Followed #25

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Followed - art de vivre - sport et loisirs -

Les plus belles montres de Baselworld La renaissance du Pen Duick de Tabarly

DOMINIC THIEM “Ma chance, c’est Roland-Garros”

Retour aux sources en Aston Martin Vantage Les secrets de fabrication du saké japonais

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ÉDITO

Voyageons

O

n dit qu’ils forment la jeunesse. Je préfère penser qu’ils nous forment tout le temps, qu’à chaque déplacement, on apprend. Sur soi, sur les autres, sur tout ce qui fait que nous sommes ce qu’on est : sur la vie, tout simplement. La question n’est pas seulement de mélanger les cultures, cela serait trop facile. Il suffirait de discuter à la terrasse d’un café parisien avec tous ses voisins, qui sont bien souvent issus de cultures et d’origines différentes, d’Europe, d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique. Trop facile parce qu’à l’étranger, l’individu se comporte autant comme une personne individuelle, lui ou elle, que comme un ambassadeur de sa culture. Pour faire simple, votre voisin de terrasse ne sera pas tout à fait le même ici, sur cette terrasse, que chez lui, dans son milieu, à Séoul, Tunis, Munich ou São Paulo. Et pour vraiment apprendre de lui (ou d’elle), comprendre ses traditions et son identité, on n’a jamais rien fait de mieux que de lui rendre visite dans son univers familier. Bref, de voyager. C’est un peu l’esprit de Followed. Un magazine qui, pour ce numéro 25, aura été produit, dans l’ordre d’apparition, entre Milan en Italie, Brest en Bretagne, mais aussi le Japon, Paris, Montpellier et Tenerife, et encore Taïwan, Genève ou Palm Springs et Los Angeles. Autant de destinations où nous sommes allés à la rencontre de gens passionnants et passionnés. Pour comprendre ce qu’ils font, ce qui les rend si particuliers. Pour apprendre de leur culture et de leurs traditions. Pour s’en inspirer autant que pour les respecter. C’est l’esprit du voyage qu’on aime et que nous souhaitons vous faire partager. Alors voyageons. C. Boulain

Couverture : Dominic Thiem photographié par Jürgen Skarwan/Red Bull Content Pool, retouches Fld Studio

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SOMMAIRE

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62 14 ➜ C ontributeurs : découvrez quelles sont les personnalités que nous sommes allés rencontrer Événement 16 ➜ D esign Week de Milan : architecture, décoration, mais aussi mode, automobile ou vélo,

tous se donnent rendez-vous à Milan début avril pour exposer les tendances à venir. Nous y étions

(Re)naissance 24 ➜ P en Duick : après plus d’un siècle d’existence, et déjà deux restaurations, l’iconique bateau d’Éric Tabarly est repassé en chantier pour se refaire –  faire – une beauté. Avant la remise à l’eau prévue fin avril

Tendance 30 ➜ F ête des pères : des idées cadeaux pour s’amuser ou se faire beau Art de vivre 34 ➜ S aké : c’est un alcool de riz méconnu du grand public que nous vous invitons à découvrir, lors d’une immersion au Japon, son pays d’origine

Culture 42 ➜ M anu Lanvin : ce fils d’acteur a préféré la musique, qu’il pratique tatoué et passionné. Rencontre en studio Mode & objets 48 ➜ A telier Renard : dans une petite cour cachée derrière l’Assemblée nationale, à Paris, des artisans façonnent à la main des sacs et de la petite maroquinerie dans la tradition d’un atelier né dans les années 1930

54 ➜ B aselworld : sélection de huit montres vedettes de la dernière Foire de Bâle 62 ➜ K arl Lagerfeld : portrait d’un créateur de mode devenu icône mondiale du style

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SOMMAIRE Sport & Loisirs 66 ➜ D iandra Tchatchouang : rencontre avec l’un des piliers de l’équipe de France de basket féminin. À quelques semaines des championnats d’Europe qu’elle compte bien remporter

72 ➜ D ominic Thiem : le finaliste malheureux de Roland-Garros 2018 sait que la porte d’Auteuil 80

est son principal rendez-vous de l’année. Il nous a expliqué pourquoi il s’y voyait gagner ➜T aïwan : embarquez pour un road-trip autour de cette île au large de la Chine, dont l’histoire est aussi compliquée que son industrie est réputée. Une île montagneuse qui cache bien ses trésors

Mécanique 94 ➜ R etour aux sources : pour comprendre ce que sont les Aston Martin d’aujourd’hui, nous sommes partis de Genève pour relier le Nürburgring où elles sont développées, en Aston Vantage 104 ➜ L exus RC F Track Edition : essai du coupé quatre places le plus sportif de l’histoire de la marque sur la piste californienne du Thermal Club de Palm Springs 110 ➜ M ercedes C63 S AMG : avant que les hybrides et autres 100 % électriques ne deviennent notre quotidien, petite virée en Mercedes V8 biturbo dans les collines de Los Angeles

Bien-être 116 ➜ A yurvéda : explications, avec Gayatri-Linda Bengaouer, des bases de l’ayurvéda, la médecine traditionnelle indienne 118 ➜ C ontacts : retrouvez ici les coordonnées des marques citées dans nos sujets Abonnement 119-120 ➜ Recevez Followed directement chez vous, dans votre boîte aux lettres. C’est facile ! Suivez les indications

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CONTRIBUTEURS

Gayatri-Linda Bengaouer À la fois praticienne et formatrice en ayurvéda dans les Alpes, GayatriLinda nous a expliqué en quoi consiste cette médecine indienne traditionnelle. Une médecine vieille de plus de cinq mille ans qui mérite qu’on s’y intéresse.

Manu Lanvin Manu, plutôt décontracté après le lancement de son nouvel album, nous a reçu dans un studio d’enregistrement parisien. Rencontre avec un chanteurguitariste qui aime bien mélanger les genres, de Paul Personne à Calvin Russell.

Brigitte Montaut Vos envies de sacs ou de bagagerie, Brigitte les traduit par des dessins, qui sont ensuite mis en forme, en cuir, par les artisans de son atelier, au fond d’une cour derrière l’Assemblée nationale, à Paris. L’âme de l’Atelier Renard, c’est elle.

Arnaud Pennarun Ancien officier de marine, Arnaud a navigué avec Éric Tabarly, avant de reprendre la direction d’un chantier naval. Logique que ce Breton ait aujourd’hui la charge de la restauration du Pen Duick.

Diandra Tchatchouang La belle et grande Diandra évolue aujourd’hui à Montpellier. Rencontre avec l’une des cadres de l’équipe de France de basket, juste avant les championnats d’Europe qu’elle compte bien gagner.

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Dominic Thiem Le finaliste malheureux de Roland-Garros 2018 veut sa revanche. À quelques semaines de l’ouverture du tournoi parisien, le numéro 5 du tennis mondial ne cache plus ses ambitions. Un Autrichien peut-il supplanter Nadal ?



ÉVÉNEMENT

BieNveNue à la SemaiNe interNatioNale du desigN de MilaN 16 Followed Magazine


Le design est partout, pas seulement dans les meubles et la décoration. Preuve absolue, le bon vieux Salon du meuble milanais, né en 1961, est devenu depuis la Semaine internationale du design de Milan, le rendez-vous incontournable des amateurs du genre. Donc de tout le monde. Explications. Textes et photos C. Boulain

C

entro, Zona Tortona ou Brera, autant de quartiers de Milan qui, entre le 8 et le 14 avril, ont vu débarquer des touristes de tous les pays. De drôles de touristes, parfois étonnamment vêtus, souvent pressés et même presque habités tant ils semblaient à la recherche d’un trésor caché dans les ruelles et autres arrière-cours de la cité transalpine. En fait, ces drôles de touristes, dont nous faisions partie, étaient les visiteurs de la Semaine internationale du design, un événement majeur qui ne concerne plus seulement l’ameublement, mais aussi l’automobile, la mode,

le cycle ou l’architecture. Bref, tous les secteurs d’activité. Les fondateurs du Salone del mobile qui, bien que toujours d’actualité puisqu’il se déroule en même temps, fut à l’origine de la Design Week de Milan, ne devaient pas se douter de l’ampleur du mouvement. Aujourd’hui, ce sont plus de 1 300 expositions, disséminées dans plusieurs quartiers de la cité, reléguant par la force des choses le fameux Salon du meuble en périphérie de la ville, dans une halle dédiée seulement fréquentée par les acheteurs spécialisés. Du coup, il n’est nul besoin d’avoir une carte de presse ou la charge d’une chaîne de magasins de

Que cela soit dans le quartier de Tortona au sud-ouest ou dans Brera, les expositions sont nombreuses, souvent gratuites, intéressantes et ouvertes au public

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ÉVÉNEMENT meubles de luxe pour justifier de visiter Milan en avril. Il suffit d’aimer les belles choses. Quelles qu’elles soient. Et de déambuler dans les rues. Pour tout visiter, prévoyez trois jours, une boîte de Compeed pour les ampoules, quatre litres d’eau et une casquette, car il peut faire chaud en Italie à cette période. Et parce que tout se fait à pied, en errant dans les ruelles ou en accédant à l’un des deux grands centres dédiés aux expositions, nous pensons au Superstudio et à Base, à l’extrémité ouest de Tortona, placés juste en face l’un de l’autre. Dans Base, où il était demandé une petite contribution pour accéder (sauf aux journalistes, merci), on trouvait au rez-de-chaussée une multitude de sociétés, de décoration, de tapisserie ou des fabricants de meubles, tous là pour présenter les tendances à venir. Il y en avait pour tous les goûts. Mais, à l’évidence, plus aucun objet n’est aujourd’hui dessiné sans avoir à l’esprit qu’il doit être esthétique, élégant... ou en tout cas

remarquable. Bon, on sait tous que ce mot est magique, car il veut à la fois dire beau et laid, ou tout simplement « ne laissant pas indifférent ». Mais la force d’un design réussi n’est pas de faire l’unanimité ; c’est de rendre remarquable et pratique un objet utile et souvent insipide. Dans le genre, monter à l’étage en est une démonstration fabuleuse : à ce niveau, la majorité des objets sont les travaux de fin d’études d’apprentis ­designers, dont le but est à chaque fois de provoquer l’émoi... devant une machine à café (et à capsules, ce qui n’est pas simple), ou une banale étagère. Et dans la plupart des cas, ça marche, comme avec la Hollandaise et blonde Iris, dont le travail se résume à la recherche de l’imperfection dans des pièces de mobilier rectilignes, dans le décalage subtil d’un des composants. Ce qui fait, selon elle, qu’on s’accroche à quelque chose : marrant. Bon, tout ne l’est pas, comme ces vendeurs de chaises aussi colorées que racoleuses qui profitent

Le Superstudio de Tortona, où de nombreuses marques donnaient rendez-vous aux amateurs de design. À droite, un marchand de meuble dans Brera exposait (et vendait) des productions très... rouges.

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À gauche, Iris, étudiante en design hollandaise venue présenter son projet de fin d’année. À droite, la soirée organisée par le fabricant de casques de vélo MET, où le designer maison est venu expliquer son travail.

ÉtudiaNts eN desigN, fabricaNts de meubles, marques automobiles, tout le moNde vieNt à MilaN Followed Magazine 19


ÉVÉNEMENT

Dans une ambiance très scandinave, pourtant signée d’une architecte italienne, Honda montrait sa future voiture 100 % électrique. Très fluide et simple : bio, diront certains.

HoNda, Peugeot, mais aussi Lexus, Toyota, Audi, CitroëN ou Maserati étaieNt préseNts à MilaN 20 Followed Magazine


de l’événement pour exposer et harceler les passants. Mais bon, il en faut pour tous les goûts. L’automobile, ou plutôt les marques automobiles sont de plus en plus présentes à la Semaine du design de Milan. Hyundai, qui est le partenaire officiel cette année, bien sûr, mais aussi les ­habitués Lexus et Audi, rivalisant tous les deux dans des installations où la voiture n’est pas la vedette, aujourd’hui imités par les Peugeot, Citroën, Lamborghini ou Maserati. Mais il est amusant de constater que les marques habituées de l’événement n’y viennent plus pour présenter leurs produits, mais pour mettre en scène leur interprétation du design. Par exemple, chez Lexus, il n’y avait même pas de voiture sur le stand. Le concurrent et compatriote Honda avait coupé la poire en deux, avec le prototype dévoilé au dernier Salon de Genève de ce qui sera dès la fin d’année sa voiture électrique pour

l’Europe. Dans une installation signée de la société Danord, d’une architecte italienne dont on pourrait croire qu’elle a vécu en Norvège tant son inspiration rappelle la Scandinavie avec ses bois bruts et ses formes organiques, presque biologiques, la marque nippone avait amené les deux stylistes ayant signé l’intérieur et l’extérieur de cette étonnante citadine pour expliquer la démarche stylistique autour d’un prototype très proche de ce que sera le modèle de série. Le tout niché dans un studio accessible par une petite cour intérieure, sur Tortona : exquis. Enfin, qui dit événement dit soirées festives. Aussi de nombreuses marques organisaient des soirées dans Milan, comme le fabriquant italien de casques de vélo MET, qui avait privatisé un atelier d’artiste pour y convier quelques invités à discuter... avec son designer vedette, Filippo Perini. C’était la fête du design, tout de même.

En plus de Honda, Peugeot, avec ses lions et lionceaux, exposait à Milan, mais aussi d’autres constructeurs pour qui le design reste un moyen de se démarquer.

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ÉVÉNEMENT Ces beaux vélos sont dotés d’assistance électrique. Vendus à partir de 12 000 €. À droite, un fabricant artisanal de papiers peints. On va dire un peintre. Et en bas, de drôles de sofas.

UNe fête du desigN daNs les rues de la ville 22 Followed Magazine



(RE)NAISSANCE

Pen Duick repart à l’eau

Depuis quelques années, l’iconique voilier d’Éric Tabarly ne pouvait plus naviguer, usé par le temps, l’iode et le vent. Mais son histoire, commencée en 1898 en Irlande, ne pouvait pas s’arrêter là. Il est entré en restauration sous la direction d’Arnaud Pennarun pour retrouver une nouvelle jeunesse, puis la mer en avril. Followed ne pouvait rater ça. Textes F. Montfort, photos J. Limbes

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(RE)NAISSANCE

L’

histoire de Pen Duick, ce n’est pas celle d’un bateau, mais celle d’un ami de la famille. Quand Éric Tabarly en devient propriétaire en 1952, après avoir tout fait pour que son père n’arrive pas à le vendre, décourageant les rares aventuriers prêts à le sortir de son bourbier au grand désespoir du paternel, celui qui sera des années plus tard un modèle pour les marins du monde entier arrive en quatorzième position dans la liste des propriétaires de ce Fife. Il faut dire que Yum, de son premier nom, est sorti des chantiers navals irlandais Gridiron and ­Workers en 1898. Dessiné par le génial ­William Fife Junior, troisième du nom dans la si renommée lignée d’architectes marins, ce cotre avait déjà cette ligne sublime. Mais il n’avait pas la voilure qu’on lui connaît, redessinée et augmentée par Éric pour lui donner davantage de puissance et d’allure. Mais revenons à notre histoire. Le petit Tabarly avait appris à naviguer sur Pen Duick, que son père avait acheté en 1938. Le cotre avait déjà 40 ans. Mais quelques mois plus tard, la guerre menaçant, Éric l’emmena dans la vasière de Bénodet pour l’y mettre à l’abri. Période durant laquelle il faillit disparaître, les Allemands, en manque de plomb, sacrifiant tous les voiliers dont la quille en contenait. Un mensonge aidant, transformant le temps d’une discussion le plomb en fonte, et Pen Duick fut épargné. Mais pas des aléas du temps. Abandonné trop longtemps dans sa boue, le bateau familial s’était abîmé. Si bien qu’au lieu de se lancer dans de coûteux travaux de restauration, le père d’Éric envisagea de s’en séparer en 1952. C’était sans compter sur l’entêtement de son Breton de fils qui avoua des années plus tard s’être amouraché de son cotre à l’âge de 7 ans, quand il le vit pour la première fois. Ça ne s’oublie pas. Et, surtout, ça crée des liens. Bref, Éric se retrouve avec un « plan Fife » en piteux état, sans moyens pour lui rendre son lustre. Il s’engage dans la Marine nationale, puis devient pilote d’avion et choisit toujours les affectations les plus lointaines... et les plus risquées. Celles qui paient le mieux. Il économise et revient un jour avec l’idée tenace de restaurer son bateau. Mais le temps a œuvré, même la coque est touchée. Tout le monde lui dit qu’il serait moins coûteux de racheter un bateau que de rafistoler le sien. Il est têtu. On commence à voir de petits voiliers avec des coques en polyester, plus légères et rigides

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Avant d’imaginer restaurer Pen Duick, il a fallu à Arnaud Pennarun et ses artisans scanner et analyser tout le bateau pour comprendre ce qui n’allait pas. Les surprises étaient de taille...


Sous cette bâche, Pen Duick sans une poussière grâce à des aspirateurs qui assurent une atmosphère saine. La coque est refaite, renforcée de fibre de verre, il ne manque que la peinture.

que celles en bois. Quelle bonne idée, se dit-il. C’est la solution, remplaçons la coque bois du Pen Duick par une en fibre, moulée par-dessus. Éric va y passer toutes ses permissions pendant trois ans. Il dépose le mât, le lest de la quille et le pont, mais conserve les barrots. Puis il coule son bateau... pour le retourner. Ainsi, en 1958, il peut mouler sur la coque en bois d’origine, complètement pourrie, une nouvelle enveloppe de polyester, faisant de Pen Duick le plus grand voilier en plastique de l’époque. Une fois retourné, le cotre est débarrassé de sa coque en bois, ou ce qu’il en restait, réarmé et prêt à naviguer : quelle aventure ! Nous sommes en 1959 et cela fait douze ans que l’ami de la famille n’a plus flotté. Les Tabarly, Éric, sa femme Jacqueline et leur fille Marie, vont faire le tour du monde sur Pen Duick. Il y en aura d’autres, nommés 2, 3, 4, 5 et 6, mais le premier restera unique. En 1989, il subit une seconde rénovation, cosmétique cette fois. Puis, pour fêter les 100 ans du cotre à petite tête noire (traduction de Pen Duick), Jacqueline a l’idée d’organiser une grande manifestation, à Bénodet, où d’autres Fife signés du génie seront aussi de la partie. Avec, pour final, une remontée vers l’Écosse en traversant la mer d’Irlande. C’est lors de cette traversée qu’Éric tomba à l’eau. Faute d’une motorisation suffisamment puissante, donc flanquée d’une

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(RE)NAISSANCE

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L’idée est de refaire le Pen Duick de 1958, celui qu’Éric Tabarly avait reconstruit, pas le Fife original en bois de 1898.

’’

Arnaud Pennarun, navigateur passionné

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trop petite hélice, Pen Duick est trop lent à faire demi-tour pour secourir son marin. Éric Tabarly disparaît le 13 juin 1998, à l’âge de 66 ans. Sa femme Jacqueline et sa fille Marie héritent alors des bateaux, dont Pen Duick évidemment. Elles se demandent ce qu’elles doivent en faire, les remiser dans des musées, les faire naviguer. À aucun moment il n’est question de les vendre. Surtout pas le premier. Finalement, Pen Duick va naviguer. De 1999 à 2002, il fait des saisons de navigation, de la formation et des régates. Arnaud Pennarun, qui avait commencé à naviguer avec Éric en 1992, fait partie de l’équipage. En 2003, ils ont l’idée, avec Jacqueline, de créer l’Association Éric Tabarly, de la doter d’un site avec des pontons pour accueillir les Pen Duick, dans la Cité de la voile, à Lorient. La Banque populaire finance l’association. Tout tourne rond. Mais le « vieil homme » a dépassé le siècle, et la maladie le ronge lentement. « On a vraiment découvert les problèmes de structure en 2014, explique Arnaud Pennarun. Des problèmes profonds qui ne relèvent plus du seul entretien dont l’association a la charge. » Jacqueline possède le bateau, mais en avait confié la jouissance et l’entretien à l’Association Éric Tabarly. Sauf que les travaux à engager sont si lourds que l’association lui rend Pen Duick en 2015. Une fois de plus, dix-sept ans après, la famille se demande ce qu’il faut faire. Si Pen Duick continue de naviguer, il perpétue une certaine idée de la voile et sert à former les chefs de bord. Sinon... « C’est en changeant une pièce du bateau que je me suis rendu compte du vrai problème. Nous croyions la coque foutue. Pas seulement. Ce n’était pas la peau ou les muscles qui étaient malades, mais la colonne vertébrale, explique Arnaud. On a démonté l’intérieur de Pen Duick pour constater que la charpente était fracturée au niveau du mât. Comme si des sangles l’avaient compressé lors d’un déchargement. Nous avons alors décidé, avec le cabinet d’études de Michel Desjoyaux, de refaire une saison en mesurant tous les paramètres du bateau, pour voir l’étendue des dégâts. Au début des régates, nous avions dix-sept membrures cassées. À la fin, elles étaient quarante-sept : c’était exponentiel. Et dès que l’on renforçait devant, ça cassait derrière. Un cauchemar. Il fallait tout refaire... » Deux visions s’opposent : celle de Jacqueline, qui veut refaire Pen Duick comme Éric l’avait fait, comme le plus grand voilier

hybride (bois et polyester) de sa génération, ou celle de l’association, avançant que si Éric avait eu les fonds en 1958, il en aurait fait un Fife entièrement en fibre. « Comme Jacqueline, je souhaitais qu’on restaure le bateau, qu’on redonne vie à Pen Duick, mélange de charpente bois et de coque en fibre », dit Arnaud. En 2015 et 2016, le bateau va naviguer dans un seul but, comprendre ou ça casse pour évaluer les travaux à engager. La coque moulée par Éric s’est dissoute, elle ne tient plus rien. Les membrures cassent une à une. Et le mât est de travers... comme tout le cotre d’ailleurs. En 2017, Pen Duick est arrêté et doit rentrer en chantier. « La décision avait été prise de refaire le Pen Duick de 1958. Jacqueline avait fait classer le bateau aux Monuments historiques, ce concept de voilier hybride, bois et fibre, en fait le Pen Duick d’Éric Tabarly. Cela a permis d’avoir un financement réparti à 40 % pour l’État, la région Bretagne pour 10 % et le département du Morbihan pour 20 %. Les 30 % restant sont à la charge du propriétaire. Jacqueline, du coup, a donné le bateau à une association, qui a, elle, organisé un financement participatif pour couvrir ces 30 %. Et nous voilà aujourd’hui. » Depuis 2004, Arnaud Pennarun entretient les Pen Duick. Au début en parallèle de sa carrière dans la Marine nationale, puis après à temps plein, dirigeant un chantier naval dédié. Pour cette restauration, il a mis en place trois chantiers, tous spécialisés dans certains travaux, comme le bois, le composite ou la peinture. « Personne n’a compté ses heures. Chacun de nous est impliqué dans cette renaissance : c’est pour Pen Duick. On avait tout démonté, les habillages de 1989, pour refaire la coque, par infusion, une technique très particulière. Là, on est dans les temps, nous devrions finir pour début avril. Au total, le chantier aura coûté 650 000 euros. On a bien respecté l’histoire, juste mis un moteur plus puissant mais pas plus gros, pour avoir une hélice plus grande. On a même conservé la transmission hydraulique, pourtant énergivore. Même l’emplacement du mât, que la logique aurait voulu qu’on déplace, les voiles d’Éric étant plus grandes que d’origine. Mais on veut retrouver le toucher de barre si particulier de Pen Duick. Donc on est restés fidèles au plan Fife modifié par Tabarly. Pour assurer la rigidité, on a juste ajouté un peu de poids. Mais je suis sûr que ça ne se sentira pas. » Verdict fin avril.


Arnaud inspecte la coque récemment repeinte, avant que les menuisiers ne remettent en place les habillages en bois. Soit ceux d’origine quand ils étaient encore en bon état, soit de nouveaux, copies conformes.

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TENDANCE

C’

FÊTE DES PÈRES

est le moment que les pères préfèrent, quand toute la maison se creuse les méninges pour trouver le cadeau ultime, celui qui fera plaisir. Alors, pour être sûr qu’ils aient bon, le mieux est de les guider en leur suggérant quelques idées. En voici six, pour le bonheur des papas de tout âge.

LINKS OF LONDON VENTURE BLACK LEATHER DOUBLE WRAP BRACELET Née en 1990, la marque Links of London a été rachetée en 2006 par le groupe Folli Follie, pour devenir une marque mondialement connue, de bijoux et de bracelets, pour la femme comme pour l’homme. C’est ce dernier qui est ciblé avec ce double bracelet en cuir noir tressé, doté d’un fermoir par pression en alliage juste siglé. Élégant et facile à porter (et à retirer, c’est important), ce bracelet peut être associé à un second, en corde ou métallique, ou bien se suffire à lui-même. Il est vendu 190 €. linksoflondon.com

MASTER & DYNAMIC MW07 La société new-yorkaise Master & Dynamic présente ces nouveaux écouteurs intra-auriculaires MW07 Bluetooth. Proposés en quatre couleurs, écaille de tortue comme ici, mais aussi noir mat, gris ou bleu acier, ils sont livrés avec leur étui de chargement métallique et brillant. Notons qu’une pochette de transport en tissu l’accompagne pour éviter de le rayer au fond d’un sac. Trois diodes tricolores, verte, orange ou rouge, indiquent l’état de charge de l’étui... et des écouteurs ; ceux-ci se déconnectent et coupent la musique dès qu’on en enlève un d’une oreille, oreille dans laquelle ils s’adaptent parfaitement grâce à plusieurs formes de coussins. Et, ce qui ne gâte rien, le son est excellent. Prix de vente : 299 €. masterdynamic.com

Testé

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MONTBLANC JAMES DEAN GREAT CHARACTERS COLLECTION

Montblanc rend hommage à l’un des plus emblématiques acteurs de Hollywood, James Dean, en lui dédiant toute une collection d’accessoires d’écriture. Elle comprend bien évidemment des stylos, à bille ou à plume, tous gravés sur le capuchon de la plus célèbre de ses citations : « Dream as if you’ll live forever. Live as if you’ll die today. » Il existe aussi un encrier et un superbe carnet de notes fabriqué en Italie et relié en cuir Saffiano rouge. Les prix vont de 75 € pour le carnet à 900 € pour le stylo plume.

SCATOLA DEL TEMPO ONE PIECE OVERSIZE BLACK Il n’est pas concevable de partir en voyage avec une seule montre. Mais la plupart des étuis de voyage sont moches et, surtout, prévus le plus souvent pour une montre taille standard. La question se pose alors : mais que fait-on si l’une des deux montres sélectionnées pour voyager est un chrono de 45 mm de diamètre ? Pas de problème avec cette « boîte » de transport en cuir noir de chez Scatola del tempo, une société italienne spécialisée dans l’entreposage des gardetemps, statique ou à remontage automatique. On trouve de tout, à tous les prix. Mais pour une fête des pères... restons sages avec cet étui vendu 400 €. scatoladeltempo.com

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TENDANCE

CHANEL BLEU DE CHANEL Si vous aimez le parfum Bleu de Chanel, vous allez aimer ces deux produits pour le visage. À gauche, dans les cordes, la crème de rasage, translucide donc, facile à raser, à n’utiliser que si vous aimez avoir une peau nette et parfumée. Hipsters, passez votre chemin. À droite du ring, le soin hydratant pour la peau... même des barbus. Parce que tous les pères ne sont pas accros au rasoir, sans pour autant aimer le look bûcheron négligé. Sous forme de gel, ce soin s’applique sans peine et ne laisse aucun résidu dans les poils de barbe. La seule chose qu’il laisse sur votre visage, c’est une sensation de fraîcheur et une délicate odeur. Prix de vente : 52 et 48 €.

Testé

PANASONIC I-SHAPER ER-GY60 Que vous soyez un amateur de barbe très courte, bien taillée, ou de buisson plus fourni, genre hipster mal réveillé, cette tondeuse sera votre meilleure amie. En plus de bénéficier d’une forme en « i » bien plus facile à tenir et à utiliser, cette tondeuse Panasonic a le bon goût d’être étanche et de proposer environ cinquante minutes d’autonomie après une heure de charge. Sans peigne, elle peut descendre sa hauteur de coupe à 0,1 mm pour les plus soigneux. Avec, elle taillera les plus belles barbes, proposant même un peigne large destiné à relever les poils couchés sur la peau. Notez qu’elle est destinée à la fois aux barbes... et au corps. Ça peut toujours servir. Prix de vente public conseillé : 89 €.

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SAC DE VOYAGE CONCORDE / SANDALES IWATE


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SAKÉ UN VIN DE RIZ À DÉCOUVRIR Mal connu, le saké est, dans l’esprit de beaucoup, ce petit verre d’alcool tiédasse que l’on vous offrait avec l’addition dans les mauvais restaurants asiatiques. Une image à oublier, car le saké mérite que l’on prenne le temps de le découvrir. Textes et photos J. Chassaing-Cuvillier

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i, en japonais, le mot saké est un terme générique qui englobe la plupart des boissons alcoolisées, pris dans sa stricte acception, il désigne une boisson à base de riz fermenté : le nihonshu ou seishu. Le saké est obtenu à partir de riz fermenté dans de l’eau de source et ensemencé par le koji, un champignon dont le rôle est de transformer l’amidon en glucose, qui sera ensuite transformé en alcool. Avant tout, il convient de savoir que la qualité d’un saké se détermine par le niveau de polissage des grains de riz ainsi que par l’addition ou non d’alcool. Sont usuellement employés des alcools distillés de qualité moyenne dont le seul rôle est d’augmenter artificiellement le titrage. L’opération de polissage réside dans l’élimination des couches extérieures du grain de riz qui sont chargées en protéines, vitamines et graisses. Le taux de polissage indique la masse du grain poli par rapport à sa masse originale. Pour faire simple, c’est ce qu’il reste après l’opération. Un grain de riz alimentaire est généralement poli à 90 %. Mais ici, plus ce taux est bas, plus la qualité du saké sera potentiellement élevée car obtenue avec des grains de riz débarrassés de toutes les impuretés. Ainsi, les amateurs vous

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le diront, plus le riz est poli, plus le saké sera délicat et élégant. Avec un polissage allant de 70 à 23 %, trois familles de saké ont été créées. Le Junmai, ou Honjozo, qui est produit à partir de grains polis dont il subsiste encore 70 à 60 % de la masse d’origine. Le Junmai Gingo, ou Ginjo, fait d’un riz dont il ne reste que 60 à 50 %, et enfin le Dai-ginjo, ou Junami Dai-ginjo, qui ne doit pas dépasser les 50 % de sa masse d’origine. Le Dai-ginjo est considéré comme le plus raffiné des sakés, parfois réalisé à partir de grains dont le taux de polissage atteint 23 %. Très fin et très élégant, on pourra cependant lui reprocher son manque de caractère. Les Ginjo ne représentent que 8 à 10 % de la production annuelle du Japon. Mais revenons à la fabrication du saké en elle-même. Avant de faire fermenter les grains dans de l’eau de source, on doit saccharifier une partie du riz pour obtenir du koji : on cuit une partie du riz à la vapeur après l’avoir préalablement lavé et on l’ensemence avant de le laisser reposer 40 à 45 heures dans une salle à température et hygrométrie constantes. On récupère alors le fameux koji, qui va entrer dans la composition du saké pour environ 15 %. Ensuite seulement va démarrer la fermentation alcoolique, qui peut durer jusqu’à un mois pour obtenir un vin de riz non distillé qui titre

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À droite, une salle de fermentation du riz. Ci-dessus, trois niveaux de polissage de riz. À droite, un riz non poli, au centre poli à 60 % et à gauche à 35 %, débarrassé de 65 % de son enveloppe.


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LE SAKÉ EST UN VIN DE RIZ FERMENTÉ NON DISTILLÉ DONT LE TAUX D’ALCOOL VARIE DE 12 À 17°. IL SE SERT COMME UN VIN DE RAISIN

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entre 12° et 17° et ne doit pas être confondu avec un alcool de riz issu de la distillation. Les différentes sortes de sakés sont également cataloguées en fonction de leur filtrage ou de leur pasteurisation. Il existe cinq grandes appellations contrôlées : Jumai-shu, pur riz et sans alcool ajouté ; Honjozo-shu, avec ajout d’alcool distillé avant le filtrage ; Gonjo-sho, polissage à 60 %, fermentation lente à basse température ; Daiginjo-shu, polissage de 50 à 25 %, brassage artisanal avec ajout d’alcool ; le Junmai-daiginjo-shu est un Daiginjo mais sans aucune addition d’alcool. Cette dernière catégorie trône au sommet des productions de saké. Il faut savoir également que lors d’un séjour au Japon, il sera pratiquement impossible de retrouver deux fois le même saké dès lors que l’on se déplace. En effet, ces productions, souvent artisanales, utilisent des riz produits localement qui, à l’instar d’un raisin issu d’un climat bourguignon, possèdent leurs propres spécificités. La qualité de l’eau utilisée lors de la préparation influe également sur le produit final. Comme un vin, le saké se boit frais, entre 8° et 12° et, comme le vin, une bouteille ouverte doit être consommée rapidement. Si, par habitude, on peut être tenté de le boire lors d’un repas japonais, sushi ou kaiseki, rien n’interdit d’accompagner des huîtres ou des coquilles saint-jacques d’un bon saké. Parmi les meilleurs producteurs de saké on retiendra la maison Sudo Honke. Dirigée par la même famille depuis 1141, cette entreprise dispose d’une gamme de douze sakés véritablement remarquables. Notamment le Sato no Homare « Kurogin » non pasteurisé. Pour une approche plus raisonnable, on pourra débuter avec un Junmai Genshu Kawasemi de chez Koshino-Hana. N’oublions pas la petite maison familiale Sohomare, qui produit chaque année de très beaux millésimes. Pour appréhender les différentes variétés de saké, le magasin Issé est l’idéal. En effet, cette boutique, qui importe les meilleurs sakés, organise régulièrement des dégustations et, surtout, fait goûter plusieurs sakés avant un achat. Toshiro Kuroda, le propriétaire, vous emmène avec passion dans une quête de nouveautés. Des sakés secs ou au contraire très fruités, voire légèrement pétillants, la complexité est grande face à un produit qui pour la plupart est

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une découverte. En fonction de sa provenance, le saké affichera des nuances variées. N’oublions pas la Maison du Whisky qui dispose également d’une belle variété de sakés. Workshop Issé : 11, rue Saint Augustin, 75002 Paris, 01 42 96 26 74 LMDW Fine Spirits : 6, carrefour de l’Odéon, 75006 Paris, 01 46 34 70 20 À lire l’excellent ouvrage magnifiquement illustré de Toshiro Kuroda, L’Art du Saké, aux Éditions de La Martinière. Aujourd’hui disparu, Toshira Kuroda a participé à l’éclosion du saké en France et initié de nombreux amateurs au cours de samedis après-midi consacrés à des dégustations mémorables.

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LA QUALITÉ D’UN SAKÉ EST AVANT TOUT DÉTERMINÉE PAR CELLE DES GRAINS DE RIZ DONT IL DÉRIVE, ET LEUR TAUX DE POLISSAGE. PLUS LE RIZ EST POLI, PLUS ON EN A ENLEVÉ LES COUCHES EXTÉRIEURES POUR NE CONSERVER QUE LE CŒUR. ET PLUS LE SAKÉ DEVIENT RAFFINÉ ET ÉLÉGANT

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CULTURE

Son âme au diable

Le diable, Manu Lanvin l’a dans la peau. Il se l’est même fait tatouer dans le dos. Mais sous ses airs de rockeur, c’est avant tout un mélangeur de genres. Rencontre avec un guitariste pas comme les autres.

Textes A. Bloch, photos A. Bloch et T. Pienko

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CULTURE

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a Harley l’attend sagement devant le studio, au pied de la butte Montmartre et à deux pas de la place Pigalle. Manu est un enfant du quartier, en plus d’être un enfant de la balle. De Gérard, son acteur de père, il a repris le pseudonyme involontaire, conséquence d’une malheureuse coquille sur une affiche de film. Et en accompagnant sa mère, la chanteuse disco Jennifer, interprète d’un tube des années 1970, il a usé ses fonds de culotte sur un vieux canapé des mythiques studios d’enregistrement Pathé-Marconi, à Boulogne-Billancourt. Amis de ses parents, tous les musicos du moment passent alors dans le salon familial, à commencer par Paul Personne ou Corine Marienneau, bassiste de Téléphone. Un groupe qu’il a pas mal suivi tout môme : « J’étais monté sur scène avant un de leurs concerts au Zénith, pour prendre la basse de Corine, c’est comme ça que j’ai eu une première sensation du son. J’ai vu Richard Kolinka casser sa batterie, une bande de jeunes potes prendre du plaisir et en donner aux autres, j’ai trouvé ça génial. » Plus tard, il s’est mis au piano, puis aux percussions, au grand dam de ses parents : « La batterie leur cassait vraiment la tête, alors mon père m’a fait comprendre que la guitare c’était bien aussi, parce que c’était l’instrument du voyageur, qu’on pouvait l’emporter partout avec soi. » Heureux hasard, Gérard a justement dans un coin une des guitares du film Marche à l’ombre (1984), de et avec Michel Blanc. Dès lors, Manu n’a pas fait les choses à moitié : « J’ai morflé pendant un an sur cette guitare. Je dormais avec des bouchons de liège entre les doigts pour les écarter, et je me réveillais souvent au milieu de la nuit en hurlant de douleur. » Très vite, il monte un premier groupe, du nom de Caïman, obligeant au passage tous ses potes à se mettre à un instrument pour pouvoir jouer ensemble : « J’ai revu une vidéo de quand j’avais 13 ans, j’étais déjà à fond, à me la raconter en mode rock-star. On jouait comme des brêles, j’avais une voix de castrat (enfin, de mauvais castrat), mais il y avait tellement d’envie ! » Dans le grenier d’un producteur, il exhume des cartons de vieilles chansons d’Antoine (« Va te faire couper les cheveux ») jamais enregistrées, qu’il recycle et met en musique pour son groupe : « Les textes étaient vachement bien structurés, ils étaient déjà musicaux eux-mêmes, c’était assez simple de trouver des trucs dessus. Les auteurs d’aujourd’hui sont beaucoup moins précis qu’à l’époque, je trouve. » À l’époque, ses parents écoutent beaucoup de rock, de funk, de soul... mais lui est presque exclusivement en boucle sur Hendrix. Puis il découvre progressivement des voix éraillées et puissantes, comme celles d’Otis Redding, Joe Cocker ou Tom Waits. Il comprend alors qu’avoir une voix cassée (comme la sienne aujourd’hui) demande « d’avoir connu pas mal d’échecs et de brisures dans la vie ». Sans doute un peu de bourbon aussi, mais c’est une autre histoire. Des échecs, il en connaît justement quelques-uns, et après une poignée d’albums solo, le doute l’assaille : « J’ai vécu une période vraiment sombre, ma maison de disques m’a rendu mon contrat, même mes parents n’y croyaient plus, c’était vraiment douloureux. »

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LA BATTERIE CASSAIT VRAIMENT LA TÊTE DE MES PARENTS, ALORS MON PÈRE M’A FAIT COMPRENDRE QUE LA GUITARE C’ÉTAIT BIEN AUSSI, PARCE QUE C’ÉTAIT L’INSTRUMENT DU VOYAGEUR, QU’ON POUVAIT L’EMPORTER PARTOUT AVEC SOI


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CULTURE

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Par l’entremise de Paul Personne, il croise alors dans les coulisses de la Cigale le géant texan Calvin Russell, un peu au bout du rouleau lui aussi. Ils deviennent potes : « Au départ, il ne s’agissait pas du tout de monter une collaboration musicale, mais à chaque fois qu’il venait en France, il se posait sur ce fauteuil, on ouvrait quelques bières et on écoutait de la musique jusqu’au petit matin. » Puis naît l’idée d’enregistrer un album à Montmartre, avec Manu à la production : «  Quelques jours avant l’enregistrement, sa femme m’appelle en panique, et me dit que Calvin est en pleine panne d’inspiration, notamment à cause des médicaments qu’il prend, et qui ne le mettaient pas vraiment dans les meilleures dispositions pour avoir l’esprit clair. » Au lieu de baisser les bras, Manu passe la vitre qui sépare la régie du plateau de son studio, et enregistre quelques bouts de morceaux, inspirés des accords et harmonies de Russell. Lequel adore, tapisse en quelques jours de textes les murs de son bureau, et propose donc à Manu de composer l’album en plus de le produire : « Ça a donné un truc très moderne, un peu à la Black Keys. La presse musicale a retourné sa veste et encensé l’album, allant même jusqu’à écrire que personne d’autre que moi n’aurait pu le faire, ce genre de choses... » Peu après l’enregistrement de l’album (Dawg Eat Dawg), entre Paris et Marrakech, Calvin a inexorablement « glissé », puis s’est éteint, non sans avoir préalablement adoubé Manu : « Il aimait beaucoup ma manière de mélanger instinctivement des styles que les Américains ne s’autorisent jamais à associer, comme du Chicago blues avec des musiques de La Nouvelle-Orléans, du Mississippi, du Texas... » Dans la foulée, il monte son groupe actuel, The Devil Blues : un clin d’œil à une chanson de Robert Johnson, fameux guitariste de blues américain des années 1930, censé devoir son extrême talent à un pacte avec le diable... et qui a également inauguré le Club des 27, qu’ont ensuite rejoint Morrison ou Cobain. C’est un « power trio », associant guitare, basse et batterie (comme les groupes d’Hendrix ou de Jeff Beck, et bien d’autres) : « En revanche, on s’amuse à trouver des astuces pour élargir le son et occuper le spectre, notamment par le réglage de nos amplis, on ne sonne donc pas comme un trio. » Sur les albums précédents, Manu enregistrait systématiquement seul avec le batteur,

avant d’ajouter la basse dans un second temps : « Je ne veux pas que guitare et basse influent l’une sur l’autre, ni que le bassiste vienne empiéter sur le côté un peu “bavard” que j’ai parfois à la guitare. » Un enregistrement en deux temps qui n’a pas été possible sur ce dernier album (Grand Casino), en raison du nombre d’invités. Sa genèse est amusante car, originellement, Manu et ses potes voulaient juste essayer un nouveau studio, dans le domaine du casino de Forges-les-Eaux, à l’invitation d’Harry, qui se trouve être le patron du groupe Partouche : « C’est un musicien frustré, qui a passé un diplôme d’électrotechnicien sans le dire à son père, parce qu’il adore les circuits imprimés, les soudures... Il a monté ce studio hallucinant, où il entretient lui-même son matos et bidouille des préamplis de dingue. » Dans le studio, Manu a d’ailleurs retrouvé une partie du matos qu’il côtoyait gamin dans les studios Pathé-Marconi : après être tombé un temps dans l’escarcelle de la major EMI, il a finalement été racheté par Harry ! Ne sachant pas trop quoi enregistrer, Manu et les Devil Blues ont d’abord joué les reprises qu’ils interprétaient régulièrement sur scène. Partis pour traîner trois jours dans les parages, ils y restent finalement dix de plus, et ajoutent en cours de route des œuvres originales, avant de lancer quelques invitations : outre Paul Personne, on trouve sur cet album B. J. Scott, une guitariste et chanteuse native de l’Alabama, mais aussi Taj Mahal, Américain mais montmartrois d’adoption, ou encore le colosse new-yorkais Popa Chubby. Cet album, Manu le voulait « ensoleillé et ludique », sans pour autant renier son côté obscur, indispensable dans le rock’n’roll comme dans le blues, deux styles qu’il mélange allègrement : « Je pense qu’il faut côtoyer son diable intérieur, ne serait-ce que pour le canaliser. Ceux qui le rejettent, à commencer par les extrémistes religieux, accrochés à leur dérisoire bouchon de liège dérivant dans un océan de rien, peuvent devenir barges en deux temps trois mouvements. Oui, j’ai le diable en moi, on l’a tous ! » Manu assume tellement le sien qu’il se l’est fait tatouer, dans le dos : « Ma mère était très triste quand j’ai fait ça, l’idée lui était même totalement insupportable. J’ai fait passer la pilule en lui disant qu’il était dans mon dos, donc derrière moi. » Derrière lui peut-être, mais indiscutablement toujours dans sa musique...

J’AI VU UNE BANDE DE JEUNES POTES PRENDRE DU PLAISIR ET EN DONNER AUX AUTRES, J’AI TROUVÉ ÇA GÉNIAL Followed Magazine 47


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L’INTELLIGENCE DE LA MAIN Au fond d’une cour, derrière l’Assemblée nationale à Paris, des artisans créent des sacs en cuir exclusifs, tous uniques. Visite d’un atelier pas comme les autres où savoir-faire, élégance et créativité vont très bien ensemble. Textes D. St-Aubin, photos J. Limbes

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ean-Pierre, ça ne m’allait pas bien, alors je l’ai remplacé par Atelier. Ce n’était finalement pas très compliqué. » En 1999, quand Brigitte Montaut reprend l’atelier J.-P. Renard, société de sellerie-maroquinerie née Joseph Renard à la fin des années 1930 avant que le fils ne la reprenne, elle veut changer de vie. « Après les Beaux-Arts et les Arts Déco, j’ai travaillé dans la communication puis dans la décoration, d’hôtels par exemple. Mais je voulais faire autre chose. Je suis passionnée par les chantiers, par le bâtiment. Avec un vrai besoin de fabriquer quelque chose de concret. J’ai un temps pensé reprendre une affaire de staff, de plâtre, et finalement je suis tombée par hasard sur l’atelier. C’est d’abord le lieu qui m’a plu, cette cour juste derrière l’Assemblée, et l’atelier vitré. Puis le savoir-faire et la philosophie. Nous les avons conservés, juste adaptés à des goûts plus modernes. » Dans l’atelier, quatre artisans, tous selliers-maroquiniers, s’affairent à donner vie, qui à un sac, qui à une ceinture, à un portefeuille ou encore à un objet, parfois complètement farfelu, répondant à la demande d’un seul client, délivrant du vrai sur-mesure comme on n’en fait – presque – plus. Cela va du porte-cure-dents, en or il est vrai, à la pochette d’une longue-vue du siècle précédent, évidemment en cuir. « Nous faisons aussi parfois des sacs complètement sur mesure, même si la majorité des demandes sont sur des modèles du catalogue, juste personnalisés. » L’Atelier Renard possède deux caractéristiques propres... et rares. C’est un atelier de selliers-maroquiniers, qu’il ne faut pas confondre avec de simples maroquiniers, où tout est fait à la main, par le même artisan du début à la fin. « Parce que tous les modèles que nous faisons sont entièrement réalisés à la main, il n’en existe pas deux identiques. D’autant que sur un même sac, on peut choisir l’origine des peaux, du taurillon, du

Chaque article est marqué, dans la matière elle-même. Quand vous voulez faire un cadeau, vous donnez ces cartes à l’heureux élu, qui n’a plus qu’à choisir matières et couleurs.

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Le propre d’un sellier-maroquinier concerne principalement les méthodes de finitions. Ici, on refend le cuir (pour enlever de l’épaisseur), on le taille selon un patron, puis on va le parer (à droite) à la main, coller les différentes épaisseurs entre elles puis tout coudre, encore à la main. Après l’avoir griffé (ci-dessus), en réalisant des trous de même taille, parfaitement alignés et espacés. Encore à la main, évidemment.

veau, ou même du croco, mais aussi la couleur et l’aspect. Avec des combinaisons multiples, pour l’extérieur comme pour l’intérieur, tous nos produits étant doublés, bien évidemment. » Cela en fait, des possibilités. Et si jamais le client souhaite un veau élégant pour l’extérieur et un agneau bien souple en doublure, et que cela risque de ne pas satisfaire à la rigidité du sac, l’artisan en charge peut jouer sur les épaisseurs, sur la façon de coller la doublure (sur le tour ou partout)... et même parfois ajouter une fine épaisseur de cuir entre les deux peaux choisies pour renforcer l’ensemble. Tout simplement parce que sont des selliers, avec un savoir-faire particulier. Quand un maroquinier doit finir une pièce, il remborde la peau, repliant le cuir extérieur vers l’intérieur avant de le coudre à la machine. Le sellier, lui, va amener les différentes épaisseurs de cuir bord à bord, après les avoir refendues (comprenez en avoir adapté l’épaisseur, qui peut avoir été divisée par deux) et même parées (opération qui consiste, avec un couteau et à la main, à enlever de la matière sur le bord jusqu’à n’obtenir que l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette). Il va les

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coller, les griffer, soit – toujours à la main – percer les trous dans lesquels son aiguille va passer un fil de coton avant de réaliser un point d’arrêt. Enfin, pour avoir une finition impeccable, il va couper le bord, chauffer la tranche avec un fer, faisant au passage une ligne élégante, puis le cirer et l’astiquer. Le résultat n’a rien à voir avec un rembordage classique. « C’est vraiment un savoirfaire fabuleux, qui me donne de la liberté dans le dessin de nos produits. On peut créer toutes les formes, toutes les finitions. » Si Brigitte préfère ne pas parler de volume de ventes, elle accepte aujourd’hui de parler de prix. Pour un sac de voyage, il faut compter de 2 500 à 4 000 € en fonction du modèle et des peaux choisies, avec l’assurance que personne d’autre n’aura le même. Ce peut être un peu plus cher pour du vrai sur-mesure, si vous cherchez par exemple un sac pour le casque que vous emportez sur les courses d’historiques. « Quand un, ou une cliente, vient pour une commande, il arrive que je l’emmène choisir les peaux directement chez mon fournisseur. Vous savez, c’est vraiment une démarche particulière de choisir le cuir d’un sac. Il y a la couleur, mais aussi le toucher... » Et pour ceux qui veulent offrir un sac, ou un portefeuille, Brigitte propose des cartes personnalisées sur lesquelles figure le modèle choisi par l’acheteur et des échantillons de vrais cuirs, que pourra toucher et sentir le destinataire du cadeau. Une fois décidé, il attendra, comme les autres, de deux à trois mois. Mais ça en vaudra la peine.

Le Mistral, un sac de voyage proposé en deux tailles, 38 et 49 cm, et évidemment avec différents cuirs, est vendu à partir de 2 900 €.

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Le K, le sac sellier par excellence, où tout est assemblé bord à bord avec un soin exceptionnel. En veau baranil doublé agneau, il débute à 2 300 €.

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Baselworld

Le rendez-vous

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ême si cette édition 2019 s’annonçait mal, avec quelques désistements de taille comme les marques du groupe Swatch, la Foire de Bâle a tenu ses promesses en nous réservant un florilège de nouveautés, tant côté mastodontes de l’horlogerie suisse que chez les indépendants. En voici une sélection non exhaustive mais séduisante.

VICTORINOX

I.N.O.X. Carbon Limited Edition Pour ceux qui en douteraient, la société Victorinox est bien celle qui vend depuis plus d’un siècle des couteaux multifonctions. Une société familiale fondée en 1884 qui propose aujourd’hui une ligne de couteaux professionnels en plus de ses couteaux suisses, mais aussi de la bagagerie, du parfum et, donc, de l’horlogerie. Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à cette I.N.O.X. qui n’en est pas faite. Ici la boîte de 43 mm de diamètre est moulée dans un composite de carbone ultraléger et résistant, associé à une glace en saphir. Le cœur est un mouvement suisse à quartz Ronda affichant sa date dans un guichet à 4 h 30. L’ensemble est proposé sur un bracelet en paracorde jaune fluo, en plus d’un bracelet en cuir noir livré avec un petit couteau intégrant... l’outil pour changer de bracelet. Ils ont de la suite dans les idées, les Suisses. Cette montre n’est proposée qu’à 1 200 exemplaires, à moins de 1 000 €.

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MICHEL HERBELIN Newport Squelette

Il s’en passe des choses aux confins du Jura français, du côté de Charquemont. L’an dernier, pour les 30 ans de son modèle iconique Newport, la maison familiale avait présenté une version modernisée de cette montre hommage à l’univers du nautisme. Pour enfoncer le clou, quelques mois seulement après s’être lancée sur le marché américain, la marque française dévoile pour Bâle une Newport Squelette en série limitée à 500 exemplaires numérotés. On retrouve une boîte acier inoxydable PVD de 42 mm de diamètre, à la fois polie et brossée pour souligner ses formes, un bracelet caoutchouc FKM extrêmement résistant et des glaces en saphir sur les deux faces. L’idéal bien évidemment pour admirer, des deux côtés grâce au cadran squeletté, le mouvement mécanique à remontage automatique Sellita SW 400-1, lui aussi totalement ajouré. Il est non seulement superbe mais offre en plus 38 heures de réserve de marche. Le tout est étanche à 100 mètres et vendu au tarif de 2 450 €.

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SEIKO

The 1970 Diver’s Re-creation Limited Edition SLA033 C’est une habitude, les grandes maisons horlogères sortent régulièrement des rééditions de modèles anciens, plus ou moins emblématiques. Mais quand c’est la très sérieuse manufacture nippone Seiko qui s’y colle, on sait que c’est pour la bonne cause. Ici une recréation de la montre de plongée utilisée lors d’une excursion de dix-huit mois et 12 000 km à travers le Groenland et l’Alaska, l’ancêtre de la « turtle » avec sa boîte élargie pour protéger la couronne à 4 heures. Cette fois, la montre, taille adulte avec 45 mm de diamètre, bat au rythme d’un mouvement mécanique à remontage automatique réputé 8L35, spécifiquement développé pour les plongeuses et protégé par un verre en saphir bombé. L’ensemble, monté sur un bracelet en silicone noir et assemblé à la main dans l’usine maison, n’est proposé qu’à 2 500 exemplaires dans le monde au prix de 4 350 €.

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MEISTERSINGER Vintago

Cette petite marque, allemande, indépendante et fondée en 2001, cultive sa différence, des montres à une seule aiguille qui marquent le temps d’une autre manière. Pas plus lentement, juste différemment, la seule grande aiguille faisant un tour de cadran en douze heures au lieu de soixante minutes. Pour cette Foire de Bâle 2019, elle a dévoilé sa Vintago à date traînante, comprenez que la date est affichée sur un disque rotatif, mais dans un guichet assez grand pour laisser voir plusieurs jours. Le bon étant marqué d’un point ! Dans l’absolu, cela n’a rien de remarquable, mais dans les faits, quand votre grande aiguille met une heure à passer sur la date au lieu de cinq minutes, ça peut aider : il suffit de regarder quels nombres encadrent l’aiguille pour connaître la date du jour... au lieu d’attendre une heure qu’elle se dévoile. Le mouvement mécanique à remontage automatique Sellita 200-1 offre 38 heures de réserve de marche, loge dans une petite boîte en acier finement brossé de 38 mm de diamètre et profite d’un fond transparent. La montre est proposée avec quatre couleurs de cadran et trois de bracelet, en cuir de veau et boucle ardillon. Prix de vente : 1 850 €.

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TUDOR

Black Bay P01 On aimera ou pas cette nouvelle Tudor, mais on ne restera pas insensible à son allure, avec ces charnières énormes mais superbement réalisées pour attacher à la boîte en acier satiné de 42 mm de diamètre le bracelet hybride caoutchouc et cuir. C’est sûr, ça ne peut pas laisser indifférent. Avec ce modèle, la marque cousine de Rolex veut faire référence à son passé, quand elle produisait des prototypes pour des plongeurs professionnels. On retrouve les charnières, mais aussi le système de blocage de la lunette bidirectionnelle à 12 heures de la Tudor d’époque, produite en 1968. Pour le reste, on a sous la glace en saphir le mouvement manufacture mécanique à remontage automatique MT5612 offrant 70 heures de réserve de marche, le tout étanche à 200 m. Cette plongeuse, proposée avec ce bracelet caoutchouc sur la face peau et cuir sur l’extérieur est vendue 3 700 €.

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BREITLING

Navitimer Ref. 806

1959 Re-Edition

Cette montre a 60 ans. Enfin, pas celle-là, mais l’originale qui était sortie en 1959. Pour lui rendre hommage, Breitling dévoile à Bâle cette réédition (encore une) qui en reprend tous les codes, comme le cadran noir, la règle à calcul que plus aucun pilote ne sait utiliser et l’inscription BREITLING en majuscules... mais sans le petit logo AOPA, qui était réservé à l’époque aux modèles vendus aux États-Unis. Les dimensions, comme le diamètre de 40,9 mm, ont été copiées, les deux seules concessions au modernisme étant l’étanchéité, poussée à 30 m sur cette réédition, et le mouvement. S’il est toujours mécanique à remontage manuel, c’est dorénavant le B09 de la maison, le Breitling 01 n’existant plus. Le nouveau offre 70 heures de réserve de marche et bénéficie de la certification COSC. Il sera le cœur d’autres rééditions annoncées par la marque dans les années à venir. Cette montre, montée sur un bracelet cuir vintage, coûte 7 700 €.

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VOUTILAINEN 28ti

Il existe dans l’horlogerie d’art de gentils fous. Le Finlandais Kari Voutilainen en fait partie, et sa dernière création, sobrement baptisée vingt-8 ti, le prouve. Déjà, la vision du cadran, enfin du non-cadran puisque le mouvement, entièrement développé et manufacturé chez Voutilainen, s’affiche sans filtre, vous donne des frissons. Quelles finitions ! Avec ces deux aiguilles flanquées chacune d’un cercle bleu qui tournent devant des roues crantées en or blanc et un échappement d’un nouveau genre, dont le fonctionnement repose sur des courbes de raideur différentes à l’intérieur et à l’extérieur, on devine une montre d’une grande complexité, mais d’une élégance toute aussi folle. Pour vous achever, il suffit de retourner cette montre pour en admirer le fond, la aussi exposé sans filtre aux yeux émerveillés des rares personnes qui pourront la regarder. Sur cette face aussi, deux aiguilles, une pour les secondes et l’autre pour la réserve de marche, de 65 heures. Ça ne sert à rien, mais c’est superbe. Dans cette finition titane sur bracelet crocodile et fermoir en or blanc 18 carats, seules huit montres seront produites. Et vendues au prix de 92 000 € environ.

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LUDOVIC BALLOUARD Upside Down

Ce Breton immigré en Suisse était bien à Bâle pour la Foire 2019, même si ce n’est pas là qu’il a présenté cette incroyable Upside Down. Une montre qui donne l’heure en affichant le bon nombre à l’endroit... quand les autres sont tête en bas. Il faut voir ce cadran s’animer pour comprendre la folie de l’entreprise. Du coup, l’aiguille des minutes semble superflue, comme un simple clin d’œil aux montres « normales ». Pour obtenir ce résultat, Ludovic Ballouard a développé un mouvement mécanique à remontage manuel de 229 composants, dont 12 croix de Malte sur lesquelles les nombres tournent. La boîte de 41 mm de diamètre en platine est étanche à 30 m et s’accompagne d’un bracelet en cuir sur boucle ardillon en platine également. Un traitement élitiste. Comme son prix : 88 200 €.

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Danke

schön

La plus grande star de la mode mondiale s’en est allée en février dernier, discrètement, sans faire de bruit. Tout à l’opposé de ce qu’il avait été toute sa vie, durant laquelle il aura révolutionné non seulement la haute couture, chez Chanel, Fendi et bien d’autres, mais aussi le prêt-à-porter. Retour sur une vie tellement remplie. Textes C. Boulain, photos O. Saillant pour Chanel et K. Lagerfeld

«C’

est jaune, c’est moche, ça ne va avec rien, mais ça peut vous sauver la vie. » Même si le slogan de la Sécurité routière n’était pas de lui, ça lui allait terriblement bien, cette manière de déclamer de façon péremptoire une vérité un peu bancale, mais avec aplomb et sérieux, la mine sévère, le col blanc et haut, et les cheveux immaculés tirés en catogan. Quand Karl Lagerfeld vante, en 2008, le fameux gilet jaune, bien avant que des Français n’en décorent nos ronds-points, c’est déjà une véritable star. Quatre ans avant, il avait atteint ce statut en bouleversant les codes de la mode mondiale, signant une collection « ­capsule » pour la marque grand public suédoise H&M, collection qui s’est vendue en seulement quelques jours. Voire quelques heures dans certaines capitales européennes. Avant lui, aucun créateur de grande maison, aucun styliste renommé ne s’y était aventuré. On ne mélangeait pas les torchons et les serviettes. Mais qui a dit que les torchons n’étaient que des torchons ? Karl

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Lagerfeld, lui, décide de mettre son inspiration et son nom au service d’une enseigne de prêt-àporter accessible, lui, le directeur artistique des plus grandes maisons, de Fendi, Chanel, Chloé. Depuis, combien de stylistes l’ont imité ?

Dès le début, c’est le rival d’Yves Saint-Laurent Il s’en sera passé des choses dans la vie du petit Karl Otto Lagerfeld, né en septembre 1933 à Hambourg. Son premier contact avec la mode, il l’a quand sa mère l’amène à un défilé Dior en 1949, dans sa ville natale. Il commence à dessiner juste après et continue après son arrivée à Paris, en 1952. De fil en aiguille, il remporte le premier prix du concours du Secrétariat international de la laine, ex aequo avec un certain Yves Saint-Laurent. Pierre Balmain le repère et l’embauche comme assistant : il restera son mentor toute sa vie. Dès 1959, Karl est directeur artistique de Jean Patou, mais choisit rapidement de travailler pour lui, ou plutôt pour plusieurs maisons à la fois. Il dessine ainsi pour


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Chloé, invente même le concept de prêt-à-porter, mais travaille en même temps pour Fendi en Italie. C’est la période où il rencontre l’homme de sa vie, Jacques de Bascher. Ils resteront ensemble jusqu’à son décès, des suites du sida, en 1989. Cette relation platonique aurait pu – mal – finir bien plus tôt, quand « Jako » et Yves Saint-Laurent s’éprennent l’un de l’autre, laissant à Karl le rôle d’ami, qu’il accepte volontiers. En revanche, le compagnon officiel de Saint-Laurent, l’homme d’affaires Pierre Bergé, n’aura pas cette distance et mettra fin à la romance, nourrissant par la suite une féroce animosité envers Karl et son « ami », accusant même le créateur de tout faire pour nuire à Saint-Laurent. Pour Karl, il n’en est rien. En 1983, alors que la maison Chanel s’éteint gentiment depuis la disparition de Coco, elle engage Lagerfeld pour trouver un nouveau souffle. C’est le début d’une longue histoire.

Il réinvente la relation entre mannequin et maison de couture

Très vite, Karl engage la sublime Inès de La Fressange pour incarner ce nouveau Chanel. C’est la première fois qu’un mannequin signe ce type

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de contrat, exclusif. Ça en vaut la peine. Le style ­Lagerfeld devient de plus en plus évident, un mélange de modernisme et de référence à l’histoire de la maison, mais toujours avec une infinie précision. Karl, déjà bourreau de travail, le devient plus encore au décès de son âme sœur. En plus de son rôle de créateur pour Chanel et Fendi, il monte sa marque, ses marques, même, cultive ses talents de photographe et continue de composer des parfums. Le premier, c’était en 1975. Vingt-trois ans plus tard, il signera Jako, une fragrance en hommage à Bascher. Il devient un personnage public vers la fin des années 1990. Il assume ce rôle avec aplomb et avec un nouveau style vestimentaire, celui qu’on lui connaît depuis. Quand on lui demande, en 2000, comment il a fait pour perdre plus de 40 kg, il répond qu’il s’est imposé un régime draconien pour avoir la ligne nécessaire à porter des slims, ceux dessinés par le couturier Hedi Slimane pour Dior. Le genre de phrase qui pourrait faire le slogan d’une campagne de pub. Karl prend position, Karl déclame... et Karl choisit. Avec qui il veut travailler, comme les inconnus devenus célèbres grâce à lui, on pense à Baptiste Giabiconi. Mais à chaque fois, il


voit ce que d’autres ne voient pas. Il va même choisir la date... de sa naissance. On le dit né en 1933, lui dit 1938, célébrant même ses 70 ans en 2008. Il dira aussi que la vérité est entre les deux avant d’assumer, finalement, être né en septembre 1933. Qu’à cela ne tienne, personne n’arrive jamais à lui donner d’âge, avec ses cheveux blancs lavés à sec et tirés en catogan, son teint mat et son grand col blanc.

Une culture et une curiosité débordantes

L’année 2010 aura été encore plus riche que les autres. Karl a 77 ans et reçoit la Légion d’honneur du président Sarkozy, signe une vingtaine de collections pour les différentes maisons qui l’emploient et dévoile une autre de ses cordes : des courts-métrages de cinéma. En plus d’être photographe, grand couturier, c’est le terme convenu, décorateur d’intérieur pour des hôtels et créateur de parfums, le voilà réalisateur. L’homme ne fait que travailler, lire et arriver en retard à

ses nombreux rendez-vous, c’est maladif. Sans doute parce que lui déteste attendre et que c’est la seule solution pour ne pas en souffrir. Depuis qu’il travaille chez Chanel, il dessine tous les modèles qui sont présentés sur les podiums et assiste systématiquement à tous les défilés. Sauf cette année. Lui qui ne voulait pas laisser de trace de sa vie une fois finie, qui avait promis de tout détruire pour que personne ne puisse fouiller dans ses souvenirs, qui se peignait soigneusement avant de se coucher, toujours bien habillé, au cas où il partirait dans son sommeil, pour qu’on le retrouve digne, s’est éteint à l’hôpital américain de Paris, à Neuilly-sur-Seine, le 19 février dernier. D’un cancer du pancréas. Il n’avait pas assisté aux défilés Chanel et Fendi, mais avait envoyé, la veille encore, ses derniers croquis. S’il a tenu parole, on ne saura rien de sa vie à lui, de celle qu’il vivait une fois le travail accompli, des quelques heures qu’il s’accordait pour lui. Mais pour le reste, on s’en sera régalé. Merci.

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Diandra Tchatchouang

La tête (les bras) et les jambes Troisième du championnant de France, à une victoire du titre, avec ses équipières du Basket Lattes Montpellier, Diandra Tchatchouang a déjà l’esprit en Serbie où, avec l’équipe de France, elle briguera cet été l’or européen qui leur a échappé trois fois de suite. Rencontre avec une fille pas comme les autres. Textes F. Montfort, photos Crescendo-management, Bacot/FFBB

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L

es athlètes internationaux le savent, une carrière ne se façonne qu’à force de travail... et de rencontres. Diandra Tchatchouang, ailière de l’équipe de France de basket, ne dira pas le contraire. Du haut de ses 27 ans, et 1,89 mètre sous la toise, cette jeune femme née à La Courneuve n’a pas oublié les personnes qui l’ont aidée à devenir l’une des meilleures basketteuses du monde. « J’ai vraiment découvert le basket à 8 ans, un été de vacances chez mes cousins, qui limaient leurs semelles sur les terrains de jeu extérieurs ­d’Aulnay-sous-Bois. Mais c’était un truc de garçons, et nous n’étions pas vraiment les bienvenues, avec ma grande sœur. Aussi, à peine rentrée de vacances, j’ai demandé à ma mère de m’inscrire au club de basket local. C’était le début d’une belle aventure. » C’est là qu’elle rencontre Sonia Ouaddah, l’entraîneuse du club. « Elle m’a clairement évité de mal tourner, de me laisser influencer par les mauvaises personnes. Ça peut arriver vite, dans ces quartiers. » Mais très vite, la jeune fille, qui a toujours été grande pour son âge, progresse et envisage l’avenir autour d’un gros ballon orange. Dès 12 ans, elle intègre le pôle espoirs d’Ermont-Eaubonne. Encore une belle rencontre pour Diandra, avec le coach Michel Oliveri. « Au début, j’ai failli craquer. Il était tellement dur avec moi, alors que moi je n’avais pas décidé de venir ici pour m’en prendre plein la tête. Mais c’était sa façon de me pousser, de montrer qu’il croyait en moi. Cela m’a endurcie. Aujourd’hui encore, quand je dois faire face à des obstacles, je me dis que si j’ai survécu à Michel, je peux tout faire. Ça m’a forgé un mental de gagnante, sans aucun doute. » Puis c’est l’INSEP et le bac. Elle évolue déjà au plus haut niveau et intéresse beaucoup de clubs.

L’ambition de jouer en WNBA

Mais elle décide de traverser l’Atlantique pour aller jouer en ligue universitaire américaine, dans le Maryland, où elle commence en même temps un cursus en sciences politiques. « C’était selon moi la meilleure solution pour continuer les études tout en jouant à haut niveau. Si on est pro dans un club, personne ne se soucie de vos résultats scolaires. On ne regarde que la feuille de score. Moi, je voulais continuer à jouer, mais aussi à étudier... » Avec l’ambition à peine avouée de jouer un jour en WNBA, le pendant féminin de la ligue de basket pro américaine et où évolue sa joueuse fétiche, Tamika Catchings. Mais comme beaucoup de grandes joueuses, comprenez grandes par la taille, Diandra est assez fragile et s’abîme les ligaments d’un genou sur un parquet américain. Fin de l’aventure outre-Atlantique et retour en France, où Montpellier l’accueille, pour quelques mois seulement ; elle signe pour le petit club de Perpignan juste après. Elle y retrouve François Gomez, qu’elle avait côtoyé à l’INSEP. « C’est une belle personne, très paternaliste. Il m’a vraiment aidée à remonter la pente après ma blessure. Je rêve de rejouer pour lui avant d’arrêter ma carrière dans le basket. » Alors, ce n’est pas pour lui mais contre lui que Diandra va jouer cet été. Durant toute sa carrière en club, surtout aujourd’hui où elle évolue au Basket Lattes Montpellier, la joueuse d’origine camerounaise n’a jamais refusé de s’aligner sous

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Diandra en équipe de France. Avec déjà trois places de vicechampionnes d’Europe en poche, elles visent le titre cet été en Serbie et Lettonie.

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LONDRES 2012

AURA ÉTÉ UN FORMIDABLE

ACCÉLÉRATEUR POUR

LE BASKET

FÉMININ, MAIS CET

ENGOUEMENT

EST UN PEU

RETOMBÉ

DEPUIS 70 Followed Magazine


les couleurs de la France, bien au contraire. Et comme son ami François Gomez est dorénavant l’entraîneur de l’équipe de Suède, leurs chemins vont se croiser cet été, lors des championnats d’Europe, où la France va viser la victoire. « On sort de trois médailles d’argent, deux fois contre les Espagnoles, une fois contre les Serbes, qui joueront à domicile cette fois. Mais on y va pour l’or... Rien d’autre ne nous contenterait. » Parmi les cinq plus grandes nations du basket féminin, derrière les États-Unis et l’Australie qui ne jouent pas en Europe, la France a ses chances. « Ça serait bien. Avec un peu de chance, ça pourrait même refaire l’effet Londres. » Lors de ces jeux Olympiques, en 2012, les bleues n’avaient cédé qu’en finale face aux Américaines. Sans Diandra, blessée au genou. Mais avec Céline Dumerc et ses shoots à la sirène qui avaient affolé les médias et le public. « Cela avait été un accélérateur fabuleux pour le basket féminin français. Une médiatisation personnelle pour Céline, qui nous avait toutes touchées, mettant comme un coup de projecteur sur l’équipe entière. On a clairement eu un avant Londres et un après... » Les filles se mettent à signer des contrats, trouvent plus facilement des sponsors, le basket, premier sport collectif féminin, se met à intéresser les médias. « On parlait de nous à la télévision, en prime time. Bon, c’était bien, mais c’est un peu retombé, tout ça. Certes, nous sommes maintenant huit filles sous contrat avec mon sponsor [une marque américaine d’articles de sport, avec une virgule, NDLR], mais ce n’est plus l’engouement d’après les JO. »

Faire reconnaître le sport féminin

Diandra, qui poursuit ses études à Sciences Po en parallèle de sa carrière professionnelle, œuvre pour que le sport féminin soit davantage reconnu. Elle a même mis sur pied, avec l’aide de Sonia, sa coach de La Courneuve, une opération baptisée « take your shot », littéralement saisis ta chance, pour aider les jeunes joueuses de la banlieue parisienne à se révéler et à progresser. « Il y a tant de choses à faire. Déjà, permettre à ces jeunes filles de mieux assumer leur envie de jouer, de comprendre comment elles peuvent progresser, leur donner des contacts et, surtout, des conseils. Lors de ces opérations, le principal n’est pas d’aller rentrer des paniers toutes ensemble, c’est de leur montrer qu’on peut évoluer grâce au sport, avec de belles rencontres et des échanges. Ça a fonctionné pour moi, et pour d’autres, c’est ce qu’on doit leur montrer. » C’est avec des démarches comme celle-là que le sport peut fédérer les filles autant que les garçons, en leur montrant qu’on peut, même dans ces quartiers, faire des choses même si la majorité des gens s’y refusent. Et après, progresser, porter fièrement et défendre le maillot de son pays. Il ne restera plus après aux médias qu’à relayer ces belles performances. Car, selon Diandra, c’est vraiment là, à ce niveau de l’échelle, que le bât blesse en France. Qu’on se le tienne pour dit, nous, les journalistes.

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Dominic Thiem

Objectif RolandGarros Derrière les mastodontes du tennis mondial, ce « big four » où Murray a laissé sa place à Del Potro, pousse une jeune génération aux dents aussi affûtées que le talent. Parmi eux, le finaliste de Roland-Garros 2018, qui ne cache plus ses ambitions : Dominic Thiem. Textes C. Boulain, photos J. Skarwan/Red Bull Content Pool

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T

rois sets, mais deux heures et quarante-deux minutes, c’est ce qu’aura duré la finale de Roland-Garros 2018, entre le monstre Rafael Nadal et son dauphin, l’Autrichien Dominic Thiem, au terme d’un combat violent, usant tant physiquement que psychologiquement. Ce combat, ils se le seront livré par trois fois l’an dernier, à Madrid sur la terre, où l’outsider l’avait emporté, mettant ainsi fin à une série de vingt et une victoires consécutives de l’Espagnol, à Auteuil bien sûr et en quart de finale de l’US Open, à New York. Cette fois, l’ogre Nadal avait encore gagné, mais en cinq sets et près de cinq heures d’une lutte acharnée. Il faut dire que Thiem l’avait douché sec en lui infligeant un 6-0 d’entrée, ce qui ne lui était pas souvent arrivé. Mais le physique de gladiateur et la détermination exceptionnelle de l’Espagnol avaient usé le jeune outsider, qui avait fini par plier. Non sans penser à sa revanche, le regard qu’il lui jeta en rangeant ses affaires pour quitter le court pouvait en attester. Difficile quand on regarde en arrière de ne pas penser à Dominic Thiem comme au successeur du taureau de Manacor. Dans un tennis mondial dominé depuis plus de dix ans par quatre joueurs,

Federer, Nadal, Djokovic et Murray, où les trentenaires continuent de squatter les derniers carrés, avec Del Potro, Nishikori, Anderson ou Isner, une jeune génération frappe à la porte. Elle est emmenée par l’Allemand Alexander Zverev, l’Autrichien Thiem évidemment, le Russe Karen Khachanov et le Grec Stéfanos Tsitsipás, tous âgés de 20 à 25 ans, des bébés comparé aux « big four » qui doivent régulièrement souffler une dizaine de bougies de plus sur chaque gâteau d’anniversaire. La saison 2018 pourrait sonner la fin de cette domination, ressembler à une retraite méritée pour ces « vieux » joueurs. À quelques semaines de l’Open de France sur les courts ocre de la porte d’Auteuil, après un Master 1000 d’Indian Wells qui l’a vu battre Roger Federer en finale, Dominic, dorénavant cinquième mondial, fait figure de challenger pour la succession du dieu de la terre battue, Nadal. Alors, qui est celui qui a effacé Thomas Muster de la mémoire des amateurs de tennis autrichiens, ce jeune homme qui a évolué depuis ses débuts sous la coupe du même entraîneur, l’Autrichien Günter Bresnik, défenseur des animaux, de l’environnement et compagnon de la tenniswoman française Kristina Mladenovic ? Nous sommes allés à sa rencontre pour le savoir et faire un point sur sa carrière... et ses ambitions.

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TOUT LE MONDE

PARLE DE

CETTE JEUNE GÉNÉRATION, MAIS REGARDEZ

QUI A GAGNÉ LES GRANDS

CHELEMS EN 2018

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ENTRETIEN Vous avez douze ans de moins que Roger Federer. Était-il votre idole à vos débuts ? Je n’ai jamais vraiment eu d’idole dans le tennis. Bien sûr, quand j’ai commencé à faire des tournois, à me dire que je pouvais en faire ma vie, je regardais les meilleurs mondiaux à la télé, puis sur les compétitions où je pouvais les côtoyer, mais pas pour m’en inspirer. Il n’y a pas eu de joueur en particulier pour me servir d’exemple. Depuis vos débuts, vous avez le même coach, Günter Bresnik. Est-ce la personne qui vous a guidé pendant ces années ? En fait, mes parents travaillaient tous les deux dans l’enseignement du tennis. Mon père comme entraîneur dans l’académie de Günter, ma mère auprès des plus jeunes. Donc je suis tombé tout petit dedans, comme mon frère d’ailleurs [Moritz Thiem, NDLR]. Ma première raquette, je la tiens à 5 ans, de mémoire. Mais c’est vers mes 9 ans que Günter me repère vraiment et commence à m’entraîner. Deux ans plus tard, vers 11 ans, j’ai commencé à m’imaginer professionnel. Et c’est Günter qui m’a permis d’être le joueur que je suis aujourd’hui. Le tennis est une partie essentielle de ma vie, c’est sûr. Ça m’occupe depuis près de quinze ans et je n’en serais pas là sans cette rencontre avec Günter. Je ne me souviens pas de notre première rencontre, mais je sais qu’elle a changé ma vie. Il m’a à la fois guidé, conseillé, et même fait changer des choses, comme mon revers à deux mains. Il pensait tout simplement que c’était mieux pour la suite de ma carrière, pour ma progression. Je n’ai pas voulu copier un joueur, juste m’améliorer. Et selon Günter, ça passait par là [depuis notre entretien, le

Chilien Nicolás Massú a intégré l’encadrement de Dominic, en plus de Günter, NDLR]. Vous faites partie de cette jeune génération qui pousse les « vieux » vers la sortie. On y est ? Alors là, vous allez trop vite. J’aimerais que ça soit comme ça, mais si l’on regarde 2018, tous les grands chelems ont été gagnés par seulement trois joueurs, tous du « big four » [Roger Federer en Australie, Rafael Nadal à Roland-Garros, et Novak Djokovic pour Wimbledon et l’US Open, NDLR]. Et 2019 a commencé de la même manière avec la victoire de Novak à Melbourne. On ne peut pas dire que c’est la fin de cette époque, bien sûr. Je pense que l’ère Djokovic n’est pas terminée, qu’il a encore deux à trois saisons devant lui où il peut dominer le tennis mondial. Pour Roger ou Rafa, on les sait encore capables de gagner des grands chelems, peutêtre plus de dominer comme ils l’ont fait durant toutes ces années... mais je vous le dis, ils sont encore là et vont encore gagner des tournois. Quels sont vos objectifs à court terme ? Gagner un tournoi du grand chelem cette année. J’ai déjà remporté des tournois ATP [douze au total, entre ATP 250, ATP 500, et récemment Indian Wells, Master 1000, NDLR], et j’en gagnerai sans doute d’autres. Mais le plus dur, la vraie consécration pour un joueur de tennis professionnel est un titre en grand chelem. J’en étais assez proche l’an dernier, à Roland-Garros en finale face à Rafa. Paris est mon tournoi favori, je pense que c’est vraiment le tournoi où j’ai le plus de chances de gagner un grand chelem, car la surface me convient bien, cette terre battue un peu lente où l’on peut

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se laisser glisser en fin de course. Donc on va dire que, pour 2019, l’objectif est assez clair. Votre compagne, Kristina Mladenovic, est également joueuse de tennis professionnelle. Pensez-vous que cela soit une condition pour que la relation tienne ? Ce n’est pas une condition, mais ça facilite nos vies. C’est plus facile d’avoir une petite amie qui vit la même chose que vous, les déplacements, les tournois, les hôtels : elle comprend tout ça. Après, on a des vacances ensemble deux fois par an et des tournois en commun. Sur l’année, je joue 23 à 25 tournois, dont environ la moitié sont des compétitions mixtes ou Kristina s’aligne parfois. Du coup, on peut se voir et, en même temps, poursuivre nos carrières. Vous êtes très impliqué dans la défense de l’environnement et la protection des animaux sauvages. Est-ce important pour vous ? Pensezvous que vous pouvez changer quelque chose ? Bien sûr, c’est comme ça que je suis, que je vis. Parce que j’aime notre environnement, la nature. Il faut la protéger... ainsi que tous ces animaux sauvages qui ne doivent pas disparaître. C’est dangereux pour l’équilibre de notre planète. Et je pense pouvoir changer les choses, un peu, à mon niveau. J’ai beaucoup de fans, surtout sur les réseaux sociaux. Et c’est très facile de partager des choses, des informations, des idées. Je pense que je peux provoquer des réflexions ou des débuts de réflexion sur ces sujets, dans le bon sens. Donc, si je peux parvenir à ce que des gens pensent comme moi, si je peux aider à les sensibiliser sur ces problématiques environnementales, j’aurais réussi quelque chose de bien. Vous ne pouvez pas avoir d’animal, vous n’êtes jamais chez vous... C’est vrai, il serait malheureux. Nous avons bien un chien dans la famille, mais c’est surtout

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le chien de mes parents. Je ne retourne à la maison qu’environ vingt jours par an, donc je ne les vois pas souvent. C’est pareil pour notre chien... je ne peux pas vraiment m’en occuper. Mais avec 25 tournois par an, vous voyagez énormément, donc prenez beaucoup d’avions. Ce n’est pas bon pour l’environnement, ça. Oui, je prends environ cinquante avions dans l’année, même si j’essaie de limiter les déplacements comme je peux. Mais vous savez, c’est à cause ou grâce à ça que j’ai autant de fans qui me suivent et écoutent ce que je dis et partage. Donc finalement, si je ne prenais pas ces avions, si je n’étais pas un joueur de tennis professionnel, je réduirais un peu mon empreinte carbone, mais je ne pourrais pas influencer des milliers de fans, ou au moins participer à leur sensibilisation. Il y a des choses que je ne peux pas changer. Avec plus de 15 millions de dollars de gains en tournois, vous pouvez vous offrir ce que vous voulez. Quand vous ne jouez pas, vous aimez quoi ? Je ne suis pas collectionneur, ni de voitures, ni de montres ou d’objets rares et chers. Je n’ai qu’une seule montre, que j’adore [une Rolex Daytona : il est « ami » de la marque, NDLR] et, côté voiture, j’ai un contrat avec Kia qui me prête une voiture à l’année. D’ailleurs je viens de changer pour un nouveau modèle, 100 % électrique. J’adore l’idée. Et la prochaine sera peut-être la version à pile à combustible, qui fonctionne à l’hydrogène, la Nexo. Mais ça sera en 2020, je crois. Après, j’aime les vêtements et les chaussures, de sport principalement. J’aime aussi regarder et pratiquer d’autres sports, comme le foot. En revanche, même si je suis Autrichien, je ne skie pas. Je n'y suis pas autorisé, c’est trop risqué. Ça sera pour plus tard, après mes grands chelems.


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Made in

Taiwan Derrière ces trois mots qu’on a tous lus un jour, sur le col d’une chemise ou la batterie d’un ordinateur portable, se cache un petit pays incroyable, une île montagneuse et verdoyante dont l’industrie rivalise avec celle des ténors mondiaux et qui tient tête à la Chine depuis des décennies. Visite et explications.

Textes et photos A. Poupin

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SPORT&LOISIRS Dominant le lac, le temple Wen Wu possède trois salles dont l’une d’elles est dédiée à Confucius, un philosophe né un demi-siècle avant Jésus-Christ, qu’on s’accorde à nommer le premier éducateur de la Chine.

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Descente express

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Notre monture pour ce road-trip autour de Taïwan, une Škoda Fabia Combi. Elle pose devant le temple Wen Wu, construit par les Japonais en 1938... puis reconstruit par les Chinois en 1969.

our découvrir Taïwan l’industrielle, il aurait été plus simple de prendre le train pour relier l’exubérante capitale Taipei à la studieuse Taichung. Mais, sur les conseils avisés de voyageurs connaisseurs de la destination, c’est pour un road-trip autour de l’île que nous sommes partis, au volant d’une Škoda Fabia Combi. Parcourir la côte ouest, face à la Chine continentale, n’a rien de passionnant. C’est une succession de villes, d’usines où sont fabriqués nos ordinateurs et nos vélos, et de routes, surplombées par l’autoroute qui permet de passer du nord au sud dans la journée. Ce serait dommage de ne pas bifurquer, juste après Taichung, vers le centre des terres et le lac Sun Moon. C’est à la fois la plus grande étendue d’eau de l’île et l’une des principales attractions touristiques du pays. Parfaitement aménagé, avec une piste cyclable et un sentier de randonnée qui en font le tour, ce lac de presque 8 km2 est surplombé par le temple Wen Wu à l’ouest et la pagode Ci En au sud (voir photo page précédente), une tour de 46 mètres de haut perchée sur une colline culminant à 954 mètres qui offre un point de vue exceptionnel sur le lac. Depuis 2012, le Sun Moon Lake apparaît sur les nouveaux passeports de la République populaire de Chine qui, comme pour Macao ou Hong Kong, veut compter Taïwan comme une de ses provinces alors que Taïwan n’hésite plus à parler d’indépendance depuis l’élection présidentielle remportée, justement, par une indépendantiste.

La côte ouest, industrialisée, n’est pas la plus belle de l’île. Mais on trouve, à quelques kilomètres de Taichung et de ses usines, le lac Sun Moon, dans le comté de Nantou. Magnifique.

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SPORT&LOISIRS Notre périple nous a amenés à la pointe sud de l’île, où l’on trouve le parc national et les plages de Kenting.

Entre Taichung et Kenting, à Dashu, se tient le musée bouddhiste Fo Guang Shan et sa statue majestueuse de Bouddha, (48 mètres). En février, en plein nouvel an chinois, l’affluence y est énorme.

Sud magnifique

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La pointe sud, au lever du jour. À 300 km de cette côte, à Kenting, se trouvent les Philippines.

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aïwan ne serait pas une île d’Asie du Sud-Est sans des plages magnifiques. Il en existe au nord, mais les plus belles sont au sud, vers Kenting et son parc national. Sur la route, les amateurs de culture bouddhiste feront un arrêt à Dashu pour visiter le musée Fo Guang Shan où un immense Bouddha assis attend les touristes, majoritairement asiatiques. Comme le temple Wen Wu, dont la construction fut achevée en 1969, ce musée est récent, inauguré en 2011. Sans doute parce que l’histoire de la Taïwan d’aujourd’hui est aussi très récente, commencée en 1945 lorsque le Japon défait restitua l’île à la République de Chine de Tchang Kaï-chek, alors au pouvoir. Une histoire qui continue de s’écrire en parallèle de celle de la République populaire de Chine au pouvoir sur le continent... mais que Taïwan a toujours refusé de reconnaître. Une situation compliquée qui s’envenime depuis le début de l’année. Mais à Kenting, on est loin de tout ça. On retrouve ici beaucoup d’étudiants en vacances descendus en train, ou de touristes en balade venus prendre le soleil en journée sur une serviette de plage ou pour une randonnée dans le parc, et traînant dans le Night Market de la rue principale le soir, histoire de dîner à moindres frais de spécialités locales. Cela fait penser aux rues de Bangkok où l’on peut, la nuit tombée, se régaler d’un bo bun à un euro ou d’une brochette pas plus chère. Mais ici, les saveurs sont moins intenses, les assaisonnements moins relevés. La cuisine rappelle davantage la Chine continentale que la Thaïlande : normal.


Le Night Market de Kenting, réputé tant chez les locaux que chez les touristes, est une attraction, pour se promener ou se restaurer. Mais ne rêvez pas, on n’y mange pas aussi bien qu’en Thaïlande.

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SPORT&LOISIRS

Côte est sauvage

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a plupart des touristes de passage à Kenting rebroussent chemin, repartant vers le nord par où ils sont arrivés. Pourtant, l’autre côté de l’île est magnifique. Et sauvage, dès que l’on sort du parc national et qu’on s’engage dans la jungle et les montagnes. Comme nous, adoptez une voiture à boîte automatique pour vous concentrer sur vos trajectoires : ça tourne tellement qu’il y a des miroirs dans tous les virages ou presque pour voir ce qu’il y a derrière. Pour rester au plus près de l’océan Pacifique, on doit emprunter la route 26, la 199 puis enfin la 9. Ne vous impatientez pas, ça vaut la peine. Toutefois, ne vous y engagez pas sans avoir fait le plein de carburant, car les stations sont rares dans la région. Heureusement pour nous, notre 1.0 TSI a des gènes de chameau. De retour sur la côte, on passe la ville de Donghe, le paradis des surfeurs, pour filer vers Hualien et les gorges de Taroko. Quasiment tous les Taïwanais sont un jour venus ici : c’est l’endroit à visiter, des gorges formées par des milliers d’années d’érosion d’une rivière dans les roches de granit et de marbre. Au total, elles ne font pas moins de 19 km de long, et parfois plus de 100 mètres de haut. On peut les visiter en voiture, en bus, à vélo ou à pied, en les longeant ou en empruntant un des très nombreux sentiers aménagés. Le paysage vous coupera le souffle... les côtes aussi. Plus haut vers le nord, on prendra le temps d’admirer les falaises de Qingshui avant de rejoindre Yilan puis la banlieue de Taipei.

En remontant vers le nord, depuis Hualien et les gorges de Taroko, on arrive aux falaises de Qingshui. La route 9, qui longe cette côte, est un moment de bravoure.

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La côte est, balayée par les vents en provenance de l’océan Pacifique, est davantage prisée des surfeurs (à Donghe par exemple) que des baigneurs.

Le parc de Taroko, célèbre pour ses gorges, mérite une bonne journée d’exploration. Les randonnées sont aussi nombreuses que magnifiques.

Tout est fait pour faciliter la vie des touristes à Taroko. On peut même traverser le parc et l’île en voiture par la route 8.

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SPORT&LOISIRS

À Taïwan, le carburant est bon marché, de l’ordre d’un euro le litre. En plus, notre Škoda 1.0 TSI 110 ch à boîte auto. est du genre à se contenter de 6 l/100 km.

Nord, la fin du voyage

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le Yehliu Geopark, à l’ouest de Keelung, est une péninsule curieuse par ses formations géologiques dues à l’érosion de la mer durant des milliers d’années.

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vant de revenir pour quelques jours dans la capitale, nous bouclons notre road-trip par Keelung. Situé à quelques dizaines de kilomètres au nord de Taipei, c’est le point de départ de deux visites : Yehliu et son Geopark, une péninsule abritant des formations rocheuses millénaires, et Jiufen et ses lanternes. En plein nouvel an chinois, ces deux destinations touristiques affichent complet et des dizaines de bus bondés débarquent leurs passagers toutes les heures. Pourtant, la météo au nord se révèle nettement moins clémente qu’au sud, même si nous sommes dans la période la plus propice pour visiter l’île, entre février et mars. Jiufen est un petit village accroché à la colline où l’on monte... en voiture. Une fois garé dans un des très nombreux parkings payants (une précision car la majorité des parcs ou attractions sont gratuits à Taïwan), vous pourrez déambuler dans la vieille ville, dont les ruelles sont garnies de lanternes rouges comme dans les films. Et n’hésitez pas à vous poser pour déguster une soupe, les restaurants sont bondés, mais de Taïwanais. Ce ne sont pas des attrape-touristes comme dans d’autres pays. De l’autre côté de Keelung se trouvent Yehliu et son parc. Une péninsule dont la roche a été façonnée par les millénaires pour former ces drôles de champignons. C’est à la fois amusant et instructif sur l’histoire géologique de l’île.


La vieille ville de Jiufen, à l’est de Keelung, est mondialement connue pour ses ruelles escarpées à flanc de montagne et ses lanternes. Elle a été immortalisée dans le film La Cité des douleurs, lion d’or à Venise en 1989, qui traitait de l’histoire tumultueuse de Taïwan, entre Japonais et Chinois.

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SPORT&LOISIRS

Taipei pour résumer

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vec plus de vingt-trois millions d’habitants, dont près de sept millions vivant dans la capitale et son agglomération, Taïwan est un des pays les plus denses du globe. Reconnu pour son dynamisme industriel, faisant partie des quatre dragons qui ont révolutionné les échanges commerciaux entre l’Asie et le reste de la planète au XXe siècle, avec Hong Kong, la Corée du Sud et Singapour, Taïwan possède en Taipei, sa capitale, une excellente carte de

visite. La ville est à la fois moderne et frénétique, avec cette tour 101 et ses grands magasins, mais aussi traditionnelle et reposante, avec ses maisons ancestrales et ses temples, hérités pour certains des cinquante ans où le pays fut sous contrôle japonais, avant 1945. Pour mieux cerner son histoire compliquée avec la Chine continentale, il faut aller visiter le mémorial de Tchang Kaï-chek, majestueux et tellement récent (inauguré en 1980) puis le musée national du Palais. On y trouve

une collection sublime et immense d’objets d’art chinois, déplacés de Pékin à Taïwan dans les années 1930, pour les protéger de l’invasion japonaise puis de l’insurrection communiste. À l’époque, Taïwan faisait partie de la République de Chine, avec Tchang pour président. Depuis, la Chine, continentale et communiste, s’appelle la République populaire de Chine. Alors que Taïwan demeure la République de Chine. Vous avez saisi ? Le mieux est sans doute de venir voir ce qui s’y passe.

Le mémorial de Tchang Kaï-chek rappelle que Taïwan est la capitale de la République de Chine... et non une province de la République populaire de Chine avec laquelle les tensions sont vives.

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La tour Taipei 101, qui fut la plus haute du monde avec ses 509 mètres avant d’être détrônée par la Burj Khalifa de Dubaï, a un ascenseur capable de monter à 60 km/h pour vous emmener au sommet en 37 secondes.

Le nouvel an chinois est l’occasion de faire la fête. En 2019, pour célébrer l’année du cochon, il fallait être sur l’île en février pour en profiter. En 2020, dès le 25 janvier, ce sera celle du rat de métal.

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SPORT&LOISIRS Y aller, se loger, se restaurer Depuis Paris, seules les compagnies française Air France et taïwanaise Eva Air proposent des vols directs. Mais on peut aussi choisir de voler sur d’autres compagnies à condition de supporter une escale. Dans ce cas, le choix est vaste, de Emirates à China Airlines en passant par KLM, Air China, Cathay ou Lufthansa. L’hôtellerie sur l’île est à la fois variée, accueillante et bon marché. Mais attention, de nombreux hôtels n’acceptent pas la carte bancaire. Nos préférences : À Sun Moon Lake, les hôtels sur la côte nord, pour avoir le soleil en face le matin : Fleur de Chine ou The Lalu. À Kenting, le Okra Villa, pas sur la plage mais tellement calme. À Taroko, le Silks Place, à la fois bien placé et superbe. À Taipei : le ArTree, pour sa baie vitrée dans la salle d’eau... avec vue sur la ville. Hypnotique de nuit. Les amateurs de cuisine asiatique devraient trouver leur bonheur, à condition de ne pas rechercher le côté épicé de certaines cultures. Ici, les meilleurs restaurants servent des hot pots, un bouillon qu’on peut assaisonner soi-même et dans lequel on va cuire toutes sortes d’ingrédients. C’est bon et ludique. En revanche, les night markets sont souvent décevants. À visiter pour le folklore, pas pour la nourriture.

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Conseils Si vous voulez visiter toute l’île, et malgré des transports en commun bien développés comme un train à grande vitesse et de nombreux bus, la voiture est une excellente option. La circulation est fluide et les GPS fonctionnent bien. Seule recommandation, prévoyez du temps si vous voulez remonter par la côte est (Pacifique) car la route tourne beaucoup. Office de tourisme : taiwantourisme.com Astuce : penser à acheter une carte SIM locale avec data illimitée. Sinon, le GPS va coûter horriblement cher.


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MÉCANIQUE

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RETOUR AUX SOURCES Aston Martin suscite une sorte de fascination chez beaucoup d’amateurs de voitures de sport. Pour savoir si cette attirance est irrationnelle, nous sommes partis en Vantage du Salon de Genève, où la marque a dévoilé ce que sera son futur, pour rejoindre le mythique circuit du Nürburgring, en Allemagne, là où ces bijoux sont développés. Maintenant, nous avons compris. Textes et photos C. Boulain

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MÉCANIQUE

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as moins de trois nouvelles Aston trônaient sur le stand de la marque au dernier Salon de Genève. Trois modèles inédits avec, à chaque fois, un moteur hybride en position centrale arrière, ce qui n’était jamais arrivé chez Aston Martin depuis sa création en 1913. Pour une surprise, c’était une sacrée surprise. Difficile de ne pas repenser à notre rencontre, l’an dernier à Londres, avec Marek Reichman, le designer de la marque, qui nous parlait de cette identité Aston Martin, avec des proportions si particulières entre l’avant et l’arrière, de ce style anglais. La V ­ alkyrie, l’AM-RB 003 ou même la ­Vanquish Vision Concept, ces trois rivales de ­Ferrari ou Lamborghini conservent l’élégance maison, mais parlent un autre langage. « Nos modèles sont séduisants, mais ils ne plaisent pas à cette population d’amateurs de super sportives, de voitures deux places à moteur central arrière, comme Ferrari ou Lamborghini savent en faire, explique David King,

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le vice-président d’Aston. Nous avions les compétences, mais nous ne les exploitions pas. Avec la Valkyrie, puis la RB 003 et la Vanquish, on va parler à ces passionnés, tout en conservant notre image et nos valeurs. » Le message est clair, Aston Martin veut sa part du gâteau, et l’arrivée en fin d’année d’un SUV, pour plaire aux Russes entre autres, le confirme. Mais alors, si une Aston n’est pas qu’un élégant coupé bien dessiné, qu’est-ce que c’est ? Pour le savoir, la marque nous a proposé de prendre le volant d’une Vantage pour couvrir les 700 km qui séparent Genève du Nürburgring. C’est parti.

Une vraie sportive, équilibrée et agile Nous sommes tous des grands enfants. Aussi, pour nous motiver, il faut souvent nous agiter une carotte devant le nez. Au départ de Genève, on s’ennuie ferme. Certes, l’habitacle de cette Vantage, avec son cuir marron – trop – clair, son grand écran et ses palettes au volant, promet de bons moments.


On peut être une sportive accomplie et savoir recevoir. La preuve avec cette Vantage V8 biturbo dont l’habitacle est magnifiquement agencÊ.

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MÉCANIQUE Dans le Jura français, un peu après le col de la Faucille, sur la nationale 5. Une pause avant de reprendre les hostilités.

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MÉCANIQUE

En Suisse comme en France, on ne fait pas de vague. On prend notre mal en patience en attendant les autoroutes libres autour du NĂźrburgring.


Mais les 510 étalons du V8 biturbo élevé chez les Allemands d’AMG piaffent d’impatience. La départementale 1005 nous tend ses virages avec, au bout en guise de cerise, ou de carotte selon les goûts, le col de la Faucille. La plus petite des Aston y dévoile rapidement son tempérament, surtout si on lui titille les boutons au volant. À droite, un petit curseur mérite une attention particulière : il gère les stratégies moteur-boîte. Son jumeau de gauche va pour les suspensions. Marek avait raison, il y a un style maison. Mais David aussi, quand il parlait de compétences et de performances. Avec à peine plus de 1 500 kg sur la balance, répartis de manière équitable entre l’avant et l’arrière, la Vantage ménage un équilibre rare, un compromis séduisant entre agilité et équilibre, juste ce qu’il faut pour se sentir en confiance derrière son volant, malgré des roues arrière motrices, une chaussée humide et un indicateur de température extérieure oscillant entre 2 et 5 degrés Celsius. On peut trouver l’assistance de direction pas assez marquée, avec parfois à basse vitesse une certaine lourdeur dans le volant ; on pourra aussi trouver les freins en acier trop mordants à l’attaque de pédale, surtout si on les sollicite du pied gauche, réservant le droit à l’accélérateur. Mais l’ensemble est cohérent, efficace et plaisant. D’autant plus que le V8 4.0 ne manque pas de coffre, tant pour propulser l’engin que pour régaler nos tympans. Il n’y a qu’en mode Sport, celui de base dans les stratégies moteurboîte, que les valves à l’échappement restent fermées. Le reste du temps, elles demeurent grandes ouvertes... pour le bonheur de chacun.

Vive la vitesse libre La Suisse et le Jura français passés, nous voilà en Allemagne. Même quand on ne parle pas la langue, on aime l’Allemagne en Aston Martin. Comme les marques italiennes, l’anglaise n’a jamais signé d’accord pour limiter ses voitures à 250 km/h en sortie d’usine. À peine la frontière passée, on s’en réjouit. Bon, toutes les autoroutes teutonnes ne bénéficient pas de portions libérées. D’ailleurs, sur les tronçons limités, mieux vaut respecter les consignes car les sanctions tombent vite. On en profite pour écouter un bon morceau de musique sous régulateur de vitesse, comme dans une élégante berline du cru, allemande bien sûr. Et puis le trafic se fluidifie, les voitures commencent à accélérer pour adopter des vitesses de croisière à rendre un gendarme français hystérique. La Vantage s’en amuse, donnée qu’elle est pour frôler les 300 km/h un peu

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MÉCANIQUE

énervée. Comme sur les petites routes de Moselle, on préfère rapidement laisser la transmission ZF à 8 vitesses œuvrer seule plutôt que de jouer des palettes. Sur autoroute, rien de plus logique, me direz-vous. Mais sur départementale... En fait, cette boîte automatique, qui n’est pas une transmission à double embrayage et qui s’en affranchit avec brio, se révèle tout bonnement exceptionnelle, d’intelligence, de rapidité et de sobriété. Quelle que soit la route empruntée, quel que soit le rythme adopté. Juste parfaite. Le temps de la réflexion, dame Vantage a poussé la chanson, l’aiguille du comptetours a taquiné le rouge vif alors que l’affichage digital marque 270 : ça suffit pour aujourd’hui. On arrive au Nürburgring, à la maison. Wolfgang Schuhbauer nous accueille, c’est le maître des lieux. Malgré une météo de ­circonstance, comprenez d’Europe du nord au début du mois de mars, il a le sourire. « C’est une période spéciale pour nous, car le circuit est fermé à cause des conditions météo. Ne vous fiez pas aux quelques rayons de soleil, on avait de la neige hier. » Mais pourquoi donc

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Aston Martin a-t-elle installé ici une antenne de son département développement ? Pour n’y travailler qu’une partie de l’année et payer des gens à regarder les nuages ? Ils auraient pu le faire en Grande-Bretagne, et même bien plus souvent. « Des circuits comme le Nürburgring, je parle de cette boucle nord de 22,8 km, il n’y en a pas ailleurs. Pour développer des voitures de sport homologuées pour la route, c’est vraiment l’endroit idéal. D’autant que nous sommes entourés d’autoroutes à vitesse libre, ce qui nous arrange bien. En plus, tous les jours de la semaine, entre 14 et 17 heures, elles sont vides... » Même si le centre Aston Martin Racing (AMR) n’existe vraiment que depuis mai 2018, cela fait dix ans que la marque met ses modèles au point ici, dans « l’enfer vert ». Cela correspond, à peu de chose près, au moment où les élégants coupés britanniques au noble pedigree sont devenus de vraies voitures de sport, efficaces et rigoureuses. Et c’est maintenant que la marque désire investir le créneau des ultra-sportives. On souhaite bien du plaisir à ses concurrents.


C’est ici, dans les ateliers d’AMR, en Allemagne, que les Aston Martin sont développées avant d’être exposées sur les Salons puis livrées à leurs clients.

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MÉCANIQUE

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RC F LEXUS

TRACK EDITION

SORTIE DE ROUTE Pour répondre à la surenchère des marques allemandes dans le segment des coupés sportifs, Lexus n’a pas choisi de greffer une paire de turbos sur le V8 de sa RC F, mais de l’affûter pour en faire une vraie voiture de piste. Cette Track Edition mérite-t-elle son nom ? Textes C. Boulain, photos DR

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MÉCANIQUE

Avec cette version Track Edition, Lexus prouve qu’on peut faire d’un coupé sportif une voiture de course. Et pas seulement l’inverse

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elui qui n’a jamais tenté de questionner un ingénieur japonais ne peut s’imaginer les moments de solitude que l’aventure peut entraîner. Souriant et poli, l’affable personnage va systématiquement répondre à côté, évitant précautionneusement toute explication qui pourrait vous amener... à poser une autre question. Une culture surprenante pour ces gens qui ont tant à partager. Pour rendre l’exercice plaisant, la marque nippone avait tout de même prévu ces entretiens au soleil de Palm Springs, en Californie. Sur la piste du Thermal Club, un complexe étonnant où circuits, club-house et maisons de luxe à plus de deux millions de dollars se côtoient par 30 °C en mars. Ainsi, une fois les explications non données, nous pouvions simplement aller tout vérifier sur la piste : logique pour une voiture baptisée Track Edition. La base de cette RC F un peu spéciale est un coupé sportif

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récemment restylé. Plus léger de 25 kg que son prédécesseur, ce coupé a subi une nouvelle cure d’amaigrissement pour mériter son sobriquet évocateur. Au total, les ingénieurs ont dégraissé la bête de 55 kg supplémentaires, dont une grande partie sur les masses non suspendues, comprenez tout ce qui va du châssis aux roues, bras de suspensions, barres antiroulis, amortisseurs, freins, jantes et pneus. On l’aura compris, ils sont peut-être muets, mais pas incompétents. Rien que sur les freins, avec des disques en carbone et céramique et des étriers Brembo adaptés et reconnaissables à leur teinte rouge, ce sont 22 kg de moins. Sur le premier gros freinage en bout de ligne droite des stands, on se rend vite compte de l’utilité d’un tel dispositif. Non seulement ça freine très fort, mais ça ne s’échauffe pas, permettant d’aligner les tours de piste comme les épisodes d’une bonne série télé un vendredi soir, mais surtout


Dans l’habitacle, tout est fait pour satisfaire le pilote, sans la moindre concession au confort. Ni même à la qualité de présentation, tout bonnement sublime.

cela participe au comportement de l’auto. Dans l’épingle gauche qui suit, la RC F se cale sur ses roues droites et vire sans se dandiner. Très stable au freinage, avec une tendance naturelle au sous-virage voulue par ses géniteurs (si, si, ils nous l’ont dit), la Lexus privilégie toujours la stabilité à la vivacité. À la remise des gaz, quand on vient incruster la pédale de droite dans la moquette pour gaver le V8 de ce mélange aphrodisiaque composé d’air frais et de super 98, ce tempérament demeure évident. Le coupé réaccélère aussi vite que l’aiguille vient taquiner la zone rouge, mais sans jamais se montrer vicieux. La répartition des masses équitable entre les deux trains et le différentiel Torsen favorisent la motricité en sortie de courbe. Plus courte, la ligne droite suivante ne permet pas d’accrocher les 200 km/h comme dans la précédente. Surtout, elle vient donner sur un double droit bien plus délicat qu’une simple épingle où il suffit

de shooter dans les freins en priant le dieu carbone pour que tout se passe bien. Là, il faut freiner fort en ligne, approcher la corde, remettre la louche puis retaper dans les freins pour placer la RC F dans le second droit qui se referme : stabilité et précision requises. Bon, les freins répondent présent, c’était sûr. Mais le petit coup de gaz entre les deux virages pourrait faire voler en éclats l’équilibre général. Sauf que même à cette vitesse, entre 80 et 110 km/h, l’aileron arrière en carbone génère déjà quelques kilogrammes d’appui supplémentaires, tout en réduisant l’inertie du train arrière, plus léger que celui de la RC F d’origine (il pèse moins que l’aileron dépliable électriquement du RC F). Et, surtout, l’allègement opéré sur les masses non suspendues, freins mais aussi jantes BBS forgées et ancrage d’amortisseurs en alliage, améliore la précision et la tenue de cap en courbe. Là où une RC F « normale » vient piocher un peu,

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MÉCANIQUE Données constructeur

LEXUS RC F Moteur : V8 atmosphérique essence, 4 969 cm3 Transmission : propulsion, 8 rapports, automatique, différentiel à contrôle vectoriel Puissance (ch à tr/min) 464 à 7 100 Couple (Nm à tr/min) 520 dès 4 800 Masse (kg) 1 715 Long.xlarg.xhaut. (m) 4,71x1,84x1,39 Vitesse maxi (km/h) 270 (limitée électroniquement) 0 à 100 km/h 4”3 Émissions de CO2 (g/km) 258 Prix en France (hors options) : 119 990 € Malus écologique : 10 500 €

comme si elle rebondissait sur ses pneus extérieurs au virage, la Track Edition vire progressivement, sans se désunir. À peine sorti de ce qui aurait été un traquenard avec une voiture moins stable, nous voilà déjà dans un gauche droite bien sympa, avec vibreurs taille patron aux points de corde. En combinant le bon angle du volant avec la bonne pression sur la pédale de gauche, la Lexus vient se placer en dérivant progressivement de l’arrière, puis taper le vibreur pour décoller ses roues intérieures, dans le gauche puis dans le droit, sans heurt, tout en douceur. Qui aurait pensé ça d’un coupé magnifiquement présenté, avec des sièges rouges, certes, mais conservant tous les équipements de confort exigés par son standing ? Parce que si la cure a touché de très nombreux composants mécaniques, l’habitacle, lui, a été préservé. Seule concession : l’omniprésence de carbone, avec un film rouge intégré aux tissus de carbone pour donner des

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reflets rouge vif selon les angles. Le grand gauche suivant a le bon goût de s’élargir en sortie, pour bien préparer la plus longue ligne droite du circuit. Calé dans le baquet superbement dessiné, avec le pied droit dans la tôle, accélérateur à 100 % d’enfoncement, c’est le bon moment pour apprécier deux choses : les vocalises du V8 5 litres et le grip des pneus Michelin Pilot Sport 4S. Depuis le restylage, la seconde tubulure d’admission, destinée à mieux gaver le V8 en air frais, ne s’active plus à 3 600 tr/min mais 800 tr plus tôt. De quoi faire encore plus vibrer l’échappement en titane de la Track Edition qui, en plus de magnifier la sonorité du V8, profite à l’allègement, pesant 7 kg de moins que la version métallique. La transmission automatique à 8 vitesses empile ses rapports comme des cubes de Tetris et, rapidement, le tachymètre affiche 150, puis 180 et même 204 km/h avant le freinage qui nous jette dans un grand gauche


Pas très agile, avec plus de 1 700 kg sur la balance malgré la cure d’amaigrissement opérée par les ingénieurs maison, la RC F se révèle pourtant très amusante.

droite gauche, à plus de 120 km/h. La RC F s’y inscrit, se cale sur ses appuis, bien maintenue par sa suspension pilotée en mode Sport+, et rugit de plaisir. Derrière le volant rouge avec sa petite marque blanche à midi, nous aussi. Tous les petits détails aérodynamiques dont l’ingénieur parlait dans sa présentation, comme ces canards, de petits déflecteurs positionnés de part et d’autre du spoiler avant, comme les évents aménagés derrière les roues pour mieux évacuer les turbulences générées par les pneus en rotation, surtout sur les compressions en virage, ou encore ce fameux aileron arrière, que certains trouvent disgracieux, profitent à l’efficacité globale de cette RC F Track Edition dont seulement 60 exemplaires seront proposés dans le monde. Une paire de turbos aurait peut-être fait encore mieux sur un tour de piste, mais cela aurait été trop facile. Ça aussi, les ingénieurs nous l’ont dit. Car, parfois, il arrive qu’ils se confient.

Sur piste, les freins en carbone et céramique améliorent l’efficacité Followed Magazine 109


MÉCANIQUE

Pendant qu’il est encore temps 110 Followed Magazine


MERCEDES C 63 S AMG

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Il ne faut pas être devin pour savoir de quoi sera fait notre avenir automobile : de batteries Li-ion, de moteurs électriques, d’une connectivité à très haut débit et, bien sûr, de modes de conduite autonome garants du zéro accident. Mais avant demain, il y a aujourd’hui. Et chez Mercedes, on peut encore s’offrir une vraie voiture, avec la connectivité et les aides à la conduite qu’il faut, mais avec un V8 biturbo sous le capot. Car c’est quand même autre chose. Textes J. James, photos T. Holt

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a finition AMG, on peut se la payer sur un simple diesel. De grandes jantes, finement recouvertes d’une couche de caoutchouc qu’on peine à encore appeler un pneu, des boucliers larges et transpercés d’énormes prises d’air, une calandre agressive mais pas trop et ce petit logo suggestif, ces trois lettres qui sont entrées depuis des années au panthéon de la belle auto : c’est vraiment un beau programme... qu’on pourrait presque aujourd’hui s’offrir sur un modèle électrique. Mais une version AMG, c’est autre chose. Les trois lettres sur la malle font ici écho au petit sigle V8 biturbo, discrètement logé sur chaque flanc. Oui, un V8, que les concurrents Audi et BMW ne proposent plus sur des modèles du cru, préférant les V6 moins nobles mais plus disciplinés face aux règlements d’homologation. Ici, sous le capot de cette C 63 S AMG, c’est un V8 de 4 litres de cylindrée gavé en air frais par deux turbocompresseurs, et non l’ancien 6.2 litres atmosphérique qui réjouissait les propriétaires de SLS à portes papillon. Cela dit, l’appellation n’est pas totalement usurpée, puisque si l’ancêtre développait 571 ch, son jeune descendant en compte quand même 510. Et du côté du couple, l’expression réelle de la santé d’un moteur, contrairement à la puissance maximale qu’on va rarement solliciter en envoyant l’aiguille du comptetours à droite, au fond de la boîte à gants, le 4.0 n’a de leçon à recevoir de personne. Le 6.2 libérait ses 650 Nm de couple à 4 750 tr/min, ce qui était

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déjà une sacrée performance il y a huit ans. Le 4.0 en a davantage, et disponibles beaucoup plus tôt, soit 700 Nm dès 2 000 tr/min. Cette fois, c’est sûr, le « petit » mérite bien son nom de baptême. Alors oui, une Tesla Model S en a encore plus, disponibles encore plus tôt. Mais quand on la démarre, il ne se passe rien : pas avec une vraie AMG.

Des frissons dès la première pression La ligne est évocatrice. Comme celle d’une autre Classe C finition AMG. Mais une fois calé dans le baquet de gauche, proposé en option mais tellement bien dessiné qu’on ne saurait s’en passer, avec ce volant à méplat, cette console en carbone et ce compte-tours dont la zone rouge débute à 7 000 tr/min, soit 5 000 tr/min après le régime de couple maxi, on se demande s’il est question d’évocation ou d’incantation. Nous imaginions une voiture de sport un peu musclée, mais c’est le dieu du V8 qui nous est apparu. Il suffit d’une pression sur le détonateur, comprenez le bouton de démarrage, pour entrer en religion. Aucune voiture électrique ne distillera ces vibrations, aucune voiture électrique n’offrira ces vocalises. Alors profitons-en pendant qu’il est encore temps, avant que les intégristes couleur vendeur de maïs en boîte ne fassent définitivement interdire ces engins de plaisir, ces C 63 S AMG. Quand on habite à Los Angeles, on ne vit pas l’automobile, on la subit. Alors, si l’on veut s’en échapper


La qualité de fabrication est excellente, tout comme la position de conduite et la dotation en équipements de sécurité et de confort.

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MÉCANIQUE

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Données constructeur

MERCEDES C 63 S AMG Moteur : V8 biturbo essence, 3 982 cm3 Transmission : propulsion, 9 rapports, automatique, palettes au volant Puissance (ch à tr/min) 510 à 5 500 Couple (Nm à tr/min) 700 dès 2 000 Masse (kg) 1 680 Long.xlarg.xhaut. (m) 4,76x1,84x1,43 Vitesse maxi (km/h) 250 (290 km/h avec l’option « qui va bien ») 0 à 100 km/h 4” Consommation mixte (l/100 km) 9,9 Émissions de CO2 (g/km) 227 Prix en France (hors options) : 100 430 € Malus écologique : 10 500 €

un peu, prendre quelques moments de plaisir au volant, il faut partir vers le nord, direction la côte Pacifique et Malibu. Puis bifurquer vers les terres après Santa Monica. Mulholland est le terrain de jeu idéal, mais souvent encombré et parfois miné, comprenez infesté de types en Lycra beige avec des casques et des motos ridicules ou avec des casquettes et des voitures coiffées de gyrophares. Mieux vaut filer sur Topanga, vers Wildwood... puis se perdre sur les petites routes serpentant à flanc de colline. Avec une préférence pour Tuna Road, en repartant vers l’océan. C’est sinueux à souhait, peu fréquenté et tellement adapté à cette AMG. Car, en plus d’un gabarit contenu, surtout pour un V8 comme on l’a dit, cette petite Mercedes profite d’une nouvelle transmission automatique à 9 vitesses et d’un antipatinage de compétition. Sachant que les seules roues arrière doivent digérer la cavalerie, la tâche est ardue pour l’équipement électronique cité précédemment. Il s’en accommode. Ici, il est entièrement programmable avec les modes de conduite, réalisant l’exploit de nous faire croire un temps qu’on est au volant d’une voiture à quatre roues motrices tant les pertes d’adhérence sont rares. Tout en conservant ce tempérament de propulsion agile qui séduit dans les petits virages de Tuna Road. Avec cette direction un peu lourde mais directe et précise, un freinage inépuisable et une suspension pilotée très bien tarée, ménageant un confort acceptable tout en réduisant les mouvements de caisse qui pourraient gêner notre moment

Le genre d’élastique qui vous envoie de virage en virage de défoulement. Pendant la dizaine de kilomètres que fait la descente, la C 63 S joue les sportives rigoureuses et terriblement efficaces, le genre d’élastique qui vous éjecte d’un virage à l’autre avec une vigueur étonnante. Et avec des vocalises que l’on devrait graduer sur l’échelle de Richter, au-delà des 9. À chaque passage de vitesse, surtout dans le mode Sport+ ou Race, on ressent un violent coup dans les reins et une détonation dans les oreilles : c’est à la fois agressif et tellement jouissif. Mais de retour sur la côte, il faut rendre la main et se résigner à de nouveau adopter la californian attitude, qui consiste à gentiment rouler aux vitesses autorisées en profitant de son smartphone connecté.

Une voiture pour tous les jours Un V8 sous le capot n’est pas régressif, la C 63 S le prouve. Si elle est capable de procurer un plaisir de conduite qui peut sembler d’un autre temps aux jeunes générations, les fameux millénials ou génération Y car on se sait plus comment les appeler (et si on ne les appelait pas, tout simplement), elle sait aussi se plier aux contraintes actuelles d’une circulation urbaine surchargée, où l’on prend davantage de plaisir à écouter un excellent morceau de musique (non compressée, s’il vous plaît) sur la sublime hi-fi Burmester qu’à dicter ses courriels via Siri et la connexion embarquée. Tout en laissant la voiture veiller au trafic avec la fonction Active Distance Assist Distronic. Comme une voiture électrique... En mieux.

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BIEN-ÊTRE

AYURVÉDA Dis-moi qui tu es, je te soignerai Signe des temps, de plus en plus de gens se tournent vers les médecines traditionnelles telles que l’ayurvéda. Cette médecine indienne, vieille de plus de cinq mille ans, repose sur la compréhension de notre nature propre. Condition nécessaire pour mieux nous soigner. Explications avec Gayatri-Linda Bengaouer, praticienne et formatrice en ayurvéda. Propos recueillis par C. Boulain En quoi consiste une consultation avec un praticien ayurvédique ? La première étape d’une consultation va être la définition du profil ayurvédique, ce qu’on appelle la constitution du patient. Ce qu’il faut comprendre, dans la tradition ayurvédique, c’est que la compréhension de la constitution repose sur les cinq éléments : l’espace, l’air, le feu, la terre et l’eau. On retrouve ces cinq éléments en différentes proportions dans tout le vivant, les humains, les animaux mais aussi dans les plantes. Et on va répartir ces cinq éléments dans trois humeurs appelées doshas en sanscrit. Ces doshas sont vata, pitta et kapha (voir illustration). On va ainsi pouvoir dire que vous êtes, par exemple, vata dominant, avec un peu de kapha. Ou, selon les personnes, pitta ou kapha. C’est pour faire entrer le patient dans des cases ? Surtout pas. Le but est de comprendre qui est le patient, quelle est sa vraie nature : c’est ce que l’on appelle son prakriti, ce qui signifie sa nature individuelle ; elle lui est propre, chacun ayant un savant mélange des trois doshas, donc pas de cases, mais plutôt une approche de chaque personne dans son individualité. Pour cela, on va poser toute une série de questions, pas le genre de questionnaire de vulgarisation façon magazine à la mode, c’est toute une série de questions qui vont avec une observation détaillée de la personne, sa corpulence, la structure de ses os, la

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forme de son visage, de ses yeux, de sa langue, mais aussi l’épaisseur de sa peau, la qualité des cheveux, des ongles, son fonctionnement métabolique et mental. Un praticien expérimenté va ainsi pouvoir déterminer le prakriti du patient, sa nature propre et également déterminer, ce qu’on appelle le vikriti, c’est tout ce qui va être changeant, qui va dépendre du rythme de vie, des voyages, de la fatigue, etc. C’est ce qui va parfois masquer la vraie nature de la personne. Il faut différencier le prakriti du vikriti, qui se manifeste comme un désordre. Déterminer la constitution d’un patient prend du temps. Parfois, pour la comprendre, les médecins en Inde peuvent passer trois à quatre semaines avec un patient. Dans quel but doit-on déterminer le profil ayurvédique ? Le but va être de lever ces désordres, de retrouver la vraie nature de la personne, son équilibre, son homéostasie. Pour enlever ces désordres, on observe ce qui entraîne des changements dans le corps, comme l’alimentation, les émotions, la digestion, le sommeil et les éliminations (selles, urine et sueur). On s’intéresse beaucoup aux éliminations en ayurvéda, car c’est dans l’appareil digestif que se trouvent, selon la tradition, les maisons mères des doshas, où on pourra repérer les premiers dysfonctionnements. On va chercher à comprendre la constitution au travers de ce qu’on appelle


Mouvement

Froid Espace

Air

Terre

Vata Kapha

Légèreté

Pitta Feu

Cohésion Eau

Transformation

les gunas, qui sont vingt attributs de la nature, soit dix paires de qualités opposées, comme léger et lourd, chaud et froid, humide et sec, etc. Si une personne a tendance à être trop légère, émaciée, avec un sommeil léger et beaucoup de gaz par exemple, cela signifie qu’il y a un désordre, un excès de vata (espace et air). On va lui proposer une thérapie utilisant des qualités opposées, selon un principe de base de l’ayurvéda, qui dit dans les textes anciens que « le même augmente le même et l’opposé réduit ». Cela paraît simpliste, mais depuis plus de cinq mille ans ces principes pleins de bon sens fonctionnent pour rééquilibrer les désordres dans le corps humain. On va toujours chercher à rééquilibrer les doshas. Vous ne cherchez pas à soigner le mal, mais la cause du mal ? En fait, on a tous, en nous, les trois doshas dans des proportions qui nous sont propres. On est tous un peu vata, un peu pitta et un peu kapha, sauf qu’il y en a toujours un qui domine. Admettons que vous soyez pitta dominant, mais que votre rythme de vie entraîne une montée de kapha : on doit rééquilibrer ce désordre. Le médecin va chercher à ramener les doshas dans leur état d’origine, selon votre prakriti, qui est votre nature. Pour cela, une des choses principales que l’on va regarder, c’est comment la personne mange, digère, comment elle élimine. Le rythme de la vie moderne et le stress dérèglent le corps tout comme les aliments dénaturés,

transformés industriellement... Le corps recherche ce qui est bon pour lui, or, malheureusement, nous ne l’écoutons pas assez. Pour résumer les pensées, les émotions et la nourriture influencent énormément notre santé. Et comment peut-on retrouver l’équilibre naturel ? La première des choses que le praticien va recommander est une dinacharya, qui va être une routine à mettre en place, quotidiennement avec une alimentation appropriée. En ayurvéda, on conseille par exemple de se lever tôt, d’éliminer les selles, de nettoyer la langue, de boire de l’eau chaude ou à température ambiante ou de se faire des auto-massages, tous les matins. Les conseils seront différents selon les constitutions. C’est vraiment ce type de recommandations qu’on va donner pour commencer, pour que l’on retrouve son équilibre en fonction de sa nature. On va également s’intéresser au régime alimentaire. Le praticien va pouvoir déterminer, selon le prakriti, les aliments qu’il faut privilégier et ceux à éviter. On va aussi déterminer les heures les mieux adaptées pour les repas ainsi que les quantités de nourriture et de liquide absorbées. Et si cela est nécessaire, on peut aussi s’appuyer sur une pharmacopée spécifique à l’ayurvéda, à base de plantes, associée à des soins corporels. Toujours dans le même but : équilibrer les doshas et, si nécessaire, éliminer les toxines. Naturellement. www.centresattva.com, www.atreya.com

LE BUT EST DE RETROUVER L’ÉQUILIBRE DE VOTRE NATURE Followed Magazine 117


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Il n’y a pas de raison pour que l’automobile soit la seule touchée par la fièvre électrique. Le nautisme y passe aussi doucement, comme le prouve ce nouveau canot baptisé X Shore. Followed est allé à Palma de Majorque pour voir comment tout ça fonctionne. Sans bruit ni vibration.

En une décennie, le whisky taïwanais Kavalan s’est fait une place de choix dans le cœur des amateurs. Pour comprendre les raisons d’un tel succès, nous sommes allés visiter la distillerie, sur la côte est de l’île. Et, bien évidemment, goûter quelques échantillons.

Le savoir-faire artisanal se retrouve partout dans le monde, mais surtout en France. Visite guidée d’un atelier où l’on fabrique à la main et à l’unité des vélos sur mesure, en titane ou en acier. Amateurs de beaux objets, c’est pour vous.

Et beaucoup d’autres surprises

dans le numéro 26

122 Followed Magazine



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