Norman Grubb
CHARLES STUDD, CHAMPION DE DIEU
Chine Inde Congo
© Première édition française, 1974 Éditions CLC France BP 9 – F-26216 Montélimar Cedex Tél. : +33 (0) 4 75 90 20 54 editions@clcfrance.com – www.clcfrance.com ISBN : 978-2-7222-0344-0 ISBN Epub : 978-2-7222-0196-5 Titre original : C.T. Studd, Cricketer and Pioneer (1933) Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : Émile Dallière Impression : IMEAF, F-26160 La Bégude de Mazenc Juillet 2019 – N° d’impression :
Norman Grubb
Charles Studd, Champion de Dieu
Charles Studd deux ans avant sa mort en terre de mission, au cœur de l’Afrique.
Table des matières Préface de l’auteur..............................................................................7 Note du traducteur.............................................................................9 Préface..............................................................................................11 1. Des soirées de théâtre aux conséquences inattendues....................13 2. Trois jeunes étudiants encaissent un choc sérieux..........................19 3. C. T..............................................................................................23 4. Les païens pour héritage...............................................................25 5. Un réveil parmi les étudiants........................................................35 6. L’art de devenir Chinois...............................................................47 7. Comment on liquide une fortune.................................................59 8. Le songe d’une jeune irlandaise....................................................65 9. Les toqués de Shanghaï.................................................................71 10. Unis pour le combat...................................................................79 11. Épreuves et périls au cœur de la Chine.......................................87 12. Premier retour au pays natal.......................................................97 13. C. T. transmet la variole à ses auditeurs d’Angleterre et d’Amérique.101 14. N’entre pas ici si tu ne veux pas te convertir.............................115 15. Un homme du Dieu de l’impossible.........................................123 16. Naissance des Virgule-Zéro du Christ.......................................135 17. L’ânesse de Balaam et la colombe de Noé..................................143
18. Au cœur même de l’Afrique .....................................................159 19. Clouez les couleurs au mât.......................................................169 20. Bwana, ex-C. T., parmi les ex-cannibales..................................175 21. Le dos au mur..........................................................................193 22. Plus loin, toujours plus loin, jamais en arrière !.........................199 23. Un cyclone de bénédictions......................................................207 24. Plénitude du Saint-Esprit.........................................................219 25. Avec Bwana, chez lui…............................................................233 26. Quand Dieu m’a donné un travail, je ne l’ai pas refusé.............241 27. Dieu aidant, à nous maintenant le flambeau !...........................257 Conclusion.....................................................................................273 Postface..........................................................................................275 « Les cinq pierres polies »...............................................................279 Le Psaume 91.................................................................................281
Préface de l’auteur Rien ne saurait remplacer une honnête autobiographie. Malheureusement, « C. T. » n’a laissé aucun récit de sa vie. Sa mère et sa femme ont fait, en revanche, ce qui était réellement le plus sage : elles ont conservé toute sa correspondance. J’ai tenté, en me servant de ces lettres, de rédiger ce qui se rapprocherait le plus d’une autobiographie. Et si je me suis senti autorisé à le faire, c’est parce que je partage d’une manière totale les convictions qui dominaient sa vie, de sorte que j’ai écrit ce livre en écoutant mon cœur autant que ma pensée. Studd a vécu dans l’unique but de glorifier son Sauveur. Que ce livre, donc, le glorifie aussi, en le montrant à l’œuvre dans et à travers cette vie qui lui fut entièrement livrée. N. P. Grubb. 17, Highland Road Norwood Londres – S.E. 19.
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Note du traducteur Tout ce que j’ai voulu faire c’est… traduire, c’est-à-dire rendre fidèlement l’impression de vie, et surtout, de vie débordante que m’avait laissée l’édition anglaise. Ce ne fut pas une mince affaire que de respecter le magnifique, le pittoresque, l’énergique parler de Studd. J’y ai été aidé par mon ami F. Lovsky. C’est à lui aussi que sont dues toutes les notes de bas de page. E. Dallière.
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Préface Ceux qui négligeront cette préface pour se plonger dans le récit de la vie de Studd n’auront pas tort. La vie de cet homme parle d’elle-même. Que pourrait-on ajouter qui ne soit pâle commentaire d’une existence entièrement livrée au Christ, et langage hésitant dès qu’on le comparera au style flamboyant, frémissant, bourré d’astuce et musclé, à l’image même du corps sanctifié de Studd ? Sa vie est un cantique à la sainte et inextinguible ambition chrétienne, et ce n’est point par hasard que ce violent chérit par-dessus tout le onzième chapitre de l’épître aux Hébreux. Aussi n’indiquerons-nous, pour ceux qui liront cette introduction, que l’intérêt historique de ce livre. La vie de Studd et la fondation de sa Croisade Missionnaire prennent leur place dans le mouvement missionnaire en quelque sorte eschatologique qui s’affirme de nos jours ; l’obéissance au commandement d’annoncer l’Évangile à toutes les nations n’est plus seulement fondée sur le texte lui-même, ni sur l’amour des âmes païennes qui se perdent (c’était encore la vision de Hudson Taylor), ni sur le désir légitime d’élargir l’aire de la chrétienté : sans rien renier de ces motifs, Studd illustre inoubliablement l’obéissance pour laquelle la Mission est un service devant hâter la consommation de l’Histoire et la parousie du Christ. Il a la certitude de répondre, par son activité, à l’attente et aux souffrances de la création. Il sait que la Mission fait accélérer le plan de Dieu.
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Tout en faisant la part des usages et de la piété britanniques, le lecteur verra aussi dans cet ouvrage un précieux document sur la récente histoire protestante. Au confluent de l’Armée du Salut, de nuance méthodiste, du revivalisme très calvinisant de Finney, du message de Moody et Torrey, somme toute indifférent aux problèmes ecclésiastiques et essentiellement revivaliste, préoccupé de la plénitude du Saint-Esprit et de la sanctification dans le service du Christ, Studd, avec une nuance personnelle pré-œcuménique (car les rivalités des Églises semblent particulièrement vaines en terre de Mission), récapitule en lui toutes ces tendances, et tous les besoins qui se sont épanouis dans le Réveil gallois de 19041905. On peut le considérer, à juste titre, comme un précurseur des mouvements du Saint-Esprit actuels et comme un revivaliste anglican. Il montre la relativité des barrières ecclésiastiques, et nous aide, les uns et les autres, à comprendre les points de départ de ceux que nous avons aujourd’hui quelque peine à suivre dans leur évolution. Une dernière précision. On a souvent constaté que s’il n’y a pas eu de rupture entre le prolétariat anglais et la foi chrétienne, c’est à Wesley qu’on le doit. Encore faut-il souligner que, depuis deux siècles, l’Angleterre a vu surgir de nombreux successeurs au plus moderne des Réformateurs. Studd est de cette lignée, pleinement profane et pleinement chrétienne. S’il garde le contact avec les hommes de son époque, c’est qu’il demeure champion de cricket avec les sportifs, « fédératif * » avec les étudiants, viril et direct toujours avec les hommes. C’est surtout, nous semble-t-il, qu’il a su que plus on se livre au Saint-Esprit, plus on vit la Croix de Jésus-Christ, et plus on se rapproche en toute réalité humaine des hommes que Dieu donne aux chrétiens pour frères. F. Lovsky
* Terme habituel dont on désigne les étudiants de la Fédération Universelle des Étudiants Chrétiens, à la fondation de laquelle le nom des Studd est attaché.
Chapitre 1
Des soirées de théâtre aux conséquences inattendues C’était en 1877. Les courses irlandaises de Punchestown, à cette époque fameuses en Grande-Bretagne, venaient de prendre fin ; des foules compactes se pressaient pour reprendre le train et le bateau, et regagner l’Angleterre. Un riche planteur retiré des affaires arriva trop tard à l’embarcadère, manqua le dernier bateau et dut se résoudre à passer la nuit à Dublin. Ne sachant trop comment occuper la soirée, il flânait dans les rues de la ville quand il remarqua, à la porte d’un théâtre, les noms de Moody et Sankey. Il pensa que c’était une troupe de vaudeville et se décida à entrer, mais ce fut pour y éprouver le plus grand saisissement de toute son existence ! Le théâtre en effet faisait salle comble, tandis que sur la scène, au milieu d’un certain nombre de gens en tenue de ville, un personnage, debout, chantait d’une voix splendide des paroles auxquelles notre homme ne s’attendait pas : cloué sur place, il entendit revenir, après chaque strophe, ce refrain :
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Charles Studd, Champion de Dieu
Quatre-vingt-dix-neuf dans la paix cheminent Vers le bercail aux sûrs trésors, Mais il en reste une au flanc des collines Errant si loin des portes d’or… C’était un cantique… Quand le chant fut terminé, Moody prêcha et, aussi étrange que ce soit à dire, le retardataire, le lendemain, ne reprit pas le bateau. Au lieu de rentrer chez lui, il resta à Dublin, pour assister à toutes les réunions de la mission de Moody et Sankey. Et puis un soir, finalement, il suivit les nombreux auditeurs qui, la réunion terminée, se rendaient dans une salle attenante où l’on s’entretenait et priait avec les orateurs. Moody vint, s’agenouilla près de l’ancien colonial et lui demanda simplement : — Que Jésus-Christ soit mort pour vous, – pour vous personnellement, – est-ce bien là ce que vous croyez en vérité ? — C’est en effet ce que je crois, répondit-il. — S’il en est ainsi, exprimez-lui vous-même votre reconnaissance. Ce fut tout. Mais la vie de l’homme fut transformée. Quand il quitta la salle, c’était un homme nouveau. Un de ses meilleurs amis, planteur également retiré des affaires, s’appelait Edouard Studd. Revenu au pays natal avec l’intention de jouir de la fortune qu’il avait faite aux Indes, Edouard Studd se consacrait aux sports avec ferveur. Joueur passionné de cricket, à une époque où ce jeu était très en vogue, il fut l’un de ceux qui installèrent les meilleurs terrains dans leur propriété même, et l’on disputa chez lui des matches mémorables. Grand chasseur, il pratiquait la chasse au renard, la chasse à courre, et fut lieutenant de louveterie ; il avait entraîné ses fils à le suivre et quand, dans une des régions possédant les haies les plus hautes d’Angleterre, on les voyait, dès l’âge de six ans, sanglés dans leur uniforme rouge, collés à la selle, on les aurait dit nés cavaliers. Car la grande passion d’Edouard Studd, c’était le cheval. Il ne pensait guère à autre chose. Découvrir de belles montures, les acheter, les entraîner, les faire courir, telle était sa joie. 14
Des soirées de théâtre aux conséquences inattendues
Il organisa des courses dans sa propre ville, eut bientôt une écurie de vingt chevaux et remporta la victoire dans plusieurs épreuves. Il finit même par remporter le Grand National, ce qui mit, certes, le comble à son ambition et acheva d’établir sa notoriété. À cette époque, Moody et Sankey, la mission de Dublin terminée, vinrent à Londres. Personne n’accordait alors beaucoup de crédit à un prédicateur qui n’aurait pas eu droit au titre de Révérend, ni porté un rabat blanc au cou. Et comme Moody n’avait ni l’un ni l’autre, les journaux publièrent contre lui article sur article. Il leur fallait bien admettre quand même qu’il attirait à ses réunions plus de monde que ne l’auraient fait une demi-douzaine d’archevêques, et qu’il se convertissait plus de gens par son ministère que par celui de vingt pasteurs ordinaires ; c’est pourquoi ils essayèrent de tromper l’opinion en insinuant que Sankey (le chanteur à la voix si prenante) était venu pour vendre des orgues, et Moody des recueils de cantiques. C’est de cette manière indirecte que l’attention d’Edouard Studd fut d’abord attirée sur eux ; ces polémiques aiguisaient fortement sa curiosité, au point qu’un soir, rejetant son journal, il déclara : « Il faudra que j’aille entendre cet homme-là, quand il parlera à Londres ! S’il n’y avait rien de bon en lui, ils n’en diraient pas tant de mal ! » À quelque temps de là, Edouard Studd, ayant acheté et engagé un cheval dans une des principales courses de l’année, écrivit à son ami pour lui conseiller de miser tout ce qu’il pouvait sur son favori. C’était – disait-il – la meilleure bête qu’il eût jamais eue, et il était sûr de la victoire. Quand ils se rencontrèrent, Studd ne parla pas d’autre chose, si bien qu’il fut assez contrarié de voir que son ami ne s’y intéressait plus, et qu’il n’avait pas même risqué un sou sur son cheval. — Tu es le plus grand imbécile que j’aie jamais vu, lui dit-il, mais, beau joueur, il ajouta : Viens quand même dîner en ville avec moi, je suis seul ; après, nous irons où tu voudras… Malgré ta balourdise, je te laisserai choisir le spectacle. 15
Charles Studd, Champion de Dieu
Le dîner terminé, il demanda : — Eh bien ! où allons-nous ce soir ? — Je te propose le théâtre de Drury Lane. — Quoi ! là où parlent ces deux types, Moody et Sankey ? Ah ! non alors ! Ce n’est pas dimanche aujourd’hui ! Allons plutôt au spectacle ou au concert. — Pardon ! Tu n’as qu’une parole, n’est-ce pas ? Tu m’as dit que tu irais où je voudrai. M. Studd se mit donc en route, mais de fort mauvaise grâce. Quand ils atteignirent le théâtre en question, il ne restait plus une place, sauf quelques sièges réservés. Mais M. Vincent (ainsi s’appelait l’ami d’E. Studd) était bien décidé à ne pas lâcher sa proie. Il griffonna quelques mots sur une carte de visite qu’il fit passer à quelqu’un de sa connaissance : « Arrangez-vous, lui disaitil, pour nous faire entrer ; j’ai amené avec moi un riche sportif, je ne pourrai plus le persuader de revenir si vous ne réussissez pas à nous caser. » On les fit passer par l’entrée des artistes, traverser la scène, et on les planta aux pieds mêmes de Moody. Edouard Studd ne le quitta pas des yeux ; il demeura suspendu à ses lèvres jusqu’à ses derniers mots. « Je reviendrai entendre cet homme-là », déclara-t-il en partant. « Il m’a dit exactement tout ce que j’ai fait dans ma vie. » Il tint parole, revint, et fut profondément et totalement converti. Voici ce qu’écrivit plus tard un de ses fils : « Alors que l’après-midi de ce jour-là, mon père était encore tout absorbé par une des passions qui peuvent le mieux lier le cœur et la tête d’un homme – les courses et le jeu – le soir c’était un homme transformé. Il lui fut impossible de continuer à mener la même existence ; les bals, les soirées de bridge n’étaient plus son affaire. Du moins, c’était ce que sa conscience lui suggérait. Il décida de s’en ouvrir à Moody, alla le voir et lui dit : — Maintenant que je suis chrétien, est-ce que je dois renoncer aux courses, au tir, à la chasse, aux spectacles, à la danse ? 16
Des soirées de théâtre aux conséquences inattendues
— Vous êtes franc avec moi, M. Studd, lui répondit Moody, je ne le serai pas moins avec vous. Si on va aux courses, on y parie, c’est-à-dire qu’on y joue de l’argent ; et je ne vois pas comment on peut être à la fois joueur et chrétien. Quant aux autres choses dont vous me parlez, faites-les aussi longtemps que le cœur vous en dira. « Mon père insista encore, en ce qui concerne le théâtre et les cartes. Moody ajouta : — Vous avez des enfants, des amis et vous les aimez. Or, maintenant que vous êtes un homme sauvé, vous allez désirer les sauver à leur tour. Dieu vous donnera des âmes ; et dès que vous en aurez gagné une, rien d’autre ne comptera plus pour vous. « Et c’est bien en effet ce qui arriva. Au grand étonnement de ses enfants et de beaucoup de gens, il n’éprouva plus désormais aucun intérêt pour toutes ces choses du siècle ; il n’y en avait plus qu’une qui comptât désormais pour lui – c’était de sauver des âmes. « Il se retira du monde des courses, et après avoir donné un pur sang à chacun de ses deux aînés, il vendit son écurie. Il meubla de chaises et de bancs le grand hall de sa maison et fit venir de Londres des gens exceptionnels, commerçants et hommes d’affaires, qui annonçaient l’Évangile à la population. lui-même parcourait la région à cheval, invitant les habitants et les pressant de venir ; et ils y vinrent en effet, par centaines. » Son cocher eut un jour le mot de la situation. Un invité lui ayant fait la remarque que son maître, d’après ce qu’on racontait « donnait maintenant dans la religion », il répliqua : « Nous ne sommes pas très au courant de tout cela, nous autres, mais ce que je puis vous dire en tout cas, c’est que s’il a toujours la même peau, c’est quand même un nouvel homme qu’il y a dedans ! » Edouard Studd ne vécut plus que deux ans après ces événements. Les circonstances de sa mort furent très particulières. Allant un jour à une réunion de Moody, il s’aperçut qu’on avait oublié un des valets d’écurie ; il fit brusquement arrêter l’attelage, sauta de voiture, et revint lui-même en arrière pour le chercher, tandis que 17
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les autres continuaient la route. Il se mit ainsi en retard, courut tout le long du chemin pour revenir, tant et si bien qu’il se fit éclater une veine de la jambe. Il ne put jamais se remettre de cet accident. Mais, comme le déclara le pasteur qui parla sur sa tombe, « il avait fait plus, en deux années, que la plupart des chrétiens ne font en vingt. » Il avait en effet rendu son témoignage auprès de ses amis, leur écrivant quand il ne pouvait les voir… ce qui lui valut parfois d’assez sévères réponses. Il avait parlé sans crainte à tous et à chacun jusqu’à des incrédules notoires, comme tel commerçant londonien à qui Edouard Studd fut le seul homme qui eût jamais osé parler de son âme. Le fils de ce commerçant raconta plus tard : « Je ne me souviens pas que, de sa vie, mon père ait jamais été aussi vexé de s’être fait dire ses quatre vérités si sincèrement ! »
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Chapitre 2
Trois jeunes étudiants encaissent un choc sérieux Edouard Studd avait ses trois fils au collège d’Eton où, au cours de l’année 1877, ils se trouvèrent faire partie ensemble du « Onze » de cricket. C’était un fait unique dans les annales sportives du fameux collège, et cela avait plus d’importance à leurs yeux que la conversion de leur père survenue cette année-là. Aussi lorsque, en cours de trimestre, il les fit venir à Londres, ils pensèrent que c’était pour les mener au théâtre ou à quelque attraction. Quelle ne fut pas leur surprise quand ils virent qu’il les conduisait à une réunion bien-pensante pour écouter Moody ! « Jusque-là, déclara l’un d’eux plus tard, je considérais la religion comme une affaire du dimanche, pareille aux vêtements qu’on revêt ce jour-là, mais qu’on range le lundi matin. On nous avait bien accoutumés, mes frères et moi, à aller régulièrement à l’église, mais notre bagage religieux n’était pas bien lourd. Nous supportions plutôt la chose… comme on souffrirait d’un mal de dents : nous voyions avec regret venir le dimanche et nous soupirions après le lundi matin. Le « Jour du repos » était le plus triste de toute la semaine ; – nous ne connaissions la religion, tout simplement, que par le mauvais côté ! 19
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« Et puis, soudain, la chance nous était offerte de voir à l’œuvre, loyalement, un chrétien authentique : notre propre père. C’était d’ailleurs à vous faire dresser les cheveux sur la tête ! Et à la maison, la vie n’était pas rose, tant que vous n’étiez pas converti. « Moi-même je n’étais pas spécialement satisfait… Ainsi mon père avait pris l’habitude d’entrer dans ma chambre quand j’étais couché, et de me demander si je m’étais donné à Dieu – si bien qu’au bout d’un certain temps, je faisais semblant de dormir quand je voyais la porte s’ouvrir ! Le jour, je me faufilais à l’autre bout de la maison quand je le voyais arriver… » Une année se passa. Les garçons vinrent à la maison pour les grandes vacances, et on organisa un certain nombre de matchs de cricket. Comme d’habitude, leur père faisait venir, à la fin de chaque semaine, des prédicateurs pour les réunions du dimanche. Cette semaine-là, ils étaient deux ; le premier jouissait de la faveur des garçons, mais l’autre avait été baptisé la « Poule mouillée » et nos potaches complotèrent de lui faire une farce le lendemain matin. Ayant découvert que, malgré ses dires, il n’était pas très bon cavalier, ils lui proposèrent une promenade à cheval en compagnie de leur père. Les trois garçons commencèrent par chevaucher derrière mais, subitement, piquèrent un galop, dépassant à toute allure les hommes qui, naturellement, ne purent retenir leurs montures, au grand désagrément de l’invité. Ce dernier, plus sportif qu’il n’avait paru, réussit à garder son équilibre. Les garçons recommencèrent plusieurs fois l’expérience, et leur père riait de trop bon cœur luimême pour les rappeler à l’ordre ! L’après-midi, cependant, l’invité eut sa revanche. Il put avoir un entretien avec chacun des trois jeunes gens séparément, et les amena tous trois à Christ, à l’insu les uns des autres. Voici comment Charles raconta l’événement : Comme j’allais sortir pour jouer au cricket, il réussit à mettre le grappin sur moi alors que je ne m’y attendais pas et me demanda si 20
Trois jeunes étudiants encaissent un choc sérieux
j’étais chrétien. Je pensais que pour me débarrasser de lui, le mieux était de lui répondre aussi exactement que possible et je lui avouai : — Je ne puis pas dire que je sois ce que vous appelez un chrétien. Je crois en Jésus-Christ depuis que je suis haut comme ça. Et naturellement, je crois aussi à l’Église. Mais il était collant comme de la glu et reprit : — Écoute bien ce verset : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Tu crois bien la mort de JésusChrist ? — Oui. — Tu crois bien que c’est pour toi qu’il est mort ? — Oui. — Et la fin du verset, la crois-tu aussi : afin d’avoir la vie éternelle ? — Ça non, dis-je, je ne le crois pas. — Alors tu dis le contraire de Dieu : et l’un de vous deux n’est pas dans la vérité, puisque vous vous contredisez, toi et lui. Qui est-ce ? Dieu serait-il menteur ? — Non, dis-je. — Alors voyons, n’es-tu pas illogique, de croire une moitié de verset et de ne pas croire l’autre ?.. Je dus en convenir ! Il insista : — Tu veux rester aussi illogique que ça toute sa vie ? — Ah ! bien… non, pas toujours… — Voudrais-tu te résoudre tout de suite à être conséquent avec toi-même ? Je me sentais mis au pied du mur, et je commençai à craindre d’avoir honte de moi-même si je ne me décidais pas à prendre plus sérieusement les choses. Et sur mon acquiescement, il dit : — Ne te rends-tu pas compte que la vie éternelle est une grâce ? 21
Charles Studd, Champion de Dieu
Et quand quelqu’un te donne des cadeaux à Noël, qu’est-ce que tu fais ? Je répondis que je les prenais en disant merci. — Alors, dit-il, pour ce don-là, ne veux-tu pas dire « merci » à Dieu ? Ce « merci », oui, je le prononçai devant Dieu à genoux. Et à l’heure même et dans cette salle, la joie et la paix entrèrent dans mon cœur. J’appris alors ce que c’était que de « naître de nouveau ». La Bible, jusqu’alors si aride, devint tout pour moi. Charles Studd n’en dit rien sur le moment à ses frères, mais dès son retour à Eton, il écrivit à son père pour lui raconter la chose. Quelques jours plus tard, tandis que les trois garçons prenaient leur petit déjeuner dans leur chambre d’étudiants, ils reçurent une lettre commune de leur père qui leur exprimait sa joie des bonnes nouvelles qu’ils lui avaient apprises. Ils furent bien étonnés, en se passant la lettre, de s’apercevoir qu’ils avaient pris tous les trois leur décision le même jour. La « Poule mouillée », malhabile aux jeux, s’était révélée extraordinairement experte au plus grand jeu du monde, celui qui consiste à gagner les hommes au Christ. En une seule journée, elle avait ferré trois poissons difficiles, trois coéquipiers du « Onze » du célèbre collège d’Eton…
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Chapitre 3
C. T. Charles Studd, – « Charlie » – était un de ces garçons qui se consacrent tout entiers à ce qu’ils aiment. Il était exceptionnellement fort au cricket, et résolu à y jouer parfaitement. Dans sa chambre du premier étage, par exemple, il y avait devant une grande armoire à glace un tapis avec une couture juste au milieu : cette ligne seule suffisait à créer l’illusion, et pendant des heures, sourd aux sarcasmes et tenace malgré les brimades de ceux qui l’accusaient de prendre les choses trop à cœur, il étudiait, devant la glace, la meilleure façon de tenir la crosse. À un autre moment, sa toquade fut d’exercer son regard afin de ne pas manquer la première balle qu’il aurait à jouer. Quand il attendait son tour d’entrer en lice, il s’asseyait au bord du terrain, les yeux rivés vingt mètres devant lui sur un point précis au milieu de l’herbe, afin d’habituer son œil à mesurer la distance quand il serait en position. Il ne fumait jamais, et il ne serait même pas resté dans la salle à manger après le repas, pour que la fumée ne lui irritât pas les yeux. Ces détails ne doivent pas surprendre le lecteur français ; il faut se représenter en effet la place considérable qui revient aux sports dans la vie des étudiants britanniques, surtout s’ils appartiennent 23
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à des collèges célèbres comme Eton, ou des universités comme Oxford et Cambridge. Au xixe siècle, aussi bien qu’au xxe, l’honneur de l’école est défendu par l’équipe. Les conversations roulent sur les sujets sportifs. Les champions universitaires sont auréolés d’un prestige immense. Or, les trois frères, en faisant simultanément partie du « Onze » d’Eton, attirèrent l’attention sur eux. On les distinguait généralement par leurs initiales : J.E.K. l’aîné, G. B. le cadet, et C. T., Charles, auquel ce livre est consacré. Quand les trois frères furent choisis pour porter ensemble encore, plus tard, les couleurs de Cambridge, l’événement, à lui seul, fut salué par les sportifs comme une remarquable performance. Nous n’insisterons pas sur les records et les succès des frères Studd, qui défrayèrent la chronique sportive et passionnèrent l’opinion. Félicitations, articles élogieux, consacrèrent leur gloire. Quand l’équipe australienne jusqu’alors invaincue fut battue pour la première fois, cette victoire rendit les trois frères, membres de la même équipe, extraordinairement populaires dans toute l’Angleterre. C. T. fut admis dans l’équipe nationale et, à son tour, alla en Australie disputer des matchs. Au retour, il fut nommé capitaine de Cambridge. Des performances inégalées depuis un demi-siècle accrurent dans le pays entier sa renommée sportive. Le jeu n’était pas aux yeux de C. T. un simple passe-temps destiné à occuper les loisirs. C’était une affaire sérieuse, et dans l’ambition qui le poussait à y faire figure de champion, entraient la même résolution, la même ténacité qu’un autre aurait consacrées à l’étude. Il ne regretta jamais d’avoir joué ainsi au cricket (ce qu’il regretta, ce fut d’y avoir apporté une passion idolâtre) : ces efforts furent une école de courage, d’oubli de soi et d’endurance, que Studd mit au service du Christ une fois qu’il lui eut pleinement consacré sa vie. L’homme qui avait pu se donner tout entier à son jeu sut aussi se donner tout entier à la glorification de son Sauveur, quand d’aventures en aventures il entreprit de le servir et d’étendre son Royaume, de la Chine aux Indes et au centre de l’Afrique inexplorée. 24
Chapitre 4
Les païens pour héritage Les trois champions établirent une nouvelle espèce de record en devenant trois années de suite, l’un après l’autre, capitaines de l’équipe universitaire de Cambridge (George en 1882, Charles en 1883, Kynaston en 1884). Mais ce dernier seul était alors en même temps un « champion » de l’Évangile. Beaucoup plus tard, voici en quels termes Charles, lui écrivant du centre de l’Afrique, le lui rappellera : Je n’ai jamais oublié l’influence que ta vie a eue sur la mienne, ni comment j’admirais ton courage et ton dévouement envers le Seigneur Jésus-Christ. Cela te valut le meilleur des éloges, car tu te souviens sans doute que nos camarades de cricket te surnommèrent « l’Ascète », à cause de la droiture de ta vie devant Dieu, et envers eux ; car tu as toujours agi avec fidélité en les entretenant loyalement de leur âme. C’est au temps où il était capitaine du « Onze » de Cambridge que le jeune homme organisa et présida une remarquable mission de Moody. Ce fut probablement la plus féconde des missions jamais faites dans l’Université. Commencée au milieu des railleries d’un groupe de moqueurs qui s’étaient mis au premier rang de l’auditoire, elle se termina par leurs excuses et par la conversion 25
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durable de plusieurs d’entre eux et d’un certain nombre d’autres personnes. Pour Charles, en revanche, il en allait alors tout autrement. Pendant une période de six ans, il subit un recul spirituel. Il en donna lui-même l’explication plus tard : Au lieu d’aller vers les autres pour leur parler de l’amour du Christ, j’étais égoïste et gardais cette connaissance pour moi. Le résultat, ce fut que mon amour se refroidit peu à peu et que l’amour du monde commença à m’envahir. Je vécus six années dans cet état misérable de reniement. Mais tandis qu’il atteignait à la célébrité dans le monde sportif, en particulier lors de sa tournée en Australie avec l’équipe du championnat, deux chrétiennes âgées entreprirent de prier pour qu’il revînt à Dieu. L’exaucement arriva brusquement. George, celui de ses frères auquel il était le plus attaché, fut malade à mourir, et Charles ne quitta plus son chevet. Assis près du lit, les pensées affluaient à son esprit en voyant son frère suspendu entre la vie et la mort : – De quelle valeur peut être désormais pour lui la popularité dans le monde ? – Que valent toute la renommée et toutes les louanges ? – Que valent pour un homme toutes les richesses du monde quand il se trouve placé devant l’Éternité ? Et il lui semblait entendre une voix lui répondre : « Vanité des vanités, tout est vanité. » Toutes ces choses, raconte Charles, n’avaient plus aucune valeur aux yeux de mon frère : seuls la Bible et le Christ lui importaient, et Dieu m’enseigna la même leçon. Dans son amour et dans sa bonté il redonna la santé au malade, et dès que je pus quitter son chevet, j’allai entendre Moody. Le Seigneur vint de nouveau à moi et me rendit la joie du salut. Plus que cela, et infiniment mieux encore, il me mit à l’ouvrage pour lui, et je commençai à parler de leur âme à chacun de mes amis, en essayant de les persuader de lire l’Évangile. 26
Les païens pour héritage
Je ne puis vous dire quelle joie ce me fut d’amener une première âme au Seigneur Jésus-Christ ! J’ai goûté à presque tous les plaisirs offerts par le monde, je ne crois pas en ignorer un seul, mais je puis vous affirmer qu’ils ne furent rien à côté de la joie que le salut de cette seule âme me donna. Je poursuivis mon travail pendant quelque temps, puis la saison revenue, je pensai que mon devoir était de retourner sur les terrains de cricket, pour amener les hommes qui s’y trouveraient à connaître le Seigneur Jésus. Jusque-là j’avais aimé ce jeu autant qu’il est humainement possible de le faire, mais à partir du moment où le Seigneur Jésus entra dans mon cœur, je découvris que j’avais reçu quelque chose d’infiniment meilleur que cela. Mon cœur n’était plus au jeu ; ce que je voulais, c’était gagner des âmes au Seigneur. Je compris que le sport ne durerait pas, que les honneurs ne dureraient pas, et que c’était pour le monde à venir qu’il valait la peine de vivre. C’est au cours de ces rencontres que l’un de mes meilleurs amis fut amené à saisir le pardon de ses péchés. Il entraîna plusieurs des membres de l’équipe nationale d’Angleterre ainsi que d’autres sportifs aux réunions de Moody. L’un d’eux, un capitaine d’équipe, lui écrivit ensuite que l’appel de cet homme lui avait été droit au cœur : « Il a le don de vous faire rentrer en vous-même, plus qu’aucun homme que j’aie jamais entendu. Tout ce qu’il dit est si simple et si réellement vécu… » Et si la fin de sa lettre parle encore avec intérêt des prochains matchs, et souhaite que C. T. s’y distingue, le capitaine révélera à Studd, plusieurs années après, qu’il avait prié quotidiennement pour lui. Un autre lui écrivit la même chose. Un troisième de ses partenaires, fameux alors comme champion, non seulement à Oxford, mais dans toute l’Angleterre, est devenu depuis membre du Comité de sa Mission. Un autre encore, dont le nom était destiné à devenir familier à tous les Anglais, et qui était alors étudiant en médecine, eut sa vie transformée durant ces réunions. Ayant entendu Moody, voici le compte rendu qu’il en donna ; 27
Charles Studd, Champion de Dieu
« J’étais si peu habitué à tout cela que lorsqu’un dévot fastidieux s’embarqua dans une interminable prière, je me levai pour sortir. Alors soudain, l’homme qui présidait (je sus ensuite que c’était Moody) s’adressa à tout l’auditoire en disant : « Chantons un cantique pendant que notre frère termine sa prière… ». Intéressé par le bon sens pratique de cet homme, je restai jusqu’à la fin de la réunion… « Par la suite, comme les frères Studd devaient prendre la parole dans une des réunions de la campagne de Moody, j’y allai, pensant que puisque c’étaient deux athlètes authentiques, je pourrais les comprendre. Jamais je n’oublierai cette réunion où ceux qui voulaient se décider à essayer de suivre le Christ étaient invités à se lever. Évidemment, cela me parut excellent, mais je fus stupéfait de voir combien il m’était difficile, à moi, de le faire ! Finalement, un jeune homme en tenue de matelot et qui se trouvait là avec au moins une centaine de ses pareils venus d’un « Foyer ouvrier » des bords de la Tamise, se dressa soudainement. Je compris parfaitement tout ce que cela exigeait de lui, et je ressentis tellement la valeur d’un si merveilleux courage que je me trouvai instantanément debout à mon tour ; quand je sortis, je savais que j’avais franchi le Rubicon et qu’il me fallait désormais faire quelque chose pour le montrer. » La mission de Moody ayant pris fin, Charles Studd ne s’endormit pas. Il raconte d’ailleurs lui-même la suite des événements : Après que Moody fût parti pour l’Amérique, je voulus déterminer ce que serait l’œuvre de ma vie pour le Seigneur JésusChrist. Mon unique ambition était de le servir, et je priai Dieu de me montrer comment. Mais, là encore, je commis une erreur, en allant prendre conseil auprès de mes amis au lieu de m’en remettre entièrement à Dieu. En faisant cela, je cherchais à déduire la direction divine des raisonnements du bon sens, et au lieu d’y voir plus clair, je m’enfonçais dans l’obscurité. Je devins agité, inquiet, ma santé céda, et je dus aller faire un séjour à la campagne pour me remettre. 28
Les païens pour héritage
Ayant passé trois mois à lire la Bible et à prier Dieu pour qu’il me guidât, je revins mieux portant, mais ne sachant toujours que faire. Je décidai de me préparer au Barreau en attendant l’appel de Dieu, mais une fois à Londres, je vis, au contraire, qu’il m’était désormais impossible, en conscience, d’embrasser une profession ou d’entrer dans les affaires. Cela me semblait tellement inutile ! Dieu m’avait donné bien plus qu’il ne fallait pour ne pas mourir de faim ; aussi, me disais-je, comment pourrais-je dépenser les meilleures années de ma vie à travailler pour moi-même en vue des honneurs et des satisfactions de ce monde, tandis que des milliers et des milliers d’âmes périssent chaque jour sans avoir jamais entendu parler du Christ ? Vers cette époque me tomba entre les mains un tract rédigé par un athée et qui disait : « Si je croyais fermement, comme des millions de gens prétendent le faire, que la connaissance et la pratique de la religion pendant cette vie peuvent influencer notre destinée dans une autre existence, la religion signifierait tout pour moi. Je bannirais les amusements de la terre comme autant de balayures, les soucis de la terre comme autant de folies, les pensées et les sentiments de la terre comme autant de vanités. La religion serait ma pensée première au réveil et la dernière préoccupation de mon esprit avant que le sommeil me plongeât dans l’inconscience. Je ne besognerais plus qu’au service de cette unique cause. Je ne me préoccuperais plus de l’avenir que par rapport à l’Éternité. J’estimerais qu’une âme gagnée pour le ciel vaut bien une vie de souffrance. La crainte des conséquences humaines ne pourrait retenir mes actes ni sceller mes lèvres. Je ne laisserais à aucun moment ma pensée s’occuper de la terre, de ses joies et de ses chagrins. Je m’efforcerais de ne regarder qu’à l’Éternité et aux âmes immortelles qui m’entourent, et qui sont destinées à devenir si vite éternellement heureuses ou éternellement malheureuses. Je m’adresserais au monde, et je le haranguerais en temps et hors de temps en prenant pour texte ce verset : « Que servirait-il à un homme de gagner le monde entier s’il perdait son âme ? » 29
HIE
Charles Studd, Champion de Dieu
AP immédiatement que c’était la définition de la seule JeRcompris G IO vie chrétienne véritablement conséquente avec elle-même, et en
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regardant en arrière pour considérer la mienne, je me rendis compte à quel point elle l’avait peu été. Je pris donc la résolution de mener désormais une vie pleinement conforme à mes convictions, et je m’appliquai à connaître la volonté de Dieu à mon égard. Cette fois cependant, j’étais bien déterminé à ne pas consulter la chair et le sang, mais à attendre les indications de Dieu. La Fils vision desriche âmesplanteur qui s’emparait était de appelée à le d’un de thédeet Studd champion cricket, posséder bien davantage ; mais (1860-1931) il lui restait encore Charles Thomas Studd donnaà apprendre toute sa une leçon d’une importance infinie pour son œuvre à venir :à fortune et devint champion de Dieu en Chine, aux Indes savoiretque zèle seul ne le suffirait jamais à faire de lui un ouvrier en le Afrique. Il est fondateur de la mission AEM-WEC. efficace pour Christ. Il lui fallait de la puissance. « Vous recevrez Un style et plein drôlerie, un esprit de joie et de une puissance vousd’humour, serez mesde témoins. » conquête. Aussi, lorsqu’il se mit résolument à l’écoute du plan de Dieu pour sa vie, la première réponse de Dieu lui montra ce qui lui Sa devise fut : manquait, et la seconde lui révéla que ce vide pouvait être comblé par la «plénitude du Saint-Esprit. Dès est qu’il eûtpour découvert celaildans Si Jésus-Christ est Dieu, et qu’il mort moi, alors n’y les Écritures, Saint-Esprit un pour petit lui. enfant, a aucun Studd sacrificereçut trop legrand que je ne comme puisse faire » par un acte tout simple de total abandon et de foi. Il se trouva alors spirituellement équipé pour entendre l’appel de Dieu et pour y obéir, comme pour traverser toutes les épreuves qui l’attendaient. fut suivante, missionnaire, Cela se produisit enNorman quelquesGrubb jours,(1895-1993) de la manière telle évangéliste, auteur et théologien britannique. qu’il la rapporte : Jeune homme, il a rejoint la mission Heart of Africa Mission dirigée par beauEnviron trois jours après, un de(HAM) mes meilleurs amissonrevenant père, le missionnaire pionnier C.T. Studd, et est à Londres, me demanda de l’accompagner à une réunion d’étude devenu plus tard un disciple de Rees Howells. biblique. J’y allai, et après que nous eûmes lu l’Écriture pendant Il a été secrétaire général de la WEC. Il est aussi quelque temps et commenté cette lecture l’auteur de Sur la brèche (éd.entre CLC nous, France).il nous demanda, à propos d’une personne que nous connaissions : — Êtes-vous au courant de la bénédiction extraordinaire qu’elle a reçue ? Et sur notre réponse négative : — Eh bien, voici. Vous n’ignorez pas qu’elle a consacré presque toute sa vie à lutter pour Christ, et que les Biographie difficultés et les chagrins ISBN : 978-2-7222-0344-0
30 13.00 € TTC
Réf. : CLCC030
B
CHARLES STUDD, CHAMPION DE DIEU Norman Grubb
Les païens pour héritage
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avaient fini par peser sur elle et par l’accabler. Mais dernièrement Dieu lui a donné je ne sais comment une bénédiction telle, que maintenant cela ne l’affecte plus du tout. En fait, rien ne semble pouvoir la tourmenter. Elle mène une existence parfaitement paisible, comme si son ciel était sur la terre. Aussitôt, nous nous mîmes à sonder les Écritures pour vérifier si une telle bénédiction faisait bien l’objet d’une promesse de Dieu. Nous n’eûmes pas besoin de longues recherches pour découvrir que Dieu promet aux croyants une paix qui surpasse toute intelligence, et une joie inexprimable. Nous examinant nous-mêmes avec sérieux, nous reconnûmes que nous ne les possédions pas. Mais nous étions désireux de posséder ce que Dieu avait de meilleur à nous donner, et avant de nous séparer nous nous agenouillâmes pour lui demander cette bénédiction. J’avais pris la chose très à cœur, et c’est pourquoi de retour dans ma chambre, je demandai de nouveau à Dieu de me donner cette paix et cette joie. Ce même jour je découvris le livre intitulé Le secret d’une vie chrétienne heureuse, dans lequel on expose que cette bénédiction est exactement celle que Dieu donne à quiconque est prêt à la recevoir. Je découvris que si je ne l’avais pas reçue c’était justement que je ne lui avais pas fait place en moi. Tandis que j’étais là, tout seul, assis à réfléchir, je compris que j’avais retenu loin de Dieu ce qui lui appartenait. Je compris que j’avais été racheté par le précieux sang du Seigneur Jésus-Christ, mais que je m’étais tenu éloigné de lui et ne lui avais pas complètement cédé. Dès que j’eus compris ces choses, je me mis à genoux et je me livrai à Dieu dans les termes mêmes du chant de consécration bien connu : Prends ma vie, elle doit être À toi seul ô divin Maître… Je me rendis compte que le prochain pas à accomplir consistait dans une foi toute simple, enfantine, sachant croire que ce que Chin j’avais confié à Dieu, Dieu était disposé à le recevoir et à en prendre soin. Je savais que j’avais remis mon âme à sa garde, et qu’il était Inde
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