La fin de moi-même

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Kyle Idleman

Là où commence la vie authentique en Dieu


Titre original : The End Of Me - Where Real Life in the Upside-Down Ways of Jesus Begins (2015) © 2015, David C Cook Publications © 2016, Éditions CLC France BP 9 – F-26216 Montélimar Cedex Tél. : +33 (0) 4 75 90 20 54 editions@clcfrance.com – www.clcfrance.com ISBN : 978-2-7222-0242-9 ISBN Epub : 978-2-7222-0256-6 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Sauf mention contraire, les versets sont tirés de la Bible dite à la Colombe. Traduction : Vanessa Bonnefont Couverture : Josias Marczak Impression : IMEAF, F-26160 La Bégude de Mazenc Décembre 2016 – N° d’impression :


Kyle Idleman

LA FIN DE MOI-MÊME

Là où commence la vie authentique en Dieu



Ce que les gens en disent…

La fin de moi-même « On reconnaît une personne sage et mature à sa compréhension des choses. La force de persuasion d’un enseignant augmente avec la saveur de ses propos. Kyle Idleman est l’un des plus grands enseignants de notre époque. Ce qu’il nous communique est brillant, réfléchi et plein d’humanité, et il nous présente la vérité des Écritures avec fraîcheur, pertinence et conviction. » Rick Warren, auteur de Une vie motivée par l’essentiel

Et à propos de…

AHA1 « Kyle sait à quoi ressemble la vie sans Dieu et à quoi elle pourra ressembler si Dieu vient à notre secours. Il s’investit pour nous aider à marcher dans la bonne direction. Si, au cours de votre voyage, vous avez besoin que quelqu’un vous tende la main, Kyle vous montrera qui est la bonne Personne pour cela. » Max Lucado, auteur et pasteur de l’église Oak Hills, San Antonio, Texas.

1 NDLT : « AHA » sont les trois initiales des mots anglais « Awakening, Honesty, Action » (« Réveil, Honnêteté, Action »). Ces lettres composent le titre d’un ouvrage de Kyle Idleman qui n’est pas encore publié en français.


« Cesser d’être un fan occasionnel de Jésus pour devenir l’un de ses disciples à plein temps, voilà le défi auquel Kyle vous invitera. » Craig Groeschel, auteur et pasteur principal de LifeChurch. « Frais, pertinents et pratiques, les écrits et les enseignements de Kyle ont déjà béni d’innombrables personnes. Quelle joie de voir comment Dieu l’utilise pour défier et encourager aussi bien les chrétiens que les personnes qui examinent la foi ! Kyle compte de très nombreux fans… et j’en suis un ! » Lee Strobel, auteur de best-sellers et professeur à l’Université Baptiste de Houston.


Table des matières Introduction................................................................................9 Lettre à moi-même....................................................................15 Première partie : Ce lieu où les bénédictions commencent 1. Être brisé pour être restauré.................................................21 2. Pleurer pour être heureux....................................................41 3. S’humilier pour être élevé....................................................65 4. Être authentique pour être accepté......................................91 Seconde partie : Ce lieu où la force commence 5. Être vidé pour être rempli..................................................115 6. Être impuissant pour être capable......................................137 7. Être disqualifié pour être choisi ........................................161 8. Être faible pour être fort....................................................183 La fin de vous-même...............................................................199 Quelques questions pour aller plus loin...................................221


À Dave Stone, Tony Young et Don Gates. Je suis touché et honoré de pouvoir collaborer avec chacun d’entre vous dans le partage des mystères de l’Évangile. Vous m’inspirez par votre sens du sacrifice et par votre vie mise au service de l’avancement du Royaume.


Introduction J’étais dans mon bureau, à l’église, assis devant l’écran blanc de mon ordinateur. Je m’apprêtais à rédiger cette introduction lorsque mon assistant me rappela que j’avais quelques appels téléphoniques à passer. Je remis donc temporairement l’écriture à plus tard et j’attrapai le téléphone. Mon premier interlocuteur étant absent, je laissai un message sur son répondeur. Le second appel n’allait pas être aussi simple. Je devais rappeler un homme prénommé Brian. Mes notes m’indiquaient que son fils, âgé de dix-huit mois, était décédé quelques semaines auparavant. Je ne connaissais pas tous les détails, mais je suis père de quatre enfants et je sais que perdre l’un d’entre eux me serait une douleur inimaginable. Je priai tout en composant son numéro. Brian décrocha et prononça un vague « Bonjour… » d’une voix monocorde. J’ai vécu suffisamment de conversations semblables au cours des vingt dernières années pour savoir que les mots ne serviraient pas à grand-chose. Alors, après avoir exprimé l’immensité de mon chagrin face à ce qu’il traversait, je me suis tu et j’ai laissé le silence s’installer. Au bout de quelques secondes, Brian prononça ces quatre mots qui me prirent totalement au dépourvu. « Je l’ai écrasé. » Le silence se fit plus lourd. 9


La fin de moi-même

Je lui dis que je n’étais pas au courant des circonstances du drame et je lui demandai s’il souhaitait me raconter ce qui s’était passé. Alors il m’expliqua qu’ils ignoraient que leur fils était sorti. En réalité, ils ne savaient même pas qu’il était capable d’ouvrir la porte de la maison. Tandis que je l’écoutais, je me demandai comment des parents pouvaient survivre à une telle tragédie. J’écoutai son récit, avant de lui poser cette question qui me semble toujours ridicule dans un moment pareil : « Comment allez-vous ? » Croyez-moi, je savais que ce n’était vraiment pas la bonne question à poser. Qu’était-il censé me répondre ? Et pourtant, s’il m’avait contacté plusieurs semaines après le drame, c’était certainement pour une bonne raison. Il devait avoir quelque chose sur le cœur qu’il souhaitait partager avec moi. Après avoir décrit toute l’horreur de ce qu’il vivait, il se mit à m’expliquer comment il avait découvert Jésus comme jamais auparavant. Sa foi, qui jadis ne consistait qu’à fréquenter l’église de temps en temps et par tradition, s’était transformée en un gigantesque élan de désespoir qui le précipitait dans les bras de Dieu. J’avais sous les yeux cette page blanche ouverte sur mon ordinateur où je comptais rédiger mon introduction, et je tapai rapidement ces mots qu’il venait de prononcer : « Je crois que, dans ma vie, j’en étais arrivé à un point où il ne me restait absolument plus rien, et c’est à ce moment précis que, pour la toute première fois de ma vie, Jésus est devenu réel. Vous me comprenez ? Est-ce que vous croyez que c’est normal ? » Oui, je comprends ce que vous voulez dire. Et oui, c’est tout à fait normal. C’est lorsque Brian était à bout qu’il a découvert Jésus. Je priai pour lui et pour sa famille et, après avoir raccroché, je me demandai combien d’autres personnes pourraient dire qu’elles ont vécu une belle ironie du même genre. J’ouvris mon compte Facebook et je postai ces mots : 10


Introduction

Finissez cette phrase : « Jésus est devenu réel pour moi lorsque… » En à peine quelques heures, j’avais des centaines de réponses. Certaines d’entre elles étaient plutôt générales : • lorsque je ne pouvais plus faire semblant de tout contrôler. • lorsque j’ai enfin admis que je ne pouvais pas régler les choses par moi-même. • lorsque j’ai su que je n’étais pas assez fort. • lorsque je n’avais plus personne d’autre vers qui me tourner. • lorsque j’avais déçu tous ceux qui m’aimaient. Mais la plupart des réponses étaient plus spécifiques : • lorsqu’on m’a dit que j’avais un cancer de stade 4 et qu’il ne me restait plus que trois mois à vivre. • lorsque j’ai découvert que mon mari avait une liaison et que j’ai sombré dans une profonde solitude. • lorsque j’étais assis sur mon lit, l’arme de mon père à la main, et que j’ai prononcé une prière avant d’appuyer sur la détente. Je ne sais même pas depuis quand je n’avais plus prié. • lorsque j’ai réalisé que je ne contrôlais plus mon addiction. • lorsque les papiers du divorce sont arrivés dans la boîte aux lettres et que je ne pouvais plus faire semblant de croire que mon mariage était récupérable. • lorsque Jésus est venu me chercher au fond de l’un des endroits les plus sordides au monde, un club de striptease, pour me montrer qu’il m’aimait. J’ai alors réalisé qu’il n’existait aucun endroit au monde où il serait incapable de me trouver. • lorsque ma dépression est devenue trop lourde à porter. 11


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• lorsque j’ai perdu l’emploi que j’avais exercé pendant trente ans et que je ne savais pas ce que j’allais devenir. • lorsque je me suis retrouvée enceinte et que les médecins voulaient me faire avorter parce que j’avais une défaillance rénale. Je me suis mise à prier alors que je ne le faisais plus depuis longtemps. Aujourd’hui, ma fille a vingt-trois ans. • lorsque j’ai enfin admis que je n’étais pas assez fort pour sauver mon couple et sortir de mon addiction à la pornographie. • lorsque mon mari est mort dans un accident de voiture. • lorsque le monitoring indiquait que le cœur de mon bébé avait cessé de battre. C’est alors que j’ai lu cette réponse qui semblait englober toutes les autres. D’une façon ou d’une autre, ce qu’exprimaient Brian et tous mes amis facebookeurs pouvait se résumer en cette unique formule : Jésus est devenu réel pour moi lorsque… j’ai atteint la fin de moi-même. Bien que la plupart d’entre nous puissions nous reconnaître dans l’une ou l’autre des situations douloureuses que je viens de citer, je crois que « la fin de moi-même » n’est pas quelque chose que l’on vit une seule fois dans notre vie. C’est un voyage quotidien que chacun doit faire parce que c’est là que Jésus se manifeste et que débute notre vie réelle en lui. Parvenir à la fin de moi-même n’est pas un voyage facile, parce que mon moi n’a pas envie de faire ce voyage. Mon moi n’aime pas la confrontation parce qu’il est plus intéressé par la promotion et le succès de « moi-même ». Mon moi préfèrerait lire un livre sur les moyens de « me » faire avancer, plutôt que sur la nécessité d’être à 12


Introduction

bout. Mais Jésus a déclaré en Luc 9 que quiconque s’accroche à sa vie finira par la perdre, et quiconque perd sa vie la retrouvera. Et ce n’est pas la seule déclaration paradoxale qu’il ait faite. J’ai fini par réaliser que, si mon moi parvient à ses fins, je passerai à côté de la réalité de vie à laquelle j’ai été appelé. Cette vie empreinte d’amour pour les autres est caractérisée par une force qui fera la différence dans ce monde. N’est-ce pas là le genre de vie que vous désirez, vous aussi ? Si tel est le cas, je vous invite à me rejoindre dans cet examen des enseignements de Jésus, si paradoxaux et tellement à l’encontre de notre vision des choses, et qui vous aideront à atteindre avec succès la fin de vous-même. Pourquoi devrais-je vouloir atteindre la fin de moi-même ? me demanderez-vous peut-être. Eh bien, j’imagine que, comme moi, vous ne voulez pas vous contenter d’une vie terrestre simplement réussie et faite de quelques brefs moments de joie, mais que vous désirez… … aimer et être aimé(e). … faire une différence dans ce monde. … quitter cette terre la tête haute. Dans la première partie de ce livre, nous nous intéresserons à quatre des béatitudes du Sermon sur la montagne. Ces vérités spécifiques sont une sorte de coup de poing dans l’estomac. Elles donnent envie de hurler mais elles vous mènent sur le chemin de la vie réelle. Je souhaite vous avertir, d’emblée, que la plupart des enseignements de Jésus peuvent sembler totalement contraires à ce que nous admettons communément. Et la vie à laquelle Jésus nous invite ne va pas seulement à l’encontre de notre culture, elle s’oppose également à notre intuition. Chaque chapitre s’attardera sur l’un des enseignements paradoxaux de Christ. Jésus nous montrera que les bénédictions et la plénitude naissent de l’endroit le plus invraisemblable – la fin de nous-mêmes.

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La fin de moi-même

Dans la seconde partie de ce livre, nous verrons que c’est lorsque nous avons épuisé toutes nos ressources et que nous comprenons enfin que nous ne sommes ni assez forts, ni assez intelligents, ni assez talentueux, qu’ironiquement nous nous trouvons dans la position idéale pour que Dieu se serve de nous de manière tout à fait significative. La vie réelle se trouve à la fin de moi-même. À la lecture de ce livre, je prie pour que Dieu vous emmène vers la fin de vousmême ; ce chemin vous introduira directement dans la vie réelle en lui.

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Lettre à moi-même Cher moi, D’aussi loin que je me souvienne, je t’ai toujours connu. J’ai entendu un jour qu’il existait tel ami plus attaché qu’un frère, et oui, voilà qui nous définit bien, même si je ne suis pas sûr que ce proverbe fasse allusion à notre relation1. Il y a bien des gens qui m’ont été proches, mais… toi et moi ? Ça, c’est de l’attachement. Avec du recul, je crois que je puis dire que je t’ai toujours assez bien traité. D’ailleurs, si je fais les comptes, je peux dire que la plupart du temps je t’ai placé au-dessus de tout et de quoi que ce soit d’autre. Tu es bien d’accord ? En grandissant, je me suis assuré que tu occupais toujours la première place. J’ai fait en sorte que tu puisses te servir le plus gros cookie de l’assiette, obtenir la meilleure place de parking et t’asseoir dans le fauteuil le plus confortable, quel que soit l’endroit où nous nous rendions. À l’école, j’ai bien remarqué quelles étaient les petites choses que tu aimais, alors je te les ai offertes. Tu as toujours aimé attirer l’attention, alors j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour qu’on tienne compte de toi. Comme tu aimes être sous les pro1 NDLT : L’expression en italiques est un extrait biblique de Proverbes 18.24. 15


La fin de moi-même

jecteurs, j’ai usé de subterfuges pour que tu sois toujours dans la lumière. À présent, j’ai de nouveaux outils, grâce à Internet. Je ne poste que des photos qui te montrent sous ton meilleur jour. Tout le monde peut voir que tu mènes une vie de rêve. As-tu lu tous ces commentaires que l’on écrit à ton sujet ? Lorsqu’il t’est arrivé d’avoir des luttes ou de traverser quelques difficultés, j’ai fait de mon mieux pour que cela reste notre petit secret. J’ai essayé de te rendre heureux. Certes, il était assez facile de te contenter lorsque tu n’étais qu’un charmant petit bambin. Il suffisait d’une crise de colère et l’affaire était réglée. Mais, en grandissant, il a fallu se faire un peu plus discret. Tu continuais à vouloir gagner et à n’en faire qu’à ta tête – tout en ayant l’air humble et sans prétention. Les choses se compliquaient ! Sans parler de la fatigue… Prends le mariage, par exemple. J’ai promis d’aimer et d’honorer ma femme, et de faire passer ses besoins avant les miens, mais toi, tu insistes sans cesse pour passer en premier. Parfois, il y a cette petite voix dans ma tête, au milieu de la nuit, qui me dit : « Allez mon gars, lève-toi et va t’occuper du bébé. Laisse dormir la dame. » Je sais que ce n’est pas ta voix ; toi, tu détestes devoir t’extirper du lit à trois heures du matin. Tu m’ordonnes : « Fais semblant de dormir… » et, le plus souvent, je te respecte et je pense à toi plutôt qu’à elle. Cher moi, je sais à quel point tu peux te montrer agressif, mais voilà, tu as eu tendance à ne pas me donner toutes les informations. Tu te souviens, dans les magasins de sport ? Ce n’était pas tes heures les plus glorieuses. J’aime te voir enthousiaste, mais tu aurais dû savoir qu’il fallait vérifier ton budget d’abord. En fait, tu sembles te soucier très peu des trucs ennuyeux comme les factures à payer, ou les conséquences de tes choix, ou tout ce qui pourrait se produire demain. Plus d’une fois, j’ai eu des paroles dures envers quelqu’un parce que je t’avais écouté, mais toi, tu t’es bien gardé de me dire que j’allais semer la pagaille. Tu m’as 16


Lettre à moi-même

caché qu’on ne pouvait pas effacer une parole une fois qu’elle avait été prononcée. Je t’aime, cher moi. Mais je ne peux plus vivre pour toi. Tu as toujours insisté pour me faire croire que si je te rendais heureux, alors je serais heureux – et que c’était aussi simple que cela. Mais, tu sais quoi ? Ce n’est pas aussi simple que cela. Ça ne l’a jamais été. Cher moi, je t’ai laissé les commandes et tu as pris la place du conducteur, mais il est évident que je ne peux te faire confiance. Tu insistes, encore et encore, affirmant que tu connais le chemin que nous devons emprunter, mais nous nous retrouvons toujours dans des voies sans issue. J’ai découvert que j’avais d’autres options, et j’ai décidé d’entamer un nouveau voyage et de marcher sur des sentiers différents. Le chemin est étroit et difficile, et rares sont ceux qui s’y aventurent, mais il mène à une vie réelle et abondante. Cependant – et je ne vois pas comment te dire cela de manière moins brutale – je ne peux pas t’emmener avec moi sur ce nouveau chemin. Alors, cher moi, c’en est fini de toi. Amicalement, Moi

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Première partie

Ce lieu où les bénédictions commencent



Chapitre 1

Être brisé pour être restauré Nous sommes au milieu de la nuit et je n’arrive pas à dormir. Et tout à coup, me voilà devant l’écran de mon ordinateur. Je regarde Youtube. Et Youtube me montre une vidéo intitulée Evolution of Dance1. Quoi ? Vous en avez entendu parler ? Il est évident que vous connaissez cette vidéo. Youtube m’indique qu’elle a été vue 286 488 088 fois, et je sais que vous vous trouvez quelque part parmi tous ces internautes. Attendez une minute. Ah, cela fait maintenant 286 488 089 fois. Je ne pouvais tout simplement pas ne pas m’y intéresser moi aussi. Mais passons… Mes yeux scrutaient l’écran à la recherche d’une autre vidéo inspirante, quand j’eus cet électrochoc youtubesque2. Pendant un 1 NDLT : Evolution of Dance est une vidéo de six minutes postée sur Youtube le 6 avril 2006 par Judson Laipply. Elle montre un comédien qui reprend en une seule chorégraphie et avec beaucoup d’autodérision un certain nombre de pas de danses typiques des tubes de ces dernières décennies (en passant par Michael Jackson et même... la danse des canards !) 2 Un électrochoc youtubesque se produit lorsque, alors que vous êtes sur Youtube, 21


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instant, je regardais ce type danser le twist comme un fou, et l’instant d’après, j’étais en train de suivre un documentaire sur une communauté très pauvre au Paraguay. Oui, je sais, c’est une drôle de transition. Au début, cette deuxième vidéo montre les images auxquelles l’on s’attend – c’est l’étalage de la misère la plus noire. Vous voyez une communauté qui vit littéralement dans une décharge, où plus de mille cinq cents tonnes de déchets sont déposées chaque jour. C’est un bric-à-brac d’objets cassés et jetés, entassés partout, et cet endroit sert de lieu de résidence à toutes ces personnes. Plus d’une centaine d’habitants gagnent leur vie en fouillant dans ces ordures à la recherche de ce qui peut être recyclé et vendu. J’ai pu voir ce genre de scènes de mes propres yeux lorsque j’ai visité certains pays en voie de développement. Ce que Youtube ne peut pas vous montrer, c’est l’odeur. Elle est là, présente partout dans ces décharges : l’odeur du désespoir. Tout semble brisé et irréparable. Mais je continue de regarder la vidéo. Et bientôt, je découvre que cette communauté du Paraguay est célèbre, et pas parce qu’elle vit dans une décharge. Il y a là quelque chose d’insoupçonnable, de totalement inattendu pour qui n’a pas vu cette vidéo. Cette communauté est célèbre pour – vous voulez le savoir ? – son incroyable orchestre. Non, ce n’est pas ce à quoi vous pensez. Ce n’est pas un orchestre philarmonique tel que l’on en trouve dans les grandes villes avec des violons Stradivarius, des pianos à queue et des musiciens qui pourraient tous être acteurs dans une publicité pour les rillettes Bordeau Chesnel. Non, c’est un orchestre d’enfants qui vivent tous dans des taudis, dans cette décharge précisément. Il se trouve qu’un jour, un jeune musicien professionnel nommé Favio Chavez a découvert cet endroit. Et il fut horrifié de voir dans vous passez accidentellement et en une fraction de seconde d’une première vidéo à une deuxième, et que les deux vidéos ont des contenus totalement différents. 22


Être brisé pour être restauré

quelles conditions vivaient les habitants et révolté par le fait que personne ne fasse rien pour changer les choses. Alors il a annoncé qu’il allait ouvrir une petite école de musique. Rapidement, de nombreux candidats, zélés et volontaires, ont afflué. Ils étaient désireux d’apprendre mais ils n’avaient pas d’instruments. Mais Monsieur Chavez avait déjà son idée à ce sujet. Il avait rencontré un collecteur de déchets nommé Nicolas Gomez et qui était capable de vous dénicher absolument tout et n’importe quoi, ou presque, si vous le mettiez devant un tas d’ordures. « Je veux que tu recherches un certain type bien précis de déchets », lui dit Monsieur Chavez. « Rapporte-moi tout ce que nous pourrions recycler pour en faire un instrument. » Mais comment ? Eh bien, ils ont fabriqué un violoncelle à partir d’un grand bidon d’huile en métal et de quelques vieux couverts. Ils ont utilisé de vieilles canettes pour fabriquer une flûte, et de vieilles radiographies ont été transformées en peaux pour habiller une batterie. Et, en martelant un saladier en aluminium, ils ont fabriqué un violon, dont les cordes étaient maintenues par une fourchette tordue. Si vous et moi avions visité cet endroit, nous aurions seulement vu, senti et ressenti de la tristesse. Monsieur Chavez, lui, a entendu – et il n’a pas entendu ce qui existait, mais ce qui pouvait exister. Il a entendu la musique qui s’élevait du milieu de la misère. La musique de l’espoir. Aujourd’hui, cet orchestre s’appelle le Landfill Harmonic1, simplement pour montrer que l’on peut vivre dans un taudis sans pour autant manquer d’humour. Voilà donc un orchestre d’enfants vivant dans un dépotoir et qui jouent sur des instruments fabriqués à partir de déchets. Si vous le voulez, vous pouvez allumer votre ordinateur et regarder cette vidéo, à condition que vous me 1 NDLT : Landfill Harmonic est un jeu de mots. Landfill signifie « décharge », mais il faut le comprendre ainsi : « land-philharmonic », c’est-à-dire le « philharmonique de la décharge. » 23


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promettiez de ne pas aller regarder, juste à côté, cette autre vidéo de Youtube avec des chats qui parlent1. Vous et moi, nous vivons dans une culture où tout est jetable. Nous n’aurions jamais l’idée de produire quelque chose de beau à partir d’objets recyclés – pas lorsque Amazon.com n’est qu’à un clic de distance et nous offre tant de belles choses flambant neuves. Vous cassez quelque chose ? Vous le jetez. Vous le remplacez. Pourtant, je relis les évangiles, et cette fois-ci ma lecture s’accompagne de musique. Il me semble entendre le Landfill Harmonic à chaque page. Je peux l’entendre parce que je connais toute l’histoire, et j’y vois des parallèles entre cet orchestre et l’Évangile. Jésus a quitté le trône qu’il avait dans le ciel pour descendre dans cette décharge qui s’appelle la terre. Il a abandonné la perfection pour connaître le brisement et la douleur. Et il a dit : « On va créer un orchestre ! » Il a vu les larmes et les gémissements, et il les a changés en rires. On l’a traité de fou, de fanatique malavisé. Tout n’était que désespoir autour de lui, mais même en faisant toutes les suppositions du monde, vous ne parviendrez jamais à saisir pleinement tout ce que Jésus est capable de faire lorsqu’il se met à creuser dans cette décharge immonde pour en sortir les fragments de vies cassées qui ont été jetés là.

Un sermon sur une montagne L’enseignement le plus célèbre de Jésus est connu sous le nom de Sermon sur la montagne – la montagne étant l’endroit où il se trouvait alors qu’il se mit à enseigner à ses disciples une toute nouvelle manière de vivre. À ce moment-là, Jésus est au beau milieu de sa mission, qui consiste à amener le Royaume de Dieu dans notre décharge ter1 La vidéo présentant l’orchestre s’intitule Teaser of the Upcoming Documentary Film Landfill Harmonic. Elle dure un peu plus de trois minutes et a été postée par Landfillharmonic, le 17 novembre 2012. Voici le lien pour la retrouver : https://www.youtube.com/watch?v=fXynrsrTKbI 24


Être brisé pour être restauré

restre, et son œuvre dérange. Tout comme les idées de Monsieur Chavez, ce que Jésus propose va à l’encontre de ce que pensent les gens. Il dit que ce qui était en haut est en bas, et il prétend que les déchets sont des trésors. Il nous laisse entrevoir le grand paradoxe du Royaume : quand j’atteins la fin de moi-même, je trouve la vraie vie en lui. Matthieu 5.1 nous rapporte que Jésus voit la foule, qu’il grimpe sur la montagne et qu’il s’y installe pour enseigner. Si vous êtes comme moi, en lisant votre Bible vous aurez tendance à sauter tout ce qui évoque la mise en scène pour ne lire que les mots écrits en rouge – à savoir les paroles effectives de Jésus. Mais regardons le texte d’un peu plus près. Nous découvrons que Jésus est monté sur une montagne, sans doute juste au-dessus de la mer de Galilée1. Il y avait des groupes de révolutionnaires à cette époque, et un certain nombre d’entre eux se cachaient dans les montagnes pour éviter d’être arrêtés. Voilà qui a du sens. Jésus est un révolutionnaire supplémentaire qui grimpe sur une montagne. Ce qu’il est en train de nous dire, c’est qu’il est en bas, au milieu du royaume terrestre, tout en étant en haut, dans le Royaume de Dieu. Et ce nouveau Royaume a de nouvelles règles, dont la plupart vont totalement à l’encontre des anciennes règles. Certains spécialistes du Nouveau Testament qualifient de « Grand Bouleversement » ce sermon de Jésus. Car aujourd’hui encore, tout son enseignement semble totalement paradoxal. Mais Jésus ne parle pas de règles ou de lois tangibles. Il ne se préoccupe pas non plus de l’actualité. Pas un mot sur les Romains. Ces réalités de la vie ne sont qu’à la surface, et Jésus souhaite œuvrer en profondeur, atteindre ce qui nous touche à l’intérieur – ce qui fait que la surface est ce qu’elle est. Le Royaume de Dieu commence par un travail intérieur. 1 NDLT : La mer de Galilée est aussi appelée lac de Tibériade, ou lac de Génézareth. 25


La fin de moi-même

Jésus débute son sermon par une série de paradoxes assez frappants. Mon objectif est d’examiner quatre de ces déclarations, qui semblent ridicules de prime abord mais qui prennent sens lorsqu’on les considère attentivement et qu’on les met en relation avec nos expériences personnelles. Par exemple, la première affirmation de Jésus promet une récompense ultime aux personnes les plus improbables : Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! (Matthieu 5.3) Regardons les trois premiers mots : Heureux les pauvres. Vous vous dites peut-être, Youpi ! J’ai gagné, je n’ai plus un sou en poche. Mais arrêtons-nous un instant pour y réfléchir. Peut-être Jésus s’est-il mal exprimé – il est clair qu’il devait vouloir dire « Heureux les riches… » Parce que si vous dites à un homme riche : « Eh, quelle belle demeure vous avez là ! », que vous répond-il ? « Oui, je sais. C’est parce que je suis incroyablement riche… » ? Non, pas du tout. Je vous parie qu’il répondra plutôt : « Merci. Je suis incroyablement béni. » Mais ensuite, je lis les mots en esprit, et je comprends que Jésus n’est pas en train de parler d’argent. Mais l’idée reste la même. Pour nous, une vie bénie, c’est une vie qui s’achève dans l’abondance financière, et non dans la pauvreté la plus totale. Sans parler du fait que, lorsque Jésus évoque ici les « pauvres », il utilise un mot qui, d’après le texte original, peut être traduit par « misérable » ou « en faillite ». Heureux ceux qui sont en faillite dans leur esprit. En fait, le mot qui convient le mieux, c’est dépouillé. Heureux êtes-vous si votre dépouillement est tel que vous n’avez rien à offrir. Quand on y réfléchit, cette phrase est vraiment choquante. Jésus est en train de dire que le Royaume de Dieu se met à œuvrer en 26


Être brisé pour être restauré

nous lorsque c’en est fini de nous-mêmes et que nous réalisons que nous n’avons rien à offrir. Cela va totalement à l’encontre de tout ce que nous tenons pour acquis dans notre monde. Prenez un gars totalement ruiné. Cassé. Comment va-t-il se comporter ? Pas comme s’il avait le monde à ses pieds, ou toutes les réponses soigneusement préparées à l’avance. Dans son esprit, ce gars est dans le caniveau. Et voilà celui dont Jésus fait l’éloge. Un gars qui vit dans les bas-fonds – c’est lui le gagnant. Pourtant, la sagesse conventionnelle qui régit la vie de tout le monde, ou presque, nous impose de respirer l’assurance et l’autosuffisance. En un mot, il nous faut être riches en esprit et riches en tout. Être en haut de l’échelle, et certainement pas au milieu des déchets. Jésus nous apprend que le Royaume commence lorsqu’on a fait le bilan et qu’on repart de zéro. Nous n’avons rien à offrir, et cela signifie que nous sommes en progrès. Voilà un discours vraiment révolutionnaire.

Simon le pécheur Si vous regardez la couverture de ce livre, vous ne verrez aucune citation de Jésus qui nous dirait : « Je suis quelqu’un de bien, et vous êtes des gens bien. » Jésus affirme que les gens bien n’existent pas. Nous sommes tous brisés. Mais à quoi ressemble le brisement ? Luc 7 nous fait assister à un dîner dans la maison d’un chef religieux prénommé Simon, qui accueille le maître, Jésus. Simon est-il très enthousiaste au sujet de Jésus ? Il semblerait que non. Le nom de Simon figurait sur la liste de ceux qui étaient censés inviter Jésus, voilà tout. Comment savons-nous cela ? Luc l’exprime sans ambiguïté. Il faut savoir qu’il existait un protocole pour ce genre de dîners. La loi établissait clairement ce qu’il convenait de faire. Vous deviez saluer votre invité par un baise-main en signe de bienvenue. Mais Simon se dispense de cette formalité. 27


C’est à la fin de moi-même que tout commence… Vous arrive-t-il d’être perplexe face aux enseignements de Jésus ? Aspirez-vous réellement à ce qu’il désire ? Voulez-vous vraiment ce qu’il souhaite vous offrir ? Avec humour, Kyle Idleman explique que la clef de la vie abondante que Dieu nous a promise réside dans une façon de vivre diamétralement opposée à la logique humaine. Le brisement ouvre la voie à la plénitude, le chemin des larmes nous conduit vers la bénédiction et il nous faut être vidé avant de connaître la véritable abondance. Par la mise en pratique de ces principes a priori paradoxaux, vous finirez par réaliser combien Dieu peut et veut vous transformer. Nous ne pouvons commencer à vivre la vie abondante et bénie que Dieu désire pour nous que lorsque nous arrivons au bout de nous-mêmes. Écrit dans un style direct et drôle, l’auteur réussit à nous interpeller. Kyle Idleman est pasteur et enseignant dans une congrégation importante du Kentucky, aux États-Unis. Il est l’auteur des best-sellers Not a Fan et AHA, non publiés en français à ce jour.

ISBN : 978-2-7222-0242-9

9 782722 202429 14.90 € TTC

www.clcfrance.com

Réf. : CLCF050

Vie chrétienne ISBN 978-2-72-220242-9


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