« coexister »: aUbuntu tout prix dialoguer
Temoignages
"Après ce terrible voyage..."
Une porte à franchir
Issa Fadoul Bichara sprar du centre Astalli, en provenance du Tchad
Marie-Paule Billard ccn
Quand une personne arrive en Sicile, tout est nouveau pour lui. Il y a des choses que tu n’imagines même pas : des personnes que tu ne connais pas, une nouvelle langue, un autre monde, une nouvelle culture. Tout va dans le sens contraire. Ce que tu penses n’arrive pas. Quelqu’un qui me dit « Bonjour ! », je ne sais pas comment lui répondre.
Envoyée par la Communauté en Sicile, j’ai découvert à Palerme énormément de migrants. D’où venaient-ils et que faisaient-ils ? Cette question m’a habitée pendant plusieurs semaines mais je n’avais pas vraiment de réponse. Je connaissais le lieu d’accueil des Jésuites, mais, ce qui me permit de l’aborder fut une rencontre au groupe de prière. Daniel, un frère italien, a prié pour les migrants, lors d’une assemblée de prière et, après avoir fait sa connaissance, il m’a invitée à venir passer une matinée au centre d’accueil des migrants. Ce jour-là, je me suis contentée non seulement de regarder mais aussi de parler avec certains migrants venant du Sénégal ou du Congo et qui s’exprimaient très bien en français. A ce moment-là, j’ai compris qu’une nouvelle porte s’ouvrait mais comment la franchir ? Le Seigneur me guidait pas à pas, mais pas forcément à la vitesse que j’aurais souhaité…. Petit à petit tout devenait plus clair. Pour moi, être au service des migrants était une continuité de mes missions en Afrique. J’avais beaucoup reçu, il fallait à mon tour que je donne beaucoup.
En arrivant, j’étais comme un animal, parce que je ne comprenais pas. Même pour boire, je ne savais pas comment le dire. Même pour manger, je faisais des gestes pour dire ce dont j’avais besoin. Et cela, c’est trop difficile. (…) Après ce terrible voyage que nous avons fait, très difficile, j’ai constaté que celui qui n’a pas de patience ne peut pas atteindre son but. Chacun de nous a quelque chose à accomplir dans sa vie. Moi aussi, j’ai un rêve. Je veux faire quelque chose qui prouve que je suis Issa et que, cette chose, ce soit moi qui l’ait accomplie.
12
foi64 mars-avril-mai 2020
En arrivant en France, je me suis inscrite très rapidement dans une association paroissiale de Ste Foy les Lyon appelée ESPOIR. La mission consiste à faire des maraudes dans la ville de Lyon, que nous faisons à deux ou trois personnes. J’ai opté pour le soir de 20h à 22h -23h. Nous rencontrons de nombreuses personnes venant d’Albanie: des gens seuls (beaucoup de femmes), mais aussi des familles avec enfants couchant sous tentes, coincées entre les piliers sous les autoroutes de Perrache, dans le bruit et la pollution. Tous ont un minimum de bagages. Ils sont souvent en attente de régularisation de papiers, attente toujours très longue (parfois plusieurs mois) malgré les aides des bénévoles et services sociaux. Nous rencontrons aussi des personnes qui ont des problèmes de santé, des troubles