Dix femmes qui ont surmonté leur passé

Page 1


DAYSPRING MACLEOD

QUI ONT SURMONTÉ LEUR PASSÉ

© 2024, éditions Vida

CLC–BP 9 – F-26216 Montélimar Cedex

vida@clcfrance.com – www.vida-editions.com

ISBN : 978-2-38391-243-9 (papier) / 978-2-38391-976-6 (epub)

Responsable éditoriale : Claire Trestour

Titre original : Ten Women Who Overcame Their Past

© 2022 Christian Focus Publication Ltd.

Geanies House Fearn, Tain Ross–shire IV20 1TW

Traduit de l’anglais par Fanny Sainte-Rose

Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Louis Segond révisée, dite « à la Colombe ».

Diffusé en Belgique par la Centrale Biblique

Diffusé au Canada par CLC Canada

Diffusé aux États-Unis par CLC USA

Diffusé en Suisse par RDF Édition

Tous droits réservés. Toute reproduction ou transmission, totale ou partielle, par voie électronique, mécanique ou autre, ainsi que tout enregistrement ou photocopie, sont interdits sans le consentement préalable de l’éditeur.

Couverture : Jennyfer Val

Dépôt légal : juillet 2024

Impression n° xxx (juin 2024) • IMEAF • F-26160 La Bégude de Mazenc www.imeaf.com

Mots-clés : 1. Femmes

2. Témoignage. Édification

3. Développement personnel. Relation. Luttes

Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, j’ai beaucoup de choses à vaincre dans ma vie. Des péchés, des souffrances, des chagrins, et j’en passe. Dans 10 femmes qui ont surmonté leur passé, Dayspring MacLeod nous fait découvrir des femmes qui, tout au long de l’histoire chrétienne, ont dû faire face à des situations difficiles, des épreuves douloureuses, et des péchés asservissants. Dans ces histoires, nous voyons des femmes qui ont vaincu, non par leur propre pouvoir ou leurs propres forces, mais plutôt par l’œuvre de rédemption de Christ en leur faveur. En lisant 10 femmes, vous ferez la connaissance de sœurs en Christ dont la vie et le témoignage vous encourageront et vous prépareront à vous tourner vers Christ, l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection.

Auteur de A heart Set Free : A Journey To Hope Through The Psalms Of Lament et de Tell God How You Feel

Nous avons toutes des défis à relever. Nous devons nous frayer un chemin sans laisser nos difficultés définir qui nous sommes, et marcher par la foi en faisant confiance à notre Seigneur souverain. Plus facile à dire qu’à faire. À l’évidence, certaines difficultés peuvent paraître écrasantes. La lecture de 10 femmes qui ont surmonté leur passé donne matière à réflexion.

Le livre nous présente dix femmes très différentes, avec dix luttes très différentes, mais qui servent le même Seigneur, lequel est à l’œuvre dans chaque situation pour se glorifier. Tandis que les lectrices réfléchissent aux innombrables questions soulevées dans le livre, Dayspring MacLeod pose une question et y répond : peut-on porter du fruit ? Gloire à Dieu, la réponse est oui. Quel encouragement pour chacune d’entre nous !

Mary K. Mohler

Auteur de Growing In Gratitude

Directrice du Seminary Wives Institute [Institut pour les femmes de pasteurs]

Combien parmi nous se demandent à quoi sert notre souffrance ? Nous nous demandons : Dieu peut-il vraiment l’utiliser ? Dayspring nous aide à voir la réponse biblique, qui est : OUI. En Christ, nous sommes aimées, courtisées, rachetées. Nous bénéficions d’un héritage familial qui ne sera jamais perdu, même si nous nous sentons perdues et anéanties à cause de

notre situation. Ne passez pas à côté de la lecture de 10 femmes qui ont surmonté leur passé et vous vous réjouirez dans notre Seigneur et Sauveur rédempteur et victorieux, lui dont le joug est facile et le fardeau léger.

Kristen Wetherell

Auteur de Humble Moms, Fight Your Fears, et co-auteur de Hope When It Hurts

1. Le péché

2.

3.

4.

5.

6.

7.

8.

9.

Table des matières

Pour Flòraidh, quand les choses vont mal : pour t’aider à marcher avec celui qui est réellement vainqueur.

Préface

En grandissant, les jeunes ont une conscience aigüe du monde dans lequel ils vivent. Parfois, les adultes autour d’eux ferment leurs yeux sur cette vérité, mais heureusement, ce n’est pas le cas de Dayspring MacLeod, qui signe ce livre. Au moyen de récits de femmes chrétiennes du passé et du présent, elle aborde les sujets difficiles auxquels sont confrontés les jeunes adultes dans les médias, à l’école et dans leurs études, dans leur groupe d’amis, et également, c’est vrai, dans leur église.

Les relations peuvent être un terrain miné, de l’identité sexuelle aux mariages ratés, d’un veuvage brutal aux défis du célibat. À chaque sujet abordé, les lectrices découvrent que ce n’est pas un problème de poser les questions difficiles. La Bible ne fuit pas la réalité, et les chrétiens ne devraient pas non plus la fuir. Toutes ces questions sont explorées sous l’angle de la Bible.

Dans la vie, il y a d’autres complications que les relations, comme entre autres, le pardon, les troubles de l’alimentation et la maladie. Le livre ne donne pas de réponses toutes faites, mais il montre que dans la vraie vie de femmes réelles, il y a une solution aux problèmes qui se présentent, et il montre aussi que Dieu est fidèle à ses promesses, même dans les jours les plus sombres.

Le puissant trio des fausses croyances, de la propre justice et de la peur des hommes complète l’ouvrage. À nouveau, l’auteur cite la vie de femmes qui, au fil des siècles, ont affronté ces problèmes, afin de montrer aux femmes d’aujourd’hui qu’elles ne sont pas seules, que d’autres sont là pour elles, et que Dieu ne les décevra pas.

Chaque chapitre se termine par la question : « Est-ce que je peux porter du fruit ? » avec une série de questions à prendre en compte. La réponse à la première question est un « oui » réconfortant. Les dernières questions nourriront les conversations futures de la lectrice et ses amies.

Moi qui ai passé plusieurs années à écrire la série des Dix garçons, Dix filles pour les jeunes enfants, je me réjouis de voir Dayspring MacLeod prendre le relais en écrivant pour des adultes. J’ai eu le privilège de lire ses premières réussites littéraires et de l’encourager dans cette voie.

Septembre 2021

Introduction

Pensez aux femmes de la Bible. Laquelle vous semble être un modèle en matière de victoire sur son passé ? Parmi les premiers noms qui vous viennent à l’esprit, il y a peut-être Rahab (une ancienne prostituée devenue un pilier de la jeune nation d’Israël), Marie-Madeleine (une femme qui avait été possédée), Marie, la mère de Jésus (et sa scandaleuse grossesse hors mariage), ou la femme au puits (« qui passait du bras d’un homme à un autre»).

Quand j’ai commencé à réfléchir aux femmes de la Bible, j’ai découvert qu’elles étaient très nombreuses à avoir un « passé négatif ».

Sara était une maniaque du contrôle. Rébecca avait fait preuve d’un favoritisme extrême envers ses enfants. Léa avait souffert d’un rejet constant. Anne avait connu l’infertilité et le harcèlement. Abigaïl avait eu un mariage horrible. Miryam, impatiente, avait tenté de s’arroger l’autorité, au lieu de reconnaître l’œuvre, moins rapide, que Dieu accomplissait par l’intermédiaire de son frère. Esther l’orpheline sortait d’une enfance marquée par la pauvreté et la peur. Mais de tous les « passés négatifs » de la Bible, c’est celui de Naomie qui me fait le plus réfléchir. Naomie n’avait pas porté son « passé négatif » toute sa vie. Elle n’était pas née esclave, et n’avait pas non plus été contrainte à se prostituer dès son jeune âge. Non, l’épreuve de sa vie commença une fois devenue une épouse et une mère accomplie. Une épreuve terrible: Naomie vit les ravages épouvantables de la famine dans son propre pays. Elle devint une réfugiée. Avec son mari, elle fit de mauvais choix concernant sa famille. Elle laissa notamment ses fils épouser des femmes qui ne partageaient pas leur foi. Son mari et ses deux fils moururent loin de chez eux. C’est ce dernier malheur qui fut à l’origine de l’amertume

de Naomie. Une amertume si dévorante qu’elle en fit son identité. Elle insista pour qu’on l’appelle Mara (amère). Elle brandissait ce nom pour repousser quiconque affirmait l’aimer encore. Elle perdit l’espoir et la foi, et elle pensait ne plus jamais revoir la faveur de Dieu.1

Naomie n’aurait jamais pu retrouver la joie de la présence de Dieu par ses propres moyens. Mais Dieu ne cessa de la poursuivre, de manière incroyable. Il manifesta sa sollicitude envers elle par le biais de la patience d’une belle-fille dévouée et de la générosité de Boaz. Naomie put ainsi reconnaître que ce n’était pas l’amertume qui la définissait. Oublia-t-elle pour autant la mort de ses êtres chers, le traumatisme qu’avait été son statut de réfugiée, et le fait qu’elle s’était éloignée de la loi de Dieu ? Le chagrin demeura certainement toute sa vie, avec le regret du mal qu’elle avait fait, à elle et à sa famille. Mais quand Dieu lui rappela qu’il avait encore un avenir pour elle, elle eut l’occasion d’échapper au désespoir et recommença à le servir joyeusement. Avec le recul historique que nous avons, nous savons quelque chose que Naomie ne vit jamais de son vivant : Dieu n’en resta pas là dans la bénédiction de sa famille, car après seulement deux générations, le roi David naquit, et plus tard, cette bénédiction se concrétisa par la naissance de Christ. Dieu avait employé Mara, « Amère, » pour intégrer à sa famille une veuve étrangère qui aurait une place parmi les ancêtres du Messie. Dieu seul pouvait concevoir quelque chose d’aussi inouï !

Vous avez peut-être commis des erreurs dans votre vie, et traversé des situations terribles. Peut-être vivez-vous des épreuves en ce moment-même. Vous avez peut-être l’impression que cette épreuve définit qui vous êtes. Mais sachez que Dieu n’est pas limité par la définition que vous avez de vous-même, par ce que vous pensez être votre identité, ou par le sentiment que vous avez de ne servir à rien, d’être une ratée ou une victime. Et il ne veut pas que vous le soyez non plus. Si vous connaissez Jésus, alors vous êtes son héri-

1. On peut lire cette histoire dans le livre de Ruth.

tage durement gagné, son épouse sans tache, et votre avenir est à la fois certain et radieux. Il veut que vous lui laissiez vos péchés, vos échecs et vos traumatismes, afin de devenir libre de servir. Il veut rendre votre joug aisé, en porter le poids lui-même, pendant que vous restez attelée avec lui, à marcher d’un même pas à ses côtés.

Vous avez peut-être des années, beaucoup d’années même, qui ont été dévorées par les sauterelles. Jésus a le pouvoir de les changer en un héritage de grâce, au point où vous vous souviendrez des pires moments avec joie, quand vous verrez comment il a agi. En examinant comment d’autres femmes du royaume de Christ ont pu prendre un nouveau départ en lui, vous serez encouragée tandis que vous avancez sur votre propre sentier de joie et de liberté. Vous apprendrez à laisser Dieu faire son œuvre en vous lors des moments précieux de l’épreuve, au lieu de résister à la souffrance et aux leçons. Vous apprendrez à lui faire davantage confiance, à vous attacher davantage à lui, et à lui confier vos fardeaux. Vous verrez que vous êtes précieuse, bien-aimée, sans tache ni ride devant celui qui est saint. Vous qui luttez, je voudrais vous encourager à répéter ces vérités encore et encore, notamment en citant les Écritures. Elles ont une puissance infinie pour balayer les mensonges de Satan qui vous suggèrent que le passé ne cessera jamais de vous mettre plus bas que terre. En réalité, la victoire, la liberté, la vie en abondance, la productivité : tout cela vous appartient encore.

D’abord, un petit mot sur celles qui tireront parti de ce livre. Vous irez peut-être d’abord vers le sujet qui parle davantage à votre situation, mais je crois vraiment qu’il y a quelque chose pour vous dans chaque chapitre. Vous n’êtes peut-être pas attirée par les femmes comme Rosaria Butterfield, mais vous avez certainement eu à lutter contre des tentations sexuelles. Vous n’avez peutêtre jamais souffert de troubles de l’alimentation comme Christie Dondero Bettwy, mais vous avez probablement cherché à exercer un contrôle malsain sous d’autres formes. Nous avons toutes à lutter contre nos natures pécheresses, et l’histoire de chaque femme s’applique à ces questions. Autant que possible, j’ai voulu laisser ces

femmes raconter leur histoire à leur façon. Laissons-nous enseigner ensemble tandis que nous explorons les histoires de nos sœurs en Christ.

1

Le péché sexuel et l’identité

Qui suis-je ?

Nous avons toutes une histoire que nous nous racontons sur qui nous sommes. Et ça commence généralement par l’endroit d’où nous venons, à quel groupe nous « appartenons » et ce que nous faisons dans la vie.

Je suis une femme, américaine, la trentaine, qui vit en Écosse. Je suis mariée, j’ai trois enfants, et je suis écrivain. Ce résumé vous informe sur ma place dans la société, et sur mes liens avec ceux qui me sont les plus proches. Il m’oriente sur le plan de mon insertion dans le collectif. Si on va un peu plus loin, on pourrait aussi ajouter : Je m’intéresse à la politique mais je ne suis pas politisée, je suis passionnée d’histoire et de littérature, et je suis une grande fan de comédies musicales. Les mèmes internet me remontent le moral quand je passe une mauvaise journée. Je ne dis jamais non à du chocolat, mais je ne dis jamais oui à une salade de fruits. Mes biens les plus précieux sont mes décorations de Noël.

Mon identité, c’est la partie de moi que je présente aux inconnus : quelques informations essentielles qui leur permettent de me

comprendre un minimum. En apprenant à me connaître, les gens découvrent ensuite ma personnalité : les informations que je garde pour moi, car elles sont sensibles, aimables ou déplaisantes, acceptables ou inacceptables.

Nous vivons dans une société marquée par l’introspection et l’individualisme, et nous passons un temps considérable à réfléchir à la manière dont nous nous définissons et à qui nous nous identifions. L’une des lignes de fracture les plus nettes à être apparue au cours de cette évolution est l’idée d’identité sexuelle. Dans l’Église du vingt-et-unième siècle, l’un des penseurs les plus influents sur le sujet est une femme, Rosaria Butterfield. Dans les années 1990, Rosaria Butterfield était professeur d’anglais à l’université Syracuse, dont elle fréquentait assidûment les communautés lesbiennes et féministes. Dans son deuxième livre, Openness Unhindered, elle résume son parcours, elle qui se définissait par rapport à son genre et à sa sexualité, et qui a finalement trouvé son identité « en Christ. »

Je laisse la parole à Rosaria

Entre l’âge de vingt-deux et vingt-huit ans, j’ai continué à sortir avec des hommes tout en ayant ce sentiment de désir et de relation qui débordait pour mes amies femmes, notamment celles qui faisaient partie de ma communauté grandissante de lesbiennes et de féministes.

Je n’ai jamais détesté les hommes. C’est juste qu’ils n’attiraient pas mon attention de manière aussi marquée ou profonde. Je n’ai jamais rêvé de me marier ou d’avoir des enfants. Je me considérais comme hétéro. Les hommes m’aimaient bien. J’acceptais les avances sexuelles, mais je me demandais avec beaucoup de curiosité ce que cela ferait d’être avec une femme.

Cette sensibilité lesbienne prit racine et grandit. Je préférais alors la compagnie des femmes. Un peu avant mes trente ans, nourrie de philosophie féministe et de militantisme po-

litique LGBT, ma préférence en matière d’homosocialité se changea en réelle homosexualité. Le changement fut subtil, mais pas surprenant. Mon identité lesbienne et mon amour pour la communauté LGBT se développa parallèlement à ma pratique sexuelle lesbienne. La vie commençait enfin à avoir un sens et à ressembler à quelque chose.

Ma vie de lesbienne semblait normale. Je la considérais comme un chemin éclairé, choisi. Je ressentais mon homosexualité comme une pratique sexuelle plus saine et plus morale. J’avais toujours préféré la symétrie à l’asymétrie, alors je croyais avoir trouvé mon vrai moi. Dans ma communauté lesbienne, beaucoup d’autres femmes avaient connu une période hétérosexuelle. Nous pensions que c’était dû au fait que l’hétérosexualité était devenue obligatoire, comme le disait Adrienne Rich, poète lesbienne et professeur d’anglais. La première fois que je suis tombée amoureuse d’une femme, je me suis dit que j’avais trouvé ma véritable identité. J’étais accro, et je n’avais aucune intention de faire marche arrière. Et mon éducation catholique ? Je croyais à alors que la foi en Dieu n’était qu’une superstition, intenable intellectuellement.

Le nom de Jésus, que mes lèvres avaient si souvent prononcé étant petite, et qui m’avait laissée indifférente une fois à l’université, me faisait désormais horreur.

Nous avions, avec ma deuxième partenaire, de nombreux centres d’intérêt essentiels : activisme contre le SIDA, santé et alphabétisation des enfants, sauvetage de golden retrievers, et notre Église unitarienne universelle, entre autres. On ne pouvait que reconnaître que nous étions de bonnes citoyennes qui prenaient soin des autres. La communauté LGBT attache beaucoup d’importance à l’hospitalité et elle la met en pratique avec savoir-faire, sacrifice et intégrité. Et en effet, j’ai pu perfectionner les dons d’hospitalité dont je me sers aujourd’hui en tant que femme de pasteur dans ma communauté queer.

J’ai entamé des recherches sur la Droite chrétienne et sur leur politique de haine à l’égard des personnes comme moi. Pour ce faire, j’ai commencé à lire la Bible, tout en cherchant un spécialiste qui pourrait m’aider à lire ce livre compliqué.

J’ai constaté que la Bible était un ensemble intéressant comprenant des genres littéraires de toutes sortes. On y trouvait de la poésie osée, de la philosophie insondable et compliquée, et des récits captivants. Elle incarnait aussi une vision du monde que je détestais. Le péché. La repentance. Sodome et Gomorrhe. Ridicule.

À cette époque-là, les Promise Keepers, association chrétienne pour hommes, arriva en ville et installa son petit chapiteau à l’université. Dans ma guerre contre la bêtise, j’écrivis un article qui fut publié dans le journal local. C’était en 1997.

Beaucoup de chrétiens détestèrent l’article, et beaucoup m’écrivirent des lettres pour me dire que j’irai en enfer. Cependant, une des lettres, envoyée par un certain Ken Smith, sortait du lot. J’appréciai son ton. Et son auteur était un voisin. Je répondis à une seule lettre, la sienne, et Ken et moi sommes devenus amis. De vrais amis. Pas une amitié pour évangéliser. Pour Ken, je n’étais pas un projet. J’étais sa voisine. Il m’apprit que pour les chrétiens, les voisins sont importants.

Avec cette lettre, Ken initia une période de deux années de rapprochement entre l’Église et moi. Oh, j’avais eu ma dose de versets bibliques écrits sur des pancartes brandies lors des Marches des fiertés. Ces chrétiens se moquaient de moi pendant la Journée des fiertés, et se réjouissaient que moi et tous ceux que j’aimais aillent en enfer, c’était on ne peut plus clair. Mais la lettre de Ken ne se moquait pas de moi. Elle m’intrigua. Alors quand il m’invita à dîner chez lui pour discuter plus avant de ces questions, j’acceptai. Mes motivations à ce moment-là étaient claires : ce serait profitable pour mes recherches.

Au moment du repas, Ken pria. Jamais je n’avais entendu quelqu’un prier ainsi. Sa prière était pleine d’intimité, de vulnérabilité. Il se repentait de son péché en ma présence. Il remercia Dieu pour toutes choses. Le Dieu de Ken était saint et ferme, mais en même temps plein de compassion. La première fois que je suis allée manger chez eux, Ken et Floy ont sauté deux étapes importantes dans le mémento du chrétien quand il doit gérer des païens de mon espèce : 1) ils n’ont pas partagé l’évangile avec moi, et 2) ils ne m’ont pas invitée à l’église. Cette entorse au mémento du chrétien, tel que je me l’imaginais, m’a convaincue, quand Ken m’a tendu la main dans un geste d’amitié, que je ne risquais rien si je la lui serrais.

J’ai commencé à voir Ken et Floy régulièrement, à lire la Bible sérieusement, crayon en main et carnet sur les genoux. Je dévorais ce livre. Je suis devenue proche d’un membre de l’Église, un homme de mon âge avec la même histoire compliquée de péché sexuel, mais qui avait fait une profession de foi et était devenu un disciple de ce Dieu-homme, Jésus. Il m’a aidée avec ma lecture de la Bible et mes questions. Un an plus tard, cet homme et moi étions fiancés (c’est une longue histoire, et pour la connaître, vous devrez lire Les pensées secrètes d’une convertie insolite1). Quand il m’a laissée tomber, je savais que je n’appartenais qu’à Christ. Je serai éternellement reconnaissante pour ce gadin qui fut aussi une leçon, mais également pour ce qu’il m’a montré : comment lire la Bible, par blocs, de la Genèse à l’Apocalypse, et ce, plusieurs fois par an.

La première année, c’est de cette manière que j’ai lu la Bible, en avançant des arguments contre sa politique sexiste et ses déclarations sur l’esclavage. Mais j’ai persévéré. Peu à peu, avec le temps, et à ma grande surprise, la Bible a commencé à

1. Butterfield Rosara Champagne, Les pensées secrètes d’une convertie insolite, Impact, 2016.

prendre vie, à prendre sens. Plusieurs de mes paradigmes éculés ne tenaient plus. Tandis que j’étudiais la Bible, je trouvais des réponses aux accusations que j’avais proférées au départ.

La Bible déclare être le manuel de l’espèce humaine. Je haïssais cette description, mais une partie de moi commençait à voir que Genèse 3 et Romains 1 se détachaient comme la table des matières de ce qui fait souffrir le monde. En fait

Romains chapitre 1 ne se termine pas en pointant l’homosexualité comme l’exemple le plus grave et le plus extrême du péché, bafouant la gloire de notre Créateur. Observez ce passage dans sa progression : :

Ils sont remplis de toute espèce d’injustice, de méchanceté, de cupidité, de perfidie ; pleins d’envie, de meurtre, de discorde, de fraude, de vice ; rapporteurs, médisants, impies, emportés, orgueilleux, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents, sans intelligence, sans loyauté, sans affection, sans indulgence, sans pitié. Et bien qu’ils connaissent le décret de Dieu, selon lequel ceux qui pratiquent de telles choses sont dignes de mort, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les pratiquent (v. 29-32).

L’homosexualité n’est donc pas l’aboutissement du problème, pour Dieu ou pour le monde. Mais elle est ici présentée comme l’une des étapes du chemin. L’homosexualité semblait alors une conséquence, et non une cause. L’homosexualité, du point de vue de Dieu, est une conséquence éthique du péché originel, enracinée dans l’identité. Des milliers d’années avant ma naissance, dans le jardin, quand le péché est entré dans le monde, la chute d’Adam a faussé mes émotions profondes et primaires. Elles sont devenues peu fiables et fausses. D’après la Bible elle-même, l’homosexualité, ainsi d’ailleurs que le péché hétérosexuel que j’avais commis, n’était pas la racine de tout péché, et pas même la racine de mon péché. Le livre de Romains me l’avait déjà assuré : le péché sexuel est le fruit de quelque chose de plus grand que son propre désir.

J’avais enseigné, étudié, lu et vécu une notion totalement différente de l’homosexualité.

Pour la première fois de ma vie, je me suis demandé si j’avais tort.

Coupée net dans mon élan, le choc fut brutal.

Curieusement, il était plus facile de détester la Bible quand elle m’envoyait des uppercuts. Quand elle semblait me pointer du doigt, m’opprimer ou me marginaliser, moi et les gens comme moi, il était plus facile de la rejeter. Mais maintenant qu’elle faisait partie de moi, elle devenait un ennemi d’un genre différent, plus menaçant.

Pendant deux ans, j’étais tiraillée entre deux mondes et deux vies. Certains jours, je me considérais comme la pire des hypocrites. Parce que c’était le cas. D’autres fois, j’étais une vraie progressiste, qui aimais ces personnes si différentes de moi et qui les fréquentais. Et ça aussi, c’était le cas.

Est-ce que je jouais un double jeu ? Est-ce que j’évaluais les conséquences ? Oui. Les deux.

Cette situation a duré des années et des années. Et puis quelque chose s’est produit. Dans mon cœur. La Bible est devenue plus grande que moi. Elle a inondé ce monde qui était le mien. Je l’ai combattue de toutes mes forces.

J’ai alors prié […] pour que Dieu me donne la volonté d’obéir avant de comprendre. J’avais trop peur de commencer par ma sexualité, cela semblait trop impossible. Alors j’ai commencé par Jésus. J’ai prié pour que Dieu prenne plaisir à révéler son Fils en moi. J’ai prié pour devenir un réceptacle de Jésus. J’ai prié pour que Dieu fasse de moi une femme pieuse, et puis j’ai éclaté de rire devant la folie de cette prière. J’ai prié pour que Dieu me donne la foi de me repentir de mon péché à sa source. Quelle était la racine de mon péché ?

Comment se repentir d’un péché alors qu’on n’a pas du tout l’impression qu’il s’agit d’un péché, mais plutôt d’une vie

normale, pas du genre qui importune les autres ? Comment en étais-je arrivée là ? Quelle était la racine du péché d’identité sexuelle ? Le lesbianisme n’était pas seulement la sexualité que j’aimais. Le lesbianisme englobait toute une série de sentiments et de perceptions, de traits de caractère et de sensibilités. De plus, j’étais envahie d’émotions contradictoires car, d’après la Bible, ce que j’appelais communauté, Dieu, lui, appelait ça idolâtrie.

Je ne savais pas quoi faire, alors j’ai prié comme j’avais entendu Ken prier. Il faisait souvent appel au Seigneur pour lui enseigner telle ou telle chose. Alors j’ai prié pour que le Seigneur m’aide à voir ma vie comme lui la voyait. C’est à ce moment-là que quelque chose m’a frappé. En regardant autour de moi, j’ai vu des douzaines d’affiches, de tee-shirts, de tasses à café LGBT. Le drapeau qui flottait sur ma terrasse couverte était un drapeau des fiertés.

La fierté était devenue ma meilleure amie. Dans le monde LGBT, nous définissons celle-ci comme une saine estime de soi. Mais quelque chose commençait à se fissurer et j’ai osé me demander : étais-je en train de dompter un tigre ? Sans la fierté gay, où serais-je ? Où serions-nous tous ? Dans la communauté LGBT, le contraire de la fierté, de l’orgueil, c’était la haine de soi. Mais dans la Bible, le contraire de l’orgueil, c’est la foi. La fierté me séparait-elle de la foi, ou bien me séparait-elle de la haine de soi ?

C’est là que la question s’est imposée, pareille à quelqu’un qui met le pied dans la porte : La fierté avait-elle déformé mon estime de soi, comme la luxure déforme l’amour ? Ce fut la première de mes nombreuses trahisons à l’encontre de la communauté LGBT : à quel dictionnaire est-ce que je me fiais ? Celui qu’utilisait ma communauté, et auquel je contribuais, ou celui qui reflétait le Dieu qui m’avait créée ? Dès que la question a pris forme, j’ai été convaincue du péché d’orgueil. L’orgueil, la fierté, voilà ce qui fut ma ruine. Je de-

mandais à Dieu de me permettre de me repentir de mon orgueil, à sa racine.

Et puis, un jour semblable à tous les autres, je suis venue à Jésus. Dans l’Église presbytérienne réformée, il n’y a pas d’appels, ce qui veut dire pas de fanfare ni de manipulation non plus. Nous chantions un cantique inspiré de Psaumes 119:56 : « Cela m’appartient, car j’observe tes préceptes à jamais. » Dans ma tête, deux murs porteurs tombèrent. Le premier mur s’effondra parce qu’en chantant cette phrase, je venais de me condamner. Cette Bible ne m’appartenait pas. Je l’avais méprisée, maudite et rejetée.

C’est là que le deuxième mur s’écroula : j’avais lu la Bible de nombreuses fois, du début à la fin, et je vis qu’elle avait un auteur saint. Je vis par moi-même que c’était une collection canonique de soixante-six livres formant une révélation biblique harmonieuse. Quand les mots « Cela m’appartient » sortirent de ma bouche lors de ce chant d’assemblée, j’attestais d’une vérité toute simple : que le moyen de communication voulu par Dieu pour son peuple exigeait cette lutte avec les Écritures, que je voulais sincèrement entendre la voix de Dieu souffler dans ma vie et que Dieu entende mes appels.

Le brouillard se dissipa. Toute la Bible, chaque iota, chaque trait de lettre, était à présent un boulevard qui s’ouvrait vers un Dieu saint.

Mes mains ont alors lâché le volant de l’auto-fabulation.

Je suis allée à Jésus seule, nue et les mains grandes ouvertes. Je n’avais plus aucune dignité sur laquelle me tenir debout. Moi qui défendais la paix et la justice sociale, je me croyais du côté de la bonté, de l’intégrité et de la bienveillance. Ce fut une révélation terrible de découvrir que depuis tout ce temps, c’est Jésus que j’avais persécuté, et pas juste un personnage historique nommé Jésus, mais mon Jésus, mon Prophète, mon Prêtre, mon Roi, mon Sauveur, mon Rédempteur, mon Ami. Ce Jésus-là.

Dans cette guerre de visions du monde, Ken et Floy ont été là. Un ami de l’Église, R., qui allait devenir mon champion, a été là pour moi. L’Église qui priait pour moi depuis des années a été là. Jésus a triomphé. Quant à moi, j’étais à ramasser à la petite cuillère.1

Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici : toutes choses sont devenues nouvelles. (2 Corinthiens 5:17).

Avons-nous une identité sexuelle ?

La majorité d’entre nous ont probablement intégré une partie des principes de la théorie queer actuelle. On nous dit que les personnes qui ont des préférences, des attractions ou des identités sexuelles différentes sont « nées comme ça » (un changement comparé aux années 1990, où l’on considérait la sexualité comme une question de choix), et que cela constitue un fondement de leur identité.

Rosaria Butterfield nous met en garde contre l’emploi du terme « chrétien gay », car il définit une personne en fonction et de sa sexualité, et de son « christianisme. » Elle reconnaît que certains chrétiens ayant des attirances homosexuelles considèrent que l’étiquette « chrétien gay » permet aux membres de l’Église de comprendre leurs luttes, mais elle rejette le terme, et avance pour cela des arguments solides.

1. Adapté du chapitre 1 de Rosaria Champagne Butterfield, Openness Unhindered : Further Thoughts of an Unlikely Convert on Sexual Identity and Union with Christ (Pittsburgh, Pennsylvania : Crown & Covenant Publications, 2015). Reproduit avec permission. Rosaria écrit son histoire plus en détail dans son premier livre, Secret Thoughts of an Unlikely Convert (Pittsburgh, Pennsylvanie : Crown & Covenant Publications, 2012), Il est disponible en français sous le titre Les pensées secrètes d’une convertie insolite.

Nous sommes tous perdants quand nous nous définissons à l’aide de catégories que Dieu n’utilise pas […]. [Dans les écrits de Foucault, dans les années 1970,] la sexualité est passée d’un verbe (une pratique) à un nom (les gens), et avec ce glissement grammatical, un nouveau concept d’humanité était né : cette idée que nous sommes orientés et construits par nos désirs sexuels, que différents désirs sexuels et objets de désir donnent lieu à des espèces différentes de gens. La représentation de soi et l’identité sont désormais enracinées dans l’orientation sexuelle, et non dans les desseins de Dieu pour ceux qui ont été créés à son image. Comme le dit Foucault : « Le sodomite avait été une aberration temporaire ; l’homosexuel était une nouvelle espèce. » 1

Ceux qui sont attirés par les personnes du même sexe sont-ils nés comme ça ? Dieu est-il « responsable » de nos tentations sexuelles ?

Ce qui est sûr, c’est que chacun de nous est impliqué dans une bataille contre le péché. Sam Allberry dit que « les désirs pour les choses que Dieu a interdites sont un reflet de la manière dont le péché m’a déformé, et non de la manière dont Dieu m’a créé. » 2

Dieu déteste-t-il les homosexuels ?

Les homosexuels sont-ils pires que les autres ?

Vous avez peut-être déjà vu, sur le passage des manifestations homosexuelles et à certains coins de rue, des chrétiens conservateurs américains brandir des pancartes avec des slogans du genre « Dieu déteste les homos » ou des versets comme Lévitique 18:22, qui décrit l’homosexualité comme une abomination aux yeux de Dieu.

1. Openness Unhindered, p. 96-97.

2. Ibid, p. 134, cité dans Is God Anti-Gay ? And Other Questions About Homosexuality, The Bible And Same-Sex Attraction (Purcellville, VA : The Good Book Company, 2013), p. 32. Traduit Dieu est-il homophobe?, BLF, 2017.

La Bible dit très clairement que Dieu déteste le péché. Il le déteste dans toutes ses manifestations, car il sait que le péché nous rend esclaves. Plus la société dit que nous sommes « libres » de céder à toutes nos passions, et plus nous sommes dans la confusion, un peu comme une Babel morale. Dans sa liste de choses auxquelles les chrétiens ne devraient jamais prendre part, Paul met l’homosexualité sur le même plan que l’immoralité sexuelle, le mensonge et le fait de déshonorer ses parents. Si vous avez menti ou si vous êtes en conflit avec un membre de votre famille, vous savez ce que c’est : vous vous sentez « esclave » du secret que vous gardez ou de la souffrance causée par cette relation. C’est la même chose pour nos vies sexuelles. Quand on vit dans le péché, quel qu’il soit, on se sent sale, asservi et loin de Dieu. Le péché entraîne la culpabilité, mais aussi des conséquences naturelles comme la maladie, la confusion, et en définitive la mort spirituelle et physique. Pas étonnant que le Dieu de liberté, de restauration et de vie, déteste le péché !

Rosaria Butterfield a écrit : « Quand j’ai été convertie, je n’ai pas été délivrée de l’homosexualité, mais de l’incrédulité. » 1 Ce qui m’a toujours frappé dans son histoire, ce n’est pas qu’une femme homosexuelle soit venue à Christ, mais qu’une intellectuelle engagée et athée soit venue à Christ, avec l’humilité d’esprit que cela suppose. Ce n’est pas sans raison que Michée 6:8 dit : « Et ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice […] et que tu marches humblement avec ton Dieu. » Quelles que soient nos luttes en matière de tentations sexuelles, et comme l’écrit Sam Allberry : « il faut être au clair avec cette réalité : non seulement nous sommes tous des pécheurs, mais nous sommes tous des pécheurs sexuels » 2 . Le plus important, c’est de marcher humblement devant Dieu, en lui demandant franchement et fréquemment de nous montrer dans quel domaine nous avons péché contre lui et de nous aider à nous repentir pour de bon.

1. Ibid., p. 51.

2. Ibid., p. 4, citation de Is God anti-gay ?, p. 77.

Est-ce que je peux changer ?

Est-ce que je dois changer ?

Nous sommes nombreux à avoir un problème particulier qui définit nos difficultés spirituelles. Pour certaines personnes, c’est la colère. Pour d’autres, le sexe, la peur, le matérialisme. La plupart de ces choses sont essentiellement des guerres intérieures, des combats contre nos propres penchants et notre égoïsme. Pour un homosexuel, vivre pour Christ peut également signifier rompre avec un partenaire, avec des amis qui vous conduisent dans la tentation, avec une communauté soudée, avec ses opinions politiques. Pour les chrétiens homosexuels, l’ordre de Christ est très littéral : « Laisse tout ; viens et suis-moi. » Cependant, souvenons-nous qu’il ne s’agit pas que d’un ordre, mais également d’une invitation. C’est une invitation que nous devons présenter, librement et affectueusement, par la foi : celui qui invite convainc aussi de péché. L’invitation que fait l’Époux à sa fiancée est l’un des plus beaux versets de toute la Bible : « Lève-toi, ma compagne, ma belle, et viens ! Car voilà l’hiver passé ; la pluie a cessé, elle s’en est allée. » 1 C’est une invitation à s’approcher d’un Père plein de tendresse, d’une nouvelle communauté, d’une famille déjà constituée. Les nouveaux chrétiens peuvent avoir besoin d’un peu de temps pour rompre leurs liens avec les choses anciennes et se saisir des choses nouvelles. Si vous luttez contre des penchants homosexuels, sachez que ce verset, dans toute son intimité et sa pureté, est pour vous.

En revanche, il vous faut connaître le prix à payer. Dieu changet-il parfois l’attirance sexuelle d’une personne ? Oui, il peut le faire. Mais comme les trois Hébreux entrant dans la fournaise, vous devez aborder l’engagement du point de vue du : « et sinon. » « Et sinon [si Dieu ne nous secourt pas], sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux […]. » 2 Si vous devez lutter contre l’attirance homosexuelle toute votre vie, la sexualité en soi, est-elle un sacrifice trop

1. Cantique des Cantiques 2:10-11

2. Daniel 3:18, Darby

grand pour être déposé sur l’autel de Dieu ? Soyez honnête avec vous-même, et sachez que vous aurez parfois désespérément besoin d’aide pour rester pure, non seulement sur le plan des rapports physiques, mais aussi des tentations de la solitude. N’en ayez pas honte. Dieu vous voit, et il vous connaît déjà parfaitement. Il ne juge pas ceux qui viennent à lui pour lui demander de l’aide. Il les aide. « Si nous sommes en Christ, nous ne sommes pas seuls, » nous encourage Rosaria Butterfield. « Si nous sommes seuls pour nous défendre, nous nous exilons. » 1 Avec Christ à vos côtés, surmontez vos tentations et votre passé.

Parmi les personnes aux tendances homosexuelles qui viennent à Christ, beaucoup ont hâte de changer leur attirance sexuelle, mais Rosaria Butterfield nous met en garde : les thérapies de conversion sexuelle se trompent en considérant « cette conversion à l’hétérosexualité comme leur objectif le plus précieux, et passent outre à l’importance de glorifier Christ dans notre lutte. » 2 Elle poursuit : « Je ne vois pas la sanctification comme un changement spectaculaire de sentiments, mais plutôt comme le changement d’un cœur qui vit pour Christ en faisant des sacrifices et en obéissant à sa volonté, malgré des sentiments qui vont à l’encontre de l’ordre de Dieu. » 3

Est-ce que je peux porter du fruit ?

Si vous êtes une chrétienne avec une attirance homosexuelle, vous pouvez tout à fait porter du fruit. En tant que voix minoritaire dans la communauté chrétienne, vous avez en réalité un message unique à apporter aux chrétiens sur leurs frères et sœurs ayant une attirance homosexuelle. Vous pouvez bâtir des ponts avec vos amis homosexuels, en leur montrant que l’espérance et le salut de Dieu sont aussi pour eux. Vivre en chrétienne ayant une attirance ho-

1. Openness Unhindered, p. 189.

2. Ibid., p. 141.

3. Ibid., p. 143.

mosexuelle suppose humilité, repentance et abnégation, mais cela devrait être aussi le cas pour nous tous, pécheurs rachetés ! Rosaria Butterfield écrit : « J’essaie de vivre en chrétienne « qui a fait son coming-out » 1. Nous avons toutes besoin de ce courage.

Ce qui ne porte pas de fruit n’est que compromis. Pouvez-vous être dans une relation homosexuelle tout en continuant à croire en Jésus pour votre salut ? Oui, mais sachez que vous considérez un domaine de votre vie comme plus important que Jésus, or c’est une situation dangereuse :

Quand nous défendons notre droit à pratiquer un péché particulier, quand nous affirmons même que « je suis » ceci ou cela, que c’est un trait de caractère, alors nous chérissons ce péché, et nous nous coupons du Dieu qui promet le repos pour notre âme par le biais de la repentance et du pardon. […] Dieu pardonne le péché. Il ne guérit pas le péché.

En effet, il y a quelque chose de profondément trompeur de prier pour que Dieu me donne uniquement ce dont j’ai besoin pour être forte par moi-même. La force que promet l’Évangile ne se trouve que dans une dépendance constante à Christ.2 […] Le fait de voir la grâce comme une solution à la honte n’avait pas de sens pour moi. J’avais le sentiment qu’il manquait une étape. Je devais apprendre plus tard que l’étape manquante, c’était la repentance, et que sauter cette étape pouvait être fatal.3

Qui est mon maître ?

Quand, pour la dernière fois, avez-vous inclus votre christianisme, plutôt que votre personnalité, dans votre identité ? Très souvent (à l’exception des chrétiens « professionnels » comme les

1. Ibid., p. 33. 2. Ibid., p. 55. 3. Ibid., p. 60.

pasteurs et les missionnaires), quand nous rencontrons de nouvelles personnes, nous sommes plus que disposés à parler de notre métier, de notre lieu de naissance et de notre famille. Mais nous pouvons remettre à plus tard toute mention de notre foi, pendant des semaines même, jusqu’à ce que quelqu’un nous demande ce que nous faisons pour le week-end, et que nous confessons du bout des lèvres notre projet d’aller à l’Église, après quoi nous nous félicitons d’avoir « partagé notre foi » ! C’est sans doute une manière socialement acceptable, prudente et sûre d’admettre que nous sommes chrétiens, bien que susceptible de provoquer des moqueries chez des athées et des agnostiques bien plus « cool », mais ce n’est pas ainsi que Dieu voit les choses.

Dans la Bible, l’identité du chrétien ne fait aucun doute. Nous sommes morts au péché, mais nous sommes vivants en Christ.1 Christ nous présente au Père « en lui. » 2 Nous sommes décrits comme des membres de son corps.3 Par le biais de la Communion, nous devenons un avec son corps. Qu’en est-il de tous nos autres identifiants : notre place dans le monde, dans notre famille ? « Car à la résurrection, les hommes ne prendront pas de femmes, ni les femmes de maris. » 4 « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. » 5 « Celui qui aime [sa famille] plus que moi n’est pas digne de moi. » 6 « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus. » 7

Tout cela ne veut pas dire que ces choses n’ont aucune importance sur terre (Paul, entre autres, donne beaucoup d’instructions sur la manière de vivre comme une famille, comme un homme

1. Romains 6:11.

2. 2 Corinthiens 5:21.

3. 1 Corinthiens 12:27.

4. Matthieu 22:30.

5. Luc 8:21.

6. Matthieu 10:37.

7. Galates 3:28.

ou une femme, ou même sur la manière de se frayer un chemin dans le monde en tant que Juif ou non-Juif), mais Jésus lui-même, ainsi que ses disciples qui ont laissé des traces écrites, sont tous très clairs : quand vous devenez chrétien, votre identité fondamentale est celle de représentant de Christ sur terre, et à votre mort, vos yeux seront tellement fixés sur lui que votre principale relation avec les autres créatures deviendra celle de co-adoratrice.

Il n’y a pas de changement d’identité plus radical que de passer du statut de non-chrétien à celui de chrétien. C’est aussi radical que de passer de la mort à la vie. Mais il ne s’agit pas seulement d’un changement de statut devant Dieu. C’est aussi un changement de relation avec Dieu. Tout à coup, vous voilà adoptée ! Vous devenez sa fille. Vous êtes chez vous. Vous avez un héritage et une place dans la maisonnée royale. En même temps (parce que notre relation avec lui est tellement riche qu’aucune analogie n’est parfaite), vous êtes l’Épouse de Christ. Votre place est à ses côtés. C’est une place d’honneur et d’affection. Vous êtes accueillie et précieuse. Tous les vœux et toutes les promesses de la Bible vous appartiennent.

Désormais, c’est Christ qui vous définit, et sa bannière au-dessus de vous, c’est l’amour. Il doit croître et vous devez diminuer.1 Cela ressemble à un sacrifice, pourtant il y a de la joie dans ce sacrifice. Tout ce que vous voyez, faites et dites, passe désormais par la Bible et par les yeux de Christ, qui marche constamment à vos côtés. Il appelle cela « demeurer en moi » et c’est un espace de repos, de délices, de consolation et de productivité.

Les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection. Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a supporté la croix, méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu. (Hébreux 12:2)

Quelle était cette joie qui lui était proposée ? Ma chère sœur, c’était toi et moi. À qui était cette honte ? Ma chère sœur, c’était la tienne et la mienne. À qui appartient la victoire qu’il a remportée

1. Jean 3:30.

en s’asseyant à la droite de Dieu ? Ma chère sœur, c’est la sienne, et c’est aussi la nôtre. Alors gardons les yeux fixés sur lui.

Questions

1. Comment vous présentez-vous à quelqu’un que vous rencontrez ? Dans quelles choses êtes-vous tentée de trouver votre identité au lieu de la trouver « en Christ » ?

2. En quoi votre vie a-t-elle changé depuis que vous « demeurez en Christ » ?

3. Y a-t-il des attitudes ou des habitudes impies dans votre vie dont vous vous êtes repentie, mais pour lesquelles vous ressentez toujours une certaine culpabilité dont vous avez du mal à vous défaire ? Si tel est le cas, demandez au Seigneur de mettre son « joug » sur vous, de le laisser porter le poids de la culpabilité, pour laquelle il a déjà payé, et de vous garder tout près de lui.

Aucune culpabilité dans cette vie, aucune peur dans la mort : Voilà la puissance de Christ en moi. Du premier cri au dernier souffle, Jésus dirige mon destin.

Aucune puissance de l’enfer, aucun plan humain Ne pourra m’arracher à sa main.

Jusqu’à son retour ou mon arrivée à la maison, Je me tiendrai debout dans la puissance de Christ.

— « In Christ Alone », Stuart Townend & Keith Getty.

LISEZ LES HISTOIR ES DE 10 FEMMES ORDINAIRES DONT LA VIE A ÉTÉ TRANSFORMÉE PAR DIEU

Au moyen de récits de femmes chrétiennes du passé et du présent, l’auteur aborde les sujets difficiles auxquels sont confrontés les jeunes adultes dans les médias, dans leurs études, dans leurs groupes d’amis et également dans leurs églises.

De l’identité sexuelle aux mariages ratés, d’un veuvage brutal aux défis du célibat, les relations peuvent être un terrain miné. À chaque sujet abordé, vous découvrez que ce n’est pas un problème de poser les questions difficiles. La Bible ne fuit pas la réalité et les chrétiens ne devraient pas non plus la fuir.

Dans la vie, il y a d’autres complications que les relations, comme entre autres, les fausses croyances, la peur des hommes, la justice, le pardon, les troubles de l’alimentation et la maladie. Ce livre ne donne pas de réponses toutes faites mais il montre que dans la vie de femmes réelles, il y a une solution aux problèmes qui se présentent et que Dieu est fidèle à ses promesses, même dans les jours les plus sombres. L’auteur raconte la vie de femmes qui, au fil des siècles, ont affronté ces problèmes afin de montrer aux femmes d’aujourd’hui qu’elles ne sont pas seules, que d’autres sont là pour elles et que Dieu ne les décevra pas.

DAYSPRING MACLEOD est la rédactrice de la rubrique « réflexion » d’un magazine évangélique et auteur de biographies chrétiennes pour enfants et adultes. Elle est également correctrice et écrit de la fiction.

ISBN : 978-2-38391-243-9

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.