les sĂŠmaphores par Stauth & Queyrel
La nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. Baudelaire …figures qui semblent appartenir à cette grande écriture chiffrée que l’on rencontre partout, sur les ailes, sur la coque des œufs, dans les nuages, dans la neige, dans les cristaux et les concrétions minérales, sur les eaux gelées, à l’intérieur et à l’extérieur des montagnes, des plantes, des animaux, des hommes, dans les éclats du ciel, sur les disques de verre et de poix lorsqu’on les frotte et les caresse, dans les limailles qui enveloppent l’aimant, et dans les singulières conjectures du hasard. Novalis
L
es éléments qui mobilisent les recherches actuelles des artistes Pascale Stauth & Claude Queyrel sont des sémaphores conçus depuis 2008. Ces sémaphores (du grec sema, signe, et de phoros, qui porte) – pomme, lune, serpent ou anneau, licorne ou bougeoir, etc. – constituent autant d’attributs symbolisant la nuptialité dans la plupart des cultures.
Mais à la différence des systèmes graphiques ou alphabétiques, les signes et leur support ne forment – dans leurs sémaphores – qu’une seule et même entité plastique. L’indivisibilité du suppor t (potence) et du signe (enseigne) comme celle du contenu et de la forme, a été rendue possible par le matériau dans lequel ils sont découpés, le Makrolon.
La légèreté et les qualités chromatiques de ce matériau permettent aux ar tistes, d’assimiler dans un seul et même sémaphore, signe et figure, schématisation et stylisation, couleur et lumière, vide et plein, etc. De fait, sa plasticité et sa maniabilité leur permet de conjuguer, dans des installations en intérieur ou à ciel ouvert, décor et architecture, topographie et scénographie… Autrement dit, de combiner une cer taine dramaturgie (scénographie) avec un certain hiératisme (portrait).
Issu d’un projet d’installation dans un jardin public situé à proximité d’un supposé tumulus où reposerait Protis le Grec, le travail de Stauth & Queyrel s’est, de la légende de Gyptis et Protis, transformé en une méditation plastique sur le thème de l’Alliance. Car si dans un seul et même sémaphore, signe et graphème sont indissociables, il en va de même du mot alliance qui désigne à la fois l’acte et la bague (ou un verbe et un objet).
C’est de cette conjonction du sens littéral et du sens figuré de l’Alliance que Stauth & Queyrel ont décidé de revisiter la thématique du mariage et leur propre condition d’ar tistes travaillant en duo. Ils ont dès lors considéré les couples comme les réincarnations contemporaines de figures tantôt mythiques ou romanesques (Adam & Ève, Roméo & Juliette, etc.), tantôt historiques ou modernes (les ar tistes Hans Har tung & Eva Bergman, Les mariés de Maison-Blanche, etc.).
Ce faisant, ils ont remis au goût du jour le chariot de Thespis, figure de langage par laquelle Horace fait allusion à la voiture qui, de ville en ville, servait de scène à l’inventeur légendaire de la tragédie : Thespis. Ainsi, en concevant un chariot spécialement destiné au transpor t de leurs sémaphores, ils peuvent les déployer, les assembler ou les installer partout où tels lieux, telles personnes ou situations s’y prêtent.
Semaphores Project by Stauth & Queyrel
T
he elements the works of Stauth & Queyrel deal currently with, are semaphores they designed and carried out since 2008.
The semaphores (from the Greek language sema, sign and pharos, which bears) - apple, moon, snake or ring, unicorn or candlestick, etc. - constitute as many symbols that depicts nuptial realm in most of cultures. But unlike past and present design or alphabetic systems, the signs and the support which the semaphores are made up of, constitute a one and same plastic or visual unit. The indivisibility of the support (or bracket) and the sign [or (en)sign] like that of form and content, was made possible thanks to the Makrolon material. The lightness and the chromatic qualities of this material make it possible for Stauth & Queyrel to make similar in a one and same semaphore, sign and figure, simplification and stylization, symbol and image, color and light, emptiness and fullness, etc. The plasticity, the malleability and the statics of the Makrolon allow the artists to blend or to superimpose, be it indoor or in open space installations, set and architecture, topography and staging procession(s) and station(s)... In other words, they combine a certain dramatic art with a certain hieratism (portrait). Their project was initially to put up in a public garden a fixed installation near that place where Gyptis the native, and Protis the Greek, met and founded Marseilles. Since, Stauth & Queyrel's work is a visual and gradual meditation on the "Alliance" theme. Like in the case of a single semaphore where symbol and writing form are inseparable, the French word "Alliance" itself means at a time the deed and the wedding ring (or a verb and an object). It is from this concurrence of literal meaning and figurative sense of the word "Alliance" that, following Protis & Gyptis' footsteps, Stauth & Queyrel started to revisit the wedding theme and their own situation as duet artists. So that they came to consider the couples as contemporary reincarnations of alternatively, mythical or roman figures (Eva & Adam, Romeo & Giulietta, etc.) or historical or modern characters (like the artists Hans Hartung & Eva Bergman, Les mariĂŠs de Maison-Blanche, etc.) ln doing so, they updated the Thespis wagon, a horatian figure of speech that alludes to the stage which the legendary inventor of tragedy used to move from town to town. Stauth & Queyrel indeed conceived a wagon especially intended to carry their semaphores so as to open out, to lay out or to install them wherever, such places or such people might take part in or go along with.
contact : cqps@free.fr http://documentsdartistes.org/artistes/stauth-queyrel/page1.html
avec le soutien de / acknowledgements : Bayer Sheet Europe http://www.sheet.bayerpolymers.com/691/Applications/%C3%89tudes-d-#039;application.htm