Suivre Dieu jusqu'au bout

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Elliott Tepper

SUIVRE DIEU JUSQU’AU BOUT Le coût du Royaume


© 2020, éditions CLC France BP 9 – F-26216 Montélimar Cedex Tél. : +33 (0) 4 75 90 20 54 editions@clcfrance.com – www.clcfrance.com ISBN : 978-2-7222-0346-4 ISBN Epub : 978-2-7222-0347-1 Titre original : The Cost of the Kingdom, Christian Focus. Diffusé en Suisse par les éditions Emmaüs Diffusé en Belgique par la Centrale Biblique Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Sauf mention contraire, les citations bibliques sont extraites de la Bible Segond (Nouvelle Édition de Genève 1979). Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Lammel. (Photographie couverture : © Matthew Fassnacht, unsplash.com) Impression : IMEAF, F-26160 La Bégude de Mazenc Juin 2020 – N° d’impression :


Elliott Tepper

SUIVRE DIEU JUSQU’AU BOUT Le coût du Royaume



« Lorsqu’on m’a demandé d’écrire une recommandation pour ce livre, j’ai gémi – une autre tâche avec une date limite – mais j’ai alors commencé le premier chapitre, et j’ai aimé ! Elliott Tepper expliquait tout ce qu’il fallait dire aux chrétiens d’aujourd’hui. J’ai été enthousiasmée, mise au défi, encouragée tout d’un coup. Si vous avez peur d’un autre défi lancé au christianisme radical, n’achetez pas ce livre. Si vous craignez de sortir d’un mode de vie médiocre, tiède et divisé, ne lisez pas ceci. Être chrétien, c’est tomber amoureux de Jésus, qui a tout donné pour nous, et qui exige que nous donnions tout pour Lui. Simple – mais coûteux ! Elliott donne vie à ce style de vie pour nous à travers de nombreux exemples bibliques et vivants. Que les chrétiens soient nombreux à s’emparer de ce livre et de la vérité qu’il contient, et qu’ils permettent au Saint-Esprit de révolutionner leur vie. Merci, Elliott, d’avoir exprimé si clairement tout ce que j’avais envie de crier sur les toits ! » Helen Roseveare Ancienne missionnaire au Congo, conférencière de la WEC internationalement reconnue et auteur.



Table des matières Remerciements.............................................................................. 9 1. Le trésor oui, mais à quel prix ? Ahmet le plombier.................................................................. 11 2. Être disciple oui, mais à quel prix ? Zachée le collecteur d’impôts................................................ 25 3. Où se trouve le Royaume de Dieu ? Les premiers disciples, des pêcheurs.................................... 31 4. Des petites vies dans un dessein grandiose........................ 45 5. La prospérité selon Dieu L’analyse coûts/avantages..................................................... 61 6. Une seul chose leur manque : le renoncement ................... 81 7. La vie après la mort............................................................... 97 À propos de Betel....................................................................... 112

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À Bob et Catherine Warwick, À Glenn et Nancy Kling, véritables citoyens du Royaume de Dieu. Ils ont acquis le champ (Matthieu 13.44), ils ont acheté la perle (Matthieu 13.45-46) et ont incité des générations de disciples à marcher sur leurs traces.

Je veux remercier Susan Grim pour sa disponibilité à relire et corriger le manuscrit original. Elle l’a considérablement amélioré. Je veux aussi remercier Anita Castelazo pour son travail de traduction du manuscrit en anglais que je lui avais remis. J’ai une dette envers Antonio Fernández, « le grand-père », qui a relu les premiers brouillons. Je me dois de mentionner Juan García qui, pendant des années, m’a soutenu dans mon service pour Dieu tant lorsque j’étais à domicile que lors de mes déplacements.

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1 Le trésor oui, mais à quel prix ? Ahmet le plombier « Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour, Et les fleuves ne le submergeraient pas ; Quand un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l’amour, Il ne s’attirerait que le mépris. » (Cantique des cantiques 8.7)

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avez-vous quel est le poème d’amour le plus lu au monde ? Le Cantique de Salomon a probablement été lu et relu par des millions de juifs et de chrétiens pendant presque trois millénaires. Le Cantique de Salomon, aussi appelé Cantique des cantiques, est pour moi une référence. Je le lis quand je me suis éloigné de Dieu et que j’ai perdu mon chemin. C’est là souvent que je redécouvre l’ancien sentier qui me ramène dans la présence de Dieu. Lorsque je lis les paroles de Salomon et de la Sulamithe et que je médite sur les passages qui me sont familiers, où chacun manifeste son amour à l’égard de l’autre, Dieu me fait toujours redécouvrir sa présence. Dans ce lieu secret, il me surprend par sa tendresse et son amour, 11


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et je redécouvre ce qu’est le Royaume de Dieu ainsi que la raison pour laquelle des hommes et des femmes de tous âges ont tout laissé pour suivre le Christ. « Il m’a fait entrer dans la maison du vin ; et la bannière qu’il déploie sur moi, c’est l’amour » (Cantiques 2.4).

Le Cantique des cantiques peut être lu de différentes manières. On peut voir la Sulamithe et Salomon comme des amants, archétypes de tous les amants. On peut voir la Fiancée et le Fiancé céleste : l’Église et le Messie se louant mutuellement leur beauté. Dans ce chant d’amour, Jésus affirme que l’Église est comme un trésor incomparable. Ce ne sont ni les galaxies ni le cosmos, mais ce sont les hommes, nous qui sommes la Fiancée de Christ, sa plus grande possession. De même, la Sulamithe déclare que son bienaimé est son trésor le plus précieux, non seulement pour elle mais aussi pour tous ceux qui le trouvent. Où peut-on trouver un trésor semblable ? Un trésor tel que le Roi et son Royaume, le Christ et son Église ? Les trésors se trouvent souvent dans des endroits cachés et peu fréquentés. Une partie de leur valeur dépend de leur rareté et de leur qualité intrinsèque. La Sulamithe est « un lis au milieu des épines » et le Fiancé « un pommier au milieu des arbres de la forêt ».

UN TRÉSOR EN UN LIEU ÉTRANGE Il y a peu de temps, j’ai découvert un trésor dans un endroit inhabituel et étrange à New York au sein de l’organisation Bétel Amérique. New York est connue pour être la ville du melting-pot, où les individus de diverses races et cultures se sont mélangés jadis pour devenir des Américains à part entière. J’ai grandi dans cette ville donc je la connais bien. Mon père était homme d’affaires à New York, quant à moi j’étais sportif de haut niveau. Lui et moi savions ce que signifiait se battre pour pouvoir vivre dans cette ville. Si vous y allez en touriste, il se peut que vous la trouviez fascinante et charmante, mais si vous y allez pour y habiter, vous découvrirez vite que nombre d’habitants sont agressifs, durs et fiers. On 12


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doit lutter pour survivre ; seuls les plus résistants y parviennent. Je suis peut-être très sévère avec les New Yorkais mais je peux vous assurer qu’il y a des rixes quotidiennes. On ressent fortement la pression et l’esprit de compétitivité dans les magasins, les bureaux, les universités, les parcs et le métro. Les New Yorkais affichent leur agressivité comme une médaille d’honneur. Je les aime puisque je suis l’un d’eux, mais en tant que missionnaire, j’aimerais percer cette agressivité pour atteindre les cœurs. J’ai constaté que la ville de New York faisait partie des champs de mission les plus résistants au monde parmi tous ceux dans lesquels Bétel travaille. J’en veux pour preuve Billy Graham qui s’exclamait : « Prêcher l’Évangile à New York c’est comme creuser dans du granit avec une pioche. » Quel trésor ai-je découvert à New York ? J’ai fait la connaissance d’un plombier du nom d’Ahmet. Mary et moi rendions visite à notre fils David, son épouse et leurs enfants. Ils dirigent Bétel Amérique. L’évier de leur cuisine était bouché et j’ai essayé de le déboucher avec un fil de fer. J’ai tellement forcé que le fil de fer a fini par transpercer la tuyauterie déjà ancienne. Tout était inondé, le meuble sous l’évier et le sol de la cuisine. En voulant aider, j’avais causé un désastre. David fit alors appel à Ahmet qui avait déjà fait des réparations du même genre dans l’immeuble. Malgré l’heure tardive, Ahmet est arrivé très rapidement. Il s’est agenouillé et a mis sa tête sous l’évier. Alors qu’il commençait à démonter la tuyauterie, une substance noire, malodorante et visqueuse s’écoula, l’éclaboussant et salissant tout autour de lui. La tuyauterie était si vétuste que le système d’écoulement venait de se rompre. Le problème était plus grand que ce qu’on pouvait imaginer. Et il se faisait tard ! Jovial, Ahmet ne se décourageait pas. Avec enthousiasme, il commença à ôter la boue noire qui l’avait éclaboussé et qui recouvrait une grande partie de la zone proche de l’évier. J’étais frappé par sa joie et son enthousiasme, malgré l’heure tardive, les difficultés et les complications. Le contraste m’intriguait. Il travaillait avec beaucoup d’enthousiasme et prenait plaisir à ce qu’il faisait. 13


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Je restai avec lui et nous avons commencé à discuter. Je le questionnai sur sa famille et son arrière-plan. Il me confia qu’il venait d’une famille musulmane, qu’il s’était converti à Christ et qu’il était maintenant membre d’une église évangélique à New York. Je lui demandai ce que sa famille pensait de sa conversion au christianisme. Il répondit que sa famille n’était pas d’accord avec sa nouvelle foi. Sa mère, surtout, avait marqué une telle opposition qu’elle lui avait dit que les musulmans n’avaient pas le droit de devenir chrétiens et qu’ils ne cesseraient jamais d’être musulmans. Au cours de la discussion, il me raconta qu’il s’était marié à une Vénézuélienne qui fréquentait l’église évangélique. Ce fut très pénible pour sa mère, qui n’avait jamais accepté que son fils épouse une chrétienne. Je lui demandai si c’est son épouse qui l’avait conduit au Seigneur et sa réponse fut : « Non, ce n’est pas elle. » Et il continua à travailler, étendu dans l’eau noire et visqueuse, la tête sous l’évier, tout en poursuivant le récit de sa rencontre avec Dieu. « Un jour, j’étais assis seul dans un parc, totalement abattu et désespéré. J’ai crié à Dieu. Je lui ai demandé de m’aider et de me consoler. D’un seul coup, il m’a rempli de son amour. Je me suis senti envahi par un amour que je n’avais jamais connu auparavant. Alors Dieu m’a dit : « Connais-tu mon fils ? » Ahmet, encore sous l’évier, fit une pause et me lança un sourire venu d’un autre monde. C’était comme un bijou précieux brillant dans la nuit. Puis il dit : « Bien que ma conversion remonte à plus de trente ans, ma famille n’a jamais accepté ma foi chrétienne. » La présence de Dieu était palpable dans la cuisine. Je vivais un moment empreint d’une grande transcendance avec Dieu. « Je comprends ton expérience et la réaction de ta mère, lui dis-je. Moi, je viens d’un arrière-plan juif. En 1971, moi aussi j’ai imploré Dieu avec la même angoisse alors que je marchais le long du fleuve Charles à Boston. Et Dieu m’a révélé Jésus-Christ – son amour, le ciel et l’enfer. Ma mère n’a jamais pu accepter que je reconnaisse Jésus comme Messie et j’ai vécu de sa part toutes sortes de rejets. » Nous avons alors entamé une conversation de plus en plus détail14


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lée et intime au sujet de nos conversions et expériences de vie chrétienne respectives. Imaginez un plombier ex-musulman étendu sur un sol tout sale avec un ex-juif à ses côtés, tous deux remplis de la lumière de Dieu, se réjouissant et partageant leur connaissance du Christ ! Sans aucun doute, le Saint-Esprit nous avait fait entrer dans la salle du banquet et il avait déployé sur nous la bannière de son Amour. Je dis à Ahmet : « Nos vies et la vie de nos familles n’ont pas été faciles, hein ? » Sa réponse me surprit. Avec un sourire, il me cita Matthieu 16.24 : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à luimême, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. »

Il avait compris la quintessence du christianisme. Je n’imaginais pas de meilleure réponse. Ahmet continua : « Nous possédons maintenant quelque chose de bien meilleur que ce que nous avons perdu. » Le plombier était simplement en accord avec la parole du Charpentier, Jésus de Nazareth. Dans Matthieu 13.44 Jésus nous dit : « Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ. L’homme qui l’a trouvé le cache ; et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il a, et achète ce champ. »

Parfois je me demande : combien de ceux qui se disent chrétiens ont réellement trouvé ce trésor ? Il est nécessaire de se poser la question : ai-je trouvé quelque chose de tellement merveilleux que je serais prêt à vendre tout ce que je possède pour l’acquérir ? Si ce que Jésus demande – tout lui donner – est encore un mystère qui nous paraît bizarre et excessif, peut-être n’avons-nous pas encore trouvé le trésor. Il y a des gens qui croient en l’existence du champ et ont peutêtre vu et touché le trésor, mais ils ne sont pas prêts à tout vendre pour l’acquérir. Le prix est trop élevé. Il n’est pas facile pour un jeune en pleine force de l’âge de tout vendre. Les attraits de sa 15


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génération, l’admiration et l’approbation de ses amis sont trop importantes. Il ne peut pas déposer tout cela sur l’autel. D’autre part, il y a les personnalités dépendantes qui ne sont tout simplement pas disposées à sacrifier les plaisirs temporels pour le trésor éternel. Par exemple, l’homme et la femme qui vivent une relation illicite ne seraient pas prêts à sacrifier cette relation pour acheter le champ. De même, l’individu attaché à ses possessions matérielles, qu’elles soient importantes ou modestes, ne s’en séparerait pas, même en ayant vu et convoité le riche trésor dans le champ. La liste est longue. L’humanité est pleine d’hommes et de femmes qui se laissent facilement influencer par les plaisirs et les tentations en tout genre, s’en servant comme excuses pour ne pas vendre tout ce qu’ils ont pour acheter le champ. Nous ne pouvons pas imaginer toute la pression et la tentation qu’Ahmet a rencontrées quand il a été confronté à la décision d’acheter ou non le champ. Les pressions que l’islam exerce sur les musulmans qui se convertissent au christianisme sont cruelles. La manière d’appliquer la loi islamique et sa discipline varie d’un pays islamique à un autre, et d’une dénomination à l’autre. D’une part, la charia est on ne peut plus brutale. L’adultère est sanctionné par 99 coups de fouet ou par la lapidation. L’apostasie – conversion de l’islam au christianisme – est, en accord avec le Coran, passible de la peine de mort, bien que la loi civile de beaucoup de pays islamiques n’appliquent pas la peine capitale aussi rigoureusement. Mais j’ai entendu de la bouche d’un homme d’Église anglais qu’en une année, presque tous les musulmans convertis au christianisme ont été assassinés par leurs propres familles, soit en Grande-Bretagne, soit dans leur pays d’origine où on les avait renvoyés. Scotland Yard s’est doté d’un département d’enquête criminelle spécialisé dans les « crimes d’honneur » parmi les musulmans. D’autre part, il arrive qu’une violation de la loi morale islamique ou une conversion soient jugées voire sanctionnées par la peine de mort sans même avoir été préalablement soumises à la justice ou à l’appréciation de la famille. Cependant, que les conséquences de 16


Le trésor oui, mais à quel prix ?

la conversion au christianisme soient radicales ou modérées, excessives ou mesurées, la conversion est toujours condamnée et elle est cause de mépris pour l’apostat qui, au minimum, peut s’attendre au rejet et à l’isolement. Souvent, une stratégie plus clémente mais très insidieuse est utilisée. On soumet le converti à de nombreuses tentations et on l’attire avec des propositions trompeuses pour essayer de le faire revenir au bercail : un nouvel emploi, une nouvelle épouse attrayante, des opportunités pour une meilleure instruction ou toute offresusceptible de le faire changer d’avis. Nous ne pouvons qu’imaginer la pression, les menaces, la corruption et la séduction auxquelles Ahmet a dû faire face quand il a annoncé à sa famille sa conversion au christianisme. Nos difficultés et tentations sembleraient insignifiantes comparées aux siennes. Cependant, quand un musulman prend la décision d’acheter le champ avec le trésor caché, il sait qu’il risque sa vie. Je me demande parfois pourquoi Dieu exige tant de nous. Je sais qu’il est amour, fidèle et juste et qu’il ne nous laissera pas être tentés au-delà de ce que nous pouvons supporter. Mais pourquoi devons-nous tout abandonner pour obtenir le trésor ? Parce que le prix est toujours celui qui représente tout ce que nous possédons. Dans Matthieu 13.44, l’homme n’a pas eu de problème avec le prix. Il n’a pas été scandalisé par le coût. Il désirait le trésor plus que toute autre chose et il a compris que sa valeur dépassait toutes ses possessions. Sans hésiter, il a réuni tout ce qu’il avait et l’a acheté. Est-ce trop radical ? Bien que cela puisse le paraître à un observateur non avisé, c’est le prix à payer que Jésus nous oppose si nous voulons entrer dans son Royaume et ce prix n’est pas négociable. Considérons la rencontre entre Jésus et les deux hommes au chapitre 10 de l’évangile de Marc.

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LE JEUNE HOMME RICHE ET LE MENDIANT AVEUGLE « Comme Jésus se mettait en chemin, un homme accourut, et, se jetant à genoux devant lui : Bon maître, lui demanda-t-il, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? Jésus lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a de bon que Dieu seul. Tu connais les commandements : Tu ne commettras point d’adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; tu ne feras tort à personne ; honore ton père et ta mère. Il lui répondit : Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. Jésus, l’ayant regardé, l’aima, et lui dit : Il te manque une chose ; va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi » (Marc 10.17-21).

Mais le jeune homme s’en alla tout triste et affligé. Cette unique exigence était trop coûteuse pour lui. Selon Luc et Marc, Jésus lui demandait quelque chose qu’il n’était ni capable ni disposé à abandonner afin de gagner le trésor dans le champ. En résumé il dit à Jésus : « J’accorde de la valeur à ton trésor, mais le mien vaut un peu plus que le tien. Je veux bien te suivre, te servir et faire partie de ton Royaume, mais cela te dérange-t-il si je pose des conditions ? Elles ne sont pas nombreuses, d’ailleurs, il n’y en a qu’une, c’est de pouvoir garder mes richesses. D’ailleurs, avec les deux trésors, le mien et le tien, je pourrais mieux te servir. » Cependant Jésus a été très clair : « Va et vends tout. » Tout c’est tout, moins est inacceptable. Pour la plupart d’entre nous, la décision d’abandonner toutes nos richesses pour acheter le champ n’est pas le problème. Nous ne sommes pas riches ! Nous devons simplement être disposés à sacrifier nos vies simples, brisées, nos péchés, notre auto-compassion, nos triomphes, notre honneur et quelques autres choses matérielles que nous possédons afin d’acheter le champ du trésor. Le coût du champ ne fut pas spécifié dans l’histoire du jeune homme riche. Pourquoi ? Parce que le prix ou le contenu exact 18


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ne sont peut-être pas importants pour le Seigneur. Les conditions du marché sont simples : nous donnons à Jésus tout ce que nous avons, le bon et le mauvais. En échange, il nous donne le champ avec le trésor caché. L’homme riche paie la même chose que le pauvre : chacun donne tout ce qu’il a. Le plus beau dans cette transaction est que tout le monde peut payer le prix. Jésus réclame simplement tout, ni plus ni moins. Alors pourquoi quelques-uns seulement acceptent l’offre ? Peut-être que le vrai problème n’est pas l’argent ni les richesses mais d’autres choses importantes. Voyons cela en détail. Nous trouvons aussi au chapitre 10 de l’évangile de Marc l’histoire d’un mendiant aveugle du nom de Bartimée (Marc 10.4752). Comparez la réponse de Bartimée à celle du jeune riche quand Bartimée découvre le trésor caché dans le champ. Jésus avait terminé de prêcher à Jéricho et, s’en allait. Entouré d’une grande foule, il passa près d’un mendiant aveugle assis au bord du chemin. Quand Bartimée se rendit compte que Jésus passait par là et qu’il entendit son nom parmi la multitude, ce nom de Jésus réveilla un désir enfoui et une espérance dans son cœur. Tout ce qu’il avait toujours désiré se trouvait dans la voix qu’il entendait et qui résonnait en son for intérieur. Bartimée sut alors que le moment était arrivé où ses rêves allaient se réaliser. Il savait que seul le Charpentier pouvait lui rendre la vue. Bartimée implora : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » La foule essaya de le faire taire et de le dissuader pour ne pas déranger Jésus. Le monde, la religion, et même les croyants les plus fidèles essaieront de faire obstacle sur notre chemin en nous persuadant de ne pas déranger, de ne pas être téméraires. En réalité, ils lui disaient : « Qui es-tu pour croire qu’un pauvre mendiant aveugle puisse attirer l’attention du Maître ? » Mais même ainsi, rien ne le décourageait. Bartimée insista contre l’opinion populaire en suppliant d’une manière encore plus pressante : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » Jésus entendit le cri du cœur de Bartimée, s’arrêta et dit : « Appelez-le. » Quand il sut qu’il avait été entendu et 19


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appelé par Jésus, il reprit courage, se leva, lâcha son manteau (son unique objet de valeur) et vint vers Jésus. Jésus le regarda et lui dit : « Que veux-tu que je te fasse ? » Bartimée répondit : « Rabbouni, que je recouvre la vue » (Marc 10.47-52). L’Écriture indique clairement que le jeune homme riche était bon et que Jésus l’aimait. Nous ne savons pas grand-chose de Bartimée, nous ne savons pas s’il était bon ni s’il obéissait à la loi de Moïse. Ce que nous savons c’est qu’il avait désespérément besoin d’aide. Jésus a offert le même trésor aux deux hommes et il aurait accepté le paiement de chacun d’eux : les richesses et la piété sincère du jeune riche d’une part, les haillons et le pauvre corps de Bartimée d’autre part. Il se trouve que seul le mendiant a acheté le champ. Peut-être qu’une juste perception de notre besoin, et la profonde conviction que Jésus seul peut y répondre sont les qualités uniques qui nous donnent le courage de tout vendre et d’acheter le champ. Quand nous voyons Jésus tel qu’il est et que nous nous voyons tels que nous sommes, c’est alors avec plaisir et enthousiasme que nous échangeons nos vies et nos pauvres biens contre le trésor de son Royaume éternel. Le jeune homme riche s’en alla tout triste, non pas parce qu’il était riche, mais parce qu’il ne savait pas à quel point il se trouvait dans le besoin. Quant à Bartimée, il s’éloigna satisfait et rassasié parce qu’il avait compris à quel point il avait besoin de Jésus.

AS-TU REMARQUÉ MON SERVITEUR JOB ? Regardons la vie d’un autre homme riche qui un jour se retrouva assis par terre, brisé et couvert de plaies et de cendre. Job était l’homme le plus riche de la terre au temps des patriarches. En outre, ce fut un homme pieux. S’il avait vécu au xxie siècle, il aurait pu être Bill Gates, quelqu’un non seulement de riche, mais d’immensément riche. L’histoire de Job commence non pas sur terre mais dans le ciel. Un certain jour, Satan osa se présenter devant la cour céleste :

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Le trésor oui, mais à quel prix ?

« L’Éternel dit à Satan : D’où viens-tu ? Et Satan répondit à l’Éternel : De parcourir la terre et de m’y promener. L’Éternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a personne comme lui sur la terre ; c’est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. Et Satan répondit à l’Éternel : Est-ce d’une manière désintéressée que Job craint Dieu ? Ne l’as-tu pas protégé, lui, sa maison, et tout ce qui est à lui ? Tu as béni l’œuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays. Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu’il te maudit en face » (Job 1.7-11).

À la lecture de l’histoire de Job, il est clair que Dieu l’a aimé, béni et protégé. Dieu était très fier de son serviteur, il vanta même sa loyauté et sa dévotion à Satan. Suite à la moquerie de ce dernier : « Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu’il te maudit en face » (v. 11), le Seigneur permit à Satan de dépouiller Job de sa richesse, ses possessions, ses serviteurs, ses enfants, ses amis et même sa réputation. Quand Dieu fut défié par Satan la deuxième fois, pour tester le caractère de Job, il dit à Satan : « Il demeure ferme dans son intégrité, et tu m’excites à le perdre sans motif » (Job 2.3). Le livre de Job est généralement considéré comme le plus ancien de la Bible. Job et son histoire sont contemporains de l’époque d’Abraham. Pendant plus de quatre mille ans, le peuple de Dieu a lutté pour comprendre l’histoire et la souffrance de Job. Comment un Dieu bon et tout-puissant peut-il laisser souffrir le juste ? La réponse est cachée dans le livre de Job et dans toutes les saintes Écritures. Je ne peux pas dire que je l’ai découverte mais je crois que j’ai commencé à percevoir vaguement de quoi il s’agissait. Sans doute la raison est que Dieu nous aime comme il aimait Job et qu’il veut nous donner plus, une « double portion », un trésor. Il veut nous donner une plus grande et une plus profonde révélation de lui-même ; il veut nous faire grandir, bénir notre famille et notre semence. Il veut nous donner de vraies richesses et 21


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nous rendre riches dans tous les sens du terme. Bref, il veut nous conduire dans la salle du banquet. Que fit Dieu pour et à cause de Job, pour aider l’homme « le plus riche de l’Orient » à prendre conscience de son réel besoin ? Dieu prit pour lui une décision à caractère exécutoire. Il le dépouilla de tout sauf de sa vie physique et de son intégrité. Je crois que Dieu savait que, si l’on avait demandé à Job avant sa ruine et sa souffrance, de vendre tout et d’acheter le champ avec le trésor caché, il lui aurait été difficile de tout mettre sur l’autel. Cependant, le Seigneur avait confiance dans son serviteur et savait sans aucun doute qu’en dernier ressort il payerait le prix. Dans un acte d’amour, Dieu permit à Job de souffrir et d’être affligé injustement par l’ennemi de nos âmes, pour qu’il puisse désirer un bien plus grand et plus élevé. Avons-nous parfois considéré que les difficultés que Dieu permet dans cette vie peuvent être en réalité des manifestations de son amour ? Que dis-je ? La perte de santé, de richesses, de famille, d’amis, toutes les fausses accusations contre nous et les menaces contre notre intégrité peuvent-elles être le prix du champ et le coût du trésor ? Est-il possible que Dieu nous aide à payer le prix ? Peut-être que nous n’arrivons pas toujours à comprendre le mystère des traitements de Dieu, mais nous ne devons jamais douter de ses motifs. La femme de Job ne l’a pas compris, elle a maudit Dieu et s’est moquée de l’intégrité de Job et de sa foi inébranlable. En réalité elle dit : « Dieu est cruel et tu es un innocent, un imbécile. Fâche-toi contre Dieu. Maudis-le et meurs. » Quelle fut la réponse de Job ? « Tu parles comme une femme insensée. Quoi ! nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ! En tout cela Job ne pécha point par ses lèvres » (Job 2.10).

Nous connaissons tous la suite de l’histoire. Permettez-moi de la décrire à la lumière de ce que nous avons vu dans les histoires du jeune homme riche et de l’aveugle Bartimée. Mettons des paroles 22


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dans la bouche de Job : « J’ai toujours désiré le champ et le trésor. Cependant, ce n’est que lorsque Dieu, dans son amour, m’a dépouillé et m’a laissé nu que j’ai été disposé à payer la totalité du prix pour acquérir le champ. J’ai souffert et j’ai beaucoup appris pendant ce cheminement. Maintenant je suis préparé pour perdre, dépenser, tout sacrifier et pouvoir gagner Dieu et son Royaume éternel. Bien que je continue à ne pas comprendre ses chemins, je sais qu’il est bon et qu’il m’aime, quoique maintenant je n’aie rien d’autre à lui donner que ma vie brisée. Il accepte le peu qui me reste comme paiement pour son grand trésor, qui est Dieu lui-même. Depuis longtemps mes oreilles l’avaient entendu, mais maintenant mes yeux le voient et je considère tout ce que j’ai perdu comme poussière et cendres, comparé au trésor qui est à moi maintenant. »

COMBIEN ÊTES-VOUS PRÊT À PAYER POUR LE TRÉSOR ? Demandez-le à Ahmet le plombier et il vous répétera ce qu’a dit le Charpentier : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à luimême, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive » (Luc 9.23).

Le prix est le même pour chaque homme. Peu importe que vous soyez un plombier musulman, un juif américain, un jeune riche, un mendiant aveugle, ou l’homme le plus riche de l’ancien et du nouveau monde – tous doivent payer le prix fort. Cela en vaudra-t-il la peine ? Demandez à nouveau au plombier, et il vous dira : « Nous possédons maintenant quelque chose de bien meilleur que ce que nous avons perdu. »

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SUIVRE DIEU JUSQU’AU BOUT « Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ » (Matthieu 13.44). Qui ne connaît pas la parabole du trésor caché ? Si nous sommes le trésor caché dans le monde, l’homme qui l’a trouvé, l’a payé d’un grand prix : Jésus a tout donné, il a donné sa vie ! Mais si c’est nous qui sommes en quête du trésor, le Royaume des cieux, quel prix sommes-nous prêts à payer pour l’obtenir ? Elliott Tepper connaît le prix de ces leçons durement apprises sur le front. Il parle d’épreuves et aussi de la prospérité réservée aux amoureux de Jésus. Car être chrétien, c’est tomber amoureux de celui qui s’est donné et se donner entièrement en retour. Simple, mais ô combien coûteux ! Vous tenez en vos mains un petit livre qui risquerait bien de vous faire faire un pas de géant. Êtes-vous prêt à payer le prix ? Elliott Tepper est membre fondateur de Betel, une association créée en Espagne pour venir en aide aux drogués et aux marginaux. Il est aussi le pasteur principal de l’église Iglesia Betel de Madrid. Ce livre est le premier de l’auteur paru en français.

ISBN : 978-2-7222-0346-4

13.00 € TTC www.clcfrance.com

Réf. : CLCS150

Vie chrétienne / Disciple


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