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Mélanie Doyon et Juan-Luis Klein
Pour la sécurisation alimentaire au Québec Perspective territoriale
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Sous la direction de
Mélanie Doyon et Juan-Luis Klein
Pour la sécurisation alimentaire au Québec Perspective territoriale
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre : Pour la sécurisation alimentaire au Québec : perspective territoriale / sous la direction de Mélanie Doyon et Juan-Luis Klein. Noms : Doyon, Mélanie, éditeur intellectuel. | Klein, Juan-Luis, éditeur intellectuel. Collections : Géographie contemporaine ; 40. Description : Mention de collection : Géographie contemporaine ; 40 | Comprend des références bibliographiques et des index. Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20190022434 | Canadiana (livre numérique) 20190022442 | ISBN 9782760551794 | ISBN 9782760551800 (PDF) | ISBN 9782760551817 (EPUB) Vedettes-matière : RVM : Sécurité alimentaire—Québec (Province). | RVM : Aliments— Approvisionnement—Québec (Province). Classification : LCC HD9014.C33 Q8 2019 | CDD 363.809714—dc23
Révision Geneviève Cloutier Correction d’épreuves Christian Bouchard Conception graphique Marie-Noëlle Morrier Mise en page Interscript Images de couverture UQAM/Nathalie St-Pierre Parole d’excluEs, Système alimentaire pour tous Le Grenier boréal MRC d’Argenteuil Dépôt légal : 3e trimestre 2019 ›› ››
Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada
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AVANT-PROPOS
C
e livre s’inscrit dans la suite logique de deux événements que nous avons coorganisés. Le premier est le séminaire L’économie sociale et les initiatives en sécurité et souveraineté alimentaire au Québec, qui s’est tenu à Victoriaville le 25 février 20161. Le second est le séminaire Sécurité et souveraineté alimentaire en milieu rural : entre valeurs et besoins, qui a eu lieu à Montréal le 11 août 2016 dans le cadre du Forum social mondial2. Les deux événements ont permis de faire échanger praticiens, étudiants et chercheurs sur le thème de la sécurité et de la sécurisation alimentaires. Ils ont notamment mis en évidence les besoins de recherche et de documentation du sujet dans le contexte québécois, besoins que les différents chapitres de ce livre souhaitent contribuer à combler. Cet ouvrage a bénéficié du soutien financier du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC), qui finance le Collectif de recherche sur les innovations économiques, sociales et territoriales (CRIEST), dirigé par Juan-Luis Klein, dans le cadre du programme Soutien aux équipes de recherche 2018-2022. La publication de cet ouvrage a également été rendue possible grâce à la contribution financière du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES). Enfin, nous avons pu compter sur la précieuse collaboration de
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1. En collaboration avec le Centre d’innovations sociales en agriculture (CISA). 2. En collaboration avec le Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) et l’organisme de liaison et de transfert Territoires innovants en économie sociale et solidaire (TIESS).
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VIII
Pour la sécurisation alimentaire au Québec
atthieu Roy, agent de recherche au CRIEST, qui a assuré la révision M des textes, la première mise en page de l’ouvrage et la réalisation des index, ainsi que sur celle de Mourad Djaballah, cartographe au Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Mélanie Doyon et Juan-Luis Klein
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TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII Liste des figures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XV Liste des tableaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XVII Liste des sigles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIX INTRODUCTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1
Mélanie Doyon et Juan-Luis Klein
1. 2. 3. 4. 5.
La lutte pour la sécurité alimentaire : vers une transformation sociétale ? . . . . La recherche sur le problème de l’insécurité alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . Des facteurs de l’insécurisation alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’insécurité alimentaire au Québec. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La sécurisation alimentaire : pour une vision renouvelée de la lutte contre l’insécurité alimentaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6. Le contenu de ce livre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7. La contribution de ce livre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1 2 4 7 9 12 18
Partie 1 Face à l’insécurité alimentaire : acteurs et territoires. . . . . . . 19 Chapitre 1
La désertification alimentaire à Montréal : logique économique et réponse sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Darío Enriquez et Juan-Luis Klein
1. L’insécurité alimentaire en milieu urbain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 1.1. Les facteurs de l’insécurité alimentaire dans la ville . . . . . . . . . . . . . . . 23 1.2. Le processus de désertification alimentaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
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X
Pour la sécurisation alimentaire au Québec
1.3. L’épicerie complète et la désertification alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . 1.4. Les approches face à l’insécurisation alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. La géographie de la désertification alimentaire à Montréal. . . . . . . . . . . . . . . . 2.1. La part des grandes chaînes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. Les espaces désertifiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. Les actions solidaires en réponse à l’insécurité alimentaire à Montréal. . . . . . 4. Montréal-Nord : une illustration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1. La construction sociale d’une action systémique. . . . . . . . . . . . . . . . . . Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
25 26 28 28 30 32 36 37 39
Chapitre 2
Le développement d’une méthode pour localiser les déserts et les marais alimentaires à la suite de l’expérience de la région de Lanaudière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 Éric Robitaille, Marie-Claude Paquette, Élizabeth Cadieux et Dominique Corbeil
1. L’environnement alimentaire local, les déserts et les marais alimentaires . . . . 44 2. La sensibilisation et la mobilisation des partenaires de la santé publique aux caractéristiques de l’environnement alimentaire local par la DSPublique du CISSS de Lanaudière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 3. La méthode. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 3.1. La source des données. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 3.2. La catégorisation des commerces où sont vendus des aliments. . . . . . 51 3.3. La géolocalisation des commerces et la validation . . . . . . . . . . . . . . . . 51 3.4. Les analyses spatiales et statistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 4. Les résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 4.1. Les déserts alimentaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 4.2. Les marais alimentaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 4.3. Les déserts et marais alimentaires dans le même secteur. . . . . . . . . . . 54 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Chapitre 3
La sécurisation alimentaire à travers l’innovation socioagricole locale : le cas du Projet d’agriculture communautaire d’Argenteuil . . . . . . . . . . . 61 Camille Arsenault-Hétu et Mélanie Doyon
1. Le contexte territorial : situation socioéconomique et insécurité alimentaire. . . 2. Le cadre conceptuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1. Le circuit de proximité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. L’empowerment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Table des matières
3. Les aliments produits par le projet d’agriculture communautaire d’Argenteuil. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1. Le projet d’agriculture communautaire d’Argenteuil et la mise en place d’un circuit de proximité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2. La sécurisation alimentaire et l’empowerment de la communauté locale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4. La production maraîchère communautaire pour la sécurisation alimentaire. . . Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
XI
67 69 71 73 75
Chapitre 4
Les ceintures alimentaires et l’agriculture urbaine : composantes et variabilités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 Christopher Bryant et Antonia D. Bousbaine
1. Les conditions de réussite des projets alimentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. L’agriculture urbaine au Québec et la région métropolitaine montréalaise. . . . 2.1. Le Système alimentaire montréalais (SAM). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. Les agricultures de Senneville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Conclusion : la sécurité alimentaire et l’importance des projets alimentaires locaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
79 82 83 85 86
Partie 2 La sécurisation alimentaire par l’initiative locale : ressources, projets et acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Chapitre 5
Comment redistribuer les surplus de l’agriculture marchande vers l’aide alimentaire ? L’expérience de l’organisme Jardins solidaires . . . . 89 Mélanie Doyon
1. Le gaspillage, le glanage et l’aide alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 2. L’initiative Jardins solidaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Conclusion : l’intérêt et les limites du glanage pour diminuer l’insécurité alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Chapitre 6
Le Système alimentaire pour tous : un projet de sécurisation alimentaire basé sur la mobilisation citoyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Isabel Heck et Florianne Socquet-Juglard
1. La mobilisation citoyenne et les premières actions (Phase 1 : 2008-2009). . . 104 2. L’élargissement de l’initiative : vers un système alimentaire (Phase 2 : 2010-2015). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
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XII
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3. L’opérationnalisation du Système (Phase 3 : depuis 2016). . . . . . . . . . . . . . . 110 Conclusion : la place des citoyens dans le Système alimentaire pour tous. . . . 114 Chapitre 7
L’autonomisation alimentaire en milieu géographique adverse : le cas du Grenier boréal en Minganie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 Jessica Élie-Leonard et Mélanie Doyon
1. Longue-Pointe-de-Mingan : entre forêt et fleuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. L’insécurité alimentaire en Minganie : un vécu quotidien . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. Le Grenier boréal : une initiative agricole limitant l’insécurité alimentaire. . . . . 3.1. Les facteurs de réussite du Grenier boréal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2. Les défis rencontrés par le Grenier boréal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4. Le Grenier boréal : une initiative de sécurisation alimentaire en milieu géographique adverse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
118 120 124 126 127 128 130
Chapitre 8
L’entrepreneuriat social en agriculture urbaine : l’entreprise Les Fermes Lufa. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 Roufaï Ouro-Koura et Juan-Luis Klein
1. La sécurité alimentaire et l’agriculture urbaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.1. La sécurité alimentaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2. La lutte pour la sécurité alimentaire et l’agriculture urbaine. . . . . . . . . . 2. L’entrepreneuriat social et l’entreprise sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. L’étude de l’entreprise Lufa : précisions méthodologiques . . . . . . . . . . . . . . . . 4. Les résultats : l’entreprise Les Fermes Lufa à Montréal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1. Les ressources mobilisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2. Les objectifs et la vision de l’entreprise Lufa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3. Le développement des partenariats avec des producteurs agricoles. . . 4.4. Le système de commercialisation des produits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.5. Le soutien aux organismes d’aide alimentaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.6. Le compostage des déchets alimentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.7. La relation avec les partenaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.8. Les clients de l’entreprise : les Lufavores . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.9. Les employés : deux réalités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5. La contribution de Lufa à la sécurisation alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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134 135 136 137 138 139 140 142 142 143 143 144 144 145 145 146 148
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Table des matières
XIII
Chapitre 9
Le volet agricole d’une expérience d’innovation socioterritoriale : La Clé des Champs de Saint-Camille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 Pierre-André Tremblay, Mélanie Doyon, J uan-Luis Klein et Camille Arsenault-Hétu
1. 2. 3. 4. 5.
L’émergence du projet (2002-2003) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le démarrage de la coopérative (2004-2007). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La deuxième phase (2008-2009). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La crise (2010) et la transition (2011). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le passage à l’entreprise privée : un recul ? (2012 à aujourd’hui). . . . . . . . . . Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
155 156 160 161 164 167
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 Mélanie Doyon et Juan-Luis Klein
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 Notices biographiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193 Index thématique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197 Index des lieux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
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LISTE DES FIGURES
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Figure I.1.
La localisation des cas étudiés dans ce livre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Figure 1.1.
Les espaces de désertification alimentaire à Montréal. . . . . . . . . . . 29
Figure 1.2.
Les commerces alimentaires à Montréal-Nord (2015). . . . . . . . . . . 38
Figure 2.1.
La distribution spatiale des secteurs qualifiés de déserts alimentaires (n = 70) et le niveau d’accès géographique aux commerces d’alimentation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Figure 2.2.
La distribution spatiale des secteurs qualifiés de marais alimentaires (n = 30), indice de l’environnement alimentaire de détail (IEAD). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Figure 2.3.
La distribution spatiale des secteurs qualifiés de déserts et de marais alimentaires (n = 1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Figure 3.1.
Le réseau d’acteurs entourant le projet d’agriculture communautaire d’Argenteuil. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Figure 4.1.
La sécurité alimentaire et ses principales composantes. . . . . . . . . . 78
Figure 6.1.
Les partenaires et les projets du SAPT dans l’arrondissement de Montréal-Nord (2018). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
Figure 7.1.
La localisation du Grenier boréal et de la municipalité de Longue-Pointe-de-Mingan, Côte-Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
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LISTE DES TABLEAUX
Tableau I.1. Les chapitres du livre et leur objet d’étude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Tableau 1.1. La part des types de commerces de détail alimentaires québécois en pourcentages (2012-2016). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Tableau 1.2. Les déserts alimentaires sur l’île de Montréal. . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Tableau 1.3. Les initiatives alimentaires solidaires selon le type et la fréquence du faible revenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 Tableau 1.4. Les rendez-vous alimentaires de Montréal-Nord (2013-2017) . . . . 40 Tableau 2.1. Le niveau moyen de l’IEAD et le nombre de secteurs qualifiés de marais alimentaires selon les quintiles de la défavorisation. . . . 55 Tableau 4.1. Les conditions de réussite des projets alimentaires. . . . . . . . . . . . . 80
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LISTE DES SIGLES
ASC Agriculture soutenue par la communauté BAQ Les Banques alimentaires du Québec CA Conseil d’administration CAAP Comité d’aide alimentaire des Patriotes CATL Ceinture Aliment-Terre Liégeoise CEA Centre d’entraide d’Argenteuil CSSA Comité de suivi en sécurité alimentaire DSPublique Direction de santé publique FAO Food and Agriculture Organization of the United Nations (ou Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) IEAD Indice de l’environnement alimentaire de détail INSPQ Institut national de santé publique du Québec IUPE
Incubateur universitaire de Parole d’excluEs
LPM Longue-Pointe-de-Mingan MAPAQ Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec MRC Municipalité régionale de comté OBNL Organisme à but non lucratif PACA Projet d’agriculture communautaire d’Argenteuil PDZA Plan de développement de la zone agricole PFNL Produits forestiers non ligneux RCIP Regroupement citoyen de l’îlot Pelletier SAM Système alimentaire montréalais SAPT Système alimentaire pour tous SHAPEM Société d’habitation populaire de l’Est de Montréal
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INTRODUCTION Mélanie Doyon et Juan-Luis Klein
1. La lutte pour la sécurité alimentaire : vers une transformation sociétale1 ? La sécurité alimentaire est l’un des plus vieux enjeux du monde. Depuis toujours, les humains cherchent à répondre à leurs besoins alimentaires pour assurer leur survie. Les premières politiques agri coles avaient pour objectifs la gestion des stocks de céréales (Chaléard et Charvet, 2004) et le contrôle des prix de certaines denrées (Bruegel et Stanziani, 2004). Ces pratiques anciennes ont été entérinées par la Déclaration des droits de l’homme, qui inclut, dès 1976, le droit à une alimentation suffisante (Bruegel et Stanziani, 2004). Le concept de sécurité alimentaire, lui, émerge au cours de la crise alimentaire mon diale du milieu des années 1970, avec une perspective d’aide interna tionale. Les pays en situation de famine recevaient l’aide des pays qui en étaient exempts. Longtemps, la sécurité alimentaire a essentiellement ciblé la satis faction des besoins énergétiques. On cherchait à garantir la disponi bilité physique et calorique des produits alimentaires de base et à renforcer la capacité des États à accroître durablement leur production pour faire face à la croissance démographique et aux problèmes sociaux engendrés par la faim. Cela requérait des réformes sociales et écono miques importantes, notamment des réformes agraires, qui ont fait entrer le problème dans l’arène politique (Berthelot et de Ravignan, 1980). Par la suite, la sécurité alimentaire a été circonscrite à des dimensions sanitaires, mais aussi nutritionnelles et culturelles. Cette
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1. Ce texte reprend certains éléments du texte de Doyon (2019).
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tendance s’est poursuivie dans les années 1980 avec la mise en exergue de l’accessibilité physique et économique des denrées alimentaires pour les personnes, ce qui marque le passage d’une perspective mon diale et nationale à une perspective principalement centrée sur les familles et les individus (Maxwell, 1996). À partir du milieu des années 1990, cependant, la sécurité alimen taire intègre progressivement des dimensions sociétales. Les condi tions de sécurité alimentaire ont ainsi été redéfinies. Selon la Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO, ou Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), il y aurait sécu rité alimentaire « [l]orsque toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimenta tion suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine » (FAO, 1996). La sécurité alimentaire reprend alors de son ampleur, puisque de telles conditions ne peuvent exister que dans des cadres d’équité sociale et économique difficiles à établir dans le contexte du système économique dominant. Notre point de vue est que la sécurité alimentaire telle que définie par la FAO ne peut pas être atteinte sans une profonde transformation sociétale. C’est la perspective dans laquelle s’inscrit ce livre.
2. La recherche sur le problème de l’insécurité alimentaire Le thème de la sécurité alimentaire a fait l’objet de nombreuses recherches, certes importantes et utiles. Mais son étude s’est souvent limitée à l’analyse des niveaux d’insécurité alimentaire. Ces recherches ont été menées tant au niveau international (Janin et de Suremain, 2012 ; Touzard et Temple, 2012) qu’au niveau du Québec (Blanchet, Rochette et Hamel, 2011 ; Hamelin, Beaudry et Habicht, 1998). La plu part des recherches réalisées à l’international portent sur les pays du Sud, particulièrement l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud. Cela s’explique notamment par le fait que la majorité des pays qui ont connu des famines s’y trouvent (IFPRI, 2015 ; Pouch, 2019) et que les crises alimentaires d’origine naturelle et anthropique y sont plus fré quentes (Josserand, 2006). Ces études se sont pour plusieurs intéres sées au diagnostic, ainsi qu’aux niveaux et aux types d’insécurité alimentaire (chronique, transitoire, saisonnière ; FAO, 2008). Certaines recherches ont également abordé les causes de l’insécurité alimentaire
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(Brunel, 2009 ; Jonsson, 1998), ainsi que les modalités d’intervention pour y faire face (aide, autonomisation, mobilisation pour le droit à l’alimentation) et leur évolution (Janin, 2010). En ce qui concerne les pays dits du Nord, en raison certainement de leurs conditions de vie largement supérieures à celles des pays du Sud, ils n’ont été que tardivement inclus dans la problématique de la sécurité alimentaire. Les indicateurs concernant l’économie, la santé et l’éducation, tous fondés sur des moyennes, occultaient les situations de franges de la population ou de régions qui vivaient des problèmes alimentaires importants. Aussi, les recherches sur la sécurité alimen taire dans ces pays ont ciblé au départ moins les carences dans l’acces sibilité des aliments pour les citoyens que leur qualité. Ce ne sont pas les images de corps décharnés du type de celles des enfants du Biafra qui ont éveillé les consciences à l’égard des problèmes alimentaires dans les pays du Nord, mais plutôt celles des corps obèses d’une partie de leurs citoyens, associées notamment à la « malbouffe », alors que le tourisme2 et plus généralement les déplacements internationaux per mettaient de voir en parallèle les populations opulentes du Nord et celles fragiles du Sud. Ce sont ces constats qui ont ouvert la voie vers l’analyse de la malnutrition dans le Nord (Hamelin et Bolduc, 2003 ; Hubert, 2006). Ainsi, au Canada comme dans plusieurs pays occidentaux, le pro blème alimentaire n’a été reconnu comme crucial pour des parties importantes de la population qu’à partir de la récession économique du début des années 1980, qui a provoqué la perte d’actifs industriels et d’emplois dans les grandes villes et dans les régions ressources, et a posé des difficultés considérables liées à l’appauvrissement des populations des territoires affectés (Fontan, Klein et Tremblay, 2005). Pour les décideurs, ce problème ne pouvait être que passager et devait se résorber de lui-même avec la reprise économique (Tarasuk, 2001). Cependant, la perte d’actifs, le ralentissement de l’emploi et l’augmen tation du chômage se sont poursuivis jusqu’à la deuxième moitié des années 1990. La reprise alors amorcée n’a pas effacé le problème ali mentaire, si bien que le recours aux différentes formes d’aide alimen taire que l’on observait alors (Rouffignat, 1998) n’a jamais diminué depuis. Une réflexion sur les raisons qui expliquent les carences en sécurité alimentaire dans des pays en théorie riches s’impose donc.
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2. Comme le montre l’excellent film Le soleil des hyènes, réalisé en Tunisie en 1977 par Ridha Béhi.
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Comment est-il possible que dans des sociétés dont les indicateurs de richesse explosent, des couches importantes de la population vivent dans des conditions d’insécurité alimentaire ?
3. Des facteurs de l’insécurisation alimentaire À partir des travaux de divers chercheurs dans le monde dit déve loppé, nous pouvons dégager huit facteurs qui interviennent dans l’insécurisation alimentaire, à savoir : L’inaccessibilité physique aux aliments : ce facteur fait réfé rence à la capacité des résidents à accéder aux aliments néces saires à une saine alimentation sans avoir à parcourir des distances qui auraient un effet dissuasif ou qui en rendraient l’accès trop onéreux. Ce facteur est souvent invoqué pour déter miner l’existence de « déserts alimentaires », soit des espaces où il est difficile pour les résidents de s’approvisionner en nourri ture adéquate, car ils représentent peu d’intérêt pour les prin cipaux commerces alimentaires en raison de la faible solvabilité des familles qui y résident ou de l’insuffisante densité de popu lation. L’analyse des déserts alimentaires, par trop souvent limitée à des indicateurs de distance et d’accessibilité, doit consi dérer les grands facteurs qui ont une incidence sur la localisa tion des jalons de la distribution alimentaire, dont la rentabilité des entreprises de production et de distribution. La précarité financière : ce facteur est lié aux difficultés finan cières empêchant les résidents fragiles économiquement de se procurer des denrées alimentaires adéquates. La précarité éco nomique se concentre dans certains espaces urbains ou ruraux. Dans le cas des espaces urbains, il s’agit de quartiers appauvris par l’effet des mutations sociotechniques qui favorisent d’autres espaces où se concentrent la production à haute valeur ajoutée et les résidents fortunés. Dans plusieurs cas, il s’agit de quar tiers centraux qui subissent des processus d’embourgeoisement accentuant la précarité des plus démunis (Ghaffari, Klein et Angulo, 2018). Dans le cas des espaces ruraux, il s’agit en géné ral de régions affectées par des processus de périphérisation ou par la dissociation entre la structure de production agricole et les besoins des résidents. Dans tous les cas, la précarité écono mique relève en fin de compte de la faiblesse des revenus, ce qui établit un lien entre la lutte pour la sécurisation alimentaire et la lutte contre la pauvreté.
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La vulnérabilité sociosanitaire : ce facteur concerne certaines caractéristiques de la population comme l’état de santé (âge, maladies, problèmes psychosociaux) et la composition familiale (familles nombreuses, monoparentalité) qui accentuent l’inca pacité économique et font en sorte que les distances entre le domicile et les commerces offrant les denrées alimentaires sont trop difficiles à parcourir. Le décalage et les changements culturels : ce facteur fait réfé rence aux habitudes et aux préférences alimentaires de per sonnes ou de groupe de personnes et à leur lien avec les stratégies d’amélioration de la sécurité alimentaire ainsi qu’aux changements dans les pratiques d’approvisionnements et de consommation des segments de populations. La dimension culturelle de l’insécurité alimentaire concerne soit la connais sance insuffisante des résidents quant à l’utilisation des res sources alimentaires existantes, soit l’inadéquation entre les aspirations des personnes et l’offre alimentaire existante. On peut penser à des membres de certaines communautés cultu relles, essentiellement dans les villes, qui éprouvent des difficultés à se procurer des aliments compatibles avec leurs coutumes. On peut penser également à la situation de résidents de longue date qui, dans des espaces urbains soumis à l’embourgeoise ment ou dans des espaces ruraux affectés par une présence forte de néoruraux, voient leur milieu de vie se transformer, ce qui se traduit par la mutation de l’offre de produits alimentaires. À cela, il faut ajouter le recul des pratiques traditionnelles d’ap provisionnement dans certains territoires ruraux, surtout éloi gnés, comme le montrent Élie-Leonard et Doyon dans ce livre. Les contraintes politiques et institutionnelles : ce facteur fait référence aux cadres administratifs et réglementaires établis par les différents paliers de gouvernement (fédéral, provincial et municipal) et même à des conventions internationales. On peut penser aux contraintes posées par la réglementation municipale (p. ex. le fait de pouvoir faire ou non un potager devant la maison), aux règlements relatifs aux activités traditionnelles, aux normes sanitaires concernant les aliments ou encore aux politiques rendant difficile l’accès à la terre pour les petits producteurs, notamment ceux de la relève. L’insalubrité alimentaire : ce facteur fait référence en général à l’hygiène de la nourriture et aux conditions dans lesquelles elle est produite, conservée et transformée. Or, les dénonciations en cours au moment de l’écriture de ces pages sur les effets pour
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la santé de l’utilisation massive, dans la production de cer taines denrées, de pesticides cancérigènes comme le Roundup de Monsanto, qui contient des concentrations importantes de glyphosate, signalent l’urgence de renouveler l’analyse sur le thème de l’insalubrité et de considérer les facteurs qui conduisent des populations à consommer des aliments impropres au regard de la santé3. La perte des ressources productives : ce facteur concerne d’une part le détournement de terres agricoles vers d’autres usages. Avec la croissance de la population, des terres agricoles à proxi mité des villes sont transformées au profit d’usages urbains, alors que dans les milieux ruraux, d’autres types d’usages, comme celui de la villégiature, se répandent sur des espaces autrefois productifs (Loyer et Doyon, à paraître). Ces ressources soustraites à la production agricole diminuent la capacité des territoires à produire des aliments et, par conséquent, leur auto nomie alimentaire. Ce phénomène est particulièrement criant dans les pays du Sud, où l’accaparement des terres agricoles par des compagnies souvent étrangères sévit, transformant les espaces d’agriculture vivrière en des espaces de production d’exportation. Un exemple flagrant de ce phénomène est le remplacement par Monsanto de la production vivrière pour consommation nationale par la production de soja transgénique destiné à l’exportation en Argentine (Lacombe, 2012 ; Svampa et Viale, 2019). Au Québec, ce phénomène est moins présent en raison de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA), adoptée en 1976, qui a permis de limiter l’urbanisation à proximité des grands centres. Par ailleurs, une seconde loi, adoptée en 1979, la Loi sur l’acquisition des terres par des non-résidents, a permis de conserver les terres agricoles entre les mains des résidents du Québec (Meloche et Debailleul, 2013), sans toutefois empêcher l’acquisition de terres agricoles par des non-agriculteurs (p. ex. des villégiateurs) qui valorisent peu le potentiel agricole de leurs terres4. D’autre part, selon une logique similaire, le détournement de l’eau utilisée en produc tion agricole vers des usages non agricoles, ou vers des pro ductions agricoles ne s’adressant pas aux populations locales, peut constituer un enjeu de taille pour certains territoires.
3. Voir, entre autres, Zhang et al. (2019). 4. C’est une tendance bien ancrée et favorisée par l’approche de l’économie présentielle, de plus en plus préconisée pour le développement des milieux ruraux. Sur l’application de cette approche au Québec, voir Doyon et al. (2013).
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Le changement et la variabilité climatiques : ce facteur a une incidence importante sur les ressources, les infrastructures et les fonctionnements. Le système alimentaire est responsable d’une part non négligeable de l’émission de gaz à effet de serre, en raison notamment de la déforestation pour l’agrandissement de l’espace de production, de l’élevage et des échanges ali mentaires à l’échelle de la planète. La production agricole est également « victime » du changement et de la variabilité clima tiques. Le réchauffement contribue, entre autres, à la raréfaction, voire à l’épuisement de la ressource en eau essentielle à la pra tique agricole, alors que la variabilité provoque des événements météorologiques extrêmes affectant les récoltes, les élevages et dégradant les sols. Le cumul d’incidents climatiques à l’échelle de la planète peut entraîner une hausse des prix des aliments. Par exemple, au cours des dernières années, le prix des fruits et des légumes frais vendus au Canada a connu des augmen tations, notamment en raison des importantes sécheresses qui ont sévi en Californie. Ces augmentations ont amené certains consommateurs canadiens à limiter leurs achats de tels produits (Sagan, 2016). Évidemment, ces facteurs se combinent dans les espaces urbains et ruraux. Si l’inaccessibilité physique aux aliments de qualité pour certaines couches sociales est souvent accentuée par la précarité éco nomique ou la vulnérabilité sociale de celles-ci et par la mauvaise qualité des aliments qui leur sont offerts, l’inadéquation entre l’offre et les besoins des communautés peut créer des situations où le système alimentaire révèle son insuffisance. Qui plus est, c’est l’incapacité d’un système dont les différents facteurs sont régulés par le marché ou subissent la pression de celui-ci qui est mise au jour par la lutte contre l’insécurité alimentaire. Les approches favorisant la sécurisation ali mentaire se doivent donc d’agir sur de multiples dimensions et à diverses échelles (Touzard et Temple, 2012 ; Temple et al., 2015), ce qui interpelle les acteurs sociaux, économiques et politiques et replace la lutte contre l’insécurité alimentaire dans la perspective d’un grand projet de transition sociétale et écologique.
4. L’insécurité alimentaire au Québec Plusieurs chercheurs ayant travaillé sur l’insécurité alimentaire au Québec se sont concentrés sur la mesure et la localisation du phénomène (Blanchet et al., 2011 ; Hamelin, Beaudry et Habicht, 1998), notamment
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sur l’identification des déserts alimentaires (Bertrand, 2006 ; Apparicio, Cloutier et Shearmur, 2007 ; Lebel et al., 2015 ; Robitaille et Bergeron, 2013 ; Robitaille et al., dans le présent ouvrage). D’autres recherches ont abordé les causes sociales de cette insécurité alimentaire (Hamelin, Beaudry et Habicht, 2002), les différentes modalités d’intervention cherchant à l’atténuer (Rouffignat et al., 1996 ; Tremblay et al., 2006 ; Enriquez, 2018), la prise en compte de ce problème dans les politiques gouvernementales (Hamelin et Bolduc, 2003), ainsi que les aspects légaux et juridiques de la question (Parent, 2015 ; Parent et Desjardins, 2015). Et certains chercheurs se sont, quant à eux, intéressés à ce pro blème dans des contextes particuliers. Par exemple, Drolet-Brassard (2015) s’est intéressé à la situation d’insécurité alimentaire des aînés à Québec. Laflamme (2014) et Lachance (2017) se sont quant à eux pen chés sur la sécurité alimentaire dans les territoires nordiques où la dépendance envers le Sud et le prix des aliments contribuent à l’insé curité alimentaire des habitants. Plus récemment, des auteurs ont abordé la sécurité alimentaire en contexte de changement climatique (Parent et Buis, 2017). Il se dégage de ces travaux l’existence d’un problème d’offre ali mentaire (absence de commerces proposant des aliments frais et diver sifiés) (Robitaille et Bergeron, 2013 ; Robitaille et al. ainsi que Enriquez et Klein, dans le présent ouvrage) et d’accessibilité financière, les populations les plus pauvres n’ayant pas les moyens de se procurer des aliments sains en quantité suffisante (Hamelin et Bolduc, 2003 ; Heck et Socquet-Juglard, dans le présent ouvrage). L’augmentation du recours aux banques alimentaires témoigne d’ailleurs de l’accentua tion de ce phénomène : +4,9 % entre 2016 et 2017, et +33,7 % depuis 2008 (Les Banques alimentaires du Québec [BAQ], 2017). Comme le montreront certains chapitres de ce livre, le problème de la sécurité alimentaire s’intensifie, et ce, aussi bien en milieu urbain que rural. À Montréal, la désertification alimentaire progresse au rythme de la dévitalisation de quartiers qui vivent encore les effets de la crise industrielle des années 1980, comme le montrent certains espaces de l’arrondissement du Sud-Ouest, où l’inaccessibilité à des aliments sains à un prix abordable a amené les résidents à faire preuve de créativité et à mettre en œuvre des entreprises collectives visant à procurer aux moins nantis la possibilité de se nourrir correctement. L’un des derniers et plus éclatants exemples en cette matière est celui de l’Épicerie Le Détour, mise en activité au Bâtiment 7 dans le but de pallier la désertification alimentaire flagrante qui sévit à Pointe-SaintCharles, un quartier défavorisé qui fut jadis un de ceux où l’activité industrielle était la plus intense à Montréal (Klein et Shearmur, 2017).
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Dans cette ville, la désertification alimentaire affecte aussi des quar tiers résidentiels qui, sans avoir été touchés directement par la perte d’emplois industriels, ont vu augmenter leur nombre de résidents économiquement et socialement précaires. C’est notamment le cas de Montréal-Nord, dont il sera question dans deux chapitres de ce livre (celui d’Enriquez et Klein, et celui de Heck et Soquet-Juglard). L’insé curité alimentaire qui sévit dans ce quartier amène des acteurs à mettre en œuvre des expériences qui favorisent l’insertion sociale et qui donnent une réponse à l’incapacité financière de se procurer de la nourriture adéquate, comme l’organisme « Les fourchettes de l’espoir » dans la zone la plus appauvrie de Montréal-Nord (Antenor, 2013). Mais, comme nous l’avons mentionné, la désertification alimen taire ne se limite pas à la ville. Robitaille et Bergeron (2013) estiment que 13,1 % de la population rurale habite un désert alimentaire. Or, peu d’études spécifiques aux milieux ruraux ont jusqu’à présent été menées, et le besoin de recherches dans ces milieux a été constaté (Minaker et al., 2016). Tout de même, Lebel et al. (2015) ont cherché à cerner les déserts alimentaires dans quatre municipalités régionales de comté (MRC) essentiellement rurales de la région Chaudière- Appalaches. Les milieux ruraux sont souvent associés à la production agricole. Dans certains de ces milieux, la production est abondante et crée même des surplus ou des aliments déclassés et peuvent être mis à profit afin d’améliorer la sécurité alimentaire (voir le chapitre 5, de Doyon, dans le présent ouvrage). D’autres milieux ruraux connaissent des conditions biophysiques ou sociales qui font obstacle au dévelop pement de l’agriculture (voir le chapitre d’Élie-Leonard et Doyon dans le présent ouvrage) ou qui favorisent une activité agricole déconnectée de la consommation locale. Dans ces circonstances, il nous apparaît également pertinent de proposer dans ce livre une lecture de la sécu risation alimentaire en milieu rural ainsi qu’un croisement des enjeux ruraux et urbains. C’est en cela que l’approche géographique qui lie le rural et l’urbain élargit notre compréhension de l’insécurité a limentaire dans une perspective de sécurisation.
5. La sécurisation alimentaire : pour une vision renouvelée de la lutte contre l’insécurité alimentaire La notion de sécurisation alimentaire est relativement récente. Avant les années 2000, elle n’a été que sporadiquement mobilisée dans la lit térature sur l’alimentation et est restée peu définie (Janin et Dury, 2012 ; Touzard et Temple, 2012). Au début des années 1980, Cissé la décrivait
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comme « une stratégie [qui] se réalise, en fonction de l’héritage histo rique des peuples concernés et des contraintes physiques, climatiques contre lesquelles ils sont en butte, suivant des tactiques qui sont une manière non pas forcément de résoudre mais de détourner ou de contourner les difficultés rencontrées » (1983, p. 351). Plus récemment, la notion de sécurisation alimentaire s’est imposée et les écrits scien tifiques ont proposé un concept multidimensionnel (Touzard et Temple, 2012 ; Temple et al., 2015), mais également multiniveau, faisant interagir les niveaux individuel, local, national et global. Au niveau individuel, cette notion concerne les habitudes d’alimentation indivi duelles et familiales. Au niveau local, elle renvoie aux processus qui permettent une meilleure gestion des conditions d’approvisionnement des consommateurs en biens alimentaires. Au niveau national, elle renvoie aux politiques publiques et à l’investissement des États dans les facteurs qui influencent la production des denrées alimentaires, les circuits de production et de consommation ainsi que les conditions d’approvisionnement. Et au niveau global, elle concerne les facteurs financiers, technologiques et politiques qui soumettent la production et la distribution des aliments aux règles de la productivité et de la rentabilité imposées par un modèle économique qui donne peu de valeur au bien-être des citoyens. Le concept de sécurisation alimentaire facilite l’appréhension des nouvelles dynamiques alimentaires et la prise en compte de la diver sité des stratégies mises en œuvre. Il en est ainsi parce que la notion de sécurisation alimentaire est davantage liée aux sciences du territoire que celle de sécurité alimentaire (Janin et Dury, 2012), ce qui permet d’aborder ces questions de façon moins sectorielle et plus holistique. Elle concerne la mise en œuvre d’actions territorialisées prenant en compte les besoins et les aspirations citoyennes, mais aussi les enjeux (disponibilité, accessibilité, qualité) et les ressources (biophysiques, financières, humaines et organisationnelles) à la disposition des acteurs. Somme toute, la sécurisation alimentaire s’inscrit dans « une approche actionnaliste » (Janin et al., 2015 ; Gumuchian et al., 2003), c’est-à-dire qu’elle s’intéresse aux acteurs qui mettent en œuvre des initiatives destinées à transformer le cadre institutionnel et organisa tionnel qui commande les systèmes alimentaires. Il s’agit ainsi d’une approche qui vise à procurer aux acteurs (producteurs, élus, orga nismes communautaires) des outils pour infléchir les tendances qui créent l’insécurité alimentaire.
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Dans ce livre, nous postulons une vision de la sécurisation alimen taire selon laquelle les acteurs individuels et collectifs territorialisent les actions contre l’insécurité alimentaire (Doyon, 2019 ; DesrosiersCôté et Doyon, à paraître ; Doyon, Desrosiers-Côté et Loyer, 2016). Plus spécifiquement, ce livre s’intéresse à la dimension territoriale de la sécurisation alimentaire au Québec afin de mieux faire apparaître la complexité des enjeux et la diversité des solutions mises en œuvre. Si, comme nous l’avons dit, les questions de localisation géographique ont été largement étudiées dans différents travaux, les dynamiques territoriales, tant biophysiques que socioéconomiques et politiques, qui les provoquent aux différentes échelles ont jusqu’à maintenant été peu considérées dans les recherches menées au Québec. Certains grands éléments associés aux sciences du territoire seront ainsi mobilisés dans ce livre par divers auteurs. Citons notamment la notion d’acteur. Celle-ci a commencé à s’imposer en géographie dans les années 1970, avec une réelle accélération à partir du début des années 1980. Issue fondamentalement des travaux de Touraine (1984), la notion d’acteur a donné un nouvel éclairage à des questions socio territoriales qui jusqu’alors étaient abordées dans des perspectives structuralistes ou fonctionnalistes (Bryant, 1995 ; Gumuchian et al., 2003). Qu’il soit individuel ou collectif, l’acteur est celui qui réalise des projets, qui met en œuvre des initiatives, qui entreprend. L’approche territoriale s’intéresse aux initiatives ancrées dans le territoire qui sont issues de la collaboration d’acteurs qui partagent un sentiment d’appar tenance à un territoire ainsi qu’une préoccupation pour le bien com mun (Klein, 2014). Les ressources territoriales constituent un second élément central de l’approche actionnaliste puisqu’elles influencent de manière importante la mise en place des initiatives, d’autant plus que les territoires en sont inégalement pourvus et qu’elles sont spécifiques à chacun d’eux (Gumuchian et Pecqueur, 2007 ; Glon et Pecqueur, 2016). L’intérêt de considérer pleinement la dimension territoriale des initiatives de sécurisation alimentaire est double. D’une part, les prin cipes d’agriculture de proximité sur lesquels repose la sécurisa tion alimentaire facilitent l’accès des personnes en situation d’insécurité alimentaire ou habitant des milieux éloignés (Chan et al., 2006) aux fruits et légumes frais, soit des denrées onéreuses pour les populations les plus pauvres (Stewart, Blisard et Jolliffe, 2003) et négligées dans un contexte d’aide alimentaire. De plus, les initiatives locales peuvent favoriser l’engagement d’individus en échange d’aliments, permettant ainsi de réduire la stigmatisation, voire le sentiment de honte que
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connaissent certains bénéficiaires de l’aide alimentaire (Hamelin, Beaudry et Habicht, 2002). D’autre part, la mise en œuvre de stratégies de sécurisation alimentaire inscrit la lutte contre l’insécurité alimen taire dans des processus plus vastes visant le développement intégré des ressources des communautés par les communautés mêmes dans une logique d’émancipation.
6. Le contenu de ce livre Ce livre est structuré en deux parties. La première, intitulée « Face à l’insécurité alimentaire : acteurs et territoires », comprend quatre cha pitres qui abordent des dimensions théoriques, conceptuelles et méthodologiques qui, dans tous les cas, ont des applications dans le contexte du Québec (figure I.1). Ces chapitres donnent à voir la dimension territoriale de l’insécurité alimentaire. Au chapitre 1, Darío Enriquez et Juan-Luis Klein mettent l’accent sur les facteurs globaux et locaux qui entraînent la désertification ali mentaire en milieu urbain, concrètement à Montréal, ainsi que sur les actions mises en œuvre pour la contrer. Ils montrent que la déserti fication alimentaire constatée dans certains quartiers ne frappe pas l’ensemble des résidents, mais plutôt les plus démunis et les plus vul nérables, si bien que l’approche de l’accessibilité aux principaux com merces alimentaires doit tenir compte de la condition socioéconomique des résidents et être expliquée dans une perspective globale. Enriquez et Klein ciblent l’arrondissement de Montréal-Nord pour montrer l’intensité du phénomène de la désertification alimentaire et pour ana lyser des actions collectives qui proposent une approche alternative mobilisant les acteurs socioéconomiques et communautaires. Au chapitre 2, Éric Robitaille, Marie-Claude Paquette, Élizabeth Cadieux et Dominique Corbeil, en miroir au chapitre 1, abordent eux aussi la désertification alimentaire, mais en milieu rural. Les auteurs présentent une démarche utilisée par la Direction de santé publique de Lanaudière afin de sensibiliser les acteurs partenaires à l’environ nement alimentaire de leur territoire. Celle-ci permet de cerner les déserts et les marais alimentaires dans la région afin de nourrir la réflexion des acteurs quant aux actions à mettre en œuvre. Au chapitre 3, Camille Arsenault-Hétu et Mélanie Doyon étudient une démarche de sécurisation alimentaire à l’échelle régionale, soit le Projet d’agriculture communautaire d’Argenteuil, mise en œuvre en
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réponse à la précarité socioéconomique et aux problèmes de santé d’une partie de la population. Le projet analysé vise à améliorer l’aide alimentaire fournie aux populations vulnérables. L’analyse donne à voir une nouvelle forme de mobilisation des acteurs locaux et des instances publiques autour des enjeux de la sécurisation alimentaire, révélant une approche du développement qui intègre les sphères sociales aux sphères économique et environnementale – une préoccupa tion moins typique pour les administrations municipales régionales. Au chapitre 4, Christopher Bryant et Antonia D. Bousbaine abordent les enjeux de la sécurisation alimentaire à partir d’une vision plus large qui situe les actions menées au Québec, en particulier à Montréal, dans un cadre canadien et international. Ils présentent dif férentes formes de protection des villes contre l’insécurité alimentaire. Parmi celles-ci, ils ciblent les ceintures alimentaires, qui incluent des espaces agricoles situés en périphérie des métropoles, mais aussi à l’intérieur de celles-ci, et constituent une option face à la séparation de l’urbain et du rural. La deuxième partie s’intitule « La sécurisation alimentaire par l’initiative locale : ressources, projets et acteurs ». Elle comprend cinq chapitres qui portent sur des cas d’actions collectives ou d’entreprises sociales qui innovent sur les plans social, productif et environnemental et qui, tout en améliorant les conditions alimentaires des collectivités locales, mettent en pratique des expériences qui peuvent inspirer des modèles alternatifs. Au chapitre 5, Mélanie Doyon analyse le cas de l’organisme Jardins solidaires, une initiative misant sur la récupération de fruits et de légumes invendus ou déclassés sur les fermes pour améliorer la quantité et la fraîcheur des fruits et légumes fournis par l’aide alimentaire locale. L’étude de cas montre le potentiel de complé mentarité entre une agriculture conventionnelle marchande et une initiative alternative en milieu rural métropolitain pour améliorer la sécurité alimentaire. Au chapitre 6, Isabel Heck et Florianne Soquet-Juglard présentent l’expérience menée par l’organisme Parole d’excluEs qui, réagissant à la désertification alimentaire à Montréal-Nord, a amorcé une trajec toire de lutte contre l’insécurité alimentaire dans laquelle un groupe d’achat et une coopérative alimentaire donnent lieu à la proposition d’un nouveau système alimentaire, le Système alimentaire pour tous. Ce chapitre place la lutte contre l’insécurité alimentaire dans une vision intégrée de la revitalisation des quartiers urbains.
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Source : Réalisé par Mourad Djaballah, Géolab, Université du Québec à Montréal ; adapté de ESRI, HERE, DeLorme, MapmyIndia, OpenStreetMap contributors, and the GIS user community.
La localisation des cas étudiés dans ce livre
FIGURE I.1.
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Introduction
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Au chapitre 7, Jessica Élie-Leonard et Mélanie Doyon se penchent sur le cas du Grenier boréal, une coopérative de solidarité située à Longue-Pointe-de-Mingan, sur la Côte-Nord. Dans ce lieu dont les conditions biophysiques et la localisation sont défavorables à la production agricole et plus largement à l’approvisionnement alimen taire, des acteurs ont créé un espace de production maraîchère afin d’offrir des aliments frais à la population, innovant ainsi sur le plan technologique aussi bien que social. Sur le plan technologique, la coopérative met en place des conditions qui lui permettent de contre carrer les contraintes biophysiques. Et sur le plan social, elle favorise l’autonomie, un aspect essentiel pour une communauté périphérique et éloignée. Au chapitre 8, Roufaï Ouro-Koura et Juan-Luis Klein analysent un cas particulier d’agriculture urbaine, celui de l’entreprise sociale Les Fermes Lufa. Mise sur pied dans l’arrondissement d’Ahuntsic- Cartierville, à quelques pas d’un pôle commercial montréalais connu sous le nom de Marché Central, l’entreprise Les Fermes Lufa a implanté un important espace de production maraîchère en serre sur le toit d’un édifice, expérience qui a été répliquée par la suite dans l’arrondisse ment d’Anjou et dans la ville de Laval. L’entreprise, qui est privée mais possède toutes les caractéristiques de l’entrepreneuriat social, innove sur le plan technologique en mettant en œuvre de nouvelles tech niques de production et de gestion, et sur le plan social en étant le pivot d’une structure de distribution qui inclut des producteurs agricoles locaux et des commerces. Au chapitre 9, Pierre-André Tremblay, Mélanie Doyon, Juan-Luis Klein et Camille Arsenault-Hétu abordent le cas de l’entreprise La Clé des champs de Saint-Camille. Cette entreprise s’inscrit dans un pro cessus de revitalisation jalonné par plusieurs générations d’initiatives, auxquelles elle ajoute une dimension nouvelle. Ancienne coopérative devenue entreprise privée, mais s’inscrivant toujours dans le cadre institutionnel axé sur l’économie sociale et solidaire qui est dominant à Saint-Camille, La Clé des champs de Saint-Camille favorise l’auto nomie alimentaire des citoyens et contribue à densifier les interrela tions du village avec des villages voisins, avec la ville de Sherbrooke et avec sa région. Le tableau I.1 présente une synthèse des différents chapitres du livre et leur objet d’étude.
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Objet d’étude
Acteur/forme
Le Projet d’agriculture communautaire d’Argenteuil
Les déserts et les marais alimentaires dans Lanaudière Collectivité territoriale
Direction de santé publique de Lanaudière
Acteurs sociaux La lutte contre la désertification alimentaire à Montréal
Les ceintures alimentaires Les ceintures alimentaires Acteurs en milieu métropolitain municipaux, acteurs et l’agriculture urbaine ; socioéconomiques Bryant et Bousbaine
Arsenault-Hétu et Doyon
La sécurisation alimentaire à travers l’innovation socioagricole locale ;
Robitaille et al.
Localiser les déserts et les marais alimentaires dans Lanaudière ;
Enriquez et Klein
La désertification alimentaire à Montréal ;
Partie 1 : Face à l’insécurité alimentaire : acteurs et territoires
Titre abrégé et auteurs
Les chapitres du livre et leur objet d’étude
TABLEAU I.1.
Ville, agglomération
MRC
Région
Ville, agglomération
Échelle d’analyse
Cadrer la ville dans un mouvement général de sécurisation alimentaire
Améliorer la quantité et la fraîcheur des fruits et des légumes pour les personnes dans le besoin
Nourrir la réflexion des acteurs locaux et régionaux et soutenir leur intervention
Dénoncer les facteurs globaux qui produisent l’insécurisation et proposer une approche pour la contrer
Enjeux ciblés
Perspective comparative canadienne et internationale
Processus de mise en œuvre d’une perspective collaborative en milieu rural
Méthode de recherche et d’analyse
Vision globale et locale de la lutte contre la désertification alimentaire
Contribution
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Tremblay et al.
Le volet agricole d’une expérience d’innovation socioterritoriale ;
Ouro-Koura et Klein
L’entrepreneuriat social en agriculture urbaine ;
Élie-Leonard et Doyon
L’entreprise La Clé des champs de Saint-Camille
L’entreprise Les Fermes Lufa
La coopérative Le Grenier boréal
L’autonomisation alimentaire en milieu géographique adverse ;
Heck et Soquet-Juglard
La mobilisation citoyenne pour la sécurisation alimentaire dans le cadre de Parole d’excluEs
L’organisme Jardins solidaires
Le Système alimentaire pour tous ;
Doyon
Comment détourner les surplus de l’agriculture marchande vers l’aide alimentaire ?
De coopérative à entreprise privée
Entrepreneuriat social
Coopérative
OBNL de revitalisation urbaine
Organisme à but non lucratif (OBNL)
Entreprise, communauté locale
Ville, région
Région
Arrondissement, quartier
MRC
Partie 2 : La sécurisation alimentaire par l’initiative locale : ressources, projets et acteurs
Innovation technologique en agriculture urbaine
Nouvel espace de production alimentaire en milieu rural périphérique
Implantation d’un système de distribution alternatif
Récupération sur les fermes de fruits et légumes déclassés ou invendus
Entreprise sociale Inscrire l’alimentaire dans un projet intégré de d’agriculture en milieu développement local rural rural
Produire en serre des denrées selon des normes biologiques toute l’année
Améliorer la quantité et la fraîcheur des fruits et des légumes pour les personnes
Montrer l’évolution d’un mouvement de coconstruction d’une approche alternative
Améliorer la quantité et la fraîcheur des fruits et des légumes pour les personnes dans le besoin
Introduction
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Pour la sécurisation alimentaire au Québec
7. La contribution de ce livre ? Ce livre procurera un premier cadre global de réflexion concernant l’action territoriale pour la sécurisation alimentaire au Québec. Le lec teur y trouvera aussi une boîte à outils qui l’aidera à mieux com prendre le problème alimentaire et à intervenir à l’échelle d’une communauté. Plus précisément, ce livre cherche à montrer que les démarches de sécurisation alimentaire sont territorialisées et terri torialisantes. Elles sont territorialisées parce qu’elles prennent appui sur le territoire, sur le capital social que signifient l’identité et l’appar tenance au territoire. Elles sont ancrées dans les besoins des citoyens, leurs aspirations, leurs ressources matérielles et immatérielles, leurs capacités… C’est sur ces éléments que les acteurs appuient leurs actions. Mais elles sont aussi territorialisantes parce qu’elles mobilisent et mettent en relation une pluralité d’acteurs, intervenant à diverses échelles (p. ex. locale, régionale) et dans différents secteurs (p. ex. com munautaire, agricole, politique). Les démarches de sécurisation ali mentaire reflètent ainsi la diversité et la convergence des acteurs (Sonnino et al., 2016). Ces démarches créent de nouveaux réseaux d’acteurs, de nouveaux usages du sol, de nouvelles modalités d’action mettant en harmonie les configurations d’acteurs et leur environnement dans son sens large (biophysique, social, institutionnel, organisation nel). Elles favorisent ainsi la collaboration entre acteurs économiques, sociaux, culturels et environnementaux, ce qui a ugmente leur pouvoir d’agir (empowerment) et celui des communautés. Les différentes approches et expériences de lutte contre l’insécurité alimentaire – ou, mieux formulé, pour la sécurisation alimentaire – exposées dans ce livre signalent l’existence d’un mouvement social qui voit le territoire comme la base d’une proposition alternative au modèle de développement imposé par la globalisation (Kropp, 2018). Alors que ce modèle déterritorialise et déstructure les rapports sociaux et, progressivement, déshumanise les rapports de production, la lutte pour la sécurisation alimentaire donne à voir une option qui s’appuie sur la collaboration entre divers types d’acteurs, sur la réciprocité entre diverses classes sociales et sur la protection du territoire en tant que milieu de vie. Les démarches pour la sécurisation alimentaire « puis[ent] au territoire, au sens d’emprunter, et l’enrichiss[ent], le coproduis[ent] en retour plus qu’elle[s] ne l’exploite[nt] » (Lescureux, 2000, p. 261). Ce faisant, elles creusent un sillon susceptible de conduire vers une société plus humaine et plus équitable.
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Collection sous la direction de Juan-Luis Klein
L
a sécurité alimentaire est l’un des plus vieux enjeux du monde. Dans plusieurs régions du globe, l’insécurité alimentaire est présente de manière quasi permanente, et d’autres connaissent une résurgence intermittente de celle-ci, parfois dans ses expressions extrêmes – les crises alimentaires, voire les famines. En contrepartie, au Québec, à l’instar de la plupart des pays du Nord, l’insécurité alimentaire atteint des niveaux d’une ampleur plus modérée. Le phénomène n’est toutefois pas inexistant. Des individus, des groupes, des populations entières font face à ce type de situation, entre autres en raison de l’inaccessibilité physique des aliments, de la précarité financière et de la vulnérabilité sociosanitaire des gens, du décalage culturel, de l’insalubrité et de la perte des ressources productives. Les milieux sont donc amenés à réagir. Le présent ouvrage illustre les processus permettant de lutter contre cette insécurité. Plus précisément, les auteurs mettent en lumière les dimensions territoriales de la sécurisation alimentaire au Québec en portant une attention particulière aux dynamiques actorielles et à la mobilisation des ressources. Ils présentent des cas issus des milieux urbains, ruraux et périurbains, ainsi que centraux et périphériques, et mettent en évidence la nature territorialisée et territorialisante des initiatives de sécurisation alimentaire. Mélanie Doyon, titulaire d’un doctorat en géographie de l’Université de Montréal, est professeure au Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle est membre du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES). Elle s’intéresse au développement et à la planification territoriale en milieu rural, notamment aux questions agricoles et de sécurisation alimentaire. Juan-Luis Klein, détenteur d’un doctorat en géographie de l’Université Laval, est professeur titulaire au Département de géographie de l’UQAM et membre du CRISES. Son enseignement et ses travaux portent sur la géographie socioéconomique, l’innovation sociale et les nouveaux modèles d’action en développement des territoires. Ont collaboré à cet ouvrage Camille Arsenault-Hétu, Antonia D. Bousbaine, Christopher Bryant, Élizabeth Cadieux, Dominique Corbeil, Mélanie Doyon, Jessica Élie-Leonard, Darío Enriquez, Isabel Heck, JuanLuis Klein, Roufaï Ouro-Koura, Marie-Claude Paquette, Éric Robitaille, Florianne Soquet-Juglard, Pierre-André Tremblay