L’implantation d’un VERGER DE POMMIERS
2e édition
2 Préparation du terrain
2e édition
2 Préparation du terrain
FASCICULE 2
Chapitre 4. Préparation du terrain
FASCICULE 1
Chapitre 1. Planification de la plantation
Chapitre 2. Choix du site
Chapitre 3. Mise en marché des pommes au Québec Glossaire
FASCICULE 3
Chapitre 5. Cultivars
Chapitre 6. Porte-greffes
FASCICULE 4
Chapitre 7. Modes de conduite et espacement
Chapitre 8. Plantation
FASCICULE 5
Chapitre 9. Tuteurage
Chapitre 10. Formation des pommiers
FASCICULE 6
Chapitre 11. Irrigation
FASCICULE 7
Chapitre 12. Économie de la plantation
Il est interdit de reproduire, de traduire ou d’adapter cet ouvrage sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) afin de respecter les droits d’auteur et d’encourager la diffusion de nouvelles connaissances.
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© Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 2023
PPOM0108-02
ISBN 978-2-7649-0690-3 (version imprimée)
ISBN 978-2-7649-0691-0 (PDF)
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives Canada, 2023
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023
Monique Audette, agr., consultante
Evelyne Barriault, agr., conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)
Karine Bergeron, agr., conseillère en pomiculture et viticulture, secteur Est, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Patrice Bouffard, agr., Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de Saint-Hyacinthe
Jennifer Gagné, conseillère au développement et à la recherche, Les Producteurs de pommes du Québec
Serge Mantha, agr., M. Sc., conseiller en pomiculture, Club de production pomicole de la région de Québec (CPPRQ)
Laurence Tétreault-Garneau, agr., conseillère en pomiculture, Dura-Club
Caroline Turcotte, agr., conseillère en horticulture fruitière, Direction régionale de l’Estrie, MAPAQ (responsable du chapitre)
Chloé Boucher-Ravenhorst, ing., agr., conseillère en génie agroenvironnemental, Direction régionale de l’Estrie, MAPAQ
Antoine Dionne, phytopathologiste, Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ
Odette Ménard, ing., agr., conseillère en conservation des sols et de l’eau, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Annie Pellerin, agr., Ph. D., conseillère scientifique en fertilisation, Groupe SGTS
Maude Richard, agr., conseillère en pomiculture, Agropomme
Monique Audette, agr., consultante
Evelyne Barriault, agr., conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Karine Bergeron, agr., conseillère en pomiculture et viticulture, secteur Est, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Patrice Bouffard, agr., Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de Saint-Hyacinthe
Benjamin Mimee, Ph. D., chercheur scientifique - nématologie, Centre de recherche et de développement de Saint-Jean-sur-Richelieu, Agriculture et Agroalimentaire Canada
Laurence Tétreault-Garneau, agr., conseillère en pomiculture, Dura-Club
ÉDITION ET MISE EN PAGE PAR LE CRAAQ
Guillaume Breton, chargé de projets
Barbara Vogt, chargée de projets aux publications
Danielle Jacques, M. Sc., chargée de projets aux publications
Nathalie Nadeau, graphiste
Karine Bergeron, Claudia Caouette (page couverture), Jollin Charest, Club Agri-Durable, Véronique Michaud, Caroline
Turcotte, Verger Le Gros Pierre
Les auteurs et le CRAAQ remercient toutes les personnes et les organisations ayant contribué à la réalisation de cette publication.
La 2e édition du guide L’implantation d’un verger de pommiers est une initiative du Comité pomiculture du CRAAQ
1. Auteurs de la 1re édition (2006) : Jollin Charest et Serge Mantha
Une fois le site choisi, une attention particulière doit être apportée à sa préparation. Une bonne préparation du terrain implique plusieurs étapes et nécessite des investissements non négligeables. Elle permet de corriger les défauts du terrain. C’est aussi une belle opportunité de poser un diagnostic sur l’état du sol, d’apporter les correctifs nécessaires et de valoriser la fertilité du sol par l’apport de matière organique et l’amélioration de la santé du sol. Il s’agit d’une occasion unique d’améliorer :
• les paramètres chimiques (p. ex. le pH, la concentration des éléments minéraux);
• les paramètres physiques (p. ex. la structure du sol, la compaction);
• les paramètres biologiques du sol (la vie dans le sol).
Les étapes de la préparation du terrain doivent être planifiées et il faut y accorder le temps nécessaire. Les travaux doivent débuter au minimum 2 ans avant la plantation (Figure 4.1). Dans les situations où des correctifs importants sont nécessaires (drainage, décompactage ou défrichage), ils peuvent nécessiter jusqu’à 3 ans. De plus, si les cultures de couverture (voir la section Cultures de couverture du présent chapitre) présentent des signes de faible croissance dans certaines zones, des correctifs pouvant nécessiter une année supplémentaire de préparation s’imposent. Des travaux bien exécutés contribuent à l’établissement rapide des jeunes arbres qui seront plantés ainsi qu’à l’obtention d’une mise à fruit précoce et de rendements optimums durant toute la durée de vie de la parcelle.
Lors de la rénovation d’une parcelle de vieux pommiers, la préparation du terrain doit inclure la correction de plusieurs facteurs liés à la « fatigue des sols », notamment la compaction, la faible fertilité, le mauvais drainage et la présence de champignons pathogènes du sol et de nématodes. Ces facteurs sont aussi associés à la maladie de la replantation, qui provoque une faible reprise et une croissance hétérogène des jeunes arbres.
Automne Année 1
Notes et opérations complémentaires
Désherbage à l’aide d’un herbicide
Renouvellement d’un verger existant Nouveau verger ou nouvelle plantation
Diagnostic de la santé du sol (profils de sol)
Test nématodes
Test nématodes (facultatif)
Analyse de sol
Arrachage et essouchage
Source
Saison Année 2
Travail de sol - Labour, hersage
Amendements (fumier)
Après le sous-solage, éviter tout travail de sol durant le reste de la saison
Travail de sol - Labour ou hersage
Désherbage mécanique
Labour ou déchaumage
Repos 14 jours
Hersage
Repos 14 jours
Hersage
Amendements (chaux) – 1re dose ou 1 seule application
Semis d’une culture de couverture
Sous-solage
Drainage
Amendements (chaux) – 2e dose
Nivellement et épierrement
Hersage
Fauchage et hersage
Herbicide localisé ou désherbage mécanique au besoin
Printemps Année 3
Légende :
Éléments facultatifs (si nécessaires)
Amendements (fumier)
Cultures de couverture
Fumure de fond
Cultures de couverture
Installation paillis plastique
Installation poteaux
Plantation
Passage pour le travail du sol
La texture du sol, c’est-à-dire les proportions relatives de sable, de limon et d’argile (granulométrie), est quasi immuable et il est essentiel d’en connaître les composantes, car elle influence les paramètres physiques, biologiques et chimiques. Par ailleurs, le choix des pratiques agricoles aura une grande influence sur la structure du sol (arrangement des particules entre elles) et le maintien de sa fertilité.
La matière organique, quant à elle, joue un rôle crucial dans le maintien de la fertilité du sol. La composante biologique comprend tous les organismes vivants du sol, incluant les racines. Cette composante recycle les éléments nutritifs du sol, assure une biodiversité microbienne et améliore la santé du sol et des végétaux. D’autre part, les débris (des végétaux, des animaux et des microorganismes) sont essentiels pour améliorer et maintenir les caractéristiques physiques dynamiques du sol. Ils consolideront la structure et maintiendront les échanges gazeux et hydriques à un niveau optimal pour la nutrition et la croissance des racines.
Les analyses de sol (minérales et chimiques) et les profils de sol agronomiques (couleur, odeur, compaction, perméabilité, structure, vie dans le sol, etc.) sont des outils fondamentaux pour diagnostiquer l’état du sol et déterminer les meilleures stratégies pour l’améliorer.
Profils de sol
Dans le cas d’une replantation de pommiers, les profils de sol peuvent être réalisés avant l’arrachage des arbres, ce qui permettra de bien évaluer si le sol pose des contraintes pour le développement du système racinaire. Si ce n’est pas possible, les profils peuvent être faits à tout moment. Réalisés au printemps, après la fonte des neiges, ou après une longue période pluvieuse, ils permettent de mieux comprendre le comportement de l’eau dans le sol.
Comment faire un profil de sol?
Il est recommandé de réaliser au moins 2 profils : un premier sur une zone affectée, moins productive, et un deuxième sur une zone en bonne condition. Il peut être pertinent de comparer le profil du sol sur le rang à celui dans l’allée, là où la compaction est souvent plus fréquente, surtout s’il est prévu de modifier l’emplacement des rangs.
Faire un profil de sol consiste à creuser un trou sur une profondeur de 90 cm dans un endroit représentatif de la
surface à examiner. On examine ensuite et on note les propriétés physiques et biologiques des différentes couches du sol, chaque couche se distinguant des autres par ses caractéristiques physiques bien visibles.
• La texture du sol peut être déterminée par le laboratoire d’analyse. Il est aussi possible de connaître la classe texturale d’un sol en utilisant Info-Sols (www.info-sols.ca).
La détermination de la texture au toucher est toujours possible, mais elle demande « du doigté », et une évaluation approximative peut être faite avec le test du bocal (Landry, 2017).
• La structure du sol peut être évaluée en examinant la taille et la forme des agrégats à la suite d’un choc, en laissant tomber une motte au sol par exemple. Une bonne structure est grumeleuse et friable, ce qui indique une bonne activité biologique du sol. Il est facile de l’évaluer : prendre une pelletée de sol, écraser les mottes et noter leur fermeté. Un sol ayant une bonne structure devrait avoir une surface rugueuse et poreuse comme indication d’activité biologique et d’aération. Noter qu’un sol sec sera plus ferme que ce qu’il est réellement.
• La stabilité structurale est une propriété reliée à la stabilité des agrégats, à leur capacité de résister à la dégradation lorsqu’ils sont humectés ou soumis à des précipitations. Il s’agit d’un indicateur important en lien avec la battance, le manque d’aération et la difficulté de pénétration des racines. Un petit test facile consiste à plonger une motte de sol dans l’eau et à observer comment elle se comporte. Plus le sol se défait rapidement, moins le sol est stable.
Les passages de la machinerie et le travail du sol en conditions humides créent de la compaction. Il faut se rappeler que la dégradation des sols est un phénomène rapide, alors que la restructuration est beaucoup plus lente.
• La couleur est un très bon indicateur de l’aération du sol. La présence d’air (oxygène) confère une teinte rougeâtre (rouille) à la matrice brune du sol, alors qu’une coloration grise est le signe d’une mauvaise aération. La couleur rougeâtre en marbrure indique la hauteur de la remontée de la nappe. La présence d’une couche grise peut révéler la présence de compaction ou d’une nappe perchée; plus cette couche est près de la surface du sol, plus le problème est important.
• L’odeur d’un sol en santé est fraîche. Une mauvaise odeur (p. ex. putréfaction, soufre, « fond de cave ») est un indicateur d’une décomposition ralentie par un manque d’aération. Un enfouissement trop profond des résidus de culture ou en sol compact dégagera une très mauvaise odeur.
• La macroporosité d’origine biologique : les galeries de vers de terre, les espaces laissés par les racines mortes ou les espaces visibles entre les agrégats sont des indications de l’activité biologique du sol. Il est aussi intéressant de noter où se situent les résidus de culture et leur état de décomposition.
• Le développement racinaire : les pommiers ont besoin d’un sol en santé d’au moins 60 cm de profondeur et bien drainé pour avoir accès aux éléments minéraux et à l’eau; ils doivent être bien ancrés et supporter la charge de la récolte. Les racines des pommiers ou des végétaux en place doivent être observées avec soin. Sont-elles rabougries, ramifiées, bien étalées? Quelle est leur orientation? De grosses racines qui bifurquent à angle droit ou un matelas dense de racines dans une même zone sont des signes de la présence d’une zone compactée.
• Le décompte des vers de terre : les vers de terre sont des agents d’aération et leur présence est le signe d’une vie microbienne active. Il est facile d’évaluer leur population. Une pelletée de terre superficielle doit au moins contenir de 2 à 4 vers de terre. Les vers de terre sont sensibles à la texture de sol; la population diminue quand la proportion de sable augmente. L’absence de vers de terre est un signe d’alerte.
• La vie microbienne : à un bout de la chaîne alimentaire du sol se trouvent les vers de terre et autres organismes de la macrofaune; ils sont responsables de la décomposition primaire des résidus. À l’autre bout se trouvent les champignons et les bactéries, tout aussi essentiels au bon fonctionnement du sol. Un moyen efficace d’estimer leur activité est de placer un morceau de coton dans le sol et d’observer son rythme de décomposition (p. ex. « test des bobettes », Équiterre, 2021). Le test des bobettes consiste
à creuser un trou à 10 cm de profondeur, à installer le sous-vêtement (blanc et en coton) en prenant soin de placer l’élastique près de la surface, à bien marquer l’endroit avec des points de repère GPS ou du ruban forestier, puis à attendre environ 2 mois.
• La densité du sol (masse volumique apparente) : en piquant un couteau, à 45°, à partir du fond du trou, et en remontant jusqu’à la surface, il possible de détecter les couches compactes. Il est aussi possible de mesurer la masse volumique apparente du sol; cette information fournit un indice de l’impact de la compaction.
• L’infiltration : l’infiltration est le passage lent de l’eau à travers les interstices du sol. Il est important de bien en comprendre la dynamique. Qu’est-ce qui explique la présence d’eau et comment cette eau circule-t-elle dans le profil de sol? Avant d’effectuer des correctifs, il est essentiel de bien identifier la problématique en cause. Le guide Diagnostic et drainage souterrain des terres agricoles publié par le CRAAQ (Chabot et coll., 2022) explique les étapes et les observations nécessaires pour déterminer la nature d’un problème hydrique et les meilleures solutions à adopter.
La compaction et une faible infiltration sont les faiblesses primordiales à corriger. La compaction du sol entraîne la compression des pores et empêche les mouvements d’eau et d’air. Cela entrave la croissance des racines, cause des carences en oxygène et peut entraîner une forte diminution du rendement.
La croissance des racines est grandement dépendante de la profondeur du sol en santé et aéré. Plus un sol est friable et bien structuré, plus le pommier pourra développer facilement un système racinaire étendu et divisé (chevelu racinaire), permettant une plus grande exploitation du volume de sol accessible pour les éléments nutritifs et l’eau.
Avec une pelle et une inspection minutieuse, il est facile d’évaluer l’état du sol. Le profil du sol permet aussi de diagnostiquer les problèmes au champ et de cartographier les zones à faibles rendements, ou à faible rentabilité. Pour en savoir plus sur les profils de sol, consulter Les profils de sol agronomiques (Weill, 2009) et la vidéo Comment réaliser un profil agropédologique (IRDA, 2021).
Le programme de fertilisation d’un verger doit être élaboré en fonction des caractéristiques chimiques, physiques et biologiques du sol. Afin d’y parvenir, il convient d’évaluer le niveau de fertilité du sol par le biais d’une analyse chimique en laboratoire. De façon générale, les résultats de cette analyse indiquent le degré d’acidité ou d’alcalinité (pH), le pourcentage de matière organique, la capacité d’échange cationique estimée (CEC) et les teneurs en éléments minéraux. L’analyse de sol fournit donc une base scientifique pour l’élaboration de recommandations en matière d’amendements calcaires, organiques et minéraux à incorporer au
sol avant la plantation, sans toutefois tenir compte de la microfaune et de la macrofaune présentes dans le sol.
L’analyse chimique du sol est obligatoire pour l’élaboration d’un plan agroenvironnemental de fertilisation (PAEF)1 et cette analyse doit être renouvelée au minimum à tous les 5 ans. Lorsque la texture du sol n’est pas connue, une analyse granulométrique (proportions de sable, de limon et d’argile) devrait être demandée en même temps que la première analyse chimique. La granulométrie est obligatoire pour l’élaboration d’un PAEF. En plus d’offrir des renseignements importants pour la préparation du programme de fertilisation, la texture peut également s’avérer utile pour le choix des porte-greffes ou du système d’irrigation.
La fiabilité des résultats d’une analyse de sol dépend en grande partie de la représentativité et de la qualité de l’échantillonnage. Il est recommandé d’effectuer l’échantillonnage toujours à la même période de l’année pour pouvoir comparer les résultats. De plus, le nombre de sous-échantillons2 est déterminant pour l’obtention de résultats représentatifs de la parcelle. Il faut prévoir un minimum de 10 sous-échantillons pour des parcelles de moins de 10 ha et 1 sous-échantillon de plus par hectare au-delà de 10 ha. Pour les parcelles de moins de 0,5 ha, prévoir au moins 5 sous-échantillons.
En verger, l’échantillonnage se fait sur chaque parcelle ou sur un groupe de parcelles si la texture du sol est semblable. Puisque le système racinaire des pommiers est plus développé que celui des cultures annuelles, il est important d’échantillonner le sol (sur une profondeur de 3 à 20 cm) et le soussol (sur une profondeur de 20 à 40 cm). De plus, au moment de l’échantillonnage, il faut parcourir la parcelle en diagonale ou en zigzag selon sa configuration, de sorte à obtenir un échantillonnage représentatif de toute sa surface.
Les échantillons de sol doivent être prélevés en suivant une méthode décrite dans le guide Échantillonnage conventionnel des sols agricoles au Québec - De la planification à l’envoi au laboratoire (Khiari, 2014).
L’échantillonnage en vue de l’analyse doit s’effectuer dès l’arrachage des vieux pommiers ou dès le choix d’une nouvelle parcelle. Cela permet de faire les applications de chaux au
début de la préparation du sol, puisque la chaux peut mettre plusieurs mois avant de modifier le pH d’un sol. Idéalement, l’application de chaux et l’application de phosphore doivent être espacées d’un an afin d’éviter la formation de complexes insolubles et non disponibles pour les plants.
Les nématodes sont des vers microscopiques que l’on retrouve dans de nombreux habitats. La plupart des nématodes du sol sont bénéfiques pour les plantes. Toutefois, certains d’entre eux se nourrissent de végétaux, dont les racines : ce sont les nématodes phytopathogènes. Si leur population est importante, ils peuvent réduire la croissance des jeunes pommiers, causer d’importantes pertes de rendement ou des blessures qui deviendront des portes d’entrée pour certains champignons phytopathogènes. De plus, certains nématodes sont vecteurs de virus.
Les deux genres de nématodes les plus problématiques dans les vergers québécois sont Pratylenchus et Xiphinema. C’est ce que démontre la dernière étude menée sur les nématodes dans les vergers québécois (Vrain et Rousselle, 1980) et les résultats du Laboratoire de diagnostic en phytoprotection obtenus entre 2012 et 2022.
Nématodes à lésions (Pratylenchus spp.)
Régulièrement retrouvés dans les sols québécois, ces nématodes peuvent s’attaquer à plusieurs centaines de plantes cultivées ou adventices. Une partie de leur cycle de développement se déroule dans le système racinaire (endoparasites). Leur présence est souvent associée à des cas de maladie de replantation.
Nématodes à dague (Xiphinema spp.)
Fréquemment rencontrés dans les sols du Québec, ces nématodes sont parmi les plus gros nématodes phytopathogènes. Ils s’alimentent en piquant les racines, mais sans y pénétrer (ectoparasites). Leur présence est surtout problématique en raison de leur capacité à transmettre certains Nepovirus, dont le virus de la tache annulaire de la tomate (Tomato ringspot virus ou ToRSV). Ce virus cause la nécrose du point de greffe, ce qui peut entraîner le déclin, voire la mort des pommiers pour certaines combinaisons de porte-greffes et de variétés. Le virus des feuilles lacérées
1. Le PAEF est obligatoire pour les exploitations générant plus de 1600 kg de phosphore annuellement et/ou si elles cultivent plus de 15 ha en grandes cultures (excluant les prairies et pâturages) où s’il y a 5 ha en cultures maraîchères ou fruitières, comme dans le cas d’un verger.
2. Un échantillon de sol acheminé au laboratoire d’analyse est en fait le mélange de sous-échantillons (prélèvements effectués à divers endroits dans la parcelle). On rappelle qu’une parcelle est une portion de terrain d’une même culture, où les caractéristiques sont relativement homogènes (sol, année de plantation, cultivar, porte-greffe, etc.).
du cerisier (Cherry Rasp Leaf Virus ou CRLV), qui cause une malformation des fruits (aspect aplati), est aussi transmis par Xiphinema spp.
Autres nématodes
D’autres nématodes comme les Meloidogyne sp., Paratylenchus sp., Helicotylenchus sp. et Hoplolaimus sp. peuvent également causer des dommages aux racines de pommiers au Québec.
Dénombrement des populations présentes
Les nématodes se déplacent dans l’eau libre du sol. Leur dispersion est généralement lente (environ 1 mètre par année). Ainsi, une zone de champ peut héberger des populations importantes alors que tout à côté, les populations sont faibles. Il faut donc effectuer un échantillonnage rigoureux pour obtenir un portrait précis.
Le meilleur moment pour l’échantillonnage est de la fin août à la mi-octobre alors que les populations de nématodes sont généralement plus élevées.
Les antécédents culturaux ont une influence importante sur les populations de nématodes présentes dans le sol. Les cultures pérennes (p ex. verger, petits fruits, fourrages, etc.) sont généralement plus propices à leur développement. Cependant, compte tenu du nombre très important d’hôtes pour certains nématodes phytopathogènes, il est recommandé de toujours faire une analyse des populations présentes. Au besoin, il faudra intervenir durant la préparation du terrain pour abaisser les populations sous les seuils d’impact économique (Tableau 4.1), particulièrement pour les plantations de pommiers nains, plus sensibles que les pommiers semi-nains étant donné leur développement racinaire plus restreint. La dépense associée au dénombrement et à l’identification des nématodes ainsi qu’aux interventions est faible comparativement aux impacts qu’ils pourraient avoir sur la nouvelle plantation de pommiers.
Tableau 4.1 Seuils de dommages économiques pour différents nématodes pouvant affecter les pommiers
Méthode d’échantillonnage pour la détection des nématodes Deux approches sont possibles :
1. Si la culture précédant l’implantation est toujours en place (p. ex. un verger à renouveler), on ciblera les zones où il est plus probable de retrouver des populations importantes de nématodes, c’est-à-dire des zones où la croissance des plants est la plus faible ou autour des plants montrant un dépérissement plus important. On évitera toutefois les plants morts, car les nématodes n’ayant plus accès à de la nourriture auront migré ou auront été en partie décimés;
2. On peut aussi réaliser un échantillonnage aléatoire en prélevant entre 20 et 50 sous-échantillons par hectare à une profondeur d’environ 20 cm à partir desquels sera constitué un échantillon qui sera envoyé à un laboratoire pouvant effectuer le dénombrement.
Tout échantillon doit être transmis rapidement au laboratoire. Dans le cas contraire, il est recommandé de le réfrigérer. Il faut éviter la congélation ou l’exposition au soleil ou à une source de chaleur.
Méthodes de lutte
Il existe peu de méthodes de lutte efficaces contre les nématodes phytopathogènes et aucune ne permet de les éliminer totalement. Divers moyens permettent toutefois de diminuer les populations présentes.
L’utilisation de certaines cultures de couverture permet de réduire les populations de nématodes en plus d’améliorer les propriétés du sol. Des résultats intéressants ont été obtenus au Québec sur les populations de Pratylenchus sp. avec le millet perlé (Bélair et coll., 2018). Certaines brassicacées (moutarde brune, radis fourrager, etc.) auraient également un effet délétère sur certains nématodes. Il faut éviter l’utilisation de plantes hôtes telles que le sarrasin et le trèfle. L’implantation d’une culture de couverture permet également un bon contrôle des mauvaises herbes, dont certaines sont des hôtes de nématodes. À titre d’exemple, le pissenlit sert non seulement de nourriture pour les Xiphinema sp., mais agit également comme réservoir pour le virus de la tache annulaire de la tomate (ToRSV).
Source : Adapté de Peter, 2017
Certains porte-greffes de la série Cornell-Geneva (notamment G.11 et G.30) offriraient une meilleure résistance aux nématodes Pratylenchus sp. que les porte-greffes des