Les fantômes de la crique, 2012

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LES FANTÔMES DE LA CRIQUE


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L’alphabet, 2011


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INTRODUCTION LES SÉMAPHORES : UN ALPHABET PORTATIF

À partir de notre expérience d'un travail artistique “à quatre mains”, nous avons engagé en 2008 une réflexion autour des représentations du couple. Croisant des mythes, des légendes et des tableaux, nous avons constitué une série de signes, les sémaphores, sorte d'alphabet optique dans lequel apparaissent tour à tour : ciseau, licorne, clef, roue, bague, serpent, cœur, etc. Ces signes découpés dans des plaques de polycarbonate multicolores sont utilisés comme vocabulaire afin de créer des situations et d'organiser ainsi des formes de narrations inédites enregistrées lors de prises de vues photographiques et/ou vidéos. La légèreté, la rigidité et la solidité des éléments découpés permettent de construire et d'improviser des espaces dans des lieux d'exposition traditionnels, mais aussi en extérieur, dans une rue, un parc, une architecture ou tout autre site “naturel”.

Intervention Maison Blanche, Festival des Arts Éphémères, 2011


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HH/AEB par CQPS, couverture, 2012


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1/ ARGUMENTS DIALOGUE(S)

Le projet “Les fantômes de la crique” est né lors d'une visite de la dernière maison-atelier du couple de peintres Hans Hartung et Anna-Eva Bergman à Antibes, aujourd'hui Fondation Hartung-Bergman. En parcourant le site et en accédant aux diverses archives conservées à la Fondation, l'organisation “domestique” de leur vie en couple et la place qu'elle occupe dans leur expérience artistique respective nous a paru particulièrement féconde. C'est à partir de cet espace commun, mis en formes tout au long de leur vie de couple, que nous avons conçu notre projet, comme un prolongement et une réactivation contemporaine des questions soulevés par ces artistes.

Le couple de peintres Anna-Eva Bergman et Hans Hartung à Antibes, 1975


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De haut en bas : Minorque, Paris et Antibes


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UN COUPLE D’ARTISTES

Hans Hartung (1904-1989) & Anna-Eva Bergman (1909-1987)

1929

Hans Hartung et Anna-Eva Bergman se marient à Dresde.

1932-1934

HH & AEB s'installent à Minorque, où ils conçoivent et construisent leur maison-atelier à Cala Tirant, avec l’aide des habitants du village.

1938

HH & AEB divorcent (et se remarient chacun de leur côté).

1952

HH & AEB se retrouvent à Paris, achètent une maison qu'ils font modifier en la surélevant d'un étage et en y installant leurs ateliers respectifs.

1957

HH & AEB se remarient à Paris.

1971-1972

HH & AEB s'installent à Antibes, où ils conçoivent et font construire leur maison et deux ateliers distincts. Conçus comme une “œuvre d'art”, ces bâtiments sont la matérialisation d’un espace pictural.

Les trois périodes de vie commune (Minorque, Paris et Antibes) ont chacune donné lieu à la conception et la construction d'un espace de vie et de travail.


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Construction de la maison-atelier de Minorque, photo H. Hartung Edifice fortifié en Espagne, photo H. Hartung Les maisons de Carboneras, photo H. Hartung


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LA MAISON-ATELIER

En 1932, Hans Hartung et Anna-Eva Bergman, jeune couple de peintres respectivement originaires d'Allemagne et de Norvège, s'exilent aux Baléares. À Minorque, ils construisent euxmêmes avec des artisans du village, une maison-atelier. La bâtisse est un outil de travail et un lieu de vie. Sa conception est influencée par la pensée moderniste héritée du Bauhaus et par les traditions de construction locales. Là, le toit en terrasse des modernistes y devient une déclinaison d'un élément propre à l'habitat méditerranéen le plus ancien. Témoignage d'un “acte privé”, la maison-atelier manifeste la voie d'une “utopie toute personnelle” entre tradition et avantgarde. La vie y est simple, presque spartiate. Hans Hartung et Anna-Eva Bergman se mêlent à la vie locale du village de Fornells où ils s’approvisionnent quotidiennement.

« La maison pour moi, c’est un cube. Des cubes blancs aux lignes simples comme la maison des pêcheurs espagnols de l’île de Minorque (…). »

Extraits du livre “Autoportrait”, Hans Hartung, 1976


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En 1966, Anna-Eva Bergman et Hans Hartung retournent à Minorque et photographient les ruines de leur maison-atelier, plus de 30 ans après avoir quitté l’île


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LE PARADIS

Les récits d’Anna-Eva Bergman font état de soupçons d'espionnage par les autorités, du fait de leurs nationalités et de la peinture abstraite de Hans Hartung (assimilée à des plans secrets). Le couple quitte l'île en 1934.

Et c'est ainsi qu'Adam et Ève quittèrent le Paradis, un plat de poissons et deux pommes à la main ; conscients qu'ils avaient eu largement leur part de l'arbre de la sagesse. C'est par cette phrase qu'Anna-Eva conclut une lettre de cette époque ainsi qu'une vie conjugale où intimité et exposition, domesticité et création, désœuvrement et production, vie et art, étaient inextricablement liés. Plus tard, cette maison sera détruite par l'armée espagnole. Il reste de cette période de leur vie, un important corpus photographique qu’ils ont emporté dans leur exil et qui est conservé à la Fondation Hartung-Bergman à Antibes. Ce fonds a été un outil de travail et une source de documentation pour notre projet.


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Sur les traces de leur maison-atelier, 1966, photo H. Hartung

Chemin vers le site de “Cala Tirant“, source google 2012


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2/ PRÉSENTATION DU PROJET

L’objet de cette proposition est de réactiver l’histoire d’une expérience artistique, en se rendant sur les lieux où elle s’est déroulée et de questionner ce qu’elle peut avoir d’universel et de pertinent en regard de problématiques contemporaines. La nature du projet suppose de manière implicite que l’œuvre présentée lors d’expositions ultérieures (Antibes, Baléares et Marseille), soit le résultat d’un ensemble de processus et d‘événements qui en constituent le corps. Ainsi le voyage, le séjour et les rencontres, ces faits circonstanciels souvent minorés, sont ici considérés comme matériau même de l’œuvre.

LE PROJET COMPORTE PLUSIEURS VOLETS - un séjour de travail à Cala Tirant, sur le lieu de la maison disparue. - une installation à Antibes dans les murs de la fondation Hartung-Bergman. - une présentation dans la galerie La Traverse à Marseille, aux Baléares (en discussion) et en Norvège (en prospection).


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La maison démontable (One Week), Buster Keaton, 1920


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LA MAISON-MOBILE

80 ans après que Hans Hartung et Anna-Eva Bergman ont quitté les Baléares, nous proposons d'y retourner et de réinvestir ce lieu et son histoire, celle d'un couple d'artistes ayant construit un espace de vie et de création communs. L'imbrication de l'art et de la vie sera l'objet de mises en scène à partir d'une série de situations concrètes : -travaux ménagers -ravitaillement -promenades -rencontres -relevés topographiques, paysagers ou climatiques -manipulations, montages et démontages des sémaphores, etc. Pour mettre en œuvre cette expérimentation, nous souhaitons utiliser un camping-car. Combinant espace domestique et atelier-studio, sédentarité et nomadisme, ce véhicule nous permettra de nous rendre, de vivre et de travailler in situ durant un mois.


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La maison-atelier, isolée sur le rivage nord de Minorque, photo H. Hartung

Hans Hartung à son télescope, Dresde, 1916


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3/ LES AXES D’INTERVENTION A – ROBINSONNADE

En arrivant à Minorque, Hans Hartung & Anna-Eva Bergman s’installent sur la côte Nord de l’île, la plus sauvage car très exposée au vent. Ils construisent leur maison-atelier sur une colline du littoral, sans eau ni électricité. Ils y vivent et travaillent, séparés du premier village par plusieurs kilomètres, isolés.

FACE AUX ÉLÉMENTS Hans Hartung associe ses premières expériences artistiques, enfant, à la contemplation des éclairs dans le ciel. Sa vie durant, il s’attachera à en saisir la fulgurance, en photo comme en peinture. Cette activité de photographe l’accompagnera toute sa vie dans une captation incessante de phénomènes et d’éléments naturels (rais de lumière, morceaux de bois, galets, nuages…), mais également d’architectures et des membres de sa famille dans des compositions en noir et blanc. Il a réalisé quelque 35 000 photos.


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Préface de Hans Hartung, « Un monde ignoré », Skira, 1974

Guerrier grec casqué, H. Hartung


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A – ROBINSONNADE SYNOPSIS POUR UNE RÉACTIVATION

Série de prises de vues, de mises en situation avec les sémaphores dans l’eau, le vent, le sable et le soleil. Confrontation des formes et des corps avec les éléments naturels, comme Hans Hartung et Anna-Eva Bergman ont choisi de s’y confronter.

Hans Hartung, dessins sur le sable

Anna-Eva Bergman, dessins sur le sable


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Table dressée face à la baie, photo H. Hartung

« Une chambre où toutes les affaires de toilette et tout ce qui rappelle une chambre se trouve dans des placards et qui pendant la journée fait office de salle de séjour. »

« nos lits sont deux matelas à ressort qui deviennent un divan énorme dans la journée »

« la cuisine a de même de nombreux placards, de sorte qu’on ne peut pas voir qu’il s’agit d’une cuisine et qu’elle sert aussi de salle à manger »

« Et puis il y a la salle à manger, c’est à dire une cuisine où l’on peut manger »

Extraits du livre “El mon y la Menorca”, Anna-Eva Bergman


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B – VIE DOMESTIQUE UN ESPACE PARTAGÉ À Minorque, comme dans les deux autres constructions de leur vie, Hans Hartung & Anna-Eva Bergman ont conçu et organisé l’espace de la maison pour le rendre modulable. Sur un périmètre réduit, ils réalisent des aménagements afin d’optimiser la maison comme outil artistique et domestique.

Intérieur de la cuisine (porte coulissante), photo H. Hartung


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Composition, CQPS, 2010

Carme et Jesus à Minorque, Anna-Eva Bergman, 1933


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B – VIE DOMESTIQUE SYNOPSIS POUR UNE RÉACTIVATION

Le camping-car tient ici lieu de scène, marquant la présence de la maison d’Hans Hartung & Anna-Eva Bergman, en nous permettant d’y résider et d’y travailler continuellement. - Mise en scène avec les sémaphores des échanges entre nous dans les tâches ménagères, les trajets et situations quotidiennes tels le ravitaillement et le nettoyage. - Mesures de l’espace présumé de la maison avec les sémaphores, - Habillage/décoration extérieure du camping-car, etc.

Femme lavant le sol, Anna-Eva Bergman, 1932


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Fête de Saint-Jean, photo de Hans Hartung, 1932

Fête de Saint-Jean, aquarelle de Anna-Eva Bergman, 1932


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C – VIE SOCIALE LES RAPPORTS AVEC L’EXTÉRIEUR

Sur place, à Minorque, Hans Hartung et Anna-Eva Bergman rencontrent une population à la fois curieuse et accueillante, des gens qui vont constituer pour eux de véritables rencontres, souvent dessinées et relatées par Anna-Eva.

« Des fêtes et encore des fêtes, les fiestas se succédaient. Et quand ce n’était pas une fête religieuse ou celle d’un saint on trouvait une autre occasion pour faire la fête, pour mettre ses habits du dimanche, ne pas travailler, manger des gâteaux et boire quelques verres à la Fonda. » « En mai arrivaient les gitans à Fornells. Los gitanos ! Un magnifique cortège de voitures peintes pleines de grelots, de chevaux harnachés, de jupes colorées virevoltantes et de monnaies trébuchantes. Des bras et des jambes bronzés en pleine activité, des chevelures sombres et ébouriffées retenues par des peignes, de la verroterie et de l’or, des rangées de dents éclatantes qui luisaient pendant que l’on parlait un langage incompréhensible. La musique, la danse, les prédictions qui allaient sûrement se réaliser et tout d’abord un commerce. Des étoffes splendides de soie véritable ou non. De la poudre, des parfums, des fards, des bijoux, des peignes, des barrettes et des perles de verre, le tout dans un merveilleux mélange et à tous les niveaux de prix, en général incroyablement bon marché. »

Extraits du livre “El mon y la Menorca”, Anna-Eva Bergman


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Intervention, CQPS, 2011

Ricardo et Esperenza, Anna-Eva Bergman, 1932


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C – VIE SOCIALE SYNOPSIS POUR UNE RÉACTIVATION

Série de prises de vues de mises en situation avec les sémaphores dans le village de Fornells, avec les commerçants, devant les vitrines, devant l’église… Exposition des sémaphores aux habitants du village, vidéos réalisées à cette occasion.

« Pendant la construction, qui prit du temps, on habitait toujours chez Ricardo et Esperanza et on mangeait des poulpes, on peignait et on se dorait au soleil, on jouait aux échecs, on bâtissait notre maison et on oubliait tous nos soucis. »

Extraits du livre “El mon y la Menorca“, Anna-Eva Bergman


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Sans titre, dessin, Hans Hartung, 1932

Diagramme de la section d’or, dessin, Anna-Eva Bergman


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C – VIE SOCIALE LE LANGAGE, LES SIGNAUX

En 1932, Hans Hartung et Anna-Eva Bergman quittent l’Allemagne pour s'installer à Minorque. Dès cette époque, les Baléares commencent à accueillir quelques Allemands qui selon les mots de J. Selz “s’entraînaient bénévolement à un exil qui bientôt allait devenir pour eux obligatoire“. Anna-Eva Bergman relatera la fin de leur séjour en décrivant des situations qui mettent en scène les autorités de l’île confrontées à la situation de ce couple d’artistes dans une atmosphère de suspicion.

« Oui, la grande fenêtre là où vous avez vos peintures, continua l’ingénieur imperturbable, on dit que vous envoyez à travers elles des signaux lumineux aux avions. Vous avez aussi une échelle mécanique que vous pouvez remonter si vous vous réfugiez sur le toit. […] Et il y a aussi vos peintures, señor. Les gens disent qu’ils n’ont encore jamais vu un vrai tableau fait par vous, ils disent que c’est plein de traits bizarres et de signes et que ça ressemble à des cartes. »

Extraits du livre “El mon y la Menorca“, Anna-Eva Bergman


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Vue en cours d’installation, CQPS, 2011

Vue en cours d’installation, CQPS, 2011


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C – VIE SOCIALE SYNOPSIS POUR UNE RÉACTIVATION

Série de prises de vues de mises en situation avec les sémaphores : -la nuit, avec les éclairages d’appoint (phares du véhicule, lampadaires du village…) -sur la côte en surplomb de la mer -dans des successions formant des “phrases” -à contre-jour, les sémaphores devenant des ombres…

À travers cette série de photographies et autres performances filmées, la documentation de notre vie et de notre travail en couple sera ensuite réinvestie dans l'installation d'Antibes et dans les autres lieux qui l’accueilleront à Marseille et aux Baléares.

Vue du trajet vers Maison Blanche, CQPS, 2011


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Dessin de la façade Ouest, CQPS, 2011

Exemple de dispositif : Lit, exposition “À légender!”, CQPS, 2013

Superposition du plan de la maison de Minorque et de la vue aérienne des ateliers d’Antibes, CQPS, 2011


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4/ EXPOSITION(S) LA MAISON-FANTÔME Les différentes façades de la maison-atelier et des éléments de son mobilier intérieur seront découpées dans des plaques opales de polycarbonate, le même matériau que celui des sémaphores polychromes. Leurs parois serviront d'écrans de projection, de murs d’exposition, échantillonnant la production de Minorque. Les murs et les cloisons de la maison “fantôme” de Cala Tirant seront assemblés et réinterprétés, lors d'une résidence dans la Fondation Hartung/Bergman, à Antibes. Des fragments de mobilier (table, lit, chaise, etc) seront redéployés, prétextes à des relectures de l’espace et supports de nos interventions. Ces dispositifs seront remis en jeu sur les lieux d’expositions ultérieures, ainsi lors de la présentation aux Baléares, en préparation sous le commissariat d'exposition de Magdalena Aguiló (directrice de la Fundació Pilar i Joan Miró jusqu’en 2011). D’autres expositions sont prévues à Marseille et à Nice courant 2014-2015. Une édition, HH-AEB par CQPS, synthétisera les différents aspects et moments de cette œuvre.

Comme dans tous nos projets qui mettent en jeu les plaques de polycarbonate, la société BAYER MaterielScience soutient nos actions en fournissant la matière première ainsi qu’une assistance technique concernant des solutions de mise en œuvre pour ce matériau. (Cf. notre participation au projet “Ulysses” du FRAC Paca dans le cadre de MP2013)


Les documents concernant Hans Hartung & Anna-Eva Bergman, utilisĂŠs dans ce dossier, sont extraits des archives de la Fondation Hartung-Bergman. Tous droits rĂŠservĂŠs.


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