Guide d’identification
Insectes ravageurs de la canneberge au Québec
Deuxième édition
PHOTO : LUCIE LAROCHE
L'APCQ SOUTIENT LA RECHERCHE POUR PRODUIRE DES CANNEBERGES DE
Guide d’identification
Insectes ravageurs de la canneberge au Québec Une initiative conjointe du CETAQ et du CRAAQ
AUTEURS Isabelle Drolet, agronome Club Environnemental et Technique Atocas Québec (CETAQ) Jean-François Landry, Ph.D., entomologiste-systématicien Centre de recherche et de développement d’Ottawa, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et Collection nationale canadienne d’insectes, d'arachnides et de nématodes (CNC) Joseph Moisan-De Serres, M.Sc., biologiste-entomologiste Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)
Ce projet a été réalisé dans le cadre du volet 4 du programme Prime-Vert 20132018 et il a bénéficié d’une aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) par l’entremise de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture 2011-2021.
DROITS D’AUTEUR Il est interdit de reproduire, de traduire ou d’adapter cet ouvrage sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec afin de respecter les droits d’auteur et d’encourager la diffusion de nouvelles connaissances.
AVERTISSEMENT Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans le présent ouvrage était jugée représentative du secteur de la canneberge au Québec. Son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur.
Pour information et commentaires Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) Édifice Delta 1, 2875, boulevard Laurier, 9e étage, Québec (Québec) G1V 2M2 418 523-5411 | 1 888 535-2537 craaq.qc.ca | client@craaq.qc.ca
© Gouvernement du Québec, 2018 © Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada, 2018 © Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 2018 PPTF0122 ISBN 978-2-7649-0557-9 Dépôt légal Bibliothèque et Archives Canada, 2018 Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018
GROUPE DE CONSULTATION - EXPERTS DE LA PRODUCTION France Allard, technicienne, CETAQ Sébastien Careau, agronome, CETAQ Jean-Pierre Deland, M.Sc., agronome, Ocean Spray Joseph Desrouillères, agronome, CETAQ Josée Verville, agronome, CETAQ
COORDINATION ET ÉDITION Karine Morin, coordonnatrice des projets et des opérations, CRAAQ Danielle Jacques, M.Sc., agronome, chargée de projets aux publications, CRAAQ Lyne Lauzon, B.Sc.
CONCEPTION GRAPHIQUE ET MISE EN PAGE Nathalie Nadeau, graphiste, CRAAQ
REMERCIEMENTS Tout d’abord, merci aux auteurs de la première édition, Jean-François Landry, Michèle Roy et Caroline Turcotte ainsi qu’à leurs collaborateurs. Ils ont été les pionniers en entomologie agricole pour la culture de la canneberge au Québec. L’outil qu’ils ont conçu est le fruit d’un travail colossal et ses utilisateurs l’ont grandement apprécié. Un merci très spécial également aux producteurs de canneberges du Québec pour leur confiance envers le CETAQ. Les activités de dépistage ainsi que les services agronomiques associés ont grandement contribué à l’avancement des connaissances pour cette culture, grâce à quoi il a été possible de produire cette deuxième édition. Pour la réalisation de cette nouvelle édition, merci à l’équipe de dépisteurs de la saison 2016 du CETAQ qui a effectué la collecte de chenilles, ainsi qu’aux auxiliaires de recherche du CETAQ et du MAPAQ qui ont été en charge de l’élevage des insectes.
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–– Dépisteurs : Alex Audet, Anthony Beaudoin, Étienne Bélanger, JulieAnne Carrier, Anne Charbonneau, Valéry Collin, Marc-Antoine Daigle, Guillaume Doyon, François Gagné, Karine Gagné, Marilou Garceau, Kévin Gauthier, Véronique Guillotin, Philippe Hamel-Huard, Annie-Pol Jutras, Véronique Lacroix, Guillaume Lapointe, Simon Lecompte, Josée Mailloux, Josée Maltais, Cynthia Roberge, Jonathan Roy et Julie-Anne Wilkinson; –– Auxiliaires de recherche : Yannick Arel-Rheault (CETAQ), Catherine Dalpé (CETAQ) et Martin Breton (MAPAQ). Nous remercions également Andrew Smith, spécialiste des Scarabéidés, du Musée canadien de la nature, et Hume Douglas, spécialiste des Chrysomélidés au Centre de recherche et de développement d’Ottawa, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et Collection nationale canadienne d’insectes, d’arachnides et de nématodes (CNC), pour leur collaboration. Merci à l’artiste Jessica Hsiung (AAC) pour les dessins de chenilles et de papillons. Merci à Camille Gagnon (MAPAQ) pour les tableaux de cycles de vie et les tableaux d’informations sur la fécondité. Nous tenons à remercier les organisations qui ont donné leur appui à la réalisation de ce document et qui ont offert une contribution en ressources humaines (par ordre alphabétique).
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Enfin, un grand merci aux commanditaires pour leur contribution financière (par ordre alphabÊtique).
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CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ et Jim Baker, North Carolina State University, Bugwood.org : Exomala orientalis (A) David Beadle : Macaria sulphurea (D); Chrysoteuchia topiaria (B) Thomas Bentley : Ematurga amitaria (D) Mark Brown : Colaspis cositpennis (A) Valerie G. Bugh : Phigalia titea (E) Maxime Chénier : Rhopobota naevana (G, H) Elvira de Lange et Cesar Rodriguez-Saona : Choristoneura parallela (A); Limotettix vaccinii (A, B)
Isabelle Drolet, CETAQ : Acrobasis vaccinii (E, F, G); Tulsa finitella (E, F); Rhopobota
naevana (I, J, K); Sparganothis sulfureana (E); Ematurga amitaria (A, B, E, F); Eutrapela clemataria (G); Orgyia antiqua (F); Chrysoteuchia topiaria (C); Anthonomus musculus (G); Systena frontalis (B); Melanoplinae (B, C) Bernard Drouin, MAPAQ : Phyllophaga anxia (B) Mélissa Duval, MAPAQ : Cercopidae (A) Arthur V. Evans : Exomala orientalis (B) Walter Zeigler Fort, Université Rutgers : Acleris minuta (A) Karine Gauthier : Otiorhynchus ovatus (A) Chloé Gendre : Anthonomus musculus (A) Robert Holdcraft et Cesar Rodriguez-Saona : Exomala orientalis (C) Eric Johnson, AAC (première édition) : Euchlaena johnsonaria (B); Epiglaea apiata (D); Plusia magnimacula (C); Hemaris gracilis (A) Christian Lacroix, MAPAQ : Melanchra picta (A) Olivier Lalonde : Melanchra adjuncta (B); Estigmene acrea (D, E); Jean-François Landry, AAC (première édition) : Euchlaena johnsonaria (A) Nathalie Laplante : Cercopidae (B) Frank Model : Ematurga amitaria (C); Lycaena epixanthe (B, C) Tom Murray : Campaea perlata (A); Rhabdopterus sp. (A) Vazrick Nazari, AAC : Eupsilia tristigmata (C, D) M.W. Nelson, MassWildlife : Hemaris gracilis (A) John Pickering : Cleora sublunaria (C); Melanolophia sp. (C) Michèle Roy, MAPAQ (première édition) : Cingilia catenaria (B); Acronicta impressa (A, B, C); Plusia magnimacula (A, B) Steeve Schawann : Rhizaspidiotus dearnessi (A, B) Malcolm Storey : Hoplia sp. (A) Tam Stuart : Choristoneura parallela (B) Jim Troubridge, AAC (première édition) : Chrysoteuchia topiaria (A) David Wagner : Campaea perlata (B); Lycaena epixanthe (A) Brandon Woo : Lichnanthe vulpina (A) Bo Zaremba : Estigmene acrea (C); Acleris minuta (B) Joe Zito : Hoplia modesta (B)
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TABLE DES MATIÈRES Avant-propos................................................................ 1 Mode d’emploi du guide............................................... 3 Classement des espèces.......................................... 3 Informations relatives aux espèces............................ 6 Identification des Lépidoptères........................................ 8 Types de chenilles des principales familles................. 8 Schémas des principaux caractères morphologiques de la chenille et de l’adulte des Lépidoptères........... 11 Mise en garde............................................................ 14 À propos de la nomenclature....................................... 14 Noms scientifiques................................................ 14 Noms communs.................................................... 15
Première partie : Ravageurs répertoriés au Québec Lépidoptères - Pyralidés (Pyrales) Pyrale des atocas................................................. 19 Pyrale noire......................................................... 23 Lépidoptères - Tortricidés (Tordeuses) Tordeuse des canneberges..................................... 26 Tordeuse soufrée................................................... 31 Tordeuse noire...................................................... 35 Lépidoptères - Géométridés (Arpenteuses) Arpenteuse noire.................................................. 37 Arpenteuse brune................................................. 40 Arpenteuse verte.................................................. 43 Arpenteuse caténaire............................................ 46 Arpenteuse bossue................................................ 49 Arpenteuse des atocas.......................................... 52 Arpenteuse bituberculée........................................ 55 Arpenteuse piquée jaune....................................... 58 Arpenteuse épineuse des feuillus............................ 61 Arpenteuse sublunaire........................................... 64 Arpenteuse à taches.............................................. 67 Arpenteuse du genre Melanolophia........................ 70 Arpenteuse à pointes............................................ 73 Arpenteuse cornue................................................ 76 Arpenteuse perlée................................................. 79 Arpenteuse de Johnson.......................................... 81 Arpenteuse de la pruche........................................ 83 Lépidoptères - Noctuidés (Noctuelles) Fausse légionnaire................................................ 86
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Ver-gris des fleurs d’atocas..................................... 89 Ver-gris bossu....................................................... 92 Chenille zébrée.................................................... 95 Orthosie verte ..................................................... 98 Orthosie gris-vert................................................ 101 Acronicte impressionnée...................................... 104 Chenille veloutée................................................ 107 Chenille à chevrons............................................ 110 Chenille pointillée............................................... 112 Fausse-arpenteuse à grandes taches .................... 115 Lépidoptères - Érébidés Chenille à houppes rousses.................................. 117 Spongieuse........................................................ 121 Chenille des marais salants.................................. 125 Chenille à tente estivale....................................... 128 Lépidoptères - Crambidés Anneleur de la canneberge.................................. 131 Lépidoptères - Lycénidés Cuivré des tourbières.......................................... 134 Lépidoptères - Sphingidés Sphinx gracieux................................................. 137 Lépidoptères - Espèces rarement observées................... 139 Arpenteuse d’automne........................................ 139 Chenille à houppes blanches .............................. 139 Noctuelle du genre Lithophane............................. 139 Noctuelle du genre Xestia.................................... 140 Sympistis denté.................................................. 140 Coléoptères - Curculionidés Anthonome de l’atoca......................................... 141 Coléoptères - Chrysomélidés Altise à tête rouge.............................................. 145 Diptères - Cécidomyiidés Cécidomyie des atocas....................................... 148 Orthoptères - Acrididés Criquets............................................................ 152 Hémiptères - Cercopidés Cercope............................................................ 154 Hémiptères - Diaspididés Cochenille de Dearness....................................... 156
Deuxième partie : Ravageurs potentiels Lépidoptères - Tortricidés Tordeuse à tête jaune.......................................... 161 Lieuse du rosier.................................................. 163
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Coléoptères - Chrysomélidés Colaspis côtelée................................................. 165 Chrysomèle des racines de l’atoca....................... 167 Coléoptères - Curculionidés Charançon de la racine du fraisier....................... 169 Charançon noir de la vigne................................. 171 Coléoptères - Glaphyridés Lichnanthe renard............................................... 173 Coléoptères - Scarabéidés Scarabée oriental............................................... 175 Hoplie modeste.................................................. 177 Hanneton commun.............................................. 179 Hémiptères - Cicadellidés Cicadelle de l’atoca............................................ 181 Stades phénologiques du plant de canneberges dans la région des Bois-Francs, Québec...................... 183 Cycles vitaux des principaux ravageurs....................... 184 Fécondité................................................................. 188 Glossaire................................................................. 190 Bibliographie............................................................ 192 Index des noms français............................................. 197 Index des noms anglais............................................. 199 Index des noms latins (scientifiques)............................. 201
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AVANT-PROPOS La première édition du Guide d’identification des insectes ravageurs de la canneberge au Québec a été un incontournable pour appuyer les producteurs et les intervenants en phytoprotection dans l’application de la lutte intégrée. Les informations regroupées dans cet ouvrage ont été essentielles au développement de la culture de la canneberge au Québec ainsi qu’à la performance et à la qualité du dépistage dans cette culture. Durant les deux dernières décennies, les populations d’insectes ravageurs dans les cannebergières ont cependant évolué. Une deuxième édition de cet outil de référence s’avérait donc nécessaire afin de mieux rendre compte de la situation rencontrée sur le terrain aujourd’hui. Cette nouvelle version apporte une mise à jour importante du contenu scientifique et photographique. Cette nouvelle édition du guide rassemble un total de 46 espèces d’insectes ravageurs associées à la culture de la canneberge qui ont été répertoriées dans les plantations du Québec. Toutes les espèces de la première édition y sont à nouveau présentées, à l’exception de la Mouche à scie ou Tenthrède, Pristiphora cincta (Newman), (Hyménoptères : Tenthrédinidés). Cette dernière est fréquemment observée dans les champs de canneberges, mais elle s’alimente principalement de mauvaises herbes et de petits arbres (bouleaux, saules, etc.); elle ne cause donc pas de dommages d’importance économique aux plants de canneberges. Dix nouvelles espèces, qui se sont établies au cours des dernières années, ont été intégrées au guide. De plus, 5 chenilles rarement observées, mais se nourrissant des plants de canneberges, y sont illustrées. Enfin, il est important de signaler qu’un changement taxonomique a été apporté pour l’espèce Plusia putnami (Fausse-arpenteuse de Putnam) : l’espèce du genre Plusia retrouvée dans les cannebergières est P. magnimacula (Fausse-arpenteuse à grandes taches), une espèce qui a été nouvellement décrite en 2006 et qui avait été précédemment confondue avec P. putnami. Toutes les espèces mentionnées dans le guide ont été échantillonnées dans les cannebergières commerciales de la région des Bois-Francs, au Québec. Les individus récoltés ont été mis en élevage en laboratoire sur des plants de canneberges cultivés (variétés de Vaccinium macrocarpon). Seules les espèces qui ont complété leur développement jusqu’au stade adulte sur les plants de canneberges ont été incluses dans le guide. Cette méthodologie a permis de confirmer le statut de ravageur pour chacune des espèces. Le degré de nuisance de chaque espèce a, quant à lui, été déterminé grâce à l’ensemble des données de dépistage colligées par le Club Environnemental et Technique Atocas Québec (CETAQ).
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Cette deuxième édition est également enrichie d’une section permettant de reconnaître 11 espèces d’insectes ravageurs d’importance dans d’autres régions productrices, mais qui ne sont pas présentes (à ce jour) dans les cannebergières du Québec. Face aux changements climatiques, la perspective d’expansion de l’aire de répartition de ces ravageurs pourrait devenir une menace pour la culture au Québec. C’est pourquoi la description de ces espèces potentiellement nuisibles s’avère un atout pour le milieu.
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MODE D’EMPLOI DU GUIDE CLASSEMENT DES ESPÈCES Dans la première partie, intitulée « Ravageurs répertoriés au Québec », les insectes sont classés selon l’ordre et la famille auxquels ils appartiennent, puis selon leur catégorie de nuisance pour la culture de la canneberge dans les plantations du Québec. Les espèces ayant ces mêmes 3 critères de classement sont ensuite présentées dans l’ordre alphabétique des noms latins. Dans la deuxième partie, intitulée « Ravageurs potentiels », les insectes sont classés uniquement selon l’ordre et la famille, puis dans l’ordre alphabétique des noms latins.
Ordres et familles taxonomiques La première étape d’identification d’un insecte est de reconnaître l’ordre auquel il appartient. Un ordre regroupe un grand ensemble d’espèces possédant certaines caractéristiques morphologiques communes, notamment au niveau des ailes, mais aussi de la forme de la tête, des pièces buccales, des antennes, du corps, des pattes, ainsi qu’un mode de développement et un mode de vie similaires. Chaque ordre se divise en plusieurs familles et ces familles sont composées d’espèces qui présentent des traits semblables plus spécifiques. La grande biodiversité du monde des insectes est classée en une trentaine d’ordres. Les insectes ravageurs de la canneberge proviennent de 5 ordres différents, la majorité étant des Lépidoptères mais aussi quelques espèces de Coléoptères, de Diptères, d’Orthoptères et d’Hémiptères.
Lépidoptères Cet ordre est composé d’insectes communément appelés papillons. Les membres de cet ordre subissent une métamorphose dite complète. Cela indique que les stades immatures sont très différents du stade adulte et que l’insecte passe par un stade immobile où d’importantes transformations se produisent. Ces insectes passent par les stades œuf, larve (chenille), pupe (immobile) et adulte (papillon). Les papillons sont caractérisés par leurs 4 grandes ailes recouvertes d’écailles. Cependant, quelques rares espèces n’ont pas d’ailes ou possèdent des ailes atrophiées. Les chenilles produisent notamment de la soie avec laquelle plusieurs espèces attachent des parties de plantes où elles se nourrissent ou tissent leur cocon pour se transformer en pupe. Les Lépidoptères ravageurs de la canneberge proviennent principalement de 8 familles. Telles que présentées dans le guide (classées par ordre d’importance décroissant), les 5 principales familles sont les Pyralidés, les Tortricidés, les Géométridés, les Noctuidés et les Érébidés. Trois autres familles, les Crambidés, les Lycénidés et les Sphingidés, sont représentées chacune par une seule espèce observée occasionnellement et ayant une moindre importance économique.
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Coléoptères Les insectes de cet ordre, dont les hannetons et les scarabées sont des représentants typiques bien connus, se présentent dans une grande variété de formes et de couleurs. Ces insectes ont une métamorphose complète passant par les 4 stades : œuf, larve, pupe et adulte. À l’état adulte, les Coléoptères ont une paire d’ailes antérieures dures qui recouvrent leur abdomen et qui se joignent au milieu du dos suivant une ligne médiane bien droite : il s’agit d’une paire d’ailes modifiées appelées élytres. Cette armure coriace recouvre une paire d’ailes postérieures membraneuses, repliées au repos, qui sont utilisées pour le vol. Lorsque l’insecte se prépare à s’envoler, il écarte ses élytres et déploie ses deux ailes postérieures. Les 4 familles de Coléoptères comprenant des espèces nuisibles pour les plants de canneberges sont, telles que classées dans le guide, les Curculionidés, les Chrysomélidés, les Glaphyridés et les Scarabéidés. Cette dernière n’est représentée que par des espèces classées comme étant des ravageurs potentiels.
Diptères Cet ordre est constitué de nombreuses espèces, parfois très abondantes, communément appelées mouches. Ce groupe inclut notamment les moustiques, les taons, les tipules et les drosophiles. Ce sont des insectes à métamorphose complète qui passent par les 4 stades de développement (œuf, larve, pupe, adulte). Le mot diptère signifie « qui a 2 ailes ». En effet, chez ces insectes, seule la paire d’ailes antérieures est développée. La paire d’ailes postérieures est absente et remplacée par de petites structures, nommées haltères, servant de balancier durant le vol. L’existence d’une seule paire d’ailes fonctionnelles permet un vol plus rapide et prolongé. On trouve une seule espèce de Diptères nuisible dans la canneberge; elle appartient à la famille des Cécidomyiidés.
Orthoptères Cet ordre regroupe notamment les grillons, les criquets et les sauterelles. Ces insectes ont une métamorphose incomplète et ne traversent que 3 stades : œuf, larve et adulte. La plupart des espèces d’Orthoptères, à l’état adulte, ont 2 paires d’ailes. Les ailes antérieures sont droites et alignées avec le corps. Elles sont épaisses, coriaces et protègent la paire d’ailes postérieures. Les ailes postérieures sont membraneuses et servent à voler. Au repos, elles sont repliées sous la paire antérieure. Certains criquets, de la famille des Acrididés, s’attaquent aux plants de canneberges.
Hémiptères L’ordre des Hémiptères regroupe des insectes tels que les cigales, les cicadelles, les pucerons, les cochenilles et les punaises. Tout comme les Orthoptères, leur développement comprend seulement 3 stades : il n’y a pas de stade immobile (pupe) entre la larve et l’adulte. Ce sont les pièces
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buccales, de type piqueur-suceur, qui caractérisent les membres de cet ordre. Les Hémiptères ont généralement 2 paires d’ailes, qui présentent différents aspects en fonction de la famille. Elles sont parfois sclérifiées près de la tête et membraneuses au-dessus de l’abdomen, parfois entièrement membraneuses ou encore entièrement coriaces. Chez ces insectes, il existe également des formes aptères, notamment chez les pucerons et les cochenilles. Une espèce de chacune des familles des Cercopidés et des Diaspididés est nuisible occasionnellement dans la culture de canneberges au Québec. Une espèce de la famille des Cicadellidés est considérée comme un ravageur potentiel.
Catégories de nuisances Afin de classifier chaque espèce d’insectes ravageurs du Québec selon sa nuisance pour la culture, un symbole étoilé lui a été attribué. Les différentes catégories ont été définies selon la fréquence et l’abondance de l’espèce ainsi que selon sa capacité potentielle de causer des dommages économiques importants. Cette analyse, effectuée pour chaque espèce, est basée sur les observations des producteurs en champs et la compilation des données du dépistage effectué par les professionnels en lutte intégrée. Ravageurs principaux (¬¬¬¬) Fréquence : espèce observée chaque année sur la majorité des sites de production. Abondance : lorsque présente, généralement modérée ou élevée. Potentiel de dommages économiques : élevé. Ravageurs secondaires (¬¬¬) Fréquence : espèce observée chaque année sur plusieurs sites de production. Abondance : lorsque présente, généralement modérée; sauf dans des situations particulières ou locales où elle atteint un niveau élevé. Potentiel de dommages économiques : principalement modéré. Ravageurs mineurs (¬¬) Fréquence : espèce observée chaque année ou de manière sporadique sur quelques sites de production. Abondance : lorsque présente, généralement faible. Potentiel de dommages économiques : faible. Ravageurs occasionnels (¬) Fréquence : présence très sporadique. Abondance : faible. Potentiel de dommages économiques : faible.
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INFORMATIONS RELATIVES AUX ESPÈCES NOMS DE L’ESPÈCE : nom français, nom anglais, nom latin. ORIGINE : espèce indigène ou espèce introduite (d’origine étrangère). RÉPARTITION : zone(s) géographique(s) où cette espèce est présente dans les milieux naturels ou agricoles de manière générale. STATUT DE RAVAGEUR de la canneberge selon les principales régions de production en Amérique du Nord : indications pour savoir si l’espèce est reconnue comme étant un insecte nuisible de la culture aux États-Unis et au Canada. Signification des abréviations MA : Massachusetts NJ : New Jersey WI : Wisconsin OR : Orégon WA : Washington N.-B. : Nouveau-Brunswick N.-É. : Nouvelle-Écosse QC : Québec C.- B. : Colombie-Britannique Légende
(Adaptation de Fitzpatrick, 2009a et Leduc, Turcotte et Allard, 2004)
Espèce absente
Espèce présente, potentiel de dommages économiques modéré à faible
Espèce présente, potentiel de dommages économiques élevé.
DESCRIPTION : descriptions morphologiques des différents stades de développement de l’insecte. Pour les espèces de la partie « Ravageurs potentiels », les stades œuf et pupe ne sont pas décrits et la description des stades immatures et adulte est plus succincte. BIOLOGIE : informations relatives au nombre de générations par année, au stade d’hibernation et au cycle de vie de l’espèce. Pour la partie « Ravageurs potentiels », les éléments de biologie mentionnés sont basés sur les données du Massachusetts ou du New-Jersey aux États-Unis.
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DOMMAGES : précisions du ou des stades de développement de l’espèce qui occasionnent les dommages. La ou les parties de la plante généralement abîmées par l’insecte. Pour quelques espèces, des particularités associées aux dommages sont présentées ou les symptômes sont décrits plus en détail. AUTRE(S) PLANTE(S) HÔTE(S) : liste d’espèces de plantes mentionnées dans la littérature spécialisée (voir Bibliographie à la fin du présent ouvrage), auxquelles s’ajoute évidemment la canneberge. ESPÈCE(S) SIMILAIRE(S) : spécification de traits morphologiques qui aident à mieux distinguer des espèces qui se ressemblent. Il s’agit particulièrement de chenilles très similaires pour lesquelles il a été jugé important de faire ressortir des critères de distinction.
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IDENTIFICATION DES LÉPIDOPTÈRES TYPES DE CHENILLES DES PRINCIPALES FAMILLES Des 46 espèces de ravageurs de la canneberge répertoriées au Québec, 40 appartiennent à l’ordre des Lépidoptères. Ces espèces occasionnent des dommages à la culture lorsqu’elles sont au stade larvaire (chenilles). Certains traits morphologiques ou comportementaux caractéristiques permettent de reconnaître rapidement les 5 principales familles taxonomiques représentatives des espèces répertoriées dans les champs de canneberges au Québec.
Pyralidés (Pyrales) Les pyrales ont 5 paires de fausses pattes et sont généralement unicolores. Deux espèces très distinctes sont trouvées dans les cannebergières, soit la Pyrale des atocas et la Pyrale noire. Pour être en mesure de les reconnaître, se référer à leurs fiches descriptives respectives. L’Anneleur de la canneberge était anciennement considéré comme une espèce de la famille des Pyralidés. À la suite d’une révision, les pyrales ont été scindées en 2 familles, soit les Pyralidés et les Crambidés. L’Anneleur de la canneberge fait maintenant partie de la famille des Crambidés. Les larves de Crambidés possèdent des caractéristiques très similaires aux Pyralidés.
Tortricidés (Tordeuses) Les chenilles de cette famille ont aussi 5 paires de fausses pattes. Elles ont un comportement très caractéristique : durant leur développement, elles se camouflent à l’intérieur du matériel végétal duquel elles se nourrissent. Elles sont parfois appelées enrouleuses puisqu’elles rassemblent des feuilles ou d’autres parties de plantes et les tissent autour d’elles. Elles restent constamment cachées et, lorsqu’elles sont exposées, elles cherchent immédiatement à se dissimuler entre les feuilles ou les débris. Lorsqu’elles sont dérangées, ces chenilles se tortillent vivement.
Géométridés (Arpenteuses) Les arpenteuses ont seulement 2 paires de fausses pattes tout au long de leur développement larvaire (exceptionnellement 3 chez quelques espèces, dont l’Arpenteuse perlée). La première paire est située sur le sixième segment de l’abdomen, l’autre, sur le dixième (et dernier) segment. Leur corps est généralement dépourvu de poils. Ces chenilles se déplacent de façon caractéristique en arquant fortement le milieu de leur corps (abdomen). Lorsqu’elles sont au repos ou perturbées, elles ont l’habitude de se tenir droites et immobiles. Elles se dressent sur leurs fausses pattes et se raidissent, ressemblant alors à une courte tige.
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Pour le dépistage, les Arpenteuses sont classées en 3 catégories : Petites arpenteuses : Arpenteuse verte et Arpenteuse brune. Individuellement, les petites arpenteuses sont peu voraces. Lorsque les populations sont élevées, elles peuvent cependant causer d’importants dommages. Les petites arpenteuses sont des espèces hâtives. Elles mangent en partie ou en totalité les bourgeons qui débourrent. À mesure que les plants se développent, elles se nourrissent des nouvelles feuilles et des boutons floraux. Elles sont généralement trouvées de façon éparse aux champs. Grosses arpenteuses : Arpenteuse bituberculée, Arpenteuse piquée jaune, Arpenteuse épineuse des feuillus. Individuellement, ces arpenteuses sont très voraces, elles peuvent défolier complètement la nouvelle pousse des plants. Elles occupent généralement des zones localisées. Autres arpenteuses : pour les 17 autres espèces d’arpenteuses, la période de présence des larves aux champs et le type de dommages qu’elles occasionnent sont variables.
Silhouette d’une petite arpenteuse
Silhouette d’une grosse arpenteuse
(2 paires de fausses pattes)
(2 paires de fausses pattes)
Silhouette d’une arpenteuse immobile
(retenue par un fil de soie tendu, partant de la tête et attaché à la plante)
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Noctuidés (Noctuelles) Les chenilles de noctuelles ont 5 paires de fausses pattes (sur les segments abdominaux 3 à 6 et 10), sauf au premier et parfois au deuxième stade larvaire. Pour certaines espèces, chez la très jeune chenille, les deux premières paires de fausses pattes sont très peu développées et la chenille se déplace alors comme une arpenteuse; ce comportement s’estompe rapidement aux stades larvaires subséquents. Exceptionnellement, quelques espèces (ex. : Fausse-arpenteuse à grandes taches) ont 3 paires de fausses pattes tout au long de leur vie larvaire (les deux premières sur les cinquième et sixième segments abdominaux). Certaines chenilles de noctuelles sont diversement poilues, ce qui est notamment le cas des acronictes. Les acronictes comprennent des chenilles de toutes sortes, allant du type « sans poils » à la chenille avec une longue « fourrure », en passant par celles avec des « poils denses en brosse » ou des « touffes ». Les jeunes chenilles de noctuelles sont actives le jour et la nuit. À un stade plus avancé, les chenilles sont actives seulement la nuit et sont très voraces; elles se cachent généralement sous les plants pendant le jour.
Silhouette d’une noctuelle (sans poils) (5 paires de fausses pattes)
Silhouette d’une noctuelle (avec poils)
(5 paires de fausses pattes)
Silhouette d’une noctuelle (de type faussearpenteuse)
(3 paires de fausses pattes)
Érébidés Les chenilles de la famille des Érébidés ont 5 paires de fausses pattes. Leur corps est densément poilu, aux couleurs vives, souvent avec de longues touffes ou pinceaux de poils. Cette famille a été récemment réévaluée et regroupe maintenant les espèces anciennement classées dans les familles des Lymantriidés et des Arctiidés, de même qu’un certain nombre d’anciens Noctuidés.
Silhouette d’une Érébidé
Silhouette d’une Érébidé
(5 paires de fausses pattes non visibles)
(5 paires de fausses pattes non visibles)
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SCHÉMAS DES PRINCIPAUX CARACTÈRES MORPHOLOGIQUES DE LA CHENILLE ET DE L’ADULTE DES LÉPIDOPTÈRES Schéma d’une chenille (Adaptation de Wagner, 2005)
tête
thorax T1
T2
T3
plaque thoracique A3 A2 A1
A4
A5
A6
A7
A8 A9
pattes
stigmate fausses pattes abdominales
fausses pattes anales
Schéma de la vue latérale d’une chenille (Adaptation de Wagner, 2005) ligne dorsale ligne subdorsale bande latérale
11
12
6
5
6
4
7
6
3
8
10
9
2
1
1
9
2
10
8
6
3 7
4
6
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Légende : 1. Lignes basales 2. Lignes antémédianes 3. Lignes médianes 4. Lignes postmédianes 5. Lignes submarginales 6. Franges 7. Taches réniformes 8. Taches orbiculaires 9. Taches claviformes 10. Taches discoïdales
Schéma des lignes des ailes d’un adulte (Adaptation de Handfield et al., 2011)