rapport de stage ouvrier Atelier Debitus Clara Le Bihan L3
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Le stage s’est déroulé en 3 semaines, en 3 lieux et ce avec la collaboration 3 ateliers différents. Je savais que je devais travailler sur la Sainte Chapelle de Paris et la Cathédrale de Chartres mais pas exactement dans quelle mesure je serai intégrée aux différentes étapes de travail. Vous comprendrez par la suite que j’ai eu la chance de participer à presque toutes. L’observation et les riches explications des personnes avec qui je travaillais m’ont permis de non seulement «faire» mais de comprendre.
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travail sur la Cathédrale de Chartres et La Sainte Chapelle à Paris avec l’Atelier Debitus -Hervé Debitus, Laurence Cuzange, Nicolas Babouinl’Atelier LVI -Virginie Lepvre, Éric SanchezSarl Le Bihan Vitraux -Antoine Le Bihandu 28 janvier 2013 au 15 février 2013
SOMMAIRE choix du stage, analyse de l’entreprise et de son organisation_________________________ 5 chantier de la cathédrale de Chartres____________________________________________ 9 chantier de la Sainte Chappelle de Paris__________________________________________11 technique de verrière de double vitrage__________________________________________ 13 la grisaille__________________________________________________________________16 conclusion__________________________________________________________________19
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Hervé Debitus (patron, maître verrier) Nicolas Babouin (restaurateur) échanges permanents
Antoine Le Bihan (patron, maître verrier) Claire Le Bihan (comptable, secrétaire) 3 rue Michel Marion, Quimper.
3O rue de La Bourde, Tours.
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2O rue de La Bourde, Tours.
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Laurence Cuzange (restauratrice, chercheuse)
Virginie Lefebvre (patronne, maître verrier) Éric Sanchez (restaurateur, artiste) Rouen
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CHOIX RAISONNÉ DU STAGE, COMMENT ET POURQUOI ? ____________________________________________ Le stage à l’entreprise debitus c’est naturellement proposé à moi lors d’une discution avec Antoine Le Bihan à propos d’un stage ouvrier. La chance était de mon côté car l’entreprise debitus avec qui Antoine Le Bihan collabore sur divers chantier avait justement 2 chantiers de grandes envergures qui me permettraient de faire un travail en atelier et en chantier, insitu. Cela pouvant me permettre de bien comprendre les différents processus de fabrications ainsi que leur application. J’ai pu ainsi voir le travail en atelier et en chantier avec une equipe composée de trois atelier différents. J’avais déjà préalablement travaillé pour Antoine Le Bihan lors de vacances quand j’étais plus jeune dans son entreprise de restauration création de vitraux et était donc déjà familière aux pratiques relatives à cet artisanat. La restauration des édifices religieux est encrée dans mon quotidien depuis mon enfance, petite on m’expliquait les différentes histoires relatées par les vitraux dans les chapelles, églises et cathédrales. On a su me transmettre la curiosité relative à un monument qui traverse des siècles d’histoire, avec ses cicatrices, ses éléments ajoutés, supprimés etc.. La symbolique de l’architecture est alors très importante et j’ai toujours été sensible a cette mystification de l’espace. Le support vitrail avec sa retranscription de la lumière est un élément phare de l’architecture religieuse c’est pourquoi travailler sur les vitraux, en comprendre l’histoire et la technique, me semblait une belle ouverture sur une compréhension plus poussée non seulement d’un chantier, d’un travail en atelier, mais aussi d’une partie de l’architecture religieuse et de notre patrimoine culturel.
ANALYSE DE L’ENTREPRISE ET DE LA POSITION DE STAGIAIRE DANS CELLE-CI ____________________________________________ L’atelier Debitus se situe à Tours et est dispaché en 2 lieux distinct, l’un au 30 rue de La Bourde, le second au 20. Chacun a son activitée propre. Selon l’activité des différents chantiers, les gens employés peuvent intervertir leur travail ou venir en aide dans un autre domaine si besoin est. L’atelier initialement réservé à Laurence Cuzange, au n°20, consacre son espace à la restauration du verre, des plombs, des vitraux dans leurs ensemble, à leur mise en catalogue, à l’analyse physique et chimique de leur composition. Une grande réserve de verre ainsi qu’un coffre fort où sont conservés les vitraux y sont présents. L’atelier a dans son dernier et seul étage un appartement pour y loger un stagiaire, une personne employée pour un chantier ou Laurence quand elle y travaille tard. L’atelier au 30, au fond d’une cours, est réservé à la confection des verrières de double vitrage, leur production nécessite un grand espace de stockage pour les différentes étapes de production ainsi que de 2 très grands fours. 2 salles sont également réservées pour la confection de grisaille alors que le bureau de Hervé Debitus trône au centre des différents espaces d’activitée. Hervé a lui même créé et fabriqué les fours présents. Il a inventé la technique qu’il utilise de double vitrage et possède un brevet à son nom. Formé à l’école de Chartres, maître verrier c’est aussi un des derniers fabricant de grisaille et est donc le patron de l’entreprise Debitus. Ses employés, collègues, également amis dans la vie privé, se départagent le travail que Hervé, tête pensante et gérant, établit dans un planning mouvant. Nicolas Babouin a été également 5
formé à l’école de Chartres tandit que Laurence est issue d’un parcours de chimie relatif aux maladie du vitrail. Elle a en effet fait une thèse sur le plomb et ses dégénérescences. Les compétence physiques, chimiques, historiques, techniques et esthétiques sont ainsi mélangés pour répondre à des chantiers de grande empleur comme à des questionnements chimique de restauration demandé par le centre de recherche des monuments historique, basé pas très loin de Marne La Vallée ; ou encore la commercialisation de grisaille et sa production. La proximité des 2 ateliers dans une même rue à Tours est nécessaire à la bonne coordination des différents projets qui est toujours discutée le matin, le midi et le soir autour d’un café réglementaire. Les périodes de travail sont alléatoires et très denses. Mon rôle lors de ce stage à été d’aider principalement Nicolas Babouin dans les différentes étapes de confection lorsque nous étions en atelier, et sur le chantier je faisais tout comme tout le monde, étape par étape. C’est un travail très physique car les panneaux de doubles vitrages sont de grandes envergure et donc très lourd. Chaque jour avait ses changements de dernière minute tel les serruriers qui n’étaient pas près à temps, un contre-temps dut à une autre entreprise ou un délais diminué etc.. ce qui nous obligeait de revoir le planning en permanence. C’est Nicolas qui décidait principalement de ce que j’allais faire avec, ou sans lui. J’ai également aidé laurence pour la peinture à sec de restaurationde quelques pièces et fait du remplissage de pôts de grisaille -une demie journée-. Un travail de restauration et de création de verrière thermoformé comme celui demandé sur la cathédrale de Chartres et la sainte Chapelle requiert la création d’un groupe d’ateliers pour répondre en temps et heure aux délais. Lors de ces trois semaines, deux autres ateliers ont travaillé avec nous sur le chantier de Chartres et de la sainte Chapelle : l’atelier LV1 et la sarl Le Bihan. Virginie Lefebvre a une formation de l’école Estienne et travaille avec Éric Sanchez qui lui est spécialisé dans le travail du métal. Antoine Le Bihan a été formé à l’école des beaux arts de Quimper et a reprit l’atelier familial qui perdure depuis 1647.
plan à main levé du grand atelier au 30 rue de la Bourde.
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l’Atelier Debitus
-Hervé Debitus, Laurence Cuzange, Nicolas Babouin -
l’Atelier LVI
-Virginie Lefebvre, Éric Sanchez-
Sarl Le Bihan Vitraux -Antoine Le Bihan-
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CHARTRES ____________________________________________ La restauration de la baie de la cathédrale de Chartres s’est déroulée en différentes étapes. Tout d’abord les vitraux sont déposés afin d’être travaillé en atelier. Si besoin est, ceux-ci sont démontés afin de remplacer les plombs ou pièces en trop mauvais état. Chaque panneau de la baie est analysé et des annotations concernant chaque découverte lors de la restauration sont archivées. Chaque vitrail à des soucis techniques propres ; cela peut correspondre à des pièces manquantes comme à des retouches à faire. Le nettoyage des panneaux est systématique et se déroule en plusieurs étapes. une fois le panneau restauré et remonté il est stocké avec ses pairs dans un coffre fort. La restauration de la cathédrale de Chartres comme celle de la Sainte Chapelle nécessite la création de verrière de double vitrage. Afin de rester le plus fidèle aux vitraux originaux, cette verrière de protection extérieure est thermoformée avec une technique bien précise, brevetée par Hervé Debitus. Lors de ce stage j’ai non seulement réalisé des verrières de protection mais j’ai également réalisé la pose de ces dernières sur la baie 118 de la Cathédrale de Chartres pendant deux fois quatre jours. Lors de cette pose in-situ, nous avons donc posé les vitraux originaux dans un premier temps ainsi que la verrière de protection dans un second temps. L’architecte responsable du chantier de restauration est venu par deux fois voir le travail en cours. Des soucis de pose et de travail non-fait ont été remarqués sur des baies restaurées par d’autres ateliers mais malgré que ce soit très flagrant, l’architecte n’a rien voulu voir, même après que nous lui ayons signifié clairement le manque dangereux à la conservation des vitraux, rien n’a été fait. Un manque de sécurité certain aussi était dut au treuil qui marchait très mal et mettait en péril les vitraux que nous montions sur les échafaudages. Des soucis inhérents au travail des serruriers ont aussi été remarqués mais il n’y a pas eut de réelle prise en main de ces différents problèmes. Tout ces soucis sur le chantier ont été réellement instructifs car il a été flagrant que si le chantier avait mieux été cadré par l’architecte nous aurions pu facilement gagner un jour à chaque session, donc deux jours de travail en chantier à 7 en moins. Il faut monter les panneaux avec un système de treuil électrique sur l’échaffaudage en déchargant les panneaux du camion jusqu’à une zone préparée avec 2 panneaux de plexiglass. Les panneaux sont mis dans une boite spéciale : un portant en bois. Des panneaux d’isolant et des mousses sont utilisés pour protéger les panneaux lors de la montée des vitraux. Ensuite les panneaux sont montés sur d’autres échafaudages qui recouvrent la baie n°118. Les panneaux déchargés sont ceux de la rosace, rosace qui est en haut de la baie. Il faut d’abord retirer les élements de serrurerie qui sont devant les panneaux de bois remplacant les vitraux en attendant que les panneaux originaux soient reposés. Il faut bien faire attention aux numérotations des différents éléments de la rosace. Les vitraux des quadrilobes qui sont sur les côtés de la rosace sont en un seul morceau et sont posés à même la pierre qui a été recreusée afin de pouvoir mettre des verrières de protection après la pose des vitraux et de la serrurerie. Les vitraux sont donc maintenus dans leur emplacement par des clavettes qui sont coincées dans des pannetons en fer avec un scellement en plomb dans la pierre. Puis on ajoute une ou deux vergettes autour desquelles on attache le panneau via des petites attaches de plomb mou fixées initialement au vitrail qui s’enroulent comme des petits escargots. Des détails de dernière minute à faire in-situ sont réalisé par Antoine : un habillage des ventilations : des «cache-lumière de ventilation» qu’il fait à l’extérieur en verre rouge. Le verre est décalé à 5mm de la ventilation afin que le moins de lumière passe. Il en fait 2, un de chaque coté avec dans l’idée d’avoir un flux d’air qui empêche une condensation entre la fenêtre et la verrière de double vitrage ; les aérations en haut et en bas permettent en effet (par différence de chaleur -qui monte- qui empêche une condensation entre la fenêtre et la verrière de double 9
vitrage ; les aérations en haut et en bas permettent en effet (par différence de chaleur -qui monte- ) un flux d’air. Afin de faire tenir la double verrière avec la nouvelle serrurerie en ayant une parfaite étanchéité, un mastic de couleur rouge, le même que pour la sainte Chapelle, est utilisé. Le mastic est d’abord travaillé sous forme de boudin afin de le rendre plus souple puis on l’applique où les panneaux se retrouvent, séparé par 5 mm où sortent les pannetons qui permettront de tenir les feuillards. Le mastic est mis sur une largeur d’environ 5cm et d’une épaisseur variant de 1 à 2 cm. Les feuillards verticaux sont posés les premiers, on effectue une pression sur chacun des pannetons à l’aide d’une pince pour y intégrer les clavettes qui y sont coincées.Les Feuillard écrasent alors le mastic qui s’échappe par les côtés, à l’aide d’un couteaux on retire le superflu qui est réutilisé. Ensuite les feuillards horizontaux sont posés. Les quadrilobes de la rosace seront eux définitivement fixés par un mortier appliqué plus tard. Les côtés des fenêtres sont eux aussi mastiqués ce qui n’est pas évident car l’échaffaudage ne permet pas de les atteindre facilement et il faut s’allonger pour y accéder.
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: vitrail qui dépasse des protections, en haut du treuil, tenu par Antoine et Laurence. : rosace sans cloture provisoire, sérurerie visible : attaches en rosette sur la vergette : vue du haut de l’échaffaudage de la baie des «allemands» et des autres rosaces : vision globale de l’ensemble de l’échaffaudage et du treuil et 7 : vitrail face externe avec vue sur l’échaffaudage interne : double verrière posée et nettoyée : panetons anciens du 13e s
LA SAINTE CHAPELLE ____________________________________________ Le chantier de la sainte chapelle s’étalle sur plusieurs années et est rythmé par différents appels et missions de rénovations qui dépendent des donnateurs. Lors de mon stage j’ai effectué la peinture des verres sablés de double vitrage de la sainte chapelle : les plombs des vitraux initiaux sont dessinés par transparence sur les verres, préalablement sablés, sur une table lumineuse. Le panneau est posé à plat, des caches sont mis autour de celui-ci afin de ne pas être aveuglé par la table puis il est couvert par le panneau numéroté lui convenant. La grisaille qui est un mélange de poudre et d’eau doit être remuée en permanence afin qu’elle soit homogène, les plombs sont ainsi dessinés par trait de pinceau d’environ 4mm. Il n’y a pas le droit à l’erreur car cela induirait le fait qu’il faille resabler le panneau et donc une grande perte de temps. La grisaille sèche très rapidement. Les verrières de double vitrage de la sainte chappelle sont feuilletées, c’est à dire que chaque panneau est protégé par un verre feuilleté composé d’un verre de 6 mm où la peinture des plombs est faite à l’aide de grisaille sur une surface sablée, d’un verre de 3mm qui grace à un déliant prend la forme du premier verre lors d’une même cuisson sans pour autant que les deux se collent. Une fois ces deux verres cuit, thermoformés donc, refroidis et froid, une résine les lie. J’ai principalement travaillé sur une série de panneaux dit «peaux de lapin» de forme triangulaire complexe. Beaucoup d’entre eux ont été créés à l’origine sur le même modèle et c’est donc à partir d’un panneau que la peinture des plombs sur les verrières se fait. Une fois ces panneaux peints et secs ils sont mis sur les empreintes de leur panneau correspondant. Si le modèle de dessin des plombs est le même, chaque forme de panneau a varié avec le temps et doit parfaitement respecter le gabaris afin de rentrer dans la serrurerie originelle. Des pièces de la sainte Chapelle ont nécessité des collages. Les collages sont effectués sur des pièces de verre qui à la base étaient d’un seul tenant mais qui avec le temps se sont cassées, ont pu être assemblées avec des plombs mais qui dans un choix esthétique sont rassemblées à nouveau. Les pièces sont collées à l’aide d’une résine transparente. Une fois sèche celle ci est peinte avec une peinture particulière choisie avec soin afin de faire illusion. Je me suis occupée de 4 pièces avec divers collages, un derrière de cheval en verre mauve, une patte de cheval de même verre, un élément de décor en verre jaune et une articulation de genou en verre bleu. Le mauve estune couleur très compliqué à avoir et la peinture est faite sur table lumineuse afin d’avoir une transparence et une couleur équivoque de la peinture. Étaler la peinture sur la surface, plane et très lisse de la résine, est difficile avec un pinceau fin. C’est donc à l’aide d’un pinceau plus large que les «patés» induits par fin pinceau sont étalés et unifiés. Si erreur il y a l’effacement est facile avec des cotons-tiges et du White spirit. Une fois la couleur obtenue, peinte et sèche, vient le tour de peindre la grisaille manquante, le moment de relier le dessin initial, la ligne coupée est reliée. C’est ce qu’on appelle une retouche à froid. Les pièces une fois sèches seront réinsérées au panneau. 10 : une partie centrale du vitrail à été démontée, extraite du panneau afin de recevoir une restauration nécessaire 11 : dessin des plomb d’un des panneau de la sainte Chapelle 12 : plan de fenêtre avec mise évidence des panneaux déformés avec un surligneur vert 13 : une fois les panneaux de verre feuilleté nettoyé, un postit avec le nom du paneau scotché 14 : peinture des plombs sur la table lumineuse 15 : panneau de la sainte chapelle restauré par Laurence 11
16 : détails d’un panneau de la sainte chapelle avec un écrit datant du 18e, du à une précédente restauration où le restaurateur à laissé un message comme trace de son travail 17 : collage effectué sur une pièce de la sainte chapelle 18 : dessin sur calque du vitrail
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VERRIÈRE DE DOUBLE VITRAGE ____________________________________________ La verrière de protection extérieure des vitraux est thermoformée avec une technique bien précise. Le brevet créé et déposé par Hervé Debitus lui donne la main mise sur tous les chantiers de restauration de vitraux des monuments historique et donc des verrières de protection. Deux grands fours et des recettes bien précises sont les outils à cette particulière fabrication. Un lit de plâtre en poudre accueille les empreintes des panneaux puis ensuite le futur panneau thermoformé est positionné délicatement sur cette empreinte. Après 12h de cuisson, le panneau de verre aura donc pris la forme du vitrail qu’il va protéger. Il y a 3 types différents de thermoformage : celui pour la sainte chapelle est un thermoformage feuilleté constitué de deux feuilles de verre thermoformé et d’une fine couche de résine en entre-deux. Les verrières de double vitrage de la cathédrale de Chartres ont les plombs peints et selon les couleur des vitraux le verre est teinté et ne sont pas doublée. La dernière possibilité de verrière de double vitrage est un procédé toujours avec les plombs dessiné mais sur un verre sablé. Les verrières en double vitrage thermoformé feuilletés de la sainte Chapelle à Paris sont faites à partir des moules/gabarits en plastique thermoformé (chauffé) qui reprennent les panneaux de verres fidèlements en 3D avec défauts (affaissements etc) car la serrurerie ne change pas sur les fenêtres donc cela nécessite un thermoformage des panneaux, à l’aide de cales dans le plâtre, et surtout qui dit feuilleté dit 2 panneaux de verre similaires qui avec une résine entre deux, se collent. La mise en place du plan de travail en platre du four est très spécifique : deux barres en métal en angle droit très longues sont coincées sur les cotés en longueur puis une grosse barre rectangulaire lourde est posée sur l’extrémité des deux barres parallèles. On rajoute du plâtre à l’aide d’une petite pelle et c’est le premier passage avec la barre, il y a alors un remplissage des manques de platre puis deuxième et dernier passage : la surface du four a une épaisseur de 5cm de platre lisse. Puis on porte les panneaux des vitraux un à un à deux et ils sont délicatement posés sur le plâtre puis l’on appuie sur les plombs en faisant attention de ne surtout pas casser les verres. Une fois les empreintes des vitraux de faites, il faut retirer délicatement le panneau pour ne pas faire d’appels d’air et ne pas bouger le platre. Pour Chartres, une fois les empreintes faites, les panneaux préalablement sablé et légèrement teinté avec plombages souligné par trait de pinceau d’environ 5mm, sont positionnés par dessus l’empreinte du panneau auquel ils sont associé. 5 panneaux passent dans le grand four. Fermeture de celui-ci pour 24h, on le réouvrira quand la température sera redescendue a 100° demain matin. Tandis que pour la Sainte chapelle ce sont les deux panneaux de verre avec la couche de déliant qui seront positionnés sur les empreintes. Pour la Sainte Chapelle ce sont des verres de double vitrage feuilleté, c’est à dire qu’il y a 2 feuilles de verre qui cuisent en même temps avec une couche de déliant entre elles qui permet que le verre ne soit pas un seul et même bloc, en plus de cela le déliant permet que les deux feuilles de verre soient toutes deux thermoformées sur la base de l’emprunte des plombs du panneau. Sur le panneaux avec les plombs peint posé sur le platre on applique une couche de déliant à l’aide d’un rouleau de peinture et on fait la même chose sur un autre verre «nature» qui une fois que le liant sur les deux panneaux est sec, est pris à l’aide d’une ventouse avant d’être positionné sur le premier dans le four. L’empreinte du panneau est prise, le verre sablé est calé dessus de telle sorte que l’empreinte des plombs corresponde parfaitement avec le dessin de ceux-ci. Une vérification du callage se fait à l’aide d’une lampe qui provoque des ombres selon le relief du panneau. Le panneau est donc calé dans le platre à l’aide de raclette métalique qui tasse le platre autour du panneau tout en retirant le surplus afin d’avoir une surface totalement vierge. Un plan du four est fait 13
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25 19 : mise en plomb des panneaux feuilletés sec 20 : les panneaux chauve souris de la sainte chapelle entreposés attendant d’être nettoyés 21 : une calle en bois est intercallée dans la bouteille entre les deux panneaux 22 : stockage des panneaux en séchage 14
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23 : balance pour peser la résine nécessaire à la surface des panneaux 24 : résine coulée par Hervé 25 : les bulles restantes sont aspirées à l’aide d’une seringue 26 : panneau sur portique penché afin de facilité le remplissage par la résine 27 : évent pour laisser partir l’air
avec l’emplacement et le nom de chaque verre. Les doublons en 3 mm sont ensuite disposés sur la table d’à côté et nettoyé de chaque côté avec un supplément de grisaille sur le nom gravé sur les extrémités de chacun. La grisaille relativement humidifiée est apposée à l’aide d’un pinceau sur son nom gravé et une fois la grisaille sèche, le surplus est retiré du revers du doigt. Une fois le nettoyage terminé, chacun des panneaux est recouvert d’une couche de déliant. De l’aspect visuel et du toucher proche du smecta, celui-ci s’applique à l’aide d’un rouleau de façon à avoir une couche la plus uniforme possible. Les panneaux dans le four y ont droit également. Une fois ce déliant sec il est de couleur blanche. Les panneaux de 3mm sur la table sont porté à l’aide d’une ventouse et posés sur leur double, l’opération finie, 24 heures de cuisson suffiront pour que les deux verres prennent l’empreinte du panneau. Une fois ces deux panneaux cuits avec le déliant qui permet que ceux-ci ne se collent pas, les deux ont pris l’empreinte du vitrail. On les rince afin de retirer le déliant cuit puis avec un scotch spécial double face (et rouge) intercallé entre les deux verres, on laisse de petites ouvertures afin de laisser s’échapper les petites bulle d’air, un grand espace d’environ 8cm de long est laissé à un endroit d’où à l’aide d’une bouteille de plastique coupée on coule la résine qui mettra 12h à sécher. Une alcove particulière est dédiée à la résine, on y trouve un endroit où sont stockés les panneaux à couler ou ceux déjà réalisés, une étagère spéciale où les panneaux sont posés à l’horizontal pour sécher tranquillement. à l’entrée se trouve une balance et au milieu une table avec un objet-mécanisme-portant qui est nécessaire au coulage de la résine. La résine est gardée dans un très gros bidon qui se présente comme sous la forme d’un très gros cubi avec une ouverture en robinet. Coincé entre deux bouts de bois, le robinet surblombe une balance où un pot attend sa dose. Chaque panneau selon son poids aura une quantitée particulière de résine. Cette quantité est définie par un quantitatif surfacique défini par le poid du panneau de 3mm. Ce poids précis défini donné en résine 1/10 de ce poids est rajouté avec 33. La résine est mélangée à l’aide d’un énorme crochet encastré sur une perceuse. Le panneau encastré sur une perceuse. Le panneau de 6mm est pendant ce temps là calé sur le portant en bois à l’aide de chevilles en bois. On commence par les plus simples : ceux en ogive. L’extrémité la plus fine est mise en bas, c’est à dire le plus loin sur le portant, alors que son coté plat et plus large est vers nous et donc en haut une fois le portant levé. un scotch double-face est positionné sur le pourtour intérieur du panneau tout en laissant 2 évents dans les angles du panneaux afin de laisser l’air s’échapper. La protection du double-face au niveau des extrémités du scotch est soulevé et positionné sur l’extérieur afin de pouvoir est retiré. Le second panneau est alors positionné sur le premier, des pinces sont mises sur un côté afin d’empêcher le panneau de bouger et le scotch sur la partie lointaine est retiré. Un goulot de badoit découpé et écrasé est alors inséré entre les deux plaques de verre et une petite cale en bois est insérée pour pouvoir laisser passer la résine. La résine est donc versée entre les deux panneaux, elle se stoppe à un certain niveau, il faut attendre que les éventuelles bulles remontent à la surface puis une fois le phénomène terminé, le goulot est retiré, le reste de la résine remplit le panneau. Ces verres de double vitrage feuilleté sont ensuité entourés de plomb. La baguette de plomb est d’abord ouverte à l’aide d’une cale puis on utilise un pistolet qui dépose un mastic siliconé à l’intérieur du plomb en U. Le silicone ne sèche pas tout de suite mais pour une meilleure efficacité il faut utiliser le plomb siliconé dans les 2h qui suivent la pose de silicone. La baguette de plomb à son commencement d’entourage du panneau doit laisser un retrait d’environ 4 mm afin de laisser la fin du plomb se positionner. Des soudures se font à chaque coupure de plomb. Les angles 90°et moins sont coupés à la pince et soudés. Ensuite il faut pincer le plomb des deux coté. Le gras du produit de la soudure et les éventuelles traces de scotch ou marqueur sont retirés avec un chiffon et de l’éthanol. Un dernier coup de lave vitre est passé afin de parfaire le panneau puis il est rangé avec ses semblables.
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LA GRISAILLE ___________________________________________ L’atelier Debitus est le dernier en Europe à avoir une telle production de grisaille. La variété de celle-ci est justifié par Le travail de recherche sur les grisailles existantes au moyen âge et leur re-création à partir d’ancien textes et recherches. C’est Hervé qui possède les secrets de fabrication de ces différentes grisaille. On peut le voir ici ouvrir les jarres en céramique qui font les différentes grisailles, liants et « nécessaires à la production de grisaille Debitus et aussi aux verres feuilletés thermoformé de doublage. Des billes en céramiques broient un verre composé de beaucoup de plomb pendant 3 jours avec de l’ethanol. Commence alors la mise en pot des différentes grisailles que Hervé produit dans ses jarres en céramique qu’il m’a montré. Il y a une vingtaine de grisailles différentes, les couleurs sont très fortes, très belles, il y a des ocres, des rouges, des bleus, des verres, des jaunes..Il y a également différents jaunes d’argent qui à la différence de la grisaille ne comprorte pas de plomb dans sa composition mais de l’argent. Chaque grisaille peut être en pot de 100 ou 500 g, plus généralement 102 ou 505. La grisaille est sous forme de poudre assez lourde, presque grasse mais tout de même très volatile, avant d’être mise en pot elle est rangée dans des sacs dans un casier. Chaque sac porte le nom et un numéro de série correspondant à la grisaille, celui-ci change à chaque nouvelle jarre. Un sac peut environ faire une petite vingtaine de pots, cela dépend de la composition de la grisaille, plus celle-ci sera faite de plomb, plus elle sera lourde. La grisaille est donc vidée de son sac pour atterrir dans un saladier métallique et c’est à l’aide d’une petite cuillère que la grisaille est empôtée. Le jaune d’argent est lui pour sa part beaucoup plus léger de part sa composition différente à base d’argent, les pots sont donc de 25g ou 100.
28 : four 29 : une des jarres 30 : jarres qui tournent dans la pièce réservé à la préparation des grisailles 31 : seau percé pour permettre aux billes d’être soulagées du liquide 32 : la pate de grisaille est versé dans des plats en aluminium afin de la faire sécher 33 : pots de grisaille et de jaune d’argent 34 : les boules et jarres sont rincées à l’eau 35 : poudre de silice conservée dans des bacs 36 : jarres qui tournent dans la pièce réservé à la préparation des grisailles
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CONCLUSION ____________________________________________ Les manipulations que j’ai faites en atelier c’est-à-dire le travail autour des verrières de protection, de leur pose in-situ, de la fabrication de la grisaille, de la restauration de pièces cassées et l’observation de pièces cassées et l’observation continuelle m’ont fait acquérir un nouveau lexique. Ce lexique bien particulier m’a permis d’apprendre un nouveau langage, et d’aborder l’architecture sous un nouveau regard : celui de l’art(isanat). Les rapports entre les entreprises travaillant sur le chantiers de Chartres et l’architecte des monuments historiques, et l’importance de celui-ci dans le bon déroulement du chantier m’ont intriguée et intéressée. En effet j’ai pu observer des dysfonctionnements graves manquant à la sécurité du site ou même un travail réalisé et validé par l’architecte alors que celui-ci ne répondait ni aux normes ni au contrat de l’entreprise. Ces disfonctionnement entravant le travail oblige à une réactivité des plus efficasse et oblige également une improvisation constante sur un chantier où 1h est payée pour 7 personnes et qu’il faut qu’elle soit rentable. Ces divers soucis inter-entreprises sont régit par l’architecte et cela est très intéressant de comprendre le travail de longue alleine qu’est un chantier sur un monument historique qui peut parfois durer 10 ans. Le fait que mon stage ouvrier se soit déroulé sur un travail visant à magnifier un bâtiment via son apport spécifique en lumière et le travail de celle-ci est en parfait accord avec le stage précédent que j’ai fait pendant 6mois au sein de l’atelier de Yann Kersalé où cette fois encore la lumière était au centre d’une réflexion sur l’architecture. La confrontation que j’ai eu, sans mystification, avec l’architecture de Chartres m’a sur le moment contrainte à me questionner perpétuellement sur son fonctionnement et sa logique constructive, l’étude que nous faisons à Malaquais de l’histoire de l’architecture n’est pas spécialement poussée, dumoins en licence, sur ce type d’architecture collossale et j’ai beaucoup aimé pouvoir approfondir un pan de ma connaissance. C’est pourquoi dans la suite de ce stage ouvrier je tends à faire un stage chez un architecte des monuments historiques. La gestion et les décisions relatives à ce type de projet de restauration sur des monuments du patrimoine m’a particulièrement intrigué et tend à me donner envie de repartir m’interroger in-situ.
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