Guide d’identification des mauvaises herbes du Québec
2e édition
Guide d’identification des mauvaises herbes du Québec
Auteure de la 2e édition
Amélie, Picard, M. Sc., agr., agronome-malherbologiste, Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, Direction de la phytoprotection, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
Révision
Annie, Marcoux, M. Sc., agr., agronome, Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, Direction de la phytoprotection, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
Auteurs de la 1re édition
Claude J. Bouchard et Romain Néron
Ce projet a été financé par l’entremise du volet 1 du programme Prime-Vert, mis en œuvre en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, selon une entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.
COORDINATION, ÉDITION, CONCEPTION GRAPHIQUE ET MISE
EN PAGE PAR LE CRAAQ
Karine Beaupré, coordonnatrice aux opérations et service client
Gisèle Bertrand, conseillère aux communications et mobilisation des connaissances
Lyne Lauzon, chargée de projets aux publications
Nathalie Nadeau, graphiste
Véronique Michaud, graphiste
DROITS D’AUTEUR
Il est interdit de reproduire, de traduire ou d’adapter cet ouvrage sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec afin de respecter les droits d’auteur et d’encourager la diffusion de nouvelles connaissances.
AVERTISSEMENTS
Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans le présent ouvrage était jugée représentative des connaissances acquises sur l’identification des mauvaises herbes au Québec. Son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur.
Dans le présent document, le masculin est utilisé pour alléger le texte, s’il y a lieu.
Pour informations et commentaires
Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ)
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Québec (Québec) G1V 2M2
418 523-5411 | 1 888 535-2537 | www.craaq.qc.ca | client@craaq.qc.ca
© MAPAQ, 2023
PEDI0220
ISBN 978-2-7649-0662-0 (2e édition)
ISBN 978-2-7649-0664-4 (PDF)
ISBN 978-2-7649-0663-7 (2e édition en anglais)
ISBN 978-2-7649-0665-1 (PDF en anglais)
ISBN 2-89457-162-3 (1re édition, 1998)
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives Canada, 2023
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023
Une plante ne peut être mauvaise en soi. Elle devient mauvaise herbe lorsqu’elle nuit à la croissance des plantes cultivées en se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment.
AVANT-PROPOS
Ce guide constitue la deuxième édition du Guide d’identification des mauvaises herbes du Québec, rédigé par Claude J. Bouchard et Romain Néron, puis paru en 1998. Le guide étant largement utilisé sur le terrain et consulté à titre d’ouvrage de référence, sa réédition devenait incontournable afin d’en mettre à jour le contenu et les images.
De nouvelles espèces y ont été ajoutées pour mieux répondre aux besoins des utilisateurs. En plus, la plupart des images du guide ont été actualisées afin de mettre l’accent sur les caractéristiques qui permettent de bien identifier les espèces.
Pour faciliter l’identification des plantes sur le terrain, les clés d’identification ont aussi été mises à jour. Ces dernières aident à l’identification des mauvaises herbes aux stades de croissance plantule et végétatif, stades où il est souvent le plus difficile d’identifier une espèce.
REMERCIEMENTS
L’auteure tient à remercier toutes les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à la réédition de ce guide. De plus, elle salue la contribution des membres de l’équipe de malherbologie du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ pour l’aide et les conseils fournis tout au long de la rédaction de cet ouvrage.
SOURCES D’INFORMATION
Le contenu de ce guide s’inspire de la première édition ainsi que des textes présentés sur le site IRIIS Phytoprotection : www.iriisphytoprotection.qc.ca
CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES
Photographe principale : Amélie Picard, LEDP, MAPAQ
Dans la codification utilisée pour les autres photographes ci-après, le chiffre représente le numéro de page dans laquelle se trouve l’image et la lettre correspond à celle associée à l’image dans la légende de l’espèce.
Autres photographes :
Romain Néron, LEDP, MAPAQ : 38ABC, 39D, 44B, 50ABCD, 51EFGI, 52AD, 53EGI, 70B, 90C, 94AB, 113I 134AB, 140ABCD, 141EFG, 142C, 162ABC, 163DEF, 190A, 196A, 213G, 223I, 228A, 249E, 250AB, 256ABCD, 257EFG, 258AB, 259EF, 262A, 264B, 265EFH, 270A, 272ABCD, 273EFG, 274A, 275E, 276A, 279E, 280AB, 281E, 282AB, 283E, 284AB, 285E, 286AB, 287E, 288ABC, 289D, 290ABCD, 291EFG, 292ABCD, 293EFG, 294AB, 296A, 297EG, 298A, 299D, 308ABC, 309ABC, 310ABC, 311ABC, 315AB
Bernard Drouin, LEDP, MAPAQ : 246ABCD
Sam Brinker, Ministère des richesses naturelles de l’Ontario : 254ABC
Sandra Flores-Mejia, CÉROM : 46A
Table des matières
Présentation
Le Guide d’identification des mauvaises herbes du Québec est un guide illustré qui vise à faciliter l’identification visuelle des mauvaises herbes. Ce guide de poche est idéal pour l’identification sur le terrain, car de nombreuses espèces susceptibles de se trouver dans un champ agricole ou à ses abords y sont présentées. La description de l’espèce est toujours accompagnée de plusieurs photos.
Les mauvaises herbes ci-incluses sont divisées en trois grands groupes : les dicotylédones (mauvaises herbes à feuilles larges), les monocotylédones (poacées et cypéracées) et les ptéridophytes. À la fin du guide, une section complémentaire décrit brièvement les caractéristiques de quelques espèces cultivées qui pourraient apparaître comme des mauvaises herbes dans un champ agricole.
Les sections additionnelles ci-après complémentent brièvement l’information exposée dans les fiches.
La lutte intégrée et la résistance des mauvaises herbes aux herbicides
La lutte intégrée et la résistance des mauvaises herbes aux herbicides constituent deux sections informant sur le rôle d’accompagnement et d’appui offert par le guide. L’intervention, autant pour la lutte intégrée que pour la résistance aux herbicides, débute par l’identification et la connaissance des mauvaises herbes présentes dans les champs.
Morphologie des dicotylédones et des poacées
Les sections sur la morphologie des dicotylédones et des poacées décrivent les différentes formes de croissance que peuvent prendre les plantes et illustrent les divers termes botaniques utilisés pour les décrire. Ces sections viennent en appui aux clés d’identification.
Clés d’identification
Deux clés d’identification sont proposées : la première permet l’identification des dicotylédones (feuilles larges) et la seconde, celle des poacées. Les clés d’identifications sont bâties en fonction du stade de croissance de la plante et mènent à l’identification, le plus souvent, de l’espèce. Les espèces cultivées, les cypéracées et les ptéridophytes sont exclues de ces clés.
Fiches sur les espèces
Chaque espèce du guide est présentée dans une fiche, laquelle se divise en quatre sections : le titre, la description botanique, les espèces semblables et les images.
Le titre est composé des noms français, anglais et latins acceptés ainsi que des synonymes couramment utilisés. Les codes EPPO (Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes) ont été ajoutés; ceux-ci constituent une manière simple et rapide de référer à une mauvaise herbe sans avoir à écrire son nom en entier. Chaque code est unique et propre à l’espèce. Par ailleurs, de l’information est donnée sur le cycle de vie de la plante (annuelle, bisannuelle, vivace) ainsi que sur son origine (indigène au Québec ou introduite). Quatre logos sont présents dans le guide. Ils ont été développés afin d’indiquer certaines caractéristiques des plantes :
Espèce exotique envahissante : il s’agit d’une espèce introduite, volontairement ou accidentellement, sur le territoire québécois et qui colonise rapidement et densément de nouveaux sites;
Espèce toxique : il s’agit d’une espèce qu’il faut éviter de toucher puisque cette dernière peut causer des irritations sévères de la peau;
Espèce allergène : il s’agit d’une espèce dont le pollen peut causer le rhume des foins ou des rhinites allergiques saisonnières importantes;
Espèce règlementée : il s’agit d’une espèce nuisible règlementée en vertu des lois et règlements en vigueur au Québec et au Canada.
La description botanique présente les principales caractéristiques morphologiques de l’espèce selon les stades de croissance. Ainsi, les caractéristiques de la plantule sont décrites en premier, suivies des caractéristiques du plant végétatif, de l’inflorescence et de l’infrutescence.
La section espèces semblables est nouvelle dans les fiches. Elle indique les espèces pouvant être confondues avec celle de la fiche et spécifie les caractéristiques à observer afin de confirmer l’identification. Des images accompagnent parfois cette section.
Les images servent à illustrer les principales caractéristiques des espèces en mettant l’accent sur les caractères qui permettent de distinguer la plante. Ainsi, des images de la plantule, des plants au stade végétatif et de l’inflorescence sont présentées. Un trait apparaît parfois sur les images. Celui-ci constitue une échelle permettant de mieux visualiser la taille des spécimens
rents organes. Le trait horizontal signifie un centimètre et le trait vertical, un millimètre
Les annexes
Comme il peut être ardu de différencier les dicotylédones au stade de plantule, les annexes regroupent les photos des plantules de dicotylédones en fonction de la forme de leurs cotylédons. Ainsi, les plantules à cotylédons orbiculaires sont réunies. Il en est de même pour les cotylédons oblongs, allongés, linéaires et de formes remarquables.
Le glossaire
Un glossaire est offert à la fin du guide. Il a pour but de définir la plupart des termes botaniques utilisés dans le guide.
La lutte intégrée
La gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC), ou plus simplement, la lutte intégrée, est une méthode décisionnelle qui a pour but de favoriser l’adoption de pratiques agroenvironnementales durables afin de lutter contre les ennemis des cultures. Elle vise donc ultimement à limiter l’utilisation des pesticides.
Cette méthode se divise en cinq composantes :
1. la connaissance des ennemis, c’est-à-dire des principales mauvaises herbes, de leur cycle de vie et les différentes méthodes pour les maîtriser;
2. les méthodes préventives, telles que l’implantation de mesures de biosécurité, la sélection du site de culture et des cultivars ainsi que la gestion des fertilisants et de l’irrigation;
3. le suivi des champs par le dépistage et l’échantillonnage des mauvaises herbes présentes;
4. l’intervention par des moyens de lutte mécaniques, biologiques et chimiques utilisés en combinaison;
5. la rétroaction de l’efficacité des traitements phytosanitaires, ce qui permet une meilleure planification pour la prochaine saison de culture.
Le présent guide permet de bien identifier les mauvaises herbes sur le terrain, d’en avoir une meilleure connaissance et d’en faire un suivi rigoureux lors des dépistages, composantes essentielles à la lutte intégrée.
Bien documenter les espèces problématiques dans les champs et donc identifier correctement les mauvaises herbes permet aussi d’améliorer la gestion d’un champ en culture. En effet, les mauvaises herbes permettent de déduire des renseignements agronomiques essentiels, comme l’état du sol, et aident à la planification des rotations, du travail de sol et des méthodes de lutte. Les mauvaises herbes peuvent aussi informer sur l’efficacité d’un traitement herbicide.
La résistance des mauvaises herbes aux herbicides
Le présent guide est un outil précieux permettant d’appliquer les principes de la lutte intégrée, qui contribuent largement à ralentir le phénomène grandissant et répandu de la résistance aux herbicides.
La résistance des mauvaises herbes aux herbicides se traduit par une baisse importante de la sensibilité d’une population de mauvaises herbes à un ou des herbicides qui étaient auparavant efficaces pour les maîtriser dans des conditions normales d’utilisation.
Dans la nature, certaines mauvaises herbes sont naturellement résistantes à différents groupes de produits. Par conséquent, l’utilisation répétée d’un même produit appartenant à un même groupe de produits sélectionne les individus naturellement résistants qui seront alors les seuls à se reproduire. Les quelques individus résistants, au départ négligeables, deviennent ainsi de plus en plus nombreux. C’est pourquoi la résistance s’intensifie au fil des saisons.
Au champ, lorsqu’un traitement herbicide démontre peu d’efficacité à maîtriser, voire à éliminer une espèce de mauvaise herbe, certains facteurs lors de l’application de l’herbicide sont potentiellement en cause et méritent d’être vérifiés. Par exemple, le traitement peut avoir été effectué au mauvais stade de croissance de la mauvaise herbe; les conditions météo au moment de l’application n’étaient pas favorables; une erreur de dosage a été commise ou un produit non homologué contre la mauvaise herbe visée par le traitement a été utilisé. Toutefois, si ces facteurs ont été pris en compte lors de l’application de l’herbicide et que certaines mauvaises herbes persistent après le traitement, il est possible que celles-ci soient résistantes au produit utilisé.
Certaines caractéristiques permettent de renforcer l’hypothèse de résistance aux herbicides. Par exemple, une seule espèce de mauvaise herbe a survécu au traitement et son patron de distribution est aléatoire; dans cette population de mauvaise herbe, le niveau de dommages dus à l’herbicide varie d’une plante à l’autre; la persistance d’une ou des populations de mauvaises herbes après le traitement a été observée au cours des dernières années dans ce champ avec l’utilisation des herbicides du même groupe; des herbicides du même groupe ont été utilisés à répétition, année après année, dans ce champ; de la résistance a déjà été observée chez cette mauvaise herbe au Québec.
Pour contrer le phénomène de résistance, une stratégie de lutte intégrée des mauvaises herbes doit être mise en œuvre en tout temps, peu importe la présence de résistance ou non. La détection de la résistance représente également un outil fondamental permettant d’établir une stratégie optimale de gestion des populations résistantes.
Ce guide ne mentionne pas les espèces pour lesquelles de la résistance a été trouvée, puisque de nouvelles populations de mauvaises herbes résistantes ainsi que de la résistance à de nouveaux groupes d’herbicides sont constamment découvertes. La liste des mauvaises herbes résistantes au Québec est mise à jour annuellement par l’équipe de malherbologie du LEDP et est facilement accessible sur Internet.
Morphologie des dicotylédones
(Mauvaises herbes à feuilles larges)
1. Caractéristiques des plantules
Une plantule provient obligatoirement d’une graine. La croissance de la plantule débute par l’émergence des cotylédons, les premiers organes à apparaître à la surface du sol. Au départ, seul un fil blanc est visible et il est souvent accompagné de l’enveloppe de la graine. Cette dernière tombe une fois les cotylédons pleinement étendus. La vesce jargeau est une exception, ses cotylédons demeurent sous terre, dans la graine.
située au-dessus du point d’attache des cotylédons, et de l’hypocotyle, qui est la partie située en dessous du point d’attache des cotylédons. Les nouvelles feuilles apparaissent au sommet de l’axe de croissance de la plantule. Les pousses feuillées proviennent des bourgeons à l’aisselle des feuilles.
nouvelles
feuille
pousse feuillée
tige
cotylédon
hypocotyle
racines
Chez certaines espèces, la tige s’allonge très tôt dans le développement de la plantule, alors que chez d’autres, elle ne se développe pas ou que très peu. Dans le premier cas, les plantules sont à tige; dans le second, elles sont à rosette.
Les premières feuilles peuvent être disposées de manière alterne ou opposée. Une façon de valider la disposition des feuilles sur les plantules est de vérifier si les nouvelles feuilles apparaissent une après l’autre (alternes) ou les deux en même temps (opposées).
Souvent, les premières feuilles présentent des caractères juvéniles, les caractères définitifs de l’espèce ne se manifestant que sur les feuilles plus tardives.
Forme des cotylédons
Formes communes
vérifiez le rapport longueur/largeur (L/l) du limbe
orbitaire : longueur égale à la largeur
oblongue : longueur entre 1 fois et 3 fois la largeur
allongée : longueur entre 3 fois et 8 fois la largeur
Formes remarquables
linéaire : longueur plus de 8 fois la largeur
orbiculaire auriculée cœur pique losange carrée
2. Caractéristiques des plants végétatifs
Une pousse végétative est un jeune plant qui provient de la germination d’un bourgeon situé sur une partie végétative (rhizome, stolon, tubercule).
Caractéristiques des feuilles
Les groupes morphologiques de feuilles
feuilles à bord entier
feuilles à bord denté (ou sinueux et denté)
feuilles à bord profondément découpé (segments, lobes) et feuilles composées (à folioles distinctes)
Cette deuxième édition du Guide d’identification des mauvaises herbes du Québec est l’outil idéal sur le terrain pour identifier visuellement les mauvaises herbes, du stade plantule au stade adulte.
Elle présente 133 espèces de mauvaises herbes et 10 espèces cultivées qui pourraient apparaître comme des mauvaises herbes dans les champs agricoles.
Grâce à des images, des textes et des clés d’identification actualisés, voilà un ouvrage moderne qui servira avantageusement d’outil d’accompagnement lors des visites aux champs. PEDI0220