Texto 38 printemps 2016

Page 1

Le magazine interne de Radio France NO 38 – PRINTEMPS 2016

INITIATIVES Chaîne publique d’information : France Info au cœur du projet Page 10

REGARDS CROISÉS InterClass’ : un dispositif pédagogique unique en son genre Page 14

Stratégie sociale et Ressources humaines

Accompagner les évolutions de l’entreprise GRAND ANGLE

Page 6

Jean-Claude Luciani, directeur délégué en charge de la Stratégie sociale et des Ressources humaines.


pêle-mêle

Les cafés de Radio France

Partager une culture commune

Saviez-vous que Radio France, c’est trente millions de podcasts mensuels et que 54 % des internautes consultent francebleu.fr en mobilité ? Non ? Alors venez vite partager les Cafés de Radio France ! Lancé à l’initiative de Campus Radio France et de la direction du Numérique, un café mensuel est proposé depuis janvier dernier à tous les collaborateurs pour échanger sur différents sujets transverses qui participent de la culture commune de l’entreprise. Quoi de plus convivial et chaleureux, en effet, qu’une pause-café post-déjeuner (13 h 15-14 h 00) pour s’informer sur les enjeux de l’entreprise et sa transformation ? Si les premiers rendez-vous étaient centrés sur le numérique (nouveaux sites de francebleu.fr et de franceculture.fr, webradios), les prochaines éditions de ces Cafés seront ouvertes à d’autres thématiques (mesures d’audience, connaissance de nos publics…). À l’issue de chaque rendez-vous, les participants repartent avec une documentation sur le sujet du jour. Un mémento pédagogique à conserver pour être incollable sur les projets de l’entreprise.

texto – n° 38 – printemps 2016

grand angle

initiatives coulisses

Gestion des risques

« Les grandes heures » Ina/Radio France

Des rencontres que l’on n’oublie pas ! En coédition avec l’Ina, Radio France publie, ce printemps, deux pépites radiophoniques qui viennent enrichir « Les grandes heures », collection inédite de grands entretiens de personnalités du monde de la culture. Au programme : Le ravissement de la parole, à l’occasion des 20 ans de la disparition de Marguerite Duras, et Parlez-moi d’elle, de Béatrice Clerc-Bastide, qui regroupe

3

regards croisés portrait

les témoignages d’écrivains invités à évoquer leur mère, dans les années 90, par la productrice de France Culture. Initiée en 1994, cette collection rassemble un patrimoine rare et précieux, des années 50 à nos jours. Quoi de plus émouvant que la voix de celle ou de celui qui se raconte, qui prend le temps de se mettre à nu pour faire découvrir à l’auditeur les arcanes d’une œuvre ?

Dans le cas de Marguerite Duras, le fonds est considérable : celle qui aimait la radio et son public y parle de son œuvre, des adaptations de ses romans, de ses pièces de théâtre, des films. « Elle parle juste, et sa parole rayonne de la liberté qu’elle porte en elle et qu’elle offre en partage », résume Jean-Marc Turine, ancien producteur à France Culture et ami intime de Marguerite Duras. Un ravissement partagé par Marie-Annick Huet, responsable des Éditions sonores, « émerveillée par la magie de la radio et sa capacité à faire revivre ces voix et à créer une proximité avec des personnalités extraordinaires ».

Préparer les impacts d’une crue majeure de la Seine

Juridique

Suivez le guide !

Du 7 au 18 mars dernier, la préfecture de police de Paris a organisé un important exercice de gestion de crise, d’ampleur européenne appelé « EU Sequana », simulant une crue majeure de la Seine. La conférence de presse annonçant son lancement s’est déroulée le lundi 7 mars, à la Maison de la radio. Le groupe est, en effet, doublement concerné. Si un tel événement se produisait, ce sont les antennes de Radio France qui serviraient de relais aux pouvoirs publics pour diffuser à la population les consignes de sécurité, et les informer en temps réel. Radio France, au même titre que toutes les entreprises implantées en bord de Seine, devra assurer son fonctionnement normal aussi longtemps que possible. Une barrière de protection a, d’ailleurs, été déployée et testée le 7 mars dernier, tandis que, pendant toute la semaine, une exposition-ateliers, organisée à l’Agora de la Maison de la radio, a sensibilisé les personnels aux impacts de ce risque, dont la probabilité est de un sur cent, chaque année. « L’anticipation et la préparation sont les clés d’un retour à la normale rapide », conclut Bruno Lenormant, délégué à la Défense et à la Continuité d’activité de Radio France.

France Culture

Tintin sur les ondes C’est une première ! France Culture se lance dans la réalisation radiophonique des albums de Tintin. L’idée est née de la passion commune de la chaîne et de la ComédieFrançaise pour le célèbre héros belge. Du 8 au 12 février dernier, France Culture a diffusé chaque soir Les cigares du pharaon. Coproduite avec Moulinsart, la société

Journée internationale des droits des femmes chargée de l’exploitation de l’œuvre d’Hergé, et l’Orchestre National de France, cette aventure est la première d’une collection en cours de création autour du Lotus bleu, des Sept boules de cristal, du Temple du soleil et de L’affaire Tournesol. Pour renouveler le genre du feuilleton radiophonique et donner à partager autrement cette œuvre majeure de la ligne claire, Benjamin Abitan, jeune metteur en scène et réalisateur et grand tintinophile, a accepté de relever le défi. Le résultat : un film sonore palpitant, avec peu de narration, enchaînant rapidement les scènes jouées par les Comédiens du Français, et porté par la musique originale d’Olivier Daviaud. Tintin n’avait plus été adapté à la radio sous forme de feuilleton depuis les années 60. Une belle résurrection, fruit de l’énergie et du talent déployés par les équipes conquises par ce projet ! Pour les auditeurs de 7 à 77 ans.

Radio France emprunte le chemin de la mixité Le 8 mars dernier, Anne Sérode, présidente du comité Diversité de Radio France, et Nathalie Clinckx, déléguée à l’Égalité des chances, en lien avec la direction de la Communication, ont organisé une opération de sensibilisation auprès des collaborateurs de Radio France. Lieu d’ancrage de cet événement, le studio 105 et ses abords, où chacun pouvait écrire sur des murs d’expression, au moyen de post-it, des propos sexistes entendus ou vécus au quotidien. Autant de thèmes, illustrés par la dessinatrice Catel (photo), destinés à nourrir prochainement une campagne interne sur

les stéréotypes. Des membres de l’équipe Diversité ont animé des stands pour mieux faire connaître le site Expertes.eu et les actions de parrainage de jeunes avec l’association Capital filles. Proposée par Sandrine Treiner, directrice de France Culture, une table ronde « Réussir la mixité », animée, par Olivia Gesbert, a ponctué la mi-journée. Ce débat a mis l’accent sur les réflexes à développer au quotidien pour accroître la place des femmes à l’antenne. Enfin, une conférence sur le thème « Femmes et management : osez la mixité » a clôturé cette journée. Fabienne

© MATHIEU GENON/RADIO FRANCE

2

Servan-Schreiber, présidente de Cinétévé, et Alain Clot, président de France Fintech, y ont montré combien la mixité développait l’efficacité au sein des organisations… À bon entendeur…

La direction des Affaires juridiques vient d’enrichir sa série de guides en ligne d’un nouvel opus consacré à la mise en ligne de photographies. « Avec le développement des nouveaux usages et outils numériques, les antennes de Radio France sont de plus en plus amenées à diffuser des photos sur Internet et les réseaux sociaux, ce qui nécessite de respecter un certain nombre de règles, sous peine de se retrouver dans une situation conflictuelle avec un ayant droit, voire de s’exposer à un contentieux pour délit de contrefaçon », précise Frédérique Riéty, directrice des Affaires juridiques. Ce guide présente de façon synthétique les bonnes pratiques à suivre en la matière, dans un langage simple et pédagogique, étayé d’exemples concrets. D’autres guides, élaborés dans le même esprit, sont également accessibles sur l’intranet de la direction des Affaires juridiques : l’un, consacré aux assurances, vient d’être actualisé ; un autre sur la mise en ligne de contenus (sons, vidéos, textes, etc.) ; un troisième sur le droit de la presse, ainsi qu’un autre intitulé « droits d’auteur et droits voisins à l’ère du numérique ». Parce qu’un petit clic vaut souvent mieux que d’inutiles ennuis, n’hésitez pas à les consulter dès à présent ! Intranet > Directions transversales > Affaires juridiques

texto – n° 38 – printemps 2016


4

pêle-mêle

francemusique.fr

Le cap du million de visites est franchi

De mois en mois, le site francemusique.fr s’impose comme le premier média de musique classique sur le Web en France. « En janvier 2016, nous avons dépassé le cap du million de visites, un chiffre plus de deux fois supérieur à celui de notre principale rivale de la bande FM », se félicite Romain Vallée, responsable du site. Dans le même temps, le nombre de pages vues atteignait trois millions. Ces bons chiffres confortent la stratégie numérique adoptée depuis deux ans par la chaîne, qui avait étoffé son équipe numérique, et décidé d’enrichir massivement son offre éditoriale. Résultat : « Aujourd’hui, lorsqu’un internaute cherche une info sur la musique classique, il a de plus en plus tendance à se rendre sur notre site, qui propose une véritable offre d’actualité, en cohérence avec la chaîne », souligne Pierre Charvet, directeur adjoint de France Musique. Pour autant, la chaîne n’entend pas se reposer sur ses lauriers, et prépare une nouvelle évolution du site, qui devrait encore creuser l’écart.

texto – n° 38 – printemps 2016

grand angle

initiatives coulisses

Mouv’

Saison musicale 2016-2017

Rassembler autour de la musique ! Conçue pour réunir un vaste public à partir d’une programmation variée, la prochaine saison musicale sera présentée, en mai, à l’Auditorium de la Maison de la radio par le président Mathieu Gallet et Michel Orier, nouveau directeur de la Musique et de la Création culturelle. Elle montre combien chacune des formations s’inscrit dans un ensemble qui ouvre les plus vastes horizons. L’Orchestre National de France mettra la musique

5

regards croisés portrait

française à l’honneur avec Emmanuel Krivine, Bernard Haitink, Louis Langrée (qui dirigera Pelléas au Théâtre des Champs-Élysées) et les voix de Stéphanie d’Oustrac et Anne Sofie von Otter. L’Orchestre Philharmonique de Radio France mettra le cap au Nord, abordera L’Affaire Makropoulos avec son directeur musical Mikko Franck et participera à la réouverture de l’OpéraComique avec Fantasio. Sofi Jeannin entraînera la Maîtrise (qui fêtera ses 70 ans) avec les orchestres, tout en poursuivant sa politique d’œuvres nouvelles (signées Stephenson, Ducol, Calmel). Le Chœur, dont elle est également directrice musicale, abordera de grandes pages sacrées (Stabat Mater, de Rossini, Te Deum, de Bruckner), ainsi que des opéras, dont Carmen. Des rendez-vous mensuels seront consacrés à l’Espagne, la mer Baltique… et à des musiciens (le compositeur Gilbert Amy, le pianiste Jean-Yves Thibaudet, le trompettiste Håkan Hardenberger). Enfin, des concerts d’orgue magnifieront le nouvel instrument qui sera inauguré en mai prochain.

Tous debout pour le hip-hop C’est un partenariat inédit : vitrine mondiale pour les professionnels de la danse, le festival de hip-hop, Juste Debout, a fait son entrée à Radio France. Lancée en 2002 par Bruce Ykanji, figure de proue du popping, Juste Debout est devenu, au fil des années, la rencontre internationale de référence de danses hip-hop dites « debout ». Partenaire de l’édition 2016, caractérisée par un jury exclusivement féminin, Mouv’ a accueilli, le 4 mars dernier au studio 104 et dans l’Auditorium, les présélections parisiennes. Cet événement original et inédit au sein de la Maison de la radio traduit la volonté de Mouv’ de donner toute sa place à une expression culturelle et artistique de premier plan, encore assez peu présente au sein des institutions culturelles « classiques » et sous-représentée dans les médias. Or, il y a un réel engouement pour ces danses ! Preuve en est l’affluence en augmentation chaque année : outre les danseurs participant à la compétition (plus de six cents de toutes nationalités), le public présent pour les finales, le 6 mars, à l’AccorHotels Arena comptait près de quinze mille personnes ! Une manifestation que les auditeurs ont pu suivre en direct sur Mouv’.

Discothèque

Une nouvelle vie pour les vinyles

Pour tous les passionnés de musique, professionnels et collectionneurs, Radio France organise, le dimanche 19 juin (de 14 h 00 à 19 h 00), à la Maison de la radio une vente aux enchères de quatre mille vinyles provenant de l’extraordinaire collection de la Discothèque de Radio France, constituée de 1,6 million de disques, dont quatre cent cinquante mille vinyles.

Le reportage vidéo de la soirée est à retrouver sur le site et la chaîne YouTube de Mouv’.

Orchestre National de France

Une tournée américaine triomphale Succès public, succès critique, la tournée de l’Orchestre National de France en Amérique du Nord, qui l’a mené suc­ces­si­vement à Boston, Ottawa, New York Greenvale, Newark et Washington­, s’est achevée le 31 janvier sur un bilan très positif. Les six concerts se sont joués à guichets fermés et se sont achevés par des standing ovations. Le public américain a été conquis par le programme, qui associait, selon les étapes, des œuvres de Debussy, Chostakovitch­, Tchaïkovski­ ou Mozart, et par la direction de Daniele Gatti, dont c’était la dernière grande tournée internationale à la tête de l’Orchestre National de France. Pour ce périple musical, la formation de Radio France s’était fait accompagner de solistes renommés

Auditorium

Fréquentation en hausse

De gauche à droite : Christine Lagarde, Mathieu Gallet, Caroline Ryan (directrice de la Chambre de commerce américaine en France), Daniele Gatti et Julian Rachlin.

comme le violoniste Julian Rachlin ou, à New York, le pianiste Alexandre Tharaud. Le point d’orgue de cette tournée américaine a été le concert du 28 janvier au Carnegie Hall, à New York, donné en présence de Christine Lagarde, présidente du Comité d’honneur de cette

tournée américaine. À peine l’orchestre était-il de retour en France, qu’il repartait quelques jours plus tard en Autriche, pour une résidence de trois concerts au Musikverein de Vienne avec, notamment, le violoniste Renaud Capuçon et le baryton Peter Mattei.

Six mois après le début de la saison musicale 2015-2016 – première saison complète à la Maison de la radio –, les résultats de fréquentation sont encourageants. Sur cette période (1), Radio France a vendu plus de 81 000 billets, soit 8 000 de plus que les prévisions, tandis que la fréquentation de l’Auditorium dépassait de 7 % celle de la totalité de la saison précédente (75 500 billets). Le taux de remplissage a, quant à lui, gagné deux points à 74 %. Passé de 8 150 à près de 16 000, le nombre de clients a lui aussi connu une forte hausse. Les différentes campagnes de marketing et de communication lancées fin 2015 pour mieux faire connaître la programmation et l’Auditorium y ont contribué. L’analyse des chiffres révèle, en effet, que 73 % des clients (11 000) sont de nouveaux clients ayant, pour la plupart, franchi pour la première fois le seuil de l’Auditorium à partir

de décembre dernier. Autre point positif : le nombre d’abonnés a augmenté de 18 % et les abonnements représentent près du tiers du montant total des recettes. Ces résultats montrent que la Maison de la radio tient toute sa place dans l’offre musicale francilienne. (1) Septembre 2015-février 2016.

Présents en double, voire en triple exemplaire, dans le fonds discographique, ces vinyles ont été sélectionnés pour cette vente, dont les gains serviront Radio France à enrichir, une fois de plus, son immense collection sonore, sur le plan éditorial, mais aussi à continuer la numérisation des supports physiques lui appartenant déjà. Après une première vente – de matériel technique – couronnée de succès, l’an passé, et, à la suite d’un appel d’offres, c’est une nouvelle fois le commissairepriseur spécialisé Art Richelieu, qui sera chargé du bon déroulement de cette opération. Toutes les modalités pratiques de la vente suivront au cours du printemps.

texto – n° 38 – printemps 2016


6

pêle-mêle

grand angle

initiatives

coulisses regards croisés

7

portrait

Stratégie sociale et Ressources humaines

Accompagner les évolutions de l’entreprise Jean-Claude Luciani a été nommé directeur délégué à la Stratégie sociale et aux Ressources humaines, le 1er septembre 2015. Après une phase d’observation, puis de constat et de diagnostic, cet expert des relations sociales prépare une nouvelle organisation des Ressources humaines visant à rapprocher le pouvoir de décision du terrain… Rencontre. D’autres particularités vous ont-elles étonné ?

Oui, notamment la diversité des métiers exercés au sein de l’entreprise. Ce n’est pas seulement qu’ils sont nombreux – une bonne centaine de métiers – mais surtout que leur pratique peut revêtir des réalités assez différentes, notamment d’une antenne à l’autre. Cette variété est assez unique.

Comment analysez-vous le fonctionnement de votre propre direction ?

J’ai trouvé, en prenant mes fonctions, une communauté humaine soudée et efficace. Chacun de ses membres est très impliqué, car nous devons gérer des sollicitations multiples et un dialogue social intense, ce qui représente une charge de travail importante. Néanmoins, les quelques mois passés à la tête de cette direction m’ont clairement montré que notre organisation était trop centralisée.

Quelles ont été vos premières impressions lorsque vous avez pris vos fonctions, en septembre dernier ?

Radio France est une entreprise passionnante et passionnée, assez complexe, qui ne se laisse pas découvrir en un jour. Il faut du temps pour en faire le tour, ne serait-ce que physiquement. La Maison de la radio est un immeuble vaste et un peu labyrinthique, qui se révèle pro­gres­si­ vement, jour après jour. C’est pourquoi, dès que mon agenda me le permet, je me rends sur le terrain, je visite, je pousse les portes et discute avec les gens qui font la radio. J’aime le contact, c’est quelque chose de naturel, pour moi.

texto – n° 38 – printemps 2016

Nous sommes, pour l’instant, localisés à Mangin, alors que nombre d’antennes et de directions se trouvent à la Maison de la radio, ce qui n’est pas idéal pour répondre au mieux aux attentes exprimées. Mais notre é­loi­gnement n’est pas uniquement géographique. Lorsque nous sommes saisis d’un sujet, nous savons, certes, poser le bon diagnostic, mais j’estime que nous devons aller plus loin et développer un mode d’échange plus inter­ ac­tif avec nos clients internes, car il y a de réelles attentes.

Comment comptez-vous procéder ?

Nous allons redonner toute sa place à la stratégie sociale, qui est ma mission première, comme l’indique l’intitulé de mon poste. La stratégie sociale consiste à anticiper les grandes évolutions de l’entreprise en termes d’emploi, de compé­ tences, de recrutement, de formation, etc. et à accompagner les entités de l’entreprise dans leurs projets. Pour élaborer et mettre en place cette stratégie, il nous faut du temps ; c’est ce qui nous manque, aujourd’hui, car nous sommes trop investis dans des tâches opérationnelles quotidiennes. Pour dire les choses tri­via­ lement, nous avons « le nez dans le guidon », au moment où l’important est de « relever les phares ».

De quelle façon ?

Nous allons mettre en place une nouvelle organisation, qui devrait nous aider à dégager les marges de manœuvre nécessaires pour nous consacrer davantage à la stratégie sociale. Cette organisation s’articule autour de trois axes. Tout d’abord, nous continuerons à exercer directement nos fonctions « régaliennes », comme la paie, le dialogue social, le recrutement ou l’expertise juridique.

Ci-dessus, de gauche à droite : Gabrielle Badoy et Nicolas Godefroy. Ci-contre, de gauche à droite : François Marsaud et Nathalie Clinckx.

Le niveau central conserve, en effet, toute sa légitimité pour l’ensemble de ces fonctions pour lesquelles la DRH doit en garder le complet pilotage. La conception d’un processus de recrutement, par exemple, impliquant des exigences de diversité, doit être réalisée par la DRH, compte tenu de sa sensibilité, et nous disposons pour cela de l’expérience, des compé­tences et du savoir-faire pour la mener à terme.

Dès lors, quel est le second axe de votre projet de nouvelle organisation ?

Nous devons, en revanche, parvenir à déléguer plus largement la partie opérationnelle des autres fonctions RH. En effet, autant il est logique et légitime que nous intervenions dans la partie amont des principaux processus liés aux Ressources humaines, autant il ne me paraît pas indispensable que la DRH soit systématiquement présente en aval. Prenons l’exemple de la formation. Il est logique que nous élaborions le plan de formation de l’entreprise, parce que la DRH a la vision globale de ses besoins, et aussi du budget correspondant. Pour autant, ce préalable posé, rien n’empêche que tout ou partie de ces formations soit à la main de l’échelon opérationnel. De même, la signature initiale d’un contrat de travail doit rester de notre ressort. Mais si un salarié déjà en place souhaite travailler à temps partiel, la signature de l’avenant peut très bien être apposée localement.

texto – n° 38 – printemps 2016


8

pêle-mêle

grand angle

initiatives

coulisses regards croisés

STRATÉGIE SOCIALE ET RESSOURCES HUMAINES point de vue, il est normal de fournir aux partenaires sociaux l’information dont ils ont besoin pour prendre position. Je pense, notamment, à l’information économique, qui peut nourrir quelques incompréhensions, alors qu’il suffit souvent de dire la vérité d’une situation pour que le dialogue s’apaise.

Pouvez-vous nous donner un exemple ?

L’une des craintes, légitimes, des organisations syndicales est que les non-remplacements de personnels partis – sans li­ c en­ ciement, rappelons-le – prévus par le Contrat d’objectifs et de moyens, soient mal répartis et pénalisent tel ou tel service. Pour lever ces inquiétudes, nous réalisons un reporting mensuel de la situation à partager tous les mois, avec les partenaires sociaux. Ainsi, si l’on constatait trop de départs au même endroit, on pourrait procéder aux ajustements nécessaires. Cette forme d’anticipation partagée devrait aider à aborder les choses plus sereinement.

Que cherchez-vous en redonnant, ainsi, un certain nombre de tâches aux niveaux opérationnels de l’entreprise ?

Au-delà d’une réelle amélioration du pilotage des processus par la DRH, notre intention est clai­ rement de donner davantage de capacité à agir à ceux qui sont proches du terrain, pour que les décisions se prennent vite et au bon niveau, et ne remontent la chaîne hiérarchique que dans les seuls cas que nous aurons définis.

Comment se présentent les mois qui viennent sur le plan social ?

Quel est le contenu du troisième axe ?

Il consiste à renforcer le maillage RH, en mettant en place au niveau des grandes entités de l’entreprise des représentants dédiés, rattachés à la DRH, qui seront, en quelque sorte, les ambassadeurs de notre fonction, mieux à même d’appréhender les réalités de terrain et qui disposeront d’une délégation de responsabilité. Ces nouveaux acteurs ne se substitueront pas aux délégués RH et Gestion, qui dépendent des chaînes et directions, lesquels conserveront toutes leurs prérogatives. Simplement, ces deux niveaux pourront interagir, échanger, de façon réactive, et non hiérarchique. Nous devons finaliser cette nouvelle organisation, no­tamment son périmètre, et le nombre d’entités, en vue d’une mise en place avant l’été.

Quelle est votre approche du dialogue social au sein de l’entreprise ?

Nous entretenons avec les organisations syndicales un dialogue de qualité. Nous ne sommes pas d’accord sur tout et il nous arrive de nous opposer, mais ma conviction est que les discussions doivent avoir lieu sur la base d’informations transparentes et partagées, afin d’éviter de nous affronter inutilement sur des sujets insuffisamment documentés. De mon

texto – n° 38 – printemps 2016

Ci-dessous, de gauche à droite : François Marsaud et Nathalie Clinckx.

9

portrait

Notre volonté de transparence et de recherche d’une plus grande confiance réciproque nous a conduits à élaborer un calendrier social plutôt chargé, qui prévoit l’ensemble des rendez-vous des prochains mois avec nos partenaires sociaux. Outre les réunions des différentes instances – CHSCT, CE, CCE, CCE extraordinaire –, y figurent les multiples réunions d’échange ou de négociation en cours et à venir. Parmi celles-ci, la poursuite des négociations du nouvel accord collectif (Nac) constitue une part importante de nos travaux.

Donner un cadre, préparer l’avenir Tout en traitant l’ensemble des négociations figurant à l’agenda social de Radio France jusqu’à l’été, dont le Nouvel accord collectif, la direction déléguée à la Stratégie sociale et aux Ressources humaines est également engagée dans l’accompagnement de la mise en œuvre de différents projets de l’entreprise comme, par exemple, la nouvelle chaîne publique d’information.

Chaîne publique d’information

La dimension humaine du projet

Stéphane Delpech.

Le projet de nouvelle chaîne publique d’information est sur les rails (cf. article p. 10). Les équipes de Radio France se réunissent en mode projet très régulièrement pour préparer son lancement. Depuis plusieurs semaines, au moins un représentant de la direction déléguée

à la Stratégie sociale et aux Ressources humaines participe systématiquement à ces réunions. « Il est essentiel que nous soyons associés au projet en amont pour anticiper les besoins en matière de ressources humaines et, dans ce cas, ils sont à la fois nombreux et variés », souligne Stéphane Delpech, directeur délégué au Dialogue social. En effet, Radio France Interviendra en images sur cette chaîne, ce qui nécessite pour notre groupe, de culture radiophonique, l’apprentissage de la dimension télévisuelle. Une évolution, que la direction déléguée à la Stratégie sociale et aux Ressources humaines a pour mission d’accompagner. « Nous sommes en train d’identifier les besoins en termes d’effectifs, de compétences, de formation, afin de voir comment nous pourrons les pourvoir au mieux, dans un contexte budgétaire contraint et sur fond de maîtrise

des effectifs », précise Stéphane Delpech. Pour alimenter cette nouvelle chaîne, Radio France est amenée à disposer de compétences nouvelles. Ces postes pourront être pourvus en interne par des salariés qui bénéficieront d’une formation pour monter en compétence ou en acquérir de nouvelles. Cette nouvelle chaîne n’ayant pas d’équivalent, certaines formations seront, d’ailleurs, créées de toutes pièces, notamment en lien avec l’Ina. Toutefois, Radio France ne s’interdit pas de faire appel à des recrutements extérieurs pour des compétences dont elle ne disposerait pas. L’implication des ressources humaines est d’autant plus importante que le lancement de cette nouvelle chaîne ne doit pas se faire au détriment des autres projets en cours. « Notre ambition est de contribuer à la réussite de tous les projets », conclut Stéphane Delpech.

Nouvel accord collectif

Le cadre structurant de la vie au travail L’accord d’entreprise des journalistes de Radio France a été signé en juin 2015. Pour différentes raisons, les négociations relatives au Nouvel accord collectif des personnels techniques, administratifs, de production, ainsi que des musiciens et des salariés en CDD-U (cachetiers), qui devaient reprendre en janvier, ont dû être décalées et ont repris le 22 mars. « Nous nous sommes fixé comme objectif de finaliser le document d’ici l’été », précise Céline Fulgence, déléguée à l’Ingénierie sociale. Le projet de Nouvel accord collectif prévoit les grandes règles qui régissent les relations de travail au sein de l’entreprise : nomenclature des métiers, grille des salaires, déroulement de carrière, jours de congés, organisation du temps de travail. Il s’agit d’un texte important, structurant, qui demande des réunions de négociation soutenues. Des thèmes ont déjà été longuement négociés,

notamment la nomenclature des métiers, le système salarial et le déroulement de carrière. Pour donner une idée de l’ampleur du travail que demande l’élaboration d’un tel document, il est prévu que les partenaires sociaux se rencontrent plus de vingt-deux fois jusqu’en juin pour le négocier. Sur les vingt-deux réunions prévues, plus de dix seront consacrées à des thèmes comme le temps partiel, l’organisation du temps de travail, les congés, les musiciens, les personnels rémunérés au cachet. Une fois ces thématiques abordées et négociées, les partenaires sociaux s’emploieront, pendant les dix dernières réunions, à la relecture et à la négociation finale du texte global. Ce n’est qu’une fois la phase de négociation achevée, que la direction de Radio France mettra le texte à la signature pour une mise en application à l’automne 2016.

texto – n° 38 – printemps 2016


10

pêle-mêle

grand angle

initiatives

coulisses

11

regards croisés portrait

Chaîne publique d’information

Moyens techniques

Le projet de chaîne publique d’information, dont le lancement est prévu pour septembre 2016, est entré dans sa phase de préparation opérationnelle. Pour Radio France, cette nouvelle offre répond aux évolutions du marché et s’inscrit dans la stratégie média global de France Info, pionnière des chaînes d’information en continu. Explications avec Laurent Guimier, son directeur et pilote du comité de direction transversal dédié au projet.

Parce que les usages et la technologie évoluent, la direction des Moyens techniques a lancé une réflexion destinée à sélectionner les futurs outils de production de Radio France, en étroite concertation avec les utilisateurs…

France Info au cœur du projet

S

« Ce projet ne change en rien notre vocation : faire de l’info en direct et en continu, à la radio » Laurent Guimier texto – n° 38 – printemps 2016

a devise pourrait être : tous pour un, un pour tous ! Ce projet d’envergure vise, en effet, à associer les compé­tences et les expertises des quatre partenaires impliqués : France Télévisions, Radio France, l’Ina et France Média Monde. L’objectif ? Proposer une offre d’information en continu de service public indépendante, innovante et différente. « Ce projet est une réelle opportunité de mettre en valeur les missions de service public partagées par toutes les antennes, explique Laurent­ Guimier. Informer, cultiver, divertir, en leur offrant un vecteur supplémentaire de diffusion et une opportunité d’élargir leur audience. » L’expertise à forte valeur ajoutée de France Info, son agilité dans la mise en œuvre de nouveaux processus de fonctionnement pour garantir une information fiable, recoupée et vérifiée, est l’un des fondamentaux de sa contribution à ce nouveau média. « France Info, qui fête en 2017 ses 30 ans, apportera trois types de contenus qui constituent­ l’expression de son ADN et de son savoir-faire : les rappels de titres, faisant de la chaîne le “métronome” de la future entité, des tranches d’information quotidiennes codiffusées sur les antennes de France Info et de la chaîne publique d’information et des contributions sous forme d’expertises en duplex depuis Radio France. » Ce « nouvel objet éditorial » s’appuiera sur la complémentarité des sept antennes du groupe afin de promouvoir la qualité des contenus produits et de garantir l’indépendance éditoriale de Radio France.

Un comité de direction transversal dédié

Pour mener à bien la mise en œuvre opérationnelle de ce projet, dont les spécificités ont été définies à l’automne par Radio France et France Télévisions,

Préparer les outils du futur « Accompagner les utilisateurs dans leurs choix. » Patrick Fasso

un comité de direction transversal interne à Radio France a été mis en place au début de l’année. Pilotée­ par Laurent Guimier, cette entité travaille sur quatre chantiers principaux : éditorial/numérique ; technique/décor ; juridique/financier ; ressources humaines. « Autant de groupes de travail qui se réunissent chaque semaine, au sein de France Info, depuis la mi-février pour identifier les évolutions et les processus à mettre en œuvre pour que tout soit en ordre de marche le 1er septembre prochain. » Chaque groupe de travail peut se subdiviser en autant de sous-groupes thématiques que nécessaire. « À l’échelle de France Info, 15 % des effectifs sont impliqués dans les échanges. Chaque collaborateur peut contribuer à tous les sujets. Pour l’éditorial, par exemple, on aborde chaque semaine les rappels de titres, la fabrication des émissions spéciales, les contributions à produire en duplex… » En parallèle, un groupe commun France Télévisions/Radio France planche sur la technique, un autre sur la dimension artistique de la nouvelle offre… Depuis la mi-mars, le projet est entré dans une troisième phase avec la création d’un groupe de travail éditorial réunissant Radio France et France Télévisions. « Ce projet majeur n’est pas une rupture dans l’histoire de France Info, qui n’a de cesse de se réinventer. Au moment où les dirigeants de l’audiovisuel public réfléchissent à une nouvelle approche de l’information en continu TV et numérique, il était essentiel d’être partie prenante de ce projet, même si, et j’insiste sur ce point, nous continuerons à produire d’abord de la radio. Ce projet ne change en rien notre vocation : faire de l’info en direct et en continu, à la radio », conclut Laurent Guimier.

L

es outils de production utilisés au quotidien à Radio France pour le mixage ou le montage, comme Sadie, Protools ou Pyramix, ont par­fai­tement rempli leur office, jusqu’à présent. Mais avec la montée en puissance du numérique et l’évolution des usages, ils trouvent leurs limites. « Dans leur version actuelle, ils sont peu ou mal adaptés à la publication sur le Web, à la présence de vidéos, aux usages en situation de mobilité et à l’intégration des contenus dans la chaîne de production éditoriale », constate Jean-Michel Kandin, le directeur général adjoint chargé des Techniques­et Technologies nouvelles (DGA TTN). D’où la décision de lancer un programme en deux temps autour de l’évolution de ces outils. Son volet le plus important concerne l’évaluation des différentes solutions disponibles sur le marché, en lien étroit avec les utilisateurs. « On ne souhaite pas être dans une simple prescription technique,

mais partager et accompagner les utilisateurs dans leur choix », souligne Patrick Fasso, directeur des Moyens techniques (DMT). « La mutation en cours s’inscrit dans le prolongement de celle déjà engagée ces dernières années et constitue­un saut technologique supplémentaire sur des aspects fonctionnels, mais aussi sur des aspects de connectivité et de sto­ckage. Il est donc important d’offrir aux utilisateurs l’opportunité de tester leurs futurs outils, pour répondre au mieux à leurs besoins et à leurs modes de travail », poursuit Sylvain-Noël Petit, le coordinateur du programme à la DMT.

Évaluer les outils en situation réelle Pour mener à bien cette investigation, « nous avons créé dans nos locaux quatre cellules, qui reproduisent l’environnement de travail habituel des utilisateurs – chargés de réalisation, techniciens de production, ingénieurs

Ci-dessus, de gauche à droite : Laurent Lefeivre, Jean-Pierre Lardoux et Sébastien Lopez.

du son –, afin qu’ils ne soient pas dépaysés, et puissent en quelque sorte évaluer ces outils en situation réelle », explique Sébastien Lopez, chef de projet à la DMT. Au cours des prochains mois, un panel d’utilisateurs pourra tester et apprécier ces solutions, à l’aide d’une grille d’évaluation adaptée à chaque usage et couvrant toutes les fonctionnalités. « Les outils existants seront évalués dans leur dernière version, aux côtés de nouveaux outils du marché », indique Sébastien­Lopez. Toutefois, comme les besoins d’évolution se font pressants et que cette démarche va prendre du temps, la DGA TTN va, sans attendre l’arrivée des futures solutions, procéder à une évolution des outils existants en plusieurs étapes. C’est le second volet du programme. « On commencera par un passage de Windows XP à Windows 7 sur l’ensemble des stations de travail concernées, soit quatre cents à cinq cents stations. Puis on effectuera en central des tests et des qualifications sur les mises à jour envisagées. Et si ces tests sont concluants, on procédera à leur déploiement à Paris et en régions, à partir de la rentrée. On en profitera pour rendre ces outils interconnectables sur le réseau », précise Patrick Fasso. À l’issue de ce programme, Radio France disposera des outils adaptés à l’ère de la dématérialisation et de la mobilité.

texto – n° 38 – printemps 2016


12

pêle-mêle grand angle

initiatives

coulisses

regards croisés

13

portrait

UEFA Euro 2016

Radio officielle de l’UEFA Euro 2016, Radio France a prévu un dispositif ambitieux pour faire vivre aux auditeurs la plus grande compétition sportive européenne de l’année, dans un esprit d’équipe. Si France Info et France Bleu sont plus particulièrement impliquées, toutes les chaînes couvriront aussi l’événement, chacune à sa manière…

événement, qui dépasse le simple intérêt sportif », souligne Laurent Guimier, directeur de France Info. La seconde radio à jouer en pointe sera France Bleu, très impliquée dans le foot toute l’année. « C’est une belle fête, autour d’un sport populaire ; nous sommes vraiment dans notre élément et fiers d’être radio officielle », confie Antoine de Galzain, directeur de France Bleu 107.1 et coordinateur du dispositif pour le réseau. Outre des rendez-vous d’information quotidiens dans les tranches matinales, des journaux spécifiques et des chroniques, les antennes du réseau diffuseront, à l’approche des matchs, des informations sur le trafic, les transports, les parkings, la sécurité ou l’accès aux stades. Elles feront aussi intervenir des personnalités locales du foot, diffuseront des chroniques autour de l’euro et inviteront des humoristes.

À

Une offre éditoriale adaptée à l’ampleur de l’événement

moins de cent jours du coup d’envoi de la compétition, Radio France, radio officielle de l’UEFA Euro 2016, peaufine son dispositif après avoir accueilli la conférence de presse du J – 100 le 2 mars dernier au studio 104 de la Maison de la radio. Les équipes de la nouvelle direction des Sports, animée par Jacques Vendroux, sont dans les starting-blocks, ravies à l’idée de couvrir un événement aussi considérable avec le concours de sept consultants premium : Alain Giresse, Frédéric Hantz, Claude Le Roy, Patrick Lhermite, Philippe Montanier, Marinette Pichon, et Claude Puel. « C’est un peu notre Festival de Cannes », s’amuse Jacques Vendroux, qui s’avoue « impatient d’ouvrir les festivités ». À titre indicatif, l’UEFA Euro 2016, ce sont vingt-quatre équipes, cinquante et un matchs, dix stades, 2,5 millions de supporters dans les stades, cent cinquante millions de téléspectateurs devant chaque match… « C’est une chance, pour Radio France, d’être associée à un tel événement international et, ainsi, de renforcer notre assise dans l’univers du sport, où l’on nous attend moins que dans celui de la culture », indique Corinne Poncey, responsable des Partenariats à Radio France. Outre le prestige et la notoriété qui y sont associés, ce statut de radio officielle vaut à Radio France de bénéficier d’une dotation de billets, qui permettront d’animer les antennes dans le cadre d’opérations et jeux-concours en amont de l’événement.

texto – n° 38 – printemps 2016

« L’un des arguments qui ont convaincu l’UEFA de nous accorder le titre convoité de radio officielle, c’est la force de frappe du groupe, la complémentarité de l’offre éditoriale de nos sept antennes nationales et quarantequatre régionales. En outre, l’UEFA a été très sensible au fait que notre plus-value ne se limite pas à la seule retransmission des matchs, mais embrasse également une double dimension culturelle et servicielle », ajoute Corinne Poncey.

France Info et France Bleu en première ligne

Du 10 juin au 10 juillet, France Info diffusera trois fois par jour un Journal de l’Euro, et sera présente sur tous les matchs, via deux canaux complémentaires. La radio, bien sûr, mais aussi France Info Live UEFA 2016, un média numérique « tout info, en son, image et texte », qui fonctionnera vingt-quatre heures sur vingtquatre et sept jours sur sept, du 1er juin au 15 juillet­. « On réalisera également trois émissions spéciales à trois moments clés de la compétition. On essaiera de donner toute sa force au traitement éditorial de cet

Ci-dessus, de gauche à droite : Jacques Lambert, président d’Euro 2016 SAS ; Mathieu Gallet, président de Radio France ; Noël Le Graet, président de la Fédération française de football ; Jacques Vendroux, directeur des Sports de Radio France ; Martin Kallen, directeur général de l’Euro 2016 ; Thierry Braillard, secrétaire d’État chargé des Sports.

Les autres stations du groupe seront aussi pleinement de la partie, chacune dans sa spécialité. Fidèle à son esprit, France Inter traitera du ballon rond sous les angles « sport, culture et société », avant et pendant la compétition. Nicolas Demorand, notamment, l’abordera dans sa dimension géopolitique lors de

Ci-dessous : Mathieu Gallet et Jacques Vendroux. En bas, de gauche à droite : Jacques Vendroux, Mathieu Gallet, Alain Giresse, Claude Leroy, Philippe Montanier et Marinette Pichon.

son émission du soir et les émissions de L’Œil du tigre seront consacrées à la compétition. Même l’érudite France Culture chaussera ses crampons. L’équipe des Matins de France Culture fera le portrait des vingtquatre équipes et concoctera des chroniques sur les règles du jeu ou la géopolitique du foot. Pour Mouv’, l’UEFA Euro 2016 représente aussi une formidable occasion de renforcer ses liens avec son jeune public. Son engagement se traduira sur l’antenne, le Web et les réseaux sociaux, à travers, notamment, des reportages dans les banlieues situées à proximité des stades, la délocalisation d’émissions dans des clubs amateurs, ou la diffusion des playlists des joueurs de l’Euro. Et Fip ? La radio musicale ne sera pas en reste, puisqu’elle a, entre autres émissions, programmé vingt-quatre soirées musicales consacrées chacune à l’un des pays engagés. Au total, une centaine de personnes seront à pied d’œuvre pour couvrir cette grande fête du sport. Radio France est, par ailleurs, associée à l’un des temps forts qui devanceront la compé­ti­tion, le Trophy Tour, un train itinérant qui présentera dès le 2 avril au public le trophée physique de l’UEFA Euro 2016 dans vingtcinq villes étapes, dont les dix villes hôtes accueillant la compétition. Le train stationnera dans chaque agglomération entre deux et trois jours. Les antennes de France Bleu qui le souhaiteront en profiteront pour installer leur studio dans les gares, et réaliser des émissions en public sur place. La Maison de la radio sera, quant à elle, habillée aux couleurs de l’Euro pendant l’événement. Il va sans dire que la dynamique générale sera, bien sûr, conditionnée par les résultats de l’équipe de France, qui pourraient faire grimper la température ambiante à la veille de l’été…

texto – n° 38 – printemps 2016

PHOTOS : © MATHIEU GENON/RADIO FRANCE

Le compte à rebours a com mencé


14

pêle-mêle grand angle

initiatives

coulisses

regards croisés

15

portrait

InterClass’

Découverte des studios de France Inter par les collégiens lors de la journée de lancement du dispositif, le 23 septembre dernier.

Un dispositif pédagogique unique en son genre À la rentrée scolaire 2015, France Inter a initié un dispositif inédit pour faire découvrir à des collégiens de 4e et de 3e les coulisses de la fabrique de l’information. Accompagnées tout au long de l’année par des producteurs et journalistes volontaires de France Inter, cinq classes de cinq établissements différents vont produire des reportages de 4’30 qui seront diffusés à l’été 2016. InterClass’ vient de remporter le prix Éducation aux médias aux Assises du journalisme à Tours début mars. Recueil de témoignages à mi-parcours sur cette initiative. Une belle occasion de rétablir la confiance entre les jeunes et les médias, de créer une dynamique de groupe et de retisser du lien. « Un dispositif où la dimension citoyenne et politique est centrale » Emmanuelle Daviet

Emmanuelle Daviet, responsable du dispositif, chef de service à France Inter.

Iannis Roder, enseignant au collège Pierre-de-Geyter, de Saint-Denis.

texto – n° 38 – printemps 2016

Suite aux attentats de Charlie Hebdo, de nombreux enseignants ont contacté France Inter afin que des journalistes interviennent en classe pour expliquer la notion de liberté d’expression et déconstruire les théories du complot qui faussent le jugement de ces jeunes consciences. Parallèlement, Laurence­Bloch, directrice de France Inter, s’est interrogée sur la manière dont la chaîne pouvait s’engager du­ra­blement pour rétablir la confiance entre la presse et les élèves. De là est né InterClass’, un dispositif d’éducation aux médias. Nous avons choisi de travailler avec des collèges classés Rep, c’est-à-dire en réseaux d’éducation prioritaire (Jean-Vilar, de Grigny ; Pasteur, de Mantes-la-Jolie ; Georges-Rouault, de Paris ; Pierrede-Geyter, de Saint-Denis et JeanCampin, de La Ferté-Gaucher). Cinq mois après le lancement, les élèves se familiarisent avec nos méthodes de travail et différencient une information recoupée d’une rumeur. Chaque séance avec les journalistes

est un espace d’échange où il faut argumenter pour convaincre, un lieu où chacun doit écouter l’autre. C’est un véritable apprentissage. Les élèves viennent d’entamer la phase des interviews et, là encore, ils découvrent le processus de réalisation et la prise de contacts avec des interlocuteurs qu’ils ne connaissent pas. Pour ces jeunes, c’est un immense défi, qu’ils relèvent avec détermination. La chaîne a décidé de renouveler l’opération à la rentrée prochaine en y incluant les lycées. France Inter va donc doubler le dispositif, qui ne tient que par l’engagement de ses journalistes et de ses producteurs.

« En 18 ans de carrière, InterClass’ est ma plus grande réalisation pédagogique » Iannis Roder Lorsque j’ai rencontré les équipes de France Inter, j’avais émis l’hypothèse d’une classe média pour faire travailler les élèves sur des sujets de société et étudier la manière dont les journalistes s’en emparent. En fait, nos élèves ne savent pas ce qu’est le métier de journaliste. Une partie

importante d’entre eux rencontre de grandes difficultés linguistiques et ils n’ont pas les clés pour comprendre­ et encore moins pour décrypter le monde dans lequel ils vivent. Pour certains, le journaliste ne dit pas la vérité. Ils ne savent pas argumenter cette idée mais malheureusement, elle peut être ré­pandue, notamment chez ceux qui n’ont pour seule référence que les réseaux sociaux. Dès la fin du premier trimestre, une dynamique de groupe s’est instaurée autour des reportages à produire sur le thème retenu : il y a désormais plus de solidarité entre les élèves, qui manifestent davantage d’intérêt pour les enseignements, bien au-delà des séances d’éducation aux médias. Cette démarche facilite les apprentissages. Pour eux, venir à l’école fait davantage sens. Ils sont plus concernés et attentifs, se sentent valorisés et pris en considération. Tous les élèves mériteraient de participer à cette initiative. Au regard des évolutions de notre société, il y a urgence. Ce devrait être une priorité politique.

« On réussit à susciter des vocations et à changer le regard des jeunes sur les médias » Patricia Martin C’est très intéressant, d’expliquer à des jeunes de quelle manière un journal ou un reportage se fabrique. Ces collégiens sont, pour la plupart, enfermés dans leur milieu géographique et social. Ils ne connaissaient pas France Inter, encore moins Radio France. Nous allons régulièrement les voir en classe. Ils travaillent­sur un thème choisi collégialement : l’amour, la ruralité, la femme dans la société, le territoire…, qui a donné lieu à des débats en classe. Pour certains élèves, c’était la première fois qu’ils prenaient la parole. Ils se confrontent à notre métier et se rendent compte de la difficulté de restituer une information et de ce que représente le travail d’investigation. Au début, il y avait une grande excitation, qui a laissé, place à des moments de flottement, car ces jeunes sont dans l’immédiateté : il faut que tout aille vite. Nous

devons donc savoir les remotiver. Chaque groupe choisit un angle, prépare ses interviews et prend des contacts. Cela les oblige à se positionner, à expliquer la démarche, à verbaliser… exactement comme le fait un journaliste. Autant de choses qui leur serviront toujours, par la suite. Ce sont des élèves qui peuvent faire peur et qui ont très peur d’aller vers l’autre. Ils sont toujours en groupe, doivent prendre sur eux mais, au final, ils aiment ça. C’est pour eux une belle aventure de la découverte d’autrui.

« On apprend à s’écouter les uns les autres » Imène InterClass’ a démarré par une journée à Radio France, que nous avons découverte par un jeu de piste. Et puis j’y ai fait mon stage d’observation en entreprise. J’ai découvert toutes les stations et les rédactions. Je n’imaginais pas que la radio, c’était comme ça, avec des métiers divers : il y a des chroniqueurs, des journalistes… cela m’a beaucoup

plu. C’est très bien. J’imaginais le stage au­trement : je pensais qu’on serait tous séparés, dans un bureau, qu’on ne ferait pas du tout de pratique. Or, c’était tout le contraire. On a fait des montages. J’ai aussi découvert la radio Mouv’, que j’écoute, sans savoir qu’elle faisait partie du groupe. Plus tard, j’aimerais bien être animatrice. Ce dispositif m’apporte beaucoup de choses ; je m’intéresse plus à la radio. Au début, j’étais timide et la présence du micro me mettait mal à l’aise et puis, au fil du temps, ça m’a plu. Le dispositif a aussi changé les choses en classe : on est devenus solidaires, on travaille avec d’autres personnes, on écoute les avis, on apprend à s’écouter les uns les autres. Le niveau de la classe a même augmenté. Cela nous encourage à travailler et nous « booste » pour réussir dans la vie. On montre à nos enseignants qu’on est capables de réaliser un projet comme un reportage. Cela m’éveille à un métier futur. C’est très enrichissant !

Patricia Martin, productrice, animatrice du 7-9, le week-end, sur France Inter, et intervenante au collège de Mantes-la-Jolie.

Imène, élève de 3e au collège Pierre-de-Geyter, de Saint-Denis.

texto – n° 38 – printemps 2016


pêle-mêle grand angle

initiatives coulisses

regards croisés

portrait Le magazine interne de Radio France

Anne-Marie Amoros

NO 38 – PRINTEMPS 2016

PARCOURS

La passion des autres Octobre 2002 Travail sur le premier corpus de témoignages de Justes parmi les nations pour Radio France.

Avril 2004 Reportage en Algérie sur les victimes du terrorisme au moment de la concorde civile.

Septembre 2005 Part pour la Fondation Hirondelle en République démocratique du Congo (RDC) pour former des journalistes.

Juillet-août 2009 La machine à rêves, sur France Inter.

La silhouette tout en cheveux, débordante d’énergie, avide des autres et de projets, Anne-Marie Amoros mène sa barque guidée par le goût de la créativité, de l’aventure et de la découverte. Rencontre avec la pétillante directrice de France Bleu Mayenne, l’une des trois femmes à la tête d’une station de ce réseau.

R

ésumer le parcours d’Anne-Marie Amoros­ est un réel défi, tant cette personne rayonnante, à l’apparence juvénile du haut de sa petite cinquantaine, a de multiples cordes à son arc et autant de passions chevillées au corps. À la tête d’une équipe d’une trentaine de collaborateurs, Anne-Marie a déjà plusieurs vies professionnelles à son actif. Violoncelliste de formation, elle s’est orientée vers le stylisme, puis la psychologie. « Un choix qui correspondait à ma soif de savoir sur les autres. » Une curiosité nourrie lors d’un voyage en NouvelleCalédonie où elle y vécut en tribu, enseigna l’espagnol et les arts plastiques. Au retour, elle se lance

dans les radios associatives tout en donnant des cours de danse… « La radio répondait à ce besoin de découvrir et de travailler avec des gens différents. Ce média possède un ressort extraordinaire : il permet d’être sans cesse dans une dynamique où l’on innove. Mon métier de directrice, c’est 20 % de gestion ; le reste, c’est de la créativité, de la mise en synergie entre les équipes locales et nationales, de la détection de compétences chez les gens… » D’autres termes reviennent dans la bouche de notre sémillante interlocutrice : la transversalité, le collectif. « Je travaille dans la transversalité, car c’est là qu’il y a des richesses que l’on peut injecter dans le collectif. Je crois à la complémentarité

LA RADIO EST UN CATALYSEUR D’ALTÉRITÉ.

comme source de progrès pour le groupe, mais aussi in­di­vi­duel­ lement. » Un état d’esprit qui habite tous ses projets, hier comme aujourd’hui, que ce soit lors de sa mission pour la radio Okapi, en République démocra-

Mai 2013 Nommée directrice de France Bleu Mayenne.

tique du Congo, ou lorsqu’elle donne quotidiennement à l’antenne de la visibilité aux femmes dans leur diversité pour qu’elles se fassent entendre et développent leurs réseaux. « Une radio de service public de proximité comme France Bleu, fortement implantée en local, doit contribuer à révéler des talents et à montrer les spécificités des régions. » Avec son équipe, qui « chaque jour s’emploie à donner le meilleur pour le public », Anne-Marie met en place des événements qui sont autant de paris fous et de belles histoires collectives pour valoriser la Mayenne (création d’un marathon culinaire et d’une recette ad hoc, la tourte mayennaise) et ses atouts économiques, notamment la filière textile (Laval Fashion)… sans oublier le prochain défi : la Mayenne à table, un pique-nique géant organisé le 14 juillet prochain sur 80 km… « La radio est un catalyseur d’altérité : elle crée du lien, fédère, rassemble pour réussir des challenges, gagner en compétences et apprendre toujours plus des autres et sur nousmêmes. C’est la meilleure­façon d’avancer ! » Pour tout savoir du projet collaboratif la Mayenne à table : lamayenneatable@radiofrance.com

INITIATIVES Chaîne publique d’information : France Info au cœur du projet Page 10

REGARDS CROISÉS InterClass’ : un dispositif pédagogique unique en son genre Page 14

Stratégie sociale et Ressources humaines

Accompagner les évolutions de l’entreprise GRAND ANGLE

Page 6

texto

I Le magazine interne de Radio France I Société nationale de radiodiffusion – 116, avenue du Président-Kennedy – 75220 Paris Cedex 16 – Tél. : 33 (0) 1 56 40 22 22 I Directeur de la publication : Mathieu Gallet, président-directeur général – Monique Denoix, directrice déléguée à la Communication I Rédactrice en chef : Marianne Devilléger, déléguée à la Communication interne, assistée de Florence Bellanger et de Florian Letort I Conception-réalisation : 21x29,7 – www.21x29-7.fr I Photos : Christophe Abramowitz (les autres crédits photo sont précisés dans le magazine) I Iconographie : Frédéric Michel I Impression : Solubis – 92250 La Garenne-Colombes I Dépôt légal à parution. Radio France a créé un fichier répertoriant les prénom, nom et adresse de son personnel, destinataire du magazine Texto, aux fins d’envoi à domicile dudit magazine, ce fichier étant transmis au prestataire de Radio France chargé de son acheminement. Conformément aux dispositions de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification des données vous concernant et figurant dans le fichier des destinataires de ce magazine. Vous pouvez également demander que vos coordonnées soient radiées de ce fichier si vous ne souhaitez plus recevoir le magazine Texto.

texto – n° 38 – printemps 2016

Jean-Claude Luciani, directeur délégué en charge de la Stratégie sociale et des Ressources humaines.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.