guide production haricots secs

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GUIDE DE PRODUCTION

HARICOTS SECS


Semertard tard SEMER Semer tard tôt... RÉCOLTER

Récolter tôt…

Les haricots sec sont pour vous! Récolter tôt…

• Protéine végétale Consommation en croissance • Enrichit le sol, bon pour l’environnement • Contrat de production (Suivi technique, livraison à la récolte) • Semer en juin et récolter en septembre • Rentabilité à l’hectare intéressante • Vente d’équipements de récolte • Travaux à forfait disponibles • Plusieurs variétés disponibles • Récolte conventionnelle ou spécialisée • Production biologique

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Pour information : info@haribec.com • Tél. : 450 788-2196 • www.haribec.com 217065


2. Pratiques culturales Droits d’auteur Il est interdit de reproduire, de traduire ou d’adapter cet ouvrage sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) afin de respecter les droits d’auteur et d’encourager la diffusion de nouvelles connaissances. Avertissements Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans le présent guide était jugée représentative de la production du haricot sec au Québec. Son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur. Les marques de commerce mentionnées dans cette publication le sont à titre indicatif seulement et ne constituent nullement une recommandation de la part des rédacteurs ou de l’éditeur. La publicité insérée dans ce document concrétise l’appui du milieu à la parution du guide. Sa présence ne signifie pas que le CRAAQ en approuve le contenu et cautionne les entreprises et les organismes concernés. Dans le présent document, le masculin englobe le féminin et est utilisé uniquement pour alléger le texte. Comment citer cet ouvrage Gélinas, B., Y. Dion, S. Mathieu, A. Akpakouma, C. Thireau, C. Caouette, B. Vogt, I. Chiaravalotti, V. HoyosVillegas et C.-A. Légaré. 2024. Guide de production : Haricots secs. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec. 84 pages. La publication de ce guide a été rendue possible grâce à une aide financière du Programme Innov’Action agroalimentaire, en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.

POUR INFORMATIONS ET COMMENTAIRES Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2875, boulevard Laurier, Édifice Delta 1, 9e étage Québec (Québec) G1V 2M2 418 523-5411 | 1 888 535-2537 client@craaq.qc.ca | www.craaq.qc.ca

© Gouvernement du Québec, 2024 © Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 2024 Suivant sa convention avec le MAPAQ, le CRAAQ est autorisé par le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation à publier les textes du personnel du Ministère. PGCC0108-PDF ISBN 978-2-7649-0675-0 Dépôt légal Bibliothèque et Archives Canada, 2024 Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2024


RÉDACTION

COLLABORATION

Ayitre Akpakouma, agr., M. Sc., conseiller en grandes cultures et plantes fourragères, Direction régionale du Bas-Saint-Laurent, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

Martin Bourgeault, producteur agricole, Ferme Bograin inc.

Claudia Caouette, agr., chargée de projets, Références économiques, Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec Isabella Chiaravalotti, M. Sc., étudiante au doctorat, Pulse Breeding and Genetics Lab, Department of Plant Science, McGill University

Jérémie Lamy, producteur agricole, Ferme Damie inc. Jean-Claude Paradis, producteur agricole, Ferme Agricole 122 inc. Salah Zoghlami, agr., M. Sc., directeur des affaires agronomiques, Producteurs de grains du Québec

Yves Dion, agr., M. Sc., conseiller en grandes cultures, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

RÉVISION

Bruce Gélinas, agr., M. Sc., conseiller en grandes cultures, Direction régionale de la Mauricie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

Ayitre Akpakouma, agr., M. Sc., conseiller en grandes cultures et en plantes fourragères, Direction régionale du Bas-Saint-Laurent, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

Valerio Hoyos-Villegas, Ph. D., professeur adjoint, Pulse Breeding and Genetics Lab, Department of Plant Science, McGill University

Murielle Bournival, agr., coordonnatrice des services-conseils en grandes cultures, CETAB+

Charles-Antoine Légaré, conseiller sectoriel en transformation alimentaire, Direction du développement stratégique de la transformation alimentaire, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec Stéphanie Mathieu, agr., conseillère en grandes cultures, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec Catherine Thireau, agr., consultante, Services agronomiques Catherine Thireau Barbara Vogt, chargée de projets aux publications, Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec

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Murielle Bournival, agr., coordonnatrice des services-conseils en grandes cultures, CETAB+

Pierre-Marc Brodeur, président, Les Grains Haribec inc. Mélanie Brouillard, productrice agricole, Ferme Bordelo inc. Isabella Chiaravalotti, M. Sc., étudiante au doctorat, Pulse Breeding and Genetics Lab, Department of Plant Science, McGill University Marie-Edith Cuerrier, agr., M. Sc., conseillère en gestion intégrée des ennemis des grandes cultures, Direction de la phytoprotection, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (au moment de l’édition) Line Desloges, agr., conseillère en économie et en développement agroalimentaire, responsable de la coordination du dossier relève agricole, Direction régionale de Montréal-Laval-Lanaudière, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec


2. Pratiques culturales Yves Dion, agr., M. Sc., conseiller en grandes cultures, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec Franck Djea, agr., M. Sc., conseiller en économie et en gestion, Direction régionale de l’Outaouais, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec Bruce Gélinas, agr., M. Sc., conseiller en grandes cultures, Direction régionale de la Mauricie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec Valerio Hoyos-Villegas, Ph. D., professeur adjoint, Pulse Breeding and Genetics Lab, Department of Plant Science, McGill University Étienne Lafrance, agent d’information sur les marchés, Producteurs de grains du Québec Vincent Lamarre, ing., agr., professeur-chercheur, Institut de technologie agroalimentaire du Québec Charles-Antoine Légaré, conseiller sectoriel en transformation alimentaire, Direction du développement stratégique de la transformation alimentaire, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec Jean-Philippe Légaré, M. Sc., biologiste et entomologiste, Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, Direction de la phytoprotection, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

Joseph Moisan-De Serres, M. Sc., biologiste et entomologiste, Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, Direction de la phytoprotection, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec Stéphanie Roy, directrice Développement et Qualité, Les Grains Haribec inc. Julien Vivancos, Ph. D., phytopathologiste, Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, Direction de la phytoprotection, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

COORDINATION, ÉDITION, CONCEPTION GRAPHIQUE ET MISE EN PAGE PAR LE CRAAQ Marie-Edith Cuerrier, agr., M. Sc., chargée de projets (au moment de la rédaction) Lyne Lauzon, chargée de projet aux publications Véronique Michaud, graphiste Nathalie Nadeau, graphiste

PHOTOGRAPHIES Couverture : Shelley Pauls Sauf mention contraire, les photos sont de François Carl Duguay, chargé de projets en production numérique au CRAAQ

Olivier Marois-Mainguy, agr., conseiller en économie et en développement du bioalimentaire, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

Autres photos : Nicolas Authier; Isabella Chiaravalotti; Bruce Gélinas; Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ; Stéphanie Mathieu

Hugo Martorell, coordonnateur de programme régional au Québec, Sème l’avenir

REMERCIEMENTS

Stéphanie Mathieu, agr., conseillère en grandes cultures, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

Les rédacteurs et le CRAAQ remercient sincèrement Jean-Claude Paradis, Martin Bourgeault et Jérémie Lamy pour la présentation des équipements au champ sur leurs fermes respectives. Merci aussi à tous ceux et celles qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce guide.

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2. Pratiques culturales

AVANT-PROPOS Ce guide répond à un intérêt croissant pour la production et la consommation de produits d’origine végétale. Le haricot sec et les autres légumineuses sèches sont un moyen de soutenir les besoins d’une population mondiale en croissance et de contribuer à la sécurité alimentaire. Aussi, le mouvement vers une alimentation végétale contribue à une économie des ressources sols et eau ainsi qu’à la réduction des gaz à effet de serre (GES). Le contenu de cet ouvrage est adapté à la situation du Québec. Son propos fait état de la situation et des connaissances actuelles de la culture. Il traite aussi de la production et de la mise en marché du haricot sec dans le contexte de diversification des cultures, tant pour aborder des marchés différents que pour répondre à des impératifs agroenvironnementaux. Le haricot n’est pas une culture émergente ou nouvelle, mais, dans notre contexte et sous nos conditions, il s’agit d’une culture marginale moins bien connue que les grandes cultures principales telles que le maïs, le soya et les céréales. La volonté de s’intéresser à cette culture s’appuie sur les ressources investies au Québec à la suite de la mise en place d’un programme d’amélioration génétique et de sélection végétale à l’Université McGill. Cette initiative permet d’arrimer les efforts du secteur et d’articuler le développement d’une meilleure filière. Elle valorise aussi l’écosystème qui s’installe entourant le développement de produits à base de protéines végétales au Québec. Ce guide ne traite que de l’espèce Phaseolus vulgaris, d’origine strictement américaine1, par exemple les haricots blanc, navy, canneberge, rose et petit rouge. Il n’y est pas question d’autres espèces du genre Phaseolus, telles que le haricot d’Espagne (P. coccineus, « Runner Bean »), le haricot de Lima (P. lunatus) ou le haricot tépari (P. acutifolius). Cette publication ne s’intéresse pas non plus aux haricots d’origine asiatique du genre Vigna, comme le haricot azuki (V. angularis), le haricot urd (V. mungo) ou le niébé africain — haricot à l’œil noir (V. unguiculata). Le haricot frais est consommé comme « légume » et, bien qu’il s’agisse de la même espèce, il appelle l’usage de cultivars différents de ceux du haricot sec. Le haricot frais exige une conduite agronomique distincte de celle du haricot sec et n’est pas l’objet de ce document. Yves Dion, agr. Président du Comité grandes cultures du CRAAQ

1. Chauvet, M. 1982. Le point sur la nomenclature des haricots, à l’occasion de la parution de la monographie de Maréchal, Mascherpa et Stainie. Journal d’agriculture traditionnelle et de botanique appliquée 29(1) : 31-39. https://www.persee.fr/doc/jatba_0183-5173_1982_ num_29_1_3857

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TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION..........................................................................................................1 Portrait de la production...................................................................................2 Contexte..................................................................................................................2 Principales particularités...................................................................................3 CHAPITRE 1 BIOLOGIE..............................................................................................4 Types de plants.....................................................................................................6 Système racinaire.................................................................................................7 Sensibilité à la photopériode et à la température...................................7 Floraison et maturité..........................................................................................7 Développement du haricot..............................................................................8 Adaptation agroenvironnementale..............................................................8 Température..................................................................................................8 Sol ................................................................................................................. 10 Besoin en eau............................................................................................. 10 Physiologie.......................................................................................................... 11 Besoin en azote.......................................................................................... 11 Rendement.................................................................................................. 11 Structure...................................................................................................... 11 Développement de cultivars........................................................................ 12 CHAPITRE 2 PRATIQUES CULTURALES............................................................ 13 Avantages agronomiques ............................................................................ 14 Choix du cultivar............................................................................................... 15 Choix et préparation du site de production .......................................... 17 Importance de la structure et de la fertilité du sol....................... 17 Rotation et prévention phytosanitaire.............................................. 17 Préparation du sol..................................................................................... 18 Semis ................................................................................................................. 19 Dates de semis .......................................................................................... 19 Espacement entre les rangs et densité de semis ......................... 19 Profondeur de semis................................................................................ 20 Équipement de semis.............................................................................. 20 Fertilisation ........................................................................................................ 20 Azote............................................................................................................. 20 Phosphore et potassium........................................................................ 21 Excès et carences possibles................................................................... 22 Quelques éléments à surveiller après le semis...................................... 24 CHAPITRE 3 PHYTOPROTECTION...................................................................... 25 Gestion des mauvaises herbes..................................................................... 26 Désherbage chimique............................................................................. 26 Désherbage mécanique......................................................................... 27 Autres méthodes de gestion des mauvaises herbes................... 28 Principales maladies........................................................................................ 30 vi


Principaux ravageurs....................................................................................... 36 Principaux stress abiotiques......................................................................... 41 Compaction des sols................................................................................ 41 Gel ................................................................................................................. 41 Grêle.............................................................................................................. 41 Insolation..................................................................................................... 41 Bronzage...................................................................................................... 41 CHAPITRE 4 RÉCOLTE ET CONDITIONNEMENT........................................... 42 Détermination du moment de la récolte ................................................ 43 Période de récolte..................................................................................... 43 Maturité des grains................................................................................... 43 Taux d’humidité des grains................................................................... 44 Méthodes de récolte........................................................................................ 44 Récolte par coupe directe ..................................................................... 45 Récolte par arrachage et andainage, suivis d’un battage.......... 49 Transport et manutention............................................................................. 54 Conditionnement et entreposage du grain............................................ 54 CHAPITRE 5 MISE EN MARCHÉ ET ANALYSES ÉCONOMIQUES............. 55 Perspectives de mise en marché................................................................. 56 État des marchés............................................................................................... 57 Qualité du grain de haricot........................................................................... 59 Mise en marché au Québec........................................................................... 60 Analyses économiques................................................................................... 61 Budgets de production........................................................................... 61 Analyses de sensibilité économique d’une culture de haricots secs comparativement à celle de soya IP........................ 62 Retombées économiques découlant de l’introduction du haricot sec dans une année de rotation de culture...................... 63 ANNEXE I..................................................................................................................... 67 ANNEXE II.................................................................................................................... 69 CONCLUSION............................................................................................................ 70 BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................ 72 REMERCIEMENTS AUX COMMANDITAIRES................................................... 79

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INTRODUCTION

Rédaction Yves Dion, agr., M. Sc., conseiller en grandes cultures, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec Catherine Thireau, agr., consultante, Services agronomiques Catherine Thireau Charles-Antoine Légaré, conseiller sectoriel en transformation alimentaire, Direction du développement stratégique de la transformation alimentaire, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

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Le haricot sec (Phaseolus vulgaris) est une légumineuse originaire de la Mésoamérique, une zone géographique qui s’étend du nord du Mexique jusqu’au Costa Rica, incluant le Belize, le Guatemala, l’ouest du Honduras, le Salvador et le versant pacifique du Nicaragua. D’autres foyers à la source de ressources génétiques en Amérique du Sud ont évolué à partir des sources mésoaméricaines (Bitocchi, 2012 et Hirst, 2020). Des évidences indiquent la présence de variétés sauvages de haricots 10 000 ans avant notre époque. La domestication de l’espèce se serait échelonnée entre près de 10 000 à 1 300 ans avant notre ère, selon les foyers de domestication (Kaplan, 1999).

Au Québec2, quelque 100 entreprises cultivent des haricots sur une superficie totale de près de 3 060 ha (Tableau 1). La production de haricots se concentre dans Lanaudière (plus de 40 %), en Mauricie (près de 20 %), en Montérégie (10 %) et au Centre-du-Québec (10 %). Les superficies restantes sont réparties dans les autres régions. Le nombre d’hectares consacrés à la culture des haricots secs au Québec est non seulement en baisse depuis quelques années, mais il constitue une infime partie des récoltes annuelles de la province. La chaîne de valeur des grandes cultures est principalement orientée vers l’industrie de la viande et il demeure que la mise en marché du soya et du maïs est mieux connue et plus simple que celle des haricots.

Portrait de la production D’après la FAO1, en 2020, la production de haricots secs à l’échelle mondiale occupait une superficie de 34,5 millions d’hectares et elle s’élevait à 27,4 millions de tonnes. Toutefois, les superficies cultivées en légumineuses ne suffisent pas à combler la demande mondiale.

Contexte Le Guide alimentaire canadien (2019) recommande de diversifier ses sources de protéines et de consommer plus de protéines végétales. D’ailleurs, on constate chez les consommateurs un nouvel intérêt pour les légumineuses, car elles répondent à plusieurs de leurs préoccupations relatives à la santé. Le haricot sec possède des teneurs élevées en fibres, en protéines végétales, en vitamines et en minéraux, de même qu’une très faible teneur en gras. Les légumineuses contribuent aussi à la diversification alimentaire et à l’éveil culinaire dans la population.

Au Canada, la superficie cultivée en haricots a atteint un sommet, en 2020, avec 182 900 ha, ce qui a généré une valeur de plus de 3,2 M$ (Statistique Canada, 2022). Les superficies cultivées au Québec sont minimes comparativement à celles des principales provinces productrices, soit l’Ontario, le Manitoba et l’Alberta. Ces trois dernières produisent à elles seules près de 95 % de la production canadienne totale.

Tableau 1. Données sur la production de haricots secs au Québec Superficie récoltée (ha)1 Production (t)1 Rendement moyen (kg/ha) Valeur (M$)

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1

2017

2018

2019

2020

2021

2022

4 100

4 500

3 500

2 500

4 900

1 800

9 600

11 100

7 700

4 600

9 890

3 685

2 300

2 467

2 239

1 850

2 028

2 026

8,4

8,9

7,1

5,2

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--

1. Statistique Canada, 2022. 2. Côté et coll., 2022.

1. Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. 2. Données extraites de la Fiche d’enregistrement des exploitations agricoles 2014-2021 du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) (août 2021).

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Introduction Les préoccupations environnementales jouent également en faveur d’une plus grande utilisation des protéines végétales en alimentation des populations puisque ces protéines requièrent beaucoup moins de ressources (sols, eau et intrants; chaînes alimentaires plus courtes). Elles sont plus durables et concourent à la réduction des gaz à effet de serre associés au réchauffement climatique. Afin de permettre à un plus grand nombre d’exploitants agricoles de s’intéresser à la culture des haricots secs, que ce soit sous une conduite agronomique conventionnelle ou biologique, ce guide présente les aspects fondamentaux et les particularités de cette production et de sa commercialisation.

Principales particularités Les régions adaptées à la culture du soya le sont aussi pour celle du haricot. De plus, en raison de sa hâtiveté, le haricot peut être cultivé dans l’ensemble des régions situées à l’ouest de la région de la Capitale-Nationale, de même que dans certains secteurs du Saguenay—Lac-Saint-Jean et du Bas-Saint-Laurent. Dans ces régions périphériques, la précocité du haricot pourrait susciter l’extension d’une culture de légumineuse. Cette précocité du haricot permet de réaliser plus hâtivement qu’avec le soya les travaux postrécoltes en fin d’été. Les semis d’automne peuvent donc être faits dans de bonnes conditions. Le semis plus hâtif d’une céréale d’automne favorise le développement, la survie à l’hiver et le rendement de la céréale. La précocité relative du haricot offre aussi de meilleures conditions d’implantation aux cultures de couverture, qui améliorent la santé des sols et leur fertilité, en plus de les protéger contre l’érosion et le lessivage, et d’en favoriser un meilleur égouttement.

L’entreprise qui désire diversifier ses cultures et qui ne cultive pas de soya peut intégrer le haricot à sa production, ce qui ajoute un nouveau groupe de cultures à la rotation. La diversification des cultures permet de briser le cycle de certains ennemis des cultures, d’optimiser la gestion des pesticides et de réduire les risques de résistance. Bien que la culture du haricot offre des avantages appréciables, elle présente aussi quelques défis à prendre en compte. Le choix de cultivars appropriés est déterminant pour répondre aux enjeux d’adaptation aux conditions agroclimatiques du Québec. L’absence de cultivars génétiquement modifiés résistants aux herbicides offre moins de possibilités pour la gestion des mauvaises herbes en conduite conventionnelle. Quelques ravageurs et maladies peuvent nuire à la culture. Cependant, actuellement, les ravageurs constituent rarement une problématique pour les haricots au Québec. La pourriture sclérotique représente le plus grand défi. Selon la catégorie commerciale de haricot cultivée, la récolte et la manutention des grains peuvent exiger que des adaptations soient apportées aux équipements ou que des équipements spécialisés soient achetés. La récolte et les étapes suivantes doivent toujours être réalisées minutieusement puisque le grain de haricot est plus fragile que celui du soya. L’approvisionnement en semences et la mise en marché des haricots sont moins organisés que ceux des autres grains. Par ailleurs, puisque le haricot n’est pas transigé à la bourse, il n’y a pas de référence pour le prix du marché.

Étant une légumineuse, le haricot sec a la capacité de fixer l’azote atmosphérique, ce qui favorise la décomposition des plants en fin de production, améliore la fertilité des sols et induit une meilleure productivité chez les cultures subséquentes.

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BIOLOGIE

Rédaction Yves Dion, agr., M. Sc., conseiller en grandes cultures, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec Isabella Chiaravalotti, M. Sc., étudiante au doctorat, Pulse Breeding and Genetics Lab, Department of Plant Science, McGill University

CHAPITRE

Valerio Hoyos-Villegas, Ph. D., professeur adjoint, Pulse Breeding and Genetics Lab, Department of Plant Science, McGill University

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1


1. Biologie Le haricot (Phaseolus vulgaris) est une plante annuelle1 de la famille des Fabaceæ (Légumineuses). C’est une dicotylédone et, comme chez le soya, la germination de la plantule est épigée, c’est-à-dire que les cotylédons2, des pseudofeuilles issues de la graine, sont soulevés hors du sol (Figure 1.1).

avant l’ouverture de la fleur, la fécondation est principalement autogame, c’est-à-dire qu’elle s’effectue au sein de la même fleur duquel provient le pollen. À l’apparition de la première fleur, les bourgeons axillaires des nœuds inférieurs développent de nouvelles branches, lesquelles produiront de nouvelles fleurs et gousses. Les fruits du haricot sec sont des gousses à double déhiscence (à maturité, elles s’ouvrent spontanément par deux fentes), ce qui les rend fragiles lors du battage.

Les feuilles du haricot sec sont trifoliolées, sauf la première au-dessus des cotylédons, qui est unifoliée. Ses fleurs sont constituées en grappes3. Chaque fleur est hermaphrodite : elle regroupe les éléments femelle et mâle. Puisque le pollen est relâché juste

Légende 1. Hypocotyle 2. Radicule 3. Cotylédon 4. Nœud cotylédonaire 5. Racine pivotante (primaire) 6. Racine latérale (secondaire) 7. Feuille primaire (unifoliée) 8. Foliole d’une feuille trifoliée 9. Bourgeon terminal (apical) 10. Bourgeon axillaire 11. Hypocotyle (au stade crochet) 12. Nœud 13. Nodule bactérien symbiotique 14. Radicelles et poils racinaires

8 9

10

7 7 9

4

11 1 3 2

1

3

12

12

10

3

3

1 6 13

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Figure 1.1. Schéma du plant de haricot à différents stades Source : Adaptée de North Dakota State University Extension (Kandel et coll., 2019).

1. Plante dont le cycle de vie entier, de la germination jusqu’à la production de graines, est complété dans les limites d’une année. 2. Feuilles primordiales déjà constituées dans la graine qui participent à la germination et à la nutrition de la plantule à partir de leurs réserves ou de la métabolisation des réserves de la graine. 3. Inflorescence indéfinie dont les fleurs s’échelonnent le long de l’axe principal et sont portées par des pédoncules.

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Types de plants On distingue deux modèles de croissance chez le haricot : indéterminée et déterminée. Les cultivars à croissance indéterminée produisent de longues tiges et fleurissent continuellement. Chez les haricots à croissance déterminée, la tige se termine par des fleurs plutôt que de s’allonger constamment, ce qui limite le développement de la plante. La plupart des cultivars commerciaux présentent un mode semi-déterminé, qui est intermédiaire entre ces deux extrêmes. Les cultivars diffèrent aussi par leur port. Ce dernier peut être buissonnant, étalé, grimpant ou semi-grimpant. Le port buissonnant (« bush type »), dressé, est caractéristique des plants nains à croissance déterminée. Il existe toutefois des cultivars buissonnants à croissance indéterminée. Parmi les cultivars indéterminés, plusieurs présentent un port étalé ou bien grimpant. Dans ce dernier cas, les tiges sont volubiles4. Les cultivars semi-grimpants (« half-runner ») sont généralement à croissance indéterminée.

Type I

La combinaison de ces deux caractéristiques définit quatre types de plants, dont trois sont illustrés à la Figure 1.2 : I. Les plants nains à croissance déterminée. Ce type de plant présente de cinq à neuf nœuds5. C’est le cas de la plupart des haricots canneberges et des cultivars de haricots blancs très précoces. II. Les plants généralement à croissance semidéterminée, à tige courte et dressée, de port étroit, développant 10 à 12 nœuds sur la tige principale et supportant 3 à 5 branches. La plupart des cultivars de haricots blancs, noirs et rognons sont de ce type. III. Les plants à croissance indéterminée et à tige principale faible ayant un port prostré et rampant. Ceux-ci comportent 10 à 12 nœuds sur la tige principale et plusieurs branches. IV. Les plants grimpants, à croissance indéterminée, nécessitant une structure de soutien.

Type II

Figure 1.2. Schéma de trois types de plants

4. Qui s’enroulent autour d’un support pour se soutenir. 5. Points d’attache reliant une feuille ou un rameau (branche non lignifiée) à la tige.

6

Type III


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