Les insectes d'intérêt agricole

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Chapitre 1

© Sylvain Tremblay

C’est le cas de la coccinelle asiatique, une redoutable prédatrice de pucerons, qui a été introduite dans les vergers en 1994 comme auxiliaire de lutte (figure 1.10). Malheureusement, en plus de s’infiltrer dans les maisons à l’arrivée du temps froid et de dégager une odeur nauséabonde, cette coccinelle très agressive a tendance à faire disparaître les coccinelles indigènes, en les compétitionnant pour les proies et en dévorant leurs œufs et leurs larves quand leur nourriture habituelle vient à manquer. C’est ainsi que la coccinelle asiatique a rejoint l’agrile du frêne dans le contingent des espèces exotiques envahissantes (EEE) surveillées au Québec pour la menace potentielle qu’elles posent à l’environnement, l’économie ou la société. FIGURE 1.11 Scarabée japonais (Popillia japonica) parasité par Istocheta aldrichi, une mouche de la famille des tachinidés. La femelle de la mouche pond un ou des œufs sur le thorax des jeunes scarabées (point blanc), les larves pénètrent à l’intérieur, le paralysent et le dévorent.

asperges et les brocolis, aux arbres fruitiers, tels la vigne, les pommiers et les pruniers, aux arbres comme l’orme et l’érable, qu’au soya. Ses larves font même des ravages dans les pelouses dont elles mangent les racines.

FIGURE 1.10 Coccinelle indigène et coccinelle introduite. a) La coccinelle convergente (Hippodamia convergens) se reconnaît aux deux bandes blanches qui convergent sur son thorax ; c’est l’espèce indigène la plus commune ; b) La coccinelle asiatique (Harmonia axiridis) s’est répandue à tout l’Amérique du Nord et à l’Europe où elle décime les coccinelles indigènes. Sources : a) Gary McDonald, University of California ; b) Fritz Geller-Grimm, cc-by-sa.

Or, il y a une mouche de la famille des tachinidés, Istocheta aldrichi, qui dans son habitat d’origine peut dévorer vivant ce coléoptère. La femelle de cette mouche parasitoïde dépose un œuf sur le thorax du scarabée ; à l’éclosion, la larve s’enfonce dans les muscles des ailes du scarabée, l’immobilise et le force à se terrer dans le sol où il meurt, permettant ainsi à la larve de s’en nourrir. La mouche a été observée aux États-Unis en 1922, mais on n’aurait découvert qu’à la fin des années 1970 son efficacité contre le scarabée japonais, si bien que l’Agence d’agriculture des États-Unis (USDA) l’élève et l’exporte désormais pour combattre ce dernier.

Parfois, l’importation de l’espèce exotique est accidentelle et les ravages qui s’ensuivent nécessitent l’introduction du prédateur qui la contrôlait dans son milieu naturel d’origine. C’est le cas du scarabée japonais (Popillia japonica), apparu en Amérique au début du XXe siècle et maintenant très répandu (figure 1.11). Il s’attaque à plus de 250 espèces végétales, aussi bien aux espèces horticoles, tels les rosiers et les dahlias, aux légumes, tels les

La mouche tachine n’est pas parfaitement synchronisée avec le pic de population des scarabées dans les régions plus au sud, mais son besoin d’une période de froid et sa capacité à traverser l’hiver en font un prédateur efficace plus au nord. En 2015, on ne ressent pas encore l’effet d’équilibre qu’exerce ce parasitoïde sur la multiplication des scarabées, devenus un véritable fléau au Québec et dans l’est de l’Amérique du Nord.

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Distinguer l’ami de l’ennemi

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D. Surveillance

1.1.4 IDENTIFICATION DES RAVAGEURS

Depuis quelques années, des entomologistes spécialisés arrivent à prévoir avec passablement de certitude l’arrivée au Québec de nouveaux insectes nuisibles en provenance du sud. Après avoir constaté leur proximité chez nos voisins, ils installent près des frontières des appâts ou des pièges avec les phéromones appropriées, capturent les insectes et les identifient.

Pour identifier correctement un ravageur, il faut d’abord pouvoir l’associer à l’une des grandes catégories de la classification du règne animal et aux types de ravages que les espèces de cette catégorie sont susceptibles de causer. Mais il faut aussi préciser l’identification jusqu’à l’ordre et à l’espèce, car dans un même taxon entomologique, on peut trouver des animaux utiles aussi bien que nuisibles. Identifier les ravageurs suppose donc une bonne connaissance de leur classification et des groupes taxinomiques présents sur le territoire. Mais la complexité du cycle vital et la petitesse des insectes rendent cette tâche particulièrement difficile.

C’est ainsi que la punaise marbrée (Halyomorpha halys, Brown marmorated stink bug, ou en abrégé BMSB), présente en Ontario depuis l’automne 2010 et apparue en 2016 au Québec sur l’île de Montréal et en Montérégie (figure 1.12).

A. Difficulté d’identifier les insectes C’est aussi le cas de la psylle de la pomme de terre (Bactericera cockerelli, Potato psyllid) qui transmet la maladie de la chip zébrée (Candidatus liberibacter solanacearum) ; cette psylle a fait une remontée spectaculaire du Mexique à l’Oregon, où elle est rapportée avoir survécu à l’hiver sur une mauvaise herbe ; on rapporte aussi sa présence intermittente dans l’Ouest canadien.

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Si le cas des arthropodes et des hexapodes non-insectes est simplifié du fait que leur forme reste inchangée au fur et à mesure de leurs mues, l’identification des insectes est pratiquement une science en elle-même. En effet, il faut un œil entraîné pour distinguer les différentes formes qu’adopte une même espèce au fil de ses

b FIGURE 1.12 Halyomorpha halys. Cette punaise remonte rapidement vers le Nord à la faveur des changements climatiques ; aux portes du Québec depuis quelques années, elle est l’objet d’une veille serrée de la part des entomologistes. Sources : a) David R. Lance, USDA, domaine public ; b) USDA, domaine public.


Les ravageurs et les auxiliaires de lutte

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Comme tout nématode à kyste, le nématode doré a la propriété de s’enkyster lorsque les conditions de vie sont difficiles, la femelle étant alors le plus souvent pleine d’œufs. Cet état de dormance le rend très résistant à la sécheresse, à l’absence de nourriture et aux nématicides, et ce, aussi longtemps que les mauvaises conditions persistent, même plusieurs années. Le nématode doré attaque les racines ; ce sont les sécrétions émises par les racines attaquées, et seulement celles-là, qui stimulent le réveil des kystes et l’éclosion des œufs lorsque les autres conditions sont levées, et les attaques commencent (figure 2.2). Les femelles blanchâtres de Globodera pallida virent directement au brun alors que les femelles de G. rostochiensis passent du jaune au doré avant de brunir.

seraient les invertébrés comportant le plus grand nombre d’espèces et d’individus, après les insectes ; on croit qu’ils sont dix fois plus nombreux que les 90 000 espèces recensées. Au Québec, ils sont présents dans les sols organiques, et l’hiver est leur pire ennemi. Dans les sols minéraux légers, on trouvera plutôt le nématode doré. Règne Métazoaires Division Nématodes Famille Hétérodéridés Genre Globodera Espèces rostochiensis, pallida

© Bonsak Hammeraas, Bugwood.org

Les plus à craindre sont les nématodes à kyste, qui entraînent des dommages et des pertes économiques graves à diverses cultures, comme la pomme de terre, le soja, le blé et le riz. Au Québec, deux espèces de nématode à kyste s’attaquent spécifiquement à la pomme de terre : le nématode doré (Globodera (= Heterodera) rostochiensis, Golden nematode) et le nématode à kyste pâle (Globodera pallida, Potato cyst nematode). Le nématode doré est le pire cauchemar des producteurs de pomme de terre (figure 2.1). Il a été détecté pour la première fois en 2006 dans les sols de Saint-Amable près de Montréal. Aussitôt une zone de 1361 hectares d’excellentes terres pour la culture de ce légume a été mise en quarantaine par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).

© Christopher Hogger, Bugwood.org

FIGURE 2.2 Nématode doré (Globodera rostochiensis). Femelles de couleur dorée, d’où son nom, sur les racines de pommes de terre infectées. Source : Bonsak Hammeraas, NIBIO - The Norwegian Institute of Bioeconomy Research

FIGURE 2.1 Nématode doré (Globodera rostochiensis). a) nématode doré adulte, l’un des plus ravageurs des nématodes de la pomme de terre. Source : Christopher Hogger, Swiss Fed. of Research Station Agroecology and Agriculture

Il faut compter de 20 à 25 ans, et souvent davantage, d’un protocole strict pour assainir un sol contaminé. Pourtant, dès 2013, on annonce l’obtention de 12 variétés de pommes de terre résistantes au nématode doré ; ce sont des variétés obtenues par croisements, dont les racines ne stimulent pas l’éclosion des œufs. Il faudra encore plusieurs essais et quelques années pour obtenir une première variété commerciale, et ce sera probablement une pomme de terre à pelure rouge déjà nommée Reine Maria. Il faudra encore des dizaines d’années avant de lever la quarantaine ; entre-temps, il faut suivre un protocole de


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Chapitre 2

TABLEAU 2.4

Principaux acariens utilisés comme auxiliaires de lutte biologique

Auxiliaires de lutte

Remarques

ravageurs visés

Amblyseius (Neoseiulus) californicus

Tétranyques

Prédateur. En serre, sur tomates et cultures ornementales. Toujours avec l’acarien Phytoseiulus persimilis. Dévore aussi des thrips et autres petits insectes mous.

Amblyseius fallacis

Tétranyques

Prédateur indigène. En serre, sur tomates, cultures fruitières en champ et sous tunnel et pépinières ornementales. Compatible avec Phytoseiulus persimilis, peu de prédation intraguilde. Le plus redoutable prédateur de mites nuisibles dont celles des pommiers.

Amblyseius (Neoseiulus) cucumeris

Jeunes larves de thrips

Prédateur. En serre avec Stratiolælaps scimitus (= H. miles), au sol, contrôle les sciarides. Moins efficace sur tomates (tiges velues). Ne diapause pas.

Amblyseius degenerans

Thrips

Prédateur. Acarien noir qui mange les larves de thrips. Il lui faut du pollen.

Amblyseius swirskii

Aleurodes Thrips

Prédateur. Dévore œufs d’aleurodes et jeunes larves de thrips, surtout si les deux ravageurs sont présents, avec ou sans pollen, mais avec des sachets à libération lente. Cultures ornementales et légumières. Il aime la chaleur d’été.

Amblyseius andersoni

Tétranyques Ciron des bulbes Aculops lycopersici

Prédateur. Présent en pépinières et cultures fruitières (pommiers et vignes). Disponible en sachets à libération lente.

Phytoseiulus persimilis

Tétranyques

Prédateur. Dans les pommiers : ennemi naturel de tétranyques, surtout les tétranyques à deux points.

Hypoaspis aculeifer

Thrips

Prédateur. Mange les nymphes de thrips, au sol, et mouches sciarides. Plus efficace que Stratiolælaps scimitus (= Hypoaspis miles).

Stratiolælaps scimitus (= Hypoaspis miles)

Pupes de thrips

Prédateur. En serre, sur poivron, concombre, rosier et autres. Se reproduit très rapidement. Presque transparent, il mange larves de sciarides et collemboles au sol. Survit jusqu’à sept semaines sans nourriture dans un compost humide.

Gæolælaps gillespiei et Stratiolælaps scimitus

Sciarides Pupes de thrips Mouches de rivage et autres

Prédateurs terrestres. Généralistes d’indésirables au sol. Longévité supérieure à S. scimitus (Hypoaspis spp.) et cycle de vie écourté. Mangent aussi des tétranyques et des petites larves de hanneton, de scarabée japonais et de rosier.

Galendromus occidentalis

Acariens phytophages

Autre nom = Metaseiulus occidentalis Famille des phytoséidés

Typhlodromus pyri

Tétranyque rouge du pommier

Autre nom = Galendromus longipulus Prédateur présent partout dans les pommiers du monde.

* Prédation intraguilde : compétition négative entre auxiliaires

et le thrips de l’oignon (figure 2.22). En plus de manger du pollen, A. californicus s’attaque aux thrips, mais aussi aux tétranyques et à d’autres petits insectes à corps mou. Enfin, c’est un acarien adapté dans les cultures serricoles et il se régale de cochenilles ; il est en plus utile par la possibilité de son introduction en prévention. Enfin, il hiverne au Québec.

Amblyseius (= Neoseiulus) fallacis, qui est aussi utile par sa possibilité d’introduction en prévention, est un petit acarien (0,35 mm) au corps ovoïde jaunâtre ou brun pâle dont la larve (0,3 mm) translucide, avec parfois des taches brunâtres sur le dos, a trois paires de pattes et un abdomen piriforme. La larve et l’adulte se déplacent rapidement à la recherche de leurs proies favorites que sont


FIGURE 2.22 Amblyseius cucumeris. Ce prédateur, qui se distingue par ses quatre paires de pattes, n’est utile que contre les œufs et les jeunes larves de thrips, et surtout des fleurs et de l’oignon.

les tétranyques rouges du pommier et les tétranyques à deux points. Notons que cette espèce indigène au Québec est connue sous les deux noms, soit Neoseiulus fallacis et Amblyseius fallacis (figure 2.23). Les femelles gravides hivernent sous l’écorce des pommiers ou à leur pied dans les débris végétaux ; elles prennent alors une coloration orangée. La diapause prend fin au printemps quand la température atteint 12 oC et elles rejoignent le feuillage à la fin de la floraison. C’est alors le moment de la ponte ; chaque femelle pond de 40 à 60 œufs. Il y a trois à six générations par année. Au Québec, Amblyseius fallacis est, de tous les phytoséiidés, le plus important acarien prédateur de mites nuisibles dont le tétranyque rouge et celui à deux points, puis celui de l’épinette, plus le tarsonème du fraisier, surtout du fait qu’il existe des souches de tétranyques résistantes aux insecticides organophosphorés et aux pyréthrinoïdes. De plus, ce prédateur fort utilisé dans la culture des pommes a un taux de survie élevé aux basses températures hivernales. Enfin, il possède une efficacité intéressante même à de faibles densités. Phytoseiulus persimilis est aussi de la famille des phytoséiidés : de forme ovoïde et de couleur orangée, il porte cinq paires de longues soies dorsales et il est monté sur de longues pattes. La larve (0,3 mm), qui a trois paires de pattes, est translucide et peu mobile ; elle ne se nourrit pas (figure 2.24). C’est l’adulte qui est utilisé en lutte biologique dans le contrôle des tétranyques. Il est l’ennemi

© Anatis Bioprotection

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FIGURE 2.23 Amblyseius fallacis. C’est le plus redoutable prédateur de mites nuisibles au Québec et il survit à nos hivers.

naturel des tétranyques, surtout ceux à deux points, qu’il n’hésite pas à chasser dans leurs toiles. La femelle est très prolifique et se développe rapidement, de 3 à 4 jours de l’œuf à l’adulte par une température de 26 °C. Une femelle mange 10 à 20 œufs de tétranyques par jour, surtout quand le taux d’humidité est élevé. Phytoseiulus persimilis est l’acarien auquel on a recours comme agent de lutte biologique curatif dans la lutte contre les tétranyques en serre ou sous tunnel. Typhlodromus, parfois synonyme avec le genre Galendromus, est le genre indigène dont les espèces, tous des phytoséiidés acariphages, sont les plus nombreuses : T. caudiglans, un acarien beige pâle à brun rougeâtre, T. pomi, T. soleiger, T. rhenatus, T. longipulus et T. pyri.

Labo de diagnostic en phytoprotection (mapaq)

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© Biological Services

Les ravageurs et les auxiliaires de lutte

FIGURE 2.24 Phytoseiulus persimilis, très efficace, et même curatif, contre les tétranyques de serres ou sous tunnels


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Chapitre 2

antenne

Tête

Thorax

Abdomen

œil composé

notums (3)

tergums (10)

épiprocte

cerque paraprocte

mandibule

oviscapte

maxille labium

stigmates sternums épisterne 3 segments thoraciques

épimère suture pleurale

FIGURE 2.33 Trois principales parties du corps d’un insecte

Les insectes ont été répartis en une trentaine d’ordres selon la forme de leur corps, de leurs pattes et de leurs pièces buccales, mais la classification en ordres s’appuie principalement sur la disposition et les caractéristiques de leurs ailes, d’où que le nom des ordres se termine par «ptères », qui veut dire ailes. Le nombre, la texture, la position et la nervation des ailes sont des caractères très variables. Si elles sont généralement membraneuses, il en existe qui sont épaisses, cornées, couvertes de poils ou d’écailles. La nervation des ailes sert souvent à la classification des insectes, ce que confirme le nom de plusieurs ordres d’insectes qui portent le suffixe « ptères », du grec pteron qui signifie ailes. qui

La nervation est à la base d’un système de nomenclature standard, cependant celui-ci porte parfois à confusion du fait de l’utilisation d’une terminologie spéciale dans le cas de certains ordres d’insectes. L’étude de la nervation et du nombre et de la forme des cellules de l’aile quoique très utile n’est pas vue dans ce livre. Les cellules sont les espaces entre les nervures et sont dites ouvertes lorsqu’elles se rendent au bord de l’aile et fermées lorsqu’elles ne rejoignent pas le bord de l’aile. Il se peut qu’on s’y réfère dans certains cas très particuliers. Les

variations entre les anneaux du thorax servent à l’identification des genres et des espèces à l’intérieur d’un ordre donné. Le tarse, extrémité plus fine des pattes comprenant de 1 à 5 segments, sert aussi à distinguer plusieurs espèces. Il est préférable de consulter un guide détaillé d’identification des insectes dont les termes utilisés dans la description des ailes des ordres sont illustrés. On peut aussi recourir à l’agronome ou au technologiste agricole du Laboratoire de diagnostic en phytoprotection du ministère de l’Agriculture du Québec (MAPAQ) pour l’identification spécifique d’un insecte d’importance agricole, ou sa confirmation.

B. Morphologie Le corps des insectes comprend trois parties principales : la tête, le thorax et l’abdomen. a) Tête La tête de l’insecte, qui est ordinairement une capsule chitineuse rigide, porte les yeux et les appendices, soit une paire d’antennes et trois paires de pièces buccales


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FIGURE 2.36 Métamorphose complète, l’exemple de la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis). a) Les adultes sortent au printemps pour s’accoupler ; b) la femelle pond une centaine d’œufs sous une feuille ; c) d) les œufs éclosent quelques jours plus tard et il en sort de minuscules larves de 1 mm qui doubleront en un jour ; e) f) g) la larve gris clair fonce et grossit ainsi que la grosseur de ses proies ; h) après deux semaines et trois mues, la larve mature porte des bandes orange vif ; i) elle se recroqueville, s’immobilise sous une feuille accrochée par l’abdomen et se transforme en nymphe ; j) c’est la sortie de nymphose, l’imago s’extrait de la chrysalide laissant l’exuvie de côté, ses élytres sont pâles ; k) l) ses couleurs définitives et ses points apparaissent graduellement. Source : Entomart

On constate que les insectes sont des animaux très particuliers. D’autres caractères physiologiques accentuent encore davantage leur très grande viabilité et leur pérennité dans l’évolution des espèces. Par exemple, on sait que certains insectes peuvent déplacer plus de 400 fois leur propre poids, que d’autres font des bonds de plusieurs centaines de fois la longueur de leur corps, et que certains moustiques battent des ailes à la cadence de plusieurs milliers de fois par minute. Les insectes possèdent des glandes capables de sécréter des substances les plus diverses et souvent uniques dans

le monde des vivants : cire (abeille, cochenille, puceron), soie, hormones, parfums repoussants, venin, etc. Certains insectes peuvent se reproduire par parthénogenèse, c’est-à-dire sans accouplement, alors que d’autres s’accouplent une seule fois et demeurent féconds toute leur vie, telle la reine abeille. Si la plupart des espèces pondent des œufs, certains sont vivipares et donnent naissance à un jeune formé. Enfin, ce qui semble le plus extraordinaire, c’est leur capacité de subir des transformations complexes qui les font évoluer de l’état d’œuf à celui d’adulte, en passant par des étapes très variées (figure 2.36).


Chapitre 6

© Entomart

© Luc Durocher

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FIGURE 6.54 Criocère du lis (Lilioceris lilii)

FIGURE 6.55 Criocère de l’asperge (Crioceris asparagi)

Faut-il pour autant abandonner la culture du lis ? Un simple jet d’insecticide aérosol à jardin contre insectes volants, souvent à base de pyréthrine, dirigé sur l’insecte suffit ; un passage chaque jour ou aux deux jours dès le printemps suffit à assurer une belle floraison.

plus tard le long des tiges et des feuilles (figure 6.56). Il y a deux générations de criocère de l’asperge par année.

Il ne faut pas abandonner la surveillance, car il y a parfois une autre génération tard à l’été qui dévore toutes les feuilles. Sinon, autant abandonner la culture.

A. Criocère de l’asperge Ordre Coléoptères Sous-ordre Phytophages type b Famille Chrysomélidés/Criocérinés Genre Crioceris Espèce asparagi

Les larves, dodues et glabres, sont vert olive ou gris vert foncé ; elles mesurent 8 mm de longueur ; leur tête et leurs pattes sont noires. Elles grignotent les feuilles et les tiges pendant 10 à 15 jours. Les adultes mangent les feuilles d’asperge durant tout l’été. Ils peuvent ainsi défolier les plants, qui paraissent alors souvent tachés d’un liquide noirâtre. Les plantes attaquées accumulent moins de réserves et produisent moins l’année suivante. En général, les dommages que causent les criocères aux asperges ne sont pas très importants au moment de la récolte des turions. Il n’en reste pas moins que c’est un insecte à surveiller.

Cet insecte hiverne à l’état adulte et se réveille à l’apparition des turions d’asperge. La femelle pond aussitôt ; elle aligne ses œufs brun foncé d’abord sur les turions, et

Bernard Drouin (mapaq)

Le criocère de l’asperge (Crioceris asparagi, Asparagus beetle) est un petit coléoptère élancé de 6 mm de longueur appartenant à la sous-famille des criocérinés. On l’appelle aussi barbot barré de l’asperge. La tête, le corps et les antennes sont noirs aux reflets bleu métallique ; chaque élytre est maculé de trois carrés jaunes, parfois très pâles, voire blancs ; son thorax et la bordure de ses élytres sont rouges, alors que ses pattes sont noires et rouges (figure 6.55). FIGURE 6.56 La femelle du criocère de l’asperge (Crioceris asparagi) aligne ses œufs le long des turions, puis des tiges et des feuilles.


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© Anatis Bioprotection

Les hyménoptères

FIGURE 9.27 Muscidifurax raptor, une minuscule guêpe noire typique des ptéromalidés

Les torymidés sont de très petites guêpes plutôt allongées, vert métallique et pourvues d’un ovipositeur aussi long que le corps. Leur abdomen est lisse et luisant. Elles parasitent les chenilles, les insectes gallicoles et ceux qui infestent les graines. Certaines espèces sont surtout phytophages. D’autres parasitent des oothèques de mantes.

H. Trichogrammatidés Les trichogrammatidés ou trichogrammes (trichogram flies) mesurent moins de 1 mm, mais sont plutôt trapus, avec des tarses à trois articles. Polyphages, ils parasitent 150 hôtes appartenant à sept ordres d’insectes, dont les lépidoptères. Trichogramma maydis est utilisée dans la lutte biologique contre la pyrale du maïs. D’autres espèces de trichogrammes sont aussi utilisées dans le maïs, et contre plusieurs espèces d’insectes nuisibles, telle la fausse-teigne des crucifères (Plutella xylostella), et contre plusieurs lépidoptères nuisibles aux légumes et aux fruits en croissance. Les trichogrammes constituent un groupe de guêpes minuscules à tarses trisegmentés ; leurs ailes sont couvertes de poils distribués en rangées. Elles parasitent des chenilles et les œufs d’insectes nuisibles aux vergers, tels les œufs du carpocapse de la pomme et ceux d’enrouleuses et de tordeuses. Ces trichogrammes ont été introduits au Québec à la faveur d’un programme de lutte biologique contre des ravageurs agricoles et sylvicoles. Ils ne sont

© Anatis Bioprotection

G. Torymidés

FIGURE 9.28 Trichogramma ostriniæ. Les minuscules guêpes trichogrammes sont reconnues pour être d’une très grande utilité sur de nombreuses cultures grâce à leur efficacité contre les œufs de lépidoptères, de coléoptères et de cochenilles. Noter les antennes plumeuses et les ailes arrondies.

pas métalliques et les ailes antérieures frangées sont largement arrondies (figure 9.28). Il existe 16 familles d’hyménoptères oophages, et parmi eux, les 700 espèces de trichogrammatidés connues parasitent les œufs de lépidoptères, de coléoptères et de cochenilles. C’est pourquoi ils sont les plus exploités en lutte biologique. Les trichogrammes pondent dans les œufs d’hôtes de petites tailles et ils sont tous idiobiontes ; autrement dit, ils tuent ou paralysent le parasitoïde primaire avant l’éclosion de leurs œufs, ce qui fait qu’ils se développent dans des hôtes morts ou paralysés. Les hyperparasitoïdes sont dits koïnobiontes quand la femelle ne tue pas le parasitoïde primaire au moment de la ponte. Il existe de nombreuses espèces de trichogrammes dans le monde dont plusieurs n’ont même pas 1 mm de long, mais ils sont d’une très grande utilité pour l’homme. En effet, ils sont utilisés dans plus de 30 pays sur plus de


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