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Yves Gagnon

La culture écologique

des plantes légumières

Colloïdales


Photographies Yves Gagnon sauf lors d’indication contraire Calibrage des photographies Olivier Lasser Révision Diane Mackay, Nicole Gagnon Infographie Pierre Foisy Tous droits réservés pour tous pays. La culture écologique des plantes légumières est publié par Les Éditions Colloïdales. Il est imprimé sur du papier Gusto satin issu de fibres vierges provenant de forêts certifiées FSC (Forest Stewardship Council). Les Éditions Colloïdales Saint-Didace (Québec) J0K 2G0 Canada www.jardinsdugrandportage.com Diffusion Canada Prologue inc. 1650, boul. Lionel-Bertrand, Boisbriand (Québec) J7H 1N7 Téléphone : 450 434-0306, 1 800 363-2864 Europe Librairie du Québec à Paris 30, rue Gay Lussac 75005 Paris, France 43 54 49 02 www.librairieduquebec.fr La culture écologique des plantes légumières Troisième édition Dépôt légal Bibliothèque nationale du Canada 2012 Bibliothèque nationale du Québec 2012 ISBN 978-2-9810274-3-6


Table des matières

Avant-propos

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Profession jardinier

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Mode d’emploi

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Chapitre 1

Les apiacées La carotte Le céleri Le céleri-rave Le fenouil à bulbe Le panais Le persil Le persil racine

17 18 26 31 34 36 39 42

Chapitre 2

Les astéracées L’artichaut La chicorée La laitue Le salsifis Le topinambour Le tournesol

45 46 49 56 62 64 67

Chapitre 3

Les brassicacées Le brocoli Le chou pommé Le chou chinois Le chou de Bruxelles Le chou-fleur Le chou-rave Le collard Le cresson Le kale La moutarde Le navet Le radis La roquette Le rutabaga

71 72 77 86 90 94 98 101 104 108 111 115 118 124 126


Chapitre 4

Les chénopodiacées La bette à carde La betterave L’épinard

131 132 134 138

Chapitre 5

Les cucurbitacées Le concombre La courge d’été La courge d’hiver et la citrouille Le melon

143 144 153 156 164

Chapitre 6

Les fabacées L’arachide La gourgane Le haricot Le pois

171 172 174 178 182

Chapitre 7

Les liliacées L’ail L’asperge L’échalote L’oignon Le poireau

189 190 195 200 202 211

Chapitre 8

Les poacées Le maïs

215 216

Chapitre 9

Les solanacées L’aubergine La cerise de terre Le piment Le poivron La pomme de terre La tomate

225 226 230 233 236 241 252


Chapitre 10

Quelques autres espèces Les aizoacées La tétragone Les amarantacées L’amarante feuille Les malvacées L’ocra Les polygonacées La rhubarbe L’oseille Les valérianacées La mâche

267 268 268 270 270 272 272 276 276 278 281 281

Chapitre 11

Les semis intérieurs

285

Chapitre 12

Le contrôle des ravageurs

291

Chapitre 13

Le contrôle des maladies

297

Creuser la terre

301

Qu’est-ce qu’on mange ?

305

Bibliographie

309

Adresses utiles

311

Index des noms anglais

315

Index des noms latins

319

Index des noms français

321



Chapitre

1

Les

apiacées Les apiacées, qu’on appelait autrefois les ombellifères, constituent une famille homogène dont on reconnaît les membres à leurs inflorescences en ombelles. Plutôt rares sous les tropiques, elles se trouvent principalement dans l’hémisphère nord. Dans ce chapitre, il est question de 7 plantes légumières membres de cette famille : n n n n n n n

La carotte Le céleri Le céleri-rave Le fenouil à bulbe Le panais Le persil Le persil racine

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Carotte

Carotte Carrot Dau­cus ca­ro­ta var. sativus

Les apiacées

et la sé­lec­tion ont per­mis l’ap­pa­ri­tion d’une ca­rotte à ra­ci­ne jau­ne qu’on cul­ti­vait tout d’abord com­me plan­te mé­di­ci­na­le, puis com­me plan­te four­ra­gè­re. Une ca­rot­te à ra­ci­ne oran­gée est ap­pa­rue au xvie siècle ; cette mutation al­lait per­met­tre de ­nou­vel­les sé­lec­tions et d’au­tres croi­se­ments. Ce sont les Hol­lan­dais qui se sont in­té­res­sés les pre­miers à la ca­rot­te oran­ge pour sa tex­ture dé­li­ca­te et son goût su­cré. Puis, des gé­né­ti­ ciens fran­çais tel Vil­mo­rin-An­drieux ont sélectionné l’es­pè­ce, créant des li­gnées amé­lio­rées ­tant sur le plan nu­tri­tif que gus­ta­tif. De­puis ce temps, la ra­ci­ne s’est peu à peu en­no­blie au point qu’elle fait au­jourd’hui sou­vent fi­gu­re d’ali­ment fin. On cul­ti­ve main­te­nant la ca­rot­te sur tous les ­con­ti­nents ; elle cons­ti­tue un ali­ment de base pour la plu­part des peu­ples de la Terre.

Pro­prié­tés et va­leur nutritive

Historique

Q

uoi­qu’on trou­ve des ca­rot­tes à l’état spon­ta­né par­tout sur le con­ti­nent eu­ro­péen, on croit que l’es­pè­ce est ori­gi­nai­re du Moyen-Orient, pro­ba­ble­ ment d’Af­gha­nis­tan. La ra­ci­ne in­di­gè­ne ori­gi­na­le était vio­la­cée, pres­que noi­re. Les mu­ta­tions gé­né­tiques

Une te­neur de 10 à 12 mg de bêta-ca­ro­tè­ne par 100 g fait de la ca­rot­te le lé­gu­me le plus ri­che qui soit en cet élé­ment. On a remarqué que plus la ca­rot­te est oran­ gée, plus elle en con­tient. C’est d’ail­leurs de la ra­ci­ne la­ti­ne ca­ro­ta que provient le nom carotène. Aux 100 g, la ca­rot­te comp­te 1,5 g de pro­téi­nes, 0,3 g de ma­tiè­res gras­ses, 9,2 g de glucides et 39 ca­lo­ ries. Elle con­tient aus­si du phos­pho­re, du po­tas­sium, du cal­cium, du ma­gné­sium, du cui­vre, du fer, de l’iode, du man­ga­nè­se, du nic­kel, du sou­fre, du so­dium et du bro­me, ain­si que les vi­ta­mi­nes B1, B2, B3, B5, B6, C, E et K. On la dit adou­cis­san­te, alcalinisante, apé­ ri­ti­ve, anti­ané­mi­que, dé­pu­ra­ti­ve, diu­ré­ti­que, nu­tri­ti­ve et ra­fraî­chis­san­te ; on pré­tend également qu’elle aide à main­te­nir une bon­ne vi­sion. En­fin, elle est ex­cel­len­te pour le foie. On la con­som­me en jus, en cru­di­té, en sa­lade, en po­tage, dans les ra­goûts ou com­me lé­gu­me d’accom­ pagnement.


Les apiacées

La ca­rot­te, lors­que cul­ti­vée avec des quan­ti­tés ex­ces­si­ves d’en­grais azo­tés, contient des taux éle­vés de ni­tra­tes, néfastes pour la san­té (voir la page 57). Aux États-Unis, le département de l’Agriculture (USDA) a décelé en 2007 jusqu’à 26 pesticides différents sur les carottes ; les cinq plus importants sont dans l’ordre le linuron, la tri­flu­ra­line, la pyraclostrobine, le DDE et l’azoxystrobine.

Ca­té­go­ries et cultivars On ­tro­uve au­jourd’hui des cen­tai­nes de cul­ti­vars de ca­rot­te qu’on peut regrouper en 6 grandes catégories. La ca­rot­te miniature Baby car­rot, Ox­heart car­rot, Pa­ris Mar­ket carrot Les ca­rot­tes mi­nia­tures sont hâ­ti­ves et dé­ve­lop­pent ra­pi­de­ment leur taux de su­cre. El­les me­su­rent de 3 à 8 cm. Cer­tains cul­ti­vars sont courts et ef­fi­lés alors que d’au­tres sont courts et tra­pus donc mieux adap­tés aux sols lourds et ar­gileux. Très ap­pré­ciées pour leur sa­veur et leur tex­ture délicates, les ca­rot­tes mi­nia­tures sont em­ployées com­me ca­rot­tes de fan­tai­sie. . Cul­ti­vars re­com­man­dés : Mi­gnon (ca­rot­te nantaise de 5 à 7 cm), Paris Market # 4 (ca­rot­te cour­te et tra­pue, presque ronde). La ca­rot­te nantaise Nan­tes carrot La ca­rot­te nan­tai­se est la plus po­pu­lai­re auprès des jar­di­niers. De for­me cy­lin­dri­que, me­su­rant de 12 à 18 cm, ten­dre et très su­crée, elle fait une ex­cel­len­te ca­rot­te d’été. Elle dé­ve­lop­pe ra­pi­de­ment un taux de su­cre élevé qu’elle con­ser­ve quelques mois en ­cham­bre froi­de ; c’est pour­quoi la ma­jo­ri­té des nan­tai­ses ne

Carotte

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cons­ti­tuent pas des ca­rot­tes de con­ser­va­tion ­idéa­les, à moins d’être équi­pé d’une cham­bre froi­de très per­ for­man­te. Les cul­ti­vars dé­nom­més Ams­ter­dam et Tou­chon sont des sous-ca­té­go­ries de nantaises. Cul­ti­vars re­com­man­dés : Scarlet Nantes, Tou­chon de Luxe, Forto Selection, Berlicummer (pour conservation), Na­po­li (H), Nelson (H), Yaya (H), Bo­le­ro (H). La carotte Chantenay Chan­te­nay carrot La ca­rot­te Chan­te­nay est une ancienne ca­té­go­rie de ca­rot­te de for­me cour­te et tra­pue, avec de larges ­épau­les. Sa taille at­teint ra­re­ment plus de 15 cm. Peu su­crée en été, elle dé­ve­lop­pe ce­pen­dant, en au­tom­ne, un fort taux de su­cre qu’elle con­ser­ve en cham­bre froi­de, ce qui en fait une ex­cel­len­te ca­rot­te de con­ ser­va­tion. À cau­se de sa for­me tra­pue, elle est bien ­adap­tée aux sols lourds, ar­gi­leux ou peu profonds. Cul­ti­vars re­com­man­dés : Chan­te­nay Roya­le, Red Co­red Chantenay, Hercules (H). La ca­rot­te Danvers Dan­vers carrot Nommée d’après la ville de Danvers au Mas­sa­chu­setts où on l’a dé­ve­lop­pée, cette ca­rot­te se dis­tin­gue par sa for­me co­ni­que et ses lar­ges épau­les. Très pro­duc­ti­ve, son feuilla­ge est abon­dant et sa racine at­teint de 18 à 24 cm. Plus len­te que les nan­tai­ses à dé­ve­lop­per son taux de su­cre, elle cons­ti­tue une bon­ne ca­rot­te de ­con­ser­va­tion. Elle produit bien dans les sols argileux. Cul­ti­vars re­com­man­dés : Dan­vers Half Long, Danvers 126.


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Carotte

La ca­rot­te Imperator Im­pe­ra­tor carrot La ca­rot­te Im­pe­ra­tor est la ca­rot­te lon­gue et ef­fi­lée qu’on tro­uve dans tous les su­per­mar­chés. Elle est très feuillue et elle at­teint fa­ci­le­ment 25 cm de lon­gueur. Dé­ve­lop­pée pour la pro­duc­tion in­dus­triel­le et pour la ré­col­te mé­ca­ni­que, elle est plus coriace, plus fi­breu­se et moins savoureuse que cel­les des au­tres ca­té­go­ries. At­trayan­te lorsque bot­te­lée, elle est toutefois peu ché­rie des jar­di­niers. Elle nécessite des sols légers et profonds. Cul­ti­vars re­com­man­dés : Imperator # 58, Sugarsnax 54 (H). La carotte de couleur Colored carrot Depuis quelques années sont apparues dans les cata­ logues des carottes rouges, violacées, jaunes et ­blanches. Très populaires chez les restaurateurs et chez les enfants, ces carottes séduisantes sont de plus en plus en demande. Elles permettent de créer des assiettes de crudités irrésistibles. Cul­ti­vars re­com­man­dés : Atomic Red (cultivar rougeâtre), Cosmic Purple (cultivar violacé à l’extérieur et orange à l’intérieur), White Satin (hybride blanc), Yellow Sun (hybride jaune), Rainbow Hybrid (hybride donnant des carottes blanches, jaunes et oranges), Purple Haze (hybride violacé à l’extérieur et orange à l’intérieur), Deep Purple (hybride violacé).

Les apiacées

Culture Description La ca­rot­te est un lé­gu­me ra­ci­ne bi­san­nuel. Elle for­me la pre­miè­re an­née de sa croissance une ro­set­te de feuilles mol­les, plu­sieurs fois pen­nées, pou­vant ­at­tein­dre de 30 à 60 cm de hau­teur. La ra­ci­ne pi­vo­tan­te et char­nue est plus ou moins lon­gue se­lon le cul­ti­var et les con­di­ tions de cul­ture. La deuxiè­me an­née se dé­ve­loppe une ham­pe flo­ra­le for­te­ment ra­mi­fiée pou­vant at­tein­dre 1 m de hau­teur ; elle porte des fleurs blan­­ches ré­uni­es en om­bel­les dé­li­ca­tes, parfumées et très décoratives. Con­di­tions de culture La ca­rot­te to­lè­re de fai­bles ge­lées ; on peut donc la se­mer tôt au prin­temps. Il lui faut un em­pla­ce­ment en­so­leillé, un sol lé­ger et pro­fond, frais et riche en hu­mus. On la cul­ti­ve de pré­fé­ren­ce sur des plan­ches ou sur des billons. Dans les sols ar­gi­leux, on choi­si­ra des cul­ti­vars adap­tés, par exem­ple des ca­rot­tes mi­nia­tures, des Chan­te­nay ou des Dan­vers. Les sols ­pier­reux don­nent des ca­rot­tes four­chues, alors que les sols com­pacts ne per­met­tent pas aux ra­ci­nes ­d’at­tein­dre leur pleine taille. Com­me la ca­rot­te est une es­pè­ce fru­ga­le, on n’a gé­né­ra­le­ment pas à amen­der le sol si la cul­ture pré­ cé­den­te a reçu un bon ap­port de com­post. On peut tou­te­fois amen­der un sol pau­vre avec 500 kg de com­ post mûr aux 100 m2. On ne de­vrait ­em­ployer au­cun en­grais azo­té, car ils don­nent des ca­rot­tes poilues et amères. Le pH idéal pour la cul­ture de la ca­rot­te se si­tue en­tre 5,5 et 6,8. Multiplication On comp­te pour la ca­rot­te de 600 à 900 se­mences au gram­me, se­lon les cul­ti­vars. Le temps de le­vée va­rie


Les apiacées

entre 7 et 20 jours se­lon les con­di­tions d’hu­mi­di­té et de tem­pé­ra­ture. On sème les ca­rot­tes de 3 à 4 se­mai­nes avant la der­niè­re date de gel pré­vue et jus­qu’à 2 se­maines après cet­te date dans les régions tempé­rées. On sème les ca­rot­tes à 1 cm de pro­fon­deur sur des rangs dis­tants de 20 à 25 cm, à rai­son de 1 se­men­ce aux 2 à 5 cm, se­lon les cul­ti­vars, les cul­ti­vars à épau­les lar­ges né­ces­si­tant plus d’es­pa­ce. Ainsi, sur une ­planche de 1 m de largeur, on pourrait établir 3 rangs aux 25 cm. Il est re­com­man­dé d’ef­fec­tuer un se­mis de pré­ ci­sion de fa­çon à éviter l’éclair­cis­sa­ge, qui ac­croît la pon­te de la mou­che de la ca­rot­te, at­ti­rée par l’odeur du feuilla­ge qu’on frois­se lors de l’intervention. La ré­col­te des ca­rot­tes se fait de 60 à 140 jours après le se­mis se­lon les cul­ti­vars et l’usa­ge qu’on dé­si­re en faire.

Carotte

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Den­si­té recommandée Dis­tan­ce en­tre les rangs : de 20 à 25 cm Dis­tan­ce en­tre les plants : de 2 à 5 cm se­lon les cultivars Rotation On cul­ti­ve la ca­rot­te en fin de ro­ta­tion après la cul­ ture des plan­tes exi­gean­tes. Elle se re­tro­uve sou­vent la troi­siè­me an­née de la ro­ta­tion, avant la cul­ture des en­grais verts. Compagnonnage On peut cul­ti­ver la ca­rot­te en as­so­cia­tion avec des betteraves, des panais, du chou-rave, du navet, du rutabaga et des radis. Malgré des recommandations courantes en ce sens dans la littérature, il faut éviter un compagnonnage intime avec l’oignon ce qui ré­duit


Carotte

la cir­cu­la­tion d’air au­tour des feuilles de la liliacée favorisant ainsi l’apparition des maladies fongiques. On peut toutefois avanta­geusement faire voisiner les planches de carotte et d’oignon. La co­rian­dre chi­noi­se exer­ce un ef­fet ré­pul­sif sur la mou­che de la ca­rotte. On peut la se­mer sur le rang à tous les 50 cm ; on de­vrait idéa­le­ment ef­fec­tuer 2 se­mis de co­rian­dre, un en même temps que les ca­rot­tes et l’au­tre 1 mois plus tard. Des grai­nes de ra­dis se­mées sur le rang à tous les 10 cm per­met­tent de mar­quer le rang et ain­si d’ef­fec­tuer le pre­mier bi­na­ge sans nuire aux semences en germination. Le pois et le ha­ri­cot cons­ti­tuent éga­le­ment de bons voi­sins pour la carotte. Entretien En­vi­ron 2 se­mai­nes après sa le­vée, la ca­rot­te forme une fine ra­ci­ne prin­ci­pa­le lon­gue de 15 à 30 cm ; cette racine, qui don­ne­ra à la ca­rot­te sa for­me dé­fi­ni­ti­ve, se dé­ve­lop­pe­ra alors à par­tir du col­let vers le bas. Si on dé­si­re ob­te­nir des ca­rot­tes de bel­le for­me, le sol doit être ameu­bli en profondeur de fa­çon à per­met­tre à la ra­ci­ne pri­mai­re de bien se dé­ve­lop­per. Si les ca­rot­tes ont été se­mées trop den­sé­ment, el­les n’at­tein­dront pas la di­men­sion sou­hai­tée ; on doit donc les éclair­cir. Cer­tai­nes étu­des dé­mon­trent ce­pen­dant que l’éclair­cis­sa­ge des ca­rot­tes ac­croît la pré­sen­ce et la pon­te de la mou­che de la ca­rot­te. En ef­fec­tuant un se­mis de pré­ci­sion, on évi­te cet­te in­ter­ ven­tion fas­ti­dieu­se. Si on doit éclair­cir les rangs de ca­rot­te, on ren­chaus­se­ra im­mé­dia­te­ment les plants après l’in­ter­ven­tion. On re­com­man­de de but­ter lé­gè­ re­ment les ca­rot­tes afin que leurs épau­les ne soient pas ex­po­sées à la lu­miè­re, ce qui les fait ver­dir et leur confère une légère amertume. L’ir­ri­ga­tion est im­por­tan­te du­rant les pre­miè­res se­mai­nes de crois­san­ce, mais par la sui­te, grâce à sa

Les apiacées

ra­ci­ne profonde, la ca­rot­te ar­ri­ve à pui­ser l’eau dont elle a besoin pour sa crois­san­ce. L’irri­ga­tion n’est donc né­ces­sai­re qu’en cas de sé­che­res­se sévère. L’ir­ri­ga­tion avec de l’eau froi­de est à pro­scri­re, car elle en­cou­ra­ge le dé­ve­lop­pe­ment de mal­adies fon­giques. On con­trô­le­ra les plan­tes ad­ven­ti­ces par un bi­na­ge ré­gu­lier aux 10 jours ; une fois que le feuil­la­ge s’est bien dé­ve­lop­pé, la com­pé­ti­tion de­vient alors pres­que inexistante.

Pa­ra­si­tis­me et dés­or­dres physiologiques Ravageurs Le ver gris peut, cer­tai­nes an­nées, cau­ser des dom­­ma­ ges sé­vè­res aux jeu­nes plants de ca­rot­te, car une ­seu­le lar­ve peut con­som­mer plu­sieurs plan­tu­les par nuit. La ré­col­te ma­nuel­le des lar­ves per­met de minimiser le pro­blè­me. L’établissement de parcelles pièges peut aussi réduire les dommages (voir la page 81). La lar­ ve du tau­pin (ver fil-de-fer) et cel­le du han­ne­ton (ver blanc) peu­vent aus­si à l’oc­ca­sion cau­ser des ­ra­va­ges aux ca­rot­tes (voir les pages 246 et 247). Mais, c’est sans contredit la mouche de la carotte qui constitue le prin­ci­pal ra­va­geur de la ca­rot­te. La mou­che de la carotte Car­rot rust fly Psi­la rosæ

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La mou­che de la ca­rot­te est une mou­che noi­re de 5 à 6 mm de lon­gueur à tête rou­geâ­tre et à pat­tes jau­nes qui pro­duit 2 ou 3 gé­né­ra­tions par an­née se­lon les ré­gions. Si on ne prend pas les pré­cau­tions né­ces­sai­res, cet­te mou­ che im­por­tée ­cau­se des


Les apiacées

ra­va­ges im­por­tants aux cul­tures de ca­rot­te et dans une moin­dre me­su­re à celles de cé­le­ri, de ­pan­ais et de per­sil. Au Qué­bec, on comp­te 2 gé­né­ra­tions par an­née. Les adul­tes hi­ver­nent sous for­me de pupe à 10 cm de pro­fon­deur. La pre­miè­re gé­né­ra­tion, qui co­ïn­ci­de avec la flo­rai­son des li­las, est la plu­part du temps in­of­fen­si­ve ; si elle est sé­vè­re, elle peut cau­ser le dé­ve­lop­pe­ment de ca­rot­tes dif­for­mes ; ce­pen­dant, elle est à l’ori­gi­ne de la gé­né­ra­tion sui­van­te qui sur­vient la plupart du temps en août ou au dé­but de septembre. Les œufs qui éclo­sent de 6 à 12 jours après la ­pon­te donnent des lar­ves qui con­som­ment d’abord les radi­cel­les puis, un mois après la ponte, s’intro­ duisent dans les ra­ci­nes pi­vo­tan­tes et s’en nour­ris­sent en y creu­sant des ga­le­ries. Les ca­rot­tes in­fes­tées se con­ser­vent mal et per­dent leur va­leur commerciale. Le com­pa­gnon­na­ge avec des oi­gnons et de la co­rian­dre chi­noi­se di­mi­nue la pon­te du ra­va­geur. La rotation, un sol de qua­li­té et une ab­sen­ce de fu­mu­re fraîche pré­vien­nent éga­le­ment les in­fes­ta­tions. Il faut s’assurer à l’automne d’éliminer tous résidus d’apiacées de façon à réduire le nombre de pupes qui hiverneront. On re­com­­man­de aus­si d’ef­fec­tuer un se­mis de pré­ci­sion afin de ne pas avoir à éclair­cir les rangs, car l’éclair­­cis­sa­ge ac­croît la sé­vé­ri­té des in­fes­ta­tions. Com­me me­su­re pré­ven­ti­ve, on peut aus­si sau­pou­ drer de la cen­dre de bois et/ou du phos­pha­te mi­né­ral sur le rang quelque temps avant la pé­rio­de de pon­te. Des feuilles fraî­ches de ta­nai­sie, d’ab­sin­the ou de ­sau­ge pla­cées au pied des rangs ré­dui­sent éga­le­ment la pon­te du ra­va­geur, tout com­me des va­po­ri­sa­tions au sol de pu­rin ou de dé­coc­tion pré­pa­rés avec ces mê­mes plan­tes. Un ar­ro­sa­ge avec du les­sis (une ma­cé­ra­tion de cen­dres de bois) per­met de con­trô­ler par­tiel­le­ment les lar­ves. En ré­pé­tant à 2 ou 3 re­pri­ses ces in­ter­ven­ tions du­rant la pé­rio­de de pon­te, on s’as­su­re d’un plus grand suc­cès. Une récolte effectuée à la fin de

Carotte

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­septembre limite les dommages à la racine ­pivotante. Un agro­tex­ti­le pla­cé sur les rangs de ca­rot­te au moment de la ponte cons­ti­tue la seu­le tech­ni­que de con­trô­le à tou­te épreuve. Pour bien iden­ti­fier la pé­rio­de de pon­te de la ­mou­che dans sa ré­gion, on peut ins­tal­ler des ­pla­quet­tes jau­nes en­gluées de Tan­gle Trap au-des­sus des plan­ches de ca­rot­te ou en­co­re s’in­for­mer au­près d’un service de dé­pis­tage local. Maladies Une fon­te des se­mis peut sur­ve­nir en pé­rio­de ­fraîche et hu­mi­de. Des seg­ments en­tiers de rangs pé­ris­sent alors. Pour pré­ve­nir ce pro­blè­me, il faut évi­ter la fu­mu­re fraî­che et l’ir­ri­ga­tion avec de l’eau froi­de. Une in­fec­tion hâ­ti­ve par le cham­pignon Al­ter­na­ria dau­ci, res­pon­sa­ble de l’al­ter­na­rio­se, peut aussi pro­vo­quer une fon­te des se­mis. On peut réduire la sé­vé­ri­té du pro­blè­me ou le con­trô­ler par­tiel­le­ment en va­po­ri­sant le sol avec une dé­coc­tion de prêle. Les prin­ci­pa­les mal­adies de la ca­rot­te sont sans con­tes­te l’al­ter­na­rio­se et la cer­cos­po­rose qui cau­sent la brû­lu­re des feuilles. L’alternariose Al­ter­na­ria leaf spot Al­ter­na­ria dauci

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L’al­ter­na­rio­se est une ma­la­ die fon­gi­que du feuil­lage de la ca­rot­te ca­rac­té­ri­sée par des ta­ches noires cer­ nées de jau­ne se dé­ve­lop­ pant sur les plus vieilles feuilles. Avec le temps, les ta­ches s’unis­sent et les feuil­ les s’as­sè­chent, ce qui leur don­ne une ap­pa­ren­ce de


Carotte

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brû­lu­re. Les ta­ches ont une forme plus ir­ré­gu­liè­re que cel­les causées par la cer­cos­po­ro­se et el­les ap­pa­­rais­sent plus tard en sai­son. Les ra­ci­nes ne sont pas af­fec­tées par la mal­adie, si ce n’est leur taille qui s’en trou­ve ré­dui­te à cau­se de l’in­fec­tion. Un cli­mat hu­mi­de com­bi­né à une mau­vai­se cir­cu­la­tion d’air fa­vo­ri­sent l’ap­pa­ri­tion de cet­te ma­ladie as­sez ré­pan­due. Une in­fec­tion hâ­ti­ve peut cau­ser la fon­te des semis. La cercosporose Cer­cos­po­ra leaf spot Cer­cos­po­ra carotæ

SEC

La cer­cos­po­ro­se est une mal­adie fon­gi­que du feuil­ la­ge très ré­pan­due au Qué­ bec ; les ­symp­tô­mes sont très si­mi­lai­res à ceux de l’al­ter­na­rio­se, mais ils ap­­pa­ raissent plus tôt en sai­son. Les pre­miè­res ma­ni­fes­ta­ tions de la mal­adie con­ sis­tent en des lé­sions qui ap­pa­rais­sent en bor­du­re des feuilles qui s’en­rou­lent. Puis on obs­er­ve sur le feuilla­ge des mou­che­tures qui se trans­for­ment pro­ gres­si­ve­ment en ta­ches fon­cées cer­nées de jau­ne. Les ta­ches s’éten­dent, puis cau­sent l’as­sè­che­ment du feuillage. La cercosporose in­fec­te les jeu­nes feuilles alors que l’al­ter­na­rio­se in­fec­te les plus vieilles feuilles. La ca­rot­te elle-même n’est pas af­fec­tée, si ce n’est sa taille qui est ré­dui­te à cau­se de l’infection. Pour pré­ve­nir ou con­trô­ler ces 2 mal­adies fon­ gi­ques, on peut, dès l’ap­pa­ri­tion des symp­tômes, va­po­ri­ser sur le feuilla­ge des pro­duits anti­fon­gi­ques pré­pa­rés à par­tir de bi­car­bo­na­te de so­dium, de prêle ou de sou­fre. On doit évi­ter l’ir­ri­ga­tion par as­per­

Les apiacées

sion avec de l’eau froi­de. Cer­tains cul­ti­vars sont ­ ar­tiel­le­ment ré­sis­tants à ces ma­ladies, en­tre au­tres p les nan­tai­ses Na­po­li et Bo­le­ro et les ca­rot­tes Danvers. Dés­or­dres physiologiques Un ex­cès d’azo­te dans le sol ainsi que des tem­pé­ra­ tures ir­ré­gu­liè­res en dé­but de crois­san­ce peu­vent cau­ ser le dé­ve­lop­pe­ment de ca­rot­tes poi­lues. Dans un sol pier­reux, les ca­rot­tes de­viennent four­chues alors que dans un sol com­pact, elles n’atteignent pas leur plei­ne taille. Enfin, pour obtenir des carottes de bonne di­men­sion, leurs col­lets ne doi­vent pas se toucher. La fen­te ver­ti­ca­le des ca­rot­tes est due à un taux d’hu­mi­di­té éle­vé en pé­rio­de au­tom­na­le. Ce pro­blè­me sur­vient lors­que des ca­rot­tes matures res­tent trop long­temps en ter­re avant la récolte.

Ré­col­te et conservation Les ca­rot­tes d’été dé­ve­lop­pent ra­pi­de­ment leur taux de su­cre. C’est le cas des ca­rot­tes mi­nia­tures et de plu­ sieurs cul­ti­vars de nan­tai­ses. Lors­qu’elles sont ren­dues à ma­tu­ri­té, ce taux com­men­ce à dé­cli­ner ; on de­vrait donc les ré­col­ter dès ­qu’el­les sont prê­tes, moment qui varie se­lon la date du se­mis. On com­prend l’im­por­ tan­ce d’un ca­len­drier de pro­duc­tion bien pla­ni­fié. Les Chan­te­nay et les Dan­vers, des cul­ti­vars tar­difs ap­tes à la con­ser­­vation, dé­ve­lop­pent leur taux de su­cre en fin de sai­son, ce­lui-ci étant ac­cru par le gel au­tom­nal. On ré­col­te­ra donc les ca­rot­tes de con­ser­va­tion le plus tard pos­si­ble en sai­son, avant le gel dé­fi­ni­tif du sol. Pour une con­ser­va­tion de lon­gue du­rée, on op­te­ra pour des cul­ti­vars dé­ve­lop­pés pour la con­ser­va­tion. But­tées, les épau­les des ca­rot­tes sont pro­té­gées du gel et de la lumière ; les ca­rot­tes peuvent alors de­meu­rer en ter­re pratiquement jus­qu’au gel dé­fi­ni­tif du sol. On ré­col­te les ca­rot­tes par temps sec. Le feuilla­ge sera sec­tion­né à la main, puis on en­tre­po­se­ra les carottes


Les apiacées

Carotte

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dans des po­ches de jute ou de nylon tressé, des ben­nes ou des boî­tes de bois qu’on ran­ge­ra dans une cham­bre froi­de où la tem­pé­ra­ture se main­tient en­tre 0 et 1 ºC et l’hu­mi­di­té en­tre 90 et 95 %. On peut uti­li­ser des feuilles d’érable, de la ver­mi­cu­li­te ou du sa­ble lé­gè­re­ ment hu­mi­des pour stratifier les ca­rot­tes. Ce mode de ran­ge­ment de­man­de beau­coup de temps et n’est uti­le que lors­que le taux d’hu­mi­di­té est trop bas. On n’en­ tre­po­se­ra en cham­bre froi­de que les su­jets sains. Les ca­rot­tes de con­ser­va­tion se gar­dent faci­le­ ment 6 mois en cham­bre froi­de si les con­di­tions sont adéquates. On peut aus­si re­cou­vrir, avant le gel dé­fi­ni­tif du sol, les rangs de ca­rot­te de 30 cm d’un paillis de feuilles et/ou de paille. On pour­ra alors du­rant l’hi­ver ve­nir ré­col­ter des ra­ci­nes au be­soin ou tout simplement attendre au prin­temps.

Pro­duc­tion de semences Les fleurs de ca­rot­te sont her­ma­phro­di­tes, mais el­les ne sont pas au­to­fé­con­des ; el­les né­ces­si­tent donc pour leur fé­con­da­tion l’in­ter­mé­diai­re des in­sec­tes. Les dif­ fé­rents cul­ti­vars de ca­rot­te peu­vent donc se croi­ser en­tre eux ; ils peu­vent même se croi­ser avec la ca­rot­te sau­va­ge, ce qui don­ne­rait, la gé­né­ra­tion sui­van­te, des ca­rot­tes à ra­ci­ne blanche. Pour pro­dui­re des se­men­ces de ca­rot­te, il faut tout d’abord con­ser­ver en cham­bre froi­de les plus beaux su­jets d’un cul­ti­var don­né. Le prin­temps sui­vant, on re­plan­te un minimum de 6 racines à 1 m de dis­tan­ce les unes des au­tres dans une terre fer­ti­le. Pour évi­ter les croi­se­ments, on re­com­mande de gar­der une ­dis­tan­ce de 1 km en­tre les cul­ti­vars. Les ham­pes flo­ra­les for­te­ ment ra­mi­fiées doivent être sou­te­nues par un sup­port à pi­voi­ne ou par des pi­quets et une cor­de. La ré­col­te des om­bel­les se fait gra­duel­le­ment ; on les ré­col­te in­di­vi­duel­le­ment lors­que leurs grai­nes sont do­dues et

ont pris une cou­leur bru­ne. Il faut être très vi­gi­lant pour la ré­col­te car, une fois les se­men­ces mû­res, el­les se dé­ta­chent de l’om­bel­le et tom­bent au sol. Ce sont les se­men­ces pro­dui­tes sur les 2 pre­miè­res om­bel­les qui sont de meilleure qua­li­té. Une fois les om­bel­les ré­col­ tées, les se­mences s’en dé­ta­chent fa­ci­le­ment. En les frot­tant en­tre ses mains, on les dé­bar­ras­se de la bar­be qui les en­tou­re. Pour terminer, on éli­mi­ne les dé­bris de l’om­bel­le en pas­sant les grai­nes dans un ta­mis de di­men­sion appropriée. On con­ser­ve les se­men­ces dans un en­droit frais, sec et à l’abri de la lu­miè­re. Dans ces con­di­tions, el­les se con­ser­vent pen­dant 3 ans.


Avec cette troisième édition de La culture écologique des plantes légumières, Yves Gagnon nous livre le fruit de plus de trente années de recherche et d’expérimentation en culture ­écologique de légumes. Une révision complète du contenu et une nouvelle ­présentation riche de 240 photos couleur caractérisent cet ouvrage qui traite avec ­rigueur et simplicité de la plupart des légumes cultivés dans les ­jardins o­ ccidentaux. Historique, propriétés et valeur nutritive, catégories et ­cultivars, mode de culture, parasitisme et désordres physiologiques, récolte et ­conservation, production de semences, telles sont les sept rubriques retenues pour présenter chacune des 56 espèces ­déclinées dans cet ouvrage qui se veut un outil d’autonomie et de liberté. Yves Gagnon est avant tout jardinier. Il a aménagé avec sa ­compagne, Diane Mackay, les Jardins du Grand-Portage de Saint-Didace. Chroniqueur ­horticole réputé, il enseigne la culture écologique depuis plus de 25 ans. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet dont La culture écologique pour petites et grandes surfaces, Le jardin écologique et il est coauteur avec ­Marie-Louise Vallée du livre pour enfants Un jardin avec Aristott. Il a aussi signé Un seul ­jardin et le recueil de poésie Terre cuite [ambiances climatiques].


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