DECOUVRIR...
Le DESERT, une Ecole à l’Ecoute de Dieu Marie-Thérèse Courtet
DECOUVRIR...
LE DESERT, UNE ECOLE A L’ECOUTE DE DIEU
Marie-Thérèse COURTET
© Éditions CLC 2011 BP 9 - F-26216 Montélimar Cedex Tél.: 04 75 90 20 50 - Fax : 04 75 90 40 04 editions@clcfrance.com - www.clcfrance.com ISBN : 978-2-7222-0145 3 Tous droits réservés Photocomposition/mise en page de la couverture : P. GLASSMANN Mise en page du texte : P. GLASSMANN Illustrations : I.P. RIST Impression : IMEAF, F-26160 La Bégude de Mazenc Dépôt légal 2ème trimestre 2011 - N° d’impression :
Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible,version Louis Segond révisée dite “à la colombe”, le mot Éternel ayant été remplacé par Seigneur.
AVANT-PROPOS
D
epuis des années, Dieu a mis sur mon cœur le projet d’écrire. Cela est venu d’abord comme une pensée qui s’imposait à moi de manière de plus en plus claire. Puis des paroles reçues au cours de mes nombreux voyages ont confirmé cette pensée personnelle, lorsque des personnes priaient pour moi, du style : « je vois un livre... Je reçois pour toi le mot ‘écrire’... écris un livre ! » Durant toutes ces années, je me disais : « mais écrire quoi… pour qui ? », alors que parallèlement, beaucoup de personnes participant à l’un ou l’autre de mes séminaires me demandaient si mes enseignements existaient sous la forme de livres. Plus récemment, le Seigneur semblait remettre l’ouvrage sur le métier en m’interpellant à nouveau par des réflexions glanées ça et là : « et ce livre, c’est pour quand ?... as-tu déjà commencé à rédiger ton livre ? » J’ai alors compris que le temps de me mettre au travail était effectivement venu. Mais comment m’y prendre ? Quel sujet traiter ? Comme j’étais en réflexion dans la prière, les choses semblaient tomber peu à peu sous leur sens. J’allais utiliser plusieurs de mes enseignements pour rédiger une série de petits livres abordant plusieurs sujets sur lesquels j’avais fait des recherches.
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Cette série se veut à la fois pragmatique et didactique en ce qu’elle s’appuie sur des enseignements qui ont fait leur preuve dans les nombreux séminaires que j’ai pu donner au cours de mes déplacements en Europe et en Afrique. Je propose de regrouper cette série de livres en une collection sous le nom de « DÉCOUVRIR ». Elle s’adresse tout aussi bien à des personnes en recherche qu’à des personnes chrétiennes soucieuses d’aller plus loin dans leur relation avec Dieu. Elle peut aussi être utile à des chrétiens engagés dans l’aide et le conseil auprès des autres. Mes remerciements vont à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont participé à la réalisation de ce projet.
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PRÉFACE
A
près avoir rencontré à maintes reprises des personnes qui me disaient passer par un temps de désert, j’ai fini par m’intéresser à cette notion, avec l’intime conviction qu’une telle période n’était pas forcément mauvaise en soi. Certes, l’adversité et les épreuves de la vie ne sont jamais agréables à vivre, mais sont-elles pour autant si négatives dans leurs retombées sur nos vies ? Ne peuvent-elles pas avoir un effet bénéfique et être un facteur de croissance ? J’ai alors décidé de me pencher sur le récit de la traversée du désert par le peuple hébreu au temps de Moïse, tel qu’il nous est raconté dans la Bible. Cette histoire nous parle en réalité de la relation de Dieu avec son peuple et dévoile son caractère de grand Pédagogue. En effet, Dieu va utiliser ce temps pour enseigner, corriger, éduquer et se révéler à son peuple. Celui-ci en sortira mûri, affranchi et prêt à assumer ses nouvelles responsabilités. Bien plus, ce passage au désert allait donner à ce peuple, réduit à un esclavage tyrannique depuis déjà bien longtemps, la possibilité de changer de mentalité et d’être pleinement libéré du joug de l’oppresseur. Ce livre propose de suivre le peuple hébreu dans son itinéraire, et d’appliquer à nos vies les leçons tirées de leurs expériences durant cette période. Bien que les faits rapportés remontent à plusieurs millénaires, ils sont toujours d’actualité, les besoins et les faiblesses du cœur humain demeurant inchangés à bien des égards,
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au-delà des civilisations et des siècles. Cet ouvrage s’applique donc à nous tous qui voulons aller de l’avant dans notre marche quotidienne. Il n’est pas nécessaire en effet de passer par des difficultés pour cheminer et se livrer à un questionnement personnel. Cependant, si tel est notre cas, cet écrit veut offrir une issue à l’impasse, donner un sens à l’épreuve et permettre de sortir du désert. Un temps d’épreuve peut être pour l’un une période de chômage ou des difficultés de travail, pour un autre la perte d’un être cher ou la maladie, pour un autre des difficultés financières ou relationnelles, ou encore le passage à la retraite, le départ des enfants devenus adultes, la rébellion ouverte d’un adolescent, le divorce, la solitude, l’arrivée en terre inconnue … Enfin certains peuvent se trouver dans l’impasse, dans l’attente d’une direction ou d’une réponse, ou tout simplement aux prises avec la routine et la monotonie du quotidien et cette désagréable impression de tourner en rond, de ne pas avancer. Si ces derniers peuvent plus facilement s’identifier au peuple hébreu dans leur errance, les autres connaissent aussi leur traversée du désert. En sortirontils anéantis ou grandis ? Le Seigneur promet de transformer la vallée des pleurs en une oasis couverte de bénédictions (cf. Psaume 84.7). Pour ce faire, il faudra simplement décider de s’aligner sur la volonté de Dieu à notre égard et accepter sa Parole pour nos vies, tout comme le peuple hébreu a dû le faire ; ce qui demandera parfois un réajustement de notre part quant à notre façon de vivre. « Car je te commande aujourd’hui d’aimer le Seigneur, ton Dieu, de marcher dans ses voies et d’observer ses commandements, ses prescriptions et ses ordonnances, afin que tu vives et que tu multiplies, et que le Seigneur, ton Dieu, te bénisse dans le pays où tu vas entrer pour en prendre possession. » (Deutéronome 30.16)
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Soyez encouragés, amis lecteurs, à aller de l’avant quel que soit le chemin sur lequel vous vous trouvez en ce moment. Avec le Seigneur, il y a toujours une porte d’espérance au bout, que vous le connaissiez déjà pour l’avoir rencontré personnellement ou pas encore, si toutefois vous êtes prêts à une remise en question. A la fin de mes études de droit, je suis passée par une période de doute et d’incertitude assez pénible, ne sachant pas trop sur quelle voie professionnelle m’engager. A cela se sont ajoutées des difficultés familiales et personnelles, si bien que je ne parvenais plus à entrevoir le bout du tunnel. J’ai alors décidé de suivre des cours bibliques, quand le chemin a semblé enfin s’ouvrir devant moi. Je m’organisais et me préparais à aller travailler en tant que conseillère juridique au sein d’une organisation internationale en Afrique de l’Ouest. Je suis allée suivre une formation supplémentaire en Angleterre à cet effet, tout en constituant mon dossier de candidature. Acceptée, je devais encore améliorer ma pratique de l’anglais quand j’ai rencontré une famille qui recherchait une jeune fille au pair. Tout était arrangé pour que je puisse passer six mois chez eux, prendre encore quelques cours et partir enfin. Mais, après seulement un mois, je suis tombée malade et mon état nécessita une intervention chirurgicale majeure. A la sortie de l’hôpital, très affaiblie, je commençais à penser que mon avenir était à tout jamais compromis. J’avais du mal à me projeter dans le futur et me sentais dans une impasse. Qu’allait-il advenir de moi ? Pourquoi cet événement fâcheux juste à ce moment-là, alors que je commençais seulement à y voir plus clair ? Je me demandais si le Seigneur ne m’avait pas oubliée d’autant que la convalescence s’avéra être assez longue. Pourtant Dieu savait ce qu’il faisait ; il avait tout entre ses mains. Un ennui de santé me gênait jusque-là et risquait de me créer de sérieuses difficultés s’il s’amplifiait outremer. Or, l’opération mit fin à ce problème si bien que j’ai pu partir comme prévu, et de surcroît, en bonne forme physique. Un détail à préciser : le père de la famille qui 9
m’accueillait était un chirurgien renommé ; c’est lui qui m’a opérée et qui s’est occupé de toutes les démarches à faire sans que j’aie un papier à me procurer ou un à centime à donner. Quant à mes progrès en anglais, rien de tel qu’un séjour à l’hôpital et une convalescence dans un contexte 100% britannique pour les réaliser ! A la fois jeune, et débutante dans la foi, cette attente et ces tâtonnements ont mis ma confiance en Dieu à rude épreuve ; mais ils m’ont appris à davantage compter sur lui - leçon très utile à la veille d’entamer un séjour de plus de deux ans dans un pays étranger lointain. « Car le Seigneur Dieu est un soleil et un bouclier, le Seigneur donne la grâce et la gloire, il ne refuse pas le bonheur à ceux qui marchent dans l’intégrité. » (Psaume 84.12)
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Introduction
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V
enue s’installer en Égypte en tant que famille à cause d’une famine dans leur pays d’origine, la descendance du patriarche Jacob va se multiplier et devenir un véritable peuple. Les Israélites devenus puissants constituent alors une menace pour les Egyptiens qui vont les asservir pour mieux les dominer, jusqu’à les réduire à l’état d’esclaves. Cette servitude despotique se prolonge décade après décade avant que Dieu ne suscite un homme du nom de Moïse pour les délivrer. Alors commence la traversée du désert à la sortie d’Égypte, passage obligé pour arriver en Terre Promise, le pays de Canaan. Le voyage en lui-même n’aurait pu durer que quelques jours, voire quelques semaines ou quelques mois, compte tenu des données géographiques de la région. Si les Hébreux finissent par passer une quarantaine d’années dans ces terrains désertiques, c’est en raison de l’état de leur cœur. En effet, il faut tout ce temps pour que Dieu puisse agir dans leur vie, les transformer, et les faire passer du statut d’esclaves à celui d’êtres libres et de conquérants, prêts à assumer des responsabilités. L’ancienne génération meurt dans le désert tandis que la nouvelle est prête à prendre possession de la Terre Promise. A la veille de leur entrée en Canaan, Moïse résume ainsi les intentions de Dieu à l’égard de son peuple tout au long de cette traversée : « Tu te souviendras de tout le chemin que l’Éternel, ton Dieu, t’a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour reconnaître ce qu’il y avait dans ton cœur et si tu observerais ses commandements, oui ou non.
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Il t’a humilié, il t’a fait souffrir de la faim et il t’a nourri de la manne que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connue tes pères, afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur. Ton vêtement ne s’est pas usé sur toi, et ton pied ne s’est pas enflé pendant ces quarante années. Reconnais en ton cœur que le Seigneur, ton Dieu, t’éduque comme un homme éduque son fils. Tu observeras les commandements du Seigneur, ton Dieu, pour marcher dans ses voies et pour le craindre. Car le Seigneur, ton Dieu, va te faire entrer dans un bon pays …» (Deutéronome 8.2 à 7) N’y a-t-il pas là une comparaison à faire avec nos propres vies ? N’avons-nous pas besoin de temps pour apprendre à connaître notre Dieu, et à nous familiariser avec sa Parole, ses intentions et ses manières d’agir ? Du reste, Moïse a luimême passé quarante années dans le désert à être berger, après avoir quitté la cour du Pharaon où il avait été élevé, et avant de conduire les Israélites hors d’Égypte. Jésus passera quarante jours, seul dans le désert, avant d’entrer dans un ministère public. Quant à l’apôtre Paul, il semble qu’il se soit retiré trois ans en Arabie peu de temps après sa conversion fulgurante, avant de rejoindre les autres disciples à Jérusalem. « Mais, quand celui qui m’avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce, a trouvé bon de révéler en moi son Fils, pour que je l’annonce parmi les païens, aussitôt je n’ai consulté ni la chair ni le sang, et je ne suis pas monté à Jérusalem vers ceux qui furent apôtres avant moi, mais je partis pour l’Arabie. Puis je revins encore à Damas. Trois ans plus tard, je suis monté à Jérusalem …» (Galates 1.15 à 18)
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C’est également le cas d’Abraham, qui, sur l’appel de Dieu, a quitté sa patrie pour devenir un nomade sa vie durant, et apprendre à connaître son Seigneur dans une relation de dépendance et d’obéissance. Il en est de même pour le patriarche Joseph qui a connu le désert de l’exil forcé et de l’emprisonnement immérité, avant d’être élevé à la position de second du royaume d’Égypte, l’équivalent d’un premier ministre dans nos démocraties contemporaines. Là encore, Dieu a utilisé ces temps de mise à part pour forger les caractères et modeler les personnes davantage à sa ressemblance. L’Abraham prêt à offrir en sacrifice son fils unique tant attendu, comme un acte d’adoration envers son Dieu, n’est plus l’Abraham qui par deux fois ment sur le statut de Sara, sa femme, par crainte de représailles. Le Joseph prêt à pardonner à ses frères qui l’avaient vendu comme esclave à des étrangers, n’est plus le jeune homme qui se vantait auprès des siens d’avoir reçu des songes divins. Ainsi le Seigneur peut mettre à profit tout temps de désert, de mise à l’écart, que nous pouvons traverser pour œuvrer dans notre cœur et nous conduire à un niveau toujours plus élevé de maturité et de ‘complétude’. Il veut faire de chacun de nous des personnes mûres et épanouies tant sur le plan humain que spirituel. Nous nous proposons de reprendre les intentions de Dieu à l’égard de son peuple pendant leur pérégrination, une par une, pour les analyser plus en détail, comprendre les enseignements qui en découlent, et les appliquer à nos vies. Puis, dans les derniers chapitres, nous nous pencherons sur la personnalité de Moïse, parvenu à un degré de maturité et de foi souhaitable pour chacun de nous, et sur lequel nous pouvons prendre modèle. Cette étude s’adresse ainsi à tous ceux qui ont soif de progresser et d’atteindre d’autres sommets dans leur relation avec Dieu.
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CHAPITRE 1 ‘Le désert et le pays aride s’égayeront’
Humilité et soumission
Humilité et soumission
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u te souviendras de tout le chemin que le Seigneur, ton Dieu, t’a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de t’humilier… » (Deutéronome 8.2) Le peuple hébreu dans le désert, fraîchement sorti d’Égypte, pays dans lequel il s’était progressivement éloigné de son Dieu, avait besoin d’apprendre tout à nouveau à marcher humblement avec lui. Cela ne s’est pas fait sans difficulté à cause de son cœur rebelle.
La rébellion, son origine, ses retombées La rébellion, révolte contre Dieu, a commencé avec Satan appelé alors Lucifer, un ange, chérubin protecteur, qui se tenait dans la présence du Très-Haut jusqu’au moment où son arrogance l’a fait tomber. Voici ce qu’il nous est rapporté à son sujet par le prophète Esaïe : « Tu disais en ton cœur : je monterai au ciel, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, je siègerai sur la montagne de la Rencontre des dieux au plus profond du nord ; je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut. Mais tu as été précipité dans le séjour des morts au plus profond d’une fosse. » (Esaïe 14.13 à 15) Satan, le diable, désormais ennemi de Dieu, a voulu entraîner dans sa chute l’être humain. Dans ce but, il a susurré à Adam et Eve, le premier homme et la première femme, d’enfreindre l’ordre donné par leur Créateur de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
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« …Le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux… » (Genèse 3.5) Eve, suivie de peu par son mari, a écouté cette suggestion ; tous deux prirent du fruit de l’arbre défendu. Leurs yeux s’ouvrirent, certes, mais ce geste marquait du même coup une rupture dans leur relation avec Dieu. Ils choisissaient ‘d’être comme des dieux’ et de mener leur vie à leur guise, en toute indépendance, sans interférence aucune de leur Créateur. Depuis lors, l’homme a du mal à plier le genou devant son Dieu. Il veut être son propre chef, se prendre pour Dieu et agir en conséquence. Cette tendance a trouvé une sorte d’apogée dans le courant de pensée humaniste, dans lequel l’homme est devenu Dieu, la référence par excellence. L’homme pense, ressent, agit en nom et place de Dieu. Il se veut Dieu et se comporte comme tel. Cette pensée humaniste domine le monde occidental moderne si bien que l’homme semble être parfois dépassé par les avancées de sa propre connaissance. Cela est vrai notamment dans le domaine génétique pour lequel les progrès scientifiques nous posent des problèmes de conscience de plus en plus difficiles à gérer. Que penser des mères porteuses, et du trafic qu’une telle pratique, appelée désormais la gestation pour autrui, génère dans certaines nations en difficulté économique ? Que dire des banques de spermes et des femmes qui vendent leurs ovocytes, des expériences et recherches faites sur les cellules embryonnaires, ou bien des bébés programmés d’après les demandes et désirs des parents ? Le même phénomène se voit dans le domaine médical avec le trafic des organes humains, les pilules abortives ou la banalisation, voire l’encouragement, de pratiques telles que l’avortement, l’eugénisme et l’euthanasie. Quant aux nouvelles technologies informatiques, elles permettent de réaliser des choses extraordinaires, notamment dans les domaines de la communication et de la concertation à distance, mais elles ouvrent aussi la porte à toutes sortes de dérives difficiles à maîtriser dans leur dimension planétaire. 20
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L’homme est donc habitué à agir de son propre chef, et à mener sa vie comme bon lui semble, loin de toute directive divine, dans la société occidentale actuelle dite postchrétienne. Aussi est-il difficile dans un tel contexte pour un chrétien de se soumettre à Dieu. Quand il se tourne vers lui, sur un engagement libre et personnel, il accepte JésusChrist comme son Sauveur, mais il aura encore du chemin à parcourir avant de le reconnaître comme le Seigneur de toute sa vie.
Rébellion et insoumission Tout au long de leur histoire, les Hébreux ont eu du mal à se soumettre. Sans cesse, le problème ressurgit si bien que Dieu entre en procès avec son peuple pour lui rappeler par la bouche du prophète Michée ce qu’il attend de lui. La période du désert ne fait pas exception. « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que le Seigneur demande de toi, c’est que tu pratiques le droit, que tu aimes la loyauté, et que tu marches humblement avec ton Dieu. » (Michée 6.8) Il était d’une importance capitale que les Israélites renoncent à leur rébellion. En effet, elle donnait des droits au diable sur leur vie, lui-même ayant été le premier à se rebeller contre Dieu. La Bible associe une telle attitude au péché de divination, science occulte qui permettrait de connaître ce qui est caché et de prédire l’avenir. « Car la rébellion vaut bien le péché de divination, et la résistance vaut l’injustice et les téraphim [idoles]… (1 Samuel 15.23) Pour nous également, si notre cœur est rebelle vis-à-vis de Dieu, nous sommes divisés à l’intérieur de nous-mêmes et nous aurons du mal à résister à l’ennemi de nos âmes et à le combattre ; d’où l’exhortation de l’apôtre Jacques : 21
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« Soumettez-vous donc à Dieu ; résistez au diable et il fuira loin de vous. » (Jacques 4.7) Il faut d’abord se soumettre au Seigneur, se placer sous son autorité, pour pouvoir lutter efficacement contre le diable. Se rebeller, c’est précisément refuser de se soumettre à l’autorité légitime. Le peuple dans le désert conteste à plusieurs reprises l’autorité de Moïse, leur chef, établi par Dieu lui-même. Le point culminant de cette rébellion est lorsqu’il refuse clairement d’aller à la conquête de la Terre Promise. Après le rapport négatif de dix espions sur les douze envoyés pour explorer le pays, le peuple se soulève carrément contre Moïse et contre Dieu. « Tous les Israélites murmurèrent contre Moïse et Aaron, et toute la communauté leur dit : que ne sommes-nous morts dans le pays d’Égypte, ou que ne sommes-nous morts dans ce désert ! Pourquoi le Seigneur nous fait-il entrer dans ce pays, pour tomber par l’épée ? Nos femmes et nos petits enfants deviendront une proie. Ne vaut-il pas mieux pour nous retourner en Égypte ? Et ils se dirent l’un à l’autre : donnons-nous un chef et retournons en Égypte. » (Nombres 14.2 à 4)
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Alors que Josué et Caleb, les deux seuls espions restés confiants malgré les obstacles à surmonter pour pouvoir effectivement conquérir le pays de Canaan, exhortaient le peuple à ne pas se rebeller, beaucoup veulent les lapider. Leur rébellion les poussait à reprendre la direction de leur vie dans une attitude de révolte. Ils préféraient retourner en Égypte pour y être de nouveau esclaves plutôt que d’aller de l’avant et entrer dans le pays promis. Leur refus de se soumettre poussera Dieu à sévir et à faire en sorte que toute une génération meure dans le désert. En tant que chrétiens nés de nouveau, enfants de Dieu, un héritage nous est échu. « Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être aussi glorifiés avec lui. » (Romains 8.17) Pour en bénéficier, nous devons courber la tête devant Dieu et accepter qu’il devienne notre maître absolu. Rébellion et insoumission doivent disparaître de notre cœur pour que nous puissions lui dire : ‘je suis prêt(e) à faire ce que tu veux, quand tu veux, où tu veux, comme tu le veux.’ La maturité vient quand nous laissons le Seigneur diriger pleinement notre vie dans les grandes décisions à prendre comme dans les plus petites. Une reddition totale de notre volonté équivaut à remettre entre les mains de Dieu quelque chose de très précieux ; c’est un véritable acte d’adoration. Les Hébreux refusèrent d’aller en Canaan parce qu’ils voyaient les obstacles et les difficultés à surmonter pour y entrer, sans Dieu. Dans leur rébellion, ils ne pouvaient pas compter sur son aide. Alors Dieu va s’opposer à eux et les faire errer dans le désert pendant quarante ans. La rébellion excite la colère de Dieu et ne reste pas impunie. Leur résistance à Dieu leur vaudra le qualificatif de ‘peuple au cou raide’. Lorsque quelqu’un choisit de marcher dans l’humilité, il décide précisément de s’abaisser, de courber la tête volontairement. Devant la dureté de
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cœur des Israélites, le Seigneur a dû les humilier et leur faire plier le genou. Au cours de leur périple dans le désert, ils ont appris à courber l’échine, à devenir plus humbles et dociles entre ses mains. « Reconnais donc que ce n’est pas à cause de ta justice que le Seigneur, ton Dieu, te donne ce bon pays pour que tu en prennes possession, car tu es un peuple à la nuque raide. Souvienstoi, n’oublie pas de quelle manière tu as irrité le Seigneur, ton Dieu, dans le désert. Depuis le jour où tu es sorti du pays d’Égypte jusqu’à votre arrivée dans cet endroit, vous avez été rebelles contre le Seigneur. » (Deutéronome 9.6, 7) Ce peut être également notre expérience. Nous avons parfois besoin d’un temps d’errance ou d’épreuve, pour finalement nous humilier devant Dieu et accepter sa seule seigneurie sur nos vies. Cela ne se fait généralement pas sans lutte intérieure, une lutte entre notre ego, notre moi, qui veut poursuivre son règne, et notre esprit régénéré qui veut céder la place à Dieu. Notre orgueil doit lâcher prise et faire place à l’humilité, attitude pleine de modestie et empreinte de déférence, qui se manifeste par un effacement volontaire de notre part. Une jeune femme américaine voulait à tout prix partir pour l’Afrique comme missionnaire auprès d’un peuple particulier. Son chemin semblait être tout tracé, sans équivoque possible. Je l’ai rencontrée lorsqu’elle effectuait un séjour en France pour perfectionner son français. Puis l’organisme avec lequel elle voulait partir, lui a demandé de travailler en Europe pour quelque temps ; ce qui ne la réjouissait pas beaucoup. Alors que son séjour sur le vieux continent semblait s’éterniser, des problèmes liés à la situation politique du pays où elle voulait aller ont compliqué davantage les choses. Finalement, l’organisme en question lui a fait savoir qu’il lui serait impossible de partir et qu’elle devait renoncer à son projet.
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Il lui fallait donc envisager de retourner aux U.S.A., sans trop savoir ce qu’il adviendrait d’elle ensuite. Une grande lutte a commencé à poindre dans son cœur ; elle ne voulait surtout pas rentrer en Amérique alors qu’elle était partie pour fuir son pays. Elle détestait sa nationalité et tout ce qui allait avec. En pleine rébellion, elle avait quitté son pays, en pleine rébellion elle allait devoir le retrouver. C’était l’impasse … jusqu’au moment où elle a accepté de voir en face ce qui se passait à l’intérieur d’elle-même. Elle a alors compris que le Seigneur ne voulait pas qu’elle parte le servir à l’autre bout de la terre par simple rébellion. Il l’a amenée à renoncer à son côté rebelle et à se réconcilier avec ses origines. Nous avons correspondu encore suffisamment longtemps pour la voir évoluer et savoir qu’elle appréciait désormais de vivre dans son pays natal et de servir Dieu sur place.
Rébellion et incrédulité La rébellion engendre encore l’incrédulité. Elle empêche de mettre sa confiance en Dieu et de croire en ses promesses. « Et le Seigneur dit à Moïse : jusques à quand ce peuple m’outragera-t-il ? Jusques à quand ne croira-t-il pas en moi, malgré tous les signes que j’ai opérés au milieu de lui ? » (Nombres 14.11) La même chose nous guette si nous nous enfermons dans notre propre rébellion et résistons à Dieu ; d’où l’exhortation de l’épître aux Hébreux qui reprend cet épisode pour en tirer des leçons à notre profit. « Prenez donc garde, frères, que personne parmi vous n’ait un cœur méchant et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant. » (Hébreux 3.12) Des années plus tard, le peuple s’élève de nouveau contre Moïse et contre Dieu par une rébellion ouverte. 25
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« Le peuple s’impatienta en route, parla contre Dieu et contre Moïse : pourquoi nous avez-vous fait monter hors d’Égypte, pour que nous mourions dans le désert ? Car il n’y a point de pain et il n’y a point d’eau, et nous sommes dégoûtés de ce pain méprisable. » (Nombres 21.5) Cette fois, la réponse de Dieu ne se fait pas attendre ; il envoie contre le peuple des serpents brûlants qui provoquèrent la mort de beaucoup de personnes. Alors le peuple dut s’humilier une fois de plus, reconnaître son péché, et demander à Moïse d’intercéder auprès de Dieu en sa faveur. Sur ordre divin, Moïse fabriqua un serpent d’airain qu’il plaça sur une perche afin que quiconque ayant été mordu le regarde et conserve la vie (cf. Nombres 21.6 à 9).
Jésus reprendra cet événement à son compte ; de même que les personnes mordues dans le désert avaient la vie sauve en contemplant le serpent d’airain, de même ceux qui croient en lui, ‘le Fils de l’homme élevé’, auront la vie éternelle et échapperont ainsi au jugement éternel (cf. Evangile de Jean 3.14, 15). Il résume ainsi toute l’œuvre de la croix et souligne l’immense bonté de Dieu, qui dans 26
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sa sainteté ne peut pas laisser le péché impuni, mais qui donne toujours le moyen de sortir de l’impasse. Dieu peut permettre un temps d’épreuve, de désert, dans notre vie, pour nous révéler les parties de notre âme encore rebelles, ou bien pour tester notre foi et nous faire grandir, ou encore pour nous attirer à lui. Il ne cherche en aucun cas à nous faire tomber ; alors surtout ne nous enfonçons pas dans une quelconque forme de rébellion. Apportons-lui plutôt les mauvais penchants de notre cœur pour qu’il les transforme. « …Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles. » (Jacques 4.6) Un garçon de huit ans était très intéressé par la Bible. Il ne voulait surtout pas rater le club pour enfants, qui avait lieu dans son village chaque semaine, où il entendait parler de Dieu. Il ne tarda pas à ouvrir son cœur au Seigneur et à commencer à développer une vie de prière authentique. Ses parents s’étonnaient d’une telle ferveur à son âge ; mais ils le respectaient et le laissaient cheminer dans sa foi. Ils l’écoutaient même lorsqu’il leur parlait avec enthousiasme des réponses de Dieu à ses prières d’enfant. Un jour, cependant, arriva l’impossible, l’inattendu qui n’arrive qu’aux autres ! Alors que ce petit garçon était parti en voiture avec son frère aîné, tous deux eurent un accident. L’enfant est mort sur le coup alors que le frère est sorti indemne. Quel drame ! Quelle désolation pour les parents et toute la famille ! Pourtant, lorsque je les ai rencontrés, quelques années plus tard, les parents m’ont déclaré d’un seul cœur que Dieu s’est révélé à eux au sein même de cette épreuve. Plutôt que de sombrer dans la rébellion contre ce Dieu qu’invoquait leur jeune fils, et qui lui avait ôté la vie si brutalement, ils se sont tournés vers lui. Au lieu d’un désert sans fin par manque de consolation, ils ont reçu le réconfort de sa présence et la capacité de retrouver le goût de vivre. Quel témoignage ! Dieu est grand. Par la suite, les frères aînés se sont également tournés vers Dieu avec un réel désir de le servir.
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Mais Dieu n’avait-il pas encore d’autres intentions à l’égard de son peuple pendant cette traversée du désert ?
Questions : • Y a-t-il encore de la rébellion dans mon cœur vis-à-vis de Dieu ? • S’accompagne-t-elle d’incrédulité et d’insoumission dans ma vie ?
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