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Remerciements

RĂ©daction

L’équipe de rédaction et d’édition tient à remercier toutes les personnes ayant contribué de près ou de loin à la réalisation de ce document. Merci aussi aux partenaires ayant offert leur appui financier au projet : Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation La Financière agricole du Québec Agriculture et Agroalimentaire Canada La Fédédération d’agriculture biologique du Québec Bio-bulle

Avertissements

Jean Duval, agronome, conseiller en agriculture biologique, Club agroenvironnemental Bio-action, Sainte-Justine-de-Newton

Révision Alain Breault, d.t.a., Viticulture A et M inc., Brigham Jacques Lasnier, directeur, Co-Lab R & D, div. Institut de gestion intégrée AG-CORD inc., Granby Richard Lauzier, agronome, conseiller en viticulture, MAPAQ, Bedford

Édition Lyne Lauzon, biologiste, Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec

Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans ce document était jugée représentative du secteur de l’agriculture biologique au Québec. Son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur. Les renseignements relatifs au secteur, aux techniques ou aux produits décrits pouvant avoir évolué de manière significative depuis la rédaction de cet ouvrage, le lecteur est invité à en vérifier l’exactitude avant de les utiliser ou de les mettre en application. Les marques de commerce mentionnées dans ce guide le sont à titre indicatif seulement et ne constituent nullement une recommandation de la part de l’auteur ou de l’éditeur. Il est interdit de reproduire, éditer, imprimer, traduire ou adapter cet ouvrage, en totalité ou en partie, sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, incluant la photocopie, sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec. Dans le présent document, le masculin englobe le féminin et est utilisé uniquement pour alléger le texte.

Coordination de la production graphique Marie Caron, conceptrice-graphiste, Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec

Graphisme Opus communication design

Photos RĂ©jean Bacon, AAC-CRDH Jacques Lasnier, Co-Lab R & D Martin Trudeau, AAC-CRDH

Pour information ou commentaires Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2875, boul. Laurier, 9e étage Sainte-Foy (Québec) G1V 2M2 Téléphone : (418) 523-5411 Télécopieur : (418) 644-5944 Courriel : client@craaq.qc.ca

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© Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec Dépôt légal Bibliothèque nationale du Canada, 2003 Bibliothèque nationale du Québec, 2003 ISBN 2-7649-0114-3

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Production de raisins BIOlogiques

â–  Avant-propos

ront sans doute apparaître plus d’entreprises spécialisées dans le domaine.

En ce début de millénaire, l’agriculture biologique est en plein essor partout dans le monde. L’engouement des consommateurs pour les produits issus de cette agriculture fait en sorte que la demande dépasse souvent l’offre dans plusieurs productions.

Pour mieux situer la production de raisins sous conduite biologique et mettre en lumière ce qui la distingue du mode de production conventionnelle, il est pertinent de rappeler quelques grands principes de la production biologique et de donner un aperçu de la certification biologique.

Au Québec, la plupart des fruits et légumes biologiques sont importés. Dans ce contexte, la production biologique de petits fruits représente un créneau prometteur, d’autant plus que les petits fruits sont très périssables et donc, moins faciles à importer que d’autres denrées. La production de raisins sous conduite biologique représente toutefois un défi technique, bien qu’elle demeure plus facile à réussir que d’autres cultures, telle la pomiculture. Ce guide a pour but de fournir l’information pratique qui aidera le producteur potentiel autant que le producteur expérimenté à réaliser avec succès la production de raisins biologiques. Cet ouvrage reflète les connaissances actuelles dans le domaine, mais ne prétend pas apporter une solution à tous les problèmes rencontrés. En effet,il reste encore beaucoup à faire pour raffiner les méthodes de production biologique, particulièrement sur le plan de la lutte contre les insectes ravageurs, les maladies et les mauvaises herbes. Il revient à chacun de bien s’entourer (conseillers, dépisteurs, etc.), de se renseigner continuellement (colloques, Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP)1, etc.) et de faire ses propres expériences afin de parfaire ses cultures en fonction de son contexte de production. Il y a, en ce moment, très peu d’entreprises au Québec qui tirent l’ensemble de leurs revenus de la seule culture de raisins biologiques. La plupart des producteurs ont un revenu hors ferme en complément ou encore, ils pratiquent aussi d’autres formes de culture. Ceci dit, avec le développement de la demande pour les produits biologiques et le raffinement des méthodes de production, les années qui viennent ver1

Grands principes de la production biologique L’agriculture biologique implique beaucoup plus que le non-emploi de substances chimiques. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un type d’agriculture qui met l’emphase sur la vie (bio = vie, en grec). Elle s’appuie donc sur des principes biologiques, plutôt que physiques ou chimiques, pour produire des denrées agricoles. À la base de toute agriculture se trouve le sol. Un des principes fondamentaux de l’agriculture biologique est de NOURRIR LE SOL POUR NOURRIR LA PLANTE. Cette démarche contraste avec l’approche conventionnelle qui consiste à fournir des éléments minéraux très facilement disponibles aux plantes par l’intermédiaire d’engrais solubles. Les matières fertilisantes utilisées en production biologique doivent transiter par les organismes vivants du sol pour que les minéraux qu’elles contiennent soient disponibles aux plantes. Ce respect des processus naturels de nutrition des plantes amènerait des bénéfices tant pour la santé des sols que celle des plantes et des gens qui s’en nourrissent. En pratique, dans la fertilisation, le producteur tient compte des besoins variés des plantes en utilisant des engrais organiques tels que les composts et des minéraux non transformés. Le recyclage des éléments grâce à la rotation et à l’utilisation d’engrais verts, même s’il concerne moins la culture des raisins, favorise les processus vivants du sol. Un autre principe de l’agriculture biologique est de FAVORISER LA BIODIVERSITÉ dans la

Pour plus d’information, consulter le http://www.agr.gouv.qc.ca/dgpar/rap/titre.htm

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Avant-propos

mesure du possible. Les agroécosystèmes simplifiés ont tendance à être plus fragiles face aux aléas de la production que ceux bénéficiant d’une grande diversité. Dans la culture de plantes vivaces telles les raisins (où il n’y a pas de rotation), l’application du principe de biodiversité implique 1) de conserver des refuges pour accroître la lutte biologique naturelle, 2) d’implanter des couvre-sols permanents ou temporaires et 3) de limiter le plus possible l’utilisation de pesticides, même naturels, s’ils nuisent aux organismes bénéfiques. Le développement de systèmes de production suffisamment en équilibre avec le milieu pour prévenir les problèmes demeure un idéal à atteindre. En pratique, les interventions phytosanitaires demeurent encore inévitables contre certains insectes ravageurs et certaines maladies.

Concernant la certification biologique Pour qu’un produit agricole du Québec soit vendu sous l’appellation « biologique », il doit provenir d’une entreprise certifiée par un organisme de certification accrédité par le Conseil d’accréditation du Québec (CAQ). Le site Internet du CAQ2 fournit une liste d’organismes présentement accrédités et leurs coordonnées. Au Québec, la plupart des entreprises agricoles et horticoles biologiques sont certifiées par les organismes Québec-Vrai (OCQV) et GarantieBio, lesquels sont basés ici même. La certification est accordée à une entreprise seulement si elle respecte le cahier des charges d’un organisme de certification.Au Québec, il existe des normes de base communes définies par le CAQ. Les organismes de certification peuvent cependant se doter de normes plus strictes. Les normes du CAQ sont disponibles sur son site Internet. Pour connaître les différents cahiers de charge, il suffit de contacter les organismes concernés.

tique l’agriculture conventionnelle, la période de transition sans produit interdit est de trois ans jusqu’à la première récolte certifiée. Pour des terres en friche ou n’ayant jamais reçu d’intrants chimiques, la période de transition peut être moindre. Dans tous les cas, il doit y avoir une année dite de pré-certification (avant la première récolte à certifier) au cours de laquelle un inspecteur est appelé à se présenter sur les lieux de l’entreprise. Il faut contacter un organisme de certification dès qu’on envisage la production biologique afin d’obtenir une copie de ses normes et exigences. L’inscription pour la pré-certification n’est cependant requise qu’en fonction de la première année de récolte biologique prévue. Dans le cas de nouvelles plantations de raisins, l’inscription aura lieu, au plus tard, au début de l’année précédant la première récolte. Pour les plantations existantes, elle devra se tenir au début de la dernière année de transition. Dans les deux cas, il faut pouvoir démontrer à l’organisme de certification qu’aucune substance proscrite n’a été employée. Des registres doivent être maintenus pour faire foi des opérations réalisées dans les années qui précèdent le suivi de l’entreprise par l’organisme de certification. Le présent guide tient compte des normes biologiques du CAQ. Dans le cas de certains intrants de production, comme l’utilisation de paille en provenance de fermes conventionnelles, les organismes de certification peuvent avoir différentes opinions. En cas de doute, il vaut toujours mieux vérifier l’acceptabilité d’un intrant AVANT de l’utiliser. Bonne exploration dans le monde fascinant de la production de raisins sous conduite biologique.

Avant d’être certifiées, les parcelles d’une entreprise ne doivent pas avoir reçu, pendant un certain temps, d’intrants non permis par les cahiers de charge. Dans le cas d’une entreprise qui pra2

www.caqbio.org

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Production de raisins BIOlogiques

Table des matières ■ Introduction

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â–  Choix du site

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■ Systèmes culturaux Espacement Palissage Plantation Taille

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â–  Choix des cultivars

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â–  Fertilisation

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â–  Irrigation

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â–  DĂ©sherbage Couvre-sol permanent Couvre-sol temporaire

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■ Insectes nuisibles Altises Cicadelles Tordeuse de la vigne Punaise terne Phylloxéra Autres ravageurs

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â–  Maladies Mildiou OĂŻdium Pourriture grise Autres maladies

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■ Économie

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â–  Bibliographie

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â–  Planches photos

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Production de raisins BIOlogiques

■ Introduction Il existe trois grands types de vignes : les vignes européennes (Vitis vinifera), les vignes américaines (Vitis labrusca, Vitis riparia et d’autres espèces) et les croisements de ces deux types de vignes qui sont appelés hybrides francoaméricains. La culture de la vigne au Québec est limitée par la rusticité des cultivars. Les cépages de Vitis vinifera (cabernet, pinot, merlot, par exemple), les vignes à vin classiques, ne sont pas assez rustiques pour notre climat froid. Par contre, la vigne américaine (le cultivar Concord, notamment) peut être rustique. Plusieurs cultivars hybrides sont aussi semi-rustiques ou rustiques. Les plantations de vignes effectuées au Québec dans les années 1980 et 1990 comportent essentiellement des cultivars non rustiques ou semi-rustiques qui doivent être protégés l’hiver par buttage. Une nouvelle classe d’hybrides créés par un groupe d’hybrideurs de l’université du Minnesotta est en train de donner un second souffle à la viticulture du Québec. Ces nouveaux cépages de climats froids sont de qualité similaire à des V. vinifera, tout en étant relativement rustiques.

■ Choix du site Il est important de choisir un site qui va permettre la circulation des courants d’air froid pour éviter que ce dernier ne s’accumule. Les sites en pente sont préférables. Le producteur localisera le vignoble aux trois-quarts supérieurs de la pente. Une pente orientée vers le sud-est ou, selon le site, vers une autre direction bien exposée au soleil mais à l’abri des vents dominants est idéale. Si la pente est forte, il faudra orienter les rangées en contre-pente pour prévenir l’érosion du sol par l’eau. La vigne aime les sols bien drainés, plutôt maigres, chauds et même caillouteux. La qualité du drainage est primordiale plus que tout autre 1

facteur, dont la texture ou le pH du sol, par exemple. L’absence de cuvettes où l’eau pourrait s’accumuler est aussi très importante pour écarter les dommages dus aux gels hivernaux et printaniers et la propagation de maladies telles que le mildiou de la vigne. Ces cuvettes devraient être évitées, drainées ou remblayées. Le type de sol aura une influence directe sur la qualité du raisin et donc, du vin produit. Les sols riches en fer ou en phosphore sont à déconseiller, car ils peuvent amener des problèmes lors de la vinification. En Europe, où sont principalement utilisés les V. vinifera, les viticulteurs considèrent souvent que les sols calcaires et alcalins (pH > 7,0) sont favorables à la production des meilleurs vins. Avec les vignes américaines ou les hybrides, cette adéquation est moins vraie, mais il faut quand même viser un sol ayant un pH près de la neutralité ou peu acide. Comme la vigne exploite le sol en profondeur, il est également bon de s’informer de la composition du sous-sol en consultant les études pédologiques de la région où l’implantation d’un vignoble est envisagée. Un loam graveleux est sans doute la texture idéale. Un site avec des roches, surtout de couleur foncée, va accroître la température à la surface du sol. Tout excès est nuisible à la vigne. Un sol trop argileux va manquer d’aération. Un sol trop riche en matière organique va produire un excès de croissance végétative et entraîner potentiellement beaucoup de problèmes d’aoûtement, ce qui réduit la résistance au froid des parties ligneuses de la vigne et favorise les ravageurs. Le sol doit avoir au moins 1 m de profondeur sans couche indurée ou lit de roche. Plus le sol est profond (jusqu’à 1,75 m idéalement), mieux ce sera pour la vigne. C’est pourquoi il est recommandé de « défoncer » le sol avant la plantation d’un vignoble, en passant une sous-soleuse en profondeur ou en brassant le sous-sol autrement. Une pratique intensive parfois recommandée consiste à enlever le sol sur le rang avec une pelle mécanique sur 1 m de profondeur et 1 m

Pour plus d’information, consulter le http://www.agr.gouv.qc.ca/dgpar/rap/titre.htm

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Choix du site de largeur, puis à le replacer, question d’obtenir un sol profond et meuble. Il est très important de séparer la terre du dessus (humus) du reste de la terre lors de l’excavation. La terre de surface est replacée sur le dessus lors de la dernière opération. Le producteur laisse ensuite le sol se tasser pendant l’hiver avant de planter au printemps suivant, en s’assurant de ne pas compacter la zone travaillée entre temps. Si le pH doit être corrigé, le producteur en profite lors du brassage du sol. Tout ce brassage est un peu contraire au respect habituel du sol en production biologique, mais il semble que ce soit préférable pour la vigne.

■ Systèmes culturaux Deux systèmes sont principalement utilisés dans la culture de la vigne au Québec : le système à rangs buttés pour les cultivars non rustiques et le système à rangs non buttés pour les vignes rustiques (photo 1). Ces deux systèmes diffèrent beaucoup sur plusieurs aspects : travail du sol, présence ou non d’un couvre-sol permanent, systèmes de taille à adopter, lutte contre les ravageurs et les mauvaises herbes, espacements, etc. Les deux systèmes peuvent être exploités en conduite biologique. Le système avec buttage exige de rechausser les ceps avec la terre de l’entre-rang jusqu’à une hauteur d’environ 20 à 45 cm vers la fin d’octobre. Cette pratique vise à protéger les vignes contre les basses températures hivernales, la terre servant d’isolant. Au printemps suivant, dès que le sol peut être travaillé et avant la taille, les vignes sont déchaussées. La plupart des parties non protégées de la vigne seront mortes pendant l’hiver. Les cultivars non rustiques tels les Chancellor, Seyval, Vidal, de Chaunac et Geisenheim 322 sont bien adaptés à cette façon de conduire la vigne, car ils ont une grande vigueur et des entre-nœuds courts, ce qui assure une récolte à partir des parties protégées, peu importe la rigueur de l’hiver. Les autres cultivars non rustiques (voir tableau 1), bien qu’ils aient des

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caractéristiques intéressantes, sont moins bien adaptés à cette conduite. Les vignes rustiques, qui ne nécessitent pas de protection hivernale, peuvent être plantées à plat ou sur des billons, selon la qualité du drainage. Elles ne nécessitent aucun travail annuel de sol autre que le sarclage. Avec les vignes rustiques, il est possible d’adopter un système de taille élevée qui sera maintenu pendant toute la vie de la vigne. Si la vigne est buttée, le producteur se retrouve cependant avec une courte tige et un nœud d’où partent les branches fructifères menées en gobelet. La taille des vignes buttées produit des plants compacts à travers lesquels la circulation de l’air n’est pas toujours optimale, surtout si les cultivars produisent du feuillage en abondance. Le système de vignes buttées est plus exigeant en main-d’œuvre et moins confortable que celui de vignes rustiques, car tout se retrouve plus près du sol. Selon une étude réalisée dans des vignobles du sud du Québec par une équipe de chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à SaintJean-sur-Richelieu, il présenterait toutefois un avantage face à certains ravageurs.Ainsi, le cycle de la tordeuse de la vigne serait perturbé par les travaux de sol. Enfin, le buttage aide à la lutte contre les mauvaises herbes sur le rang.

Espacement L’espacement des vignes, que ce soit entre les rangs ou sur le rang, peut varier selon le cépage, le climat, le système cultural et l’équipement utilisé. Dans plusieurs régions du monde, les rangs sont espacés de 3 m ou plus. Dans un climat nordique comme au Québec, il serait toutefois préférable de rapprocher les rangs pour que les vignes captent le plus de soleil possible et augmentent ainsi le contenu en sucre de leurs raisins. Des recherches américaines ont établi que des rangs de 2,2 m orientés nord-sud sur un site en pente étaient idéaux pour la vigne en climat nordique. En production biologique, il peut être avantageux de garder les rangs plus espacés pour les

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Production de raisins BIOlogiques

variétés sensibles au mildiou et à l’oïdium afin de faciliter la circulation de l’air, ce qui aidera à réduire l’intensité de ces maladies. En pratique, la largeur de la machinerie détermine souvent l’espacement entre les rangs. Au Québec, des rangs de 3,1 m (10 pi) sont couramment utilisés pour la vigne buttée, ce qui permet de ramener assez de terre sur le rang pour la protection hivernale. Pour les vignes rustiques, un espacement de 2,7 m (9 pi) suffit, tout en permettant le passage d’un tracteur. L’espacement sur le rang détermine la densité de plantation. En Californie, la densité est d’environ 1 500 vignes à l’hectare. En France, les densités peuvent aller jusqu’à 7 500 ceps à l’hectare, selon les régions. Deux écoles s’affrontent ici, l’une prétendant comme l’autre que les densités utilisées permettent le meilleur rapport quantité-qualité. Il est bon de rappeler que la densité et la méthode de taille sont étroitement reliées. Un faible espacement va donc nécessairement exiger une taille plus sévère chaque année. Dans les vignobles situés en climat nordique, la tendance est d’avoir un grand nombre de plants à l’hectare qui, grâce aux opérations de taille, auront chacun peu de grappes mais une meilleure qualité et une maturité plus hâtive. Ainsi, plusieurs vignobles de cultivars non rustiques au Québec ont des densités intermédiaires de 3 000 à 4 000 ceps par hectare, ce qui correspond pour des rangs de 3,1 m (10 pi) à un espacement de plus ou moins 1 m sur le rang (à ajuster selon la vigueur de la variété). Dans les plantations de vignes rustiques, les densités peuvent être plus faibles (environ 1,5 à 1,8 m entre les plants), mais le producteur évite les grands espacements de 2 m sur le rang comme il s’en voit dans les régions chaudes. Il n’y a pas de mauvais espacements. Il faut toutefois retenir que le choix fait à ce sujet va affecter le reste de la conduite du vignoble.

Palissage La vigne étant une plante grimpante, le palissage est incontournable. Il doit être très solide, car la vigne et la récolte exercent une grande

pression sur les fils et les poteaux. Idéalement, le producteur doit installer les poteaux de support avant même de planter la vigne. Le palissage est relié à la taille. Les systèmes à deux ou trois fils (doublés ou non) ainsi que le système Geneva en T à trois fils sont les plus courants pour la vigne à vin, ce dernier étant le plus recommandable en région nordique pour les vignes rustiques. Pour la vigne à raisins de table, le palissage à un fil peut suffire. Pour des rangs de plus de 30 m de longueur, les poteaux d’ancrage à chaque bout du rang auront 2,4 m (8 pi) de long et 15 à 20 cm (6 à 8 po) de diamètre. Pour les poteaux à l’intérieur du rang, des poteaux de métal fort ou de cèdre de 12 à 15 cm (5 à 6 po) de diamètre suffiront. En production biologique, le bois traité ne doit pas être utilisé. L’espacement entre les poteaux peut varier de 5 à 6 m. La broche à palissage sera de grosseur 12 à 13. En climat nordique, il est recommandé de garder les grappes près du sol pour que celles-ci bénéficient de la chaleur qui s’en dégage (photo 2). Avec la vigne rustique, le premier fil est à environ 40 ou 50 cm de hauteur, le deuxième fil, double celui-là, 30 cm plus haut et le troisième encore 30 cm plus haut. Il faut s’ajuster selon le type de croissance du cépage.Avec des vignes buttées, les fils doivent être plus bas.

Plantation Deux types de plants sont vendus sur le marché : des plants en pots produits en serre à partir de bouture et des plants à racines nues d’un an. Le viticulteur commande les plants au début de l’hiver précédant la plantation. Les plants en pots ne peuvent être plantés avant juin, car auparavant leurs racines sont trop fragiles. Si le producteur opte pour des plants à racines nues et qu’il peut procéder à leur plantation dès leur réception, il doit d’abord les tremper pendant 6 à 12 heures dans une solution d’eau et d’argile avant de les planter. Si la plantation ne peut être réalisée dès la réception des plants, ceux-ci doivent être gardés dans un sol sableux et humide jusqu'à la plantation.

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Systèmes culturaux

Au fur et à mesure de la plantation, le viticulteur coupe les tiges, de façon à ne laisser que deux ou trois bourgeons par cep. L’un de ces bourgeons sera choisi comme tige principale l’année suivante. S’il s’agit de plants à racines nues, le producteur peut aussi couper les racines de sorte qu’elles ne mesurent que 15 à 20 cm de long, mais pas moins pour ne pas épuiser les réserves.Les racines superficielles sont,quant à elles,complètement coupées. Si le viticulteur opte pour des vignes greffées, il doit choisir des porte-greffes adaptés au type de conduite choisi et à la densité de plantation. Le point de greffe doit être au moins 5 à 8 cm audessus du sol. Les bourgeons qui se trouvent sous la terre doivent être enlevés. Dans tous les cas, il faut s’assurer que les jeunes vignes ne manquent pas d’eau après la plantation.

variétés à fertilité excessive, comme le Seyval, qui peuvent produire des fruits à partir des premiers bourgeons d’une tige. Avec la taille Guyot, il faut toujours laisser sur chaque plant des tiges qui serviront à produire la récolte de l’année suivante, soit des tiges de deuxième année, desquelles le viticulteur ne gardera que les deux premiers bourgeons, et des tiges fructifères qu’il gardera à six bourgeons et plus selon la variété (figure 1).

Taille

Selon la vigueur et l’espacement des vignes, le producteur gardera une série « tige fructifère–tige de remplacement » (Guyot simple) ou deux par ceps (Guyot double), ce qui est plus épuisant pour la vigne. Pour un maximum de production et de qualité, la tige fructifère a avantage à être arquée de façon à ce que les bourgeons du milieu soient plus hauts que ceux du bout, ce qui se fera lors de l’attache aux fils.

La taille est la principale opération à effectuer dans les vignes et, sans doute, la plus difficile à maîtriser. D’elle dépend le rendement, la stabilité des rendements avec les années, la vitesse de maturation des grappes et, dans une bonne mesure, la qualité de la récolte. La taille a pour objectif d’équilibrer la vigne. L’équilibre consiste à permettre que la plante mette assez d’énergie pour préparer la récolte de l’année suivante, tout en assurant à l’année en cours une bonne récolte en quantité et en qualité.

Pour les vignes rustiques, le viticulteur ne gardera en deuxième année qu’une tige sur les trois qui auront été produites à la suite de la taille à la plantation. De plus, il ne gardera que les cinq bourgeons terminaux, en prenant soin d’enlever les autres. Quand la tige gardée dépasse le fil du haut, le producteur la coupe à la hauteur du fil et l’attache. En zone froide, il est recommandé de préserver quelques tiges de remplacement, au cas où adviendrait un froid intense qui fasse mourir la tige principale.

Seule l’expérience permet d’évaluer si la taille est excessive ou non par rapport au site, aux cultivars, à la qualité recherchée, à l’espacement des ceps, etc. Le système de taille Guyot est le plus connu mondialement. Il sera expliqué dans les paragraphes qui suivent.

Les vignes buttées sont taillées en gobelet sans vraiment de système de formation, l’essentiel des points de croissance devant être gardés bas sur le plant où ils peuvent être protégés par le buttage. Le viticulteur peut quand même s’inspirer des grands principes ayant été donnés pour la taille Guyot, en retenant toutefois qu’avec des cépages comme le Seyval, il y a souvent abondance de repousses à partir du pied de la vigne, ce qui fait qu’il est moins important de garder des tiges de remplacement.

À part quelques exceptions comme le cultivar De Chaunac, les fruits des cultivars utilisés au Québec ne sont produits que sur du bois de deuxième année, rarement sur du bois plus vieux. Comme les deux ou trois premiers bourgeons d’une tige fructifère ne produisent pas de fruits sur plusieurs variétés, il faut généralement laisser six bourgeons pour avoir une production fruitière. Ce n’est pas le cas avec les

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Par contre, il faut savoir qu’il sera difficile de garder six bourgeons ou plus sur les tiges au port dressé qui auront été exposées au froid, d’où le peu d’intérêt à cultiver des variétés

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