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Production de framboises BIOlogiques

Table des matières ■ Introduction Grands principes de la production biologique Aperçu concernant la certification biologique

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■ Choix du site Sol Cultures précédentes et voisines Pente et exposition Proximité du marché et de l’entrepôt

3 3 3 3 3

■ Systèmes culturaux Système avec récolte annuelle sur des cannes de deuxième année Système sur buttes Système de production bisannuelle Système avec framboisiers remontants Système de production en serre

4 4 5 5 6 6

■ Éléments de conduite Choix des cultivars Couvre-sol Paillis Irrigation Billons Pollinisation Taille Palissage

7 7 9 10 11 11 11 11 12

■ Fertilisation Besoins et prélèvements Avant l’année d’implantation À l’implantation et en cours de production Dose de compost Type de compost

13 13 13 13 14 15

■ Lutte contre les mauvaises herbes Avant l’année d’implantation À l’implantation et en cours de production

16 16 16

■ Insectes et acariens Anthonome du fraisier Anneleur du framboisier Punaise terne Nitidules Byture Rhizophage Tenthrède du framboisier Acariens Autres insectes

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Table des matières ■ Maladies Brûlure des dards Anthracnose Pourridié phytophthoréen Tumeur du collet Moisissure grise Virus

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■ Aspects économiques Comparaison avec la production conventionnelle

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■ Bibliographie

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■ Planches photos

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Production de framboises BIOlogiques

■ Introduction En ce début de millénaire, l’agriculture biologique est en plein essor partout dans le monde. L’engouement des consommateurs pour les produits issus de cette agriculture fait en sorte que la demande dépasse souvent l’offre dans plusieurs productions. Au Québec, la plupart des fruits et légumes biologiques sont importés. Dans ce contexte, la production biologique de petits fruits représente un créneau prometteur, d’autant plus que les petits fruits sont très périssables et donc, moins faciles à importer que d’autres denrées. La production de framboises sous conduite biologique représente toutefois un défi technique, bien qu’elle demeure plus facile à réussir que d’autres cultures, telle la pomiculture. Ce guide a pour but de fournir l’information pratique qui aidera le producteur potentiel autant que le producteur expérimenté à réaliser avec succès la production de framboises biologiques. Cet ouvrage reflète les connaissances actuelles dans le domaine, mais ne prétend pas apporter une solution à tous les problèmes rencontrés. En effet, il reste encore beaucoup à faire pour raffiner les méthodes de production biologique, particulièrement sur le plan de la lutte contre les insectes ravageurs, les maladies et les mauvaises herbes.

le raffinement des méthodes de production, les années qui viennent verront sans doute apparaître plus d’entreprises spécialisées dans le domaine. Pour mieux situer la production de framboises sous conduite biologique et mettre en lumière ce qui la distingue du mode de production conventionnelle, il est pertinent de rappeler quelques grands principes de la production biologique et de donner un aperçu de la certification biologique.

Grands principes de la production biologique L’agriculture biologique implique beaucoup plus que le non-emploi de substances chimiques. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un type d’agriculture qui met l’emphase sur la vie (bio = vie, en grec). Elle s’appuie donc sur des principes biologiques, plutôt que physiques ou chimiques, pour produire des denrées agricoles. À la base de toute agriculture se trouve le sol. Un des principes fondamentaux de l’agriculture biologique est de NOURRIR LE SOL POUR NOURRIR LA PLANTE. Cette démarche contraste avec l’approche conventionnelle qui consiste à fournir des éléments minéraux très facilement disponibles aux plantes par l’intermédiaire d’engrais solubles.

Il revient à chacun de bien s’entourer (conseillers, dépisteurs, etc.), de se renseigner continuellement (colloques, Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP)1, etc.) et de faire ses propres expériences afin de parfaire ses cultures en fonction de son contexte de production.

Les matières fertilisantes utilisées en production biologique doivent transiter par les organismes vivants du sol pour que les minéraux qu’elles contiennent soient disponibles aux plantes. Ce respect des processus naturels de nutrition des plantes amènerait des bénéfices tant pour la santé des sols que celle des plantes et des gens qui s’en nourrissent.

Il y a, en ce moment, très peu d’entreprises au Québec qui tirent l’ensemble de leurs revenus de la seule culture de framboises biologiques. La plupart des producteurs ont un revenu hors ferme en complément ou encore, ils pratiquent aussi d’autres formes de culture, comme le maraîchage. Ceci dit, avec le développement de la demande pour les produits biologiques et

En pratique, dans la fertilisation, le producteur tient compte des besoins variés des plantes en utilisant des engrais organiques tels que les composts et des minéraux non transformés. Le recyclage des éléments grâce à la rotation et à l’utilisation d’engrais verts, même s’il concerne moins la culture des framboises, favorise les processus vivants du sol.

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Pour plus d’information, consulter le http://www.agr.gouv.qc.ca/dgpar/rap/titre.htm

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Introduction Un autre principe de l’agriculture biologique est de FAVORISER LA BIODIVERSITÉ dans la mesure du possible. Les agroécosystèmes simplifiés ont tendance à être plus fragiles face aux aléas de la production que ceux bénéficiant d’une grande diversité. Dans la culture de plantes vivaces telles les framboises (où il n’y a pas de rotation), l’application du principe de biodiversité implique 1) de conserver des refuges pour accroître la lutte biologique naturelle, 2) d’implanter des couvre-sols permanents ou temporaires et 3) de limiter le plus possible l’utilisation de pesticides, même naturels, s’ils nuisent aux organismes bénéfiques. Le développement de systèmes de production suffisamment en équilibre avec le milieu pour prévenir les problèmes demeure un idéal à atteindre. En pratique, les interventions phytosanitaires sont encore inévitables contre certains insectes ravageurs et certaines maladies.

Aperçu concernant la certification biologique Pour qu’un produit agricole du Québec soit vendu sous l’appellation « biologique », il doit provenir d’une entreprise certifiée par un organisme de certification accrédité par le Conseil d’accréditation du Québec (CAQ). Le site Internet du CAQ 2 fournit une liste d’organismes présentement accrédités et leurs coordonnées. Au Québec, la plupart des entreprises agricoles et horticoles biologiques sont certifiées par les organismes Québec-Vrai (OCQV) et Garantie-Bio, lesquels sont basés ici même. La certification est accordée à une entreprise seulement si elle respecte le cahier des charges d’un organisme de certification. Au Québec, il existe des normes de base communes définies par le CAQ. Les organismes de certification peuvent cependant se doter de normes plus strictes. Les normes du CAQ sont disponibles sur son site Internet. Pour connaître les différents cahiers de charge, il suffit de contacter les organismes concernés. 2

Avant d’être certifiées, les parcelles d’une entreprise ne doivent pas avoir reçu, pendant un certain temps, d’intrants non permis par les cahiers de charge. Dans le cas d’une entreprise qui pratique l’agriculture conventionnelle, la période de transition sans produit interdit est de trois ans jusqu’à la première récolte certifiée. Pour des terres en friche ou n’ayant jamais reçu d’intrants chimiques, la période de transition peut être moindre. Dans tous les cas, il doit y avoir une année dite de pré-certification (avant la première récolte à certifier) au cours de laquelle un inspecteur est appelé à se présenter sur les lieux de l’entreprise. Il faut contacter un organisme de certification dès qu’on envisage la production biologique afin d’obtenir une copie de ses normes et exigences. L’inscription pour la pré-certification n’est cependant requise qu’en fonction de la première année de récolte biologique prévue. Dans le cas de nouvelles plantations de framboises, l’inscription aura lieu, au plus tard, au début de l’année précédant la première récolte. Pour les plantations existantes, elle devra se tenir au début de la dernière année de transition. Dans les deux cas, il faut pouvoir démontrer à l’organisme de certification qu’aucune substance proscrite n’a été employée. Des registres doivent être maintenus pour faire foi des opérations réalisées dans les années qui précèdent le suivi de l’entreprise par l’organisme de certification. Le présent guide tient compte des normes biologiques du CAQ. Dans le cas de certains intrants de production, comme l’utilisation de paille en provenance de fermes conventionnelles, les organismes de certification peuvent avoir différentes opinions. En cas de doute, il vaut toujours mieux vérifier l’acceptabilité d’un intrant AVANT de l’utiliser. Bonne exploration dans le monde fascinant de la production de framboises sous conduite biologique.

www.caqbio.org

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Production de framboises BIOlogiques

■ Choix du site Le choix d’un site approprié pour la production de framboises est très important afin de prévenir les problèmes et d’optimiser la production. Ce choix doit être fait en fonction des critères de sol, de précédent cultural, de pentes, d’exposition et de marché.

Sol Le framboisier est une plante très adaptable. Un sol de texture moyenne (loam sableux à loam), bien drainé, un peu acide (pHeau visé 6,0 à 6,5) est idéal pour sa culture. Cependant, un sol plus lourd (loam argileux à argile) peut lui convenir pourvu qu’il soit riche en matière organique, bien drainé et que la culture se fasse sur billons. En fait, les billons sont maintenant recommandés dans presque tous les cas, sauf pour les sols très légers, afin de prévenir les problèmes de maladies de racines. Le framboisier aime bien les sols pierreux. Cependant, de tels sols compliquent souvent le désherbage mécanique utilisé en production biologique. Pour la culture des framboises, il est essentiel de choisir un site avec un sol bien drainé et d’apporter par irrigation l’eau nécessaire, au besoin. Un drainage souterrain optimum permet de maintenir le niveau de la nappe phréatique bas (plus de 1 m de profondeur), réduisant ainsi le développement des maladies racinaires, tandis que le drainage de surface assure l’évacuation rapide de l’eau sur le sol.

Cultures précédentes et voisines Il faut éviter de placer la framboisière sur un site ayant eu comme précédent cultural des pommes, des raisins, des fraises ou des framboises. Ces espèces partagent une même maladie : la tumeur du collet. Les risques de flétrissement verticillien sont aussi plus élevés là où il y a eu des plantes de la famille des solanacées (pommes de terre, aubergines, tomates, etc.). Il est donc préférable de choisir d’autres sites pour l’implantation de la framboisière, bien

que cette mesure à elle seule n’empêche pas ces maladies de s’exprimer si elles sont présentes. Il devrait y avoir une distance d’au moins 150 m entre la framboisière et tout autre framboisier sauvage ou ronce sauvage ou cultivée. Il est même préférable d’éliminer les buissons de ronces des environs, car ils peuvent servir de réservoir pour les insectes ravageurs et les maladies. Une plantation de framboisiers noirs ou pourpres devrait se trouver en amont du vent par rapport à une plantation de framboisiers rouges ou jaunes puisque les framboisiers noirs ou pourpres sont plus sensibles aux virus susceptibles d’être transmis par les pucerons voyageant avec le vent.

Pente et exposition Un site bénéficiant d’une bonne circulation d’air est un atout important pour prévenir les maladies. Les rangs devraient être orientés dans le même sens que le vent dominant pour assurer un assèchement rapide du feuillage après une pluie. Les bas de pentes sont à éviter. Les dessus de collines à découvert sont aussi à éviter parce qu’ils peuvent exposer les plants aux grands vents asséchants de l’hiver, occasionnant ainsi des pertes, surtout avec les variétés moins rustiques. De même, il faut se garder des sites à forte pente, car ils entraînent des risques d’érosion et des complications pour l’irrigation. Un site moins favorable peut souvent être amélioré par l’ajout ou l’enlèvement d’arbres et de haies.

Proximité du marché et de l’entrepôt Comme la framboise est un petit fruit très périssable, la ferme a avantage à être située près des marchés ou encore du site d’entreposage temporaire de la récolte. Elle gagne aussi à disposer d’un système de prérefroidissement3.

Pour plus de détails sur le prérefroidissement et le transport des petits fruits, voir le guide intitulé Manutention et conditionnement des petits fruits destinés au marché du frais (VW 021), publié par le CRAAQ en 2002. 3

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■ Systèmes culturaux

espacement moindre sur le rang permet aux framboisiers de mieux faire compétition aux mauvaises herbes pendant les premières années, ce qui peut être un atout en production biologique. Le producteur trempe les plants dans de l’eau additionnée d’extraits d’algues ou dans une solution boueuse claire d’argile pendant au moins 30 minutes avant de les transplanter;

Il existe quelques systèmes de culture pour les framboisiers. Le plus utilisé au Québec, en production biologique comme en production conventionnelle,consiste à cultiver en rangs (photo 1) des variétés qui produisent sur des cannes de deuxième année et à récolter chaque année. C’est cette méthode qui sera principalement détaillée dans les pages qui suivent, avec les particularités qu’elle implique en production biologique.

• Taille d’établissement : même si certains fauchent les cannes présentes à ras de terre sitôt la mise en terre complétée, il est préférable de laisser au moins deux bourgeons par canne pour susciter un développement rapide des jeunes plants. Le printemps de l’année suivante, le producteur peut faucher les tiges à ras de terre, de façon à ne pas avoir de cannes fructifères ou, encore mieux, de profiter de la petite récolte que les plants donneront. Au cours de cette deuxième saison, il faut garder la largeur des rangs à moins de 30 cm en coupant ou en sarclant;

Une deuxième méthode importante repose sur la culture de variétés dites « remontantes » qui produisent des fruits sur les cannes de première année. Cette méthode est surtout utilisée dans les régions où le climat est plus chaud que celui du Québec. Les autres systèmes sont essentiellement des variations de ces deux méthodes qui font en sorte de prolonger ou de modifier la saison de récolte et de diminuer la charge de travail associée à la taille du framboisier ou à la lutte contre les mauvaises herbes. Ces autres méthodes seront discutées dans le contexte de la production biologique.

Système avec récolte annuelle sur des cannes de deuxième année La plupart des variétés à framboises rouges disponibles au Québec produisent leurs fruits sur des cannes de deuxième année. Avec le système reposant sur la récolte annuelle des fruits de ces cannes, deux types de cannes croissent chaque année sur les framboisiers : des cannes végétatives ou de première année, facilement reconnaissables à leur bois vert, et des cannes fructifères ou de deuxième année qui portent des fruits et qui sont reconnaissables à leur bois foncé. Les étapes de production avec ce système sont les suivantes : • Établissement : à l’automne ou au printemps, les plants de framboisiers sont mis en terre sur des rangs distants d’environ 3 m, leur espacement sur le rang étant de 40 à 60 cm. Même s’il est plus coûteux, un

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• Récolte : la première pleine récolte a lieu au mois de juillet de la troisième année; • Taille : à une ou deux reprises avant la récolte, soit quand les cannes végétatives ont 15 à 20 cm de hauteur et immédiatement avant la récolte, le producteur rétrécit les rangs de façon à ce qu’ils aient moins de 30 cm de largeur. Après la récolte, il enlève les cannes qui ont produit des fruits et laisse environ 10 à 20 cannes végétatives par mètre de rang, normalement les plus fortes et les plus saines. Ces étapes sont répétées tout au long de la vie de la framboisière. Une framboisière peut, en théorie, être gardée en production pendant 10 à 15 ans, que ce soit avec une conduite biologique ou conventionnelle. Il arrive cependant que certaines plantations deviennent peu productives après aussi peu que six années de récolte. D’autres peuvent produire de façon satisfaisante pendant une vingtaine d’années. Tout dépend des efforts déployés pour les maintenir productives.

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Voici les principaux obstacles à surmonter pour garder longtemps en production une framboisière biologique : • Les mauvaises herbes, surtout les vivaces, qui deviennent trop envahissantes, ce qui limite beaucoup la productivité des framboisiers; • La pression de certaines maladies s’accroît, notamment celle de la moisissure grise. Certaines maladies plus graves, comme l’anthracnose ou les maladies virales, écourtent grandement la vie de la framboisière; • Les populations de certains ravageurs importants, comme l’anneleur du framboisier, qui peuvent être fortes certaines années et affaiblir la framboisière si le producteur n’y prend pas garde; • Les négligences sur le plan de la conduite : taille et fertilisation inadéquates.

Système sur buttes Ce système, une variante du précédent, n’est presque jamais utilisé de nos jours pour la production commerciale. Il pourrait pourtant comporter de nombreux avantages pour la production biologique. La plantation sur buttes consiste à mettre les framboisiers en terre sur des buttes isolées, distantes de 1 m ou plus dans tous les sens, selon l’équipement utilisé. Ce système offre le grand avantage de permettre une excellente lutte contre les mauvaises herbes, car les passages d’instruments de sarclage peuvent être faits dans les deux sens. Il n’y a ainsi presque pas de sarclage manuel à faire. Un autre de ses atouts est la bonne pénétration de lumière qu’il favorise. Le principal désavantage de cette méthode est la perte d’espace sur le rang. Celle-ci est toutefois compensée par une réduction de l’espacement entre les rangs. Le producteur doit s’adapter selon la machinerie disponible. Le système sur buttes rend aussi difficile l’utilisation du goutte-à-goutte pour l’irrigation, même

avec un tuyau comportant des goutteurs séparés. Par contre, avec ce système, la circulation de l’air est excellente, ce qui permet de prévenir les maladies. De plus, la cueillette est facilitée par le fait qu’il soit possible de faire le tour des talles. En pratique, le producteur laisse environ quatre tiges par butte. S’il ne met pas en place de tuteur, il attache ces tiges ensemble de façon lâche pour l’hiver et les taille à 1,50 ou 1,80 m de hauteur. Il n’est pas nécessaire que le producteur procède à leur taille s’il installe des tuteurs.

Système de production bisannuelle Une fois la framboisière établie, le système de production bisannuelle implique de conduire la framboisière de façon à n’avoir sur l’une de ses moitiés que des tiges végétatives et sur l’autre moitié, que des tiges fructifères. Plutôt que de diviser la parcelle en deux, le producteur peut appliquer ce système en alternance d’une rangée à l’autre. Il maximise ainsi l’utilisation de la lumière et de la ventilation. Pour avoir moins de problèmes de maladies et d’insectes, il est toutefois préférable de pratiquer l’alternance entre les parcelles plutôt qu’entre les rangs. Avec le système de production bisannuelle, les opérations de taille se trouvent grandement simplifiées et le rendement est équivalent dans la partie en production. La mise au point de ce système reste cependant à faire pour la production biologique. Compte tenu de la lumière disponible au cours du printemps suivant la fauche des cannes, il y a risque que certaines mauvaises herbes deviennent plus agressives que la culture et qu’il devienne difficile de lutter contre elles. Ceci dit, le sarclage est possible en passant au-dessus du rang, ce qui peut constituer un grand avantage. La fertilisation serait facilitée par le fait que le producteur puisse circuler avec un épandeur au-dessus d’un rang taillé pour les applications de compost. De plus, la fertilisation pourrait être réalisée en fonction du cycle de production plutôt que, à la fois, pour des cannes de première et de deuxième années.

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Systèmes culturaux

Système avec framboisiers remontants

Système de production en serre

Il existe des cultivars de framboisiers dits « remontants ». Ces variétés produisent des fruits à la fin de l’été ou au début de l’automne sur le bout des tiges des cannes de première année. Ces mêmes cannes peuvent produire des fruits au début de l’été de l’année suivante, mais plus bas sur les tiges. Toutefois, il est souvent plus simple de les faucher après la récolte et de ne compter que sur les nouvelles cannes pour la récolte de l’année suivante.

Comme la framboise est très périssable et que l’importation de ce petit fruit est limitée hors saison, la production en serre a été envisagée comme une possibilité lucrative. La méthode développée par une équipe de l’Université de Cornell n’a cependant pas été pensée pour la production biologique : elle repose sur la culture en bacs avec fertilisation conventionnelle.

Au Québec, ce système est peu utilisé, car la trop courte saison de végétation ne permet pas une production abondante et plusieurs fruits n’atteignent pas leur maturité avant les gels d’automne. De plus, le volume des ventes est moindre quoique souvent compensé par un prix élevé. Avec les framboisiers remontants, la protection de la culture avec des bâches et l’irrigation par aspersion sont presque incontournables. La conduite de ce système en production biologique est à mettre au point, mais elle pourrait intéresser les entreprises qui voudraient fournir des framboises hors saison.

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Cette production en serre se fait avec des variétés remontantes pour une production de fin d’automne ou avec des variétés non remontantes pour la production d’hiver. À court terme, cette méthode reste à développer pour des conditions comme celles prévalant au Québec. Elle pourrait être envisageable pour des créneaux particuliers de marché, par exemple la restauration fine. Pour de tels créneaux, il est cependant rare que la certification biologique permette d’avoir une prime encore plus grande que celle obtenue du fait de produire hors saison.

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■ Éléments de conduite L’information qui suit concerne seulement le système de production de framboisiers avec récolte annuelle sur des cannes de deuxième année.

Choix des cultivars Le choix des cultivars de framboisier se fait d’abord en fonction de la zone de rusticité associée à l’endroit où la framboisière sera située. Le producteur doit aussi tenir compte du marché, de la productivité, du goût et, particulièrement dans un contexte de production biologique, de la résistance ou de la tolérance des cultivars aux maladies (tableau 1).

Il est recommandé d’implanter au moins quelques cultivars différents pour avoir une production étalée sur la courte saison de cueillette, mais aussi pour répartir le risque advenant qu’un cultivar éprouve de graves problèmes en raison du climat, des maladies ou d’autres facteurs. De l’information peut être obtenue concernant la productivité, la rusticité et le type de fruit de chaque cultivar (grosseur, fermeté, couleur, saveur, etc.) auprès des pépiniéristes ou sur le site Petits fruits d’Agri-Réseau à l’adresse Internet suivante : http://www.agrireseau.qc.ca/petitsfruits/.

Approvisionnement en plants de framboisiers En 2003, des plants de framboisiers issus de la culture biologique n’étaient pas disponibles commercialement au Québec. Conformément aux normes biologiques, il est permis, en pareil cas, d’utiliser des plants provenant de pépinières en culture conventionnelle. Il est fortement recommandé d’utiliser des plants sans virus provenant de pépiniéristes participant au Programme de contrôle de la qualité du fraisier et du framboisier de classe certifiée du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) (à noter que ce programme n’a aucun rapport avec la certification biologique). Il est difficile de produire soi-même des plants sains, car les virus sont présents sur les framboisiers sauvages. Dans les années à venir, si la demande est assez forte, peut-être y aura-til des pépiniéristes qui envisageront la production biologique de plants certifiés sans virus. Selon l’espacement choisi, il faut compter environ 5 000 à 10 000 plants pour implanter 1 ha de framboisiers. Il vaut mieux commander plus de framboisiers que nécessaire, car il y a toujours des plants moins vigoureux que le producteur décidera de ne pas mettre en terre.

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Éléments de conduite

Tableau 1. Comportement des cultivars de framboisier disponibles au Québec face aux principales maladies Cultivar

Sensible à

Tolérant à

Résistant à

Framboisiers rouges d’été Algonquin Anelma Boyne Festival Gatineau Killarney

Pourridié phytophthoréen Virus de la mosaïque Brûlure bactérienne Anthracnose Rouille jaune Pourridié phytophthoréen Anthracnose Oïdium (blanc)

Rouille jaune Pourridié phytophthoréen

Brûlure des dards Virus Brûlure des dards

Madawaska Nova

Souris Titan

Tumeur du collet

Pourridié phytophthoréen

Brûlure des dards Rouille jaune Brûlure des dards Anthracnose Brûlure des dards Pourridié phytophthoréen

Virus de la mosaïque

Framboisiers remontants Autumn Bliss Autumn Britten Caroline Heritage Honey Queen Kiwi Gold Pathfinder Polana

Virus du nanisme buissonnant

Pourridié phytophthoréen

Virus de la mosaïque Pourridié phytophthoréen Virus du nanisme Virus de la mosaïque

Rouille jaune Framboisiers pourpres et noirs

Brandywine Bristol Jewel Odette Royalty

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Anthracnose

Brûlure des dards Oïdium Virus de la mosaïque

Pourridié phytophthoréen

Pourriture grise

Pourridié phytophthoréen Anthracnose

Tumeur du collet Brûlure des dards Pourridié phytophthoréen

Virus de la mosaïque

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