FRAISES EN SERRE
Différents TYPES de plants en fonction de votre système de culture et de vos objectifs.
Types de plants offerts :
Trayplant (240 cc)
Mini-trayplant (140 cc)
Mottes (75 cc)
Racine nue frigo
Différents TYPES de plants en fonction de votre système de culture et de vos objectifs.
Types de plants offerts :
Trayplant (240 cc)
Mini-trayplant (140 cc)
Mottes (75 cc)
Racine nue frigo
Différentes VARIÉTÉS pour combler chaque niche de marché.
Variétés à jour court:
CleryCIV
Lycia
Yambu
Elianny
Ruby June
Sonata
Quicky
Lofty
Sibilla
Variétés à jour neutre:
Albion
Murano
Cantus
Ania
Rikas
Seascape
Cabrillo
Valliant
San Andreas
... et plusieurs autres variétés de provenance internationale
destinés à vos cultures hors-sol sous serre et en ferme verticale
Notre pépinière est spécialisée depuis en multiplication de
Ce projet a été nancé par l’entremise du Programme Innov’Action agroalimentaire, en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.
Il est interdit de reproduire, de traduire ou d’adapter cet ouvrage sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) afin de respecter les droits d’auteur et d’encourager la diffusion de nouvelles connaissances.
Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans le présent guide était jugée représentative du secteur de la production des petits fruits au Québec. Son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur.
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Dans le présent document, le genre masculin est utilisé uniquement pour alléger le texte, s’il y a lieu.
Pour citer cet ouvrage : Lambert, L., A. Lefebvre, P. Provencher, M. St-Germain, M. Poirier, J. Painchaud, É. Gagnon, C. Caouette et S. Parent. 2023. Guide de production : Fraises en serre. CRAAQ.
188 p.
Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2875, boulevard Laurier, Édifice Delta 1, 9e étage
Québec (Québec) G1V 2M2
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© Gouvernement du Québec, 2023
© Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 2023
Suivant sa convention avec le MAPAQ, le CRAAQ est autorisé par le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation à publier les textes du personnel du Ministère.
PCUA0107
ISBN 978-2-7649-0667-5 (version imprimée)
ISBN 978-2-7649-0668-2 (PDF)
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives Canada, 2023
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023
Claudia Caouette, agr., B. Sc. (Agroéconomie), chargée de projets, Références économiques, Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (chapitre 11)
Éloïse Gagnon, agr., B. Sc. A., enseignante en gestion et technologies d’entreprise agricole (GTEA), Institut national d’agriculture biologique (Cégep de Victoriaville) (chapitre 5)
Liette Lambert, agronome retraitée (chapitres 8 et 9)
Alice Lefebvre, CPI, chargée de projet, Gobeil Dion & Associés inc. (chapitre 2)
Jacques Painchaud, agronome retraité (chapitres 6 et 7)
Simon Parent, technicien agricole, Novafruit (avant-propos et chapitre 1)
Marc Poirier, agr., conseiller en développement, secteur des petits fruits et canneberges, Direction régionale du Centre-du-Québec, MAPAQ (chapitres 3, 4 et 10)
Philippe Provencher, ing., M. Sc., chargé de projet, Gobeil Dion & Associés inc. (chapitre 2)
Maripier St-Germain, ing., chargée de projet, Gobeil Dion & Associés inc. (chapitre 2)
Révision
Sébastien Couture, associé, Climax Conseils SENCRL (chapitres 2, 5, 6, 7 et 11)
Guy-Anne Landry, agr., conseillère horticole provinciale, MAPAQ (tous les chapitres, sauf 1, 8 et 9)
Jacques Painchaud, agronome retraité (chapitres 2, 3, 4, 10 et 11)
Marc Poirier, agr., conseiller en développement, secteur des petits fruits et canneberges, Direction régionale du Centre-du-Québec, MAPAQ (chapitres 6, 7 et 11)
Jacques Thériault, agr., M. Sc., associé principal, Climax Conseils SENCRL (chapitres 2, 5, 6, 7 et 11)
Thierry Chouffot, spécialiste en systèmes biologiques, Koppert Canada ltée (chapitre 8)
Michel Delorme, agr., Plant Products (chapitre 8)
Coordination, édition, conception graphique et mise en page par le CRAAQ
Ghislain Danyod, chargé de projets
Lyne Lauzon, chargée de projets aux publications
Nathalie Nadeau, graphiste
Véronique Michaud, graphiste
Photographies
Page couverture : Liette Lambert
Biobest, Bioline AgroSciences, Dubois Agrinovation, EGI, Gobeil Dion & Associés inc., Groupe horticole Ledoux inc., Liette Lambert, Étienne Lavoie, Lumiforte, Stéphanie Tellier, Jacques Painchaud, Marc Poirier, Les serres Guy Tessier inc., Serres Harnois
Remerciements
Les auteurs et le CRAAQ remercient toutes les personnes et les organisations ayant contribué de près ou de loin à la réalisation de ce guide.
Consulter Québec.ca/culture-fraises-framboises pour en savoir plus sur les programmes
d’aide fi nancière et l’accompagnement disponible
Ce guide constitue une formation de base qui vise à fournir des outils pertinents à tous ceux qui désirent se lancer dans la culture de fraises en serre. Il s’adresse à la fois aux producteurs de fraises de champ qui souhaitent prolonger leur saison de récolte, aux producteurs de légumes ou de fleurs en serre qui veulent diversifier leur production, aux conseillers techniques ainsi qu’aux nouveaux horticulteurs qui ont envie de s’engager dans une culture d’avenir prometteuse.
Ses différents chapitres couvrent l’ensemble des thèmes qui doivent être considérés dans la mise en œuvre d’un projet de culture de fraises en serre. Quoique non exhaustif, cet ouvrage fait le point sur les connaissances dans le domaine tout en proposant une approche structurée de la production.
Ainsi, le chapitre 2 aborde les éléments à prendre en compte au moment de choisir un emplacement ou le type de revêtement, de chauffage ou de ventilation à privilégier pour la serre. Il présente aussi les différentes structures de serre et les équipements de production généralement utilisés dans la culture de fraises.
Le chapitre 3 résume les concepts de base de la physiologie du fraisier qui permettront au lecteur d’interpréter les techniques de production abordées et d’avoir une meilleure compréhension des facteurs qui influencent le comportement du fraisier en serre. Il permettra notamment de distinguer les fraisiers à jours courts des fraisiers remontants et leur comportement en fonction de leur environnement de production. Il traite aussi des différents types de plants disponibles sur le marché et des raisons qui justifient leur usage en fonction du système de culture.
Au chapitre 4, les différents systèmes de production hors sol sont expliqués sommairement, y compris leurs avantages et inconvénients. Les itinéraires de production généralement utilisés sont aussi comparés entre eux, donnant au lecteur un aperçu des calendriers de culture qui peuvent être mis en œuvre.
Le chapitre 5 présente les substrats pouvant être utilisés ainsi que leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques. Ces informations permettent de comprendre le rôle joué par chacune des composantes d’un substrat et comment celles-ci influencent notamment la régie d’irrigation et le comportement des fraisiers. Les particularités liées à l’utilisation de terreaux biologiques sont aussi exposées.
Au chapitre 6, les paramètres à prendre en considération dans la gestion de l’irrigation et de la fertilisation sont expliqués en détail. Il est notamment question de la qualité de l’eau d’arrosage et des limites à respecter dans la culture de fraises en serre. Les besoins nutritifs du fraisier sont aussi présentés ainsi que la variation de ces besoins en fonction du stade de culture et des variétés de fraises.
Au chapitre 7, la gestion du climat en serre est discutée en fonction du stade de développement du fraisier et des paramètres environnementaux, dont la lumière et l’humidité, pour permettre au producteur de prendre des décisions éclairées en cours de production.
Le chapitre 8 expose les besoins en pollinisation du fraisier et les différentes options de pollinisation pouvant être appliquées. Les principaux problèmes liés à une mauvaise pollinisation sont aussi discutés ainsi que les méthodes pour les éviter.
Au chapitre 9, la phytoprotection des fraises en serre est habilement résumée en insistant sur la lutte biologique. Des fiches techniques détaillées décrivent les principaux ravageurs et maladies, et proposent des moyens de lutte.
Le chapitre 10 évoque les aspects à considérer lors de la récolte des fraises en serre et de la gestion postrécolte des fruits, particulièrement les contenants utilisés, les conditions de refroidissement et la distribution des fraises sur les différents marchés.
Au chapitre 11, les aspects économiques à prendre en compte sont présentés sur la base d’un modèle de production répandu. Les coûts de chauffage, d’éclairage et de maind’œuvre sont décrits en relation avec les rendements obtenus et le mode de mise en marché.
Le lecteur doit se rappeler que les méthodes de culture de fraises en serre au Québec sont encore en développement et que les techniques proposées sont sujettes à interprétation en fonction du climat, du type de serre, de la saison de récolte visée et du type de mise en marché.
La capacité d’adaptation exceptionnelle du fraisier a permis au genre Fragaria de coloniser toutes les zones climatiques de la planète. Ainsi, on trouve des fraises à l’état indigène sur tous les continents, ce qui confère au fraisier une diversité remarquable au sein du règne végétal.
Depuis des millénaires, les peuples autochtones d’Amérique du Nord font usage des fraises dans leur alimentation. D’ailleurs, ce petit fruit apparaît régulièrement dans leurs mythes et légendes. De nos jours, on assiste au déploiement d’immenses fermes urbaines qui produisent des fraises dans des bâtiments fermés entièrement automatisés et à la fine pointe de la technologie. Ceux-ci peuvent être construits dans les environnements les plus hostiles. Du chasseur-cueilleur à la conquête spatiale, la fraise a donc accompagné l’être humain au fil du temps et elle s’adapte avec lui aux différents courants de son évolution.
La rencontre presque improbable dans les jardins du roi de France, vers 1750, d’une espèce de fraisier d’Amérique du Sud avec sa cousine d’Amérique du Nord a donné naissance à Fragaria ananassa, l’ancêtre des fraises modernes cultivées. Depuis cet évènement marquant un changement dans notre rapport avec la fraise, les croisements génétiques du fraisier n’ont cessé de se développer de manière spectaculaire tout en s’adaptant aux différents climats et aux besoins de chacune des zones de production.
S’il y a un siècle, on cultivait des fraises principalement à des fins de transformation, de nos jours, dans la plupart des régions de l’Amérique du Nord, c’est le marché frais qui dicte les orientations de l’amélioration variétale. Le consommateur veut essentiellement des fraises plus belles, plus sucrées et plus tendres, alors que le détaillant réclame des fraises plus grosses, plus fermes et qui ont une meilleure durée de vie sur les tablettes. Compte tenu des exigences de chacun des acteurs de la chaîne de distribution, les standards de qualité sont de plus en plus élevés et les producteurs doivent continuellement répondre à ces attentes, en plus de s’adapter rapidement aux changements dans leur environnement. La recherche de rendements supérieurs, d’une meilleure résistance aux insectes et aux maladies, ainsi que de meilleures qualités organoleptiques et nutritionnelles a mené à l’obtention de variétés d’un niveau inégalé auparavant. Il en est de même des techniques de production.
Traditionnellement, les fraises du Québec sont cultivées en plein sol sur des cycles longs qui durent plusieurs saisons dans un système qu’on appelle le rang natté. Cependant, pour faire face aux changements dans le marché, la production est devenue de plus en plus intensive au cours des 50 dernières années. La culture à grande échelle de fraisiers remontants sur buttes, combinée à l’adoption de plusieurs nouveaux outils de production dont l’irrigation localisée, l’usage de paillis et de nouveaux
types de plants, a graduellement permis de raccourcir les cycles de production de fraises en champ tout en rendant les parcelles de plus en plus performantes.
Ce potentiel amélioré est toutefois limité par les conditions environnementales de chaque région de production. Au Québec, quoique les techniques modernes aient mené à un allongement de la période de récolte de fraises au-delà de quatre mois, la longueur de la saison de récolte en pleine terre est somme toute restreinte, en particulier dans les régions les plus froides. Par ailleurs, la production en plein champ sans abri est soumise à des aléas climatiques qui la rendent instable et irrégulière, tant sur le plan de la qualité que du rendement. Le réchauffement planétaire et la multiplication des conditions adverses, comme les canicules et les pluies torrentielles, ne font qu’accélérer ce phénomène dans un monde où l’autonomie alimentaire et la résilience des systèmes de production agricole sont au cœur des préoccupations.
La pandémie de COVID-19 aura aussi mis en lumière les risques liés à un réseau d’approvisionnement basé sur des zones de production éloignées et l’importance de maintenir des cycles courts dans la chaîne alimentaire. La saisonnalité de la production de fraises, quoiqu’elle garde un cachet à fort potentiel agrotouristique et qu’elle contribue à entretenir notre mémoire collective, est un élément qui limite d’un certain point de vue le développement de nouveaux marchés et les progrès technologiques. Alors que le marché local devient régulièrement
saturé durant l’été et que la surabondance de fraises affecte négativement le prix de vente, les producteurs locaux ne fournissent encore, hors saison, qu’une infime part de la consommation de fraises au Québec, qui est comblée par le produit importé.
Entre 2008 et 2017, les importations de fraises au Canada, principalement concentrées de novembre à mars, sont passées de 297 à 533 M$ (Rioux et coll., 2019). Or les principaux exportateurs de fraises au Canada, soit la Californie et la Floride, font face eux aussi à de nombreux défis. En plus de devoir composer avec des problèmes de disponibilité d’eau et de main-d’œuvre, les producteurs de fraises dans les climats chauds doivent travailler avec un arsenal de produits phytosanitaires réduit, compte tenu des nouvelles exigences du consommateur en matière environnementale. Face à ces enjeux, les régions exportatrices subissent des pressions supplémentaires qui se reflètent sur la disponibilité et le prix des fraises importées. Alors que la production dans ces régions est en baisse constante depuis 2014, le prix moyen des fraises n’a cessé de croître.
La culture de fraises en serre devient donc une option intéressante pour les producteurs en serre canadiens qui désirent prendre une part de plus en plus importante du marché des fraises hors saison. D’autant que, selon Statistique Canada, la superficie de fraises de serre cultivée au pays était de 318 000 m2 (3 422 923 pi2) en 2020, ce qui représente 1,8 % des surfaces de serre, pour
une production totale de 4894 tonnes métriques (t). En comparaison, la même année nous avons importé au pays 134 294 t de fraises.
Le Québec est le principal producteur de fraises au Canada avec 56 % des fraises commercialisées au pays. La culture de fraises en serre, en développement depuis plus de 20 ans, a connu une croissance phénoménale au cours des dernières années en Amérique du Nord et pourrait bien devenir la révolution horticole de la décennie. Souhaitons que les producteurs du Québec saisissent cette opportunité et qu’ils s’investissent dans cette nouvelle culture prometteuse en s’appuyant sur les connaissances les plus à jour dans le secteur.
Rioux, M.-C. et coll. 2019. Portraitdiagnostic sectoriel de l’industrie de la fraise et de la framboise au Québec. Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Gouvernement du Québec. 30 p. https://numerique.banq.qc.ca/ patrimoine/details/52327/3760760 (consulté le 14 octobre 2022).
Agriculture et Agroalimentaire Canada. 2021. Aperçu statistique de l’industrie des légumes de serre du Canada 2020 [en ligne] https://agriculture.canada. ca/fr/secteurs-agricoles-du-canada/ horticulture/apercu-statistique-lindustrielegumes-serre-du-canada-2020 (consulté le 14 octobre 2022).
Agriculture et Agroalimentaire Canada. 2021. Aperçu statistique de l’industrie fruitière du Canada 2020 [en ligne] https://agriculture.canada.ca/fr/secteurs-agricoles-du-canada/horticulture/ rapports-lindustrie-horticole/apercustatistique-lindustrie-fruitiere-du-canada-2020 (consulté le 14 octobre 2022).
L’aménagement d’une serre doit être réfléchi dès les premières étapes de la planification. Connaître le type de sol détermine le choix de la fondation et la stratégie de gestion des eaux de pluie. Un test de reconnaissance du sol évitera d’éventuelles surprises qui pourraient s’avérer coûteuses lors de la construction. Un sol en pente ou accidenté nécessitera aussi des travaux de nivellement plus importants. Un nivellement à pente nulle est fortement recommandé.
Les principaux services et ressources à considérer lors du choix du terrain sont :
• Eau : le terrain doit offrir un accès à une source suffisante (aqueduc, rivière, aquifère1) d’eau. Une étude hydrogéologique validera la disponibilité et la qualité de l’eau de la nappe phréatique. Un bassin de rétention d’eau extérieur peut aussi pallier une source d’eau limitée.
• Électricité : l’accès au réseau triphasé qui peut s’avérer nécessaire pour l’utilisation de l’éclairage artificiel de photosynthèse ou le chauffage électrique.
• Combustible : la disponibilité des sources d’énergie pour le chauffage doit également être assurée.
1. Un certificat d’autorisation environnementale est nécessaire pour pomper plus de 75 m3 d’eau par jour d’une source d’eau de surface (lac, rivière) ou de la nappe phréatique.
Conformément à la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques, avant de commencer quelques travaux que ce soient, il est essentiel de valider que le terrain ne se trouve pas en milieux humides et qu’aucun cours d’eau verbalisé n’est touché par le projet. L’expertise de biologistes peut s’avérer nécessaire pour confirmer ces éléments.
De manière générale, il peut aussi être nécessaire d’obtenir un permis de construction auprès de la municipalité où la serre sera implantée avant de commencer des travaux d’abattage d’arbres, de nivellement ou de construction d’une serre. Si des bâtiments autres qu’une serre, tels des bâtiments conventionnels ou des résidences pour travailleurs étrangers, doivent être installés sur un terrain agricole, une demande d’autorisation doit être soumise auprès de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ).
Si de la terre arable doit être déplacée ou reprofilée pour la construction de la serre, une demande d’autorisation doit être soumise également auprès de la CPTAQ. Dans tous les cas, une vérification auprès des instances concernées (municipalité, CPTAQ, ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) ou autres) demeure une bonne pratique à intégrer à la phase de planification du projet.
En plus de tenir compte des restrictions relatives au terrain, il est important, avant de positionner et d’aménager une serre, d’évaluer tout élément du voisinage qui pourrait lui créer de l’ombrage. La possibilité d’une future expansion doit aussi être envisagée. Certes, une orientation est-ouest de la serre favorise la transmission lumineuse. Cependant, lors de la conception, plusieurs autres points doivent être considérés, tels que :
• Longueur des rangs : prévoir de 147 à 328 pi (45 à 100 m) pour l’efficacité de la main-d’œuvre.
• Drainage : gérer l’eau de surface d’un site et l’humidité d’une culture en plein sol.
• Portes d’hommes : permettre une circulation des travailleurs qui limite le potentiel de contamination (entre zones ou avec l’environnement extérieur).
• Porte de garage : identifier des points d’accès à des endroits stratégiques, qui serviront lors d’opérations spécifiques, tels le début et la fin de saison (plantation et vidange).
• Localisation des bâtiments : positionner les éléments auxiliaires (chaufferie, bureau, lieu d’emballage, réfrigération, kiosque, etc.) pour faciliter les opérations.
• Aires de service : considérer l’équivalent de 5 à 10 % de la surface de production (chauffage, irrigation, contrôle, panneau électrique, espace de travail, etc.).
• Circulation des véhicules : localiser les accès et les voies de circulation.
• Accès : dégager le périmètre de la serre pour les travaux d’entretien et de réparation.
Les principaux modèles de serre sont illustrés à la Figure 2.1.
Le Tableau 2.1 en présente une comparaison succincte.
L’angle des côtés des serres individuelles peut avoir un impact sur le nombre de rangs qu’il est possible de cultiver tout en gardant un accès ergonomique. Avec des gouttières hautes, il est avantageux d’avoir des côtés dont l’angle est le plus droit possible. Le faîte arrondi peut augmenter l’égouttement de condensation en hiver, lequel est nuisible aux fruits. Selon la charge que la serre individuelle peut soutenir, les gouttières supportées (voir Supports de culture) sont l’option à privilégier plutôt que les gouttières suspendues
qui demandent une capacité portante plus importante.
Toujours dans les serres individuelles, des raidisseurs servent de support structurel et soutiennent les arches en position mais ne permettent pas l’installation d’écrans thermiques. Au contraire, dans les serres jumelées, les poutrelles permettent l’installation d’écrans thermiques et facilitent la suspension des gouttières (Figure 2.2).
Les largeurs typiques des serres sur le marché québécois sont de 25 pi (7,6 m), 26 pi et 3 po (8 m), 30 pi (9 m) et 31 pi et 6 po
Tunnel ou serre individuelle
Chauffage Saisonnier ou annuel
Recouvrement toit
Recouvrement murs
Avantages
Inconvénients ou
particularités
Polyéthylène simple ou double
Polyéthylène ou polycarbonate
Compartimentation et diversification de la production
Prolongation de la saison de production
Structure avec raidisseurs et arches de toit. Perte de chaleur plus élevée (ratio de superficie exposée/ superficie de culture)
Moins coûteux
Hauteur de serre plus basse
Automatisation limitée
Complexe gothique Complexe Venlo
Saisonnier ou annuel Annuel
Polyéthylène double Verre
Polyéthylène double ou polycarbonate
Polycarbonate ou verre
Spécialisation de la production Production à l’année
Structure avec gouttières et poutrelles
L’installation nécessite une main-d’œuvre plus spécialisée
Plus coûteux
Hauteur de serre plus élevée
Serre plus automatisée
(9,6 m). La hauteur au raidisseur des serres individuelles varie de 6 pi et 7 po (2 m) à 10 pi (3 m) et la hauteur à la gouttière des serres jumelées varie de 12 pi (3,7 m) à 19 pi et 8 po (6 m). Les serres plus hautes favorisent l’uniformité climatique. Le médium de culture (en plein sol ou hors sol), le type de support de culture, la saison de production visée et la présence ou non d’éclairage de photosynthèse influencent le choix des dimensions d’une serre.
Le polyéthylène double est composé de deux films de plastique séparés par une couche d’air. L’usage d’une soufflerie maintient une pression d’air en continu entre les deux membranes. Le polyéthylène permet une bonne diffusion de la lumière. Cependant, il est affecté par les rayons du soleil et nécessite d’être remplacé environ tous les 4 ans. Il peut en outre être nécessaire de lui appliquer un produit anticondensation après 2 ans.
Les avantages du recouvrement de la toiture en verre sont l’esthétisme, la durabilité ainsi qu’une plus grande transmission de lumière. Le recouvrement en verre a une durée de vie de 20 à 25 ans. Ce matériau est toutefois plus coûteux, moins isolant et nécessite d’être installé par une maind’œuvre spécialisée.
Il existe trois types de verre : direct, diffus et diffus avec antireflet. Le verre direct permet une plus grande transmission de la lumière, mais accroît le risque de brûlure par le soleil sur les plantes. Le verre diffus réduit ce risque, mais diminue aussi la transmission de la lumière. L’ajout d’un traitement antireflet permet de minimiser cette perte de transmission lumineuse.
Les propriétés des matériaux sont présentées au Tableau 2.2. Plus la valeur R (facteur isolant) est élevée, plus le matériau est isolant et favorise les économies d’énergie.
Les matériaux possibles pour le recouvrement des murs de serre sont le polyéthylène simple ou double, le polycarbonate (PCSS) simple (8 mm) ou double (16 mm) et le verre. Les caractéristiques de ces matériaux sont présentées au Tableau 2.2.
L’isolation est privilégiée pour la production en saison froide et s’effectue généralement sur le mur nord et au périmètre de la serre sous la forme d’un muret d’isolation. Le muret d’isolation peut demeurer hors sol, d’une hauteur pouvant varier de 0,3 à 1,83 m (1 à 6 pi) selon le type de serre, le type de culture et le support de culture, et être prolongé de 0,3 à 0,61 m (1 à 2 pi)
dans le sol. L’isolation dans le sol permet de réduire environ de moitié les pertes de chaleur associées au périmètre. Dans l’ensemble, l’isolation réduit les besoins en chauffage d’une serre de 5 à 15 %.
Les principaux matériaux isolants sont les panneaux de polystyrène ou de polyuréthane (ces derniers étant communément nommés « panneaux sandwichs »), l’uréthane giclé et le béton (Tableau 2.3).
Des additifs (Ameur, 2019) sont utilisés pour modifier les caractéristiques du polyéthylène. Ils ont différents effets, tels que :
• Anticondensation : réduit la tension de la surface du polyéthylène; permet l’écoulement de l’eau, en plus d’augmenter la transmission lumineuse.
• Antiultraviolet : bloque une partie des rayons ultraviolets, ce qui peut avoir un effet négatif sur les insectes pollinisateurs. Certains fournisseurs offrent maintenant des films laissant passer les longueurs d’ondes qui atténuent ce problème.
• Infrarouge : réfléchit les rayons infrarouges permettant de conserver la chaleur dans la serre lorsque l’additif est appliqué à l’intérieur, ou de diminuer l’accumulation de température dans la serre lorsqu’il est appliqué à l’extérieur. Les économies d’énergie sont de l’ordre de 10 à 20 %.
• Diffusion contrôlée : augmente la quantité de lumière diffuse qui atteint les plantes, ce qui accroît la photosynthèse dans le bas des plantes; permet aussi de diminuer les risques de brûler la canopée des plantes.
Des filets anti-insectes peuvent être installés aux ouvrants de la serre afin de prévenir la présence d’insectes. Cet ajout réduit considérablement l’effet de la ventilation naturelle et peut créer une zone d’ombrage dans la serre à certains moments du jour. Une maille plus large permet une meilleure
ventilation naturelle, mais elle diminue la barrière contre les insectes de petite taille. Le choix du filet est déterminé en fonction des insectes nuisibles à la culture.
Le choix d’une fondation s’effectue en fonction des charges de la structure de la serre et du type de sol. Les quatre principaux types de fondations se résument ainsi :
• Ancrages avec tiges : (Figure 2.3) adaptés aux tunnels et insérés dans le sol avec une massue ou une pelle de tracteur.
• Piliers de béton : coulés en place directement dans le sol ou dans des tubes de carton de type « sonotubesMD » (Figure 2.3). Ne requièrent pas d’excavation, mais seulement de percer des trous à l’aide d’une tarière.
• Muret de béton : fondation sur laquelle sont vissés les poteaux de la serre (Figure 2.3).
• Pieux : utilisés lorsque la force structurelle du sol n’est pas suffisante.
Le coût d’achat et d’installation des équipements de chauffage, ainsi que le coût et la disponibilité du combustible sont à évaluer dans le choix d’une source d’énergie.
• Combustibles fossiles (propane, gaz naturel et mazout) : pour ces combustibles, les équipements sont abordables, fiables et requièrent peu
d’entretien, mais les coûts associés à ces sources d’énergie sont sujets aux fluctuations du marché. Le propane est le plus utilisé par les producteurs ayant des superficies de moins de 5000 m2 (53 820 pi2). Lorsque disponible, le gaz naturel est moins dispendieux. Toutefois, ces combustibles sont non renouvelables et émettent des gaz à effet de serre (GES).
• Biomasse : comprend les granules de bois et la biomasse forestière résiduelle (copeaux). Les équipements ont un coût d’installation élevé et nécessitent un entretien régulier. Le granule est principalement utilisé par les producteurs ayant des superficies de moins de 5000 m2 (53 820 pi2). Le coût des copeaux est très compétitif. De manière générale, l’approvisionnement est local et peu sujet aux fluctuations de prix.
• Électricité : comprend le chauffage direct (élément électrique) ou les thermopompes. Les coûts d’installation sont raisonnables. Ils peuvent cependant devenir élevés lorsque l’entrée électrique doit être mise à niveau. Les équipements requièrent peu d’entretien. Les thermopompes offrent une efficacité thermique de l’ordre de deux à trois fois leur consommation électrique.
Le choix du système de distribution de la chaleur doit être adapté au type de serre installée et au type de combustible utilisé. Il est possible de combiner plusieurs formes de distribution dans une même serre. Deux principales catégories de systèmes existent dans l’industrie serricole :
• Air pulsé : l’air de la serre est chauffé à l’aide d’aérothermes ou de fournaises. Ceux-ci doivent être équipés de conduites flexibles (Figure 2.4) pour une dispersion uniforme de la chaleur dans l’ensemble de la serre. Les équipements sont installés à l’intérieur de la serre. Leurs coûts d’achat
et d’installation sont plus abordables, comparativement à ceux des systèmes à eau chaude.
• Eau chaude : l’air est chauffé par des conduits (tuyaux d’acier, plancher radiant) dans lesquels l’eau chaude circule (Figure 2.5). L’eau est chauffée à l’aide d’une chaudière. Les coûts d’achat et d’installation de ce système sont plus élevés que ceux d’un système à air pulsé, mais celui à eau chaude peut permettre un chauffage plus localisé. Dans les plus grands complexes, ce type de système réduit le nombre d’équipements de chauffage requis et centralise la production de chaleur à un même endroit (chaufferie).
impact sur l’environnement du MELCCFP. On note également que, pour être en mesure de brûler des résidus de construction, de rénovation et de démolition (CRD), les chaudières ou fournaises à la biomasse doivent être d’une puissance égale ou supérieure à 3 MW.
La ventilation joue un rôle crucial dans le contrôle et l’uniformité du climat, notamment la température, l’humidité et l’apport de dioxyde de carbone (CO2) aux plantes. Un taux de renouvellement d’air inadéquat peut avoir des répercussions sur la qualité des plantes et leur croissance.
Toute chaudière ou fournaise ayant une puissance plus élevée que 3 mégawatts (MW) doit faire l’objet d’une demande d’autorisation environnementale, conformément à la Loi sur la qualité de l’environnement et au Règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur
Le principe de la ventilation naturelle repose sur la différence de pression, créée par les vents, entre l’intérieur et l’extérieur de la serre. Les échanges d’air dans la serre se font à partir des ouvrants de toit et des ouvrants latéraux aux murs (Figure 2.6). Les ouvrants latéraux sont conçus telles des ouvertures
enroulables (« roll-ups »). Les ouvrants de toit sont localisés au faîte et opèrent avec une crémaillère. Ces deux types d’ouvrants peuvent être manuels ou motorisés.
La ventilation naturelle est plus efficace à la fin du printemps, à l’été et au début de l’automne. En dehors de ces périodes, il est important de n’utiliser que les ouvrants de toit, les ouvrants latéraux laissant entrer trop d’air froid près des plants.
La ventilation naturelle peut ne pas être suffisante. Il faut alors recourir à la ventilation mécanique. Celle-ci est nécessaire pour une production en saison plus froide.
La ventilation à pression positive opère tel un ventilateur qui fait entrer l’air extérieur dans la serre. Cette ventilation est économique et efficace pour les serres individuelles. Un système de jet à éventail ou « fan jet » inclut un tube de polyéthylène perforé pour distribuer l’air frais dans la serre (Figure 2.7).
La culture en serre de la fraise est en plein essor en Europe, aux États-Unis, en Ontario et elle s’amorce au Québec. Elle pourrait même devenir la révolution horticole de la décennie. Il s’avère alors essentiel de fournir aux producteurs et aux professionnels du secteur l’accès aux connaissances les plus à jour.
La production de fraises en serre est une culture en émergence qui nécessite des connaissances techniques de pointe et un suivi rigoureux des différentes étapes de la production. Ce tout premier guide sur la production de fraises en serre au Québec couvre l’ensemble des thèmes à considérer dans la mise en œuvre d’un tel projet : le choix de l’emplacement, les types de structures et de revêtements, les équipements, les substrats, les différents systèmes de production hors sol, la gestion de l’irrigation, de la fertilisation et du climat, la pollinisation, la phytoprotection, sans oublier la physiologie du fraisier, la récolte, la gestion postrécolte et les aspects économiques de la production.
Ainsi, tous ceux qui désirent se lancer dans cette culture, que ce soit pour prolonger leur saison de récolte, diversifier leur production ou s’engager dans une culture d’avenir prometteuse y trouveront les connaissances indispensables.