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L’implantation d’un VERGER DE POMMIERS
2e édition
FASCICULE 3
Chapitre 5. Cultivars
Chapitre 6. Porte-greffes
FASCICULE 1
Chapitre 1. Planification de la plantation
Chapitre 2. Choix du site
Chapitre 3. Mise en marché des pommes au Québec Glossaire
FASCICULE 2
Chapitre 4. Préparation du terrain
FASCICULE 4
Chapitre 7. Modes de conduite et espacement
Chapitre 8. Plantation
FASCICULE 5
Chapitre 9. Tuteurage
Chapitre 10. Formation des pommiers
FASCICULE 6
Chapitre 11. Irrigation
FASCICULE 7
Chapitre 12. Économie de la plantation
DROITS D’AUTEUR
Il est interdit de reproduire, de traduire ou d’adapter cet ouvrage sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) afin de respecter les droits d’auteur et d’encourager la diffusion de nouvelles connaissances.
AVERTISSEMENTS
Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans le présent document était jugée représentative du secteur pomicole au Québec. Son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur.
Les marques de commerce mentionnées le sont à titre indicatif seulement et ne constituent nullement des recommandations de la part des auteurs ou de l’éditeur.
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Dans le présent document, le genre masculin est utilisé pour alléger le texte, s’il y a lieu.
Ce projet a été réalisé grâce à une aide financière du Programme de développement sectoriel, issu de l’Accord Canada-Québec de mise en œuvre du Partenariat canadien pour l’agriculture.
Pour informations et commentaires
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© Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 2023
PPOM0108-03
ISBN 978-2-7649-0692-7 (version imprimée)
ISBN 978-2-7649-0693-4 (PDF)
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives Canada, 2023
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023
COMITÉ DE PILOTAGE DU PROJET
Monique Audette, agr., consultante
Evelyne Barriault, agr., conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)
Karine Bergeron, agr., conseillère en pomiculture et viticulture, secteur Est, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Patrice Bouffard, agr., Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de Saint-Hyacinthe
Jennifer Gagné, conseillère au développement et à la recherche, Les Producteurs de pommes du Québec
Serge Mantha, agr., M. Sc., conseiller en pomiculture, Club de production pomicole de la région de Québec (CPPRQ)
Laurence Tétreault-Garneau, agr., conseillère en pomiculture, Dura-Club
CHAPITRE 51
RÉDACTION
Serge Mantha, agr., M. Sc., conseiller pomicole, Club de production pomicole de la région de Québec (CPPRQ) (responsable du chapitre)
Monique Audette, agr., consultante
Véronique Decelles, technologue, Dura-Club
Maude Richard, agr., conseillère en pomiculture, Agropomme
Laurence Tétreault-Garneau, agr., conseillère en pomiculture, Dura-Club
COLLABORATION
Evelyne Barriault, agr., conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Karine Bergeron, agr., conseillère en pomiculture et viticulture, secteur Est, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Jennifer Gagné, conseillère au développement et à la recherche, Les Producteurs de pommes du Québec
Noémie Gagnon Lupien, M. Sc., biologiste, chargée de projet Arbres fruitiers biologiques et développement durable, CETAB+
CHAPITRE 62
RÉDACTION
Serge Mantha, agr., M. Sc., conseiller pomicole, Club de production pomicole de la région de Québec (CPPRQ) (responsable du chapitre)
Véronique Decelles, technologue, Dura-Club
Laurence Tétreault-Garneau, agr., conseillère en pomiculture, Dura-Club
COLLABORATION
Monique Audette, agr., consultante
Evelyne Barriault, agr., conseillère en arboriculture fruitière et viticulture, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
Karine Bergeron, agr., conseillère en pomiculture et viticulture, secteur Est, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ
1. Auteurs de la 1re édition (2006) : Serge Mantha et Jollin Charest
2. Auteurs de la 1re édition (2006) : Jollin Charest et Serge Mantha
COORDINATION, ÉDITION ET MISE EN PAGE PAR LE CRAAQ
Guillaume Breton, chargé de projets
Barbara Vogt, chargée de projets aux publications
Danielle Jacques, M. Sc., chargée de projets aux publications
Nathalie Nadeau, graphiste
PHOTOGRAPHIES ET ILLUSTRATIONS
Monique Audette, Karine Bergeron, Claudia Caouette (page couverture), Véronique Decelles, Serge Mantha, Maude Richard, Les Producteurs de pommes du Québec
REMERCIEMENTS
Les auteurs et le CRAAQ remercient toutes les personnes et les organisations ayant contribué à la réalisation de cette publication.
La 2e édition du guide L’implantation d’un verger de pommiers est une initiative du Comité pomiculture du CRAAQ
5. CULTIVARS
Introduction, évaluation et diffusion des cultivars
L’industrie pomicole québécoise est entrée dans le nouveau millénaire en pleine évolution. Quelles seront les variétés prédominantes au cours des prochaines décennies? Premier constat : les cultivars bien installés, comme McIntosh, Cortland, Spartan et Empire, sont bien adaptés à notre climat et demeurent des variétés très populaires. Par contre, les nouveaux cultivars apparus sur le marché, tels que Gala, Honeycrisp, Ambrosia et autres, plaisent à une nouvelle génération de consommateurs. Ce phénomène est également observé ailleurs au Canada et aux États-Unis, où les variétés traditionnelles comme la Délicieuse rouge et la McIntosh semblent céder le pas à la Honeycrisp et à d’autres nouvelles variétés.
Depuis plusieurs années, bien des efforts ont été investis pour remodeler la pomiculture québécoise en réponse aux exigences d’aujourd’hui. Des progrès énormes ont été réalisés sur plusieurs fronts : le domaine de la phytoprotection a fait des pas de géant; la lutte intégrée est maintenant adoptée par un grand nombre de pomiculteurs; la production biologique connaît une bonne progression. L’arrivée des pommiers nains et semi-nains a remis en question les méthodes culturales traditionnellement utilisées dans les vergers de pommiers standards. Maintenant, les producteurs misent, entre autres, sur la préparation des sols, le choix des arbres, des modes de conduite plus efficaces, un meilleur contrôle de la charge en fruits et une fertilisation raisonnée. Résultat : les vergers québécois se montrent de plus en plus performants.
De nouveaux cultivars tels que Sunrise, Ginger Gold, Cortland Royal Court, Ambrosia, Honeycrisp et Gala ont également été implantés dans plusieurs vergers. La plupart de ces cultivars sont rustiques et d’excellente qualité, mais le climat québécois peut être impitoyable certaines années et effectue de lui-même une sélection naturelle. Le choix du site et la conduite du verger influencent certainement les performances des nouvelles plantations, mais il n’en demeure pas moins que la résistance au froid constitue un critère essentiel pour le succès des nouvelles variétés sous nos conditions.
Situation au Québec
Historiquement, les conditions climatiques des régions pomicoles du Québec convenaient très bien à la production de la McIntosh, qui a été notre principale variété pendant des décennies. Toutefois, la production de la McIntosh devient de plus en plus difficile dans le sud du Québec à cause du réchauffement du climat au mois de septembre. Le problème majeur est la difficulté de coloration avant la maturité requise pour l’entreposage à long terme. De plus, on observe une tendance à la baisse des volumes produits, principalement expliquée par l’arrachage de cette variété dans le cadre du Programme de modernisation des vergers du Québec supervisé par le MAPAQ. Par contre, ce cultivar représente encore une proportion importante de la production totale de pommes au Québec (Figure 5.1).
La production restante est constituée de Paulared, Cortland, Spartan, Empire et d’autres variétés telles que Sunrise, Ginger Gold, Lobo, Honeycrisp, Gala et Ambrosia, entre autres.
Une production concentrée autour de la variété McIntosh et de cultivars de même type entraîne cependant des problèmes de mise en marché pour les pomiculteurs. En effet, les consommateurs recherchent de nouvelles variétés et se tournent vers les pommes d’importation, telles que Gala, Granny Smith, Fuji, Pink Lady et Jazz, entres autres, que l’on retrouve maintenant sur les étalages des grandes surfaces. Ces cultivars ont des caractéristiques communes : ils affichent des couleurs différentes de celles des cultivars traditionnels, se distinguent par leur goût, ont une texture très ferme et demeurent d’excellente qualité tout au long de l’année.
l’exception de la Gala, ces cultivars ne sont pas adaptés à notre climat. Il existe cependant de nouveaux cultivars bien adaptés à la culture au Québec et qui possèdent ces caractéristiques. Ils sont décrits plus loin dans ce chapitre.
Cycle de vie des variétés
La Figure 5.2 illustre le cycle de vie commercial d’une variété de pomme d’après B.H. Barritt de l’Université de Washington. Ce schéma reflète bien la situation observée actuellement à l’échelle de la planète. Une nouvelle variété bénéficie d’un prix plus élevé lors de sa phase d’introduction, sa popularité amène une production plus intensive assortie d’une baisse des prix, puis elle tombe en désuétude.
Selon les observations du chercheur, toutes les variétés passent à travers ce cycle, mais la durée de celui-ci varie en fonction de la variété. La Délicieuse rouge et la Délicieuse jaune ont mis presque 50 ans pour passer du stade de leur introduction à leur commercialisation. De nouvelles variétés telles que Gala et Fuji ont mis de 20 à 30 ans pour atteindre ce stade, tandis que des variétés émergentes telles que Pink Lady et Honeycrisp l’ont fait en 10 ans. De leur côté, les programmes de création variétale de la Nouvelle-Zélande (maintenant privés ou semi-privés) visent actuellement à commercialiser un nouveau cultivar tous les 2 ans. La conséquence de ce cycle de plus en plus court est que les producteurs doivent s’attendre à devoir modifier plus régulièrement leur assortiment variétal, de façon à demeurer compétitifs. De plus, les variétés émergentes telles que Pink Lady et Honeycrisp sont également beaucoup plus payantes pour les producteurs, tandis que les variétés désuètes deviennent peu à peu moins profitables. B.H. Barritt identifie comme « variétés désuètes » la Délicieuse rouge aux États-Unis et la McIntosh au Canada.
Clubs de variété
Un nouveau concept a fait son apparition à la fin des années 1990. De nouvelles variétés sont maintenant exclusivement produites et mises en marché à l’intérieur de clubs de variété. Traditionnellement, les variétés sont produites sans restriction, ce qui mène à une surproduction, puis à une chute des prix. L’objectif des clubs est de contrôler le volume de production, d’éviter la surproduction et de maintenir des standards de qualité pour une variété donnée, afin d’obtenir et de garder le prix à un niveau qui procure un revenu adéquat aux producteurs. Ces clubs sont aussi un outil de marketing très efficace, puisqu’une partie des profits générés par la vente des fruits est réinvestie dans la mise en marché. De nouvelles variétés comme Pink Lady, Jazz, SweeTango et Smitten sont des marques de commerce protégées, produites et commercialisées par l’entremise de clubs. Les producteurs membres produisent à contrat un volume déterminé des fruits de première qualité et sont assurés d’en obtenir un prix intéressant. Jusqu’à maintenant, les variétés protégées n’étaient pas adaptées à notre climat et cette nouvelle formule ne présentait pas d’intérêt pour le Québec. Le développement de clubs pour la SweeTango et la Smitten en Amérique du Nord et d’un club canadien pour une sélection développée à Summerland en ColombieBritannique, et actuellement en expérimentation à travers le Canada, laisse à penser que les producteurs québécois pourraient aussi s’intégrer au concept des clubs de variété.
Réseau d’essais de cultivars et portegreffes de pommiers (RECUPOM)
Quelle que soit la variété, l’adaptation au climat régional et la survie hivernale sont des exigences incontournables quand vient le temps de sélectionner un nouveau cultivar. Le Réseau d’essais de cultivars et porte-greffes de pommiers (RECUPOM) a été mis en place au Québec en 1995 pour mener des évaluations et être en mesure, par la suite, de recommander les cultivars et porte-greffes qui répondent à ces exigences.
Ce réseau (www.agrireseau.net/documents?a=1&r=RECUPOM) comprend deux niveaux d’évaluation. Le premier est le niveau d’introduction, où sont évalués pendant une période de 7 ans les nouveaux cultivars et porte-greffes en provenance de différents programmes d’amélioration variétale au Canada, aux États-Unis et en Europe. Au deuxième niveau, les cultivars et porte-greffes les plus prometteurs sont évalués pour une autre période de 8 ans. Cette évaluation est réalisée dans un réseau de parcelles situées dans des vergers commerciaux répartis dans les principales régions pomicoles de la province.
Outre l’adaptation au climat du Québec, la productivité de l’arbre, la qualité et l’entreposage des fruits sont quelquesuns des critères évalués. Une base de données en ligne regroupant toutes les informations recueillies au cours des évaluations est disponible sur la page d’accueil du site des PPQ (https://producteursdepommesduquebec.ca).
Consortium canadien pour l’amélioration du pommier
Le Consortium canadien pour l’amélioration du pommier a été créé en 2018 à l’issue d’une concertation du milieu de la recherche, des producteurs et des représentants de l’industrie sur l’avenir de l’amélioration génétique de la pomme au Canada. Les efforts de création, de développement et de marketing de variétés nouvelles sont mis en commun afin de créer de nouvelles variétés de pommiers pour les producteurs canadiens d’abord et pour le marché international ensuite.
Le Consortium poursuit plusieurs objectifs :
• introduire de nouveaux cultivars d’intérêt commercial qui ne soient pas limités aux membres des clubs de variété (avantage de la « prime à la nouveauté », accessible à tous les producteurs);
• développer des cultivars aux caractéristiques agronomiques idéales pour les régions pomicoles canadiennes, en particulier des cultivars montrant une bonne tolérance au froid (ce que n’offrent pas toujours les cultivars issus des programmes étrangers);
• permettre aux pomiculteurs canadiens de se tailler une place face aux compétiteurs internationaux grâce à de nouvelles variétés répondant aux normes mondiales de qualité.
Il vise aussi à offrir au secteur de la recherche canadien l’occasion de développer des compétences dans des secteurs d’expertise situés en amont de la création variétale, telle la génomique.
Les membres du Consortium sont Agriculture et Agroalimentaire Canada, l’Université de Dalhousie (Nouvelle-Écosse), le Centre de recherche et d’innovation de Vineland (région de Niagara, Ontario), la Summerland Varieties Corporation (Colombie-Britannique), le Réseau d’essai de cultivars et de porte-greffes du pommier (RECUPOM, Québec) et le Conseil canadien de l’horticulture (basé à Ottawa).
Quelles variétés planter?
Le choix du ou des cultivars est sans contredit le premier élément à considérer lors de la planification d’une nouvelle plantation. C’est le produit final que le pomiculteur aura à offrir et pour lequel il sera payé. La pomme est l’une des rares productions végétales dont le prix est d’abord basé sur la variété. Il importe donc d’avoir un assortiment variétal qui répond bien aux besoins du marché visé et aux impératifs de production. De plus, pour le marché frais, il importe de cultiver plusieurs variétés pour étaler la période de récolte (main-d’œuvre) et équilibrer le risque.
Mise en marché visée
Les premières questions à se poser lors du choix d’une variété concernent la mise en marché visée. La récolte estelle destinée à la vente en gros, à la vente au détail ou à la transformation? Les emballeurs achètent préférablement les variétés bien établies commercialement. Par contre, la vente au détail par le biais des marchés publics, des kiosques ou de l’autocueillette est un marché favorable à la vente d’une gamme plus variée de cultivars nouveaux et anciens. Le pomiculteur projette-t-il de transformer ses fruits en jus, en cidre ou en d’autres sous-produits de la pomme? Certaines variétés possèdent des caractéristiques plus
intéressantes pour la transformation (taux de sucre, acidité, oxydation, teneur en polyphénols, résistance à la tavelure, etc.).
Certaines variétés sont également plus faciles que d’autres à cultiver en production biologique, la sensibilité à la tavelure et à la brûlure bactérienne étant des enjeux importants.
Impératifs de production
Critères généraux
En plus de ses caractéristiques de vente comme le prix et la demande, un cultivar sera jugé favorable s’il répond aux critères suivants :
• rusticité;
• atteinte de la pleine maturité avant la mi-octobre:
• productivité;
• résistance ou faible sensibilité aux maladies et aux ravageurs;
• faible tendance à l’alternance de la production;
• conduite facile;
• mûrissement uniforme;
• belle apparence et qualités gustatives (savoureux, croquant) répondant aux besoins du marché;
• facilité de manipulation et d’entreposage (bon calibre, bonne conservation, résistance aux meurtrissures).
Le producteur cherchera également un assortiment variétal qui lui permettra de bien répartir les travaux de récolte. En choisissant des cultivars et des lignées des principaux cultivars ayant des dates de maturation différentes, il est possible de maintenir un nombre plus limité de cueilleurs pour une plus longue période.
Les meilleurs prix sont généralement obtenus pour les nouvelles variétés qui ne suffisent pas encore à la demande. C’est pourquoi plusieurs producteurs préfèrent planter à haute densité de nouvelles variétés de façon à produire rapidement les fruits bénéficiant encore d’une prime, ce qui permet un remboursement plus rapide des coûts de l’implantation. Cependant, la plantation de nouvelles variétés comporte certains risques, puisque l’on ne connaît pas toujours bien leur marché et leurs caractéristiques de production. D’autres préfèrent plutôt continuer de produire des variétés traditionnelles, moins payantes, mais également moins risquées. Chose certaine, il vaut mieux essayer de produire ce que l’on peut vendre que d’essayer de vendre ce que l’on peut produire!
Particularités des cultivars pour verger biologique
Parmi les critères généraux déjà mentionnés, les incontournables en culture biologique sont la susceptibilité à l’alternance et la sensibilité aux maladies et ravageurs.
La susceptibilité à l’alternance des variétés est un critère à prendre en considération afin d’obtenir une production régulière en quantité, saison après saison. En effet, la maîtrise de la charge fruitière est un défi en gestion biologique, car il n’y a aucune homologation de substance éclaircissante à ce jour. Par contre, des essais sont actuellement menés au Québec pour améliorer la régulation de la charge en verger biologique. Autrement, il est possible de procéder à un éclaircissage mécanique, notamment lors de la floraison et pour les vergers dont la configuration le permet.
Pour la production de pommes de fantaisie biologiques, afin d’obtenir des pommes exemptes de dommage avec le moins d’interventions phytosanitaires possible, on favorise des variétés résistantes aux maladies, en particulier les variétés peu sensibles à la tavelure, et moins attirantes pour certains ravageurs. La phytoprotection occupe une place importante dans l’itinéraire technique d’un verger, mais les produits phytosanitaires ont un coût économique et environnemental à considérer. De plus, bien qu’il existe des biopesticides, ceux-ci exigent souvent des niveaux de pression faibles, des conditions météorologiques particulières et parfois des applications multiples pour être efficaces. Heureusement, il est possible de réduire leur utilisation par le choix des cultivars et porte-greffes qui conviendront pour l’implantation d’une nouvelle parcelle en gestion biologique.
Attention! Les cultivars ayant le gène de résistance à la tavelure (gène Vf) nécessiteront (mais dans une moindre mesure) des interventions avec fongicides pour éviter que la tavelure contourne ce gène.
Enfin, tout comme en régie conventionnelle, le choix de variétés avec des dates de récolte étalées dans le temps est particulièrement important. Il est d’autant plus difficile en régie biologique puisqu’il n’existe pas d’outils chimiques pour retarder la maturité. Ainsi, la cueillette pourra se faire selon le stade de maturité optimal de chaque variété.
Le choix des cultivars et l’achat des arbres doivent se faire de façon raisonnée. Si certains choix ne sont pas disponibles chez le pépiniériste, mieux vaut retarder la plantation afin d’obtenir des arbres qui répondent réellement aux besoins identifiés lors de la planification.