Numéro 2

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Numéro 2 Avril 2008

Horton : La critique en page 8

Le numérique en

ce qu’il faut savoir

© 2008 - Wilde Side Films

salles :

Cinéma et vidéo, un mariage forcé ?


Sommaire Actus – page 4 à 7 Evénement – pages 8/9 Tableau de chasse – page 10/11 Critiques – pages 12 à 20 Dossier : Cinéma et vidéo, un mariage forcé ? – pages 22 à 27

Un mois de TV – page 28/29

Festival – page 30/31 High tech – page 32/33 Otaku – page 34/35


Edito Le cinéma français serait-il en train de se réveiller ? Après la nomination record de Marion Cotillard pour La Môme aux Oscars, ce mois d’avril réserve de très bonnes surprises… A savoir, entre autres, Cash d’Eric Besnard et Sans arme, Ni haine, Ni violence, de Jean-Paul Rouve (voir pages critique). La comédie, de son côté, trouve également un nouveau souffle avec des projets aussi fous que 15 ans et demi. Pas d’innovation mais des vieilles recettes pour Bienvenue chez les Ch’tis, qui pourrait dépasser le record historique de La Grande Vadrouille. Autant dire que la comédie franchouillarde a encore de beaux et longs jours devant elle. Pour trouver de l’innovation, direction les salles. Le cinéma poursuit sa modernisation avec l’arrivée croissante des projecteurs numériques. Depuis la décision de CGR de novembre 2007 d’équiper ses 400 écrans en numérique, le débat n’a jamais été aussi présent. La deuxième journée de l’exploitation organisée sur la CST a permis de faire la lumière sur cette révolution qui passionne et inquiète à la fois (voir pages évènement). La commission du CNC, travaillant sur la question du financement du matériel, devrait rendre ses conclusions courant avril. On peut d’ores et déjà affirmer que la solution miracle que beaucoup espèrent unanime ne sera pas au rendez-vous. La rédaction

CINEMATION MAGAZINE - Numéro 2 - Avril 2008 Directeur de la rédaction : Benjamin Galbrun - Rédactrice en chef : Emilie Chamoreau Graphiste : Alexandre Taillefer - Maquette : Emilie Chamoreau - Correctrice : Laëtitia Brunet Ont collaboré à ce numéro : Laëtitia Grou, Irène Hervois, Natacha Guyot, Cécile Chandran, Ben Brungal, Naïche Davideau. Tel. Rédaction: 01.64.05.26.00. - Courriel : redaction@cinemation-magazine.fr - Webmaster: Diophantes


David Fincher se lance dans l’animation

Rencontre avec Orson Welles

Akira au cinéma Après un long métrage d’animation, c’est derrière la caméra que le manga va prendre vie. Les droits d’adaptation de l’oeuvre culte de Katsuhiro Otomo ont été achetés par Appian Way, la société de production de Leonardo Di Caprio. Akira sera adapté sur grand écran en deux volets et mis en scène par Ruairi Robinson.

Le classique britannique en deuil L'acteur d’outre-manche, Paul Scofield était l’un des plus grands comédiens classiques anglais de sa génération. Oscarisé en 1966 pour le rôle de Sir Thomas More dans Un homme pour l'éternité, il est décédé le 20 mars à l'âge de 86 ans.

©Philippe Druillet/Les Humanoïdes Associés

Plusieurs livres de Bret Easton Ellis ont été adaptés au cinéma. C’est maintenant au tour de l’écrivain de passer derrière la caméra pour réaliser l’adaptation d’un roman de Michael Hornburg, Downers Grove, dans lequel un étudiant est obsédé par son diplôme.

Quand les films deviennent des jeux vidéo Recyclage, quand tu nous tiens... Non, on ne parle pas de tri sélectif mais des films qui font l’objet d’adaptation en jeux vidéo. Rien ne se perd, tout se transforme. C’est ainsi que le livre de Robert Ludlum est devenu un film intitulé La Vengeance dans la peau (dernier de la trilogie de Jason Bourne) qui devient à son tour un jeu vidéo. The Bourne Conspiracy sera disponible au mois de juin sur XBox 360 et PS3. Pas de jaloux ! Higlander, Sin City, ou encore Saw vont se retrouver sur console d’ici 2008/2009. Même astuce pour Luc Besson qui a déjà signé avec Ubisoft pour la suite d’Arthur et les Minimoys. Le vase communicant fonctionnait aussi dans l’autre sens depuis quelques temps déjà. Plusieurs jeux ont servi de réservoirs à idées pour les scénaristes ou réalisateurs en mal d’imagination. Résident Evil, Dead or alive et dernièrement Max Payne… A quand Zelda, Sonic et Rayman ?

© Europa Corp.

De la plume à la caméra

Des thrillers aux films d’animation, il n’y a qu’un pas... Le réalisateur de Seven et dernièrement de Zodiac va passer le cap en travaillant sur un film d’animation produit par le studio Paramount Pictures. Ce longmétrage sera inspiré d’histoires publiées dans un magazine de science-fiction intitulé Heavy Metal. Ce comic des années 70, paru en France sous le nom de « Métal Hurlant », traite de thèmes érotiques ou violents, à travers huit ou neuf histoires. Sur grand écran, ces chapitres prendront la forme de courts-métrages animés, qui seront réalisés par huit ou neuf cinéastes différents. Parmi eux, le co-créateur des Tortues Ninja, Kevin Eastman, qui est également le propriétaire de cette parution. Tim Miller devrait également faire partie de l’aventure. Avant de participer à ce film collectif, David Fincher adapte un autre livre : Black Hole, le roman de F. Scott Fitzgerald. Ce film réunit Brad Pitt et Kate Blanchett depuis Babel dans une histoire de science-fiction où un homme de 50 ans se met à rajeunir et tombe amoureux d’une femme trentenaire. ©imdb

Dans Me and Orson Welles, un jeune lycéen, Zac Efron (Hairspray), rencontre le cinéaste interprété par Christian McKay. Le film de Richard Linklater retracera ainsi les débuts du réalisateur de Citizen Kane.


Distinction pour la paix

Après avoir surpris les spectateurs avec l’adaptation de son comic noir, Sin City, Frank Miller récidive. Cette fois-ci, le réalisateur adapte la bande dessinée d’un autre, datant des années 40. The Spirit de Will Eisner, grand nom des comics, raconte l’histoire d’un justicier masqué, interprété par Gabriel Macht. Alors qu’il est considéré comme mort, un détective revient dans la ville de Central City pour traquer les criminels. Il invente toutes les formes de punitions possibles, toujours plus ingénieuses les unes que les autres. Frank Miller voulait être fidèle à l’œuvre du scénariste pour lui rendre hommage mais certains éléments semblaient lui poser quelques soucis. C’est ainsi que le personnage d’Ellen Dolan qui, initialement, n’était que la fille du commissaire Dolan, devient une femme forte. Sarah Paulson incarnera donc une Miss Dolan qui s’apparente plus à l’héroïne d’Elektra du film éponyme de 2005.

Le possible retour de Robocop Tout le monde se souvient du justicier mi-homme mi-robot ! Ce flic fait de tôle et de boulons avait fait l’objet d’une trilogie dont le premier film de Paul Verhoeven date de 1987. Le pitch était simple : pour faire face au fort taux de criminalité de Détroit, un androïde est créé à partir du corps d’Alex Murphy, policier assassiné, pour en faire une arme redoutable. Les suites, Robocop 2 et Robocop 3 sortironten 1990 et 1993. Trois films donc et deux séries (Robocop et Robocop : Directives Prioritaires) plus tard, le studio MGM envisagerait de ressusciter le justicier chromé déclarant posséder un scénario (Robocop : The corporate Wars) qui aurait dû être celui du second volet de la trilogie. Exit l’idée de remake ! Même si les deux compères de Soyez sympas rembobinez (le dernier film de Michel Gondry) avait donné une nouvelle jeunesse au héros à l’aide de phares de voiture et d’un sèche-cheveux. L’hypothétique Robocop 4 serait donc une suite où le flic mi-chair mimétal, endommagé, se réveillera des années plus tard, dans un monde différent de son époque ! Un coup de clé à molette plus tard, Robocop pourrait donc être de nouveau sur grand écran. Orion Pictures Corporation

© Dimension Films/Troublemaker Studios

D’adaptation en adaptation

L’actrice et réalisatrice portugaise Maria de Medeiros (Capitaine d’Avril ou Je t’aime...moi non plus) a été nommée le 17 mars « artiste de l’Unesco pour la paix » qui récompense « son engagement exceptionnel en faveur de l’éducation artistique (...) ».

Ça tourne pour Olivier Dahan Le réalisateur de La Môme dirigera deux acteurs américains Sharon Stone et Forest Whitaker (Le Dernier Roi d’Ecosse) dans My own love song. Le scénario, écrit par le cinéaste, raconte l’histoire d’une exchanteuse handicapée et d’un pompier hospitalisé.

L’Agence se risque au cinéma La série des années 1980, Agence tous risques, sera sur grand écran le 12 juin 2009. L’adaptation cinématographique sera réalisée par John Singleton et le scénario écrit par Michael Brandt et Derek Haas (3h10 Pour Yuma). Barracuda aura-t-il encore tous ses colliers en or ?

Tintin a son comédien Tout le monde se souvient du jeune londonien de Love Actually. Le petit blondinet aux yeux clairs a aujourd’hui 17 ans et vient d’obtenir le rôle du célèbre reporter à la houppette. Thomas Sangster est à Los Angeles pour travailler sur son personnage.

4/5


L’Iran primé à Créteil

Scarlett aux enchères Au mois de mars, Ebay a mis en ligne une enchère proposant de passer la soirée avec l’actrice Scarlett Johansson. Mais, l’heureux « acheteur » aura le privilège d’être aux côtés de la star pour la première de He's Just Not That Into You. Insolite... mais généreux ! La somme sera reversée à une association humanitaire.

Le réalisateur du Patient Anglais décédé Anthony Minghella est décédé le 18 février à l’âge de 54 ans. Oscarisé en 1996 pour le Patient Anglais, il avait également réalisé Le Talentueux M. Ripley en 1999 ou Retour à Cold Mountain (avec Heath Ledger, également décédé cette année) en 2003.

Jamie aime les biopics... ... Ou inversement ! Après avoir été Ray Charles dans le film de Taylor Hackford, Ray, racontant la vie du chanteur, Jamie Foxx enfilera des gants de boxe pour interpréter Mike Tyson dans un prochain longmétrage.

L’acteur interprétant Wolverine dans les aventures des X-men est un vrai fan de bande dessinée. Actuellement sur le tournage de Xmen Origins : Wolverine, il passe ses moments de libre à écrire un nouveau comic book. L’histoire de Nowhere Man est en train de voir le jour entre deux prises. Hugh Jackman travaille main dans la main avec Marc Guggenheim (cocréateur de la série Eli Stone, et son avocat aux nombreuses hallucinations) et font équipe avec Virgin Comics. Aucune information n’a réellement filtré. Les bruits de couloirs indiquent néanmoins que le personnage créé par les deux compères se rapprocherait de celui joué par Will Smith dans Je suis une légende. Le héros vivrait dans un monde futuriste où l’homme accorde une grande importance à sa sécurité. Hugh Jackman voit déjà loin puisqu’il espère que les aventures de son personnage seront un jour portées sur grand écran. Mais avant qu’un film ne soit réalisé avec l’acteur australien dans le rôle titre, les spectateurs découvriront d’abord les aventures de Nowhere Man en librairie.

© Warner Bros

Le film iranien Mainline de Rakhshan Bani-Etemad et Mohsen Abdolvahab a reçu le grand prix du jury lors du 30e festival international de films de femmes à Créteil. L’histoire est celle d’une étudiante héroïnomane dans l’Iran actuel. Le film parle l'usage de la drogue mais surtout du quotidien de la jeunesse issue de la classe moyenne iranienne.

La sciencefiction rencontre l’animation

Robert Zemeckis, réalisateur et producteur de La Légende de Beowulf, s’adjoindra les services de Michael Dougherty, le scénariste de Superman : Man Of Steel (réalisé par Bryan Singer, sortie en 2009) pour un nouveau projet. Un film de science-fiction animé qui s’intitulerait Calling All Robots. Au programme, « performance capture », technique déjà utilisée pour le Beowulf du même Zemeckis. Ce film mélangera donc des prises de vues classiques d’acteurs et de leurs mouvements afin de pouvoir créer, par ordinateur, des personnages et des décors de synthèse. Michael Dougherty, de son côté, plancherait sur le scénario avec l’aide de Breehn Burns et Simeon Wilkins. Selon les rumeurs, le film d’animation pourrait rendre hommage aux anciens Godzilla qui ont marqué l’enfance du scénariste. Pour le reste, le projet est encore tenu secret. Pourvu que la version de Roland Emmerich (10 000, Stargate) ne serve pas d’exemple !

© 20th century fox

Hugh Jackman, une histoire comics


Will Smith pharaonique

© Warner Bros

Rien n’est trop grand pour l’acteur américain. Après avoir sauvé le monde dans Independence Day, chassé les Aliens dans Men In Black, combattu les robots dans I,Robots, boxé dans Ali... il se pourrait qu’on le retrouve en pharaon. Overbrook Entertainment, la société de production de Monsieur, travaille actuellement sur The Last Pharaoh. On ne s’ennuie pas ! Il faut avouer qu’il ne manquait qu’un rôle « historique » au palmarès de l’acteurchanteur. Quoi, une carrière incomplète ? Il fallait y remédier. C’est donc chose faite puisque Overbrook Entertainment a commandé le scénario à Chris Hauty (Never Back Down à l’affiche en avril) d'après la mouture originale de Carl Franklin. Will Smith pourrait donc incarné Taharqa. Ce dernier pharaon était souverain pendant la 25e dynastie nubienne, alors qu’un peuple noir d'origine éthiopienne régnait sur l'Egypte. Les rumeurs vont bon train et on parle de nombreuses scènes de combats entre Ethiopiens et Assyriens. Allez Will ! Montreleur qui est le plus fort !

Persepolis presque interdit au Liban Déjà critiqué par les autorités iraniennes, le film d'animation de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud a failli ne pas être autorisé à sortir sur les écrans du Liban. La raison de cette interdiction n’était pas précisée mais, selon les rumeurs, le film n’aurait pas conquit le chef de la Sûreté, un proche du Hezbollah. Le bureau de censure est revenu sur cette interdiction qui avait suscité les critiques des milieux politiques et culturels. Il faut noter que le gouvernement du président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui qualifie Persépolis d’« islamophobe » et d’« anti-iranien », autorise la diffusion d’une version censurée en Iran. Prix du jury au Festival de Cannes 2007 et César 2008 du meilleur premier film et de la meilleure adaptation, le film est l’adaptation animée de la bande dessinée éponyme de la Franco-Iranienne Marjane Satrapi. Au travers de l’histoire d’une petite fille iranienne, le long-métrage montre la répression du régime du Chah et les arrestations sous suivirent la Révolution islamique menée par l'ayatollah Khomeiny.

LE CHIFFRE DU MOIS + de 17 millions C’est

le

d’entrées

nombre en

salles

réalisé par Bienvenue chez les Ch’tis. Dany Boon

fera-t-il

d’entrées

plus

que

les

20 millions de specta-

Commeaucinema.com

teurs de Titanic ?

6/7


© Ben Brungal

L’avenir du cinéma en salles La deuxième journée de l’exploitation, organisée par la CST (Commission Supérieure Technique), s’est déroulée le jeudi 20 mars à l’Espace Cardin (Paris 8e). Cette rencontre interprofessionnelle était l’occasion de faire le point sur la projection numérique en salles, à quelques jours des conclusions de la commission du CNC concernant la mutation numérique de l’exploitation en France. e numérique en salle a eu une journée bien remplie. Les passionnés aussi : ils étaient venus s’informer sur les nouvelles normes et les travaux en cours.... Une fois le traditionnel discours d’ouverture prononcé, la CST ouvre le bal avec des conférences portant sur les derniers développements en cours et la qualité de la projection numérique en salles. Sujet crucial pour cet organisme à la renommée internationale, chargé de veiller à une normalisation de la transition. « Pour nous, cettetransition numérique ne doit se faire qu’à partir du moment où la technologie sera au moins égale à celle de la pellicule », répétera sans cesse Pierre William Glenn, le président de la CST.

L

Normes et respect de la qualité La position de la CST est claire : si le numérique arrive à maturité pour la projection en salles, c’est encore loin d’être le cas pour les films tournés avec des caméras 2K comme 4K. Une autre conférence, dédiée à la normalisation, rendra compte de la norme vers laquelle se dirige la projection numérique. Sur les recommandations techniques de la CST, travaillant avec la SMPTE (organisme américain) et l’AFNOR (organisme européen), les groupes de travail envisagent dans les mois prochains de faire dicter une norme ISO internationale, la CT36. Celle-ci prévoit entre autre une compression de la copie en JPEG 2000, une résolution 2K (2 048x1920 pixels), et un espace colorimétrique. Se pose alors la question du transport de ces « copies numériques », ainsi que du rôle à jouer pour le distributeur dans les négociations avec l’exploitant.

© Ben Brungal

Les défis de la copie virtuelle Si la mutation liée au numérique touche tous les corps de métiers du cinéma, la branche distribution est celle qui a sans doute le plus à De gauche à droite, Lionel Bertinet (CNC), Xxxx Xxxx (AFNOR) et Alain Besse (CST).

gagner, comme à perdre. Là où la projection pellicule nécessitait deux choses, une bobine 35 mm et un projecteur, la projection numérique complexifie quelque peu l’ensemble. Tout devient numérique, les copies également. Il convient donc d’assurer une protection double, informatique et technologique, prévue sur les

KDM Dès le moment où la copie devient virtuelle les professionnels se posent la même question : et la sécurité ? Il est vrai que vu sous cet angle, la copie virtuelle peu effrayer, notamment face à l’ampleur du piratage. C’est alors qu’intervient un petit fichier informatique surnommé KDM (Key Delivery Message). Cette « clef » virtuelle est indispensable pour lire la copie numérique. C’est également via ce fichier que l’exploitant peut s’engager sur la date d’exploitation et le numéro de la salle où le film sera projeté. Elle est nominative par serveur, par salle, et par cinéma. Un moyen apparemment sûr pour contrer les tentatives de piratages des copies virtuelles.


© Ben Brungal

L’un des arguments majeurs pour le passage à la projection numérique est le cinéma en 3D. L’occasion pour l’Association professionnelle UP3D de venir faire une démonstration des dispositifs comme du tournage en 3D. Plusieurs paramètres sont à prendre en compte quand on conçoit un film en 3D. Le dispositif particulier, bien sûr, mais aussi les surcoûts de production Le dispositif pour un tournage en et la réalisation Alain Derobe, président d’ UP3D. 3D, avec deux caméras. même du film. « Le cerveau recomposant l’image, il faut faire attention à ne pas trop faire d’écart entre les échelles de plan », indique Alain Derobe, président de l’association. A l’aide d’un ingénieux système de baguettes, le stéréographe reconnu rend limpide ses explications, pour le plaisir des passionnés. Ces derniers ont pu avoir des réponses à plusieurs de leurs interrogations, même si cette journée en a soulevé de nouvelles. Bien que l’année 2008 apparaît comme une année charnière, le débat semble encore loin d’être clôturé.

© Ben Brungal

Le cinéma 3D à l’honneur

Entre fiabilité et rentabilité L’autre aspect du numérique en salle est le coût et la fiabilité du matériel. Le sujet refait surface avec les retours d’expérience du projectionniste. Ces derniers s’accordaient à dire que l’avancée est énorme, en terme de qualité comme de fiabilité, mais que les coûts du matériel restent élevés. Un exploitant indépendant prend la parole pour parler chiffres... Sur un complexe de six salles, il désire en passer trois en numérique ; l’opération lui reviendrait à 191 000 euros, tarifs non négociés. En tenant compte de la rentabilité plus élevée d’une copie numérique que son aînée argentique, et en passant par un tiers investisseur, il estime l’opération rentable. De quoi relancer la polémique sur les VPF (Virtual Print Film), la taxe payée par les distributeurs pour permettre aux exploitants de s’équiper. Ben Brungal

Du matériel à disposition Cette journée était également l’occasion pour tous de découvrir ou redécouvrir ce fameux matériel numérique et de poser toutes les questions aux commerciaux présents. Le moyen pour exploitants, distributeurs et projectionnistes de manipuler le matériel via les TMS, programmes permettant de commander son multiplexe à distance. Ils étaient tous présents : Sony et son projecteur/serveur 4K, XDC, Cinemeccanica, Barco, Christie… Différentes interfaces, différents projecteurs. Un comparatif 2K/4K chez Sony, qui sur un écran de 3m de base ne sautait pas aux yeux. La question des TMS, bien qu’attirante fut largement reprise en conférence. Les premiers retours d’expérience des projectionnistes présents sont sans appel : le numérique est une avancée incroyable et propose une qualité à la projection. Pourtant, la tentation de supprimer les opérateurs en cabine et de les remplacer par des systèmes automatisés est immédiate. Mais, les concepteurs euxmême sont les premiers à affirmer que l’un ne remplace pas l’autre. C’est un outil complémentaire. « Nous aurons toujours besoin d’opérateurs en cabine », assurait un ingénieur de Cinemeccanica. Ce système est une assurance et un outil pour le gérant de multiplexe qui lui permet de contrôler en temps réel l’ensemble de ses salles, pas de changer un volet défaillant, ou une lampe défectueuse. 8/9 Des curieux devant un serveur numérique.

BenBrungal ©©Ben

projecteurs numériques. Côté sécurité donc, les labos de post production numérique voulaient assurer la gestion des KDM (voir encadré), mais les distributeurs s’y sont opposés. Cette gestion des clefs de protection sera le futur moyen de réguler la diffusion des copies virtuelles. Par conséquent, les distributeurs, dont le métier repose en partie sur la gestion de la rareté, perdraient tout pouvoir de négociation s’ils n’étaient plus détenteurs.


Début 2008, la ville de Chartres (région Centre) a vu s’ouvrir les portes d’un multiplexe indépendant de dix salles de projection, dont une équipée en numérique. L’occasion pour les curieux de se pencher sur les avancées numériques, notamment du côté des cabines de projection. Rendez-vous au cinéma Les Enfants du Paradis, avec Thomas Blasser. Projectionniste depuis 2002, il présente son métier ainsi que l’évolution des techniques tout en livrant son avis personnel sur les projections en numérique.

Cinemation Magazine : Votre cinéma est équipé de deux types de projecteurs : dix sont de type traditionnel, pour les films sur pellicules 35mm, et un de type numérique. Quelles sont les différences en cabine entre l’un et l’autre ? Thomas Blasser : Nous projetons principalement des films sur support photographique. Il faut savoir que la bobine d’un film de 2h, par exemple, pèse environ 20kg et mesure près de 3283 mètres ! C’est très encombrant, peu pratique à manipuler et très fragile. Nous recevons le film des laboratoires de développement sous forme de bobines de 20min qu’il nous faut relier entre elles, puis nous l’installons sur les « plateaux » (cf. photo cicontre). Il est ensuite relié via des sys-

tèmes sophistiqués au projecteur. Il faut beaucoup de rigueur et de soin. Quant à elle, la copie numérique arrive sur un disque dur externe. Nous chargeons le film sur un logiciel, puis la clé de lecture envoyée par les distributeurs nous permet de « débloquer » le film qui est bien sûr protégé d’un éventuel piratage. L’ordinateur envoie le film au projecteur et c’est parti ! Ça nous simplifie grandement la tâche et permet un gain de temps considérable ! Pour l’un, il y a une technique complexe qui nécessite une certaine formation. Pour l’autre, je n’ai même pas été formé, il m’a suffit de savoir cliquer sur “ démarrer “ avec ma souris… C.M. : Ce n’est pas un peu exagéré ? T.B. : Si, un peu ! Mais il y a une telle différence de pratique que c’est une pe-

© Cécile CHandran

Profession : « Bi-projectionniste »


tite révolution dans le métier. C’est comme si vous offrez à un bûcheron une tronçonneuse pour remplacer sa scie ! A vrai dire, les problèmes que nous rencontrons sont souvent dûs au fait que nous ne sommes pas informaticiens et dès qu’il y a un « bug », nous n’avons pas d’autre choix que de contacter un technicien chez le fabricant. Ce qui est vraiment un processus laborieux. Nous avons vraiment été formés superficiellement en informatique et pas mal de manipulations sont hors de nos compétences. Il faudra donc modifier les formations des jeunes projectionnistes dans les écoles. La future génération devra beaucoup plus miser sur ses compétences en informatique, plutôt qu’en mécanique. C’est un travail vraiment différent. C.M. : Vous parlez de différences pour le projectionniste, mais du côté des spectateurs, y a-t-il également des différences sur la toile ? T.B. : La plupart des gens nous disent qu’ils n’avaient même pas remarqué qu’ils venaient de voir un film projeté en numérique. La qualité du son est quasiment identique ; quant à l’image, il faut avouer qu’elle manque parfois de netteté, surtout dès qu’il y a beaucoup de vitesse dans les mouvements. Ca donne des espèces de flou. Et puis l’argentique donne un relief et un aspect organique intégré dans l’œil du spectateur. Par contre, les couleurs des films d’animation sont époustouflantes en numérique ! J’espère tout de même que l’avancée rapide des technologies permettra de palier ces petits défauts. Cela dit, il sécurise beaucoup la séance pour le public. Aucun risque de rayures, de mauvaises découpes ou autres problèmes de montage. Et

sachant que l’erreur humaine est la première cause de projection ratée… C.M. : Comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus de projecteurs numériques en France ? On en compte moins de 2 % ! T.B. : Tout simplement parce que c’est un investissement économique considérable pour un cinéma qui possède déjà tout ce qu’il lui faut pour faire de très bonnes projections. Il faut compter aux alentours de 100 000 euros pour un équipement numérique contre moins de 40 000 euros pour un projecteur 35mn… La plupart des salles devraient aussi revoir de fond en comble leurs installations électriques, ainsi que refaire les cabines de projections à la bonne taille, soit une petite fortune ! Seuls les cinémas très récents, refaits à neuf ou à gros budget peuvent se le permettrent aujourd’hui… Et il ne faut pas oublier que les tournages ne se font pas encore beaucoup sur support numérique. La majorité des productions tournent avec des supports photographiques. De plus, les copies en 35 mn sont financées par les productions donc c’est elles qui font les économies ! Pas les salles de projection... Les négociations sont lancées, nous verrons l’évolution de la loi sur la question d’ici quelques années je pense. C.M. : Et vous, où va votre préférence en tant que projectionniste ? T.B. : Je dois admettre que le numérique est vraiment fonctionnel. Plus de lumbagos ! Mais je ne vous cache pas que le charme n’est plus vraiment au rendez-vous…Malgré tous les inconvénients du travail sur pellicule, j’aime vraiment ça. Je suis un peu comme le

Le projecteur numérique.

photographe qui refuserait de laisser tomber son reflex argentique pour le numérique, mais qui aurait son petit appareil de 6 millions de pixels … C’est pratique, plus économique à long terme mais il n’y a pas le même plaisir… Rien de tel que ces magnifiques et énormes bobines, le toucher des pellicules, le bruit du projecteur ! C’est magique aussi là-haut ! Beaucoup de métiers qui sont en jeu, tout un savoir-faire formidable qu’il ne faudrait pas perdre…. Et puis… je suis plutôt du genre bûcheron à scie que tronçonneuse ! On se fait les bras ! Propos recueillis par Cécile Chandran

CV 1999 – Baccalauréat Littéraire, option audiovisuel 2000 – D.E.U.G. d’art du spectacle 2001 – C.A.P. Opérateur projectionniste (formation rapide de 7 mois) + stages en salles de projection 2002 – Projectionniste au cinéma l’ABC, à Chartres 2008 – Projectionniste au cinéma des Enfants du Paradis, à Chartres

10/11 La salle de projection.


Horton, de Jimmy Hayward et Steve Martino. Sortie le 2 avril

n o i t a m i n A

Et s'il existait des mondes microscopiques, vivants parmi nous sans que nous le sachions ? C'est l'incroyable découverte que va faire Horton, éléphant épanoui et un peu fantasque, dont l'activité préférée est de faire trempette dans la jungle avec ses amis. Au cours d'une de ses fameuses baignades, il croit entendre un étrange appel au secours lancé par une... poussière. Si si, une minuscule poussière portée par le vent... Après avoir rué dans les branchages pour la récupérer, Horton a confirmation de sa découverte : il y a de la vie dans la poussière et plus encore ! Il y a une ville du nom de Zouville et tout un tas d'habitants. Mais, ce petit monde est en grand danger tant que la poussière n'est pas à l'abri. Et il y a plus à l'abri que le beau milieu de la jungle, peuplée de singes surexcités. Prenant très au sérieux son nouveau rôle de

protecteur, Horton se met en route pour les montagnes où il a trouvé la planque idéale pour la précieuse poussière.

peut ni voir, ni entendre, ni sentir n'existe pas ». Et elle lance alors contre Horton une sérieuse campagne de haine, que le héros à long nez aura bien des soucis à écarter de son chemin. Horton va-til parvenir à sauver Zouville et ses habitants ?

« ça n'existe pas » Malheureusement, Madame Kangourou, sorte de dictatrice un peu bornée, ne croit pas une seconde à l'existence d'une telle ville et ne voit pas d'un très bon oeil les frasques du pachyderme. « Ce qu'on ne

Univers explosif, humour et tendresse Adaptation de l'oeuvre du Docteur Seuss, écrivain américain encore peu connu en France, ce film d'animation des studios Blue Sky (L'Âge de Glace 1 et 2, Robots...), léger et sympathique, transpire d'humour et de tendresse. Les couleurs flamboyantes des dessins et l'originalité des personnages sont un régal ! La voix inimitable de Jim Carrey est hilarante dans le rôle d'Horton, tout comme celle de Dany Boon pour la version française. Avis aux amateurs de mangas pour qui les créateurs ont concoctés une petite séquence goûteuse... Un film à l'univers explosif et une petite morale en bonus, pour les plus ou moins grands qui comme Horton pensent « qu'une personne est une personne, même très petite »... Cécile Chandran

© 2008 Fox

Y-a-t il quelqu'un pour sauver Zouville?!


© 2005 - SND Groupe M6

Les chroniques de Spiderwick, de Marc Waters. Sortie de 16 avril

Le monde merveilleux qui nous entoure

© Image.net

Un nouveau film fantastique empruntant son univers aux diverses mythologies et contes européens. Fées, lutins, farfadets, griffons, ogres et autres créatures magiques peuplent un monde invisible qu’Arthur Spiderwick consigne dans un grimoire. Lorsque ses arrière-petits-enfants emménagent dans sa vieille demeure, ils sont loin d’imaginer qu’en découvrant le livre, ils s’attireront les pires ennuis. Le fantastique sert de toile de fond à une fable sociale, où les enfants, victimes du déchirement familial se réfugient dans un monde magique. Rien de très original depuis l’Histoire sans fin. Si le résultat est loin d’atteindre la profondeur du Secret de Therabitia, c’est dans l’aspect technique et dans le rythme de l’intrigue que le film se démarque. Des effets spéciaux spectaculaires servent le récit pour le plaisir du spectateur. A noter la double performance de Freddie Highmore, incarnant tour à tour à l’écran Jared et son jumeau Simon, plus que convaincante. Un bon moment à savourer en famille. Ben Brungal

L’île de Nim, de Jennifer Flackett et Mark Levin. Sortie le 9 avril

Enfantillage écolo A tout juste 11 ans, Nim est déjà dotée d’une certaine conscience écologique. Vivant recluse sur une île de l’archipel indonésien avec son scientifique de père, elle ne se nourrit que de légumes, de limaces et passe son temps avec ses

amis les bêtes. La petite famille a tout de même un ordinateur. Leur cohabitation se déroule pour le mieux jusqu’à ce que papa se perde en pleine mer. Pas de problème ! Grâce à sa connexion ADSL, Nim rentre en contact avec son héros favori, l’aventurier Alex Rover, sorte d’Indiana Jones, le charisme en moins. C’est en fait Alexandra Rover, auteur des aventures d’Alex qui répond à ses appels au secours. Mais la romancière à succès est angoissée à l’idée même de sortir de chez elle. Il est temps pour Alexandra de mettre les pieds dans la réalité… La séquence de la tempête en mer sent un peu trop le studio et le pélican numérique a vraiment une drôle de tête. On finit pourtant par prendre du plaisir devant ce divertissement un peu niais, mais pas désagréable. Fermons les yeux devant les incohérences de cette gentille fable sur le courage et l’amour de la nature. Un peu de guimauve ne fait de mal à personne. Irène Hervois 12/13


Deux sœurs pour un roi, de Justin Chadwick. Sortie le 2 avril

Ce n’est pas la première fois qu’on voit à l’écran un célèbre épisode de l’Histoire adapté avec beaucoup de liberté. Dans Deux sœurs pour un Roi, c’est le second mariage d’Henry VIII avec Anne Boleyn, à l’origine de l’Anglicanisme, qui sert de toile de fond à une intrigue mêlant amour, trahison et

ambition. Le film s’intéresse à un p e r s o n n a ge peu connu de l’Histoire, Mary Boleyn, plus jeune sœur d’Anne. Et malheureusement, la pauvre Scarlett Johannson, réduite à faire la moue, ne parvient pas à rendre son personnage intéressant. Si l’histoire ne s’est pas attardée sur Mary, c’est bien que le personnage d’Anne, ainsi que l’interprétation qu’en fait Nathalie Portman, reste le plus fascinant. Il manque du caractère à ce drame formaté où musique indigeste et mise en scène expéditive ne parviennent à rendre l’ampleur de la tragédie. Réduit à une maigre demiheure, le mariage d’Anne et le procès qui s’en suit demeurent les passages les plus passionnants. Il manque à ce film le souffle Shakespearien. Irène Hervois

e u q i r o t s i H

Mongol, de Sergei Bodrov. Sortie le 9 avril

Comment Témoudjin devint le grand Khan

© 2005 Metropolitan Filmexport

Le biopic envahit une fois de plus nos écrans. Avec Mongol, premier volet d’une future trilogie, il se décline sur le mode historique. En retraçant le parcours qui a permis au jeune Témoudjin de devenir le fameux Genghis Khan, le

cinéaste Sergei Bodrov choisit de ne représenter qu’une facette du légendaire empereur mongol. Le film se concentre ainsi sur l’enfance de Témoudjin et sur les étapes qui l’ont amené à réunir autour de lui des tribus du centre et de

l’est de l’Asie. Il laisse également une belle place aux péripéties entourant Témoudjin et sa femme Borte. Avec cette fresque plongeant le spectateur dans l’Asie du XIIe siècle, autant dire que Sergei Bodrov s’attaque à un projet titanesque. Heureusement, il s’en sort bien mieux qu’Oliver Stone et son fatiguant Alexandre. Paysages somptueux, amours tumultueuses, guerres claniques et batailles sanglantes sont au programme. Sans grande originalité, le film offre tout de même de belles séquences, comme celle de l’emprisonnement de Témoudjin. Les coproductions russo-germanokazakh se font rares au cinéma. Voici une bonne occasion d’en découvrir une. I. H.

©2008.WBD. Photos : DR

Amour, Gloire et beauté



The Eye, de Xavier Palud et David Moreau. Sortie le 9 avril

Le cinéma fantastique asiatique est une source inépuisable d’inspiration pour les studios hollywoodiens. Après le remake de The Ring, pour ne citer que le plus réussi, les Etats-Unis s’attaquent au film chinois The Eye. Jessica Alba y interprète Sydney, une violoniste aveugle qui retrouve la vue après une double greffe de la cornée. Mais ses nouveaux organes lui jouent rapidement de mauvais tours en l’entraînant dans un monde virtuel qu’elle seule peut percevoir. Dirigée par David Moreau et Xavier Palud deux jeunes français remarqués depuis Ils, leur premier longmétrage, la starlette dont on a plus souvent vanté la plastique que le jeu d’actrice se révèle assez convaincante. Elle parvient à donner chair à la supposée folie du person-

e k a m e R

© 2008 Lionsgate Films inc

A regarder d’un œil

nage. Le film parvient ainsi à captiver lorsqu’il met en scène l’ambiguïté de son héroïne et a le mérite de ne pas trop s’aventurer dans l’amourette inutile entre Sydney et son charmant médecin. On sent pourtant les réalisateurs moins inspirés dans la dernière partie, convenue et très morale. Sans créer de frayeurs, The Eye distille une atmosphère surnaturelle plutôt réussie. Il lui manque encore un peu d’originalité, aussi bien du point de vue du scénario que de la mise en scène, pour se démarquer du film fantastique lambda. Irène Hervois

Funny Games U.S. de Michael Haneke. Sortie le 23 avril

© les films du losange 2008

Pas si drôle Dix ans séparent le Funny Games allemand du remake extrêmement fidèle - le découpage des deux films étant identique - qu’Haneke a réalisé aux Etats-Unis. La première bonne idée du film est d’avoir choisi l’excellent Michael Pitt, jeune premier plus inquiétant qu’il n’en a l’air, pour reprendre le rôle de Paul. Le reste du casting est à la hauteur : Naomi Watts et Tim Roth sont très convaincants dans le rôle des bourgeois soumis aux délires sadiques des deux jeunes hommes. Le deuxième aspect intéressant de cette transposition est le changement des codes esthétiques du film. Ce remake est baigné par une lumière blanche, aussi glaçante que ce qui se produit sous nos yeux. Signalons que le chef opérateur, Darius Khondji a travaillé avec Jeunet et Fincher. Excusez du peu. Quant à l’intrigue, elle n’a pas bougé d’un fil. Haneke prend toujours un malin plaisir à torturer ses spectateurs en les mettant face à la crudité et l’irrationalité de la violence. L’aspect conceptuel du film peut parfois agacer. Mais le jeu sur les codes du suspense ainsi que la tension créée par la mise en scène sont le plus souvent fascinants. Michael Haneke s’amuse. Et le spectateur s’inquiète, conscient que ces jeux dangereux ne le mèneront pas vers une happy end. I. H.


Cash, d'Eric Besnard. Sortie le 23 avril

Il est beau, grand, intelligent, au charme ravageur mais c'était sans compter sur une vilaine habitude... Cash (Jean Dujardin) est un voleur de grande envergure au meilleur de sa forme. Mais quand son frère se fait froidement descendre, rien ne va plus et la vengeance s'organise. Avec panache, sensibilité et talent, Cash et sa clique vont affronter leurs ennemis, sans violence mais avec ruse. C'est à qui pigeonnera l'autre, car chez les arnaqueurs, être le pigeon est bien pire que de finir en prison... Seulement voilà : sur qui peut-on réellement compter ? Ce film d'Éric Besnard est une agréable surprise, réalisé avec élégance. Une tête d'affiche impressionnante, un scénario bien ficellé, le tout servi chaud avec une bande originale ins-

© TFM distribution

Vous payez comment ? En Cash biensûr...

pirée de la soul des années 70. Cash est à la hauteur de ses homologues du genre, tout en étant original et pétillant. À noter que Jean Dujardin, d'ordinaire dans le rôle du comique de base, est ici le tombeur de ces dames... (et ça lui va comme un gant...). Cécile Chandran

Braqu age

Sans armes, ni haine, ni violence, de Jean Paul Rouve. Sortie le 16 avril

Gentleman cambrioleur regorge d’idées. Les personnages sont à la fois crédibles et attachants. L’ellipse narrative est abordée avec fraîcheur et renouveau. Une véritable bombe d’ingéniosité qui renouvelle le paysage du cinéma français et renoue habilement avec le film de genre trop longtemps négligé dans ce pays. Une initiative à encourager et à savourer. Ben Brungal

16/17

© Mars distribution

Un film original, pas vraiment classable qui revient sur l’étonnant parcours d’Albert Spaggiari, l’auteur du casse du siècle dans les années 70. Jean-Paul Rouve réussi une performance devant comme derrière la caméra. L’acteur/réalisateur délivre un film complexe, à mi chemin entre le biopic et le film policier, à la fois exubérant et intimiste. Il trouve chez Gilles Lelouche le partenaire sur lequel s’appuyer pour donner vie à son interprétation. Après la fausse bonne surprise du générique, le spectateur aurait pu s’attendre à un film franco-français très conformiste. Heureusement, le film porté par des acteurs de talent évite le piège. La mise en scène audacieuse


The U.S.A. Contre John Lennon, de David Leaf et John Scheinfeld. Sortie le 16 avril

© Métropolitan Film

Alors qu'aujourd'hui aux États-Unis, la plupart des artistes américains se rallient à une cause politique ou sociale, ce documentaire retrace l'engagement exceptionnel de John Lennon dans les années 60-70. L'exleader des Beatles, pacifiste convaincu, militera aux côtés de son épouse Yoko Ono, contre la guerre au Vietnam qui fait rage. Grâce à la musique et à quelques performances artistiques délurées, ils se feront les voix du mouvement antimilitariste américain. Tant et si bien que le président Nixon et son administration en feront la bête noire à abattre. John Lennon sera d'ailleurs assassiné par un illuminé en 1980, à New-York. Extrêmement bien documenté et nourri de témoignages saisissants, les deux

© Métropolitan Film

« Give peace a chance... »

réalisateurs font la lumière sur les déviances d'un gouvernement, l'activisme militant d'une génération d'américains, et sur un artiste talentueux, drôle et passionné. Un documentaire instructif et très bien réalisé, faisant par ailleurs subtilement référence à une autre époque, une autre guerre, un autre président... Cécile Chandran

Chapitre 27, de Jarett Schaeffer. Sortie le 23 a vril

Trois jours à tuer avant de tuer...

© Métropolitan Film

Le 8 décembre 1980, John Lennon était froidement abattu devant chez lui, à New-York. La mort du leader du mouvement pacifiste américain plonge les Etats-Unis dans le deuil. Mais pourquoi tuer celui qui clame haut et fort qu'il faut bannir la violence de nos vies ? Les raisons sont nombreuses mais c'est la folie d'un homme qui en sera la cause. Marc Chapman (Jared Leto) n'avait pourtant rien d'un tueur et il a tiré cinq balles sur l'artiste. Physique vraiment ingrat et

n h o J n o Len

comportement dérangeant, il est difficile de suivre cet être étrange, incohérant. Jared Leto incarne un homme fermé, secoué de mimiques crispées, mais il y a comme une distance infranchissable entre lui et les autres. Barrière due à la folie ou à certains manques scénaristiques ? Les réponses attendues sont là, mais floues et perdues dans la noirceur de la réalisation. Un film qui laisse vraiment perplexe mais qui pousse à la méditation... C.C.


Les seigneurs de la mer, de Rob Stewart. Sortie le 9 avril.

Ô doux saigneur

minées dans le monde entier pour la contrebande juteuse de leurs ailerons. Le tout, organisé par la mafia taïwanaise. Un massacre organisé dans la plus grande indifférence, puisque rien n’est fait à l’heure actuelle pour sauvegarder ces animaux. L’hécatombe est telle que plusieurs

espèces sont aujourd’hui menacées. La beauté des fonds marins se contraste avec le sordide des hangars où le trafic s’organise. Un film qui ne laisse pas indifférent, mais qui surtout proclame un amour indéniable à ces seigneurs de la mer. Rob aurait-il attrapé la Michael Moore attitude ? Ben Brungal

Docum entaire

©2006-2008 - mk2 Images

Maintes fois récompensé, le film de Rob Stewart est une sorte d’ovni dans le monde du documentaire animalier. Cet amoureux des requins depuis sa plus tendre enfance signe un hommage à ces créatures marines vieilles de plus de 400 millions d’années. Entre excursions sous-marines et interviews sur la terre ferme, le film transporte le spectateur du Costa Rica aux Iles Galápagos, dernières réserves naturelles de ces créatures millénaires. Le moyen pour le biologiste marin de casser certains tabous, notamment sur la supposée dangerosité des requins. Un voyage habile entre onirisme et revendications écologiques, malgré une fin quelque peu frustrante. Après avoir démonté, preuve à l’appui, la réputation du requin mangeur d’hommes, le film prend une tournure plus militante. Le cœur du sujet est alors abordé : ces créatures sont exter-

18/19


Doomsday de Neil Marshall. Sortie le 2 avril

Londres 2035 : un mystérieux virus ayant déjà transformé les Ecossais en zombies s’introduit malencontreusement dans la City. Pensant plus à sauver sa peau qu’à protéger ses concitoyens, le premier ministre charge Eden de ramener du territoire écossais un antidote. Plus proche d’un mélange de Robocop agrémenté d’un soupçon de Terminator que d’une figure des Evangiles, la jeune femme et les quelques copains venus l’aider à sauver le monde réalisent alors que les Ecossais sont bien plus vivants que morts et s’adonnent à de violentes guerres de clans. Après avoir cloué de peur sur leurs fauteuils les spectateurs de The Descent, Neil Marshall s’attaque avec Doomsday au film d’anticipation, dans la lignée de

© 2008-SND M6 Network

Melting Pot

New-York 1997 et Mad Max. Plongeant délibérément dans le burlesque, Doomsday confronte son héroïne à une tribu de punks anthropophages ou encore à un clan de guerriers retombés en plein moyen

âge. Le réalisateur assume jusqu’au bout ce projet délirant et souvent drôle, alternant blagues potaches, anachronismes savoureux et scènes d’action tirées par les cheveux. Un film inattendu à déguster au trente sixième degré. Irène Hervois

L’histoire tragi-comique d’une jeune fille née avec une malformation physique : un groin de porc. Arrivera-telle à trouver l’amour ? Un pitch intrigant qui suscite la curiosité. Christina Ricci, incarne la malchanceuse Pénélope et donnera la réplique à James MacAvoy et Reese Witherspoon. Humour noir garantit.

Exit Van Damme et son grand écart américain, voici un film de baston nouvelle génération. Un jeune étudiant arrive dans son nouveau lycée et se fait dérouiller par plus fort que lui. Une seule obsession : prendre sa revanche. Entre teenager movie et combats underground, ce film dépoussière le genre.

Déjà e n salle s

Un nouveau cauchemar filmé tout à l’épaule, dans la lignée de Cloverfield (voir dossier). Angela tourne un reportage sur l’activité nocturne des pompiers. Lorsque ces derniers sont appelés à l’aide pour secourir une vielle dame, le reportage tourne au carnage. Un film particulier à ne pas mettre devant tous les yeux.



Cinéma et vidéo, un mariage forcé ?

Si le règne du cinématographe pendant plus d’un demi-siècle est incontestable, l’arrivée de la télévision, puis de la vidéo vient remettre en cause cette suprématie. Le 21e siècle cristallise cette dualité cinéma/vidéo autour d’un enjeu historique pour le Septième art : le passage au numérique. Cette révolution technologique brouille les pistes plus que jamais. Cinéma et Vidéo - deux mondes que tout opposait - s’interpénètrent et s’inspirent réciproque-

- Wilde Side Films

ment. Pour le meilleur ou pour le pire ?

REC, un film d’horreur nouvelle génération, ce mois-ci à l’affiche.


T

saccadées ou intimistes. La tête d’Heather en gros plan, la goutte au nez et la larme à l’œil, qui s’adresse au public pour lui livrer ses dernières confessions, tout ceci restera à jamais gravé dans les souvenirs de tous ceux qui ont vu le film. Ce processus de « caméra à l’épaule », utilisé comme un journal intime a été depuis utilisé à outrance. Parmi les derniers films en date, on se souviendra du film de Maïwenn, Pardonnez moi. Avec une façon de filmer innovante, Le Projet Blair Witch a créé l’évènement. Avec ce longmétrage, le grand public découvrent au cinéma des images qui ne sont pas stables, parfois décadrées mais aussi des séquences plus intimistes

Le projet Blair Witch.

© Artisan Entertainment

out le monde se souvient du Projet Blair Witch. Grand succès commercial de 1999 dans lequel trois étudiants en cinéma disparaissent dans une forêt au cours d'un reportage sur la sorcellerie. Mais, les spectateurs se souviennent plus du concept que de l’histoire. Ces images toujours en mouvement... On aurait presque cru au film d’amateur, sauf que Blair Witch est sorti en salles. Cette volonté d’amateurisme est liée aux conditions de tournage. En 1997, trois jeunes sont lâchés huit jours dans la forêt avec peu d’instruction mais deux caméras, une caméra 16mm et une vidéo HI8. Pas de pied, pas de chef opérateur, donc pas réellement de cadrages et de plans comme sur un « vrai tournage »... 18 heures de rushes plus tard, on revient chercher les acteursfilmeurs et leurs images tour à tour

© Artisan Entertainment

Le concept vidéo s’invite au cinéma

où le spectateur a l’impression de prendre part aux aventures des trois personnages. Précurseur par sa manière de filmer, Le Projet Blair Witch a fait entrer le concept de la vidéo dans les salles de cinéma et par le biais d’un film qui s’adresse à un public d’adolescents. Il a ouvert la voie à une certaine esthétique au cinéma, directement inspiré de « l’amateurisme ».

Cannibal Holocaust précurseur

© Image.net

DR

Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato relate les expériences d’un groupe de journalistes disparus lors d’un reportage en Amazonie où ils ont rencontré une tribu cannibale. Bien avant Le projet Blair Witch, la narration utilisait déjà les vidéos « tournées » par ces personnages fictifs pour accentuer le « réalisme ». Sans utiliser de flash-back, le film donne ainsi l’impression d’assister en direct aux péripéties tragiques des journalistes. L’empreinte de l’esthétique télévisuelle, et plus particulièrement du reportage, confère au film un réalisme des plus troublants. A la fois violent et moralement choquant, ce brûlot difficilement regardable dénonçait dès 1980 le voyeurisme et les dérives d’un certain journalisme cherchant à décrocher un scoop, quitte à y laisser sa vie. Cannibal Holocaust.

22/23 Maïwenn, actrice réalisatrice.


ne façon de filmer proche de l’amateurisme assume le plaisir voyeur du spectateur, lui faisant prendre part à l’action. L’identification entre spectateur et personnage prend une tout autre dimension. James Steward, la jambe plâtrée, qui observe ses voisins aux jumelles dans Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock est

U

trace de ces actes est conservée. Le personnage est présenté comme proche du spectateur dans la salle de cinéma puisqu’il est lui-même spectateur de films, même ce sont des films de voyeurs qu’il a lui-même tournés. Un lien intime se créé entre le personnage à la caméra et le public puisqu’ils sont liés par la même activité. L’œil caméra et l’œil spectateur ne font plus qu’un.

© UIP

La caméra témoin

Vidéo et intimité dans American Beauty

loin du mateur d’American Beauty (de Sam Mendes) qui film sa voisine. Le dispositif de la caméra du voisin et le fait qu’il stocke les films donne une place nouvelle aux images vidéo. La

Michael Haneke et la vidéo Michael Haneke a fait de l’envahissement des images vidéo le cœur de sa trilogie, amorcée en 1992 avec Benny’s Video. Ce film narre l’histoire d’un adolescent ne sachant plus différencier le réel du monde des images enregistré par sa caméra. Avec Caché en 2005, Haneke pousse encore plus loin l’utilisation de la vidéo dans ce thriller conceptuel, où un couple de bourgeois cherche à connaître l’identité de la personne qui les filme. En intégrant des plans provenant de caméra de surveillance à la forme du film, Haneke décrit avec la froideur qui a fait sa réputation une société à la fois obsédée et menacée par la prolifération des images.

Quand la vidéo entre dans le film, la caméra – redevenue simple outil - peut devenir un objet de communication. Le personnage, à l’écran, a le pouvoir d’interpeller le spectateur, assis dans la salle. Il s’adresse au public pour que ce dernier soit (encore plus) témoin de ce qui est en train de se passer. Il l’invite à prendre part à l’action en se mettant en scène : il filme ce qui se déroule en demandant au spectateur d’en prendre acte. Mais, la caméra peut également être un outil de transmission. Le héros ressent le besoin de laisser son emprunte. Nombre de personnages, se sachant en danger de mort, allument leur caméra pour que la vidéo grave leur confession. Ce principe est devenu presque courant et a été vu dans des films pour adolescents qui ont connu un certain succès commercial (Scream, Peur Bleue ou encore Résident Evil 2). Face à la mort, ou au danger, le personnage allume sa caméra. Alors que l’ultime témoignage d’une vie passait autrefois par un stylo pour écrire une lettre, il se transmet aujourd’hui par la vidéo grâce à la caméra. Un dispositif qui en dit long sur la société actuelle, et son rapport à l’image.

Qui filme qui ? (Amerianc Beauty).

© UIP

L’amateurisme a son esthétisme un objectif plutôt que face à une page blanche peut créer une esthétique sous-jacente. Des films « journaux intimes » aux films de « témoignage personnel » (on ne parle pas de témoignage historique dans les reportages télévisés mais véritablement de cinéma), le septième art amorce peutêtre un tournant. On entre - semblet-il - dans un type de cinéma complètement dépendant de la révolution « télé-réalité ». L’esthétique nouvelle en découle donne naissance à des films comme Pardonnez-moi de Maïwenn, sorti en novembre 2006. C’est l’histoire de Violette qui, enceinte, s’arme de sa caméra pour offrir à son premier enfant un film de famille. N’importe quel spectateur peut faire la même chose : prendre sa caméra et filmer les siens. Mais où s’arrête alors la frontière entre le film de famille amateur qu’on revoit le dimanche et les films de famille qu’on projette en salles ? Le fait de la société actuelle qui pousse monsieur tout-lemonde à exposer sa vie aux autres (comme les journaux intimes publiés

S’exposer à l’écran Hérité d’une longue tradition télévisée, le fait de se confesser devant

Débarquement sur les plages de Norma


risme ou, à l’inverse d’exposition, la caméra personnelle joue aujourd’hui un rôle important sur grand écran. En réalité, le principe est plus complexe que la simple forme d’« amateurisme » de la vidéo. Avec la révolution numérique, la vidéo personnelle s’est démocratisée. L’engouement collectif pour ces dispositifs a fait naître une certaine esthétique, qui contamine un cinéma

La caméra sur grand écran Qu’il s’agisse du principe de voyeu-

« post 11 septembre » en pleine crise d’identité. Ces nouvelles formes filmiques, qu’elles proviennent de la vidéo amateur, de la télévision ou du reportage, semblent vouloir donner une direction nouvelle au cinéma, quitte à rompre avec ses acquis d’antan.

Le cinéma perméable à ces nouvelles formes visuelles

Guet-apens dans La Chute du Faucon Noir, de Ridley Scott.

éjà en leur temps, le Néoréalisme italien, puis la Nouvelle Vague en France, ont brisé la lourdeur du classicisme Hollywoodien grâce à des caméras de plus en plus légères. Puis viendra plus tard, l’utilisation du steadycam, permettant de s’affranchir des contraintes des studios. Mais, force est de reconnaître qu’à la suite des attentats du 11 septembre, le monde est sous le choc. Les images ne doivent plus mentir. Il en va de même pour le cinéma. De nouvelles formes filmiques, héritées des nouveaux dispositifs de captation, comme le reportage ou la vidéo surveillance, font leur apparition. On

D

Du voyeurisme à la télésurveillance Snake Eyes, de Brian de Palma, exploite certains de ces concepts au sein d’un film hollywoodien néoclassique. La caméra, traversant les murs, omniprésente donne la sensation de tout voir, de tout filmer.

Films de guerre et d’action nouvelle génération

l’illusion au spectateur qu’il « se trouve » au cœur de la bataille, non plus assis dans la salle. La ligne invisible entre spectacle et spectateur est franchie. Plusieurs réalisateurs saisissent l’enjeu de ce mode de tournage et suivent le pas. De La Chute du Faucon Noir, de Ridley Scott, aux Larmes du Soleil, d’Antoine Fuqua, le film de guerre ne peut s’empêcher d’utiliser ce dispositif. Une nouvelle esthétique se crée et devient indissociable de ce genre de cinéma. Le film d’action réclame lui aussi sa part du butin. La Mémoire dans la peau et ses deux suites représentent un summum dans l’utilisation de ce procédé. Les courses poursuites paraissent plus intenses. Et même si l’action devient moins perceptible à l’écran (certaines scènes cadrées serré sont parfois à la limite du visible), la sensation d’immersion dans l’action compte bientôt plus pour le spectateur.

Jason Bourne en pleine action.

24/25

© Universal Pictures

C’est vers la fin des années 90 qu’on trouve des films s’inspirant directement des reportages de guerre, afin de donner un nouveau souffle à des films de guerre et d’action en perte de vitesse. Il faut sauver le soldat Ryan, de Steven Spielberg, marque un tournant capital dans cette nouvelle esthétique. La caméra à l’épaule est utilisée pour donner ©DreamWorks

andie dans Il faut sauver le Soldta Ryan.

constate alors une perméabilité entre le cinéma et ces nouvelles images, jusqu’ici réservées à des films expérimentaux, aux journaux télévisée, aux reportages et à quelques vidéastes. Le cinéma hollywoodien y vient lui aussi, leur conférant une visibilité internationale et inspirant nombre de réalisateurs.

© Columbia Tristar

sur des blogs) conjugué à la facilité d’accès à la technologie (aujourd’hui la classe moyenne peut s’offrir une petite caméra) peut donner des films amateurs dignes des films de professionnels.


© United International Pictures

La révolution numérique, un déclencheur ? Ricardo Tubbs et sa coéquipière, en action dans Miami Vice.

a révolution numérique au cinéma, encore balbutiante, surfe sur cette hybridation du cinéma et de la vidéo. Le réalisateur Michael Mann l’a très bien compris et utilise les caméras numériques dernière génération, pour créer un cinéma d’action dans la lignée de Heat. Dans Collatéral comme dans Miami Vice, le parti pris reste la sensation de réalisme, poussée à l’extrême avec un tournage de nuit, plus naturaliste qu’une « nuit américaine ». Le gain poussé, un éclairage utilisé au minimum, l’image fourmillante et la vidéo entrelacée, le spectateur suit les errances nocturnes du tueur Vincent, ou l’intervention des agents Riccardo Tubbs et Sony Crockett non plus pas-

mise en scène classique.

© Paramount Pictures

L

Les rescapés de Cloverfield.

Dichotomie

sivement, mais prenant partie intégrante à l’action. Cloverfield comme REC (ce mois-ci en salles) outrepassent tout ce qui a été permis de voir dans ce registre. Le premier propose une attaque de New York par une créature monstrueuse, le tout tourné de nuit, en caméra épaule, tout en point de vue subjectif. REC décline le concept dans une nuit cauchemardesque où la créature gigantesque laisse place à une attaque de zombies. Presque aucuns temps de repos, les images bougent en permanence. L’action est omniprésente à tel point qu’elle éclipse toute autre tentative de narration. Et le verdict est sans appel : le film crée lui aussi l’évènement ! Mais immédiatement, il y a ceux qui adhèrent, et ceux qui détestent. Ces nouvelles formes ne sont donc pas du goût de tout le monde. L’héritage du cinéma classique et traditionnel reste encore fortement ancré dans la mémoire des spectateurs comme des réalisateurs. Aussi, de Superman Returns de Bryan Singer à plus récemment La Jeune Fille et les Loups de Gilles Legrand, bien qu’intégralement tourné en numérique, on retrouve une

© Universal Pictures

Embuscade à Ryad dans Le Royaume.

Le constat actuel que l’on peut faire sur ce « cinéma numérique » est totalement dichotomique. Si certains films empruntent à l’esthétique vidéo, d’autres au contraire renouent avec le cinéma classique. Les dispositifs numériques et les dernières caméras ultra haute définition (4K) tels que la Dalsa Origin (avec laquelle sera tourné le prochain James Bond) imposent par leur poids un retour au cinéma sur support mécanique, plus figé. Paradoxalement, ce sont les nouvelles caméras film argentique, qui, de plus en plus légères, désinhibent les réalisateurs impatients de les utiliser. « L’image en mouvement » au cinéma, phénomène englobant toutes ces nouvelles formes cinématographiques héritées des tournages vidéos, ne peut donc se résumer au simple fait d’être tourné ou non en vidéo ou en numérique. Mais l’héritage esthétique issu de ces nouveaux supports, qu’ils soient ou non du goût des spectateurs, est indéniable. La Jeune fille et les loups.


Caméra et vidéo, un mariage forcé ?

© Ryan McVay / Getty images

Amoureux du cinéma, ils sont cinéphiles ou cinéphages. La caméra et le cinéma, il connaissent et ont leur avis sur

s r u e t a t c e p s e l s e o r L a p a l t on

© Ryan McVay / Getty images

la question.

Michelle, 38 ans.

Alexandre, 20 ans. Que pensez-vous des films qui sont tournés avec la caméra à l’épaule ? J’aime beaucoup la trilogie des Jason Bourne qui utilise ce procédé. En revanche, faire de la vidéo pour faire de la vidéo, non. En règle générale, je n’aime pas trop les films où la caméra à l’épaule est omniprésente, mais pour ceux d’action et les scènes de combats, je trouve ce procédé novateur. D’une manière générale, je pense que cette façon de filmer est révolutionnaire et apporte beaucoup... Mais, ce n’est pas forcément une bonne chose. Le risque est que ces films n’ont plus de rapport avec le cinéma traditionnel. Et c’est dommage. J’ai une grande affection pour les classiques. De manière plus générale, la vidéo s’invite au cinéma. Qu’en pensez-vous ? Je trouve cela pas mal du tout. Ça donne une dimension plus réelle au film. En tant que spectateur, on se sent plus proche des personnages et on a de la sympathie pour eux. Personnellement, j’adore. Selon vous, quel rapport peut entretenir ou va entretenir le cinéma et la vidéo ? Je n’en sais rien. J’ai envie de dire « On verra ». J’aime bien des films comme Collatéral et Miami Vice, qui utilisent ce procédé. Mais je n’irais pas voir que ce genre de films au cinéma. C’est une question de dosage.

Nelly, 19 ans.

©Pascal Chaniter

Que pensez-vous des films qui sont tournés avec la caméra à l’épaule ? Je trouve que ça fait naturel, reportage... C’est moins calculé, plus sur l’instant.

Que pensez-vous des films qui sont tournés avec la caméra à l’épaule ? Dernièrement, j’ai été voir Cloverfield au cinéma. Au bout d’à peine 10 minutes, j’avais la nausée. Heureusement, ce n’est pas le cas à chaque fois... Dans certains films, j’ai trouvé que ça apportait une sensation de réel positive au déroulement du film. Mais, concernant Cloverfield, c’était catastrophique ! De manière plus générale, la vidéo s’invite au cinéma. Qu’en pensez-vous ? Encore une fois, ça dépend du film en question. Comme dans n’importe quel domaine, il faut que se soit justifié, selon moi. Certains effets sont juste là pour en mettre plein la vue. Et au final, le spectateur s’ennuie. Mais, personnellement, j’ai adoré Interview de Buscemi, où la vidéo occupait vraiment une place très intéressante. Selon vous, quel rapport peut entretenir ou va entretenir le cinéma et la vidéo ? Je ne sais pas trop. Personnellement, j’avoue que je préférais les anciens James Bond, par exemple. Avant, il avait une bombe dans son stylo alors que maintenant, on y trouve une caméra… D’un côté, il y a quelque chose de normal dans cette évolution... On est face à une société qui bouge. Elle se numérise et les héros aussi !

En piochant dans le réel, on peut renforcer la crédibilité du propos. De manière plus générale, la vidéo s’invite au cinéma. Qu’en pensez-vous ? C’est une démarche artistique intéressante. Ça change du cinéma « usine » fait pour plaire au grand nombre. C’est innovant. Je trouve que ça ouvre notre réflexion sur le cinéma.

Dossier réalisé par Ben Brungal, Emilie Chamoreau, Irène Hervois et Cécile Chandan

Selon vous, quel rapport peut entretenir ou va entretenir le cinéma et la vidéo ? Pour moi, ils sont intrinsèquement liés depuis que le cinéma existe. Avec le phénomène de globalisation des moyens numériques, on peut faire beaucoup de choses avec l’image. Mais est-ce toujours du cinéma ? L’art est accessible à tout le monde. Mais attention à ne pas confondre cinéma et vidéo sur ton portable ! 26/27


Une franchise pleine d’avenir de Jack O’Neill. Suite à ce deuxième téepuis l’adaptation en 1997 léfilm, il est possible que d’autres du film éponyme de suivent, maintenant ainsi Stargate Roland Emmerich SG-1 en vie pour peut-être plu(1994), la franchise Stargate a sieurs années supplémentaires. surtout été connue pour sa première série télévisée : Côté télé Stargate SG-1. Cette dernière a survécu à plusieurs La saison télévisuelle américaine c h a n ge m e n t s (casting, 2007/2008 a aussi été un tournant chaîne) en conservant un large pour la franchise, puisque Stargate public jusqu’à ce que Sci-Fi Atlantis, ex-« petite sœur » de SG-1 annonce son annulation en était pour la première fois, seule en 2006. Après dix ans de bons et diffusion sur Sci-Fi. Avec des remaloyaux services, SG-1 n’a pourniements de casting (notamment tant pas dit son dernier mot, et l’arrivée d’Amanda Tapping, repreelle va continuer d’exister sous nant son rôle de Samantha Carter) la forme de téléfilms qui sortiet une nouvelle case horaire, ront directement en DVD. Atlantis n’a pas déçu. La spin-off Avril voit d’ailleurs la sortie Daniel Jackson, Samantha Carter, Cameron Mitchell, Teal'c (Michael a d’ailleurs réalisé de bons scores française de la première de ces Shansk, Amanda Tapping, Ben Browder, Christopher Judge) d’audience, avec une légère nouvelles histoires, avec hausse pour la deuxième partie L’Arche de la Vérité. Ce téléfilm signe la conclusion du com- de saison. Avec une cinquième saison en cours de tournage, bat contre l’ennemi Ori. Brillant par son scénario et son il semble qu’Atlantis ait encore un bel avenir devant elle. image, L’Arche de la Vérité montre de grands moments pour Enfin, la troisième série de la franchise, intitulée Stargate l’équipe de SG-1, et entrouvre la porte pour sûrement d’au- Universe, est toujours en période de conception, et devrait tres aventures. Un deuxième téléfilm, Stargate Continuum, entrer en production dans les années à venir, même si peu sortira d’ailleurs en juillet aux États Unis, avec notamment de détails ont été communiqués pour le moment. le retour de Richard Dean Anderson dans son personnage Natacha Guyot © MGM

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Addison en Californie uite au succès de la série médicale Grey’s Anatomy et à la popularité du personnage du docteur Addison Montgomery (interprétée par Kate Cast saison 1 Walsh), la chaîne ABC a décidé d’offrir à la spécialiste de la néonatalité sa propre série, en créant Private Practice, dont la première saison a débuté lors de la saison télévisuelle américaine 2007/2008. La série dérivée, une série médicale chorale dans la lignée de Grey’s Anatomy, avait d’abord fait l’objet d’une introduction durant la saison 3 de la série mère, avec un double épisode où plusieurs personnages de Private Practice étaient présentés. Localisée en Californie, et non plus à Seattle, la spin-off a dès le départ fait l’objet d’une commande de saison complète par ABC, mais la grève des scénaristes n’a permis la production et diffusion que de neuf épisodes. Cependant, grâce à ses bonnes audiences, la chaîne a déjà commandé une seconde saison. En France, la série a été achetée par TF1, et devrait être diffusée courant 2008. N. G.

© ABC

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Pas de pitié pour les croissants ! près une absence de 10 ans, elle revient ! Dorothée repointe son célèbre nez sur le petit écran. La plus célèbre présentatrice des années 80/90 et Dorothée, 10 ans après le Club. ses acolytes de toujours, Jacky et Ariane, sont de retour sur IDF1. La star sera bien entourée et les spectateurs retrouveront des têtes connues des productions AB. Le Docteur Klein (le célèbre véto à lunettes) animera une chronique sur les animaux. Laure Guibert et Patrick Puydebat (Bénédicte et Nicolas du sitcom Hélène et les garçons) feront également partie de la

Nouvelles chaînes franciliennes - Cap 24 est une « chaîne de proximité et de service » qui donne des infos et des bons plans. Programmation chargée le week-end avec des émissions comme « wesh » pour les djeun’s ou encore le « couloir de la nuit » pour les branchés. - IDF1 ou la « chaîne familiale de proximité » avec des séries comme Navarro ou l’Instit et une gay star prénommé Dorothée. - NRJ Paris cible les « jeunes actifs urbains » avec des JT tout en images, des films, des spectacles et des Blog de Franciliens. - Des chaînes associatives comme Cipas TV pour les férues d’arts et de science ; Demain IDF pour les demandeurs d’emplois ; Télé Bocal qui se veut une télé de quartier ; et Banlieues du monde pour ceux qui préfèrent la diversité.

Bientôt 40 ans de conventions reation Entertainment a su s’imposer comme l’une des plus importantes sociétés qui organisent des conventions (principalement aux USA, mais aussi au Canada et en Angleterre). Créée en 1971 par deux jeunes fans de Science Fiction, Gary Berman et Adam Malin, elle met aujourd’hui en place une moyenne de plus de dix évènements par ans. Creation fait se rencontrer fans et professionnels (acteurs, réalisateurs, auteurs…). Ces derniers travaillent le plus souvent sur de grands succès de la Science Fiction, tant télévisuels que cinématographiques, comme Star Trek, Farscape, ou Battlestar Galactica. Grâce à leurs relations avec les studios, l’activité de Creation concerne non seulement les conventions, mais également le merchandising, avec la production d’une gamme assez large de merchandising (produits dérivés).

© Creation Entertainment

© IDF1

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nouvelle équipe, tout comme Babsie Steiger (Hilguegue dans Salut les Musclés) et sa chronique bio. On les disait « ringards » mais ils sont devenus cultes. Tous les gamins des années 80 se souviennent des dessins animés, sitcoms et autres gags du Club. Qui n’a jamais jeté un œil sur Premier baisers ou lancé un « pas de pitié pour les croissants » ? Mais, tout le monde grandit. Et les enfants accros au club Dorothée sont les parents d’aujourd’hui. L’animatrice parle de « relais entre les anciens du Club et la nouvelle génération ». Mais, elle souhaite également faire de son émission un « tremplin pour les jeunes animateurs ». L’équipe reçoit, tous les jours, des « jeunes talents » sur le plateau de Choisissez votre animateur. Et ce sera au public d’élire le samedi soir en prime time leur animateur préféré. E. C.

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Lucy Lawless (Xena, Xena Princesse Guerrière) Chicago Concert 2007

Bonne ambiance et bonnes idées Les conventions Creation sont remarquables pour leur atmosphère détendue et la disponibilité des invités. A noter également le grand engagement et intérêt de l’équipe Creation, Gary et Adam en tête, pour leur activité. L’un des points forts est aussi que les évènements ne concernent pas uniquement des séries télévisées qui sont encore en production. En effet, plusieurs séries maintenant annulées, continuent de rassembler les fans, comme c’est le cas de la première convention que Creation organise au Royaume Uni début mai pour Xena. Après 37 ans de conventions, il semble que Creation Entertainment ne soit pas près d’être à court d’idées. N. G. 28/29


Le tour du monde des Lutins et de leurs films epuis 10 ans, Les Lutins soutiennent le courtmétrage. Le festival encourage la promotion et la diffusion de ce format-là auprès du grand public par une rigoureuse sélection des meilleurs courts-métrages de l'année. Pour cette édition, 32 films sont nominés. Dont 27 français ! Cette initiative permet aux spectateurs de découvrir - au milieu de leurs films - la génération des réalisateurs de demain. Ce qui n’empêche pas Les Lutins de mettre à l'honneur des artistes au talent confirmés. Cette année, le public fera la connaissance de Marina De Van avec son courtmétrage La Promenade, Jean-Francois Stévenin dans Le Vacant, ou encore le « slameur » Grand Corps Malade qui interprète son propre rôle dans Décroche.

© Le fstival des Lutins du court-métrage

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Les courtsmétrages voyagent Au service de la diffusion des courts-métrages sélectionnés, Les Lutins circulent Même les pigeons vont au paradis de Samuel Tourneux. dans toute la France. L’édition 2008 a débuté le 18 mars et se poursuivra jusqu’au 16 juin. À cette date, la compétition aura traversé 23 villes. Les films seront diffusés dans les salles du réseau Pathé et Gaumont à Nantes, Angers, Paris, Strasbourg, Grenoble passant par Lyon ou encore Nice...

Des actions spécifiques seront également entreprises dans une quarantaine de villes à l'étranger pour présenter les courts-métrages. La nuit des Lutins clôturera le Tour de France au Théâtre national de Chaillot à Paris. Cette soirée de remise de prix sera suivie d'une grande fête consacrée au jeune cinéma français et européen en présence de nombreux professionnels. Pour l'instant à Besancon, Lyon, Saint-Etienne, les cinémas ont affiché complet à chaque séance. Le public demeure varié. Ne ratez pas la prochaine étape des Lutins qui mène à vous de petits trésors pour de grandes sensations. Laëtitia Grou

11 courts-métrages pour 1 soirée : Décroche de Manuel Schapira, La Promenade de Marina De Van, Premier Voyage de Grégoire Sivan, Magic Paris de Alice Winocour, La Dernière journée de Olivier Bourbeillon, Heureux qui comme Edouard de Vincent Burgevin et Franck Lebon, Le Vacant de Julien Guetta, Carlitopolis Redux de Nieto, Deweneti de Dyana Gaye, Sur ses deux oreilles de Emma Luchini, Même les pigeons vont au paradis de Samuel Tourneux.

Paris trop court ! a 6e édition du Festival Paris Tout Court s'est déroulée du 11 au 18 mars dernier, au cinéma L'Arlequin à Paris. En tout, ce sont 116 films qui étaient présentés. Ces courtsmétrages se répartissaient en trois catégories : la « compétition internationale », le « panorama national compétitif », et la « compétition francophone ». Plusieurs jurys ont récompensé les petits bijoux de cette édition 2008. Douze « Pavés du court métrage » ont été remis aux

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lauréats lors de la soirée de clôture. Jean-Pierre Mocky et Henri Chapier étaient les invités d'honneur du festival, deux séances leur étaient consacrées. De nombreux évènements spéciaux ont été proposés aux festivaliers. On se souviendra de la nuit psychédélique comme une manifestation farfelue et fantasque. La soirée champ numérique a, quant à elle, proposé une sélection de courts-métrages très prometteurs. Il y aura des talents en matière d'images numériques dans le cinéma de demain. De la diversité et de l'inventivité étaient au rendez-vous ; mais 8 jours de festival : c’est court ! L.G.


© Guy Issac

Le cinéma asiatique en France n connaît Deauville pour ses plages, son port, ses casinos, mais aussi pour son incontournable Festival International du Cinéma Américain qui s’y déroule en septembre. Mais ce n’est pas tout ! Il se trouve que du 12 au 16 mars, s’est déroulée la 10e édition du Festival du Film Asiatique. Dédié au(x) cinéma(s) d’Asie, il a débuté par la projection du film Beyond the Tears, du réalisateur Im Kwon-taek. Plusieurs hommages ont consacré la carrière de grands réalisateurs tandis que le film du coréen JEON Soo-il, With a Girl of Black Soil, a été plébiscité. Il a reçu le Lotus du meilleur film 2008 et le prix de la critique sponsorisé par Air France.

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Du cinéma, donc, mais aussi des animations chargées de faire découvrir l’Asie dans sa diversité. Pour les visiteurs désireux d’apprendre à faire des sushis ou de tout connaître sur la cérémonie du thé, les 3 000 m² du Village Asia accueillaient gratuitement ces curieux. Tout un programme dédié à « l’Art et la Culture », mais également à la gastronomie, au bien être et à la formation. Tous les plaisirs d’Orient réunis pour le bonheur des festivaliers. B. B.

Lotus du Meilleur Film : With a Girl of Black Soil, de JEON Soo-il Lotus du Jury: Flower in the pocket, de LIEW Seng Tat ; Wonderful Town, de Aditya ASSARAT Lotus Air France : With a Girl of Black Soil, de JEON Soo-il Lotus du meilleur film d’Action Asiatique : Heros de guerre, de FENG Xiaogang

Le jury d’Action Asia

© Guy Issac

Palmarès

© Irène Hervois

Cabinet des curiosités

Une maison renfermant bien des trouvailles.

e vous fiez pas à l’architecture impersonnelle de la maison des arts de Créteil. Sous son apparente austérité, le bâtiment exposait dans le cadre du festival Exit 08 les dernières créations les plus folles d’artistes contemporains s’intéressant tout particulièrement à l’univers numé-

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rique et électronique. Les quinze installations présentées jusqu’au 6 avril mettaient en avant l’interactivité du spectateur face à l’œuvre. Equalize me, mis en scène par Charles Carcopino et François-Eudes Chanfrault reste le projet le plus marquant de l’édition 2008. Ce voyage à travers les ondes sonores jouant sur les émotions des visiteurs prenait des allures inédites de train fantôme. Voyage entre électronique, science en danse Le reste de l’exposition allait de l’animal électronique réagissant aux gestes des visiteurs aux délires les plus poussés d’esthètes amoureux de la science. Le festival se définit ainsi comme un carrefour entre musique, vidéo et

bidouillages informatiques. La danse était également à l’honneur lors de la soirée d’ouverture. Les improvisations de Michael Schumacher dans Schwelle ont plongé les spectateurs dans le plus profond désarroi. Tandis que certains essayaient de fuir discrètement la salle, les autres, condamnés à rester, ont observé le danseur déchirer des morceaux de papier et se lancer dans des cabrioles totalement vaines. Heureusement, Stravinski project part 2 le réjouissant ballet de Michael Clark prenait la relève. Avec cet alliage de projections vidéo, de danse, de musique punk et de piano, le chorégraphe new-yorkais a prouvé pour le plus grand bonheur des spectateurs qu’art contemporain ne rimait pas forcément avec ennui mortel. I. H. 30/31


L’AFC fait son salon © Ben Brungal

La septième édition du micro Salon de L’AFC (Association Française des Chef opérateurs) s’est déroulée comme à son habitude dans les prestigieux locaux de la FEMIS, le jeudi 8 mars dernier. Un rendezvous incontournable pour les professionnels du cinéma, mais aussi pour les passionnés d’images et de technologie. ès le rez-de-chaussée, plusieurs loueurs venaient présenter les dernières nouveautés caméras. La nouvelle F23 de Sony/CinéAlta était exposée sur le stand de Bogard tandis qu’à quelques pas la nouvelle caméra d’Aaton, la Pénélope, focalisait l’attention générale (voir plus loin). TSF et son stock très complet était également là, sous l’œil enthouUn steadycamer. siaste de Danys Bruyère, le responsable du département Exploitation&Technologie chez le loueur. Parmi les merveilles exposées, on retrouvait quelques produits phares telle que la RedOne, mais aussi, des prototypes comme la Dalsa Origin II. « Si la Red One fait du 4K compressée, la Dalsa est la version 4K non compress », commentait Danys Bruyère en souriant. Le prochain James Bond utilisant cette technologie, le public découvrira ses images très prochainement. Les autres stands n’en étaient pas moins intéressants… Tandis que Fujinon exposait ses objectifs hauts de gamme au piqué légendaire, Emit présentait l’énigmatique SI-2K et ses solutions de post-production associées (voir plus loin). A noter : la nouvelle Louma pour caméras légères de la société Panther sera en location chez ce revendeur.

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Pénélope, une demoiselle très courtisée De toutes les caméras présentes sur le Salon, la Pénélope d’Aaton fut certainement la plus courtisée. La nouvelle caméra 2 perfo/3 perfo de Jean-Pierre Beauviala avait de quoi séduire. Ultra maniable et silencieuse, la petite nouvelle propose deux formats de captation : le Super 35 (1 :2.35) et le 1.66 en anamorphosé. Exit le format 4/3 sur 4 perforations. Des rumeurs annonçaient la caméra comme hybride numérique/ 35 mm. Même si « hors champ », on nous confie que des études sont à l’œuvre, il est impossible de se prononcer. La révolution n’est pas pour tout de suite.

Du -1 au 2e étage Si le niveau -1 accueillait les stands consacrés à la machinerie et à l’éclairage, le niveau +2 fut le point de rencontre de quelques studios de post-production. Force est de reconnaître que l’attrait à ces niveaux était bien moindre que la vitrine du rez-de-chaussée. Cependant, le spécialiste comme le loueur pouvait aisément, au gré des rencontres, dénicher la bonne affaire. Toujours au 2e étage, la salle de projection accueillait diverses présentations professionnelles, comme celle de Kodak. Ces derniers présentaient leur toute nouvelle pellicule négative, la 5219 avec un test comparatif. Le résultat est bluffant : outre le nombre de diaphs encaissés par la pel-

Un dispositif de course-pousuite utilisé sur MR73 (à gauche). Christophe Hustache présente la Red One sur le stand de TSF (à droite).


Une caméra connectée électronique au bras mécanique.

licule, le contraste (différence entre basses lumières et hautes lumières) est incroyablement élevé. De plus, la quantité de grain en basse lumière est considérablement réduite. Difficile d’atteindre ce niveau d’excellence en numérique. Voila une nouvelle qui relance le débat argentique/numérique. Un rendez-vous interprofessionnel était une bouffée d’air et un espace de rencontre pour passionnés. Un moyen imparable de se tenir informé des nouvelles avancées en numériques, comme en argentique, de l’innovation technologique au cinéma. Ben Brungal

SI-2K, une mini révolution Exceptés les chanceux présents au NAB 2008, personne n’avait encore vu la caméra en câbles et en aciers. Certains avaient déjà entraperçu à l’IDIFF quelques images issues de la SI-2 K (voir le Cinemation n°0), entretenant le mystère. Cette fois, la caméra résultant de l’association de P+S Technik et Silicon Imaging était présente sur le stand d’Emit. Premières impressions… Cette caméra vient rejoindre la désormais petite famille des caméras 2K sans compression de couleur (4 :4 :4) avec un capteur 2/3 de pouce. Avec un peu plus de 7 kg, la nouvelle caméra dispose d’une monture PL, compatible avec plusieurs séries d’objectifs 35 mm. La mini révolution reste la tête de la caméra détachable du corps enregistreur. Un premier pas vers les capteurs numériques interchangeables que beaucoup de professionnels attendent. Une bande démo était disponible sur le stand. Bien que les images 1080P tournées donnaient l’eau à la bouche, aucun long-métrage actuel n’a encore été tourné avec cette caméra. A suivre de très près. B.B

La SI-2K, la dernière caméra qui fait parler d’elle.

Le Cyber Book Gen 3 Et le livre devient numérique… Et si vous pouviez emporter votre bibliothèque partout avec vous ? Après L’iPod, et L’iPhone, c’est au tour des livres d’embrasser la révolution numérique avec l’EBook. Plusieurs d’entre eux étaient présentés au Salon du Livre 2008, dont le Cyber Book Gen 3. A peine plus grande qu’un livre de poche, et aussi fine qu’un magazine, cette tablette vous permet de stocker autant de fichiers qu’il est possible sur une carte SD. Plusieurs formats de fichiers sont compatibles : PDF, HTML, TXT, PCR, ou encore PalmDoc. Seul bémol, l’écran est strictement noir et blanc. Pas de couleur donc pour les magazines numériques, photos et autre support couleur, ce qui pourrait minimiser l’attrait de certains pour cet objet de 300 euros. « Nous sommes dépendants des constructeurs d’écrans, explique Michaël Dahan, co-fondateur de la société Bookeen. Une fois les écrans couleurs produits en série, nous sortirons très vite des versions couleurs.» Le rêve semble à portée de main. 32/33 Cyber book Gen 3


© AIC

n OTAKU o i t c A n I n a Jap Bubblegum Crisis - Tokyo 2040 Studio: AIC Genres: Méca, shōjo, action. Lina Yamasoki est une jeune provinciale, venant d'arriver à Megalocity, le Tokyo dévasté quelques années auparavant. Elle découvre pour la toute première fois les « boomers », les androïdes qui ont reconstruit en un temps record la ville. Elle ne tarde pas non plus à découvrir que ces machines peuvent devenir folles et qu'un groupe d'expertes, les « knight Sabers », existent pour les annihiler lorsque cela se produit. Graphiquement, c'est soigné et le scénario que ce premier épisode laisse envisager semble convenir à de jeunes adolescents, mais c'est en fait le public féminin qu'il vise, ce qui n'est pas classique pour une animation Méca. Il y a toutefois un problème de taille, l'ambiance sonore et la musique omnipréVexille sente, agaçante. Et c'est surtout pour cela que la fin de ce premier épisode est une satisfaction de plus. Studio : Oxybot Genre : Science-fiction

Village manga au Salon du livre 2008

© Ben Brungal

Si le Salon du Livre reste traditionnellement un carrefour international pour la littérature, c’est aussi l’occasion pour les passionnés de bandes dessinées de rencontrer leurs auteurs favoris. Le village manga occupait une place non négligeable cette année au coeur la manifestation. Tandis que chez les éditeurs de bandes dessinées, on s’activait aux dédicaces, les éditeurs vidéo présentaient leur catalogue. Kaze, Pika, Delcourt, Dupuis, il y en avait pour tous les goûts. Petit clin d’œil au stand de la bande dessinée chinoise, qui présentait une série d’œuvres au graphisme stupéfiant.

Un nouveau petit bijou tout droit sorti des studios Oxybot, à qui l’on doit déjà le long métrage Appleseed. Vexille est un manga tout 3D sélectionné en compétition officielle au festival de Toronto. Le 21e siècle proclame l’avènement de la robotique. Mais lorsque ces technologies s’appliquent aux humains, l’ONU réagit. Les androïdes sont bientôt interdits. Le Japon, pionnier dans ces technologies, prend la grave décision de se retirer du monde et ferme ses frontières. Personne ne peut plus entrer ni sortir du pays. Ce thriller politico futuriste sert de toile de fond à un récit bourré d’action et d’effets spéciaux. L’animation des personnages est d’une fluidité époustouflante. Si une sortie en salle serait prévue en 2008, aucune date n’est annoncée. Les impatients pourront découvrir cette merveille via les diverses fansubs.

Mémo Le Monstre de la japanimation en France: animeka.com Pour les fans de manga en tout genre, Animeka est un vrai trésor. Ce site permet à ses utilisateurs d'avoir une information complète et exhaustive sur n'importe quel manga ou animation. Il présente pour chacun d'eux un résumé de qualité, des critiques nombreuses et variées, une note attribuée par leurs initiés, ainsi que de nombreuses informations comme les différents Fansubs français (cf article Mars) de chaque série. Lorsque le Manga et/ou l'animation n'est pas licencié en France, en cliquant sur le lien Fansub proposé, l’internaute accède au manga en scan, en streaming, ou bien peut le télécharger sous différentes formes: torrent, ddl et xdcc (irc). Animeka c'est l'outil ultime des boulimiques du manga. A déguster sans modération. WARNING ! Même « non licencié », le fansub n’est pas strictement légal. Mais il est toléré dans la mesure où les œuvres ne sont pas disponibles commercialement. Aussi, prenez garde à ne pas télécharger des œuvres licenciés, sous risques de problèmes judiciaires.


3 Mangas, Maka-Maka

3 Genres

© Akata/Delacrout

Édition : Akata/Delcourt Genre : Shôjo-ai, ecchi, yuri, comédie Auteur : Kishi Torajiro Sortie : 16/04/2008 C’est l’histoire de deux femmes très amies, Jun et Néné. L’une est photographe et l’autre une artiste dessinant des modèles. Elles travaillent ensemble dans la vie, elles s’aiment aussi ... Une histoire presque anodine qui s’étoffe grâce à l’image... Maka-maka est graphiquement très réussie : expressive et étonnante par sa clarté visuelle. Un ecchi aguichant.

© Glenat

Les gouttes de Dieu Édition : Glenat Genre : Seinen, enquête. Auteurs : Tadashi Agi / Shu Okimoto Sortie : 02/04/2008 Deux demi-frères, Shimizu Kanzaki et Issei voient leur père mourir, le mondialement célèbre oenologue Yutaka Kanzaki possédant une cave de vin mythique. Comme le testament le stipule, un seul des deux frères pourra l’acquérir, celui qui parviendra à résoudre les douze énigmes sur douze vins permettant de découvrir l’ultime vin. Un très bon manga qui ne privilégie pas toujours l'action et qui permet à tout à chacun de découvrir les meilleurs vins français.

© Cana

Coffret Death Note volume 1/3 Genre : Seinen, thriller, Mythe-fantastique Auteur : Obata Takeshi, Ooba Tsugumi Studio : Vap, Shueisha, Madhouse production Sortie : Mercredi 9 avril 2008 Dans les cieux, les shinigamis, qui sont les anges de la mort, surveillent notre planète dans l’ennui. C’est alors que l’un d’entre eux décide de laisser tomber son « Death Note » sur terre pour apprécier et s’amuser de l’emploi qu’un simple humain en ferait. Ce cahier permet à toutes personnes qui l’utilisent de manipuler le destin afin de tuer n’importe qui, à condition de connaître le nom, le prénom et le visage de l’être à éliminer. Le divin n’est pas le propre de l’homme alors lorsque le jeune Raito s'approprie le cahier tombé, Kira naît ; le dieu du meurtre. Les victimes de l’étudiant se comptent bientôt par centaines lorsque les autorités japonaises décident enfin de faire appelle à « L », le meilleur détective du monde. Le surnaturel n’est pas omniprésent et le combat que vont se livrer L et Kira dans la recherche de leur identité sauront vous tenir en haleine comme jamais. Graphiquement parfait, Death note est époustouflant.

Edition : Pika Genre : Seinen, tragique, macabre. Auteur :Yua Kotegawa Sortie : 09/04/2008 Yuri n’avait pas le choix… il doit maintenant enterrer les restes de sa mère. Alors qu’il est en pleine besogne surgit Anne. Cette jeune fille semble être venue pour lui. Elle l’aide d’ailleurs à dissimuler les preuves de son acte. Le héros ne semble pas fou où psychotique. Il est donc facile de s’attacher à ce personnage, à son histoire tragique et de lui pardonner son acte ou la promesse de ses futures vengeances. Le graphisme peu abouti ne frêne pas la lecture. Le lecteur se laissera malgré tout facilement prendre dans cette vague de violence.

34/35

© Pika

DVD du mois

Anne Freaks


Notes de la rédac’ Horton

Les Chroniques de Spiderwick

C.C.

B.B.

E.C.

B.B.

Mongol

L.G.

Deux soeurs pour un roi

I.H.

B.B.

I.H.

The Eyes I.H.

E.C.

B.B.

Funny Game E.C.

I.H.

Cash

B.B.

Sans arme, ni haine, ni violence C.C.

B.B.

L.G.

B.B.

Chapitre 27

E.C.

The USA vs JohnLennon C.C.

C.C.

L’Île de Nim I.H.

C.C.

Les seigneurs de la mer E.C.

B.B.

Attention chef-d’oeuvre!

B.B.

A voir!

Pourquoi pas!

Bof...

Daube infâme!

Le mois prochain Le Festival de Cannes et sa 61e édition. Cette manifestation attendue de tous, cinéphiles et professionnels du cinéma, aura lieu du 14 au 25 mai prochain. L’occasion de tout savoir sur la prestigieuse compétition.

Evènement : Indiana Jones et le secret des crânes de cristal. Le célèbre archéologue au fouet et au chapeau sera en avant première mondiale à Cannes. L’occasion de revenir sur la trilogie culte de Steven Spielberg.

Et comme tous les mois... Des news, des nouvelles du petit écran et des festivals. Et bien entendu des critiques : Rise, Cleaner, G.A.L, Teeth… Une sélection aux petits oignons.




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