Followed #28

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Followed - art de vivre - culture - sport et loisirs -

Ferrari

se réinvente encore une fois

Genève

Destination idéale pour un week-end Comprendre la

crypto-monnaie

Saype

Des poignées de main autour de la planète

ALEXIS

PINTURAULT Le skieur de Courchevel est prêt pour son nouveau défi L 11742 - 28 - F: 6,50 € - RD


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ÉDITO

Nous sommes fantastiques J’

en avais beaucoup entendu parler, de l’état dans lequel il nous met, mais surtout de ses effets. Et, franchement, je n’y croyais pas vraiment. Comment, sans manger pendant sept jours, pourrions-nous avoir plus d’énergie que d’habitude, une activité cérébrale encore plus intense, être tout simplement en meilleure santé ? C’est ce que « promet » le jeûne Buchinger comme je suis allé le pratiquer cet été. J’y suis allé un peu par curiosité, beaucoup par provocation. Pour pouvoir dire après : « Vous voyez, ça ne marche pas votre truc. » Sauf que ça marche (voir page 112). Tout ce que les médecins rencontrés sur place m’ont annoncé s’est vérifié, de l’amélioration presque irréelle de mes analyses de sang à la perte de poids, en passant par cette énergie rare... et les maux de tête les deux premiers jours. Tout, en bien comme en mal. Mais surtout en bien. J’ai ainsi expérimenté l’autophagie, qui a valu le prix Nobel de médecine à un universitaire japonais en 2016, cette capacité des cellules de notre corps à se régénérer elles-mêmes, pour le débarrasser de ce qui n’est pas bon pour elles. Et c’est fantastique. Mais j’en suis aussi arrivé à me demander si ce que je mangeais était bon pour moi, que cela soit labellisé bio ou pas. En fait, est-ce que j’ai besoin de tout ça, de mon petit déjeuner, de mon déjeuner et mon dîner, de ses rendez-vous réguliers avec mes vieilles copines l’assiette, le couteau et la fourchette, mes amies depuis l’enfance. Et vous savez quoi, je n’ai pas besoin de tout ça. En fait, c’est sûr maintenant, je mange trop ! C. Boulain

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É T E R N I T É

F I A B I L I T É

Crédit Photo : L’AFFAIRE EDITH

Xavier PINCEMIN - Doria DUCLOCHER (Photos retouchées)

L I B E R T É

www.michel-herbelin.com #michelherbelin

Newport Chronographe


SOMMAIRE

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12 ➜ C ontributeurs : découvrez quelles sont les personnalités que nous sommes allés rencontrer pour vous Événement 14 ➜ Festival du yachting de Cannes : visitez avec nous le premier Salon nautique de la saison, dans le Vieux Port de Cannes pour les yachts et, pour les voiliers, dans le port Canto

Futur 22 ➜ C rypto-monnaie : comprendre ce que pourrait être l’économie – virtuelle – du futur Tendance 26 ➜ I FA Berlin : sélection non exhaustive des nouveautés « tech » de la grand-messe annuelle de Berlin Naissance 30 ➜ U niverso Ferrari : la marque italienne a boudé le Salon de Francfort, préférant créer en Italie, à Maranello, un événement client ultra-exclusif. Followed a assisté pour vous à cette naissance

Mode&objets 38 ➜ C outellerie : rencontre avec Sébastien Soulier, artisan coutelier du Tarn qui va jusqu’à produire son propre acier

pour réaliser les couteaux de ses rêves. Et des nôtres ➜H orlogerie : les fêtes de fin d’année approchant, voici quelques idées cadeaux. Pour passionnés de montres seulement

46 Art de vivre 52 ➜ P âtisserie : c’est à Bruxelles que Katia Lefebvre, ancienne journaliste, a monté son atelier de pâtisserie « désucrée ». Rencontre avec une pâtissière qui nous veut du bien

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SOMMAIRE Culture 60 ➜ P iano : rencontre avec Éric Legnini, pianiste de jazz (mais pas seulement) qui a accompagné les plus grands 66 ➜ A rt graphique : avec son projet mondial « Beyond Walls », SAYPE veut délivrer un message d’optimisme en réalisant la plus grande chaîne humaine du monde. Avec des poignées de main géantes vues du ciel

Sport & Loisirs 74 ➜ A lexis Pinturault : à quelques semaines du début de la saison, le skieur vedette de l’équipe de France 84

nous a reçus chez lui pour faire le point sur sa carrière, ses ambitions et son futur ➜G enève : la ville suisse est bien plus qu’un – joli – passage obligé pour tout businessman qui se respecte. Le temps d’un week-end prolongé, elle nous a enchantés

Mécanique 98 ➜ L exus RC-F : essai de la plus dévergondée des Lexus dans les environs de Palm Springs, en Californie. 104

Ou comment s’amuser avec un V8 atmosphérique de 464 ch dans la montagne ➜V olvo S60 : road-trip gastronomique dans le nord de la France en berline suédoise. Entre découverte culinaire et balade bucolique

Bien-être 112 ➜ J eûne : comprendre et expérimenter le jeûne modifié dans la clinique Buchinger Wilhelmi 118 ➜ C ontacts : retrouvez ici les coordonnées des marques citées dans nos sujets Abonnement 119-120 ➜ Recevez Followed directement chez vous, dans votre boîte aux lettres. C’est facile ! Suivez les indications

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CONTRIBUTEURS Sylvie Ernoult Directrice du Festival du yachting de Cannes depuis déjà sept ans, Sylvie nous en a expliqué les secrets et nous a guidés dans notre découverte du premier Salon nautique de la saison.

Dr Fernando Fierro Saldia Exerçant à la fois aux urgences de l’hôpital de Malaga et à la clinique Buchinger Wilhelmi de Marbella, le Dr Fierro est un spécialiste du jeûne. Il le pratique lui-même tous les ans.

Katia Lefebvre Ancienne journaliste reconvertie dans la pâtisserie, Katia propose des desserts allégés en sucre mais pas en saveurs. Elle nous a expliqué ses astuces dans sa pâtisserie de Bruxelles.

Alexis Pinturault Le skieur français de Courchevel nous a reçus chez lui, à côté du lac d’Annecy, pour faire le point sur sa carrière et ses ambitions pour la saison 2019-2020, qu’il va faire sans son rival de toujours, Marcel Hirscher.

Pianiste belge exilé en France, Éric a accompagné les plus grands. Nous l’avons rencontré à Paris quelques jours avant la sortie de son nouvel album.

SAYPE

Sébastien Soulier Autant artiste qu’artisan, Sébastien imagine et fabrique des couteaux comme des chefs-d’œuvre, allant jusqu’à faire son propre acier Wootz. Au fond de son jardin, dans le Tarn.

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Éric Legnini

Après Paris et avant Genève, Guillaume Legros, AKA SAYPE, s’est arrêté en Andorre pour la seconde partie de son projet « Beyond Walls ». Rencontre avec un peintre pas comme les autres.


S

A

S

O N 9 SORTIR DU CADRE

Cadre : ensemble des tubes formant l’ossature d’une bicyclette. Sortir du cadre : sortir des limites prévues, repousser les frontières, imaginer et réaliser l’impossible.


ÉVÉNEMENT

Festival du yachting de Cannes : grand rendez-vous nautique à flot

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Tous les ans, depuis plus de quarante ans, Cannes devient en septembre le centre du monde nautique. Premier Salon de la saison, ce Festival du yachting est l’endroit idéal pour se faire une idée des tendances à venir, choisir son prochain bateau ou juste se promener. Cette année, pour vous, Followed l’a fait.

Textes et photos C. Boulain

L

e plus grand Salon nautique du monde, c’est celui de Fort Lauderdale, en ­Floride, aux États-Unis. Le plus luxueux, avec les plus beaux yachts de la planète, dont certains tutoient les 100 mètres de long, c’est à Monaco. Mais le premier, c’est celui de Cannes. Tout simplement parce qu’il ouvre la saison des Salons nautiques, qui débute en septembre sur la Croisette pour tirer jusqu’au début de l’année suivante, passant par Gênes en Italie, Southampton en Angleterre, mais aussi D ­ üsseldorf en Allemagne ou Paris. Sylvie

Ernoult, qui dirige le Festival du yachting de Cannes depuis maintenant sept ans, l’explique très bien : « Les saisons de yachting, c’est un peu comme l’école : ça débute en septembre pour finir à l’été suivant. On présente les nouveaux bateaux aux clients à la rentrée, ils vont les voir sur les Salons, les essayer, les commander. Puis on va rentrer dans les phases de production pour les chantiers navals du monde entier afin de livrer ces bateaux avant l’été suivant, puis repartir sur une nouvelle saison. » Quand nous lui demandons si c’est la raison de l’intérêt des passionnés

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ÉVÉNEMENT pour son festival, le tout premier de l’année, elle trouve d’autres arguments : « Sans aucun doute, être le premier à dévoiler les nouveautés nous procure un attrait particulier. Mais il faut aussi comprendre que Cannes reste Cannes, et que les clients et visiteurs ne viennent pas seulement pour voir des bateaux. Il y a ici une offre d’hôtellerie de luxe que peu de Salons peuvent proposer. Et c’est la même chose pour les restaurants, les spectacles. Plus de la moitié de nos visiteurs sont étrangers, et viennent passer quelques jours sur la Croisette. Pour le Festival, mais aussi pour le reste... »

Moteurs d’un côté, mâts de l’autre L’an dernier, plus de 50 000 passionnés s’étaient déplacés dans le Vieux Port admirer les nouveaux vaisseaux des chantiers du monde entier.

À gauche, les bateaux, à droite les réceptifs, pour signer les commandes. Sous le soleil de Cannes, tout brille, même les yachts.

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Et ils sont sans doute encore plus nombreux cette année, avec une grande nouveauté : non plus une mais deux expositions, les yachts à moteur dans le Vieux Port, les voiliers dans le port Canto situé à moins de 500 mètres de là. « C’est à la fois une performance de proposer ces deux lieux d’exposition, avec dorénavant 500 yachts d’un côté et près de 150 voiliers de l’autre, mais aussi un sacré pari, explique Sylvie. Quand on sait que le yachting, c’est la très large majorité des ventes de bateaux, et pas seulement en France, faire le pari de consacrer une exposition complète aux mâts est risqué. D’autant qu’il a fallu préparer le port et organiser toutes les navettes entre les deux lieux. » Depuis plus d’un an et demi, pour tenir sa parole de proposer davantage de place aux chantiers côté yachting et plus de choix aux amateurs de


À gauche, un des catamarans exposé dans le port Canto. À droite, les allées du Palais des festivals, dédiées aux accessoires de luxe.

voiliers, Sylvie et ses équipes ont remué ciel et terre. Il a fallu des équipes de plongeurs pour aller sécuriser les fonds du port Canto, peu habitué à voir des navires de 40 mètres mouiller dans ses eaux, puis déplacer les plaisanciers quelques semaines avant le Festival pour rentrer les voiliers d’exposition, monocoques et catamarans... et enfin organiser les transports. Depuis le Vieux Port, et inversement, il ne faut que cinq minutes en bateau pour rejoindre Canto, gratuitement. Et avec deux points de débarquement (et d’embarquement) par port, personne n’attend très longtemps. Pari gagné. Chaque exposant, ou plutôt chaque chantier, devrions nous dire car ici les bateaux sont neufs, sentant parfois la colle comme aime le dire Sylvie Ernoult, dispose d’emplacements pour ses bateaux et de stands pour accueillir ses clients. Cela va de la simple tente blanche à de véritables showrooms très luxueux pour les marques les

plus emblématiques, comme Ferretti, Arcadia ou Azimut. Avec une caractéristique dont Sylvie se vante parfois : « Chez nous, à Cannes, au moins 70 % des bateaux présentés peuvent sortir du port si un client veut l’essayer en mer. Rien n’est figé, tout est pensé pour cela, et nous sommes un vrai port... par comme Paris ou Düsseldorf. »

Les bateaux évoluent, les Salons aussi De fait, avec plus de 210 nouveautés présentées ici, les sorties sont nombreuses, même si elles concernent majoritairement des canots ou des semi-rigides, de 10 à 15 mètres de long. D’ailleurs, à Cannes, ces bateaux représentent le cœur de gamme d’une fourchette comprise entre 10 et 50 mètres. « Les choses évoluent un peu, parce que les bateaux évoluent un peu. Avant, Monaco avait l’exclusivité des superyachts, de ces bateaux de plus de 35 mètres... jusqu’à 70 ou 80 mètres. Nous, nous avons toujours revendiqué cette gamme de

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ÉVÉNEMENT Le nouveau Wimbi W12i, un semi-rigide australien sur lequel on peut installer des bâches pour prolonger la cabine et offrir de l’ombre à 18 personnes.

10 à 35 mètres, même si nous avons évolué vers du 40 mètres, avec quelques modèles vraiment grands, comme une dizaine de yachts de 40 mètres dans le Vieux Port et un voilier de 50 mètres dans la partie brokerage du port Canto. » En effet, une partie de ce port est réservée aux brokeurs, ces vendeurs de bateaux d’occasion dont plus personne ne peut se passer, proposant également des services de maintenance pour les grands yachts, mais aussi de gestion d’équipages et toute autre prestation, simplifiant la vie des propriétaires. Mais comme ce ne sont pas des chantiers à proprement parler, qui viennent à Cannes avec leurs bateaux sentant la colle, ils occupent une partie spécifique du Festival... mais non moins indispensable. Allez y faire un tour, ça vaut le détour. Et tant qu’à visiter le port Canto, autant prendre le temps de s’arrêter chez Gunboat, un chantier naval franco-américain (basé à Newport, Rhode Island, aux États-Unis et à La Grande-Motte en

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France), dont les catamarans révolutionnent le genre. En plus de proposer des surfaces habitables fabuleuses de par leur architecture, ils offrent une manœuvrabilité étonnante grâce à des matériaux issus de la compétition. Seul problème de ces bateaux, comme le rappelle Sylvie, qui pourtant affectionne particulièrement le genre : « C’est impossible à garer. Avec un catamaran, on doit toujours rester au mouillage, personne ne veut de vous dans un port. C’est pour cela que leurs ventes cartonnent dans les Antilles, ou pour les loueurs et organisateurs de croisières, mais pas ici en Méditerranée. Il n’y a pas assez de place dans nos ports... D’ailleurs, pour les accueillir, nous avons dû ajouter Canto au Vieux Port. » Monocoques, catamarans, tous les types de voiliers s’exposent à Cannes, à condition de faire entre 10 et 40 mètres de long. Côté Vieux Port, nous avons été surpris par la diversité de l’offre dans la catégorie des semirigides à moteur, longs de 7 mètres à plus de


15 mètres. Avec une préférence pour ces superbes Wimbi australiens qu’il est possible d’essayer en mer (à condition de choisir le modèle de plus de 10 mètres, les bateaux plus petits n’ayant pas le droit de sortir du port, pour réduire le trafic).

Des semi-rigides aux yachts La version W12i de 12,50 mètres, peut accueillir jusqu’à 18 personnes à son bord, avec une cuisine équipée protégée par un toit... et des bâches amovibles pour proposer de l’ombre pour tout le monde sur le pont. Pour les yachts (ou plutôt canots), le dernier OTAM 85 GTS (le noir en photo) avec 25 mètres de long et plus de 5 000 ch, peut dépasser les 45 knots (environ 80 km/h) dans un confort princier et, selon le constructeur, dans un silence remarquable. En revanche, il fallait prendre un rendez-vous pour l’essayer. Tout comme le dernier yacht signé des chantiers vendéens Bénéteau, le Monte Carlo 52. Moins long,

moins puissant et moins luxueux que l’OTAM, mais en revanche sous le million d’euros, ce qui n’est pas le cas du bateau italien, ce yacht vendéen bénéficie d’une surface vitrée à rendre jaloux un loft d’architecte, baignant ses passagers de lumière comme aucun autre. Une vraie découverte qu’il faut expérimenter de l’intérieur. Nous l’avons fait. Une journée de promenade ne suffit pas pour tout voir. D’autant qu’il faut se réserver un peu de temps pour aller flâner dans le Palais des festivals, qui pour une fois n’est pas réservé aux starlettes en goguette, mais à des exposants liés, d’une manière ou d’une autre, au monde du nautisme. Nous y avons vu des bijoux, mais aussi des objets de décoration pour bateaux (ou rappelant l’univers maritime), des accessoires pour naviguer, et même des appareils de remise en forme, tous superbes et luxueux. Un peu comme si c’était le dénominateur commun des exposants du Festival du yachting. Ça doit être cela. Vous verrez bien l’an prochain.

L’OTAM 85 GTS avant le départ, prêt à faire rugir ses plus de 5 000 ch dans un bruit feutré très agréable. Avec des finitions sublimes et une ligne tellement élégante.

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ÉVÉNEMENT L’une des caractéristiques du Monte Carlo 52 Bénéteau sont ces surfaces vitrées immenses, qui baignent l’habitacle d’une lumière très agréable.

Le nouveau yacht signé Bénéteau : un futur bestseller vendu entre 700 000 et un million d’euros.

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FUTUR

LES CRYPTO-MONNAIES

EN DIX HASHTAGS

Sauf si vous étiez en vacances sur Mars, vous savez que Facebook planche sur sa crypto-monnaie. Il est d’ailleurs loin d’être le seul : cette perspective chatouille même certains gouvernements. C’est bien joli, mais qu’est-ce qu’une crypto-monnaie, au juste ?

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Monnaie

Historiquement, seules les nations peuvent battre monnaie, par le biais de banques centrales : la BCE a le monopole de la mise en circulation d’euros, comme la banque d’Angleterre pour les livres sterling ou la « Fed » pour les dollars américains. Ce qui fait dire au ministre français de l’Économie (comme à son homologue allemand), à propos de Facebook, qu’il « refuse qu’une entreprise privée se dote des moyens de souveraineté d’un État ». Reste que les crypto-monnaies ne sont pas vraiment des monnaies. Notamment parce qu’elles ne constituent pas des « créances sur l’émetteur » : celui qui les met en ­circulation en contrepartie d’autre chose (comme un versement dans une autre devise) ne garantit pas qu’il voudra ou pourra procéder en sens inverse. Contrairement à un billet de banque, où cette garantie est matérialisée par une signature : celle du président de la BCE sur les euros, par exemple. À terme,

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Textes A. Bloch la distinction pourrait ne plus avoir beaucoup de sens, car des gouvernements envisagent de lancer leur propre crypto-monnaie publique. Notamment ceux qui sont en délicatesse avec l’administration étasunienne et souhaitent donc limiter leur dépendance au dollar pour contrer d’éventuelles mesures de rétorsion : outre la Chine, on cite souvent l’Iran, ou encore le Venezuela.

#Dématérialisation

Quand on se pose la question de savoir si une crypto-monnaie est ou non une monnaie, on peut buter sur le fait qu’elle est par essence dématérialisée. Mais ce n’est pas un bon critère. Moins de 10 % des euros actuellement en ­circulation le sont physiquement, c’est-à-dire en pièces ou en billets : les autres n’ont d’existence que virtuelle, sous forme de données numériques inscrites dans les registres informatiques des banques (on parle de monnaie scripturale).


#Paiement Une crypto-monnaie n’est pas non plus une monnaie électronique, qui répond à une définition bien précise, mais se rapproche d’un moyen de paiement, comme une carte bancaire ou un chèque. C’est notamment pour cela que le Libra de Facebook, toujours lui, séduit Visa ou Mastercard. Pour cela également que les crypto-monnaies suscitent autant d’engouement auprès des géants du e-commerce, comme eBay (pour le même Libra) ou Alibaba (pour le projet de future crypto-monnaie publique chinoise). Elles se veulent également intéressantes pour les habitants des pays dans lesquels le système bancaire classique n’est pas fiable. Ou pour réduire les frais de « remittance » (c’est un anglicisme), qui consiste à envoyer de l’argent à des proches basés à l’étranger, ce que beaucoup font par de coûteux mandats cash. C’est ce que Mark Zuckerberg a en tête lorsqu’il affirme que l’on pourra « envoyer de l’argent aussi simplement qu’on partage une photo ».

#Stablecoin

L’un des grands inconvénients des crypto-monnaies, c’est leur volatilité : leur parité avec les monnaies officielles subit d’énormes variations, sans aucune logique (si ce n’est celle de l’offre et de la demande). Le Bitcoin, par exemple, s’échangeait contre environ 300 € au printemps 2014 : par la suite, il a culminé à près de 16 000 € (en décembre 2017), avant de retomber sous la barre des 3 000 € (en février 2019) et de se stabiliser désormais autour des 9 000 €. De même que les devises classiques

ont longtemps été adossées à des réserves de métaux précieux (comme l’or ou l’argent), certaines crypto-monnaies (c’est notamment prévu pour le Libra) le sont à un panier d’obligations d’État et de monnaies bien réelles : par exemple un panachage d’euros, de livres sterling et de yens. Dans le même esprit, le stablecoin Tether, actuellement adossé au seul dollar, pourrait à terme l’être à des matières premières, comme le pétrole ou le caoutchouc.

#Blockchain

Chaque crypto-monnaie repose sur une « chaîne de blocs ». Elle fonctionne sur le même principe qu’un livre de comptes. D’une part, les transactions sont inscrites sur des pages numérotées, afin qu’on ne puisse ni en déchirer, ni en intercaler une. D’autre part, chacune de ces pages commence par le solde qui figurait en bas de la précédente. Sauf que dans une blockchain, le solde en question est crypté : un algorithme extrêmement complexe (et donc assez imprévisible) compile l’ensemble des informations en une suite unique de caractères, qui est en quelque sorte son empreinte (on parle de « hash »). Comme cette suite doit respecter certaines conditions de forme, il faut en théorie essayer plusieurs billions (c’est-à-dire milliers de milliards) de combinaisons pour trouver la bonne, et ainsi valider un bloc qui sera considéré comme authentique par l’ensemble des utilisateurs et servira de base au suivant. Une fois le bloc validé, les transactions qu’il contient le sont également. Dans la communauté Bitcoin, par exemple, ces fermetures tombent en moyenne toutes les dix minutes.

UN SYSTÈME QUI NE REPOSE PAS SUR LES BANQUES GRÂCE À LA BLOCKCHAIN Followed Magazine 23


FUTUR

#Minage

Les utilisateurs qui parviennent à terminer un bloc en premier sont rémunérés pour leur « travail ». C’est tout de même grâce à eux que tout fonctionne. On appelle cela « miner ». Et ceux qui minent du Bitcoin en perçoivent par exemple une douzaine, soit l’équivalent d’une centaine de milliers d’euros au cours actuel. Le plus souvent, ce sont des coopératives (essentiellement chinoises) qui décrochent la timbale : certaines réunissent plusieurs millions de mineurs, qu’on appelle aussi extracteurs, qui mettent en commun leur puissance de calcul, et se partagent ensuite la récompense (financée par un prélèvement sur les transactions). L’intérêt principal de rendre complexe l’opération est de réduire la probabilité que plusieurs blocs soient validés en même temps, et coexistent donc provisoirement, jusqu’à ce que l’une des chaînes devienne plus longue que les autres (d’au moins un bloc) et soit finalement la seule à être reconnue comme authentique. Cela réduit également les risques de fraude : quiconque souhaite contrefaire un bloc doit également modifier tous ceux créés dans l’intervalle, et surtout y parvenir plus rapidement que tous les autres mineurs réunis. Cela reste cependant théoriquement possible...

#Stockage

Contrairement aux registres d’une banque, par exemple, une blockchain n’est centralisée nulle part : son principe consiste précisément à se dispenser de tiers de confiance pour authentifier la bonne chaîne. Inconvénient : tous les serveurs qui travaillent dessus doivent disposer d’un exemplaire complet. Or, celle du Bitcoin, par exemple, se compose actuellement de plus de six cent mille blocs (recensant chacun entre deux et trois mille transactions) : chaque exemplaire occupe ainsi environ 240 Go d’espace disque !

Beaucoup phosphorent pour savoir où et comment couper la chaîne sans la rendre vulnérable.

#Énergie

À l’électricité consommée par les centres de données pour stocker toutes ces copies identiques, il faut bien sûr ajouter celle nécessaire à toutes les opérations de minage menées de front à chaque instant. Selon certaines estimations, le seul Bitcoin consomme annuellement plus de cinquante térawattheures : presque autant que la Suisse, et plus que tous les serveurs de Google réunis.

#Confidentialité

C’est l’un des grands enjeux des crypto-monnaies, pour deux raisons contradictoires. D’un côté, les autorités officielles se méfient de leur (relatif) anonymat, d’autant que certaines (comme Monero ou Zcash) en ont fait leur principal argument. Ces transactions échappant à toute surveillance encourageraient le blanchiment, le financement du terrorisme ou de la criminalité organisée. De l’autre, les défenseurs des libertés individuelles s’inquiètent du traitement des données personnelles. Non pas au sein de la blockchain elle-même (car elle est à la fois cryptée et open source), mais dans les comptes des utilisateurs : en l’état actuel du projet Libra, par exemple, rien ne semble empêcher Facebook de monétiser les données des portefeuilles Libra.

#Arnaques

Les escroqueries les plus courantes prennent la forme d’une pyramide de Ponzi, technique rendue célèbre par Bernard Madoff, et qui consiste à rémunérer les premiers investisseurs avec l’argent confié par les derniers entrants... jusqu’à ce que l’édifice tout entier finisse par s’effondrer. D’autres reposent sur de fausses plates-formes de trading, ou sur des intrusions et usages frauduleux de portefeuilles connectés. Prudence donc.

STOCKAGE PROBLÉMATIQUE 24 Followed Magazine


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La marque danoise Bang&Olufsen présentait son enceinte portable Bluetooth Beosound 1 dans une version New York rappelant la Skyline de la Grosse Pomme par un traitement de surface spécifique. Cette enceinte embarque Google Assistant pour répondre aux commandes vocales et une batterie Li-ion autorisant jusqu’à 12 heures d’écoute. Elle fonctionne aussi sur secteur, est compatible Chromecast et Apple AirPlay2 et existe en quatre couleurs. Mais seulement à 1 200 exemplaires. Elle est vendue 1 750 €. lin

L’

IFA, c’est la grand-messe de l’électronique mondiale, plus encore que le CES de Las Vegas en janvier. Ce Salon berlinois, qui existe depuis 1924, va encore rassembler plus de 250 000 curieux autour de nouveautés de la téléphonie, du son ou de l’image. Nous vous avons fait une sélection, non exhaustive, des plus intéressantes.

AUDIO-TECHNICA

AT-LP5X

Les amateurs de vinyles vont adorer cette nouvelle platine de la marque japonaise Audio-Technica. Évolution de la réputée AT-LP5, cette nouveauté en reprend le châssis et l’esthétique, la masse également avec près de 7,5 kg, mais bénéficie d’un nouveau moteur, moins puissant mais plus silencieux, et d’une alimentation externe, repoussée dans un boîtier à brancher sur le secteur pour éloigner les sources de vibration et de bruit. De quoi penser cette platine davantage orientée usage audiophile que DJ (besoin d’un gros moteur), ce que son sélecteur de vitesse 33, 45 mais aussi 78 tours confirme. Une prise USB permet de digitaliser vos disques facilement sur ordinateur. Prix de vente : environ 400 €.

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THE BARISIEUR RÉVEIL & CAFÉ Le bruit et l’odeur, ça vous rappelle quelque chose. Une chanson, un débordement... ou le souvenir d’un réveil merveilleux, avec le bruit de l’eau qui bout et l’odeur d’un café qui infuse. À l’IFA 2019, la société Barisieur présentait son réveil-machine à café (suite à une campagne de financement participatif en 2016). C’est l’objet dont on rêve sur sa table de chevet, celui qui va transformer chaque réveil en enchantement. La veille, il suffit de régler le réveil, de déterminer si le café va débuter son infusion avant, pendant ou après la sonnerie (l’infusion dure de 3 à 4 minutes), de mettre de l’eau dans la bouilloire, du café dans le filtre... et de s’endormir. Le lendemain, le bruit et l’odeur feront oublier les mauvais rêves. Et si vous aimez votre café avec du lait, un petit récipient est fait pour cela. Une sonde infrarouge détecte s’il est plein... et le tient au frais durant la nuit. Vendu sur Internet au prix de 399,95 €.

SONOS MOVE Spécialiste reconnue du son et des enceintes connectées, la société américaine Sonos, basée à Santa Barbara en Californie, a dévoilé à l’IFA de Berlin sa nouvelle enceinte portable Bluetooth Move. Fonctionnant en wi-fi avec le reste des systèmes de la marque, mais aussi en Bluetooth via un smartphone dans le jardin par exemple, cette enceinte étanche dispose de 10 heures d’autonomie sur batterie, d’une commande vocale grâce à Amazon Alexa embarquée et des fonctionnalités de l’App Sonos et d’Apple AirPlay2. Pour sa recharge, vous pouvez utiliser au choix une connexion USB-C ou le socle fourni, posé sur un meuble et relié au secteur par exemple. L’ensemble, proposé en blanc ou en gris anthracite, est vendu 399 €.

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TENDANCE

TECHNICS EAH-TZ700 Attention, bijou ! Avec ses nouveaux écouteurs EAH-TZ700, Technics ne cherche pas à séduire les amateurs de rap compressé en MP3 et stocké entre les messages WhatsApp d’un smartphone. Ce ne sont rien de moins que des écouteurs audiophiles de très haute qualité, disposant de boîtiers réalisés dans deux matériaux (titane et fonte de magnésium), et de haut-parleurs de 10 mm de diamètre dotés de diaphragmes ultra-fins en aluminium contrôlés par un nouveau système à fluide. Avec une connectique soignée, soit des câbles symétriques (comme sur la photo) pour bénéficier du meilleur rendu, soit asymétriques, et des embouts en caoutchouc ronds ou ovales, ces écouteurs promettent une qualité de restitution rare, sans distorsion et avec un rendu exceptionnel dans les graves. Mais l’excellence a un prix : plus de 1 000 €.

HUAWEI FREE BUDS 3 Autant le dire, le raz de marée de l’IFA concernait les écouteurs « true wireless », comprenez sans fil... du tout ! Avec un peu de fil, on ne voit pas trop, mais c’est comme ça. Ici, les derniers modèles du chinois Huawei, récemment passé numéro 2 mondial du marché des smartphones, derrière Samsung mais devant Apple, malgré ses déboires avec l’administration américaine, qui lui interdit à court terme d’utiliser le système d’exploitation Google. Reste que Huawei continue sa montée en puissance avec ces écouteurs sans fil, mais dotés d’une connexion Bluetooth à très haut débit et proposant un système de réduction de bruit, bien qu’ils ne soient pas intra-auriculaires. Des caractéristiques qui devraient en faire des best-sellers, d’autant qu’ils devraient rester abordables avec un prix de vente inférieur à 100 €.

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crédit photos: Seb Schieck

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NAISSANCE

LE GOÛT, L’ODEUR, MAIS PAS L’ESPRIT D’UN SALON Alors que le Salon de Francfort ouvrait ses portes au public, Ferrari dévoilait Universo à Fiorano. Un concept novateur, un peu particulier, une sorte de Salon privé réservé à la marque au cheval cabré, ouvert pendant un mois à ses clients du monde entier. Et pendant les deux derniers week-ends de septembre aux fans et employés. Spectacle garanti ! Textes et photos C. Boulain

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NAISSANCE Sur la terrasse, un peu à l’écart des voitures de série, les deux « icônes » Ferrari, des Monza SP1 et SP2.

Universo Ferrari est une exposition temporaire, pensée pour les clients et prospects, mais aussi pour les salariés et les fans de la marque.

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D

ix mille mètres carrés, si l’on compte la terrasse sur laquelle trônent deux Ferrari Icona Monza et un salon de dégustation dont les parasols encerclent un petit jardin, tout cela contre les grillages de la piste de Fiorano. Le reste de la surface est une immense construction éphémère, climatisée et parfaitement mise en lumière pour présenter tous les domaines d’activité de la marque italienne. Bienvenue à Universo Ferrari. Ce n’est pas à proprement parler une première, que d’organiser un événement « privé » en parallèle d’un grand Salon automobile. Le patron de Bugatti, croisé dans les allées du dernier Salon de Los Angeles en décembre, nous l’avait dit (Followed 23) : « Les clients sont davantage attirés par un événement privé que par la foule des Salons. » La réflexion convient aussi pour Ferrari. Sauf que la marque iconique de Maranello a poussé le bouchon nettement plus loin. Universo n’est pas un superbe cocktail entre amis dans le salon d’un hôtel de luxe, autour d’un nouveau modèle, aussi fabuleux soit-il. Ce sont 10 000 mètres carrés d’exposition pour présenter la marque, ses activités et ses deux nouveaux modèles à 8 000 personnes triées sur le volet, amenées ici en petit comité par leur concessionnaire durant le mois de septembre. Avec pas moins de cinq nouveautés

en 2019, dont deux révélées à l’occasion d’Universo, il fallait faire quelque chose de différent : c’est réussi. Une fois entrés dans ce bâtiment dont la façade est peinte du rouge caractéristique, passons rapidement l’accueil et les vestiaires pour aller directement à la première salle, dédiée au sport auto. Même si le championnat du monde de Formule 1 est dominé depuis quelques saisons par Mercedes, Ferrari en reste l’un des principaux agitateurs. C’est la marque la plus titrée, sans doute la plus emblématique, et les écrans géants cernant la monoplace rouge le rappellent. Pour ceux qui auraient aimé voir exposées des anciennes F1, celle de Lauda en 1975, celle de Prost en 1990 ou encore une des montures de Michael Schumacher, il faut retourner à Maranello, au musée de la marque. En poussant la visite plus loin, on pénètre dans la salle consacrée au département Classiche, où Ferrari certifie et restaure ses anciens modèles, tous amenés à Maranello par les clients euxmêmes. Face à face avec une 250 GTO bleu et jaune, les yeux dans les phares, on ne peut rester indifférent. Sur un mur, on découvre l’un des registres dans lesquels Enzo Ferrari avait fait consigner tout de ses voitures depuis la création de la marque en 1947, la base aujourd’hui de ces certifications si recherchées. Pour notre

Tous les univers de Ferrari sont exposés, le sport bien sûr, mais aussi les anciennes avec le département Classiche (ici) et les modernes.

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NAISSANCE

La première des deux nouveautés présentées à l’occasion de ce Salon très spécial, la F8 Spyder. À droite, la seconde, beaucoup moins attendue, la 812 GTS et son V12 de 800 ch.

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passage, Gigi Barp, le responsable du département que nous avions déjà rencontré (Followed 22), nous en a rappelé le fonctionnement et a insisté sur l’importance pour Ferrari de délivrer pour chaque ancienne un passeport valide, résumant chaque intervention mécanique. L’étape suivante de la visite nous amène à découvrir un volet très important de l’activité de la marque : sa communauté. Avec deux manières de la faire vivre : les Cavalcades, ces événements sur route, aux quatre coins du monde (Dubaï dans Followed 27), et la compétition clients, sur circuit. Les visiteurs, souvent amateurs de conduite, apprécieront. Et puis c’est la salle principale, dédiée aux modèles actuels et aux accessoires, une exposition allant de la nouvelle hypercar hybride F90 Stradale à la dernière F8 Tributo (essai dans le prochain numéro), mais aussi les Portofino, GTC4 Lusso, 488 Pista ou 812 Superfast. Les visiteurs auront aussi la chance de voir les deux nouvelles Ferrari, dévoilées en grande pompe le jour de notre venue, la F8 Spyder et l’inattendue 812 GTS. Si la première était prévue, cette déclinaison découvrable à toit rigide escamotable de la F8 Tributo présentée plus tôt dans l’année, personne ne s’attendait au lancement de la 812 GTS, le cabriolet V12 ayant disparu de la gamme depuis plus de cinquante ans. Mais à en croire le patron du marketing de la marque, les clients réclamaient son retour. Ils seront contents : V12 a­ tmosphérique de 800 ch en position centrale avant, bien évidemment roues arrière motrices et deux places sous le toit rigide

escamotable en 14 secondes, même en roulant sous 45 km/h, sont une partie du programme des réjouissances. Avec un régime de puissance maxi logé à 8 500 tr/min et une légère prise de poids (+ 75 kg), ce cabriolet devrait procurer son lot de sensations, surclassant sans aucun doute sur ce point son ancêtre, la Daytona Spider. L’autre nouveauté, la F8 Spyder, exploite les mêmes solutions ­techniques concernant le toit (rigide, escamotable en 14 secondes et sous 45 km/h) que la 812 GTS, et les bases du coupé F8 pour le reste. Les seules modifications notables touchent le moteur : l’exceptionnel V8 biturbo, sacré meilleur moteur des vingt dernières années, qui, dorénavant flanqué d’un filtre à particules, a été légèrement modifié pour conserver sa puissance de 720 ch... délivrée aux roues arrière. Mais depuis des années maintenant, Ferrari est passé maître dans l’art de contrôler tout ça électroniquement, via le fameux manettino rouge sur une des branches du volant, dispositif jouant sur les stratégies de fonctionnement du différentiel actif et sur les seuils d’intervention de l’ESP pour délivrer le meilleur compromis motricité/agilité en fonction des envies du conducteur. Nous allons vérifier tout ça dans le prochain numéro de Followed, avec l’essai du coupé sur la piste voisine de Fiorano. C’est d’ailleurs aussi le programme des visiteurs privilégiés d’Universo, de pouvoir, après la visite, passer de l’autre côté des grillages, casqués et gantés, pour goûter à ces superbes voitures, volant en mains. Car c’est quand même la finalité d’une Ferrari : la conduite.

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NAISSANCE

Cette 488 GTE compétition-client trône, avec d’autres modèles de la marque, dans l’espace dédié à la course automobile. Ce que beaucoup appellent l’ADN Ferrari.

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DUGARDIN.COM


MODE&OBJETS

COUTELLERIE 38 Followed Magazine


ART(ISANALE) Followed Magazine 39


MODE&OBJETS

Dans le Tarn, à quelques kilomètres à l’est de Toulouse la rose, Sébastien Soulier exerce son art, celui de la coutellerie. Cela consiste à fabriquer des couteaux, de la lame au manche, en maîtrisant aussi bien la forge que la ponceuse à ruban, le marteau et l’enclume. Rencontre avec un artiste artisan. Textes et photos F. Montfort

C’

est hypnotique, cet acier rougi, juste sorti de la forge et dont la chaleur vient vous lécher le visage. Et ce mouvement régulier du marteau qui s’abat sur le barreau d’acier, cognant l’enclume et dissipant à chaque impact un peu des calories emmagasinées dans le foyer surchauffé. Avec ce bruit sec et métallique, le son régulier du coutelier expérimenté qui façonne une de ses œuvres exclusives. Bienvenue chez Sébastien Soulier, fondateur et unique employé de la Forge du petit soulier, atelier de coutellerie artisanale française niché dans le Tarn. « Tu vois, plus tu mets des couches d’acier différent, plus c’est dur à travailler. Moi, quand je fais un barreau de damas, j’aime bien mettre un acier 90MCV8, au manganèse, avec un 75NI8, au nickel. Ça se marie bien ensemble, ça se travaille bien, explique Sébastien, marteau à la main, devant son enclume. Au début, tu soudes tes barreaux ensemble, pour en faire comme un cube. Tu peux faire quatre, cinq ou six couches. Tu chauffes et tu martèles pour aplatir et allonger le barreau, généralement trois à quatre fois avant de le replier sur lui-même, et tu recommences. À chaque chauffe, ça va se ressouder. Tu peux replier dans la longueur, dans la largeur, tu peux même torsader la barre pour créer des motifs très différents. Quand tu commences à faire ton propre damas, les possibilités sont multiples. » Il paraît que la coutellerie devient un art quand le coutelier maîtrise tout de A à Z, de la fabrication de sa lame à celle des plaquettes qui formeront le manche, ou à la finition millimétrée requise pour ce type de couteau. Sébastien n’achète pas de lames à l’extérieur, il achète des barres d’acier dont il taillera des morceaux qui deviendront des lames, toutes différentes dans leur forme, en fonction des coups de marteau qu’elles auront subi

Ci-dessous, des barreaux d’acier damassé qui, une fois soudés entre eux, repliés puis forgés et martelés, donneront cette lame fabuleuse, à la fois sublime par ses motifs et particulièrement résistante.

ACIER DAMAS

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MATÉRIAUX NOBLES Ci-dessus, de l’os de mammouth fossilisé, dans lequel Sébastien va tailler des plaquettes pour former un manche. À droite, sur son enclume, à donner sa forme à une lame.

sur l’enclume de l’atelier. Mieux, Sébastien fabrique même, quatre à cinq fois par an, son propre acier. « J’avais découvert ça dans les livres pendant mes stages de formation il y a plus de dix ans, cet acier appelé Wootz, un truc fait en Inde qui remonte à quelque chose comme 200 à 300 ans avant Jésus-Christ, le premier acier au creuset. Maintenant, j’en fais ! » Si le damas artisanal est déjà rare, le Wootz l’est encore plus. Nous n’avons trouvé qu’une poignée de forgerons en Europe à s’adonner à cette fabrication. Il faut d’abord récupérer des résidus de minerais de bas fourneaux, les mettre dans un creuset qu’on va chauffer à plus de 1 200 °C pendant quelques heures pour en faire un lingot d’acier. Une fois refroidi, et ça prend pas mal de temps, il sera façonné par le forgeron. C’est l’opération la plus délicate. « Pour former un damas, tu as plus de marge. Tu peux travailler sur l’enclume entre 1 200 et 850 °C, c’est la plage où il se forme bien. La couleur me donne la température, entre un rose foncé et un rouge vif. Avec le Wootz, c’est beaucoup plus compliqué. Déjà, tu fais un damas en 15 à 20 chauffes. Un Wootz, c’est 200. En plus, tu ne pars pas d’un cube mais d’un lingot arrondi qu’il faut chauffer entre 950 et 750 °C pour le travailler. En fait, tu l’amènes à 950 °C dans la forge et tu dois l’y remettre avant qu’il ne tombe à 750 °C. Tu as moins de temps et tu ne peux pas sortir de cette plage de température, car c’est là que les carbures se forment dans l’acier. Et ce sont ces

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MODE&OBJETS

carbures qui vont faire comme des points argentés dans la lame : c’est très particulier, magnifique et très résistant. Mais si on loupe un coup de marteau, si on attend trop et que la température baisse trop, on peut fendre le lingot. Ça m’est arrivé... » Nous avons vu cette sorte de boule de Wootz sortir de la forge, rougie à presque 1 000 °C, tenue par des pinces de plus d’un mètre de long pour supporter sa chaleur. Puis Sébastien actionner son marteau pneumatique, qui développe plusieurs tonnes de pression, pour les premières chauffes, pour faire de cette sorte de boule un cube. Après quelques chauffes, ça commence à y ressembler. Demain, il continuera au marteau à main : chaque chose en son temps, et il faut laisser le temps justement. Pour son Wootz, il ne fait pas plus de quatre à cinq chauffes par jour, pour ne pas brusquer l’acier, laisser aux carbures le temps de se former. Ce n’est plus de l’artisanat, c’est de la poésie. Dans sa « gamme », qu’il n’appelle surtout pas comme ça, Sébastien propose différents types d’acier pour ses lames : des Wootz et des damas bien sûr, mais aussi du C130 très carburé et très résistant, ou du 115W8 chargé en ­tungstène. Avec, à chaque fois, l’intervention humaine pour façonner la lame et qui va la rendre unique. Dans sa forme, mais aussi dans son traitement. « Je fais pas mal de trempe sélective sur des lames forgées dans un seul acier. Ça donne une sorte de ligne foncée sur la lame, c’est pas mal. » Pour cela, il applique de l’argile sur la partie haute de la lame, pas sur le tranchant. Ainsi, une fois chauffée à la forge, cette lame ne va pas se refroidir de manière uniforme lors de la trempe, quand Sébastien plonge l’acier rougi de chaleur dans l’huile froide. « La partie sous l’argile va refroidir

TREMPE SÉLECTIVE 42 Followed Magazine

Pour obtenir cette trace sur l’acier de la lame, Sébastien applique de l’argile sur une partie de la lame avant de la plonger dans la forge puis dans l’huile pour la « tremper ». Elle est dite « sélective ».


ACIER WOOTZ

Sébastien produit son propre acier Wootz, dont les origines remontent à 300 ans avant Jésus-Christ, en Inde. Du minerai issu des bas fourneaux est fondu à 1 200 °C pendant plusieurs heures pour former un lingot qu’il faudra ensuite chauffer et pilonner 200 fois entre 750 et 950 °C pour en faire une barre. Puis une lame chargée en carbure, sublime.

moins vite, va avoir une trempe moins forte donc une résistance moindre mais aussi une couleur différente. Dans l’acier en lui-même, donc pour toute la vie du couteau. » Ainsi, bien que la lame soit taillée dans un acier moins huppé qu’un damas ou un Wootz, elle arbore une patine unique et bénéficie d’un tranchant très résistant. Ce souci du détail se retrouve dans les manches des couteaux frappés du petit soulier, à la base de la lame. Sébastien travaille des bois locaux, comme le buis, mais aussi des bois fossilisés comme le chêne morta, ou des ébènes magnifiques, et même des écorces stabilisées dans la résine. « J’ai aussi de la corne, ou de la défense de mammouth fossilisée, que l’on peut acheter légalement en Russie, ou encore des matériaux de récupération, comme de l’isolant de vieux compteur électrique, récupéré sur un chantier. Sauf sur demande particulière, je fais mes propres associations : il faut juste que ça me plaise. » Et le garçon a plutôt bon goût. Toutefois, il répond aussi à des commandes, comme celle de ce client venu à l’atelier avec le bois d’une poutre de sa maison d’enfance, demandant qu’il serve au manche d’un couteau pliant doté d’une lame Wootz. « Là, il fallait d’abord stabiliser le bois, pour qu’il conserve sa couleur et ses caractéristiques dans le temps, puis voir quel type de forme voulait le client... puis attendre quatre à six mois. » Il faut donner du temps au temps. Pour certains couteaux, il y a plus d’une semaine de travail, entre la fabrication de la lame, la découpe des platines, en titane pour le poids (ce sont les pièces entre la lame repliée et les plaquettes qui forment le manche dans le matériau choisi), et des plaquettes. Et puis il y a l’assemblage, l’ajustement au dixième de millimètre près des plaquettes sur les platines, de la lame sur le ressort, pour qu’une fois dépliée, elle vienne s’enclencher exactement dans le prolongement du ressort, comme si ces deux pièces n’en faisaient qu’une. Sébastien peut passer trois heures avec son papier de verre grain 800 pour gommer un très léger défaut sur le ressort et que tout s’assemble parfaitement. « Une fois, j’ai livré un couteau très en retard, après presque un an d’attente. J’avais loupé la lame et je n’avais plus d’acier Wootz. Il a fallu retrouver du minerai et refaire un

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lingot : ça prend plus d’un mois. Et après, je n’arrivais pas à finir le manche, que j’ai refait trois fois. » Son stagiaire nous l’a confirmé, Sébastien est perfectionniste. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est venu se former ici, à Graulhet. Depuis quelque temps, Sébastien propose des formations pour devenir coutelier. En trois jours, les stagiaires vont faire un couteau plate semelle, plein manche ou monté sur soi, comprenez non pliable. Et repartir avec. Mais il existe aussi des modules plus longs pour apprendre le pliant, et même à forger son acier damas. « J’ai eu des stagiaires qui venaient de loin, d’Irlande, de Guadeloupe et de Martinique, même si ce sont les métropolitains les plus nombreux. C’est marrant de les voir s’appliquer devant la ponceuse ou passer deux heures à se décider pour la forme d’un manche. » Depuis plus de dix ans, Sébastien peaufine ses techniques et affine ses goûts, privilégiant, comme il le dit, la finesse et la légèreté. Proposant à la fois des couteaux pliants à cran forcé (de 300 à 950 € en fonction des matériaux), des piémontais ou des pleins manches, tous uniques. Il a même déjà réalisé des coffrets pour la table de six, huit ou douze couteaux, pour des particuliers, reprenant à chaque fois le même type de lame, parfois brute de forge avec cet aspect rustique propre à l’artisanat. « Un restaurant m’en a aussi commandé, mais là j’en ai vingt à faire. C’est plus long... mais ça va être superbe. » Peut-être un jour croiserez-vous un de ces couteaux frappés d’un petit soulier, chez un ami ou dans un restaurant étoilé. Et vous connaîtrez déjà son histoire.

MONTAGE SUR SOI 44 Followed Magazine

Dans sa gamme, Sébastien Soulier propose trois grands types de couteaux, même s’il peut réaliser des modèles exotiques sur demande. Le plein manche, non repliable comme à gauche, et les pliables, piémontais (à droite) ou à cran forcé. Il propose aussi des coffrets de table.


PIÉMONTAIS

COFFRET Followed Magazine 45


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L’hiver approche RESERVOIR Hydrosphere Blue Hole Avec cette nouvelle montre de plongée, la marque française Reservoir va très loin dans sa démarche, qui consiste à proposer des montres françaises et différentes mais avec le savoir-faire suisse. Ici, une seule aiguille pour indiquer les minutes (rétrogrades : arrivée à 60, l’aiguille se remet à 00 en faisant marche arrière), un guichet à 6 heures pour afficher les heures sur un disque (heures sautantes, qui changent d’un coup), et un indicateur de réserve de marche pour ce mouvement mécanique à remontage automatique proposant 37 heures d’autonomie. Le mouvement, d’origine ETA 2824-2, dispose d’un module additionnel composé de 124 pièces pour délivrer ces trois complications. Il est logé dans une boîte acier de 45 mm de diamètre dotée d’une lunette céramique unidirectionnelle et d’une valve hélium, permettant de décomprimer la montre dans un caisson. L’ensemble, étanche à 250 m, est proposé sur un bracelet acier à boucle déployante et extension (caoutchouc livré en complément) et vendu 4 250 €.

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I

l n’existe qu’un seul moyen de s’assurer de recevoir le bon cadeau en fin d’année : le suggérer soi-même. Mais ça peut prendre du temps, pour amener la discussion au bon moment, trouver le bon argument. Aussi, chez Followed, nous allons vous y aider. Vous avez ainsi deux mois pour faire croire à votre moitié que l’une de ces montres serait le cadeau idéal. Et si possible en lui laissant penser que tout cela… vient d’elle (ou de lui). L’hiver arrive et avec lui les fêtes. Super.


MICHEL HERBELIN Trophy automatique Basée à Charquemont, dans le Doubs, à quelques kilomètres de la frontière helvète, la marque Michel Herbelin incarne l’horlogerie française depuis 1947, proposant des mouvements suisses dans ses propres montres, car elle dispose de son propre studio de design et de ses ateliers d’assemblage et d’entretien. Cette nouvelle plongeuse n’y déroge pas, avec son design maison reposant sur une boîte acier de 42 mm de diamètre dessinée « à la maison », à la fois polie et brossée, et surmontée d’une lunette en céramique noire graduée en doré. Elle est animée par un mouvement mécanique à remontage automatique d’origine Sellita (suisse) offrant 38 heures de réserve de marche et donnant la date dans un guichet séparé, placé à 3 heures sur le cadran noir velouté mat (avec loupe intégrée à la glace saphir). Cette montre, étanche à 300 m, est montée sur un bracelet hybride textile et caoutchouc (côté peau) sur boucle déployante acier. Prix de vente : 850 €.

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BREITLING

Premier B01 Bentley Centenary Limited Edition

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L’argument est simple : si vous aimez Bentley mais que vous ne vous voyez pas en demander une à Noël, regardez du côté de cette montre signée Breitling. Célébrant à la fois le plus long partenariat entre une maison horlogère et un constructeur automobile, et pas n’importe lequel, et les 100 ans de Bentley, cette Premier B01 n’est proposée qu’en acier à 1 000 exemplaires ou en or rouge 18 carats (ici) à 200 exemplaires. Le cadran, en loupe d’orme brun, cache le mouvement manufacture maison calibre 01, qu’il est possible d’admirer au travers du fond cristal. Mécanique à remontage automatique, il comprend 346 composants, offre 70 heures de réserve de marche, indique les heures, les minutes et les secondes ainsi que la date, et propose une fonction chronographe via les poussoirs sur le flanc droit de la boîte (42 mm de diamètre). Notez que de l’autre côté, on peut admirer une plaque gravée « Bentley » dont le design s’inspire du tableau de bord de la Bentley Blower de 1929. L’ensemble, étanche à 100 m, est proposé sur un bracelet cuir brun et boucle ardillon, et vendu 26 350 €.


HUBLOT

Big Bang Unico SORAI Partant du constat, navrant, que les deux tiers des rhinocéros vont disparaître durant notre vie d’humains, Hublot a décidé, en partenariat avec l’association SORAI (Save Our Rhino Africa India) de Kevin Pietersen, de lancer en septembre dernier une nouvelle montre de la gamme Big Bang. Une partie des gains réalisés sur les ventes sera reversée aux associations Care for Wild et South African National Parks. Bon, ça, c’est pour la bonne action. Mais c’est bien de le noter : on ne sait jamais, ça peut motiver votre moitié ! Pour le reste, cette Hublot reprend les caractéristiques de ses cousines, c’est-à-dire une boîte en céramique (ici beige) de 45 mm de diamètre, un mouvement Unico maison, mécanique à remontage automatique de 330 composants et 72 heures de réserve de marche doté des fonctions heures, minutes, secondes, date et chronographe. L’ensemble, monté sur un bracelet caoutchouc couleur camouflage ou beige en textile avec une boucle déployante noire en titane, n’est proposé qu’à 100 exemplaires pour le monde. Tarif : 23 800 €.

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AUDEMARS PIGUET Code 11.59 Répétition minutes Supersonnerie

Admettons que vous ayez été super sage cette année. Et que vous êtes pour la nouveauté. Dans ce cas, cette Code 11.59 d’Audemars Piguet pourrait être pour vous. Déjà, parce qu’elle fait partie d’une toute nouvelle collection de la marque du Brassus, dans la vallée de Joux. Plus classiques que les Royal Oak, les Code 11.59 dévoilées au SIHH en début d’année n’ont pas que la boîte de neuve (41 mm, étanche à 20 m). Elles sont arrivées avec pas moins de cinq nouveaux moteurs. Pourtant, nous avons choisi la version Répétition minutes, fonction qui permet de faire sonner un carillon à la demande pour indiquer l’heure exacte, dont le mouvement mécanique à remontage manuel (calibre 2953, 72 heures de réserve) a été lancé en 2016. Mais le ton de sa sonnerie vaut à lui seul le déplacement, d’autant qu’on peut l’entendre autant de fois qu’on le désire d’une pression sur un bouton. Alors il ne reste qu’à suggérer l’idée à la maison, en insistant sur le nom étonnant (Challenge, Own, Dare, Evolve, et 11.59 pour la minute avant le nouveau jour). Ça fera mieux passer le prix de la merveille : 295 000 €.

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RICHARD MILLE RM 62-01 Alarme vibrante ACJ

Les passionnés de mécanismes vont adorer cette nouvelle Richard Mille. Développée avec ACJ (Airbus Corporate Jets) pour les globe-trotteurs, elle dispose de tous ce dont ils peuvent avoir besoin, second fuseau horaire (aiguille verte), grande date évidemment à 12 heures, tourbillon naturellement, visible à 9 heures (ce n’est pas nécessaire mais ça fait toujours son effet), mais surtout alarme vibrante. Oui, oui, vibrante, grâce à une masse oscillante en or qui, animée par un mécanisme isolé du mouvement pour ne pas en perturber la marche, alerte le porteur de la montre sans déranger ses voisins de cabine, de réunion... ou à la maison. L’heure sélectionnée pour l’alarme se lit sur un cadran à 5 heures. C’est l’argument imparable pour motiver l’achat du cadeau : « Je te l’assure, mes alarmes ne te dérangeront plus... » Comme d’habitude chez Richard Mille, les matériaux employés sont extraordinaires, mêlant titane et carbone TPT pour la boîte et la lunette, dont la forme rappelle celles des cabines et des hublots des avions privés d’ACJ. Enfin, le mouvement de plus de 800 composants assure 70 heures de réserve de marche. Seulement 30 exemplaires de cette montre étonnante seront produits et vendus, 1 271 500 € pièce.

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ART DE VIVRE

Sans sucre

c’est bien meilleur 52 Followed Magazine


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ART DE VIVRE

Pour cuisiner désucré, il existe désormais plusieurs bons livres de recettes. En bas, un banana bread sans sucre ajouté... mais avec des fruits bien mûrs, de la compote de pommes et des raisins secs.

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La première pâtisserie bio de Bruxelles (et la seule à ce jour) a une autre particularité : Katia Lefebvre y confectionne des gâteaux avec 20 à 30 % de sucre en moins que ne le préconisent habituellement les livres de recettes. Elle nous a expliqué comment elle y parvenait. Textes et photos A. Bloch

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ournaliste automobile pendant une quinzaine d’années, Katia Lefebvre a toujours rêvé de devenir pâtissière. La faute à une photo sépia un peu délavée de son cuisinier d’arrière-grand-père, apportant la dernière touche à une pièce montée. C’est sous le regard facétieux de cet aïeul qu’elle n’a jamais connu, mais qui trônait dans la cuisine de ses parents, qu’elle a raté puis réussi ses premières recettes. Se lancer pour de vrai, elle y pensait de plus en plus souvent le matin, en traversant la Seine pour aller au bureau. Et puis, elle a fini par le faire. Direction le CAP pâtisserie de l’école Ferrandi, laquelle doit son nom à un lieutenant-colonel qui, si ça se trouve, n’a jamais mis un orteil dans une cuisine. Une incongruité qui n’empêche pas l’établissement de la rue de l’Abbé-Grégoire (dans le VIe arrondissement de Paris), d’être mondialement réputé. À tel point que beaucoup le considèrent désormais paresseusement comme le Harvard de la gastronomie. Tous les jours pendant six mois, dès potron-minet, Katia enfile sa toque, et reprend d’abord patiemment les bases. À commencer par les pâtes (à choux, à foncer, feuilletée...), puis les garnitures (caramel, crème au beurre...). Elle saisit aussi l’utilité d’innombrables mystérieux bidules composant sa mallette d’ustensiles réglementaire. Puis vient le stage, et le premier coup dur : « Je me faisais gueuler dessus toute la journée, et j’avais l’impression de ne rien savoir faire. C’est là que j’ai vraiment compris que je ne voulais surtout pas travailler chez d’autres, que je voulais monter ma propre pâtisserie. » Elle se lance d’abord chez elle, en région parisienne, puis à Bruxelles, où elle entend rapidement parler d’une cuisine partagée (un concept de « co-cooking », cousin gourmand du désormais fameux « coworking »). Elle produit en flux tendu des quantités folles de financiers, madeleines et autres cookies, vendus sur un site de livraison de paniers bio, puis dans quelques petites boutiques de la capitale belge : « Je passais mon temps en voiture, dans les redoutables embouteillages bruxellois, pour des livraisons minuscules, et j’arrivais tout juste à couvrir mes frais. » Alors, elle s’est mis en tête d’ouvrir sa boutique, ce qui est désormais chose faite à quelques mètres à peine de la mairie de Saint-Gilles : l’une des 19 communes composant la région Bruxelles-Capitale.

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ART DE VIVRE

Les astuces du désucré ✔ ✔ ✔ ✔ ✔

ettre... moins de sucre : on peut, sans changer la recette, aller M jusqu’à 20 % de moins, notamment pour un cake ou une pâte à tarte. Substituer un sucre alternatif au classique saccharose : stévia, sève de bouleau, sirop d’agave ou d’érable... Incorporer de la compote de pommes (sans sucre ajouté), une réduction de (pur) jus de pommes, ou encore des raisins secs. Choisir des fruits bien mûrs : ils sont naturellement plus riches en fructose, qui est un sucre au même titre que le glucose. Utiliser un chocolat le plus riche possible en cacao, et remplacer le praliné (composé à 50 % de sucre !) par de la purée de noisettes, disponible notamment dans les magasins bio.

Dès le départ, l’idée est de réduire le plus possible la quantité de sucre dans ses gâteaux : « Ma mère est diabétique, mon frère est diabétique... et puis à cette époque, il commençait à y avoir pas mal d’études, et donc de livres et de documentaires sur le sujet. Je revois encore ces souris préférant leur dose de sucre à de la cocaïne ! » Les conclusions de l’étude en question ne font à vrai dire pas l’unanimité dans la communauté scientifique, mais cela donne tout de même une petite indication de la force de frappe du sucre sur le fameux « circuit de la récompense », et de la frustration qu’une privation brutale entraîne chez qui en consommerait à haute dose. De cette première contrainte découle une seconde : Katia ne veut utiliser que des produits de bonne qualité, idéalement locaux et, quoi qu’il en soit, systématiquement bio. « L’une des raisons pour lesquelles certains mettent beaucoup de sucre, c’est parce que ça masque tout : on peut mettre à peu près n’importe quoi dedans, ça ne se sent pas. En plus ça se conserve mieux : ils peuvent garder des gâteaux trois jours sans que les gens soient malades... » Ponctuellement, un peu comme les oulipiens en littérature, Katia s’amuse même à s’imposer d’autres contraintes, en réalisant des produits vegan (pas d’œuf, pas de lait, pas de beurre) : par exemple, une mousse au chocolat au jus de pois chiche. Ou encore des pâtisseries sans gluten, ce qui n’est pas simple : « C’est ce qui donne l’élasticité à la pâte, donc il faut ajouter des choses comme de la gomme de guar, sinon c’est extrêmement difficile à travailler. » Ce dernier argument reste cependant théorique : « Je préviens les gens que s’ils sont cœliaques, c’est-à-dire vraiment allergiques, ici, il y a du gluten absolument partout ! Mais certains semblent préférer, je crois qu’ils ont l’impression de mieux digérer. »

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Ancienne journaliste automobile, Katia a repris le chemin de l’école (en l’occurrence la fameuse école Ferrandi) pour passer un CAP pâtisserie, avant d’ouvrir sa boutique à SaintGilles (Bruxelles).

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ART DE VIVRE

Après tout, pourquoi pas. Mais ne soyons pas plus royalistes que le roi (des Belges, bien sûr) et restons-en au sucre. En mettant son idée en pratique, Katia jette tout d’abord son dévolu sur plusieurs sucres alternatifs, comme la sève de bouleau ou le sirop d’agave : « J’ai fait beaucoup d’essais, et ça marchait vraiment bien. Sauf qu’en production, ça revenait beaucoup, beaucoup trop cher. » Elle envisage ensuite de recourir au sirop de glucose (ou pourquoi pas de glucose-fructose), obtenu à partir d’amidon de maïs, de blé, ou encore de pomme de terre : son pouvoir sucrant est bien supérieur à celui du traditionnel saccharose, mais... « en fait, je me suis vite rendu compte que c’était pire que tout ». Dans la foulée, elle écarte enfin la piste des édulcorants de synthèse : « Le sorbitol ou ce genre de choses, ça sonne vraiment trop chimique pour moi. Et puis, en bio, ça ne le fait pas trop ! » Dès lors, il ne restait pas cinquante solutions : « J’ai pris l’option de travailler avec du sucre de canne tout simple... mais d’en mettre moins. » Elle comprend alors que, dans un certain nombre de recettes (comme les cakes ou les pâtes à tarte...), elle parvient assez facilement à diminuer la dose de sucre de 20 à 30 % sans rien changer d’autre. Mais ça ne fonctionne pas pour tout : « Quand j’ai essayé de mettre 20 % de sucre en moins dans mes financiers, la structure n’allait pas. Alors j’ai ajouté un peu de compote de pommes, sans sucre ajouté. On peut aussi utiliser du (pur) jus de pommes, après l’avoir fait réduire sur le feu. » D’autres recettes doivent être repensées, comme celle de la crème pâtissière au caramel, par exemple : « Normalement, on fait une crème pâtissière, puis on y incorpore le caramel, on a donc deux fois du sucre. J’ai trouvé une astuce pour procéder dans le sens inverse, et donc n’en mettre qu’une seule fois. Je n’utilise pas non plus de praliné (50 % de noisettes, 50 % de sucre), que je remplace par de la purée de noisettes. ».De même, le banana bread (sorte de cake à la banane) que Katia prépare justement aujourd’hui ne comporte pas le moindre gramme de sucre ajouté : outre sa fameuse compote de pommes, elle utilise tout simplement des bananes bien mûres (donc naturellement riches en fructose, à l’index glycémique plus faible que celui des autres sucres) et quelques raisins secs. Même les recettes les plus « crapuleuses », comme le crémeux au chocolat qui trône en vitrine, ne sont pas aussi sucrées qu’on pourrait le croire : « Ici, j’ai pris du chocolat très noir, donc peu sucré, et je n’ai ajouté qu’une trentaine de grammes de sucre en poudre. » Pour se faire une idée, la toile regorge de recettes de moelleux qui en réclament 100... voire 200 ! Son record absolu, du moins à ce jour : un pain d’épices avec... 38 % de sucre en moins que dans une recette conventionnelle. Reste que certaines recettes sont inenvisageables en désucré, notamment tout ce qui est meringue (un tiers de blanc d’œuf, deux tiers de sucre !). Mais là encore, on peut ruser : « Pour remplacer les coques des macarons, je fais souvent le week-end des petits ronds de pâte sablée, entre lesquels j’intercale de la chantilly ou une ganache au chocolat. » Après dégustation, on confirme : cette astuce-là aussi fait la blague. Alors, si on levait un peu le pied sur le sucre ?

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Moins de sucre ne veut pas dire moins gourmand : exemple avec cette tartelette surmontée d’une ganache au chocolat blanc, ou ce crémeux au chocolat noir avec seulement 34 grammes de sucre ajouté.

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CULTURE

Pourvu que ça groove Que vous soyez ou non branché(e) jazz, vous avez nécessairement marqué les temps sur le groove du plus parisien des pianistes belges, Éric Legnini. Au piano ou au Fender Rhodes, il a accompagné Claude Nougaro, Ibrahim Maalouf, Henri Salvador. Et (prochainement) Thomas Dutronc. Entretien et photos A. Bloch

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unk, soul, électro, hip-hop... Éric Legnini a mêlé toutes sortes d’inspirations en pas loin de trente-cinq ans de carrière. Remisant son clavier Fender Rhodes électrique pour revenir au piano acoustique, il sort ces jours-ci l’album Six Strings Under. En fait, les cordes qu’il y met à l’honneur sont plutôt au nombre de douze, puisqu’à la guitare de Rocky Gresset (grand nom du jazz manouche et compagnon de route de Thomas Dutronc, notamment) répond souvent une autre, celle de l’académique mais « tout-terrain » Hugo Lippi. Réputé pour sa rigueur rythmique et son groove, Éric se dispense pour l’occasion de percussions, puisqu’il joue en trio piano-contrebasse-guitare(s) : une formule qu’affectionnait aussi en son temps Oscar Peterson...

Tu es vraiment devenu professionnel à 16 ans ? J’allais toujours en cours, et au Conservatoire royal de Liège, mais je jouais dans plein de bars et de clubs, oui.

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C’était plutôt de la funk, mais à l’époque j’écoutais aussi énormément d’afro-beat, de house et d’électro (c’était la période post-Kraftwerk), tout en côtoyant beaucoup de guitaristes de rock (car c’était aussi la période U2). Auparavant, j’avais beaucoup baigné dans le classique, ma mère étant cantatrice. Ou dans le jazz manouche, puisque mon père, guitariste amateur, a beaucoup écouté Django. Bref, j’avais vraiment envie d’apprendre, et, comme une éponge, j’absorbais plein de trucs.

Comment t’es-tu retrouvé à New York à 18 ans ?

En passant des concours, j’ai décroché une bourse pour aller étudier pendant deux ans à la Long Island University, à Brooklyn. En principe, c’était pour faire un master, mais je ne suivais que les cours de musique et quelques master class. Notamment avec Richie Beirach [sideman de Chet Baker, Stan Getz... NDLR] ou Kenny Kirkland [notamment claviériste de Sting, NDLR]. En fait, je passais surtout mon temps à la maison, à travailler le piano : j’en faisais au moins dix


Éric Legnini

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« J’ai du mal à faire comprendre que, dans ma musique, il y a du hip-hop, même si c’est acoustique et qu’il n’y a ni beatbox, ni samples » heures par jour ! C’était un vieux Fender Rhodes, piano électrique emblématique des années 1970 [comme dans Riders on the Storm des Doors, NDLR], que j’ai intégré bien plus tard dans ma musique. Je faisais la plonge dans un resto, deux jours par semaine, ce qui me permettait de me payer un coca dans un nouveau club chaque soir ou presque, pour les deux sets. Ça met la barre haut, c’est très inspirant et... ça donne envie de travailler. Il y avait vraiment une dynamique particulière à New York, c’était monstrueux !

Comment s’est passé le retour en Europe ?

On m’a proposé d’enseigner au Conservatoire royal de Bruxelles, puis j’ai fait une tournée de plus de deux ans avec Toots Thielemans, qui est LE musicien international belge. Je faisais plutôt partie de la scène « électrique », mais ça ne veut pas dire grand-chose à Bruxelles, car la ville est tellement petite que tout le monde se côtoie : la nuit, on croisait aussi bien Arno que dEUS ou les danseuses de la Monnaie [l’opéra de Bruxelles, NDLR]... Et puis j’ai rencontré un musicien italien, Stefano di Battista : on a monté un quintet, qui a eu un certain impact sur la scène jazz à Paris et nous a valu d’être signés sur le fameux Label Bleu. J’ai alors décidé de m’installer en région parisienne, et je suis devenu « sideman » pour plein d’autres jazzmen : j’ai beaucoup joué, notamment, avec les frères Belmondo [Lionel et Stéphane, lesquels n’ont aucun lien avec Jean-Paul, NDLR], ou le trompettiste Éric

Le Lann, qui a vraiment eu son heure de gloire dans les années 1990. À cette époque-là, j’étais vraiment focus sur le jazz que l’on pourrait qualifier de « traditionnel », ce que l’on appelle aussi le « post-bop ».

Mais tu ne faisais pas que du jazz ?

Non, j’ai aussi fait beaucoup de musique brésilienne, notamment avec Toninho Horta : j’aime beaucoup le contraste entre ces mélodies qui paraissent toutes simples, et la sophistication harmonique de fou qu’il y a derrière. Plus tard, le batteur André Ceccarelli [qui fut l’un des Chats Sauvages aux côtés de Dick Rivers, NDLR] m’a introduit dans le monde du studio, et je suis devenu « musicien de séance » pour des chanteurs aussi variés que Carla Bruni, Diam’s, Liane Foly, Henri Salvador... C’était une période assez dingue, proche de ce que j’avais connu à New York : tous les potes se retrouvaient après leur concert respectif pour jammer, et beaucoup de jeunes musiciens parlent encore de cette époque comme d’une sorte de légende urbaine, en nous demandant si elle a vraiment existé. Je vivais véritablement la nuit : je jouais dans les clubs jusqu’à 4 ou 5 heures du matin, donc forcément je me levais à midi, je faisais deux ou trois heures de piano, et il était temps d’aller faire les balances pour le soir. On était tous dans un rythme... très « jazz ». Ça a changé au début des années 2000 : on devenait tous un peu plus âgés, on s’est mis en couple, on a eu des enfants...

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CULTURE

« J’aime avoir un pied dans l’histoire, dans la tradition, mais sans être passéiste : être contemporain est une obsession chez moi »

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Tu as aussi collaboré à l’album (posthume) de Claude Nougaro, La Note bleue...

Oui, au début des années 2000 justement, Claude avait envie de revenir au jazz, et cherchait un pianiste-arrangeur et coréalisateur... Il avait dû écouter la dernière prod du quintet, et aimer le son je pense, en tout cas il est venu me chercher. C’était une expérience incroyable, parce que c’est vraiment un cador de la chanson française. Je me souviens qu’en arrivant chez lui, au-dessus du piano, il y avait une énorme photo sur laquelle il faisait écouter son premier 45 tours à... Édith Piaf. Ça met tout de suite dans le mood, un truc de fou. Il y avait chez lui quelque chose d’extrêmement intéressant dans le rapport entre le texte et la musique. J’étais jeune, j’étais encore un peu dans la performance, et il m’a vraiment fait écouter la musique différemment. J’ai compris en faisant ses arrangements que je devais magnifier la chanson, mais sans jamais contrecarrer la mélodie. C’est grâce à cela que j’ai ensuite fait plusieurs albums autour de la voix, avec Yael Naim, Hugh Coltman, Krystle Warren... Dont un qui a reçu une Victoire du Jazz [en 2011, NDLR]. Ce qui est amusant, c’est qu’à la même époque que La Note bleue, je travaillais aussi sur un album de R’n’B, pour une chanteuse qui s’appelle Kayna Samet. Le single s’était retrouvé en playlist sur NRJ, Fun Radio, ­Skyrock... Ce qui était chouette, c’est que l’album était quand même musical et ouvert, avec une certaine sophistication dans l’harmonie. Ça n’existe plus aujourd’hui, ce genre de mélange dans les « musiques urbaines » : elles sont très formatées, à moins de partir dans ce qui est vraiment « indé ».

Justement, tu as fait des choses plus électro, notamment avec Ibrahim Maalouf, et tu es surtout un grand amateur de hip-hop...

Oui, et j’ai souvent du mal à faire comprendre que, dans ma musique, il y a du hip-hop, même si c’est acoustique et qu’il n’y a ni beatbox, ni samples. Je suis obnubilé par le groove, et il y a dans mon travail une histoire de « tourne », de répétition : une boucle bien foutue, on peut la faire tourner pendant deux heures, elle devient un peu hypnotique. C’est une vraie influence pour moi, elle fait vraiment partie de mon écriture. J’aime avoir un pied dans l’histoire, dans la tradition, mais sans être passéiste : être contemporain est une obsession chez moi. Pour faire un parallèle facile, je me sens un peu comme les vignerons de Saint-Émilion ou Châteauneuf-du-Pape qui s’amusent à utiliser tous les cépages de leur appellation (même s’il y a bien sûr des monocépages qui défoncent !) : je suis un vrai gourmand, et je trouve toujours un moyen, même

détourné (voire un peu second degré), de marquer des influences, d’utiliser tous les ingrédients qui font ma personnalité. Je suis catalogué pianiste de jazz, ce qui me va bien, mais j’essaie de partager autre chose que juste du jazz. Parfois, c’est mal perçu, parce que ça brouille les pistes et qu’il y a des gens qui n’ont pas envie d’écouter ça, mais bon... J’aime surprendre, ce qui est aussi un moyen pour moi de ne pas m’ennuyer !

Comment composes-tu ?

J’ai toujours travaillé en ayant le swing, la précision du rythme en ligne de mire : si une musique ne me donne pas envie de bouger un peu (sans forcément aller jusqu’à danser sur la table), c’est qu’il y a un souci. J’aime beaucoup les mélodies simples et lisibles, qu’on retient presque instantanément (on parle de « riffs » ou de « hooks »), mais avec des harmonies subtiles et complexes autour. Comme dans les musiques brésiliennes dont on a parlé tout à l’heure. Parce que j’ai envie de deux choses contradictoires : que ceux qui n’écoutent pas de jazz aient envie d’écouter ma musique, et que les autres puissent trouver plus de complexité en passant le truc au crible. C’est un peu ce que fait aussi Brad Mehldau, qui est pour moi un pianiste extraordinaire : les mélodies sont extrêmement lisibles, par exemple quand il reprend Radiohead, mais en même temps, les solos qu’il envoie derrière sont super pointus. Son travail me touche vraiment. J’aime aussi être un peu « borderline », « on the edge » [soit « sur le fil du rasoir », en VF], c’est-à-dire improviser, mais en restant le plus lisible possible. Pour moi, un morceau ne doit jamais être un simple prétexte à l’improvisation : il doit exister par lui-même, avoir son histoire, sa « vibe »... ensuite seulement, on peut surfer sur cette ambiance. Un pseudo-thème qui ne dit pas grandchose, avec par-dessus une improvisation fantastique de virtuosité, je trouve que ça n’a pas grand intérêt.

Tu es aussi réalisateur, producteur... Ça consiste en quoi ?

À prendre du recul. Quand je raisonne seulement comme pianiste, je suis dans une quête assez individualiste, de performance, de perfection d’exécution. Mais ensuite, j’écoute les choses plus globalement : si le reste du groupe n’était pas dedans, ça ne sert strictement à rien de garder la « take ». À l’inverse, des choses extrêmement intéressantes peuvent sortir spontanément, et il faut savoir les capter. Enfin, il faut avoir la sagesse de s’arrêter quand on touche au but, sans se dire encore et toujours qu’on pourrait avoir mieux en faisant une autre prise. Et ça, en principe, un musicien ne sait pas faire !

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CULTURE

LA PLUS GRANDE CHAÃŽNE HUMAINE DU MONDE

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Avec son projet « Beyond Walls », l’artiste français Saype veut impacter la société sans impacter la nature. Rencontre avec celui qui peint des poignées de main, géantes et éphémères, en signe d’entraide et d’optimisme. Textes C. Boulain, photos Saype et C. Boulain

«L

a partie recherche et développement me prend beaucoup de temps. Je la fais chez moi, dans mon atelier », explique Guillaume Legros, AKA Saype. Formulé ainsi, cela fait davantage penser aux paroles d’un ingénieur aéronautique, ou au moins mécanique, qu’à celles d’un artiste peintre. Pourtant, Saype en est un. C’est à lui que nous devons les énormes poignées de main en noir et blanc, découvertes au pied de la tour Eiffel en juin dernier. Huit paires de mains, entrelacées et peintes sur le gazon du Champ-de-Mars, offrant aux passants une vision géante d’optimisme et d’entraide. « Avec

ce projet Beyond Walls, nous voulons faire passer un message d’espoir et d’optimisme, de vivre ensemble, raconte Guillaume. Nous voulons faire la plus grande chaîne humaine au monde, dans au moins vingt métropoles autour de la planète. Paris fut le commencement, là nous venons de terminer Andorre avant d’aller à Genève, puis à Berlin... mais ça va nous prendre trois à cinq ans. » Peindre des œuvres éphémères démesurées, de manière écologique et optimiste, ne s’improvise pas. Nous avons voulu comprendre la démarche, amorcée il y a plus de sept années. Nous nous sommes assis dans l’herbe avec Saype, au bord de son œuvre, pour discuter.

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CULTURE

« J’ai toujours été attiré par les techniques de peinture, c’est pour cela que je passe beaucoup de temps à les explorer, les inventer parfois aussi. Et quand j’ai vu débarquer les premiers drones, en 2012, je me suis dit qu’il y avait un truc fabuleux à faire. L’art, ça se partage, les réseaux sociaux et Internet sont parfaits pour ça, faisant vivre et voyager une photo comme ça n’était pas possible avant, tout autour du monde en quelques minutes... J’avais un truc à faire. » Nous sommes en 2012, Guillaume est infirmier dans un service gériatrique en Suisse, frontalier comme beaucoup de Français. Mais passe le reste de son temps à peindre, à chercher, à inventer. « Déjà, quand j’étais au lycée, je graffais sur des murs. C’est à cette époque que je me suis trouvé mon nom, d’abord parce que j’aimais bien la dynamique des lettres S, A, Y et P, et parce que c’était nécessaire pour ne pas trop se faire repérer. Ça a donné SAYPE, comme say peace en plus court. D’ailleurs on dit saype et pas sahiiiipé. » Guillaume est né et a grandi à Belfort, là où les amateurs de ce magnifique territoire voient de grands remparts, comme des toiles immaculées prêtes à être décorées. Pourtant, Guillaume ne peindra jamais là, jamais là où il ne faut pas d’ailleurs. « Certains graffeurs diraient que je ne suis pas un vrai... mais je n’ai jamais peint un mur privé, un camion dans la rue. J’aurais détesté qu’on me le fasse. Moi, j’ai

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bombé le dessous de vieux ponts, des murs désaffectés. » L’art, ce n’est pas de famille chez Guillaume. Il a un grand frère et une petite sœur, mais personne pour partager un mur après les cours. C’est après le bac, à l’école des infirmiers de Strasbourg, qu’il va vraiment trouver sa voie. « Déjà, parce que j’avais du temps, en dehors et pendant les cours : je dessinais tout le temps. Et du coup, j’expérimentais plein de choses, je peignais à la maison, chez mes parents où je m’étais aménagé un atelier. Je suis curieux, même si je n’ai jamais acheté qu’un seul livre sur l’art, un bouquin sur la colorimétrie qui m’a beaucoup servi pour comprendre les couleurs et les mélanges. Il me sert encore. » Avec ses potes de toujours, Lionel et Simon, il part à la mer l’été ; lui peint des toiles et eux les vendent aux touristes. Puis c’est le travail, le vrai. Infirmier, frontalier, dans un centre de gériatrie en Suisse. « Pour certains, ça ne fait pas rêver, mais ça m’a appris tellement, sur la vie, le rapport aux autres, ma relation au monde, à l’être humain. » De ce côté des Alpes, l’accompagnement de fin de vie existe : il le vit, parfois régulièrement selon les semaines. Comme il le dit, il a pris dix ans par an. Son envie de passer des messages vient sans doute un peu de cette période. Mais elle lui apporte quelque chose de plus : la stabilité financière. « J’ai toujours peint durant ces six années d’infirmier, mais sans pression financière.


« L’IDÉE, CE SONT DES GENS QUI SE TIENNENT PAR LA MAIN TOUT AUTOUR DU MONDE, EN SIGNE DE SOLIDARITÉ » Tout part d’une photo de mains anonymes. Puis un dessin et enfin une œuvre, peinte au compresseur, avec des pigments naturels biodégradables.

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« JE VOULAIS UNE ŒUVRE ÉPHÉMÈRE, RÉALISÉE AVEC DES PEINTURES NATURELLES ET BIODÉGRADABLES » Guillaume, AKA Saype, assis sur son œuvre. Une bonne idée de sa démesure.

La majorité des artistes doivent composer avec les galeries, pas moi. Je pouvais choisir, je pouvais même refuser : un luxe dans l’art. » Du coup, Saype fait un peu ce qu’il veut. Mais en 2011, le printemps arabe éclôt de l’autre côté de la Méditerranée, et ça va marquer Guillaume. « Il s’est passé tellement de choses là-bas à cette période. Moi, j’ai 22 ans, je suis confronté à la souffrance tous les jours, mais c’est différent. Tout ça me bouleverse et je commence à m’intéresser au déterminisme. En fait, rien n’arrive par hasard, chaque action finit toujours par avoir une conséquence. Et si tu veux changer des choses, il faut déjà faire quelque chose. » Un an plus tard, c’est la découverte de la photo par drone : une révélation. « Je me souviens de mon premier drone, un DJI Phantom sous lequel j’avais mis une petite caméra genre GoPro. Tout de suite je m’imagine peindre des trucs énormes et les voir d’en haut. Et ça provoque un truc dans ma tête. Tu vois, la pièce qui tombe au fond en faisant du bruit : pareil. Quand tu regardais un graffiti dans les années 1980 sur le mur d’une banlieue, il se passait un truc. L’artiste pouvait passer un message, s’exprimer, interpeller les passants : plus maintenant, c’est trop vu. Alors là, je me dis que c’est le graffiti des années 1980, tu vois un peu le truc ? » Lui vient alors l’idée de peindre par terre, directement sur le sol. De proposer deux visions, celle qu’on a depuis la terre, et celle vue du ciel. Mais il doit encore développer les techniques pour le faire. Et sans impacter la planète. « C’est très important pour moi, de faire quelque chose d’écologique, de ne pas

polluer le sol plus qu’il ne l’est déjà. Alors j’ai testé des trucs de dingue, des pigments naturels, même de la betterave ­déshydratée pour faire du rouge ou du violet. J’en ai lu, des pages de mon livre de colorimétrie. Je te le dis, mon atelier, c’était devenu n’importe quoi. » Mais qui dit peindre au sol dit peindre des surfaces énormes. Et, très vite, Guillaume voit les limites du concept : elles sont financières. Peindre 15 000 m2, comme il l’a fait à Paris, réclame des centaines de litres de peinture, du matériel adapté, des personnes pour l’assister. « Bon, ça, ça n’a pas été trop compliqué. Lionel et Simon étaient là depuis le début, ils le sont encore, dit Saype en rigolant. Mais pour la peinture, fallait trouver le truc. » Ça sera le noir et blanc. Ça tombe bien, sur le vert d’un gazon, ça rend très bien. Du charbon, plus précisément du noir de vigne (des sarments brûlés) et de la craie, dilués avec de l’eau et de la caséine de lait pour tout fixer et le tour est joué. « J’ai mis plus d’un an à trouver la recette, une recette qu’on peut reproduire partout, avec laquelle nous pouvons réaliser toutes les nuances de gris... Ça fait rêver, non ? Mais franchement, ça a été galère. J’avais même fait des essais avec de la farine et de l’eau, que je cuisais dans des lessiveuses pour en faire une pâte : du grand n’importe quoi. » La médiatisation arrive après les premiers essais : Guillaume et ses copains habitent la montagne, en Suisse pour l’un, en France pour les autres, c’est le terrain d’entraînement parfait. Dès la première œuvre, L’Amour, au col des Aravis, une fresque de 35 x 40 mètres, le succès est au

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rendez-vous. La station aurait même explosé le nombre de forfaits vendus en un été, le meilleur observatoire étant la remontée mécanique voisine. D’autant que la technique ­développée par Saype rend l’œuvre éphémère, vivante pour cinq à six semaines en fonction des intempéries : il faut donc se presser pour l’admirer. « J’aime bien ce côté éphémère, ça va avec la nature. Nous ne devons pas laisser notre trace à perpétuité. Et puis ça va avec le côté événementiel de certaines ­expositions, ça a du sens. » En plus de son travail sur toile, où Guillaume développe une peinture étonnante qui donne ­l’impression d’être vue à travers une vitre embuée (­moaningallery.com), il a donc lancé le projet Beyond Walls, commencé à Paris. La plus grande chaîne humaine, des poignées de main si réelles qu’elles semblent vraies malgré leur taille démesurée, peintes sur le gazon de grandes métropoles mondiales. « Ce sont des vraies mains... photographiées par

nos soins. Ici, en Andorre, ce sont des mains prises à Paris, lors de l’inauguration du Champ-de-Mars. Si ça se trouve, on choisira des mains d’Andorre pour Genève, et ainsi de suite à ­Berlin... » Ce projet gigantesque doit occuper Guillaume, ­Lionel et Simon pour quelques années, en fonction des villes qui les accueilleront et des partenaires qu’ils trouveront. « C’est un message d’optimisme et de solidarité, en soutien à l’association SOS Méditerranée. À Paris, la mairie nous a suivis, aidés même. J’ai vraiment aimé ma rencontre avec Anne Hidalgo. Ici aussi, en Andorre, ça a été génial, grâce aux organisateurs de la biennale, je pense principalement à PaulAlexandre Nicolas de Moanin Gallery ou à Pere Moles. Notre projet est beau, porteur de belles valeurs et complètement dans l’air du temps. Pour l’instant nous savons que Genève va suivre, puis Berlin. Mais on veut aller plus loin. » Nous le leur souhaitons. Nous nous le souhaitons.

Le second opus de l’œuvre Beyond Walls, surplombant la vallée d’Andorrela-Vieille, dans les Pyrénées.

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Le skieur français le plus capé de l’histoire semble plus affûté que jamais. Avec l’annonce de la retraite de son « pire » ennemi, l’Autrichien Marcel Hirscher, le skieur de Courchevel apparaît comme le favori pour la saison 20192020. Il était temps de faire le point avec lui.

Textes C. Boulain, photos Red Bull et Renaud Corlouer/Richard Mille

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ans quelques jours, Alexis Pinturault va rechausser les skis. Mais pour l’instant, il profite d’un petit break dans la préparation de sa nouvelle saison chez lui, avec sa femme Romane, sur les bords du lac d’Annecy, en Haute-Savoie. Depuis maintenant près de dix ans et sa première victoire en championnat du monde junior, Alexis, que l’on surnomme Pintu, en rapport à son nom de famille, ou la bête quand on connaît sa capacité à s’entraîner plus que tous les autres athlètes, fait partie des meilleurs skieurs alpins de la planète. Après une saison en demi-teinte à l’hiver 2017-2018, malgré deux médailles olympiques sur les pistes de Corée, mais aucune dans un métal doré, le natif de Courchevel, Français par son père mais Norvégien par sa mère, avait pris sa revanche l’an dernier. S’il avait certes un peu « cherché son ski », comme il le dit, sur les premières étapes du début de saison, il avait à partir de la fin décembre tout mis en place pour gagner en combiné un titre de champion du monde et un globe de cristal, couronnant la saison de coupe du monde, et terminer dauphin de l’ogre autrichien Marcel Hirscher dans la quête ultime, celle du « gros globe de cristal », la récompense

suprême du ski alpin, le titre toutes disciplines confondues. Une moisson de récompenses pour le Français, qui résonnait en avril dernier comme une promesse pour la saison suivante, qui va démarrer à la fin octobre à Sölden, en Autriche. Après avoir été troisième puis deuxième dans la course au gros globe, Alexis peut voir plus grand. Il le sait. Comment en effet s’empêcher de penser à la victoire finale et totale en avril 2020 ? Les choix techniques sur le matériel, comme les modifications dans le programme de courses mis en place depuis deux saisons, apparaissaient soudainement comme évidents, promettant des lendemains qui rient au Haut-Savoyard, skieur français le plus titré de l’histoire avec ses vingt-trois victoires en coupe du monde. À 28 ans seulement. Et l’annonce de la retraite de son rival de toujours, l’Autrichien Hirscher contre lequel il se « bat » depuis leurs années junior (même s’il est plus jeune de deux ans), ne fait que renforcer ce sentiment que l’hiver prochain, un truc énorme pourrait bien se passer pour le ski français. C’est assis autour d’un verre d’eau plate et fraîche, à quelques mètres de la piscine de leur maison savoyarde, qu’Alexis et sa femme nous ont reçus. Pour parler de la saison passée, de la prochaine et même de l’avenir, de cet après-ski qu’ils envisagent à deux. Au minimum.

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ENTRETIEN La saison 2017-2018 n’a pas été votre meilleure. Et beaucoup d’observateurs vous ont pensé freiné par une évolution du règlement, pénalisant particulièrement les skieurs français. Qu’en pensez-vous ? Pour comprendre la situation, qui ne concerne que la discipline du géant, il faut revenir plus en arrière, en 2014 lors des premières vraies modifications du règlement. Cette saison-là, pour tenter de ralentir les skieurs suite à de nombreuses blessures, la fédération internationale a imposé que nos skis ne fassent plus 27 mètres de rayon de courbure, mais 35 mètres, sans changement de tracé de piste. Il faut savoir que, sur un géant, l’écart entre les portes est de 30 mètres en moyenne, avec un peu plus de 30 mètres sur les plats [nous avons du mal à les appeler ainsi, nous les skieurs moyens, NDLR] et 26 à 27 mètres dans les murs. Ils pensaient qu’avec des skis tournant moins court, nous allions revenir à des techniques plus anciennes, avec du drift en entrée et du carving après, comme dix ans auparavant. Ça n’a pas marché, car quand on sait quelle vitesse on gagne en carvant du début à la fin du virage, on a tous cherché à le faire. On a mis plus de contrainte sur les genoux, plus sur le dos aussi, avec des évolutions techniques sur les skis, les plaques pour mieux les plier... Nos équipementiers ont réussi à faire des skis de 35 mètres de rayon qui marchaient comme des 27 mètres. Et finalement, il y a eu davantage de blessures. Donc en 2017, le règlement fait marche arrière. Et pourquoi cela vous pénalise-t-il plus vous que les autres ? En effet, sur la saison 2017-2018, nous sommes revenus à des skis de 30 mètres. Et si cela a un peu plus ralenti les Français, c’est surtout une question de marque de skis. Les Français ont moins bien marché pour différentes raisons, personnelles pour certains,

de matériel pour d’autres, dont je fais partie. Avec Head, nous avons mis un peu trop de temps à délivrer le bon ensemble. Le ski, c’est un peu comme la Formule 1 : si tu prends la mauvaise direction, techniquement, ça prend du temps pour corriger les choix. Il y a beaucoup de paramètres, le ski certes, mais aussi les plaques qui permettent de mieux plier la planche et de rendre davantage d’énergie, les fixations également, et puis les chaussures. Quand tu pars dans la mauvaise direction, il faut corriger ces paramètres un par un. L’an dernier, as-tu loupé ton début de saison 2018-2019 à cause de cela ? C’est sûr, j’ai bien raté mon entame de saison. Déjà, la première course, à Sölden, a été annulée. Puis je sors de la piste à la seconde, à Levi en Finlande, avant de me louper à Beaver Creek. Je ne sais même plus si je fais treizième ou quatorzième. Bref, pas terrible. Mais pas moins bien qu’à Val d’Isère ensuite, à côté de chez moi. C’est vrai, ça n’était pas bon, je n’arrivais pas à faire mon ski. On a continué à travailler sur le matériel puis ça a commencé à être mieux à partir de la fin décembre. Ce n’est pas que le matériel, mais on sortait quand même d’une saison 2017-2018 compliquée sur les skis. Là, c’est derrière nous. Pour 2019-2020, tu vises quoi après ta deuxième place au général l’an dernier ? Le but, c’est de ne pas sortir du top 5 à chaque course et faire le plus de victoires possible. Prendre chaque course une à une, ne pas penser au classement général même si quand on a fait deuxième, il ne reste plus qu’une marche à gravir. Mais surtout, quand on finit mal une course, avec un mauvais résultat, il faut en faire abstraction pour rebondir. Physiquement, je suis bien. J’ai 28 ans, je pense qu’on est bien de 25 à 32, peut-être même jusqu’à 33, d’autant

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J’ai besoin de cette pause estivale pour repartir

que je n’ai jamais eu de grosse blessure. En plus, je continue avec les mêmes partenaires techniques, Head, Bollé, Richard Mille, Colmar, Leki et Reusch, pour ne pas avoir de temps d’acclimatation. Donc je ne vais pas me dire que je vise la deuxième place. Je sais juste que je vais courir une trentaine de courses, que je ne dois pas m’affoler quand je ne marque pas de gros points... et continuer à avancer. Je vais faire un peu moins de courses que lors de certaines saisons précédentes, me concentrer là où je suis fort. On est un peu revenu vers ça l’an dernier. Quelques années en arrière, je faisais tous les super-G, tous les combinés... sans doute parce que j’étais moins bien en slalom. Mais là, les super-G ont évolué, dans leur tracé, façon descente. C’est moins bien pour les techniciens comme moi. Du coup, je me suis reconcentré sur géant et slalom, pour ne faire du super-G que s’il me convient. Ça devrait être mieux... Comment prépares-tu ta saison ? La saison se prépare juste à la fin de la précédente. Enfin, trois semaines après, ce sont les trois à quatre semaines de coupure. Les seules vraies vacances de l’année. Puis c’est la reprise autour du 15 mai, avec redémarrage de l’entraînement physique en premier pour onze semaines de suite. C’est vraiment la période où l’on fait tout, on construit la pyramide. Derrière, on en fait moins, on se contente d’entretenir cette forme. J’en ai besoin, c’est relativement long, car avec les vacances ça fait quatre mois sans ski. En fait, j’en ai besoin pour avoir envie de repartir sur les

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planches, pour retrouver la motivation que je n’aurais pas de la même manière si j'attaquais trop tôt. Puis, à partir du 15 août, on remet les chaussures et les skis. Cette année, je suis allé en Suisse, à Saas-Fee, à côté de Zermatt. Le programme est toujours le même : réveil à 5 heures, sur les skis avant 7 heures parce que les glaciers ferment tôt, et un peu de physique l’après-midi. Ce sont des stages de quatre à cinq jours puis on revient à la maison pour encore quatre à cinq jours, mais d’entraînement physique intensif. Là, je suis allé deux fois à Saas-Fee, et une fois dans un dôme, pour faire du ski couvert, avec des conditions très proches de celles des courses, avec – 2°, pas de variation météo. Ce sont de très bonnes journées de travail. Puis c’est l’Amérique du Sud en septembre. On part plus longtemps, à cause des temps de vol et du décalage. Cette année, c’est en Argentine, à Ushuaia pour deux à trois semaines de suite. Je vais rentrer début octobre pour une semaine de repos, puis de nouveau préparation ski pour la première course de l’année, fin octobre à Sölden. Elle arrive très tôt dans la saison, plus d’un mois avant la deuxième, mais elle permet de lancer la saison, pour les ventes, les magasins, pour l’économie du ski Une fois la saison commencée, vous ne revenez plus chez vous ? À partir de début novembre, j’enchaîne les courses, dans un programme de trente épreuves. De Levi en Finlande, je vais aux États-Unis, puis direct à Val d’Isère... Je ne repasse pas chez moi


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à chaque fois. 2020 sera une année creuse, sans championnat du monde (tous les deux ans), ni JO (tous les quatre ans). Je vais peut-être avoir un peu plus de temps, mais je n’ai jamais de semaine off dans l’hiver. L’an dernier, on a même eu une course le 1er janvier, sans pause entre Noël et jour de l’an. Pour un skieur comme moi, la saison, c’est deux à trois courses par semaine. Il faut quand même marquer des points. La retraite de Marcel Hirscher, ça vous soulage ? Déjà, je pense que ce n’est une surprise pour pas grand monde, qu’il prenne sa retraite maintenant, à 30 ans. C’est un skieur qui a tout gagné, et les seuls records qui lui ont échappé, c’est seulement parce qu’il arrête sa carrière tôt. Mais pour réussir ça, il faut énormément travailler, faire et refaire ses gammes, tout le temps ; ce sont tellement de sacrifices. Donc on peut le comprendre. Après, ça fait un peu bizarre. Je suis loin de me réjouir de cette situation. J’ai aimé nos confrontations, le challenge que représentait le fait de skier avec lui. Depuis dix ans, on skiait côte à côte. Alors, qui va lui succéder, à ce favori légitime depuis des années ? Nous sommes plusieurs sur la liste, tous ses dauphins depuis près de dix ans peuvent y prétendre. Moi compris.

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Dans quatre à cinq ans, pour l’aprèsski, qu’avez-vous prévu ? Alors avant ça, on a déjà un projet, même si je n’ai pas encore fini ma carrière. On va mettre sur pied une course à Courchevel, un petit projet qui nous tient à cœur et dans lequel Romane est impliquée. C’est un moyen pour nous de rendre la pareille à la station, en avril, à une période plus creuse. Avec, au départ, 750 participants, soit 600 adultes et 150 enfants, sur un tracé qui mêle, après un départ à quatre, mur de bosses, parallèle de géant, border cross, mais un truc sage avec des virages relevés mais pas de saut, puis super-G parallèle et water slide à la fin. Tout ça à Courchevel, sur la Saulire : ça va être génial. Après, évidemment que l’on pense à une reconversion. Avec Romane, on s’imagine bien gérer à un bel hôtel, dans un endroit sublime... mais c’est dur de trouver le bon endroit. Comme c’est dur de rivaliser avec les grands groupes hôteliers aux moyens colossaux. Aujourd’hui, à Courchevel 1850, à part notre famille qui possède et gère encore l’Annapurna, ce ne sont que des grands groupes. On veut un truc à nous, qui nous corresponde. Plutôt en France dans notre esprit, car ce projet sera un projet en famille, avec des enfants. Et qu’aujourd’hui, on sait ce qu’on trouve ici pour la scolarité. C’est important.

Durant des années Marcel Hirscher m’a rendu meilleur

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Les trésors

cachés de

Genève Beaucoup de monde vient à Genève pour quelques heures, soit pour le Salon de l’automobile (GIMS) ou bien celui de l’horlogerie (SIHH), ou encore pour rendre visite à son banquier préféré. Pourtant, cette ville d’eau mérite de prolonger l’expérience, le temps d’un week-end de trois jours par exemple. Followed vous a préparé un beau programme. Textes et photos A. Poupin

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Vue depuis la terrasse Agrippad’Aubigné, dans la vieille ville, la place de la Madeleine avec son manège et, au fond, le lac Léman.

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a question n’est pas de savoir s’il faut venir à Genève. Avec un Salon de l’automobile mondialement réputé qui se tient tous les ans (contrairement à celui de Paris, qui vit en alternance avec la grand-messe de Francfort), un Salon de l’horlogerie qui devient aussi important que la mythique foire de Bâle, un Salon de l’aviation d’affaire et les sièges de 250 ONG et de plus de 30 organisations gouvernementales, la ville suisse est un passage obligé pour beaucoup d’entre nous. Mais Genève n’est pas que ça ! Loin de là. Une fois posé à l’aéroport de Genève-Cointrin, au nord de la cité mais juste à côté de Palexpo ou se tiennent nombre de ces Salons, ou arrivé à la gare de Genève-Cornavin par le TGV Lyria, en centre-ville, prenez un peu de temps pour visiter. Réservez-vous deux jours de plus pour goûter à cette ville d’eau, posée au sud-ouest du lac Léman, à quelque 400 mètres d’altitude, qui recèle des trésors insoupçonnés des businessmen de passage. La voiture n’ayant plus trop la cote dans la cité suisse, qui doit à la fois gérer les presque 600 000 habitants de son agglomération plus les travailleurs frontaliers, le mieux est de circuler en bus, en tramway ou à vélo (électrique), les pistes cyclables doublant presque toutes les voies de circulation. On peut aussi prendre une mouette, ces petits bateaux jaunes qui font le taxi sur le lac, bien pratiques entre 17 et 19 heures quand les rives sont embouteillées. Et prendre le temps de marcher, quelle que soit la saison, pour se promener dans la vieille ville qui surplombe le reste de la cité, de faire le tour de la cathédrale Saint-Pierre érigée en 1535 au sommet de la butte puis de redescendre vers le lac, pourquoi pas pour un tour de grande roue... ou de manège.

Genève ne manque pas de lieux à visiter, comme les sièges de très nombreuses organisations, gouvernementales ou non. Comme les Nations unies, le Comité international de la Croix-Rouge ou encore l’OMS, l’OMC et le CERN.

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SPORT&LOISIRS Grâce au Léman, les balades du soir sont aussi fraîches que romantiques. D’autant que les cygnes y sont nombreux (premier plan, flous).

Et la journée, surtout les week-ends de mi-mai jusqu’à mi-septembre, les Genevois profitent du lac pour se baigner.

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vec près de 73 km de long, sur 14 km au plus large, le Léman est le plus grand lac alpin. Avec la Suisse sur la rive nord du croissant, dont Genève couvre l’extrémité sud-ouest, et la Haute-Savoie française sur la rive sud, dont Thonon et Évian sont les villes les plus connues. Alimenté principalement par le Rhône, qui prend sa source en Suisse avant de traverser le Léman et de s’en échapper par Genève, le lac donne à la cité la couleur d’une ville d’eau, un peu comme New York avec l’Hudson River, mais en plus beau. Le jet d’eau, qui atteint 140 mètres de haut, est même devenu l’emblème de la ville où est né Jean-Jacques Rousseau. Chose amusante, ce jet n’existe que par hasard : en 1886, l’usine des Forces motrices, qui délivrait l’énergie aux artisans et usines locales, a dû aménager une sortie à l’air pour l’eau sous pression qu’elle n’utilisait pas. Devant le succès populaire du fameux jet d’eau, il fut décidé de le conserver, mieux de le déplacer pour en faire une véritable attraction touristique. Comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses. Entre mai et septembre, avec un climat bien moins froid qu’on le croit, la température de l’eau du lac oscille entre 19 et 24 °C, autorisant la baignade sans nécessiter l’emploi d’une combinaison en néoprène. Le week-end, des milliers de Genevois viennent ainsi couvrir les berges, soit à la plage au sud soit dans les parcs de la rive nord, piquant une tête, partageant un pique-nique ou partant pour une balade en paddle sur l’eau translucide. Certains font même de petites régates à la voile, dès que le vent est assez fort. Et si l’eau n’est pas votre tasse de thé, il suffit de faire quelques kilomètres pour monter au Salève, au sud, une montagne qui culmine à 1 379 mètres et qu’on appelle le « balcon de Genève », et ainsi s’offrir une marche énergique et surtout une vue imprenable sur la vallée. En repartant, en voiture, en taxi ou en bus, arrêtez-vous du côté de Carouge, dans la banlieue sud de Genève. Un petit centre historique vous attend, avec ses rues colorées, ses boutiques chaleureuses et ses excellents restaurants qui lui donnent des airs d’Italie... ou de Greenwich Village selon les jours. Nous vous conseillons un tour guidé et privé (voir sur geneve.com) pour bien saisir l’esprit de Carouge, de son histoire et de celles de ses artisans et artistes. Enfin, revenir vers le centreville en longeant l’Arve qui serpente dans Genève après avoir pris sa source dans le massif du Mont-Blanc. Ça fait rêver, non ?

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Le Léman, aussi appelé lac de Genève, s’étend sur plus de 70 km de long dans une forme de croissant. Avec la Suisse au nord, la France au sud et Genève et son fameux jet d’eau de 140 mètres de haut comme emblème.

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Le Mandarin Oriental et sa façade classée, face au Rhône, orientée plein sud. Il propose 181 chambres et 35 suites, trois restaurants et des vélos électriques pour visiter Genève écologiquement et tranquillement

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rienté plein sud, avec sa façade classée et ses chambres qui donnent sur le Rhône à quelques centaines de mètres seulement de l’ancienne usine des Forces motrices, le Mandarin Oriental est l’un des plus beaux hôtels de Genève. Il est surtout parfaitement situé, permettant de circuler à pied, aussi bien pour aller faire du shopping que pour dîner dans la vieille ville. Il prête également à ses clients des vélos électriques très pratiques pour visiter Genève. Le Mandarin Oriental propose ainsi un choix parmi 181 chambres de standing et 35 suites, dont l’exceptionnelle Royal Penthouse qui comprend trois chambres, un salon magnifique, une salle de divertissement high-tech et sa terrasse de 175 m2 donnant sur le lac, le Rhône et la vieille ville (à partir de 25 000 CHF par nuit). Et depuis quelques mois, l’hôtel compte un restaurant en plus du Rasoi by Vineet déjà bien réputé. Il s’agit du Yakumanka, une « cevicheria » péruvienne créée par le chef Gastón Acurio pour le Mandarin Oriental Genève. C’est son disciple de 29 ans, Cesar ­Bellido, qui œuvre en cuisine. Il propose une cuisine fraîche et relevée, qui fait tous les jours le bonheur de ses clients, dont nous avons fait partie. L’ambiance y est détendue, mais mieux vaut réserver sa table.

La terrasse de la nouvelle suite Royal Penthouse du Mandarin Oriental (325 m2 + 175 m2 de terrasse) offre une vue sublime sur le Léman et le Rhône. Disciple du chef péruvien Gastón Acurio, Cesar Bellido propose au restaurant Yakumanka une cuisine absolument délicieuse.

Qu’il s’agisse de ceviches comme ici en entrée, de poissons ou de viandes, les plats sont relevés et succulents. Et en dessert, essayez la bombe péruvienne.

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Genève n’est pas la capitale de l’horlogerie suisse pour rien. Les amateurs de gardetemps en profiteront pour visiter le Musée Patek Philippe. Comptez deux à trois heures de contemplation.

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Plus de 2 500 pièces sont ici exposées, de la collection privée de M. Stern, dont la famille possède la société depuis 1932. Un étage est consacré aux débuts de l’horlogerie, du monde entier, et un autre aux modèles de la marque.

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es amateurs d’horlogerie le savent : Genève en est la capitale. Aussi, quand on aime l’art horloger, pas de séjour ici sans prendre le temps de visiter le Musée Patek Philippe, qui se trouve à environ un kilomètre du Mandarin Oriental. Prévoyez deux à trois heures pour bien en profiter, avec un guide privé plutôt qu’avec un audioguide : c’est notre conseil. Et découvrez les pièces de la collection de M. Stern, propriétaire (sa famille, en fait) de la marque depuis 1932, collection répartie sur deux niveaux : l’un dédié à l’histoire des premières horloges et montres, toutes marques et toutes nations confondues, l’autre aux modèles de la marque Patek Philippe, créée en 1839 par le Polonais Antoine Norbert de Patek, d’abord associé au Tchèque François Czapek, puis au Français Jean-Adrien Philippe. Les pièces le plus étonnantes, selon nous, sont sans doute les horloges des XVIe et XVIIe siècles, développées pour des personnalités asiatiques qui voulaient, plus encore qu’y lire l’heure, voir de petits automates s’agiter mécaniquement sur le cadran de leur horloge de poche. Ou bien les modèles Patek développés parfois à l’unité pour des passionnés qui voulaient, dans les années 1960 à 1970, posséder la montre la plus compliquée, comme le calibre 89 dont la seule évocation fait frissonner chaque passionné. Au musée, vous aurez une chance d’en voir... en vrai.


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Créée par Max Büsser, horloger et fondateur de la marque MB&F, la MAD Gallery est une mine de trésors mécaniques.

uand on aime l’horlogerie, on aime généralement la mécanique. C’est sans doute cette réflexion qui a décidé Max Büsser, fondateur de la marque horlogère MB&F (après avoir travaillé pour Harry Winston et Jaeger-Lecoultre pendant des années, voir Followed n° 1) à monter la MAD Gallery, à Genève en 2015 d’abord, et depuis à Hong Kong, Dubaï et Taipei. Ici, dans la vieille ville suisse, sont exposées les créations d’artistes mécaniciens du monde entier, célébrant une sorte d’art cinématique, de sculpture mécanique. Une drôle d’appellation pour ces inventeurs de lampes ou de mobiles, ces sculpteurs utilisant des chaînes de vélo, ces préparateurs de motos réinventant la roue ou ces photographes désintégrant des voitures, que Max et son équipe proposent aux visiteurs de la galerie. Les amateurs de mécanique n’y seront pas insensibles. Surtout qu’il y a toujours, quelque part sur une étagère, une horloge développée par MB&F et l’Épée 1839, le genre d’œuvre d’art qui donne l’heure autant qu’elle intrigue les visiteurs, ou une des machines horlogères imaginée par Max Büsser, une « montre » MB&F dont la forme ne laissera personne indifférent. C’est en montant la rue Verdaine, sur la gauche. Un passage obligé, encore une fois, pour les amateurs du genre. Mais attention, comme beaucoup d’endroits à Genève, c’est fermé le lundi.

À gauche, une des sculptures réalisées en chaînes de vélo par l’artiste coréen YoungDeok Seo. Elle mesure plus d’un mètre de haut. À droite, une horloge de table, cosignée par L’Épée 1839 et MB&F. C’est le genre d’œuvre qu’on trouve à la MAD Gallery de Genève, dans la vieille ville.

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L’histoire de la marque Davidoff a commencé à Genève en 1911. Mais c’est en 1968 que Zino l’aurait déposée... et que le magasin de la rue de Rive a ouvert ses portes. Il existe encore. Les amateurs de vitoles iront sans doute aussi aux Acacias, chez House of Grauer, dans l’humidor qui sert aussi de bureau à Mourade Hendor.

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i Genève est la ville de l’horlogerie, c’est aussi celle du cigare et du vin, on le sait moins. Cernée de vignobles, la cité genevoise réserve de belles surprises aux hédonistes, la majorité des domaines s’offrant à la visite. Didier Fischer, qui a repris le Domaine des trois étoiles, à vingt minutes de taxi au nord-ouest de la ville, nous a accueillis pour une visite, délicieuse mais aussi instructive sur l’histoire des vins du canton de Genève, qui se disputent amicalement avec ceux du Valais voisin (spécialisé dans le chasselas). Il faut l’avouer, les Suisses savent faire du vin, blanc comme rouge. Ils savent aussi sélectionner les cigares. Un détour par la fabuleuse cave The House of Grauer, où Mourade Hendor délivre de savoureux conseils (voir Followed n° 22), le confirme : Genève est l’endroit où l’on fume. Et si vous n’avez pas envie de profiter du fumoir, mais juste d’acheter pour vous ou pour un ami une vitole d’exception, vieillie dix à seize ans, restez en centre-ville et rendezvous chez Davidoff, rue de Rive. L’histoire de cette marque mythique est liée à Genève et les vendeurs la connaissent par cœur. L’écouter, dans l’humidor tapissé au plafond de feuilles de tabac, relève de l’expérience fabuleuse. En plus, cigares et chocolats font bon ménage. Et pour ça aussi, Genève est incontournable. Mais vous le saviez déjà.

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Genève est cernée de domaines viticoles, qu’il est aisé de visiter. Nous sommes allés au Domaine des trois étoiles, repris il y a plus d’un an par Didier Fischer et Michel Tuor. Nous y avons vu des vignes cultivées en biodynamie et bu des vins excellents. Rouges comme blancs. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.

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Nos adresses Pour planifier vos trois jours à Genève, vous pouvez visiter l’office de tourisme de la ville, accessible sur Internet : www.geneve.com Les liaisons aériennes ne manquent pas pour rejoindre Genève, dont l’aéroport est juste à côté du centre-ville. Mais le plus pratique reste le TGV Lyria depuis Paris (3 heures seulement). Point de départ idéal pour rayonner dans la ville, l’hôtel Mandarin Oriental Genève. Les chambres et suites offrent des prestations superbes et les restaurants comme la conciergerie sont parfaits. www.mandarinoriental.fr/geneva/ Quai Turrettini 1, 1201 Genève Musée Patek Philippe Rue des Vieux-Grenadiers 7, 1205 Genève +41 22 707 30 10 MAD Gallery Rue Verdaine 11, 1204 Genève +41 22 508 10 38 Davidoff Genève Rue de Rive 2, 1204 Genève +41 22 310 90 41 The House of Grauer Route des Jeunes 9, 1227 Les Acacias +41 22 552 27 99 Domaine des trois étoiles Peissy, Route de Peissy 41, 1242 Satigny +41 22 753 11 08

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Salle de jeux pour grands enfants

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Partir vers le sud depuis Palm Springs en Californie, emprunter la route 74 vers les monts Santa Rosa et San Jacinto et découvrir l’une des plus belles aires de jeux pour adultes, il y a pire. Surtout au volant d’une propulsion motorisée par un V8 atmosphérique de 5 litres. Textes J.James, photos D.R

À

consommer avec modération. Cette mention devrait être apposée, même discrètement, juste à côté du bouton de réglage du différentiel actif de la nouvelle Lexus RC F. Baptisé TVD, ce système répartit la transmission du couple aux roues arrière motrices de manière ciblée entre la droite et la gauche, afin de gérer indépendamment la vitesse de rotation des deux roues et privilégier l’équilibre (Standard), l’efficacité et la motricité (Track) ou l’agilité (Slalom). Et si, la plupart du temps, cet équipement tient davantage du gadget, sauf sur quelques sportives à quatre roues motrices, ce n’est pas le cas ici. Afin d’en démontrer l’efficacité, les ingénieurs de développement Lexus envoyés à Palm Springs pour nous présenter la nouvelle sportive maison avaient fait installer un circuit ­très sinueux, délimité par des cônes de chantier sur une vaste étendue de bitume. Franchement, avec près de 500 ch

et un gabarit de coupé grand tourisme, la RC F ne nous paraissait pas du tout dans son élément, un peu comme un autobus dans un parking de supermarché. Les premiers essais, avec le TVD sur Standard, la RC F s’en sort correctement, dévoilant une belle maniabilité et une assurance dure à prendre en défaut sur cet enrobé sec et accrocheur. Après avoir partiellement déconnecté les aides à la conduite et en incrustant la pédale de droite dans l’épaisse moquette, il est toutefois possible de faire légèrement glisser l’arrière, mais progressivement et finalement dans des proportions très mesurées. Avec le TVD sur Track, l’agilité n’est pas meilleure, mais la motricité progresse, comme si la RC F était soudainement dotée d’un différentiel mécanique à glissement limité, réduisant à néant les pertes d’adhérence de la roue intérieure au virage. Ça passe plus vite, mais mieux vaut anticiper les courbes serrées. Sur le siège passager, l’ingénieur sourit. Entre

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MÉCANIQUE

La RC F n’est pas une Lexus hybride

C’est dans la région de Palm Springs, en Californie, que nous avons pu essayer ce nouveau coupé RC F. Sur route, mais aussi sur piste.

Données constructeur

LEXUS RC F Moteur : V8 atmosphérique essence, 4 969 cm3 Transmission : propulsion, 8 rapports, automatique, différentiel à contrôle vectoriel Puissance (ch à tr/min) 464 à 7 100 Couple (Nm à tr/min) 520 dès 4 800 Masse (kg) 1 715 Long.xlarg.xhaut. (m) 4,71x1,84x1,39 Vitesse maxi (km/h) 270 0 à 100 km/h 4”5 Consommation moyenne (l/100 km) 11,3 Émissions de CO2 (g/km) 258 Prix en France (hors options) : 89 990 € Malus écologique : 10 500 €

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deux tours, il engage le mode Slalom. Et là, la métamorphose est radicale. La RC F devient plus agile qu’une Twingo, pivote autour de son train avant dans de généreuses glissades, répondant aussi bien aux injonctions des mains sur le volant qu’à celles du pied droit sur l’accélérateur : magique. Pour une première, l’installation d’un tel équipement sur une voiture propulsion à moteur avant, c’est une vraie réussite. Mais si les glissades se révèlent aussi plaisantes que faciles à contrôler, même sans CAP contre-braquage ou autre formation ad hoc, on se demande comment cela se passerait dans les lacets de la route 74. Allons voir... Avec sa transmission automatique à 8 vitesses, sa suspension pilotée et ses nombreux équipements de confort, la RC F peut aligner des miles de circulation urbaine comme des kilomètres d’autoroute, tranquillement, dans un confort de limousine. Il suffit de conserver son V8 atmosphérique de 5 litres sous les 2 500 tr/min, dans un gentil

ronron qui le ferait presque passer pour un chaton. En revanche, dès le panneau « city limit » passé, avec la route qui commence à serpenter vers les cimes, si possible tôt le matin avant le trafic, la moindre pression de l’orteil le transforme en une méchante panthère. Et la RC F en une sportive accomplie. Au-dessus des 3 000 tr/min, les vocalises se font plus aiguës, les ronrons deviennent des miaulements. Les éléments de suspension en aluminium associés à des roues forgées ultralégères garantissent un excellent comportement routier, qu’un aileron se déployant automatiquement au-dessus de 80 km/h vient renforcer en ajoutant quelques kilogrammes d’appui aérodynamique. Les virages s’enchaînent comme des perles, la direction jouit d’une lourdeur rassurante et les freins d’un mordant généreux que nous n’avons pas mis en défaut, même lors de la descente. Et puis il y a le TVD. Ici les courbes affichent un rayon bien plus grand que sur le circuit d’essai virtuel délimité par les cônes.

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MÉCANIQUE

Si bien qu’avec le mode Slalom sélectionné, l’agilité de la RC F est presque trop importante, les roues arrière ne demandant qu’à signer chaque virage d’une petite virgule de gomme noire et brûlée. Si c’est particulièrement réjouissant, c’est moins efficace que le mode Track, qui transforme la Lexus en catapulte d’un virage à l’autre. Avec à chaque fois une poussée violente dans le dos qui ne vient s’essouffler qu’au-dessus de 7 000 tr/min quand l’aiguille du comptetours rougit de plaisir. De manière très linéaire, sans sifflement de turbine ni grognement de valve de décompression : naturellement, à l’ancienne diront les puristes qui ne pourront rester insensibles aux charmes de cette propulsion japonaise. Mais il ne faut pas la prendre pour ce qu’elle n’est pas, autrement dit une relique destinée à de vieux passionnés allergiques à tout progrès. Pour assurer un meilleur fonctionnement de son antidérapage, la RC F est dotée

L’aileron arrière se déploie électriquement, et se range tout seul pour garantir une certaine discrétion à l’arrêt. Et encore...

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d’un accéléromètre vertical capable d’enregistrer toujours plus de données, et son V8, bien que dénué de suralimentation moderne (qui a dit tant mieux ?) bénéficie d’un système de pilotage de ses trente-deux soupapes lui permettant de fonctionner sur un cycle Atkinson aux allures usuelles (avec des temps d’ouverture de soupapes différents en admission et en échappement pour favoriser les consommations), mais aussi selon un cycle Otto sous forte accélération, assurant ainsi un excellent rendement et des performances époustouflantes. Certes, cette RC F n’aura jamais l’image d’une BMW M4 ou d’une Audi RS5, coupés sportifs aussi efficaces que renommés, mais contrairement à ces allemands, la nippone continue de rendre hommage à la plus belle architecture moteur, le huit-cylindres en V naturellement aspiré. Et rien que pour ça, nous lui devons le respect. Et il y a tout le reste...


La qualité de fabrication est superbe et la musique du V8 atmosphérique splendide.

8 cylindres, 8 vitesses, prête pour le grand huit Followed Magazine 103


MÉCANIQUE

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Volvo S60 Une voiture à vivre Depuis des décennies, la marque suédoise Volvo est reconnue pour son sens de l’accueil si particulier. Et, depuis quelques années, pour ses versions hybrides rechargeables vues, par beaucoup, comme la solution pour rendre l’automobile écologique. Alors, pour essayer la dernière S60 T8 hybride, nous sommes allés vivre une journée de roulage et de découverte de la gastronomie écologique dans le Nord, à Lille. Textes C. Boulain, photos Mitchell

L

e rendez-vous disait 9 heures du matin, à la concession Volvo Lille de Villeneuve-d’Ascq. Nous avec une S60 T8 flambant neuve, confiée pour l’occasion par la marque suédoise, les autres protagonistes avec des véhicules prêtés par la concession pour la journée. Pour faire découvrir l’univers de la marque à quelques privilégiés de la région, la concession du groupe Dugardin a organisé, avec la société The Gastronomy, un éco-tour, sorte de roulage des voitures entrecoupé de visites d’artisans locaux dédiés à la gastronomie écoresponsable, une démarche si chère à la marque nordique. Notre S60

hybride rechargeable pleine et pleine, comprenez avec son réservoir de super sans plomb rempli et sa batterie Li-ion de 11,6 kWh chargée, nous sommes prêts à suivre le convoi vers FachesThumesnil, à quelques kilomètres de là. Quitte à se la jouer écolo, nous sélectionnons le mode de conduite Pure pour évoluer en 100 % électrique. La température ambiante avoisine les 17 °C, nous allons rouler principalement en ville entre 30 et 50 km/h, avec des arrêts fréquents à cause des feux de circulation, c’est l’environnement idéal pour l’utilisation électrique. L’autonomie annoncée à 40 kilomètres au départ descend gentiment, presque

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MÉCANIQUE

Jürgen, ci-dessus, nous explique comment lui et Gabrielle, de la société Pleurette, cultivent des champignons de manière écologique. Ici dans les catiches, des galeries souterraines, ou dans des conteneurs maritimes.

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proportionnellement au chemin parcouru. De quoi penser que, dans ces conditions, les valeurs annoncées sont réalistes. Dans un silence de cathédrale, avec un confort de roulement de limousine malgré les grandes jantes alu, la route ressemble à une grasse matinée sous la couette, grâce à d’excellents sièges, héritage d’une tradition séculaire voulant que les assises d’une Volvo soient aussi accueillantes que des fauteuils club. Jürgen nous attend devant une sorte de cabanon en bois. Fondateur avec Gabrielle de la société Pleurette, il exploite des galeries souterraines, appelées catiches, pour cultiver des champignons de la manière la plus écologique possible. Ils produisent leurs substrats, des bottes de pailles ensemencées de spores, pour ensuite les exposer à 10 mètres sous terre et 95 % d’humidité pour élever leurs champignons. Sans traitement, sans ajout de matière. Ici, ce sont des shiitakés, mais Pleurette produit aussi des... pleurotes sur du marc de café récupéré localement, entreposées dans des conteneurs maritimes pour garantir une meilleure ventilation que dans les catiches. « Chaque champignon a besoin

de conditions spécifiques pour proliférer. Et comme on ne veut pas traiter, on doit s’assurer de leur fournir les meilleures conditions, celles dans lesquelles ils sont bien », explique Jürgen. Alors qu’ils commencent au bout de trois ans à fournir certains grands restaurants locaux en plus des commerçants en circuit court avec les chapeaux de leurs champignons, très goûteux et demandés, ils ont eu l’idée de recycler les pieds et les troncs, moins recherchés mais pourtant très bons, dans des préparations cuisinées localement : complètement dans l’esprit écologique de l’éco-tour du jour. La découverte est belle, les clients contents. Il ne reste plus qu’à remonter l’échelle de 10 mètres qui nous ramène à la surface. Un coup de siège chauffant pour reprendre une température normale, loin des 13 °C des caves, et nous repartons pour le jardin du chef Nicolas Pourcheresse, à environ 20 kilomètres. Un beau morceau de musique classique dans les oreilles, avec l’excellent système Bowers & Wilkins de notre S60 R-Design calé sur « salle de concert » pour donner l’impression d’avoir investi Pleyel, nous parcourons ces kilomètres en mode hybride. Là, la

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MÉCANIQUE

À gauche, Chloé, de la société Bee City, explique la production du miel et l’importance de protéger les abeilles. À droite, Nicolas Pourcheresse, chef atypique et écolo, explique sa démarche « zéro déchet »... qu’il magnifie dans sa cuisine éphémère : sa serre.

motorisation jongle d’elle-même entre le quatre-cylindres 2 litres à double suralimentation et le moteur électrique placé sur les roues arrière pour délivrer un agréable mélange entre consommation réduite et performances... suffisantes, comme disaient les Anglais de Rolls-Royce quand on leur demandait quelles étaient celles de leurs modèles. Une façon polie de dire « plus qu’il n’en faut ». Sur ces 20 kilomètres, ça ne veut pas dire grand-chose. Mais vous verrez que cette expression convient parfaitement à cette Volvo T8. Nicolas Pourcheresse nous attend, devant l’entrée boueuse de son jardin, sous la pluie. Ah, le Nord... Ici, le chef de 47 ans, jadis étoilé, cultive lui-même des légumes de saison et élève des animaux qui feront le régal de ses convives dans quelques mois. « Par exemple, ces deux cochons, Louis et Seize (humour), qui vivent ici depuis des mois à manger nos déchets naturels mais à qui il ne reste que huit semaines à vivre. Après, on

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en fera des jambons, des pâtés... », explique Nicolas. Défenseur de la cuisine responsable qu’il magnifie dans son restaurant Le Vagabond (seulement six tables, à Lille) ou pour des repas éphémères dans sa serre comme aujourd’hui, il rêve de récupérer toutes les eaux de pluie, de produire sa propre énergie, de recycler tous ses déchets, sans exception, et de faire travailler quelques producteurs locaux dont les légumes, les fruits ou les viandes sont, selon lui, « tellement bons ». Le repas est excellent, les explications du chef passionnantes et les anecdotes savoureuses. Tout le monde se plaît sous la serre, entre pieds de tomates et plants de melons, avec les poules andalouses qui picorent ce qu’elles peuvent. Chloé, de Bee City, nous rejoint au dessert. Apicultrice, elle vient nous expliquer, et nous montrer, comment le miel est produit. Mais surtout, quel est le rôle de ces abeilles dont on annonce tous les jours la disparition. Malgré son sourire, le discours est alar-


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MÉCANIQUE

Chez Anosteké, une brasserie artisanale locale, pour apprendre à faire de la bière... et à la consommer – avec modération bien sûr. Après, nous reprenons le volant...

mant, surtout quand elle nous dit que rien de ce que nous avons mangé à la table d’à côté n’existerait sans elles. Et d’apprendre que c’est à la campagne qu’elles souffrent le plus, loin de la pollution des villes et des échappements de nos voitures, exterminées faute de nourriture par les pesticides et autres glyphosates dont les agriculteurs abusent. Pour rejoindre la dernière escale de la journée, avant le retour à la concession, nous avons plus de 60 kilomètres, dont une majorité de routes désertes et d’autoroutes. Si ça ne tue pas les abeilles et que ça fait plaisir, autant exploiter un peu plus les presque 400 ch de la motorisation hybride. Mode de conduite sur Power, le quatre-cylindres combinant compresseur et turbo pour afficher plus de 300 ch rugit. Pour le CO2 émis, promis, nous ferons un effort... plus tard. Le reste du convoi largué, les virages s’enchaînent comme des perles. La direction précise, la suspension ferme mais pas inconfortable et la santé de la motorisation (on ne peut pas parler de moteur car ils sont plusieurs), enchantent malgré les deux tonnes de l’engin. Un peu

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moins les consommations, qui montent en flèche, sans doute faute d’assez d’énergie électrique, la batterie ayant pratiquement été vidée précédemment. La brasserie du Pays flamand, à Blaringhem, arrive trop vite. Nous jouerons plus tard. Ici, ils produisent des bières artisanalement et vont même jusqu’à les faire vieillir en barrique, pour proposer des dizaines de variétés. Parfois à moins de mille unités, vendues localement plus de 10 € la bouteille (75 cl). Avec deux demi-verres de vin au déjeuner (nous sommes tous restés sobres), nous nous autorisons de goûter une bière vieillie en fût de sauternes : étonnante, parfaite pour l’apéritif. Ça tombe bien, il est l’heure. Mais c’est surtout celle du retour. Vers la concession pour échanger ses impressions sur les différents modèles essayés pour les clients, vers Paris pour nous. Histoire de vérifier une dernière fois que cette S60 T8 hybride rechargeable sait tout faire, et qu’elle délivre des performances suffisantes. Comme nous l’avions vérifié hier, en venant de Marseille. Quelle que soit votre vie, cette voiture conviendra...


Données constructeur

VOLVO S60 T8 Moteur thermique : 4 cylindres essence, double suralimentation, 1 969 cm3 Puissance (ch)/couple (Nm) thermique 303/400 Puissance (KW)/couple (Nm) élec. 64/240 Transmission : intégrale, moteur thermique aux roues avant, moteur électrique aux roues arrière Masse (kg) 2 061 Long.xlarg.xhaut. (m) 4,76x1,85x1,43 Vitesse maxi (km/h) 250 0 à 100 km/h 4”9 Émissions de CO2 (g/km) 39 Prix à partir de 63 490 € Malus écologique : zéro

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BIEN-ÊTRE

Le jeûne, bien plus qu’une mode De plus en plus de personnes pratiquent le jeûne, tant pour perdre du poids que pour soigner certaines pathologies ou tout simplement se sentir bien. Pour en comprendre les mécanismes, nous sommes allés à la rencontre du Dr Fierro Saldia à la clinique Buchinger Wilhelmi. Médicalement, un jeûne débute au bout de la sixième heure sans manger. Autrement dit, nous sommes nombreux, tous les matins, à en démarrer un. Mais il serait dommage d’arrêter l’expérience au petit déjeuner. De nombreuses études démontrent l’intérêt d’un jeûne de plusieurs jours pour soigner des pathologies comme le diabète, l’hypertension, mais aussi des troubles de la digestion ou des allergies. Pour faire le point sur cette pratique, nous sommes allés à la clinique ­Buchinger Wilhelmi qui, depuis 1953, a traité par un programme de jeûne modifié plus de 250 000 patients.

En quoi consiste le jeûne ?

« Il existe différentes sortes de jeûne, que l’on peut appeler total (apport de boissons non caloriques), intermittent (où l’on arrête de manger des aliments solides et des glucides à partir de 18 heures), alternatif (un jour de fruits, un jour de liquide) ou modifié (moins de 250 calories par jour), comme il est pratiqué chez Buchinger. À chaque fois, le principe est de permettre à l’organisme de se nettoyer tout seul. On appelle cela l’autophagie, un nettoyage des cellules qui a été parfaitement mis en lumière par le chercheur japonais Yoshinori Ohsumi, prix Nobel de médecine en 2016. »

Tout le monde peut-il jeûner ?

« Il n’existe que peu de contre-indications. Aujourd’hui, nous n’avons pas assez de recul pour les patients atteints de cancer pour dire s’ils peuvent jeûner. Lors du processus, les

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cellules se régénèrent et pourraient par conséquent développer la maladie. Nous savons avec l’expérience que le jeûne donne des résultats impressionnants sur les personnes en fin de chimio, mais c’est tout. Nous savons aussi que les femmes enceintes, les patients souffrant de tension basse ou n’ayant que peu de masse graisseuse ne peuvent pas jeûner. Mais ce sont bien là les seules contre-indications. »

Comment se passe un jeûne modifié ?

« Déjà, ça se prépare. On doit avant tout nettoyer l’intestin, ce qui passe par une diète d’une journée avec des aliments sélectionnés. Le jour suivant, on fait un nettoyage de cet organe par l’absorption d’une solution d’eau et de sel de Glauber. Une fois l’intestin vidé, il va se mettre en vacances. C’est le seul organe de notre corps qui fonctionne comme cela. Le jeûne peut commencer, avec un menu très strict, basé sur une petite quantité de glucides le matin au réveil, pour donner au patient l’énergie nécessaire à démarrer sa journée (du miel), beaucoup de tisanes adaptées en fonction des jours de jeûne, pour drainer, relaxer ou tonifier, des jus de légumes et de fruits à midi et des potages de légumes le soir, sans apport en glucides supplémentaire. L’apport en calories est de l’ordre de 250 par jour, mais toujours avec très peu de glucides. Ainsi, le corps va aller puiser dans la réserve de glycogène du foie en premier, puis dans les cellules pour transformer la graisse en corps cétogènes, de l’énergie pure. C’est là que débute la phase d’autophagie. »


250 calories par jour suffisent-elles ?

« En moyenne, un corps adulte consomme environ 600 calories par jour pour survivre. Donc ces 250 calories ne suffisent pas, c’est pour cela que l’organisme va puiser dans ses réserves graisseuses pour y prendre l’énergie dont il a besoin. En faisant cela, il va nettoyer ses cellules. Il faut savoir que la plupart d’entre nous avons assez de réserve pour pratiquer 40 jours de jeûne, même si ça n’est pas conseillé. Et qu’à partir du troisième jour, le nettoyage débute. Durant la période de jeûne, nous pratiquons tous les matins un contrôle de la pression artérielle et une mesure des corps cétogènes. Tous les après-midi, nous posons aux patients une bouillotte chaude sur l’abdomen, au niveau du foie, pour le stimuler et lui faire libérer la bile qu’il produit en permanence. Et tous les deux jours, un lavement pour évacuer cette bile de l’intestin. Car même si vous n’absorbez plus d’aliments solides, le foie fonctionne toujours et produit de la bile qu’il ne faut pas stocker. »

Quels sont les effets sur l’organisme ?

« Au début de la cure, nous réalisons des analyses de sang, tests que nous reproduisons à la fin. Les bénéfices sont énormes, sur l’immunité, la sédimentation, mais aussi le taux de cholestérol ou les triglycérides. Nous avons d’excellents résultats pour le traitement du diabète ou de l’hypertension.

Pour les malades souffrant d’arthrite aussi, d’ailleurs. Et évidemment, nous observons chez tous les patients une certaine perte de poids, qui va varier selon les cas de 300 grammes à près de 900 grammes par jour de jeûne. »

Et les effets indésirables ?

« Durant la cure, certains patients ressentent des maux de tête, principalement dus au sevrage de café. C’est souvent d’ailleurs une preuve de leur addiction. Dans ce cas, on peut le réintroduire, mais en toute petite dose. Et d’autres disent mal dormir, avec des nuits de 4 à 5 heures de sommeil seulement, mais sans fatigue excessive. C’est l’effet des corps cétoniques sur l’organisme, de provoquer une intense activité cérébrale que certains patients, artistes pour beaucoup, viennent chercher pour finir leurs travaux. On redécouvre vraiment son corps et ses capacités durant un jeûne. On redécouvre aussi une nouvelle énergie, quand elle provient des corps cétoniques issus de notre organisme plutôt que du sucre (glucose) que l’on consomme en trop grande quantité et qui pollue nos cellules. » Le Dr Fierro Saldia est un médecin chilien de 53 ans, spécialiste en acupuncture et ozonothérapie, exerçant à la fois aux urgences de l’hôpital de Malaga et à la clinique Buchinger Wilhelmi de Marbella.

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BIEN-ÊTRE

Dix jours chez

Buchinger Wilhelmi Pour comprendre le jeûne modifié, rien de mieux que l’expérimenter. Nous sommes allés faire une cure de dix jours chez Buchinger, dont sept de jeûne et trois de réadaptation à la nourriture. Récit d’une véritable aventure intérieure. Pour expérimenter le jeûne Buchinger, nous avions le choix, entre l’Allemagne et le lac de Constance, où la première clinique Buchinger Wilhelmi a vu le jour en 1953, ou bien Marbella et la Méditerranée, la seconde antenne ouverte vingt ans plus tard. Les traitements y étant similaires, nous avons opté pour la mer. Reposant sur les travaux sur le jeûne du docteur allemand Otto Buchinger, commencés il y a maintenant un siècle, la thérapie du jeûne développée dans ces deux cliniques se déroule toujours de la même manière. Après l’installation en chambre et la présentation des équipements de la ­clinique qui, avec sa piscine magnifique, sa salle de ­fitness dernier cri et ses jardins extraordinaires, ressemble à s’y méprendre à un hôtel cinq étoiles, il est temps de débuter une diète d’une journée. Au programme, un déjeuner puis un dîner légers, pour un total de 800 calories seulement, avec au choix des fruits frais ou du riz accompagné d’une sauce tomate maison. C’est plutôt bon, mais vraiment léger quand on est habitué à manger ses 2 500 calories quotidiennes. Dès le lendemain, le jeûne commence, et avec lui les premiers rendez-vous médicaux, avec des analyses de sang en laboratoire et une rencontre avec un médecin pour confirmer les informations données préalablement et vérifier votre aptitude à jeûner. Tout au long de la cure, chaque matin, une demi-heure est consacrée à une visite chez les infirmières, pour contrôler la pression artérielle, la quantité de corps cétoniques dans les urines ainsi que le poids. C’est une routine à prendre, disent les habitués. Alors qu’on s’attend à croiser dans les couloirs des personnes affaiblies par la cure, nous découvrons des gens pleins de vie et en pleine possession de leurs moyens, rentrant d’une marche d’une heure ou

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sortant de la salle de sport. Il faut dire que la clinique fait le plein d’habitués, avec plus de 70 % de clients qui reviennent après leur première expérience. Certains débutent même leur diète avant d’arriver ici, pour embrayer directement sur le jeûne. Pour notre première fois, nous avons choisi le programme de dix jours (en fait dix nuitées), composé d’une première journée de diète détox, puis de sept jours de jeûne suivis de trois journées de réadaptation à la nourriture. S’il est possible pour les habitués de court-circuiter la diète préliminaire, il est en revanche déconseillé de se passer des journées de réadaptation, selon l’encadrement. Il ne faut pas oublier que l’intestin est parti « en vacances » et qu’il faut alors le remettre en marche... avec les bons produits. Avec une pression artérielle généralement haute et pas mal de kilos en trop, le médecin a donné son feu vert. Pour les prochains jours, ça sera donc une cuillère de miel le matin avec une tisane... et rien d’autre avant la seconde boisson chaude de 11 heures. Au déjeuner, c’est le choix entre différents jus de fruits ou de légumes (froids ou chauds), dans des quantités encore très réduites. Tout cela avec beaucoup d’eau entre les « repas ». Pareil pour le dîner, sauf que ne sont proposées que des soupes chaudes. Au total, par jour, vous allez absorber moins de 250 calories et quasiment aucun sucre (glucide). Pour ceux qui ont un coup de fringale, il est possible de demander un yaourt nature bio, sans sucre évidemment. Le premier jour est sans doute le plus difficile à supporter, d’autant qu’il correspond au jour de purge. Pour mettre l’intestin en veille, il faut le vider. Un pichet d’eau salée (sels de Glauber, ou d’Epson selon les appellations) plus tard, le travail est fait. Un conseil, restez en chambre. Avec les lavements tous les


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BIEN-ÊTRE

deux jours, pour évacuer la bile sécrétée par le foie, c’est l’expérience la plus désagréable de la cure. Il y a aussi deux effets indésirables assez fréquents : les maux de tête pour les accros au café sevrés de leur drogue quotidienne (ici pas de café, mais de la chicorée bio), et un sommeil léger. La majorité des patients le confirme, on dort peu lors d’un jeûne. Selon un des médecins, c’est l’énergie puisée dans les graisses qui procure une intense activité cérébrale et un regain d’énergie. Sans doute aussi ne sommes-nous plus fatigués par la digestion, comme ce doit être le cas habituellement. Il faut le reconnaître, nous ne ressentons ni fatigue ni fringale lors du jeûne, profitant des équipements sportifs, des balades sur la plage ou même en montagne comme jamais. Et plus les jours avancent, plus cette sensation de bien-être progresse. De surcroît, on peut profiter de son séjour pour consulter un ou plusieurs médecins, la clinique ayant dans ses rangs d’excellents praticiens, pour soigner un genou bloqué, une quelconque addiction ou un défaut de posture. Un habitué, qui en est à son onzième séjour, nous a même dit que l’idéal est de jeûner trois semaines, la première étant la moins facile, afin de prendre son temps ensuite pour régler tous ses petits problèmes. Généralement, les patients observent une perte de poids régulière, de l’ordre de 500 à 900 grammes par jour (un peu moins pour les femmes), et ont des analyses de sang elles aussi en évolution... dans

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le bon sens. Nous concernant, cholestérol et triglycérides, nettement au-dessus des recommandations avant le jeûne, sont revenus dans la moyenne en une petite semaine. Des progrès qu’un régime adapté ou une médication auraient pu engendrer, mais nettement moins vite. L’autophagie mise en évidence par l’universitaire Ohsumi fait son œuvre : et ça marche. Le septième jour vient la rupture du jeûne. Une bougie vient célébrer l’événement, avec un menu légèrement revu, atteignant 350 calories sur la journée : c’est fête. Puis arrive la réadaptation, avec l’absorption d’aliments solides qui vont remettre l’intestin en activité. Il ne s’agit le premier jour que de riz, de légumes et de fruits cultivés à côté. Là encore, peu de glucides, 700 puis 800 calories pour retrouver un rythme normal. Mais qu’est-ce que la normalité ? Après sept jours de jeûne, on se demande si nos rendez-vous des petits déjeuners, déjeuners et dîners ont encore raison d’exister. Le jeûne met en évidence la capacité du corps humain à se contenter de peu et à se soigner lui-même alors que notre culture nous dit le contraire. Le jeûne Buchinger aura été une expérience fabuleuse, qui en plus d’améliorer notre composition sanguine, sans médicament, et de participer à une réelle perte de poids (– 5 kg), nous aura sensibilisé sur notre façon de nous alimenter. Mieux et moins : tentons de nous y tenir pour les années à venir.

Textes C. Boulain, photos DR



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RENDEZ-VOUS

Dans notre recherche d’artisans étonnants, nous avons rencontré Pierre Vanherck en Belgique. À la fois artisan et artiste, il fabrique des cannes comme des œuvres d’art, dans des matériaux fabuleux, entièrement à la main, dans la banlieue de Bruxelles. Frissons garantis.

Followed faisait partie des rares médias européens invités à Maranello en septembre dernier pour essayer la nouvelle Ferrari F8 Tributo. Prise en main sur les petites routes d’Émilie-Romagne, mais aussi sur la piste surchauffée de Fiorano, des 720 chevaux de la bête. Avec précaution, mais sans la moindre hésitation. On a adoré.

La jeune Américaine Nelly Korda, numéro 10 mondiale, s’est accordé un passage en Europe le temps de remporter le Lacoste Ladies Open de France, dans le Médoc. Rencontre avec la future star du golf féminin, fille de l’ancien numéro 2 mondial de tennis, Petr Korda.

Et beaucoup d’autres surprises 122 Followed Magazine

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