Le manuel du
bonheur en agriculture
N at h a l i e T a n g u ay PrĂŠface par Lucie Mandeville
Le manuel du
r u e h n o b en agriculture
Illustrations :
Josée Isabelle
Couverture et mise en pages :
Geneviève Lemieux
Révision :
Robert Charbonneau
Production :
Les Éditions GML 70, rue Ernest-Arsenault Saint-Anselme (Qc) G0R 2N0 Tél. : 418 882-8212 Courriel : editionsgml@videotron.ca www.editionsgml.ca
ISBN 978-2-924373-57-6 Tous droits réservés pour tous pays © 2018 Nathalie Tanguay © 2018 Les Éditions GML Dépôt légal – 3e trimestre 2018 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec Il est interdit de reproduire cet ouvrage en totalité ou en partie, sous quelque forme et par quelque procédé que ce soit, sans l’autorisation écrite préalable de l’éditeur, conformément aux dispositions de la Loi sur le droit d’auteur.
À tous ceux qui vivent d’agriculture, directement ou indirectement.
Préface Par Lucie Mandeville
D’emblée, je dois avouer que je ne m’y connais pas en agriculture, sinon que j’adore me promener dans un champ et que je craque pour les bébés animaux ! J’ai surtout un profond respect pour la Terre, les végétaux et les animaux. J’ai la conviction que ce respect est à la source du bien-être de toutes les personnes, et particulièrement des agriculteurs. Je crois aussi que la prévention de la maladie commence par un équilibre entre les ressources que la Terre fournit et les moyens que nous utilisons, sans lui nuire et sans nous épuiser. Ensuite, comme la fable du grand-père que vous lirez dans quelques pages, il s’agit de nourrir le « bon loup » avec la bonne nourriture. Et ici, on parle de la nourriture… de l’esprit et du cœur. Nathalie Tanguay vous introduit à la psychologie positive. Elle est une « integrator » dans son domaine, comme elle le dit. Elle a aussi été une expérimentatrice des principes de ce courant ; elle vous en parle au fil des chapitres. Les connaissances qu’elle vous partage sont inspirantes et elles proviennent d’une grande diversité de sources fiables. Elles peuvent apporter du neuf dans votre quotidien et changer votre vie, au bout du compte. Les nombreux trucs et astuces, exemples et exercices vous aideront à faire, avec votre métier et avec vous-mêmes, ce que l’on fait avec la nature… on « fait avec », en tentant d’en retirer le meilleur ! Souvent, la question que l’on pose aux spécialistes de la psychologie positive est : « Le bonheur s’apprend-il ? » Oui, bien sûr ! Mais un terrain ne devient pas un champ de trèfle si on ne l’ensemence pas. Le bonheur doit être semé ! On doit ensuite l’entretenir avec soin. C’est là aussi une activité de tous les jours ! Et le bonheur est-il accessible quand le travail est aussi exigeant qu’« une course de formule 1 » ? La journée commence au lever du jour et ne se termine pas à l’heure qui nous permettrait de jouir pleinement de la vie. Sans parler des préoccupations financières. Comment faire fructifier une entreprise ou maintenir sa survie en étant… heureux ? Nathalie
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vous parle d’harmonie, de plaisir, de temps passé en famille, de sentiment d’accomplissement des employés… Elle parle de « positivité ». Il n’est pas toujours nécessaire de changer vos façons de travailler, de rajeunir vos équipements, d’agrandir votre propriété… Voir la vie autrement, en regardant le bon côté des choses, est sans doute la façon la plus certaine d’être heureux. La recherche le prouve, et surtout l’expérience des gens comme vous peut-être, ou de ceux qui vous entourent et qui, le plus souvent, ont le sourire aux lèvres. L’optimisme a un effet sur le corps, l’esprit et le cœur ! Et cela ne veut pas dire que seul le bonheur compte. La tristesse, l’ennui, la colère… ce sont des signes qu’il faut considérer et que vous vivez occasionnellement, comme tout le monde. Si ces signes et leurs « effets pervers et contagieux » sont présents durant une longue période, ce n’est pas que le bonheur vous échappe définitivement, mais c’est l’occasion de vous arrêter, et si cela n’est pas possible, d’en parler à des proches ou à des spécialistes qui vous aideront à « cultiver » (le terme est bien choisi, ici !) les émotions positives. Je termine avec un « bravo, Nathalie ! » pour ce petit manuel qui rend possible une agriculture heureuse !
Lucie Mandeville, auteure de Bonheur extraordinaire des gens ordinaires ; Soyez heureux sans effort, sans douleur, sans vous casser la tête ; Malade et… heureux ?
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Table des matières
Introduction : Pourquoi parler de bonheur en agriculture ?............................................. 11 Chapitre 1 : Le bonheur en agriculture, c’est quoi ?........................................................ 19 Chapitre 2 : La spirale de la positivité en agriculture....................................................... 31 Chapitre 3 : Miser sur les forces de caractère en agriculture........................................... 55 Chapitre 4 : Passion agricole harmonieuse ou obsessive ?.............................................. 71 Chapitre 5 : Comme une course de formule 1................................................................ 83 Chapitre 6 : Adopter l’état d’esprit des gens qui réussissent........................................ 105 Chapitre 7 : Cultiver les relations positives en agriculture............................................. 111 Conclusion : Ma philosophie du bonheur et du succès................................................. 127
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Introduction Pourquoi parler de bonheur en agriculture ?
Mes clients me disent souvent que « le baril déborde ». En agriculture, je l’ai constaté en plus de vingt ans de carrière dans le domaine, les facteurs de stress sont nombreux : facteurs financiers, obligations environnementales, charge de travail élevée, difficultés à trouver de la main-d’œuvre fiable, manque de reconnaissance sociale, difficultés de communication, imprévisibilité de dame nature, et j’en passe…
Selon une étude menée à l’Université du Québec à Montréal en 2006, le domaine agricole comptait parmi les taux les plus élevés de détresse psychologique au Québec1. En 2010, ce phénomène était devenu mondial2. L’ampleur de la situation vaut qu’on s’y attarde. Heureusement, de nombreuses initiatives sont prises dans différentes régions du Québec afin de prévenir les crises et les suicides. En avril 2016, j’ai assisté au forum sur la santé psychologique des agriculteurs. J’y ai constaté les efforts consacrés pour prévenir la détresse. Je salue le travail de tous les intervenants en santé psychosociale qui ont à cœur d’améliorer la situation.
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Lafleur, G., et Allard, M. A. (2006). Enquête sur la santé psychologique des producteurs agricoles du Québec, Rapport final présenté à La Coop fédérée. Droz, Y., Miéville-Ott, V., Jacques-Jouvenot, D. et Lafleur, G. (2014). Malaise en agriculture. Une approche interdisciplinaire des politiques agricoles France-Québec-Suisse, Paris, France : Karthala. 11
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Avant d’aller plus loin dans cette lecture, si vous avez des pensées ou des comportements à risque de vous mener vers le suicide (par exemple, vous pensez à un plan, vous vous isolez, vous consommez de l’alcool, de la drogue ou des médicaments de façon inhabituelle3), vous devez appeler immédiatement la ligne 1 866-APPELLE (1 866 277-3553). Votre vie en dépend. Il existe des gens pour vous aider. Faites-le pour vous. Faites-le pour l’amour de vos proches.
Je suis agronome et j’ai grandi sur une ferme laitière. Pendant 20 ans, j’ai été conseillère en pomiculture et j’ai pu observer concrètement les stress et les tourments vécus par les producteurs agricoles : les difficultés financières, les pertes dues aux périodes de gel et de grêle, l’instabilité des travailleurs, les problèmes phytosanitaires, les exigences des consommateurs, pour ne nommer que ceux-là. J’ai moi aussi ressenti le stress, l’épuisement et les difficultés de vivre d’un métier régi par les aléas de la nature. J’ai ainsi constaté la nécessité d’apprendre à m’arrêter, à mettre en place des solutions positives et d’être bien entourée pour surmonter les moments difficiles. Au cours des dernières années, j’ai ajouté à ma formation une maîtrise en développement organisationnel dont j’utilise les outils pour aider les producteurs agricoles à miser sur les volets humain et stratégique de leur entreprise afin de la faire croître dans l’harmonie. J’ai aussi reçu une formation en coaching basée sur la psychologie positive. Ce champ récent
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Voir http://sante.gouv.qc.ca/conseils-et-prevention/prevenir-le-suicide/
Introduction
de la psychologie étudie ce qui contribue au bien-être des gens, à leur bonheur, donc ce qui va bien chez l’être humain plutôt que ce qui va mal4. Je peux ainsi déterminer les forces et les ressources qui permettent aux gens d’utiliser leur plein potentiel et de vivre un sentiment de sens et d’accomplissement qui leur donne de l’énergie au travail et dans leur quotidien. Les scientifiques de la psychologie positive ont donc démontré qu’il existe des moyens pour augmenter le niveau de bien-être et de bonheur des gens5. En tant que coach et consultante, je constate que transmettre les outils validés par la psychologie positive permet d’augmenter le bonheur en agriculture. J’ai l’immense désir de faire une différence dans le monde agricole en y combinant mes compétences en agronomie, en développement organisationnel, en psychologie positive et en coaching. Je constate que je peux ainsi travailler pour le progrès des entreprises agricoles et pour le bien-être des producteurs, de leur famille et de leurs employés, avant que la détresse s’installe. Mon souhait est qu’on parle davantage du soutien et des changements organisationnels qui peuvent être apportés en prévention pour éviter que les gens vivant des moments difficiles se retrouvent en situation de détresse. J’ai la chance de travailler avec des clients qui choisissent de se faire aider en prévention. Comme le dit l’un d’entre eux : « Il n’y a pas de honte à se faire aider. » En effet, mes clients sont fiers d’apprendre à régler et à prévenir les conflits, l’épuisement et la détresse. Ensemble, nous orientons leur entreprise et nous cultivons l’harmonie et le bonheur des gens qui la composent. Il m’arrive de rencontrer des producteurs agricoles en détresse. Je m’assure alors qu’ils consultent les spécialistes de la santé (médecin, psychologue, psychiatre, travailleur social) afin qu’ils obtiennent les bons diagnostics et, dans certains cas, la bonne médication pour leur état de santé. En complémentarité avec les professionnels de la santé, j’accompagne mes clients pour les aider à mettre en place des solutions personnalisées et adaptées à leur entreprise. Le but est qu’ils soient heureux dans leur entreprise ou qu’ils retrouvent le bonheur de vivre de leur métier.
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Seligman, M. E. (2012). Flourish: A visionary new understanding of happiness and well-being, Simon and Schuster. Idem. 13
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Nous pouvons tous améliorer notre sort. À ce sujet, le conte amérindien suivant est inspirant. Un jour, un homme sage se promenait avec son petit-fils et ils virent un loup noir et un loup blanc qui se battaient. L’enfant demanda à son grand-père qui gagnerait le combat. Le grand-père répondit : « Gagnera celui qui est le mieux nourri. » Par ce livre, j’espère apporter des actions concrètes susceptibles d’être appliquées pour remonter le niveau de bien-être et de bonheur des gens qui travaillent dans le domaine de l’agriculture. Des actions qui pourront vous inspirer à nourrir le bon loup, avec la bonne nourriture. Mon but est d’aborder chaque sujet de façon concise. Chacun pourra ensuite approfondir les concepts qui l’inspirent par des lectures supplémentaires. J’en propose plusieurs dans la dernière section. Vous pouvez lire ce livre en entier, de la première à la dernière page, ou encore le parcourir dans le désordre. Vous pouvez aussi l’utiliser comme un livre de référence, au gré de vos besoins, comme on se sert d’un dictionnaire. Vous pouvez approfondir tranquillement chaque chapitre, ou les passer rapidement pour ensuite revenir faire les exercices de réflexion. Votre rythme sera le bon rythme. Mon rêve est que, dans cinq ans, les spécialistes de la santé puissent mesurer une amélioration de la santé psychologique dans le milieu agricole du Québec parce que chacun aura acquis le réflexe de s’entourer des bonnes ressources et de mettre en place les bonnes actions, au bon moment.
L’histoire de la psychologie positive Mon approche auprès des producteurs agricoles est basée sur la psychologie positive, et cette science propose des solutions simples et applicables. Elles sont validées par la science, alors c’est inspirant et rassurant pour la scientifique en moi ! La psychologie positive est née à la fin des années 1990, alors que le psychologue américain Martin Seligman a été nommé président de l’American Psychological Association (APA)6. Il devait alors proposer une mission pour mobiliser les gens qu’il représentait et il était à la recherche d’une idée brillante qui se démarquerait de ses prédécesseurs.
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Seligman, M. E. (2004), Authentic happiness: Using the new positive psychology to realize your potential for lasting fulfillment, Simon and Schuster.
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Depuis le début de sa carrière, Dr Seligman constatait que, depuis la Seconde Guerre mondiale, la majorité des recherches en psychologie se concentraient sur la compréhension des troubles de la santé mentale et sur le développement d’interventions et de médications7. Après maintes réflexions, un jour qu’il jardinait avec sa fillette de cinq ans, l’inspiration pour sa mission à titre de président lui est venue. Alors qu’il travaillait dans son jardin et que Nikky s’amusait à lancer les mauvaises herbes dans les airs, il devint impatient. Comme elle nuisait à son travail, il lui dit bêtement de s’en aller ! La fillette s’en alla et revint après quelques minutes avec ce message pour son père : « Papa, te souviens-tu avant ma fête de cinq ans ? De l’âge de trois ans jusqu’à l’âge de cinq ans, j’étais chialeuse. Je chialais tous les jours. À ma fête de mes cinq ans, j’ai décidé que je ne chialerais plus. C’est la chose la plus difficile que j’aie faite de toute ma vie. Alors, si je peux arrêter de chialer à cinq ans, tu peux certainement arrêter de chialer à ton âge aussi.8 »
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Idem. Idem. Traduction libre. 15
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Nikky venait de dire à son père ce qu’il fallait pour qu’il réalise à quel point il avait mauvais caractère et comment il avait passé les cinquante dernières années à voir le côté négatif de la vie. Cet incident lui fit réaliser qu’il avait comme responsabilité de parent de protéger cette force qu’il ne pouvait nommer et que sa fille venait de démontrer. Il prenait conscience qu’élever un enfant ne consiste pas à corriger ses faiblesses ni à réparer ce qui ne fonctionne pas, mais plutôt à valoriser et à nourrir ses forces qui lui permettront d’atteindre le maximum de son potentiel et de surmonter les difficultés au cours de sa vie d’adulte. C’est ainsi que le Dr Seligman a défini sa mission à l’APA, c’est-à-dire de développer un nouveau courant de la psychologie. Ce courant étudierait ce qui contribue au bien-être et au bonheur des gens, ce qu’il faut protéger, valoriser, et dont on peut tirer des leçons afin d’aider d’autres individus à être heureux. Ainsi est née la psychologie positive. De mon côté, je choisis de l’appliquer dans le domaine agricole parce que je crois sincèrement que ses concepts peuvent changer la vie des agriculteurs, des membres de leur famille et de leur entourage. J’utilise avec succès ses outils dans ma vie de tous les jours et je vois concrètement les bienfaits chez mes clients agricoles et non agricoles. Au Québec, Lucie Mandeville, psychologue, est reconnue comme l’une des principales références en psychologie positive. Elle a écrit trois livres inspirants et à la portée de tous : Le bonheur extraordinaire des gens ordinaires9, Soyez heureux sans efforts sans douleur sans vous casser la tête10, Malade et… heureux11.
L’« integrator » du domaine agricole La psychologie positive est donc un domaine reconnu de la psychologie. Les recherches abondent par des scientifiques et des psychologues qualifiés, et les résultats sont enseignés dans des programmes reconnus mondialement.
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Mandeville L. (2010) Le bonheur extraordinaire des gens ordinaires. Montréal, Éditions de l’Homme. Mandeville L. (2012) Soyez heureux sans efforts, sans douleur, sans vous casser la tête, Montréal, Montréal, Éditions de l’Homme. Mandeville L. (2014) Malade et… heureux ?, Montréal, Éditions de l’Homme.
Introduction
Ainsi, partout dans le monde, la psychologie positive est enseignée aux psychologues et aux futurs psychologues. Elle est aussi enseignée à des gens d’autres professions qui souhaitent intégrer à leur domaine les concepts qui favorisent le fonctionnement optimal des individus afin de contribuer au bien-être de leur milieu. Dans le jargon du domaine de la psychologie positive, ces professionnels autres que des psychologues et chercheurs sont les « integrators12 ». On retrouve parmi les « integrators » des spécialistes des ressources humaines, des enseignants, des médecins, des infirmières, des avocats, des mères de famille, des bénévoles qui travaillent à améliorer le bien-être des gens de leur milieu en appliquant les connaissances validées par la science. En tant qu’agronome qui intègre la psychologie positive dans le domaine agricole, je suis donc une « integrator ». Bref, je suis une spécialiste d’un autre domaine qui choisit d’intégrer à sa pratique les concepts de cette récente science du bonheur.
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Zhivotovskaya, E. (2016). How Do Change Agents Use Positive Psychology to Create Abundance, Well-Being and Community? Learn How & Do This for Yourself, eBook gratuit. 17
Chapitre 1 Le bonheur en agriculture, c’est quoi ?
Nous n’avons pas tous la même définition du bonheur. Les scientifiques se sont déplacés partout dans le monde à la quête des gens les plus heureux et ils ont déterminé de quelle manière nous les reconnaissons. Ils ont sondé des gens provenant de toutes les classes sociales, vivant sous des climats chauds ou froids, provenant de sociétés riches ou pauvres, étant mariés, divorcés ou célibataires, des gens de tous les âges, avec ou sans enfants, etc.13. Lorsqu’ils étudient un groupe important d’individus, les chercheurs ont déterminé qu’en moyenne 50 % des variations du niveau du bonheur sont liés à l’héritage biologique, 10 % dépendent des circonstances de notre vie et 40 % dépendent des choix que nous faisons14. Facteurs influençant le bien-être et le bonheur
Génétique 40%
50%
Circonstances Nous
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Seligman, M. E. (2004), Authentic happiness…, op. cit. Lyubomirsky, S. (2008). The how of happiness: A scientific approach to getting the life you want, Penguin. 19
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50 % des facteurs : notre héritage génétique Les scientifiques ont reconnu que nous naissons tous avec un bagage génétique qui influence à 50 % notre prédisposition au bonheur. Ce bagage génétique prédétermine notre niveau de bonheur15. Par exemple, l’optimisme et le pessimisme font partie des caractéristiques que nous pouvons avoir héritées génétiquement et qui sont susceptibles d’exercer un impact sur notre niveau de bonheur. Ainsi, un agriculteur de nature pessimiste devra probablement mettre plus d’efforts pour remonter son niveau naturel de bonheur. Heureusement, ce niveau de bonheur lié à notre bagage génétique n’est pas un facteur figé pour toujours à la naissance. En effet, il est possible de remonter au-dessus du niveau déterminé par notre génétique16. Il s’agit d’en prendre conscience puis de mettre les efforts et la volonté à appliquer des concepts simples comme ceux proposés dans ce livre. Toutefois, en relâchant nos efforts, nous revenons selon les scientifiques à notre niveau déterminé génétiquement17. L’introversion et l’extraversion ont également un impact sur notre niveau de base de bonheur. Ainsi, en raison de leur affinité pour les activités sociales, les gens extravertis ont un avantage génétique sur leur niveau de bien-être18. Par exemple, un producteur ou une productrice agricole qui entretient de nombreuses relations sociales a une longueur d’avance sur les gens qui mènent une vie plus isolée. Donc, si vous êtes plutôt introverti, vous gagnerez à inclure des rencontres sociales à votre vie. Je côtoie d’ailleurs de nombreux producteurs et productrices agricoles impliqués dans différentes activités à l’extérieur de leur entreprise (UPA, groupes de gestion, Clubs de production, etc.). Ils y trouvent une source importante d’énergie, qu’ils soient extravertis ou non. Bien sûr, il existe aussi des gens extravertis malheureux et l’on trouve des gens introvertis qui sont très heureux sans nécessairement courir tous les événements sociaux ! L’important est de prendre conscience de notre niveau de bien-être et de notre besoin de fournir des efforts pour améliorer notre situation.
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Mandeville, L. (2010). Le bonheur…, op. cit. Peterson, C. (2006). A primer in positive psychology. Oxford University Press. Brickman, P., Coates, D., et Janoff-Bulman, R. (1978). «Lottery winners and accident victims: Is happiness relative?», Journal of personality and social psychology, 36(8), 917. Fredrickson, B. (2009). Positivity, Harmony.