Joyeux Hanoucca !
Maude Bellemare Adjointe
Michel Rizkalla Conseiller principal en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille
Bavoux Associée principale en gestion de patrimoine
Lionel Chriqui Conseiller principal en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille
Julie Hardy Associée en gestion de patrimoine
Ryan Mago Conseiller en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille
Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP) est une division de la Financière Banque Nationale inc. (FBN) et une marque de commerce appartenant à la Banque Nationale du Canada (BNC) utilisée sous licence par la FBN. FBN est membre de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) et du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE) et est une filiale en propriété exclusive de la BNC, qui est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA : TSX).
Anne-Marie Moïra Sinéade Pierre-Louis AdjointeSOMMAIRE
DÉCEMBRE 2022 / JANVIER 2023
Mot de la présidente de la CSUQ 9
POLITIQUE
Entrevue avec Pascale Déry, ministre de l'Enseignement supérieur du Québec 14-16
ÉDITION SPÉCIALE
Édito 17
Entrevue avec le grand linguiste Claude Hagège 18-19
Entrevue avec l’humoriste Gad Elmaleh 22-23
La Francophonie au sein de la CSUQ 24-25
La Francophonie au sein des institutions juives de Montréal 26-27
Les Sépharades du Québec et la Francophonie : une perspective historique 28-29
Réflexions de l’Honorable Jacques Saada sur la Francophonie 32-34
La Francophonie dans les écoles juives de Montréal 38-40
Nos élèves célèbrent la langue française 42-45
Rencontre avec Alexia Cohen, cheffe de projets numériques à Radio-Canada 46-47
Rencontre avec Jessica Znaty, policière du SPVM 48-49
MÉDECINE
Entrevue avec la Dre Yaëlle Bensoussan, chercheuse-clinicienne 50-52
Rencontre avec le Dr Lior Elkaim, futur neurochirurgien 54-55
ARTS DE LA SCÈNE
Entrevue avec Ariel Ifergan, comédien et metteur en scène 56-57
Entrevue avec Yaëlle Azoulay, chorégraphe et gigeuse 58-59
LITTÉRATURE
Rencontre
Entrevue avec l’écrivain Emmanuel Kattan 62-63
Rencontre avec la grande romancière Monique Proulx 64-65
Entrevue avec l’écrivain Pierre Assouline de l’Académie Goncourt 66-67
ISRAËL
IDENTITÉ ET CULTURE
DIRECTEUR GÉNÉRAL CSUQ
Benjamin Bitton
PRÉSIDENTE CSUQ
Karen Aflalo
COPRÉSIDENTS
William Dery
LVS
Arielle Sebah-Lasry
DIRECTEUR DE CONTENU
Elias Levy
COMMUNICATION
Danielle Glanz
OPÉRATIONS
Janice Silverstein
ET MARKETING
CONCEPTION GRAPHIQUE
Romy Benatar
Wei Song
RÉVISION LINGUISTIQUE ET CORRECTION D’ÉPREUVES
Martine Schiefer
ANNONCES PUBLICITAIRES
Danielle Glanz
Janice Silverstein
ABONNEMENT
Danielle Kessous
lvsmagazine.com
Wei Song
Elias Levy
Directeur de contenu et journaliste
Sonia Sarah Lipsyc Collaboratrice senior
Elie Benchetrit Journaliste
Sylvie Halpern Journaliste
Virginie Soffer Journaliste et critique littéraire Annie Ousset-Krief Journaliste
Éric Yaakov Debroise Historien
Eta Yudin Vice-présidente de la section québécoise du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA)
Isaac Benizri Président de l’École Maïmonide
Rabbin Yamin Levy Rabbin de la Synagogue Beth Hadassah de Great Neck, New York, et chef spirituel et directeur du Maimonides Heritage Center de Tibériade, Israël.
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Le présent numéro est tiré à 5 000 exemplaires et acheminé par voie postale au Québec, en Ontario et aux États-Unis. Des exemplaires sont également déposés dans différents endroits stratégiques à Montréal.
Les textes publiés n’engagent que leurs auteurs. La rédaction n’est pas responsable du contenu des annonces publicitaires. Toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, en tout ou en partie, du présent magazine, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictement interdite. Reproduction in whole or in part, by any means, is strictly prohibited unless authorized in writing by the editor.
MOT DE LA PRÉSIDENTE DE LA CSUQ
Après s'être impliquée pendant plusieurs années à La Voix sépharade ( LVS ), dont sept à titre de rédactrice en chef, Sonia Sarah Lipsyc tire sa révérence. Nous la remercions pour sa contribution majeure à l’essor de ce périodique. Nous nous réjouissons qu’elle demeure dans l’équipe de LVS, en tant que collaboratrice senior, où elle continuera de signer des textes de réflexion sur le judaïsme et la pensée juive et des chroniques littéraires. Le journaliste Elias Levy prend le relais. Nous lui souhaitons plein succès dans ses nouvelles fonctions.
Événement phare de la CSUQ, le Festival Sefarad de Montréal (FSM) s’est distingué encore une fois cette année par l’excellence de sa programmation. Tous les événements ont affiché complet.
Je tiens à remercier vivement les artisans du FSM 2022 : Laura Cohen et Ari Sorek, coprésidents, les membres du Comité organisateur, les nombreux autres bénévoles, Benjamin Bitton, directeur général de la CSUQ, Sabine Malka, directrice des activités culturelles, et les autres professionnels de la CSUQ pleinement engagés dans l’organisation très exigeante de ce magnifique événement culturel. Leur grand dévouement et leur souci permanent de l’excellence constituent la clé du grand succès que le FSM connaît année après année.
À la grande demande du public, le FSM se tiendra dorénavant annuellement au mois de mai, et en 2023 du 9 au 23 mai. Il continuera de proposer des programmes de grande qualité s’adressant à toutes les catégories d’âge. Inscrivez cette date dans votre calendrier.
Dans quelques jours, nous célébrerons Hanouka, la fête des lumières et des miracles. Après deux années et demie de restrictions et d’éloignement familial imposés par une pandémie dévastatrice, le temps des retrouvailles en présentiel sera très grandement apprécié.
En ces temps nébuleux, l’heure est à la fraternité et à l’entraide. N’oublions jamais nos frères et sœurs dans la détresse.
À cet effet, je tiens à féliciter Marc Kakon, fondateur et président de Hessed. Nous tenons à souligner son engagement admirable dans cette noble cause et son souci permanent de venir en aide aux personnes et aux familles les plus défavorisées de notre communauté. Un grand merci aussi à Michel Bitton, président de la Campagne de Hessed 2022-2023, à Armand Afilalo, président d’honneur du Concert bénéfice 2022, aux bénévoles et aux généreux donateurs qui soutiennent ce remarquable et des plus nécessaires projet social de la CSUQ.
Pendant la dure pandémie de COVID-19 que nous avons traversée, Hessed a prodigué une aide financière rapide à des centaines de familles nécessiteuses et en détresse. Cette année, Hessed a aussi soutenu de nombreuses familles démunies à Rosh Hashana et Souccot, et, exceptionnellement, une troisième distribution de bons alimentaires a eu lieu à Hanouka.
Le Concert bénéfice de Hessed a été précédé d’une réception qui a réuni de nombreux donateurs qui ont encore une fois fait preuve d’une grande générosité. Les fonds recueillis ce soir-là permettront à Hessed de continuer à remplir son importante mission.
Nous sommes ravis d’assister au retour en force des programmes riches et variés des Services Jeunesse après deux années et demie très pénibles de confinement dues à la pandémie de COVID-19. À peine ceux-ci annoncés, ils affichent complet. Je veux aussi féliciter les bénévoles et les responsables professionnels des Services Jeunesse pour la grande qualité des activités qu’ils organisent tout au long de l’année. Celles-ci connaissent un énorme succès.
La CSUQ continuera d’être un carrefour de rencontres et de dialogue. Vos conseils, suggestions et remarques sont les bienvenus. N’hésitez pas à nous les adresser. Vos commentaires sont très importants.
Au nom du conseil d’administration et des professionnels de la CSUQ, je vous souhaite de joyeuses fêtes de Hanouka et une heureuse et prospère année 2023.
Karen AflaloFinancière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP) est une division de la Financière Banque Nationale inc. (FBN) et une marque de commerce appartenant à la Banque Nationale du Canada (BNC) utilisée sous licence par la FBN. FBN est membre de l’organisme canadien
Grâce à notre partenaire exclusif, la Banque Nationale du Canada (BNC), la CSUQ à crée la Fondation CSUQ « d’une génération à l’autre ». Son objectif : mettre en place des ressources financières pérennes pour soutenir des programmes jeunesse de la CSUQ (0 à 30 ans).
L'année dernière, la fondation a atteint un capital impressionnant de plus de 1 500 000 $. Les usufruits générés ont contribué au financement de nombreux programmes et activités des « Services jeunesse » et de nouveaux programmes innovants. Soutenir la jeunesse constitue l’une des grandes priorités de cette fondation.
Au nom de la Fondation CSUQ, nous tenons à exprimer toute notre gratitude à la Banque Nationale, notre partenaire officiel, et à tous nos donateurs qui ont permis à la Fondation CSUQ de connaître une si belle expansion.
Nous vous souhaitons une très joyeuse et lumineuse fête de Hanouka. Ensemble, redonnons l’espoir à nos jeunes en embellissant leur vie.
ENTREVUE AVEC PASCALE DÉRY
MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DU QUÉBEC ELIAS LEVYÉlue le 3 octobre dernier députée de la circonscription de Repentigny sous la bannière de la Coalition avenir Québec (CAQ), Pascale Déry est la première femme juive sépharade à siéger au Conseil des ministres du gouvernement du Québec. Le premier ministre du Québec, François Legault, lui a confié l’important ministère de l’Enseignement supérieur.
Pascale Déry a accordé une entrevue à La Voix sépharade.
Comment avez-vous accueilli votre nomination à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur?
C’est un immense privilège, mais aussi une énorme responsabilité. Contrairement à ce que l’on entend souvent, il n’y avait aucune promesse de faite par le premier ministre du Québec, François Legault, lorsqu’il m’a approchée afin que je me présente comme candidate dans le comté de Repentigny. Ma victoire du 3 octobre me comblait déjà de satisfaction. Sachant à quel point l’éducation est une des grandes priorités de M. Legault, l’une des principales richesses et la base de l’avenir d’une société, je suis très honorée par cette marque de confiance de sa part. C’est un très beau mandat et un gros défi. Je ferai tout pour être à la hauteur de celui-ci. Je suis extrêmement fière d’être non seulement la représentante de mes concitoyens de Repentigny, mais aussi de ma communauté.
Vous vous êtes impliquée pendant plusieurs années dans les milieux politiques fédéralistes, notamment auprès du Parti conservateur du Canada (PCC). Qu’est-ce qui vous a incitée à faire le choix de la CAQ, un parti résolument nationaliste?
Effectivement, la CAQ est un parti nationaliste, mais comme son nom l’indique, c’est une coalition. On y retrouve des hommes et des femmes provenant de tous les horizons. Le succès de la CAQ repose sur la volonté de ses membres de travailler ensemble afin de toujours parvenir à un équilibre sur des questions importantes. La CAQ n’est pas un parti idéologique, mais plutôt pragmatique. Je pense qu’aujourd’hui, dans le contexte actuel, où les défis et les enjeux sont nombreux, notamment en santé, en éducation et en environnement, les Québécois et Québécoises ont besoin d’un gouvernement fort et pragmatique. C’est ce qui nous a permis d’atteindre nos objectifs dans des domaines cruciaux au cours des quatre dernières années, et c’est ce que nous comptons faire de nouveau durant ce mandat. Je suis nationaliste. Je suis née et j’ai grandi au Québec, j’ai fait toute ma carrière, que ce soit mon parcours académique ou professionnel, dans un milieu québécois. Je me suis engagée en politique pour défendre les intérêts du Québec. Même quand j’ai été candidate pour un parti fédéraliste dans des circonscriptions québécoises, je souhaitais représenter les intérêts du Québec. Donc, l’objectif était le même : travailler dans l’intérêt des Québécois et des Québécoises.
«
J’ai un message pour les jeunes Juifs sépharades francophones : ici, au Québec, tout est possible! »
De gauche à droite : Le premier ministre du Québec, François Legault, Pascale Déry et Siegfried
La question linguistique est indéniablement un enjeu vital pour le Québec. Les législations promulguées par le gouvernement de la CAQ pour contrer le déclin du français, particulièrement à Montréal, sont loin de faire l’unanimité. Des groupes minoritaires, dont la communauté juive, y sont farouchement opposés. Quelle est votre position sur cette question très délicate?
J’ai toujours appuyé la Loi 96 sur la langue officielle et commune du Québec et la Loi 21 sur la laïcité de l’État québécois, même quand celles-ci étaient encore au stade de projet de loi. C’est vrai que ces deux législations ont suscité beaucoup d’inquiétude au sein de la communauté anglophone et des communautés culturelles. Mais l’adoption de la Loi 96 était nécessaire pour freiner le déclin du français.
Les données et les statistiques sont irréfutables : il y a un déclin du français au Québec. Comme francophone issue de la communauté sépharade et ayant grandi en français, c’est extrêmement important pour moi d’assurer la pérennité de la langue française et de prendre toutes les mesures nécessaires pour que les nouveaux arrivants puissent la maîtriser convenablement. Au Québec, la langue officielle est le français. Pour moi, c’est non négociable. Les mesures et les dispositions mises en œuvre par le gouvernement de la CAQ pour endiguer le déclin du français ne sont pas là pour brimer ou réduire les droits des communautés. Le but, c’est de préserver le français. C’est ce qui fait que le Québec est unique en Amérique du Nord.
L’agrandissement annulé du Collège Dawson de Montréal a suscité l’ire de la communauté anglophone. Durant la dernière campagne électorale, les déclarations controversées sur l’immigration de François Legault et de son ancien ministre de l’Immigration, Jean Boulet, ont suscité un profond malaise au sein des communautés culturelles. Rebâtir les ponts avec ces communautés est-ce encore possible?
Les communautés culturelles sont une richesse pour le Québec. Dans l’entourage de François Legault, et dans le mien aussi, plusieurs sont issus des communautés culturelles et de l’immigration. Moi aussi je suis une Québécoise issue d’une famille immigrante juive marocaine. Je ne me suis jamais sentie heurtée à la CAQ. Au contraire, ce parti m’a accueillie chaleureusement. Il est vrai que des propos sur les nouveaux immigrants tenus durant la dernière campagne électorale ont suscité des controverses. Je pense qu’il faut mieux communiquer nos intentions afin d’éviter les perceptions erronées. Nous devons notamment accueillir les nouveaux arrivants de la bonne manière et leur donner tous les outils nécessaires pour qu’ils acquièrent une bonne connaissance de la langue française et puissent s’intégrer pleinement dans la société québécoise. Il est faux de dire que le gouvernement de la CAQ est contre l’immigration.
Vous avez été impliquée bénévolement dans des organisations juives de Montréal, notamment au Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) et à la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ), dont vous avez été, en 2019, la coprésidente des États généraux. Avez-vous un message à transmettre à la Communauté juive de Montréal?
J’ai un message pour les jeunes Juifs sépharades francophones : ici, au Québec, tout est possible! Je souhaiterais que plus de membres de ma communauté s’impliquent en politique, qu’elle soit municipale, provinciale ou fédérale, et aspirent à des fonctions et à des postes importants. Nos jeunes hésitent à s’engager en politique, c’est pourquoi j’espère que ma nomination comme ministre et le travail que j’accomplirai au cours des quatre prochaines années les amèneront à faire le saut en politique. Ce sera un honneur et un plaisir pour moi de les encourager, de les accompagner et de les soutenir.
ÉDITION SPÉCIALE LA FRANCOPHONIE
Ce nouveau numéro de La Voix sépharade ( LVS) est une édition spéciale consacrée à la francophonie dans la communauté juive de Montréal.
Quelle place occupe le français à la CSUQ et dans les principales organisations juives de Montréal? À une époque où le bilinguisme ne cesse de gagner du terrain, l’enseignement du français et la sensibilisation à la culture québécoise constituent-ils un important défi pour les écoles juives de Montréal? La langue française est-elle toujours une composante majeure de l’identité des Sépharades du Québec? Quel rapport la nouvelle génération de Sépharades entretient-elle avec celle-ci?
Ce sont quelques-unes des questions importantes abordées dans le cadre de cette édition spéciale.
Nous commençons celle-ci avec une entrevue exclusive que nous a accordée l’éminent linguiste français Claude Hagège, titulaire de la Chaire de théorie linguistique au prestigieux Collège de France. Ce grand amoureux des langues et défenseur invétéré de la diversité dresse un constat lucide de la situation actuelle de la langue française. Il souligne aussi avec panache la contribution notoire des Sépharades au rayonnement de la langue et de la culture françaises.
Le célèbre humoriste et acteur Gad Elmaleh nous explique dans une entrevue pourquoi son rapport à la langue de Molière, de Michel Tremblay et de Léopold Senghor est une « jubilation permanente ».
L’Honorable Jacques Saada, ancien ministre de la Francophonie du Canada et président sortant de la CSUQ, nous livre son regard sur la francophonie au sein de notre communauté et sur l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dont il connaît intimement les rouages de fonctionnement.
Notre collaboratrice Sylvie Halpern brosse une rétrospective historique du rapport des Sépharades du Québec à la francophonie basée sur les réflexions qu’elle a recueillies auprès de quatre fins connaisseurs de l’histoire de cette communauté: l’historienne Yolande Cohen, l’historien Pierre Anctil, le psychologue Jean-Claude Lasry et le démographe Jack Jedwab.
De jeunes Sépharades évoquent leurs parcours professionnels respectifs – médecin, acteur, écrivain(e), chorégraphe, policière, spécialiste des données numériques – et nous parlent de leur relation avec la langue française.
Une brillante otorhinolaryngologiste et chercheuse-clinicienne montréalaise, la Dre Yaël Bensoussan, nous présente le projet médical révolutionnaire sur la voix qu’elle codirige à l’Université de Floride du Sud.
Léa Bouzaglo, Yona Lasry, Bella Lev et Elizabeth Serero, étudiantes en secondaire 5 à l’école Maïmonide, à l’Académie Yéchiva Yavné, à l’Académie Beth Rivkah et à l’école Herzliah, rendent un vibrant hommage à la langue française.
Sonia Sarah Lipsyc consacre un article très fouillé à l’évolution de la pensée juive francophone depuis la Shoah jusqu’à nos jours. Vous pourrez lire aussi sur le site Web de LVS sa chronique littéraire : « Elles et ils ont publié ».
Le Dr Yehouda Lancry, ancien ambassadeur d’Israël en France et à l’ONU, nous éclaire sur la place que la francophonie occupe dans la société israélienne de 2022.
Une entrevue avec Pascale Déry, nouvelle membre élue de l’Assemblée nationale du Québec et nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, ouvre ce numéro de LVS. Elle est la première femme sépharade à siéger au Conseil des ministres du gouvernement du Québec. Nous lui souhaitons nos meilleurs vœux de succès dans ses nouvelles fonctions politiques et ministérielles
Le Rabbin Yamin Levy signe un texte de réflexion sur l’esprit de la fête de Hanouka.
Côté littérature : notre nouvelle collaboratrice, Virginie Soffer, a interviewé la grande romancière québécoise Monique Proulx sur son dernier roman, Enlève la nuit, qui relate le parcours de vie bouleversant d’un jeune membre de la communauté hassidique de Montréal. Elle a aussi rencontré la jeune écrivaine montréalaise Salomé Assor, dont le premier roman a été encensé par la critique.
Le réputé écrivain, journaliste et critique littéraire français Pierre Assouline, membre de l’Académie Goncourt, nous livre sa vision de la francophonie littéraire et s’interroge sur la notion de « littérature sépharade d’expression française ». Vous pourrez lire aussi l’entrevue que j’ai réalisée avec le talentueux écrivain montréalais Emmanuel Kattan, qui vit depuis plusieurs années à New York. Il nous parle de son rapport passionné avec la langue française.
Symbole de résilience et d’espoir, la fête de Hanouka nous exhorte chaque année à conserver notre optimisme, même dans les temps les plus sombres.
Je vous souhaite de joyeuses fêtes de Hanouka et une année 2023 regorgeant de bonheur et surtout de santé.
Elias Levy elevy@csuq.orgLE GRAND LINGUISTE ENTREVUE AVEC
CLAUDE HAGÈGE
ELIAS LEVYNé à Carthage, en Tunisie, dans une famille juive sépharade, Claude Hagège est considéré comme l’un des plus éminents linguistes de France et de la francophonie.
Professeur honoraire au prestigieux Collège de France, où il est le titulaire de la Chaire de théorie linguistique, et à l’École pratique des hautes études, à Paris, ce brillant hyperpolyglotte a une fine connaissance d’une cinquantaine de langues et dialectes, parmi lesquels: l’italien, l’anglais, l’hébreu, l’arabe, le mandarin, le russe, le japonais, le turc, le guarani, le hongrois, le navajo, le pendjabi, le persan, le malais, l’hindi, le malgache, le peul, le quechua, le tamoul, le tetela…
Il est l’auteur d’une vingtaine de livres qui ont connu un succès international. Il a reçu en 1995 la médaille d’or du CNRS (Centre national de la recherche scientifique de France). Son dernier livre : La musique ou la mort (Éditions Odile Jacob, 2020).
Claude Hagège nous a livré ses réflexions sur le rapport singulier que les Sépharades entretiennent avec la francophonie et sur l’avenir de la langue française au cours d’une entrevue qu’il a accordée à La Voix sépharade depuis Paris.
Un lien étroit unit les Sépharades à la francophonie.
La contribution des Séphardim au rayonnement de la langue et de la culture françaises est très importante. Ces derniers ont toujours été de fervents promoteurs du français. Pourtant, pour beaucoup d’entre eux, le français n’est pas leur langue maternelle. C’est mon cas, étant né dans une famille juive tunisienne où l’on parlait italien. Cependant, la langue de l’école dans laquelle les enfants sépharades maghrébins ont appris à construire leur pensée et à acquérir des connaissances intellectuelles, c’est le français.
Des écrivains sépharades renommés, tels qu’Albert Memmi, Albert Cohen, Hélène Cixous, Naïm Kattan… ont grandement contribué au rayonnement de la littérature et de la culture francophones.
L’apport des Sépharades à la francophonie culturelle et
littéraire est majeur. Deux autres noms me viennent à l’esprit : le philosophe feu Jacques Derrida et l’économiste, essayiste et ancien conseiller spécial du président François Mitterrand, Jacques Attali. Ces deux grands penseurs sépharades, nés en Algérie, ont immensément servi le français, qui est leur langue d’expression et de choix.
Les écrivains juifs francophones natifs des pays d’Afrique Nord ont apporté une contribution capitale à la diffusion du français. Pour ces derniers, le judéo-arabe algérien, tunisien ou marocain ne pouvait être une langue d’expression littéraire. C’était une langue parlée, de l’intimité ou de la relation familiale, mais pas une langue d’écriture. Cette question se pose aussi pour les écrivains arabophones qui écrivent en arabe classique, mais ne s’expriment avec leurs proches qu’en arabe dialectal. Il est exclu pour eux, pour des raisons analogues à celles invoquées par les écrivains sépharades maghrébins, d’écrire en arabe dialectal.
Comment envisagez-vous l’avenir de la langue française, êtes-vous optimiste ou pessimiste?
Si j’étais pessimiste, je ne serai pas un linguiste professionnel. En général, ceux qui sont les plus inquiets pour l’avenir du français, ce sont les grammairiens et les littéraires cultivés. Pour moi, les possibilités de déclin du français sont liées à l’importance de l’anglo-américain. Cette menace cesserait s’il y avait un déclin économique et politique des États-Unis, ce que personne ne souhaite, ou une désaffection à l’endroit de l’anglais due à une politique un peu plus internationale en matière de langue que celle que les Américains pratiquent aujourd’hui. Je ne pense pas que le français soit plus menacé que d’autres langues.
L’usage de plus en plus fréquent d’anglicismes dans la langue française vous inquiète-t-il?
Non. Il faut établir une distinction entre l’emprunt à une langue étrangère et l’absorption complète de celle-ci, suivie
« La contribution des Sépharades au rayonnement de la langue et de la culture françaises est très importante »Claude Hagège. (Crédit photo : Éditions Odile Jacob)
d’une substitution. Jusqu’ici, le volume des emprunts à l’anglais, qui ne datent pas d’hier, a une réciprocité. En effet, l’anglais emprunte aussi énormément au français, et ce, depuis à peu près aussi longtemps. Les langues vivent d’emprunts. Il y a cependant un plafond à ne pas dépasser. Si 30 % du vocabulaire français devenait anglais, ou d’origine anglaise francisée, ce serait une menace pour l’existence du français. Mais à l’heure actuelle, d’après les évaluations des linguistes, en dépit de l’apparence, les emprunts à l’anglais ne dépassent pas 8 %.
Pourquoi cependant a-t-on l’impression d’une très grande pression de l’anglais? Tout simplement parce que l’on confond deux types de fréquence : une dans le lexique et une autre dans l’usage. La fréquence dans le lexique n’est pas tellement importante en français, en revanche, la fréquence dans l’usage est considérable pour une raison très simple : la plupart des termes, qui sont d’origine anglaise, sont récurrents, ils réapparaissent continuellement dans les conversations et les débats. Par conséquent, ils donnent l’impression d’une plus grande imprégnation de l’anglais sur le français.
Vous avez souvent rendu hommage aux Québécois, notamment dans votre « Dictionnaire amoureux des langues » ( Éditions Plon ), pour leur vigoureux engagement en faveur de la langue française.
Le Québec m’est très cher. J’admire profondément le combat homérique que les Québécois mènent quotidiennement pour assurer un avenir à la langue française en Amérique du Nord. Au Québec, le français est plus gravement menacé par l’anglais qu’il ne l’est en France. La réaction des Québécois en est une de survie. Les mesures que le Québec adopte pour protéger le français sont excellentes, elles me paraissent parfaitement justifiées.
Selon vous, la Loi 101 québécoise devrait servir de modèle linguistique à la France et aux autres pays francophones.
Feu René Levesque, à qui je voue une grande admiration, était un homme d’État remarquable qui avait parfaitement compris qu’il fallait défendre le français avec un appareil législatif. On ne peut pas modifier l’axe interne d’une langue en légiférant. En effet, on ne peut pas décréter, en promulguant une législation linguistique, que le complément d’objet va cesser d’être à sa place ou que l’adjectif va cesser de s’accorder dans un cas de figure grammatical précis parce que ce sont des choses qui relèvent de la nature interne, de la structure d’une langue. Cependant, la Loi 101 a apporté la preuve qu’on peut sensiblement modifier l’axe externe d’une langue, c’est-àdire son degré d’utilisation. On a longtemps cru que toute intervention dans ce domaine névralgique était impossible. Or, la Loi 101 a bel et bien prouvé qu’une intervention sur une langue est parfaitement possible et légitime. Sans la
Loi 101, je ne dirais pas que le français aurait disparu au Québec, mais il aurait été certainement dans une situation tout à fait précaire. La Loi 101 devrait servir de modèle à la France et à d’autres pays francophones exposés à l’influence de l’anglais. Mais je ne crois pas que la pression que l’anglais exerce dans la plupart des autres pays du monde soit comparable à celle que le Québec subit sur le continent nord-américain.
Quel regard portez-vous sur la Francophonie institutionnelle?
Heureusement, la Francophonie a évolué positivement. Mon avis aurait été certes différent il y a une ou deux décennies car, pendant longtemps, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) était marquée au sceau d’une forme de néocolonialisme, ou du moins c’est ainsi que la percevaient la majorité des habitants des pays qui ont été des colonies ou des protectorats de la France. Cependant, avec l’adhésion à l’OIF de nombreux pays qui n’ont pas été des terres coloniales françaises, cette institution a pris plus de relief et de légitimité parce qu’elle est désormais moins exposée au reproche que lui adressent surtout les élites africaines : perpétuer le vieux colonialisme par le truchement de la langue.
L’exclusion d’Israël, pays comptant plus d’un million de personnes qui parlent le français, n’est-elle pas injuste?
Oui. Mais, realpolitik oblige, l’adhésion d’Israël à la Francophonie institutionnelle serait perçue par le monde arabe comme un acte plus politique que culturel, ou politique autant que culturel. En dépit du récent rapprochement d’Israël avec plusieurs pays arabes, dont un très francophone, le Maroc, on n’est pas à la veille d’assister à une évolution positive du dossier Israël-Francophonie. Par ailleurs, ces dernières années, les gouvernements successifs israéliens, de droite comme de gauche, n’ont pas manifesté un intérêt particulier pour relancer ce dossier.
Ces dernières années, en Israël, la francophonie a connu un regain significatif. Est-ce un signe prometteur ?
L’État d’Israël, fondé par des Ashkénazim, s’est très peu soucié de la pérennité de la culture et des judéo-langues sépharades. Tout comme il a étouffé la culture sépharade francophone. Quand les Sépharades du Maghreb sont arrivés en Israël, je le sais par différents témoignages, on ne leur a pas explicitement dit, mais on leur a fait comprendre que le français était une langue peu intéressante, qu’il fallait qu’ils apprennent impérativement l’hébreu, et comme langue européenne, l’anglais. Donc, en Israël, jusqu’à une époque récente, parce que les choses ont évolué ces dernières années grâce à l’Aliya de plusieurs milliers de Juifs de France, les Juifs marocains, tunisiens ou algériens n’ont pas tiré un bénéfice particulier d’être francophones, c’est-à-dire d’être les usagers d’une langue qui arrive parmi les toutes premières en ce qui a trait à son degré de diffusion mondiale, même si elle est très loin derrière l’anglais. C’est ce qui peut expliquer l’attitude réservée, sinon quelquefois soupçonneuse, des Israéliens vis-à-vis du français.
Joyeux Hanouka
Depuis plusieurs années, nos clients et moi-même avons la chance de travailler avec la Fondation communautaire juive de Montréal pour nos besoins philanthropiques. Qu’il s’agisse de la facilité d’accéder à son compte et d’effectuer des demandes de don ou lorsque vient le temps de discuter de planification testamentaire avancé, FCJ se veut un partenaire de choix.
D’un point de vue d’efficacité, il y’a longtemps déjà que la grande majorité de nos clients choisissent FCJ comme fondation familiale au lieu de créer leur propre. Pour des raisons de simplicité, de couts, de gestion experte et de discrétion, le choix est simple. J’encourage n’importe quel professionnel à guider leurs clients vers la Fondation communautaire juive de Montréal ou d’utiliser leurs services pour leurs propres besoins philanthropiques et de planification.
Steve Sebag
GAD ELMALEH L’HUMORISTE ENTREVUE
ELIAS LEVY
Un vrai tabac! Les 7 000 billets du dernier spectacle de Gad Elmaleh, D’ailleurs, qu’il a présenté au Centre Bell le 30 octobre dernier, se sont écoulés en quelques jours. Ses très nombreux fans montréalais attendaient impatiemment le grand retour du célèbre humoriste. Une fidélité mutuelle coriace qui ne s’est jamais démentie.
Ce soir-là, face à une foule imposante et bigarrée en pleine liesse, Gad Elmaleh nous a donné une leçon magistrale de vivre ensemble. La mixité culturelle qu’il véhicule dans ses spectacles était à son zénith. Un véritable baume en ces temps maussades de crispations identitaires. Quand les lumières du Centre Bell se sont rallumées, on pouvait voir beaucoup de voiles musulmans et de kippas. Pour Gad Elmaleh, en dépit des nombreux écueils auxquels se heurte aujourd’hui le dialogue judéo-musulman, voir tous les soirs des Juifs et des Musulmans s’esclaffer ensemble, c’est un grand privilège et un signe très prometteur pour l’avenir.
« Pour moi, ce retour à Montréal, après la période très difficile de la pandémie de COVID-19 que nous avons tous vécue, ce sont de doubles retrouvailles : avec le public québécois, que je n’ai pas vu depuis longtemps, et avec la Communauté sépharade de Montréal, à laquelle je suis très attaché », nous a dit Gad Elmaleh au cours de l’entrevue qu’il a accordée à La Voix sépharade
Ce dernier n’a jamais oublié que c’est à Montréal, dans le cadre d’une pièce de théâtre sépharade, qu’il a amorcé sa carrière artistique. Il a vécu au Québec de 1988 à 1992.
« J’ai avec la Communauté sépharade de Montréal une relation très particulière. L’artiste que je suis est né à la Quinzaine sépharade de Montréal, manifestation culturelle annuelle organisée par la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ). Il ne faut pas l’oublier, c’est quelque
chose de très important pour moi. J’ai toujours pensé qu’il faut vraiment se souvenir de ses débuts pour pouvoir être solide sur le chemin d’une carrière. Il ne faut jamais oublier les fondements, les racines, les points de départ, c’est ce qui nous permet de nous en détacher avec amour pour prendre notre envol. Les repères dans une vie sont fondamentaux. C’est à la Quinzaine sépharade que j’ai fait mes premiers pas artistiques grâce à deux brillants créateurs culturels et metteurs en scène montréalais, les regrettés Solly Levy et Carlo Bengio. »
Gad Elmaleh a toujours revendiqué avec une grande fierté ses racines judéo-marocaines. Se considère-t-il comme un humoriste sépharade?
« Totalement. Je me définis avant tout comme un humoriste francophone et marocain. Mais sépharade, c’est très juste aussi parce que mon humour est nourri par ma culture sépharade. C’est un humour de l’exil, du déracinement, identitaire et non pas communautaire, puisque j’ai la profonde conviction que ma spécificité a aussi une portée universelle. Plus on est particulier, plus on est singulier, plus on touche la planète entière. Le grand écrivain Michel Tremblay peut être lu à l’autre bout du monde parce qu’il est très pointilleux en ce qui a trait à sa culture québécoise. Plus on s’assume, plus on est ce qu’on est, plus on touche le monde. »
Dans ses sketches, Gad Elmaleh ne cesse de jongler et de réinventer des mots et des expressions de la langue française. Quel rapport entretient-il avec celle-ci?
« Mon rapport avec la langue française est une jubilation permanente. Celui-ci est fortement marqué par ma culture marocaine. En effet, quand on a un œil extérieur sur une langue, on peut la déconstruire, la réinventer, jouer avec elle, la soumettre à une torsion dans sa forme elle-même.
«
Mon rapport avec la langue française est une jubilation permanente »
AVEC
Feu Raymond Devos, que j’admire beaucoup, déconstruisait les mots pour en faire de l’absurde. Moi, j’aime réinventer la langue française pour prendre la liberté de donner à ses mots un sens nouveau, tout en m’autorisant à les recréer, et non à les détourner. Ça vient sûrement du mélange de cultures arabe et française que je porte en moi. Le français « cassé », comme disent les Africains du Nord, au Maroc, en Algérie, en Tunisie, je le pratique constamment pour pouvoir faire rire avec. »
Sortir de sa zone de confort en français pour se produire sur scène en anglais aux États-Unis et dans les autres pays anglo-saxons n’a pas dû être un exercice aisé pour celui qui est considéré comme l’un des humoristes les plus populaires de France et de la Francophonie.
« L’aventure américaine, ou plutôt anglophone, puisque j’ai quasiment fait le tour du monde avec mon spectacle en anglais, c’est une grande fierté, un grand « achievement ». Je suis sorti totalement de ma zone de confort comme vous dites. J’ai pris beaucoup de risques, mais j’ai aussi appris énormément sur le plan professionnel. Mais à un moment donné, j’avais un choix à faire. Mes enfants me manquaient. Or, si on veut faire carrière quelque part, il faut y rester. »
Gad Elmaleh a vécu trois ans aux États-Unis.
« J’ai été très heureux en Amérique. Mon expérience américaine m’a aidé pour ce que j’ai fait ensuite en français. Ce savoir acquis peut s’appliquer à n’importe quelle langue. Le bilan est très positif. Mais, je me sens profondément francophone, le français est ma langue de création. J’ai adoré travailler en anglais, mais je suis un artiste dont l’outil, dont l’arme, dont la spécificité n’est même pas la langue française, mais ma langue française!
J’étais bien heureux de retrouver mon public en français. »
TÉMOIGNAGES DE PROFESSIONNELS DE LA CSUQ LA FRANCOPHONIE AU SEIN DE LA CSUQ
La Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ) représente l’ensemble de la population juive francophone de Montréal. Les premiers arrivés, originaires d’Afrique du Nord et majoritairement du Maroc, étaient de culture française et diplômés d’universités françaises pour un grand nombre d’entre eux.
Cette institution, dont la matrice fut dans les années 60 la Fédération sépharade des juifs de langue française et plus tard l’Association sépharade francophone, voulait marquer sa spécificité linguistique et culturelle au sein d’une communauté d’accueil majoritairement ashkénaze et anglophone.
Plus de six décennies plus tard, la CSUQ, qui revendique son héritage sépharade et francophone, utilise comme langue de travail et de communication le français.
Un ancien directeur des Relations publiques et du magazine La Voix Sépharade, Élie Benchetrit, et trois professionnels de cette institution, Janice Silverstein, Éric Choucroun et Sabine Malka, nous ont fait part de leurs impressions sur la francophonie au sein de la CSUQ.
Arrivé en 1988 à Montréal en provenance des Pays-Bas, Élie Benchetrit déclare d’emblée son profond bonheur d’avoir choisi une société majoritairement francophone et par la suite d’avoir été recruté à un poste à la CSUQ. Comme directeur des Relations publiques, il a eu l’occasion de travailler en français pendant près de 25 ans. Il a été également directeur de La Voix Sépharade, magazine francophone de la CSUQ avec lequel il continue de collaborer.
« Parler et écrire en français me procurent une sensation de liberté. Mes années comme directeur des Relations publiques à la CSUQ ont raffermi cette proximité continue avec la langue française à travers les canaux de communication que le département des Relations publiques avait établie avec les divers paliers de gouvernement du Québec ainsi qu’avec des agences fédérales. Communiquer en français avec le représentant ou la représentante d’un cabinet ministériel québécois ou fédéral a constitué pour moi un véritable plaisir, en plus de me procurer un sentiment d’appartenance au monde francophone. »
Il est convaincu que pour ses interlocuteurs québécois francophones, l’échange en français facilitait l’établissement d’un véritable lien de confiance.
« Pour la petite histoire, j’ai eu l’occasion à maintes occasions d’être invité à faire des présentations sur notre communauté dans des cégeps francophones. J’ai été surpris à la fin de mes interventions d’être accosté par des étudiants venus me féliciter pour la « qualité de mon français », car, me disaient-ils, ils étaient convaincus que les Juifs de Montréal étaient tous anglophones. Remettre les pendules à l’heure en faisant découvrir à mon auditoire la diversité de la communauté juive montréalaise a constitué pour moi un exercice enrichissant, et surtout pédagogique.»
Janice Silverstein est directrice adjointe aux opérations depuis 2018.
Née à Montréal, elle appartient à cette génération d’enfants de parents juifs qui n’ont pas eu la possibilité à une époque pas trop lointaine de suivre leur scolarité au Québec dans un établissement éducatif francophone puisque le réseau était fermé aux non-catholiques. Elle est donc, par la force des choses, anglophone, même si elle peut s’exprimer fort bien dans la langue de Molière. Elle a suivi les programmes d’immersion française dans une école anglophone.
Dans l’exercice de ses fonctions, Janice utilise le français pour mener à bien ses tâches au quotidien et, nous dit-elle avec une pointe d’orgueil, passe en une journée de l’anglais au français, puis à l’espagnol à la maison, son époux est Cubain, et de nouveau à l’anglais avec ses enfants. La maîtrise des deux langues constitue pour elle une vraie richesse. Personnellement, elle se sent à l’aise dans le bilinguisme montréalais. Elle adore ce statut multiculturel qui fait son charme et son originalité.
Né en Algérie avant l’indépendance de ce pays, Éric Choucroun est arrivé à Montréal avec sa famille en 1962. Comme Janice, n’étant pas catholique, il n’a eu d’autre choix que de fréquenter au primaire et au secondaire l’école protestante anglaise et par la suite l’université. Il utilise toujours la langue française comme outil de communication en famille et à son poste de directeur des Services jeunesse de la CSUQ.
Éric, de par ses fonctions, est en contact permanent avec les jeunes de sa communauté, que ce soit lors d’activités récréatives, des camps d’été ou d’hiver et des voyages à l’extérieur de Montréal.
Il constate avec un certain regret que ces jeunes, avec qui il communique en français la plupart du temps, choisissent l’anglais quand il s’agit de communiquer entre eux et même avec leurs parents, même si le français est la langue maternelle de ces derniers.
« La culture francophone est quasiment inexistante auprès de ces jeunes ou de leurs parents. Je suis convaincu que ces jeunes seraient incapables de citer un ou deux artistes québécois, Céline Dion, bien entendu, étant l’exception confirmant la règle. Ils ont perdu en même temps que la langue française leur identité sépharade ainsi que l’historique de cette culture. Cela m’attriste », nous a-t-il confié.
Il estime que si l’anglais doit demeurer, surtout pour les jeunes, un atout dans la recherche d’un travail en Amérique du Nord, la langue française, dans sa beauté, devrait grâce à des initiatives originales reprendre ses lettres de noblesse en cette terre du Québec qui a su la maintenir vibrante pendant des siècles.
Sabine Malka est directrice des activités culturelles et communautaires à la CSUQ. Elle joue un rôle de premier plan lorsqu’il s’agit de préparer la programmation du Festival Sefarad de Montréal, l’évènement phare mettant en vedette la culture sépharade sur la scène festivalière montréalaise.
Française de naissance et Parisienne, cela fait 22 ans qu’elle est arrivée à Montréal. Elle nous affirme, non sans une pointe de fierté, que dans ses fonctions, le rôle du français est essentiel, que ce soit avec ses collègues de travail ou lors des contacts avec les artistes et conférenciers majoritairement francophones que le Festival Sefarad invite à venir se produire à Montréal.
« Il faut défendre la langue française, il est important de se battre pour cette noble cause, dit-elle. Mais faisonsle de manière positive en lançant des campagnes médiatiques attrayantes visant à promouvoir la beauté et l’utilité de celle-ci pour ceux et celles qui ont choisi le Québec et souhaitent s’intégrer harmonieusement dans leur société d’accueil. »
« Plus de six décennies plus tard, la CSUQ, revendique son héritage sépharade et francophone »
LA FRANCOPHONIE AU SEIN DES INSTITUTIONS JUIVES DE MONTRÉAL
Quelle place occupe le français dans les principales institutions de la communauté juive de Montréal? Nous avons questionné à ce sujet leurs dirigeants. Un tour d’horizon.
À LA FÉDÉRATION CJA
Ces dix dernières années, la Fédération CJA n’a cessé de faire des efforts notoires pour accroître la place du français dans sa structure organisationnelle et dans ses communications. Plus que jamais, cette institution fédérative est consciente que le français, langue officielle du Québec, est un grand atout qui permettra aux futures générations de Juifs québécois d’être des membres à part entière et productifs de la société québécoise.
La Fédération CJA pratique une politique de bilinguisme parfaite en termes de communication. Lorsque des représentants de cette institution sont conviés à l’Assemblée nationale du Québec, à l’Hôtel de ville de Montréal ou dans d’autres institutions publiques québécoises, la langue de communication toujours priorisée est le français. Cependant, en ce qui a trait à la communication interne, des progrès doivent être encore réalisés pour s’assurer d’une parité équitable dans l’utilisation du français et de l’anglais. Mais il y a longtemps que l’emploi du français par un bon nombre de membres de cette institution dans les réunions exécutives n’est pas quelque chose d’inusité ou de ponctuel, mais un geste des plus naturels.
Un aspect très positif de cette réalité linguistique incontournable est que la jeune génération de Juifs québécois, qui est bilingue, réalise beaucoup plus que la génération de leurs aînés l’importance de l’utilisation du français dans sa vie quotidienne. De plus en plus de parents anglophones désireux que leurs enfants améliorent leur niveau de français les envoient dans des camps francophones et les encouragent à participer à des programmes et à des activités en français. Par ailleurs, toutes les agences de la Fédération CJA offrent des services et des programmes en français et desservent dans cette langue les membres sépharades francophones de notre communauté. Ces derniers demeurent fermement attachés à la langue française.
La communauté juive, solidement établie au Québec depuis plus de trois cents ans, a toujours favorisé des relations
harmonieuses et profondes avec la société québécoise francophone. Nous investissons dans notre communauté pour nous assurer que les membres de celle-ci soient bilingues et intégrés dans la culture québécoise afin qu’ils puissent vivre, travailler et s’épanouir au Québec.
Steve Sebag, vice-président de la Fédération CJA.
AU CENTRE CONSULTATIF DES RELATIONS JUIVES ET ISRAÉLIENNES (CIJA)
Au CIJA, le fait français, ce n’est pas qu’une question de programmes et un fait quotidien, c’est aussi un outil important pour renforcer les liens bicentenaires qui font de notre communauté une partie intégrante du tissu social québécois. On rappelle fréquemment aux élus que le Québec a fait office de pionnier dans l’Empire britannique quant à l’acceptation des Juifs et Juives dans la vie politique. C’est le Trifluvien Ezekiel Hart qui a été le premier Juif élu par ses pairs à une Assemblée législative britannique, en 1807.
C’est sans parler de la grande histoire de contributions culturelles de notre communauté et sa participation hors norme à la croissance de l’économie québécoise.
Le fait français du Québec, c’est aussi une occasion en or pour tisser des liens de plus en plus forts avec Israël, comme nous aimons le rappeler aux législateurs.
N’oublions pas qu’environ vingt pour cent des Israéliens et Israéliennes parlent couramment la langue de Molière.
Dans un contexte où le Québec cherche à raffermir ses liens avec les États de la Francophonie, tels la France, le Maroc et le Sénégal, il serait inconcevable qu’il rate l’occasion de se rapprocher de la minorité francophone d’Israël.
C’est souvent un fait qui surprend les élus, mais qui retient leur attention et permet de remettre en question cette idée préconçue d’un état monolithique qu’ont certains lorsqu’ils pensent au seul État juif.
Ultimement, si le français est une composante intégrante de nos programmes et de notre quotidien, son impact sur les actions du CIJA se fait encore plus ressentir dans les liens qu’il permet de tisser entre notre communauté, les élus politiques et Israël.
À L’AGENCE OMETZ
Née de la fusion d’Emploi Juif Montréal, des Services à la famille juive et des Services d’assistance aux immigrants juifs, l’Agence Ometz a plus de 150 ans d’expérience en matière d’immigration, d’emploi et de services sociaux. Privilégiant une approche holistique, nous aidons les nouveaux arrivants à trouver des écoles, des emplois, des camps d’été ou des services gouvernementaux et de santé.
L’Agence Ometz aide les nouveaux arrivants juifs francophones à se sentir chez eux à Montréal. En 2015, en réaction à la multiplication des actes antisémites en France et en Europe, l’Agence Ometz s’est associée à la Fédération CJA pour lancer Initiative France Montréal (IFM). Mission : offrir des services de réinstallation et d’intégration adaptés aux besoins des immigrants juifs de France, de Belgique et de Suisse. Plus de 400 personnes ont été accueillies dans le cadre du programme IFM. Un grand nombre de ces nouveaux arrivants sont des étudiants ou des professionnels avec enfants, attirés par les occasions éducatives et professionnelles de Montréal, ainsi que par sa sécurité relative. L’Agence Ometz ne se limite pas à leur fournir un soutien logistique, elle les aide aussi à composer avec les différences culturelles et à s’intégrer à la communauté juive. L’Agence Ometz organise de nombreuses activités sociales, telles que la célébration familiale de Hanouka. Notre projet de jumelage couple les nouveaux arrivants français avec des immigrants plus établis qui partagent les mêmes intérêts. Nous nous sommes également associés à un large éventail de partenaires pour permettre aux nouveaux arrivants de faire l’expérience du dynamisme de la vie juive à Montréal : la CSUQ, le Centre Segal, la Bibliothèque publique juive, le YM-YWHA Sylvan Adams ou le Centre Chabad de l’Université de Montréal.
AU CENTRE CUMMINGS POUR AÎNÉS
Le Centre Cummings est un centre communautaire polyvalent et multiculturel qui vise à répondre aux besoins uniques et changeants des adultes de 50 ans et plus de tous les horizons ethniques, culturels et socioéconomiques. La vaste gamme de programmes bilingues stimulants et enrichissants qui leur sont offerts, tant virtuels qu’en personne, englobe des cours de conditionnement physique, récréatifs et culturels ainsi que des services sociaux et du bénévolat. Conscient de la place importante de la langue française dans ses programmes, le Centre Cummings recrute de plus en plus de bénévoles, de travailleurs sociaux et du personnel administratif francophones dans plusieurs départements et développe de nouvelles initiatives de partenariat avec des tables de concertation, des universités, des congrégations, des institutions publiques et des organismes communautaires francophones. Nous tablons aussi sur l’approche culturelle afin de mieux desservir la clientèle francophone.
Le Centre Cummings investit davantage dans son marketing en ayant plus de visibilité dans les journaux et les médias francophones et en présentant une série de témoignages en français sous forme de capsules vidéo pour souligner la diversité culturelle de ses participant.es.
Aussi, grâce à la participation financière du gouvernement du Québec dans le cadre du programme Québec ami des aînés (QADA) 2022 à 2023, de partenaires francophones et de la CSUQ, le Centre Cummings est heureux d’offrir cet automne des programmes en français en ligne et en présentiel à tous les aînés de Montréal et partout au Québec.
À LA BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE JUIVE (BPJ)
Fondée en 1914, la Bibliothèque publique juive (BPJ) de Montréal est une institution phare de notre communauté depuis plus de cent ans. Au fil de vagues successives d’immigration juive au Québec, la BPJ a adapté sa collection et ses programmes culturels pour répondre aux besoins de la communauté en cinq langues : le yiddish, l’anglais, le français, le russe et l’hébreu. Dans les années 90, un groupe de Juifs francophones a pris l’initiative de créer le Comité culturel francophone de la BPJ. Ce comité s’était donné pour mission d’offrir au public juif francophone des activités littéraires et culturelles en français, au-delà de la délimitation ashkénaze-sépharade qui structurait alors la communauté juive.
Depuis, la BPJ a progressivement accordé au français une priorité stratégique. Elle a enrichi sa collection de livres en français spécialisés sur le judaïsme et a accru son financement destiné aux activités culturelles en français, notamment grâce à une subvention Nova de la Fondation communautaire juive de Montréal.
Depuis les dix dernières années, le Comité culturel francophone de la BPJ organise chaque année au moins quatre événements (conférences, causeries, films, concerts, etc.), qui contribuent à dynamiser et à diversifier l’univers littéraire et culturel de la communauté juive. Ces événements ont aussi permis à la BPJ de forger de fructueux partenariats avec plusieurs institutions : le Salon du livre de Montréal, le Festival littéraire Metropolis bleu, la CSUQ, le Centre Cummings et la Fédération sépharade du Canada.
Yolande Amzallag, présidente du Comité culturel francophone de la BPJ.
LES SÉPHARADES TRANSPORTAIENT DANS LEURS VALISES LA CULTURE ET LA LANGUE FRANÇAISES
UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE
SYLVIE HALPERNIls l’ignoraient, mais en débarquant à Montréal dans les années 60, les Sépharades allaient bouleverser la communauté d’ici et le regard que les Québécois portaient sur les Juifs. En janvier 1957, il y avait avenue du Parc un Y où les jeunes juifs montréalais aimaient se retrouver autour de tournedisques le samedi soir. Alors, à peine arrivés de Casablanca, Jean-Claude Lasry et son frère, Pierre, tous deux dans la jeune vingtaine, s’y sont pointés pour trouver un peu de chaleur. « On y a été deux fois, aucune fille n’a voulu danser avec nous. On était habillés différemment, on avait d’autres manières et évidemment, on se parlait en français. Alors ces filles ont dû nous prendre pour des Italiens, pour elles on ne pouvait pas être Juifs! », raconte le psychologue Jean-Claude Lasry, devenu professeur à l’Université de Montréal et aujourd’hui à la retraite.
Il faut dire que ces Juifs d’un autre type ne couraient pas les rues à l’époque. Sauf que bientôt, tout au long des années 60, ils ont été des milliers à déferler de toutes les villes du Maroc et, s’ils ne le savaient évidemment pas dans le désarroi de leur exil, ils allaient bouleverser le paysage familier de la communauté juive et ses relations avec la population québécoise. Avec des atouts de choc : la culture et la langue françaises qu’ils transportaient dans leurs valises. Jusque-là, tout semblait simple : quand on était Juif au Québec, on fonctionnait naturellement en anglais. Par choix? Non! Arrivés par vagues successives d’Europe de l’Est, les Ashkénazes avaient bien essayé d’inscrire leurs enfants dans les écoles catholiques pour qu’ils apprennent le français, mais ils ont dû se rendre à l’évidence : les Églises qui contrôlaient tout le système d’éducation ne voulaient surtout pas de ces « mécréants ».
Depuis la fin du 19e siècle, autant la Commission des écoles catholiques (CECM) que la Protestant Board of School Commissioners veillaient fermement au grain. Alors même si cette dernière a fini par s’ouvrir – et donc en anglais – aux élèves juifs, la communauté a vite compris qu’elle n’avait d’autre choix que d’aménager, à ses frais, son propre espace scolaire. Tout comme l’ensemble de ses institutions. L’historien Pierre Anctil est très familier du sujet.
« Ce sont les Juifs qui ont posé la grande question : est-ce qu’on peut devenir Canadien-français sans être catholique? Ça a été la première communauté non-chrétienne à vouloir s’intégrer et ça a été un choc dans un pays où tout – la morale, les institutions… – n’avait été pensé que pour les chrétiens », rappelle-t-il.
Ça aurait pu durer longtemps, ça a duré longtemps. Chacun a vécu sa vie dans son coin : avec ses préjugés, ses stéréotypes, sa peur des autres. Les Juifs montréalais se sont emmurés dans leurs coutumes, leurs langues, leurs quartiers, en entretenant des rapports souvent méfiants et tendus – ou pas de rapports du tout – avec la population environnante, nourris de cette amertume bien palpable dans les écrits de Mordecai Richler. Alors bien sûr, quand ils ont débarqué au Québec avec leur français – un beau français souvent plié aux exigences de l’Alliance israélite universelle –, les Sépharades ont chambardé l’équilibre existant et ont été perçus comme des traîtres.
« Nous avons dû ramer pour leur faire comprendre que nous représentions un atout et non une menace pour eux! », se souvient Jean-Claude Lasry.
Bien sûr, cela n’a pas empêché la communauté juive de déployer, comme à chaque cataclysme, une solidarité immense et spontanée pour aider ces drôles de coreligionnaires à fuir le Maroc, à s’en sortir et à accéder rapidement à leur intégration socioéconomique ici. Ce que le gouvernement du Québec ne faisait pas à l’époque, c’est la communauté juive qui l’a fait.
« Il n’y aurait pas eu de Sépharades à Montréal s’il n’y avait pas eu une telle mobilisation des Ashkénazes », assure l’historienne de l’UQAM, Yolande Cohen. Et en plus, ils étaient très nombreux.
Mais There’s a crack in everything, That’s how the light gets in, a bien dit Leonard Cohen. Et dans les années 60 au Québec, la craque a été béante… Alors que les Juifs d’Europe de l’Est s’étaient heurtés pendant des décennies aux hauts remparts d’une société tricotée serrée, fermement tenue par l’Église et la grande noirceur du duplessisme, les arrivants du Maghreb ont débarqué à leur insu dans un Québec en plein bouleversement, avide de modernité, de déconfessionnalisation, d’ouverture
aux autres et au monde, dont l’Expo 67 a été le point d’orgue. Et ils parlaient cette langue chérie, le français, qui, en pleine Révolution tranquille et montée de fièvre indépendantiste, était le meilleur des laissez-passer.
« Quand les Sépharades sont arrivés, dit Pierre Anctil, on ne leur a pas demandé de quelle religion ils étaient, on les a écoutés parler français! »
Car désormais au Québec, la langue avait complètement remplacé la religion comme vecteur identitaire. Et cela, les nouveaux venus l’ont bien saisi, ajoute Yolande Cohen
« Alors qu’ils étaient souvent plurilingues et qu’ils avaient un rapport complexe au français – ça avait quand même été la langue du colonisateur! –, les Sépharades ont compris qu’ils avaient là une carte maîtresse à jouer. Et la communauté naissante, qui était dirigée par des jeunes très imbus de leur culture française et qui avaient souvent fait leurs études supérieures en France, a fait ce pari pour se fondre dans la majorité francophone tout en conservant fermement son identité juive. Les Ashkénazes, eux, n’avaient pas eu ce choix. »
Longtemps la population québécoise a regardé un peu ahurie ces Juifs si différents sans trop savoir dans quel tiroir les mettre.
« On a même entendu circuler l’expression de « Juifs catholiques»! », se souvient le démographe Jack Jedwab, directeur de l’Association des études canadiennes.
Mais avec la révolution orchestrée par le nouvel État québécois, tout a basculé. Et c’est bien sûr dans le système scolaire, totalement confessionnel jusque-là, qu’elle a été la plus palpable. Comme à partir de 1968 la CECM n’exigeait plus de ses élèves catholiques qu’ils suivent les cours de catéchisme, les noncatholiques n’ont évidemment pas été tenus d’y assister.
« La direction de la CECM a très bien compris qu’en ouvrant son système, elle faisait notamment entrer la francophonie dans la communauté juive! », souligne Jean-Claude Lasry que l’Association sépharade francophone avait chargé du dossier éducatif.
Et quand très vite il est apparu impératif de créer une école juive en français, le sous-ministre de l’Éducation de l’époque a tout de suite opiné du chef : c’est comme ça que l’École Maimonide,
créée en 1972, a été la première école juive francophone en Amérique du Nord.
Ainsi, résume bien Pierre Anctil, « on a inventé une nouvelle façon d’être Juif à Montréal avec un judaïsme en français. Les Sépharades sont arrivés au bon moment pour servir de pont entre le monde québécois et le monde juif, et tout le monde a été gagnant: ils ont bilinguisé toute la communauté tout en réussissant formidablement leur intégration ».
Et demain ? Et après-demain ? Francophonie et séphardisme continueront-ils à faire aussi bon ménage ? Là, les perspectives semblent plus nuancées.
« Il y aura toujours des Juifs francophones au Québec, assure Jean-Claude Lasry, mais l’avenir, c’est le bilinguisme. »
Pierre Anctil commente : « Avec le développement du niveau d’instruction, c’est tout ce qu’il y a de normal. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes ashkénazes se débrouillent en français, pourquoi les Sépharades se priveraient-ils de l’anglais? »
Yolande Cohen, elle, qui a eu maintes fois l’occasion de sonder de jeunes sépharades, a été frappée par une nouvelle donne : « Ils se disent beaucoup moins Sépharades que leurs parents, pour eux, c’est surtout leur identité juive qui compte. Mais toutes les institutions communautaires leur transmettent bien la langue française, c’est un gage de pérennité. »
Quant à Jack Jedwab, qui, parmi ses nombreuses casquettes, siège sur le comité de Statistique Canada sur les langues officielles, les données dévoilées récemment sur l’évolution de la situation linguistique entre 2016 et 2021 ne l’ont pas vraiment surpris.
« Je me serais peut-être attendu à de plus gros progrès du bilinguisme chez les anglophones, d’autant plus qu’ils sont plus de deux sur trois à se dire capables de parler le français. Mais chez les francophones, c’est clair, le bilinguisme a particulièrement augmenté. Dans la communauté juive comme partout ailleurs, on s’est mis à passer constamment d’une langue à l’autre. Montréal devient de plus en plus bilingue et même trilingue, sans commune mesure avec ce qu’on voit ailleurs en Amérique du Nord. Le mixage linguistique est vraiment devenu incontournable. »
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ELIAS LEVYAncien ministre de la Francophonie du Canada et président sortant de la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ), l’Honorable Jacques Saada nous a livré au cours d’une entrevue ses vues sur la francophonie au sein de notre communauté et sur l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), où il a représenté le Canada.
La pérennité du français et de la culture sépharade francophone occupe-t-elle une place importante dans la mission de la CSUQ?
Absolument. La CSUQ s’est toujours escrimée à préserver cette singularité culturelle. Le besoin de la perpétuer est encore plus grand aujourd’hui devant l’omniprésence de l’anglais parmi les nouvelles générations de Sépharades. C’est ce qu’elle fait, par exemple, dans le magazine La Voix sépharade
La francophonie est-elle un trait culturel important des Sépharades du Québec?
Les cultures sépharades s’expriment dans plusieurs langues selon la géographie ou l’histoire. La très grande majorité des immigrants sépharades arrivés au Québec, principalement dans les années 50, 60 ou 70, ont le français en partage, héritage de l’époque coloniale. Ils ont souvent le sentiment que s’ils ne transmettent pas cette langue, c’est un peu de leur identité qu’ils ne légueront pas à leurs descendants. L’être humain a besoin de s’ancrer dans ses racines et ressent la nécessité de les valoriser auprès des générations qui suivent, même si les contextes sont foncièrement différents. Or, les nouvelles générations n’ont pas forcément le même rapport à la langue et à la culture françaises que leurs aînés. Dans un contexte nord-américain, la tentation de s’en éloigner est forte. C’est pourquoi la CSUQ doit continuer à porter le flambeau du français et d’en faire un facteur de rapprochement intergénérationnel.
Comment envisagez-vous l’avenir de la francophonie dans la Communauté sépharade du Québec?
Si nos écoles, publiques ou privées, éveillent chez nos enfants le goût de cette langue et de ses richesses, si la qualité du français qui y est parlé ou enseigné est un objectif permanent, si le français est vécu comme une langue d’inclusion et d’humanité au quotidien et si, à tous ces égards, nous ne tombons pas dans le laxisme, alors je veux rester optimiste. Le chemin est dur, mais praticable.
L’avenir du français au Québec vous préoccupe-t-il ?
Oui. C’est un souci que partagent la plupart des Québécois francophones, quelles que soient leurs origines, devant l’influence et l’attractivité incontournables de l’anglais. Toute la francophonie mondiale est d’ailleurs confrontée à ce phénomène. Quand je vois des gamins jouer dans la cour d’une école francophone en parlant entre eux en anglais, cela me préoccupe. Le Manitoba était à 95 % francophone au début du XXe siècle. Il est à 95 % anglophone aujourd’hui. Nous devons, au quotidien, tirer les enseignements de cette histoire. C’est pourquoi, comme président de la CSUQ, j’ai, par exemple, systématiquement refusé de céder à des demandes visant à faire de La Voix sépharade un organe bilingue.
C’est pourquoi j’ai prôné, comme mes prédécesseurs à la CSUQ, le rapprochement interculturel avec d’autres communautés francophones ou francophiles. Dans un esprit d’épanouissement et non de rapetissement. Dans un esprit d’inclusion qui combatte le principe du « eux et nous » si cher à certains populismes. Cet esprit d’inclusion est fondamental si l’on veut éviter l’affaiblissement démographique, et donc politique, de la seule province francophone du Canada, par le départ de ceux et celles qui estimeraient ne plus y avoir leur place.
« La CSUQ doit continuer à porter le flambeau du français »
Vos charges politiques vous ont amené à évoluer au sein de la Francophonie institutionnelle. En reconnaissance de votre contribution, l’Assemblée parlementaire de la Francophonie vous a décerné le titre de Commandeur de l’Ordre de la Pléiade.
J’en ai été effectivement très honoré. J’ai travaillé étroitement avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à titre de député fédéral, puis comme ministre de la Francophonie dans le gouvernement libéral de Paul Martin de 2004 à 2006. À ce titre, j’ai contribué à la préparation du Sommet de la Francophonie de 2004 qui s’est tenu à Ouagadougou, au Burkina Faso. Plus tard, j’ai participé à l’élaboration de la planification stratégique de la Francophonie économique et, en 2010, j’ai été grand témoin de la rencontre internationale de la Francophonie économique tenue à Québec.
La Francophonie n’est-elle pas aujourd’hui une organisation autant culturelle que politique?
L’OIF continue de jouer un rôle culturel majeur. Citons par exemple son intervention en faveur de l’exception culturelle dans les ententes de libre-échange. Cependant, en 1997, au sommet de Hanoï, les États membres ont ajouté un volet politique aux mandats culturels, éducatifs et sociaux de la Francophonie. Cela a permis à l’OIF de jouer un rôle diplomatique majeur dans la prévention ou la résolution de nombreux conflits, notamment en Afrique. Rappelons, par exemple, l’action de la Francophonie pour l’élimination des mines antipersonnel. Cela dit, je regrette l’élargissement de l’OIF à des pays où le français n’a aucun droit de cité, comme le Qatar ou la Slovénie. À mon avis, cet élargissement dénature la vocation première de l’OIF : la préservation et la promotion du français et des cultures francophones.
L’exclusion d’Israël, pays comptant plusieurs centaines de milliers de francophones, n’est-elle pas une incongruité ?
Absolument. Israël, dont le quart de la population était déjà à l’époque francophone, n’a pas été invité à l’OIF. C’est bien plus qu’une incongruité. C’est une injustice aberrante. De nombreux pays à la démocratie douteuse y jouissent d’un statut que l’on a toujours refusé à la seule vraie démocratie du Proche-Orient. Or, la démocratie est l’une des grandes valeurs de l’OIF, du moins sur papier. L’évolution des relations israélo-arabes changera-t-elle la donne? Peut-être, mais cette adhésion n’est pas un objectif actuel de la politique israélienne.
La Francophonie a-t-elle été utilisée parfois comme un forum politique pour vilipender Israël ?
En 2004, au sommet de Ouagadougou, une résolution anti-israélienne était à l’ordre du jour. Elle s’inspirait des accusations antisionistes portées à la conférence de Durban sur les droits de l’homme, en 2001. J’ai dû me battre d’arrache-pied, y compris contre certains de mes propres fonctionnaires, pour déminer la résolution au niveau ministériel avant que les chefs d’État et de gouvernement ne se réunissent. Il faut dire que tout au long de ce combat (et de bien d’autres d’ailleurs), j’ai eu l’appui du président Abdou Diouf, le secrétaire général de l’OIF, un homme inspirant de droiture et de sagesse qui aura marqué ma vie politique.
L’OIF a-t-elle proposé sa médiation dans le conflit israélo-palestinien ?
Non. L’OIF n’aurait pas pu être un médiateur crédible. En revanche, en 2004, j’ai proposé aux États membres de l’OIF d’y accueillir Israël et l’Autorité palestinienne à titre d’observateurs, dans le but de les amener ensemble à regarder le reste du monde, plutôt que de toujours se regarder l’un l’autre. À l’époque, le contexte était propice : Mahmoud Abbas venait d’accéder à la présidence de l’Autorité palestinienne, le Quartet – États-Unis, Union européenne, Russie et l’ONU – pour le Moyen-Orient était très actif, les possibilités d’ouvertures dans les deux camps étaient réelles… Je suis allé très loin dans cette démarche. Elle a été appuyée par de nombreux pays. J’ai même avancé dans ce délicat dossier avec l’Égypte et le Liban. Des progrès substantiels ont été réalisés. Le sujet
était aussi à l’ordre du jour d’une réunion des ministres de la Francophonie qui devait se tenir à Madagascar, fin novembre 2005. Malheureusement, la chute du gouvernement minoritaire de Paul Martin trois jours avant mon départ a tué l’initiative. Ni le gouvernement Harper, ni quelque autre dirigeant étranger, ne la reprendra. Une autre occasion manquée.
Quels ont été les moments les plus marquants que vous avez vécus comme ministre de la Francophonie du Canada ?
Il est difficile d’en isoler un parmi une foule d’expériences exaltantes. Peut-être ce moment où nous étions, Paul Martin et moi, dans la voiture qui nous menait au lieu où se tenait le sommet, à Ouagadougou. Je lui faisais rapport de cette résolution anti-israélienne. La question était en principe réglée au niveau ministériel, mais sa résurgence au sommet proprement dit était toujours possible. Je me rappelle sa réponse : « Si la question revient sur le tapis, je trouverai un prétexte pour quitter la salle et c’est toi qui expliqueras à l’assemblée pourquoi cette motion condamnant Israël est inappropriée, injuste et qu’elle doit être rejetée. » Moi, le fils de petits fonctionnaires en Tunisie, qui subirent les affres de l’antisémitisme lors de leur installation en France, je représenterais le Canada à la défense d’Israël devant plus d’une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement. À chaque fois que je revis ces instants, je suis pris de la même émotion.
« La non-présence d’Israël à l’OIF, c’est bien plus qu’une incongruité, c’est une injustice aberrante »
En ligne ou en personne, le Centre Cummings est là pour vous où que vous soyez. Rencontrez des amis, établissez de nouveaux liens et vivez une nouvelle expérience dans un cadre communautaire dynamique pour apprendre, jouer et s’épanouir. De l’art et de la musique au divertissement, en passant par la politique et le conditionnement physique et des dizaines de façons de faire du bénévolat, le choix de programmes dynamiques et stimulants ne manque guère et plusieurs sont gratuits. Vous trouverez toujours quelque chose qui vous convient! L’équipe de professionnels du Département des services sociaux du Cummings –gestionnaires de cas, travail-
leurs de soins à domicile, et spécialistes en thérapie récréative et par la musique - se consacre à améliorer la qualité de vie des aînés. Cette équipe est qualifiée pour vous o rir, ainsi qu’à votre famille, le soutien nécessaire. Que vous soyez un aîné ou un proche aidant, nous sommes à l’écoute et prenons en considération l’ensemble de votre situation afin de vous guider à faire les meilleurs choix à court et à long terme.
La Popote roulante casher est, entre autres, un service essentiel qui o re une variété de repas surgelés à un prix abordable et qui sont livrés par des bénévoles du Centre ainsi qu’un service ATASE (Service Assisté de Transport et d’Accompagnement) sont là pour vous aider!
Partagez votre temps avec nous cet hiver! Le Centre a besoin de bénévoles pour combler des besoins essentiels: Popote roulante, chau eurs, livreurs, soutien technique, accueil, appels amicaux ou de rappel pour les programmes et activités intergénérationnelles et plus.
Pour découvrir tout ce que le Centre Cummings peut vous o rir: cummingscentre.org/fr
CINÉ-CLUB
3 films à un prix avantageux Bienvenue au Ciné-club Cummings! Nous irons à la découverte du cinéma québécois et francophone. Notre programme sera varié entre documentaires, longs-métrages, courts-métrages, interventions de réalisateurs, scénaristes, producteurs…Bon film !
Les jeudis 16 fév., 2 et 16 mars 13 h - 15 h • 3 séances 20 $ (Membre)/ 30 $ (Invité-e)
PERSONNEL EN PETITS GROUPES
Bénéficiez de la motivation d'un entraîneur personnel tout en réduisant le coût de son intervention. Un professionnel du fitness de notre équipe concevra un programme de 60 minutes en fonction des besoins de votre petit groupe (3 à 5 personnes). 8 séances Contactez Trang Le 514.734.1822
FRA 268 NOUVEAUTÉ EN PERSONNE TECHNOLOGIES DU FUTUR
Avec David Bensoussan, Ph. D.
Les moyens de télécommunication s’étant perfectionnés, la communication humaine s’est-elle pour autant améliorée dans notre quotidien? Suite à un survol des grandes percées des technologies dans le domaine des télécommunications notamment, une discussion relative aux avantages et aux inconvénients de leur adoption accélérée s’ensuivra.
Lundi 14 jan. • 14 h - 14h30 5 $ (M) / 7 $ (Invité-e)
Le dessin, la vitrail, la peinture, les conférences, la musique, c’est toute une richesse!
CHOISISSEZ - EN PERSONNE OU EN LIGNE
Le Centre Cummings élabore ses activités pour permettre l’inclusion de toutes les personnes âgées, indépendamment de leur état de santé, des barrières linguistiques ou de leur isolement. Programme complet et inscription cummingscentre.org/fr/qada 514.343.3510
PARLONS INFORMATIQUE
Venez poser vos questions informatiques à un spécialiste qui vous guidera au mieux pour résoudre vos problèmes dans ce domaine.
Les mercredis 18 jan. • 22 fév. • 22 mars 13 h - 14h30 • 3 cours
DANSE DÉBUTANT
Apprenez à danser sur di érents styles de musique (country, fox-trot, valse, cha cha, rumba, merengue, bachata, polka, disco, mambo, tango, cumbia et triple swing)
Les lundis du 23 jan. au 13 mars 10 h - 11h30 • 8 séances
MÉLODIES MÉMORABLES
Venez vous réchau er la voix et le corps, venez vivre un moment mémorable sensoriel en musique. Des mélodies du passé et d’ailleurs vous seront o ertes les lundis matin au Centre.
Les lundis du 30 jan. au 13 mars 11h30 - 12h30 • 4 séances
CLUB SOCIAL - LE FOYER
Un groupe social intéressant et amical de Québécois qui se rencontrent virtuellement sur Zoom toutes les semaines. Élargissez votre réseau social et profitez d’un choix d’interventions enrichissantes de divers spécialistes, des voyages virtuels, de la musique, des films et bien plus encore.
Les lundis du 23 jan. au 13 mars 13h30 - 14h30 • 8 séances
LA NOUVELLE ALLIÉE?
IA est déployée dans divers domaines ayant un impact sur notre vie quotidienne, tels que la santé, la banque, l'industrie ou les arts. Cette présentation mettra en évidence les principales capacités des systèmes d'IA actuels, les illustrera par des exemples concrets, et discutera de leurs capacités futures.
Lundi 20 fév. • 19 h - 20h30
TOUR VIRTUEL: PORTO ET SINTRA
Cette visite vous mènera à travers deux sites fantastiques. Sintra, la ville vallonnée luxuriante choisie par les rois portugais pour passer leurs vacances d'été à chasser. Porto, en revanche, est baignée par le fleuve Douro et possède une incroyable histoire d'hommes d'a aires.
Mercredi 15 mars • 16 h - 17h15
Quand la compassion rencontre l’action, les vies changent Des moments qui changent une vie, oui c’est possible!
PARTAGEZ VOTRE TEMPS AVEC NOUS CET HIVER! EN PERSONNE ET VIRTUEL
Nous sommes à la recherche de bénévoles pour combler nos besoins essentiels durant l’hiver :
Popote roulante, chau eurs, livreurs, soutien technique, accueil, club social francophone, travail de comité, planification d’événements, défense des droits, assistant à la programmation, activités intergénérationnelles et des appels amicaux ou de rappel pour les programmes.
Pour vous impliquer ou pour plus d’informations, veuillez contacter Sandra Amar au 514.734.1750 ou par courriel sandra.amar@cummingscentre.org
Les services sociaux pour renforcer votre autonomie
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La popote roulante de chaque semaine est ma bouée de sauvetage. La livraison de nourriture et la visite amicale agrémentent véritablement ma routine.
Nous fournissons de délicieux repas casher surgelés à un prix abordable et faciles à préparer. Les repas sont livrés directement à domicile par les dévoués bénévoles du Centre Cummings. Le nouveau menu automne-hiver comprend de nouveaux et populaires plats dont la viande, le poulet, des soupes, des plats laitiers et de copieux gâteaux.
NOUVEAU
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Ce service est financé en partie par la Fondation George et Mackie Balcan pour « Nourrir l’âme » et Mazon Canada.
LA FRANCOPHONIE DANS LES ÉCOLES JUIVES DE MONTRÉAL: UN
ÉTAT DES LIEUX
ELIAS LEVYEnrichir l’enseignement du français et promouvoir la culture québécoise constituent deux grandes priorités pour les écoles juives de Montréal. C’est ce que nous ont confirmé les responsables des études françaises de sept institutions scolaires juives que nous avons rencontrés.
Ces dernières années, de multiples initiatives ont été mises en branle par ces écoles afin d’atteindre ces deux objectifs majeurs : des programmes de français enrichis; la lecture des grands classiques des littératures française et québécoise; les concours d’art oratoire, de poésie et de chants; la célébration de la Francophonie; des rencontres avec des auteurs et autrices québécois renommés; des pièces de théâtre; des visites guidées en français de plusieurs villes du Québec…
« La culture québécoise occupe une place importante dans les curriculums des écoles juives de Montréal. C’est un dossier prioritaire pour les treize écoles avec lesquelles nous collaborons étroitement », explique Karen Gazith, directrice du Centre Bronfman de l’éducation juive (CBEJ).
Le CBEJ a pour mission de renforcer l’éducation juive à Montréal en offrant aux enseignant.e.s des écoles juives des ateliers et des programmes de perfectionnement tablant sur des méthodes pédagogiques avant-gardistes.
Le CBEJ vient d’allouer des subventions aux écoles juives pour qu’elles élaborent de nouveaux programmes en vue de promouvoir la culture québécoise auprès de leurs élèves.
À l’Académie Solomon Schechter, école primaire comptant 430 élèves de la maternelle à la 6e année, la Francophonie occupe une place de choix dans tous les programmes et activités pédagogiques : journée de la chanson québécoise; exposition de dessins; pièces de théâtre en français; rencontres avec des auteurs et autrices québécoises spécialisés dans les contes pour enfants.
« Ce qui est encourageant, c’est que les parents de nos élèves nous demandent d’ajouter à nos programmes pédagogiques plus de culture québécoise », souligne Judith Dahan, directrice des Études françaises.
En français, les élèves progressent en écriture, en lecture, « on le constate au niveau du vocabulaire et de la compréhension de textes », ajoute-t-elle.
« Le grand défi, c’est au niveau de la communication orale, mais ça vient avec la confiance. Les plus jeunes ont encore cette timidité parce qu’ils ne se sentent pas à l’aise avec la langue française. Ils n’ont pas assez de pratique n’étant pas exposés à cette langue à l’extérieur. Notre mission est de trouver des opportunités pour que les plus petits se retrouvent dans des environnements où ils ont des occasions de parler français : sorties dans la neige, cueillette de pommes, visite de musées, du Planétarium… Nous avons ajouté un cours de conversation en français et un cours de littérature française et québécoise. »
À l’École Maïmonide, qui compte 480 élèves de la maternelle à la 5e secondaire répartis dans deux campus, sis à Ville Saint-Laurent et à Côte-Saint-Luc, l’enseignement du français et la valorisation de la culture québécoise sont des «ultra-priorités», rappelle Éric Mechaly, directeur du secondaire.
« Nos élèves ont un très bon niveau en français lorsqu’ils arrivent au cégep et ensuite à l’université. Ils sont aussi parfaitement bilingues. Nous les familiarisons avec les riches et diverses facettes de la culture québécoise. »
Le bilinguisme est certes un grand atout, mais l’utilisation fréquente de l’anglais dans la cour de récréation, à la cafétéria et dans les couloirs préoccupe au plus haut point les dirigeants et les enseignants de cette école sépharade.
« C’est une réalité qui a pignon sur rue dans beaucoup d’écoles francophones de Montréal. Cette année, Maïmonide a pris une décision ferme : promouvoir vigoureusement la langue française. Nous tenons à ce que nos élèves parlent entre eux exclusivement en français. Bon nombre sont enclins à bifurquer vers l’anglais. Ces dernières années, nous avons remarqué que des familles francophones dont le père ou la mère, ou les deux, sont des diplômés de Maïmonide, et qui ont choisi notre école pour leurs enfants, parlent anglais à la maison. C’est un très grand défi pour nous. C’est pourquoi nous allons mettre beaucoup d’efforts pour renforcer le français et maintenir l’enseignement de cette langue à un haut niveau », dit Catherine Lakine, directrice pédagogique.
L’Académie Yéchiva Yavné, une institution orthodoxe d’études primaires et secondaires où sont scolarisés 500 élèves, garçons et filles étudient dans des classes séparées, se définit comme une « école entièrement francophone ».
« L’enseignement d’un français de haute qualité est au cœur de la mission éducative de Yavné. La culture québécoise occupe aussi une place majeure dans nos programmes pédagogiques », précise Jennifer Benoualid, directrice des études laïques au secondaire.
L’anglais est-il une langue de communication employée fréquemment par les élèves de Yavné?
« Très peu par rapport à ce que j’ai vu dans les autres écoles où j’ai travaillé. Les jeunes sont subjugués par l’anglais parce qu’ils sont branchés à longueur de journée sur les médias sociaux, la télévision… L’anglais est la langue prédominante dans la culture populaire dans laquelle baignent aujourd’hui les jeunes. Étant orthodoxes, les élèves de Yavné sont beaucoup moins exposés à cette culture véhiculée par les réseaux sociaux. C’est ce qui explique pourquoi à Yavné l’anglais ne constitue pas un danger pour la langue française. »
Les Écoles Azrieli Talmud Torah-Herzliah comptent 321 élèves au niveau du primaire (maternelle incluse) et 470 élèves au niveau du secondaire.
Comme dans la majorité des écoles juives, au primaire, dans la section anglaise, toutes les matières sont enseignées en français, à l’exception des mathématiques. Le défi de l’enseignement du français se pose surtout au niveau du secondaire.
Cours de sciences en français au secondaire de l’École Maïmonide avec la professeure Annate Cohen. (Crédit photo : École Maïmonide)
« Nous nous escrimons à trouver des façons ludiques pour enseigner le français. Nous avons augmenté le nombre de périodes de français, nous encourageons nos professeurs anglophones à utiliser davantage cette langue lorsqu’ils parlent avec les élèves, les cours d’éducation physique, où on utilise les verbes d’action, se déroulent en français, l’Expo Sciences préparée chaque année par nos élèves est présentée en français, nos pièces de théâtre sont en français… Objectif : transmettre la beauté et l’amour de la langue française à nos élèves », explique Arielle Medalsy, directrice du primaire à l’École Talmud Torah.
L’une des principales raisons pour lesquelles des familles anglophones scolarisent leurs enfants dans les Écoles Azrieli Talmud Torah-Herzliah, c’est parce que l’enseignement du français et la culture québécoise sont fortement valorisés, dit Claudine Habre, directrice de la section française de l’École Herzliah.
« Chaque année, nous mettons en place un plan d’action pour enrichir la langue française à tous les paliers de notre école : à la bibliothèque, en créant par exemple un cercle de lecture; à la cafétéria; au niveau administratif, nous demandons aux professionnels de notre secrétariat de s’adresser aux élèves en français… Pour nous, le français est une grande priorité. C’est une langue essentielle pour vivre au Québec et réussir professionnellement. »
Fondée en 1956 par le Rabbi de Loubavitch, l’Académie Beth Rivkah est reconnue en tant qu’école française par le ministère de l’Éducation du Québec. Elle fut créée afin de fournir une éducation complète à des jeunes filles juives, indépendamment de leur affiliation religieuse ou de leur milieu économique. Plus de 40 % des élèves ne proviennent pas de familles Loubavitch. Beth Rikvah compte aujourd’hui quelque 400 élèves de la maternelle au 5e secondaire. Environ 40 % sont Sépharades.
La sensibilisation à la culture québécoise a une place privilégiée à Beth Rivkah, rappelle Lucienne Azoulay, conseillère pédagogique pour les matières séculières.
« La culture québécoise est intégrée dans l’enseignement du français. Nous l’enseignons aussi par l’entremise d’écrivains et d’écrivaines québécois qui sont invités régulièrement à l’école pour faire, avec les élèves, des activités éducatives et artistiques.
Certaines matières religieuses sont aussi enseignées en français avec d’excellents livres pédagogiques publiés en France. »
À Hebrew Academy, une école religieuse mixte qui compte quelque 500 élèves de la maternelle à la 5e secondaire (environ 50 % sont Sépharades), l’enseignement au niveau primaire est dispensé uniquement en français. Cependant, au secondaire, il n’y a pas de section française.
« La valorisation de la langue française et de la culture québécoise est essentielle pour notre école. Nous voulons ainsi nous assurer que nos diplômés puissent vivre et réussir sur le plan professionnel au Québec. Nous ne voulons pas perdre notre communauté. L’avenir de celle-ci dépend de nos jeunes », dit Laura Segall, directrice générale.
La Francophonie est célébrée chaque année, en mars, avec éclat. Des invités de marque francophones, cinéastes, inventeurs, concepteurs de jeux vidéo… sont conviés à partager leurs expériences professionnelles avec les élèves.
« Aujourd’hui, des diplômés de notre école poursuivent leurs études supérieures dans des universités francophones : Université de Montréal, HEC Montréal, Université Laval à Québec, Université de Sherbrooke. C’est la preuve patente qu’ils ont un bon niveau de français qu’ils ont acquis durant leurs années d’études à Hebrew Academy. »
Lysie-Anne Desrochers est professeure à l’École secondaire Bialik depuis 40 ans. Elle est la coordinatrice des études françaises dans cette école fréquentée par quelque 400 élèves, majoritairement anglophones. 155 élèves sont scolarisés dans la section primaire, à l’école JPPS.
« Enseigner le français à des élèves anglophones, ce n’est pas une gageure, mais une belle aventure humaine, dit-elle. Tous mes élèves me parlent en français, leurs parents aussi quand je les rencontre. Pour faire aimer le français à un jeune dont ce n’est pas la langue maternelle, il faut lui proposer des activités et des programmes pédagogiques stimulants. »
Les élèves de la 5e secondaire participent tous les ans à une semaine entièrement dédiée aux cultures québécoise, sépharade et française. Diverses facettes de ces cultures sont au programme : chansons, littérature, arts visuels, cinéma… Répartis par groupes, les élèves doivent aussi réaliser un documentaire dans un quartier de Montréal – ceux de l’Ouest de la métropole sont exclus – : la Petite Italie, Rosemont, la Petite bourgogne… Ils interviewent des résidents de ces quartiers en français. Ils séjournent aussi trois jours à Wendake, un village huron situé près de Québec. Une fois par semaine, ils doivent voir une télésérie québécoise, qui est ensuite l’objet d’une discussion en classe…
« … La philanthropie sépharade joue un rôle marquant dans le paysage communautaire juif montréalais. Elle est chargée, entre autres, de favoriser la croissance des dons annuels faits à l’Appel juif unifié et de promouvoir l’engagement auprès de la Fédéra�on CJA. À travers ma présidence je suis inspiré par la générosité dont je suis témoin et en par�culier par le nombre de jeunes entrepreneurs, gens d’affaires et professionnels qui se joignent à l’effort collec�f de la philanthropie juive.
Je crois fermement en l’unité de notre communauté. Faisons en sorte que cela fasse par�e de notre héritage… »
AVI KRISPINE PRÉSIDENT, CAMPAGNE DE LA PHILANTHROPIE SÉPHARADE 2022DEUX GRANDES PHILANTHROPES SÉPHARADES QUI ONT RÉCEMMENT JOINT NOS RANGS
“…Adhérer à la philanthropie sépharade est une expérience intergénéra�onnelle qui favorise la transmission de nos valeurs et fera en sorte que nos enfants seront eux aussi des bâ�sseurs… »
JESSICA R’BIBO« …C’est avec fierté que je rejoins le cercle des grandes familles philanthropes sépharades qui ont un impact significa�f pour le mieux-être de notre communauté… »
RECONNUES POUR LEUR ENGAGEMENT CONTINU À L’ÉGARD DE LA FÉDÉRATION CJA, LES GRANDES FAMILLES PHILANTHROPES SÉPHARADES DE MONTRÉAL FONT UNE CONTRIBUTION DE $18,000 ET PLUS À LA CAMPAGNE DE L'APPEL JUIF UNIFIÉ.NATHALIE ELKOUBY
NOS ÉLÈVES CÉLÈBRENT LA LANGUE FRANÇAISE
LÉA BOUZAGLO, 16 ANS ÉCOLE MAÏMONIDE, SECONDAIRE 5
Lorsqu’on m’a demandé d’écrire un texte pour cette édition spéciale du magazine La Voix sépharade sur la francophonie et sur ce que représente le français pour moi, cela me paraissait au départ assez évident.
Le français est ma langue maternelle et la langue d’enseignement de mes parents. Or, évidemment, cela n’est pas tout ce que le français représente pour moi. En tant que Juive sépharade, la langue française fait partie de mon identité, de ma culture et de mes racines et donc représente un aspect important de ma vie.
Depuis mon enfance, je nage dans un bain francophone, que ce soit au niveau de ma famille, de mon école ou de mon environnement en général. D’autre part, vivant au Québec où le français est la langue officielle, la maîtrise de celle-ci est donc, à mon avis, un atout indispensable. Je crois d’ailleurs que le français est un héritage qu’il est important de protéger, non seulement en tant que Québécoise, mais également en tant que Sépharade.
Le français est une langue que j’aime, car je la considère comme l’une des plus belles langues au monde. Un avis qui est largement partagé par d’autres. Il ne faut pas se le cacher, le français est loin d’être facile, il est plutôt complexe avec toutes ses règles de grammaire et de conjugaison, mais c’est ce qui lui donne, selon moi, sa particularité. Quoique je parle principalement le français à la maison avec mon frère, ma sœur et mes parents, il est parfois difficile pour moi de ne m’en tenir qu’au français dans mon langage quotidien, car l’influence de l’anglais
par les réseaux sociaux, l’Internet et la télévision est très forte. Toutefois, même si je suis parfaitement bilingue, mon réflexe est de me tourner vers le français en premier. Sachant que je vais fort probablement poursuivre mes études postsecondaires et ma carrière au Québec, je pense que c’est donc extrêmement important pour moi de maintenir et continuellement renforcer mes connaissances linguistiques en français. De ce que je peux constater, le français est essentiel pour pouvoir intégrer le marché du travail au Québec.
Je termine, cette année, ma 5e année de secondaire et c’est à l’École Maïmonide, école francophone sépharade, que j’ai fait toute ma scolarité. Je me considère extrêmement chanceuse que mes parents aient choisi l’École Maïmonide pour moi, car grâce à cette école, et en particulier à tous mes enseignants que j’ai eus au cours des années, j’ai pu développer une connaissance solide du français, tant à l’oral qu’à l’écrit. Cette maîtrise de la langue française est indispensable dans la société dans laquelle nous vivons. Mais j’estime également être privilégiée de pouvoir obtenir un diplôme d’études secondaires, d’être parfaitement bilingue, et même trilingue, me permettant ainsi de préserver ma langue maternelle tout en maîtrisant d’autres langues.
« La langue française fait partie de mon identité, de ma culture et de mes racines »
YONA LASRY, 17 ANS ACADÉMIE YÉCHIVA YAVNÉ, PROMOTION
2021-2022 DU SECONDAIRE 5
Plusieurs enfants la détestent, alors que pour moi, c’est une déesse. Ils la critiquent sans cesse et la perçoivent comme une peste. Je l’avoue! Elle n’est pas facile à cerner, mais avec de la patience et de la pratique, nous pouvons la maîtriser. Inutile de nous décourager. Certes, elle est menacée, mais ensemble, nous pouvons la sauver, nous pouvons la préserver. C’est un joyau qui n’est pas reconnu à sa juste valeur et pourtant, elle m’a été transmise avec tant de cœur. Au fur et à mesure, j’ai appris à l’incorporer dans ma vie, pour qu’aujourd’hui, elle devienne ce que j’appelle ma meilleure amie. Alors, mes chers lecteurs, avez-vous deviné quelle est cette richesse inégalée? En effet, il s’agit bien de la langue française! Cette langue, mon héritage, qui m’a été confiée avec tant d’amour depuis ma tendre enfance et qui, je le sais, continuera à me faire grandir. Pour moi, c’est un moyen de m’exprimer, de m’ouvrir au monde. Elle me permet de m’évader dans d’autres dimensions. En d'autres mots, c’est mon jardin secret. Cet endroit où je me sens en sécurité, à l’abri de tout regard : c’est mon havre de paix. À mes yeux, c’est une arme puissante, difficile à contrôler. Néanmoins, une fois maîtrisée, elle est bien utile quand je me sens menacée. C’est une façon de me rassurer, de renforcer mon estime de soi. Cet outil de communication fait partie de nos racines. S’en débarrasser serait ainsi renier notre identité. « Ma patrie, c’est la langue française », comme l’a dit si bien Albert Camus. Ce n’est d’ailleurs pas le seul à avoir rendu hommage à notre si belle langue : Molière, Saint-Exupéry, La Fontaine sont tous des auteurs et poètes remarquables. Par leurs écrits, nous sommes capables de
découvrir certains secrets, certaines profondeurs que le français nous cache.
À l’Académie Yéchiva Yavné, nous avons le privilège d'apprendre le français dans la joie et la bonne humeur. En effet, nous ne percevons pas la langue de Molière comme une simple note dans un bulletin, mais c’est plutôt un jeu amusant dans lequel on se divertit à écrire des histoires palpitantes, où l’on laisse notre imagination parcourir les champs de notre cerveau. La grammaire, la conjugaison, l’écriture, la lecture ou encore l’art oratoire sont tous des aspects de la langue française qui nous sont enseignés avec passion. Je suis infiniment reconnaissante envers mon école de m’avoir transmis cet amour pour notre si belle langue : la langue française. Comme on le dit souvent, l’union fait la force. Ainsi, mesdames et messieurs, soyons solidaires, gagnons cette guerre pour maintenir et sauver la langue française : notre patrimoine, notre richesse collective.
Pour finir, j’aimerais te remercier, ma très chère langue, car aujourd’hui, grâce à toi, j’ai pu m’exprimer avec assurance et détermination. Merci.
«
La langue française est un joyau qui n’est pas reconnu à sa juste valeur »Yona Lasry. (Crédit photo : Académie Yéchiva Yavné)
Le français c’est moi, pour toujours ! »
ELIZABETH SERERO, 17 ANS ÉCOLE HERZLIAH, SECONDAIRE 5,Quand je traverse les corridors d’Herzliah, je pense parfois à mes aïeux. J’imagine de jeunes étudiant.e.s comme moi. Je vois des générations de la famille Serero marchant dans les couloirs des écoles de Séville ou de Fès, pratiquant leur culture et leurs coutumes juives sépharades. Nous avons sûrement des ressemblances physiques et des traditions similaires qui ont survécu à l’épreuve du temps, et qui continueront à être transmises aux prochaines générations. Aujourd’hui, la famille Serero vit partout dans le monde : en France, en Israël, au Maroc, en Ontario et au Québec. Moi, je suis fière d’être ici à Montréal, au Québec. Je porte avec honneur toute la beauté du passé de mes ancêtres qui m’a amenée ici, tout en ajoutant les traits distinctifs de la culture québécoise : la langue française, la démocratie, la diversité, l’égalité entre hommes et femmes, et... l’hiver.
Le français et la culture francophone au Québec me distinguent, et s’ajoutent à toutes mes mœurs que je tiens à garder de génération en génération. Ici, par l’apprentissage du français, j’appuie et je propage les valeurs de la société québécoise, et surtout la liberté et l’égalité. En étudiant le français au Québec, j’apprends la passion des Québécois pour la nature, la diversité, le cinéma, l’art et le sport. La langue française sert à tisser des liens qui rassemblent cette magnifique société multiculturelle, inclusive et en constante évolution.
Le Québec et la langue française m’aident aussi à préserver certaines coutumes sépharades marocaines. Ces coutumes nous ont gorgés. Elles symbolisent notre passion, notre joie de vivre et notre amour de la famille. Je pense notamment aux chansons françaises, à nos rituels ainsi qu’à des recettes écrites en français pendant les fêtes juives, qui nous unissent.
Malgré nos passés, parfois différents dans la société québécoise, les valeurs québécoises communes à nous tous sont inculquées dans l’éducation de tous les jeunes Québécois d’aujourd’hui. Mes aïeux ont connu l’antisémitisme qui les a forcés à fuir leurs maisons en n’apportant avec eux que leurs coutumes, leurs valeurs ainsi que leur désir d’un meilleur environnement pour leurs familles. En déménageant au Québec, ma famille a pu bâtir un environnement serein et paisible loin de la haine et de la violence. Nous pouvons sans crainte valoriser ce qui nous a été transmis dans le passé
tout en ajoutant ce que nous gagnons ici, aujourd’hui, au Québec.
Je ne sais pas où je serai dans le futur ni où mes enfants et petits-enfants se rendront.
Je suis sûre par contre que le français restera en nous. Les valeurs de la société québécoise feront toujours partie de nous et se transmettront aux prochaines générations.
Je suis Elizabeth Esther Serero. Je suis Juive sépharade. Je suis Québécoise. Je parle français. Je suis attachée aux valeurs de la culture québécoise.
«Elizabeth Serero (Crédit photo : Herzliah)
« La merveilleuse magie de la langue française »
BELLA LEV, 16 ANS ACADÉMIE BETH RIVKAH, SECONDAIRE 5La langue française est une expression de la beauté trouvée dans le cœur humain. Connue pour sa versatilité et son utilité dans la vie quotidienne; elle exprime avec profondeur et clarté les sentiments de douleur, de tristesse et de joie. De plus, ses mots contiennent des messages poétiques, romantiques et artistiques. De par la richesse de son vocabulaire, de ses subtilités, de ses nuances, nous pouvons décrire, en détails, un conte de fées ou une réalité déprimante, sans que cela soit redondant ou répétitif.
C’est cette sémantique très riche et cette précision qui enrichit les textes et nous force à bien nous exprimer. C’est la merveilleuse magie de la langue française.
L’apprentissage de cette langue élégante et expressive m’a transformée complètement. Elle a influencé le développement de ma personnalité et de ma pensée. Elle a cultivé mes intérêts dans les domaines de la culture, des arts et de la littérature.
J’ai commencé à étudier le français quand j’avais sept ans. J’ai déménagé avec ma famille de New York à Montréal où j’ai été une nouvelle élève à l’Académie Beth Rivkah. Je ne connaissais aucun mot de français, mais j’ai tout de suite aimé ce défi intellectuel. J’ai dû donc travailler très fort. Grâce à cela, j’ai découvert un nouveau monde, par curiosité mais aussi par amour, ce qui m’a fait découvrir les mystères et les secrets de la langue de Molière.
Pour moi, la langue française ouvre les portes à une culture captivante. Je suis capable d’explorer la littérature française grâce à ma connaissance de la langue. Je profite des opportunités que la langue française m’offre. Par exemple, j’ai lu La Nuit d’Elie Wiesel en français, en version originale. Et j’ai bien compris qu’il est impossible de comparer une traduction à la version originale. Elie Wiesel m’a permis de comprendre et d’apprécier à sa juste valeur le thème de son livre. En fait, j’ai remarqué, avec un plaisir certain, que le français m’ouvrait grand les portes de la littérature.
La langue française enrichit ma vie sociale. Je peux interagir facilement avec des francophones et rencontrer des gens intéressants avec qui échanger parce que le français est utilisé dans plus de 57 pays, en tant que langue officielle ou administrative. De plus, parler avec des gens dans leur langue maternelle facilite la communication et crée une connexion. Je suis fière qu’au Québec la langue française ait une place prépondérante. Pour moi, l’apprentissage de cette belle langue enrichit mon éducation, m’ouvre une fenêtre sur le monde et peut-être qu’un jour je pourrais l’utiliser dans le cadre de ma future profession.
ALEXIA COHEN CHEFFE DE PROJETS NUMÉRIQUES À
RADIO-CANADA ET INTERPRÈTE
VIRGINIE SOFFERCheffe de projets numériques à Radio-Canada le jour, interprète le soir et auxiliaire d’enseignement à l’École des hautes études commerciales de Montréal (HEC) les dimanches, on se demande comment Alexia Cohen réussit à tout faire rentrer dans son emploi du temps ! Et pourtant, elle réussit aussi à organiser bénévolement des activités à son travail, à suivre des cours à l’université, à sortir avec ses amis, à cuisiner pour ses proches, à s’occuper de son teckel et à voyager.
« Si dans une journée, on travaille 8 heures, on dort 8 heures, il reste alors 8 heures durant lesquelles on peut accomplir
beaucoup de choses! », nous raconte Alexia Cohen, qui, depuis toujours, est très organisée et douée pour les mathématiques.
Ainsi, dès le secondaire, elle s’est dirigée vers un programme en technologies de l’information et a commencé très jeune à apprendre à coder et à faire de l’animation 3D. En terminant son secondaire 5, elle savait programmer. Elle s’est ensuite dirigée en actuariat.
« Je n’ai pas de langue préférée, les deux sont importantes pour moi. Je tiens mordicus à n’en perdre aucune »
Durant son baccalauréat, elle a travaillé chez Desjardins. D’abord caissière, elle a rapidement gravi les échelons pour devenir cheffe d’équipe.
Impliquée socialement, elle a fait une pause d’une session universitaire pour aider à rebâtir des maisons ravagées à La Nouvelle-Orléans par l’Ouragan Katrina et à restaurer des quartiers abandonnés à Saint-Louis, au Missouri.
Nouvellement bachelière, elle débute sa carrière, orientée vers l’actuariat, chez Morneau Shepell. Après réflexion, elle retourne sur les bancs de l’école pour obtenir un certificat en gestion de projets à HEC Montréal tout en accédant à un poste de coordonnatrice Web chez Morneau Shepell. Après avoir été gestionnaire de projets Web chez Telus et gestionnaire de projets en technologies de l’information (TI) pour le service d’actuariat chez Desjardins, elle est actuellement cheffe de projet, développement numérique, à Radio-Canada. Un travail qui la passionne! Gérant un projet harmonisé entre les services francophones et anglophones de Radio-Canada, elle fait le pont entre ces équipes.
Depuis 2012, elle fait également ce pont en tant qu’interprète en dehors de son travail à Radio-Canada. C’est par hasard qu’elle a découvert l’univers de l’interprétation. En participant à des conférences de développement personnel, elle s’est aperçue que l’organisme recherchait des interprètes. Elle a alors été formée en interprétation simultanée et consécutive. Elle a traduit pour cet organisme des conférences en temps réel au Canada et aux États-Unis durant huit années, du français vers l’anglais et de l’anglais vers le français. Pour certaines conférences, elle s’est retrouvée face à plus de 1000 personnes!
En 2020, elle a créé sa propre entreprise d’interprétariat simultané. Depuis, on peut notamment l’entendre traduire des conférences de la Fédération CJA, de la CSUQ, du Centre Cummings ou de la Bibliothèque publique juive sur des sujets extrêmement variés : cybersécurité, médecine, littérature, géopolitique, etc. Ainsi, elle a été récemment l’interprète du diplomate et ancien ministre des Affaires étrangères d’Israël, Shlomo Ben-Ami, invité à Montréal par la Fédération sépharade du Canada.
Née à Montréal au sein d’une famille sépharade francophone native du Maroc, elle est fortement attachée à la langue française.
« Avec une mère directrice d’école francophone, c’était particulièrement important de bien l’écrire et de parler français à la maison », souligne-t-elle.
Elle s’estime chanceuse d’avoir eu le français comme langue maternelle.
« C’est beaucoup plus simple d’apprendre jeune la conjugaison et le genre des différents mots. »
Elle a poursuivi toute sa scolarité en français par choix et a appris parallèlement l’anglais dans ses cours, mais également en parlant avec ses amis, de jeunes immigrés, dans la cour d’école.
« Je n’ai pas de langue préférée; les deux sont importantes pour moi. Je tiens mordicus à n’en perdre aucune. »
Avec l’accroissement des locuteurs anglophones, elle doute que l’avenir soit francophone. C’est pourquoi elle n’aspire pas à être un jour interprète aux Nations unies!
« Aura-t-on encore besoin d’interprètes si tout le monde parle anglais dans 50 ans ? »
Elle pense plutôt se tourner vers un MBA pour continuer à gérer des projets d’envergure et peut-être à travailler à l’international.
JESSICA ZNATY
AGENTE DE POLICE DU SPVM
LEVYC’est dans les bancs de classe des écoles secondaires Outremont et Pierre Laporte que Jessica Znaty a commencé à manifester un intérêt marqué pour la sécurité et le service public. Quelques années plus tard, c’est en faisant du bénévolat auprès des Services médicaux d’urgence (EMS) et du programme Citoyens en patrouille (COP) de Côte-Saint-Luc qu’elle a été initiée aux rudiments de l’exigeant travail de policier.
« J’ai rencontré un policier qui est devenu mon mentor. Il m’a fortement encouragée à m’impliquer dans des actions bénévoles auprès de la police. Le fait d’avoir pu côtoyer des policiers et leur milieu de travail et d’avoir vu sur le terrain le labeur important qu’ils accomplissent quotidiennement, c’est ce qui m’a fortement motivée à devenir policière », raconte Jessica Znaty.
Elle a rejoint les rangs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) il y a maintenant quatre ans.
Jessica Znaty a un parcours académique et professionnel riche et varié.
Pendant qu’elle complétait un baccalauréat en Sécurité intérieure et Études policières à l’Université de Montréal, elle a fait un stage à la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Elle a ensuite été recrutée par la GRC en tant qu’analyste/aide-enquêteur au sein du Groupe intégré de la criminalité technologique. Dans le cadre de cette fonction, elle a participé à l’élaboration de guides d’enquêtes contenant de nouvelles techniques d’analyse et de recherche en
recueillant des renseignements auprès des enquêteurs et de membres civils afin de développer de nouveaux outils de travail. Elle a ensuite travaillé pendant huit ans comme préposée aux communications d’urgence acheminées au Centre d’appels 911 de la police de Montréal. Tout en assumant cette tâche, elle s’est inscrite au programme intensif de deux ans de Techniques policières au Collège John Abbott et fut acceptée ensuite dans le contingenté programme de formation de l’Académie de police de Nicolet.
L’expérience qu’elle a acquise au Centre d’appel 911 a été déterminante pour la suite de sa carrière.
« Cette expérience professionnelle a renforcé ma capacité à être à l’écoute des autres et m’a aidé à faire preuve de patience et, surtout, à m’adapter aux diverses réalités du métier de policier tout en étant empathique et en ne portant aucun jugement envers autrui. » Y a-t-il d’autres agentes de police sépharades au sein du SPVM?
« Elle ne sont pas légion. À ma connaissance, deux autres jeunes femmes sépharades sont agentes de police, dont une à Laval. Il y a aussi quelques policiers d’origine ashkénaze. C’est un métier qui demeure rare au sein de notre communauté. »
Quels sont les principaux défis auxquels Jessica Znaty fait face dans son travail quotidien au SPVM?
« Le plus grand défi est de contrer les perceptions négatives que le public a des policiers. C’est regrettable que certains nous perçoivent uniquement comme des donneurs de tickets et non comme des agents de l’ordre appliquant la loi et ayant à cœur la sécurité du public. Il y a une grande méconnaissance du métier de policier dans la population en général. Ces préjugés tenaces sont difficiles à endurer au quotidien. »
Quelle place occupe le français dans son travail quotidien?
« Étant donné que c’est un emploi municipal, la langue première utilisée au travail est le français, autant dans nos communications entre membres que dans nos rapports écrits (dossiers) et témoignages à la Cour, ainsi qu’avec les autres intervenants que nous côtoyons dans le cadre de nos fonctions. Mais, je travaille dans un territoire qui regroupe des arrondissements majoritairement anglophones, j’utilise donc le français et l’anglais. Le fait d’être parfaitement bilingue est certainement un atout qui m’aide beaucoup à créer des liens avec les citoyens. »
La diversité culturelle au sein des corps de police de Montréal est-elle une priorité pour le SPVM ?
« Le SPVM a mis en œuvre toute une série de mesures pour que ses effectifs soient représentatifs de la population montréalaise. Dès 1991, le SPVM est parvenu, au moyen du programme d’accès à l’égalité, à accroître dans ses rangs la représentation des femmes, des minorités visibles et des différentes communautés ethnoculturelles. Une nouvelle Division des partenariats et de la diversité, créée en janvier 2022, s’est dotée de deux nouvelles unités en équité, diversité et inclusion. L’une pour s’assurer du bien-être de ses membres issus de la diversité et une autre pour favoriser l’attraction de policiers et civils issus des communautés ethniques et de minorités visibles. »
«
Le SPVM a mis en œuvre toute une série de mesures pour que ses effectifs soient représentatifs de la population montréalaise »
LA DRE YAËL BENSOUSSAN UNE CHERCHEUSE-CLINICIENNE
PASSIONNÉE
ELIAS LEVYDans son laboratoire de l’Université de Floride du Sud, à Tampa, la Dre Yaël Bensoussan codirige un projet de recherche médicale très avant-gardiste qui pourrait dans un futur proche fournir aux médecins un nouvel outil révolutionnaire pour diagnostiquer des maladies à partir des altérations de la voix.
La Dre Yaël Bensoussan a un parcours académique et professionnel très marquant.
Née à Montréal, elle a obtenu son diplôme d’études secondaires à l’École Maïmonide et son diplôme d’études collégiales, en sciences de la santé, au Collège Jean-de-Brébeuf. Diplômée en Orthophonie et en Médecine de l’Université de Montréal, elle a acquis une spécialisation
en Otorhinolaryngologie – chirurgie de la tête et du cou – à l’Université de Toronto. Elle a ensuite complété une surspécialisation en laryngologie (voix, troubles de la déglutition et des voix respiratoires supérieures) à l’Université de Californie du Sud, à Los Angeles. Elle détient une maîtrise en systèmes de leadership et d’innovation de l’Université de Toronto. Elle est actuellement cheffe de la Division de laryngologie, directrice du Health Voice Center et clinicienne - chercheuse au Département d’otorhinolaryngologie du Health Morsani College of Medicine de l’Université de Floride du Sud.
La Dre Yaël Bensoussan a accordé une entrevue à La Voix sépharade
Pourquoi avez-vous choisi comme surspécialité médicale la laryngologie?
Les mystères de la voix m’ont toujours passionnée. J’ai grandi dans une famille ayant la fibre musicale. On chantait tout le temps à la maison. J’ai pris des cours de chant très jeune et eu une courte carrière comme autrice-compositrice et interprète. J’ai eu un trauma vocal et développé des nodules. J’ai dû alors consulter un laryngologiste et suivre des traitements d’orthophonie qui m’ont permis de continuer à chanter pendant dix ans. J’ai toujours adoré la médecine et le chant. Je suis chanceuse d’avoir trouvé une spécialité qui rejoint ces deux disciplines.
Les innovations technologiques vous fascinent aussi.
J’ai toujours été très intéressée par l’intégration des innovations technologiques dans la pratique clinique. J’ai suivi des cours en Intelligence artificielle (IA). J’ai rencontré ensuite un jeune ingénieur très brillant, Jérémy Pinto, qui travaille à MILA, un réputé institut en IA fondé par le célèbre professeur et chercheur québécois Yoshua Bengio. Nous avons développé des algorithmes pour déterminer si une voix est masculine ou féminine. On emploie ce procédé pour les personnes transgenres souhaitant changer leur voix. La laryngologie m’offrait un champ clinique passionnant pour mener ce type de recherches.
Vous codirigez actuellement un ambitieux projet de recherche.
Ce vaste projet, appelé « Voice as a biomarker of Health » – « La voix comme biomarqueur de la santé » –, est financé par le National Institutes of Health (NIH), la plus importante agence gouvernementale de financement aux États-Unis dans le domaine de la recherche médicale et scientifique. Nous avons obtenu une subvention de 14 millions de dollars américains, étalés sur quatre ans, dans le cadre du programme « Bridge 2AI » initié par le NIH. Celui-ci a pour principal objectif de favoriser une interconnexion entre l’IA
et la pratique clinique.
Je codirige ce projet avec Olivier Elemento, Ph.D., professeur et ingénieur en médecine de précision au Weill Cornell Medicine, à New York. Je supervise les phases cliniques et Olivier Elemento coordonne le volet technologique. Douze institutions universitaires américaines et canadiennes, dont l’Université de Montréal, l’Université de Toronto et l’Université Simon Fraser de Vancouver, et Owkin, une entreprise française spécialisée en IA dans le domaine des biothechnologies, sont nos partenaires dans ce projet. 45 chercheurs y participent. C’est un mariage réussi entre la recherche clinique et l’innovation technologique la plus pointue.
Vous développez un modèle médical révolutionnaire : diagnostiquer des maladies par le truchement de la voix.
Des études ont démontré que les premiers signes de certaines maladies, notamment le cancer du poumon ou du larynx, la dépression, le Parkinson et l’Alzheimer, peuvent être décelés au moyen de la voix. Nous allons développer une banque de données de quelque 30 000 voix humaines, qui seront analysées minutieusement. La voix comme marqueur, c’est un outil que nous utilisons régulièrement en laryngologie. Nous voulons que cet outil soit aussi accessible aux autres professionnels de la santé.
Votre principal partenaire dans ce projet est l’IA.
En IA, on peut concevoir les algorithmes les plus performants, mais si ceux-ci ne s’appuient pas sur une banque de données importante pour tester leurs modèles, c’est un travail inutile. La base de données que nous allons créer facilitera certes le développement d’algorithmes, de programmes informatiques et d’applications pour les téléphones intelligents qui permettront d’identifier précocement des maladies à partir des ondes sonores produites par les cordes vocales. On ne sera pas toujours en mesure d’établir des diagnostics précis, mais l’objectif est de fournir cet outil à des médecins qui n’œuvrent pas
«
J’ai toujours été très intéressée par l’intégration des innovations technologiques dans la pratique clinique »
dans les milieux académiques ou qui pratiquent dans des communautés géographiquement éloignées ne disposant pas de ressources médicales de pointe. Cet outil sera très utile au système médical canadien, où le temps d’attente pour consulter un médecin ou un spécialiste est assez long. Il permettra de déterminer les priorités en fonction de la gravité des maladies identifiées.
L’IA aidera donc les médecins à diagnostiquer et traiter certaines maladies en se basant sur le son de la voix des patients.
C’est le but de notre travail de recherche. Un patient constatant un changement dans sa voix doit-il s’inquiéter ou s’agit-il simplement d’une laryngite ? Les données sur les différents types de voix enregistrées alimenteront notre base de données et permettront de diagnostiquer diverses maladies. Si c’est un cancer à très haut risque, le patient devra être référé rapidement à un spécialiste. Une priorisation des cas sera établie.
La banque de données que vous êtes en train de développer mettra-t-elle l’emphase sur certaines maladies?
Oui. Sur cinq catégories de maladies pouvant être détectées à partir de changements survenus dans la voix : 1. Les troubles de la voix (cancer du larynx, paralysie des cordes vocales, lésions du larynx bénignes); 2. Les troubles neurologiques et neurodégénératifs (Alzheimer, Parkinson, AVC (accident vasculaire cérébral), SLA (maladie de Charcot); 3. Troubles de l’humeur et psychiatriques (dépression, schizophrénie, troubles bipolaires); 4. Maladies respiratoires (analyse du son de la toux pour déterminer d’où elle provient); 5. Troubles de la parole chez les enfants (autisme, délai de langage).
Avez-vous envisagé de poursuivre votre carrière dans une institution médicale ou universitaire au Canada?
Je voulais revenir travailler au Canada, un poste m’attendait à Toronto. Mais je n’ai pas pu refuser l’offre que l’Université de Floride du Sud m’a faite. Ils m’ont donné la possibilité de mettre sur pied une division et une clinique pour la recherche. Ils m’ont alloué beaucoup de ressources. Les
possibilités en termes de recherche aux États-Unis sont intéressantes. Difficile de refuser une telle proposition.
Exilée en Floride, la langue française occupe-t-elle toujours une place importante dans votre vie?
Je n’ai jamais délaissé le français. C’est une langue que je porte dans mon cœur. Cinq des dix membres de mon équipe de recherche sont des francophones du Canada et de France. Par ailleurs, nous travaillons étroitement avec une start-up française, Owkin. Nous conversons donc quotidiennement en français. À la maison, je parle français avec mon époux et mes trois garçons.
Vous avez été présidente du Centre Hillel, Association des étudiants juifs francophones de Montréal, et membre du conseil d’administration de la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ). Avez-vous gardé des liens étroits avec la Communauté sépharade de Montréal?
Absolument. Mes racines identitaires sont à Montréal, ma ville de naissance, et dans ma communauté sépharade, avec laquelle j’ai maintenu des liens très étroits. Ma famille vit à Montréal. Je garde de merveilleux souvenirs de mes années passées au Centre Hillel et à l’Université de Montréal. J’ai vécu à Toronto, à Los Angeles et aujourd’hui je suis établie en Floride. Je réalise à quel point la Communauté juive de Montréal est unique et exceptionnelle.
Vous avez été une compositrice, parolière et interprète très talentueuse, qui a même enregistré des CD. Sur une scène musicale, vous aviez l’étoffe d’une vraie pro. Vous vous produisiez sur scène accompagnée par trois musiciens. Vous chantiez aussi magnifiquement avec votre père, le professeur Isaac Bensoussan. Je suppose que vous n’avez plus beaucoup de temps à consacrer à la musique?
Je suis toujours une passionnée de musique, mais les spectacles sur scène, c’est fini! Par contre, je continue à chanter à la maison, pour mes enfants. J’ai la chance de pratiquer un métier où je traite régulièrement des chanteurs ayant des troubles de la voix. C’est l’une de mes spécialités en tant que médecin ORL.
RENCONTRE AVEC UN FUTUR NEUROCHIRURGIEN LE DR LIO R ELKAIM
ELIAS LEVYEn 2019, seulement deux postes de spécialisation en neurochirurgie ont été ouverts au Québec, un à l’Université McGill et l’autre à l’Université de Sherbrooke. C’est le gouvernement du Québec qui établit ce quota. Cette année-là, vingt-six futurs diplômés en médecine de diverses universités au Canada ont brigué le poste de résidence à l’Université McGill. C’est Lior Elkaim, diplômé en médecine de l’Université de Montréal, qui l’a obtenu.
Ce jeune médecin de 27 ans vient d’entamer sa 4 e année en neurochirurgie. Il a encore quatre années d’études à compléter avant d’obtenir son titre de neurochirurgien. Trois années dans le programme de résidence en neurochirurgie de l’Université McGill et une année supplémentaire pour acquérir une superspécialisation.
Lior veut se spécialiser en neurochirurgie du rachis (colonne vertébrale). Il suit sa formation dans les quatre hôpitaux universitaires affiliés à l’Université McGill : l’Institut neurologique de Montréal, l’Hôpital général juif, l’Hôpital général de Montréal et l’Hôpital de Montréal pour enfants.
« Dès l’école primaire, je voulais étudier un jour en médecine, ou en neurosciences, pour explorer les différentes parties du système nerveux et comprendre leur fonctionnement.
En neurochirurgie, nous avons le privilège d’effectuer des opérations chirurgicales non pas sur un organe conventionnel, mais sur un organe qui confère un sens à l’existence de la personne, qui lui permet de percevoir, de penser, de sentir des émotions, de communiquer et de bouger (mouvements). Explorer les diverses zones du cerveau et du rachis, c’est indéniablement l’une des plus belles aventures scientifiques et humaines », nous a dit Lior.
Le cerveau est encore bien loin d’avoir livré tous ses secrets, nous rappelle ce diplômé de l’École Herzliah de Montréal.
« Nous sommes sur une voie prometteuse. Ces dernières années, les progrès effectués dans la recherche sur le cerveau ont été importants. De nouvelles découvertes ont été réalisées, notamment au niveau moléculaire. Mais il reste encore beaucoup d’étapes à franchir pour guérir les différents types de cancers du cerveau. L’un des plus sévères est le glioblastome, dont le taux de mortalité est essentiellement de 100 %. Même en enlevant toute la tumeur chez un patient atteint d’un glioblastome, on n’a pu jusqu’ici que prolonger son espérance de vie de quelques années, au maximum. »
« Explorer les diverses zones du cerveau et du rachis, c’est indéniablement l’une des plus belles aventures scientifiques et humaines »
Quels conseils donnerait-il à un jeune aspirant à devenir neurochirurgien ?
« La neurochirurgie est une discipline médicale passionnante et très valorisante, mais qui requiert d’énormes sacrifices personnels et familiaux. C’est très difficile de trouver un emploi en neurochirurgie au Québec et au Canada. Les données démontrent que presque 50 % des diplômés en neurochirurgie quittent leur ville, et même le Canada, pour aller travailler aux États-Unis ou ailleurs. Il y a très peu de postes ouverts en neurochirurgie au Canada, car c’est très dispendieux pour le gouvernement de former un résident dans ce domaine. Pour pratiquer sa discipline, un neurochirurgien a besoin de multiples ressources: une salle d’opération, une équipe d’anesthésistes, des équipes de physiothérapie, de thérapie occupationnelle. Des coûts importants pour notre système de santé. C’est la principale raison pour laquelle, au niveau universitaire, la neurochirurgie est une discipline très contingentée. »
Les études en neurochirurgie exigent énormément de patience, de dévouement et de sacrifices personnels, souligne Lior.
« On ne peut pas étudier dans cette discipline médicale si demandante si on n’a pas un réseau de soutien qui comprend ce que tu fais, qui t’encourage à persévérer et te motive. Je suis très chanceux de pouvoir compter sur l’appui inconditionnel de ma famille, de ma fiancée Alissa, de mes amis… qui comprennent très bien pourquoi je suis si souvent absent dans leur vie. »
Le français est une langue très importante pour Lior.
« Une bonne maîtrise du français dans un milieu médical anglophone est un énorme atout; 50 % de mes patients sont francophones, donc je parle avec eux tous les jours en français. Et, si je reçois un appel d’un médecin de Gatineau, communiquer en français facilitera assurément pour tous les deux notre travail médical. »
Le Dr Lior Elkaim. (Crédit photo : L. Elkaim)ARIEL IFERGAN LE PLAISIR DE
AVEC DES MOTS EN FRANÇAIS
VIRGINIE SOFFERComédien dans une vingtaine de productions théâtrales, acteur dans des séries très populaires de la télévision québécoise, metteur en scène, auteur et producteur, ayant à son actif 23 années d’expérience professionnelle, Ariel Ifergan a derrière lui une carrière impressionnante, qui n’est pas prête de s’arrêter !
Lorsque nous le rencontrons, il vient de courir 27 kilomètres pour la Fondation pour l’alphabétisation à laquelle le Théâtre d’Aujourd’hui s’est associé. Il a notamment parcouru 10 km de nuit, de 3 h à 4 h du matin, pour ce relais et il est en pleine forme !
Ariel Ifergan est en ce moment habitué à faire un marathon théâtral et cinématographique! Durant tout l’été, il a incarné Christian dans la pièce Changer de Vie de Catherine Léger au Petit Théâtre du Nord, qui commande des textes à des auteurs québécois et les met en scène. Il a interprété également un enquêteur dans le thriller psychologique La Meute, qui sortira prochainement sur les écrans québécois. Quelques mois auparavant, il était à Paris pour jouer dans Les filles du Saint-Laurent au prestigieux Théâtre de la Colline. Une pièce qui sera à l’affiche en avril 2023 à Montréal au Théâtre d’Aujourd’hui.
D’ici le printemps prochain, Ariel Ifergan multipliera les projets. Il va tout à la fois jouer le Docteur Sarfati dans une série d’espionnage d’époque, être un policier dans la série Chouchou, vendre des beignets dans la série pour adolescents La vie compliquée de Léa Olivier et incarner un docteur dans la série Audrey est revenue
« Audrey est revenue a été primée meilleure série étrangère à Cannes. C’est une grande fierté pour le Québec. C’est un plaisir de jouer dans cette série, tout comme dans d’autres projets, et d’avoir accès à cette diversité de rôles »
Une diversité de rôles qui n’a pas toujours été présente. On se souvient par exemple d’Ariel Ifergan jouant Mohamed, un
jeune Palestinien dans la populaire série Virginie
« Quand j’ai commencé il y a une vingtaine d’années, j’étais presque exclusivement cantonné dans des rôles ethniques. Dans l’imaginaire général et surtout à cette époque, les Sépharades n’existaient pas. On m’appelait pour jouer des personnages arabes ou maghrébins avec accent. »
Aujourd’hui, on ne lui demande plus d’apposer un accent maghrébin au cinéma lorsqu’il s’exprime en français. Ses personnages pourraient être, tout comme lui, nés à Montréal, d’une mère née en France et d’un père né au Maroc, ou ils pourraient venir d’autres pays du Maghreb ou d’ailleurs.
Ariel Ifergan, qui a grandi dans le quartier multiculturel de Côte-des-Neiges, se souvient que le français permettait alors de faire dialoguer différentes communautés entre elles et de les réunir. Un dialogue qu’il espère poursuivre.
« Montréal est le lieu idéal pour faire dialoguer les cultures en français. »
Il se souvient avec émotion du dernier Café littéraire ayant eu lieu à la Librairie Olivieri avant sa fermeture. Organisé
JOUER
« Transmettre un savoir, c’est fabuleux »
par la CSUQ le 26 février 2020, il avait pour thème : « Cultures juive, kurde et arabe : la littérature au féminin en partage. » Des autrices, des lectrices, des lecteurs, des musiciens étaient rassemblés ce soir-là autour de l’amour de la littérature de la francophonie. Il aimerait grandement organiser dans un futur proche d’autres lectures d’œuvres littéraires contemporaines en français.
« Je pense que le théâtre, ainsi que tous les arts n’ont pas intérêt à rester cloisonnés. Pour une écologie saine du milieu artistique, il faut qu’il y ait des spectacles très nichés, des spectacles à plus grands déploiements, ainsi que des spectacles très intimes. »
Des lectures théâtralisées pourraient ainsi être élaborées.
« Pour moi, il n'y a aucun doute que l’art fait partie d’une hygiène de vie tout comme avoir une vie spirituelle. Je pense que c’est essentiel à maintenir. Il est très important que le milieu artistique puisse collaborer avec des écoles, ainsi qu’avec différentes communautés. »
Collaborer avec des écoles : c’est ce que fait également Ariel Ifergan depuis 16 ans avec la compagnie Pas de panique, qu’il a cofondée avec Alexandre Frenette. Celle-ci a créé et produit des spectacles éducatifs pour les jeunes. Il est également intervenu dans des écoles et des cégeps pour enseigner l’art dramatique à tous les niveaux.
« Transmettre un savoir, c’est fabuleux », conclut-il.
« SWING LA BACAISSE! » AVEC YAËLLE AZOULAY
SYLVIE HALPERNL’une des meilleures gigueuses et calleuses des veillées traditionnelles québécoises est née Azoulay à Laval. Mais dans sa tête swinguent aussi toutes les musiques du monde.
Nous étions à des milliers de kilomètres l’une de l’autre, mais j’ai bien vu les yeux de Yaëlle Azoulay briller quand elle parlait de danse. De toutes les danses!
« Moi je suis du Québec, alors c’est la gigue qui est venue me chercher. J’aurais pu découvrir ailleurs ces musiques et ces danses traditionnelles qui sont partout l’âme des peuples, mais je suis d’ici. Et à Montréal, je dois dire qu’on est choyés. »
Justement, début septembre, Yaëlle participait parmi quelque 2000 artistes et visiteurs à la Tanzmesse de Düsseldorf, en Allemagne, la plus grande rencontre au monde consacrée à la danse. Elle y représentait une douzaine de compagnies de danse canadiennes dont elle a vanté les talents, avec sûrement une affection particulière pour le trad, ces danses traditionnelles qu’elle a ellemême si souvent interprétées dans les Veillées du Plateau à Montréal, à La virée de Carleton-sur-Mer ou au Festival Mémoire et Racines de Joliette, quand ce n’était pas lors de tournées internationales pour faire connaître ces rythmes emblématiques d’ici.
Sans se renier, la gigue québécoise s’est offert une cure de jouvence. Finis les sous-sols d’église éclairés aux néons où reels d’inspiration irlandaise et sets carrés rimaient avec bingos! Depuis une vingtaine d’années au Québec, de jeunes artistes sont venus réveiller un folklore endormi, le métisser à d’autres influences, inviter le monde à « swinguer la bacaisse! » (laisser un peu tomber le bois de la cheminée et se mettre à danser) et dépoussiérer une courtepointe musicale collective devant un public avide de redécouvrir sa culture. Yaëlle est de ceux-là.
C’est à Laval où elle a grandi, et où sa mère l’avait inscrite à des cours de danses folkloriques du monde, qu’elle a
découvert sa passion à l’adolescence. Mais très vite, la gigue est venue la chercher et, comme une trentaine d’artistes au Québec, elle l’a revisitée pour en faire une danse contemporaine dont les amateurs sont friands.
« J’ai aimé son côté rythmique et percussif, sa discipline. C’est une danse exigeante, il faut sauter sans arrêt. Mais à force de pratiquer, le corps trouve ses repères. »
Ce plaisir et cette exigence, Yaëlle a eu envie de les transmettre. Juste avant la pandémie, elle a ouvert une école, le Club Gigus, pour enseigner la gigue aux jeunes de 6 à 16 ans, une formation qui tient beaucoup du Airc Damhsa Dance Club d’Irlande, le pays d’où la gigue québécoise tire ses origines. La COVID-19 a bien sûr métamorphosé les cours en plateforme (gigues-tu.com), mais l’artiste a confiance de les reprendre en présentiel à Montréal et ailleurs dans la province l’automne prochain.
Aujourd’hui dans la quarantaine, Yaëlle s’adonne un peu moins à cet art qui tient beaucoup de l’exercice cardio. Mais elle continue à caller des veillées – une prouesse verbale qui s’apparente un peu au rap – et elle danse toujours. Avec la chorégraphe québécoise Sarah Bronsard, elle travaille
« Moi je suis du Québec, alors c’est la gigue qui est venue me chercher »
actuellement à un gros projet qui célèbrera la rencontre entre la gigue et le flamenco, deux mondes apparemment éloignés, mais qui ne le sont pas tant.
« Il y a beaucoup en commun entre ces deux univers – déjà le jeu des pieds, même si la façon de les faire bouger est à l’opposé. »
Le spectacle qui réunira 12 artistes sur scène est prévu pour l’automne 2023 et s’intitulera joliment « Dans l’écho des racines ».
Parlant de racines justement, Yaëlle n’a certainement pas oublié les siennes. Ni les musiques juives, ni les danses israéliennes, ni les rythmes berbères sur lesquels elle a souvent vu ses tantes se trémousser.
« L a culture marocaine est présente dans ma vie, j’ai reçu ces influences de tous les côtés de mon identité. Et justement, comme Montréal est vraiment une plaque tournante culturelle, ici on a le monde à portée de main et on peut revendiquer toutes sortes d’appartenances et s’essayer à toutes sortes de musiques. Et moi, c’est le trad québécois qui m’a trouvée : le trad, c’est la fête, quelque chose de très joyeux. J’ai eu envie d’être dans cette énergie-là! »
SALOMÉ ASSOR LA PASSION D’ÉCRIRE
VIRGINIE SOFFERJeune autrice sépharade remarquée, Salomé Assor a publié Un (Éditions Poètes de Brousse, 2019), un premier livre magistral, à tout juste 21 ans. Cette étudiante en philosophie vient d’écrire son second livre et prépare d’autres projets littéraires. Une autrice à suivre.
D’où venez-vous ? C’est l’une des questions les plus fréquentes que l’on pose à la Montréalaise Salomé Assor quand on la rencontre. Lorsqu’on lui demande si elle est Française, elle répond parfois par l’affirmative pour raccourcir la conversation. Si elle ne possède pas la citoyenneté pas plus que ses parents ni qu’aucun membre de sa famille, elle n’en dit pas moins une part de vérité. Salomé Assor a étudié dans un lycée français de Montréal et a baigné dans cet environnement culturel dès son plus jeune âge. Et ce, contrairement à un grand nombre de jeunes Sépharades de sa génération, nés comme elle au Québec de parents marocains, que leurs familles ont plutôt envoyés dans des écoles anglophones.
« Ayant étudié à l’école française, j’ai des références très françaises, des références québécoises aussi, mais des références différentes de ceux et celles qui ont étudié dans une école anglophone. D’où un sentiment d’étrangeté de part et d’autre. On ne se reconnaît pas nécessairement. Mais nos parents se reconnaissent; eux ne sont pas étrangers les uns des autres. »
Le français est sa langue maternelle, culturelle et donc identitaire.
EN FRANÇAIS
« Comme n’importe quelle langue maternelle, tout mon rapport au monde est relatif au français. Il n’y a rien de plus éloquent qu’une langue au plan identitaire; c’est cela qui nous a construit »
Très intéressée par la littérature ainsi que par la philosophie, elle hésitait à étudier dans l’une de ces deux matières à l’université. Elle les perçoit comme profondément liées.
« Je pense que la plupart des philosophes sont des écrivains et réciproquement. »
C’est finalement en philosophie qu’elle étudie à l’Université du Québec à Montréal. Un choix qui l’enchante encore aujourd’hui. Après son baccalauréat, elle poursuit sa maîtrise en philosophie. Tout en poursuivant des cours de chant lyrique, elle s’intéresse à la singularité de la voix dans le cadre de ses recherches. Pour cela, elle étudie un corpus de textes de Levinas, de Rousseau et d’Heidegger.
Levinas l’intéresse tout particulièrement.
« Son système philosophique est unique. Il y a une familiarité dans cette pensée juive inspirée de la kabbale. Il possède aussi une spiritualité de quelqu’un qui sort de la barbarie la plus totale, ayant vécu les camps nazis et perdu toute sa famille. Il arrive à sublimer toute cette souffrance dans une œuvre philosophique et littéraire majestueuse. Il écrit extrêmement bien en français, et ce n’est même pas sa langue natale. »
Tout comme Levinas, né en Lituanie, qui choisit d’écrire en français, le philosophe et écrivain roumain Cioran a élu aussi le français comme langue d’écriture, rappelle-t-elle.
« J’apprécie chez Cioran sa lucidité, son regard tranchant, sa capacité de dire des choses tellement poignantes en si peu de mots. »
Salomé Assor a également été très marquée par la prose poétique tranchante des auteurs québécois Nelly Arcand et Réjean Ducharme. Des auteurs français l’ont aussi impressionnée, notamment Marguerite Duras. De cette remarquable écrivaine, Hiroshima, mon amour l’a particulièrement bouleversée et elle recommande fortement Écrire à qui voudrait se lancer dans l’écriture.
Pour Salomé Assor, l’écriture s’impose comme une nécessité.
« Pour moi, ce n’est jamais un projet d’écrire, c’est un moment d’expression. C’est comme lorsque je suis en train de parler : tout à coup, il y a une urgence de dire. Quand j’écris, c’est instantané, c’est comme lorsque je parle : il n’y a rien avant et rien après. C’est un moment où il y a tout qui sort. »
C’est en écrivant régulièrement qu’elle a construit son premier livre.
« Je ne l’ai pas écrit directement. J’ai écrit pendant un certain temps et c’est devenu un livre. »
Salomé Assor vient d’achever son deuxième livre et a d’autres projets d’écriture en cours. Elle souhaite poursuivre ses études en philosophie et transmettre sa passion de la philosophie en l’enseignant ensuite.
«
Comme n’importe quelle langue maternelle, tout mon rapport au monde est relatif au français »
ENTREVUE AVEC L’ÉCRIVAIN EMMANUEL KATTAN
ELIAS LEVYL’écrivain montréalais Emmanuel Kattan vit depuis 2005 à New York avec sa famille. Viscéralement attaché à la langue française, il nous explique pourquoi celle-ci fait partie intégrante de son ADN existentiel.
Il a accordé une entrevue à La Voix sépharade
« Le français, c’est d’abord la langue de ma mémoire. La langue que ma mère m’a donnée, celle que mon père a choisie. Je peux raconter mes souvenirs dans une autre langue, mais c’est le français qui les a façonnés, et c’est toujours en français que je les revis. Ensuite, ce sont des mots français qui m’ont construit. Les mots du quotidien, d’abord, puis ceux des écrivains : Rousseau, Flaubert, Anne Hébert… Ce sont des mots-mémoire, auxquels sont attachés plusieurs pans de ma vie. Enfin, le français, c’est la langue des rapprochements. J’aime bien l’expression « prendre langue avec quelqu’un », c’est-à-dire entrer en dialogue avec lui, avec elle, faire de la langue, des mots, ce qui nous unit. C’est le français qui m’a, en premier, uni aux autres. »
Né à Montréal, docteur en philosophie de l’Université de Montréal et lauréat de la prestigieuse bourse Rhodes, qui lui a permis de poursuivre des études postdoctorales à l’Université d’Oxford, en Grande-Bretagne, Emmanuel Kattan est actuellement directeur du programme Alliance, un partenariat d’échanges académiques entre l’Université Columbia, à New York, et trois institutions universitaires françaises, Sciences Po, Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l’École polytechnique. Il a auparavant été directeur du British Council et directeur des communications de l’Alliance des civilisations, un ambitieux projet de dialogue interculturel parrainé par l’ONU.
Avant de poursuivre sa carrière aux États-Unis, Emmanuel Kattan a vécu une quinzaine d’années en Grande-Bretagne,
où il a occupé diverses fonctions à la Délégation générale du Québec à Londres et au Secrétariat du Commonwealth.
Il est l’auteur de quatre romans, d’un livre d’entretiens avec son père, le regretté écrivain Naïm Kattan, décédé en 2021, et d’un essai sur le devoir de mémoire.
Du fait qu’il vit depuis plusieurs années aux États-Unis, la langue française occupe-t-elle toujours une place centrale dans sa vie quotidienne?
« J ’ai découvert que j’étais francophone lorsque j’ai quitté Montréal pour aller étudier en Angleterre. Privé de mes repères pendant la journée, submergé par une langue qui me demeurait étrangère, je retournais à ma chambre le soir et me plongeais, avec une sorte de frénésie, dans les romans de Balzac ou de Proust. C’était comme retourner en pays connu, mais aussi comme recouvrer l’odorat, après l’avoir temporairement perdu.
Les mots français me paraissaient plus vivants, plus brûlants, pleins de chair et de couleurs. Ils avaient le goût des souvenirs. »
Avec la fréquentation de l’anglais, la langue française est devenue pour Emmanuel Kattan une question.
« Revenant au français depuis l’exil d’une autre langue, rien n’était plus évident pour moi : pourquoi utilisons-nous autant d’adjectifs en français? Pourquoi faisons-nous des phrases aussi longues? Comment se fait-il que nous n’ayons pas d’équivalent pour certains mots anglais (« soin », par exemple, ce n’est pas tout à fait la même chose que « care ») ? Je n’ai jamais autant ressenti le français comme une richesse et un trésor que lorsqu’une vie en anglais m’en a, en partie, privé. Ça peut paraître paradoxal, mais le meilleur moyen de préserver une langue, il me semble, c’est d’en parler une autre. »
« Le français, c’est d’abord la langue de ma mémoire »
À New York, le français est demeuré la langue de sa famille et de ses plus proches amis.
« Mes enfants ont eu une éducation en français et nous continuons de parler français ensemble, sauf quand nous parlons politique! Par ailleurs, j’ai la chance, grâce à mon travail, de construire des partenariats avec des universités françaises. Et New York est une ville où j’ai rencontré la francophonie dans toute sa diversité : africaine, caribéenne, nord-américaine. Enfin, en tant que cycliste, lorsque je suis mis en danger par des automobilistes new-yorkais négligents, c’est toujours avec des jurons en français que je les interpelle! »
Maîtrisant fort bien l’anglais, lui est-il déjà venu à l’esprit d’écrire un livre dans la langue de Shakespeare?
« C’est une expérience que j’aimerais bien tenter. Une idée qui m’est venue serait d’écrire le même texte de fiction dans une langue, puis dans l’autre. Il ne s’agirait pas d’une traduction, mais d’une même histoire, racontée dans les deux langues. Il me semble que cela me permettrait de mieux comprendre comment chaque langue m’a façonné. »
Emmanuel Kattan planche actuellement sur un nouveau projet littéraire.
« J ’écris en ce moment une histoire à deux voix : un homme et une femme, anciens amis d’enfance, se retrouvent plusieurs années plus tard et cherchent à comprendre ce qui les a déchirés… »
« Ça peut paraître paradoxal, mais le meilleur moyen de préserver une langue, il me semble, c’est d’en parler une autre »
RENCONTRE AVEC LA ROMANCIÈRE MONIQUE
PROULX ENLÈVE LA NUIT UN ROMAN LUMINEUX
VIRGINIE SOFFER
Dans son dernier roman, Enlève la nuit (Éditions du Boréal, 2022), Monique Proulx relate l’histoire d’un jeune juif hassidique, Markus, qui vient de quitter sa communauté. Il découvre un monde nouveau dans lequel il a tout à apprendre et où il choisit de porter secours aux plus démunis.
La Voix sépharade a rencontré la célèbre auteure québécoise primée pour ses œuvres à de multiples reprises. Elle nous a parlé de ce roman lumineux. Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la communauté juive hassidique de Montréal et à imaginer le destin d’un jeune homme qui délaisse celle-ci?
J’habite depuis plus de 30 ans dans le Mile-End, tout près de la communauté hassidique. Je suis, depuis toujours, fascinée par cette communauté et par sa fidélité aux 613 préceptes du judaïsme. Le retrait de Markus de sa communauté, qui peut être choquant pour des personnes laïques, est pour moi une sorte d’exploit dans notre société moderne. J’ai toujours perçu que c’étaient des personnages extraordinaires à faire vivre dans un roman lorsqu’on parle de Montréal. C’est ce que j’ai fait dans mon précédent roman, Ce qu’il reste de moi. Le personnage de Markus était déjà présent dans quelques passages ainsi que sa mère. On sentait qu’il s’en sortirait, mais on n’en savait pas davantage. J’ai eu envie de lui construire une épopée avec ce nouveau roman. C’est comme s’il m’était réapparu en s’exclamant : « Qu’est-ce que tu fais de moi, tu m’abandonnes comme ça sur le trottoir, donne-moi un destin accompli tant qu’à m’avoir mis au monde! »
Pour construire le personnage de Markus, avez-vous rencontré des jeunes qui ont quitté la communauté hassidique de Montréal ?
Oui, j’ai rencontré plusieurs jeunes qui sont sortis de cette communauté. Un, en particulier, m’a beaucoup parlé de son expérience.
Markus est un personnage fictif. Les choses ont bien évolué depuis que j’ai écrit Ce qu’il reste de moi. L’organisme Forward a été créé et aide ces jeunes à trouver de nouveaux habits non religieux, à intégrer le marché du travail, à s’inscrire à des cours de langues…
Le jeune homme que j’ai rencontré il y a dix ans m’a confirmé que ce mouvement d’entraide n’existait pas jusqu’alors. Ceux qui sortaient étaient laissés complètement à eux-mêmes, étrangers dans leur propre pays. Un choc terrible. Plusieurs deviennent itinérants ou tombent en dépression, certains songent même au suicide. En même temps, ceux qui s’en sortent peuvent donner une leçon de liberté à n’importe qui. Ils connaissent l’enfermement, désormais la liberté et perçoivent également comment les gens dits libres sont ligotés par leur course au plaisir, par leur désir de réussir ainsi que par leur ambition démesurée.
Dans Enlève la nuit, Markus voit à quel point la vie n’a pas de sens pour les gens autour de lui. Son ami Abby les regarde déambuler dans un état de détresse perpétuel, étourdis par leurs iPhones et leurs réseaux sociaux. Tous deux sont des témoins nous permettant de revisiter notre monde. La sortie de cette communauté fermée et la transition vers un autre monde ont dû être fascinantes à observer pour la romancière que vous êtes?
Tout à fait. Ce fut fascinant d’observer cette transition d’un monde à un autre et la deuxième naissance de Markus parce qu’il devait apprendre tous les codes de notre vie moderne occidentale.
Je n’ai pas voulu décrire la communauté hassidique, mais plutôt parler d’une façon d’être totalement étrangère à la vie moderne, avec un recul qu’on ne possède plus maintenant, nous qui sommes imbibés dans nos valeurs contemporaines. Ce fut une tentative de regarder notre monde avec les yeux d’un nouveau-né de 20 ans! Et ce, avec un cœur pur, car je pense qu’on ne peut pas sortir d’une communauté religieuse fermée sans garder des principes très profonds. Même si les personnes que j’ai rencontrées
semblaient souhaiter renier complètement tout ce qui avait rapport à Dieu, j’ai l’impression qu’en ayant été en contact avec une transcendance tout le temps, quelque chose d’indélébile est resté gravé en elles. En tout cas, c’est ce que j’ai voulu croire quand je suis devenue Markus. Comment était-ce se glisser dans la peau de Markus?
C’est le travail de l’écrivain de se glisser dans la peau de quelqu’un d’autre. C’était extraordinaire d’être dans celle de Markus. Pendant près de cinq ans, lorsque je faisais parler Markus, il y avait une partie de moi qui parlait. Je comprenais cette expérience de l’intérieur : je vivais le choc, l’extase, la joie, le désespoir d’être dans un monde qu’on ne peut pas intégrer totalement et qu’on n’a pas envie d’intégrer pleinement non plus.
J’en ai fait mon narrateur principal. Il y avait alors également quelque chose de très jouissif à réinventer la langue. Je ne nomme jamais explicitement le français, mais c’est la langue qu’il apprend. Pour moi, ce fut comme si je la revisitais de l’intérieur. Je me suis ainsi permis toutes sortes de libertés.
Je me suis beaucoup amusée, par exemple, lorsqu’il est avec son propriétaire et qu’ils discutent du mouvement Me Too. Pour lui, c’est un nom de chien! Je me disais : quelle liberté formidable et en même temps quelle terreur d’être ainsi étranger à l’univers qui nous entoure. Un univers parallèle, dépourvu de nos concepts, de nos préjugés. Je trouvais une grande force à cette vision, à cette perception. C’est quelqu’un qui a tout à apprendre, mais qui a aussi beaucoup d’avis à donner parce qu’il n’est pas esclave des façons de penser des autres. Comment avez-vous procédé pour inventer ce personnage et son univers?
On peut tout se permettre, c’est ce qui est merveilleux quand on est écrivain! On peut vraiment tout inventer à condition que ce soit vrai. Parce qu’inventer, ça veut aussi dire être vrai. Il y a une façon d’inventer qui est peut-être plus vraie que la réalité. En respectant profondément l’authenticité des personnages qu’on crée, on obtient une vérité. J’ai souvent l’impression que lorsque j’écris je disparais moi-même. Lorsque je suis en train d’écrire, tout ce qui me bloque de la réalité disparaît : mes propres préjugés, mes petites pensées intérieures, mon petit moi. Il reste simplement une sorte d’ouverture totale dans laquelle les choses se présentent. Alors, je suis très attentive, je ne suis plus embarrassée par mes propres frontières, ni par mes propres limites. Les choses apparaissent et se servent de moi comme instrument d’écriture. C’est comme si c’était la réalité qui s’écrivait à travers moi. Une réalité qui n’est pas empêtrée par aucun jugement, par aucun cliché, par aucun faux-semblant. Une réalité pure qui se présente comme la
seule chose possible au moment où j’écris. Je perçois l’écriture comme une expérience presque mystique.
Dans votre livre Les aurores montréales, toutes les nouvelles avaient très clairement comme cadre Montréal. Dans Enlève la nuit, le mot Montréal n’apparaît pas une seule fois dans tout le livre. Tout à fait, je ne souhaitais pas nommer Montréal, j’ai gommé tout régionalisme. Certes, on reconnaît le mont Royal avec la statue et les rochers. Mais, je ne voulais absolument pas être enfermée dans un lieu. Je souhaitais conférer au récit une portée de fable universelle. Ce jeune homme pourrait venir d’ailleurs, d’une autre communauté, d’une autre ville, d’une autre planète, comme le Petit Prince.
On sent dans votre livre, et ce, dès le titre, la quête de l’infini. On sent aussi une sorte d’aspiration cosmique, pour se retrouver englobé dans une lumière plus grande. Est-ce bien ce que vous avez voulu exprimer?
Oui, mon ouvrage est aussi un appel à la solidarité. On ne sort pas de la lumière tout seul; on enlève aussi la nuit pour les autres. L’entraide fait partie des Mitzvot. En Israël, cet esprit est toujours très présent. Je voulais absolument que Markus le porte en lui. Je trouve que ce sentiment de solidarité nous manque beaucoup. En règle générale, on est aujourd’hui dans le chacun pour soi. J’aimerais planter quelques graines et qu’à travers cet ouvrage quelqu’un se sente incité à s’intéresser aux autres, à les aider ou au moins à regarder les plus démunis avec un œil différent, au lieu de les voir comme des personnes paresseuses qui n’ont pas voulu intégrer le système. À Montréal, il y a de nombreux itinérants et j’en suis fortement préoccupée. C’est pour ça que Markus se retrouve avec les plus démunis dans une maison d’itinérants. Ce personnage qui est profondément bon souhaite emmener chacun vers un endroit plus lumineux, plus beau, et le meilleur possible.
ENTREVUE AVEC L’ÉCRIVAIN PIERRE ASSOULINE
« LA FRANCOPHONIE LITTÉRAIRE SE PORTE BIEN »
ELIAS LEVYBiographe (de Gaston Gallimard, d’Albert Londres, d’Hergé, de Georges Simenon, d’Henri Cartier-Bresson, de la famille Camondo…), romancier, journaliste et critique littéraire réputé, membre de l’Académie Goncourt, Pierre Assouline nous a livré son regard sur la francophonie littéraire en cette troisième décennie du XXIe siècle.
Il a publié récemment Le paquebot (Éditions Gallimard, 2022). Un roman très captivant retraçant l’histoire dramatique du Georges Philippar, un paquebot, dont c’est le voyage inaugural, en route vers le Japon, qui sombra dans la nuit du 15 au 16 mai 1932, vingt ans après le naufrage du Titanic. Parmi les victimes : le grand reporter Albert Londres. Un périple au long cours annonciateur d’un autre grand naufrage, celui d’une Europe gangrénée par le nazisme. Un récit historique ayant une très forte résonance avec l’actualité, alors que l’Europe est à nouveau en proie à une guerre barbare menée par la Russie de Poutine contre le peuple ukrainien.
Pierre Assouline a accordé une entrevue à La Voix sépharade
Comment se porte la francophonie littéraire?
Elle se porte bien, dans la mesure où il y a des éditeurs au Québec, en Suisse, en Belgique… Les écrivains québécois, haïtiens, africains… contribuent de manière importante au rayonnement mondial de la littérature francophone. Quant aux écrivains français, ils n’ont jamais autant voyagé. Ils sont tout le temps invités à porter la bonne parole de leurs livres dans les autres pays francophones, et au Québec très régulièrement.
La littérature française n’est-elle pas moins traduite aujourd’hui?
La fiction française est moins traduite parce que les Anglo-Américains traduisent très peu en général. Estimant qu’ils ont ce qu’il faut en anglais, ils considèrent qu’ils n’ont pas besoin de la littérature étrangère. En France, 20 % de ce qui paraît en librairie sont des traductions d’œuvres étrangères. Aux États-Unis, seulement 1,5 % de la
littérature qui paraît en librairie est traduite de l’étranger. Et dans ce 1,5 %, la moitié des livres traduits sont d’auteurs français. Vous imaginez la situation des écrivains italiens, allemands, espagnols… aux États-Unis !
Quel regard portez-vous sur la littérature québécoise?
La littérature du Québec est connue aujourd’hui dans toute la francophonie, et aussi dans de nombreux pays non francophones. Ce qui a beaucoup aidé, c’est le fait qu’il y a aujourd’hui beaucoup moins de frontières et Internet. Les livres québécois voyagent donc beaucoup plus facilement. C’est une très bonne chose. Il faut accentuer cette tendance pour que les auteurs et autrices québécois soient davantage connus en France et dans les autres pays francophones.
Existe-t-il une littérature sépharade d’expression française?
J’estime que cette expression ne couvre pas une réalité. Il n’y a pas une littérature sépharade francophone au sens propre du terme. Si vous posez la question à un écrivain sépharade francophone, il vous répondra qu’il est un écrivain de langue française, tout comme le grand écrivain américain Philip Roth ne voulait pas qu’on le qualifie d’écrivain juif américain. Il disait toujours : « Je suis un écrivain américain tout court », tout en admettant qu’il abordait des thèmes juifs dans ses œuvres. C’est aussi le cas de Saul Bellow, prix Nobel de littérature, qui a toujours récusé l’épithète d’« écrivain juif ». Graham Green et François Mauriac ne supportaient pas non plus qu’on les présente comme des écrivains catholiques.
Votre roman Le Paquebot est campé dans une période charnière de l’histoire du XXe siècle : le début des années 30. Entrecroiser l’Histoire et la fiction romanesque, est-ce un labeur littéraire très exigeant ?
C’est un roman qui est totalement ancré dans le réel et dans l’Histoire. Tout le récit est très documenté : la topographie des lieux, les vêtements, les rituels à bord, les matériaux utilisés sur le Georges Philippar… Mes recherches ont duré trois ans. Mais tout l’art du romancier consiste à faire disparaître cette documentation, il faut qu’elle reste en arrière-plan. C’est ça qui est le plus compliqué. Mon genre littéraire de prédilection croise l’Histoire et le roman. L’écrivain espagnol Javier Cercas se réclame aussi de ce genre littéraire dans ses « novelas sin ficcion » (« romans sans fiction »). Je me sers de tous les instruments de la fiction pour mettre en scène l’Histoire. Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire ce roman?
Le déclencheur de ce livre a été ma passion pour les huis clos. J’ai écrit plusieurs livres qui sont des huis clos : Les invités, qui se déroule dans un appartement, Lutetia, qui se passe dans un grand hôtel de Paris, Sigmaringen, qui a comme cadre un château. Je suis claustrophobe, c’est pourquoi j’affectionne particulièrement les huis clos. Depuis longtemps, je voulais camper un nouveau récit dans un huis clos. Un paquebot est un huis clos à l’air libre. Une croisière est un théâtre flottant avec une unité de lieu, de temps et d’action. Les paquebots d’aujourd’hui ne m’intéressaient pas parce qu’ils ressemblent à des HLM. J’ai choisi le Georges Philippar pour deux raisons. 1. C’est un bateau que je connais bien parce que le grand reporter Albert Londres, à qui j’ai consacré une biographie, a péri lors du naufrage de celui-ci ; 2. L’époque dans laquelle cette tragédie s’est produite m’intéresse beaucoup : l’entre-deux-guerres, l’âge d’or des croisières. J’avais déjà fait beaucoup de recherches sur la mort d’Albert Londres.
1932-2022, deux époques nébuleuses qui se télescopent. Voyez-vous des similitudes?
Il n’y avait aucune intention volontariste de ma part, mais dès que j’ai commencé à écrire ce roman, j’ai tout de suite vu des résonances entre ce qui se passait en 1932 et ce qui se passe aujourd’hui en Occident, tout particulièrement en Europe, et qui ne devrait pas nous surprendre. Depuis quelques années, en Europe, nous assistons impavides à la montée de régimes illibéraux et autoritaires arrivés au pouvoir après avoir gagné des élections parfaitement démocratiques. C’est le cas en Hongrie, en Pologne et ces jours-ci en Italie et en Suède. Ce roman est paru pendant que la guerre faisait déjà rage en Ukraine. Il y a à la fois une concordance des temps, un écho et une résonance entre les événements que nous vivons
aujourd’hui en Europe et ce que je raconte dans ce roman. Cette croisière s’inscrit dans un contexte historique très particulier : le printemps 1932, la tenue d’élections législatives en Allemagne et l’arrivée en deuxième position du parti national-socialiste. Quelques mois plus tard, Adolf Hitler sera nommé chancelier de l’Allemagne.
L’antisémitisme plane sur le Georges Philippar.
Force est de rappeler que l’antisémitisme est un très vieux fléau qui déplorablement a toujours fait partie de l’actualité quotidienne, peu importe l’époque, en France, en Allemagne, en Autriche et dans d’autres pays européens. La sinistre Affaire Dreyfus avait déjà eu lieu il y a 30 ans au moment où le Georges Philippar entame son périple en haute mer. Cette bête immonde qu’est l’antisémitisme n’a jamais cessé de sévir et de se répandre. Malheureusement, elle est toujours là.
LES GRANDS DÉFIS DE LA FRANCOPHONIE EN ISRAËL ENTREVUE
L’EX-DIPLOMATE ISRAÉLIEN YEHUDA LANCRY
ELIAS LEVYAncien ambassadeur d’Israël en France et aux Nations unies, Yehuda Lancry est un observateur de premier plan de la francophonie en Israël. Il a piloté pendant plusieurs années le dossier délicat de l’adhésion d’Israël à la Francophonie institutionnelle.
Il nous a parlé des grands défis de la francophonie israélienne au cours d’une entrevue qu’il a accordée à La Voix sépharade.
En Israël, la francophonie a connu ces dernières années un regain de vitalité.
Oui. Depuis le début des années 2000, environ 150 000 Français juifs se sont installés en Israël. C’est un mouvement migratoire compensatoire qui a comblé la perte de quelques milliers d’olim francophones qui ont quitté le pays dans les années 50, 60 et 70. Résultat immédiat de cette vague importante d’immigration : on voit dans des villes comme Netanya, Ashdod, Ashkélon, Tel-Aviv… des boulangeriespâtisseries françaises, ce qui était très rare en Israël lors des premières décennies de l’existence de l’État hébreu. Aujourd’hui, la plupart des olim de France ont la fibre religieuse. Ce ne sont pas des orthodoxes, mais beaucoup d’entre eux se sont installés en Israël pour des motivations religieuses à caractère modéré. Ils centrent leurs activités sur le spirituel, la synagogue, la communauté. Ils s’organisent en petites communautés. Je l’ai constaté dans la ville où je réside, Kfar Saba, qui abrite une petite communauté francophone.
Sur le plan culturel, la francophonie israélienne est-elle dynamique?
La communauté francophone israélienne n’a pas toujours les moyens de s’imposer sur le plan culturel. Dans ce domaine fondamental, la francophonie est moins prégnante. On ne peut pas parler de Théâtre français proprement dit en Israël parce qu’il n’en existe guère. Il n’y a pas non plus de Cinéma à signature française. Peut-être que ça viendra un jour.
Et au niveau institutionnel?
L’Institut culturel français de Tel-Aviv, les programmes en français du Collège académique de Netanya, l’excellent département d’études françaises de l’Université Bar-Ilan, des groupes francophones très actifs sur le plan culturel dans plusieurs villes, dont Ashkélon, contribuent certes à redynamiser la francophonie israélienne.
L’Institut culturel français de Tel-Aviv est le cœur battant de la diffusion de la culture française en Israël. Des intellectuels, des universitaires, des artistes, des cinéastes et des personnalités politiques français renommés sont invités régulièrement au Campus francophone du Collège académique de Netanya. À Ashod, où il y a un espace culturel francophone très actif, on a organisé dernièrement un grand colloque consacré à l’œuvre du philosophe Emmanuel Levinas…
est-il de l’enseignement du français?
Le lycée Mikvé Israël, l’une des fondations majeures de l’Alliance israélite universelle (AIU) dans le pays, dispense un enseignement essentiellement en français. Jusqu’au début des années 2000, les cinq grandes universités d’Israël – de Tel-Aviv, de Jérusalem, de Bar-Ilan, de Haïfa et de Beer Sheva –,
Qu’en
«
Aujourd’hui, pour Israël, le dossier de la Francophonie n’est pas une urgence, ni une priorité nationale »
disposaient chacune d’un département de français autonome enseignant la langue et la littérature françaises. Mais la situation a changé au cours des deux dernières décennies. Il y a eu un amoindrissement de l’enseignement du français dans ces universités. À Haïfa, le département de langue et de littérature françaises a disparu. Il s’est fondu dans le département des cultures. À l’Université de Tel-Aviv, la langue et la littérature françaises sont désormais enseignées dans le département des langues romanes. À l’Université de Beer Sheva, le département d’études françaises a complètement disparu. Seule l’université Bar-Ilan conserve encore en bonne et due forme un département de langue et de littérature françaises.
Comment expliquer ce déclin de l’enseignement du français?
En Israël, le prestige de la France a commencé à s’éroder en 1967, après la déclaration fracassante du général de Gaulle dans la foulée de la guerre des Six Jours : « Les Juifs sont un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur. » Des propos très mal reçus par la majorité des Israéliens. Depuis, les choses ne se sont pas arrangées. Un phénomène généralisé a aussi accentué le déclin des départements de langue et de culture françaises dans les universités israéliennes : la dévaluation des sciences humaines, qui s’affaiblissent alors que les sciences exactes se raffermissent.
Y a-t-il aujourd’hui une intelligentsia francophone israélienne?
Dans les années 60, 70 et 80, des penseurs, des écrivains, des poètes et des universitaires réputés venant de France ou d’Afrique du Nord, tels que Léon Ashkénazi – Manitou –, Claude Vigée, André Neher, André Chouraqui, Benno Gross, Claude Klein, ancien doyen de la Faculté
de droit de l’Université hébraïque de Jérusalem… ont fait rayonner en Israël la francophonie culturelle. Une intelligentsia forgée dans la culture française qui a continué à produire ses œuvres en français. Feu Benny Levy, ancien secrétaire particulier de Jean-Paul Sartre, a fondé, en 2000, à Jérusalem, l’Institut d’études lévinassiennes, qui a contribué à l’essor d’une pensée juive féconde en langue française.
Aujourd’hui, nous avons moins d’intellectuels israéliens qui produisent en français. Cependant, il y en a encore quelques-uns qui se distinguent notoirement : le sociologue Shmuel Trigano, qui anime à Tel-Aviv un cercle d’intellectuels francophones, Dialogia; depuis une quarantaine d’années, Ami Bouganim, natif d’Essaouira, au Maroc, philosophe, romancier et essayiste, est sans doute l’un des grands écrivains contemporains de langue française vivant en Israël, dont l’œuvre en hébreu devient aussi assez volumineuse…
Avec presque un million de citoyens parlant le français à divers degrés, Israël n’est toujours pas membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Comment expliquer ce grand paradoxe?
En 1993-1994, du temps où je servais comme ambassadeur d’Israël à Paris, nous avions fait des efforts substantiels pour qu’Israël adhère à l’OIF, organisation qui réunit aujourd’hui près de quatre-vingts pays ayant en partage la langue française. La France souhaitait qu’Israël devienne membre de l’OIF. David Levy, alors ministre des Affaires étrangères d’Israël, et ensuite son successeur dans cette fonction, Shimon Peres, francophile extrêmement apprécié des Français, avaient donné le feu vert pour entamer les démarches afin qu’Israël devienne membre de l’OIF. Il faut rappeler qu’en 1992, Yitzhak Shamir, alors premier ministre d’Israël, n’était pas très enthousiaste à l’idée d’une adhésion d’Israël au mouvement de la Francophonie. Il avait eu cette petite phrase indiquant sa réserve : « Pourquoi nous faut-il un autre tribunal international? » Il savait bien qu’à l’OIF on ne parlait pas que de langue, de littérature ou de culture françaises. Il voulait éviter ce « piège » à Shimon Peres. Au contraire, ce dernier, plus ouvert au niveau de la paix et du dialogue avec nos voisins arabes, considérait que l’adhésion d’Israël à la Francophonie serait un acquis important pour Israël.
Israël remplissait-il alors les conditions d’adhésion à l’OIF?
Absolument. Le Quai d’Orsay avait mené une enquête sur le terrain. Le bilan avait été tout à fait satisfaisant : plus d’un demi-million d’Israéliens francophones; un département de langue et de littérature françaises dans les cinq grandes universités d’Israël; enseignement du français dans les lycées de l’Alliance israélite universelle (AIU) et des écoles israéliennes… Pour le Quai d’Orsay, c’était un billet d’accès suffisant pour qu’Israël puisse rejoindre le mouvement international de la Francophonie. Il ne fallait plus que passer à l’acte. Mais le Liban, qui à l’époque était sous la férule de la Syrie et dont le Sud était encore occupé par Israël, s’est opposé vigoureusement à l’adhésion d’Israël, qui requérait l’unanimité des membres de l’OIF. Un consensus absolu est nécessaire. Même après l’évacuation du Sud du Liban par Israël, en 2000, le gouvernement libanais a continué à signifier sa fin de non-recevoir. Mais, sur l’avis de nos amis français, Israël a recherché et trouvé d’autres formes de coopération internationale, notamment par le truchement de jumelages avec des villes méditerranéennes ou européennes, Haïfa avec Marseille, Tel-Aviv avec Barcelone…
Israël souhaite-t-il toujours adhérer à la Francophonie?
Aujourd’hui, pour Israël, ce dossier n’est pas une urgence ni une priorité nationale. Mais comme vous le savez, Israël est à la recherche de l’élargissement de son champ de reconnaissance diplomatique. Il essaye aujourd’hui d’obtenir le statut d’observateur auprès de l’Organisation de l’union africaine (OUA). Certains se demandent : qu’estce que l’adhésion à l’OUA va rapporter à Israël? Le statut d’observateur est l’outil nécessaire pour maintenir une relation vivante avec les chefs d’État africains et les décideurs des États membres de l’OUA. Il en est de même pour la Francophonie, qui pourrait être pour Israël non pas une espèce de tribunal, tel que le concevait Yitzhak Shamir, mais une tribune internationale à partir de laquelle il pourrait jouer de son influence. Aujourd’hui, Israël est un pays attractif grâce à ses acquis dans divers champs fondamentaux : la haute technologie, la médecine, la recherche scientifique, la cybersécurité, l’agriculture, le traitement de l’eau … En jouant de cette influence, Israël pourrait obtenir des soutiens, qu’il n’a pas à l’heure actuelle, aux Nations unies, je parle plus précisément de l’Assemblée générale, où une vingtaine de résolutions anti-israéliennes sont adoptées chaque année. C’est pourquoi pour Israël, l’adhésion à l’OIF est un enjeu diplomatique important.
Comment envisagez-vous l’avenir de la francophonie en Israël ?
Je suis optimiste de nature. Vivre en Israël avec tous les défis auxquels le pays est quotidiennement confronté, ça relève déjà de l’optimisme. Je pense que pour la francophonie israélienne, il en va de même. Ce dossier est intimement lié à l’évolution de la paix et de la coexistence israélo-arabes. Une fois que le conflit israélo-palestinien sera réglé, Israël pourra enfin adhérer sans entraves à l’OIF. Les Accords d’Abraham ont modifié les paradigmes du conflit israélo-arabe. La normalisation des relations diplomatiques entre Israël et quatre pays arabes, le Maroc, le Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Soudan, c’est indéniablement une avancée formidable. C’est pourquoi mon optimisme est fondé sur un certain réalisme.
LA PENSÉE JUIVE FRANCOPHONE DE LA SHOAH À NOS JOURS
SONIA SARAH LIPSYCLa pensée juive francophone se caractérise notamment par les origines sépharades comme ashkénazes de ses représentants, sa disparité géographique en Europe, en Israël et en Amérique du Nord, principalement au Québec, sa tentative de dire en français, cette langue héritière de l’Antiquité (latin et grec) – et dont usait parfois son plus noble représentant, Rachi (11e siècle) –, des concepts de la pensée hébraïque, sa capacité à transcender généralement les différentes sensibilités religieuses du judaïsme et sa pérennité au travers des épreuves et des immigrations.
Les années après la Seconde Guerre mondiale et son héritage Après la Shoah, il fallait en France comme ailleurs, se relever, créer des lieux où à nouveau les Juifs puissent être ensemble, se ressourcer, étudier et partager une vie juive. Trois figures furent importantes dans cette continuité et ce renouveau de la pensée juive francophone : le philosophe Emmanuel Levinas, directeur de l’École normale israélite orientale (ENIO), l’universitaire André Neher et le rabbin Léon Ashkenazi, penseur et éducateur connu sous son nom de totem des Éclaireurs israélites de France (EIF), Manitou.
Natif de Lituanie, Levinas a commenté des passages du Talmud et a développé une philosophie axée sur l’impératif éthique qui nous lie à autrui. André Neher, Alsacien, a été titulaire de la première chaire d’hébreu moderne, à Strasbourg. Il a fait redécouvrir l’œuvre du célèbre Maharal de Prague (16e siècle). Parmi ses élèves, l’on compte Benjamin Gross, fondateur de l’École juive Aquiba dans cette même ville. Il est l’auteur d’une traduction et d’un commentaire remarquables du Nefesh Hahayim du rabbin de Volozhin, un élève du Gaon de Vilna (18e siècle), qui est pour ma part un ouvrage incontournable, m’accompagnant dans mon chemin spirituel depuis des dizaines d’années. Sa pensée sur le prophétisme hébraïque est mise en valeur actuellement par Gaelle Hanna Sebag Serero*, chercheure franco-israélienne, directrice des programmes du Campus francophone du Collège académique de Netanya.
Manitou venait d’Algérie d’une famille de rabbins kabbalistes. Il dirigea l’école Gilbert Bloch d’Orsay créée par l’un de ses maîtres, Jacob Gordin. Cette école avait pour but de
former les cadres juifs après la Shoah. Là, des filles et des garçons découvraient, renouaient avec ou poursuivaient des études juives tout en continuant leur cursus universitaire. On définissait ce lieu comme « l’École polytechnique des disciplines du judaïsme ». Et le pari fut réussi. Manitou savait traduire en français le génie de la pensée hébraïque. De plus, il convoquait ses sources et les faisait dialoguer avec d’autres sciences humaines et traditions ainsi qu’avec l’actualité, comme le retour des Juifs à Sion. D’ailleurs, il poursuivit son œuvre dans l’État hébreu où il se rapprocha de la pensée du rav Kook et fonda Maayanot et le Centre Yair, des centres d’études juives de langue française. Parmi les enseignants, il y avait une femme singulière, Éliane Amado Levy-Valensi, initialement de Marseille, psychanalyste et férue de Kabbale. Dans cette même génération d’avant et d’après-guerre, citons Edmond Fleg, qui écrivit des livres marquants, André Chouraqui, le traducteur inestimable de la Bible, l’énigmatique maître Chouchani et Elie Wiesel qui écrivit le plus souvent originellement en français. L’École d’Orsay fut une pépinière d’où sortirent les penseurs Henri Atlan et Armand Abécassis*, connu pour ses émissions de télévision et livres avec le rabbin Josy Eisenberg, mais aussi pour son œuvre en pensée juive. Enseignant inlassable, il est l’un des experts du dialogue judéo-chrétien, initié par l’historien français Jules Isaac.
Nombre de ces intellectuels s’exprimèrent au sein du Colloque des intellectuels juifs de France.
Il y a peu de personnes qui ne sont pas redevables à l’enseignement de Manitou dans le paysage français, comme par exemple le rabbin Eliahou Abitbol, qui fonda à Strasbourg une véritable plaque tournante du judaïsme en France, la Yéchiva des étudiants. Il accueillit notamment Benny Lévy, l’ancien secrétaire de Sartre et dirigeant de la gauche maoïste qui se mit à 40 ans à l’étude du Talmud. On dit que si l’extrême gauche n’a pas sombré dans le terrorisme comme en Allemagne ou en Italie, c’était beaucoup grâce à ce leader, Juif égyptien. Il diffusa également à Jérusalem la pensée de Levinas. En France, une autre héritière de ce philosophe est Catherine Chalier, signataire au fil des ans d’une œuvre
* L’astérisque renvoie aux personnes qui ont déjà collaboré au LVS, ou se sont rendues à Montréal à l’invitation du Festival Sefarad ou de Aleph au sein de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec (CSUQ).
impressionnante touchant à plusieurs facettes du judaïsme.
Après Mai
68
Durant cette époque, aux côtés de Jacques Attali et des « nouveaux philosophes » comme Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy, il y a Shmuel Trigano qui, contrairement aux deux dernières personnes citées, connaît l’hébreu et de près les textes de la tradition talmudique et ésotérique. Infatigable penseur et organisateur de colloques en France au sein de l’Alliance israélite universelle (AIU) et maintenant en Israël avec l’Université populaire du judaïsme, sa production livresque est impressionnante. Plus d’une vingtaine d’ouvrages et soixante-dix numéros de la revue de pensée juive Pardès qu’il cofonda en 1985.
À la même période, toute une cohorte de jeunes héritiers de la pensée de Mai 68 (re)découvrait la pensée juive. Une collection, « les Dix Paroles » aux Éditions Verdier, était créée par Charles Mopsik, un spécialiste incomparable de la Kabbale dont il traduisit en français quelques textes. À Toulouse, il faut relever l’œuvre particulière, à la fois philosophique, historique et poétique, de Monique-Lise Cohen. Dans l’enceinte universitaire se sont démarqués le politologue Raphaël Draï qui allia droit, psychanalyse et pensée juive, David Banon et Maurice-Ruben Hayoun, tous deux versés dans l’exégèse hébraïque et Pierre-André Taguieff pour ses travaux importants sur la judéophobie et l’antisémitisme.
Aujourd’hui
De nombreux penseurs juifs, et on s’en réjouit, peuplent de nos jours le paysage francophone en France ou ailleurs. Georges Bensoussan*, un intellectuel hors pair, à la fois spécialiste de la Shoah, des Juifs dans les pays arabes et du Sionisme (excusez du peu…); le génial rabbin Marc-Alain Ouaknine qui succéda à Victor Malka* à l’émission sur le judaïsme diffusée sur France Culture (Talmudiques); Ariel Tolédano* pour ses travaux sur la médecine et le judaïsme; Hervé-Elie Bokobza, penseur iconoclaste; le rabbin Delphine Horvilleur pour ses ouvrages remarqués et sa présence médiatique. En Israël, citons les enseignements d’Oury Cherki et Menahem Ackerman* dans le sillage de la pensée de Manitou, le rabbin Mikhaël Benadmon*, digne représentant d’une tradition sépharade orthodoxe et ouverte, Nadine Shenkar* et Ariela Chetboun pour leurs travaux sur la Kabbale et bien d’autres que l’on peut suivre sur YouTube. Nous ne pouvons manquer de rappeler les femmes qui se sont engagées pour l’équité des droits des femmes au sein du judaïsme, comme l’écrivaine et enseignante Claude-Annie Gugenheim, le rabbin Pauline Bebe, Janine Elkouby et la professeure et talmudiste Liliane Vana.
La relève de la nouvelle génération et les médias sociaux
Il existe réellement une relève de la pensée juive dans le monde francophone et comme le reste, il est difficile de citer tout le monde. Il y a en particulier Gabriel Abensour* que nous avons identifié très tôt comme l’un des leaders du monde sépharade. De sensibilité moderne orthodoxe, il avait créé avec le penseur et juriste Emmanuel Bloch* un site qui palliait cette absence dans l’univers francophone. Toujours dans cette mouvance, soulignons l’initiative et le dynamisme du couple en formation rabbinique dans un institut newyorkais, Emile et Myriam Ackermann*, qui ont créé cette année, à Paris, une communauté moderne orthodoxe. De plus, Myriam et Tali Treves Fitoussi* ont fondé KolElles, un institut d’études supérieures dans lequel les femmes francophones étudient le Talmud. Surtout depuis la pandémie, les études juives sont accessibles de partout par Zoom. Il faut mentionner encore deux autres femmes brillantes, Sophie Bigot Goldblum*, doctorante à l’Université Bar-Ilan et Noémie Issan-Benchimol*, qui conjugue droit talmudique et philosophie. Toute cette génération s’exprime dans des magazines de pensée juive comme Tenou’a et L’Éclaireur, disponibles aussi en ligne. En ligne, relevons ce formidable site de ressources qu’est Akadem.
Et à Montréal ?
Notre communauté n’est pas en reste… Des rabbins francophones s’expriment au sein de leurs congrégations ou de leurs structures d’études, parmi lesquels les rabbins Haim Nataf, Shalom Chriqui*, Jacob Levy*, MoÏse Ohana, Avraham Abitbol* et Daniel Cohen*, spécialiste de la Kabbale. Mais il y a également les enseignements depuis des années de Jo Gabay*, ancien élève de Manitou, et les écrits de David Bensoussan*. Une figure se détache tout particulièrement au travers de son rayonnement international : le rabbin Mordékhaï Chriki*, qui a fondé à Montréal en 1985 l’institut Ramhal (18e siècle) avant de poursuivre son œuvre à Jérusalem. Il publie des manuscrits inédits de ce penseur et kabbaliste d’origine italienne, les traduit et diffuse sa pensée. Parmi le groupe autour de lui, citons le rabbin Raphaël Afilalo*, aujourd’hui également en Israël, pour ses ouvrages sur la Kabbale.
D’un point de vue universitaire, il faut saluer à l’Université de Montréal l’œuvre du rabbin et historien David Feurwerker et actuellement le microprogramme en études juives dirigé par Robert Schwartzwald.
Et le Centre Aleph que j’ai eu le plaisir de fonder il y a 13 ans et dont la conférence inaugurale avait été donnée par Pierre Henry Salfati, cinéaste et écrivain, une autre figure de ce paysage de la pensée juive francophone.
LE DR ELIE HADDAD LAURÉAT DU PRIX DES CLINICIENS-CHERCHEURS 2022
ANNIE OUSSET-KRIEFLe professeur Elie Haddad a reçu en juin dernier le prix des Cliniciens-Chercheurs (Pediatric Academic Leadership Clinician Investigator Award), décerné par les Directeurs des Départements de pédiatrie du Canada (Pediatric Chairs of Canada). L’organisme représente les services de pédiatrie des 17 écoles de médecine du Canada. Cette récompense prestigieuse vient couronner des années de recherche dans le champ de l’immunologie pédiatrique.
Le 2 septembre dernier, le Dr Haddad a été élu membre de l’Académie canadienne des sciences de la santé, qui réunit les plus éminents scientifiques et chercheurs canadiens du domaine de la santé et des sciences biomédicales.
Elie Haddad connaît un parcours professionnel brillant. Originaire de France, c’est à Paris qu’il a fait ses études de médecine (Université Paris 6). Titulaire d’un doctorat en médecine (M.D.) et d’un doctorat en sciences (PhD) dans le domaine de l’immunologie, il a enseigné la pédiatrie à l’Université Paris 7. En 2005, il est recruté par le CHU Sainte-Justine pour diriger son service d’immunologie et de rhumatologie pédiatrique. Il est aussi à la tête d’un laboratoire de recherche en immunopathologie pédiatrique et est professeur titulaire au département de pédiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Il a été élu à la tête de la Société d’immunologie clinique en avril 2021 – fait remarquable, c’est la première fois dans l’histoire de cette société savante, réunissant des scientifiques renommés de nombreux pays, qu’un Canadien est élu à sa présidence. Cette élection « récompense l’ensemble de son travail dans le domaine des maladies immunitaires » (annonce faite par le CHU Sainte-Justine).
Ses recherches portent sur les déficits immunitaires, l’immunothérapie du cancer et l’immunologie pédiatrique en général. Il est l’auteur de plus de 175 articles cités à plus de 12 000 reprises.
Le professeur Haddad a été le récipiendaire de plusieurs prix : en 2011, le prix du jeune chercheur Fondation des Étoiles lui a été décerné par le CHU Sainte-Justine, en 2015, il a reçu le prix recherche du département de pédiatrie de l’Université de Montréal.
La nouvelle distinction qui vient de lui être attribuée est pour lui une immense satisfaction : « Il n’y a rien de plus gratifiant que d’être honoré par ses pairs. La carrière d’un clinicien-chercheur est faite de quelques hauts et de beaucoup de bas. Nous passons notre vie à chercher des fonds et à écrire des articles, avec beaucoup de frustration et quelques succès. Le seul bonheur est de maintenir en vie notre laboratoire, ne pas arrêter la recherche. Le fait d’être reconnu par nos pairs, c’est une des plus belles reconnaissances », nous a-t-il dit au cours d’une entrevue qu’il a accordée à La Voix sépharade
Ses projets de recherche sont nombreux, notamment dans le domaine des déficits immunitaires. Il codirige le Consortium pour le traitement de l’immunodéficience primaire (Primary Immune Deficiency Treatment Consortium ou PIDTC), un consortium regroupant 47 centres nord-américains qui ont pour objectif le traitement des déficits immunitaires.
Un autre de ses chantiers de recherche porte sur l’établissement de stratégies innovantes pour l’immunothérapie et la thérapie génique. Le principe de l’immunothérapie consiste à travailler sur le système immunitaire. On prélève des cellules dans le sang ou dans la moelle osseuse, on les modifie puis on les réinjecte dans l’organisme pour que les cellules ainsi modifiées combattent le cancer.
L’une des stratégies aujourd’hui utilisées, explique-t-il, est la stratégie des « CAR » – de l’anglais Chimeric Antigen Receptor. Les cellules modifiées produisent un récepteur antigénique qui leur permet de reconnaître les cellules
cancéreuses, de les cibler et de les tuer. Le professeur Haddad utilise cette stratégie en innovant, par exemple en travaillant sur les cellules dites « Natural killers » (cellules tueuses naturelles), ou sur des cellules souches de la moelle osseuse.
L’immunothérapie est beaucoup utilisée à l’Hôpital Sainte-Justine, notamment pour traiter la leucémie chez les enfants. Le professeur Haddad insiste sur les progrès réalisés grâce à cette thérapie, tout en soulignant le fait que ce traitement est encore nouveau (il a été mis en place depuis quelques années à peine). Il est impossible de garantir le succès à long terme ou l’absence de rechute. Mais les résultats enregistrés sont encourageants et poussent un très grand nombre de laboratoires dans le monde à intensifier leurs recherches afin d’améliorer la thérapie. Le laboratoire du Dr Haddad est à la fine pointe dans ce domaine. Ces stratégies représentent un changement considérable par rapport aux techniques qui étaient employées il y a une cinquantaine d’années. Il n’est plus question d’utiliser des drogues, mais de travailler à partir des cellules du malade.
La thérapie génique constitue son troisième champ d’activités. Les maladies génétiques sont des maladies plus rares, mais elles sont les premières causes des maladies de l’enfant (60 à 70 %). Heureusement, la technologie avance à pas de géant et permet de progresser rapidement.
« Ces thérapies constituent une véritable révolution, nous sommes entrés dans une nouvelle ère pour la médecine : une médecine de précision, basée sur les gènes de la personne, qui vise à l’individualisation des traitements afin de mieux soigner chaque patient. »
Le Dr Haddad exprime son optimisme pour l’avenir. Le partage des connaissances entre chercheurs internationaux, la collaboration des laboratoires, les progrès technologiques, tout tend à renforcer la confiance dans le progrès. Reste l’obstacle financier, car tous ces traitements sont onéreux, les services de santé devront relever ce défi.
SYLVAIN ABITBOL LAURÉAT DE LA MÉDAILLE SAMUEL BRONFMAN
La médaille Samuel Bronfman est la plus haute distinction décernée par la Fédération CJA à un ou une bénévole en reconnaissance de son leadership et des services extraordinaires rendus à la communauté juive. Depuis sa création en 1971, elle a été décernée à des personnes qui sont des modèles importants au sein de notre communauté.
Au cours de la dernière Assemblée générale de la Fédérastion CJA, Charles Bronfman a remis la médaille au lauréat de cette année, Sylvain Abitbol.
Philanthrope convaincu et modèle inspirant, Sylvain Abitbol est un leader communautaire exemplaire.
Il a été président de la Fédération CJA et de la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ) et coprésident du Congrès juif canadien (CJC). Il s’est aussi engagé activement auprès du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) dès sa création en 2004.
Sylvain Abitbol est actuellement coprésident au niveau mondial de l’organisation Justice for Jews from Arab Countries (JJAC), une ONG qui a œuvré auprès du Congrès des États-Unis afin que le statut officiel de réfugié soit accordé aux Juifs des pays arabes. M. Abitbol est intervenu aux Nations unies à New York et à Genève, en plus de s’exprimer devant la Chambre des lords du Royaume-Uni et la Chambre des communes du Canada. Durant son mandat, la JJAC est parvenue à ce que la Knesset israélienne déclare le 30 novembre comme Journée commémorative de l’exode des Juifs des pays arabes.
« Notre incroyable communauté montréalaise a été créée par un groupe remarquable de leaders bénévoles et professionnels qui nous
ont précédés et qui ont donné de leur temps, de leur sagesse et de leur énergie. Sylvain Abitbol, récipiendaire de la médaille Samuel Bronfman, fait partie de ces personnes essentielles. C’est un leader charismatique qui dégage un optimisme contagieux et qui fait ressortir ce qu’il y a de mieux chez les autres. Il mérite vraiment de recevoir cette médaille », a déclaré Joel Segal, président de la Fédération CJA.
Le Consul général d’Israël à Montréal et pour les provinces maritimes, Paul Hirschson , a également félicité Sylvain Abitbol. « Vous contribuez à changer les choses. »
Sylvain Abitbol a raconté à l’assemblée son parcours personnel semé d’embûches : le départ de son Maroc natal, la quête de son identité juive, son intégration dans la communauté juive de Montréal et son succès comme entrepreneur dans le monde des affaires. Fièrement entouré de ses enfants et petits-enfants, il a accepté la médaille en déclarant : « Mon rêve a été réalisé. »
Source : communiqué de presse de la Fédération CJA, 26 septembre 2022.
HANOUKA ET LA MITZVA DE KIDDOUCH HACHEM
RABBIN YAMIN LEVYLa fête de Hanouka célèbre la victoire miraculeuse d’un « petit nombre contre un grand », et la promesse de la survie du peuple juif envers et contre toute adversité. Le Talmud décrit ces jours sacrés comme une période « de louange et de gratitude » alors que nous commémorons la réinauguration du Temple à Jérusalem, et l’unique fiole d’huile qui a servi à entretenir la lumière de la ménorah pendant huit jours. Hanoukah est une fête unique, dans la mesure où on la célèbre chez soi, en allumant des bougies qui évoquent le souvenir du Bet HaMikdach, et éveillent la conscience au caractère éphémère de la vie.
Bien que le récit de la victoire du peuple juif contre les armées gréco-syriennes ne fasse pas partie du canon biblique, il est consigné dans les livres des Maccabées, qui furent écrits par des Juifs fiers de leur histoire, fermement engagés envers les valeurs et les pratiques religieuses juives. Mais les livres des Maccabées sont davantage qu’une chronique historique. Leurs auteurs avaient pour but de décrire le grand sacrifice que leur génération avait fait au nom de la Torah, du Peuple d’Israël et de Dieu. Dans le judaïsme, comme dans toutes les religions et tous les mouvements politiques crédibles, le martyre est considéré comme un acte de dévotion suprême. Une doctrine qui prétend à la vérité ultime doit aussi pouvoir prétendre au sacrifice ultime de ses adeptes. Ainsi, les livres des Maccabées mettent en scène une pléiade de héros juifs, des hommes et des femmes qui sacrifient leur vie au combat et dans l’affirmation publique de leur allégeance au judaïsme et au Dieu d’Israël. Le grand courage dont a fait preuve El’azar, le frère de Yehouda HaMaccabi, en est un exemple :
« Une partie du camp du roi se déploie sur les hautes montagnes et une partie dans la dépression : ils vont en sécurité et en ordre. Tous ceux qui entendent la voix de leur foule, ses pas, le tintement des armes tremblent : oui, le camp est fort grand et puissant. Iehouda et son camp s’approchent pour la guerre,
six cents hommes du camp du roi tombent. El’azar Horân voit une des bêtes cuirassée aux mailles du roi, elle est plus haute que toutes les bêtes et il semble que le roi se trouve dessus. Il s’offre pour sauver son peuple et se faire un nom en pérennité. Il court vers lui héroïquement au milieu de la phalange; il tue à droite et à gauche, ils s’écartent de lui, ici et là. Il se glisse sous l’éléphant, le frappe par en dessous et le tue. Il tombe à terre, sur lui, et il meurt là. »
La mort d’El’azar est représentée comme l’ultime acte de sacrifice et de martyre pour « son peuple ». Un autre genre de sacrifice décrit dans cette chronique historique a lieu non pas sur le champ de bataille, comme un acte de martyre national, mais dans la communauté, comme un acte de sacrifice religieux.
« El’azar, l’un des premiers scribes, un homme avancé en âge, très beau de visage, est forcé d’ouvrir la bouche pour manger de la viande de porc. Il choisit de mourir dans l’honneur plutôt que de vivre dans la honte et va, de son plein gré, au supplice de la roue; il crache la viande comme doivent le faire ceux qui refusent avec courage de manger ce qu’il est interdit de goûter par amour de la vie {…} Sur le point de mourir sous les coups, il soupire et dit : ‘{…} Je suis fouetté et souffre des souffrances terribles en mon corps, mais en mon être je les supporte volontiers parce que je frémis de lui’. »
L’histoire la plus connue, bien sûr, est celle de Hanna et de ses sept fils, qui succombèrent à un terrible supplice public sous les yeux de leur mère, choisissant volontairement la mort plutôt que la soumission à une idole. Tous ces actes de sacrifice sont désignés dans la loi juive comme des actes de Kiddouch Hachem, de sanctification du nom de Dieu.
Ayant lui-même vécu la persécution en Afrique du Nord au 12e siècle de notre ère, le grand maître Maïmonide, HaRambam, comprenait la complexité du sacrifice au nom du judaïsme et de Dieu, et savait que cette notion devait être attentivement élucidée de crainte que les zélés n’encouragent le sacrifice suicidaire et ne mettent en danger la survie du peuple juif. Comme pour tous les commandements de la Torah, le zèle doit toujours être guidé par la raison. Dans la première partie de son code de loi juive Michné Torah, HaRambam décrit de manière détaillée le raisonnement selon lequel la loi juive traditionnelle conçoit le problème du martyre. Présentée de manière sobre et sous un angle pratique, son élucidation des lois régissant le martyre correspond à l’approche sépharade traditionnelle de cette question complexe et chargée d’émotion.
En plus de son commentaire juridique à ce sujet dans le traité Hilkhot Yesodé HaTorah, « Lois des fondements de la Torah », HaRambam a rédigé une lettre connue sous le nom de Iggeret HaChemad, lettre de l’apostasie, ou de Iggeret Kiddouch Hachem, lettre concernant la sanctification du nom de Dieu. HaRambam a écrit cette lettre en 1160, alors qu’il avait environ vingt-six ans.
La lettre était une réponse à la communauté juive du Maroc, qui était persécutée par la dynastie barbare des Almohades. La version de l’islam pratiquée par ces conquérants était basée sur la conception d’Abdallah ibn Toummart, qui considérait l’islam comme une religion dédiée au Coran et à l’épée. Ibn Toummart était un zélote pour qui le luxe, la poésie, la musique et l’art devaient être bannis. Il proclamait la supériorité de l’islam et exigeait de tous les sujets du royaume qu’ils prononcent la confession de foi, la Chahada, affirmant qu’Allah est Dieu et que Mohammed est son prophète. Son ambition était de faire régner l’islam partout dans le monde au fil de l’épée et par la soumission à la loi de Mohammed, ou la Charia.
En 1146, les dirigeants de la communauté juive du Maroc furent convoqués et l’ultimatum suivant leur fut donné :
Vos ancêtres n’ont pas accepté Mohammed comme le vrai prophète … si vous n’acceptez pas dès maintenant Mohammed comme votre prophète, nous vous considérerons comme des hérétiques et des parias, et le séjour sur notre terre vous sera interdit. Si vous décidez de rester ici, vous n’avez que deux choix : la soumission à l’islam ou la mort.
Les Juifs du Maroc furent nombreux à subir le martyre, tandis qu’un nombre égal consentirent à prononcer extérieurement les paroles de la Chahada – « il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah et Mohammed est son prophète » –, sauvant ainsi leur vie tout en continuant de pratiquer leur religion juive en secret. Ces derniers puisèrent encouragement et consolation dans une lettre écrite par le père de HaRambam, Maimon HaDayan.
Quand la nouvelle de la persécution des Juifs du Maroc, et de l’attitude compatissante de Rabbi Maimon HaDayan envers les Anoussim (Juifs contraints à la conversion), parvint en Europe, les autorités rabbiniques y réagirent vivement. Un rabbin piétiste européen écrivit une lettre statuant que tous les Juifs du Maroc devaient se soumettre à l’épée, et donc choisir la mort, plutôt que prononcer la Chahada. Tout Juif qui prononce la Chahada « ne sera plus considéré comme étant juif ». Aux yeux des Juifs d’Europe, l’islam était un culte idolâtre et le seul recours pour les Juifs contraints à s’y convertir était la mort. Cette réponse sema la panique et le désespoir parmi les Juifs d’Afrique du Nord.
HaRambam fut indigné de l’ignorance, de l’intolérance et du manque de compassion de ce critique de salon européen. Il s’attela à percer le cœur de la question – la nature de la mitzva de Kiddouch Hachem, de la sanctification du nom de Dieu. HaRambam souligne qu’on doit d’abord considérer la différence entre ceux qui pèchent sous la contrainte et ceux qui pèchent en proie à un penchant malfaisant. Il précise aussi que, contrairement au christianisme, l’islam n’est pas un culte idolâtre. Il explique ensuite la différence fondamentale entre transgresser la loi en actes et transgresser la loi en paroles. Enfin, il loue le courage des Anoussim, qui préservent le judaïsme à leur péril afin d’assurer la pérennité du peuple juif.
Cette lettre a élevé HaRambam au rang des autorités religieuses les plus éminentes de son époque, en tant que fervent défenseur du peuple juif.
Texte traduit de l’anglais au français par Yolande Amzallag. La version originale en anglais est en ligne sur le site Web de LVS : lvsmagazine.com
¹Maccabées 1; 6:40-45. Traduction d’André Chouraqui.
²Maccabées 2; 6:18-20; 30. Traduction d’André Chouraqui.
MAROC, TERRE DE CONVIVENCE, ET LE DROIT HÉBRAÏQUE
ELIE BENCHETRIT
Bien avant la signature des accords d’Abraham, la Fédération sépharade du Canada, présidée par M. Avraham Elarar, s’était fixé, parmi ses principaux objectifs, dont la promotion du sionisme et du séphardisme partout au Canada, de favoriser les activités de rapprochement avec les instances marocaines. Cela s’est concrétisé avec les représentations diplomatiques marocaines au niveau des consulats et de l’Ambassade et également avec des associations prônant le dialogue judéo-marocain, comme « Mémoires et dialogue ».
La visite d’une délégation de la Communauté juive de Montréal à l’Ambassade du Maroc à Ottawa à l’invitation de Mme l’Ambassadeur, S.E. Souriya Otmani, est un exemple marquant des liens qui nous unissent à ce pays.
La reprise des relations diplomatiques entre le Royaume du Maroc et l’État d’Israël coïncida avec la relance des initiatives au niveau national visant à redonner ses lettres de noblesse à l’histoire du judaïsme au Maroc.
La signature d’une convention entre le Centre des études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc, le ministère de l’Éducation nationale marocain et l’Association Essaouira-Mogador pour la promotion des valeurs de coexistence dans la diversité au sein des établissements scolaires et universitaires fut certes l’une des initiatives les plus remarquables.
Comment l’école marocaine peut-elle servir à l’enracinement d’une culture du vivre ensemble au sein de la jeunesse? La décision d’introduire l’enseignement de la Shoah dans le cursus scolaire marocain constitue une avancée de taille dans ce processus.
La tenue d’un colloque sur la Shoah et l’Afrique du Nord, organisé par la Fédération sépharade du Canada dans le cadre du Festival Sefarad de Montréal qui s’est tenu en novembre dernier, s’inscrivait dans le droit fil de ce courant d’ouverture et de rencontre avec l’Histoire afin de mieux préparer l’avenir.
Le colloque du 24 juillet dernier, « Le Maroc, terre de convivence, et le droit hébraïque », fut aussi une initiative de la Fédération sépharade du Canada en collaboration avec le Centre culturel marocain, Dar Al Maghrib, l’Université Mohammed V de Rabat et le Centre d’études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc.
Ce jour-là, dans le magnifique salon de Dar Al Maghrib, un public nombreux, composé de Juifs et de Musulmans, ainsi que des représentants de diverses organisations culturelles, s’était rassemblé pour assister aux interventions des illustres conférenciers invités, dont le Grand Rabbin du Québec, le Dr David Sabbah, le Dr Rabbin Moïse Ohana, chef spirituel de la Congrégation Or Hahayim de Côte-Saint-Luc, le professeur Farid el Bacha, doyen de la Faculté de Droit de l’Université Mohammed V, le professeur Abdellah Ouzitane, professeur à la Faculté de Droit de Bordeaux et président fondateur du Centre des études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc, et M. Hayim Cohen, président de la Fédération sépharade d’Israël, basée à Jérusalem.
Les interventions des conférenciers ont été suivies avec attention par un public intéressé non seulement par le contenu, mais également par une ambiance empreinte de fraternité entre les composantes juive et musulmane d’un pays, le Maroc, que nous gardons dans nos cœurs et dans nos mémoires.
Il est important de souligner dans le cadre de la solennité de cet événement l’accueil chaleureux et fraternel qui fut réservé par le public aussi bien juif que musulman au Grand Rabbin du Québec, le Dr David Sabbah, et à son collègue du Tribunal rabbinique de Montréal, le Rabbin David Banon, tous les deux portant la toge traditionnelle ainsi que la coiffe en usage dans les Tribunaux rabbiniques du Maroc
par les Dayanim — les Rabbins Juges. Un moment fort d’émotion et de souvenirs qui remontait à l’époque où grands et petits s’arrêtaient respectueusement au passage des Dayanim pour leur embrasser la main. Un autre moment fort : quand le Grand Rabbin du Québec reçut deux fortes ovations debout après qu’il eut béni la conférence. Il y eut également du côté musulman un message préenregistré de l’Imam de la Mosquée Lalla Khadija de Rabat, Mohammed Amin Ismaïli, qui rappela la protection étendue par feu Sa Majesté Mohammed V à la communauté juive du Maroc pendant la sombre période de Vichy.
S.E. l’Ambassadeur Souriya Otmani insista dans son discours sur le caractère pluraliste du Royaume inscrit dans la constitution marocaine et cher à sa Majesté Mohammed VI.
Interrogé par le journal en ligne The Canadian Jewish News, le président de la Fédération sépharade
du Canada, M. Avraham Elarar, insista sur le fait que les universitaires marocains avec qui il a développé des relations spéciales à travers des échanges universitaires sont ravis de ce nouveau climat de confiance entre chercheurs marocains et israéliens. Il a cité pour exemple les accords entre l’Université Bar Ilan de Tel-Aviv et l’Université Mohammed V de Rabat lors des rencontres à Bayt Dakira, à Essaouira.
« Contrairement à l’Égypte, Israël et le Maroc ont établi une paix réelle, presque une alliance. N’oublions pas qu’il existe en Israël près d’un million de citoyens d’origine marocaine qui n’ont pas oublié le pays de leurs parents et grands-parents. Les accords qui ont été signés émanent de la base et non du sommet. »
Un somptueux buffet cacher attendait les participants à ce bel événement qui une fois de plus mettait en valeur la philosophie de la Fédération sépharade du Canada axée sur le dialogue et, pour utiliser un des mots favoris de son président, la « convivence » entre les peuples.
UN VENT DE CHANGEMENT
ETA YUDIN,
VICE-PRÉSIDENTEQUÉBEC, CIJA
Des milliers de kilomètres ont beau séparer Israël et le Maroc, les deux nations sont aujourd’hui plus près qu’elles ne l’ont jamais été auparavant.
Cela a commencé par la normalisation des relations, dans la foulée des Accords d’Abraham, avec la reconnaissance de l’État d’Israël par le Maroc en 2020 et l’ouverture de canaux diplomatiques formels entre Jérusalem et Rabat.
Puis, ce sont les vols qui sont revenus, d’abord avec El-Al, puis avec Royal Air Maroc, offrant des liaisons directes entre Casablanca et Tel-Aviv.
Et en juillet dernier, Son Altesse Royale le Roi Mohammed VI du Maroc a désigné la communauté juive marocaine en tant que composante de la culture nationale du pays. Cette désignation reconnaît plus de 2 500 ans de contributions et d’histoire des Juifs et Juives marocains à leur pays.
Tandis que certains groupes tentent d’évoluer dans les mêmes vieux paradigmes qu’il y a 74 ans, il est important de noter que le monde arabe évolue, et qu’il se rapproche de plus en plus d’Israël.
La paix qui semblait impossible il y a des décennies, jette aujourd’hui les bases d’une amitié qui se développe avec le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Soudan et aujourd’hui le Maroc. Même l’Arabie Saoudite commence, tant bien que mal, à normaliser ses relations avec l’État hébreu.
Ce sont ces rapprochements qui ont inspiré le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) dans le choix du thème de son traditionnel coquetel de la rentrée parlementaire à Ottawa.
L’événement intitulé « Un goût du Maroc et une gorgée d’Israël » a été tenu conjointement cette année par le CIJA et les ambassades du Maroc et d’Israël.
Parlementaires, journalistes, académiciens, diplomates et éminents membres de notre communauté se sont réunis sous l’égide de leurs Excellences le Dr Ronen Pinchas Hoffman et Souriya Otmani, respectivement ambassadeurs d’Israël et du Maroc au Canada.
Si leur soutien conjoint est symbolique, les rapprochements entre les deux pays sont tangibles. La série d’accords signés sur des enjeux d’échanges commerciaux, de défense, d’éducation et de culture donnent déjà des résultats. Les prévisions sont que les échanges commerciaux entre les deux pays quintupleront rapidement.
Plus important encore est de reconnaître les efforts récents faits par le Maroc pour célébrer les contributions de sa communauté juive, et en particulier ceux du Roi Mohammed VI. Sans lui, il aurait été impossible de mener à bien la restauration de centaines de sites historiques et religieux juifs à travers le pays, tel le cimetière juif de Fès, et l’ouverture récente de nombreux musées dédiés à la conservation et à la promotion de l’histoire juive du Maroc.
Il y a fort à parier que ces grands pas en avant n’auraient jamais été possibles sans les efforts et le soutien constant de la diaspora juive du Maroc. Ce n’est un secret pour personne, la communauté sépharade marocaine de Montréalest une force de changement, et conserve un grand attachement culturel à sa terre ancestrale.
On ne doit pas passer sous silence le fait que tout n’a pas toujours été rose. La communauté restée sur place est bien plus petite qu’avant, étant passée de plus de 265 000 en 1948 à un peu plus de 2 000 aujourd’hui. Il est très clair cependant que ceux et celles qui la font rayonner à travers le monde aident à maintenir sa vitalité.
Soyons clair, tout n’est pas parfait, et ces récents décrets ne régleront pas tous les problèmes. Ce qu’ils nous permettent cependant, c’est de garder espoir en ce que le prochain chapitre réservera pour les Juifs et les Juives de la région. C’est certainement quelque chose qui mérite d’être souligné.
DOLLARD-DES-ORMEAUX UN NOUVEAU PRÉSIDENT ET UN NOUVEAU CENTRE
COMMUNAUTAIRE
ÉRIC YAAKOV DEBROISELa Voix sépharade a rencontré Elie Bengio, nouveau président de la Synagogue Or Shalom de la banlieue ouest de Montréal (orshalomddo.com), et Frank Neuman, directeur du nouveau centre communautaire affilié à cette institution synagogale sépharade.
Deux hommes passionnés par leur communauté, ayant le même désir d’agir et de transmettre. Leur ambition commune : créer une nouvelle impulsion communautaire dans l’ouest de l’Île de Montréal.
Démographiquement, plus de 5 000 Juifs vivent aujourd’hui à Dollard-des-Ormeaux, ce qui constitue plus de 10 % de la population juive montréalaise. Discrète, cette communauté est florissante.
Dollard-des-Ormeaux donne l’impression d’être excentré de tous les services juifs. Or, il y a deux Centres Chabad, un mikvé, une synagogue sépharade, Or Shalom, une école juive, un centre communautaire en devenir, et même la présence de la Fédération CJA.
Pourquoi un nouveau centre communautaire dans l’ouest de Montréal? Y a-t-il un réel besoin?
Elie Bengio : L’ambition de ce nouveau centre communautaire est de recréer dans l’ouest de l’Île de Montréal l’ambiance du Centre Hillel et du CCJ au Y.
Frank Neuman : À Dollard-des-Ormeaux, les Juifs ont un réel besoin d’un centre communautaire. Il y a certes Or Shalom, mais il y a des activités communautaires que cette synagogue ne peut pas organiser parce qu’elles ne sont pas reliées à sa mission spirituelle. Ce centre redynamisera-t-il la vie communautaire juive dans la banlieue ouest de Montréal?
E. Bengio : L’idée d’un centre communautaire à Dollard-desOrmeaux n’est pas neuve. La synagogue Or Shalom abritait déjà l’embryon d’un centre communautaire, des activités s’y déroulaient. Je tiens à souligner la contribution notoire des initiateurs de cet admirable projet, Avi Krispine, Philippe Hazan, Jessica Amar, Gilbert Tordjman... La pandémie a ralenti l’émergence de ce projet qui n’a cessé de prendre de l’essor. Ce qui va faire la différence, c’est l’apport d’un homme expérimenté et très actif dans le milieu communautaire, Frank Neuman, le nouveau directeur de notre centre communautaire.
C’est un défi de taille?
E. Bengio : Certainement. Nous n’avons pas le budget, mais nous faisons le pari qu’une programmation de qualité pour toutes les tranches d’âge et un professionnel chevronné, Frank Neuman, responsable des futures activités communautaires, attireront les familles, les jeunes professionnels et de nouveaux donateurs, à l’instar de Daniel Assouline qui a généreusement appuyé la synagogue Or Shalom.
F. Neuman : Une nouvelle impulsion ne peut se faire sans prise de risque. L’ouest de l’Île de Montréal sera le nouveau centre de la communauté, avec une vie moins coûteuse et une meilleure qualité de vie pour tous. Nous tablons sur une communauté ouverte et soudée. Quels sont les principaux défis de ce nouveau centre communautaire?
E. Bengio : Le premier défi est de se faire connaître. Nous sommes convaincus que le talent et l’expérience éprouvée de Frank Neuman dans l’organisation d’activités communautaires attireront beaucoup de monde au-delà de l’ouest de l’Île. Le second défi sera certes financier. Le troisième défi sera de trouver un nom pour le nouveau centre communautaire qui le distinguera de celui de la synagogue Or Shalom. Je tiens à souligner le précieux soutien de Daniel Assouline à Or Shalom, où est localisé le nouveau centre communautaire.
F. Neuman : Le premier défi sera de contribuer à la transmission de l’identité juive. Le second défi, et pas des moindres, est financier. Sans budget apparent, nous sommes conscients que nous prenons un risque, mais nous sommes résolus à relever ce pari parce que la pandémie nous a permis de tirwer une leçon essentielle : la communauté fait partie de nous, nous avons besoin de socialiser, de nous connecter, pour vivre heureux.
NOUVEAU PRÉSIDENT ÉLU DE L’ÉCOLE MAÏMONIDE
Je viens d’être élu président de l’École Maïmonide. Tout d’abord, je voudrais féliciter et remercier la présidente sortante, Maître Esther Krauze, pour son travail exceptionnel à la tête de l’école ces cinq dernières années.
Quand mes parents sont arrivés du Maroc en 1982 avec cinq enfants à scolariser au primaire et au secondaire, l’École Maïmonide les a accueillis à bras ouverts.
L’École Maïmonide est revenue dans ma vie quand j’ai inscrit mon enfant il y a plus de trois ans. J’ai rapidement réalisé que nos bâtisseurs avaient raison de qualifier celle-ci avec fierté de « plus beau fleuron de notre communauté ».
L’École Maïmonide a connu des années difficiles, nos effectifs jadis de 800 élèves ont diminué à 450 élèves, occasionnant évidemment des pertes de revenus importantes. D’où la nécessité impérative d’instaurer un processus de redressement financier et un processus de planification stratégique, initié par mes prédécesseurs il y a plus de dix ans.
En 2019, j’ai décidé de m’impliquer dans le le comité de collecte de fonds. En 2020, à la suite de ma recommandation, ce comité a créé la campagne de collecte de fonds en ligne, qui a amassé cette année-là plus de 360 000 $. En 2021, une nouvelle campagne nous a permis d’amasser plus de 380 000 $. Ces sommes importantes ont permis à la direction de l’école d’embaucher des ressources additionnelles, d’acquérir du matériel pédagogique afin de perfectionner nos programmes d’enseignement, d’offrir des bourses aux familles les moins fortunées et de doter l’école d’un nouveau mobilier. Ces mesures se sont traduites par une augmentation de nos inscriptions en 2022-2023. Selon moi, la solution est simple : investissons dans la qualité de l’enseignement et les inscriptions scolaires s’accroîtront.
Cependant, je réalise que cela ne pourra pas se faire seulement en perfectionnant nos programmes d’enseignement. L’esthétique et la qualité de nos installations doivent être urgemment améliorées. À cet effet, nous avons dressé une liste complète des travaux d’améliorations locatives dans nos deux bâtisses, à Ville-Saint-Laurent et à Côte-Saint-Luc, que nous aimerions réaliser d’ici les deux prochaines années. Nous entamerons ces travaux incessamment, à la suite de la campagne 2023 à laquelle nous allons conférer une grande envergure.
La pérennité de la communauté sépharade passe par la transmission de nos traditions et coutumes aux plus jeunes dans les bancs de l’École Maïmonide. Je demande aux parents de notre communauté de nous faire confiance et d’inscrire leurs enfants dans notre école. Nos objectifs : continuer à offrir un excellent programme académique et une éducation juive sépharade dans un environnement chaleureux et enrichissant.
Depuis 53 ans, l’École Maïmonide a prodigué une éducation de grande qualité a plus de 3 500 étudiants qui sont aujourd’hui des professionnels, des gens d’affaires accomplis et des membres actifs de la communauté juive de Montréal. Nous comptons poursuivre cette mission éducative fondamentale.
Pour atteindre nos objectifs, je serai épaulé par une équipe remarquable et très dévouée : Michael Dadoun, vice-président; Marc Oliel, trésorier; Michael Fhima, secrétaire; Esther Krauze, présidente sortante; Salomon Oziel, fondateur et ancien président de Maïmonide; le Dr Jean-Claude Lasry, premier président de Maïmonide; Vanessa Fhima, ancienne présidente; Moran Solomon; David Abitbol; Nathalie Reiter; Neta Malka; Odelia Reboh; Yolande Cohen Scali; Cindy Moryoussef; Nelly Delouya; Michael Bensimon et Audrey Amar.
PROGRAMMATION
ACADÉMIE DE SOCCER CSUQ
14 janvier au 4 mars 2023
19h à 19h45
Maternelle à 2e année
20h à 21h 3e à 6e année
Participation aux frais (PAF) : à déterminer
Organisées pendant 8 samedis soirs, les séances de l’Académie de Soccer CSUQ accueillent vos enfants afin de les faire progresser et de leur apporter le bagage technique et tactique nécessaire à leur épanouissement sur le terrain. Progression, plaisir, partage et respect sont les valeurs véhiculées par notre Académie afin de favoriser l’essor et le perfectionnement de vos enfants. Les séances d’entraînement sont adaptées selon l’âge et le niveau de chacun afin de permettre à chaque enfant de s’épanouir quelle que soit son expérience et son niveau de compétence en football.
Les enfants sont encadrés par des éducateurs diplômés qui s’assureront que chaque joueur repartira avec le sourire et le sentiment d’avoir progressé.
20 au 24 février 2023
8h30 à 16h30
Maternelle à 6e année
Participation aux frais (PAF) : à déterminer
5 jours de sorties pendant la relâche scolaire. Centre des Sciences et IMAX • Funtropolis (maternelle – 2e année) / Ninja Factory (3e à 6e année) • Glissades sur tubes • Récréofun (maternelle – 2e année) / Acrosport (3e à 6e année) • Clip n Climb
Pourim en fête
5 mars 2023
13h à 16h
Auditorium Grover Entrée : à déterminer
Kermesse de Pourim Jeux Gonflables Sculpteur de ballons Jeux de kermesse (avec prix) Maquillage pour enfants Décoration de masques et fabrication de hochets de Pourim
Vente de Mishloah Manot Tombola
10 et 11 avril 2023
8h30 à 16h30
Maternelle à 6e année Participation aux frais (PAF) : à déterminer
Camp de jour avec sorties pendant les mi-fêtes de Pessah.
Woo Hoo Écomuseum
26 juin au 11 août 2023
8h30 à 16h30
Maternelle à 6e année
Prix : à déterminer
7 SEMAINES D’ACTIVITÉS ET DE SORTIES INCROYABLES!
Le Camp Benyamin permet aux enfants de découvrir une panoplie d’activités ludiques et sportives. En plus de ces activités, une thématique accompagnera les enfants pendant leur semaine par le truchement d’activités spéciales, de bricolages et de grand jeux. Une sortie a lieu à chaque semaine : Zoo de Granby, Arbraska, Parc Aquatique St-Sauveur, Super Aqua Parc, La Ronde, Parc Safari.
3 juillet au 11 août 2023
Secondaire 1 et 2 Participation aux frais (PAF) : à déterminer
Le Camp Kadima propose de nouvelles expériences aux adolescents afin qu’ils vivent le meilleur été de leur vie. 2 jours d’activités épatantes en ville et 3 jours de visites à l’extérieur de Montréal.
En créant des environnements amusants et socialement confortables, nous encourageons les adolescents à sortir de leur zone de confort, à se faire de nouveaux amis et à découvrir leurs passions.
8h30 à 16h30 12 à 15 ans
Prix : à déterminer
Le Camp Vélo est la formule originale proposée aux jeunes de 12 à 15 ans par les Services Jeunesse de la CSUQ. Il s’agit de l’occasion parfaite pour profiter des pistes cyclables de la région de Montréal en toute sécurité, tout en s’amusant entre amis à vélo.
Afin que les jeunes profitent pleinement de leur sortie, les vélos sont transportés par camion au départ du circuit, évitant ainsi la circulation des automobiles et les longs trajets. Les jeunes s’y rendent par autobus ou par transport en commun. Le tout est encadré par nos animateurs ayant suivi une formation de Vélo Québec.
24 juillet au 11 août 2023
25 JUIN AU 17 JUILLET 2023
Yahad est un voyage en Israël pour les jeunes du secondaire 4. Ce programme comprend un mifgash avec des jeunes Israéliens de leur âge, incluant des activités de bénévolat dans la région de Beer Sheva-B’nei Shimon et des visites des principaux sites touristiques d’Israël.
Voyage incluant : Vol et transferts; 3 repas par jour strictement casher; hébergement; guide touristique accrédité; excursions et randonnées.
À leur retour, les participants auront l’occasion de s’impliquer activement dans les programmes des Services jeunesse de la CSUQ. Prix : à déterminer
INFO : ERIC CHOUKROUN, directeur des Services jeunesse 514-734-1480 echoukroun@csuq.org
LÉAH DAYAN, coordonnatrice des Services jeunesse 514-345-2629 jeunesse@csuq.org
fsm Festival Sefarad de Montréal
Le Festival Sefarad de Montréal a offert, du 6 au 16 novembre 2022, des événements de grande qualité et hauts en couleur pour tous. Depuis le début des années 70, le Festival Sefarad propose une passerelle de cultures sans frontières à travers laquelle les Montréalais de diverses origines peuvent échanger, partager et célébrer la culture sépharade sous toutes ses coutures dans un cadre convivial valorisant la diversité et de l’harmonie interculturelles.
Le Festival Sefarad nous convie à célébrer la beauté de la musique sépharade, le métissage des sons, la puissance des mots de la langue française, l’humour bien connu de la culture juive et l’excellence de l’art culinaire sépharade. La culture sépharade traditionnelle et contemporaine continuera à briller de tous ses feux. Suite à la grande demande de notre public, le Festival séfarad se poursuivra du 9 au 23 mai 2023 avec une programmation de grande qualité s’adressant à toutes les catégories d’âge. Désormais, cette manifestation culturelle se tiendra annuellement en mai.
LE SENS DE LA FÊTE!
Le projet social Hessed à l’honneur dans le cadre du Festival Sefarad de Montréal
Le remarquable projet social Hessed de la CSUQ était à l’honneur dans le cadre du dernier Festival Sefarad de Montréal (FSM). Les généreux donateurs qui permettent à Hessed de prodiguer tout au long de l’année une aide rapide aux personnes et aux familles les plus démunies de notre communauté ont été honorés au cours d’une magnifique soirée musicale qui a eu lieu à la Congrégation Hévra Kadisha B’nai Jacob. Celle-ci à mis mis en vedette deux cantors et paytanim exceptionnels de renommée internationale, Shimon Sibony et Avi Delevanti, et la Chorale Kinor de la CSUQ. Nous félicitons Marc Kakon, fondateur et président de Hessed, et Michel Bitton, président de la Campagne 2022-2023, pour le travail admirable qu’ils accomplissent quotidiennement à la tête de ce noble projet social et pour la réussite de cette magnifique soirée.
Chorale Kinor Marc Kakon Président Hessed, Michel Bitton, Président campagne 2022-2023 Shimon Sibony et Avi Deleventifaites votre part DONNEZ hessed.ca
Marc Kakon et Evelyne Salama Armand Afilalo, président d'honneur, Karen Aflalo, présidente CSUQ et Marc KakonPLUS DE 700 BAR-MITZVOT CÉLÉBRÉES.
PLUS DE 900 000 $ D’AIDE FINANCIÈRE ALLOUÉE.
LA MISSION VOUS RÉSERVE DE BELLES SURPRISES EN MARS 2023 !
Plus qu’un voyage, une mission inoubliable d’une grande spiritualité.
Visites guidées, pèlerinages, Shabbat à Jérusalem et l’incontournable célébration des Bar-Mitzvot.
Sous la présidence de David Peretz, vice-présidente Ninette Rosen et président honoraire Marcel Elbaz.
Les 11, 12 et 13 décembre derniers, le projet Bar-Mitvot de la CSUQ a mené une campagne de financement en ligne Vous avez été nombreux à répondre généreusement à cet appel. Nous vous remercions. Ce projet communautaire remarquable a pour objectif principal de permettre à des enfants israéliens orphelins ou issus de familles défavorisées de célébrer dignement leur Bar-Mitzva. Votre appui est essentiel pour assurer sa pérennité. Nous comptons sur vous. Vos dons sont toujours les bienvenus.
PROJET BAR-MITZVOT MONTRÉAL
En collaboration avec les rabbins, les congrégations et les institutions communautaires de Montréal, le Projet Bar-Mitzvot aide des familles de Montréal en leur offrant des Talith, des Teffilin, des livres de prières et des cours de préparation afin de célébrer la Bar-Mitzva de leur enfant. Les familles sont très reconnaissantes de ces cadeaux spirituels et remercient sincèrement les organismes et surtout les donateurs qui ont permis la réalisation de cette belle Mitzvah.
Pour plus d’informations sur le voyage, la campagne de financement et le projet Bar-Mitzvot Montréal, contacter Sabine Malka par courriel au smalka@csuq.org ou au 514-734-1687
NAISSANCES
Emmanuel Mimran et Belle Benlolo ont donné naissance à une fille, Liv, le 23 août 2022, qui fait la joie de ses parents et de ses grands-parents. Un grand Mazal Tov à toute la famille.
Mazal Tov à Alex et Nathalie Fyon pour la naissance de leur petit garçon, Gabriel Avraham, né en octobre 2022. Nous adressons nos plus cordiales félicitations aux familles Fyon et Oiknine.
FIANÇAILLES
Mazal Tov à Emma Bendayan et Gabriel Bouhadana qui ont célébré leurs fiançailles en septembre 2022. Nos félicitations les plus vives à leurs parents, Sarah et Alexandre Bouhadana, Nathalie et Serge Amar. Emma s’est impliquée pendant plusieurs années dans les activités des Services jeunesse de la CSUQ. Un très grand Mazal Tov aux deux familles.
La CSUQ souhaite un grand Mazal Tov à Ilanit Bendayan et Gil Haim Elbaz qui ont célébré leurs fiançailles le 20 septembre 2022. Nos plus amicales félicitations à leurs parents, Nathalie et David Bendayan, Keren et Sharon Elbaz. Ilanit et Gil se sont impliqués au sein des Services jeunesse pendant plusieurs années : au Camp Benyamin, au Camp Yahad, au Camp Kif Kef… Nous leur souhaitons tous nos vœux de bonheur.
Mazal Tov à Levana Ostrofsky et Alexandre Ohayon qui ont célébré leurs fiançailles le 22 septembre 2022. Toutes nos félicitations à leurs familles respectives. Levana a été impliquée aux Services jeunesse, notamment au Camp Benyamin et au Camp Kif Kef. Nous transmettons nos plus amicaux vœux de bonheur au jeune couple.
Mazal Tov à Gabrielle Goldenberg et Daniel Lerman pour leurs fiançailles célébrées le 2 octobre 2022. Ils ont uni leurs destinées le 4 décembre dernier à Philadelphie. La CSUQ adresse un grand Mazal Tov aux jeunes nouveaux mariés ainsi qu’à la famille Goldenberg de Toronto, à la famille Lerman aux États-Unis et à la famille Elhadad à Montréal.
Un grand Mazal Tov à Kelly Benizri et Gal Aharon pour leurs fiançailles célébrés en septembre 2022. Leur mariage aura lieu le 4 janvier prochain à Yavné, en Israël. Nos plus amicales félicitations à leurs parents, Sidney et Sandra Benizri et Arieh et Miriam Aharon. Kelly est la petite-fille de Haim David Benizri, responsable de la Hévra Kadisha de la CSUQ.
MARIAGES
Dan Derhy et Alexie Labouze-Nasica, anciens participants au programme de Leadership de la CSUQ, ont uni leurs destinées le 4 septembre 2022 à Montréal. Mazal Tov à leurs parents, Claude et Esther Derhy et Patricia Nasica-Labouze, épouse du regretté Gérard Labouze Z.’L.’. Que vos cœurs soient remplis de joie, de bonheur et d’amour pour toujours.
Mazal Tov à Léa Amselem et Eden Avni pour leur mariage qui a eu lieu le 16 juin 2022 à Montréal. La CSUQ adresse ses plus cordiales félicitations au jeune couple ainsi qu’à leurs parents, Arié et Sandra Amselem, Sidney et Deborah Avni, et grands-parents, Mmes Gladys Amselem, Messody Gabbay et Hanna Avni. Léa est la petite-fille d’un grand leader communautaire sépharade, le très regretté Moïse Amselem Z.’L.’.
NOMINATION
Toutes nos félicitations à Elisabeth Prass élue, le 3 octobre dernier, députée de D’Arcy McGee sous la bannière du Parti libéral du Québec.
DÉCÈS
C’est avec une grande tristesse que nous vous faisons part du décès de Mme Annie Klepatch (Née Gerlicher) Z.’L.’ le 31 août 2022. Elle était l’épouse dévouée du regretté Jacques Klepatch Z.’L.’. Fière et très aimée mère et belle-mère de Nathalie Klepatch et David Sebbag et grand-mère adorée de Vanessa et Laurent Sebbag. Nous tenons à transmettre à sa famille endeuillée nos pensées les plus affectueuses dans cette douloureuse épreuve.
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Mme Myriam-Michèle Ziri Z.’L.’, survenu le 18 septembre 2022. Épouse bien-aimée de Joseph Ziri, ancien président de la Congrégation Or Hahayim, mère et bellemère aimante et dévouée de Didier et Régine, Laurent et Sandra. Mamie chérie d’Adam, Haïm, Nathan Eliyahou, Ethan Joseph, Anaëlle Myriam et Michael Joseph, chère sœur et belle-sœur d’Éli Bendavid, Stella Abesera, Selena Bendavid, Rachel Bendavid et Rebecca Tronchon. Nous présentons à la famille en deuil nos condoléances les plus émues.
C’est avec une énorme tristesse que nous vous faisons part du décès de Mme Odette Amar (née Betito) Z.’L.’ survenu le 23 septembre 2022. Fille de feu Armand Betito Z.’L.’ et de feue Jamila Betito (née Ohayon) Z.’L.’, elle laisse dans le deuil son époux, David Amar, ses enfants et conjoint.e.s, Philippe et Kim, Caroline et Frédérique, ses frères et sœurs, Victor Betito, Georges Betito, Raphy Betito, Sylvia Zagury (née Betito) et Nicole Azoulay (née Betito), et ses petits-enfants, Anthony, Alexandra, Aurélie, Adam, Alison, Alicia, Jonathan, Michael, Raphaël, Laurent, Joshua, Victoria et Émilie. Odette manquera énormément à sa famille, à ses amis et à ses neveux et nièces qui l’ont toujours considérée comme le pilier de la Famille Betito, celle qui donnait de l’amour à tous et qui faisait briller le monde autour d’elle par sa gentillesse et son sourire lumineux. Nous présentons à toute sa famille nos plus sincères condoléances.
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès d’Édouard Benhaïm le 20 octobre 2022. Cher époux de Mady Kadoch. Père et beau-père dévoué de Laurent et Moranne, Patrick et Cynthia, Michael et Céline, Jessica et Ethan Amaev. Fier grand-père d’Eva, Yoav, Orly et Mia. Il laisse aussi dans le deuil ses beaux-frères et belles-sœurs et ses nombreux neveux et nièces. Sa joie de vivre manquera énormément à ses amis et à tous ceux et celles qui ont eu le privilège de le connaître.
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de M. Armand Abitbol Z.’L.’ le 23 octobre 2022. Il laisse dans le deuil ses deux enfants, Caroline et Simon, ses quatre frères, Bob, Daniel, Charles, Michel, sa sœur, Mireille Barugel, et leurs familles respectives. Il comptait des amis partout dans le monde, en particulier son ami intime et plus que frère, Jean Talafré, ses ex-compagnes, Brigitte et Natalia, et tous ceux qui l’ont profondément aimé. Nous présentons à son frère, notre grand ami, Bob Oré Abitbol, et à sa famille en deuil nos condoléances très émues et les assurons de notre affection et de notre soutien.
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Mme Annette Ifrah Ifergan Z.’L.’ survenu le 13 octobre 2022. Épouse de feu Jacques Ifergan Z.’L.’, mère et belle-mère bienaimée de Fabienne et Simon Ouazana, Eric Yossef et Nathalie, David et Yaelle. Une femme remarquable et une bénévole dévouée et très appréciée dans sa communauté. Au nom de la CSUQ, nous tenons à transmettre à toute sa famille éplorée nos plus sincères condoléances.
Nous avons le regret de vous faire part du décès de Mme Elise Nouvian, née Benizri, Z.’L.’, survenu en Israël le 19 octobre 2022. Elle était la sœur de Haim David Benizri, responsable de la Hévra Kadisha de la CSUQ, Léa Eliette Rimokh et Rachel Bendayan. Elle a été inhumée en Israël. La CSUQ tient à transmettre ses pensées les plus affectueuses à sa famille éplorée.
C’est avec une immense tristesse que nous annonçons le décès de M. David Elharrar Z.’L.’ survenu le 13 octobre 2022. Cher époux de Gisèle, père dévoué de Sabrina (Elie) et Yannick, fier grand-père de Jayden et et frère adoré de Victor (Mimi), Evelyne (Émile), Max (Lucie), Sonia et Varda (Gary). Il a laissé aussi dans le deuil de nombreux neveux et nièces, petitsneveux et petites-nièces et amis dont il a marqué la vie avec sa joie de vivre. Nos plus sincères condoléances à toute sa famille.
C’est avec une grande tristesse que nous vous faison part du décès de M. Isaac Ben Nessim Mamane Z.’L.’ survenu le 25 octobre 2022 à l’âge de 96 ans. Il a été enterré en Israël le 28 octobre dernier. Il laisse dans le deuil son épouse Solika, avec qui il a partagé sa vie pendant 68 ans, ses enfants, Daniel, Joseph, Michael et Ruth, et ses petits-enfants, Amanda, Naomi, Leanne, Laura, Audrey, Alexandra, Yarden, Avraham, Ayala, Batel, Leah Eliahou, Josef et Sarah.
C’est avec une profonde consternation que nous avons appris le décès de Mme Alexandra Esther Elhadad Abisror Z.’L.’ le 10 novembre 2022, à l’âge de 32 ans, après avoir combattu pendant vingt mois une effroyable maladie avec un courage et une abnégation inouïs. Une disparition qui a suscité un très grand émoi dans toute notre communauté et dans celles d’autres pays. Sa famille tient à vous remercier infiniment pour vos prières, vos supplications et la solidarité et le soutien indéfectibles que vous lui avez manifestés durant cette douloureuse épreuve. Elle était la fille de notre ami Raphaël Abisror, un communautaire remarquable qui a été président du projet d’octroi par l’Espagne de la nationalité espagnole aux Sépharades coordonné par la CSUQ. Elle était la belle-fille de notre ami le Rav Saadia Elhadad, fondateur et président de l’Académie Yéchiva Yavné. Elle laisse aussi dans le deuil son époux, Meyer Elhadad, leurs trois enfants, Saadia, Myriam et Abigael, sa mère, Patricia Bensimon, sa sœur, Sabrina Abisror, sa belle-mère, Mazal Elhadad, et les nombreux autres membres de sa famille. La CSUQ tient à leur exprimer ses plus sincères condoléances.
C’est avec consternation que nous avons appris le décès de M. Alvin Segal Z.’L.’ le 4 novembre à l’âge de 90 ans. Homme d’affaires renommé, entrepreneur visionnaire, leader dans l’industrie de la confection masculine haut de gamme, philanthrope très généreux et figure marquante de la Communauté juive de Montréal, M. Segal a notoirement contribué à l’essor d’importantes institutions culturelles et médicales à Montréal, au Canada et en Israël, notamment le Centre Segal pour le traitement et la recherche sur le cancer de l’Hôpital général juif et le Centre Segal pour les Arts de la scène. En 2010, il a été promu au titre d’Officier de l’Ordre du Canada et en 2011, il a été nommé Officier de l’Ordre national du Québec. Il a laissé dans le deuil son épouse Emmelle et ses enfants Joel, président de la Fédération CJA, Barbara et Renee. La CSUQ transmet à sa famille éplorée ses plus sincères condoléances.
C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de M. Leiby Goldberg Z.’L.’ le 12 novembre 2022 à l’âge de 58 ans. Fils de Shmuel Goldberg Z.’L.’ et Alegria Serruya Z.’L.’, il laisse dans le deuil ses sœurs, Hannah, Sarah et Fanny Goldberg, ses beaux-frères, Philippe Elharrar, Stéphane Hazan et Ilan Layani, et ses neuveux et nièces. Nos plus sincères condoléances.
CIMETIÈRE COMMUNAUTAIRE
Nous vous informons que la Communauté Sépharade Unifiée de Québec possède un cimetière communautaire à Beaconsfield avec des lots à prix très abordables. Pour toute information, appelez 514-733-4998
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