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S’INFORMER Jeu de la bobine S’INFORMER Salaire minimal

SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES

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S’INFORMER

Jeu de la bobine

Séquence pédagogique créée en collaboration avec Sophie Duponcheel d’Oxfam – Magasins du monde

OBJECTIFS : Faire prendre conscience des impacts de l’industrie textile sur l’environnement : sur les êtres humains, l’air, l’eau, la faune et la flore, le climat, le sol ainsi que les interactions entre tous ces facteurs. – Renforcer les capacités à établir des liens entre des enjeux « Nord » et « Sud », entre la consommation et ses impacts écologiques et/ou sociaux. – Ouvrir des perspectives d’actions alternatives au modèle actuel, tant au niveau individuel que collectif. DURÉE : 50 min MATÉRIEL : Bobine ou ficelle d’au moins 8 mètres, les cartes-identité découpées à partir

des FICHES mmm 7 À 14

Prérequis :

Sans besoin de prérequis particuliers, il peut être intéressant d’avoir lu la BD « Le trajet du jeans » FICHES mm 1 ET 2 afin d’avoir en tête le chemin parcouru par le jeans. Si cette séquence se base sur le t-shirt, la chaîne de valeur ainsi que ses impacts sont similaires.

Déroulement :

Introduisez la thématique en partant du t-shirt. Proposez à vos élèves d’imaginer l’histoire vécue par leur t-shirt (sautez cette étape si vous avez au préalable travaillé la BD « Le trajet du jeans »).

1. Introduction : Vous pouvez par exemple introduire par cette mise en situation : « Je suis arrivé dans un grand magasin un jour d’avril 2022. Je suis resté quelques jours en rayon, ensuite quelqu’un m’a pris par les épaules, a passé sa tête à travers mon col et me voilà parti pour une armoire avec d’autres amis à moi. Une nouvelle vie commence pour moi, sera-t-elle courte ? Longue ? Je ne sais pas encore. J’aimerais écrire le début de ma vie, peux-tu l’imaginer ? » A. Où étais-je avant d’arriver en magasin ? B. Où ai-je été fabriqué ? C. À partir de quelle matière première ai-je été fabriqué ? D. Qui m’a confectionné ?

Petit truc : Proposez-leur de regarder l’étiquette de leur pantalon ou de leur t-shirt pour voir d’où il vient.

2. Modélisation

Distribuez les cartes-identité. En fonction du nombre d’élèves, faites des couples (2 élèves par identité).

Dans un premier temps, prenez quelques minutes pour que chaque couple s’approprie son identité. Assurez-vous que chaque carte-identité soit bien comprise.

Ensuite les élèves vont débuter la modélisation en commençant par un premier petit jeu dont le but sera de connaitre un maximum de personnages. Ici en quelques minutes, chaque couple d’élèves doit trouver au minimum 3 autres identités avec lesquelles ils se sentent reliés. Ils doivent être capables d’expliquer le lien entre chaque identité (Qu’est-ce qui les relie ? Qu’est-ce qui les rapproche ? Quel est leur point commun ? Leur différence ?). Sur ces trois identités trouvées, ils peuvent aussi réfléchir de laquelle ils sont le plus « proches » (proche géographiquement ou proche par l’activité exercée, les deux sont valables).

Pour ce premier exercice, plusieurs options :

Speedating des identités : Faire deux cercles. Le cercle extérieur tourne et chaque élève se présente à l’autre élève et inversement. L’objectif est que les élèves puissent découvrir de façon très claire, plusieurs identités du jeu.

Jeu de touche-touche : Même but que la proposition ci-dessus. Chaque fois que deux enfants se touchent, ils se présentent entre eux et s’ils ont l’impression d’être en lien, ils s’échangent un symbole de leurs identités respectives. Puis ils partent chacun à la rencontre de quelqu’un d’autre.

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Pour faciliter cet exercice, sont surlignés en gras des mots-clés qui désignent des thématiques particulières (travail forcé, racisme, pollution…). Les élèves peuvent repérer un thème en commun et essayer de définir en quoi consiste ce lien. Le contenu de ces thématiques est notamment détaillé ci-dessous.

Après un temps déterminé (suffisamment long pour que chacun ait pu identifier 2 ou 3 identités avec lesquelles des liens existent), on peut alors faire la modélisation de la ficelle :

– Tracez 3 cercles concentriques au sol et placez chaque couple d’élèves en fonction de leurs identités, dans le cercle correspondant (une couleur a été attribuée aux cartes identités en fonction de leur appartenance à un cercle). Installez le nombre de chaises adéquat dans chaque cercle. Cercle 1 = Garde-robe Cercle 2 = Organisateurs Cercle 3 = Impacts / conséquences

– En partant du 1er cercle, l’une des deux cartesidentité du 1er cercle explique son identité à voix haute à toute la classe. Idéalement, les élèves réussissent à incarner leur identité et l’expliquer avec leurs propres mots. Mais ils peuvent aussi décider de simplement lire leur carte. Les autres élèves essaient de deviner quelle est son identité.

– Ensuite quelqu’un du 2e cercle qui se sent en lien avec le t-shirt fait de même. Plusieurs élèves auront déjà considéré lors du premier exercice qu’ils étaient en lien avec cette première identité et se manifesteront. L’animateur·rice relie les deux cartes-identité avec la ficelle. Et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les cartes-identité soient reliées. Vous voyez alors apparaître le système de l’industrie textile et ses interconnexions.

Remarque : Il est tout à fait possible de réaliser la modélisation « ficelle » sans passer par le moment de présentation détaillée de chaque carte auparavant. Alors la modélisation se déroule de la même façon : après que le t-shirt se soit présenté, demandez aux autres élèves : qui se sent en lien/ proche de cette identité ?

Autre option de modélisation : on se rassemble autour d’une grande affiche où le monde est représenté, où on peut placer les identités sur la carte, dessiner/tracer et expliquer les liens que les enfants ont trouvés.

Imp ac ts / cons équences SAYORA, OUZBÉKISTAN RISMA, COUTURIÈRE INDONÉSIE

MYTHILI, OUVRIÈRE EN INDE

JADE, UN ÉLÈVE DE 6e SECONDAIRE EAU

CHEF D’ENTREPRISE

Gar de-robe

T-SHIRT

T-SHIRT DONT PERSONNE N’A VOULU

Organisateurs

PUB PÉTROLE

PLANTE DE COTON

AIR

MAGASIN PRÉFÉRÉ GOUVERNEMENT

JANAKI, VICTIME DU SYSTÈME SUMANGALI

JULIE, EMPLOYÉE D’UNE CHAÎNE DE VÊTEMENT PRIMARK

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3. Débrief du jeu de la bobine :

Une fois la modélisation réalisée, plusieurs manières sont possibles pour faire ressentir à la classe le fait que tous les éléments (cartesidentité) font partie d’un système connecté. Entamez le débrief en proposant de :

Demandez aux identités qui se sentent fortes, puissantes de se mettre debout sur leur chaise.

– Que remarquent-ils? À l’inverse, les élèves aux identités impactées par ce système peuvent à leur tour se mettre debout sur la chaise, que remarque-t-on à nouveau?

Ensuite, vous pouvez demander aux élèves de déposer la ficelle et leur carte-identité à l’endroit où ils se trouvent. Disposez la classe debout en cercle autour du système représenté par la ficelle et demandez-leur d’observer.

– Quelles remarques peut-on faire? Qu’est-ce que ça évoque aux élèves?

Enfin, distribuez à chacun·e des post-it. Sur ces post-it, demandez aux élèves de réfléchir à des solutions pour modifier ce système mis en place. Une fois la solution écrite, ils peuvent placer le post-it à l’endroit du système où cette solution pourrait apparaître.

Pour finir la réflexion de votre groupe, vous pouvez également proposer ces quelques pistes : – Proposer d’écrire leur étiquette idéale de t-shirt. – Créer des t-shirts de revendications. Les élèves réfléchissent en groupe aux messages de revendications à mettre dessus. Ils écrivent ensuite sur le t-shirt et le gardent en classe (voir l’atelier Logobusting PAGE 36).

4. Quelques informations sur les conséquences de l’industrie textile :

L’industrie textile reproduit une série d’oppressions que vous pouvez faire ressortir avec votre classe : exploitation économique, oppression de genre, et destruction de l’environnement sont autant d’impacts à discuter.

Conséquences sociales :

Le système capitaliste est une machinerie bien rodée : il repose sur la production des biens, mais également sur la consommation de ces derniers. Et pour que les consommateurs consomment, leurs désirs sont transformés en besoins par le biais de la publicité. Afin d’attirer la clientèle de manière régulière en magasin, les entreprises de mode proposent sans cesse des nouveautés à bas prix, parfois plus d’une collection par semaine ! C’est ce que l’on appelle la « fast-fashion ». Mais cette idéologie du « toujours plus, toujours plus vite, toujours moins cher » a des impacts désastreux, tant au niveau écologique qu’humain. D’une part, si les prix sont cassés, c’est notamment parce que la main d’œuvre est exploitée et que la qualité du vêtement est médiocre. Concrètement, le coût « visible » d’un t-shirt cache un coût « invisible ». Si nous achetons un tee-shirt à trois euros dans une grande enseigne, c’est que d’autres – tout au long de la chaîne de production – ont payé la différence à notre place : salaire minimum bien en-dessous du salaire vital, journées de travail de plus de 12 h, conditions de travail insalubres et dangereuses (la catastrophe du Rana Plaza en est l’illustration la plus dramatique).

Il faut aussi souligner le rôle des femmes dans ce circuit du vêtement : en effet 80 % des travailleurs du textile sont en réalité des travailleuses. De façon plus globale, les femmes sont employées par les secteurs les plus à risques et souvent de façon informelle. En 2017, 40 millions de personnes furent victimes de violations de droits humains. De ces 40 millions, environ 70 % étaient des femmes et des enfants.

Conséquences environnementales :

Dans le même temps, il existe un coût environnemental déguisé. L’impact environnemental du transport de ces biens qui viennent du bout du monde mais aussi la pollution engendrée par la production de ceux-ci. Notamment en ce qui concerne la pollution des eaux, que ce soit à travers l’usage de pesticides ou de l’irrigation ; ou encore via le rejet des produits chimiques utilisés pour donner une teinture aux vêtements.

La mer d’Aral est emblématique de ces conséquences environnementales désastreuses : anciennement, elle était la 4e plus grande réserve d’eau salée du monde.

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D’une superficie de 68 000 km², c’était une réserve de poissons essentielle pour la région. Dans les années 1950, Staline a développé la culture du coton dans le Sud de l’URSS. En Ouzbékistan, 4 millions d’hectares y ont été dédiés. Chaque hectare nécessitant 12 000 mètres cubes d’eau et chaque kilo de coton nécessitant en moyenne 8 500 litres pour sa production. Les deux rivières qui alimentaient la mer d’Aral (Amou Daria et Syr Daria) ont été détournées pour l’irrigation. Par conséquent, plus de 70 % de la mer d’Aral ont disparu en 30 ans ; et avec elle, les plantes, poissons et animaux.

D’autre part, dans un système où le vêtement est perçu comme un accessoire jetable à usage unique, il perd rapidement son attrait. Les marques n’arrivent donc pas à écouler leurs stocks et en viennent à brûler, jeter ou détruire les invendus. Par conséquence, les vêtements passés de mode qui dorment au fond de nos placards ne seront généralement ni revendus, ni réutilisés, ni recyclés une fois que l’on aura décidé de s’en séparer : ils finissent inéluctablement à la décharge.

Tous ces éléments font de l’industrie textile l’une des industries les plus polluantes au monde.

Des chiffres pour exemplifier aux enfants :

Pour fabriquer 1 jeans et 1 t-shirt, on utilise autant d’eau qu’un enfant pourrait en boire durant 13 ans !

Pour fabriquer 1 t-shirt, on a besoin de l’équivalent en eau de 70 douches.

Pour être fabriqué, 1 jeans parcourt 1,5 fois le tour de la Terre.

La culture du coton utilise ¼ de l’ensemble des pesticides utilisés dans le monde.

La teinture des textiles est responsable de 20 % de la pollution de l’eau douce dans le monde.

Dans l’industrie du vêtement, 4/5e des travailleurs sont des femmes.

5. Solutions et pistes d’actions

Les solutions :

Le 2e main

Acheter du coton bio

Le slow fashion

La règle des 5 R : Faites un lien avec l’exercice de la FICHE m 2 Des pistes d’actions illustrées pour vos élèves :

À Liège, une classe de cinquième et sixième primaire réalise que seulement 1 % du prix des maillots des Diables Rouges revient aux personnes qui les ont confectionnés. Indigné·e·s, les enfants se mobilisent et rédigent une lettre à la Fédération du Football et aux joueurs pour faire changer les choses. Ils sont aussi à l’origine d’une pétition pour que cela ne se reproduise plus !

Découvrez leur histoire grâce à cette vidéo : www.rtc.be > video > des élèves dénoncent les conditions de fabrication des maillots des diables rouges

Défil’éco de l’école Leon Ferrer et l’ASBL Assistance à l’Enfance organise, depuis 2013, des défilés sur base d’objets de récupération et ce, pour la bonne cause. Les bénéfices du défilé sont reversés aux associations participantes.

Les magasins du monde Oxfam vendent des articles produits équitablement dans différentes régions du monde. L’ASBL vise une meilleure conscientisation des citoyen·ne·s par rapport à leurs achats quotidiens. De plus, Oxfam vend des vêtements de seconde main leur donnant ainsi une seconde vie. De nombreux·ses bénévoles s’y investissent quotidiennement pour permettre à ces boutiques éthiques et sociales de perdurer. On retrouve également des magasins Oxfam dans les écoles secondaires : les JM’s (les Jeunes Magasins du monde Oxfam).

Bon à savoir :

Le collectif Éthique sur l’étiquette se bat chaque jour pour le respect des droits humains au travail dans le monde, et pour une meilleure information des consommateur·rices de mode.

Fashion Revolution, connu pour son hashtag #WhoMadeMyClothes, lutte pour que l’industrie textile s’engage pour une mode plus juste.

L’application mobile Clear Fashion vous permet également de savoir ce qui se cache sous l’étiquettes de vos vêtements.

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