas être marquées par le bois. « Nos produits de volume sont des armagnacs de 10 à 15 ans. C’est ce qu’on appelle jeune ici. Ils auront une belle couleur ambre donnée par la chauffe du bois des barriques, qu’on demande toujours forte à nos tonneliers. On appelle cela toasté. Nous ne caramélisons pas les vins, c’est vraiment la chauffe du bois qui leur donne cette couleur. Pour les vieux, ils vont passer trente à cinquante ans en fûts, ils ont plus de temps. » Ne croyez pas que le travail s’arrête là. Le plus difficile est de déterminer le degré d’alcool idéal selon Benoit et G ­ hislain. Pendant le début du vieillissement, ils vont soutirer leurs jus, les sortir des barriques, les faire remonter en haut d’une cuve en inox par une pompe et les aérer. De fait, le jus est versé sur un chapeau en inox, conique, qui va exploser l’armagnac et l’oxygéner. « C’est très important, nous devons le faire

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À gauche, Ghislain Laffargue, maître de chai depuis 1990, et Benoit Hillion, directeur général, dégustent les armagnacs de la maison pour déterminer les mariages. L’une des spécialités de Dartigalongue, qui existe depuis 1838, des armagnacs vieux qu’on peut embouteiller à la demande. Ci-dessus, Ghislain prépare quatre bouteilles de 1968 (50 ans). Somptueux.

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ART DE VIVRE

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plusieurs fois sur la vie d’un vin, avec à chaque fois une légère réduction du taux d’alcool en ajoutant de l’eau déminéralisée. On ne peut pas descendre ce taux d’un coup, comme pour un whisky ou un rhum, ça ne le supporte pas. » Chez Dartigalongue, les armagnacs titrent entre 40° (minimum légal) et 44 à 47°. Il n’existe pas ici de brut de fût, ces vins entonnés et jamais réduits, dont le degré d’alcool chute de lui-même avec le temps. « C’est un choix de la maison. Mais comme nous alternons le vieillissement dans nos trois chais, secs ou humide, où l’évaporation n’est pas la même [la part des anges fait généralement 3 %, mais elle est majoritairement composée d’alcool dans le chai humide, d’eau dans les secs, NDLR], nous préférons ajuster le taux nous-même. » En fonction des envies, les leurs et celles des marchés, Benoit et Ghislain vont ensuite soit laisser les fûts vieillir quelques dizaines d’années ou les assembler. Dans ce cas, l’âge noté sur la bouteille correspond à l’eaude-vie la plus jeune du mélange. Puis ce sera la mise en bouteilles, toujours à la main, l’étiquetage et l’emballage. « Nous avons de beaux marchés en France, en Espagne et en Italie. La demande monte aussi aux États-Unis, en Russie ou en Chine. Mais nous devons anticiper les demandes, car nos armagnacs restent entre dix et cinquante ans dans nos chais. » Cela laisse du temps aux expérimentations : Benoit et Ghislain ont entonné il y a quelques années la même eau-de-vie dans des fûts de chêne gascon, du Limousin, des Vosges ou de l’Allier pour voir comment cela allait marquer le vin. « Ici, nos bois ont des gros grains, qui donnent beaucoup de matière et de tanin. Le Limousin, c’est ce qu’on utilise pour le cognac généralement. L’Allier, c’est pour le vin, les Vosges aussi. On a déjà goûté, c’est très intéressant. » Et tellement nouveau dans le Gers. Il ne manquait pas grand-chose à l’armagnac pour (res)sortir de l’anonymat. Un peu de folie et de modernisme. C’est bien reparti.

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L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération

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ART DE VIVRE

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Cuisiner comme un

chef

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ART DE VIVRE À 31 ans, le chef italien Antonio Salvatore a repris l’illustre restaurant monégasque Rampoldi, avec son histoire et ses habitués. Depuis, il y cuisine pour ses amis. On vous raconte. Textes et photos F. Montfort

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onaco est une ville à part. Sur le Rocher, plus que nulle part ailleurs dans le monde, se pressent les plus grandes fortunes lors d’événements aussi élitistes que le Grand Prix de Formule 1 ou le Monaco Yacht Show. Mais pas seulement. Car ces personnalités, pour nombre d’entre elles, habitent la principauté toute l’année. Et ça change tout, comme nous l’a expliqué Antonio Salvatore, le nouveau chef du restaurant Rampoldi : «  Dans les autres restaurants où j’ai travaillé, que ce soit en Espagne à Madrid chez l’étoilé El Chaflán de Juan Pablo Felipe, à Londres ou en Russie dans les cuisines du Semifreddo-Mulinazzo de Moscou, nous cuisinions pour des clients très exigeants, mais pour des clients de passage. Peu de personnes peuvent s’offrir ces restaurants régulièrement. Bref, on fait une cuisine pour les séduire... une fois. Ici, à Monaco, c’est différent : même dans les plus grands restaurants du Rocher, la plupart des clients sont des habitués. Il faut leur plaire tous les jours... » Du coup, on doit être authentique, cuisiner comme on aime et ne pas tricher. Ainsi, plus que dans tous les autres restaurants où il a travaillé, Antonio propose ici sa vision de la cuisine, un mélange des pays où il a exercé et de ses origines. Il nous l’a prouvé lors d’un cours de cuisine improvisé. Pour débuter, Antonio nous a fait un simple tartare de crabe. Bon, simple n’est sans doute pas le mot le plus adapté. Ici, c’est de la chair de crabe royal du nord de la Russie, dont la cuisson a été stoppée dans l’eau glacée. « C’est un produit incroyable que j’ai découvert à Moscou. Mais il ne supporte pas l’approximation. Dès qu’on est bon en cuisson, on plonge les pièces de crabe dans l’eau glacée et on réserve », explique le chef. Découpée au couteau, cette chair va ensuite être légèrement parfumée d’échalote, de ciboulette et de citron. « J’aime ces ingrédients, toujours frais. Ici, je me partage entre les marchés de Menton, réputé pour les citrons, et de Vintimille, en Italie. Nous avons des produits frais de saison fabuleux. » Poivré, salé de fleur, ce mélange est ensuite recouvert d’un guacamole maison. « Mon petit guacamole, c’est très simple : avocat mûr à point,

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Une fois la forme du tartare assurée par ce cercle métallique, le chef va commencer à dresser, avec une pince. Ces fines lamelles de radis, ces zestes de poivrons ou les petites feuilles de salade et de plantes aromatiques ne servent pas qu’à la décoration. Elles pimentent littéralement le plat. Tout comme la cuillère de caviar. Il faut goûter pour le croire.


Une fois le tartare de crabe royal réalisé, Antonio l’associe à un gaspacho de tomate, concombre et poivron monté à l’huile d’olive pour plus de velouté et de toasts très légèrement relevés aux herbes. Divin.

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ART DE VIVRE tomate, sel, citron bien sûr, pour l’acidité, et huile d’olive. Il ne faut pas qu’il casse le goût du crabe. » De la même manière, les pickles d’oignons rouges, de poivrons de couleur qu’il ajoute à la pince viennent rehausser le plat, pas l’envahir. Avec cette astuce de les tremper une dizaine de minutes dans l’eau froide pour les rendre un peu plus doux et digestes. « Je mets aussi de fines lamelles de radis, assez fines pour ne pas perturber le goût, mais assez épaisses pour donner du croquant. » Vient le gaspacho, fait de tomates, poivrons et concombres, avec un tout petit peu d’oignon et d’ail, le tout monté à l’huile d’olive pour donner du velouté. Antonio, comme il l’a appris avec sa mère, se sert de vinaigre de vin pour équilibrer l’acidité de son gaspacho. Dernière touche, la cuillère de caviar de sa sélection ajoute du goût, juste ce qu’il faut. On a essayé sans, ce n’est pas pareil. Servi avec des petites tranches de pain grillé parsemées d’huile d’olive et d’origan, l’ensemble est divin... et finalement facile à faire. « Je veux proposer à mes habitués une cuisine simple, fraîche et pleine de saveur. Je n’aime pas la tendance qui veut que le visuel donne envie de faire wow... mais que les goûts ne soient pas toujours là. Moi, je veux que ça fasse wow dans la bouche. D’ailleurs, le plat que je vais vous faire, c’est ça ! » Après le tartare de crabe royal, Antonio nous a fait des pâtes. Ses pâtes à lui, relevées, savoureuses et pleines de soleil. Pendant qu’elles cuisent, dans l’eau salée, huilée et allongée au bouillon, il prépare sa sauce, faite d’huile d’olive frémissante mais pas bouillante, d’anchois, de tomates fraîches ciselées, de petites câpres (les meilleures selon lui), d’olives noires et encore d’un peu de bouillon végétal naturel. « C’est une excellente base pour les pâtes. Il faut faire bien attention à ne mettre qu’un peu d’anchois et à bien le diluer car c’est assez fort en goût. Et pour le côté iodé, je vais utiliser de la poutargue. » C’est une poche d’œufs de poisson séchés qu’Antonio aime utiliser. « On dit parfois que c’est la saucisse de la mer », ajoute-t-il. Deux minutes avant la fin de la cuisson, il retire ses pâtes de l’eau pour les mélanger à sa sauce. « En bon Italien, je les aime al dente. Déjà, je trouve que c’est meilleur. Mais en plus, c’est mieux pour la digestion. » Durant une minute, il va les mêler à cette sauce divinement parfumée. Puis les servir, avec le reste de la sauce liée à la farine de pistache, un peu de menthe et, évidemment, un zeste de citron et de fines lamelles de poutargue pour apporter ce côté iodé. « Vous voyez, ce n’est pas compliqué. Mais ce sont des produits frais, avec des goûts équilibrés et des saveurs explosives. Bref, c’est ma cuisine. » Merci pour la leçon, chef. Nous reviendrons, peut-être pour fêter votre première étoile. On vous le souhaite.

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Une fois les pâtes al dente, soit au bout de dix minutes de cuisson selon le chef (elles sont données pour douze), elles sont mêlées à la sauce pendant encore une minute sur le feu avant d’être servies. Ainsi, elles conservent leur croquant tout en s’imprégnant des arômes développés dans la sauce.


Comme pour son tartare, le chef agrémente son dressage de petites feuilles, parfois iodées, qui vont mettre le petit peps de fraîcheur en bouche qu’on n’attend pas d’un plat de pâtes à la poutargue. Une cuisine à la fois traditionnelle, méditerranéenne et tellement riche en saveurs.

La poutargue est une poche d’œufs de poisson séchés, formant une sorte de bloc qu’Antonio découpe en fines lamelles avant de les déposer sur son plat de pâtes. Le goût, assez fort, nécessite ce type de découpe.

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MODE & OBJETS

Pour tous les goûts V

erte, bleue, or, argent ou même camouflage, les montres furent en 2018 des accessoires « tendance », capables de s’accorder à tous les goûts. Mais aussi à toutes les bourses. Sélection hivernale de garde-temps de toutes les couleurs, pour chacun de nous.

ANONIMO Epurato Verde Natura

La jeune marque suisse, née en Italie, décline son dernier opus, l’Epurato, dans un vert mat étonnant. En fonction de la lumière ambiante, son cadran passe du gris ardoise au vert sapin pour s’associer élégamment à son bracelet en cuir de veau, vert et décoré à la main. Ce bracelet, comme sur toutes les Epurato, dispose d’un système de démontage rapide sans outil, permettant à son propriétaire d’en changer au gré de ses envies. Dans la boîte en acier de 42 mm de diamètre loge un mouvement mécanique à remontage automatique Sellita SW200-1 offrant 38 heures de réserve de marche, une date à 6 heures et une masse oscillante décorée de côtes de Genève, visible au travers d’un fond saphir. Le tout est étanche à 50 mètres et vendu au prix de 2 190 €.

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MONTBLANC Summit 2

Ça y est, c’est fait. Les grandes marques horlogères ne pouvaient rester les bras croisés à regarder les acteurs du hightech dévoiler un à un leurs smartwatches. Montblanc vient de répliquer, et de belle manière, avec cette Summit 2. Boîte acier inoxydable de 42 mm de diamètre, cadran-écran rond AMOLED de 1,2˝ de diamètre et tout un tas de fonctionnalités jadis réservées... aux téléphones portables. Ainsi on retrouve le système de paiement Google Pay, un capteur cardiaque, une puce GPS et un système d’exploitation compatible Android et iOS. La mémoire interne de 1 Go peut être poussée à 8 Go et la batterie de 340 mAh offre quatre à cinq jours d’autonomie (mode montre). Le tout est étanche à 50 mètres, peut être proposé sur bracelet nylon NATO ou cuir et s’échange contre 980 €.

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MODE & OBJETS

BREITLING

Superocean Heritage II Chronographe 44 Outerknown Nouvelle preuve de l’engagement de Breitling dans la protection des océans, cette collaboration avec la société Outerknown, dont l’un des fondateurs n’est autre que Kelly Slater, membre iconique de la Surfers Squad Breitling. Ici, c’est un chronographe de 44 mm de diamètre, avec une boîte acier DLC noire étanche à 200 mètres. À l’intérieur bat un mouvement mécanique à remontage automatique de la marque, le fameux Calibre 13, offrant 42 heures de réserve de marche et animant des aiguilles Super-LumiNova bleues. Le bracelet NATO est fait de fils Econyl, provenant du recyclage de filets de pêche, et l’ensemble est proposé dans un coffret réalisé en matériaux recyclés. Une interprétation écologique de l’horlogerie vendue 6 650 €.

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ROLEX

Oyster Perpetual GMT-Master II La marque suisse n’arrête pas de nous surprendre, avec des couleurs toujours innovantes et des matériaux incroyables. Cette nouvelle GMT-Master II en or rose, baptisé Everose 18 carats, en atteste, associant cette combinaison d’alliage précieux poli et satiné à sa lunette en céramique deux tons brun et noir. Notons que c’est une seule et même pièce de céramique qui, par un traitement chimique, donne ce disque de deux couleurs, sans séparation physique entre elles. Pour le reste, la boîte étanche à 100 mètres fait 40 mm de diamètre et accueille le dernier mouvement maison, le déjà connu 3285 mécanique à remontage automatique, sous un cadran laqué noir et une glace saphir dotée de l’inévitable loupe X2,5 sur la date. Prix de vente : 33 600 €.

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MODE & OBJETS

AUDEMARS PIGUET

Royal Oak Double balancier Squelette Pour améliorer la précision des montres de haute horlogerie, on connaissait le tourbillon. Dans le même but, Audemars Piguet dévoile le double balancier sur cette Royal Oak Squelette. Montés sur le même axe, ces deux balanciers résolvent les problèmes de stabilisation, mais impliquent un processus de fabrication complexe. Bref, comme pour le tourbillon, c’est autant une preuve de savoir-faire de la manufacture qu’un gage de précision du mouvement. Justement, ce mouvement à remontage automatique s’observe au travers d’un cadran ardoise squeletté associé à des aiguilles en or rose avec dépôt luminescent. La boîte en acier de 41 mm de diamètre et 9,9 mm d’épaisseur est étanche à 50 mètres et possède des verres saphir sur les deux faces. Tarif : 44 800 €.

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RICHARD MILLE RM 25-01 Sylvester Stallone

C’est une histoire d’amitié, entre l’horloger français Richard Mille et l’artiste américain Sylvester Stallone, qui est à l’origine de cette montre incroyable. Plus que par son gabarit, de presque 51 mm de diamètre sur 24 mm d’épaisseur, elle impressionne par ses couleurs, son design... et ses fonctions. Mécaniquement déjà, avec son mouvement à remontage manuel doté d’un tourbillon, indiquant le temps sur 24 heures, la réserve de marche, une indication de couple et proposant un accès au chronomètre ultra-simple via les poussoirs à gauche. Et puis pour le reste, c’est-à-dire la boussole amovible, le niveau à bulle ou encore les capsules d’assainissement de l’eau (il y en a cinq intégrées à la boîte carbone). Une sorte de couteau suisse pour terrain de guerre que Rambo luimême ne renierait pas. Une montre exceptionnelle proposée à seulement vingt exemplaires et vendue à un prix qui l’est tout autant : 989 500 €.

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MODE & OBJETS

Le calibre B01, déjà réputé pour ses performances et sa fiabilité.

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Georges Kern

NOS CLIENTS S’IDENTIFIENT À UN STYLE ET ENSUITE À LA MARQUE Après quinze années à la tête de la marque IWC, Georges Kern est nommé en avril 2017 à la tête de toutes les marques horlogères du groupe Richemont. Quatre mois seulement après sa nomination à ce poste stratégique, il quitte le groupe Richemont pour prendre la tête de Breitling. On a fait le point avec lui un an après cette nomination.

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Propos recueillis par J. Chassaing-Cuvillier, photos Breitling

ne élégance discrète qui trouve ses sources en Angleterre, d’où l’accent anglosaxon et le caractère fort qui exige que, lorsqu’il exprime une idée à ses collaborateurs, celle-ci soit déjà en cours de réalisation, voilà comment on peut résumer Georges Kern. L’homme fourmille d’idées et s’intéresse notamment aux voitures anciennes, qui sont le nouveau vecteur des horlogers. Une passion qu’il traduit par ses goûts en matière de classiques, pour une jolie Ferrari 308 GTS ou une Lancia Flaminia spider Touring. Des choix qui témoignent d’un goût particulièrement sûr en la matière. Une naissance début 1965 à Düsseldorf, des études à Strasbourg et à Saint-Gall, en Suisse, Georges Kern commence sa vie professionnelle comme responsable de marque chez Kraft Jacobs Suchard à Neuchâtel. Rapidement, il intègre une marque horlogère : Tag Heuer. Il en était le directeur marketing lorsqu’il rejoint en 2000 le groupe Richemont où il participe à l’intégration de JaegerLeCoultre, Lange & Söhne et IWC, marques qui venaient d’être rachetées au groupe Mannesmann. Dès 2002, il devient le patron de la marque IWC. Un poste qu’il occupe jusqu’à sa nomination en avril 2017 à la tête des neuf marques horlogères du groupe Richemont. Pour partir ensuite chez Breitling.

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MODE & OBJETS Avez-vous résolu les problèmes de fiabilité de certains modèles et qu’avez-vous mis en place pour y remédier ? Ce que je peux dire aujourd’hui c’est que nous avons un taux de retour qui est dans la moyenne de l’industrie horlogère. Il est clair que nous devons nous améliorer et que nous avons beaucoup de travail. Pour cela nous renforçons actuellement nos équipes de SAV et surtout qualité. Le nouveau mouvement maison B01 offre, lui, d’excellentes performances. Aujourd’hui, ce mouvement a considérablement évolué et j’aimerais, bien sûr, faire partie des meilleurs. C’est pour cela que nous investissons encore plus dans le développement. Il faut davantage s’impliquer dans la conception du produit. La qualité se conçoit en amont. Dès la première ligne d’un mouvement, il faut que la qualité soit impliquée. Intervenir en SAV, c’est trop tard, le SAV résout les erreurs du développement. Avez-vous prévu une garantie de cinq ans comme certaines marques ? Nos mouvements maison offrent une garantie de cinq ans ; en revanche, les montres équipées de mouvements Valjoux ont une garantie de deux ans. Mais je donne raison à ce nouveau standard qui se doit d’être à cinq ans. Des standards qui comprendront des spiraux en silicium, l’anti-magnétisme, une grande date, une réserve de marche, un second fuseau horaire, etc. La montre doit s’inspirer des succès de l’industrie automobile japonaise qui, il y a trente ans, offrait la qualité et surtout avait supprimé le système des options à l’inverse des constructeurs automobiles allemands qui avaient encore des listes d’options interminables. Allez-vous faire évoluer le positionnement prix des différentes collections et dans quel sens ? Je pense que nous offrons un excellent ratio qualité/prix. Le B01 chronomètre d’une excellente qualité est vendu environ 7 000 € alors que notre concurrence directe est trois fois plus chère. La qualité perçue et réelle de la marque est énorme. Changer notre positionnement de prix, c’est clairement non. Bien sûr, nous pouvons lancer des modèles en or ou quelques petites complications mais, en dehors de quelques séries limitées de cinq pièces, nous ne ferons jamais de tourbillons ni de haute horlogerie. Ce n’est pas notre créneau. On ne veut pas changer le positionnement de la marque. Nous avons notre style, nous voulons des produits relax et informels à l’image de nos nouvelles boutiques qui s’inspirent d’un esprit loft. Nous n’avons pas le formalisme de certaines marques concurrentes. Nos clients s’identifient à un style et ensuite à la marque. C’est à ce moment qu’ils achètent le produit. Les montres connectées sont-elles à votre programme ? Non, ce n’est pas notre truc. On ne nous attend pas là. Je ne connais aucune marque horlogère suisse qui se soit lancée dans les montres connectées avec succès. Faire des montres électroniques professionnelles ou de sport, très bien, on sait faire. Des montres connectées, il y a des gens en Californie qui investissent

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des milliards et qui sont beaucoup plus compétents que nous. En revanche, il est clair que la montre analogique peut devenir digitale. Il faut offrir un environnement moderne à un produit qui reste classique auquel les gens s’identifient. Les spectateurs de Goodwood viennent rechercher du rêve mais aussi des technologies classiques. Aujourd’hui, si vous ouvrez le capot d’une voiture, il faut être informaticien pour comprendre, il n’y a plus de véritable mécanique. Je pense que la montre traditionnelle sera le nouveau luxe. Bentley vient de sortir un nouveau coupé, allez-vous faire une montre associée à ce modèle dans la collection Bentley ? La marque Bentley évolue au sein de Breitling. D’une part nous avons renouvelé le contrat de partenariat. C’est d’ailleurs la relation la plus ancienne entre un constructeur automobile et un fabricant de montres. D’autre part, nous venons de lancer le modèle Bentley dans la collection Premier. En revanche, nous allons arrêter la marque Bentley by Breitling. Les produits ­Bentley et Norton viendront simplement renforcer chaque ligne des gammes. À l’instar de la Bentley British Green que nous lançons avec la Premier et qui apporte un esprit plus vintage. L’année prochaine, sur un produit plus contemporain, nous lancerons une Bentley plus moderne. Nous restons ainsi dans nos lignes existantes en les renforçant. Avez-vous douté en reprenant Breitling ? Non, jamais, et je le dis sans arrogance. Cela pour trois raisons. La première raison est notre potentiel de croissance géographique. Le fait de ne pas être dans 50 % du marché, notamment en Asie où cela représente 60 à 70 %, ce qui est énorme et nous laisse beaucoup d’oxygène. Seconde raison, cela nous permet de rentrer dans des segments qui font partie de notre ADN comme des modèles plus élégants ou sport élégant comme la Premier. Nous ne sommes plus dans des niches de grandes montres d’aviateurs. Nous avons deux vecteurs de croissance : l’Asie et les nouveaux segments de produits. Troisième raison, je peux m’appuyer sur une équipe formidable qui vient de toute l’industrie horlogère et qui a un très grand savoir-faire. Quand on a Ronaldo ou Messi dans une équipe, l’entraîneur est tranquille. C’est un peu ce que je ressens. On a de très, très bon joueurs. Est-ce que Breitling est toujours une marque terre, air, mer en dépit de votre volonté initiale de supprimer certaines branches ? On voulait supprimer des lignes qui étaient répétitives et qui créaient de la confusion dans l’esprit des consommateurs mais aussi pour les vendeurs. Aujourd’hui nous avons nos trois domaines, terre, air, mer et on couvre aussi l’historique, les années 1930 avec la Navi 8 et l’aviation moderne avec les Challenger. On a aussi des pièces historiques en plongée. Il faut être clair pour le consommateur. La Premier, c’est huit références. Trop de choix n’est pas un choix. Vous présentez trois montres à un homme sur la table, il trouvera son bonheur.


Le partenariat avec Bentley est le plus ancien entre un constructeur et une manufacture.

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PAULINE, COMMENT DEVIENT-ON

TRIPLE CHAMPIONNE

DU MONDE ? 78 Followed Magazine


Pauline Ferrand-PrĂŠvot Followed Magazine 79


SPORT&LOISIRS Celle qui a dominé le cyclisme mondial féminin en 2014 et 2015, après avoir coiffé les couronnes mondiales simultanément sur route, en cyclo-cross et en VTT, s’était donné comme objectif de revenir sur le devant de la scène tout-terrain en 2018. Nous l’avons rencontrée en fin de saison pour faire le point sur sa carrière et ses ambitions.

«Q

Textes C. Boulain, photos Red Bull Media Pull

uand on m’a demandé d’être porte-drapeau de l’équipe de France aux Jeux de Rio, c’était trop. Je faisais du vélo depuis toute petite, j’avais toujours fait ça par plaisir, même si j’avais gagné beaucoup de courses. Mais là, c’était trop pour moi. Ce n’est que du vélo... » Quand Pauline Ferrand-Prévot revient sur sa carrière, elle ne peut s’empêcher de repenser à cette période compliquée. D’ailleurs, quand on lui demande quel est son pire souvenir, elle n’hésite pas un instant pour citer la saison 2016 et les jeux Olympiques au Brésil qu’elle a totalement loupés alors qu’elle faisait figure de favorite. Logique, elle y était arrivée avec un statut à part, comme la seule cycliste à avoir coiffé la couronne mondiale à la fois sur route, en cyclo-cross et en VTT, entre 2014 et 2015. De quoi en faire une médaille d’or potentielle pour la France et un bien joli porte-drapeau, il faut l’avouer. Mais dans le sport de haut niveau, l’équilibre est fragile. Surtout quand on accumule autant de fatigue. C’est à 5 ans que la petite Pauline monte sur son premier vélo de route. Poussée par ses parents qui en sont des adeptes, même si, comme elle le dit : « En fait, plus par mon père et mon frère que par ma mère, car elle trouvait quand même que c’était un sport de garçon. Mais elle s’y est faite, et même

ma petite sœur en fait. » Elle roule, s’entraîne et finit par débuter en VTT par hasard. Elle a 8 ans et la sélection Champagne-Ardenne dont elle dépend en habitant à Reims a besoin d’une fille pour une course de VTT nationale. Elle s’aligne, s’amuse et attrape le virus immédiatement. C’est juste après qu’elle découvre la troisième discipline du vélo : le cyclo-cross. « En fait, l’hiver, on ne roule pas sur route ou en VTT. C’est trop gras, trop boueux ou trop froid. Sauf pour le cyclo-cross. En plus, on dit que la boue, c’est bon pour la peau [rires]... Et j’ai toujours peur de m’ennuyer, donc c’était bien pratique de faire les trois de front. » Très tôt, elle est entraînée par Gérard Brocks, qui s’occupe aussi de Julien Absalon, double champion olympique de VTT. Pauline progresse vite et se retrouve dès sa première année junior (17 ans) parmi les meilleures du monde. Elle s’adjuge aussi le titre de championne d’Europe de contre-la-montre sur route dès sa première participation, quelques jours avant de gagner les championnats d’Europe de VTT cross-country puis les championnats du monde de cette discipline. Durant les années suivantes, elle va accumuler les victoires sur route, en contre-la-montre ou lors de courses en ligne, ainsi qu’en VTT cross-country dans les catégories junior et espoir. C’est plus dur en cyclo-cross où, sans ce genre de distinction d’âge, elle s’aligne en élite face aux concurrentes les plus affûtées alors qu’elle n’a même pas 20 ans.

CHAMPIONNE DU MONDE DANS TROIS DISCIPLINES LA MÊME ANNÉE 80 Followed Magazine


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PORTE-DRAPEAU DE LA FRANCE AUX JO DE RIO, C’ÉTAIT TROP En parallèle de ses études de kiné (qu’elle abandonnera par la suite), elle passe professionnelle, sous contrat avec la marque française Lapierre. Elle continue de progresser et est vite repérée par l’équipe hollandaise Rabobank. Elle y voit une opportunité fabuleuse de côtoyer les meilleures cyclistes femmes du monde, comme Marianne Vos, qui court pour cette équipe. Banco, même si son contrat avec Lapierre n’est pas terminé, elle signe pour une nouvelle aventure. « Rabobank, ça a été une période géniale. Marianne est une coureuse incroyable et une femme formidable. Elle m’a aidée, inspirée. Ce fut une rencontre importante pour moi. » Avec Rabobank, elle mène de front ses trois carrières, l’hiver en cyclo-cross, le reste de l’année sur route ou en VTT. Mais son entraîneur y voit un problème et lui demande de se spécialiser, de privilégier une catégorie pour y briller. « Moi, je ne voyais pas pourquoi je devais abandonner l’une d’elles. Tout marchait bien, je commençais à gagner dans les trois et je ne me voyais pas me spécialiser. » Pauline quitte le giron de Brocks et part s’entraîner avec son oncle, Ludovic Dubau, triple champion du monde de cyclo-cross masters. On est à l’hiver 2013 et le duo familial va réaliser de grandes choses. « Même si on ne s’est pas séparés en bons termes avec Ludovic, c’est quelqu’un qui m’a apporté énormément. On a travaillé tellement dur pendant ces années, ce n’était pas simple, il faut l’avouer. » Mais le travail paie, on le sait. Quelques mois plus tard, en septembre 2014, Pauline remporte le championnat du monde sur route en Espagne, dix-neuf ans après Jeannie Longo. Elle ne s’arrête pas là, gagnant dès janvier de l’année suivante la couronne en cyclo-cross. Et de deux. Puis, en août 2015, soit quelques semaines seulement avant de remettre son titre sur route en jeu, elle coiffe toutes ses rivales dans l’épreuve de cross-country des championnats du monde de VTT au Canada. La voilà, pendant un mois, triple championne du monde de cyclisme, dans trois catégories différentes. Un peu comme si Sébastien Loeb avait été vainqueur en WRC, WTCC et en rallycross en douze mois. Imaginez l’exploit. On est fin 2015 et elle s’aligne aux mondiaux sur route pour défendre son maillot arc-en-ciel. Elle termine sixième, dans le groupe de tête, mais sixième

quand même. Quelques semaines après, elle doit participer aux épreuves de cyclo-cross mais déclare forfait à la suite d’une fracture du plateau tibial. Une fracture de fatigue, qui l’aurait deviné ? Elle démarre donc sa saison 2016 en convalescence. Puis déclare une sévère sciatique et change d’entraîneur, revenant avec Gérard Brocks, dans le clan Absalon, qui est devenu son compagnon. Après une saison de cyclo-cross écourtée, elle balbutie son cyclisme et abandonne deux fois en coupe de monde de VTT. Pourtant, elle débarque à Rio avec l’étiquette de favorite, sur route comme en VTT. Sous pression, elle décline le rôle de porte-drapeau, endossé par un autre monstre de son sport, Teddy Riner. Pauline termine vingt-sixième de la course en ligne sur route et abandonne en VTT : jeux ratés. Elle signe pour une nouvelle équipe (Canyon-SRAM Racing) et met un terme à cette saison noire. « Je crois que j’étais tout simplement épuisée. Le cyclisme féminin n’arrête pas de progresser, le niveau monte dans toutes les disciplines et rester au top dans les trois devenait compliqué. Je ne m’étais jamais vraiment arrêtée, passant d’une préparation et d’une catégorie à l’autre sans pause, sans vacances... » Dans sa nouvelle équipe, Pauline reprend goût aux courses en 2017, mais sait que la triple couronne n’est plus envisageable. « Je l’ai fait. Mais je ne pourrais pas recommencer. D’ailleurs, je ne pense pas que cela soit faisable aujourd’hui, surtout parce que le niveau en VTT est trop élevé. Pour y briller, il faut se préparer spécifiquement et sans doute sacrifier le reste... » Et cette année, en 2018, elle est revenue parmi les dix meilleures mondiales, montant sur le podium de deux épreuves de coupe du monde. « Le VTT, j’en ai fait ma priorité aujourd’hui. Je roule encore dans les deux autres catégories, mais l’ambiance est tellement meilleure en VTT. On est toutes copines, on est concurrentes mais amies. Réellement. » À 26 ans, celle qui aura marqué le cyclisme féminin, et qui a été sacrée championne des championnes françaises deux années de suite par le quotidien L’Équipe, n’a plus qu’une envie : « Retrouver mon niveau. Je n’ai pas dit gagner, ça, on verra. Mais déjà retrouver mon envie de rouler et ma vitesse. Je n’en suis pas loin. Mais je dois encore progresser et travailler. » On lui fait confiance.

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FAIRE LES TROIS DISCIPLINES EN PARALLÈLE ME PERMETTAIT DE NE JAMAIS M’ARRÊTER. CETTE ANNÉE, J’AI PRIS POUR LA PREMIÈRE FOIS TROIS SEMAINES DE VACANCES D’UN COUP. ÇA FAIT UN BIEN FOU 84 Followed Magazine


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Islande À la découverte des glaciers

L’Islande, c’est l’aventure. Parce que c’est une île perdue au milieu de l’Atlantique, non loin du Groenland, mais surtout parce qu’on y découvre des paysages sans pareil, comme les caves de glaces que le monde entier vient visiter. Followed vous y emmène. Textes et photos A. Poupin

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SPORT&LOISIRS Notre Škoda Karoq 4x4 prend la pause devant un des nombreux glaciers.

Vers les glaciers

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Seuls les 4x4 surélevés avec leurs pneus spéciaux et un pilote aguerri peuvent vous conduire aux abords des glaciers.

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peine posés à l’aéroport de Keflavík, au sud de la capitale, on découvre l’hiver islandais. Ce n’est pas le même qu’ailleurs. Ici, au milieu de l’océan, les perturbations sont régulières et le Gulf Stream assure des températures acceptables, même en hiver. Il fait toujours entre – 5 et 0 °C au sud de l’île, juste ce qu’il faut pour transformer la neige (ou la pluie) de la journée en glace vive la nuit. Ainsi, l’accès à notre Škoda Karoq 4x4 se transforme en un véritable spectacle d’acrobatie, le sol du parking étant complètement gelé... On est mieux dans la voiture, surtout chaussée de clous. Direction Selfoss, première étape de notre périple vers les glaciers du sud. Avec de la neige et de la glace partout, on se dit qu’il ne faudrait pas tomber en panne d’essence. Heureusement, les stations ne manquent pas sur route 1 que nous empruntons. Et puis notre Škoda n’est pas glouton. Après le petit village de Vík í Mýrdal, et pendant plus de 200 kilomètres, la nature va devenir encore plus sauvage. Assez vite, nous dépassons le ­Mýrdalsjökull, quatrième plus grand glacier d’Islande. Une de ses calottes glaciaires, à l’aspect charbonneux, est recouverte de cendres noires datant de l’éruption, en 2010, du volcan voisin, l’Eyjafjallajökull. Et puis nous voilà au parc national du Vatnajökull, le glacier le plus grand d’Europe.


La glace se brise avec la hausse des températures de la journée, formant de petits icebergs qui vont flotter jusqu’à l’océan. Avec, parfois, des phoques qui s’amusent entre ces – pas si petits – morceaux de glace.

La lagune de glace Jökulsárlón est l’un des joyaux de la nature islandaise et se situe à proximité du Vatnajökull, le plus grand glacier européen. Ses eaux bleues paisibles parsemées d’icebergs ont fait sa renommée.

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SPORT&LOISIRS La plus belle œuvre qu’un glacier nous ait donné à voir : la grotte de glace, phénomène naturel rare et éphémère que vous pourrez visiter avec un guide – si les conditions météo sont favorables – de novembre à mars.

Sous la glace bleue

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n ne se rend pas aux grottes de glace en voiture, même avec un SUV à quatre roues motrices comme notre Karoq. L’accès se fait par des chemins qui, en cette saison, sont partiellement inondés... ou totalement glacés. Dans un de ces énormes 4x4 aux pneus de tracteur, on quitte la route en direction du lac glaciaire de Jökulsárlón. Célèbre dans le monde entier, ce lagon a servi de décor à de nombreux des films, comme

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Lara Croft, Tomb Raider ou James Bond, Dangereusement vôtre et Meurs un autre jour. C’est l’un des sites touristiques à ne pas rater. Depuis notre mésaventure du parking, nous avons désormais des clous amovibles pour nos chaussures. On nous en donne des plus gros. Pour accéder à ces cavités, il faut grimper sur le glacier : clous et piolet obligatoires. Puis plonger dans la pénombre... Ces caves sont le résultat de la fonte des glaciers en été. L’eau s’infiltre à

travers une glace vieille de plus de 900 ans pour former la grotte que vous visiterez (de novembre à mars). Sous la forte pression, la glace ne contient presque aucune bulle d’air. Cela provoque ainsi l’absorption de la quasi-totalité de la lumière du jour, ne laissant paraître qu’une lueur bleue, sous de bonnes conditions météo ! Mais attention, à la moindre pluie, la cave peut être inondée et disparaître. Il faut alors aux guides en exploiter une autre.


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SPORT&LOISIRS Vue d’un drone, la route 1, qui file entre l’océan d’un côté et les glaciers de l’autre.

Glace et sable noir

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ans l’hiver islandais, vous aurez peut-être la chance de voir des aurores boréales, de septembre à avril. Mais leur apparition, soumise aux conditions météo, est incertaine. Nous n’avons pas eu la chance d’en observer. Nous reprenons la route vers l’ouest. L’itinéraire traverse d’immenses champs de lave, témoins d’une des plus grandes éruptions volcaniques de l’île. La neige blanche accentue les contrastes, surtout vue d’un drone. Sur la route, deux impressionnantes cascades nous attendent. D’abord, l’imposante Skógafoss. Son parfait rideau d’eau de près de 60 mètres de haut et 25 mètres de large suscite l’extase, et on comprend pourquoi : quelle puissance ! Puis, Seljalandsfoss, l’une des chutes les plus photographiées d’Islande. Sa particularité tient au fait que l’on peut passer derrière le voile d’eau, ce qui offre un nouveau point de vue et la rend encore plus impressionnante. Après les hauts plateaux de Hellisheiði, la route plonge vers les immenses plages de sable noir, qui s’étendent à perte de vue autour du village de Vík. Formée par les deux volcans-glaciers qui surplombent la région, la plage de Reynisfjara est unique au monde et certainement une des plus célèbres. Au loin, les vagues se fracassent sur les Reynisdrangar, d’énormes blocs de roches basaltiques érodés qui jaillissent de l’océan. Les Islandais pensaient que ces rochers étaient des trolls pétrifiés par le soleil levant pour les punir d’être sortis de leur caverne au crépuscule pour tenter de faire échouer un bateau sur le rivage. Ici, comme partout en Islande, mère Nature s’en est donné à cœur joie pour créer une atmosphère de fin du monde.

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D’immenses plages de sable noir s’étendent à perte de vue autour du petit village de Vík í Mýrdal. Celle de Reynisfjara, avec sa montagne dont les pieds se jettent dans la mer sous forme de colonnes de basalte, est unique au monde.

Rares sont les animaux à survivre dans ce pays. Les rennes en font partie.

La cascade de Skógafoss. C’est d’en bas que la vue est la plus belle et impressionnante.

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Autour de Reykjavík

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e retour à la capitale, le dépaysement perdure. À quelque dix minutes de l’aéroport, la péninsule de ­Reykjanes regorge de merveilles. La région est jeune et particulièrement riche en phénomènes géothermiques. Le paysage désolé, presque dramatique, abrite des phénomènes naturels fascinants comme les solfatares de Gunnuhver qui dégagent des fumerolles sulfureuses. On y trouve aussi le « pont entre deux continents », symbole du rapprochement entre l’Amérique et l’Europe, situé sur la faille tectonique qui sépare les plaques continentales européenne et américaine. Ou encore les fameuses sources chaudes comme celle du Blue Lagoon, où l’on peut se baigner dans une eau laiteuse et turquoise, à 40° été comme hiver. La vibrante Reykjavík, avec ses rues en pente douce et ses jolies maisons en bois colorées, est la capitale la plus septentrionale de la planète (64 degrés de latitude Nord). Malgré un décor de village paisible et charmant, la ville abrite des bâtiments au design moderne, comme l’église Hallgrímskirkja ou le centre de concert Harpa. Notre découverte a été ponctuée par la chaleur des coffee-shops ultra-branchés, par le lèchevitrines pour ramener le pull de laine aux motifs géométriques hors de prix (attention, l’Islande est un pays cher) ou l’huile de foie de morue. Et, bien sûr, la joie de goûter à la gastronomie locale chez Höfnin, situé sur le port, ou chez Messinn sur Lækjargata.

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Pause détente dans les eaux chaudes du Blue Lagoon.

Cette sculpture en acier, baptisée Sólfar (le Voyageur du Soleil) évoque la charpente d’un navire de guerre viking et domine la baie de Reykjavík.


Sur le port, le restaurant Höfnin propose une cuisine islandaise revisitée. Ici, le fameux plokkfiskur, variante locale de la brandade de morue. Parfois, quatre roues motrices et des pneus à clous sont de précieux alliés. En Islande, entre novembre et mars, ils sont carrément indispensables.

L’église Hallgrímskirkja, située au centre de Reykjavík, est l’un des points de repère les plus connus de la ville.

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SPORT&LOISIRS

Y aller, se loger, se restaurer Seules les compagnies Icelandair et Wow Air proposent des vols depuis Paris sans escale, à partir de 260 € aller-retour au départ de CDG. icelandair.fr, wowair.fr L’hôtel Fosshótel Vatnajökull, récemment rénové, offre une vue imprenable sur le plus grand glacier d’Europe. Cuisine islandaise modernisée. Produits frais et de qualité. Excellente carte des vins. Chaîne d’hôtels islandaise présente dans tous le pays. islandshotel.is À Reykjavik Restaurant Höfnin. Plats traditionnels revisités pour notre plus grand plaisir. Personnel souriant et sympathique. Excellent rapport qualité/prix. Demander une table près de la fenêtre pour la superbe vue sur le port. hofnin.is Messinn. Restaurant de poissons et fruits de mer. Plats servis dans des poêlons. Succulent et copieux. Le tout dans une ambiance cosy et chaleureuse. Messinn.com

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Conseils Préparez votre voyage longtemps à l’avance, car la capacité d’accueil de ce petit pays est assez limitée. Pour visiter la région, une voiture est indispensable. La plupart des sites sont accessibles directement depuis la route 1. Office de tourisme : inspiredbyiceland.com Agences de voyages : Island Tours, Evaneos, Guide to Iceland



MÉCANIQUE

FER R AR I PORT O F I N O Depuis la California lancée il y a dix ans, Ferrari a prouvé qu’on pouvait rouler tous les jours avec un modèle frappé du cheval cabré, en coupé comme en cabriolet. Et, depuis cette année et la commercialisation de sa remplaçante, la Portofino, que ces trajets quotidiens pouvaient être une source de bonheur inépuisable. Textes C. Boulain, photos Mitchell

DU BONHEUR 98 Followed Magazine


TOUS LES JOURS Followed Magazine 99


MÉCANIQUE

FACILE AU QUOTIDIEN MAIS CAPABLE DE TRANSFORMER L’ORDINAIRE EN EXTRAORDINAIRE

T

out est question de priorité. Pour certains, le principal progrès réalisé par Ferrari entre la California T et la nouvelle Portofino concerne le toit. S’il est toujours rigide et escamotable électriquement, soit l’ADN de base d’un coupé-cabriolet de luxe, il l’est désormais en roulant jusqu’à 40 km/h. Dans les rues de Monaco, ou en arrivant au péage, il faut avouer que ça change tout. Pour d’autres, l’évolution la plus notable tient dans l’allègement de 80 kg, obtenu par l’emploi d’une grande quantité d’aluminium pour la structure de la voiture, ce qui au passage a permis d’améliorer plus que significativement la rigidité de la caisse. Enfin, pour les autres, ce sont les 40 chevaux gagnés par le V8 3.9 litres biturbo, qui accueille dorénavant la bagatelle de 600 étalons sous ses culasses, soit un bien bel élevage. Bref, ce qu’il faut retenir de la fiche technique de cette dernière Ferrari, qu’on doit classer dans la catégorie Grand Tourisme, c’est qu’elle a progressé en tout. Même subjectivement. Dès le premier coup d’œil sur sa ligne sublime, signée du bureau de style

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maison, on tombe amoureux de cette Portofino. Plus que n’importe quelle autre sportive décapotable, elle affiche un profil de coupé racé sans laisser un instant présager que son toit se replie en quatorze secondes pour en faire un superbe cabriolet. Fermée, elle a des airs de 812 Superfast. Comme on dit, « c’est pas pire ». Ouverte, elle rappelle sa devancière, en plus fin, plus élégant, même si les nombreuses prises d’air rappellent qu’on a affaire à une vraie Ferrari taillée pour terroriser le chronomètre. Une fois glissé dans le baquet, en magnésium sur notre modèle d’essai gentiment prêté par Scuderia Monte-Carlo, on observe la même dualité, avec une planche de bord rappelant celle de la 812 et deux strapontins derrière les sièges avant... que la California avait inaugurés il y a dix ans. Car cette Portofino reste une 2+2 (ne comptez tout de même pas transporter quatre basketteurs), avec un grand coffre pour partir en week-end, ou au golf, là-haut vers La Turbie. Car, contrairement à une Porsche 911 dont elle est la rivale, elle peut accueillir une demi-série, bois 1 et 3


Assis derrière, dans l’un des deux petits baquets à réserver à des enfants, on voit ça du tunnel de Monaco. Il y a pire.

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MÉCANIQUE Comme la California T qu’elle remplace, la Portofino est un coupé-cabriolet. Du genre ultra-performant.

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TELLEMENT MIEUX QU’UNE CALIFORNIA T

compris, grâce aux dossiers arrière rabattables. Ça compte, si votre priorité est de déposer votre petite balle blanche après la marque 200 mètres. Ce qui compte aussi, c’est cette sensation unique de prendre le volant d’une Ferrari moderne où tout est sur le cerceau. Du manettino permettant de choisir son menu (nous y reviendrons) aux essuieglaces ou aux clignotants, toutes les commandes sont regroupées sur le volant pour ne pas avoir à le lâcher. Avec, derrière lui, deux grandes palettes de sélection des vitesses façon oreilles de lapins, immenses et en carbone, idéalement placées pour les activer du bout des doigts, toujours les mains sur le volant. Une pression sur le bouton rouge, sur une des branches du cerceau, et le V8 s’ébroue. Avec, dans l’ordre, une légère déflagration puis un ronronnement sobre. Le genre de bruit qui vous murmure : «  Ne me cherche pas, je suis là. Tu peux compter sur moi. » Pas de levier de vitesse, juste deux boutons, un pour la marche avant (Auto) et un pour la marche arrière (R). En appuyant deux fois sur Auto, on engage le mode manuel, sélectionnant ensuite chaque rapport d’une traction sur une des deux palettes. Mais, franchement, tant que le manettino est sur le mode Confort, autant rester en automatique tant la transmission robotisée à 7 rapports et deux embrayages fonctionne parfaitement. Installée contre le différentiel arrière à pilotage électronique, elle permet d’obtenir une répartition des masses à 53 % derrière, alors que le V8 loge sous le capot avant. De quoi privilégier la motricité... et le caractère. Pour l’instant, dans les rues de la Principauté, capote repliée et en mode Confort, le tempérament transparaît surtout via les échappements à valves. C’est rauque, caverneux même, mais jamais délirant. On pourrait presque dire que ça en manque, de caractère. Quand il s’agit de se promener, la Portofino fait bien les choses, ménageant une belle maniabilité avec sa direction à assistance électrique légère et un bon confort de roulement grâce à sa suspension magnétique. Comme sur les autres modèles de la marque, les

Merci à Scuderia Monte-Carlo pour le prêt de cette Portofino en Principauté. C’était plus pratique que de la descendre depuis Paris... même si cela doit bien se faire. Freins en carbone et céramique de série, comme sur toutes les Ferrari modernes.

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MÉCANIQUE

Données constructeur

FERRARI PORTOFINO Moteur : V8 à 90°, biturbo, essence, injection directe, distribution variable, 3 855 cm3 Puissance maxi (ch à tr/min) 600 à 7 500 Couple maxi (Nm à tr/min) 760 dès 3 000 Transmission : propulsion, automatique, double embrayage, 7 rapports Masse (kg) 1 545 Répartition des masses (AV/AR en %) 47/53 Long.xlarg.xhaut. (m) 4,57x1,94x1,32 Volume de coffre (l) 292 Vitesse maxi (km/h) + de 320 0 à 100 km/h (s) 3˝5 0 à 200 km/h (s) 10˝8 Consommation mixte (l/100 km) 10,7 Émissions de CO2 (g/km) 245 Prix en France (hors options) 193 410 €

amortisseurs sont remplis d’un fluide mêlant huile et particules métalliques. Ainsi, à la moindre sollicitation, qu’il s’agisse de bosses ou d’une prise de roulis trop rapide, le système applique un champ magnétique plus ou moins important, modifiant en un instant la raideur des amortisseurs : magique. Pour percevoir les différences, le mieux est d’engager le mode Sport depuis le volant. Les lois de passage des vitesses de la transmission, la gestion du V8 et de ses valves à l’échappement et les stratégies d’amortissement s’adaptent immédiatement pour transformer l’agréable cabriolet en une sportive affûtée. S’il faut parler de caractère, c’est maintenant. Ça chante davantage, la direction, sans devenir irréprochable, devient plus communicative avec une assistance moindre, et le moteur devient méchant. Si on avait parfois des doutes sur le nombre de têtes du cheptel, tant la douceur de marche était bluffante en mode Confort, là on imagine bien les 600 chevaux prêts à martyriser les roues arrière motrices. Pourtant, les pertes d’adhérence sur le sec sont rares, et la facilité de conduite étonnante. Le différentiel piloté et l’ESP, très efficaces,

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LE V8 BITURBO NE SOUFFRE D’AUCUN TEMPS MORT À L’ACCÉLÉRATION veillent au grain, donnant parfois l’impression à un conducteur moyen qu’il peut s’inscrire au départ d’une manche de championnat GT. Mais il ne faut pas se faire d’illusion, c’est le génie des ingénieurs Ferrari qui rend la Portofino si efficace, pas notre coup de volant. À chaque accélération sur les routes escarpées de l’arrière-pays monégasque, les bras s’allongent et la tête vient frapper le siège. Les performances de ce coupé-cabriolet de 600 ch se révèlent plus que suffisantes, avec un 0 à 100 km/h en 3”5 et des reprises à vous faire déboîter juste par plaisir. Même avec la boîte en mode automatique, tant celle-ci est superbement gérée, engageant le bon rapport à chaque fois, sans temps mort ni à-coup. On pourrait critiquer les freins en carbone et céramique, dont le mordant en manœuvre avait tendance à nous inquiéter en ville. Mais quand le rythme s’accélère, ils répondent présent et font preuve d’une endurance tout bonnement inépuisable. Bref, la Portofino est une nouvelle démonstration du savoir-faire de Maranello. Cela promet de bons moments avec tous les lancements annoncés dans les années à venir. Forza Italia.


Sous cet angle, la Portofino ne peut cacher son caractère bien trempé, même si elle se range chez Ferrari dans la catégorie des GT. Mais c’est chez Ferrari...

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MÉCANIQUE

SMART FORTWO EQ

C’est le futur ! A

nnonce après annonce, on l’a compris, le diesel, c’est fini. En tout cas en ville. Alors pour parvenir directement à l’étape suivante sans (re)passer par la case hybride, autant rouler en électrique. Rappelez-vous, on a bien dit en ville. Dans cette optique, la Smart Fortwo EQ semble être la solution idéale. Gabarit à se jouer des parkings (2,69 mètres de long), maniabilité de vélo avec son diamètre de braquage inférieur à 7 mètres, l’urbaine fabriquée en Moselle, à Hambach, a tout bon dans sa version électrique. Certes, sa batterie de 17,6 kWh n’a pas évolué depuis deux générations, limitant son rayon d’action à un peu plus de cent kilomètres, et ses roues arrière motrices l’empêchent de profiter d’un trop gros freinage régénératif. Logique, la puissance de freinage est majoritairement délivrée aux roues avant... qui n’entraînent pas de moteur électrique sur la Smart. Qu’à cela ne tienne, la Fortwo

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est un régal en ville, se permettant même de jouer les mini sportives sur les voies rapides avec ses accélérations et ses reprises de GTI, assurées par le couple disponible instantanément de son moteur électrique de 82 ch. Sans oublier une vitesse de croisière de 130 km/h largement suffisante pour perdre son permis. Ses défauts ? Déjà, on ne peut pas le nier, un confort de suspension assez médiocre, transformant n’importe quel ralentisseur en Everest. Ensuite, son volume de coffre, d’autant plus réduit qu’il doit maintenant composer avec les câbles de recharge. Enfin, un tarif toujours aussi élevé (à partir de 23 250 € hors bonus) alors que ses rivales électriques sont soit à la baisse, soit proposent des batteries toujours plus grosses. Sauf que la Smart a une botte secrète. Qui dit petite batterie dit petits temps de recharge. Et qui dit véhicule urbain pense aujourd’hui automatiquement à autopartage. Ce sera la nouveauté de l’année 2019, le système


Il y a vingt ans, la Smart Fortwo révolutionnait l’automobile urbaine. Elle s’apprête à recommencer, en électrique et avec toute une batterie de services associés qui vont modifier notre consommation d’automobile en ville. On vous explique. Textes C. Boulain, photos DR

Car 2 Go (voir interview) permettra d’utiliser une Fortwo EQ à Paris sans l’acheter. Juste en la louant... à la minute. Dès janvier, 400 Fortwo EQ vont être proposés dans la capitale (elles pourront en sortir mais devront être rendues du bon côté du périphérique), avant une seconde vague pour la proche banlieue un peu plus tard dans l’année. Smart va aussi développer son application Car 2 Share pour permettre aux propriétaires de prêter (qui a dit louer ? Ça viendra, c’est sûr) leur véhicule à leur famille ou leurs amis. Enfin, même si la batterie est garantie huit ans, Smart propose des solutions durables, pas seulement pour la recycler, mais avant cela pour la réutiliser dans une seconde vie, pour des applications stationnaires (maisons individuelles, par exemple), là où même avec 70 % de leur performance, elles remplissent complètement leur rôle. L’écosystème voiture électrique grandit. Il pourrait même arriver à maturité.

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MÉCANIQUE Entre deux rangs de panneaux, dans la ferme solaire Total de La Mède.

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« Smart propose des voitures électriques et les services qui vont avec » Hervé Poquet, brand manager

Smart va proposer en début d’année le système Car 2 Go à Paris, avec 400 voitures. En quoi cela consiste-t-il ? C’est un système d’autopartage propre à Daimler [propriétaire de Smart, NDLR], mais avec des véhicules qui ne sont pas liés à des stations de parking ou de recharge. Ils sont disponibles dans toute la ville, garés sur la chaussée comme tout autre véhicule, c’est ce que l’on appelle du free-floating. Ce n’est pas comme Autolib’. Et avec la particularité de proposer une location à la minute via une application sur smartphone, sans abonnement. Il ne faut pas oublier que nous ne débutons pas dans l’activité. Les premières expérimentations de Car 2 Go ont déjà dix ans. C’était aux États-Unis et en Allemagne. Aujourd’hui, ce système, avec nos Smart EQ spécifiquement, fonctionne à Madrid en Espagne, à Amsterdam en Hollande et à ­Stuttgart en Allemagne. Paris sera la quatrième ville à en profiter. Notez que l’application fonctionne partout dans le monde. Si les voitures ne sont pas reliées à des bornes, comment seront-elles rechargées ? Nous aurons des stations dédiées, avec un système d’opérateurs pour les récupérer, les recharger puis les remettre en stationnement. L’utilisateur n’aura comme contrainte que de laisser la voiture sur une vraie place de parking, dans Paris intra-muros pour commencer. Nous allons aussi proposer de récompenser les utilisateurs qui rechargeront la voiture, en leur redonnant des crédits sur leur compte. Comme je l’ai dit, ce n’est pas un coup d’essai pour Smart. Et toutes ces voitures auront le chargeur rapide 22 kW embarqué. Quel sera le coût de location de ces Smart EQ’lib ? À date [fin novembre 2018, NDLR], je ne peux pas vous le

communiquer. Sachez que les tarifs les plus bas sont pour l’instant proposés en Espagne, à 0,27 centime d’euro la minute. Nous devrions être légèrement au-dessus à Paris. Mais n’oubliez pas que cela comprend la location de la voiture, l’assurance, le carburant et même le parking puisque votre location s’arrête quand vous quittez la voiture. Smart propose aussi d’accompagner les clients dans leurs démarches, pour faire installer des bornes dans les copropriétés, par exemple. Est-ce nécessaire ? Sans aucun doute. Nos partenariats avec Proxiserve pour les bornes, Total Spring pour les contrats d’électricité ou notre connaissance des aides locales ou gouvernementales doivent bénéficier à nos clients. Nous avons aujourd’hui un service dédié à cette aide pour accompagner chaque démarche, que nous pouvons d’ailleurs financer en attendant les crédits d’impôt. Nous proposons des voitures 100 % électriques avec tous les services qui vont avec. Est-ce que Car 2 Share est la fonctionnalité ultime du véhicule urbain ? C’est un peu le même système, mais là c’est un particulier qui propose sa propre Smart EQ à ses proches. Il laisse sa clé dans la voiture, donne l’autorisation d’utiliser sa voiture via l’application à un ami, qui peut alors la déverrouiller via son smartphone. Oui, je pense que c’est une excellente solution quand on part en vacances par exemple. On a même des propriétaires à San Francisco qui l’utilisent... pour trois ou quatre voitures qu’ils mettent en location de cette manière. Ils en font un business. La consommation change, il faut s’adapter.

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MÉCANIQUE

JEEP CHEROKEE

Le passe-

muraille L’amour de l’automobile et du vin ne sont pas incompatibles. Surtout quand il s’agit d’aller visiter les vignobles canadiens du sud de l’Ontario, entre Grimsby Beach et Niagara-OnThe-Lake, au volant du nouveau Jeep Cherokee.

Textes J. James, photos T. Holt

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MÉCANIQUE

Rien de mieux qu’une promenade dans la région de Niagara-On-The-Lake, au sud du lac Ontario au Canada, pour profiter des qualités du nouveau Cherokee. Et de passer d’un vignoble à l’autre pour découvrir les vins de la région aux noms parfois surprenants (Organized Crime, Angel’s Gate...).

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POUR L’INSTANT, EN FRANCE, JEEP NE PROPOSE QUE DES DIESELS À CAUSE DU MALUS

T

out le monde connaît les chutes du Niagara, avec sa rive canadienne et l’autre américaine. Mais seuls les amateurs de vin savent que c’est dans cette région qu’on trouve les meilleurs vignobles canadiens, entre la ville de Niagara-On-The-Lake et celle de Grimsby Beach, plus à l’ouest, toutes les deux sur la rive sud du lac Ontario. Depuis Toronto, il faut compter une bonne heure trente d’autoroute pour rejoindre le sud, puis bifurquer vers les collines pour commencer à voir des vignes. Pour cette jolie balade, nous avons choisi le tout dernier Jeep Cherokee, au cas où les chemins soient plus « pentus » que de raison. Car quand on arbore cette calandre à sept barres verticales, à la fois historique et iconique, on n’a peur de rien, surtout pas d’un chemin. Pour aller visiter des vignes à flanc de colline, il faut bien ça. Sur l’autoroute, ce nouveau Jeep sait vivre. Entre son quatre-cylindres turbo 2 litres essence de 271 ch (non proposé en France) et sa transmission automatique à 9 rapports, il peut adopter le rythme sénatorial qui sied à la région, on est en Amérique du Nord quand même, ou se prendre pour une sportive européenne et affoler la maréchaussée. Bref, dans cette définition, le Cherokee sait tout faire. Évidemment, en France, on ne peut pas en profiter. Depuis quelques années, les pouvoirs publics ont décidé d’indexer un malus écologique sur les émissions de CO2 de chaque véhicule, avec plus de 10 000 € de pénalité au-dessus de 183 g/km. Et, ce faisant, condamnant tous les SUV essence à couvrir les pages des catalogues des constructeurs ou de leurs importateurs... hors de France. Dans l’Hexagone, le nouveau Cherokee n’est donc vendu qu’en diesel, avec un 2.2 litres M ­ ultiJet proposé en deux niveaux de puissance. C’est moins sexy, mais cela évite de laisser quelques milliers d’euros à l’État lors de l’achat d’un modèle essence qui, réellement, ne pollue pas l’air de nos cités. Hormis le moteur, les deux engins, canadien et français, sont les mêmes : deux SUV à l’ADN bien trempé. Si, sur autoroute en respectant l’allure recommandée, on profite davantage des bons sièges avant et de l’excellent système hi-fi embarqué que du châssis récemment revu, on a un meilleur aperçu des capacités de l’engin en sortant à Grimsby. On quitte alors la Queen Elizabeth Way, direction le sud pour rejoindre la 81, la route des vins. Elle serpente à flanc de colline vers Vineland, un village qui porte bien son nom. C’est dans ce coin que les plus vieux vignobles d’Ontario logent. Plutôt confortable sur le bitume entretenu à la pioche de la 81, Le Cherokee le reste sur les chemins de sable et de pierres. Ici, la plupart des chais se trouvent au bout d’un long chemin, loin de la route. Souvent dans des bâtisses récentes, voire modernes. Cela rappelle davantage le Bordelais que la Bourgogne, diront les amateurs français, devant ces chais climatisés aussi bien pensés pour l’élevage des vins que pour les visites des touristes. On passe de Peninsula Ridge, l’une des wineries les plus cotées à Thirty Bench, et on file sur la 81 chez Megalomaniac, après Beamsville. Puis on se promène autour de Vineland, entre un petit restaurant avec vue sur les vignes et un coffee-shop branché. Tout cela au rythme des détonations des appareils servant

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MÉCANIQUE

à faire fuir les très nombreux oiseaux de la région... qui se délectent des raisins bien mûrs. Au début, cela fait peur, à se croire en pleine saison de chasse. Il y a de quoi être effrayé quand on est entré dans le vignoble en Jeep, entre les rangs pour immortaliser l’instant. Mais le Canadien est accueillant, et ce n’est pas pour nous chasser qu’il a sorti son fusil. Juste pour éloigner les volatiles qui pillent ses vignes. Évidemment, avec sa transmission intégrale, le Cherokee s’amuse de ces instants à crapahuter, qu’on l’ait garé dans un champ à flanc de colline avec une pente à 15 %, ou pas. Boîte automatique, moteur puissant et quatre roues motrices permettent de se sortir de tous les mauvais pas. En douceur, sans forcer... De retour sur le bitume, on passe les villes de Jordan et Saint-Catharines pour rejoindre la 55, aussi appelée Niagara Stone Road et filer vers le lac et les chutes. Et c’est entre Virgil et Niagara-OnThe-Lake que les visites reprennent. Avec, de part et d’autre de la route, des vignobles à perte de vue. Alors, que les amateurs soient prévenus : ici, les vignes sont jeunes. Il est rare de trouver des pieds de plus de trois centimètres de diamètre. Parce que les vignobles existent depuis peu, la plupart d’entre eux sont nés il y a moins de dix ans, et parce qu’ici comme aux États-Unis voisins, le rendement prime. Dès qu’un cep vieillit, il donne moins. Mieux, diront certains, mais moins aussi. Bref, il est rapidement arraché et remplacé pour favoriser les hauts rendements qu’une vinification aidée va compenser. On ne peut pas comparer les vins goûtés ici avec nos productions françaises, d’Alsace, de Bourgogne, de Bordeaux ou des Côtes-Du-Rhône. Il n’y a pas de tradition du vin au Canada, juste l’envie d’en faire : et ça se voit. Pire, ça se goûte. Deux jours dans ces vignobles à se promener en Jeep et à boire – raisonnablement – nous l’ont prouvé : c’est jeune et immature. Tout le contraire de notre Cherokee essence, qui marie le meilleur des deux mondes : les traditions Jeep de 4x4 capables de tout avec le modernisme d’une connectivité à la pointe et d’un confort de berline. Aussi, on se prend à rêver de ces deux mêmes journées en France, dans l’une des régions précédemment citées, pour y déguster des vins exceptionnels... mais en passant d’un domaine à l’autre au volant d’un Cherokee essence de 271 ch. Messieurs les politiques, s’il vous plaît, revoyez ce malus que vous appelez « écologique » pour rendre ce souhait réalisable. On ne devrait pas renoncer à un SUV essence parce que la règle est mal faite.

Intercalé entre un Compass plus citadin et l’énorme Grand Cherokee, davantage taillé pour l’Amérique du Nord, le nouveau Cherokee est un bon compromis pour nous autres Européens. D’autant qu’avec son restylage, il s’est bien modernisé.

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Avec la transmission automatique à 9 vitesses, le 2.0 turbo à injection directe essence s’amuse de tous les types de routes. Qu’il s’agisse de faire des kilomètres d’autoroute, de se promener en forêt ou d’évoluer en ville. Vivement que le diesel soit interdit en France. Données constructeur

JEEP CHEROKEE Moteur : 4 cylindres, turbo, essence, injection directe, distribution variable, 2 litres Puissance maxi (ch) 271 Couple maxi (Nm) 400 Transmission 4x4, auto., 9 rapports Masse (kg) 1 950 Masse tractable (kg) 2 041 Long.xlarg.xhaut. (m) 4,65x1,86x1,68 Empattement (m) 2,70 Volume de coffre (l) 448 à 570 Vitesse maxi (km/h) environ 210 Consommation ville (l/100 km)* 10,4 Consommation autoroute (l/100 km)* 7,6 Volume de réservoir (l) 60 Prix finition Limited au Canada (€) ± 40 000 € * Selon normes d’homologation canadiennes

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BIEN-ÊTRE

S’entraîner, progresser et même se rééduquer avec des bandes élastiques Depuis maintenant plus de cent ans, les bandes élastiques font partie des outils à disposition pour le renforcement musculaire. Et ce n’est pas un hasard.

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V

ous les avez peut-être déjà aperçues, dans une salle de sport ou chez un kinésithérapeute, sous la forme de bandes très fines et très larges. Ces bandes de latex se déclinent sous une multitude de formes et de longueurs pour fournir des résistances allant de quelques centaines de grammes à plusieurs à dizaines de kilogrammes. Pratiques et légères, les bandes élastiques ont plusieurs avantages, comme de s’emporter partout afin de s’entraîner n’importe où. Mais ce n’est pas leur seul attrait. Tour d’horizon des possibilités et de l’intérêt de cet outil. À l’inverse d’un haltère en fonte, les bandes élastiques ne fournissent pas la même résistance durant un exercice. En effet, la force de résistance fournie par l’élastique va dépendre de l’étirement de celui-ci. Plus vous étirez une bande élastique, plus la résistance augmente. Et, bien sûr, plus l’élastique est gros (pour une même composition) et plus il fournit de force. Cette résistance variable a plusieurs avantages pour le corps et pour l’entraînement. Tout d’abord, les bandes élastiques sont parfaitement adaptées à la rééducation et à une reprise d’entraînement après une longue période d’arrêt. En effet, lorsque vous commencez votre exercice, vos articulations et vos muscles sont moins aptes à fournir une grande force. Ce qui tombe très bien puisque la bande élastique fournit, à ce moment, le moins de résistance possible. De plus, du fait que la

résistance varie constamment, votre système nerveux doit, lui aussi, constamment s’adapter. Il en résulte une activation musculaire similaire voire supérieure, et un recrutement des unités motrices plus rapides. Si vous avez des difficultés à réaliser certains exercices comme les pompes ou les tractions, les bandes élastiques peuvent vous aider en vous soulageant d’une partie de votre masse corporelle. Vous pourrez ainsi réaliser les mouvements, progresser en force et en vitesse pour finalement réussir à faire ces exercices sans assistance. À l’inverse, si vous trouvez ces exercices trop faciles, vous pourrez placer les bandes élastiques en résistance. La recherche scientifique montre également que s’entraîner avec des bandes élastiques a des effets positifs sur l’ostéoporose, la perte de masse grasse, le gain de masse musculaire, la force musculaire et la mobilité. Ainsi que vous vous entraîniez avec un haltère de 10 kg ou une bande élastique fournissant une tension de 10 kg, les résultats attendus seront quasiment identiques. Enfin, si votre objectif est la performance, la combinaison fonte + élastique est la meilleure alternative. En pratique, il suffit d’ajouter des bandes élastiques sur votre barre chargée. Les gains s’avèrent supérieurs en termes de force, de vitesse et de puissance comparativement à la fonte seule. Bon entraînement. Textes Aneliya V. Manolova, photos DR Plus d’infos sur mmsportplus.com

LA LARGEUR DÉTERMINE LA FORCE DE RÉSISTANCE Followed Magazine 117


CONTACTS Arva

Site Internet

www.arva-equipment.com

Dainese Site Internet

www.dainese.com/row/en/corporate/

Dynastar Site Internet

Uvex

Site Internet

www.dynastar.com/fr/

Rédacteur en chef Christophe Boulain

www.uvex-sports.com

www.phenomen.fr/fr

www.ibrahimmaalouf.com

El Pez

Sur Instagram

www.instagram.com/pezbarcelona/

Dartigalongue

Site Internet www.dartigalongue.com Adresse Place du Four, 32110 Nogaro

Rampoldi

Site Internet rampoldi.mc/fr Adresse 3, avenue des Spélugues, 98000 Monaco

Breitling Site Internet

Luc Augier

directeur de la publication

Ibrahim Maalouf Site Internet

Directeur de la rédaction redaction@followed.fr

Phenomen Site Internet

www.followed.fr

www.breitling.com/fr-fr/

chboulain@followed.fr

Rédaction

A. Bloch, J. ChassaingCuvillier, J. James, A. V. Manolova, F. Montfort, A. Poupin

Photographes

A. Bloch, T. Holt, Mitchell, A. Poupin, Red Bull Media Pool, B. Rouffignac

Conception

M. Souday, L. Hériau

Fabrication

SIB Imprimerie, Boulogne-sur-Mer. Imprimé en France Dépôt légal à parution ISSN : 2427-0881 Diffusion presse et pro France MLP Diffusion qualifiée Soft

Pauline Ferrand-Prévot

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Publicité : LeadersLeague rbodin@leadersleague.com

Site Internet Site Internet

Ferrari

Site Internet

www.paulineferrandprevot.com

fr.visiticeland.com

Jeep

Site Internet

Tél. +33 (0)6 62 46 64 72

Tél. +33 (0)6 06 67 15 39

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Tél. +33 (0)6 17 76 45 54 www.ferrari.com/fr-FR

Smart

Site Internet

Publicite@followed.fr

www.smart.com/fr/fr/accueil-smart-fortwo.html

www.jeep.fr

Followed Magazine est édité par Followed SAS SIREN : 808 701 569 Capital de 20 000 € Président C. Boulain Tél. +33 (0)6 62 46 64 72

212, avenue des États-Unis, 31200 Toulouse, France

Abonnement : pages 119 et 120

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Embarquez pour une visite très exclusive du dernier yacht du chantier naval italien Tankoa, le Solo. Un navire de 74 mètres de long sorti du port de Gênes et qui recèle tout ce dont on peut rêver pour une semaine de vacances entre amis de bonne compagnie. Attention les yeux.

Un mois avant le début de la nouvelle saison de Formule 1, plongée dans les secrets de Renault F1 à Enstone, avec Alain Prost (conseiller spécial) et Cyril Abiteboul (directeur général de l’équipe), pour faire le point sur les enjeux de 2019. Une année charnière pour l’écurie franco-britannique.

Nicolas Lacroix, coordinateur postproduction VFX et quatre de ses quatre-vingts collègues du studio français Digital District nous expliquent tout sur la conception des effets spéciaux, dont ils sont les spécialistes.

Et beaucoup d’autres surprises

dans le numéro 24

122 Followed Magazine


A U T O M O B I L E

C L U B

D E

M O N A C O

COLLECTION

RALLYE

MONTECARLO 87 EDITION Photo : Jo Lillini I

e

NOUVELLE COLLECTION

2019

ANNIVERSARY

46 rue Grimaldi - MONACO - laboutique@acm.mc

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