guide de production oeufs à petite échelle

Guide de production

ŒUFS à petite échelle

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Guide de production

ŒUFS à petite échelle

DROITS D’AUTEUR

Il est interdit de reproduire, de traduire ou d’adapter cet ouvrage sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) afin de respecter les droits d’auteur et d’encourager la diffusion de nouvelles connaissances.

AVERTISSEMENTS

Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans le présent guide était jugée représentative du secteur des œufs de consommation au Québec. Son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur.

La publicité insérée dans ce document concrétise l’appui du milieu à la parution de l’ouvrage. Sa présence ne signifie pas que le CRAAQ en approuve le contenu et cautionne les entreprises et les organismes concernés.

Dans le présent document, le genre masculin est utilisé uniquement pour alléger le texte, s’il y a lieu.

Ce projet est financé par l’entremise du Programme Innov’Action agroalimentaire, en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.

POUR INFORMATION ET COMMENTAIRES

Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec

2875, boulevard Laurier, Édifice Delta 1, 9e étage

Québec (Québec) G1V 2M2

418 523-5411 | 1 888 535-2537 | client@craaq.qc.ca | www.craaq.qc.ca

© Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 2023

PURB0101

ISBN 978-2-7649-0671-2 (version imprimée)

ISBN 978-2-7649-0672-9 (PDF)

Dépôt légal

Bibliothèque et Archives Canada, 2023

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023

COMITÉ DE PILOTAGE DU PROJET

Myriam Bernier, D.M.V., médecin vétérinaire conseillère en épidémiosurveillance, responsable du réseau aviaire, Direction de la santé animale, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)

Stéphanie Dubé, conseillère en développement économique régional, Direction des affaires territoriales, MAPAQ (en remplacement de Sophie Laughrea en cours de projet)

Pascal Genest-Richard, agr., B. Ing., M. A., étudiant au doctorat en agroécologie, Université Laval

Lise-Anne Girard, coordonnatrice inspection, audits et application de programmes, Fédération des producteurs d’œufs du Québec (FPOQ)

Sophie Laughrea, conseillère en développement régional, MAPAQ (remplacée par Stéphanie Dubé en cours de projet)

Lota D. Tamini, Ph. D., professeur titulaire, Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation, Chaire de recherche économique sur l’industrie des œufs, Université Laval

Le Comité de pilotage du projet a participé à la révision et la validation de tous les chapitres.

RÉDACTION

Michael Bérubé, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal (Chapitre 4)

Martine Boulianne, D.M.V., Ph. D., professeure titulaire, Département de sciences cliniques, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal (Chapitre 4)

Guillaume Breton, chargé de projets, CRAAQ (Chapitre 9)

Éric Dion, conseiller spécialisé pondeuses commerciales et dindons, Sollio Agriculture (Chapitre 5)

Nathalie Gaulin, conseillère contingent, recherche et environnement, FPOQ (Chapitre 6)

Pascal Genest-Richard, agr., B. Ing., M. A., étudiant au doctorat en agroécologie, Université Laval (Chapitres 1, 2, 3, 5, 6, 7)

Lise-Anne Girard, directrice de la production, FPOQ (Chapitres 6 et 7)

Angèle Hudon-Tanguay, responsable des programmes qualité et salubrité, FPOQ (Chapitre 6)

Aurélie Munger, chargée de projets - Agri-Réseau, CRAAQ (Chapitre 8)

Chloé Rosa-Teijeiro, étudiante à la maîtrise, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal (Chapitre 4)

Dominique St-Arnaud, B. Sc. (biologie), productrice, Ferme Point du jour Inc. (Chapitre 9)

Lota D. Tamini, Ph. D., professeur titulaire, Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation, Chaire de recherche économique sur l’industrie des œufs, Université Laval (Chapitre 1)

Audrey Turmel, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal (Chapitre 4)

COLLABORATION/RÉVISION

Maryse Ayotte, conseillère en productions animales, MAPAQ (Chapitres 1, 2, 4, 5, 6 et 7)

Antony Bastien, D.M.V., responsable du réseau aviaire et cunicole, Direction adjointe du développement et de la surveillance, MAPAQ (Chapitre 5)

Thomas Brind’Amour, conseiller sectoriel pour la filière des œufs de consommation et analyste économique pour les productions sous gestion de l’offre, Direction des politiques commerciales et intergouvernementales, MAPAQ (Chapitres 1 et 8)

Joanie Côté, M. Sc., conseillère en salubrité alimentaire et en réglementation, Direction de la salubrité alimentaire et du bien-être des animaux (Chapitre 4, section Élimination des oiseaux morts)

Gabrielle Dimitri Masson, D.M.V., M. Sc., médecin vétérinaire conseillère en santé publique vétérinaire, Direction de la santé animale, MAPAQ (Chapitre 7)

Éric Dion, conseiller spécialisé pondeuses commerciales et dindons, Sollio Agriculture (Chapitre 6)

Stéphanie Dubé, conseillère en développement économique régional, MAPAQ (Chapitre 8)

Pascal Genest-Richard, agr., B. Ing., M. A., étudiant au doctorat en agroécologie, Université Laval (Chapitre 8)

Lise-Anne Girard, directrice de la production, FPOQ (Chapitre 3)

Marilène Halin, M. Sc., conseillère en biosécurité, Direction de la santé animale, MAPAQ (Chapitre 6)

Angèle Hudon-Tanguay, responsable des programmes qualité et salubrité, FPOQ (Chapitre 3)

Karine Lainesse, M. Sc. en microbiologie et immunologie, conseillère en salubrité des aliments, Direction générale de l’inspection et du bien-être animal, MAPAQ (Chapitre 8)

Sophie Laughrea, conseillère en développement régional, MAPAQ (Chapitre 8)

Marie-Eve Lessard, D.M.V., I.P.S.A.V., conseillère en bien-être animal et en réglementation, Direction de la salubrité alimentaire et du bien-être animal, MAPAQ (Chapitres 1 à 6)

Maude Michaud Dumont, Ph. D., microbiologiste, conseillère en évaluation des risques en salubrité alimentaire, Direction de la salubrité alimentaire et du bien-être des animaux, MAPAQ (Chapitre 8)

Patrick Mundler, professeur titulaire, Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, Université Laval (Chapitre 1)

Isabelle Picard, D.M.V., coordonnatrice aux zoonoses, Direction de la santé animale, MAPAQ (sections des chapitres 4 et 6)

Walter Rubio Alvarez, coordonnateur, Direction des services aux clientèles, MAPAQ (Chapitre 8)

COLLABORATION/RÉVISION (suite)

Vanessa Ruel-Guay, spécialiste en sciences physiques, conseillère en inspection, Direction adjointe du soutien aux opérations et de la qualité, MAPAQ (Chapitres 3, 4, 6 et 8)

Dominique St-Arnaud, B. Sc. (biologie), productrice, Ferme Point du jour Inc. (Chapitre 1 à 8)

Ninoslav Teinovic, conseiller en salubrité des aliments, Direction de la salubrité alimentaire et du bien-être des animaux, MAPAQ (Chapitre 8)

COORDINATION ET ÉDITION

Guillaume Breton, chargé de projets, CRAAQ

Danielle Jacques, chargée de projets aux publications, CRAAQ

Véronique Michaud, graphiste, CRAAQ

Marise Breault, La boîte à correction

PHOTOGRAPHIES ET ILLUSTRATIONS

Page couverture : Les Jardins Bio du Solstice

Best Nest Box, Dreamstime, Ferme Maître Poulier, Ferme La Caboche, Pascal GenestRichard, Les Jardins Bio du Solstice, Éric Labonté, Maude Lachance, The Mobile Chicken House, Pixabay, Shutterstock

REMERCIEMENTS

Les auteurs et le CRAAQ remercient toutes les personnes et les organisations ayant contribué de près ou de loin à la réalisation de ce guide.

AVANT-PROPOS

L’idée de réaliser le guide Œufs à petite échelle est née de discussions entre des producteurs, des intervenants en agriculture urbaine, la Fédération des producteurs d’œufs du Québec (FPOQ) et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) dans le but de répondre aux besoins d’informations dans cette production.

L’engouement pour l’agriculture de proximité est bien réel et il y a un intérêt marqué pour l’achat des denrées agricoles, dont les œufs, en dehors des circuits traditionnels. Cet intérêt peut se traduire par une opportunité d’affaires pour les producteurs. La demande pour un plus grand volume d’œufs de consommation commercialisés dans les circuits courts par des producteurs à petite échelle est présente et le secteur a démontré une ouverture à faciliter l’accès à ces producteurs. Néanmoins, ceux-ci doivent être bien informés sur les pratiques d’élevage et de gestion ainsi que sur les normes minimales à respecter, notamment en matière de biosécurité et de bien-être animal. Le présent guide vient répondre à cet objectif.

Les façons de faire pour les producteurs qui détiennent un quota de la FPOQ1 sont bien établies et ceux-ci doivent respecter un cahier des charges précis. Ces producteurs sont habituellement accompagnés par plusieurs intervenants (agronomes, vétérinaires, conseillers en gestion, etc.) pour favoriser les bonnes pratiques et une bonne gestion de l’entreprise. Les personnes qui élèvent quelques poules en milieu rural ou urbain le font souvent pour leur propre consommation et ont moins de préoccupations pour ce qui est de la rentabilité, puisque cette production constitue en partie un loisir. Ces personnes ont accès à une documentation de plus en plus abondante pour les guider dans leur démarche, ce qui n’est pas le cas des producteurs à petite échelle qui commercialisent leurs œufs. Ce guide s’adresse principalement à ces producteurs.

Ce projet de publication a débuté par une enquête visant à caractériser les entreprises de petite taille qui produisent des œufs afin de bien cerner leurs pratiques d’un point de vue économique, agronomique et de santé animale.

1. Un quota est requis au-delà de 99 poules pondeuses et le Programme d’aide au démarrage de producteurs d’œufs dédiés à la vente directe permet à un certain nombre de producteurs d’utiliser un quota correspondant à un maximum de 500 poules pondeuses (voir le Chapitre 1).

Cette première étape a permis d’orienter le travail de rédaction d’une équipe multidisciplinaire (producteurs, agronomes, agroéconomistes, médecins vétérinaires et autres intervenants du secteur) afin de fournir des informations pertinentes aux producteurs et d’identifier les balises nécessaires à leur réussite et à l’acceptabilité des pratiques.

Les résultats détaillés de l’enquête sont disponibles sur Agri-Réseau2. Un autre livrable du projet, le budget d’entreprise pour un modèle avicole de 99 poules pondeuses, a été publié dans la collection des Références économiques du CRAAQ3. Nous espérons que ces informations contribueront, tout comme ce guide, à l’essor de la production par l’adoption des bonnes pratiques d’élevage et de gestion et qu’elles deviendront des références utiles tant pour les producteurs d’œufs à petite échelle déjà établis que pour les projets en démarrage.

2. Rapport d’enquête auprès des producteurs d’œufs à petite échelle (www.agrireseau.net/documents/110201)

3. Œufs de consommation - 99 poules - Budget d’entreprise - 2022 (www.craaq.qc.ca/Publications-du-CRAAQ/oeufs-de-consommation99-poules-budget-d_entreprise-2022/p/PREF0429)

TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 1

INTRODUCTION

Historique et contexte général

La production des œufs de consommation est sous l’égide du système de gestion de l’offre1. Un organisme pancanadien, Les Producteurs d’œufs du Canada (POC), est chargé de l’administration du système national de production. L’organisme détermine la production nationale et la répartit entre les provinces et les Territoires du Nord-Ouest sur la base d’un mécanisme d’allocations et des demandes reçues de leurs offices de commercialisation. La somme des quotas de production alloués est égale au contingent total au niveau national. Au Québec, la production et la mise en marché des œufs de consommation sont gérées par un plan conjoint2, lequel est administré par la Fédération des producteurs d’œufs du Québec (FPOQ). De ce fait, une des obligations pour être autorisé à produire des œufs est de posséder un quota de production, sauf pour des cheptels de poules réduits. En effet, en 1974, la FPOQ obtenait l’autorisation de fixer le plafond de la production sans quota à 250 poules, plafond qui a

été abaissé en 1993 à 99 poules3 par adresse principale, nombre encore en vigueur en 2023. Cette limite quant à la production hors quota s’applique peu importe qu’il s’agisse d’un élevage à des fins d’autoconsommation ou d’un élevage dont les œufs sont destinés à la vente.

Par ailleurs, il semble exister une demande en forte croissance, en particulier en milieu urbain, pour des œufs différenciés (œufs enrichis d’oméga-3, œufs certifiés biologiques, poules élevées en liberté, élevage sans antibiotiques, etc.) provenant d’élevages à petite échelle et/ou artisanaux avec, éventuellement, le développement d’autres canaux de distribution (Mundler et coll., 2017). Pour les oeufs différenciés, il n’y a pas de programmes spéciaux favorisant l’un ou l’autre de ces marchés spécialisés. Ces oeufs différenciés sont produits selon des ententes d’approvisionnement entre acheteurs et producteurs à même le quota détenu (Atozou et coll., 2022).

1. Ce système comporte trois principes essentiels : i) la fixation du prix en fonction des coûts de production, ii) le contingentement de la production (quotas) en fonction des besoins du marché intérieur et iii) le contrôle des importations (Larue et Lambert, 2012).

2. La Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche permet aux producteurs agricoles québécois d’agir collectivement pour défendre leurs intérêts et établit les règles permettant d’organiser de façon ordonnée (plans conjoints) la production et la mise en marché des produits agricoles, forestiers et alimentaires.

3. En 1993, ceux qui produisaient entre 101 et 250 poules se sont vu octroyer un droit spécial de production afin de maintenir ce niveau sans détenir de quotas (Règlement sur les quotas des producteurs d’oeufs de consommation du Québec).

C’est ainsi qu’au Québec, diverses organisations souhaiteraient que le plafond de la production sans quota soit augmenté afin de pouvoir répondre à cette demande pour des œufs différenciés4.

Dans ce contexte, il existe aussi une demande pour des documents de référence portant sur la production d’œufs de consommation à petite échelle, « angle mort » des expertsconseils avicoles qui visitent très peu les entreprises exerçant ce type d’activité. En effet, du fait des petits volumes concernés, il n’existe que peu ou pas de guides, de méthodes, de modèles ni d’analyses économiques sur le sujet. Présentement, une expertise et des services-conseils sont offerts aux plus gros producteurs sous gestion de l’offre. Toutefois, pour les producteurs d’œufs à petite échelle, la recherche d’un médecin vétérinaire, par exemple, peut s’avérer laborieuse. Il existe de la documentation pour les citoyens qui possèdent quelques poules à la maison mais, selon les recherches effectuées, il existe peu d’information sur la production d’œufs dans une optique d’agriculture commerciale à petite échelle5. Les connaissances et les outils disponibles ne sont pas adaptés aux productions commerciales de moins de 500 poules pondeuses. Le présent guide vise à combler ce vide.

CONTEXTE ÉCONOMIQUE DE LA PRODUCTION D’ŒUFS DE CONSOMMATION AU QUÉBEC

Selon les données de 2022 de la FPOQ, le Québec compte 199 producteurs d’œufs.

Le cheptel s’élève à plus de 5 millions de poules pondeuses, et la production annuelle totalise plus 1,8 milliard d’œufs. Le nombre de producteurs est en augmentation (il n’y avait que 113 producteurs en 2015), principalement grâce à la mise en place par la FPOQ du Programme d’aide au démarrage de producteurs d’œufs dédiés à la vente directe (PAD Vente directe) en 2016, programme qui a permis à ce jour à 34 producteurs à petite échelle (FPOQ, communication personnelle) d’obtenir le droit d’utiliser, à certaines conditions, un quota d’un maximum de 500 pondeuses. Ce droit de produire est accordé à un taux préférentiel par poule correspondant à 66 % du taux régulier; il n’est pas revendable et est transférable dans des conditions strictes soit « [...] si le cessionnaire est une personne physique qui, depuis au moins 3 ans, participe activement à la production du droit d’utilisation […] ». Ces producteurs ne participent toutefois pas aux décisions au sein de la FPOQ, puisqu’ils n’ont pas le droit de vote.

4. Voir CAAAQ, 2008; Union paysanne, 2014; Legendre, 2015; Ménard, 2015 cités par Mundler et coll., 2017.

5. Soulignons toutefois l’ouvrage de Dominic Lamontagne, L’artisan fermier. Manuel d’élevage artisanal du poulet de chair, de la poule pondeuse et de la chèvre laitière, paru aux Éditions Écosociété en 2019.

Par ailleurs, dans le cadre de son Programme d’aide au démarrage de nouveaux producteurs d’œufs (FPOQ, 2022b), la FPOQ octroie annuellement, par tirage au sort après un processus de sélection des candidats, un droit d’utilisation de 6 000 unités de quota (1 unité de quota = 1 poule pondeuse), lequel droit ne peut pas être transféré.

Dans le cadre de ce programme, la FPOQ a ainsi remis près de 112 000 unités de quota de poules pondeuses depuis 2006 (FPOQ, communication personnelle).

En 2022, le taux d’autosuffisance pour les œufs était de 87 % au Québec, comparativement à 77,4 % en 2000. Le nombre moyen de poules pondeuses par entreprise détenant un quota de production est passé de près de 40 000 en 2000 (avec 112 producteurs) à près de 28 000 en 2022, cette baisse étant en partie due à l’arrivée sur le marché

des producteurs bénéficiant du PAD Vente directe. Au cours de la même période, le nombre de poules pondeuses a augmenté de près de 64 %, tandis que la croissance de la production a été d’un peu plus de 83 %, ce qui indique un accroissement du taux de ponte.

Toujours entre 2000 et 2019, le prix que les producteurs détenteurs de quotas ont obtenu pour une douzaine d’œufs a augmenté d’un peu moins de 54 % pour les œufs de calibre Extra gros et Gros, et d’un peu plus de 47 % pour ceux de calibre Moyen. Selon un budget publié par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ, 2017), le bénéfice net d’une exploitation comptant 25 000 poules et ayant une bonne efficacité technique et économique est de l’ordre de 7 $ par poule par année, soit 0,27 $ par douzaine d’œufs.

Figure 1.1 Au Québec, le taux d’autosuffisance pour les œufs était de 87 % en 2022

Photo : Shutterstock

Les données économiques présentées précédemment concernent les producteurs détenteurs de quotas, incluant les détenteurs de prêts de quotas. Il est cependant difficile d’estimer le nombre total de producteurs d’œufs sans quota. Néanmoins, lors du recensement de 2016 de Statistique Canada, 643 fermes au Québec ont déclaré avoir produit des œufs cette année-là en vue de les commercialiser ou non (Statistique Canada, 2017). Par comparaison, le Rapport annuel 2016-2017 de la FPOQ faisait état de 130 producteurs d’œufs détenant des quotas de production.

Au Québec comme dans plusieurs autres économies, la durabilité de la production d’œufs de consommation et le bien-être animal sont au cœur des préoccupations des consommateurs, et ces tendances influent sur les acteurs de la chaîne de valeur des œufs. L’un des changements fondamentaux affectant le secteur concerne les modes de production, notamment les divers types de systèmes de logement allant des cages conventionnelles aux systèmes dans lesquels les pondeuses sont en plein air (FPOQ, 2014). Ce changement de comportement du marché a conduit au développement d’œufs de spécialité dotés de certains attributs et a occasionné l’enrichissement nutritionnel des œufs, une plus grande préoccupation pour le bien-être animal et des normes environnementales accrues (Doyon et coll., 2016; Pelletier, 2017). Ce contexte est donc favorable au développement de la

production d’œufs de consommation à petite échelle présentant des spécificités dans les modes de production (p. ex. les poules élevées en pâturage).

CONTEXTE LÉGAL

Comme indiqué précédemment, au Québec, la production d’œufs de consommation est gérée par un plan conjoint, et de ce fait, une des obligations pour produire des œufs est de posséder un quota de production, sauf si le producteur possède 99 poules ou moins.

En 2009, le marché des quotas de production dans le secteur des œufs de consommation est passé d’une logique d’échange de gré à gré à un système centralisé avec un prix plafonné à 245 $ (FPOQ, 2014). Par ailleurs, les nouveaux quotas distribués du fait de la croissance demeurent maintenant la propriété de la FPOQ (et ne sont donc plus commercialisables). Cependant, il est prévu que les transferts intrafamiliaux puissent continuer à se faire de gré à gré, l’achat de l’exploitation complète permettant alors d’obtenir le ou les quotas qui y sont liés. Il peut en être de même pour l’achat d’une exploitation complète par une personne non apparentée qui ne possède pas déjà de quota de production d’œufs.

Le classement et le marquage des œufs, quant à eux, sont régis par deux règlements : le Règlement sur les aliments et le Règlement

sur les permis aux postes de classification d’œufs de consommation.

Les œufs vendus à la ferme n’ont pas à être classés. Toutefois, dès que l’œuf sort de la ferme, il doit être classé6. Le producteur d’un troupeau de moins de 250 pondeuses désirant exploiter un poste de classification n’est pas tenu d’obtenir un permis à cette fin auprès de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ). Pour ce qui est du marquage des œufs, il est obligatoire pour tout troupeau de plus de 300 poules. Pour les troupeaux de 300 poules ou moins, le marquage n’est obligatoire que si les œufs ne sont pas classés par le producteur lui-même.

Notons également qu’en vertu de la décision 11660 rendue par la RMAAQ, les exigences du programme Propreté d’abord – Propreté toujours® et du Programme de soins aux animaux sont assouplies pour les producteurs possédant 3 000 pondeuses ou moins.

Enfin, mentionnons que le MAPAQ peut édicter des lois et des règlements pour encadrer la production d’œufs, incluant la production d’œufs à petite échelle. D’autres lois et règlements s’appliquent et sont abordés dans le présent guide.

PORTAIT DE LA PRODUCTION D’ŒUFS À PETITE ÉCHELLE AU QUÉBEC7

Une enquête menée en 2020 par le CRAAQ auprès de 52 producteurs d’œufs à petite échelle (sans quota ou ayant un quota de 2 000 poules pondeuses ou moins) a démontré qu’en moyenne, les répondants possèdent environ 112 poules pondeuses et que les principales régions de production sont la Montérégie, l’Estrie et Lanaudière (CRAAQ, 2022). Voici un bref survol des résultats de cette enquête.

Majoritairement, le revenu global des entreprises produisant des œufs à petite échelle se situe entre 50 000 $ et 149 999 $. La production d’œufs de consommation représente en moyenne 19 % du revenu global, tandis que la production maraîchère génère la plus grande proportion des revenus. Le nombre de douzaines d’œufs vendues par semaine varie grandement d’une entreprise à l’autre et il est fonction du taux de ponte et de la taille du troupeau.

Soixante-quinze pour cent des répondants commercialisent moins de 50 douzaines par semaine, soit l’équivalent d’un troupeau d’une centaine de poules.

6. Toutefois, afin de favoriser la vente en circuits courts, la vente des œufs directement aux consommateurs sans avoir à les classer et à respecter l’ensemble de la règlementation en vigueur est autorisée à certaines conditions (www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Avis_Publicite/Pages/Ventedirecteoeufsdepoulenonclasses.aspx).

7. Cette section résume les résultats de l’enquête menée auprès des producteurs d’œufs à petite échelle de la province de Québec. Quatre-vingt-douze personnes ont répondu au questionnaire, pour un nombre total de 52 réponses totalement exploitables. Pour plus de détails, consulter le rapport de l’enquête (CRAAQ, 2022).

Pour la plupart des répondants, la production d’œufs représente soit un produit d’appel pour aider à la vente d’autres produits (48 %), soit un revenu complémentaire significatif pour l’entreprise (30 %). Plusieurs modes de mise en marché sont utilisés : la vente directe à la ferme, la vente directe dans les marchés publics, la vente directe dans les paniers selon la formule de l’agriculture soutenue par la communauté (ASC), la vente à des détaillants, la vente à un regroupement dont le producteur est membre et la vente à des restaurants. Les répondants ont généralement recours à plus d’un mode de mise en marché pour leurs œufs; 60 % des entreprises ont en fait recours à 2 ou

3 modes différents. Il est important de rappeler que les modes de mise en marché permis diffèrent pour les œufs non classés et les œufs classés. Selon les résultats de l’enquête, la vente dans les paniers permet le prix de vente le plus élevé, soit une moyenne de 5,41 $ la douzaine, suivie de près par la vente dans les marchés publics avec une moyenne de 5,34 $. Bien qu’il s’agisse d’un mode de mise en marché fréquemment utilisé, c’est la vente directe à la ferme qui obtient le prix de vente le plus faible avec une moyenne de 4,60 $ la douzaine. À titre de comparaison, le Rapport annuel 2019-2020 (même période que l’enquête) de la FPOQ indiquait un prix payé aux producteurs (détenant un quota de production) de 2,03 $ la douzaine pour des œufs conventionnels blancs de calibre Gros.

Du côté des coûts de production, les producteurs mentionnent un coût moyen de 0,82 $/kg pour la moulée et l’entreposent généralement en sacs de 25 kg (83 %). Les entreprises biologiques, quant à elles, paient leur moulée 1,14 $/kg en moyenne.

Plusieurs systèmes de production sont utilisés au sein des entreprises. Les principaux sont l’élevage en libre parcours avec accès à l’extérieur durant l’été (44 %) ou à l’année (31 %) et, dans une moindre mesure, l’élevage en libre parcours à l’intérieur (élevage au sol sans cages) (10 %). Les œufs sont généralement produits toute l’année (63 %) plutôt que de façon saisonnière.

Figure 1.2 Le nombre de douzaines d’œufs vendues par semaine est fonction du taux de ponte et de la taille du troupeau

Photo : Maude Lachance

Le CRAAQ remercie ses partenaires de prestige

ainsi que La Financière agricole du Québec et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Le CRAAQ remercie les organisations qui ont soutenu la publication de ce guide

Sollio Agriculture

Fédération des producteurs d'œufs du Québec

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Au Québec, il est possible d’élever un certain nombre de poules pondeuses (limite fixée à 99 poules) et de vendre ses œufs en circuit court (vente à la ferme, dans les marchés publics, etc.) sans détenir un quota. C’est dans ce contexte, et parce que la demande sur les marchés de proximité est en augmentation, que ce guide a été réalisé. Il vise à répondre au besoin de connaissances pour la production d’œufs de consommation à petite échelle tout en favorisant l’adoption de bonnes pratiques en matière d’élevage, de gestion et de mise en marché chez ces producteurs.

Après un rappel de la règlementation, le guide dresse un portrait de la production d’œufs à petite échelle au Québec à la lumière d’une enquête réalisée en 2020 et s’intéresse aux aspects à considérer avant de se lancer. Les notions et recommandations relatives aux bâtiments et aux équipements, à la santé et au bien-être des poules, à l’alimentation, à la gestion du fumier, à la biosécurité de l’élevage, à la manutention et à la mise en marché des œufs sont ensuite abordées, sans oublier la tenue de registres et les indicateurs de productivité et de rentabilité. Nul doute que ce guide deviendra une référence utile tant pour les producteurs à petite échelle déjà établis que pour les projets de démarrage.