Chapitre 1 Un retour en arrière, les débuts du temps des sucres
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ersonne ne peut nous dire avec exactitude à quand remonte les débuts des sucres! La tradition orale des Amérindiens ne peut nous renseigner à cet effet…… mais par les écrits que nous ont laissés les premiers arrivants en NouvelleFrance, nous savons que depuis longtemps les Amérindiens avaient découvert les vertus de l’eau d’érable.
Par la suite, ils faisaient bouillir l’eau d’érable dans des auges en bois ou dans des vases d’argile en y déposant des pierres rougies par le feu pour concentrer le réduit. Les femmes utilisaient ce sirop dans la préparation de leurs viandes afin de lui donner un goût particulier.
À l’aide d’un tomahawk, ils entaillaient les érables et recueillaient l’eau dans des contenants d’écorce de bouleau.
Ils connaissaient aussi déjà certaines vertus de l’eau d’érable transformée, à des fins médicinales. Dessin de C.W. Jefferys The picture Gallery of Canadian history
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Bien des légendes à cet effet ! Plusieurs légendes ont été véhiculées au fil du temps concernant la découverte de l’eau d’érable, l’une des plus réalistes serait celle-ci; «Un Iroquois, frappa de sa hache un érable et en vit sortir un liquide qu’il goûta et s’aperçut qu’il avait un bon goût. Les femmes décidèrent donc d’utiliser cette eau pour faire mijoter les viandes et s’aperçurent que cette eau donnait bon goût aux viandes.»
Nous ne saurons sans doute jamais l’origine exacte de la découverte de l’eau d’érable mais un fait est certain, les Amérindiens en connaissaient les vertus bien avant l’arrivée des Blancs et ce chez plusieurs peuples Amérindiens dont; les Micmacs, les Montagnais, les Abénaquis, les Hurons, les Algonquins, les Iroquois, les Mohawks, les Wendats, les Ojibways des Grands Lacs et les Malécites du Témiscouata.
Dessin de C.W. Jefferys The picture Gallery of Canadian history
D’autres légendes font référence à un jeune Iroquois qui vit un écureuil croquer une petite branche d’un érable et de lécher la sève qui en sortit. Il eut alors l’idée de faire pareil et trouva le goût des plus intéressants…
Saviez-vous que : Dans un rapport écrit datant de 1870, l’on indique que «les Indiens Winnebagoes et Chippewas des Grands lacs sont les plus gros producteurs de sucre et qu’ils vendent souvent 15,000 livres par année à la compagnie de fourrures du Nord-Ouest».
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Les premiers Amérindiens!
sucriers;
les
La tradition orale des Amérindiens ne peut nous renseigner à cet effet, mais les écrits que nous ont laissés les premiers arrivants confirment que les Amérindiens utilisaient l’eau d’érable à diverses fins.
L’eau ainsi concentrée était par la suite déposée dans une auge en bois dans laquelle ils déposaient des pierres rougies par le feu. Par ce processus, l’eau s’évaporait ainsi peu à peu pour obtenir un concentré en sucre.
Les autochtones pratiquaient une entaille en forme de «V» sur l’arbre avec un tomahawk et y inséraient un bout d’écorce ou de bois pour diriger l’écoulement de l’eau vers le sol où était placé un récipient en écorce de bouleau.
Durant la nuit, l’eau moins sucrée avait tendance à remonter à la surface et à geler dans le récipient. Au petit matin, ils se débarrassaient de cette glace et répétaient l’opération sur quelques jours afin de concentrer l’eau d’érable en sucre.
Certaines peuplades dont les Iroquois, les Algonquins et les Hurons utilisaient des vases en terre cuite pour transformer l’eau d’érable.
Saviez-vous que : Dès 1691, en Gaspésie, les Micmacs faisaient des petits pains de sucre durs qui plaisaient aux Français!
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Saviez-vous que : En 1731, la Seigneuresse de Kamouraska demande à l’Intendant Hocquart de faire cesser l’entaillage à la hache sous peine de 20 livres d’amende qui seront versés à l’église locale. Cette pratique risquant de blesser et de faire mourir les érables.
Ils connaissaient aussi «vertus» de l’eau d’érable…
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Les Amérindiens se désaltéraient en buvant de l’eau d’érable sucrée mais utilisaient aussi le réduit et le sucre d’érable comme remèdes, pour se fortifier, se soigner et se guérir de diverses maladies.
Une première nouveauté; les chaudrons en fonte…
Les nouveaux arrivants possédaient des chaudrons en fonte qu’ils utilisaient à diverses fins soit pour la cuisson ou même pour la préparation du «savon du pays». Ils commencèrent donc à utiliser ces chaudrons pour faire bouillir l’eau d’érable.
Ils y prêtaient aussi des vertus pour fortifier la poitrine. Il faut se rappeler que les Amérindiens connaissaient déjà les remèdes contre le scorbut et que l’utilisation des arbres et des plantes médicinales faisaient partie de leurs habitudes de vie. Saviez-vous que : En 1700, les femmes Amérindiennes conservent de l’eau d’érable dans des vases en terre cuite, qui une fois exposée au soleil se convertit en vinaigre.
Ce type de chaudron était installé audessus d’un feu de bois et pouvait recevoir de plus grandes quantités d’eau d’érable à bouillir. 1.3
Une structure de bois rudimentaire appelée «potence» permettait de suspendre un, deux ou trois chaudrons au-dessus du feu.
Les Micmacs avaient sans doute déjà initié les Acadiens à la transformation de l’eau d’érable.
Il n’en fallait pas plus pour que dans l’ensemble du nouveau territoire, les colons se mirent à utiliser ces chaudrons dans des installations de fortune au cœur des érablières.
Potence / Musée François-Pilote
Ultérieurement, afin d’augmenter l’efficacité du feu, on entoura le feu de pierres à sa base pour y réfléchir la chaleur et obtenir ainsi un feu plus intense. Des écrits de 1700 relatent déjà l’utilisation de chaudrons en fonte par les Acadiens aux installations de PortRoyal en Nouvelle-France pour faire bouillir l’eau d’érable. Ils pouvaient ainsi transformer l’eau en sirop et en sucre roux.
Esquisse de Henri Julien Dans l'Opinion publique
Dans ses débuts, un seul chaudron était utilisé sur le feu de bois à ciel ouvert mais le réduit ainsi obtenu était très foncé.
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Les premières installations (potence) ne comportaient qu’un seul chaudron. Très vite, l’on comprit que l’utilisation de deux ou même trois chaudrons permettait d’accélérer le processus en transvidant d’un chaudron à l’autre le réduit. Le sirop ainsi obtenu était moins foncé et plus agréable au goût.
Le sucrier utilisait alors une palette de bois trouée en son centre nommée «mouvette» pour savoir si le sirop avait atteint le point critique pour virer en sucre. Il trempait la «mouvette» dans le sirop et soufflait dans le trou de la mouvette. Si les gouttes qui en tombaient devenaient de petits cristaux, le sucre était prêt. Ultérieurement, pour accroître l’efficacité de la potence, le chaudron était surélevé sur un ouvrage de maçonnerie pour emprisonner la chaleur du feu. Saviez-vous que : En 1851, la production de sucre au Bas-Canada était de 13,500,000 livres, tout un exploit à l’époque avec des moyens aussi rudimentaires!
Dessin de Edmond J. Massicotte
Après plusieurs heures de bouillage, on obtenait un sirop qu’on laissait bouillir encore afin d’obtenir une pâte de sucre, qui placée dans des moules, formaient des pains ou blocs de sucre dur faciles à transporter pour le retour.
L’ancêtre du goutterelle…
chalumeau;
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Après avoir pratiqué une incision à la hache dans l’écorce de l’arbre, les Amérindiens y inséraient une planchette de bois nommée «goutterelle» laquelle permettait de diriger l’eau d’érable vers un récipient en écorce de bouleau déposé au pied de l’arbre et nommé «mocak». 1.5