Fiche synthèse
Culture maraîchère biologique en contenants sous serre
DROITS D’AUTEUR
Il est interdit de reproduire, de traduire ou d’adapter cet ouvrage sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) afin de respecter les droits d’auteur et d’encourager la diffusion de nouvelles connaissances.
AVERTISSEMENTS
Les marques de commerce mentionnées dans ce guide le sont à titre indicatif seulement et ne constituent nullement une recommandation de la part des auteurs ou de l’éditeur.
Dans le présent document, le masculin englobe le féminin et est utilisé uniquement pour alléger le texte.
Ce projet a été financé par l’entremise du Programme services-conseils, mis en œuvre en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, selon une entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.
RÉDACTION
Gilles Turcotte, B. Sc. A., M. Sc., consultant en production sous serre
RÉVISION
Jenny Leblanc, agr., conseillère régionale en production maraîchère abritée et en plein champ, Direction de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)
Julien Venne, agr., M. Sc., conseiller en productions végétales biologiques, Direction régionale de l’Outaouais, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)
COORDINATION, ÉDITION ET MISE EN PAGE PAR LE CRAAQ
Florence Bieler, chargée de projets
Nathalie Nadeau, graphiste
Barbara Vogt, chargée de projets aux publications
POUR INFORMATION ET COMMENTAIRES
Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec
Édifice Delta 1, 2875, boulevard Laurier, 9e étage
Québec (Québec) G1V 2M2
Téléphone : 418 523-5411 • Télécopieur : 418 644-5944 • client@craaq.qc.ca • www.craaq.qc.ca
© Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 2023
PCUA0111-PDF
ISBN 978-2-7649-0674-3 (version PDF)
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives Canada, 2023
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023
Ce document a été préparé dans le but de fournir les paramètres techniques importants et quelques données économiques pertinentes à toutes les personnes qui planifient la mise en place d’un système de culture maraîchère biologique en contenants (ou bacs) sous abri (Figure 1). Ces données techniques et économiques s’adressent aux entreprises serricoles de petite ou moyenne envergure. Plus précisément, on cible les serres de production et moins.
Les systèmes de culture qui y sont présentés ne comportent aucune limitation quant au niveau technologique de la serre et sont adéquats pour répondre aux besoins de tous les légumes qui doivent être tuteurés sur des ficelles verticales, comme la tomate, le concombre et le poivron. Tous les composants des contenants et du milieu de croissance ont été sélectionnés en vue d’une certification biologique selon les normes en vigueur au Québec et au
CONTEXTE ET ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA
CULTURE BIOLOGIQUE EN CONTENANTS AU QUÉBEC
En 2019, le Canada comptait 1 761 ha de serres maraîchères, dont seulement 6 % étaient certifiées biologiques. Au Québec, qui compte la plus grande proportion d’entreprises détenant une certification au Canada, on retrouvait quelque 41 ha en production biologique, soit 32 % des 128 ha de serres où l’on produisait des légumes (CARTV, 2020; MAPAQ, 2021). Traditionnellement, au Québec, c’était le plein sol qui prévalait pour la culture biologique. Toutefois, de nombreux travaux de recherche, principalement ceux effectués au Québec entre 2009 et 2019 (voir Annexe 2), ont permis de réaliser des avancées marquantes en matière de perfectionnement des techniques de production, d’augmentation de la rentabilité et d’amélioration de la durabilité de la production en contenants sous abri.
À la lumière des données issues de la recherche, cultiver en contenant hors sol est-il clairement plus avantageux que de cultiver en plein sol? Pas nécessairement, car plusieurs paramètres doivent être considérés avant de faire un choix. À la base, les deux techniques culturales sont valables et toutes deux présentent des avantages et des inconvénients. Une analyse spécifique permettra de déterminer la méthode culturale la plus appropriée à la situation de l’entreprise. Afin de faciliter une prise de décision éclairée, le Tableau 1 présente les principales forces et faiblesses de chaque technique.
CERTIFICATION BIOLOGIQUE
Un produit agroalimentaire du Québec peut porter l’appellation « biologique » uniquement s’il respecte le Cahier des charges de l’appellation biologique au Québec (CARTV, 2022a)1 ainsi que les Principes généraux et normes de gestion prescrits dans la norme CAN/CGSB-32.310 (mars 2021) et les exigences de la Liste des substances permises de la norme CAN/ CGSB-32.311 (mars 2021) en vigueur. Le produit doit aussi être certifié par un certificateur accrédité par le CARTV (CARTV, 2022b).
En ce qui concerne les exigences relatives à la culture maraîchère hors sol en serre, il faut se référer à l’article 7.5 de la Norme biologique canadienne intitulé Cultures produites sous des structures ou en contenant. Voici quelques extraits de cet article qui s’avèrent pertinents lorsqu’on désire faire de la production biologique en bacs :
• Le milieu de croissance ne doit pas entrer en contact avec du bois traité ou toute autre substance interdite (article 7.5.6).
• Il est possible d’éviter la rotation des cultures par l’utilisation de portegreffes résistants aux maladies ou le remplacement partiel ou complet du sol des contenants (article 7.5.9).
• Le mélange de culture doit (article 7.5.2.1) :
о Être constitué uniquement avec les substances autorisées en agriculture biologique (Tableau 4.2, colonne 1, de la Norme CAN/ CGSB-32.311).
о Contenir un minimum de 10 % en volume de compost.
о Contenir un minimum de 2 % en minéraux (peut-être évalué en poids sec ou en volume). L’article précise que la fraction minérale comprend le sable, le limon ou l’argile, et que la perlite et la vermiculite sont exclues.
о Les cultures maraîchères tuteurées semi-indéterminées et indéterminées (par exemple, tomates, poivrons, concombres et aubergines) sont soumises aux conditions suivantes (suite en p. 4) :
Tableau 1. Comparaison des forces et faiblesses de la culture biologique en sol par rapport à la culture hors sol
SOL HORS SOL Forces
• Environnement favorable au développement des microorganismes utiles pour l’activité biologique du sol.
• Aucune restriction physique pour la croissance racinaire.
• Très grande réserve d’eau utile pour les plantes, ce qui permet d’arroser moins fréquemment.
• Pas de structure physique placée au sol, ce qui laisse beaucoup d’espace libre pour la réalisation de certaines activités culturales, comme la préparation du sol, la sortie des vieux plants en fin de culture, etc.
• Utilisation du sol en place, ce qui donne une image plus « authentique » à la culture biologique .
• Coûts d’implantation moindres.
• Tout comme le plein sol, la culture en substrat hors sol est favorable au développement des microorganismes. De plus, les contenants surélevés permettent une meilleure oxygénation du substrat de croissance, ce qui procure une forte activité du microbiote.
• Facilite le choix de l’emplacement de la construction d’une serre, car la qualité agronomique du sol n’a pas d’importance.
• Un milieu de culture fabriqué est très souvent plus uniforme que le sol en place, car ce dernier présente généralement de plus grandes variations de composition et de caractéristiques physiques sur toute la surface cultivable d’une serre.
• Le drainage, la collecte et le recyclage des effluents sont faciles.
• Si un problème phytosanitaire important survient, il est facile de changer complètement le milieu de culture ou de le désinfecter.
Points faibles
• Comme la qualité du sol est importante, on ne peut pas construire une serre n’importe où.
• Dans la majorité des cas, il faut installer un réseau souterrain de tuyaux pour le drainage du sol.
• Lorsqu’un agent pathogène s’installe dans le sol, il est plus difficile de s’en débarrasser.
• Étant donné le grand volume de sol, la correction des déséquilibres nutritionnels et de la salinité se fait plus lentement.
• La collecte des effluents en vue d’en faire le recyclage est difficile à réaliser, voire impossible.
• Les infrastructures et les équipements nécessaires pour la culture hors sol font augmenter le coût d’investissement d’un projet de serre.
• Étant donné que le milieu de culture a été fabriqué, la fertilité et l’activité biologique se construisent progressivement au cours de la première année de production (perte de rendement possible).
• Pour qu’une activité biologique adéquate se développe dans un terreau biologique, il faut y introduire plusieurs types d’organismes vivants.
• Les contenants ou les pots de culture peuvent être un obstacle au travail et à la mécanisation de certains travaux, comme l’épandage des biofertilisants.
• Un suivi plus étroit de l’irrigation et de la fertilisation est nécessaire, car le volume exploité par les racines est plus petit.
Tableau 2. Comparaison d’un système de culture biologique en contenants qui occupe tout un rang de culture par rapport à des bacs unitaires qui contiennent quelques plants (3 à 6)
a. Des applications additionnelles de compost doivent faire partie du programme de fertilisation;
b. Le volume minimal de sol maintenu doit être de 60 L/m² (1,2 gal/pi²), calcul basé sur la superficie photosynthétique;
c. L’insertion de cultures intercalaires à cycle court entre d’autres cultures (par exemple, le basilic entre les rangs de tomates);
d. La production de plusieurs cultures à cycles courts pendant l’année (par exemple, les concombres) ne réduit pas cette exigence de 60 L/m².
DESCRIPTION DES PRINCIPAUX TYPES DE BACS UTILISÉS EN SERRE
Le maraîchage biologique en contenants peut se faire selon deux approches bien différentes : l’utilisation d’un système de culture en continu, c’est-à-dire un bac linéaire qui occupe tout un rang de culture, ou l’utilisation des bacs unitaires de type « grands pots » qui peuvent contenir de 3 à 6 plants. Les forces et les faiblesses de ces deux approches sont détaillées dans le Tableau 2.
Un autre aspect à considérer à l’étape de conception de projet est le choix entre un système de culture conçu en usine, qui se présente sous la forme d’un kit prêt à assembler, et un système conçu et construit « maison ». Bien entendu, le système prêt à assembler coûte beaucoup plus cher.
BACS LINÉAIRES
BACS UNITAIRES
Forces
• Zone de culture de 60 cm de largeur, ce qui facilite l’application des fertilisants.
• Grande zone d’enracinement avec peu de contraintes physiques pour les racines.
• Activité biologique plus uniforme (grand volume de terreau).
• Remplissage plus difficile.
• Lorsqu’une maladie racinaire se présente, il est plus difficile de désinfecter et de remplacer le terreau. Ce point est moins problématique pour les entreprises en production maraîchère diversifiée qui font des rotations de culture.
• Installation dans la serre très simple.
• Facile à remplir et à déplacer.
• Plus facile de circonscrire un début de maladie racinaire et d’en restreindre la propagation. Plus petit volume de terreau à désinfecter ou à remplacer.
Faiblesses
• Zone d’enracinement restreinte.
• Les séparations physiques entre les contenants nuisent à l’arrosage et à l’ajout manuel de fertilisants.
• Activité biologique peu uniforme d’un bac à l’autre.
Bacs linéaires formant un rang de culture
Pour ce type d’installation, les parois des bacs sont généralement faites de matériaux souples, comme les films plastiques, les toiles en géotextile et les membranes de polypropylène. Pour la partie structurale des bacs linéaires, différentes conceptions et divers types de matériaux peuvent être employés : bois non traité, tuyaux d’acier galvanisé, tuyaux de PVC, fil d’acier, etc.
Dans la conception d’un bac de culture, plusieurs possibilités sont envisageables. Les sections suivantes présentent les détails techniques à respecter pour la conception de trois modèles de bacs de culture que l’on retrouve dans les serres : les bacs avec film plastique (Figure 2a), les bacs avec structure de bois (Figure 2b), et les toile en géotextile soutenue par un câble d’acier (Figure 3, a et b). Pour un bac linéaire, afin de faciliter l’application des fertilisants, les dimensions suivantes sont recommandées :
Largeur d’au moins 50 cm, mais idéalement de 60 cm;
• Hauteur des côtés d’au moins 20 cm, mais idéalement de 30 cm;
• Hauteur libre au-dessus du substrat de culture d’au moins 10 cm. Cet espace libre est nécessaire pour recevoir les applications de compost et de fertilisants organiques qui seront effectuées pendant plusieurs années;
• Longueur correspondant généralement à celle du rang de culture selon la surface cultivable et les dimensions de la serre.
Bacs avec film plastique et structure de bois Description et détails techniques :
• Toile :
о Choix de trois types de toiles : toile d’ensilage, toile d’occultation ou toile de recouvrement de sol de 0,2 mm (~ 8 mil);
о Dans ces trois cas, la toile est constituée d’un film plastique ayant un côté noir / un côté blanc, avec un traitement contre le rayonnement UV (durabilité accrue);
• Structure : La toile doit être installée sur une structure robuste. Le meilleur choix est d’utiliser le bois non traité, idéalement de la pruche (qui résiste très bien à l’humidité).