Texto 39 été 2016

Page 1

Le magazine interne de Radio France N° 39 – ÉTÉ 2016

INITIATIVES Service public d’information en continu : zoom sur les futurs titreurs Page 10

COULISSES Direction des Enquêtes et de l’Investigation : révéler les secrets de l’info Page 14

Direction de la Musique et de la Création culturelle

Mettre le public au cœur de notre projet

artistique GRAND ANGLE

Page 6

Michel Orier, directeur de la Musique et de la Création culturelle.


2

pêle-mêle

14 juillet

31e Festival Radio France Montpellier

initiatives coulisses

Radio France Voyage en Orient sous les projecteurs Le 14 juillet prochain, l’Orchestre National de France (ONF) donnera pour la quatrième année consécutive un grand concert sur le Champ de Mars, en prélude au traditionnel feu d’artifice. Dirigé par Daniele Gatti, dont ce sera le dernier concert à sa tête, l’ONF sera accompagné par le Chœur et la Maîtrise de Radio France, et de nombreux invités d’exception. Sur le thème « Paris est une fête », les musiciens et artistes devraient enflammer les cent mille spectateurs attendus.

Traditionnel temps fort de l’été musical et culturel, le Festival Radio France Montpellier Languedoc-Roussillon se déroulera du 11 au 26 juillet, avec pour fil

rouge «  Le voyage d’Orient ». Plus de cent soixante-dix événements, cent quarante-six concerts, huit cent sept musiciens, deux cent trente-six solistes… une nouvelle fois, le programme se distingue par sa richesse et sa diversité. Il y aura du classique, bien sûr, mais aussi du jazz, des musiques électroniques, des rencontres, des conférences… Intimement­lié à ce festival qu’il a cofondé en 1985, Radio France est

3

portrait

UEFA Euro 2016

très impliqué dans cette 31e édition. Ses quatre formations musicales sont mobilisées. Partenaire­de toujours, France Musique diffusera, en direct ou en différé, près de cinquante concerts donnés au Corum de Montpellier. France Culture célébrera les 30 ans des Rencontres de Pétrarque qu’elle organise chaque année avec son partenaire Le Monde. De leur côté, les quatre stations locales du réseau France Bleu seront pré-

sentes pour des interviews, des reportages, des actualités. Fip, pour sa part, sera aux commandes d’une grande et belle soirée placée sous le signe du soleil, avec deux concerts, l’un de Oum, l’autre de l’African Salsa Orchestra. Sans oublier France Inter, qui se fera l’écho de l’actualité de cet événement dans ses rendez-vous d’information quotidiens. Entre Radio France et le festival, l’histoire d’amour se poursuit…

Éditions Radio France

Texto vous recommande pour l’été Livres et revue

Une trentaine de techniciens de la direction de la Production des antennes (DPA) seront mobilisés pour assurer la sonorisation de ce concert exceptionnel, coproduit par Radio France, France Télévisions et Electron Libre. Retransmis en direct sur France 2 et France Inter, et en différé, dans quarante pays, cet événement festif devrait par ailleurs être suivi par près de trois millions de téléspectateurs sur France 2 et beaucoup plus à travers le monde, notamment en Allemagne et en Chine… La Mairie de Paris, également impliquée dans la soirée, a réaffirmé son ambition de faire de ce concert du 14-Juillet un événement mondial comparable au concert du 1er de l’an à Vienne.

texto – n° 39 – été 2016

Crète – Stelios Petrakis – L’art de la lyra (Collection Un été avec Victor Hugo – Laura El Makki – Guillaume Gallienne (France Inter – Équateurs Parallèles) • 13 €

Amoureux foot Jacques Vendroux (Radio France – Calmann-Lévy) 17,50 €

France Culture Papiers 18 – Tous connectés (France

Ocora) • 13 €

Raymond Devos Merci l’artiste Expliquez-nous ! Gérald Roux (France Info – Livre de Poche) 6,90 €

en téléchargement uniquement • 12,99 €

DVD

Talents France Bleu 2016 (Bleu

– Sony Music) • 17 €

d’activités (éditions Radio France – Minus) • 5,50 €

(Fip – Wagram Music)

Culture – Éditions Place des Victoires) 14,90 €

CD

Tout pour la musique – Cahier

Coffret Fip vol. 1

(Collection

Les grandes heures Radio France – Ina) 16,90 €

Esprit Inter 05 (France Inter –

Wagram Music) 17 €

Chung – Argerich Angelich Live at the Théâtre antique d’Orange Berlioz – Poulenc Saint-Saëns Rachmaninov – Bizet (Orchestre philharmonique de Radio France – distributeur : Bel Air classiques) • 19,99 €

Le Chœur et la Maîtrise de Radio France en vedette

© HAROLD CUNNINGHAM/UEFA

grand angle

Le 10 juin dernier à 21 h 00, au Stade de France, trente-huit jeunes chanteurs de la Maîtrise de Radio France, accompagnés par l’orchestre de la Garde républicaine, ont entonné La Marseillaise et l’hymne roumain, lors de la cérémonie d’ouverture de l’UEFA Euro 2016, devant plus de quatrevingt mille spectateurs venus assister au premier match de la compétition. Retransmise par TF1 et BeIn Sports, diffuseurs officiels, la cérémonie a été suivie par près de cent cinquante millions de spectateurs dans deux cent trente pays. Par ailleurs, les deux formations chorales de Radio France ont enregistré La Marseillaise, qui est diffusée avant chaque match de l’équipe de France. Le Chœur et la Maîtrise de Radio France se retrouveront le 10 juillet au Stade de France pour la cérémonie de clôture, où ils interpréteront les hymnes des deux équipes finalistes. Leur participation s’inscrit dans le partenariat noué entre l’UEFA et Radio France, radio officielle de la compétition.

France Info

La parole aux maires : #onfaitquoidemain Un an avant l’élection présidentielle de 2017, à travers une opération inédite, France Info donne la parole aux trente-six mille maires de France et leur propose de faire remonter au futur président de la République une proposition ou action locale de portée nationale. Transports, sécurité, aménagement du territoire, citoyenneté… Durant près d’un an jusqu’à l’élection présidentielle, France Info, avec les quarante-quatre radios locales du réseau France Bleu et le soutien de l’AMF (Association des maires de France), s’invite dans les villes et villages de France pour récolter les idées et projets des conseils municipaux. Des reportages et interviews à suivre dès le mois de septembre sur l’antenne de France Info.

Nouvelle application Fip

La musique au bout des doigts !

Lancée fin juin, la nouvelle interface conçue par la direction du Numérique et Fip, plus intuitive, simplifie l’écoute de Fip et ses six webradios musicales thématiques dont rock, jazz, groove et monde. Elle offre la possibilité de retrouver les titres diffusés sur l’antenne et ses webradios pendant quinze jours. De nouvelles fonctionnalités sont aussi proposées : mettre en favori ses découvertes musicales, ou les exporter sur Deezer et/ou Spotify. À télécharger avant l’été !

Les antennes à l’heure d’été France Inter : du 2 juillet au 28 août France Info : du 11 juillet au 28 août France Culture : du 4 juillet au 28 août France Bleu : du 4 juillet au 28 août France Musique : du 4 juillet au 28 août Mouv’ : du 27 juin au 28 août Fip : du 27 juin au 28 août

Retrouvez, durant l’été, les séries phares : France Inter diffusera Un été avec Machiavel et Comment te dire Hardy, un portrait en neuf épisodes de Françoise Hardy. Du sport, sur France Info, avec une offre très forte, cet été, avec l’Euro, le Tour de France et les JO de Rio. Découvrez les grands compositeurs cubains avec Carrefour des Amériques, sur France Musique, et, tout au long de l’été, focus sur la carrière de neuf artistes avec Mouv’ Story, sur Mouv’. France Bleu proposera Dingue de foot, portrait de trente passionnés de football. Fip, de son côté, s’installe sur la route des festivals tout au long de l’été. Enfin, France Culture et la ComédieFrançaise feront une grande traversée radiophonique en cinq actes par Geneviève Brisac. La conférence de presse de rentrée se tiendra le mercredi 31 août.

texto – n° 39 – été 2016


4

pêle-mêle

grand angle

initiatives coulisses

5

portrait

Cars régie

Stratégie numérique

Parés pour l’été

Encore des nouveautés !

33,1 millions C’est le nombre de podcasts cumulés sur les antennes de Radio France en mai 2016, un chiffre qui a progressé de 46 % sur douze mois et doublé en deux ans. Parmi les trois programmes les plus « podcastés » figurent Si tu écoutes, j’annule tout et Affaires sensibles, de France Inter, et Les nouveaux chemins de la connaissance, de France Culture. Sur le plan géographique, « 75 % des podcasts sont consommés en France, 13 % en Europe (hors France), et 12 % dans le reste du monde, dont la moitié aux États-Unis et au Canada », précise Vincent Merrien, responsable d’études à la direction du Marketing et des Études. Signe tangible du succès de la stratégie numérique du groupe et illustration des nouveaux modes de consommation de la radio, cette hausse devrait se poursuivre et s’amplifier dans les prochains mois avec la mise en ligne du nouveau site de France Inter, en ce début d’été 2016.

texto – n° 39 – été 2016

Refonte du portail du médiateur des antennes mis en ligne le 20 avril, lancement du nouveau site

de France Inter le 13 juin, mise à disposition, le 1er juillet, d’une appli Fip pour accéder aux six webradios de la chaîne… des produits qui confirment la stratégie de développement numérique de Radio France. « Ces produits répondent aux nouveaux modes d’écoute de la radio par des publics de plus en plus connectés. Il s’agit de leur rendre simples d’accès, au bon moment et au bon endroit, les contenus. Qu’ils nous trouvent, même sans nous chercher », souligne Laurent Frisch, directeur du Numérique. Simples et plus lisibles, les nouveaux sites proposent une navigation intuitive. Des projets menés en méthode agile : « Cette méthode permet de concevoir de meilleures offres, et de ne jamais cesser de les améliorer ». Une réflexion est en cours autour de la ligne éditoriale du site de France Inter, de son interaction avec les auditeurs et de sa démarche de prescription culturelle. Autant d’enrichissements à découvrir en ligne à partir de la rentrée prochaine.

France Bleu Vaucluse

Des reporters dans la cité France Bleu Vaucluse a initié, du 4 au 9 avril, l’opération City Reporters avec douze adolescents de deux quartiers sensibles d’Avignon. L’objectif ? Faire partager leur vision des quartiers où ils grandissent et les former au métier de reporter en vue d’une émission spéciale autour de la culture, du sport et de la cuisine, diffusée en direct de la Maison pour tous de Champfleury. « Une manière d’animer le vivre-ensemble, marque de fabrique du réseau France Bleu, et de proposer, en une dizaine de reportages conçus par ces jeunes, un autre regard sur ces quartiers », explique Paul Biondi, rédacteur en chef de la station. Cette initiative, qui valorise la diversité, a retenu l’attention de Gilles Clavreul, délégué interministériel à la lutte contre

le racisme et l’antisémitisme. Celui-ci s’est prêté au jeu des questions de ces apprentis journalistes : « Un moment fort de

radio qui nous a tous enrichis sur le plan humain, et une belle expérience qui a suscité des vocations ».

À l’approche de l’été, les cars régie de Radio France s’apprêtent à prendre la route des festivals et des grandes manifestations sportives. Le parc parisien, qui se compose de quatre grosses régies (19 t), de trois régies moyennes (6,5 t à 12 t), et de deux petites (3,5 t à 5,5 t), se renouvelle suite à l’arrivée d’une nouvelle venue, une régie moyenne flambant neuve, équipée d’un système d’écoute multicanal 5.1, et d’une console dotée de 48 « faders », les fameuses tirettes de mixage. « Ce studio d’enregistrement mobile est capable de traiter 64 micros et de les enregistrer en multipiste à une fréquence d’échantillonnage de 96 kHz (128 pistes en 48 kHz et 64 en 96 kHz) », explique Marc Duchêne, responsable logistique et maintenance à la direction de la Production et des Antennes. En parallèle, la console de la régie moyenne n° 4 a été remplacée par un modèle plus récent et plus performant. En outre, l’ensemble des véhicules sont progressivement dotés d’un système de vidéo de contrôle numérique, qui facilitera le travail des techniciens sur leurs lieux d’intervention.

Discothèque de Radio France

Record pour la vente aux enchères de vinyles ! Dimanche 19 juin s’est tenue, dans le studio 104, une vente aux enchères exceptionnelle de huit mille disques vinyle issus de la collection de la Discothèque de Radio France. Mille passionnés de musique et collectionneurs étaient au rendez-vous pour acquérir ces trésors ! Une opération qui a connu un franc succès, tous les disques ayant été vendus. Grâce aux recettes générées par l’événement, Radio France va continuer à numériser des disques pour mettre à la disposition des antennes toujours plus de pépites musicales.

Diversité

Une formation pour agir sur le terrain Donner les bons outils aux correspondants diversité pour qu’ils puissent remplir leur rôle d’animation et promouvoir les bonnes pratiques en matière de diversité : tel est l’enjeu de la formation qui a été proposée aux correspondants de Radio France en avril dernier (treize personnes en régions et dix-huit sur Paris). Animée par Anne Sérode, directrice de Fip et présidente du comité Diversité, et Nathalie Clinckx, déléguée à l’Égalité des chances, cette formation a été pour les participants l’occasion de s’approprier la politique diversité de Radio France et d’échanger concrètement sur les initiatives qu’ils peuvent proposer pour la soutenir sur le terrain. Une initiative d’autant plus importante que l’Afnor, sur la base de l’avis du bureau de la commission de labellisation, a décidé de donner une suite favorable au maintien du Label Diversité de Radio France. Le rôle clé des correspondants a été particulièrement souligné. À l’issue de la formation, chaque participant a pris deux engagements d’actions à mettre en œuvre. À suivre !

texto – n° 39 – été 2016


6

pêle-mêle

grand angle

initiatives

7

coulisses portrait

Direction de la Musique et de la Création culturelle

Mettre le public au cœur de notre projet artistique Radio France a ouvert de superbes salles au moment où le paysage musical francilien connaît une profonde évolution… C’est vrai, le succès de la Philharmonie, la réouverture prochaine de la salle Pleyel et l’inauguration en 2017 de la Cité musicale de l’Île Seguin vont augmenter considérablement le volume de l’offre musicale dans le domaine de la musique classique. D’où la nécessité pour Radio France de bâtir un projet qui affirme sa singularité dans ce nouvel environnement. Pouvez-vous nous en tracer les grandes lignes ? Ce projet repose sur la richesse et la diversité de nos talents. Nous disposons de formations musicales remarquables, de solistes talentueux, de techniciens hors pair ; il ne reste plus qu’à construire le récit qui les rassemble, en laissant une large place à l’innovation. Cela passe par exemple par de nouveaux formats, plus courts, ou différents, qui changent des structures plus traditionnelles des concerts. Ou par une autre approche du répertoire, en programmant des « intégrales », en focalisant sur des périodes musicales…

Quelques mois après votre arrivée, quel regard portez-vous sur nos activités musicales et culturelles ? Michel Orier – Je suis impressionné par l’abondance de talents et d’énergie dans cette « Maison ». Musiciens, producteurs, journalistes, réalisateurs, ingénieurs du son… nous sommes probablement les seuls à pouvoir nous appuyer sur une telle richesse. Sans parler des artistes, comédiens ou experts qui nourrissent nos antennes au quotidien. On croise tous les jours à Radio France le meilleur­de ce que la société peut produire ! C’est cela, notre exception culturelle.

texto – n° 39 – été 2016

Comment accroître la « lisibilité » de notre offre ? La lisibilité, c’est faire en sorte que la programmation ne soit pas juste un catalogue de deux cents concerts mais qu’elle parle au public. Il faut enrichir notre offre de moments forts, de rendez-vous réguliers, établir des liens avec le passé, ou l’actualité. Pourquoi ne pas organiser une « nuit américaine » le jour des élections présidentielles aux États-Unis, par exemple ? On peut imaginer mille passerelles avec l’actualité qui est portée par l’ensemble de nos antennes. Cette dynamique, avec nos sept chaînes, fait partie de notre singularité. La nouvelle organisation que je mets en place va renforcer cette collaboration. Concrètement, comment cela se traduit-il ? Nous pouvons créer des objets radiophoniques ou musicaux inédits et insuffler de la gaieté dans notre offre. Je pense aux fictions musicales, par exemple, à la série des

Tintin ou au concert Hip-Hop Symphonique. Soyons curieux et ouvrons nos portes à des publics divers ! Si les antennes font souvent de la place aux formations musicales, on peut aussi imaginer la réciproque. À l’invitation de Didier Varrod, de France Inter, nous donnerons par exemple une version orchestrale d’œuvres de Léo Ferré pour le centenaire de sa naissance. Nous reproduirons l’essai, en avril 2017, autour de Jane Birkin et des chansons de Serge Gainsbourg.

Votre projet prend-il en compte les nouveaux modes de diffusion de la musique ? Bien sûr, le diffuseur le plus important de musique classique, aujourd’hui, c’est Internet. Avec YouTube, la musique s’écoute désormais en images. Nous devons donc réfléchir à notre rapport à la vidéo, pour que nos événements musicaux soient disponibles très vite sur le Web. La Philharmonie le fait. À nous de trouver notre propre chemin. C’est une voie que nous explorons de façon très concrète avec France Musique pour la création d’une plate-forme qui donnera accès à l’incroyable fonds de nos formations musicales.

Renforcer l’attractivité de la Maison de la radio est votre ambition… Comment atteindre un objectif aussi… « séduisant » ? La Maison de la radio est l’une des rares œuvres architecturales qui aient marqué Paris au cours de la seconde moitié du xxe siècle, avec le centre Georges-Pompidou ou le parc de La Villette. Nous voulons que le public en trouve naturellement le chemin ; nous l’y aiderons avec l’ouverture vers la fin de l’année d’un restaurant, d’un bar, d’une librairie. Il est aussi prévu de rouvrir le foyer, où nous pourrons mettre en scène notre patrimoine, comme la tapisserie de Soulages ou le mobilier de Paulin, et faire venir des plasticiens… Nous allons aussi proposer une nouvelle organisation des services accueil-billetterie qui améliorera l’accueil de nos publics. Les actions éducatives et de sensibilisation menées par Radio France sont-elles partie prenante de cette stratégie ? Plus que jamais. Radio France en mène près de cinq cents par an. Ce rôle citoyen de médiation et de partage de nos valeurs démocratiques est crucial à une époque où il existe un véritable danger de dégradation de la relation à l’autre… Cet engagement est aussi une façon de favoriser le renouveau des publics et d’élargir l’accès à la musique classique.

Le maestro Emmanuel Krivine, nouveau directeur musical de l’Orchestre National de France

© STÉPHANE GRIZARD

Quatre formations musicales, des salles exceptionnelles, des talents reconnus en France et dans le monde… Radio France possède des atouts considérables dans le champ musical et culturel. Un potentiel que Michel Orier, le nouveau directeur de la Musique et de la Création culturelle, entend bien développer…

Voici plus de quarante ans que la prestigieuse formation musicale de Radio France n’avait pas été dirigée par un chef d’orchestre français. Succédant à Daniele Gatti, le maestro Emmanuel Krivine, dont le talent et l’excellence sont reconnus dans le monde entier, apportera toute son énergie à l’Orchestre National de France pour conforter sa qualité artistique, affirmer sa personnalité et contribuer à son rayonnement national et international. « Je suis très fier, mais cette fierté n’est pas seulement la mienne, c’est une fierté collective, partagée avec l’Orchestre ! Une alchimie s’est opérée entre les musiciens et moi ; elle va nous permettre de faire de la musique à grande échelle, pour que l’Orchestre puisse exprimer ce qu’il a de meilleur avec la puissance qui est la sienne ! » Faire de la musique et la partager : telle est l’ambition du nouveau directeur musical. Une ambition qu’il mènera à bien en coopération avec les autres formations musicales et leurs directeurs musicaux, Mikko Franck et Sofi Jeannin, et toutes les antennes de Radio France. Pour le plus grand plaisir de tous les publics.

Garantir une offre de concerts cohérente, complémentaire et innovante Telle est la feuille de route des deux nouveaux délégués généraux de l’Orchestre philharmonique de Radio France et de l’Orchestre National de France, Jean-Marc Bador (à gauche) et Éric Denut (à droite). La nouvelle direction de la Musique et de la Création culturelle se structure ainsi pour se doter des meilleures compétences pour promouvoir l’excellence artistique de Radio France.

texto – n° 39 – été 2016


8

pêle-mêle

grand angle

initiatives

9

coulisses portrait

DIRECTION DE LA MUSIQUE ET DE LA CRÉATION CULTURELLE

Faire rayonner notre offre auprès du plus grand nombre

Musique et antennes : l’accord parfait

Entre les formations musicales et les antennes de Radio France, la coopération s’intensifie et ouvre des perspectives sur des projets enthousiasmants.

© FLORIAN LETORT

En soutien de la promotion autour de la nouvelle saison musicale, Radio France renforce sa stratégie marketing, avec l’objectif de tisser encore plus de liens avec ses publics. Zoom sur un dispositif multicanal, qui englobe les médias traditionnels, le Web et les réseaux sociaux.

S

ur une scène musicale parisienne où l’offre de concerts de musique classique connaît une croissance inédite, Radio France valorise ses atouts pour attirer les mélomanes à la Maison de la radio. « L’excellence de nos formations musicales n’est plus à démontrer, mais nos salles sont encore jeunes ; comme les autres institutions parisiennes, nous devons donc développer le recours au marketing et à la publicité, pour augmenter la fréquentation et les recettes », souligne Sylvie­Berranger, déléguée au pôle Publicité et Supports à la direction de la Communication.

texto – n° 39 – été 2016

La stratégie marketing qui accompagne le lancement de la saison 2016-2017 a donc été repensée, pour plus d’efficacité. « Nous avons conçu un plan de promotion multicanal puissant, en trois temps combi­nant marketing relationnel, médias traditionnels, médias en ligne et réseaux sociaux », précise Guillaume­Hervins, directeur du Marketing­ relationnel de Radio France. Son élaboration a été sou­ tenue par les précieuses données sur les publics recueillies grâce au nouveau système de billetterie mis en place en 2015. « Nous avons adressé des messages ciblés à nos différentes catégories d’acheteurs : les abonnés fidèles ou très fidèles, les anciens abonnés, les acheteurs de billets individuels ou encore nos prospects. L’objectif étant de susciter l’acte d’abonnement parmi toutes ces catégories de publics ! », ajoute Guillaume Hervins. UNE CAMPAGNE D’E-MAILINGS D’ENVERGURE La campagne de communication a débuté mi-avril avec une campagne d’e-mailings adressés à près de cinquante-huit mille noms, soit vingt mille de plus par rapport à l’an dernier. Les destinataires avaient la possibilité de télécharger en avantpremière la nouvelle brochure de la saison 2016-2017 en version interactive. Les anciens abonnés bénéficiaient d’une offre spéciale leur accordant une « remise supplémentaire » pour toute réouverture d’un

abonnement. Outil privilégié des abonnés, la brochure papier a quant à elle été envoyée mi-mai : « Nous lui avons donné du rythme, varié les angles et rendu sa lecture plus agréable », souligne Christian de Pange, directeur adjoint en charge de la Communication et du Marketing à la direction de la Musique et de la Création culturelle. Sa diffusion s’est accompagnée d’un plan média. Une cen­taine de spots ont été diffusés sur les antennes de Radio France, portés par des voix « maison » comme Caroline Drouet, Guillaume Gallienne, Fabienne Sintes, Charline Vanhoenacker ou Jacques Vendroux. Des publicités ont été publiées dans la presse nationale, et des bannières Web affichées sur les sites de Radio France. Des flyers ont également été distribués dans la rue. Cette première vague a été suivie d’une seconde, en juin, pour soutenir l’ouverture de la billetterie aux achats individuels. La mécanique sera à nouveau relancée en septembre à l’occasion des journées du patrimoine à la Maison de la radio. Cette fois, le plan intégrera une campagne d’affichage événementielle, similaire à celle de l’hiver dernier, qui mettra en valeur l’Auditorium en format panoramique sur des doubles panneaux, dans les couloirs et trois stations du métro parisien. « Grâce à une meilleure connaissance de nos publics et de nos cibles, nous avons réalisé une campagne de publicité efficace », précise Sylvie Berranger.

Alice et Merveilles, studio 104, le 14 janvier 2015.

L

e 2 juillet, la tenue du public de l’Auditorium­de Radio France a tranché avec le « dress code » habituel de ce lieu. Au programme : un concert Hip-Hop Symphonique, un événement musical inédit, produit par Mouv’, en coopération avec la direction de la Musique, l’Orchestre Philharmonique de Radio France et l’Adami, des artistes rap et les équipes techniques de la Maison­de la radio. « L’orchestre a joué une sélection de dix titres emblématiques du rap français des années 1990 à 2015, qui ont été réarrangés et réorchestrés pour l’occasion », se réjouit Bruno Laforestrie, directeur de Mouv’. Ce projet original, qui rapproche le rap et la musique classique, est une illustration des passerelles que la direction de la Musique et de la Création culturelle souhaite développer avec les antennes. Depuis la réouverture de la Maison de la radio, en 2014, plusieurs projets ont déjà démontré toute la richesse de cette forme de coopération. C’est le cas des concerts-fictions produits par France Culture, à la fois pour l’antenne et pour le public : des œuvres du patrimoine littéraire, adaptées et mises en musique sous une forme introuvable ailleurs. Et pour cause : ces créations

demandent un cocktail de compétences que seule Radio France sait et peut réunir : comédiens, musiciens, bruiteurs, chef d’orchestre, écrivain adaptateur, réalisateur de fictions. « Il ne faut pas oublier les équipes techniques qui sont mobilisées de la genèse du projet jusqu’à la production en public et qui font de ces moments une vraie “vitrine” de la diversité des métiers de Radio France », précise Véronique­Barros, responsable de la Planification­et de la coordination des manifestations des grandes salles. « Radio France a la chance unique de regrouper cette formidable combinaison de talents et de compétences », souligne Catherine Monlouis-Félicité, directrice de la Production culturelle de Radio France. De Dracula à Huckleberry Finn, huit de ces concerts-fictions ont déjà été réalisés et diffusés, et d’autres viendront ensuite, au rythme d’environ trois à six par an. Le 2 juillet, au studio 104, 20 000 lieues sous les mers avec l’Orchestre National de France a enchanté le public. La volonté de continuer à faire vivre ces productions radiophoniques de France Culture dans la durée a d’ailleurs donné naissance à un autre concept original, 100 % made in Radio France : Du cinéma pour vos oreilles. « Cela consiste à faire écouter ou redécouvrir

Toutes les places ont été réservées en quelques minutes.

Hubert-Félix Thiéfaine, le 8 novembre 2015, à la Maison de la radio.

une œuvre radiophonique au public, dans les conditions du cinéma (salle obscure), avec un son 3D, mais sans image », explique Véronique­Barros. Ces séances d’un genre parti­culier ont fait revivre à un nouveau public enthousiaste certaines fictions réalisées par les Ateliers de création radiophonique de France Culture. France Inter a aussi choisi de goûter à ce métissage des compétences. L’antenne a invité Dominique­A dans l’Auditorium, entouré de musiciens de l’Orchestre National de France (ONF), pour fêter la sortie de son album dans une version réorchestrée. La chaîne a également organisé le 8 novembre dernier un concert exceptionnel d’Hubert-Félix Thiéfaine­, accompagné pour l’occasion d’une quarantaine de musiciens de l’ONF. En septembre prochain, pour le centenaire de la naissance de Léo Ferré, France Inter proposera un concert où seront données des versions orchestrales des chansons de l’artiste avec l’Orchestre philharmonique de Radio France. Les formations musicales et les antennes devraient ainsi avoir de nouvelles occasions d’allier leurs savoir-faire, à l’avenir, et séduire de nouveaux publics, friands d’expériences nouvelles.

texto – n° 39 – été 2016


10

pêle-mêle

grand angle

initiatives

coulisses

11

portrait

Service public d’information en continu

Les équipes au cœur de l’aventure Le 1er septembre prochain, le nouveau projet de service public d’information en continu (radio, télévision et numérique) sera lancé. Les équipes de France Info, impliquées au premier chef dans ce projet d’envergure initié conjointement par France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’Ina, sont totalement mobilisées.

(1) Conseil artistique en matière de réalisation audiovisuelle, pour la définition des moyens techniques de captation audiovisuelle, la conception des décors des studios de la future chaîne publique d’information, ainsi que l’élaboration des principes de réalisation.

Les talents et la force de frappe incomparables de l’audiovisuel public constituent les clés de réussite de la nouvelle offre. Pour assurer les titres toutes les 10 minutes et les émissions prévues sept jours sur sept et de 6 h 00 à minuit, quinze techniciens et treize journalistes, présentateurs-titreurs et éditeurs visuels viennent renforcer les équipes déjà en place (vingt-deux techniciens côté DGATTN détachés sur France Info et dix-huit présentateurs de l’antenne). Ces nouveaux collaborateurs sont pour la majorité d’entre eux issus de la mobilité interne ou d’intégrations de CDD de Radio France. Un plan de formation important comportant un volet technique et un volet éditorial a commencé en mai dernier pour plusieurs semaines.

de contenu : les rappels de titres, qui feront d’elle le métronome de la chaîne ; des émissions quotidiennes (une émission politique le matin et deux en soirée dont Les informés) ; des contributions sous forme de duplex ainsi qu’une capacité à prendre en charge les émissions spéciales. Apport clé de France Info, une offre de synthèses de l’actualité, quatre fois par heure. Au sein de France Info, une équipe récemment constituée de douze présentatrices et présentateurs donnera le tempo. Rencontre.

Gilles Halais, France Info, en charge de la « brigade » des titreurs « Je me suis laissé entraîner dans cette aventure avec grand enthousiasme ! Être au cœur de la création de cette offre inédite d’information en continu, ça n’arrive qu’une fois dans une vie. Nous allons inventer une nouvelle forme d’écriture enrichie qui sera à la fois un bon produit radio, un bon produit télé et un bon produit numérique délinéarisé. Notre challenge : faire passer dans la voix et l’intention devant la caméra plus d’empathie, concevoir un nouveau format radiophonique plus proche des gens, qui irrigue à la fois ce projet novateur et toute l’antenne. Je suis, comme le dit Laurent Guimier, le “premier de cordée”. Je vais encadrer cette équipe de présentateurs, mais je suis aussi l’un d’entre eux. J’ai participé, en amont, à l’écriture du projet, à sa conception et au tournage des premiers « pilotes » dès le printemps dernier. Travailler de concert avec les réalisateurs conseils de France TV, dont David Montagne (1), et de Radio France, c’est passionnant ! Dans ce projet, notre force, c’est notre expertise sur l’information en continu, crédible et vérifiée et la manière de la raconter, les valeurs qui font le succès de France Info depuis trois décennies. Nous allons fonctionner comme une agence de contenus qui va développer, en direct à la radio et à la télé, entre quatre et cinq sujets, à 10, 20, 40 et 50 minutes de chaque heure, de 6 h 00 à minuit, sept jours sur sept en direct. lll

« Je suis un “ancien” des locales. J’ai passé vingt ans dans ce qui allait devenir le réseau France Bleu. Matinalier, reporter, présentateur… J’avais envie de rompre avec mes habitudes, de changer d’air, même si j’apprécie l’info locale et la polyvalence qu’elle favorise. Un remplacement d’été, en présentation en 2013, à France Info, puis, en 2014, au Web à France Inter m’a fait découvrir autre chose. Puis, l’arrivée du nouveau site de Francebleu.fr a été un élément déclencheur : ce nouvel outil m’a révélé et m’a donné envie d’avoir une autre porte d’entrée sur mon travail. Enfin, le recrutement en interne pour cette chaîne d’information en continu est arrivé : j’ai postulé et me voilà partie prenante de l’aventure ! Je ne réalise toujours pas malgré la formation qui a déjà commencé (1) . Nous avons appris à nous présenter, à apprivoiser caméra et prompteur. C’est un beau projet d’entreprise qui permet à Radio France d’être dans le bon tempo car la radio d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a cinq ans, et celle de demain ne sera pas celle d’aujourd’hui. Avec ce nouveau service d’information en continu, Radio France a une belle longueur d’avance. » (1) Les formations des titreurs ont commencé fin mai à Campus.

« Nous avons tous à apprendre des autres ayant chacun des voix et des manières d’écrire différentes. » Yasmina Adila, ancienne journaliste de radio privée « Jusqu’à présent, je faisais pas mal de piges pour différentes radios privées où je présentais le point météo, le point trafic et les actualités. J’ai toujours fait de la radio mais souhaitais un jour franchir le pas vers la télévision. Lorsque j’ai eu connaissance de l’annonce, j’ai postulé car je pensais que c’était là une belle opportunité pour évoluer. Tout s’est ensuite enchaîné très vite dans le recrutement. France Info a fait le pari de constituer une équipe qui soit le reflet de la société française, et je trouve que c’est plutôt bien réussi. Jeunes, moins jeunes, hommes, femmes, diversité : tous les critères ont été pris en compte sans oublier l’expérience. Certains ont déjà fait de la télévision, d’autres non. Certains sont des recrutements issus de la mobilité interne, d’autres comme moi viennent d’ailleurs. Je trouve ce mix de profils très intéressant et enrichissant à titre personnel. Nous avons tous à apprendre des autres, ayant chacun des voix et des manières d’écrire différentes. De plus, le fait d’être ensemble pendant la formation puis de nous donner l’opportunité avant nos “essais à blanc” au mois d’août, de nous acculturer au sein des différents services de France Info est un vrai “plus” : nous avançons tous ensemble dans le même sens. J’ai hâte que l’aventure commence. »

© CATHERINE GRAIN

objectif de cette nouvelle offre d’information en continu est de répondre aux nouveaux usages et aux évolutions très rapides du marché des médias et de l’information en proposant aux citoyens un service public d’information en continu indépendant, innovant et différent. Inscrit dans la stratégie de média global de France Info, ce projet affirme sa place de chaîne d’information de référence au sein du service public et son savoir-faire unique dans le domaine du traitement de l’actualité en continu. France Info apportera au nouveau service trois types

« Je vais encadrer cette équipe de présentateurs, mais je suis aussi l’un d’entre eux. »

texto – n° 39 – été 2016

Savoir-faire et expertises : des équipes renforcées

« Permettre à Radio France d’être dans le bon tempo. » Stéphane Milhomme, ex-France Bleu

© CATHERINE GRAIN

L’

lll L’originalité, c’est que les contenus (textes et images) visibles à la TV sur un écran 16/9 vertical à côté du présentateur et le son seront partagés toutes les 10 minutes sur les réseaux sociaux. Du coup, ce service d’information en continu permet de décliner un troisième produit, délinéarisé, totalement novateur et autonome. »

Illustration-projet.

texto – n° 39 – été 2016


12

pêle-mêle

grand angle

initiatives

coulisses

13

portrait

Service public d’information en continu

Un projet architectural et technique mené tambour battant ! L’intégralité des contenus produits par France Info pour le nouveau service d’information en continu seront réalisés par des collaborateurs de Radio France à partir des équipements de la Maison de la radio. Les équipes de la DGATTN et de la DGA Réhabilitation sont mobilisées pour que le studio 221, le studio 421 et la zone de rappel des titres soient opérationnels, dès le mois d’août, pour les tests à blanc. Le compte à rebours est en marche !

« C’ texto – n° 39 – été 2016

221

Illustration-projet.

est une opération exceptionnelle, qui nous permet de participer à une invention éditoriale hors pair !, explique Marie Bernard, adjointe au directeur des Travaux et copilote du chantier avec Michel Ranson, directeur adjoint de la DMT, au sein de la DGATTN. Outre la Réhabilitation, ce projet mobilise étroitement la TTN et la DSI, la direction des Achats, et les équipes juridiques pour la passation des marchés liés aux travaux. » Sans oublier la maîtrise d’œuvre comprenant deux architectes, un acousticien, un éclairagiste, un scénographe et un chef opérateur ; le réalisateur David Montagne, qui intervient en conseil sur la charte de réalisation des contenus produits pour créer de la cohérence entre France Info et France TV. Les studios ne seront pas à l’identique des deux côtés de la Seine, mais seront conçus dans le même esprit, le choix ayant été pris de déployer le nouveau service dans des espaces de format différent. Les travaux ont commencé mi-avril pour

Un studio, une fonction Le 221 sera utilisé pour l’émission politique du matin, de 8 h 30 à 9 h 00, et le soir, entre 20 h 00 et 21 h 00, pour l’émission Les informés de France Info, puis pour un talk de sport jusqu’à 21 h 30. Le 421 servira aux points duplex pour les contributions de France Info à certains JT ainsi qu’aux éditions spéciales. Ce studio bénéficie de la proximité de l’antenne, tout comme la zone dédiée aux titres, la volonté étant d’embarquer le public au cœur de la rédaction.

le curage du studio 221, ancien lieu dédié aux activités pédagogiques, et début mai pour la pose des structures dans la zone de rappel des titres. « Compte tenu des délais, c’est une opération lourde avec des interfaces entre la Réhabilitation et la TTN essentielles qu’il faut bien planifier, souligne Michel Ranson. Nous avons choisi d’être accompagnés par une prestation sur l’exploitation et le support. Cela aide les équipes dans la prise en main du dispositif. Le travail avec la DSI est essentiel, car le système applicatif à développer est important : on agrège sur Édito de nouveaux modules pour faire de la vidéo à une plus grande échelle. De plus, on développe une chaîne secondaire de diffusion pour régler, le cas échéant, un problème technique. C’est une belle aventure humaine ! De manière générale, Radio France a la capacité de se mobiliser sur des urgences et des projets d’avenir. Car ce nouveau service est avant tout un projet de radio augmentée ! »

De gauche à droite : Mathieu Gallet, Laurent Guimier, Frédéric Schlesinger et Jean Michel Jarre.

Habillage sonore : une forte dimension artistique

T

out comme l’habillage visuel, le design sonore doit contribuer au succès et au rayonnement du nouveau service d’information en continu. Sa production a été confiée à Radio France dans un souci d’exprimer dans un même projet tonicité, efficacité et élégance. Un thème central, une orchestration et des arrangements qui opèrent une synthèse entre univers symphonique et électronique… l’ensemble sera signé Jean Michel Jarre ! Une belle histoire, puisque c’est à Radio France que le musicien créateur commence sa grande carrière avec Pierre Schaeffer, qui l’invite à rejoindre le Groupe de recherches musicales (GRM), où

compo­si­teurs, musiciens et techniciens étudient les musiques expérimentales… et donc les premiers synthétiseurs. Pour Jean Michel Jarre, qui se dit lui-même « enfant de Radio France et du GRM », cette collaboration pour ce nouveau service d’information en continu du futur est une belle manière de remonter le temps. « Se déployant dans l’espace et dans le temps, suite d’événements, de tensions, d’interruptions, de reprises et de respirations, l’info et la musique ont beaucoup en commun », précise le compositeur. « Jean Michel Jarre porte un regard pertinent sur l’information et la manière dont à la fois elle est restituée et consommée. Pleinement ouvert sur le monde, grand consommateur de médias, il souhaite, avec cette identité sonore coréalisée avec les formations musicales de Radio France, traduire l’urgence de l’information et restituer avec force l’immédiateté », s’enthousiasme Hervé Riesen, directeur adjoint à la direction des Antennes et des Programmes chez Radio France et coordinateur de cette aventure, à laquelle ont été associés Bruno Letort, musicien, producteur de Tapage nocturne (France Musique) et responsable des éditions musicales Radio France, Étienne Guffroy, directeur adjoint, délégué à l’Antenne de France Info et référent du cahier des charges dédié, ainsi que Bruno Carpentier, de France Inter.

texto – n° 39 – été 2016


14

pêle-mêle grand angle

initiatives

coulisses

15

portrait

Ci-contre, de gauche à droite : Philippe Reltien, Thomas Jost (masqué), Rebecca Denantes (de dos), Jacques Monin, Matthieu Aron, Christophe Imbert, Élodie Guéguen (de dos) et Laëtitia Saavedra.

Direction des Enquêtes et de l’Investigation

Mission : révéler les secrets de l’info En créant, en septembre 2015, la direction des Enquêtes et de l’Investigation, Radio France a pris le parti d’apporter une valeur ajoutée à son offre éditoriale et le décryptage de l’actualité avec l’investigation. Après une première année, les succès d’audience sont au rendez-vous…

D

ans les coulisses de la fabrique de l’info, chaque mardi matin, l’équipe(1) de la direction des Enquêtes et de l’Investigation se retrouve au grand complet pour un point hebdo dans un bureau de la rédaction, tapissé d’ouvrages sur les scandales politico-financiers, les grandes figures du monde politique et de l’entreprise, les tendances sociétales ou les sujets consommation… Cette réunion est l’occasion pour les spécialistes de l’enquête de se retrouver, étant plus souvent sur le terrain qu’à la Maison de la radio. Au programme : analyse de la dernière diffusion de Secrets d’info, cette année sur France Inter le vendredi ; planification des news de la semaine ; anticipation des prochains sommaires de l’émission ; choix des sujets, manière de les angler et de les illustrer. L’ambiance est bon enfant, la parole est libre. Des derniers rebondissements dans l’affaire Boulin suivie par Benoît Collombat aux faux réfugiés syriens couverts par Daech et arrêtés en Autriche, sur lesquels Élodie Guéguen mène l’enquête, en passant par les paris sportifs et le blanchiment, objet d’une chronique cybercrime de Margaux Duquesne, les sujets sont divers et variés.

Démonter les mécanismes de la fabrique de l’information

« Notre rôle ? Offrir à nos auditeurs une plus-value dans le décryptage de l’actualité, sur des sujets comme les réseaux russes en France, les affaires politico-financières ou le scandale des algues vertes en Bretagne, résume

texto – n° 39 – été 2016

Ci-dessus, de gauche à droite : Matthieu Aron (de profil), Laëtitia Saavedra et Élodie Guéguen.

« Offrir à nos auditeurs une plus-value dans le décryptage de l’actualité. » Matthieu Aron

Matthieu Aron, à la tête de la direction. Nous incitons les journalistes à travailler en ce sens et à développer des espaces dédiés pour qu’ils puissent aller au fond d’un sujet et démonter les mécanismes de la fabrique de l’information. » D’où le lancement dès 2014 de l’émission Secrets d’info, qui est la seule aujourd’hui à proposer un format d’enquête de vingt à vingt-cinq minutes et qui est devenue, en 2015, l’espace de production de la direction des Enquêtes et de l’Investigation. Outre une enquête, le sommaire de chaque émission comprend une interview de 10 minutes en lien ou non avec l’enquête programmée, une chronique et le décryptage d’une rumeur sur le Web.

Une rédaction pour l’ensemble des chaînes de Radio France

La direction fonctionne comme un média global de création de contenus. « La valeur ajoutée de la démarche est que nous produisons tout en interne », souligne Jacques Monin, directeur adjoint. À savoir : les enquêtes réalisées pour Secrets d’info, les news proposées à toutes les chaînes de Radio France, sous divers formats (papiers, sons, enrobés, mini-dossiers…), les articles

Ci-dessous : Matthieu Aron.

numériques et les animations sous forme de diaporamas sonores pour les sites et les réseaux sociaux. Autant de contenus diffusés par les antennes selon leur grille et leurs spécificités. Divers formats qui répondent aux nouveaux modes de consommation de l’information pour capter autant l’auditeur que l’internaute. « Nous ne fonctionnons pas à la commande pour rester force de proposition, insiste Benoît Collombat­. Une manière de ne pas être absorbés par le flux de l’actualité et de pouvoir travailler sur le temps long. » Élodie Guéguen et Laëtitia Saavedra enquêtent ainsi respectivement depuis plusieurs mois sur le terrorisme et les actes de pédophilie au sein de l’Église. « Des sujets sur lesquels nous ne sommes malheureusement pas en capacité de partager l’intégralité des infos dont nous disposons pour ne pas entraver le volet judiciaire de l’enquête », explique Élodie­Guéguen.

Un nouveau mode de narration

Ci-dessus, de gauche à droite : Philippe Reltien, Thomas Jost et Jacques Monin.

Ci-dessous : Secrets d’info est une émission hebdomadaire, mais aussi une marque qui rayonne sur le Web et sur les réseaux sociaux.

Une émission comme Secrets d’info pose la question du mode de narration approprié : comment, en effet, tenir en haleine un auditeur, à l’heure où le zapping est le mode le plus fréquent de consommation des médias ? La question du format se pose pour chaque production car selon le sujet, plus ou moins ardu, il est nécessaire de multiplier les relances pour rendre l’enquête vivante. « Nous avons pris le parti d’un dialogue entre l’animateur et l’enquêteur, agrémenté d’une quinzaine de témoignages, explique Rebecca Denantes, chargée de production. Cela nécessite un mode d’écriture singulier et différent de ce que l’on peut produire habituellement à la radio. » L’émission est réalisée par Christophe Imbert. Dans un paysage audiovisuel qui tend à se standardiser, la création de cette direction renforce l’image d’indépendance et de qualité de Radio France dans le traitement de l’actualité. Et ainsi, fait entendre sur ses ondes la voix du pluralisme. (1) La cellule d’investigation est composée de cinq journalistes enquêteurs détachés de France Info et de France Inter, d’un collaborateur de la direction des Personnels de production pour la réalisation des contenus numériques, d’une chargée de production de France Inter et d’une rédactrice en chef chargée des contenus numériques. Des ressources redéployées en interne sur la base du volontariat : l’occasion de faire coïncider compétences, envies et nouvelles opportunités. Philippe Reltien, issu du Secrétariat général de l’information, a rejoint l’équipe il y a un mois.

texto – n° 39 – été 2016


Frédérique Riéty

PARCOURS

Portrait libre de droits 1983I Intègre Radio France à la direction des Ressources humaines.

Souriante, battante, des bagues et bracelets qui retiennent l’attention, Frédérique Riéty dirige la direction des Affaires juridiques depuis 2009. À la tête d’une équipe de douze personnes, cette juriste de formation et avocate intervient sur toutes les questions juridiques de Radio France. Passionnée et pragmatique, elle partage volontiers son savoir…

R

endez-vous pris au Tripode, 10e étage. À la direction des Affaires juridiques, on se croirait presque dans le quartier des affaires de La Défense ! Bureau grand ouvert, sourire aux lèvres, Frédérique Riéty reçoit simplement. On s’installe autour d’une table recouverte de dossiers. L’ambiance est studieuse. Notre interlocutrice croise notre regard : « Nous avons beaucoup à faire ! Radio France est une entreprise dont les activités variées ont de fortes implications juridiques, résume-t-elle. Radio France produit de belles choses, cultive, crée, distrait… Notre rôle est de mettre toute cette richesse en musique juridique ». Cette direction se

1993 Rejoint la direction des Affaires juridiques, en charge du droit de la presse et du contentieux, et du droit des contrats et de toute question de responsabilité pénale ou civile de l’entreprise.

trouve ainsi associée à toutes les activités de la Maison de la radio. C’est colossal ! « De la réhabilitation du bâtiment à la mise en valeur de ses activités, en passant par les contenus des chaînes y compris dans leurs incidences contentieuses, l’organisation de concerts, les négociations avec les labels, jusqu’à l’offre numérique, la chaîne publique d’information, qui nous occupe beaucoup en ce moment, ou la gestion des cessions de droits et leur déclaration, nous sommes de toutes les aventures de la Maison. Notre rôle est de sécuriser l’activité de l’entreprise mais nous sommes des facilitateurs et non des empêcheurs de tourner en rond ! » Autant de challenges que Frédérique Riéty, sculpteure et sportive à ses heures, aime relever avec son équipe impliquée. « Lorsque nous avons négocié dès

2001 Nommée directrice adjointe.

NOUS SOMMES DES FACILITATEURS.

2006 les accords avec les sociétés de gestion collective de droits pour le multimédia, nous avons été pionniers. Nous pouvons en être fiers ! Si nous avons su être prêts avant nos concurrents, en dépit d’une problématique plus complexe­, c’est parce que nous savons anticiper et négocier. » Et Frédérique Riéty d’expliquer avec enthousiasme par le menu les

2009 Prend la tête de la direction.

différentes étapes des négociations avec ces sociétés partenaires. On se pique tout d’un coup d’intérêt pour ce qui semblait a priori fastidieux. Il faut dire que Frédérique­ Riéty a le don de transmettre son savoir. « La pédagogie est primordiale. Il faut faire comprendre le fait juridique. Or, le droit dans l’entreprise n’est pas une chose évidente, en France. Nous organisons de nombreuses formations pratiques, notamment sur la propriété intellectuelle ou, l’utilisation des photos sur Internet, nous éditons de nombreux guides et modes d’emploi. Nous aimons aller à la rencontre des collaborateurs pour qu’ils s’approprient les implications juridiques de leur travail quotidien et sortir la question juridique du domaine exclusif des spécialistes. C’est un investissement important, pour nous, du fait de notre petite structure et de la masse considérable de choses à traiter, mais ces échanges sont essentiels. Et nous nous rendons compte que le droit passionne les gens. » Frédérique Riéty fait partie de l’AFJE (Association française des juristes d’entreprise) et est au comité de rédaction de sa revue. « Il est important de promouvoir ce métier méconnu auprès des jeunes car il nous faut assurer la relève ! » En attendant, les Affaires juridiques sont orchestrées de main de maître.

texto I Le magazine interne de Radio France I Société nationale de radiodiffusion – 116, avenue du Président-Kennedy – 75220 Paris Cedex 16 – Tél. : 33 (0) 1 56 40 22 22 I Directeur de la publi-

cation : Mathieu Gallet, président-directeur général – Monique Denoix, directrice déléguée à la Communication I Rédactrice en chef : Emmanuelle Baumgartner, directrice adjointe de la Communication, assistée de Florence Bellanger, Florian Letort et Julie Pignol I Conception-réalisation : 21x29,7 – www.21x29-7.fr I Photos : Christophe Abramowitz (les autres crédits photo sont précisés dans le magazine) I Iconographie : Frédéric Michel I Impression : Solubis – 92250 La Garenne-Colombes I Dépôt légal à parution. Radio France a créé un fichier répertoriant les prénom, nom et adresse de son personnel, destinataire du magazine Texto, aux fins d’envoi à domicile dudit magazine, ce fichier étant transmis au prestataire de Radio France chargé de son acheminement. Conformément aux dispositions de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification des données vous concernant et figurant dans le fichier des destinataires de ce magazine. Vous pouvez également demander que vos coordonnées soient radiées de ce fichier si vous ne souhaitez plus recevoir le magazine Texto.

texto – n° 39 – été 2016


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.