Les insectes d'intérêt agricole

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Chapitre 1

© Sylvain Tremblay

C’est le cas de la coccinelle asiatique, une redoutable prédatrice de pucerons, qui a été introduite dans les vergers en 1994 comme auxiliaire de lutte (figure 1.10). Malheureusement, en plus de s’infiltrer dans les maisons à l’arrivée du temps froid et de dégager une odeur nauséabonde, cette coccinelle très agressive a tendance à faire disparaître les coccinelles indigènes, en les compétitionnant pour les proies et en dévorant leurs œufs et leurs larves quand leur nourriture habituelle vient à manquer. C’est ainsi que la coccinelle asiatique a rejoint l’agrile du frêne dans le contingent des espèces exotiques envahissantes (EEE) surveillées au Québec pour la menace potentielle qu’elles posent à l’environnement, l’économie ou la société. FIGURE 1.11 Scarabée japonais (Popillia japonica) parasité par Istocheta aldrichi, une mouche de la famille des tachinidés. La femelle de la mouche pond un ou des œufs sur le thorax des jeunes scarabées (point blanc), les larves pénètrent à l’intérieur, le paralysent et le dévorent.

asperges et les brocolis, aux arbres fruitiers, tels la vigne, les pommiers et les pruniers, aux arbres comme l’orme et l’érable, qu’au soya. Ses larves font même des ravages dans les pelouses dont elles mangent les racines.

FIGURE 1.10 Coccinelle indigène et coccinelle introduite. a) La coccinelle convergente (Hippodamia convergens) se reconnaît aux deux bandes blanches qui convergent sur son thorax ; c’est l’espèce indigène la plus commune ; b) La coccinelle asiatique (Harmonia axiridis) s’est répandue à tout l’Amérique du Nord et à l’Europe où elle décime les coccinelles indigènes. Sources : a) Gary McDonald, University of California ; b) Fritz Geller-Grimm, cc-by-sa.

Or, il y a une mouche de la famille des tachinidés, Istocheta aldrichi, qui dans son habitat d’origine peut dévorer vivant ce coléoptère. La femelle de cette mouche parasitoïde dépose un œuf sur le thorax du scarabée ; à l’éclosion, la larve s’enfonce dans les muscles des ailes du scarabée, l’immobilise et le force à se terrer dans le sol où il meurt, permettant ainsi à la larve de s’en nourrir. La mouche a été observée aux États-Unis en 1922, mais on n’aurait découvert qu’à la fin des années 1970 son efficacité contre le scarabée japonais, si bien que l’Agence d’agriculture des États-Unis (USDA) l’élève et l’exporte désormais pour combattre ce dernier.

Parfois, l’importation de l’espèce exotique est accidentelle et les ravages qui s’ensuivent nécessitent l’introduction du prédateur qui la contrôlait dans son milieu naturel d’origine. C’est le cas du scarabée japonais (Popillia japonica), apparu en Amérique au début du XXe siècle et maintenant très répandu (figure 1.11). Il s’attaque à plus de 250 espèces végétales, aussi bien aux espèces horticoles, tels les rosiers et les dahlias, aux légumes, tels les

La mouche tachine n’est pas parfaitement synchronisée avec le pic de population des scarabées dans les régions plus au sud, mais son besoin d’une période de froid et sa capacité à traverser l’hiver en font un prédateur efficace plus au nord. En 2015, on ne ressent pas encore l’effet d’équilibre qu’exerce ce parasitoïde sur la multiplication des scarabées, devenus un véritable fléau au Québec et dans l’est de l’Amérique du Nord.

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