BONNE PESSAH BONNEFÊTE FÊTE DE PESSAH
e e 4949 année année- -Volume Volume 11 -- Mars 2021 2021 --Nissan Nissan5781 5781
ISSN ISSN074-5352 074-5352
LVSMAGAZINE.COM LVSMAGAZINE.COM LA LA VOIX VOIX SÉPHARADE SÉPHARADE
DOSSIER SPÉCIAL DESSÉPHARADES SÉPHARADES AUJOURD’HUI DES AUJOUD’HUI DANS DANSLE LEMONDE MONDE
LA HAINE EN LIGNE UN VIRUS QUI S’EST PROPAGÉ PENDANT
LA PANDÉMIE DE COVID-19
ALBERT BOURLA,
PFIZER
ET LE VACCIN
ANTI-COVID ANTI-COVID
RÉINVENTER LES AURORES RÉINVENTER LES AURORES
HAÏM KORSIA : HAIM KORSIA :
DE DE GRAND RABBIN DE FRANCE
GRAND RABBIN DE FRANCE
À À NOUS, NOUS, LES LES ÉMIRATS ÉMIRATS!! LA MARQUE
DU GRAND RABBIN
SIR JONATHAN SACKS (1948-2020)
LES LES ACCORD ACCORDS D’ABRAHAM D’ABRAHAM À LA DÉCOUVERTE
D’UNE COMMUNAUTÉ SÉPHARADE : LES LESJUIFS JUIFS
DU DU
MEXIQUE
UN UN MAGAZINE MAGAZINE PRODUIT PRODUIT PAR PAR ::
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Joyeuse fête de Pessah !
Murielle Bonou
Nathalie Côté, Pl. Fin.
Michel Rizkalla Pl. Fin.
Lionel Chriqui, Pl. Fin.
Anne-Marie Bavoux
Mélissa Doucet
Maude Bellemare
Adjointe en placement
Conseillère en gestion de patrimoine
Conseiller en placement
Conseiller en placement
Adjointe principale en placement
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Adjointe
Gestionnaire de portefeuille
Gestionnaire de portefeuille
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Nous profitons de cette occasion pour vous annoncer que nous sommes fiers d’avoir remporté cette importante distinction. Reconnaissance de l’Excellence 2020 Responsabilité sociale Montréal
Elle vient en récompense à notre équipe, qui s’implique activement auprès de notre communauté pour faire une différence et avoir un impact positif dans la vie des gens !
CHRIQUI GROUPE RIZKALLA FINANCIER Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP) est une division de la Financière Banque Nationale inc. (FBN) et une marque de commerce appartenant à la Banque Nationale du Canada (BNC) utilisée sous licence par la FBN. FBN est membre de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) et du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE) et est une filiale en propriété exclusive de la BNC, qui est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA : TSX).
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Armand Afilalo Président de la Fondation CSUQ
Je suis fier d’informer qu’en date du 31 décembre 2020, la Fondation CSUQ détient un capital de 1.511,729.42 $ Grâce à ces fonds, elle continuera à supporter son rôle vis-à-vis des programmes jeunesse de la CSUQ. En 2020, la Fondation CSUQ a versé un montant de 62 000 $, représentant les intérêts gagnés sur notre capital. Le camp de jour Benyamin, l’école de ski Cheleg et plusieurs autres activités ont fait la joie des enfants. Pour 2021, nous continuerons à distribuer ces dividendes accumulés selon le choix des donateurs, ce qui permettra de réaliser en cette année d’incertitude, les activités jeunesse et de prendre aussi toutes les mesures sanitaires requises. Cette pandémie a changé notre quotidien et nos priorités. La crise sanitaire n’a fait qu’amplifier les besoins de notre jeunesse. Grâce au soutien et à la générosité des donateurs, les activités du département jeunesse pourront continuer à être financées, continueront de connaitre un grand succès et contribueront ainsi au bien-être de notre jeunesse. Au nom de la Fondation CSUQ, nous tenons à exprimer toute notre gratitude à tous nos donateurs et à la Banque Nationale, partenaire officiel de ce programme, qui a permis à la Fondation CSUQ de connaitre une si belle expansion. Merci de nous aider de si belle façon. Ensemble, redonnons l’espoir à notre jeunesse en embellissant leur vie.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
VEUILLEZ RÉSERVER LA DATE MERCREDI 16 JUIN 2021 À 17 H 30 INFO : ACASTIEL@CSUQ.ORG 514 345.2602 MAGAZINE LVS
MARS 2021
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11
MOT DU PRÉSIDENT DE LA CSUQ
SOMMAIRE LVS MARS 2021
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ÉDITORIAL
DOSSIER SPÉCIAL DES SÉPHARADES AUJOURD’HUI DANS LE MONDE
24 A la découverte d’une communauté sépharade : Les Juifs du Mexique. Judíos en México. Encuentro con un joven Sefaradí et Mexicano par Elie Benchetrit 16 Albert Bourla, Pfizer et le vaccin antiCOVID par Annie Ousset Krief
27 Le voyage interdit, Alger-Jérusalem de Jean Pierre Lledo par Yska Zaïda Radja
MONDE JUIF COUP DE PROJECTEUR SUR NOUS AUTRES 37 Dany Meloul, la dame de Radio-Canada par Sylvie Halpern
17 Réinventer les aurores de Haïm Korsia: Grand Rabbin de France et amoureux de la République par Elie Benchetrit
CULTURE SÉPHARADE 30 La marque du Grand Rabbin Sir Jonathan Sacks (1948-2020) par Noémie Issan-Benchimol
.com The Immigrant : From Morocco to Israel de Daniel Ben Simon par Bernard Bohbot
18 À nous, les Émirats! par Sylvie Halpern 20 Un projet pédagogique novateur : Atid en version française. Entretien avec le rabbin Mikhaël Benadmon par Sonia Sarah Lipsyc 22 Comment j’ai quitté mon enfance… et la Tunisie par Peggy Cidor
32 Les membres de la communauté juive argentine disparus pendant la dernière dictature (1976-1983) par Guillermo Glukowski xx.com Ily Jossuah Weil, Hava sur l’immigration de Juifs à Shanghai durant la Shoah par Patricia Remok
VIE JUIVE CANADIENNE 35 La haine en ligne, un virus qui s’est propagé pendant la pandémie de COVID-19 par Eta Yudin
38 Registres de Ketubbot (actes de ma riage) des Juifs de Livourne Entretien avec Alain Nedjar par Sonia Sarah Lipsyc 41 Jeu-questionnaire sur la petite et grande histoire sépharade par l’Hon. Jacques Saada
CULTURE ISRAÉLIENNE
42 Incident au fond de la galaxie. Entretien avec le célèbre écrivain israélien Etgar Keret par Elias Levy 44 Le génie médical du Technion en Israël et sa contribution à la lutte contre le coronavirus par David Bensoussan
.com NOS CONSTITUANTES 49 Le Mikvéh (bain rituel) de la Congrégation Hekhal Shalom par Elie Benchetrit
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.com
Le nouveau centre pour jeunes Olami. Entrevue avec ses cofondateurs le rabbin Dov Harrouch et le rabbin Michael Harrosch Elias Lévy avec la collaboration de Mikael Oana
SOUS LA PRÉSIDENCE D’HONNEUR DE L’HON. DENIS CODERRE
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VIE COMMUNAUTAIRE 50 Le Centre Cummings, un carrefour communautaire intergénérationnel par Eric Yaakov Debroise
JUDAÏSME 46 « They Too Were Part of the Miracle » The role of women in the story of Pesach par rabbin Yamin Levy avec une traduction de Yolande Amzallag
51 Les Sépharades admissibles au supplément du fonds de réparation versé par l’Allemagne aux survivants de la Shoah par Elias Lévy 53 Notre trublion de Radio Shalom : Charles Barchechath par Sylvie Halpern
LES NOUVELLES DE LA CSUQ
FCIM.CA
EN LIGNE
PLATEFORME FACILE D’ACCÈS 58 GÉO-BLOQUÉ AU QUÉBEC Activités passés; école de ski cheleg,PRIX DU JURY • • PREMIÈRES INTERNATIONALES • COURTS-MÉTRAGES • Q&R WEBINAIRES AVEC RÉALISATEURS ET ACTEURS EN CLÔTURE ET NORD-AMÉRICAINES EN COMPÉTITION fête de Pourim. Kief Kef Mask Challenge, Fête de Hannouka
60 Programmes à venir; Camp Benyamin, Camp Kadima, Camp vélo, Formation Moniteur, Yahad et Koulam nouvelle édition 64 Prochains évènements en collaboration avec le Patrimoine Canada 66 Carnet de famille
.com Elles et ils ont publiés par Sonia Sarah Lipsyc
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page 60
MME PROGRA U A E V U NO
CAMP VÉLO page xx
DIEN ÉDITION OUEST CANA
ENSEMBLE. PLUS FORTS. QUE JAMAIS. Bouleversée par la pandémie de COVID-19, la vie de tous les membres de notre communauté a pris un tournant qu’il était impossible de prévoir. Jour après jour, nous devons réinventer nos habitudes, nos façons de célébrer. Bien que cette année, notre séder sera différent de tous les autres, il demeurera un symbole de liberté, d’unité et d’espoir. Et nous savons que c’est dans la tradition même de Pessah que nous vaincrons et ressortirons ensemble plus forts de cette crise, car nous serons toujours présents les uns pour les autres. La mission de la Fédération CJA prend tout son sens dans une époque comme celle-ci. Nous sommes donc fiers d’avoir été les premiers à susciter un sentiment commun de solidarité au sein de la communauté juive de Montréal et d’avoir constitué un incroyable réseau de plus d’une centaine d’agences et d’organisations. Plus que jamais, ensemble, nous faisons ce que nous savons faire de mieux : aider, protéger et soutenir les membres vulnérables de la communauté en plus de répondre adéquatement aux besoins de ceux qui font appel à nous. Et nous continuerons toujours de le faire! TOUT CELA, NOUS L’AVONS RÉALISÉ GRÂCE À LA GÉNÉROSITÉ DE NOS DONATEURS. MAIS IL RESTE ENCORE BEAUCOUP À FAIRE. POUR PLUS DE DÉTAILS, RENDEZ-VOUS À
2,4 M$
remis à nos 13 écoles juives pour amortir les dépenses engendrées par la pandémie et en faire bénéficier 5 451 élèves
362 000 +
articles de protection individuelle redistribués à 19 organismes et à des écoles juives de Montréal et des environs
440 000 $
consacrés à des programmes et services novateurs en santé mentale coordonnés par 28 agences et organisations communautaires
POUR NEUTRALISER LES EFFETS DE LA COVID-19 DANS LA COMMUNAUTÉ, NOUS NOUS SOMMES DÉJÀ ENGAGÉS À VERSER
9,7 M$
35 000 +
appels à des aînés effectués par des bénévoles de la Fédération CJA pour nous assurer du bien-être des membres de la communauté de 60 ans et plus
federationcja.org
L’année prochaine, puissions-nous fêter Pessah comme par le passé! D’ici là, nous vous souhaitons, ainsi qu’à vos proches, de célébrer dans la joie, en sécurité et en santé.
4 M$
25 000 + membres de la communauté ont reçu de l’aide
attribués, dans le cadre de l’initiative Gesher, à des familles nécessitant une aide financière temporaire pour éviter qu’elles ne se mettent en retrait de la vie juive
MONTRÉAL Cette année pour la première fois, une nouvelle initiative a été lancée parallèlement au projet Bar-Mitzvot Israël. Le comité est venu en aide à des familles de Montréal qui avaient besoin d’acheter des taliths, tefilins, livres de prières et a conribués cours de préparation pour célébrer leur Bar-Mitzvot. Un beau matin, quelques semaines avant ma bar-mitzva, j’ai recu un paquet juste devant ma porte. Il y avait à l’intérieur un beau set de tallith, teffilines et livres de prières. Avec la pandémie, la situation de mes parents n’est pas facile et nous sommes une famille nombreuse. Quelle belle surprise et beau cadeau si spirituel. Merci de m’avoir permis de faire de cette journée, une journée inoubliable.
J.S
ISRAËL En raison de la pandémie, le comité exécutif du projet Bar-Mitzvot, présidé par David Peretz, ainsi que le président honoraire Marcel Elbaz et la vice-présidente Ninette Rosen ont decidé de reporter le voyage de la Mission à une date ultérieure. Pour toute contribution et inscription à ce beau projet, n’hésitez pas à contacter : Sabine Malka – Directrice des activités culturelles et communautaires 514-734-1687 | smalka@csuq.org
DEPUIS PLUS DE 15 ANS, LA CSUQ OFFRE GRACIEUSEMENT LE SERVICE DE LA CLINIQUE D’IMPÔT Chaque année, la CSUQ organise la clinique d’impôts pour aider les familles à faible revenu à remplir leur déclaration. Cette année, en raison de la pandémie et du confinement, un protocole a été mis en place afin d’offrir ce service en toute sécurité, tant pour M. Zrihen que pour les bénéficiaires. Notre fidèle comptable bénévole, M. Jacques Zrihen est venu en aide à plus de 75 bénéficiaires. Cher Monsieur Zrihen, nous tenons sincèrement à vous remercier pour votre disponibilité et votre gentillesse légendaires en répondant toujours présent dès qu’arrive la période des impôts.
La CSUQ en action :
Cadeaux de Hannouka aux résidents des CHSLD La pandémie a touché davantage nos aînés qui se retrouvent confinés et isolés loin de leurs proches. Afin de leur apporter un peu de soutien, de chaleur et de réconfort, la CSUQ et son équipe de bénévoles du département des affaires sociales ont distribué 300 ménoroth dans les CHSLD et hopitaux de Montréal
Un grand merci à tous ceux qui ont fait de cette journée un succès mémorable. Les résidents ont pu apprécier et vivre de nouveau leur tradition.
Fonds orienté Appuyer les causes qui vous tiennent à coeur en un seul don. Faire beaucoup de bien pour beaucoup moins cher
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DÉPÔT
UN REÇU À DES FINS FISCALES
FAIRE UN DON
Voici Michaël. Il fait un dépôt fiscalement avantageux dans son fonds orienté
Michaël reçoit un reçu à des fins fiscales
Michaël décide quels organismes il souhaite appuyer et à quel moment
Les organismes de bienfaisance bénéficient de sa générosité
Voyez ce fonds comme un compte bancaire pour tous vos actes de tzédakah. C’est un peu comme si vous aviez votre propre fondation de bienfaisance, sans fardeau administratif. Le fonctionnement est très facile à comprendre. Vous faites un dépôt dans votre fonds de la façon la plus fiscalement avantageuse et vous recevez un reçu à des fins fiscales que vous pouvez utiliser dans votre déclaration de revenus la même année ou dans les cinq années suivantes. Vous nous demandez ensuite de faire parvenir des dons aux organismes de bienfaisance canadiens enregistrés de votre choix, au moment de votre choix. Nous traitons tous les dons qui sont réalisés au nom de votre famille ou anonymement. Adieu chèques! Terminée la chasse aux reçus! Nous nous chargeons de tout.
Notre mission est de promouvoir la philanthropie et de favoriser les dons de bienfaisance en les rendant faciles, efficaces et fiscalement avantageux. 10
MAGAZINE LVS
MARS 2021
Si vous pensez qu’un fonds orienté pourrait vous correspondre, ou si vous voulez prendre rendez-vous pour explorer les options qui s’offrent à vous, communiquez avec nous au
514.345.6414 ou visitez notre site
jcfmontreal.org/fr
MOT DU PRÉSIDENT
« La Grande-Bretagne ne serait pas la Grande-Bretagne sans sa communauté juive. » Le très honorable Boris Johnson, PM du Royaume-Uni (message de Hannouka 2019)
Chers amis de la communauté sépharade, Je souhaite commencer par un aveu à ceux d’entre vous qui sont originaires du Maroc : je suis jaloux. À un moment où Sa Majesté le roi du Maroc Mohamed VI fait œuvre de paix en ouvrant la porte à un rétablissement des relations diplomatiques avec Israël et en prenant de nombreuses initiatives visant à reconnaître et à enseigner la contribution juive à l’histoire de son pays, le président tunisien, Kaïs Saïed, se déclare ouvertement « ennemi d’Israël », qualifie de « haute trahison » toute relation avec Israël et tombe dans les clichés antisémites les plus primaires en accusant les « Juifs voleurs » d’être les responsables de la crise économique que traverse actuellement la Tunisie, ce pays de mon enfance heureuse. Je n’ai pas coutume de me laisser aller à mon sport favori, la politique, dans les pages de La Voix Sépharade. Mais je ne peux passer sous silence l’enthousiasme et l’espoir que suscite en nous le souverain alaouite et l’immense tristesse que provoquent en moi les déclarations du chef de l’État tunisien. Un dernier mot à saveur politique (et après, je m’arrête, c’est promis). Si vous n’avez pas écouté le discours du premier ministre britannique, Boris Johnson, à l’occasion de ses vœux de Hannouka de 2019, vous avez manqué quelque chose. Je vous encourage vivement à en voir la vidéo sur YouTube. Sur la question de la cacherout, le Vaad Ha’ir continue de faire la sourde oreille à toutes nos demandes, qu’il s’agisse de publier ses actions chiffrées en matière de Hessed (aide aux démunis) ou de soutien à l’éducation (des obligations auxquelles il est censé être tenu en vertu de ses propres statuts communautaires), ou d’absence totale de représentation sépharade au sein de son conseil d’administration (vingt-cinq administrateurs, aucun Sépharade), alors que nous représentons près du quart de la population juive et plus des deux tiers de la consommation de cacherout de Montréal. Nos consultations de terrain en vue de corriger ces injustices révèlent que les Sépharades sont loin d’être les seuls à déplorer l’attitude autoritaire et fermée du Vaad Ha’ir qui ne semble pas comprendre à quel point il est de plus en plus déconnecté de l’ensemble de sa base communautaire juive. Nous examinons actuellement toutes nos options. Le statu quo n’en est pas une. Comme suite à plusieurs interrogations émanant de membres de notre communauté, nous avons pu identifier certaines difficultés quant aux indemnités inhérentes à la « Claims Conference ». Nous avons ainsi offert au Centre Cummings (le gestionnaire de ce programme d’indemnisation allemande) tout notre soutien en vue de l’aider à
mieux servir notre communauté. Si vous souhaitez savoir si vous êtes admissible à ces indemnités et à quelles conditions, veuillez consulter nos infolettres ou notre site Web ainsi que cette présente édition du LVS. Notre planification stratégique pour 2021-2026 est très avancée. Plusieurs comités y travaillent intensément. Une fois terminée, elle constituera, après les états généraux (2019) et la modernisation de nos statuts et règlements (2020), le troisième et dernier volet de nos réformes de gouvernance, garantes de l’efficacité et de la pertinence de la CSUQ , ainsi que du respect qu’elle inspire toujours davantage à l’intérieur et à l’extérieur du monde juif. Comme vous l’avez constaté, la CSUQ ne s’est pas laissée abattre par la COVID-19. Au prix d’efforts remarquables, nous sommes parvenus, seuls ou avec nos partenaires, à multiplier nos interventions de solidarité sociale. Nous avons réussi à vous offrir en ligne un Festival du cinéma israélien de Montréal, un pré-Festival et un Festival séfarad de Montréal, ainsi qu’un spectacle de Hannouka, des conférences, Aleph notamment, et une foule d’activités gratuites. En outre, en collaboration avec le consulat d’Israël, la CSUQ a produit un remarquable documentaire sur les réfugiés de pays arabes et d’Iran qui, une fois sous-titré en français et en anglais, sera distribué aux écoles et bibliothèques du Québec. J’offre mes remerciements les plus chaleureux à tous les bénévoles (la liste en est très longue) qui, appuyés par une super équipe de professionnels, ont réalisé cette foule d’exploits. Je nous invite à nous laisser inspirer par leur résilience et leur détermination. Je comprends toutes les atteintes psychologiques que nous subissons à cause de l’isolement qui nous prive du contact de nos proches, à cause du couvre-feu, qui peut rappeler de douloureux souvenirs à certains d’entre nous. Et pour beaucoup de gens de ma génération habitués aux soleils du sud, l’hiver est particulièrement difficile. Je comprends tout cela. Mais les vaccins sont là. La lumière se fait de plus en plus forte au bout du tunnel. Alors, nous allons tenir en nous serrant les coudes et en observant rigoureusement toutes les directives sanitaires. Demain, très bientôt, nous pourrons à nouveau sourire et serrer nos enfants et petits-enfants dans nos bras. Au nom de la Communauté sépharade unifiée du Québec et en mon nom personnel, je vous souhaite d’excellentes fêtes de Pessah, ce puissant symbole de liberté, d’espoir et de renouveau que le judaïsme a offert au monde. Hon. Jacques Saada saadaj@videotron.ca
MAGAZINE LVS
MARS 2021
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LE CENTRE CUMMINGS ESSAIS GRATUITS
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OPPORTUNITÉS DE BÉNÉVOLAT
Votre Cummings-direct sur Zoom!
Maintenant plus que jamais!
Réchauffez-vous ce printemps avec les cours de fitness du Centre Cummings GRATUITEMENT du 19 au 23 avril. C’est une excellente occasion de faire connaissance avec l’équipe du Centre de bien-être et d’essayer quelque chose de nouveau! Choisissez parmi 20 cours gratuits: du yoga sur chaise à la boxe par intervalles, en passant par la danse et autres cours—nous avons ce qu’il vous faut! Inscription: 514.343.3510 • cummingscentre.org/fr/essai-fitness
Impliquez vous passionnément dans le virtuel en explorant les diverses façons de vous connecter et de vous impliquer en tant que bénévole au Cummings: Appels téléphoniques amicaux Correspondant Soutien technique Membre du comité à la Table Projets intergénérationnels
Information: 514.734.1750 • sandra.amar@cummingscentre.org
COMPRENDRE LES SIGNES ET LES SYMPTÔMES DE LA DÉMENCE ET SOUTENIR VOS PROCHES
GRATUIT DIRECT SUR ZOOM
Claire Webster, conseillère certifiée en soins de la maladie d’Alzheimer, conférencière et formatrice; fondatrice et ambassadrice du Programme de formation sur la démence de l’Université McGill. Elle anime la série hebdomadaire de webémissions McGill à vos côtés, pour soutenir les aidants naturels. Elle est présidente de Passage Aidant, un cabinet de consultation qui fournit des services d’éducation.
Claire Webster et les docteurs Serge Gauthier et José Morais définiront ce qu'est la démence et donneront des conseils sur la façon de prendre soin d’un être cher atteint de démence. Ils discuteront également de la façon d’accéder aux ressources en toute sécurité.
Dr José Morais, professeur et directeur de la Division de gériatrie à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de McGill, au Centre universitaire de santé McGill et à l’Hôpital général juif. Responsable académique du Programme de formation sur la démence de McGill, il est aussi codirecteur du Réseau québécois de recherche sur le vieillissement et ancien président de la Société canadienne de gériatrie.
LUNDI 3 MAI • 14 H À 15 H
Dr Serge Gauthier, directeur de l’unité de recherche sur la maladie d’Alzheimer et les troubles connexes du Centre de recherche et d’études sur le vieillissement de l’Université McGill et codirecteur universitaire du Programme de formation sur la démence de l’Université McGill. Il est également professeur aux départements de neurologie et neurochirurgie, psychiatrie et médecine de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de McGill.
Les présentations se dérouleront en français. La période de questions et réponses se tiendra en français et en anglais.
Division de gériatrie
INSCRIVEZ-VOUS AUJOURD’HUI
514-734-1762 cummingscentre.org/fr/demence
Grâce à la subvention de l'Agence de la santé publique du Canada et Nouveaux horizons de la CSUQ au Centre Cummings, cet événement est offert gratuitement.
ÉDITO
Notre magazine est l'un des rares dans le monde à se consacrer à l'identité sépharade. L’identité sépharade est toujours au cœur de notre magazine, l’un des rares dans le monde à s’y dédier Pour cette parution, nous y consacrons même notre dossier spécial en vous présentant des figures contemporaines, des itinéraires personnels, ainsi qu’une communauté du monde sépharade. Pour commencer, un portrait d’Albert Bourla, d’origine grecque à la tête du laboratoire Pfizer en première ligne des vaccins contre la COVID-19; une critique élogieuse du dernier livre de Haïm Korsia, le Grand Rabbin charismatique de France et un entretien avec le rabbin Mikhael Benadmon à propos de son dernier projet pédagogique. Ce dernier avait marqué les esprits lors de son passage au Festival Sefarad, il y a trois ans, par son engagement pour un judaïsme orthodoxe et traditionaliste ouvert sur les questions du monde. Peggy Cidor, notre correspondante en Israël, nous livre un texte personnel sur son départ de Tunisie lorsqu’elle était enfant, récit émouvant dans lequel plusieurs d’entre nous se retrouveront. Quant au témoignage de Jean-Pierre Lledo, il nous montre combien de temps il faut parfois pour retrouver son identité juive surtout lorsque l’on a choisi de rester vivre durant des décennies en Algérie… et de finalement choisir de s’installer en Israël. « À nous les Émirats! » est un article « pionnier » puisqu’il donne la parole à des femmes et des hommes juifs, de passage ou installés dans ce pays qui vient de signer un accord de paix historique avec l’État hébreu. Des articles sur le monde sépharade se retrouvent évidemment dans d’autres rubriques de notre magazine comme cet entretien qui nous fait découvrir la communauté de Livourne au moyen d’un travail remarquable et minutieux sur les Ketubbot (actes de mariage), mené par Alain Nedjar et son équipe. Ou encore ce texte qui rappelle ce que la communauté juive d’Argentine, en partie sépharade, a dû endurer sous la dictature. Un regard sans concession sur l’immigration des Juifs du Maroc en Israël nous est proposé dans l’analyse du dernier ouvrage du journaliste Daniel Ben-Simon. « Le jeu-questionnaire sur la petite et grande histoire sépharade » de notre président de la CSUQ est toujours là pour tester vos connaissances. Y jouez-vous? Et bien sûr, il y a « Le coup de projecteur sur nous autres » tourné vers une personnalité de notre communauté, cette fois-ci, Dany Meloul, nommée depuis un an et demi, directrice générale de la Télévision de Radio-Canada. Pour ce qui est de l’actualité juive dans le monde, un hommage instructif est rendu à l’un des penseurs majeurs du judaïsme contemporain, le Grand Rabbin Jonathan Sacks récemment décédé. Et notre collègue Eta Yudin du CIJA met l’accent sur la haine et l’antisémitisme en ligne qui n’ont cessé d’augmenter au cours de
la pandémie qui nous frappe. Il ne faut pas baisser la garde et les interventions de cette institution en sont un exemple. Israël est toujours présent dans nos pages avec un entretien exclusif d’Etgar Keret, l’un des auteurs israéliens les plus talentueux et les plus traduits actuellement. Un autre article met en lumière les inventions récentes du Technion de Haïfa, qui participent à améliorer la santé des patients, y compris contre le coronavirus. Nous n’oublions pas d’autres aspects de la culture juive avec un entretien avec Ily Jossuah Weil à l’occasion de la sortie remarquée de son premier roman Hava dont l’intrigue se déroule notamment à Shanghaï durant la Shoah. Et mes vignettes sur les livres dans « Elles et ils ont publié » pour porter à votre attention certaines parutions. Dans la rubrique Judaïsme, le rabbin Yamin Lévy met à l’honneur les femmes à l’occasion de la fête de Pessah pour des raisons que je vous laisse découvrir. Enfin le monde communautaire sépharade montréalais, nos constituantes et nos départements de la CSUQ sont très présents dans le magazine avec la mise en valeur d’une collaboration plus étroite entre la CSUQ et le Centre Cummings, notamment pour les fonds de réparation versés par l’Allemagne et ouverts maintenant aux Sépharades de certaines régions de l’Afrique du Nord. Mais aussi la Congrégation Hekhal Shalom et son mikvéh rénové (bain rituel), Radio Shalom et l’un de ses animateurs et d’autres initiatives qui font la richesse de notre communauté. Une place plus importante est réservée à notre Carnet de famille à cause des décès malheureusement plus nombreux en cette période. Vous retrouverez dans « Nos contributeurs », toutes les femmes et les hommes qui ont collaboré à ce numéro et avec qui j’ai toujours plaisir de travailler. N’oubliez pas que nous avons toujours besoin de votre soutien et que même si vous recevez gracieusement notre magazine dans vos foyers, vous pouvez faire un don ou abonner des amis ou de la famille. Notre collègue Agnès Castiel1 1 répondra à toutes vos questions sur le sujet. Il me reste à vous souhaiter de prendre soin de vous, de préserver votre santé et de passer de bonnes fêtes de Pessah. Sonia Sarah Lipsyc slipsyc@csuq.org
1. acastiel@csuq.org - 514.345.2602
PS: Nous apprenons avec tristesse le décès de Mr Moise Amsellem (zal) au moment de mettre sous presse ce numéro. Nous avons juste eu le temps d’ajouter dans notre Carnet de famille une annonce et un mot à ce sujet de la part de notre collaborateur Elie Benchetrit. Mais nous rendrons un hommage à Mr Amsellem, ce grand communautaire, dans notre prochaine parution de septembre. MAGAZINE LVS
MARS 2021
13
UN MAGAZINE PRODUIT PAR : TM MC
PRÉSIDENT CSUQ Jacques Saada
NOS COLLABORATEURS ET COLLABORATRICES
DIRECTEUR GÉNÉRAL Benjamin Bitton COPRÉSIDENTS LVS William Dery Arielle Sebah-Lasry RÉDACTRICE EN CHEF Sonia Sarah Lipsyc
Noémie Issan-Benchimol
Elie Benchetrit Journaliste et consultant en traductions
COMMUNICATION ET MARKETING Janice Silverstein GRAPHISME David Bohadana Israël Cohen Albert Levy RÉVISION LINGUISTIQUE ET CORRECTION D’ÉPREUVES Martine Schiefer
David Bensoussan L’auteur est professeur de sciences à l’Université du Québec. Ingénieur, écrivain et blogueur pour Le Soleil et Times of Israël, en version française. Ancien président de la CSUQ, il est notamment récipiendaire du prix Haim Zafrani (2012)
PUBLICITÉ ET VENTE Claude Benarroch Agnès Castiel ABONNEMENT Agnès Castiel lvsmagazine.com David Bohadana
Doctorant en histoire à l’UQAM. Auteur d’un mémoire sur les Juifs d’extrême gauche en mai 68 et la question palestinienne, il est également membre des Amis canadiens de La Paix maintenant, mais il s’exprime toutefois ici à titre personnel.
Prix de vente par numéro : 2 $ IMPRIMEUR / PRINTER : Accent impression Inc. 9300, boul. Henri Bourassa O. Bureau 100 Saint-Laurent H4S 1L5 EXPÉDITION POSTALE : TP Express Convention postale 40011565 Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée à : 216-5151, Côte-Sainte-Catherine, Montréal, Québec, Canada H3W 1M6 Le présent numéro est tiré à 5 000 exemplaires et acheminé par voie postale au Québec, en Ontario et aux États-Unis. Des exemplaires sont également déposés dans différents endroits stratégiques à Montréal. Les textes publiés n’engagent que leurs auteurs. La rédaction n’est pas responsable du contenu des annonces publicitaires. Toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, en tout ou en partie, du présent magazine, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictement interdite. Reproduction in whole or in part, by any means, is strictly prohibited unless authorized in writing by the editor.
MAGAZINE LVS
MARS 2021
Eric Yaakov Debroise Maître en science de l’information de l’Université de Montréal, candidat à la maîtrise en histoire de la criminalité et la justice (UdeM) et à la maîtrise en gestion à l’École nationale d’administration publique (ENAP).
Bernard Bohbot
CRÉDITS PHOTO : Christian Jacques Eric Choukroun
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Née en 1988, normalienne en philosophie et en études hébraïques, elle prépare actuellement une thèse en sciences religieuses à l’EPHE consacrée au serment judiciaire dans le droit talmudique. Elle est également enseignante au Beth-Midrash TaShma à Jérusalem et intervient dans Kol Elles, une nouvelle structure intensive d’études pour femmes en France.
Guillermo Pablo Glujowski
Sociologue. titulaire d’une maitrise en sociologie (UQAM), professeur de sciences humaines et journaliste
LVS
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Le LVS est distribué à plus de
15 000 lecteurs
partout en Amérique du Nord et à l'international. Pour faire paraître une publicité dans notre magazine, veuillez contacter Agnès Castiel au 514.345.2602 ou acastiel@csuq.org
ticles r a s o n z e r v u Déco gne exclusifs en li
Peggy Cidor Israélienne, d’origine tunisienne, elle est journaliste notamment aux Jerusalem Post et Jerusalem Report. Spécialiste des affaires de Jérusalem, de la société ultra-orthodoxe et du secteur arabe de la ville.
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Rabbin Yamin Levy
Yska Zaïda Radja
Rabbin de la Synagogue Beth Hadassah de Great Neck (NY), fondateur et chef spirituel de la Long Island Hebrew Academy et du Maimonides Heritage Center dont il est également le directeur. Auteur et éditeur de nombreux livres ainsi que d’articles sur la pensée juive, la Bible hébraïque et des textes de Maïmonide.
Sociologue, retraitée de l’enseignement à l’UQAR (Université du Québec à Rimouski) et du CEGEP Rosemont (Montréal).
Patricia Rimok Depuis 2011, elle a fondé et dirige le Réseau immigration affaires ib2ib, une corporation à charte fédérale qui a pour mission d’accompagner des entrepreneurs et investisseurs canadiens et étrangers. Elle les aide ainsi à étendre leurs opérations et à mettre en valeur leurs produits ou services dans des pays tierces.
Sylvie Halpern Elle a été toute sa vie journaliste en presse magazine. Elle a créé Mémoire vive, une entreprise de rédaction d’histoires de vie en publication privée.
Mikael Ohana Directeur créatif de Buzzglow.agency
Elias Levy
Annie Ousset-Krief
Journaliste, collaborateur au magazine LVS/ La Voix Séfarade, au nouveau journal en ligne et magazine The Canadian Jewish News et à Québec Science.
Maître de conférences en civilisation américaine à l’Université Sorbonne Nouvelle à Paris, elle réside maintenant à Montréal.
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Eta Yudin Vice-présidente de la section québécoise du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA).
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DOSSIER SPÉCIAL
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Albert Bourla, Pfizer et le vaccin anti-COVID Annie Ousset Krief Son nom était inconnu du grand public jusqu’alors, mais l’épidémie du coronavirus et la course au vaccin qui s’en est suivi l’ont propulsé sur le devant de la scène : Albert Bourla, directeur général des laboratoires Pfizer, peut s’enorgueillir d’avoir produit le premier vaccin anti-Covid en un temps record. Prouesse scientifique s’il en est, accentuée par la nature même de ce vaccin d’un nouveau type : alors que la vaccination traditionnelle consiste en l’injection d’un virus inactivé (ou atténué) pour que le corps apprenne à se défendre, le vaccin à ARN messager1 est sans agents infectieux, et est basé sur l’injection d’un ARN messager synthétique qui déclenchera une réponse immunitaire sous la forme d’anticorps. Cette technique est beaucoup plus rapide que celle du vaccin classique : le fragment d’ADN peut être synthétisé en quelques semaines seulement et dupliqué ensuite à des milliards d’exemplaires. Le monde entier pourra bénéficier de cette innovation lancée par Pfizer en collaboration avec l’entreprise allemande BioNTech – une lueur d’espoir après des mois de détresse.
Extrait du magazine Makeleio
Mais qui est Albert Bourla? Il est né il y a 59 ans dans une famille juive de Thessalonique, l’ancienne « Jérusalem des Balkans ». Ses parents étaient parmi les rares Juifs à avoir survécu aux atrocités nazies. Médecin vétérinaire, titulaire d’un doctorat en biotechnologie de la reproduction de la Faculté de médecine vétérinaire de l’université Aristote de Thessalonique, il travaille pour la firme Pfizer dès 1993, comme directeur technique de la Division santé animale en Grèce. Deux ans plus tard, il est envoyé à Bruxelles. C’est le début d’une brillante carrière internationale qui le propulsera au sommet. Il s’installe aux États-Unis en 2001, où il occupe des postes de direction au sein des différentes divisions du groupe. En 2018, il est promu au poste de directeur des Opérations, dernière étape avant de devenir le directeur général de la société le 1er janvier 2019, une position qu’il décrivait ainsi : « Le poste de PDG, c’est beaucoup plus que la gestion d’une entreprise, il s’agit de dessiner la carte mondiale de la santé publique, prendre des décisions qui ont le potentiel de changer de manière significative des vies humaines2. » Scientifique et homme d’affaires, cet homme au parcours hors du commun accompagne depuis plus de 25 ans Pfizer dans sa croissance mondiale, et le lancement du vaccin contre la COVID-19 est l’ultime victoire de cette entreprise, leader de l’industrie pharmaceutique. Seule ombre au tableau : des réactions antisémites dans son propre pays. Le journal grec Makeleio, dans son édition du 10 novembre 2020, l’a même comparé au criminel nazi Mengele et a décrit le vaccin comme un poison : « Un vétérinaire juif plantera l’aiguille! Compte à rebours de la terreur pour le vaccin obligatoire3. » L’éditeur du journal avait déjà été condamné le mois précédent pour discours de haine contre le président de la communauté juive d’Athènes.
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Albert Bourla Albert Bourla a conservé des liens très forts avec la Grèce. Il possède d’ailleurs une maison à Thessalonique. En avril 2019, le Prix Galien Grèce4 l’a récompensé du titre de « Distinguished Greek Leader », saluant « son œuvre immense et son leadership, qui promeut notre pays aux quatre coins du monde5. » Bourla est très attaché à ses origines juives, un lien que soulignait le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou : Israël avait très tôt entamé des négociations avec Pfizer pour obtenir des doses de vaccins dès sa commercialisation. Un accord a été passé pour 8 millions de doses. Benjamin Netanyahou s’était entretenu personnellement avec Albert Bourla. Il avait rapporté une « conversation très chaleureuse », et révélé qu’Albert Bourla était « très fier de ses origines juives de Salonique » et « très heureux des excellentes relations qui règnent entre Israël et la Grèce6. » De fait, sitôt le vaccin homologué par la FDA7, Israël a entamé sa campagne de vaccination. Au 30 décembre, 4 % de sa population était déjà vaccinée. Lors de l’allumage des bougies de Hanoukka le 16 décembre 2020 – cérémonie virtuelle organisée par l’ambassade israélienne de Washington – Albert Bourla soulignait le fait que Hanoukka était « l’histoire de l’impossible qui devient possible » et ajoutait, « nous célébrons à la fois l’incroyable esprit humain et la détermination qu’il a fallu pour créer le vaccin contre la COVID-19 et la façon dont ces efforts ont rendu possible l’impossible – mettre au point un vaccin si rapidement8. » 1.ARN : acide ribonucléique, fragment de l’ADN qui contient une partie des informations génétiques. Ce vaccin est une thérapie génique. 2.https://www.tahiti-infos.com/Le-patron-grec-de-Pfizer-ambitionne-de-dessiner-la-carte-mondiale-dela-sante-publique_a196272.html 3.https://fr.timesofisrael.com/un-journal-grec-compare-le-pdg-juif-de-pfizer-au-docteur-nazi-josef-mengele/ 4.Le Prix Galien a été créé en 1970 en France pour récompenser des travaux de recherche en santé et innovations thérapeutiques. C’est la plus grande distinction mondiale en recherche pharmaceutique. De nombreux pays (dont la Grèce en 2013) ont suivi l’initiative française et créé leur propre prix Galien. 5.https://www.prixgalien.gr/en/awarding-categories-honorary-awards/ 6.https://lphinfo.com/netanyahou-obtient-une-faveur-du-pdg-de-pfizer/ 7.FDA: Food and Drug Administration. Administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments, chargée, entre autres, d’autoriser la commercialisation des médicaments aux États-Unis. 8.https://fr.timesofisrael.com/le-pdg-de-pfizer-fils-de-survivants-de-la-shoah-allume-les-bougies-de-hanoukka/
DES SÉPHARADES AUJOURD’HUI DANS LE MONDE
DOSSIER SPÉCIAL
Réinventer les aurores de Haïm Korsia : Grand Rabbin de France et amoureux de la République Elie Benchetrit Élu Grand Rabbin de France pour 7 ans et investi par le Consistoire central de France le 2 juin 2014, Haïm Korsia, 57 ans, est le troisième rabbin sépharade à occuper ce poste prestigieux au sein du monde juif en général et du paysage public de la République française. Ancien aumônier en chef du culte israélite des armées, aumônier de l’École polytechnique, aviateur, administrateur du Souvenir français et ancien membre du Comité consultatif national d’éthique et membre de l’Institut. Il a publié plus d’une dizaine d’ouvrages et d’études traitant des thèmes de société, de dialogue interconfessionnel et d’actualité.
Nous avons eu le plaisir et le privilège de le faire découvrir à notre communauté lors du dernier Festival Sefarad de Montréal le 15 novembre dernier au cours d’une conversation à bâtons rompus en mode virtuel, qui avait pour thème principal la publication de son dernier livre Réinventer les aurores, un plaidoyer pour la République, paru en février 2020 chez Fayard. Pour l’auteur, au moyen de cet ouvrage : « C’est retrouver le souffle des premiers matins de la République : s’éveiller et s’émerveiller, lucides, mais jamais désespérés. La réflexion que je livre n’est pas juste un cri d’alerte, c’est ma conception de la vie et de la politique, en tant qu’elles se rejoignent en leur point de plus grande fragilité, là où il s’agit d’affirmer que l’on peut reconstituer maille après maille, le tissu de la société menacée par tout ce qui la délite, de la peur à la haine. Je veux proposer contre l’indifférence, un plaidoyer pour la fraternité, une politique de la jubilation et du bonheur retrouvé. » Le ton est donné à ce qui va constituer les quelque 200 pages de ce vibrant plaidoyer. Les problèmes sociétaux auxquels nous sommes confrontés dans un monde morose miné par la pandémie et chargé d’incertitudes sont mis en parallèle, comme pour nous rappeler la maxime du roi Salomon qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, avec les situations vécues par les plus hautes figures de la Torah. Il évoque les problèmes de leadership de Moïse au sein de son tandem avec son frère Aaron, les conseils judicieux de son beau-père Jethro l’invitant à déléguer plutôt que de vouloir tout régler par lui-même. L’évocation, pour nous Juifs, de la situation vécue par l’un de nos plus grands sages rabbi Chimon Bar Yohaï est chargée de sens : « Mais rabbi Chimon, porteur des élans altermondialistes, ne trouverait pas grand-chose à sauver dans le capitalisme, l’accusant d’exclure et d’opprimer, de brimer et d’abimer, répétant que le seul moteur de l’entreprise est la maximisation des profits et que la marchandisation du monde mène inéluctablement à la monétisation des sentiments, à la prostitution des âmes et des corps voués au culte de l’argent. Il aurait des affinités avec les zadistes1, sans le dire et finirait peut-être en gilet jaune ou en garde à vue. Et je suis très proche de la réalité, disant cela, car c’est ce même rabbi Chimon qui pour se sauver, dut se cacher dans une grotte durant douze longues années en étudiant la Thora jour et nuit et qui, lorsqu’il sortit, voyant des paysans en train de travailler leur champ, s’écria : « Ils délaissent la vie éternelle et se préoccupent de la vie transitoire! » Son regard les foudroya, car il était inconcevable pour lui que l’on perde son temps aux choses de ce monde au lieu d’étudier la Loi. Alors une voix céleste lui ordonna de retourner dans sa caverne en lui disant : « Est-ce pour détruire Mon monde que tu es sorti de ta grotte? » Je dois avouer que l’évocation de ce midrash m’a marqué fortement et j’ai pensé à un nombre non négligeable de rabbins qui détournent leur regard des problèmes auxquels sont confrontés le monde en général et leurs communautés en particulier pour ne privilégier que le mérite à atteindre par
l’étude, le Olam Haba, le monde à venir. Je présente mes plates excuses à ceux et celles que j’aurais pu choquer par ma remarque, mais je demeure convaincu qu’un rabbin qui se respecte ne peut se soustraire à son environnement et aux problèmes de tout ordre qui assaillent nos sociétés. Déjà en 1997, un autre Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim publiait un ouvrage au titre évocateur Un rabbin dans la Cité et citant le Rav Rozin il annonçait la couleur : « De quoi meurent les communautés humaines? De leurs certitudes! » Il y a presque un an, son successeur, Haïm Korsia concluait son ouvrage par cette belle réflexion qui devrait nous interpeller : « J’aime chez Hugo cette idée du rêve qui vient nous forcer à nous élever, à sortir de notre condition pour atteindre une exigence qui dépasse nos besoins primaires, déjà si importants pour nous inviter à partager quelque chose qui relève de l’espérance pour tous. Non pas la même espérance pour tous, mais une espérance pour chacun. »
1.En 2015, le terme « zadiste » entre dans le dictionnaire Le Petit Robert version 2016 : « Militant qui occupe une ZAD pour s'opposer à un projet d'aménagement qui porterait préjudice à l'environnement ». Le Petit Robert date l'apparition de l'acronyme ZAD pour « Zone à défendre », 2011 et zadiste, 2012. MAGAZINE LVS
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À nous, les Émirats! Sylvie Halpern « Partout à Dubaï on entend parler hébreu! » C’est l’effervescence depuis qu’Israël a normalisé ses relations avec les Émirats arabes unis. Et Abraham, qu’est-ce qu’il en pense?
Shlomi Lévy est rentré conquis de son premier séjour à Dubaï. Pas seulement parce que les HC Bat Yam l’avaient sélectionné pour livrer en décembre le tout premier match de hockey d’une équipe israélienne contre les Mighty Camels émiratis. Ni même parce qu’ils ont gagné, sous l’œil ravi de Marcy Grossman, l’ambassadrice du Canada aux Émirats arabes unis. Mais parce qu’il a suffi de quelques jours pour que l’avocat israélo-montréalais perçoive une véritable ruée vers l’or en Arabie et ne pense qu’à y retourner avec des clients : « J’y ai eu un sentiment de respect, de sécurité. Plein de gens marchaient dans les rues avec leur kippa et leur tsitsit (franges)! »
Vers Hanoucah, tout Israël semblait s’être donné rendez-vous à Dubaï, exempte de COVID-19 – ou si peu – et de restrictions. Il n’y a que trois heures de vol entre Tel Aviv et les Émirats arabes unis et quelque 50 000 touristes ont été déversés en Arabie par des avions archipleins d’El Al et d’Etihad. Selon les goûts, les visiteurs ont filé au Musée du Louvre d’Abu Dhabi ou sont allés se perdre dans l’immense Dubaï Mall qui se targue de compter… 1 300 boutiques. On en a même vu allumer des bougies de Hanoucah au pied du Burj Khalifa, le plus haut gratte-ciel du monde. « Partout où on va, on entend parler hébreu! » Quand il n’est pas en train de s’activer dans la finance ou l’immobilier, Thierry Braha – un Genevois qui a été attiré voilà deux ans par les énormes opportunités des Émirats – prend son vélo pour s’attaquer à Al Qudra, une piste cyclable unique en son genre qui s’avance depuis Dubaï sur une centaine de kilomètres au milieu du désert : « Ici, ce sont un peu les États-Unis du Moyen-Orient en moderne, très structuré et très propre… presque la Suisse! ». En décembre dernier au Gitex, l’un des plus gros sommets de la technologie du monde qui se tient chaque année au Dubaï World Center, la délégation israélienne est venue en force pour sa première participation. Et au magnifique concert pour la paix offert par l’Israel Export Institute – Idan Raichel et Andrea Bocelli! – les Israéliens occupaient la moitié de l’opéra.
Depuis qu’Israël et les Émirats arabes unis ont signé le 15 septembre dernier les accords d’Abraham qui ont normalisé leurs relations, ils sont nombreux à foncer vers le Golfe avec autant de vigueur que Shlomi sur la glace. Et les choses vont si vite qu’on a du mal à suivre la rondelle. Au panier la loi qui interdisait toute relation avec Israël : elle a été abrogée en quelques semaines. En août, la mairie de Tel Aviv était déjà Une nouvelle Amérique ou le nouveau Moyen-Orient illuminée aux couleurs du drapeau dont rêvait Shimon Peres? Comme un mirage, les émirati. Depuis l’été dernier, les Émirats ont surgi du désert voilà 50 ans, propulsés par appels téléphoniques directs avec la flambée du cours du pétrole. Si l’or noir est du côté Israël et l’accès aux sites Internet d’Abu Dhabi, Dubaï qui est deux fois plus peuplée israéliens sont permis. Le cheikh Ross Kriel président de la communauté de est stratégique par son port et sa magnifique côte. Et Hamad Bin Khalifa Al Nahyan, Dubaï (crédit photo Israel Hayom) de son architecture audacieuse aux meilleurs chefs de membre de la famille royale, la planète, rien n’y est laissé au hasard pour donner devrait acquérir près de 50 % des parts du club de foot l’image d’une métropole avant-gardiste, sécuritaire et ouverte qui aimante. Beitar Jérusalem. Israël ouvre à Abu Dhabi un consulat Tranchant en tout avec l’image habituelle qu’on peut avoir du monde arabe, et une ambassade aussi conséquents qu›à Washington. Et près de 90 % de ses habitants sont des expatriés et la vie y coule en anglais. bien sûr, de part et d’autre il n’est plus question de visas… Quand en octobre prochain, elle accueillera pour six mois l’Exposition universelle, c’est l’image qui circulera dans le monde. Et qu’Israël a déjà bien Yanick Dahan est aujourd’hui directrice associée au reçue. développement à la Fédération CJA à Montréal. Mais en 2000, à la fin de ses études en marketing, elle a fait partie La mariée était belle sur le gazon de la Maison-Blanche, mais les – discrets d’une délégation qui est venue vanter l’école de gestion – travaux d’approche ne datent pas d’hier. Déjà 2019 avait annoncé une de Concordia aux richissimes familles des Émirats arabes ouverture : avec la visite du pape – une première – et la publication orchestrée unis. Là-bas, on lui a montré l’Arabie des cartes postales – d’en haut d’un beau livre de table à café, Celebrating Tolerance: Religious Diversity ses dunes, ses plages infinies, ses forêts de gratte-ciel – mais in the United Arab Emirates, qui faisait la part belle à la communauté juive. elle s’est bien gardée de dire qu’elle est juive : « J’avais fait Les autorités ont aussi annoncé en fanfare pour 2022 la construction d’une refaire mon passeport avant de quitter Montréal parce « Maison de la famille abrahamique » sur l’île de Saadiyat, avec une mosquée, qu’il y avait un tampon israélien dans le mien. Ça dit une église et une synagogue… Un message qu’Israël a reçu cinq sur cinq et tout. » The Times They Are A-Changin’, chantait Dylan.
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Des envoyés de la WZO à Dubaï (crédit photo Haaretz) outre le sentiment partagé de la menace que fait peser l’Iran – les services de renseignements vont évidemment aussi coopérer –, chacun trouve son compte dans cette normalisation qui s’est étendue à Bahreïn, au Soudan et… au Maroc où Shlumi s’active déjà à organiser un tout premier match de hockey. Aujourd’hui le pétrole ne suffit plus aux richissimes Émirats arabes unis, il leur faut des idées : de la diversification, du savoir-faire, de la technologie tous azimuts – autant de gisements que la Start-Up Nation a à revendre. « La logique de la coopération entre nous est tellement grande », confiait à Times of Israël Jon Medved, le PDG du fonds d’investissement Our Crowd de Jérusalem : « Ils ont besoin d’innovation, nous avons besoin de marchés. Ils ont des capacités d’investissement, nous avons d’énormes possibilités d’investissement. Ils s’intéressent aux soins de santé, à l’énergie verte, à la cybersécurité, aux drones, aux transports, aux villes intelligentes, aux technologies de l’immobilier : nous avons tout cela! » Quant à Gil Feiler, chercheur au centre d’études stratégiques Begin Sadat de l’université Bar-Ilan, il prévoit que le commerce entre les deux pays pourrait déjà doubler au cours des deux ou trois prochaines années. Plutôt réservée jusqu’ici, la petite communauté juive des Émirats arabes unis n’en revient pas encore de ce Nouveau Monde. Et évidemment, elle s’active pour profiter de la manne… Des années durant, le rabbin Yehuda Sarna, qui dirige le centre Bronfman de l’université de New York, a été le seul rabbin – non-résident. Il débarquait avec ses repas : « C’était bien, dit-il en riant, à chaque voyage je perdais cinq livres. Maintenant, chaque fois j’en prends cinq! » De fait, devant l’afflux de visiteurs juifs, les choix de repas casher ont explosé : ainsi l’Armani/Kaf dans le très luxueux hôtel du même nom, le traiteur Elli’s Kosher Kitchen, les options casher aux menus des restaurants… Scarlet Abensour qui a lancé il y a un an son entreprise de traiteur, Kosher Lab, n’en revient pas. Elle qui a toujours vécu au Maroc avant de venir faire ses études universitaires à Montréal, a suivi il y a quatre ans son mari qui est dans le courtage immobilier à Dubaï. « Quand je suis arrivée, on était une vingtaine de familles et tout était à faire. Mais depuis les accords, de plus en plus de Juifs veulent venir s’installer ici et le paysage change! ». Quant à Steve et Sarah Benchimol qui sont venus de France voilà cinq ans pour créer Dream Inn Dubaï, leur entreprise de location à court terme d’appartements et de belles villas, ils ont vu la demande de logements casher exploser. Au fait, les Juifs des Émirats avaient le profil si bas qu’ils ne savent toujours pas combien ils sont : peut-être 300, peut-être 2 000, ils ne se sont jamais
comptés. Les premiers sont arrivés en 2008 du RoyaumeUni avec leur iPad pour livre de prières. Quand Ross Kriel a débarqué d’Afrique du Sud en 2013, il était quasiment le seul juif pratiquant : « La communauté, nous l’avons construite brique par brique, a-t-il confié au magazine Alliance, le minyan a commencé dans mon salon. Puis j’ai loué The Villa – une première synagogue dans une maison privée – au nom du Conseil juif des Émirats que nous avons créé ». L’arrivée à Dubaï, en novembre dernier, du rabbin Élie Abadi – originaire de Beyrouth et spécialiste du judaïsme sépharade – va l’aider à structurer une communauté qui devrait grossir à vue d’œil. Le Chabad lui aussi a mis les bouchées doubles. Le grand rabbin sépharade d’Israël a fait le voyage pour allumer la huitième bougie de Hanouka à Dubaï. Il a béni la première garderie juive du Golfe, l’embryon de Talmud Torah, vérifié les conditions de l’abattage rituel, examiné les plans du futur mikvéh (bain rituel). Et officiellement nommé, Levi Duchman, qui vit depuis six ans sur place, rabbin de la communauté juive des Émirats arabes unis. Originaire de New York, il a suivi sa formation et appris l’arabe à Casablanca auprès de son beau-frère, le rabbin Lévi Banon, qui n’est nul autre que le fils du rabbin David Banon de Montréal. Israël a bien dit à ses ressortissants en goguette aux Émirats d’éviter de parler politique, rapporte le quotidien économique israélien The Marker, mais dans Israël Hayom, le sociologue français Shmuel Trigano s’interroge déjà : « La mosquée Al-Aqsa de Jérusalem va devenir un lieu de pèlerinage pour un nombre impressionnant de touristes en provenance du monde arabe ». Quant au site Mako, lié à la chaîne Channel 12, il a révélé que les touristes ne font pas que des excursions dans le désert, mais reçoivent aussi des services de prostitution proposés par des repris de justice israéliens déjà installés sur place… Qu’est-ce qu’il pense de tout ça, Abraham? MAGAZINE LVS
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Un projet pédagogique novateur : Atid en version française Sonia Sarah Lipsyc
Entretien avec le rabbin Mikhaël Benadmon Mikhaël Benadmon vit en Israël. Il est rabbin et docteur en philosophie générale, spécialisé en philosophie de la loi juive. Directeur d’Atid Israël et du programme Maarava-Amiel pour la formation de cadres rabbiniques pour les communautés sépharades de diaspora, il est également chercheur associé au sein du département de philosophie juive (Forum Matanel) à l’Université Bar-Ilan. Auteur de plusieurs ouvrages en français et en hébreu, il a publié notamment « Pourquoi Israël? Les tentations territoriales : avoir, être, pouvoir », édition Lichma, Paris, 2017. Il est également possible de visionner certaines de ses conférences sur des thèmes très divers sur akadem.org. Enfin, le rabbin Benadmon est déjà venu à l’invitation d’Aleph au Festival Sefarad de Montréal et a contribué à notre revue LVS1.
Vous avez développé la branche francophone de Atid2. Dites-nous d’abord ce qu’est cette institution pédagogique? Atid Israël a été fondé il y a 4 ans à Jérusalem dans le but d’accompagner les jeunes olim (immigrants) de France dans leur intégration en Israël. Trois volets d’action ont été envisagés : le volet Étude et Identité juive, le volet Intégration sociale, le volet Loisirs. Les activités sont variées puisqu’il y a des moments de partage dans le cadre de chabbats pleins organisés, des célébrations de fête en commun comme celle de Pourim, etc. Il y a également des études participatives sur des thèmes d’actualité. Nous offrons aussi une aide à l’intégration par des activités de bénévolat et des séminaires de Leadership. De plus, le Centre Atid à Jérusalem qui s’étend sur plus de 350 m2, propose des cursus d’oulpan pour apprendre l’hébreu, des cours de psychométriques pour s’inscrire dans les universités, des ateliers de chant, de théâtre ainsi qu’un espace de travail en bibliothèque ouvert tous les jours (avec plus de 3 000 livres en français, en collaboration avec la librairie le Fil d’Ariane). Nous avons des programmes en partenariat avec les universités israéliennes et les mairies de Netanya, Jérusalem et l’Alliance israélite universelle durant lesquels des étudiants accompagnent des enfants de olim tant sur le plan scolaire qu’émotionnel. Ces étudiants bénéficient en contrepartie de bourses d’étude ou de validation d’unités de valeur transversales. Nous avons également une action en France au sein de la communauté estudiantine et bien entendu nous œuvrons à la diffusion d’une voix juive moderne sur les plateformes digitales. Cependant Atid Israël s’est élargi et agit aujourd’hui au sein des jeunes olim de tous les pays et n’est plus limité aux nouveaux immigrants français. Vous vous attelez plus particulièrement au domaine de Torah et Société. Que proposez-vous? Le judaïsme est trop souvent perçu et enseigné sous un angle ritualiste mettant l’accent sur la pratique. Ça correspond sans doute à une attente d’un certain public déjà fidélisé à la fréquentation des synagogues. Pour notre part, le choix de la pratique n’est pas notre impératif. Nous souhaitons discuter de l’identité juive sous ses diverses facettes sur la base des différentes littératures du Judaïsme. Il est possible de ne pas pratiquer, mais il est interdit d’être ignorant. À cet effet nous priorisons les thématiques sociétales qui traversent les débats de l’espace public. Que pensent les textes juifs sur l’écologie, les énergies recyclables, la circoncision et la question de la mutilation, du
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tatouage, de la consommation d’alcool par les jeunes, de la bioéthique, etc.? Il s’agit alors de montrer sous quelles perspectives ces thématiques sont appréhendées dans la tradition juive, sans tomber ni dans l’apologie du judaïsme ni dans la délégitimation du monde moderne. C’est un enjeu capital qui est porteur d’un impact sur l’identité juive des jeunes de demain. Ces contenus se présentent sous forme de fichiers téléchargeables ainsi que d’un film explicatif permettant la tenue du débat. Ces contenus sont orientés vers les communautés et leurs chefs spirituels, et vers les associations étudiantes, mais aussi vers tout cadre ou organisation soucieux de mener un débat intelligent sur la place du judaïsme dans le monde moderne. Y a-t-il également d’autres ressources sur votre site comme l’Histoire d’Israël? L’histoire d’Israël n’est pas assez connue. Elle est enseignée trop souvent de manière partisane et sans recul idéologique. Cette histoire est pleine d’épisodes et de parcours de vie glorieux et il est important d’en prendre connaissance; mais il faut aussi être capable d’opérer un recul afin de porter un regard lucide sur notre histoire. Nous souhaitons étoffer ces contenus de fiches pédagogiques afin de les présenter aux écoles francophones de par le monde. En ne prenant que quelques minutes par jour, il est possible d’écouter un enseignement de Talmud ou sur la Bible à partir de votre page Facebook3 ou de votre groupe sur WhatsApp. Quels sont les programmes en cours? La COVID-19 a amené avec elle des opportunités. Pour nous, c’était le temps de réfléchir à de nouveaux projets diffusés sur les médiaux sociaux concernant l’étude. Nous avons alors mis en place deux projets phares. Le premier s’inspire d’un programme bien connu du public israélien, c’est le fameux 929. Le principe est simple : étudier chaque jour un des 929 chapitres de la Bible hébraïque et ainsi parcourir tout le TaNaKh (Bible hébraïque) en 3 ans. Cette formule nous a inspiré et nous avons mis en place une étude journalière d’un chapitre biblique en 6 minutes! Les premières minutes contextualisent le récit succinctement alors que les dernières minutes s’attellent à mener une réflexion sur le message prophétique de ce texte répondant
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à la question essentielle : pourquoi fallait-il inscrire ce texte dans le canon biblique? Notre enseignant est un érudit biblique, Shaoul Benchimol, entrepreneur et homme d’affaires de métier passionné par le texte biblique. La lecture de Shaoul est inspirante, car elle puise ses réflexions de mondes divers et multidisciplinaires. Après le livre de Josué et celui des Juges, nous proposons actuellement une étude quotidienne sur le Premier livre du prophète Samuel. Le second projet offre l’étude d’une Mishna, d’un enseignement du Talmud par jour. J’ai eu l’occasion d’enseigner le traité Orayot. Que se passe-t-il lorsqu’un tribunal rabbinique se trompe est l’une des questions centrales de ce traité? Le caractère novateur se situe dans une lecture classique de la Mishna ainsi que des considérations, par exemple, archéologiques puisant leur source dans la réalité du monde de l’époque du Second Temple. À qui s’adressent en priorité vos productions? Nos contenus se tournent vers toute personne soucieuse d’enrichir sa vie intellectuelle et sa connaissance du judaïsme. Toutefois, nous souhaitons proposer ces programmes aux écoles, aux rabbins, aux organisations estudiantines et mouvements de jeunesse. Notre objectif est de créer des viviers d’étude au sein des intéressés et d’accompagner les enseignants dans leur transmission par des pistes pédagogiques.
GENERATIONS
Jusqu'a 1 000 $ de rabais
-- sur un sejour dans un camp de vacances d'ete juif -
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LES CAMPEURS DEBUTANTS
sont admissibles
a la subvention One Happy Camper.
Mikhaël Benadmon et Sonia Sarah Lipsyc au Festival Séfarad de Montréal 2018
LES ANCIENS CAMPEURS pourraient etre admissibles
a la subvention
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1.Voir http://lvsmagazine.com/2018/09/le-sionisme-politique-et-les-rabbins-sepharades/ et http:// FIHANCtENPARTIEPAR UNE GtNfREUSESUBVENTION OE lvsmagazine.com/2015/12/la-formation-rabbinique-sepharade-maarava-au-sein-de-linstitut-amiel/ 2.http://atid-france.org/torah-et-societe/berechit/ CAMP B'NAI BRITH DE MONTREAL CAMP KINNERET·BILUIM 3.Atid-Les questions du monde juif : https://www.facebook.com/groups/347034069228222
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Comment j’ai quitté mon enfance… et la Tunisie Peggy Cidor L’auteure nous fait l’amitié de publier ici les bonnes feuilles, c’est dire un extrait d’un manuscrit en préparation qui devrait paraître d’abord en hébreu sous le titre, « Kakha zé haya » (C’était comme ça).
Le matin du six mars 1962, un soleil froid se leva sur Tunis. Depuis plus de deux semaines, j’avais déjà perdu, l’un après l’autre, presque tous mes repères, mais ce matin-là, ce fut le pire. Après deux semaines passées chez mes grands-parents maternels, depuis la veille, mes parents nous avaient enfin rejoints, mon frère Elie et moi. Mais contrairement à ce que j’espérais d’une manière confuse, leur arrivée ne remit rien de l’ordre ancien dans la vie de la petite fille de 10 ans que j’étais alors. Ce matin-là, j’entrai dans la salle à manger de ma grand-mère, pour déguster comme tous les matins, le bol chaud de Banania, un mélange d’orge et de cacao accompagné d’une grande tartine de confiture de coings, une des spécialités de mémé Milly. Je savais déjà que ce matin, pas comme les autres, je n’aurais pas à affronter la colère froide de Monsieur Apiéto, le principal du lycée annexe de Mutuelleville où j’étudiais, après un autre de mes retards presque quotidiens. Mais je n’avais pas vraiment réalisé que je ne reverrais plus l’école, mes camarades de classe, mes deux amies les plus proches, Selma, la Tunisienne musulmane et Claire, la fille de l’instituteur français. Je ne comprenais pas encore que mes manuels scolaires – les livres d’histoire et de géographie (de la France bien sûr) et encore moins le livre de latin, dans lequel j’excellais pour les versions et traductions étaient en train de devenir complètement caduques. Je ne réalisais pas que dans quelques jours, une langue nouvelle, étrangère et mystérieuse allait remplacer celle de Molière et de La Fontaine et devenir mienne en très peu de temps. Je n’avais pas encore compris que Faiza, mon amie bien-aimée, celle qui m’avait raconté quelques mois plus tôt, en larmes, que son père, un ami de mon père, avait décidé de se remarier moins d’un an après la mort de sa mère, et qu’elle allait maintenant vivre avec une marâtre. Je n’avais pas compris qu’aux prochaines vacances d’été, nous n’allions plus Peggy et sa mère. passer trois mois à la Goulette, près de la mer, et se revoir tous les jours. Je ne comprenais pas que je ne serais plus jamais à ses côtés pour la consoler, comme les années précédentes. Je ne réalisais pas encore que compte tenu des conditions de semi-secret de notre départ, je ne m’étais pas séparée, que j’allais en fait disparaître de leurs vies tout d’un coup, sans prévenir ou prendre le temps de se quitter. Selma, Claire, Faiza, Mahmoud et Nadine, les enfants, Juifs, Italiens, Français ou Tunisiens musulmans qui étaient une partie de ma vie jusque-là se sont brutalement effacés de ma vie en un jour, après une nuit de navigation sur une Méditerranée démontée. Cette Méditerranée qui séparait Tunis et son soleil et ses jardins de Marseille et son camp d’Arénas de transit, pour
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finalement nous amener sur cette terre qui était celle de mes ancêtres, les vrais, pas les Gaulois comme nous l’avait enseigné madame Juliette, la prof d’histoire, et où tout allait commencer à zéro. Ce matin-là, encore enveloppée dans mon ignorance naïve du tremblement de terre qui allait chambouler ma vie, sur le pas de la porte de la salle à manger chez mes grandsparents, je m’arrêtais, pratiquement paralysée devant une scène incompréhensible pour moi : mon père et mon grandpère, qui ne se parlaient pas depuis plus d’un an, se tenaient debout, dans les bras l’un de l’autre, en pleurant. Ils n’avaient pas commencé la prière – ou l’avaient interrompue dans l’émotion, et ils se tenaient là, ignorant ma présence, devant la fenêtre qui donnait sur le jardin d’où montait déjà le parfum des citronniers en fleur, tous les deux enveloppés de leurs châles de prière (talith) les bras encerclés dans les phylactères (tefilin). Je filai chercher refuge chez ma mère, que je trouvais en larmes, dans les bras de ma grand-mère. Je crus entendre Mémé Milly dire à maman « rod belek ala peggy » - (de l’arabe tunisien : « Fais attention à Peggy »), paroles auxquelles maman répondit par de nouveaux sanglots. Plongées dans leur émotion, aucune des deux ne fit attention à ma présence. Complètement déroutée, choquée et incapable de comprendre ce qui se passait, je finis par retourner dans la salle à manger, jetant un coup d’œil furtif vers les deux hommes, qui à présent, étaient plongés dans la prière. Mon seul refuge devant toute cette confusion inquiétante fut le bol de Banania préparé par ma grand-mère, et la grande tartine de confiture, qui, au bout de deux bouchées, se bloquèrent dans ma gorge, laissant passer quelques larmes vite contenues. Quelques heures plus tard, mes parents, mon frère et moi, nos 4 valises de taille moyenne et deux couffins de raphia, quittèrent à jamais la villa des grands-parents, rue de la Kahena 1, Beau-Site, Tunis, et, entassés dans le grand taxi, prirent la route pour le port de Tunis. Pépé Ishay avait préféré s’éviter le déchirement du dernier regard sur le quai, mais mémé Milly, emmitouflée dans un manteau noir avec son large fichu imprimé de roses de plusieurs couleurs, resta là, derrière les grilles autour du
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quai, agitant de temps en temps son mouchoir blanc, buvant jusqu’au dernier moment la silhouette s’estompant de sa fille et sa famille quittant à jamais le sol de la Tunisie. Le bateau quitta le port de Tunis dans l’après-midi. Avec quelques familles juives qui quittaient comme nous le berceau de leur enfance, on nous logea dans la cale. Quatre chaises longues, et les quatre valises et les deux couffins de raphia nous servant de mur, remplacèrent la maison que nous avions laissée derrière nous à jamais. À la tombée de la nuit, la mer commença à s’agiter, le roulis et le tangage devinrent de plus en plus forts, et les allers et retours vers les toilettes devinrent de plus en plus fréquents. Au bout de quelques heures, la plupart ne prenaient plus la peine d’y aller pour vomir, et le sol de la cale se couvrit de vomissures et de papier essayant de couvrir leur vue. Mais l’odeur de plus en plus nauséabonde ne fit qu’empirer la situation. Au matin, n’en pouvant plus, et profitant d’un moment d’inattention de mes parents, je réussis à monter sur le pont. Un vent violent me souleva et me fit voler vers le bastingage. Paralysée par la peur, je n’arrivais même pas à crier, mais l’un des marins réussit à m’attraper par les bras et à me retenir à la dernière minute. Il me gronda et me renvoya dare-dare dans la cale, où l’odeur terrible me frappa de plein fouet… et je vomis copieusement devant le regard miinquiet mi-courroucé de ma mère. Pepe Ichay s’obstina à rester dans sa villa jusqu’en 1970, et finalement, devant le départ, l’un après l’autre de ses 8 enfants, finit par accepter de partir lui aussi. Il s’installa à Paris avec mémé Milly et le fils benjamin, André, encore célibataire. Le ciel gris, le froid, l’inactivité forcée – à Paris, aucune chance de lui trouver un travail quelconque, la nostalgie de son jardin abandonné, sa famille éclatée et éparpillée dans une ville inconnue, l’une de ses filles (ma mère) à plusieurs milliers de kilomètres de distance, dans cette Père de Peggy le jour du départ. terre lointaine pour laquelle il priait chaque année « L’an prochain… », mais dont il n’osa jamais s’approcher, finirent par le terrasser. Un cancer très vite généralisé, maladie dont très peu avaient entendu parler jusque-là à Tunis eut très vite le dessus, et 13 mois après le déchirement de la douceur de vivre de sa Tunisie natale, il succomba, sans revoir sa fille, ma mère, et son jardin. Mon père, qui rêvait de monter en Israël rejoindre sa famille depuis plusieurs années paya le prix de son rêve. Vingt-quatre heures avant de monter à bord du « Ville de Tunis », le bateau qui nous sépara de la cote tunisienne pour nous déposer à Marseille, en route pour Israël, il boucla son magasin de bijouterie, avec toute sa marchandise précieuse dedans. La loi tunisienne interdisait de sortir les biens privés, et bien que n’étant pas dirigée spécialement contre les Juifs, mais tous les ressortissants tunisiens, ce fut surtout les Juifs de Tunisie qui payèrent le prix le plus fort à la suite de cette loi draconienne. Notre
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appartement, situé dans l’un des quartiers résidentiels de Tunis fut aussi abandonné, avec tout l’ameublement. Pour mon père, animé d’un sionisme ardent, c’était un prix acceptable, presque dérisoire pour réaliser son rêve. Pour Maman, ce fut plus difficile. Essayant de sauvegarder quelque chose de la vie qu’elle quittait soudain, elle réussit à convaincre mon père de déposer dans le cadre d’une de ses sœurs, ayant la nationalité française et donc libre de sortir avec ses biens, quelques services de porcelaine auxquels elle tenait. Ils arrivèrent près de deux ans plus tard au port d’Haïfa. Les trois caisses ramenées à grand effort jusqu’aux 45 mètres carrés de notre modeste logement à Ashdod, une fois ouvertes, dévoilèrent l’ampleur de la blessure : rien des trois services de porcelaine fine ne survit au voyage. Ce fut la première fois que maman éclata en sanglots depuis notre arrivée en Israël. Un an plus tard, ce fut la deuxième fois, à l’annonce par télégramme du décès de pépé Ishay, en réalisant qu’elle ne reverrait plus jamais son père. Deux semaines dans le camp d’Arénas, et nous prîmes l’avion pour Israël. Les formalités prirent du temps, et arrivés à destination – la ville de développement d’Ashdod, le Shabbat était déjà entré. Shoshana, d’origine marocaine et représentante de l’Agence juive, nous accueillit et nous conduisit vers la caravane – la « Ma’abara » qui allait nous servir de maison pour les quatre prochains mois. Des lits de camps rudimentaires, des couvertures d’une couleur douteuse, un carton à terre avec du pain sec, des boîtes de conserve et quelques pommes. Avec une nonchalance qui choqua mes parents, Shoshana alluma la lampe à pétrole sur le coin de la kitchenette. Mon père faillit s’évanouir. Premier shabbat en Terre d’Israël, quelques heures après notre arrivée, et voilà qu’une juive israélienne transgresse le shabbat pour nous faire de la lumière! « Ici, c’est Eretz Israël monsieur Chemouny » expliqua Shoshana. « Commencez à vous habituer, et de plus, plus de monsieur et madame – maintenant ici c’est « haver et havera »– nous sommes tous camarades. »
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Les Juifs du Mexique Elie Benchetrit À l’initiative de la Fédération sépharade du Canada, nous inaugurons une nouvelle série d’articles en espagnol pour mieux faire connaître les communautés juives sépharades dans le monde et le legs de leur culture. Une introduction en français de notre collaborateur présente cette communauté juive du Mexique et résume ces différents articles ou entretiens.
Au moyen de deux articles, que les auteurs Alberto Lévy Oved, président de Fesela Mexico, et Aaron Rosenzweig-Misrahi, jeune étudiant et entrepreneur, nous ont transmis, nous poursuivons la série de reportages qui vous feront découvrir des communautés juives partout au monde. Après l’Argentine, nous avons choisi le Mexique avec une histoire fascinante concernant l’établissement des premiers Juifs lors de la conquête par les Espagnols de ce vaste territoire que fut l’Empire Maya. Alberto Lévy Oved nous fait remonter le temps pour situer la présence juive dans son pays au 16e siècle lors des premières expéditions du conquistador Hernan Cortés et qui comptèrent dans ses rangs un certain nombre de « conversos » (juifs convertis au catholicisme). En 1578, le roi Philippe II d’Espagne chargea Luis de Carvajal de procéder à la conquête du nord de la vice-royauté du Mexique. Carvajal, fut accompagné dans son expédition par de nombreux Juifs convertis. L’inquisition installée dans ce pays depuis 1548 accusa alors Carvajal d’être un « judaïsant » et détruisit plusieurs réseaux communautaires juifs dans le pays. Un neveu de Carvajal fut le premier auteur d’un ouvrage connu pour avoir mis de l’avant l’importance des Juifs dans l’établissement des premiers colons espagnols et le rôle néfaste de l’Inquisition. Les lois instaurant la liberté religieuse au Mexique datent de 1860, cependant les juifs qui y émigrent vers la fin du 19e siècle s’identifiaient majoritairement en fonction de leur origine nationale et non de leur appartenance religieuse. C’est en 1912 que fut créée la Sociedad de Beneficiencia Alianza Monte Sinai et que l’on construisit la première synagogue, le premier cimetière et que commencent les premiers travaux relatifs à l’entraide envers les plus nécessiteux. Par la suite, la branche ashkénaze se sépara afin de construire sa propre synagogue proche de la première et en créant de nouvelles institutions correspondant à ses propres traditions. Le flux migratoire des Juifs en provenance d’Europe et de la Méditerranée orientale fut accueilli par les institutions communautaires établies sur place. Vers la fin des années 30, les Juifs originaires d’Alep en Syrie se séparent du tronc commun de même que ceux originaires des Balkans pour former des communautés spécifiques à leur groupe ethnique. D’autres communautés d’origine ashkénaze se constituèrent tout en abandonnant l’orthodoxie religieuse pour se définir comme « conservative ». On peut donc affirmer que nous sommes en présence de 6 communautés différentes qui définissent les différentes particularités d’origine, de religion, de traditions et de culture des Juifs du Mexique. Il est important de signaler la présence de la Fédération sépharade latinoaméricaine, Fesela au Mexique depuis 45 ans, d’origine orientale et sépharade dont la mission est de conserver la culture, de diffuser son histoire et d’être présente dans les divers forums internationaux sépharades tout en appuyant les organisations sionistes partout au monde.
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Aaron Rosenzweig-Misrahi La population juive concentrée principalement dans la ville de Mexico compte 45 000 âmes, On compte d’autres communautés dans d’autres villes du pays. Le taux d’assimilation est considéré comme assez bas. Il existe 13 institutions éducatives fréquentées par 90 % des enfants juifs. Les valeurs juives et sionistes sont présentes au sein de ces institutions et le taux de diplomation universitaire est très élevé au sein de la communauté. La Communauté juive mexicaine est l’une des plus belles au monde où l’on peut compter un système de services de haut niveau dans une ambiance de solidarité et de fraternité. Un jeune étudiant et entrepreneur Aaron Rosenzweig a bien voulu répondre à nos questions concernant son engagement au sein de sa communauté ainsi que les défis à relever en cette période de pandémie. Il met l’accent sur le bas niveau d’assimilation et souligne cependant le manque d’engagement des jeunes au niveau du leadership, celui-ci étant accaparé par la « vieille génération des bâtisseurs ». Un problème qui, avouons-le, nous est également familier. Israël est central et au cœur de l’action communautaire. Il est très optimiste quant à son avenir au Mexique et se félicite d’avoir participé au Congrès de Fesela et des jeunes sépharades d’Israël organisé par la Fédération sépharade du Canada, la CSUQ , et la Fédération sépharade mondiale qui eut lieu à Montréal en novembre 2019.
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Encuentro con un joven Sefaradí Mexicano Elie Benchetrit LVS-¿Cual es tu nombre, apellido, estado civil, profesión? A.R.M-Aaron Rosenzweig Misrahi, estudiante y emprendedor, soltero. LVS ¿Desde cuando has estado participando en las actividades de FeSeLa México y eventualmente en otras organizaciones judías en México? A.R.M-Participo en FeSeLa desde diciembre de 2017 y fui parte del Congreso de Jóvenes que se organizó en Miami en enero de 2018. Entré a FeSeLa a través de una organización para jóvenes de la Comunidad Monte Sinai, la entonces presidenta de la organización me presentó a Alberto Levy y después de una entrevista, me volví miembro de la Federación en México. LVS- ¿Cuales han sido los motivos que te han llevado a ser un miembro activo de tales organizaciones?
año no son las mismas al siguiente. Estas motivaciones están atadas, en muchos casos, a las modas por las que se está atravesando. Sin embargo, la participación de jóvenes en las organizaciones sionistas sigue siendo relevante ya que alrededor del 95% de los jóvenes judíos asisten a colegios judíos lo cual ayuda a que su participación en actividades de carácter judío sea grande. LVS- ¿Existe a tu parecer un problema bastante común en otros países como el de la asimilación a través de casamientos mixtos por ejemplo? A.R.M- En México tenemos poca asimilación. Creo que nuestro problema es el de la participación de los jóvenes en la labor comunitaria. Conforme pasa el tiempo en general los cargos comunitarios son presididos por personas cada vez más grandes. La cantidad de jóvenes participando ha disminuido. Con la pandemia y la digitalización es difícil competir contra aparatos digitales. Muchos jóvenes creen que las comunidades, organizaciones, etc. son auto sostenibles y que no requiere de ellos.
A.R.M-Desde que era pequeño quería participar en la comunidad como voluntario ya que siempre me a gustado ayudar a los demás. Adicionalmente en diciembre de 2015, mi padre tuvo un problema de salud, en ese momento contamos no sólo con el apoyo de mi familia sino con el de la Comunidad. Después de ese infortunio me propuse a entrar a trabajar a la comunidad lo antes posible para permitir que ese tipo de ayudas siga existiendo.
LVS ¿Que lugar ocupa el Estado de Israel en tu participación?
En ese mismo sentido va mi motivación por pertenecer al Comité Mexicano de FeSeLa, ya que para mi es muy importante la representación de los sefaradíes en México, América Latina y a nivel mundial.
A.R.M-Actualmente tenemos un gobierno de izquierda cuyas políticas tienden a beneficiar a las clases populares. La situación económica está afectada por las restricciones que obliga la pandemia. Sin embargo, las relaciones con la Comunidad siguen siendo excelentes y existen acertados puentes diplomáticos con Israel.
En resumen me gusta proporcionar ayuda a la comunidad para que esta pueda continuar mejorando, creciendo y ayudando a personas con sonrisas.
LVS ¿Como ves tu porvenir en México?
L.V.S¿Que tipo de actividades desarrollan estas organizaciones? A.R.M-Los eventos que hacemos en la Federación Sefaradí en México están centrados en nuestra historia, cultura, tradición, religión, entre otros temas sefaradís. Tratamos de ser flexibles a las necesidades y oportunidades que se nos presentan. Ahora por la pandemia los eventos que hemos realizado son todos a través de Zoom en línea. Asimismo, continuamos representando a los judíos sefaradís en México y a nivel regional e internacional. Por otro lado, las actividades que desarrollamos en la organización juvenil son obviamente enfocados en jóvenes, los temas son muy variados, por ejemplo, religiosos, de caridad, emprendimiento, diversión, para que se conozcan entre ellos, entre otros. Al igual que los eventos de FeSeLa, nuestros eventos ahora por la pandemia son en línea a través de Zoom. LVS ¿Cuales son las motivaciones de los jóvenes judíos de tu generación en cuanto a su participación en actividades de carácter judío o de índole sionista? A.R.M-Las motivaciones de los jóvenes son varias y en constante cambio. A través de cuatro años de participación comunitaria, hemos observado que las motivaciones en un
A.R.M-El Estado de Israel ocupa un lugar muy importante en mi participación comunitaria. En todo lo que hago dentro de la comunidad busco como proporcionar mi apoyo hacia Israel, haciendo acciones sionistas tendientes a representar y demostrar lo que realmente es nuestro Estado de Israel. LVS ¿Puedes describir brevemente la situación política en México y la posición del gobierno actual acerca de las comunidades judías y del Estado de Israel?
A.R.M-La situación en la comunidad es muy buena, las organizaciones, instituciones y federaciones comunitarias siguen en buen funcionamiento aun con la situación por la que estamos atravesando. Esperamos una buena recuperación económica que beneficie los niveles de empleo y de remuneración. Pero siempre estamos atentos a encontrar en otras latitudes mejores situaciones y no desechamos la oportunidad de hacer Aliya. LVS-¿Qué ha representado para ti haber asistido al Congreso de los Jóvenes de FeSeLa y del Canadá en noviembre del año pasado? A.R.M-Mi participación en los congresos de jóvenes a los cuales he tenido la oportunidad de asistir me han brindado una entendimiento mucho más profundo y real de lo que atraviesan diferentes comunidades judías y específicamente comunidades sefaradíes alrededor del mundo. En el Congreso de Jóvenes de FeSeLa, el cual se llevó a cabo en Miami en 2018 donde todos los países de América Latina y Miami (que representa la comunidad sefaradí de Cuba), me abrió los ojos a las realidades por las que atraviesan las comunidades representadas en esta federación (FeSeLa). Asimismo, el congreso llevado a cabo en Montreal donde la Juventud de FeSeLa participó invitando a jóvenes de Miami, Argentina, Chile, Colombia y México, fue observar otra realidad. Ver una comunidad organizada y estable. Conocer a jóvenes de Israel y poder crear un grupo donde la Juventud de FeSeLa con la Juventud de otras Ramas de la Organización Sefaradí Mundial podamos trabajar en conjunto para organizar eventos y actividades dirigidas a los jóvenes. Por estas experiencias vividas en ambos congresos he podido aprender mucho y relacionarme con diferentes jóvenes para poder trabajar unidos. MAGAZINE LVS
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Judíos en México Elie Benchetrit
Alberto Levy Oved
La presencia judía en México data del siglo XVI como resultado de la búsqueda de refugio para aquellas víctimas del proceso de expulsión y erradicación de los judíos de la península ibérica. Se tiene documentado que desde las primeras expediciones del conquistador Hernán Cortés, en 1519, este estuvo acompañado por hombres que recientemente habían cambiado de confesión religiosa. En 1548 se instala en el país la llamada Santa Inquisición que, junto con múltiples ordenamientos restrictivos, buscaba un estricto orden religioso en el virreinato de la Nueva España. A pesar de estas limitaciones, llegaron al país seguidores de la ley mosaica quienes formaron clandestinamente comunidades que seguían en secreto su religión y costumbres ancestrales. Cabe destacar que en 1578 El rey Felipe II de España respaldó a Luis de Carvajal para que se encargase de la conquista del norte del virreinato creando el Nuevo Reino de León. Este hombre se hizo acompañar de nuevos cristianos para lograr su cometido. La inquisición se encargó de demostrar la culpa de Carvajal y de otros como judaizantes y desarticuló varias redes de carácter comunitario judío en el país. Es importante resaltar que el sobrino de este ilustre personaje llamado Luis de Carvajal el Mozo fue quien escribió el primer libro conocido de contenido judío en el continente americano. Esta abominable institución desaparece hasta después de alcanzada la independencia de México dejando registro de un sin número de autos de fe que demuestran una eficiente persecución en tiempos de la colonia española. Las leyes de libertad religiosa en el país datan de 1860. Sin embargo, los judíos que inmigraron a fínales del siglo XIX y principios del XX se identificaban principalmente con su origen nacional y no con su fe religiosa. Fue hasta 1912 cuando se crea la Sociedad de Beneficencia Alianza
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Monte Sinaí, que se construye la primera sinagoga, el primer cementerio y se inician los trabajos de ayuda a los más necesitados. Pocos años después, el sector Askenazi se separó construyendo su propia sinagoga a pocos metros de la primera creando nuevas instituciones que respondieron a lo específico de sus tradiciones. En esa época se creó una nueva Constitución que recogió los valores ideológicos surgidos de la revolución mexicana, conservando el espíritu de libertad religiosa y creando nuevas formas de garantía a la libertad individual. A pesar de los cambios en las políticas de población que se volvieron más restrictivas a la aceptación de nuevos migrantes, continuó el flujo de judíos provenientes de Europa y de la zona oriental del Mediterráneo. Estos fueron recibidos y atendidos por comités comunitarios que los auxiliaron en materia de alojamiento, trabajo y aprendizaje del idioma español, entre otras ayudas. Hacia finales de los años 30, se separan del tronco común los judíos de origen alepino y unos años después los judíos de origen turco balcánico también conformaron una comunidad aparte. Posteriormente, se incorporan otras dos comunidades que, si bien son de origen Askenazí, abandonan la ortodoxia religiosa y conforman instituciones de orden conservador. A partir de ahí, funcionan las 6 comunidades que atienden hasta el día de hoy las diferentes particularidades de origen, religión, tradición y cultura de los judíos de México. Es importante resaltar la presencia desde hace más de 45 años de la Federación Sefaradí Latinoamericana a través del Comité Mexicano de FeSeLa que está integrado por las tres comunidades de origen oriental y sefaradí que existen en México. Su función básica es conservar la cultura, difundir la historia y participar en los diversos foros internacionales de orden sefaradí, además de accionar en los organismos sionistas más importantes del mundo. La población judía está concentrada básicamente en la Ciudad de México, aunque existen comunidades en otras ciudades del país. Su importancia numérica se ha mantenido constante en alrededor de 45,000 personas. Este número ha estado determinado por el crecimiento natural, menos las emigraciones. Lo relevante son los extremadamente bajos niveles de asimilación, debido entre otras cosas, a un eficiente sistema escolar integrado por 13 instituciones educativas donde asisten más del 90% de los niños. Los valores judaicos, sionistas y de conservación de las tradiciones que ahí se imparten, garantizan la pertenencia comunitaria y son el complemento de una educación de excelencia que permite el acceso a las grandes universidades. Los matrimonios intercomunitarios son cada vez más frecuentes y crean familias enriquecidas con valores judíos de diferentes orígenes. Asimismo, el papel del Comité Central de la Comunidad Judía de México y de Tribuna Israelita que de principio sólo se encargaban de unificar la voz de las comunidades frente al gobierno y la opinión pública, se están encargando de dictar políticas de observancia general. Así tenemos que en 2020 se atendieron temas de seguridad, acción social, análisis estratégico y en forma permanente se otorgo asistencia médica y ayuda para hospitalización por COVID 19. La comunidad judía mexicana es una de las más bellas del mundo donde se cuenta con un sistema de servicios inigualable dentro de un ambiente de solidaridad y de hermandad. Alberto Levy Oved Presidente de Fesela Mexico
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Le voyage interdit, Alger-Jérusalem de Jean Pierre Lledo Yska Zaïda Radja
Jean Pierre Lledo
C’est au travers de sa boîte à « outils dits communistes », c’est-à-dire une analyse s’inspirant d’une démarche dialectique, qu’il nous relate l’ensemble de son parcours, celui d’une « brebis égarée » qui retrouve l’adresse de sa Maison.
Dans son film, Le Voyage Interdit, Alger-Jérusalem, Jean Pierre Lledo ne peut tout nous dire, nous relater son parcours. Alors, pour compléter ce long métrage qui dure plus de onze heures et se présente en 4 volets, il lui a fallu ajouter un livre de 300 pages paru en octobre dernier aux éditions Les Provinciales. Ainsi, conseillé par ses amis, il devait écrire son histoire, la partager or, comme il le mentionne, il lui fallait découvrir l’incipit qui lui ouvrirait un chemin. Il le trouva dans le poème de Robert Frost qu’une amie lui avait offert. « Deux routes bifurquaient dans un bois jaune. Et au regret de ne prendre les deux. Car voyageant seul, je suis resté longtemps les yeux fixés sur l’une des deux aussi loin que je le pouvais. Jusqu’à un virage qui se perdait dans les broussailles… »1. Dès les premières lignes, nous comprenons que l’inscription de son histoire personnelle ne peut être située que dans l’Histoire, principalement celle de l’Algérie avant et après son indépendance, son Algérie natale où, à son insu, tant sa judéité était niée, se construisent un certain nombre de nœuds liés à son conditionnement social, notamment l’appréhension de la nation israélienne comme étant une nation de colons. Cette vision lui provient essentiellement de son appartenance identitaire paternelle, espagnole et communiste. En revanche, il est Juif par sa mère. Jean Pierre est né en 1947 à Tlemcen, marié à une Algérienne avec laquelle il eut deux enfants, Naouel et Serge. Comprendre, voire défaire tous ces nœuds, lui a pris près d’un demi-siècle, lui qui décida, je dirai par fidélité nationaliste et filiale, de rester en Algérie tout ce temps c’est à dire jusqu’en 1993. Menacé de mort par les islamistes, il se résigne alors, à contrecœur, à aller vivre en France. Sans aucune complaisance, il analyse les rapports sociaux qui tissent la toile sur laquelle s’inscrivent, au fur et à mesure, ses innombrables interrogations, ses liens dits d’amitié, sa place dans ce pays qu’il considérait comme étant le sien. Pour lui, sans aucun doute, comme il l’écrit, « Accepter (Israël), n’était-ce pas rompre, définitivement, avec ce que je voulais encore considérer comme mon pays? » Nous pourrions nous demander s’il n’avait pas peur de se retrouver seul à son retour d’Israël et de se faire lyncher par ses collègues algériens comme l’ont été d’autres avant lui. Une question se profile tout au long de son récit, « Pourquoi ces incessants débats sur l’identité m’exaspèrent-ils autant? » Avec lucidité, il chemine en nous entraînant sur une « route que l’on emprunte le moins souvent ». Somme toute, il prend le risque de se dire, de nommer ce qui l’a poussé à aller « au pays dont le nom ne se prononce pas », ni en Algérie ni dans les groupes communistes. Israël est banni de son propre vocabulaire durant près d’un demi-siècle.
Bien entendu, il lui a fallu tout d’abord comprendre les innombrables préjugés, représentations sociales, conditionnements subis notamment par son lien aux divers groupes communistes comme le PAGS, (Parti de l’avant-garde socialiste), agissant comme des obstacles à la reconnaissance de sa judéité. Après le coup d’État du 19 juin 1965, l’Algérie a changé de visage. Il n’est plus question de reconnaissance de l’altérité. La théocratie s’installe. Ainsi, il n’était pas ou plus question de mentionner son identité de Juif algérien. Pourtant son oncle maternel, Maxime Attia, lui avait tendu une perche lorsqu’il avait fait son Aliyah en 1961, perche qu’il refusa en lui disant : « je te rejoindrai quand ce sera la Palestine… »2. Et voilà que malgré tout cet enchevêtrement d’idées préconçues quant à Israël et au sionisme, la transmission maternelle l’éclabousse par un seul mot : Tcharbeb3. Mot que sa mère employait essentiellement pour dire qu’une personne n’est pas bien agréable. Elle ne lui a jamais dit sa provenance. Il la découvre lors d’un repas chez des amis à Jérusalem. Il comprend bien plus tard qu’en fait c’était Ticha Bé Av ! Ce jour de jeûne qui commémore la destruction du Temple de Jérusalem. De là lui vint l’idée de commencer son film au Kottel, au Mur occidental, en le dédiant à sa mère. Dans la troisième partie de son livre, grâce à cette invitation en 2008 à participer au festival international de Jérusalem pour une projection de son film « Algérie, histoires à ne pas dire », se profilent des germes de sa libération du premier préjugé, et non le moindre : le refus, voire le rejet d’Israël. Et le voilà, foulant cette terre qu’il s’était interdite plus de 60 ans. Ainsi, cette réalité qu’il nous décrit largement, avec minutie, témoigne du constat qu’il « est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé »4. À vous d’en découvrir la suite… 1. Robert Frost, La route non empruntée, Mountain Interval, 1916. 2. Jean Pierre Lledo, Le Voyage interdit, Alger-Jérusalem, Les Provinciales, 2020 p. 148 3. Op. cité p. 115 4. Citation de Albert Einstein op cité p. 171 MAGAZINE LVS
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La marque du Grand Rabbin Sir Jonathan Sacks (1948-2020)1 Noémie Issan-Benchimol
Rabbin Sir Jonathan Sacks Faire ressentir et penser la foi religieuse, le génie des textes juifs (...) le tout grâce à une transmission faite de bienveillance et de partage
Lorsqu’il s’agit de présenter la vie et l’œuvre d’un géant de la Torah, d’un gadol, qui fut aussi une Lumière des Nations, comme le fut le Rabbin Jonathan Sacks, le risque est grand de s’en tenir à une hagiographie et de ne faire qu’aligner des dates, des titres de livres, de prix reçus et de diplômes honoris causa (dans son cas nombreux et prestigieux). Une simple recherche Wikipédia répondra aisément à ceux qui cherchent des détails sur la vie et l’œuvre incroyables de celui qui fut une sorte de Grand-Rabbin mondial du judaïsme, d’ambassadeur des croyants, d’intellectuel public penseur du religieux et des grands défis contemporains. L’enjeu, le vrai, est d’essayer de faire sentir au lecteur et lectrice peu familiers du Rabbin Sacks, l’ampleur de ce qui a été et qui n’est plus. Avant d’opérer un retour sur quelques-uns des traits importants de ce qu’il fut, il convient en effet de prendre acte de l’immensité de la perte. La différence entre un Maître et un simple penseur, tient à ce que l’existence du premier justifie à elle seule le monde, par son exemplum, par le fait même qu’une génération mérite de vivre en même temps que lui, parce ce qu’il transfigure quelque chose de notre judaïsme et denotre humanité commune. Et pour le cas du Rabbin Sacks, la formule sur la justification du monde prend une touche paradoxale : il tenait en effet que l’une des fonctions premières de l’absence de réponse juive aux grandes questions de la théodicée, pourquoi le mal et la souffrance des enfants, pourquoi Auschwitz et Hiroshima, était d’empêcher une réconciliation coupable avec le monde tel qu’il est. Si la réponse existait, peut-être bien qu’elle nous satisferait et engourdirait notre sens moral et notre envie de corriger, d’agir, de réparer, ce qui n’est pas souhaitable d’un point de vue religieux et éthique. Justifier le monde en le rendant plus juste, donc, et non en lui trouvant des justifications comme on trouve de bonnes excuses, voilà qui est sans doute une description exacte de ce à quoi fut consacrée sa vie. Les figures tutélaires La question à laquelle on doit répondre quand on veut raconter une grande figure intellectuelle de la modernité est : contre qui sa pensée s’élevaitelle? Quel fut l’Ancien qu’il détruisit et quel Nouveau instaura-t-il? C’est précisément la question à laquelle on ne doit pas répondre quand on a à
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faire à une figure rabbinique importante pour qui la seule question qui vaille est : qui furent ses Maîtres? Rabbi Sacks s’en reconnaissait trois principaux : Le Rabbi de Loubavitch, rencontré dans sa jeunesse et qui le lança dans le leadership juif et l’éducation, le Rav Soloveitchik qui lui apprit à penser et à lier Raison et Foi, et le Rav Nahum Rabinowicz, moins connu du grand public, qui fut son maître à la Yeshiva à Londres. Mathématicien, éminent posseq halakha, décisionnaire de la loi juive, et figure importante du monde sioniste religieux, le Rav Rabinowitz est décédé un an avant son disciple, qui lui avait rendu hommage dans une eulogie poignante. Un mot sur un mauvais procès qui lui a parfois été fait, à sa droite de l’échiquier religieux, celui de n’être pas un décisionnaire de la loi juive et d’avoir peu écrit sur la loi juive proprement dite d’avoir été « plus Oxbridge2 qu’etz hayim », c’est-à-dire d’être plus à l’aise avec des théologiens catholiques et des philosophes qu’avec des rabbins. Certes, il n’était pas décisionnaire, il laissait ça à ceux qui le faisaient mieux que lui, et réservait son énergie pour ce qu’il faisait mieux que tout le monde, la pensée de la Bible. Mais il avait bien une très grande culture halakhique, de la loi juive, comme en témoignent ses textes écrits alors qu’il était grand rabbin d’Angleterre et du Commonwealth sur des responsa ou des ouvrages de loi juive. Un rabbin inclassable Une part non négligeable de ce qui fit le succès planétaire de Jonathan Sacks tient à l’impossibilité de l’assigner à un courant précis du judaïsme. Il était sioniste en un sens minimaliste, c’est-à-dire défenseur de l’abri souverain pour le peuple juif sur sa terre, sans pouvoir être classé parmi les rabbins du mouvement sioniste religieux. Dans
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la lutte contre l’antisémitisme, dont il fut une figure centrale, il fit toutefois place à l’antisionisme comme métamorphose contemporaine de l’antisémitisme. Rabbi Sacks était rabbin qui n’était ni haredi (ultra-orthodoxe) ni stricto sensu modern orthodox. Un classique plus qu’un moderne. Pour les franges les plus à gauche du judaïsme, il sonnait encore trop comme un esprit conservateur, brillant, mais pas forcément courageux au niveau sociétal (sur les questions LGBTQIA ou sur les femmes). Pour les franges plus à droite, comme un rationaliste qui aimait un peu trop parler de théologie chrétienne et de la foi en général. Si on voulait tenter un bon mot, on dirait que c’était juste un rabbin juif, que c’était là sa grandeur, sa place et peutêtre son unicité. La réception en Israël En fait, il avait quelque chose de profondément européen, au sens noble du terme, qui explique peut-être son succès moindre en Israël. Il s’est récemment passé quelque chose d’assez joli sur le rapport de Rabbi Sacks à Israël. En avril dernier, en plein confinement et première vague de la COVID-19, le bureau de rabbi Sacks a contacté la journaliste et intellectuelle Sivan Rahav Meir pour organiser avec le Rabbi Sacks une rencontre musicale autour des chansons de la vedette israélienne religieuse Ishay Ribo. Cette rencontre sur Zoom, organisée pour faire ce que Rabbi Sacks a fait toute sa vie, à savoir toucher les gens là où ils sont, fut un franc succès. On y a découvert un rabbin à la sensibilité religieuse à fleur de peau, profonde, qui n’hésite pas à dire que la musique populaire le touche, qu’il y a dans la culture israélienne et ses réappropriations des textes juifs, et dans la culture du piyout (poème liturgique) quelque chose qui touche à la fois le cœur et la tête, qui émeut et qui fait penser. Rabbi Sacks a dit que lorsqu’il voyait Ishay Ribo chanter la foi et la faire ressentir à un public qui en majorité, ne l’avait pas, ça lui donnait des frissons, les spectateurs ont eu le sentiment qu’en fait, il parlait aussi un peu de lui et de son entreprise. Faire ressentir et penser la foi religieuse, le génie des textes juifs, à une audience mixte, où chacun reconnaitrait, qui de son monde, qui de l’altérité, le tout grâce à une transmission faite de bienveillance et de partage « I’m a poet and take poetic license. », « je suis un poète et je prends la liberté du poète » disait-il. Il y avait d’ailleurs une grande musicalité dans sa voix, ses modulations, son phrasé, une forme de perfection entre forme et fond rarement atteinte. Pour revenir plus précisément sur la réception de Rabbi Sacks en Israël : il a eu pour des individus en questionnement, partout dans le monde et donc aussi en Israël, l’effet strictement inverse à celui d’un Yeshayahu Leibovitz, dont on dit, en riant à moitié, qu’il n’avait pas son pareil pour transformer un juif en questionnement en un athée convaincu. Rabbi Sacks a eu pour beaucoup de Juifs et Juives de partout au monde, et donc encore une fois y compris en Israël, le rôle de celui qui ramène à la maison, qui ramène à la raison, qui donne des réponses structurées, fines, intelligentes cultivées à des questions vertigineuses de la foi et de la vie et qui permet de rester dans l’orthodoxie, de rester dans l’identité juive, qui convainc par ce qu’il dit
et qui donne envie par ce qu’il est, son exemple personnel, sa droiture morale, sa hauteur philosophique et sa spiritualité vivace. Le philosophe moral Rabbi Sacks n’était pas juste un philosophe amateur, un philosophe pour nonphilosophe ou un vulgarisateur, c’était aussi un philosophe pour les philosophes. La philosophie fut sa première formation à Oxbridge, la philosophie morale sa vocation, qui n’a d’ailleurs cessé de le poursuivre toute sa vie. Rabbi Sacks a eu comme doctoral advisor le grand éthicien britannique Bernard Williams, auteur du très grand classique sur la honte comme sentiment moral, Shame and Necessity. Il racontait leur relation tumultueuse sur fond d’opposition entre athéisme et croyance, mais ce qu’il disait surtout, c’est l’existence d’un langage commun, celui de la raison et de la justice : « La justice, c’est la raison appliquée à la vie morale. » Dans cette seule phrase, se lisent déjà quelques traits de sa philosophie morale : réaliste, robuste, rationaliste, exigeante. Dans son dernier livre : Morality : Restoring the common good in divided times, il opérait une critique du marché et de l’État, dont la nature est d’augmenter leur pouvoir et la concurrence, là où la moralité est question de coopération, de responsabilité. Le marché et l’État parlent à l’intérêt égoïste là où la moralité parle du bien commun, je/nous. Ces arguments, qui semblent simples, ne le sont que parce qu’il y avait chez le Rabbi Sacks l’inlassable désir d’être compris, d’être clair, de ne pas jargonner. Toutefois pour qui a quelque culture des sujets qu’il évoquait, toute son écriture respire la culture immense, la réflexion philosophique, mais, et c’est là sa beauté, sans qu’on sente la sueur ni qu’on soit intimidé par sa plume. Une part non négligeable de son succès à une époque où relativisme moral et fondamentalisme semblent les seules options, la première pour les tièdes et la seconde pour les chauds, tient dans la simplicité et le bon sens de certaines de ses propositions. Face à une prolifération postmoderniste qui n’a plus de sol stable, rappeler inlassablement, les leçons philosophiques de la Thorah : - L’Espoir, celui qui a fait vivre le peuple juif et que le peuple juif a fait vivre. - La Liberté : si le déterminisme radical a raison, au nom de quoi se battre pour une société libre, la démocratie? - La Dignité, intrinsèque de l’homme, du fait même qu’il est créature de Dieu. - Le judaïsme, une religion et un peuple qui ne sont pas seulement des problèmes, mais proposent aussi des solutions. « On nous a fait croire que la tolérance naissait seulement sur fond de relativisme moral. Mais la vérité, c’est qu’on ne peut rien défendre sur la base du relativisme moral, pas même le relativisme moral. » Ainsi, dans son livre consacré aux racines de la violence religieuse3, il montrait qu’une interprétation non naïve de la Bible permettait de contrer les récits supersessionistes chrétiens ou musulmans fondés sur la lutte fratricide à mort pour l’héritage de l’Alliance et ferait place ainsi aux récits des autres, à leur dignité et à leur histoire religieuse tout en affirmant la sienne propre. Isaac et Jacob sont bien les fils de l’Alliance, mais Ismaël et Esaü sont également reconnus comme descendance et bénis. Toujours la même idée de faire la place à l’autre, à « la dignité de la différence » sans sombrer dans le relativisme. Rabbi Sacks c’était donc la philosophie morale sans la moraline, la théologie sans la bigoterie, la mystique sans le pathos, l’orthodoxie sans la crispation ni l’angoisse de la disparition. La narration sans le romantisme, le sentiment sans le sentimentalisme, la raison sans les ratiocinations, la science sans le scientisme, la foi sans l’hystérie. C’était tout ce qu’il fallait pour un judaïsme authentique et sain. Et qui va cruellement manquer. Que son souvenir soit une bénédiction.
1. Il fut notamment de 1991 à 2003, Grand Rabbin des Congrégations hébraïques unies du Commonwealth (note de la rédaction, ndr) 2. « Mot-valise qui désigne à la fois l’université de Cambridge et l’université d’Oxford, les deux plus anciennes universités du Royaume-Uni et du monde anglophone » (ndr prise justement de Wikipédia). 3.Voir Dieu n’a jamais voulu ça : la violence religieuse décryptée, Gallimard, Paris, 2018 MAGAZINE LVS
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Les membres de la communauté juive argentine disparus pendant la dernière dictature (1976-1983) Guillermo Glujowski
« Justice, Justice, vous poursuivrez! » (Deutéronome 16;20) Pourquoi la communauté juive a-t-elle compté le plus de victimes? Pendant la présidence de María Estela Martinez de Perón (1974-1976), des groupes paramilitaires ont commencé à opérer en Argentine dans le but d’enlever et d’assassiner des opposants politiques. Après le coup d’État civicomilitaire contre M. E. Martinez de Perón et durant la Dictature ou Junte militaire (1976-1983), cette procédure illégale a continué de se développer pour se transformer en une pratique systématique d’annihilation organisée à partir de l’appareil d’État. Des recherches plus récentes1 démontrent que cette méthodologie pourrait être comparée aux procédures d’enlèvement, de spoliation de biens, de torture et de meurtres commis par le régime nazi. Les conséquences des pratiques d’extermination de la Junta militaire argentine ont entraîné la disparition de trente mille personnes2. Parmi elles, trois mille appartenaient à la communauté juive3 qui devint le seul groupe ethnique religieux représentant un nombre aussi élevé dans le total des victimes.
Au début de l’année 1919, des syndicats communistes, socialistes et anarchistes ont déclenché une grève générale qui a paralysé le pays avec l’objectif d’améliorer les conditions de travail de la classe ouvrière. En réponse à ce soulèvement, l’élite au pouvoir (composée de politiciens, d’une partie de l’Armée, de l’Église catholique et de membres de la société civile) a mené une série d’affrontements armés afin de réprimer les mouvements de protestation. Les premiers gangs paramilitaires se sont organisés sous le prétexte de vouloir empêcher le développement d’un mouvement révolutionnaire ayant les mêmes caractéristiques que celui qui se produisait au même moment en Russie. Ce n’est pas un hasard si les actions les plus violentes ont commencé dans le quartier juif appelé « El Once » (situé en plein centre de la ville de Buenos Aires), habité principalement par des Juifs venus de Russie, accusés d’être les leaders de la révolte. La chronique du journal juif Di Idische Tzaitung, fournit des détails précis sur ce qui s’est passé ce 10 janvier de 1919 : « Des hommes à cheval traînaient de vieux Juifs nus dans les rues de Buenos Aires, les tirant par leurs barbes [...] Dans les septième et neuvième commissariats de la police, ils les battaient et les torturaient méthodiquement sous le cri : « Vive la patrie, mort aux maximalistes et à tous les étrangers ». En raison des attaques contxre les biens privés et ceux de la communauté – qui comprenaient également l’autodafé de livres et des centaines de morts et de blessés – les événements survenus au cours de la Semaine tragique sont connus comme le premier pogrom hors d’Europe et de Russie.
Quel genre d’explication peuton trouver à cette situation qui s’est produite en Argentine contre certains membres de la Pour essayer d’expliquer ce qui s’est passé pendant communauté juive? À fortiori à ces jours de terreur irrationnelle, l’auteure Judith une période si proche de la fin de la Elkin4 affirme que les événements survenus mettent Seconde Guerre mondiale, où l’on en évidence un processus de marginalisation et de pensait que la défaite du nazisme discrimination croissantes envers les immigrants marquerait une nouvelle étape (parmi lesquels le nombre de Juifs était assez Rabbin Marshall T. Meyer de l’humanité, où de nouveaux important), sous prétexte de l’implantation d’un régime génocides seraient évités. S’agit-il d’une situation isolée, communiste. dans le contexte politique qui entourait la dictature de 1976 Cependant, aucun détenu n’a été accusé par la justice ni aucune preuve n’a été ou est-ce la continuation d’une série d’actes perpétrés contre apportée par les organismes de l’État, concernant l’existence d’un mouvement la communauté juive tout au long du siècle? Quelles étaient révolutionnaire qui voulait implanter ce type de régime au pays. les caractéristiques essentielles des Juifs disparus? Comment était la politique institutionnelle juive à leur égard? Y a-tLe premier disparu de l’histoire argentine : l’assassinat de Marcos il eu une réponse des membres de la communauté juive Satanowsky (1957) non affiliés dans les institutions officielles? Avaient-ils essayé Au milieu de la Revolución Libertadora (1955-1958)5, un groupe commando est de prendre des mesures pour arrêter la vague génocidaire entré dans le cabinet de l’avocat Marcos Satanowsky et l’a assassiné en plein jour menée par la dictature? devant ses employés. Ce sont des questions auxquelles nous tenterons de répondre dans cet article et qui nous aideront à révéler les causes de la disparition des Juifs argentins pendant ‘la Junta’. La première manifestation de violence extrême contre les membres de la communauté juive : La Semana Trágica (la Semaine tragique)
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M. Satanowsky était l’une des figures les plus prestigieuses de la communauté juive de l’époque. Né à Kiev (Ukraine), il a écrit des livres de droit, il était professeur à la Carrière de droit à l’Université de Buenos Aires et président de l’une des plus importantes organisations culturelles et sportives du pays : La Sociedad Hebraica Argentina (la Société hébraïque argentine). L’avocat Satanowsky avait été engagé par le propriétaire du journal La Razón, Ricardo Peralta Ramos, afin qu’il tente de récupérer par l’entremise de la justice alors dirigée par des membres de la dictature
MONDE JUIF civico-militaire, son média qui avait été originalement exproprié pendant la présidence de Juan Domingo Perón (1946-1955). Le meurtre de Satanosky contenait un message très clair, adressé à la société argentine : éviter toute forme de confrontation (même comme dans ce cas, par la justice) contre les autorités dictatoriales. Une enquête menée par le journaliste Rodolfo Walsh, a permis de démasquer et de juger les assassins : il s’agissait d’un groupe de militaires dirigés par le général de l’armée Juan Constantino Caranta, responsable du Secrétariat d’État aux renseignements. En raison des circonstances qui ont entouré l’assassinat de Marcos Satanowsky6, il est considéré comme « le premier disparu », et cette façon homicide d’agir sera utilisée de manière systématique pendant la Junta, et entraîna la disparition de milliers de personnes. La dictature des années 76 et la communauté juive argentine Comme on vient de le décrire, on pourrait affirmer que ce qui s’est passé pendant les années 1976-1983 a été une continuité d’événements aux traits hautement antisémites. Ce que cette dernière dictature a ajouté était des méthodes d’enlèvement et de meurtre plus sophistiquées (complétées par l’enlèvement des bébés en captivité), seulement comparables à ceux utilisés pendant le nazisme. Il est vrai que la société argentine des années soixante-dix traversait une période d’ébullition et de changement social7, après des décennies d’alternance de gouvernements démocratiques, de coups d’État et de dictatures civicomilitaires, situation dans laquelle certains membres de la communauté juive avaient une forte implication. Et c’est pour cette raison qu’un pourcentage très élevé des disparus d’origine juive étaient des professionnels, des étudiants et des travailleurs engagés dans les revendications et les luttes sociales de l’époque. Toutefois, il faut signaler qu’existait un degré élevé d’antisémitisme historiquement enraciné dans les forces armées argentines (et dans les secteurs de la société argentine, celles-là mêmes qui ont soutenu les coups d’État successifs qui ont eu lieu tout au long du siècle). Durant la Dictature des années 76, cet antisémitisme a pris la forme de persécutions et d’enlèvements de suspects et s’est poursuivi dans les camps de détention par la torture et la mort presque certaine de la plupart d’entre eux. À cela, il faut ajouter les vols, les atteintes à la propriété privée et la privation illégitime de liberté des membres de la communauté juive, simplement pour le fait d’être juif. L’intervention des organisations juives officielles et les réponses des secteurs alternatifs Bien que 40 années se soient écoulées depuis la fin de la dictature, ce n’est que depuis vingt ans qu’un débat a commencé pour analyser le rôle des institutions représentatives de la communauté juive (plus précisément l’AMIA8 et la DAIA9) pendant la Junta. Selon la version de ces organisations, elles étaient sous un état de menace permanente de la part des forces armées argentines face à toute tentative de leur part non seulement de connaître la destination des prisonniers, mais aussi de vouloir les sauver. Les conséquences
1. Rapport sur le génocide commis contre la communauté juive, 1976-1983 publié par la Delegación de Asociaciones Israelitas Argentinas (D.A.I.A) en 2007. 2. Rapport de la Comision Nacional sobre la Desaparicion de Personas (CONADEP), Eudeba, 2006 3. Ibid note 1. 4. Elkin, Judith. Jews of the Latin American Republic. Chapell Hill. University of North Caroline press, 1980. 5. Dictature civico-militaire, qui, par un coup d’État a renversé le président Juan Domingo Perón 6. Bien qu’il ait été effectué en plein jour, ses auteurs ont été protégés pendant longtemps, et ce n’est qu’après une longue période que l’on a découvert qu’il était organisé par l’État. 7. Également inspiré par des événements internationaux tels que la Révolution cubaine, Mai 68 en France et la guerre du Vietnam 8. Asociacion Mutual Israelita Argetina 9. Delegación de Asociaciones Israelitas Argentinas 10. Il y a des hypothèses qu’ils ont soutenu la possibilité qu’un nouvel Holocauste se produise, qui aurait pour victimes les membres de la totalité de la communauté juive argentine. Voir témoignage de Hector Timerman. Lipis Guillermo. Zikaron – Memoria- Judios y militares bajo el terror del Plan Condor. Editiral del nuevo Extremo S.A., 2010. 11. Voir https://amilat.online/comision-israeli-por-lo-desaparecidos-judios-en-argentina/ 12. Pour voir plus de détails, vous pouvez consulter le site https://www.kkl-jnf.org/about-kkl-jnf/green-israel-news/june-14/argentina-disappeared-memoria-israel/argentine-disappeared-memoria-spanish/
Movimiento Judio Por los Derechos Humanos se répercutèrent sur le reste de la communauté juive10. Cependant, les proches des Juifs disparus ne partagent pas cette opinion : ils se sont demandé si les organisations mentionnées ont tout fait pour éviter la mort d’un si grand nombre de membres de la communauté. La preuve évidente de ce questionnement est l’existence d’un petit groupe de rabbins et de journalistes qui, dans un premier temps, de manière isolée et clandestine, ont commencé à retracer la destination des détenus. Ils leur ont rendu visite en prison et ont réussi à en sauver quelques-uns d’une mort certaine. On parle de rabbis Marshall Theodore Meyer, Roberto Graetz, Baruch Plavnick et le journaliste Herman Schiller, fondateur du Mouvement juif pour les droits de la personne, qui a eu une participation significative pendant la dictature et dans le gouvernement démocratique de Raúl Alfonsín (1983-1989), à l’occasion de l’ouverture des procès contre les membres de la Junta, accusés de crimes contre l’humanité. L’enquête du Parlement hommages récents
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Afin d’analyser ce qui est arrivé aux disparus d’origine juive pendant cette période, le Parlement israélien a organisé en 1998 un comité d’enquête avec l’Asociacion de Familiares Desaparecidos Judio11. Les réunions israélo-argentines ont abouti à l’élaboration d’un rapport contenant de nombreux témoignages ayant servi à la poursuite finale des coupables. Et, en 2003, le parc appelé Forêt de mémoire a été érigé près de Jérusalem en commémoration des victimes juives du terrorisme d’État12. Plus récemment, au mois de novembre 2020, lors d’un événement organisé par l’AMIA, un millier de personnes se sont rassemblées virtuellement pour honorer la mémoire des disparus juifs argentins; une façon de ne pas oublier et d’empêcher la répétition d’événements qui malheureusement avaient – encore une fois de manière tragique – pour protagonistes, les membres de notre communauté.
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VIE JUIVE CANADIENNE
La haine antisémite sur internet Eta Yudin L’antisémitisme et les théories du complot contre les Juifs sur Internet Depuis le début de la pandémie, nous avons été confrontés à la propagation de deux virus : la COVID-19 et, dans son sillage, la haine en ligne. Comme la majeure partie du monde est en confinement et d’innombrables personnes en quarantaine, nous n’avons jamais passé autant de temps sur Internet et les médias sociaux. Cette immersion dans les médias sociaux comporte de nombreux avantages. Par exemple, nous avons trouvé de nouvelles façons de communiquer avec les autres, de rester en contact avec nos proches et de transformer nos milieux de travail et le monde en général. Normalement marginales, ces mêmes technologies qui nous ont permis d’affronter la tempête ont pour ainsi dire servi de tremplin à la propagation de théories du complot et de la haine en ligne. Sans surprise, l’antisémitisme est le vecteur de ces deux forces. Depuis mars dernier, nous avons tous assisté à l’émergence de théories du complot absurdes, selon lesquelles les Juifs seraient responsables de la propagation de la COVID-19. D’autres théories accusent les Juifs de profiter de la dévastation causée par la pandémie. En tant que communauté qui en fait beaucoup pour respecter les mesures de santé publique, notre réflexe naturel peut être de balayer du revers de la main ces théories farfelues. Or, comme ces inepties ont démontré leur propension à se répandre comme une traînée de poudre comme tout autre virus, la situation est très préoccupante. Si l’histoire récente nous a enseigné une chose, c’est que ce qui prend naissance en ligne comme des propos en apparence inoffensifs peut non seulement alimenter l’incitation à la haine, mais aussi entraîner de la violence dans le monde réel. Les tristes événements survenus avant la pandémie à Pittsburgh (É.-U.), à Christchurch (Nouvelle-Zélande) et à Halle (Allemagne), ou ce qui aurait pu arriver ici même à Montréal, lorsqu’un homme a publié sur Facebook un appel au meurtre d’écolières juives. En effet, la menace est peut-être même encore plus grande à l’heure actuelle, car de plus en plus de gens sont rivés à leur écran pendant des heures et s’ils vivent une situation difficile, ils pourraient se retrouver à la merci de propagateurs de haine. Comment agir? Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) a compris depuis longtemps l’importance de tuer dans l’œuf la haine en ligne. Il s’agit d’ailleurs de l’une de ses priorités. Depuis le début de la pandémie, nos professionnels ont fait preuve d’une grande vigilance en surveillant l’apparition d’activités antisémites et haineuses dans les forums en ligne et en signalant cellesci aux forces de l’ordre, avec qui nous demeurons en contact étroit. Nous avons également réussi à écarter le discours antisémite des sections de commentaires en ligne et des pages de médias sociaux des grands médias lors des événements délicats survenus au début de la pandémie à Outremont et à Boisbriand.
Cependant, nous ne pouvons mener cette lutte seuls. C’est pourquoi nous n’avons ménagé aucun effort avant la pandémie pour établir des partenariats avec des organismes tels que le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV), avec qui nous avons signé une entente de collaboration de deux ans. Dans le cadre de cette entente, nous pourrons approfondir notre vision à long terme en créant un groupe de travail provincial sur les crimes haineux, en mettant en commun des ressources pour prôner un suivi plus complet et renforçant les poursuites contre les crimes haineux. Ce partenariat a déjà porté fruit et a mené à la tenue, l’automne dernier, d’un webinaire sur la primauté de l’antisémitisme dans les théories du complot de l’ère moderne. Ce webinaire auquel ont participé d’éminents spécialistes était une initiative conjointe du CIJA, du CPRMV et d’autres partenaires de l’Institut montréalais d’études sur le génocide et les droits de la personne. Le CIJA est également en contact direct avec les géants des médias sociaux et est fier d’avoir fait partie des principales organisations à avoir exhorté le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, à adopter la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH) en tant qu’outil destiné à repérer et à supprimer les publications antisémites sur la plateforme. En réponse aux efforts du CIJA, la directrice des opérations de Facebook, Sheryl Sandberg, a déclaré que « la définition pratique de l’antisémitisme de l’AIMH s’avère un outil précieux pour éclairer notre propre approche ». Elle a également affirmé que Facebook continuerait de peaufiner ses politiques à mesure que le discours et la société évoluent. Le CIJA continue de veiller au respect de cet engagement. Dans le cadre de notre travail, nous invitons aussi le gouvernement à adopter des politiques visant à s’attaquer directement à la haine en ligne d’une manière qui tient compte de nos préoccupations et qui protège notre communauté. À l’échelon fédéral, nous avons été pionniers de la Coalition canadienne pour l’élimination de la haine et continuons de prôner l’établissement d’une stratégie nationale sur la haine en ligne prévoyant la mise en place de règles claires et uniformes s’appliquant aux plateformes et aux fournisseurs menant des activités au Canada, ainsi que la mise en place d’un organisme de réglementation indépendant chargé de veiller à l’application de ces règles. Au cours des derniers mois, nous avons soulevé la question auprès des ministres du Patrimoine et de la Justice, et plus récemment, auprès du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile lors d’une table ronde organisée conjointement avec la Fédération CJA à Montréal. Le CIJA tiendra un congrès virtuel de deux jours en avril sur la lutte contre la haine en ligne, lequel réunira des experts renommés, des responsables de l’application de la loi et des chefs de file de l’industrie. Ce congrès est rendu possible grâce à une subvention de Patrimoine Canada. Plus près de chez nous, nous continuons d’exhorter le gouvernement provincial et les administrations municipales à suivre l’exemple du gouvernement fédéral en adoptant la définition de l’antisémitisme de l’AIMH dans le cadre de leurs efforts et de leurs stratégies de lutte contre le racisme. Lorsque la vie reprendra son cours normal, notre migration salutaire vers le monde numérique sera un héritage durable de cette pandémie et il ne sera plus possible de faire marche arrière. Par conséquent, nous devons maintenir notre détermination et unir nos efforts afin de combattre l’antisémitisme en ligne. Il s’agit d’une lutte à long terme et il est essentiel de sensibiliser les élus et les plateformes de médias sociaux à celle-ci. L’histoire a une façon horrible de nous rappeler que ce qui commence avec les Juifs ne se termine jamais avec les Juifs – et la haine en ligne ne fait pas exception. 1. Pour en savoir plus sur cette définition voir le site : https://www.holocaustremembrance.com/fr/resources/ working-definitions-charters/la-definition-operationnelle-de-lantisemitisme-utilisee-par (note de la rédaction) MAGAZINE LVS
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Présence indéniable. L’Audi RS Q8 2020.
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COUP DE PROJECTEUR SUR NOUS AUTRES
Dany Meloul, la dame de Radio-Canada Sylvie Halpern
Dany Meloul
Depuis octobre 2019, c’est elle la directrice générale de la Télévision de Radio-Canada. (...) elle se profile aujourd’hui derrière toute la programmation du télédiffuseur public – d’ICI Télé, ICI ARTV, ICI Explora, ICI Tout-tv Quand elle était jeune, elle aimait regarder la télévision en famille et Fanfreluche, Bobino et Bobinette ont bercé son enfance. « J’aimais ça, mais je ne me disais pas que je voudrais faire de la télé un jour! » À l’époque, elle rêvait plutôt de devenir avocate, de combattre pour la justice : «Je portais des lunettes roses! », dit-elle en riant. Dany Meloul n’en porte peut-être plus, mais elle a réalisé son rêve. Et même beaucoup plus. Diplômée en droit civil et en common law de l’université McGill, membre du Barreau du Québec et de celui de New York, après une douzaine d’années passées aux affaires juridiques d’Alcan, puis la découverte du monde de la presse écrite chez Transcontinental (qui publiait à l’époque Elle Québec, Coup de pouce…), c’est chez Astral, qui régnait alors sur les chaînes spécialisées, que cette dame chaleureuse, mais réservée, a vu la télévision entrer dans sa vie. Pour ne plus en sortir. Dany Meloul avait fait ses classes au bon moment! Car elle s’était déjà si hautement spécialisée dans les questions de contenu qu’en 2015, deux ans seulement après qu’Astral ait été vendue à Bell, elle a été bombardée vice-présidente, Programmation, Télévision de langue française chez Bell Média. Et c’est elle qui s’est mise à régner sur les programmes, les acquisitions et les productions originales d’autant de chaînes que Canal Vie, Canal D, Z, VRAK, Investigation, Super Écran et Cinépop. Ouf ! Si elle s’était arrêtée là, ç’aurait déjà été une magnifique carrière, mais la juriste a grimpé encore plus haut : au faîte! Depuis octobre 2019, c’est elle la directrice générale de la Télévision de Radio-Canada. Si bien qu’avec des budgets autrement plus conséquents, elle se profile aujourd’hui derrière toute la programmation du télédiffuseur public – d’ICI Télé, ICI ARTV, ICI Explora, ICI Tout.tv – et elle a bien l’intention de faire pousser ses ailes : déjà en faisant rayonner les productions d’ici partout au monde. « On a beaucoup de talent au Québec, il y a ici une telle
qualité de productions que c’est juste une question de temps avant qu’on nous reconnaisse plus amplement ailleurs. » Qu’on ne vienne pas lui dire que, bousculée par les géants du numérique, la télévision est un peu dépassée. Dany Meloul n’en croit rien et elle a quelques cotes d’écoute à portée de main pour prouver le contraire. Pour elle, la télé reste toujours un rendez-vous incontournable : « Les gens continuent à la regarder massivement. Et bien sûr, on l’a particulièrement vu cette année. En mars, dès le début de la pandémie, nous avons changé notre programmation pour, certes informer, mais aussi divertir parce qu’on savait bien que la lassitude et la crainte allaient s’installer. » C’est ce qu’elle a expliqué en novembre dernier à la Congrégation Shaar Hashomayim de Westmount dont elle est membre : que la bonne vieille télé continue de performer, tout autant que les platesformes de diffusion en continu. Dany Meloul n’a pas d’antécédents familiaux dans les médias : ses parents, arrivés en 1964 de Safi, au Maroc, ont travaillé toute leur vie dans l’enseignement. « À son arrivée, mon père avait déjà en poche un contrat de professeur de français auprès de la Commission des écoles protestantes du Grand Montréal et les années passant, il est monté en grade jusqu’à en devenir directeur régional. Puis, jusqu’à la fin de sa carrière, il a travaillé à l’Association des écoles juives. » Née à Montréal, Dany Meloul a grandi en français à la maison, mais elle a été à l’école anglaise puisqu’évidemment, elle n’avait pas de baptistère pour entrer dans une école française. Mais pour ce qui est d’aider les producteurs francophones à propulser la vente de leurs formats à l’étranger, elle qui a beaucoup voyagé a des exemples inspirants en tête. « Déjà la BBC, bien sûr, qui fait de belles choses sans se calquer sur les États-Unis et qui les vend à l’international. Nous sommes capables de faire la même chose. » Ou la Norvège, par ce que ce petit pays est arrivé à faire. Mais c’est la télévision israélienne qui l’impressionne particulièrement : « Pour leur taille, ce qu’ils font est phénoménal. Ils ont énormément de boites de production qui font beaucoup de formats (les contenus sont vendus à d’autres pays qui en font leur propre version), notamment des téléréalités qui circulent maintenant un peu partout. Depuis quelques années, leur fiction – Fauda, Téhéran… – est aussi très forte et ils séduisent. » Comme quoi, avec ou sans lunettes roses, on peut être petit et voir très grand! MAGAZINE LVS
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CULTURE SÉPHARADE
Registres de Ketubbot (actes de mariage) des Juifs de Livourne1 Sonia Sarah Lipsyc
Entretien avec Alain Nedjar Vous venez de publier un livre avec Gilles Boulu, Liliane Nedjar et Raphaël Attias, une véritable somme de travail. Rappelez-nous d’abord qui étaient les Juifs de Livourne, cette ville d’Italie?
16e siècle, ce n’est qu’en 1626 que sont créés les registres des mariages, objet de notre étude. Les Ketubbot, actes de mariage, étaient héritières des takanot c’est-à-dire s’établissaient selon l’usage de Tolède.
Après l’expulsion de 1492, les Juifs d’Espagne se sont disséminés dans tout le bassin méditerranéen et audelà. Cependant, un très grand nombre d’entre eux sont partis se réfugier au Portugal, terre de refuge où l’Inquisition n’existait pas. Mais, le roi Emanuel 1er du Portugal promulgua à son tour un décret d’expulsion le 5 décembre 1494, obligeant les Juifs à se convertir ou à quitter le pays duquel ils ont été tantôt libres de partir, tantôt retenus, l’autorisation définitive de quitter le Portugal n’arrivant qu’en 1629…
À leur arrivée, ils parlaient l’espagnol et surtout le portugais qu’ils ont conservés notamment pour leurs communications commerciales, avant d’être obligés d’adopter l’italien. Certains parlaient déjà de nombreuses langues étrangères, dont l’arabe.
En Italie, à Livourne, le Grand-Duc Ferdinand 1er de Médicis qui désirait faire de sa ville un grand port commercial, a eu l’idée d’accorder aux marchands de toutes les « Nations » et principalement les Juifs, une série de privilèges importants : la possibilité de s’y installer en leur garantissant la liberté de culte et d’établissement et, ce qui était une nouveauté, celle de ne plus être parqués dans un ghetto, comme c’était le cas dans les autres villes d’Italie. Cela s’est traduit par l’édit du 10 juin 1593, appelé « La Livornina ».
Quel lien entre les Juifs de Livourne et la Tunisie?
La « Nation » juive de Livourne est donc constituée à sa création par les Juifs d’Espagne et du Portugal qui sont arrivés dès la fin du 16e siècle; en petit nombre d’abord, ils deviennent ensuite une communauté d’environ 5 000 âmes. Ces Juifs marranes (convertis de force) ont amené avec eux leur culture, leurs coutumes, leurs finances et imposé leur culte dit « portugais ». Ils se sont rejudaïsés dès leur installation à Livourne, qui devint une véritable « oasis » pour les Juifs et l’un des ports les plus importants de la Méditerranée, grâce à leurs réseaux internationaux et familiaux. Livourne devint grâce à eux, une véritable plaque tournante, où les Juifs furent acteurs, médiateurs culturels et commerciaux centraux en Méditerranée. Les Juifs de Livourne formaient une sorte d’élite de toutes les communautés juives. Ils avaient obtenu une autonomie juridique, avec leurs propres chefs de communauté, les Massari ou Parnassim (gouvernants), composés exclusivement de Juifs d’origine portugaise, de rang aristocratique. La synagogue2 de Livourne, édifiée en 1603, était considérée comme l’une des plus belles d’Europe. Elle a été financée par le fruit de leur grand commerce. Livourne était également un lieu de transit de Juifs qui venaient y faire imprimer leurs livres. Mais si les Juifs s’installent à Livourne à la toute fin du
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Quelle langue parlent-ils?
Pourquoi utilisez-vous le terme de « Nation juive »? Le mot « Nation » ne désigne pas un pays, mais il était le terme utilisé à l’époque pour tous les groupes de population étrangère ou de religion différente. On parlait de la Nation juive comme de la Nation arménienne ou de la Nation levantine, maure, persane, grecque, etc. Les Juifs de Livourne ont créé des comptoirs dans toute la Méditerranée et notamment à partir du 17e siècle en Tunisie, considéré comme un pays musulman paisible et où existait déjà une communauté juive pluriséculaire. Ils ont tissé des liens commerciaux et familiaux avec la Tunisie en y installant leurs familles (fils, neveux, etc.) qui servaient de relais pour leurs échanges. Les médecins juifs livournais deviendront les piliers de la médecine en Tunisie. Deux faits vont accélérer leur présence et leur immigration en Tunisie. D’une part, à partir de l’invasion napoléonienne, ils perdent leurs avantages à Livourne et d’autre part, les Anglais imposent le « blocus continental » qui empêcha tous les mouvements de navire ce qui provoquera la ruine de Livourne dont l’activité était tournée exclusivement vers le grand export, à 90 % aux mains des Juifs. Il s’en est suivi un exode à partir du 19e siècle, y compris d’Italiens non juifs
CULTURE SÉPHARADE qui ont également émigré en Tunisie. Ont-ils immigré ailleurs qu’en Tunisie? Certains se sont installés en Algérie, en Égypte, où ils se sont fondus avec les autochtones, mais c’est seulement en Tunisie qu’ils ont constitué une communauté nouvelle et distincte. Le niveau culturel des Juifs livournais était plus élevé, plus européanisé, plus raffiné, familiarisé aux « Lumières », tandis qu’en Tunisie, les autochtones dits « Twansa » étaient sous le régime de la « dhimmitude » (asservissement), ce qui explique en partie la difficulté de fusion entre les deux communautés, qui toutefois s’est faite avec le temps. D’autre part, les Juifs de Livourne bénéficiaient de la protection de la Toscane sur un plan juridique, un avantage considérable et enviable à l’époque. Comment s’y sont-ils intégrés? C’est à partir de 1710 que s’est créée officiellement à Tunis la « Sainte communauté portugaise », appelée « Grana »3 par les autochtones. Le mot « Grana » ayant pour origine le mot « Ghorni », traduction plurielle de « Livournais » en arabe. Les Juifs livournais formaient une communauté à part de celle des Juifs autochtones, puisque même leurs cimetières étaient séparés. Ce n’est qu’en 1944 que les deux communautés ont officiellement fusionné. Avez-vous relevé et décrypté la quasi-totalité des actes de mariage de la communauté juive de Livourne? C’est exact, à part 2 registres manquants entre 1750 et 1785, que nous avons reconstitués en grande partie, grâce à l’étude exhaustive des Archives du Consulat général de France à Tunis (1582-1887) et notamment les registres des actes et contrats, qui comportaient les transactions commerciales, dont celles des marchands Juifs de Tunisie, majoritairement originaires de Livourne; ces derniers avaient pratiquement le monopole du commerce entre la France et la Tunisie Comment avez-vous procédé? C’est en travaillant les archives de la Communauté de Livourne où nous sommes allés plusieurs fois, que nous avons pu retrouver et travailler sur les registres des mariages juifs entre 1626 et 1890. Cependant, nous avons travaillé parallèlement sur une vingtaine d’autres sources4 pour aboutir à notre ouvrage. Les tâches ont été réparties entre nous quatre, selon la compétence de chacun. Mon épouse Liliane Nedjar a traité de l’onomastique judéolivournaise dont elle est spécialiste, le Dr Gilles Boulu-De Paz a travaillé sur les « Itinéraires familiaux » qu’il « arpente » depuis des années, M. Raphaël Attias a apporté ses hautes compétences linguistiques et pour ma part, j’ai transcrit tous les actes des mariages, effectué des travaux complémentaires, et orchestré le projet dans son ensemble. L’infographie a magistralement été réalisée par la société Vent d’Avril. Quelles sont les compétences que requiert un tel travail et à quels défis avez-vous été confrontés? Les textes étaient écrits en araméen et en hébreu, dans une écriture manuelle cursive sépharade, qui variait avec le temps et selon la manière d’écrire des scribes (sofer). Il fallait apprendre à reconnaître chacun des caractères anciens et comprendre les « termes clefs » araméens. Nos traductions ont été fort heureusement reprises et corrigées par notre coauteur Raphaël Attias, exégète et expert en paléographie hébraïque. Il fallait toutefois, et impérativement, comprendre le portugais, l’espagnol et l’italien. C’est après avoir traité une quantité impressionnante de documents, qu’avec le recul, nous avons pris conscience du travail titanesque accompli pendant près de quatre années. Nous sommes des bénévoles; notre but est de transmettre la mémoire des familles, de sortir de l’ombre les humbles autant que les puissants qui ont constitué cette magnifique communauté et d’offrir à leurs descendants la possibilité inespérée de remonter leur origine jusqu’à la période marranique.
Pourriez-vous nous donner un exemple du fruit de vos recherches sur une famille5 par exemple? La famille Sacuto. Cette famille est d’origine marrane portugaise. Elle s’est tout d’abord installée à Venise et Ferrare, puis à Pise en 1595. Trois frères : Salomon, Isaque et Jacob Sacuto, sont devenus Massari (gouvernants) de la Nation juive de Pise entre 1595 et 1615. Puis, deux branches se sont installées à Livourne : Jacob (aux alentours de 1610-1663) et son frère Josef, fils d’Isaque Sacuto. Cette famille a de nombreux Massari dans la Communauté de Livourne Une branche secondaire à Tunis : Jacob Haim Sacuto, rabbin et marchand, (1678-1736), cité à Tunis en 1736, fils de Sacuto (ca 1640-1703) marchand et Massare à Livourne, fils de Jacob. Il est l’ancêtre des Sacuto de Tunis Parnas dans la communauté juive portugaise de Tunis : Jacob Haim Sacuto (environ 1765-1837) et Beniamin Sacuto (autour de 1800-1860) Ce sont donc douze générations suivies de Pise à Tunis sur 4 siècles. A qui s’adresse votre ouvrage bilingue françaisanglais ? Nous avons constaté au fur et à mesure des ventes que plus d’un tiers s’effectuaient à l’étranger et avons réalisé qu’il existait une diaspora de la diaspora dans plus de 20 pays, en dehors même des États-Unis et d’Israël. Nous avions certes, à escient, écrit le livre bilingue françaisanglais, mais c’est d’Irlande, d’Espagne, du Canada, du Mexique, d’Italie, du Portugal, d’Allemagne, de Suisse, du Royaume-Uni, de Tunisie, d’Australie dont la Tasmanie, de Singapour, de la Nouvelle-Zélande et j’en oublie que nous recevons tous les jours des commandes… Ce constat a fait que nous avons traduit aujourd’hui nos conférences en anglais, en italien, en espagnol et en portugais, afin de pouvoir répondre aux diverses demandes Zoom. Notre ouvrage s’adresse à toutes les communautés juives, sépharades et ashkénazes, mais également à tous les chercheurs et historiens. Comment est-il possible de se le procurer? L’unique moyen est de le commander en ligne sur la boutique de notre site : https://www.genealoj. org/fr/boutique/registres-ketubbot-nation-juivelivourne-1626-1890 En allant sur ce lien : https://www.genealoj.org/fr
1. Édition du CGJ, 49 euros (+ 15 euros de frais d’expédition postale) 2. Malheureusement détruite en 1944 lors des bombardements 3. Voir notre livre « La Communauté juive portugaise de Tunis, dite livournaise ou Grana » (Paris, Cercle de Généalogie juive, 2015) 4. Archives d’État de Florence, Archives de la Communauté juive de Livourne et de Pise, cimetières de Livourne et Pise, archives consulaires, Alliance israélite universelle, Centre des Archives diplomatiques, Registres matrimoniaux de la Communauté juive portugaise de Tunis, Institut Ben Zvi, tous les musées Juifs du monde, les maisons de ventes ADER, Sotheby’s, Christie’s, Archives du Grand Rabbinat de Tunisie, renseignements privés, etc. 5. Ce sont 30 familles qui ont été étudiées dans notre ouvrage, faisant l’objet d’un chapitre de 60 pages, intitulé « Généalogies et itinéraires familiaux ». L’arbre et l’histoire complète de ces familles figurent dans l’ouvrage.
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Bienvenue dans le nouveau secondaire de l’École Maïmonide, restructuré et renouvelé afin de bonifier notre offre éducative!
• Regroupement de chaque cycle du secondaire dans un campus respectif : le 1er cycle au campus Parkhaven et le 2e cycle au campus Jacob Safra. • Groupes à double voies dans chaque classe du secondaire, et cela, dans la plupart des matières enseignées. • Enseignement différencié dans des groupes plus homogènes et suivi individuel des progrès de chaque élève. • Plus grande flexibilité et plus d’heures quant aux services d’orthopédagogie. • Plus grand nombre d’élèves du même niveau réunis dans un campus, donc une socialisation de nos jeunes, plus facile et plus large. • Services de transport subventionné. • Transition plus harmonieuse du primaire au secondaire. • Offre enrichie des activités éducatives et parascolaires destinées au même groupe d’âge et d’intérêts.
Pessah Pessah cacher cacher vesameah vesameah www.ecolemaimonide.org
L’école Maïmonide est une école de langue française de la maternelle à la 5e secondaire menant au DES du MEES. Pour inscriptions ou informations, prière de nous contacter au 514.744.5300 ext. 221 ou par courriel à info@ecolemaimonide.org Campus Jacob Safra | 1900, rue Bourdon, Ville St-Laurent, H4M 2X7 Campus Parkhaven | 5615, rue Parkhaven, Côte St-Luc, H4W 1X3
CULTURE SÉPHARADE
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Jeu-questionnaire sur la grande et la petite histoire sépharade L’Hon. Jacques Saada
Nous vous proposerons dans chaque numéro de votre LVS un petit jeu-questionnaire. Vous pourrez le faire seul, en famille, entre amis ou en classe. Juste pour le plaisir. Le plaisir de la découverte ou de la redécouverte de l’histoire sépharade. Le plaisir d’apprendre et de voir les autres apprendre.
Vous êtes-prêts? Allons-y.
1
5
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Quel est le nom du troisième livre de la Torah
Quel est le nom du premier ministre qui, en juin 2014, reconnaît
?
la double citoyenneté aux Juifs sépharades d’origine espagnole
(9 lettres) (5 lettres)
2
6
?
Quelle langue parlaient les Hébreux dans l’Antiquité
Comment s’appelle la variété de judéo-espagnol qui s’est développée
?
à Tétouan et dans l’Ouest algérien
(7 lettres)
(7 lettres)
3
?
Quel est le prénom du fondateur de l’École normale israélite orientale Le décret de naturalisation française des Juifs algériens en 1871 porte son nom.
7 Quel est le nom de cette ancienne capitale de l’Égypte,
?
haut lieu de la culture juive pendant des siècles (7 lettres) (10 lettres)
4 Quel est ce pays arabe qui a annoncé, le 10 décembre 2020, le
?
rétablissement de ses relations diplomatiques avec Israël
8 Dans quel pays, les Juifs ont-ils établi la première congrégation juive
?
des Amériques en 1636 (5 lettres) (6 lettres)
Remettez dans l’ordre les premières lettres de chaque réponse. Vous obtiendrez la réponse que nous recherchons. Il s’agit d’un décret signé par Isabelle la Catholique et qui a constitué un tournant majeur dans l’histoire sépharade.
Réponses au jeu-questionnaire à la page 45 MAGAZINE LVS
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CULTURE ISRAÉLIENNE
Incident au fond de la galaxie Entretien avec le célèbre écrivain israélien Etgar Keret Elias Levy
Entretien avec le célèbre écrivain israélien Ce n’est pas par hasard qu’on l’a surnommé l’« enfant terrible des lettres israéliennes ». Etgar Keret est l’un des écrivains les plus célèbres et sulfureux d’Israël. Superstar de la jeunesse israélienne, qui raffole de ses nouvelles surréalistes, ce Sabra, né à Tel-Aviv en 1967, après la guerre des Six Jours, dans une famille de survivants de la Shoah, est aussi un cinéaste et un scénariste de bandes dessinées fort talentueux. Ses œuvres sont traduites dans plus de quarante pays. En 2008, son très beau film « Méduses », coréalisé avec son épouse, Shira Geffen, a reçu l’un des prix les plus prestigieux du Festival de Cannes : la Caméra d’or. En 2020, « L’Agent immobilier », la minisérie à la trame autobiographique qu’il a coécrite et coréalisée avec Shira Geffen, pour la chaîne de télévision Arte, a connu un grand succès d’audience. Le populaire acteur français Mathieu Amalric est l’un des interprètes principaux. Son huitième roman traduit en français, « Incident au fond de la galaxie », publié aux Éditions de l’Olivier, a mérité en 2018 la plus haute distinction littéraire israélienne, le prix Sapir — l’équivalent du prix Goncourt français —, ainsi que le très prisé National Jewish Book Award. Un recueil très captivant de vingt-deux nouvelles hilarantes et poignantes truffées de références intimes. Un antidote féroce contre les absurdités de la vie et la morosité ambiante de notre époque. Etgar Keret aborde de nouveau avec brio ses thèmes de prédilection : la perte d’un être cher, la filiation, la mémoire de la Shoah, la trahison, les dérives des réseaux sociaux et des hautes technologies… Ses personnages loufoques, attachants et névrosés regorgent d’humanité. Un grand tour de force littéraire. Etgar Keret a accordé une entrevue à LVS/La Voix sépharade depuis son domicile de Tel-Aviv.
Etgar Keret Comment vivez-vous votre confinement en Israël? À l’instar du commun des mortels, je suis très préoccupé par les conséquences délétères de la pandémie du coronavirus, notamment par le très grand nombre de victimes qu’elle est en train de causer. Cependant, je dois vous avouer, j’ai honte de le dire, que cette épreuve extrêmement ardue pour beaucoup de personnes, qui ont contracté la COVID-19, perdu leur emploi, sombré dans un profond désarroi psychologique… est pour moi, sur le plan de la création littéraire, une période des plus stimulantes. En fait, dans mon cas, le confinement forcé n’est pas une épreuve insupportable dans la mesure où je suis déjà confiné en temps normal, seul face à l’écran de mon ordinateur. C’est le lot de beaucoup d’écrivains. Je sors très peu, seulement pour donner mes cours à l’université, je conduis rarement, je ne vois mes amis qu’au compte-goutte. Cette crise nous a fait prendre conscience que désormais, tous les êtres humains sont confrontés aux mêmes problèmes et défis. Auparavant, certains pouvaient esquiver dans la plus grande indifférence les dures réalités qui sévissent dans notre monde. Ce n’est plus le cas. Cette pandémie impitoyable, qui nous menace de mort, nous confronte aux facettes les
plus hideuses de la vie. Comment est née l’idée d’écrire Incident au fond de la galaxie? J’ai commencé à écrire les nouvelles réunies dans ce livre en 2017, après avoir été victime, à Boston, d’un terrible accident de voiture au cours duquel j’ai failli mourir. J’ai eu plusieurs côtes fracturées. Le conducteur du véhicule a été aussi blessé. Ce jour-là, j’étais résolument convaincu que ma fin était imminente. J’ai ressenti alors l’indicible impression que mon âme était sortie brusquement de la voiture et avait été projetée vers le ciel comme une fusée. De là-haut, l’accident qui venait de se produire, qui me semblait apocalyptique depuis le sol, me paraissait un événement microscopique et des plus insignifiants. Cette pensée m’a aidé à tenir le coup jusqu’à l’arrivée de l’ambulance. Cet « incident », tragique certes, a été l’élément déclencheur de l’écriture des nouvelles réunies dans Incident au fond de la galaxie. Celles-ci ont un dénominateur commun : les vicissitudes de personnes qui s’agrippent désespérément à une vie de plus en plus énigmatique et incertaine dont ils ne saisissent plus le sens.
‘‘Certains me qualifient de « névrosé doué d’un sens de l’humour noir ». Ils ont certainement raison. ’’
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L’humour noir occupe une place prépondérante dans votre travail littéraire. Est-ce votre manière de tourner en dérision les misères de notre monde? Certains me qualifient de « névrosé doué d’un sens de l’humour noir ». Ils ont certainement raison. L’humour noir, qui transparaît clairement dans mes
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livres, est ma carapace, mon « assurance-vie », la moins onéreuse, pour me protéger des fracas de notre monde en déliquescence. L’humour décapant, c’est ma manière à moi d’affronter les obstacles et les problèmes qui jalonnent ma vie. Quand tout va bien, tu n’as pas besoin de tabler sur l’humour. Pour les Israéliens, l’humour est un instrument percutant auquel ils ont recours pour protester contre des choses, malheureusement, qu’ils ne pourront jamais changer : notre sempiternel conflit avec les Palestiniens, les inégalités sociales de plus en plus criantes, le cynisme de nos politiciens… Une nouvelle de votre livre, « Escape Room », fera certainement grincer pas mal de dents. Vous racontez l’histoire d’un fils d’une rescapée de la Shoah en fauteuil roulant qui s’escrime à convaincre le directeur d’une « Escape Room », une salle de jeu où l’on doit décrypter une série d’énigmes pour s’échapper de celle-ci, d’ouvrir exceptionnellement son établissement lors de la journée fériée du souvenir de la Shoah pour pouvoir y emmener sa mère. Un échange de courriels sidérants s’ensuit. Ce récit n’est-il pas un tantinet provocateur? Cette nouvelle recèle une partie de mon histoire familiale. Mes parents sont des survivants de la Shoah. Une grande tristesse prédomine en Israël le jour de Yom Hashoah. Ce jour-là, tout le pays est paralysé : les aires d’amusement sont fermées, la télévision et la radio ne diffusent que des émissions consacrées à cette grande tragédie… Pour mes parents, comme pour beaucoup d’autres survivants de la Shoah, c’est un jour de douleur et de torture. En écrivant la nouvelle « Escape Room », j’ai voulu résumer, avec une pointe d’humour décapant bien sûr, la pensée collective nationale des Israéliens sur la Shoah. Un sentiment regorgeant d’angoisse et de détresse. L’idée persiste que, depuis l’Inquisition espagnole au XVe siècle, les Juifs ont toujours été des victimes, un peuple honni et persécuté. Or, force est d’admettre que l’État d’Israël est l’antithèse de ce peuple écrasé et meurtri. Dans les échanges de courriels, l’un des personnages de cette nouvelle, Michael Warshawski, dont la mère est une survivante de la Shoah atteinte d’une paralysie, reproche au propriétaire de cet « Escape Room », Sefi Moreh, un Sabra descendant d’une famille sépharade persécutée et expulsée d’Irak dans les années 50, de ne pas saisir la profondeur de la souffrance des rescapés du génocide hitlérien. Warshawski, qui veut simplement offrir du bon temps à sa mère, est « à la recherche d’une activité digne de ce jour très triste ». Deux visions d’Israël s’affrontent. Un dialogue de sourds! Comment envisagez-vous l’avenir de l’hébreu? L’hébreu est une langue fascinante qui ne cesse de m’enivrer et qui me rappelle un volcan en éruption. Pendant deux mille ans, l’hébreu n’était qu’une langue écrite, utilisée uniquement dans la liturgie, mais pas dans les chambres à coucher. Les Juifs d’Europe ou du Moyen-Orient ne parlaient alors que le yiddish, le latin ou l’arabe. L’hébreu ne se réveilla qu’à la fin du XIXe siècle, avec l’émergence du mouvement sioniste. Soudainement, cette langue s’est décongelée. L’hébreu est donc une langue très singulière. Sans aucun doute. Si un Espagnol ou un Italien du XVIe ou XVIIe siècle débarquait aujourd’hui dans son pays natal, il ne comprendrait pas l’idiome que parlent ses concitoyens. Par contre, si le patriarche Abraham revenait aujourd’hui sur la terre d’Israël, il comprendrait parfaitement ce qu’un chauffeur de taxi de Tel-Aviv lui dirait. Les deux converseraient dans la même langue. L’hébreu n’a cessé de se réinventer, en forgeant de nouveaux mots et expressions. C’est une très vieille langue porteuse d’une grande modernité. Ainsi, les Israéliens ont l’auguste privilège de parler une langue qui est en même temps classique et irrévérencieuse, ancienne et progressiste. Cette tension reflète bien les paradoxes qui caractérisent les Israéliens : nous sommes un très vieux peuple qui vit dans un pays nouveau, âgé seulement de 72 ans, une broutille dans le curseur de l’ancienneté des nations.
Vous avez grandi au sein d’une famille qui chérissait la tradition des contes. Les contes familiaux ont grandement contribué à nourrir mon imagination romanesque. Chaque nuit, dans le ghetto de Varsovie, où les nazis les avaient cantonnés, mes grands-parents maternels racontaient un conte à ma mère en fin de soirée. Pour les Juifs reclus dans les ghettos pendant la guerre, les contes étaient un mécanisme de défense, un moyen de s’évader quelques heures de l’enfer dans lequel ils étaient embastillés. Enfant, mes parents me narraient aussi tous les soirs un conte. J’ai perpétué cette tradition avec mon fils, Lev. Pour moi, raconter un conte à un enfant, c’est lui transmettre tout notre amour. Vous êtes l’un des rares écrivains israéliens à ne pas aborder dans ses œuvres de fiction la problématique du sempiternel conflit israélopalestinien. Pourquoi? La politique israélienne ressemble de plus en plus à un disque vinyle rayé! Aujourd’hui, les politiciens israéliens nous offrent un spectacle piteux : une quatrième élection en deux ans! Du jamais vu dans une démocratie fonctionnelle. Il est vrai que je ne mélange jamais la politique et la fiction littéraire. C’est pourquoi on retrouve rarement mes réflexions politiques dans mes livres. J’ai de sérieux problèmes avec la réalité, c’est la raison pour laquelle je préfère de loin l’imagination, même si celle-ci est débridée. La réalité m’attriste et me rend anxieux. Composer avec la réalité, c’est très risqué. Avec l’imagination, vous ne prenez aucun risque. La politique ultra-droitière de Benyamin Netanyahou et du Likoud m’exaspère au plus haut point. La quasi-disparition de la gauche de l’échiquier politique israélien me désole. Mais quand je veux afficher mes positions politiques, je publie une tribune d’opinion dans les journaux. Mes livres ne m’ont jamais servi d’exutoire pour étayer au grand jour mes opinions politiques. MAGAZINE LVS
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Le génie médical du Technion en Israël et sa contribution à la lutte contre le coronavirus David Bensoussan L’Institut technologique du Technion à Haïfa a été fondé en 1912 par des visionnaires et la première promotion comprenait 17 diplômés. Depuis, plus de 100 000 ingénieurs et architectes ont été formés. Le Technion a évolué au fil des ans et compte 19 départements, 60 centres de recherche et est affilié à 12 hôpitaux. Certains des travaux de recherche qui s’y font pourraient avoir une incidence positive sur le remède à apporter à la pandémie actuelle du coronavirus (COVID-19). Mais rappelons au préalable quelques-unes de ses découvertes scientifiques depuis sa création. Les avancées scientifiques au Technion sont multiples et des prix Nobel ont été remportés par ses chercheurs : Dan Shechtman pour sa découverte des quasi-cristaux. Hershko et Ciechanover en collaboration avec le biologiste américain Irwin Rose pour leurs travaux sur la dégradation des protéines contrôlées par l’ubiquitine. Arieh Warshel, diplômé du Technion, pour la modélisation des réactions chimiques.
Albert Einstein en visite au Technion en 1923 Le domaine de l’électronique médicale a également connu un grand essor. L’un des premiers précurseurs fut le professeur Ollendorf, fondateur de la faculté de génie électrique et auteur de travaux scientifiques sur le magnétisme qui s’intéressa à la biomédecine avant de finir sa carrière dans l’enseignement de la philosophie de la science. Puis ce fut le Dr Barzilai de l’hôpital Rambam qui mit sur pied un programme d’études conjoint de médecine et d’électronique. De fait, l’auteur de cet article avait vu naître cette collaboration dans son alma mater en 1970, mais avait dû changer de spécialité pour œuvrer dans les domaines des télécommunications et de l’automatique qui assuraient alors plus d’opportunités d’emploi. Depuis, le domaine de l’électronique médicale a pris un essor extraordinaire avec l’institution de facultés de médecine, de biologie, de biotechnologie et d’électronique biomédicale au sein même de cette école d’ingénieurs. Parmi les innovations les plus importantes dans le domaine médical, nous pouvons relever la capsule médicale avalée (Pillcam) qui permet au médecin d’observer de façon non intrusive l’intestin du patient ou encore le robot exosquelette Rewalk qui réhabilite la
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mobilité aux paraplégiques, leur permettant de se tenir debout, de marcher et de monter des escaliers. Mentionnons également celles de Koby Vortman qui a développé des techniques de chirurgie non intrusives à base d’ultrasons (Insightec); de Shulamit Levenberg et Lior Gepstein qui ont conçu un tissu cardiaque à base de cellules souches adapté à la circulation sanguine et de Moussa Youdim et John Finberg qui ont développé le médicament Azilect pour les personnes touchées par la maladie de Parkinson. Les apports du Technion pour sortir de la pandémie de la COVID-19 En cette période tourmentée, certains des travaux des professeurs et chercheurs du Technion reliés à la pandémie causée par le coronavirus méritent l’attention. Hossam Haick a mis au point un analyseur d’haleine (NA-NOSE) et incorpore sa technique aux téléphones intelligents; il travaille sur un timbre pour surveiller le virus. Un projet pilote de timbre autocollant à base de microfibres (Maya) conçu par le professeur Eyal Zussman en collaboration avec le ministère de la Défense et département de chirurgie buccale et maxillo-faciale de la Galilée occidentale. Guy Shalev a dirigé une équipe de 40 partenaires qui a mis en ligne gratuitement les codes sources et les conceptions techniques pour produire des respirateurs (Ambovent) pour les patients atteints de la COVID-19. Rosh Kishony collabore avec l’hôpital Rambam sur des méthodes de tests simultanés de douzaines d’échantillons (pooling) en vue de détecter les patients infectés par le virus. La société Diagnostic Robotics cofondée par Kira Radinsky du Technion a développé un questionnaire sophistiqué analysé par l’intelligence artificielle pour détecter les zones géographiques touchées par le coronavirus. De son côté, Yonatan Savir collabore avec les entreprises Elbit et Elta pour mettre au point un système d’imagerie à base de senseurs et de radars optiques pour mesurer les signes vitaux des patients à distance. Trois diplômés du Technion travaillent sur la collection d’échantillons vocaux de patients touchés par la COVID19 (VocalisHealth) pour y identifier l’empreinte virale. Alon Wolf a construit un robot qui amène de la nourriture et des médicaments dans les salles de malades à l’hôpital et permet même d’effectuer certains traitements simples afin de diminuer l’exposition du personnel hospitalier au coronavirus. Yoav Eichen travaille sur des revêtements autostérilisants pour un masque protecteur contre le coronavirus. L’équipe d’Avi Schroeder (VIAqua Therapeutics) travaille sur un vaccin contre le coronavirus en se basant sur ses travaux d’immunisation contre les maladies virales des crevettes. Marcelle Machluf adapte ses travaux de recherche en nanotechnologie (nanoghosts) pour le traitement du cancer de la peau au coronavirus. Josué Sznitman développe des bioliquides pour améliorer le traitement par respirateurs artificiels. Le Technion a un programme d’études et de recherche conjoint avec l’université Cornell aux ÉtatsUnis. Son institut Jacob’s Institute Runway Program et la jeune entreprise Katena travaillent à un test rapide et fiable pour valider l’immunisation des personnes qui ont été infectées, mais qui ont néanmoins été guéries. Technion Partout dans le monde, les centres de recherche se concentrent sur les solutions à apporter contre le coronavirus. Les visionnaires qui avaient fondé l’Institut du Technion auraient été fiers de savoir que le Technion apporte sa contribution pour surmonter la pandémie actuelle.
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« They Too Were Part of the Miracle » The role of women in the story of Pesach Rabbin Yamin Levy
Of the many beautiful customs observed at a Sephardic Seder, raising the plate over each individual’s head and chanting Bibhilu Yatzanu Mimitzrayim (“in haste we left Egypt”), is definitely my favorite. It is as if we are saying “you”, the person sitting at this table, were an integral part of the miraculous exodus from Egypt. This is not simply a nice quaint Sephardi tradition–this custom has significant Halakhic implications, in other words, it is rooted in Jewish law. The seder night, the first evening of the festival, and the Mitzvoth (commandments) associated with the observance of Pesach are such that the religious observances include the entire community–the men, the children and the women. The inclusion of children is evidenced by the four questions1. The inclusion of women is less obvious. Rabbi Yoseph Karo rules in his Shulkhan Aruch2 that women share in the obligation to drink four cups of wine, recite the Haggadah, the story of the exodus from Egypt, and eat Matza (unleavened bread) on the first night of Pesach just like the men3. Unlike Sukkoth where the women do not share the obligations of lulav (the four species particular to the holy day of Sukkoth) and sukkah (the temporary shelter built for the holy festival of Sukkoth), Pesach, the Talmud teaches, is different because women “were a part of the miracle”4. Understood literally, this means that we celebrate Pesach because “Hashem (God) passed over the homes of our ancestors as He struck Egypt and spared our families” (Exodus 12:27). God spared all the members of our households including the women and that is why they too must observe all the Mitzvoth associated with the holy day. Why not apply the above Talmudic principle to Sukkoth? Women also enjoyed the miracle associated with the Ananei HaKavod, the miraculous clouds that protected the Jewish people as they journeyed through the desert. Indeed, women shared in the miraculous salvation of Sukkoth, but as passive participants, while their role during the Pesach salvation was one of active initiators Myriam dancing with tambourins and contributors. On the surface, Pesach is a celebration of freedom and of the destiny brought forth Mikur HaBarzel, from the fiery furnace of Egyptian oppression, but it is also the celebration of human courage and of the active role individuals played in order to bring about the redemption. A select number of individuals who were driven by justice and compassion risked their lives and acted against all odds to defy tyrants and change the destiny of their people and the course of world history.
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The role Moshe Rabbenu played in the miraculous exodus of the Jewish people cannot be overstated. The prophet of all prophets, the humblest man, could very well be the focus of our discussion. And yet, we dare not overlook the central role six women played in the Exodus drama as recorded in our sacred Torah. Each of these women risked everything and exercised personal capital in executing Hashem’s plan (God’s plan). Without any one of them, there would be no Moshe Rabbenu and no redemption. I begin with Shifra and Puah, the two midwives who make an appearance early on in the book of Shemoth (Exodus). The Midrash suggests that they were Miriam and Yocheved, while Don Isaac Abrabanel and Shemuel David Luzzatto, insist they were Egyptian midwives whose moral compass of justice and compassion led them to defy their king’s orders of killing all newborn male babies. Whoever they were, these two women were among the earliest practitioners of civil disobedience. Then you have Yocheved, Moshe Rabbenu’s mother who had the courage to birth a child when all male Israelite babies were faced with certain death. The Midrash teaches us that she was a first-generation immigrant to Egypt. She grew up on the lap of her grandfather Yaacov Avinu. The Torah describes her attempts at hiding the newborn child from the murderous Egyptian executioners. One can only imagine the agony of a mother and her profound faith, praying that her precious son survives. Could she have ever foreseen that this child would not only survive but change Jewish destiny? Most remarkable is Pharaoh’s daughter Bitya, who rescued baby-Moshe from the Nile, and adopted him, knowing that by doing so she was defying her father’s cruel law. Her act of moral excellence and courage is unparalleled in the entire Tanakh (Bible). She names her adopted son Moshe, which in Hebrew means “drawn”, as in drawn from the water, while in ancient Egyptian it means “child of ”. The author of the Me’am Loez, a famous 18th century commentator, writes that Moshe Rabbenu had other names given to him by his biological mother and by his uncles, but the name Bitya gives this child is the name that stays with him. His name is a tribute to her valor. Miriam, Moshe Rabbenu’s older sister is, according to
JUDAÏSME the Midrash, at least partly responsible for her brother’s birth. As a child, Miriam challenged her father Amram who planned to divorce his wife in order to prevent having more children who would be oppressed and killed at the hands of Pharaoh. Miriam famously argued, “father, your decree is harsher than Pharaoh’s. The tyrant decreed against the boys but you decreed against the girls as well”5. Miriam fiercely protected her little brother and not only stood openly by the Nile, watching over his fate, but despite her lowly status in Egyptian society, seized the opportunity to offer a Jewish wet-nurse after Pharaoh’s daughter rescued the child. By doing so, she ensured that this baby would always know who his people were. The Torah records how she proudly sang alongside Moshe Rabbenu after the Jewish people crossed the sea of reeds. The Torah affords her this right as a tribute to her faith and bravery. Her song punctuates the celebration and the spiritual activism of the women who played a meaningful role in the redemption of the Jewish people.
recognized the sanctity of life and refused to follow orders that desecrated this core value. Each of these women were fearless in the face of human evil because they feared only God as the verse states “the Egyptian midwives feared God and did not do as the Egyptian King had ordered them” (Shemoth 1:17). These women did not act by divine fiat but were driven by a profound sense of compassion. Their stories speak to the human element in the miraculous drama of the exodus story. Their empathy, their sympathy and their will emerged from the strongest force in nature–love. These six women teach us what it means to be human–and that is their contribution to the story of Pesach. And so it is no surprise that Hakham Ovadia Yoseph (1920-2013), former Sephardi Chief Rabbi of the State of Israel, rules in his Yechaveh Da’at (volume 2, chapter 65) that women like men are obligated to fulfill all the Mitzvoth associated with the night of the seder, because they too brought about6 the miracle.
Finally, we have Zipporah, Moshe Rabbenu’s dedicated wife, who the Torah tells us accompanied him on his dangerous mission to Egypt. Her intuition as a wife and mother saved her husband from the angel of death (Shemoth 4:24-26), a narrative that requires an in-depth study.
1. On the night of the Seder, the youngest children at the table are given the role of asking the four questions that introduce the storytelling and launch the discussion around it (editor’s note). 2. Code of Jewish Law written by Rabbi Yoseph Karo and used as a reference by Sephardi Jews. Orach Chaim, Siman 472. 3. Editor’s note: According to Jewish law, women are exempted from fulfilling commandments that are required at a precise moment in time when these commandments are positive injunctions (“you will do”). See Babylonian Talmud, Kiddushin Tractate. There are however many exceptions to this rule and the author of this article outlines the justification of one of these exceptions pertaining to the Pesach festival (editor’s note). 4. BT Pesachim 108b. 5. Midrash Shemoth Rabbah 1 :18 ; TB Sanhedrin 101b 6. שאף הן היו באותו הנס- Author’s interpretation and translation.
The Torah links these six acts of outstanding moral courage to women, two of whom are definitely not Israelite, and two whose identity is ambiguous. Each of these women and their stories amplifies the fact that they
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Pessah cacher vesameah ''Tu raconteras à ton enfant'' (chemot 13:8) La fête où la transmission est au centre de nos préoccupations
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NOS CONSTITUANTES
Le Mikvéh (bain rituel) de la Congrégation Hekhal Shalom Elie Benchetrit
Roland Harari
Patrick et Betty Benalal
La communauté juive de Ville-Saint-Laurent ne dispose que d’un seul Mikvéh (bain rituel) et celui-ci est opérationnel depuis environ 30 ans dans les locaux de la Congrégation Hékhal Shalom. Ces dernières années, il était fréquenté également par une clientèle extérieure en provenance de Dollard-desOrmeaux et de Laval. Cet achalandage auquel s’ajoute un vieillissement des installations ont fait en sorte que le CA de la Congrégation a pris la décision de procéder à un réaménagement et un rajeunissement des installations du dit Mikvéh. L’argent étant le nerf de la guerre, un comité de 6 personnes fut mis en place pour lancer une campagne de financement afin de mener à bien cette noble entreprise. Nous sommes allés recueillir les explications de trois personnes clés qui se sont engagées à fond dans le projet : Le Rav Ronen Abitbol, Roland Harari et Patrick Benalal. Le Rabbin Ronen nous expliqua d’emblée de manière catégorique que, d’après la Halakha, (la loi juive) pour toute communauté juive, la construction d’un Mikvéh dépasse l’importance de la Torah. Il cite à cet effet une anecdote racontée par feu le Rav Pinhas Hisrsprung de Montréal qui rapportait que, de son temps en Pologne, une discussion avait cours sur le fait de savoir dans quel ordre une communauté devait procéder dans la construction ou les frais d’un Talmud Torah, d’une synagogue ou d’un Mikvéh? La réponse des Sages de l’époque fut unanime, le Mikvéh avait préséance, car il était à la base de toute vie spirituelle. Et d’ajouter que ce dernier ne devait pas être une source de revenus, mais surtout et avant tout un service communautaire. Un Mikvéh, ajouta-t-il « doit disposer d’installations attirantes pour le public, or le nôtre avait en raison de son âge, des problèmes de tuyauterie et de robinetterie pour ne nommer que ceux-ci et il était impératif de procéder à des rénovations. Je dois ajouter qu’en raison de la COVID-19, nous devons viser un très haut niveau sanitaire. Notre Comité de financement a accompli un travail magnifique et efficace et les résultats obtenus ont dépassé nos espérances. Je tiens à souligner le soutien moral des rabbins montréalais, Les Rabbanim Menahem Rasskin, David Sabbah et Haïm Nataf en particulier et les félicitations qui nous ont été adressées par l’Assemblée des Rabbins de Montréal. Je tiens à les remercier et leur dire Kol Hakavod! » Un comité dynamique et motivé : Rav Ronen Abitbol, Roland Harari, Patrick Benalal, Betty Benalal, Sylvia Alloul, Serge Acoca, Roland Harari, bénévole dans l’âme depuis des décennies, photographe versé dans les communications se devait de participer à ce projet avec l’enthousiasme qu’on lui connait. Patrick Benalal également bénévole depuis 10 ans s’est porté volontaire sans l’ombre d’une hésitation. Ils ont bien voulu nous livrer leurs impressions. Roland insista sur la nécessité urgente de procéder à des rénovations, mais que le Gala de levée de fonds ayant été annulé pour cause de COVID-19, il avait été impératif de procéder par une collecte de fonds auprès
Mikvéh de Hekhal Shalom des donateurs. Aussi bien Roland que Patrick, ont tenu à souligner le travail extraordinaire d’un autre bénévole membre du comité en la personne de M. Serge Acoca, président de l’entreprise Perfectvide spécialisée dans la création de logiciels et à qui il fut demandé aux alentours de septembre, octobre de créer un système de logiciel pour la campagne de financement. M. Acoca, nous dit Roland, nous a été d’une aide précieuse dans l’élaboration du projet au niveau de ses conseils, de la méthodologie et de l’introduction de la notion de « Matchers » susceptibles de contribuer personnellement à parts égales aux sommes promises par les donateurs réguliers. Pendant les six semaines qu’a duré la campagne nos deux bénévoles s’accordent à dire qu’ils ont roulé à fond. Ils ont connu du nouveau monde, car il fallait élargir le bassin de donateurs au-delà des membres de Hekhal Shalom, participer à de nombreuses réunions, mettre au point un programme de communications financé par des commanditaires, envoyer près de 600 courriels et vidéos aux rabbins des synagogues. Patrick quant à lui choisit de s’occuper des équipes de sollicitation, 33 au total qu’il a dû superviser en plus d’aller chercher des nouveaux donateurs et de s’affairer aux détails techniques. Ici encore les médias sociaux comme WhatsApp et les SMS ont rempli leur rôle aussi bien dans la communication que dans l’envoi des messages. Il faut préciser que l’objectif fixé tournait autour de 200 000 $ tandis que M. Serge Acoca, plus prudent, plaçait la barre aux environs de 180 000 $. Mais le miracle eut lieu, et ce furent 211 000 $ qui furent collectés. Patrick, tient à préciser, et ce détail est important, que 70 % de la clientèle du Mikvéh est extérieure à Ville-Saint-Laurent. Il veut également au passage souligner le rôle de son épouse Betty, membre du comité qui fut bénévole à l’accueil au plus fort de la pandémie. Il se dit fort satisfait de cette belle expérience et du caractère fort original de cette collecte de fonds par Internet. Le Rabbin Ronen, Roland et Patrick s’accordent à dire que la somme recueillie permettra de rembourser les dettes contractées auprès de la synagogue, de procéder aux nécessaires travaux de rénovation et enfin et surtout, de garantir le fonctionnement du Mikvéh pour les prochaines années. MAGAZINE LVS
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VIE COMMUNAUTAIRE
Le Centre Cummings, un carrefour communautaire intergénérationnel Eric Yaakov Debroise Le Centre Cummings, une institution au service aînés de la communauté depuis 1949 Le Centre Cummings est une institution communautaire sans but lucratif dont la mission principale est « de favoriser l’épanouissement des adultes de 50 ans et plus et d’améliorer leur qualité de vie en offrant des programmes dynamiques et novateurs, des services sociaux et des occasions de bénévolat ». Il est constitué d’une équipe de professionnels dévoués, offre des services chaque année à près de 10 000 personnes, compte 3 000 membres permanents et propose plus de 300 activités. En 2019, Mme Annette Oliel a été nommée présidente devenant ainsi la première femme sépharade et francophone à la tête de cette institution. Cependant malgré une importance capitale pour les aînés de notre communauté, le Centre Cummings demeure peu connu et peu fréquenté par les Sépharades montréalais. Est-ce un manque de visibilité? La persistance d’une distance culturelle entre Ashkénazes et Sépharades? Quoiqu’il en soit, cet article vise à promouvoir le Centre auprès des Sépharades montréalais afin qu’ils s’approprient un peu plus cette institution remarquable. Le Centre Cummings en pleine pandémie Attentif à l’évolution des directives de la santé publique à cause de la pandémie de COVID-19, le Centre Cummings est présentement fermé. Cette situation exceptionnelle a eu des effets sur les bénévoles qui sont un des rouages importants du centre. Entre autres, avant la pandémie les bénévoles étaient près de 900. Au plus fort de la crise pandémique, ils n’étaient plus que 50. C’est en août 2020, avec la réorganisation du centre, que leur nombre est reparti à la hausse pour atteindre 350 bénévoles. En réponse à cette situation, le Centre a renouvelé son approche en maximisant le développement technologique. Selon Madame Oliel, cette transition technologique n’était pas évidente et perçue comme difficile à diffuser auprès des aînés, mais elle fut réussie. De plus, des activités qui réunissaient auparavant 20 personnes en raison notamment de « l’effet snowbird » en hiver, peuvent désormais en rassembler une centaine grâce à la plateforme Zoom. Qu’ils soient à Montréal, Toronto ou en Floride, les membres peuvent se connecter! Sport en ligne, cours d’art, apprentissage, conférences, danses israéliennes, visites virtuelles de musées, célébrations de fêtes juives, sont autant d’activités offertes ou à venir! Une étroite collaboration avec la CSUQ Depuis près de 3 ans, la directrice générale du Centre Cummings, Pauline Grunberg, s’est attelée à mettre sur pied un plan stratégique quinquennal (2018-22) dans lequel le volet francophone prend une place importante et, en particulier, le « volet sépharade ». Cela est possible plus particulièrement grâce à l’étroite collaboration qui s’est développée entre le Cummings et le directeur de la CSUQ , Benjamin Bitton, et leur personnel respectif. Le partenariat est fructueux et n’a cessé de s’accroître au profit des membres de la communauté. Voici ce qui en a résulté ces dernières années, notamment depuis 2018 : • Le Festival du Cinéma Israélien commandité par le Cummings, présente des prises de parole d’ambassadrices sépharades.Ces commandites s’effectuent aussi pour le Festival Séfarad et le programme des Bar Mitzvot. • Partenariat avec la CSUQ pour la célébration de la Mimouna, véritable succès avec la présence de 450 participants • Insertion régulière dans l’Infolettre bihebdomadaire de la CSUQ des activités du Cummings
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• Claims Conference, le programme d’indemnisation s’adressant aux victimes juives du nazisme. La CSUQ a travaillé étroitement avec les Services sociaux du Cummings afin de livrer un message clair et d’en faciliter la compréhension pour les lecteurs sépharades. Une ligne téléphonique directe a été mise en place pour mieux diriger les demandes/questions vers une travailleuse sociale du Cummings. • Durant la pandémie, de nombreux programmes et vidéos francophones (et bilingues) ont été proposés gratuitement aux membres de la communauté par l’entremise de la Bibliothèque d’apprentissage virtuelle, généreusement offerte par la Fondation de la famille de la famille Leonard Albert. Le volet francophone de cette Bibliothèque ne cesse de s’agrandir. • Grâce à la subvention de l’Agence de la santé publique du Canada, le Centre Cummings, en collaboration avec la CSUQ , proposera une conférence le 3 mai sur « Comprendre les signes et les symptômes de la démence et soutenir ses proches ». Une symbiose est ainsi en train de s’opérer entre l’appareil communautaire du Cummings et la CSUQ afin d’offrir aux Sépharades montréalais des activités et services adéquats répondant à leurs attentes. « Le centre Cummings, c’est pour les anglophones. » entendons-nous souvent dire. « Ce jugement était peut-être mérité. Il ne l’est plus. La vérité, c’est que le Cummings a maintenant des professionnels sépharades au service des sépharades. La vérité, c’est que le Cummings traduit systématiquement ses documents en français. La vérité, c’est que Cummings collabore de plus en plus étroitement avec la CSUQ , que ce soit pour Hessed, les indemnités du Claims Conference ou de nombreux autres services à notre communauté. La vérité, c’est que le Cummings m’a invité personnellement à faire partie de son comité de planification stratégique pour s’assurer de toujours mieux répondre aux besoins des Sépharades. Reconnaître que le Cummings, c’est aussi pour nous, les Sépharades […] » déclare Jacques Saada, président de la CSUQ. Et Mme Grunberg, directrice générale du Cummings d’ajouter : « Notre priorité est de faire du Centre Cummings un endroit où vous vous sentez chez vous. Notre environnement multiculturel fait en sorte que chacun se sent bienvenu au centre. De même, les corridors du bâtiment ont pris récemment des airs du Maroc, de l’Espagne et du Portugal grâce à de magnifiques photos aux couleurs chaleureuses des voyages « Retour aux sources organisés par la CSUQ », dit la directrice générale du Pauline Grunberg. Le Centre se préoccupe du bien-être de toutes et tous. C’est pourquoi, la présidente du Cummings Madame Oliel de concert avec les efforts déployés par la CSUQ souhaite que les Sépharades montréalais s’approprient plus fortement le centre et dépasse les 10 % de membres inscrits. Au regard des multiples activités et services offerts. Il est temps d’en profiter!
VIE COMMUNAUTAIRE
Les Sépharades admissibles au supplément du fonds de réparation versé par l’Allemagne aux survivants de la Shoah Elias Lévy
La Claims Conference, organisme défendant les droits des survivants de la Shoah dont le siège central est établi à New York, a négocié dernièrement avec le gouvernement de l’Allemagne un paiement supplémentaire du Fond de réparation versé aux victimes juives du nazisme (Fonds Hardship). La Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ) œuvre de concert avec le Centre Cummings pour aider les Sépharades concernés par ces réparations financières et répondre à leurs questions. « Dans ce dossier important, la CSUQ et le Centre Cummings travaillent très étroitement afin de nous assurer que les demandeurs sépharades de ces fonds d’indemnisation soient servis adéquatement en français. À cet effet, des documents en français décrivant les diverses phases du processus de demande du Fonds Hardship et répondant aux questions fréquemment posées ont été élaborés par la CSUQ. Depuis 2019, la Claims Conference a versé des compensations financières, par le truchement du Centre Cummings, à 1 753 survivants de la Shoah montréalais, incluant un bon nombre de Sépharades. La CSUQ et le Centre Cummings ont établi un partenariat efficace dont nous nous réjouissons », nous a dit Benjamin Bitton, directeur général de la CSUQ. Beth Fineberg, directrice du département des Services sociaux du Centre Cummings nous a donné des précisions relatives aux critères d’admissibilité et aux modalités d’octroi de ce nouveau versement du Fonds Hardship. Qui sont les Sépharades qui auront le droit de percevoir le paiement supplémentaire du Fonds Hardship alloué par l’Allemagne aux survivants de la Shoah? Les anciens citoyens de trois pays d’Afrique du Nord, le Maroc (à l’exclusion du Maroc espagnol et de la ville de Tanger), l’Algérie et la Tunisie, peuvent être admissibles au Fonds Hardship. Pour plus de détails, vous référer à la définition de « victimes juives de l’époque nazie », telle qu’elle est établie par la Claims Conference. Pour bénéficier de ce supplément d’indemnité, les ayants droit sépharades doivent avoir vécu dans un pays du Maghreb durant quelles années? Tous ceux et celles qui vivaient en Algérie, entre juillet 1940 et novembre 1942, en Tunisie, entre juillet 1940 et mai 1943, et au Maroc, entre juillet 1940 et novembre 1942 (le Maroc espagnol et la ville de Tanger sont exclus), sont admissibles à ce supplément financier du Fonds Hardship. Quel est le montant de ce paiement supplémentaire? À partir de quelle date peut-il être perçu? Les requérants admissibles percevront un montant total de 2 400 € (environ 3 700 $CAN) qui leur sera versé en deux paiements de 1 200 € chacun (environ 1 850 $CAN). La première tranche leur sera versée à la fin de 2020 ou au début de 2021 et la deuxième en 2022. Le versement du Fonds Hardship sera-t-il temporaire ou à vie? Les paiements seront versés sur une période de 2 ans. On ne nous a pas encore indiqué s’il y aura des paiements supplémentaires après 2022. Pour percevoir ce paiement supplémentaire faut-il remplir un nouveau formulaire de demande? Si oui, à qui faut-il le soumettre? Une nouvelle demande, préremplie, sera envoyée directement à chaque survivant admissible d’après les critères établis par la Claims Conference. Cette orga-
nisation enverra les formulaires de demande à la dernière adresse connue du survivant inscrite dans son dossier. Si un survivant a déménagé depuis qu’il a reçu les paiements correspondant à sa première demande, il devra mettre à jour sa nouvelle adresse auprès de la Claims Conference. Tél. : 1-646-536-9100. Courriel : cprograms@claimscon.org Y a-t-il une date butoir pour soumettre une demande pour obtenir le supplément du Fonds Hardship? Le 31 décembre 2022. Les descendants d’un survivant de la Shoah décédé pourront-ils continuer à percevoir les indemnités versées par le Fonds Hardship? Oui. Si un survivant ou une survivante de la Shoah ayant soumis une demande, acceptée par la Claims Conference, décède avant que le paiement ne lui soit versé, son conjoint ou sa conjointe pourrait y avoir droit. Si l’époux et l’épouse sont décédés, leurs enfants pourraient avoir droit de toucher le Fonds Hardship. Les autres héritiers ne sont pas admissibles. Pour obtenir plus d’informations à ce sujet, le conjoint ou la conjointe de la personne décédée ou leurs enfants sont priés de contacter la Claims Conference. Est-il trop tard pour réclamer le Fonds Hardship pour une personne admissible selon les critères de la Claims Conference, mais qui n’a jamais fait une demande en bonne et due forme? Non. Si une personne n’a jamais fait une demande pour recevoir le Fonds Hardship, elle peut toujours le faire en soumettant une première demande auprès de la Claims Conference. Elle devra remplir le « formulaire de demande unifié » figurant sur le site Internet : http://www. claimscon.org/what-we-do/compensation/apply-for-compensation/. Le requérant ou la requérante sera avisé(e) s’il ou si elle est admissible à ce fonds d’indemnisation ainsi qu’au paiement supplémentaire inhérent à celui-ci. À part les indemnités financières, les survivants de la Shoah vivant à Montréal ont-ils droit à d’autres services offerts par la Claims Conference? Oui. Des services sociaux, comme les soins à domicile, le nettoyage et l’aide financière d’urgence, sont offerts aux survivants admissibles aux programmes de la Claims Conference. À Montréal, ces services sont coordonnés par le département des Services sociaux du Centre Cummings. Les survivants ayant droit à ces services n’auront aucuns frais à débourser. Pour obtenir de plus amples renseignements sur la façon de présenter une demande pour obtenir ces services sociaux, veuillez communiquer avec l’équipe d’admission du Centre Cummings au 514-343-3514. MAGAZINE LVS
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VIE COMMUNAUTAIRE
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VIE COMMUNAUTAIRE
Notre trublion de Radio Shalom : Charles Barchechath Sylvie Halpern l’avenir reste toujours incertain, le pourfendeur d’idées reçues continue à aller Nul besoin de présenter Charles Barchechath! Depuis de l’avant, positif et optimiste : « Je ne sais pas si Radio Gospel (en ondes sur 15 ans que sa voix familière et un rien grandiloquente le 1650 AM) sera désireuse de nous garder, mais toujours est-il qu’elle nous vient dénoncer les pseudovérités qui frappent comme réserve quand même gratuitement – et en prime time pour moi – 35 heures autant de plaies quand il est question d’Israël, ce grand d’antenne par semaine. Et ce qui est une bonne communautaire s’est moulé avec chose, c’est que depuis que nous y sommes, de conviction dans son rôle de justicier des plus en plus de non-juifs nous écoutent. Cela peut ondes. « Je n’attaque jamais personne, je remettre les pendules à l’heure comme j’essaie de me contente de lire les informations qui le faire, ça peut contribuer à faire changer l’état circulent, d’en souligner les erreurs et de d’esprit de bien des Québécois par rapport à rectifier les faits ». Un véritable travail de nous. J’espère que ça va continuer. » missionnaire bénévole auquel il consacre trois heures chaque jour, car matin Comme si ça ne suffisait pas, le trublion porte comme soir, il n’est jamais en manque de aussi la casquette de responsable des activités sujets. Le jour de notre entretien, il venait culturelles de la Congrégation Or Hahayim. par exemple de mettre à nu les faussetés L’agenda en a bien sûr été réduit à la portion concernant Israël qu’il a débusquées dans congrue cette année du fait de la pandémie, mais les Mémoires du président Obama : « Ce Charles Barchechath il tient solidement le fort. En pleine explosion de monsieur a réécrit l’Histoire! » COVID-19 en décembre dernier, il a ainsi veillé à ce qu’on puisse écouter sur Redresseur d’entreprises dans sa vie professionnelle, redresseur de torts sur Radio Shalom, Charles Barchechath a on ne peut plus la fibre communautaire : « Ça fait partie de mon ADN! » Même si, faute de moyens, Robert Lévy, le fondateur de la station, a dû jeter l’éponge et que
Zoom Yohan Benizri, le vice-président des Congrès juifs européen et mondial, nous alerter de la montée de l’antisémitisme partout dans le Vieux Continent et de sa possible extension au Québec. « Voilà quelqu’un qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Ça me ressemble… »
Pour lire les articles ci-dessous dans leur intégralité, voir notre édition en ligne :
lvsmagazine.com
The Immigrant : From Morocco to Israel de Daniel Ben Simon par Bernard Bohbot
Ily Jossuah Weil, Hava sur l’immigration de Juifs à Shanghaï durant la Shoah par Patricia Rimok
Le nouveau centre pour jeunes Olami. Entrevue avec ses cofondateurs le rabbin Dov Harrouch et le rabbin Michael Harrosch
Elias Lévy avec la collaboration de Mikael Ohana
Elles et ils ont publié par Sonia Sarah Lipsyc MAGAZINE LVS
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CentraliséauseindelaCSUQ,Hessedpermetdesoutenirlesindividusetfamilleslesplusvulnérablesdela
communautéjuiveauxprisesavecdessituationsurgentesouponctuelles.Cetteannée,nousavonsserviplusde 1500 familles.
Lesfondssontdiligemmentallouésauxindividusetauxfamillesdontlesbesoinssontlespluscriantsetlesplus urgents. Hesseddistribue100%desfondsrecueillisauxpersonnesnécessiteuses,etce,sansaucunechargeadministrative. Hessedguidelespersonnesdanslebesoinverslesbonnesressourcesafinderéduireleurdépendanceàl’aide financière récurrente.
LES CHAMPS D’INTERVENTION PRINCIPAUX
Aide aux familles pour les fêtes
Aide récurrente pour une année au maximum
Rosh Hashana, Souccot, Pourim, Pessah, après Pessah, Hanoucca
• Pour les familles monoparentales et à faibles revenus • Mise à pied temporaire • Maladie grave • Parents qui travaillent avec des revenus insuffisants
Aide sporadique maximum 2 fois par an
Aide partielle pour le loyer, l’électricité, les assurances et les frais extraordinaires
Aide aux aînés en résidence
Bourses d’études
En collaboration avec la
En collaboration avec la
une production de la
Soutien aux familles Boîtes à lunch, camps d’été et camps d’hiver
Aide pour les Bar Mitzvot En collaboration avec la
Marc Kakon, président de Hessed
Hessed a pour mission de soutenir les individus et les familles de la communauté juive aux prises avec des situations urgentes ou ponctuelles. Vivre dans la pauvreté entraîne l’isolement, la tristesse et l’anxiété. Avec votre aide, nous pouvons combattre la pauvreté. Ce n’est pas normal qu’en 2021, il y ait encore des centaines, pour ne pas dire des milliers de personnes qui vivent sous le seuil de la pauvreté. C’est notre devoir et notre mission de leur venir en aide. Comme dirait Enrico Macias, On n’a pas le droit d’être heureux quand on a un frère malheureux. Il dirait également : donnez, donnez, donnez et D’ vous le rendra! Faire un don, c’est donner de l’espoir à ces familles qui ont le droit de vivre des jours meilleurs. J’en profite pour vous souhaiter Hag Sameach, santé, bonheur et longue vie à vous et vos familles.
COMITÉ HESSED MARC KAKON ARMAND AFILALO président vice-président SYLVAIN ABITBOL RALPH BENATAR
HENRI ABITAN
MICHEL BITTON
DANIEL ASSOULINE
REBECCA LEVY
SYLVIA SERRUYA
SOURCES DE FINANCEMENT
Contributions de la Résidence Salomon
Dons de mécènes
Campagnes des synagogues
Campagnes téléphoniques
550 000 $
Fondation CSUQ
Fondation communautaire juive
Mission Bar Mitzvot
Faire un don, c’est donner de l’espoir aux plus démunis Agissez dès maintenant et contactez-nous Charles Oiknine 514 734 1660 coiknine@csuq.org
hessed.ca
UNE PRODUCTION DE LA
DU 2 MAI AU 12 MAI 2021 SOUS LA PRÉSIDENCE D’HONNEUR DE L’HON. DENIS CODERRE
EN LIGNE
FCIM.CA
PLATEFORME FACILE D’ACCÈS GÉO-BLOQUÉ AU QUÉBEC
• PREMIÈRES INTERNATIONALES • COURTS-MÉTRAGES • Q&R WEBINAIRES AVEC ET NORD-AMÉRICAINES
EN COMPÉTITION
RÉALISATEURS ET ACTEURS
• PRIX DU JURY EN CLÔTURE
RAYMONDE
CLASSIQUES THREE MOTHERS
INFO BILLETTERIE
514-734-1338 festival@csuq.org PASSEPORT :
20$
@Festival.cinema.israelien.mtl
une production de la
PROGRAMMES cheleg.com
Cet hiver, en raison de la pandémie, toutes les écoles de ski devaient fermer. L’École de Ski Chéleg a donc dû changer son format en Club de Ski pour ceux qui sont autonomes en ski et en planche. En groupe de 3 participants avec un animateur bénévole des Services Jeunesse, les jeunes ont pu dévaler les pentes du Chantecler à Sainte-Adèle pendant 7 dimanches.
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With very little activity permitted at this time, it’s been great for Eliav to ski on Sundays! We’ve been extremely satisfied with the level of organization and communication. Thank you for finding a safe way for the kids to be active! Valerie Abitbol
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Dans une année hors du commun, j’aimerais souligner le dévouement et la créativité de la CSUQ pour avoir organisé le Club de Ski Chéleg. Il est très réconfortant pour moi de savoir que mon fils Liam participe à une activité en plein air. Il revient de sa journée de ski heureux et a très hâte au dimanche suivant. Vanessa Assouline Elkaim
Le 20 février dernier, 100 familles ont participé à la soirée de Bingo Virtuel de Pourim organisé par les Services Jeunesse de la CSUQ sous le thème des Super Héros et Disney. Nos animateurs tous déguisés en personnages de Disney, ont fait une introduction originale et amusante de la soirée. Il y a eu trois rounds de Bingo avec les thèmes Musical,Personnages et Bingo Quiz. Les 3 prix à gagner étaient : 2 nuits à l’Estérel; 2 nuits au Manoir Saint-Sauveur et un IPad. Toutes les familles avaient la chance de gagner un prix bonus grâce à leurs déguisement ou enthousiasme!
Nos animateurs déguisés Les familles qui s’amusent! MERCI À TOUTES LES FAMILLES PARTICIPANTES ET FÉLICITATIONS AUX FAMILLES GAGNANTES!
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S PASSÉS E
En raison de la pandémie de la COVID-19, le Camp Kif Kef, prévu du 25 décembre 2020 au 1e janvier 2021, a dû être reporté en 2022.
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du camp, le Service Jeunesse a créé sur Instagram le Kif-Kef Mask Challenge. Chacun des campeurs et animateurs ont reçu par la poste, un masque du Camp Kif-Kef ainsi qu’une carte postale personnalisée.
Le défi consistait à afficher une photo d’eux-mêmes en portant le masque et à le tagger sur Instagram. Chaque photo soumise était ajoutée au tirage d’un rabais de 100 $ à l’inscription au Camp Kif Kef de l’année prochaine. Félicitations! Merci à tous pour leur participation.
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Malgré tout, afin de remonter le moral des 130 participants
Difficile de croire qu’il n’y a pas de Kif Kef 2020. Merci pour votre carte postale et masque! Vraiment sympa de votre part! Sandrine Fhima
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Just received the card for Samuel. He was so touched, what a sweet move from you guys, bravo!
Nos campeurs qui ont participé
Jenny Benchaya
La gagnante ELLA OLIEL
Le samedi 12 décembre 2020, plus de 200 personnes ont assisté au concert virtuel des Maccabeats présenté par le Service Jeunesse et ont participé à une tombola avec 3 prix d’une valeur de 1000 $ chacun.
L’une des gagnantes de la tombola
Amazing show! What a fantastic idea and great organizing! The best family event in months! Thank you SO much! Dalit Haiman
The presentation was very nice. Thanks for always trying to make our kids happy and have fun!
Jessica Banon
Très fier de voir mes anciens élèves de l’École Maïmonide au front de cette merveilleuse communauté! Le flambeau est entre bonnes mains.
Merci pour cette superbe initiative ! Vous êtes extra!
Eric Mechaly
Information et inscription: Sarah Mimran 514.345.2629 - Eric Choukroun 514.734.1480
Alexandra Castiel
PROGRAMMES
une production de la
Une foule d’activités exaltantes attend les enfants de la prématernelle à la 5e année Au Camp Benyamin, votre enfant pourra profiter pleinement de ses vacances en compagnie de ses amis dans un cadre juif, agréable et stimulant.
DATE 28 juin au 20 août 2021
INSCRIPTION date limite 30 avril 2021 Prix à déterminer
RABAISFAMILIAL 2 enfant : 5% - 3 enfant : 10% 4e enfant et plus : 15% e
e
après le 30 avril 2021 Prix à déterminer
WWW.CAMP-BENYAMIN.COM
ÂGE
Ceux qui ont terminé la prématernelle jusqu’à ceux qui ont terminé la 5e année
AIDEFINANCIÈRE Date limite – 30 avril 2021
DES ACTIVITÉS VARIÉES ANIMÉES PAR LA VOLONTÉ DE CONTRIBUER AU DÉVELOPPEMENT ET À L’ÉPANOUISSEMENTS DES ADOLESCENTS Le Camp Kadima offre la possibilité aux adolescents de se dépasser et d’apprendre à se connaitre, tout en s’amusant dans un cadre juif, agréable et stimulant. En plus d’être initié à chaque semaine à plusieurs activités de plein air, les campeurs auront l’occasion de participer à des mini-expéditions de 2 nuits en autocar avec hôtel et attractions. Les jeunes, accompagnés de leurs animateurs, partiront à l’aventure afin de vivre une expérience hors du commun et des découvertes des plus enrichissantes.
DATE
28 juin au 6 août 2021
RABAISFAMILIAL 2e enfant : 5% - 3e enfant : 10% 4e enfant et plus : 15%
INSCRIPTION datelimite30avril2021 Prix à déterminer
aprèsle3mai2021 Prix à déterminer
WWW.CAMP-KADIMA.COM
ÂGES
Ceux qui ont terminé la 6e année jusqu’à ceux qui ont terminé le secondaire 1
AIDEFINANCIÈRE Date limite 30 avril 2021
Q E
S À VENIR RAMME G O R P U NOUVEA
CAMP VÉLO
POURDÉCOUVRIRLESBELLESPISTESCYCLABLESDELARÉGIONDEMONTRÉAL PAR DES BALADES QUOTIDIENNES SÉCURITAIRES Enplusd’ateliersderéparationetdepréparation,destrajetsentre10et20kmselonleniveaudesjeunessontprévus toutaulongdelasemaine.Avecnosanimateursformés,lesjeunescyclistesapprendrontlasécuritéetlamécanique. Les cyclistes doivent obligatoirement avoir un vélo en bonne état, un casque et un cadenas.
DATE 19 juillet au 13 août 2021
RABAISFAMILIAL 2 enfant : 5% - 3 enfant : 10% 4e enfant et plus : 15% e
INSCRIPTION date limite 30 avril 2021 Prix à determiner
aprèsle30avril2021 Prix à determiner
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WWW.CSUQ.ORG
ÂGE 12 à 15 ans
AIDEFINANCIÈRE date limite 30 avril 2021
F O R M AT I O N D’ANIMATEUR Stages de formation interactifs en animation des jeunes. Les stages sont échelonnés sur plusieurs week-ends. Sujets abordés : Les bases de l’animation; La relation enfants/animateurs; Les besoins de l’enfant; La construction d’une activité. Cette formation est OBLIGATOIRE pour tous les futurs animateurs des programmes des Services Jeunesse.
DÉBUT
Septembre 2021
Information et inscription : Sarah Mimran 514.345.2629 - Eric Choukroun 514.734.1480
une production de la
PROGRAMMES UNE NOUVELLE TRADITION À NOS VOYAGES!
Avec la COVID-19 qui sévit, nos voyages Yahad et Koulam n’ont pas pu se réaliser. Leurs destinations originales ont été reporté en 2022. Cet été, nous entamons une nouvelle tradition à nos voyages le projet pilote Édition Ouest Canada. Ce nouveau voyage permettra aux participants de découvrir les coins inédits de l’ouest canadien avec des activités cool qui les feront kiffer.
DIEN ÉDITION OUEST CANA
DATE
24 juin au 14 juillet 2021
ÂGES
Sec. 4 et 5
3 repas/jour strictement cachères. Guide touristique accrédité
Jasper
Edmonton
Banff
Vancouver Whistler
Kelowna
Calgary
À VENIR UNE EXPÉRIENCE IDENTITAIRE JUIVE UNIQUE! Les jeunes partiront non seulement à la découverte du Canada, mais ils visiteront et rencontreront aussi les autres communautés juives de l’ouest canadien où ils auront l’occasion de rencontrer et d’échanger avec des jeunes de leur âge. Yahad : voyage de trois semaines avec des Chabbats dans les villes de Calgary, Edmonton et Vancouver. Koulam : voyage de deux semaines avec des Chabbats dans les villes de Calgary et Vancouver.
DATE
1er au 15 août 2021
ÂGES
20-23 ans
3 repas/jour strictement cachères. Guide touristique accrédité
Montréal
Information et inscription : Sarah Mimran 514.345.2629 - Eric Choukroun 514.734.1480
une production de la
SUIS JE LA GARDIENNE DE MA SOEUR?
Plus de trois cents personnes se sont inscrites et ont regardé cet événement en direct ou en différé qui, dans le cadre de ce dialogue interculturel, initié par la CSUQ, et financé par Patrimoine canadien, fait dialoguer ici au Québec Juifs, musulmans, arabes et berbères. Sous le titre « Suis-je la gardienne de ma sœur? », la CSUQ en partenariat avec la compagnie de théâtre Pas de panique a présenté deux textes préenregistrés en studio, interprétés par un comédien, deux actrices, un musicien et mis en lecture par Ariel Ifergan. Le premier texte, « Yentl est de retour » de Sonia Sarah Lipsyc, est l’adaptation théâtrale d’un feuilleton littéraire que l’auteure a publié régulièrement ces dernières années sur Tenou’a, une revue juive francophone. Il s’agit d’un personnage Yentl qui s’échappe de son livre pour nous raconter ses aventures extratextuelles. Le second roman, « J’ai oublié d’être Sagan », écrit par Nassira Belloula, une Québécoise d’origine algérienne retrace l’itinéraire d’une femme depuis son enfance bousculée jusqu’à son mariage. Ces deux textes abordent, sous divers aspects, la condition des femmes au sein d’une communauté juive et musulmane. La présentation était suivie d’une discussion avec le public, modérée par Yolande Amzallag, directrice de la Fondation Samy Elmaghribi. Les diverses réactions du public au moment de l’événement ou par courriel et messages témoignent majoritairement de sa satisfaction et de son enthousiasme face à la qualité des textes et de la prestation artistique. Elles soulignent l’importance d’un dialogue réussi et mettent aussi en valeur la possibilité en ces temps de confinement de se divertir de façon amusante ou plus sérieuse.
Sonia Sarah Lipsyc
Ariel Ifergan
Karyne Lemieux
Francis d’Octobre
Nassira Belloula
Frédéric Desager
Production de la CSUQ en partenariat avec la Compagnie pas de Panique
Hynda Benabdallah
Dans le cadre du programme « Soutien aux communautés, au multiculturalisme et à la lutte contre le racisme » financé par
COUPLE, ÉDUCATION, RESSOURCES ÉCONOMIQUES :
QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES DE LA PANDÉMIE SUR LES COMMUNAUTÉS ISSUES DE L’IMMIGRATION?
Au bout d’une année de lutte contre la pandémie et ses divers confinements, quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontées notamment les femmes des communautés juives, musulmanes, arabes et berbères? Les violences conjugales ont-elles augmenté et comment tenter d’aider les victimes? Quelles sont les souffrances engendrées par la solitude pour des personnes d’âges différents? Comment dans le télétravail partager le temps entre sa vie personnelle et familiale et les exigences professionnelles? Comment tenir le coup économiquement et psychologiquement lorsque l’on est travailleuse autonome? Ce sont quelques-unes des questions qu’abordera ce panel avec des universitaires et des témoignages.
Rachida Azdouz
Ghada Chaabi
Rachida Azdouz, psychologue, chercheure à l’UDM : « Augmentation des violences conjugales en temps de confinement »
Marie Hazan
Sonia Sarah Lipsyc
Selma Régragui
Amnon Suissa
Amnon Suissa, sociologue, professeur Marie Hazan, psychanalyste, professeure à l’UQAM : associé à l’UQAM : « Confinement, lien social et appartenance : défis et pistes de « En confinement : diversité et similitudes » solution »
Témoignages de Selma Régragui, directrice de 2CCOM et journaliste et de Ghada Chaabi, inhalothérapeute de formation : « Comment professionnellement traverser les difficultés économiques dues à la pandémie? »
CAFÉ LITTÉRAIRE DU MERCREDI 17 MARS
Prenez note que le dernier événement de ce programme, le Café Littéraire du mercredi 17 mars, a été animé par Sonia Sarah Lipsyc avec des auteurs et des chroniqueurs : Karim Akouche, Sylvia Assouline, Kamal Benkiran, Majid Blal, Elias Levy, Yska Zeida Rajda, Virginie Sofer et Houda Zemmouri. Intermèdes de chants andalous par Yolande Amzallag et Khalil Moqadem.
Production de la CSUQ en partenariat avec la Dar Al Maghrib, Le centre culturel marocain à Montréal
NAISSANCES Anthony et Ilanit Laïk sont heureux de vous annoncer la naissance d’un magnifique petit garçon Yoël Itzrak, le 13 novembre en Israël, qui fait la joie de ses parents, grands-parents et oncles. Mazal Tov aux familles Laïk et Shayovitz!
DÉCÈS À notre père, grand-père et mari adoré, Raphaël Haïm Ohayon ben Rachel, ton départ le 16 novembre dernier nous laisse un vide énorme. Un manque de toi, de ta joie de vivre, de ton rire, de ton affection, de ta générosité et de ta foi. Ton amour et tes prières nous accompagneront pour toujours. Tu as quitté ce monde selon la volonté de D., qu’il te conduise au jardin d’Eden. Nous remercions chaleureusement tous ceux qui se sont associés à notre profonde douleur. Il laisse dans le deuil son épouse Monique, ses enfants Rachel, Simcha, Avy et Chaya Soly, ses petits-enfants Elianna Esther, Liora et Talia, ses frères Moise, Élias et Armand, une bellefamille, une communauté et des amis sous le choc ainsi que son chien Gucci à qui il manque terriblement. Eulogie pour mon ami, Mahdi Ziani. par Elie Benchetrit Perdre un ami à l’aune de sa jeunesse et de ses rêves, constitue la plus terrible des épreuves à laquelle un être humain peut être confronté. Je ne suis pas, malheureusement, vu mon âge, à ma première expérience d’être face à face avec cette douleur indicible faite de colère et de révolte qui transperce l’âme et le cœur. La vie nous réserve malheureusement ces mauvaises surprises tout au long de notre parcours. Le 19 novembre 2020, Mahdi Ziani nous a quittés à seulement 41 ans, avec la discrétion et la pudeur de ceux qui sont gênés de parler aux autres de leurs problèmes. Ses amis les plus proches le savaient malade depuis des mois et lui, grand seigneur, ne manquait pas une occasion pour nous rassurer, pour nous dire que sa maladie régressait, que le pire était derrière lui et que bientôt nous serions tous ensemble chez lui, autour d’une belle table pour rire et faire un pied de nez à la camarde, celle de la chanson de Georges Brassens où ce dernier se targuait de « planter des fleurs dans les trous de son nez ». Avoir connu et fréquenté Mahdi fut un privilège. Le genre de rencontre avec des êtres qui dégagent de prime abord cette force tranquille qui rassure. Douceur aussi bien dans le regard que dans la parole et dans les gestes les plus anodins avec le sourire en plus. Il ne faut pas oublier, et cela a son importance, que Mahdi portait en lui ce que le Maroc a de meilleur, le visage de l’altérité et de la fraternité entre ses diverses composantes, berbères, arabes, musulmanes et juives. Ce n’était pas par hasard qu’il siégea pendant des années au CA de notre association « Mémoires et Dialogue » avec comme principal objectif de redynamiser le nécessaire dialogue israélo-palestinien par l’exemple de la cohabitation judéomusulmane sur fond de marocanité partagée. Je n’en dirai pas plus. Mahdi n’est plus parmi nous, mais en nous au plus profond de nos êtres et autant que nous vivrons. J’ai le triste privilège d’avoir recueilli ces quelques témoignages qui en disent long sur ce que fut ce merveilleux ami. À son épouse Katrina (Kate), la fille de l’ancien chef de bande micmac de Restigouche, Gary Mettalic, à ses cinq enfants: Jaden (aîné), Selma, Alia, Yasmine et Aïcha, ainsi qu’à l’ensemble de sa famille nous adressons nos condoléances attristées. « Quand on voit les réalisations auxquelles El Mahdi a contribué ou ses accomplissements personnels, on a l’impression qu’il était en première ligne depuis toujours. Il est de ce fait surprenant de constater que son impressionnante feuille de route, il l’a remplie en moins de deux ans. D’abord au sein de Mémoires et Dialogue, puis de l’Association de soccer de Roussillon et des divers Comités de la Ville de Saint-Constant, du Centre culturel islamique de Roussillon, du Groupe Atlasmedia; il était sur tous les fronts, sans la moindre négligence de ses obligations professionnelles su 66 MAGAZINE LVS MARS 2021
sein de l’Université Concordia ni - jamais au grand jamais - le moindre manquement à ses devoirs familiaux. Pour me consoler de sa perte, je me plais à penser que, peut-être, il avait cette prescience des gens dont la vie s’avère brève et qui, dès lors, s’affairent à la bien remplir. » Abdel Ghani Dadés, membre du CA de Mémoires et Dialogue. « Son départ fut pour moi un séisme. Mahdi Ziani était un seigneur dans le sens le plus noble du terme, par l’esprit, le cœur et les manières. Je suis triste de l’avoir perdu mais tellement privilégié de l’avoir connu. Son Maroc était ouvert, tolérant, généreux, pluriel, riche de ses différences. Il incarnait la marocanité dans sa quintessence. J’ai été ébloui par la sincérité et l’intensité de son engagement en faveur de la réconciliation des fils d’Abraham. Il souhaitait que le Maroc serve de trait d’union entre Israël et la Palestine. Son vœu est en partie exaucé » Daniel Amar, directeur du Musée de l’Holocauste de Montréal. « Il y a des gens qu’on croise dans cette vie et qui nous marquent à jamais! Mahdi Ziani est l’une des meilleures personnes et l’un des meilleurs amis que j’ai connus à Montréal, d’une sagesse et générosité hors pair, un papa remarquable, un ami très serviable, un super leader, l’ami de tout le monde, toujours souriant, débordant de positivité, d’énergie et bon sens et avec le bon mot pour consoler ou résoudre le moindre problème. Son décès est un choc bouleversant et je peux imaginer la douleur de sa famille et de ses proches. Que ton âme repose en paix, tu resteras toujours présent dans nos cœurs. » Imane Belkadem, créatrice culturelle à Stockholm. « Mahdi était la preuve vivante du concept de la mémoire partagée que nous, Marocains, célébrons avec grande fierté – à juste titre j’ajoute. Mahdi croyait fermement en la bonté inhérente à l’être humain, une bonté sur laquelle s’appuyer pour construire un monde meilleur. C’est cependant lors du projet « Le Carrefour des rencontres intercivilisations » présenté au Musée Aga khan de Toronto en novembre 2019 sous les auspices de l’ambassadeur du Maroc au Canada - Madame Souriya Otmani, que j’ai connu de près Mahdi. C’est alors que j’ai appris à apprécier non seulement son engagement envers la communauté, mais aussi son extraordinaire intelligence. Mahdi nous a tristement quittés prématurément à l’âge de 41 ans. Il a laissé dans nos cœurs une blessure profonde, mais il nous a aussi laissé l’exemple de la façon de faire face aux défis qui font partie intégrante de la fraternité – celui de la persuasion pacifique » Avraham Elarar, président de la Fédération Sépharade du Canada. Qu’il me soit permis de rendre hommage à toute une génération de chefs scouts par la personne de René Elfassy Z”L décédé le 27 novembre à Paris. Toute une génération d’éducateurs de talent nous a quittés : Jo Bengio, James Dahan, Loulou Elmaleh, Élie Abitbol, Simon Busbib, Maurice Garzon et maintenant René. Nous avons traversé ensemble les forêts majestueuses de l’Atlas, connu les coassements stridents des crapauds lors de la traversée des dayas, apprécié les aurores embuées de rosée matinale, baignés dans l’amour des mélodies d’antan lancinantes et virevoltantes dans les airs dans une farandole ininterrompue : unisson, duos, canons. La détermination de braver les escarpements, les marécages et les intempéries tout comme la sensation que l’avenir, la nature et la vie nous sont servis pour être croqués ne nous quittaient pas. Les feux de camp ravivaient notre désir du toujours prêt pour le mieux et les principes de l’éclaireur constituaient notre loi et forgeaient nos espoirs en des lendemains ensoleillés.
Veuillez lire la suite de cet hommage de David Bensoussan sur notre site Internet : lvsmagazine.com Alberto Del Burgo Z”L, ancien rédacteur en chef de La Voix sépharade nous a quittés le 9 décembre 2020. En son temps, la CSQ devenue plus tard la CSUQ disposait de ressources limitées et il fit preuve d’un dévouement à toute épreuve, gardant le sourire en tout temps. Je me souviens que durant les sessions de la commission des communications que je présidais et les longues heures de discussions personnelles, il lui arrivait de décrire les moments heureux de Beyrouth, son implication radiophonique et son amour des calembours. Il colportait avec lui le soleil de Beyrouth, une Beyrouth d’un autre temps radieux. Il continua de publier de nombreux billets humoristiques dans les journaux de quartier : Côte-des-Neiges, Outremont, Parc-Extension, Laval et North Shore News. Jamais il ne perdit de sa verve, de sa joie et de son optimisme. Nos échanges intermittents se terminaient souvent par des blagues ou encore des projets d’édition de ses écrits. Nos sincères condoléances vont à la famille et toute l’équipe de la CSUQ s’y associe en ayant une pensée pour sa fille Florelle qui a été membre de son équipe. David Bensoussan MAGAZINE LVS
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L’École Maïmonide, son conseil d’administration et sa présidente Mme Esther Krauze souhaitent présenter leurs plus sincères condoléances à la famille du grand homme qu’était Joseph Safra Z’’L décédé le 10 décembre 2020. Joseph et son frère Edmond Safra (z’l), décédé en 1999 dans un incendie criminel, étaient tous deux des mécènes et philanthropes de grande générosité ayant reversé une partie de leur fortune à des projets de la communauté juive ainsi qu’à la recherche médicale. L’École Maïmonide souhaite réitérer ses remerciements à la famille Safra et plus particulièrement à Edmond Safra (z’l) et son épouse Lilly Safra qui ont contribué à l’édification du campus de l’École Maïmonide de Ville-Saint-Laurent portant le nom de leur père Jacob Safra (z’l). Dans un intervalle de deux semaines au mois de janvier 2021, M. Judah Castiel, président de l’Institut de la culture sépharade et grand communautaire, a souffert de la perte de ses deux sœurs, Rachel Castiel Forado Z’’L en Israël et Dora Castiel Benaroya Z’’L en France. Les condoléances s’adressent aussi à sa sœur Lisette Castiel Eljarrat. Au nom de la Communauté sépharade unifiée du Québec, nous souhaitons offrir à tous les membres de leur famille nos condoléances les plus attristées. C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons le décès de Stella Assor, survenu à Nice le 14 janvier 2021. Elle était la sœur de notre cher collègue Raphaël Assor ainsi que de Myriam, Allegria, Maurice, Raquel, Liliane, Rosette, Claudine et Alain. Au nom de la Communauté sépharade unifiée du Québec, son président l’Honorable Jacques Saada, son directeur Benjamin Bitton et toute l’équipe professionnelle, nous souhaitons présenter à tous les membres de la famille nos condoléances les plus attristées. Brigitte Amor, une communautaire très dévouée. Tous ceux et celles qui ont côtoyé Brigitte Amor, Z”L, garderont le souvenir impérissable d’une femme remarquable, affable et généreuse à l’égard d’autrui. Brigitte est décédée le 18 janvier 2021 à l’âge de 62 ans, à la suite de complications pulmonaires. Brigitte était une communautaire très dévouée. Elle a consacré sa carrière professionnelle à la communauté juive de Montréal, où elle a assumé d’importantes fonctions : directrice du département des Affaires sociales de la Communauté sépharade du Québec (CSQ), associée au département de la Planification de la Fédération CJA, directrice générale des Résidences Caldwell. Durant les années vécues en Israël, elle a assumé aussi de hautes responsabilités au sein de diverses associations à but non lucratif. Ses qualités humaines et son sens de l’éthique professionnelle ont laissé leur marque dans plusieurs programmes communautaires. L’organisation, la gouvernance et le développement professionnel ont toujours été au centre de ses préoccupations. Elle s’est toujours assurée de mettre en place les meilleures pratiques au sein des organisations qu’elle a dirigées. Brigitte était fière de son héritage sépharade. Elle s’est toujours impliquée avec entrain dans des causes communautaires ayant pour but d’aider les personnes et les familles les plus démunies. La justice sociale a été son principal combat tout au long de sa vie. Elle laisse dans le deuil son époux, Nicolas Robinson, sa sœur, Sandra Bitton, et son frère, Claude Amor. Rébecca Levy. Nous avons le regret d’annoncer le décès de madame Danielle Zagury Z’’L qui s’est éteinte le 29 janvier 2021 à Montréal. Au nom de la Communauté sépharade unifiée du Québec, nous présentons à toute la famille nos sincères condoléances Message de la famille : Nos cœurs sont brisés, mais ils sont plein de la chaleur et de l’amour que tu as su nous donner avec tant de générosité. Tu es la personne la plus généreuse qu’on ne connaîtra. Ton cœur a toujours débordé d’amour et nous en avons encore la preuve de centaines de façons tous les jours depuis que tu es partie. Tu as toujours été prête à faire tout pour tout le monde et tu nous en demandais si peu. Veille bien sur nous tous s’il te plaît. Tu vas terriblement nous manquer tous les jours. On t’aime tous très fort. Danielle Tamsot Zagury. Dada bat Simha. Sandrine, Lucie, Agnès et Maro Zagury. 68 MAGAZINE LVS MARS 2021
C’est avec tristesse que nous annonçons le départ de Aaron Cohen z’l. le 29 janvier 2021. Époux de feu Marie Berdugo, Aaron Cohen laisse dans le deuil ses enfants, Yolande Cohen (Marcel Fournier), Clarisse Cohen ( Yves Lévi), Alain Cohen (Chantal Riberdy) et Claude Cohen (Alexia Benabou), ses petits-enfants, Sara et Nathan Cohen Fournier, Dalhia Levi (Dany, Jake and Samara Brody), Michael et David Levi, Joshua Cohen, Michaela et Jonathan Cohen, ainsi que Marcelle Azoulay et ses enfants, sa sœur (Margo Binchtok) et ses nombreux neveux et nièces qui l’adoraient. Homme de grande foi, il s’est éteint dans la sérénité et la dignité auprès de sa famille. Nous adressons nos plus sincères remerciements aux équipes de soins de la résidence Kind David où il a passé ses dernières années et à celles de l’Hôpital général juif pour leur énorme dévouement. Que sa mémoire soit source de réconfort. Leyla Esther Di Cori Z”L nous a quittés le 4 février 2021 à 42 ans, après un courageux et titanesque combat contre le cancer. J’ai eu le plaisir et le privilège de la connaître lorsqu’elle travaillait aux Communications au Congrès Juif du Québec et j’ai pu constater la force de caractère et la belle personnalité de cette jeune femme à qui tout semblait réussir. Son sourire merveilleux reflétait l’optimisme et la joie de vivre. Nous sommes restés amis sur Facebook et c’était toujours un plaisir de se tenir informé de ses projets et de ses rêves. Malheureusement, ces dernières semaines les nouvelles qu’elle nous donnait avec un courage et une lucidité désarmantes, depuis son lit d’hôpital, cachaient mal l’état de sa souffrance. Malgré tout, elle tenait à se battre pour vaincre cette cruelle maladie qui, disait-elle, n’aurait pas le dessus. Leyla, malgré la perte de ses cheveux et son visage émacié, restait une belle femme qui croyait fermement en son combat. Et ce faisant, elle nous insufflait le courage de vivre et de ne pas baisser les bras malgré les pires circonstances. Quelle belle leçon de vie qu’elle nous a laissée en cadeau en plus de ce beau sourire capable d’illuminer votre journée. Repose en paix ma belle amie. La CSUQ et l’équipe du LVS adressent leurs plus sincères condoléances à sa maman Johanne, à son frère Sandro, à son ami de cœur Edward ainsi qu’à l’ensemble de sa famille. Elie Benchetrit. M. Albert Bendahan, ancien président de la CSUQ a perdu sa sœur Rachel Betito, née Bendahan (Z’’L), le 4 février 2021. Elle était la mère de Monique Betito, Corinne Sisso et Jacques Betito, l’épouse de feu son mari Albert Betito, la sœur de Maurice Bendahan, Nelly Casano Albert Bendahan et Mimi Amselem (Z’’L). La CSUQ, son président l’Hon.Jacques Saada et son directeur Benjamin Bitton, présentent leurs plus sincères condoléances à la famille. C’est avec beaucoup de tristesse que nous annonçons le décès, le vendredi 5 février 2021, de M. Maklouf Arzouan Z’’L, Hazzan de la synagogue Hekhal Shalom depuis 31 ans. Il était l’époux de Renée et père de Simon, de Daniel et de Sarah .Il laissera un grand vide au sein de la Communauté de Ville-Saint-Laurent, Hekhal Shalom, ainsi que chez tous ceux et celles qui l’ont connu et côtoyé. Au nom de la Communauté sépharade unifiée du Québec, nous souhaitons offrir aux familles endeuillées nos condoléances les plus sincères. Hon. Jacques Saada, président CSUQ. Jacob Elkouby Z’’L né en 1953 et décédé le 6 février de cette année, a trouvé son dernier repos à Eilat, en face de la mer rouge qu’il aimait tant. Après avoir quitté Meknès pour Paris, puis vécu quelques années à Haïfa, c’est finalement dans cette petite ville qu’il a choisi de s’établir au point d’y devenir une figure bien connue et appréciée de tous. Il laisse un grand vide dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu. La CSUQ et toute l’équipe du LVS présente à sa fille Carine Elkouby, l’une des collaboratrices de notre magazine, leurs plus sincères condoléances. Le lundi 8 février 2021 est décédée Mme Mercedes Monsonego Z’’L, âgée de quatre-vingt-douze ans, épouse bien-aimée de feu David Monsonego, mère affectueuse de feu Gérard Monsonego, sœur chérie de Henriette Barcessat, Solange Greenberg et Albert Boumendil. Mercedes manquera énormément à ses nièces, neveux, cousins, ainsi qu’à ses petites-nièces et petits-neveux adorés. La famille de Mercedes aimerait exprimer ses remerciements les plus profonds aux médecins et infirmières des unités de soins palliatifs et d’oncologie de l’hôpital général juif.
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L’Honorable Jacques Saada, président de la Communauté Sépharade du Québec, Benjamin Bitton, directeur général, ses professionnels, M. Avraham Elarar, président de la Fédération Sépharade du Canada, et son Conseil d’Administration ont l’immense tristesse de vous faire part du décès de M. Moïse Amselem Z”L, ancien Président de la CSUQ, Président Émérite de la Fédération Sépharade du Canada, Paquid de la Hevra Kadisha de la CSUQ, Compagnon d’honneur de la Fédération Sioniste Mondiale, ancien Président de la Campagne Sépharade de l’Appel Juif Unifié, survenu le vendredi 12 février dernier à Montréal. Le départ de Monsieur Moïse Amselem Z”L a plongé la Communauté sépharade montréalaise dans le désarroi et la stupeur. Ce fut pour nous tous qui l’avons connu, admiré et surtout aimé l’équivalent d’un tremblement de terre. Ce communautaire hors normes était devenu sans aucun doute le champion du Hessed et le symbole de la Mitzva au sens le plus noble du terme. Sa bonté légendaire n’avait d’égale que sa générosité proverbiale et sa modestie. Au moment de son décès, le numéro de Pessah était sous presse et nous n’avons pu vu les circonstances apporter un témoignage de ce que ce grand homme avait apporté à sa communauté. Nous nous engageons à lui rendre ce kavod, un hommage respectueu, à titre posthume lors de notre parution de septembre pour Roch Hachana. À son épouse adorée Gladys, à ses enfants chéris, Arié (Sandra), Joëlle (Robert), Dan (Galith) et David (Judith) à ses frères et sœurs, Mair, Amram, Samuel, Mercedes et Simone, à ses petits-enfants et arrière-petit-fils, l’équipe rédactionnelle du LVS adresse ses sincères condoléances et l’expression de son indéfectible affection. Puisse sa mémoire bénie nous servir d’exemple et de consolation.
Elie Benchetrit.
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