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GUIDE DE BONNES PRATIQUES EN VITICULTURE
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Ces travaux ont été réalisés grâce à une aide financière du Programme Innov’Action agroalimentaire, un programme issu de l’accord Cultivons l’avenir 2 conclu entre le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, et Agriculture et Agroalimentaire Canada.
GUIDE DE BONNES PRATIQUES EN VITICULTURE
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Avertissements Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans ce guide reflète l’état des connaissances et des bonnes pratiques dans le secteur viticole au Québec, mais son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur. Certains renseignements ayant pu évoluer d’une manière appréciable depuis la rédaction, le lecteur est invité à en vérifier l’exactitude avant de les utiliser et de les mettre en application. Dans le présent document, le masculin englobe le féminin et est utilisé uniquement pour alléger le texte. Il est interdit de reproduire, traduire ou adapter ce document, en totalité ou en partie, sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec.
Pour information et commentaires Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) Édifice Delta 1 2875, boulevard Laurier, 9e étage Québec (Québec) G1V 2M2 Téléphone : 418 523-5411 Télécopieur : 418 644-5944 Courriel : client@craaq.qc.ca Site Internet : www.craaq.qc.ca
Photo de la page couverture : Martin Ménard/TCN © Gouvernement du Québec, 2017 © Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2017 Suivant sa convention avec le MAPAQ, le CRAAQ est autorisé par le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation à publier les textes du personnel du Ministère. Suivant son entente avec Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), le CRAAQ est aussi autorisé à publier les textes du personnel d’AAC.
PVIG0101-PDF ISBN 978-2-7649-0509-8 (version imprimée) ISBN 978-2-7649-0512-8 (PDF) Dépôt légal Bibliothèque et Archives Canada, 2017 Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
COMMENT UTILISER CE GUIDE Le Guide de bonnes pratiques en viticulture invite le viticulteur à s’interroger sur ses pratiques de viticulture durable en remplissant d’abord des grilles d’autoévaluation (chiffrier électronique accessible au www.craaq.qc.ca/vigne_ autoevaluation), puis à consulter le présent document pour mieux comprendre l’impact des différentes pratiques sur son entreprise et sur l’environnement. S’inspirant du New York Guide to Sustainable Viticulture Practices: Grower Self-assessment Workbook 1 (Cornell University), les grilles d’autoévaluation proposent un total de 114 questions suivies de 2 à 4 options décrivant les pratiques selon leur niveau de risque, du plus faible au plus élevé. Le viticulteur doit choisir parmi les 4 niveaux de risque, celui qui correspond le mieux à sa situation. Les auteurs ont également établi un niveau de priorité selon lequel il serait souhaitable d’améliorer chaque pratique (1 = urgent à 5 = non urgent) ainsi qu’un indice de facilité de mise en œuvre (de facile à difficile) et un indice de coût (de faible à élevé). La protection hivernale des vignes, par exemple, est jugée prioritaire par rapport à l’effeuillage. Cela signifie que selon les principes de l’agriculture durable, l’entreprise fera plus de gains en assurant d’abord une protection adéquate à ses vignes avant d’améliorer ses techniques d’effeuillage. Une fois les grilles d’autoévaluation remplies, le viticulteur pourra élaborer un plan d’action pour établir l’ordre dans lequel il compte améliorer ses pratiques et ainsi atteindre les niveaux moins à risque que présentent les pratiques de viticulture durable. Ce premier tome du Guide de bonnes pratiques en viticulture porte sur la gestion du sol, la gestion du vignoble, la gestion des maladies, la gestion des pesticides et la formation continue. Un deuxième tome portera sur la fertilisation, les insectes, les mauvaises herbes et autre ravageurs, ainsi que d’autres pratiques liées à la gestion du vignoble et de la récolte.
1. Wise, A., T. Martinson, J. Hawk, T. Weigle et L. Tarleton. 2007. New York Guide to Sustainable Viticulture Practices: Grower Self-assessment Workbook. Cornell University, New York State Agricultural Experiment Station, Geneva, NY. www.vinebalance.com ©2007 Cornell University. Utilisé avec permission.
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RÉDACTION
Raphaël Fonclara, agronome, conseiller en viticulture, Dura-Club inc., Bedford
Evelyne Barriault, agronome, conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Direction régionale de la Montérégie, Saint-Jean-surRichelieu
Fabien Gagné, T.P., viticulteur, Vignobles Saint-Rémi, Saint-Rémi Aubert Michaud, Ph.D., chercheur, Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), Québec
Karine Bergeron, agronome, conseillère en pomiculture et viticulture, secteur Est, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Direction régionale de la Montérégie, Sherbrooke
Karine Pedneault, chercheure scientifique, Institut de recherche en biologie végétale, Jardin botanique de Montréal (IRBV)/professeure associée, Université Laval, Québec
Odile Carisse, Ph.D., phytopathologiste, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Centre de recherche et de développement de Saint-Jean-sur-Richelieu
Dominique Plouffe, biologiste, assistante de recherche, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Saint-Jean-surRichelieu
Lyne Desnoyers, agronome, chargée de projets, CRAAQ, Québec
Caroline Provost, Ph.D., directrice-chercheuse, Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel, Mirabel
Gaëlle Dubé, agronome, conseillère en viticulture
Pierre-Antoine Thériault, éco-conseiller, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Direction de l’agroenvironnement et du développement durable, Québec
Raphaël Fonclara, agronome, conseiller en viticulture, Dura-Club inc., Bedford Isabelle Turcotte, agronome, conseillère en viticulture, et pomiculture
Isabelle Turcotte, agronome, conseillère en viticulture et pomiculture
Larbi Zerouala, agronome, conseiller en horticulture, vigne et agriculture biologique, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Direction régionale des Laurentides
Daniel Venneman, agronome, Dura-Club inc., Bedford
COORDINATION
RÉVISION
Evelyne Barriault, agronome, conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Direction régionale de la Montérégie, Saint-Jean-sur-Richelieu
Monique Audette, agronome, consultante en pomiculture et viticulture Evelyne Barriault, agronome, conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Direction régionale de la Montérégie, Saint-Jean-sur-Richelieu
ÉDITION Danielle Jacques, M.Sc., agronome, chargée de projets aux publications, CRAAQ, Québec
Valérie Bouthillier-Grenier, agronome, PleineTerre SENC, Napierville
Lyne Lauzon, biologiste
Gaëlle Dubé, agronome, conseillère en viticulture
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Guide de bonnes pratiques en viticulture
CONCEPTION GRAPHIQUE ET MISE EN PAGE Nathalie Nadeau, graphiste, CRAAQ, Québec
REMERCIEMENTS Le CRAAQ remercie les organismes et toutes les personnes qui ont collaboré de près ou de loin à la réalisation de ce guide. Le CRAAQ remercie aussi ses collaborateurs financiers : Dubois Agrinovation Vignes chez Soi AEF Global Centre Agricole Bienvenue (Rougemont) Inc. Mori Vines VineTech Canada Inc. Association des vignerons du Québec
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TABLE DES MATIÈRES CHAPITRE 1. GESTION DU SOL Auteurs : Evelyne Barriault, Raphaël Fonclara Réviseurs : Valérie Bouthillier-Grenier, Aubert Michaud, Gaëlle Dubé, Isabelle Turcotte, Fabien Gagné
AVANT D’IMPLANTER LES VIGNES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13.
Est-ce que les parcelles sont caractérisées avant l’implantation des vignes?...................................................... 04 Parcelles présentant un risque élevé de lessivage.......................................................................................................... 06 Parcelles présentant un risque faible à modéré de lessivage et d’érosion........................................................... 06 Parcelles présentant un risque élevé d’érosion hydrique............................................................................................ 06 Est-ce que les parcelles à risque d’érosion hydrique sont aménagées afin de réduire ce risque?.............. 07 Est-ce que les parcelles sont nivelées?................................................................................................................................ 08 Est-ce que les parcelles sont drainées souterrainement?............................................................................................ 09 Est-ce que la compaction du sol a été évaluée et, le cas échéant, corrigée avant la plantation?................ 10 L’orientation des rangs de vignes est-elle réfléchie en fonction du risque d’érosion?..................................... 10 Le sol et le sous-sol sont-ils analysés avant la plantation........................................................................................... 11 Est-ce que le pH des parcelles est adéquat?..................................................................................................................... 11 Est-ce qu’un engrais vert est semé l’année avant la plantation des vignes?........................................................ 12 Est-ce qu’un fumier ou compost est appliqué l’année avant la plantation des vignes?.................................. 12
VIGNOBLE ÉTABLI 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24.
À quelle fréquence le sol est-il analysé?............................................................................................................................. 13 Le pH est-il maintenu à un niveau optimal?..................................................................................................................... 14 Est-ce que des mesures de conservation de la matière organique du sol sont appliquées?........................ 14 Est-ce que des mesures sont mises en place pour assurer une bonne gestion de l’azote?........................... 16 Comment les résidus de la vinification sont-ils gérés?................................................................................................. 16 Est-ce que des mesures sont mises en place pour prévenir la contamination des sols?................................ 17 Est-ce que des mesures sont mises en place pour prévenir la compaction?....................................................... 17 Le système de drainage souterrain est-il adéquat et entretenu pour conserver son efficacité?.................. 18 La présence de ruissellement est-elle observée dans les champs?......................................................................... 19 Est-ce que des mesures sont mises en place pour prévenir l’érosion hydrique du sol?................................. 19 Est-ce que les cours d’eau et les étendues d’eau sont protégés par des bandes riveraines correctement aménagées?....................................................................................................................................................... 19 25. Est-ce que des mesures visant à protéger la biodiversité des microorganismes du sol sont mises en place?..................................................................................................................................................... 20
GESTION DE L’ENTRE-RANG 26. Est-ce qu’un couvre-sol est présent entre les rangs?.................................................................................................... 21 27. Quel type de couvre-sol est mis en place?........................................................................................................................ 22 28. Comment le couvre-sol est-il entretenu?........................................................................................................................... 23
RÉFÉRENCES....................................................................................................................................................................................... 23
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Guide de bonnes pratiques en viticulture
CHAPITRE 2. GESTION DU VIGNOBLE
Auteurs : Evelyne Barriault, Gaëlle Dubé, Isabelle Turcotte, Larbi Zerouala Réviseures : Monique Audette, Karine Pedneault, Caroline Provost
INTRODUCTION............................................................................................................................................................................... 35 IMPLANTATION DU VIGNOBLE OU D’UNE PARCELLE ET MATÉRIEL DE PLANTATION 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9.
Quelle est la position du vignoble dans le relief environnant?................................................................................. 35 Est-ce qu’un plan du vignoble existe?................................................................................................................................. 35 Est-ce que l’orientation des rangées est appropriée au site?..................................................................................... 36 Des parcelles de vignes sont-elles exposées à des vents forts?................................................................................ 37 Est-ce que l’espacement et l’écartement sont raisonnés?........................................................................................... 37 Sur quels critères le choix des cépages est-il basé?....................................................................................................... 38 Est-ce que la qualité des plants est adéquate?................................................................................................................ 39 Est-ce que la plantation est faite au moment opportun et dans les bonnes conditions?.............................. 39 Est-ce que la profondeur de plantation est adéquate?................................................................................................ 39
CONDUITE DES VIGNES 10. Est-ce que le type de taille est adapté au cépage?........................................................................................................ 40 11. Est-ce que le système de palissage est adapté au mode de conduite?................................................................. 41 12. La survie hivernale des bourgeons est-elle évaluée avant le début de la taille?................................................ 42 13. La taille est-elle ajustée selon le taux de survie des bourgeons?............................................................................. 42 14. Est-ce que les vignes sont taillées au bon moment?..................................................................................................... 43 15. Est-ce que la vigueur et l’équilibre feuilles : fruits sont évalués?.............................................................................. 43 16. S’il a été déterminé que les vignes sont déséquilibrées (plants faibles ou vigueur excessive), des efforts sont-ils faits pour augmenter ou diminuer leur vigueur?.............................. 45
LAISSER ENTRER LA LUMIÈRE 17. Est-ce que la conduite permet l’exposition optimale du feuillage, des bois et des grappes?....................... 46 18. Est-ce que l’ébourgeonnage et l’épamprage sont faits au bon moment?............................................................ 47 19. Est-ce que le rognage et l’écimage sont faits de manière adéquate?.................................................................... 48 20. Est-ce que l’effeuillage est fait de manière adéquate et au bon moment?.......................................................... 49
RENOUVELLEMENT DE PARCELLES 21. Est-ce que les vignes mortes sont comptées et remplacées régulièrement?...................................................... 50 22. Lors du renouvellement d’une parcelle, est-ce que les bonnes pratiques sont appliquées?........................ 51
GESTION DE LA RÉCOLTE 23. Est-ce que le rendement est estimé adéquatement?.................................................................................................... 52 24. Est-ce que le rendement est approprié pour la parcelle?............................................................................................ 53 25. Est-ce que la faune est contrôlée?........................................................................................................................................ 53 26. Sur quels critères la détermination de la date des vendanges est-elle basée?................................................... 54
ASSURER LA RENTABILITÉ DU VIGNOBLE 27. Est-ce que les cépages sensibles au froid sont protégés pendant l’hiver?........................................................... 56 28. Est-ce que la protection contre le gel de printemps est adaptée aux risques du site?.................................... 59 29. Est-ce que des registres existent et pourquoi?................................................................................................................ 60
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RÉFÉRENCES CITÉES DANS LE CHAPITRE........................................................................................................................ 62 ANNEXE 2.1 FEUILLE DE PRISE DE DONNÉES POUR L’ÉQUILIBRE FEUILLES : FRUITS......................... 71 ANNEXE 2.2 FICHE D’ÉVALUATION DU RENDEMENT............................................................................................. 72 ANNEXE 2.3 EXEMPLES DE PLANS PARCELLAIRES .................................................................................................. 73 ANNEXE 2.4 EXEMPLES DE REGISTRES (pulvérisations, opérations culturales, amendements et engrais granulaires).................................................................................................. 75
CHAPITRE 3. GESTION DES MALADIES Auteure : Odile Carisse Réviseures : Evelyne Barriault, Gaëlle Dubé
CONNAISSANCE DES MALADIES DE LA VIGNE 1. 2. 3.
Est-ce que des employés travaillant au vignoble sont en mesure d’identifier les maladies présentes dans celui-ci?.................................................................................................................................. 82 Est-ce que le cycle biologique des agents responsables des maladies de la vigne est connu?................... 82 Est-ce que la sensibilité des cépages est considérée lors de l’implantation du vignoble et de la gestion des maladies?...................................................................................................................... 83
LUTTE INTÉGRÉE 4.
Est-ce que la stratégie d’intervention contre les maladies est basée sur l’utilisation de plusieurs méthodes de lutte et inclut des mesures de prévention?.......................................... 84
RAISONNEMENT DE LA LUTTE CHIMIQUE 5.
Est-ce que les traitements fongicides contre les principales maladies sont faits en fonction des risques? ...................................................................................................................................... 85
6. 7.
Est-ce qu’un dépistage des maladies est effectué régulièrement?.......................................................................... 86 Est-ce que les conditions météorologiques favorisant le développement des maladies sont connues et considérées lors de la prise de décision quant à un traitement fongicide?.................................. 87 Est-ce que des employés travaillant au vignoble possèdent une bonne connaissance des fongicides et utilisent ces produits de façon optimale et sécuritaire?........................................................... 88 Un programme de gestion de la résistance aux fongicides est-il en place dans le vignoble?...................... 88
8. 9.
STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LES MALADIES 10. 11. 12. 13. 14.
Est-ce qu’une stratégie de lutte contre le mildiou (Plasmopara viticola) a été mise en place?.................... 90 Est-ce qu’une stratégie de lutte contre le blanc (Erisyphe necator) a été mise en place?............................... 92 Est-ce qu’une stratégie de lutte contre la pourriture grise (Botrytis cinerea) a été mise en place?............ 94 Est-ce qu’une stratégie de lutte contre l’anthracnose (Elsinoe ampelina) a été mise en place?................... 95 Est-ce qu’une stratégie de lutte contre la pourriture noire (Guignardia bidwellii) a été mise en place?.. 97
RÉFÉRENCES....................................................................................................................................................................................... 98
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CHAPITRE 4. GESTION DES PESTICIDES
Auteures : Evelyne Barriault, Karine Bergeron Réviseurs : Gaëlle Dubé, Pierre-Antoine Thériault, Daniel Venneman
UTILISATION RATIONNELLE ET SÉCURITAIRE DES PESTICIDES.......................................................................104 ENTREPOSAGE DES PESTICIDES..........................................................................................................................................105 Compléments d’information pour les questions 1 à 10 de la grille d’autoévaluation............................................105
MANIPULATION DES PESTICIDES.......................................................................................................................................107 11 à 17. Voir la grille d’autoévaluation UTILISATION DES PESTICIDES...............................................................................................................................................107 18. Le pulvérisateur est-il réglé?..................................................................................................................................................107 19 et 20. Voir la grille d’autoévaluation 21. Est-ce que des actions sont mises en place pour prévenir la résistance des ravageurs (insectes, mauvaises herbes et maladies) aux pesticides?.........................................................................................107 22. Est-ce que des pesticides sont appliqués au moment de la floraison? Si oui, comment les pollinisateurs sont-ils protégés?...................................................................................................................................108 23. Comment les pesticides périmés ou en surplus ou qui ont perdu leur homologation sont-ils gérés?.............................................................................................................................................................................108 24. Voir la grille d’autoévaluation 25. Que contient le registre des interventions phytosanitaires?....................................................................................109 26 à 28. Voir la grille d’autoévaluation 29. L’étiquette de chaque pesticide qui sera utilisé est-elle lue avant son application?.......................................109 30. Voir la grille d’autoévaluation 31. À la suite d’une application de pesticides, comment le pulvérisateur est-il nettoyé et les restes de bouillie sont-ils gérés?...................................................................................................................................109
RÉFÉRENCES.....................................................................................................................................................................................109 ANNEXE 4.1 PROCÉDURE DE RÉGLAGE D’UN PULVÉRISATEUR À JET PORTÉ.......................................111 ANNEXE 4.2 RÉGLAGE DU PULVÉRISATEUR - FICHE DU PRODUCTEUR....................................................113
CHAPITRE 5. FORMATION CONTINUE
Auteures : Lyne Desnoyers, Evelyne Barriault Réviseurs : Gaëlle Dubé, Dominique Plouffe, Raphaël Fonclara
INTRODUCTION.............................................................................................................................................................................118 PUBLICATIONS
1. Le gérant du vignoble possède-t-il des publications sur la viticulture et l’oenologie?..................................118
INFOLETTRES ET RÉFÉRENCES WEB : DEUX INCONTOURNABLES AU QUÉBEC
Compléments d’information pour les questions 2 et 3 de la grille d’autoévaluation.............................................119
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MAGAZINES SPÉCIALISÉS
4. Le gérant du vignoble est-il abonné à des magazines spécialisés?.......................................................................119
ORGANISMES DE RECHERCHE ET DE TRANSFERT
5. Connaissez-vous les organismes qui font de la recherche et du transfert technologique sur la vigne au Québec?.................................................................................................................................................................120
FORMATIONS ET ÉVÈNEMENTS
Compléments d’information pour les questions 6 à 9 de la grille d’autoévaluation..............................................121
EXPÉRIMENTATIONS AU VIGNOBLE
10. Est-ce que les nouvelles techniques et changements de pratiques font l’objet d’expérimentations au vignoble?................................................................................................................................................................................121
FORUMS D’ÉCHANGES
11. Participez-vous à un forum de discussion ou d’échanges?......................................................................................121
ASSOCIATIONS ET RÉSEAUX
12. Consultez-vous régulièrement un conseiller en viticulture, un oenologue ou un conseiller en gestion?.................................................................................................................................................121
RÉFÉRENCES.....................................................................................................................................................................................122
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CHAPITRE 1
Evelyne Barriault, MAPAQ
GESTION DU SOL
Auteurs : Evelyne Barriault, Raphaël Fonclara Réviseurs : Valérie Bouthillier-Grenier, Aubert Michaud, Gaëlle Dubé, Isabelle Turcotte, Fabien Gagné
Guide de bonnes pratiques en viticulture
Chapitre 1
GESTION DU SOL
AVANT D’IMPLANTER LES VIGNES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13.
Est-ce que les parcelles sont caractérisées avant l’implantation des vignes?...................................................... 04 Parcelles présentant un risque élevé de lessivage.......................................................................................................... 06 Parcelles présentant un risque faible à modéré de lessivage et d’érosion........................................................... 06 Parcelles présentant un risque élevé d’érosion hydrique............................................................................................ 06 Est-ce que les parcelles à risque d’érosion hydrique sont aménagées afin de réduire ce risque?.............. 07 Est-ce que les parcelles sont nivelées?................................................................................................................................ 08 Est-ce que les parcelles sont drainées souterrainement?............................................................................................ 09 Est-ce que la compaction du sol a été évaluée et, le cas échéant, corrigée avant la plantation?................ 10 L’orientation des rangs de vignes est-elle réfléchie en fonction du risque d’érosion?..................................... 10 Le sol et le sous-sol sont-ils analysés avant la plantation........................................................................................... 11 Est-ce que le pH des parcelles est adéquat?..................................................................................................................... 11 Est-ce qu’un engrais vert est semé l’année avant la plantation des vignes?........................................................ 12 Est-ce qu’un fumier ou compost est appliqué l’année avant la plantation des vignes?.................................. 12
VIGNOBLE ÉTABLI 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24.
À quelle fréquence le sol est-il analysé?............................................................................................................................. 13 Le pH est-il maintenu à un niveau optimal?..................................................................................................................... 14 Est-ce que des mesures de conservation de la matière organique du sol sont appliquées?........................ 14 Est-ce que des mesures sont mises en place pour assurer une bonne gestion de l’azote?........................... 16 Comment les résidus de la vinification sont-ils gérés?................................................................................................. 16 Est-ce que des mesures sont mises en place pour prévenir la contamination des sols?................................ 17 Est-ce que des mesures sont mises en place pour prévenir la compaction?....................................................... 17 Le système de drainage souterrain est-il adéquat et entretenu pour conserver son efficacité?.................. 18 La présence de ruissellement est-elle observée dans les champs?......................................................................... 19 Est-ce que des mesures sont mises en place pour prévenir l’érosion hydrique du sol?................................. 19 Est-ce que les cours d’eau et les étendues d’eau sont protégés par des bandes riveraines correctement aménagées?....................................................................................................................................................... 19 25. Est-ce que des mesures visant à protéger la biodiversité des microorganismes du sol sont mises en place?..................................................................................................................................................... 20
GESTION DE L’ENTRE-RANG 26. Est-ce qu’un couvre-sol est présent entre les rangs?.................................................................................................... 21 27. Quel type de couvre-sol est mis en place?........................................................................................................................ 22 28. Comment le couvre-sol est-il entretenu?........................................................................................................................... 23
RÉFÉRENCES....................................................................................................................................................................................... 23
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Chapitre 1. Gestion du sol
AVANT D’IMPLANTER LES VIGNES
La texture du sol dépend de la quantité de sable, de limon et d’argile constituant le sol. Elle peut être évaluée à la main par un expert ou par une analyse granulométrique en laboratoire. Une analyse chimique du sol et du sous-sol de toutes les parcelles devrait également être réalisée (pour plus de détails, voir la question 10).
La préparation du sol et l’aménagement des parcelles est une étape cruciale dans l’implantation d’un vignoble. Il est important de garder en tête qu’on établit les vignes pour plusieurs dizaines d’années. Certaines décisions prises à ce moment, comme le choix du site et l’orientation des rangs, sont irréversibles. Les aménagements de drainage de l’eau de surface et de l’eau souterraine seront aussi beaucoup plus efficaces et moins coûteux s’ils ont été réfléchis et réalisés avant la plantation.
La caractérisation des parcelles (sol et topographie) doit permettre en premier lieu d’éliminer les sites les moins propices à la culture de la vigne (mauvais drainage, faible profondeur de sol, sol organique, altitude dépassant 350 m, pente de plus de 15 %). La Grille d’évaluation du potentiel d’un site pour l’implantation d’un vignoble au Québec (Barriault et al., 2013b), le Guide d’implantation – Vigne (Barriault, 2012b) et le guide Les profils de sol agronomiques (Weill, 2009) sont de bons outils pour caractériser une parcelle. Consultez votre réseau Agriconseils pour connaître les experts et la liste des laboratoires accrédités disponibles dans votre région.
La caractérisation des parcelles (Barriault et al., 2013b) avec un conseiller viticole et un spécialiste en sol et drainage vous permettra d’identifier les points forts et les points faibles à corriger de façon à tirer le plein potentiel de vos parcelles et à protéger vos ressources sol et vignes.
Les parcelles peuvent également être caractérisées selon leur risque d’érosion hydrique et leur risque de lessivage. La détermination de ces paramètres à partir du groupe hydrologique auquel appartient le sol et de la pente permet de planifier l’aménagement des parcelles et le fractionnement des applications de fertilisants et d’herbicides.
1. Est-ce que les parcelles sont caractérisées avant l’implantation des vignes? La caractérisation des parcelles, en ce qui a trait au sol, débute par la recherche des rapports pédologiques pour connaître la série de sol et les caractéristiques (texture, profondeur, drainage, etc.) auxquelles on doit s’attendre. Ces rapports ont été réalisés depuis les années 1940 à différents niveaux de précision. Ils sont disponibles par région sur les sites Internet de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (irda.qc.ca/fr/outils-et-services/informations-sur-les-sols/etudes-pedologiques), d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (sis.agr. gc.ca/siscan/publications/surveys/pq/index.html) ou d’Info-Sols (info-sols.ca).
Détermination du risque d’érosion hydrique et de lessivage des parcelles Au Québec, les séries de sol sont classées suivant quatre groupes hydrologiques (A, B, C et D). Ce classement indique entre autres la susceptibilité des sols à l’érosion (perte de sol), au ruissellement ou au lessivage (perte d’éléments nutritifs et de contaminants vers les fossés et cours d’eau ou la nappe phréatique) en réponse à des précipitations. La pente est également un facteur influençant le risque de ruissellement et d’érosion d’une parcelle. Ces informations s’avèrent fort utiles pour aménager les parcelles et planifier les besoins en matière de drainage de l’eau de surface ainsi que les opérations culturales telles que l’application de fertilisants et d’herbicides.
Ensuite, pour bien caractériser le sol des différentes parcelles du vignoble, il est important d’y creuser des trous pour examiner le profil du sol et vérifier in situ la texture et la profondeur du sol, la qualité du drainage souterrain et la présence ou non de zones compactées. L’appréciation visuelle de la topographie par rapport au relief environnant permet de déterminer les endroits où creuser : en haut de pente, au milieu et en bas.
Le groupe hydrologique du sol d’une parcelle reflète aussi sa capacité d’infiltration, sa profondeur, la présence ou non d’une couche imperméable et la hauteur
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Guide de bonnes pratiques en viticulture
de la nappe phréatique pendant la saison de croissance. Les informations recueillies lors de l’examen du profil de sol, notamment la texture et la classe de drainage du sol telle que reflétée par la présence de marbrures (taches de rouille) ou de couleurs (gris, bleu) dans les différentes couches de sol, permettent de déterminer les risques d’érosion et de lessivage. Suivant la série de sol propre à la parcelle, il est aussi possible de se référer au Classement des séries de sols minéraux du Québec selon les groupes hydrologiques (Gagné et al., 2013).
Pour déterminer le risque d’érosion et de lessivage de vos parcelles, vous devez additionner le pointage obtenu pour le groupe hydrologique et pour la pente (1re colonne des tableaux 1.1 et 1.2). Utilisez le tableau de la grille d’autoévaluation pour caractériser plusieurs parcelles. Explication du pointage (addition des deux résultats) :
Les tableaux 1.1 et 1.2 résument les caractéristiques des groupes hydrologiques et l’influence de la texture et du degré d’inclinaison de la pente sur les risques d’érosion et de lessivage. Vous pouvez les utiliser pour repérer le pointage (première colonne des tableaux) attribué au groupe et à la pente, et ainsi compléter la grille d’autoévaluation.
•
2-3 : risque élevé de lessivage;
•
4-5 : risque faible à modéré de lessivage et d’érosion;
•
6-8 : risque élevé d’érosion.
Tableau 1.1 Risques d’érosion et de lessivage en fonction du groupe hydrologique, de la texture du sol et de la classe de perméabilité et de drainage Pointage
Drainage
Perméabi- Textures1 principales de lité l’horizon A ou de surface
1
Très bon à bon
Élevée
Grossière, sable loameux (SL), loam sableux (LS)
2
Bon
Bonne
3
Imparfait
4
Mauvais ou imparfait
Groupe hydrologique
Risque d’érosion
Risque de Parlessivage celles (nom)
A
Modérément faible +
Élevé ++++
Moyenne : loam (L), loam limoneux (LLi), limon (Li), loam sableux argileux (LSA)
B
Modéré ++
Modérément élevé +++
Faible à modérée
Fine à moyenne : loam argileux (LA), loam limono-argileux (LLiA), argile sableuse (AS)
C
Modérément élevé +++
Modérément faible ++
Bonne à élevée
Fine : argile limoneuse (Ali), argile (A), argile lourde (ALo)
D
Élevé ++++
Faible +
1. À titre indicatif. La texture du sol n’est pas toujours révélatrice du groupe hydrologique (Gagné et al., 2013). Adapté du New York Guide to Sustainable Viticulture Practices: Grower Self-assesment Workbook (Wise et al., 2007) et de la Grille d’évaluation du potentiel d’un site pour l’implantation d’un vignoble au Québec (Barriault et al., 2013b)
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Chapitre 1. Gestion du sol
Tableau 1.2 Influence du degré d’inclinaison de la pente sur l’érosion du sol, le travail de la machinerie, le drainage de l’air froid et de l’eau Pointage Degré d’inclinaison de la pente
Impact sur le site
1
0 à 2,5 %
Facile à gérer, le risque d’érosion du sol est faible. Peut être propice au gel radiatif par le phénomène d’inversion de température.
2
2,5 à 5 %
Permet un drainage correct de l’air froid. Risque d’érosion du sol de faible à modéré.
3
5 à 7,5 %
Permet un bon drainage de l’air froid, mais le risque d’érosion du sol augmente. On doit tenir compte de la pente pour le choix de l’orientation des rangs de vignes et du travail de la machinerie.
4
7,5 à 10 %
Permet un excellent drainage de l’air froid, mais présente de sérieux risques d’érosion du sol et de perte de nutriments. On doit tenir compte de la pente pour le choix de l’orientation des rangs de vignes et du travail de la machinerie.
10 à 15 %
Permet un excellent drainage de l’air froid. Présente de sérieux risques d’érosion du sol et de perte de nutriments. Non sécuritaire pour l’utilisation de la machinerie à moins d’aménager les parcelles en terrasses pour couper la pente. L’installation de mesures de contrôle du ruissellement, incluant des fossés, des rigoles d’interception, des avaloirs et des tranchées filtrantes, est fortement recommandée. Les rangs de vignes doivent être orientés perpendiculairement à la pente.
Plus de 15 %
Non recommandé à cause des risques liés à l’érosion du sol et à l’utilisation de la machinerie.
Adapté de Pool, 2000
2. Parcelles présentant un risque élevé de lessivage
3. Parcelles présentant un risque faible à modéré de lessivage et d’érosion
Les parcelles qui obtiennent des pointages de 2 à 3, c’est-à-dire un pointage de 1 ou 2 pour le groupe hydrologique et un pointage de 1 ou 2 pour la pente, présentent un risque élevé de lessivage. Dans ce type de parcelle, les fertilisants appliqués au sol, principalement l’azote et le potassium, devraient être fractionnés et appliqués en petites doses. Par ailleurs, dans la mesure du possible, il est préférable d’utiliser des herbicides peu mobiles (ayant un potentiel de lessivage faible) et peu persistants dans l’environnement. Par exemple, l’herbicide IGNITE, dont la matière active est le glufosinate d’ammonium, a une persistance et un potentiel de lessivage faibles. À l’inverse, la simazine est dotée d’une persistance et d’un potentiel de lessivage élevés.
Les parcelles qui obtiennent des pointages de 4 à 5, c’est-à-dire un pointage de 1, 2, 3 ou 4 pour le groupe hydrologique et un pointage de 1, 2, 3 ou 4 pour la pente, présentent un risque faible à modéré de lessivage et d’érosion. Dans ce type de parcelle, il faut tenir compte autant des risques de lessivage que d’érosion. Il est donc souhaitable de fractionner les applications de fertilisants et de limiter l’application d’herbicides ayant un potentiel de lessivage élevé. L’enherbement de l’entre-rang est recommandé puisqu’il permet de réduire les risques d’érosion et de pollution diffuse par les pertes de sol. Si des vignes non rustiques sont cultivées, la protection hivernale avec des toiles géotextiles est préférable au buttage afin d’éviter de laisser le sol à nu durant l’hiver et à la fonte des neiges. On doit tenir compte de la pente pour le choix de l’orientation des rangs de vignes.
La figure 1.1 (planches en couleurs à la fin du chapitre) présente un extrait de la fiche environnementale de la simazine et la figure 1.2 (planches en couleurs), un extrait concernant le glufosinate d’ammonium. Les fiches complètes peuvent être consultées sur SAgE pesticides (sagepesticides.qc.ca), dans la section « Effets toxiques des matières actives ».
4. Parcelles présentant un risque élevé d’érosion hydrique Les parcelles qui obtiennent des pointages de 6 à 8, c’est-à-dire un pointage de 2, 3 ou 4 pour le groupe hydrologique et un pointage de 2, 3 ou 4 pour la pente, présentent un risque élevé d’érosion. Avant d’implanter des vignes dans ce type de parcelle, il est important
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