HAG PESSAH SAMEACH 49e année - MARS 2022 - Nissan 5782
LVSMAGAZINE.COM
ISSN 074-5352
DOSSIER SPÉCIAL HISTOIRE SÉPHARADE : DES TRÉSORS TROP BIEN CACHÉS
UN MAGAZINE PRODUIT PAR :
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ARMAND AFILALO Président de la Fondation CSUQ
Les activités des services jeunesse continuerons de connaitre un immense succès
Pour 2022, c’est avec une immense fierté et un énorme plaisir que je vous annonce qu’en date du 31 décembre 2021, la Fondation CSUQ détient un capital de 1 572 500 $. Grâce à ces fonds, elle continue à supporter les merveilleux et divers programmes reconnus des services jeunesse de la CSUQ. En 2021, la Fondation CSUQ a versé aux services jeunesse de la CSUQ un montant de 65 000 $ qui représente les intérêts gagnés sur notre capital. Le camp de jour Benyamin, l’École et le club de Ski Cheleg ainsi que plusieurs autres activités qui font la réputation des services jeunesse, ont fait la joie et le bonheur des enfants de notre communauté. Pour 2022, nous continuerons notre mission c’est-à-dire distribuer ces dividendes cumulés afin que les activités jeunesse se réalisent en cette année qui s’annonce remplie de lueur et d’espoir.
Pour 2022, nous continuerons notre mission (...) afin que les activités jeunesse se réalisent en cette année qui s’annonce remplie de lueur et d’espoir.
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Et tout ceci est réalisable grâce au soutien indéfectible et la grande générosité de nos fidèles donateurs . Les nombreuses activités des services jeunesse pourront continuer à être financées, continuerons de connaitre un immense succès et contribueront au bien être de notre jeunesse, notre avenir de demain. Au nom de la Fondation CSUQ, nous tenons aussi à exprimer nos sincères remerciements à la Banque Nationale, partenaire officiel de ce programme qui a permis aux services jeunesse de la CSUQ de connaitre une si belle évolution. Ensemble, continuons à répandre le bonheur et la joie au sein de notre si belle jeunesse!
Pessah Cacher Ve Sameah
Maude Bellemare
Michel Rizkalla
Anne-Marie Bavoux
Lionel Chriqui
Julie Hardy
Ryan Mago, CFA
Adjointe
Conseiller principal en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille
Associée principale en gestion de patrimoine
Conseiller principal en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille
Associée en gestion de patrimoine
Conseiller en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille
Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP) est une division de la Financière Banque Nationale inc. (FBN) et une marque de commerce appartenant à la Banque Nationale du Canada (BNC) utilisée sous licence par la FBN. FBN est membre de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) et du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE) et est une filiale en propriété exclusive de la BNC, qui est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA : TSX).
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
VEUILLEZ RÉSERVER LA DATE 15 JUIN 2022 À 17 H 00
ORDRE DU JOUR
ÉLECTIONS - RESULTATS ASSEMBLÉE GÉNÉRALE • Mot de bienvenue • Hymne national canadien • Ouverture de l’assemblée • Dvar Torah • Approbation de l’ordre du jour • Approbation du procès-verbal de l’AGA du 16 juin 2021 • Approbation du rapport d’activités relatif au PSOC • Approbation des états financiers au 31 mars 2022 • Désignation des vérificateurs • Rapport d’activités de la CSUQ • Rapport moral du président • Bienvenue du nouveau président • Clôture – Hymne national israélien • Levée de l’assemblée
Format hybride Centre de conférence Gelber 1 Carré Cummings, Montréal, Québec H3W 1M6 POUR PLUS D’INFORMATIONS 514 733-4998 - info@csuq.org
SOMMAIRE LVS MARS 2022 11
MOT DU PRÉSIDENT DE LA CSUQ
13
ÉDITORIAL
DOSSIER SPÉCIAL
16
Les singularités du judaïsme sépharade. Entretien avec le Rabbin Mikhaël Benadmon par Sonia Sarah Lipsyc
19
Avraham Elarar : la passion des livres anciens et sépharades par Elie Benchetrit
20
« Dis-moi d’où tu viens et je te dirai qui tu es » : fragments de l’histoire sépharade par David Bensoussan
MONDE JUIF
22
35
24
35
L’histoire oubliée des Juifs ayant vécu dans les pays arabes : un grand défi éducatif par Elias Levy « L’exode silencieux des réfugiés juifs des pays arabes et d’Iran », un documentaire réalisé au Québec par Elias Levy
26
Poétesses, dramaturges et paytanyot sépharades au cours l’histoire juive par Sophie Goldblum Bigot
28
La dispersion des Juifs sépharades en Europe : déracinement géographique et ancrage culturel par Eric Yaakov Debroise
31
L’Iran avant, c’était comme ça ! par Sylvie Halpern
Les Juifs du Chili par Elie Benchetrit Andrés Aguilera Guzman: Encuentro con un joven sefardí Chileno. Entrevista par Elie Benchetrit
38
Les combats judiciaires de Georges Bensoussan dans une France du déni. Entretien par Elias Levy
40
L’affaire Sarah Halimi : un scandale judiciaire par Annie Ousset-Krief
41
Passé composé d’Anne Sinclair, le témoignage passionnant d’une femme hors du commun par Elie Benchetrit
ÊTRE JUIF ET QUÉBÉCOIS
exclusivement en ligne sur lvsmagazine.com My search for Arab who saved Jews during the Holocaust par Robert Satloff, accompagné d’une traduction de Yolande Amzallag
44
La nouvelle haine des Juifs : l’antisémitisme islamiste par le bureau du CIJA
CULTURE SÉPHARADE
HISTOIRE SÉPHARADE
DES TRÉSORS TROP BIEN CACHÉS
52
La Shoah et l’Afrique du Nord : un colloque qui s’insère dans un contexte prometteur par Elie Benchetrit
53
Imma Hbiba. Dictionnaire français-judéomarocain. Entretien avec Jacques Chetret par Sonia Sarah Lipsyc
54
Jeu-questionnaire par l’Hon. Jacques Saada
VIE COMMUNAUTAIRE
55
Kehilla, l’immeuble pas comme les autres par Sylvie Halpern
46
Le Québec catholique des années 30 face à la diversité culturelle, une grande leçon d’Histoire. Entrevue avec l’historien Pierre Anctil par Elias Levy
JUDAÏSME
50
Redemptive Teaching and Experiential Education par rabbin Yamin Levy avec une traduction de Yolande Amzallag en ligne
NOS CONSTITUANTES
56
Rabbin Jérémie Asseraf : rencontre avec un jeune Rabbin dynamique par Elie Benchetrit
57
Le « programme de réussite » à l’École Maimonide par Esther Krauze
70
Elles et ils ont publié par Sylvia Ayelet Assouline, Sonia Sarah Lipsyc et Annie Ousset-Krief
73
Carnet de famille
Mes liquidités d’entreprise, je les gère comme avant ?
Xavier Lalonde
David-Alexandre Wolf Francis Martel
Directeur équipe entreprises Directeur PME xavier.lalonde@bnc.ca davidalexandre.wolf@bnc.ca 514 299-2622 438 869-0581
Directeur commercial francis.martel@bnc.ca 438 887-9526
Pour vos questions, on est là. bnc.ca/entreprises
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NOS COLLABORATEURS.TRICES PRÉSIDENT CSUQ Jacques Saada DIRECTEUR GÉNÉRAL Benjamin Bitton
Yolande Amzallag
Traductrice agréée et présidente de la Fondation Samy Elmaghribi
Eric Yaakov Debroise Historien
Esther Krauze
Avocate et présidente de l’École Maimonide
COPRÉSIDENTS LVS William Dery Arielle Sebah-Lasry RÉDACTRICE EN CHEF Sonia Sarah Lipsyc COMMUNICATION ET MARKETING Janice Silverstein GRAPHISME David Bohadana Israël Cohen RÉVISION LINGUISTIQUE ET CORRECTION D’ÉPREUVES Martine Schiefer PUBLICITÉ ET VENTE Claude Benarroch Janice Silverstein ABONNEMENT Danielle Kessous lvsmagazine.com David Bohadana
Sylvia Ayelet Assouline
Équipe CIJA
Écrivaine et enseignante, membre Le Centre consultatif des relations du Dialogue judéo-chrétien de juives et israéliennes (CIJA) est l’agence de représentation des Montréal Fédérations juives du Canada
Elie Benchetrit Journaliste
Annie Ousset-Krief
Maître de conférences à l’Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris), résidant maintenant à Montréal
Sylvie Halpern
Journaliste
Robert Satloff
Director, Washington Institute for Near East Policy (WINEP) et auteur
Elias Levy
David Bensoussan
Ingénieur, professeur de sciences à l’Université du Québec, auteur, blogueur et ancien Président de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec (CSUQ)
Journaliste
Yamin Levy
Sophie Bigot-Goldblum Doctorante en Talmud à l’Université Bar Ilan
CRÉDIT PHOTOGRAPHIE Patrick Bensoussan Dan Derhy Roland Harari Elias Levy Netanel Tevel Prix de vente par numéro : 2 $ IMPRIMEUR / PRINTER : Accent impression Inc. 9300, boul. Henri Bourassa O. Bureau 100, Saint-Laurent, H4S 1L5 EXPÉDITION POSTALE : Traitement Postal Express inc. 227-E, boul. Brunswick, Pointe-Claire, Québec H9R 4X5
Rabbin de la Synagogue Beth Hadassah de Great Neck (N.Y.) et directeur du Maimonides Heritage Center, auteur
J’ÉCRIS
Nous cherchons des nouvelles plumes pour le LVS Contactez la rédactrice : soniaslipsyc@yahoo.com
Convention postale 40011565 Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée à : 5151, Côte-Sainte-Catherine, bureau 216, Montréal, Québec, Canada H3W 1M6 Le présent numéro est tiré à 5 000 exemplaires et acheminé par voie postale au Québec, en Ontario et aux États-Unis. Des exemplaires sont également déposés dans différents endroits stratégiques à Montréal. Les textes publiés n’engagent que leurs auteurs. La rédaction n’est pas responsable du contenu des annonces publicitaires. Toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, en tout ou en partie, du présent magazine, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictement interdite. Reproduction in whole or in part, by any means, is strictly prohibited unless authorized in writing by the editor.
Les deux dernières années nous ont rappelé l’importance d’apprécier ces précieux moments où nous nous retrouvons ensemble. Enfin cette année, nous pouvons de nouveau profiter de la vie en famille, nous rassembler et étreindre ceux qui nous sont chers. Cette année, nous pouvons célébrer et nous réjouir. Pendant la période difficile que nous venons de traverser, grâce à notre communauté, tous ont véritablement pu compter les uns sur les autres. Grâce à vous, nous avons augmenté de 120 % l’aide que nous accordions pour combattre l’insécurité alimentaire au cours des deux dernières années. Nous avons ainsi répondu au nombre croissant de demandes dans ce domaine. À Pessah, lorsque nous serons réunis pour le séder, prenons le temps de réfléchir à la force de notre communauté et à la façon dont nous nous sommes serré les coudes pour que personne ne soit oublié. Puisque Pessah marque le début du printemps et qu’il empreint nos vies de lumière et d’espoir, puissions-nous être rassemblés pour partager cette période festive, entourés de l’amour et de la chaleur de notre famille et de nos amis. Autour de tables bien garnies et avec le cœur rempli de joie, célébrons, côte à côte, ces purs moments de connexion et d’unité que nous avons tant attendus depuis deux ans. Cette année, fêtons ensemble. Nous vous souhaitons, ainsi qu’à vos proches, une fête de Pessah lumineuse et porteuse de sens. Que vos foyers regorgent de bonheur et d’unité.
JOYEUSES FÊTES DE PESSAH • HAG PESSAH SAMEACH
La déformation ou l’oubli de l’histoire sont les instruments privilégiés de la perte d’identité et de l’assimilation.
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MOT DU PRÉSIDENT
Chers membres de notre communauté, Tout doit finir un jour. Pour la dernière fois donc, je signe le mot du président du LVS/La Voix Sépharade. Dans quelques semaines, mon mandat se terminera et l’heure sera aux bilans. Je vous les présenterai en temps et lieu avec beaucoup de fierté. Ensemble, nous avons accompli beaucoup. Mais pour l’instant, je me concentrerai sur le dossier spécial que nous vous offrons sur l’histoire sépharade et sur le lien évident entre l’histoire et l’identité. Dès que l’on évoque les questions identitaires, on pense à l’exclusion et au rejet de l’autre. Nous ne sommes en mal ni d’exemples ni de démagogues populistes qui cherchent à exploiter l’identité comme une valeur que les « autres » cherchent à corrompre. Dans les pays sous influence française, nous apprenions : « Nos ancêtres, les Gaulois ». Cela nous faisait parfois sourire de penser à Vercingétorix en train de réciter le Shema Israël ou de déguster un couscous. Pourquoi le colonisateur français tenait-il tant à nous convaincre que les Gaulois étaient nos ancêtres? Tout simplement parce que l’histoire définit l’identité. Et que pour être français, il fallait donc descendre des druides. Un thème que certains populistes tentent encore d’exploiter aujourd’hui, mais nous garderons cette discussion pour une autre fois. La déformation ou l’oubli de l’histoire sont les instruments privilégiés de la perte d’identité et de l’assimilation. Parlons-en aux autochtones de la planète. Parlons-en à ceux dont la langue a aujourd’hui disparu. Nous évoquons souvent notre fierté d’être sépharades. Mais nous craignons que les nouvelles générations nord-américaines, qui ne parlent plus l’arabe ou le ladino et qui ne voient les pays de leurs ancêtres que par les yeux de leurs parents, perdent cette fierté. Quant à moi, cela ne signale pas nécessairement une perte d’identité, mais une évolution. Une évolution d’autant plus sereine qu’elle s’appuiera sur une histoire riche que nous avons le devoir d’enseigner. Pris dans le quotidien de nos vies, nous ne prenons pas toujours le temps d’évoquer, de raconter ou d’apprendre cette histoire. Parfois submergées par l’abondance toujours plus grande de la matière à enseigner, nos écoles juives ne trouvent pas toujours le temps de mettre en lumière notre histoire sépharade, une histoire pourtant si riche. Tout au plus connaît-on le nom de Maïmonide ou a-t-on entendu parler de l’Inquisition. Mais qu’en est-il de nos grands penseurs et de nos sages? Que signifiait-il d’être un dhimmi? Que sait-on de l’exil des Juifs de pays arabes et d’Iran? Que sait-on de la façon dont les Sépharades ont vécu la Shoah et que sait-on de ces « justes » arabes qui ne sont pas encore reconnus comme tels à Yad Vashem? Que sait-on de ces Sépharades
qui, au cours des ans, se sont illustrés dans toutes les sphères de l’activité humaine? Que sait-on de leur apport à Israël? Que saiton des grands communautaires qui, contre vents et marées, ont permis l’existence d’une communauté sépharade vibrante ici même, au Canada, à Montréal? Ces préoccupations ont amené la CSUQ à inscrire l’enseignement de l’histoire du sépharadisme dans notre plan stratégique 20212026. D’où le thème de notre dossier spécial « L’histoire sépharade : des trésors trop bien cachés ». La publication de ce numéro de La Voix Sépharade sera d’ailleurs suivie d’un colloque portant sur l’enseignement de l’histoire sépharade dans les écoles juives de Montréal et d’ailleurs. Sur un autre plan, depuis maintenant près de deux ans, nous travaillons sur le dossier de la cacherout. Nous avons consacré d’énormes énergies à tenter de convaincre le Vaad Ha’ir de l’injustice apparente qu’il fait directement ou indirectement subir à notre communauté. Peine perdue. La grande question est désormais de savoir jusqu’où nos rabbins seront prêts à aller pour signifier au Vaad Ha’ir que la page de sa mainmise sur la cacherout et de son manque de transparence et d’imputabilité doit être tournée. Jusqu’où les Sépharades seront-ils prêts à aller pour que leurs contributions à la cacherout se traduisent par des retombées communautaires justes, notamment en matière de hessed? Jusqu’où les investisseurs sépharades seront-ils prêts à aller pour monter des structures qui échappent à l’hégémonie du Vaad Ha’ir? C’est ce que les prochains mois nous permettront de mesurer. Enfin, il est important de rappeler que l’année 2022 est une année électorale pour la CSUQ. Un nouveau conseil devra être élu au sein duquel des sièges ont été réservés pour des jeunes et pour des femmes. Ce conseil se dotera d’un nouveau président ou d’une nouvelle présidente. Je vous invite à suivre les informations que nous vous transmettrons au cours des prochaines semaines en espérant que vous participerez aux processus qui font vivre notre démocratie. La CSUQ vous appartient. Elle a besoin que vous contribuiez activement à son avenir. Elle compte sur vous. Au nom de toute l’équipe de la Communauté sépharade unifiée du Québec, une équipe dont je suis très fier, je vous souhaite Hag Pessah Sameah.
Hon. Jacques Saada saadaj@videotron.ca
LA FONDATION COMMUNAUTAIRE JUIVE DE MONTRÉAL
ENCOURAGE ENCOURAGE LA PHILANTHROPIE LA PHILANTHROPIE ENCOURAGE LA PHILANTHROPIE LA FONDATION COMMUNAUTAIRE JUIVE DE MONTRÉAL
LA FONDATION COMMUNAUTAIRE JUIVE DE MONTRÉAL
EN PROPOSANT DES STRATÉGIES SIMPLES, PRATIQUES ET EN PROPOSANT DES SIMPLES, PRATIQUES ET AVANTAGEUSES SUR STRATÉGIES LE PLAN FISCAL. AVANTAGEUSES SUR LE PLAN FISCAL.
EN sommes PROPOSANT STRATÉGIES SIMPLES, PRATIQUES ET Nous persuadés queDES la qualité de vie de notre communauté et de la société en général s’améliore lorsque les gens prennentque des etnotre desFISCAL. initiatives personnelles. Alors en que les fonds publics Nous sommes persuadés laresponsabilités qualité de vie de communauté et de la société général s’améliore AVANTAGEUSES SUR LE PLAN assurent desgens services indispensables, la philanthropie permet aux organismesAlors de bienfaisance de publics combler lorsque les prennent des responsabilités et des initiatives personnelles. que les fonds assurent desdeservices indispensables, la philanthropie permet aux organismes de bienfaisance combler les lacunes, répondre aux besoins urgents et de créer un monde reflétant nos idéaux et nosdevaleurs. les lacunes, de répondre aux besoins urgents et de créer un monde reflétant nos idéaux et nos valeurs. Nous sommes persuadés que la qualité de vie de notre communauté et de la société en général s’améliore favoriser et optimiser et la philanthropie répondreAlors aux que idéaux, aux aspirations NOTRE lorsque les gensInspirer, prennent des responsabilités des initiatives pour personnelles. les fonds publics Inspirer, favoriser et optimiser la philanthropie pour répondre aux idéaux, aux aspirations NOTRE MISSION: et auxindispensables, besoins croissants de la communauté de Montréaldeetbienfaisance de la sociétéde encombler général. assurent des services la philanthropie permet juive aux organismes MISSION: et aux besoins croissants de la communauté juive de Montréal et de la société en général. les lacunes, de répondre aux besoins urgents et de créer un monde reflétant nos idéaux et nos valeurs. NOTRE MISSION:
Inspirer, favoriser et optimiser la philanthropie pour répondre aux idéaux, aux aspirations et aux besoins croissants de la communauté et de la collaboration société en général. Je travaille depuis plusjuive de de 10 Montréal ans en étroite avec la Je travaille depuis plus de 10 ans en étroite collaboration avec la Fondation communautaire juive. Dans l’exercice de notre profession, Fondation Dans l’exercice de notredeprofession, nous nouscommunautaire efforçons d’offrirjuive. aux clients une expérience gestion de nous nous efforçons d’offrir aux clients une expérience de gestion de patrimoine irréprochable. Nous pouvons affirmer sans risquer de nous patrimoine irréprochable. Nous pouvons affirmer sans qui risquer tromper que nous avons trouvé un partenaire, la FCJ, offrede le nous même Je travaille depuis plus trouvé de 10 un ans en étroite collaboration avec la tromper que nous avons partenaire, la FCJ, qui offre le même niveau de service et de dévouement. Fondation communautaire juive. Dans l’exercice de notre profession, niveau de service et de dévouement. nous nous efforçons d’offrir aux clients une expérience de gestion de Que ce soit pour les objectifs philanthropiques sans de mes clients ou les patrimoine Nous philanthropiques pouvons affirmerde risquer deou nous Que ce soitirréprochable. pour les objectifs mes clients les miens, la FCJ a avons toujours été un une ressourcela de choix, tantle pour les tromper que nous trouvé partenaire, FCJ, qui offre même miens, la FCJ a toujours été une ressource de choix, tant pour les besoins quotidiens en dévouement. matière de fonds orientés par les donateurs que niveau service et en de besoinsdequotidiens matière de fonds orientés par les donateurs que pour les stratégies de planification plus avancées. pour les stratégies de planification plus avancées. Que ce soit pour les objectifs philanthropiques de mes clients ou les STEVE SEBAG On ne la saurait sous-estimer l’importance d’avoir un partenaire qui parle STEVE SEBAG miens, FCJ sous-estimer a toujours été une ressource tant pour les On ne saurait l’importance d’avoirdeunchoix, partenaire qui parle la même langue, partage les mêmes valeurs et peut répondre à certains besoins en matière de fonds orientés parrépondre les donateurs que Conseiller, gestion privée de la mêmequotidiens langue, partage les mêmes valeurs et peut à certains Conseiller, gestion privée de des besoins philanthropiques des familles à qui nous offrons des services. patrimoine, partenaire pour les stratégies de planification plus avancées. des besoins philanthropiques des familles à qui nous offrons des services. patrimoine, partenaire
STEVE SEBAG Conseiller, gestion privée de patrimoine, partenaire
On ne saurait sous-estimer l’importance d’avoir un partenaire qui parle la même langue, partage les mêmes valeurs et peut répondre à certains des besoins philanthropiques des familles à qui nous offrons des services.
Pour qui s’offrent s’offrent àà vous, vous,communiquez communiquezavec avecnous nousauau514.345.6414 514.345.6414 Pour connaître connaître les les solutions solutions qui ou consultez notre site à l’adresse www.jcfmontreal.org ou consultez notre site à l’adresse www.jcfmontreal.org Pour connaître les solutions qui s’offrent à vous, communiquez avec nous au 514.345.6414 ou consultez notre site à l’adresse www.jcfmontreal.org
Éditorial Édito.
Sonia Sarah Lipsyc
« Les Juifs en général et les Sépharades en particulier connaissent-ils bien toute la richesse de leur identité et de leur histoire? »
Les Juifs en général et les Sépharades en particulier connaissent-ils bien toute la richesse de leur identité et de leur histoire? C’est pour répondre à cette question que nous avons pensé à ce dossier spécial qui se déclinera probablement sur plus d’un numéro, notamment un qui sera consacré à l’éducation dans le monde sépharade1.
Bensoussan que notre public connait bien et un dernier sur Anne Sinclair, une figure célèbre du monde juif francophone.
Pour celui-ci, nous publions un entretien du rabbin israélien et francophone Mikhael Benadmon qui dévoile des pans de la singularité sépharade, mais aussi les défis auxquels celle-ci est confrontée.
« Elles et ils ont publié » vous offre des vignettes sur des livres qui viennent de sortir et qui ont attiré notre attention principalement parce qu’ils émanent de membres de notre communauté ou d’écrivains québécois.
En matière de livres, le bibliophile montréalais, Avraham Elarar, nous guide dans cet art et sa bibliothèque de livres anciens et d’auteurs sépharades. Bien sûr, l’Histoire est convoquée avec deux articles qui retracent pour nous les diasporas connues ou méconnues du monde sépharade en particulier en Europe. D’un point de vue contemporain, nous relatons, au moyen d’un documentaire qu’a produit la CSUQ, l’exode des Juifs ayant vécu dans les pays arabes. Un coup de projo est porté sur les Juifs d’Iran à la faveur d’un livre qui vient de sortir, écrit par un membre de notre communauté. Mais nous nous attachons aussi à montrer le regard sensiblement plus évolutif du monde arabe sur ces communautés juives qui ont vécu si longtemps dans ces contrées d’Afrique ou d’Orient. Un autre texte d’un universitaire américain – à mettre en parallèle avec un article sur un colloque qui s’est tenu dans le cadre du dernier Festival Sefarad – nous montre certains gestes salutaires du monde arabe à l’égard des Juifs durant la Shoah. Nous avons, toujours dans ce même dossier, le plaisir de porter à la connaissance de nos lecteurs.trices un texte sur les femmes poétesses ou paytanot sépharades de sorte à rendre moins invisible cette créativité quelque peu occultée.
Le rabbin Yamin Levy s’applique à mettre en valeur, à partir du Talmud, des méthodes d’éducation juive; ce texte en anglais bénéficie d’une traduction française en ligne.
Comme toujours notre communauté est mise en valeur que ce soit par l’entremise de la rubrique « Vie communautaire » avec un article sur l’initiative Kehilla, en matière de logement pour les familles aux ressources modestes, ou par celle de « Nos constituantes ». Celle-ci présente la chronique sur l’École Maimonide et une rencontre avec le nouveau rabbin Jérémie Asseraf de la Congrégation Hekhal Chalom de Saint-Laurent. Le carnet de famille vient conclure notre magazine. Yolande Amzallag, Sylvie Ayelet Assouline, Elie Benchetrit, David Bensoussan, le bureau du CIJA Sophie Bigot-Goldblum, Eric Yaakov Debroise, Esther Krauze, Elias Levy, Sylvie Halpern, Annie Ousset-Krief, Jacques Saada, Robert Satloff et moi-même, sont les collaborateurs.trices de ce numéro mis en valeur par la mise en page et le design de nos graphistes David Bohadana et Israël Cohen.
Dans la rubrique « Être Juif et Québécois », vous retrouverez la chronique régulière du CIJA soulignant les liens entre antisémitisme et mouvement islamiste au Canada. Et une entrevue avec l’historien Pierre Anctil nous éclaire sur l’évolution, depuis les années trente, de certains groupes catholiques face à l’antisémitisme.
À la suite du décès de notre collaborateur David Ouellette qui nous a quittés en février dernier après un courageux combat contre la maladie, je ne peux manquer avec tristesse et au nom de toute l’équipe du LVS et de son comité, de présenter nos condoléances à son épouse, sa famille, ses parents et sa sœur. Nos pensées vont également à nos collègues du CIJA dont David était un éminent représentant pour la défense de notre communauté et d’Israël en particulier d’un point de vue médiatique. Il conjuguait avec élégance l’identité juive et québécoise. Nous sommes émus d’avoir pu de son vivant lui rendre hommage grâce à un entretien que David avait accordé à Elias Levy et d’avoir aussi publié quelques-unes de ses photos, l’une de ses passions3.
« Le Monde juif » comporte un article, encore et toujours, sur l’affaire Sarah Halimi (paix à son âme), car nous nous sommes promis d’en rendre compte régulièrement; un autre sur les combats de Georges
Il me reste à vous souhaiter, chers lecteurs.trices, à la veille de la fête de Pessah, une bonne sortie d’Égypte entourés de vos familles et ami.es.
D’autres articles dans d’autres rubriques mettent en valeur l’histoire et la culture sépharade2. Nous continuons ainsi notre tour des communautés sépharades d’Amérique du Sud, en espagnol et en hébreu, avec cette fois-ci les Juifs du Chili. Et nous présentons un dictionnaire français judéomarocain grâce à un entretien avec son auteur Jacques Chetret. Enfin le jeu-questionnaire de notre président vient tester de façon ludique vos connaissances… ou lacunes et participe à les combler.
Sonia Sarah Lipsyc soniaslipsyc@yahoo.com P.S. « Lire la suite en ligne », certains de nos articles portent cette mention et nous vous remercions de vous reporter à notre magazine en ligne pour les lire dans leur intégralité : https://lvsmagazine.com/ 1. Voir déjà à ce sujet un article que nous avions publié en décembre 2019 https://lvsmagazine.com/2019/12/enseigner-lhistoire-sepharade/ 2. Nous en profitons pour présenter nos excuses à Raquel Levy Toledano pour une erreur qui s’était glissée dans son article publié dans notre dernier magazine et que nous avons rectifié pour sa mise en ligne https://lvsmagazine.com/?s=Raquel+LEvy+Toledano 3. Voir https://lvsmagazine.com/2021/11/david-ouellette-honore-par-le-gouvernement-du-quebec/
LE CENTRE CUMMINGS RETROUVER LE PLAISIR DU « PRÉSENTIEL », SANS ABANDONNER LE VIRTUEL! La pandémie a eu de nombreux impacts sur nos vies, surtout aux niveaux psychologique, social et physique! Le Centre Cummings a répondu avec célérité aux attentes de ses membres en offrant une panoplie de cours virtuels qui ont connu un grand succès. Avec le lancement de la saison printanière, le Centre est heureux d’annoncer l’ouverture de ses portes. Eu égard à de nombreuses personnes qui ont exprimé le désir de continuer à suivre des cours en virtuel, et d’autres de revenir au Centre, deux formulesen ligne et en personne- sont offertes pour la prochaine saison dont, les beaux-arts, l’artisanat, les programmes adaptés, le conditionement physique et notre studio
d’entraînement. L’entraînement à domicile est également offert. La journée du 25 avril sera une journée de bienvenue qui permettra aux visiteurs qui auront pris rendez-vous, de renouer contact avec le Centre et de voir comment il a évolué et s’est adapté aux besoins en matière de sécurité. « Je suis tellement contente de pouvoir poursuivre les cours de Pilates en ligne et d’avoir la possibilité de participer à certains événements en personne au Centre! En plus, on peut se rendre, quand bon nous semble, sur la vidéothèque du Centre pour voir les programmes ou cours auxquels nous n’avons pu participer et, entre autres, les belles
PROGRAMMES EN PERSONNE
conférences sur des questions d’actualité mondiale. » Alice et Moise Bendayan Pour plus de détails ou pour recevoir une brochure détaillant tous les programmes offerts soit en virtuel, soit en présence, visitez cummingscentre.org/fr ou appelez le 514.343.3510.
PROGRAMMES EN LIGNE
EXERCICES POST AVC
Les lundis & mercredis 2 mai au 10 août • 11h30
LES TESTAMENTS
Jeudi 5 mai • 14 h
PEINDRE UN PAYSAGE D’UN JARDIN
Les lundis 2 au 30 mai • 13h30
ART CULINAIRE
Les mercredis 11, 18, 25 mai • 14 h
ROUTINE BEAUTÉ APRÈS 50 ANS
Mercredi 1er juin • 13 h
BALLET BARRE
Les jeudis 10h30 - 11h30
MON TOIT, MON DROIT EN TANT QUE LOCATAIRE
Lundi 20 juin • 14 h
LES TECHNOLOGIES DU FUTUR: dans quelle galère nous embarquons-nous?
Mercredi 8 juin • 19 h
FAITS SAILLANTS DE LA NOUVELLE SAISON
NOUVEAUTÉ
NOUVEAUTÉ
VIA ZOOM
SAMY ELMAGHRIBI: 100e ANNIVERSAIRE
Yolande Amzallag, présidente fondatrice de la Fondation Samy Elmaghribi, et Avraham Elarar, président de la Fédération Sépharade du Canada, donneront quelques aperçus de la vie et l’œuvre de l’artiste autour de l’écoute d’extraits choisis. Jeudi 19 mai – 19 h Gratuit
NOUVEAUTÉ
TOUR VIRTUEL
L’HIMALAYA PARADISIAQUE : BHOUTAN ET NÉPAL
Au programme: ascension au « Nid du Tigre », un incontournable du Bhoutan, à 10 000 pieds au-dessus du niveau de la mer; randonnée dans la vallée de Katmandou et circuit de l’Annapurna dans l’Himalaya; visite d’anciens sanctuaires, des pagodes dorées et des villages fascinants. Mercredi 25 mai – 11 h 10 $ Membre/ 15 $ Invité-e Traduction simultanée de l’anglais au français.
INSCRIPTION À L’AVANCE REQUISE
TOUR VIRTUEL
COMMUNAUTÉS JUIVES D’AFRIQUE : ANCIENNES ET NOUVELLES
Depuis l’époque d’Abraham, les Juifs ont une présence en Afrique. Cette présentation interactive ouvrira une fenêtre sur certaines des plus anciennes communautés juives du monde : de la communauté orthodoxe de l’île tunisienne de Djerba, à une yeshiva au Congo! Visite de groupes juifs noirs en Ouganda, au Cameroun et au Ghana ainsi que des synagogues africaines.
Mercredi 29 juin – 19 h 10 $ Membre/ 15 $ Invité-e Traduction simultanée de l’anglais au français.
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LES SERVICES SOCIAUX POUR UNE MEILLEURE QUALITÉ DE VIE Notre équipe de professionnels fournit des informations, des références, des consultations, une évaluation et une planification ainsi qu’une intervention en cas de crise. En travaillant ensemble, en partenariat avec le secteur public et les organismes communautaires, nous nous efforçons d’assurer le meilleur service et le meilleur soutien. Les services sont fournis dans une variété de langues, notamment: l’anglais, le français, l’hébreu, le russe et le yiddish.
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PROGRAMME DE SOINS AUX PERSONNES ATTEINTES DE DÉMENCE Le programme vise à optimiser la qualité de vie et le bien-être des personnes atteintes de démence ainsi que de leurs aidants naturels. Ce programme est parrainé par l’Agence de la santé publique du Canada dans le cadre de son projet
é.es Soutenir les aîn auté de la commun d’investissement en matière de démence dans les communautés. Les programmes reposent sur les intérêts, les aptitudes et les forces des participants en matière de bien-être associé à un sentiment d’appartenance, de compréhension et de joie. • Stimulation cognitive • Relaxation et activités physiques • Thérapie par l’art • Souvenirs Nos principes fondamentaux : Respect, inclusion, égalité et accessibilité. Fondation MSH
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BÉNÉVOLE AU CENTRE CUMMINGS, POURQUOI PAS VOUS? QUAND LA COMPASSION RENCONTRE L’ACTION, LA VIE EST MEILLEURE Des moments qui changent une vie, c’est possible! En donnant de votre temps et en partageant votre expertise, vous offrirez des activités stimulantes et interactives, des possibilités d’éducation et aiderez à soulager l’isolement des personnes ainées. Choisissez parmi nos diverses possibilités de bénévolat en personne et virtuellement. Nous sommes impatients de vous accueillir au sein de notre équipe de bénévoles dévoués!
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« Le bénévolat intergénérationnel, comme le programme en leadership LEDA, est fondamental au Centre Cummings. Je reconnais à quel point il est important d’aider les personnes aînées de la communauté. Il y en a tellement qui vivent seules et isolées. J’encourage tous les étudiant.es à s’impliquer. » Elsa Dahan
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Les singularités du judaïsme séfarade. Entretien avec le Rabbin Mikhaël Benadmon Sonia Sarah Lipsyc Le rabbin et docteur en philosophie générale, Mikhaël Benadmon est l’une des figures marquantes du judaïsme sépharade francophone. Il dirige en Israël le programme de formation complémentaire rabbinique sépharade Maarava dans le cadre du cursus Amel au sein des institutions Ohr Torah Stone ainsi qu’un programme de conversion à Jérusalem1. Il enseigne la pensée juive à l’Université Bar-Ilan, est l’auteur d’ouvrages et d’articles, ainsi que le rédacteur de plusieurs programmes éducatifs pour les écoles juives de France et d’Israël. Depuis un passage remarqué au Festival Sefarad de Montréal en 2018 à l’invitation d’ALEPH, le rabbin Mikhael Benadmon collabore régulièrement au LVS/La voix sépharade. Quelle serait cette manière « d’être au monde », comme vous l’écrivez2, spécifique aux Sépharades? Il n’est pas aisé de proposer une description analytique de cet « être au monde » sans tomber dans le stéréotype : le Sépharade est plus émotionnel, plus sentimental, plus généreux, plus spontané, plus débordant, plus instinctif, etc. Cette surenchère méditerranéenne est sans doute très tendre et romantique, mais elle tombe sous le coup de l’orientalisme et propose une grille de lecture qui vise à renforcer l’opposition orient-occident et de ce fait biaise l’analyse. Elle est dans l’apologie, l’éloge et le plaidoyer et manque donc d’objectivité. C’est pourquoi je n’en parlerai pas comme un trait de l’âme juive ou une disposition du cœur. L’« être au monde » sépharade que je tente de formuler – et ma formulation mélange consciemment description et prescription – ne se situe pas dans les vertus personnelles de l’individu, mais dans le regard qu’une culture a développé sur certains domaines de la vie. Ce regard, appliqué au judaïsme, est souriant et apaisé. Le judaïsme dans ses formes privées comme institutionnelles ne pose pas un problème, mais au contraire propose une épaisseur positive au vécu. C’est un élément stabilisateur et non perturbateur. Pour ma part, j’identifie cet « être au monde » dans son rapport à deux facteurs : la communauté et la vie religieuse. La communauté, c’est l’extension de la famille. C’est l’entourage naturel et premier avec lequel on partage le quotidien, les joies et les tristesses, le business, les repas, les disputes. L’existence est avant tout collective dans le sens où l’individu est toujours inscrit dans une filiation, l’appartenance est avant tout sociale. La communauté se réunit pour les occasions cultuelles et culturelles, et ces réunions sont la continuité du lien social. Il est donc naturel de se retrouver à la synagogue et de vivre la prière ensemble. La synagogue est certes centrale, mais c’est un lieu de plus dans lequel la vie est partagée. On chante ensemble les refrains et ce mode liturgique renforce l’idée que la religiosité est avant tout sociale. L’individu ne recherche pas de sommet spirituel individuel dans l’expérience religieuse, mais fait corps avec la communauté qui vit intensément un moment de prière. C’est la joie du partage plutôt que l’expérience de la crainte et du tremblement. La vie religieuse, le deuxième facteur évoqué, n’est donc pas appréhendée comme une sortie du quotidien, comme un contraste sacré sur fond profane; elle est en totale continuité avec le quotidien. Cela explique partiellement la relation décomplexée envers les sciences profanes et l’absence d’opposition marquée entre le sacré et le profane. C’est ce qui explique également la convivialité au sein de la synagogue sépharade. Le rabbin, qui lui aussi est partie prenante de ce jeu social, va donc positionner la communauté au centre de ses préoccupations et de ses réflexions halakhiques (sur la loi juive). Il choisira un mode d’expression « populaire » et communiquera ses idées dans ses sermons, qui, abordables, seront ensuite publiées. C’est donc l’intégrité et la cohésion du corps social qu’il DOSSIER SPÉ SPÉCIAL
faut préserver. Notre Leader saura alors préférer l’option halakhique la plus adaptée afin de gérer un groupe éclectique. L’adoption de l’avis indulgent et l’instruction de ce dernier au peuple a pour objectif d’instaurer une pratique agréable et d’insérer le plus grand nombre au sein de la communauté pratiquante. Le rav Rafael Aharon Benshimon (1848-1928) exprime clairement cette idée : « nous devons chercher le mérite du peuple juif et non le placer sous le joug d’instructions rigoureuses (Responsa Oumitsour Devash Orah Haïm § 12) ». L’ « être au monde » sépharade, c’est, dans une certaine mesure, subordonner la Torah d’Israël au peuple d’Israël. Cette idée trouve sa pleine expression dans un nombre incalculable de décisions rabbiniques et nous n’en citerons que trois. La première – le rapport tolérant envers ceux dont la pratique religieuse s’est affaiblie. Plutôt que d’opter pour une réaction d’exclusion, les rabbins préfèreront l’inclusion. Une personne qui transgresse le shabbat pourrait être exclue du quorum des dix à la synagogue, se voir refuser la montée à la Torah, être écartée de la table et du repas de peur qu’il ne rentre en contact avec du vin. Dans tous ces cas, l’approche est indulgente, car justement la priorité est de conserver le lien social. Rabbi Yossef Messas (1892-1974) justifiera une telle approche en insistant sur le principe halakhique « grande est la paix » (Otzar Hamikhtavim, tome 2 § 1302). Le deuxième exemple appartient au monde de la conversion. Un couple mixte souhaitant conserver le lien avec la communauté ne sera pas mis au ban, mais au contraire intégré afin d’assurer une conversion à l’intéressé et une identité juive à leurs enfants. Cette famille a certes contracté un mariage mixte, mais reste malgré tout intéressée par la transmission des valeurs du Judaïsme et le rabbin-accompagnateur se doit de proposer une solution. Notre dernier exemple sera celui des rabbins de la communauté de Séfrou (Maroc) qui, au vu des dépenses excessives pour les fêtes familiales et les mariages, ont édicté un décret en 1948 (takkana) limitant les dépenses permises afin de ne faire honte à personne et surtout de résoudre les problèmes de célibat tardif pour des personnes défavorisées3. Dans ce dernier cas, la préoccupation socioéconomique et ses implications font donc partie intégrante de la réflexion rabbinique, quand bien même elle ne se situe pas dans l’espace du rite et de la synagogue. Pourrions-nous ajouter un rapport spécif ique au sionisme et à la Kabbale parmi ces spécif icités? Ce sont en effet deux sujets qui ont été traités d’une façon singulière en terrain sépharade. Si l’apparition du sionisme politique sur la scène de l’histoire a entraîné des réactions virulentes dans une frange de l’orthodoxie ashkénaze, les rabbins sépharades, quant à eux, vont lui réserver un accueil des plus chaleureux. Pourtant bien conscients du Le rabbin et docteur en philosophie Mikhaël Benadmon
Histoire sépharade : des trésors trop bien cachés
caractère laïque de ce nouveau mouvement, ils n’y verront que source de bénédictions et début de la rédemption promise par les prophètes. Je propose trois explications à ce phénomène4. La première est liée à l’étude biblique qui faisait partie intégrante du cursus d’étude pour tout âge. Les textes bibliques content l’histoire réelle du peuple d’Israël, avec ses hauts et ses bas spirituels, avec ses récits pragmatiques, géographiques et militaires de la conquête de la terre d’Israël, avec ses prophéties enflammées sur le retour à Sion. Quiconque est baigné dans cette culture biblique comprend le destin concret qui mélange bien et mal, concrétude et spiritualité, et surtout sait subordonner les moyens au but. Le but – revenir en terre d’Israël, les moyens – Dieu en dessinera les contours et les modalités. Le sionisme laïque a donc été perçu comme la continuité historique de l’histoire biblique et comme un mérite inespéré attribué à cette génération. Le rav Moshé Halfon Hacohen de Djerba n’a pas hésité à comparer Herzl au prophète Elie et au Moïse contemporain qui sort Israël d’exil (Maté Moshé, cinquième sermon). Le monde ashkénaze beaucoup moins rivé sur le texte biblique manquait peut-être de cette vision réalpolitique du retour. Cette perspective pragmatique a été mise en lumière par un chercheur israélien, Abraham Reiner, qui, dans sa thèse de doctorat, a vérifié les livres de tribulations (massaot) des sages sépharades et ashkénazes en terre d’Israël depuis le 13e siècle. La tendance est claire : alors que les voyageurs ashkénazes s’intéressent aux lieux sacrés et rituels, aux synagogues et cimetières, les Sépharades s’intéressent au climat, aux activités professionnelles et aux conditions concrètes d’installation. Le deuxième facteur est lié à l’étude halakhique. La quasitotalité des rabbins sépharades ont accueilli favorablement la lecture halakhique de Nahmanide (13e siècle) qui va inscrire l’obligation effective de s’installer en Israël dans le code des 613 commandements, alors que Maïmonide laisse planer le doute concernant son avis. Conséquemment, tous les décisionnaires sépharades y verront un impératif – qui s’il n’est pas réalisé ou réalisable, laissera une place à la créativité poétique sur la terre d’Israël. Ces chants (piyoutim) seront chantés et psalmodiés à la synagogue et autour des tables familiales inscrivant ainsi au cœur de la conscience sépharade l’idée qu’un jour viendra et que l’on partira. Le troisième facteur est quant à lui lié à la dimension kabbalistique. L’étude de la Kabbale était présente dans les pays sépharades et habitait également les chaumières des gens du peuple. En effet, cette étude, bien que réservée aux initiés, était pourtant amenée aux oreilles des simples croyants, soit dans la liturgie quotidienne, soit dans la lecture journalière du Zohar dans le recueil Hoq LeIsraël5. L’avis de la Kabbale, au-delà de sa dimension mystérieuse, importait ainsi au plus haut point. Il n’est peut-être pas fortuit d’ailleurs que Nahmanide ait été aussi kabbaliste. Dans la Kabbale, la terre d’Israël jouit d’un statut particulier et l’imaginaire d’une installation concrète prônée par la halakha doublée d’un rêve d’une Jérusalem céleste développée par la Kabbale, ne pouvait pas ne pas impacter fortement les esprits lorsque le sionisme est apparu. Comme le souligne le professeur Moshé Halamish dans un ouvrage consacré à la kabbale en Afrique du Nord – et il s’agit bien entendu d’un vaste sujet que nous ne pouvons traiter dans ce cadre – les tendances philosophiques et rationalistes ne s’effaçaient pas chez les maîtres sépharades lorsqu’ils rentraient en contact avec la
tradition kabbalistique, mais au contraire créaient une harmonie des pensées. Cette tendance bien singulière d’approche kabbalistique ne pouvait ainsi concorder avec une allégorisation à l’extrême de la terre d’Israël et in fine à la mise entre parenthèses de l’impératif sioniste. Est-ce que ces spécificités du judaïsme sépharade sont suffisamment connues et reconnues par le monde juif ? Et en quoi ce judaïsme pourrait-il être exemplaire pour le monde juif en général (pour reprendre le titre de votre dernière conférence pour ALEPH)6 ? Les communautés sépharades ont vécu un double exil, physique et spirituel. Elles ont été déracinées de leurs terres d’accueil en quelques années et les conditions de leur réinstallation en France, en Israël et au Canada n’ont pas été mûrement réfléchies afin de préserver leurs richesses culturelles. L’exil spirituel persiste jusqu’aujourd’hui. L’histoire n’est pas à refaire, mais l’urgence et la difficulté des nouvelles communautés, confrontées à des impératifs nouveaux dans des contextes méconnus, n’ont pas favorisé la conservation, la conceptualisation et enfin l’adaptation des modèles sépharades dans leur nouveau vivier. Ces spécificités sont méconnues du monde sépharade, le monde juif dans sa globalité n’a donc pas d’ambassadeur qui puisse les mettre à l’ordre du jour. En Israël, nous assistons certes à un regain d’intérêt pour la chose sépharade, mais ce ne sont encore que des balbutiements. Quels sont les défis majeurs auxquels est confronté aujourd’hui le monde sépharade? Une identité vivante n’est pas rivée sur le passé sur un mode nostalgique; elle ne cherche pas à reproduire avec mimétisme les schémas disparus. Elle est au contraire en éveil face aux nouveaux défis et sait choisir avec lucidité les éléments glorieux de son passé porteurs d’une teneur actuelle. Force est de constater que l’identité sépharade aujourd’hui souffre d’un certain passéisme, ne cherche pas à se réinventer; elle est dans la survie. Ce manque de vitalité positionne l’identité sépharade, affaiblie considérablement, en recherche de nouvelles énergies. Le vide est alors comblé par des tendances spirituelles étrangères au monde sépharade comme l’identité haredite (ultra-orthodoxe), ou encore la valorisation du mode d’être ashkénaze dont les tendances primaires sont radicalement différentes de « l’être au monde » sépharade que nous avons décrit précédemment. Notons que l’ouverture vers d’autres tendances est toujours bienvenue et source d’enrichissement, mais dans notre cas précis, il s’agit plutôt d’un remplacement. L’un de ces défis justement serait la méconnaissance par les Juifs sépharades eux-mêmes de toute la richesse de leur patrimoine et corpus de textes? Si tel est le cas pour quelles raisons et comment y remédier? Qu’est-ce qui serait par ailleurs le plus urgent selon vous? Les trésors culturels sépharades sont ignorés, il faut donc les révéler au plus grand nombre. Il est question de réédition, de traduction, de diffusion, de popularisation. Mais afin de sortir de l’inertie identitaire ou pire, de l’oubli de soi, il ne suffit pas de se réapproprier toute la littérature sépharade. Il faut l’adapter au contexte moderne et envisager une reformulation des idées ainsi qu’une stratégie de changement. Enfin, les deux étapes incontournables sont l’éducation et la formation de leaders. L’éducation, c’est éduquer dès l’enfance par l’entremise de programmes pédagogiques à cette identité ancienne et nouvelle. Le leadership, c’est s’assurer que cet « être au monde » soit source d’inspiration pour le plus grand nombre. Les communautés sépharades disparaîtront, ou tout au plus se limiteront à des dimensions liturgiques, culinaires ou même halakhiques dénuées de profondeur identitaire si aucune démarche n’est engagée aujourd’hui. La préservation d’un patrimoine est en jeu. Les défis auxquels sont confrontées les communautés juives sépharades sont nombreux et il s’agit d’évaluer la force de frappe de l’« être au monde » sépharade dans la lutte pour le judaïsme de demain. Pour ma part, je reste persuadé qu’une modernité sépharade basée sur les données fondamentales du passé et adaptée aux enjeux contemporains est porteuse d’un message salutaire pour le monde juif.
1. Voir http://lvsmagazine.com/2015/12/la-formation-rabbinique-sepharade-maarava-au-sein-de-linstitut-amiel/. 2. Voir http://lvsmagazine.com/2021/11/les-bases-de-la-loi-juive-dans-le-monde-sepharade/#more-6415 3. Voir Rabbin David Ovadia, La communauté de Séfrou (en hébreu), Jérusalem 1985, tome 4, p.191 4. Pour le sionisme voir : http://lvsmagazine.com/2018/09/le-sionisme-politique-et-les-rabbins-sepharades/ 5. Voir notamment http://lvsmagazine.com/2018/04/la-place-du-zohar-au-sein-de-la-communaute-sefarade-marocaine-de-montreal/ 6. Voir la vidéo sur Aleph http://alephetudesjuives.ca/events/?event_id=125 et l’article à ce sujet dans ce même numéro
LVS mars 2022
MNP est fier de soutenir la communauté Sépharade du Québec.
Isaac Benizri, CPA, CA | 514.228.7800 | isaac.benizri@mnp.ca Partout où mènent les affaires
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Avraham Elarar : la passion des livres anciens et sépharades Elie Benchettrit Les collectionneurs de toute sorte d’objets, que ce soient des timbres jusqu’aux voitures de course miniatures en passant par les soldats de plomb sans oublier les cartes à l’effigie des sportifs toutes catégories confondues, sont légion. Avraham Elarar, homme d’affaires et président en exercice de la Fédération Sépharade du Canada, n’échappe pas à cette marotte propre à tout collectionneur. Pour lui, c’est une passion, une véritable histoire d’amour qui occupe ses nuits parfois jusqu’au petit matin. En effet, cet amoureux de l’histoire et de la culture sépharade collectionne des livres de judaïca et il ajoute avec un sourire complice séfardica, ayant trait aux textes écrits par d’illustres auteurs rabbiniques sépharades depuis de nombreux siècles. Il adore partager avec son interlocuteur cet intérêt pour les ouvrages qu’il collectionne et qu’il n’hésite pas à nous montrer. À 35 ans, il commence à s’intéresser à l’acquisition de livres anciens, mais pas n’importe lesquels. En effet, cet homme féru d’histoire sépharade et fier de ses traditions se situant bien au-delà de ce que l’on pourrait définir comme du Avraham Elarar dans sa bibliothèque folklore au premier degré tient à se référer lors de l’achat de chacun de ses livres à trois critères : l’auteur doit être sépharade, l’ouvrage doit être imprimé dans une imprimerie sépharade, et enfin et surtout l’imprimeur doit faire partie d’une communauté sépharade. En tenant compte de ses conditions, Avraham nous informe qu’il compte dans sa bibliothèque plus de 250 ouvrages, dont le plus ancien remonte à 1537, des folios incunables de 1493 et le manuscrit original « Minhat Yehuda » écrit par Rabbi Yehudah ibn Attar en 1713 à Fès. Avraham tient à préciser que ces ouvrages sont achetés aux enchères généralement aux États-Unis (Kestenbaum & Company N.Y et Virtual Judaica Inc) et parfois en Israël et en Espagne. Souvent ces livres sont en mauvais état en raison de leur ancienneté et du manque de mesures visant à assurer leur sauvegarde. Avraham procède à leur envoi à des relieurs spécialisés, des « book rebuilders », car dit-il, « un livre ne se limite pas à son contenu, il est surtout le témoin d’une époque, il partage notre quotidien en subissant la même température et le même taux d’humidité, il nous accompagne dans nos recherches et nous raconte son histoire depuis son impression ». À ce sujet, il nous précise qu’il classifie ses ouvrages selon quatre catégories : les « Drashot ou Divré Torah », les interprétations de la Halakha comme certains ouvrages de Maïmonide, des traités philosophiques et finalement des textes portant sur le mysticisme tels que la Kabbala. Mais il tient à préciser que ce qui le fascine le plus, ce sont les commentaires écrits à même l’ouvrage faits par des lecteurs et en particulier des rabbins de renom. Il cite le cas de l’ouvrage « Shoresh Yishai » écrit en 1561 par le même auteur du cantique sublime que nous chantons le vendredi soir « Lékha Dodi » composé par le Rabbin Shlomo Alkabetz. Cet ouvrage qui fait partie de sa collection a appartenu à Rabbi Hayyim ben Habib He-Hasid Toledano, rabbin à Fès et Meknès qui annota plusieurs commentaires sur le livre lui-même. Ces commentaires, nous précise Avraham, rendent l’ouvrage encore plus précieux. Nous apprenons que Rabbi Shlomo Alkabetz est issu
d’une famille de nombreux érudits. Son grandpère, également un Shlomo Alkabetz, a été le premier imprimeur de Guadalajara, en Espagne, en 1476, seize ans seulement avant que l’Espagne n’expulse une partie précieuse de sa population intellectuelle – ses Juifs. Le lieu d’impression constitue pour Avraham un critère d’importance majeure. Il nous rappelle que le premier livre imprimé en Afrique le fut au Maroc, à Fès en 1516. Il s’agit d’un ouvrage de David Abudarham écrit en 1339, ce qui correspond à une période marquée par un grand engouement pour le mysticisme en Espagne et se résume à un manuel très émouvant portant sur la manière de faire les prières. Son éditeur fut Shmuel ibn Itzhak Nédivot et Fils. Malheureusement après l’impression de quatre livres, il fallut attendre l’an 1919 pour assister de nouveau à l’impression d’ouvrages au Maroc. Cette absence de diffusion d’ouvrages, marque, selon Avraham, un déclin relatif de la communauté juive marocaine dont il ignore les causes pour l’instant. Il émet l’hypothèse d’une baisse démographique dans les communautés sépharades du Maghreb et d’une forte natalité dans les communautés ashkénazes d’Europe. Cette hypothèse renforce sa certitude en observant une montée fulgurante des textes imprimés en Europe par la communauté ashkénaze, graphique à l’appui. Il faut cependant noter que la production littéraire des rabbins marocains ne s’est pas arrêtée à ceci près que ceux-ci se sont déplacés en Europe pour faire imprimer leurs ouvrages, Moshe Alfalas en 1597 et Abraham Azoulay en 1650 à Venise, et d’autres à Livourne, en Italie chez Abraham Meldola, Eliahou Benamozegh, à Amsterdam aux Pays-Bas et à Constantinople dans l’Empire ottoman. Les ouvrages imprimés ne dépassaient pas 200 exemplaires, les acheteurs se limitant aux rabbins sur place, aux synagogues et aux mécènes. Pour conclure, Avraham nous présente deux livres antinomiques de sa collection, écrits en français. Le premier écrit en 1683 et imprimé à la Haye aux Pays-Bas par Monsieur Fleury, confesseur du roi Louis XIV ayant pour titre « Les Mœurs des Israélites » (la grandeur du Judaïsme) dont il ne reste pas plus de 3 exemplaires dans le monde, et l’autre aux antipodes des thèses défendues par le premier et dont l’auteur est Paul-Yves Pezron, paru à Paris en 1687 « L’antiquité des temps rétablie et défendue contre les juifs et les nouveaux chronologistes » exposant un antisémitisme hideux. Avraham a créé le site responsa.org où il a répertorié 110 000 livres imprimés ainsi que 16 000 auteurs pour informer l’avancée de ses recherches et les partager avec les bibliophiles et chercheurs qui partagent sa passion.
LVS mars 2022
« Dis-moi d’où tu viens et je te dirai qui tu es » : fragments de l’histoire sépharade David Bensoussan Connaître son histoire, c’est comprendre les facteurs qui ont moulé nos croyances et nos caractères. Connaître ses racines, c’est comprendre sa personnalité, mieux vivre le présent et mieux orienter son avenir. L’histoire est tel un rétroviseur qui permet d’appréhender le passé, mieux expliquer la contemporanéité et éviter de reproduire les erreurs du passé. L’histoire sépharade d’avant 1492 La culture sépharade du Moyen Âge a ajouté de nouvelles dimensions au judaïsme traditionnel qui se développa en exil, basé sur l’interprétation des textes, l’exégèse et le code juridique du Talmud. On y a chanté l’amour, le bon vin et la jouissance des fruits terrestres sans pour cela s’éloigner des valeurs morales et des commandements judaïques. Les poésies religieuses et laïques vont de pair. Les devinettes plaisantes côtoient les essais scientifiques et philosophiques, et les moments parfois difficiles n’ont pas terni l’esprit d’ouverture à l’égard des courants de pensée de la société environnante. La créativité littéraire et scientifique de cet âge d’or sépharade original se perpétua encore alors que les fanatismes chrétien et musulman s’entredéchirèrent jusqu’à la fin de la Reconquista : du XIe au XVe siècle, Saragosse, Tolède, Cordoue, Séville et Grenade tombèrent aux mains des royaumes chrétiens. Illustrons cet état de choses avec des échantillons d’écrits de deux personnalités : Ibn Gabirol (XIe siècle) et Yehouda Halévi (XIIe siècle). Ibn Gabirol de Malaga chantait le vin : Lorsque mon vin tarit/ De mes yeux jaillit/ Un torrent d’eau, un torrent d’eau… Me voici rendu ami de la grenouille/, Comme elle je crie et coasse ! Car comme elle ma bouche connaît/ Le chant de l’eau, le chant de l’eau ! Son ouvrage Mekor Hayim est un essai philosophique sur la matière, les êtres et la causalité première. Sa poésie était aussi religieuse : Rends hommage à Dieu, âme sage…/ Consacre tes jours et tes nuits à ton essence/ Pourquoi pourchasserais-tu l’insignifiance ? / Tu es de ton vivant comparée au Dieu vivant./ Si ton Créateur est pur et immaculé/ Sache que toi aussi tu es pure et innocente. Le terme âme rendu par yehida désigne l’âme en ce qu’elle a d’unique et d’individuel. Elle représente l’unicité de l’être qui forme une entité distincte, soit la façon dont une personne fusionne les différents aspects de son être. La dévotion engage toutes les dimensions de son être, amalgamant son intégrité physique et morale pour exhorter l’âme à se consacrer à son rôle, soit l’intellect (au sens aristotélicien, l’être humain se démarquant du monde végétal et du monde animal par son intellect) plutôt que de talonner les vanités. Yéhouda Halévi, natif de Tolède, aimait les devinettes : Qui est fine, menue et lisse/ Muette et parlant avec force/ Tuant des personnes en silence/ Et crachant son sang de sa propre bouche ? (Il s’agit de la plume). Il chanta l’amour librement : Ton visage est un soleil/ Et les nuages de tes frisettes/ Étendent les ténèbres de la nuit sur sa splendeur./ Ofra lave ses robes dans l’eau de mes larmes,/ Puis les étend aux rayons de son propre soleil./ Elle était comme un soleil qui, se levant à l’horizon,/ Rougit les nuages de l’aube du bûcher de sa lumière. Son ouvrage, le Kuzari, sur la conversion du roi des Khazars au judaïsme en est un de théologie comparée dans le contexte des courants philosophiques de son temps. Il chanta l’amour de Sion et finit ses jours à Jérusalem : Mon cœur est en Orient/ Et je me trouve aux confins de l’Occident/ Comment goûter ce que je mange/ Et comment pourrait-ce être bon ? …/ Alors que Sion est dans les chaînes d’Édom (la chrétienté)/ Et que je suis dans les mailles des Arabes ? 1 L’Âge d’or : mythe ou réalité? Bien des mythes sont entretenus sur l’Âge d’or qui se limita dans les faits au temps de la dynastie omeyyade de Cordoue (ca. IXe siècle) et le demisiècle qui suivit. C’est cette période que l’on peut qualifier d’Âge d’or. Il est utile de préciser que les Juifs vécurent également des périodes de persécution dans l’Espagne musulmane et connurent certains moments d’accalmie dans l’Espagne chrétienne. Simplifier l’histoire en avançant que l’Espagne musulmane fut tolérante et que l’Espagne chrétienne fut DOSSIER SPÉ SPÉCIAL
intolérante est contraire à la vérité. Le poète Yehouda Halevi qui vécut dans l’Ibérie chrétienne et musulmane disait : « l’un ou l’autre (chrétien ou musulman) faiblit, on s’en prend toujours à moi (Israël). » Il faut préciser que le mythe d’un Âge d’or musulman a été cultivé par la réforme juive en Allemagne (Haskalah) pour vanter un exemple de tolérance digne d’être émulé. Dans les faits, des centaines de milliers de Juifs – les Sépharades – se trouvèrent acculés à se convertir ou à quitter leur pays avec leur foi pour tout bagage, sans savoir quel souverain les accueillerait, livrés aux dangers des pirates qui sillonnaient la Méditerranée. Les réfugiés juifs d’Espagne furent accueillis tant par des pays musulmans que chrétiens. Le Sultan de Fès, le Roi de Naples et le Sultan de Constantinople ouvrirent les bras aux réfugiés sépharades. Cet aspect de l’histoire mérite d’être étudié dans ses nuances. L’histoire sépharade d’après 1492 L’histoire des Sépharades en général et plus précisément celle qui suit l’année 1492 est méconnue et est souvent ignorée dans les curriculums éducatifs juifs. La culture sépharade d’après 1492 – date de l’expulsion des Juifs d’Espagne par les rois catholiques – a continué à fleurir sans connaître le degré de liberté dans laquelle elle s’épanouit à l’Âge d’or. L’histoire des Sépharades a connu des hauts et des bas. Après 1492, la majorité des Sépharades a vécu dans les pays de l’Islam. Ces pays ont sombré dans la léthargie jusqu’à ce que le choc de la rencontre avec l’Occident et la technologie leur fasse réaliser leur retard technologique. Dans ces pays et jusqu’à une époque récente, le statut des Juifs fut celui de dhimmis, c’est-à-dire de tolérés dont les droits furent limités par rapport à ceux des citoyens de confession musulmane. Historiquement, il y eut des temps où la minorité juive a servi de bouc émissaire sitôt que les conditions politiques ou économiques empiraient. Cela advenait lors d’un changement de régime ou encore lors d’une crise de sécheresse ou de disette. Bien que la plupart des souverains aient apprécié la contribution des Juifs sur les plans économique et social, il y eut toutefois des exceptions, comme sous le règne sanguinaire de Moulay Yazid au Maroc (1790-1792). À la fin du XIXe siècle, l’état de précarité caractérisait les communautés sépharades dans les pays d’Islam sans moyen de protection devant des abus de toute sorte. Mis à part une infime minorité de nantis, les voyageurs ont fait état de la condition de proie facile et sans défense d’une minorité qui ployait sous le fardeau de la misère dans des mellahs surpeuplés. Tant bien que mal, les communautés sépharades ont surmonté des épisodes de famine, d’épidémie et de razzias grâce à une organisation communautaire qui, avec fort peu de moyens, tenta l’impossible. Pourtant, en dépit des conditions difficiles, voire même intolérables, et en dépit des persécutions, les Sépharades ont puisé leur énergie et leurs forces dans les textes sacrés. Ils ont envers et contre tout gardé la conviction que l’homme était fait à l’image de Dieu et couvé avec amour l’espoir de rédemption messianique et de paix universelle. Qui plus est, ils ont développé une culture florissante qui s’est exprimée tant en judéo-espagnol, qu’en judéo-arabe et en judéo-
Histoire sépharade : des trésors trop bien cachés
persan. Ils ont tissé des liens d’amitié et de connivence avec la société majoritaire, joui de la confiance des souverains et, par époques, ont vécu des ères de coexistence et de tolérance qui sont entrées dans la légende. Les Sépharades à l’ère moderne La francisation au moyen du réseau des écoles de l’Alliance israélite universelle et de l’ère coloniale ont été bénéfiques pour les communautés juives qui ont pu pressentir une plus grande protection contre l’arbitraire qui avait prévalu le plus clair du temps. Cette ouverture sur le monde occidental s’est accompagnée d’une certaine acculturation en regard de leur propre culture et a parfois relégué les valeurs juives traditionnelles à l’arrièreplan. La tradition d’ouverture sépharade est exemplifiée par le rabbin Yossef Messas de Meknès (1892-1974), rabbin remarquable et écrivain prolifique qui chercha à trouver des réponses réalistes pour concilier tradition et modernité. Il était conscient des opportunités socioéconomiques offertes par la modernité et ne voulait pas aliéner le grand public des valeurs juives. Son attitude progressive envers l’éducation des filles et sa volonté de ne pas éloigner sa communauté des valeurs morales l’ont incité à chercher à même la Halakha des réponses, quitte à mettre en perspective certaines ordonnances rabbiniques. Loin de s’en tenir à un aspect rigoriste, il tint compte des exigences de la vie moderne, s’inscrivant dans la tradition de tolérance de Beth Hillel2. Les sociétés sépharades ont connu les soubresauts nationalistes des pays où ils vivaient et ils ont été témoins de la naissance miraculeuse de l’État d’Israël. La fin de l’ère coloniale, la crainte du retour à une époque du passé où l’arbitraire prévalait et l’appel du sionisme, ont fait que des communautés plus que millénaires n’existent pratiquement plus dans les pays arabes. En 1948, 856 000 Juifs résidaient dans les pays arabes. Il n’en reste plus que près de 3 000. Ils ont immigré pour la plupart en Israël, en France et… au Canada. Aux révolutions technologiques et sociales – la révolution des mœurs – de l’ère moderne se sont également ajoutées celles de l’émigration au Québec, au Canada, dans une société elle-même en quête d’un projet national au sein même de la Confédération canadienne. Dans un sens, les Sépharades ont été sujets à de multiples mutations et leur identité s’est enrichie de plusieurs strates culturelles. Cela ne change pas le fait que le substrat sépharade, parfois lointain, est néanmoins présent. La modernité et l’éparpillement des communautés sépharades dans le monde ont mis à l’arrière-plan leurs trésors culturels qu’ils soient éthiques, littéraires et musicaux, ainsi qu’une certaine joie de vivre. Ces trésors constituent une source de ressourcement enrichissante. Au début du XXe siècle, le rabbin et artiste David Elkaïm (1851-1951) fut l’un des grands maîtres de la langue hébraïque, qui, entre autres ouvrages, contribua au recueil liturgique de
Shiré Yédidot. La liturgie sépharade dans le contexte judéo-musulman et judéo-chrétien ont été rendus avec brio par le rabbin Haïm Louk et feu Solly Levy. L’orchestre andalou d’Israël a remis à la page la légendaire musique de la Ala. La richesse exégétique, littéraire et philosophique des manuscrits sépharades conservés auprès des familles est mise en valeur par le travail d’édition de l’Institut Issachar de Jérusalem. Non moins importante est l’expérience historique des Sépharades qui, après 1492, s’établirent en Europe, de la Bulgarie à la Hollande ou même dans le Nouveau monde. La culture sépharade continue de s’épanouir et l’identité sépharade s’affirme. De nombreuses organisations telles A’aleh Betamar, Harif, Sephardi Voices, Justice for Jews from Arab Countries, Yad Ben-Zvi, les congrégations hispano-portugaises, les programmes sépharades de la Yeshiva University de New York et les fédérations sépharades œuvrent à la reconnaissance de l’histoire des Sépharades. Ce foisonnement prometteur réconcilie petit à petit les Sépharades avec leur identité. Le sens de l’histoire sépharade L’ère de tolérance et de symbiose culturelle judéo-arabe et judéo-espagnole durant l’Âge d’or ont contrasté avec l’obscurantisme moyenâgeux qui prévalait ailleurs. C’est à cette époque privilégiée que des chefs d’État et des hommes politiques se rapportent pour évoquer avec espoir la possible et nécessaire réconciliation entre l’État d’Israël et ses voisins. Malgré les tensions qui persistent, il n’en demeure pas moins que le passé dans les pays arabo-musulmans ne connut pas que des moments difficiles. Il y eut aussi de grands moments de symbiose et de compréhension sur lesquels nous pouvons aujourd’hui bâtir un avenir commun. Mais il faut pour cela bien connaître sa propre histoire et apprécier à juste titre la terre d’accueil que furent et restent le Québec et le Canada. Il incombe aux Sépharades de mieux saisir les hauts et les bas de leur passé. C’est alors qu’ils pourront rassembler les bonnes volontés de toutes parts et coopérer en regard d’un objectif commun dans le respect mutuel. Nous sommes la résultante de notre histoire; une histoire ne se raconte pas, mais se vit. Être en harmonie avec son identité de Juif sépharade canadien est le meilleur garant d’un épanouissement personnel et social équilibré.
1. Cf David Bensoussan, L’Espagne des trois religions, Ed. L’Harmattan, Paris, 2007 2. Voir Gabriel Abensour, Rav Yossef Messas, un rabbin nord-africain à l’heure du changement, LVS, Decembre 2019 https://lvsmagazine.com/2019/12/rav-yossef-messas-un-rabbin-nord-africain-a-lheure-du-changement/
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L’histoire oubliée des Juifs ayant vécu dans les pays arabes : un grand défi éducatif Elias Levy Les Juifs étaient établis en terre d’islam depuis des temps immémoriaux. Précédant de presque 1000 ans la présence musulmane, les communautés juives se sont disséminées en Orient après la destruction des deux Temples de Jérusalem (586 avant J.-C. et l’an 70). Au temps du prophète Mahomet et de l’essor de l’islam, les Juifs étaient déjà fort bien intégrés dans l’environnement urbain et rural de l’Arabie. Au Maroc, comme dans les autres pays du Maghreb, des légendes font remonter la présence juive à la période précédant la destruction du premier Temple de Jérusalem. Dans les ruines de Volubilis, ancienne cité romaine située près de Meknès, des inscriptions figurant sur des pierres tombales retrouvées attestent l’existence d’une communauté juive depuis l’époque romaine, au IIe siècle… Du pourtour méditerranéen jusqu’à l’Euphrate en passant par la péninsule ibérique, Juifs et Musulmans ont cohabité pendant presque mille ans. C’est dans un monde arabo-musulman en plein bouillonnement culturel, doté de centres de savoir médiévaux à Bagdad, dans la région d’Al-Andalus, à Fès, à Kairouan, au Caire, qu’émergeront des figures éminentes de la pensée juive, notamment le célèbre savant et philosophe Maïmonide (13e siècle).
peut se targuer d’avoir, dès son instauration, marqué cette journée commémorative par des conférences, des témoignages et des films.
Une exposition à l’Institut du monde arabe de Paris (IMA) De la mi-novembre 2021 à la mi-mars 2022, l’IMA a présenté une grande exposition intitulée : « Juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire ». Vestiges archéologiques, manuscrits anciens, artefacts rituels, costumes, photographies, musiques… 280 œuvres provenant d’importants musées français, israéliens et internationaux évoquant la vie des populations juives du Maroc à l’Irak, de la Tunisie à la Syrie. L’exposition a été subdivisée en 5 parties -1 : Le phénomène de diaspora juive dès l’Antiquité, consécutive à la destruction du second Temple de Jérusalem en 70, et son implantation sur le pourtour méditerranéen, en péninsule arabique et L’histoire sinistre des Sépharades bannis Mais cette longue cohabitation en Mésopotamie. 2 : judéo-musulmane ne fut pas Le temps des dynasties des pays arabo-islamiques doit être idyllique. Pendant plusieurs du monde musulman réhabilitée et racontée au monde entier siècles, les Juifs en terre d’islam et leur contribution furent soumis au statut de importante à « protégé », « Dhimmi », en l’essor culturel Henry Green vertu de la loi islamique sur auquel prendront les communautés, conçue dès l’époque de Mahomet et de ses successeurs, part d’illustres figures du monde juif. 3 : L’exil forcé des les premiers califes. Ils devaient acquitter une taxe spéciale (comme les communautés sépharades de la péninsule ibérique, à la chrétiens) et subissaient de graves discriminations. fin du XVe siècle, qui s’établissent en Europe, au Maghreb et dans l’Empire ottoman. 4 :L’avènement de l’époque La seconde moitié du XXe siècle sera le théâtre de l’arrachement de des Lumières en Europe, prônant des valeurs égalitaires, plusieurs centaines de milliers de Sépharades de leur pays natal. Un exode perçues par les Juifs comme une possibilité de mettre fin forcé, résultat de l’hostilité du monde musulman à l’égard du sionisme dès à leur ghettoïsation dans le monde arabe et d’accéder à la création de l’État d’Israël et de la montée en puissance du nationalisme la modernité. 5 : La vie des communautés juives dans le arabe. Une véritable saignée subie par les communautés juives sur leurs monde arabo-musulman. La conclusion de l’exposition a terres ancestrales. À partir de 1948, du Maroc à l’Égypte et de la Libye au été consacrée à l’exil des Juifs des pays arabes à partir de la Yémen, en passant par l’Irak et la Tunisie, presque 1 million de Juifs vivant fin des années 40 et à la sensible question de leur rapport à dans les pays arabes se sont volatilisés en une génération à peine. Il ne reste la mémoire. aujourd’hui qu’environ 3 000 Juifs dans les pays arabo-musulmans. Regrettablement, la présentation de cette exposition à l’IMA a suscité une vive controverse. Deux cents intellectuels Pendant des décennies ce drame fut enfoui et oublié, rappelle l’un des et artistes arabes du Moyen-Orient et du Maghreb ont meilleurs spécialistes de l’histoire des Juifs ayant vécu dans les pays arabes, adressé une lettre ouverte au président de cette institution l’historien Georges Bensoussan, auteur d’une imposante somme sur ce culturelle, Jack Lang, pour dénoncer le fait que quelques sujet, Juifs des pays arabes. Le grand déracinement 1850-1975 (Éditions Tallandier, pièces de l’exposition provenaient du Musée d’Israël, 2012). reprochant ainsi à l’IMA de présenter Israël « comme un État normal ». L’évocation dans le cadre de cette exposition « Notre principale mission est de faire connaître au niveau international du départ des Juifs des pays arabes a suscité aussi l’ire l’histoire oubliée des Juifs des pays arabes et de l’enseigner aux nouvelles des défenseurs invétérés de la cause palestinienne et des générations. Toute écriture de l’Histoire qui prétend donner vie aux muets militants antisionistes appelant au boycott économique est une écriture de soi, tant c’est aussi la part indicible et muette en soi d’Israël –BDS–. que met au jour l’investigation de mondes disparus. Il ne s’agit donc ni de larmoyer, ni de maudire, ni de communier dans la nostalgie d’une mythique En dépit de cette polémique, l’exposition a connu un grand entente cordiale, mais de comprendre seulement. Et d’entendre pour ce succès en matière de fréquentation. C’est la première fois qu’elles étaient ces violences qui ont nié la dignité des Juifs du monde arabe » qu’une institution promouvant la culture arabe sous tous (cf. entrevue avec Georges Bensoussan, La Voix sépharade, décembre 2015)1. ses angles présentait une exposition entièrement consacrée Depuis 2014, à la suite d’une loi promulguée par la Knesset, l’État d’Israël à l’histoire des Juifs des pays arabes. a décrété le 30 novembre Journée commémorative en mémoire du sort des quelque 900 000 réfugiés juifs des pays arabes et d’Iran du siècle dernier. Tout en étant une gageure, transmettre l’histoire des Juifs Elles ne sont pas encore nombreuses, mais quelques initiatives mémorielles, des pays arabes aux nouvelles générations doit être une qu’on se doit de saluer, ont pour objectif de sensibiliser le grand public, priorité. surtout les non-juifs, à cette tragédie trop longtemps escamotée. La CSUQ
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Le Musée du judaïsme marocain de Casablanca Sur le plan éducatif, le Maroc se démarque notoirement des autres pays arabes au chapitre de l’enseignement de l’histoire de la communauté juive nationale ou de la Shoah, enseignée depuis 2021 dans toutes les écoles du royaume chérifien. Sis à Casablanca, le Musée du judaïsme marocain est indéniablement une exception dans le monde arabo-musulman. C’est l’unique musée juif en terre d’islam. Fondée en 1997 par la communauté juive du Maroc, avec le soutien du ministère marocain de la Culture, cette institution mémorielle est visitée chaque année par des centaines de collégiens et d’universitaires marocains ainsi que par de nombreux touristes provenant des pays arabes du Moyen-Orient. Feu Simon Levy, figure marquante de la communauté juive du Maroc et ancien leader de la gauche marocaine, a été le principal concepteur de ce musée. Cette institution témoigne du riche patrimoine culturel, sociohistorique et spirituel de la communauté juive du Maroc. Les visiteurs peuvent admirer des collections d’objets représentatifs de la vie et de la culture judéo-marocaines : objets de culte, habits traditionnels, outillages des métiers archaïques d’antan, livres anciens écrits en hébreu, ouvrages et traités rabbiniques écrits en judéo-arabe, certains datant de plusieurs siècles… Le projet Sephardi Voices Autre initiative éducative importante dédiée à l’histoire des Juifs des pays arabes : le projet Sephardi Voices —Voix sépharades— (www. sephardivoices.com). Objectif : rappeler l’exil forcé de presque un million de Juifs qui vivaient dans les pays arabo-musulmans après la création de l’État d’Israël, en 1948. Lancé en 2009 par l’historien et sociologue Henry Green, natif d’Ottawa, professeur au département d’Études religieuses de l’Université de Miami, le projet Sephardi Voices s’est donné pour mission de pérenniser la mémoire des Sépharades persécutés, spoliés, déchus de leur nationalité et, bon nombre d’entre eux, expulsés de leur contrée natale par des gouvernements arabes implacables au lendemain de la fondation d’Israël. Sephardi Voices, qui s’est inspiré du projet « Collection Holocauste-Shoah », initié par le célèbre cinéaste américain Steven Spielberg pour recueillir les témoignages oraux des derniers survivants de la Shoah, collige les témoignages de Sépharades natifs des pays arabes du Moyen-Orient et du
Maghreb contraints à l’exil. 250 000 de ces Mizrahim éconduits brutalement hors de leur pays par des chefs d’État arabes trouvèrent refuge dans l’État d’Israël naissant. Henry Green a déjà recueilli plus de 500 témoignages. Son objectif : interviewer 5 000 Sépharades vivant aujourd’hui en Israël, aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne et en France, victimes des politiques discriminatoires et antisémites instituées par les gouvernements arabes à la fin des années 40. Henry Green est invité régulièrement dans des écoles juives d’Amérique du Nord et d’Israël pour présenter son projet mémoriel. En 2015, il le présenta aux élèves de secondaire 4 de l’École Herzliah de Montréal. Il leur transmit alors le message suivant : « Vous êtes non seulement les héritiers du magnifique héritage que les Juifs expulsés des pays arabes nous ont légué, vous devez être aussi ceux qui assureront la pérennité de cet héritage pour que celui-ci ne tombe jamais dans l’oubli. L’histoire sinistre des Sépharades bannis des pays arabo-islamiques doit être réhabilitée et racontée au monde entier. On ne peut pas continuer à taire cette grande tragédie et injustice » (cf. The Canadian Jewish News, 21 mai 2015). Henry Green et Richard Stursberg publieront ce printemps un livre réunissant les témoignages de Juifs ayant quitté les pays arabes, illustré de nombreuses photos : Sephardi Voices : The Forgotten Exodus of the Arab Jews (Figure 1 Publishing). L’Association des amis du Musée sépharade de Paris (AMUSSEF) Une autre belle initiative mémorielle : l’Association des amis du Musée Sépharade de Paris —AMUSSEF— (www.amussef. org). Fondée et présidée par Hubert Lévy-Lambert, Ashkénaze de souche, l’AMUSSEF a pour objectif de présenter l’histoire des Juifs ayant vécu naguère dans des pays méditerranéens et orientaux : Afghanistan, Algérie, Arabie saoudite, Égypte, Espagne, Éthiopie, Grèce, Irak, Iran, Italie, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Pakistan, Portugal, Soudan, Syrie, Tunisie, Turquie, Yémen. Faire exister ce qui n’est plus, en retraçant l’histoire et la culture de ces communautés juives disparues en quelques années sans faire de bruit.
1.http://lvsmagazine.com/2015/12/le-grand-exode-oublie-des-juifs-des-pays-arabes/
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« L’exode silencieux des réfugiés juifs des pays arabes et d’Iran » un documentaire réalisé au Québec Elias Levy Au lendemain de la Shoah, entre 1945 et 1970, une civilisation de vingt siècles a disparu. Du Maghreb à l’Iran, en passant par l’Égypte, le Liban, l’Irak et le Yémen, les Juifs vivant dans le monde arabomusulman ont été contraints d’emprunter le chemin douloureux de l’exil. Tel fut le destin de quelque 900 000 Sépharades originaires de onze pays musulmans. Un documentaire remarquable et des plus instructifs, « L’exode silencieux des réfugiés juifs des pays arabes et d’Iran », évoque ce drame occulté pendant plusieurs décennies à partir de témoignages percutants de Sépharades originaires d’Iran, d’Égypte, d’Irak, du Liban, d’Algérie… ayant subi les affres de cet exil forcé et vivant à Montréal. Réalisé par Mikael Ohana et coproduit par la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ) et le Consulat général d’Israël à Montréal, ce documentaire, présenté pour la première fois en 2020 dans le cadre du Festival Séfarad de Montréal, sera utilisé prochainement comme outil pédagogique dans les écoles juives afin de sensibiliser leurs élèves à ce grand drame humain. Nous relatons dans cet article quelques-uns de ces témoignages. Native de Bagdad, Lisette Shashoua se remémore la détérioration continue des conditions de vie des Juifs et du climat de haine ambiant qui régnait en Irak dans les années 50. Les Juifs irakiens avaient déjà été victimes de persécutions antisémites meurtrières, notamment en 1929 et 1941, année sinistre marquée par un effroyable pogrom, le Farhoud, au cours duquel 180 Juifs furent assassinés et quelque 500 commerces juifs pillés ou incendiés. Les gouvernements successifs irakiens de l’après-guerre instaurèrent une série de mesures discriminatoires à l’encontre de la communauté israélite : licenciements massifs des fonctionnaires juifs; harcèlement des commerçants juifs, toute entreprise appartenant à un Juif devait avoir comme copropriétaire un musulman; des dispositions légales restreignant l’accès des Juifs à l’enseignement public et à l’enseignement supérieur; spoliation de leurs biens et avoirs; impossibilité d’obtenir un passeport pour sortir du pays…
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« Les Juifs vivaient dans la peur. Ils étaient devenus les otages de gouvernants qui affichaient leur antisémitisme ouvertement. » Lisette Shashoua, Juive née en Irak « Les Juifs vivaient dans une peur permanente. Ils étaient devenus les otages de gouvernants qui affichaient leur antisémitisme ouvertement. La communauté juive d’Irak, l’une des plus vieilles du Moyen-Orient, qui comptait 150 000 âmes en 1950, fut contrainte à l’exil dans des conditions pitoyables et humiliantes. Les Juifs ont dû abandonner tous leurs biens et propriétés. Ils ont été victimes d’une spoliation massive. La politique antisémite des gouvernements irakiens successifs se poursuivit jusqu’à la libération de ce pays du joug de Saddam Hussein au début des années 90 », raconte Lisette Shashoua. Tout en se considérant comme une « réfugiée juive chassée de son pays natal », Lisette Shashoua rappelle qu’elle n’a jamais eu les droits d’un réfugié, n’ayant jamais reçu un seul centime d’indemnisation de la part de l’Irak ou d’un des organismes de l’ONU chargés d’aider les réfugiés. « J’ai retrouvé ma dignité en travaillant très fort dans le généreux pays qui m’a accueilli, le Canada. » Née au Caire, Rose Simon Schwartz garde des souvenirs amers de son départ définitif d’Égypte, en 1963. Plus de trois millénaires de présence juive dans le pays des Pharaons se sont achevés d’une manière brutale, rappelle-t-elle. « Les Juifs d’Égypte étaient extrêmement bien intégrés dans la société égyptienne, jadis très cosmopolite. Ils ont contribué significativement à la vie économique et à la culture du pays. Ils étaient propriétaires de grands magasins, ont joué un rôle majeur dans la littérature et la musique égyptiennes… Togo Mizrahi, directeur, producteur et acteur juif renommé, fut l’une des figures marquantes du cinéma égyptien… »
Histoire sépharade : des trésors trop bien cachés
Mais une pléthore de mesures administratives antisémites, accentuées sous le régime de Nasser, encouragèrent les Juifs à partir. « Le départ forcé de ma famille en 1963 fut indéniablement un événement traumatisant. On nous a expulsés quasi manu militari. Les autorités égyptiennes nous ont fait savoir très clairement : « Vous quittez, vous ne serez plus autorisés à revenir en Égypte ». Mon père était très bouleversé. Établis en Égypte depuis plusieurs millénaires, les Juifs ont été injustement chassés et obligés de laisser derrière eux tous leurs biens et propriétés. » Rose Simon Schwartz se considère comme une « réfugiée juive ». « Probablement par orgueil, la majorité des Juifs égyptiens récusent le qualificatif de « réfugié ». Ils ont définitivement tourné, sans rancœur, la page de ce triste chapitre de leur vie. Au lieu de perpétuer leur amertume, ils ont préféré tabler sur l’avenir et bâtir une nouvelle vie sous des cieux plus cléments. Mais, force est de rappeler que quand on vous met à la porte, avec un ultimatum de 48 heures, en ayant le droit de prendre seulement une valise et une petite somme d’argent, je considère que vous êtes un réfugié. » Née à Shiraz, ville située dans le centre-sud de l’Iran, Sima Goel garde un souvenir impérissable d’un événement qui la bouleversa profondément alors qu’elle était une adolescente : le 16 août 1978, elle écouta à la radio nationale que des islamistes avaient, après avoir barricadé les portes, mis le feu à un cinéma dans la ville d’Abadan : 400 personnes périrent. Elle comprit ce jour-là que c’était la fin d’une vie paisible pour les Juifs d’Iran. L’accession de l’Ayatollah Khomeini au pouvoir ne fit qu’alourdir l’atmosphère de crainte et de terreur dans laquelle la communauté juive iranienne vivait. En 1982, Sima Goel, âgée de 18 ans, et ses deux sœurs s’enfuirent clandestinement vers la frontière avec le Pakistan. Un long et éprouvant parcours semé d’embûches. Les passeurs, fortement rémunérés par ses parents, leur avaient fait croire qu’après une marche d’une vingtaine de minutes, une voiture les attendrait pour les emmener jusqu’à la frontière pakistanaise. On les a bernés. Elles ont dû marcher pendant vingt heures et gravir de nombreuses collines autour desquelles rôdaient des contrebandiers, des trafiquants de drogues et des kidnappeurs… Les trois sœurs séjournèrent huit mois au Pakistan avant de pouvoir émigrer au Canada. « La vie des non-musulmans était devenue un véritable enfer. Quand l’Ayatollah Khomeini arriva au pouvoir, toute ma famille était terrorisée. Les femmes juives craignaient que leurs visages soient aspergés d’acide si par malheur elles laissaient entrevoir dans la rue un minuscule fragment de leur chevelure. Nos opinions n’avaient plus aucune valeur dans ce système totalitaire où la notion de liberté avait complètement disparu. Nous avons eu la chance de pouvoir rebâtir une vie décente dans ce grand pays de liberté qu’est le Canada », relate Sima Goel. Tout en se considérant comme une « réfugiée juive », cette survivante de l’implacable système khomeiniste n’a jamais envisagé de réclamer auprès des Nations Unies le statut de « réfugiée ». « Quand l’ONU vous attribue ce statut, vous demeurez un réfugié pour le reste de votre vie. Moi, je voulais étudier et faire quelque chose d’utile dans ma vie. C’est ce que j’ai fait » Elle exerce aujourd’hui le métier de chiropraticienne. Spécialiste de l’histoire des Juifs ayant vécu dans les pays arabes, l’historien Georges Bensoussan, qui a participé à ce documentaire, nous livre son avis sur le statut des Juifs contraints à l’exil par les gouvernements arabes : peut-on les qualifier de « réfugiés politiques »? « Au sens étroit du terme, non1. Mais si on admet dans la catégorie « réfugiés politiques » des hommes et des femmes qui partent parce qu’à un moment donné leur sécurité n’est plus garantie dans leur pays de naissance, alors on peut dire que la quasi-totalité des Juifs du monde arabe relèvent de cette définition. Il y a quasiment dans tous les cas de figure cette dimension de peur et de crainte de l’avenir, leur sécurité n’étant plus du tout assurée. C’est criant dans
Lisette Shashoua, réfugiée d’Irak, et son mari
le cas de l’Égypte de 1956, de l’Irak du début des années 50 ou de la Lybie de 1951, et plus encore de la Syrie. C’est beaucoup plus subtil bien sûr dans le cas du Maroc ou de la Tunisie. » Né en Tunisie, Jacques Saada, ancien ministre fédéral et actuel président de la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ), qui quitta avec sa famille son pays natal après l’indépendance de celui-ci, estime que dans ce dossier historique épineux, la nuance est nécessaire afin de ne pas décrédibiliser le narratif historique des Sépharades exilés des pays arabes. « S’agissant de situations différentes en fonction du pays, nous devons éviter les amalgames. Cependant, une réalité est irrécusable : nous avons dû quitter nos terroirs ancestraux par crainte de persécution. Il ne s’agissait pas de craintes aléatoires ou improvisées, mais de craintes réelles. » Jacques Saada estime que l’ONU a été injuste envers les Juifs forcés à l’exode. « Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui prodigue une aide à tous les réfugiés de la planète, et qui a créé un organisme spécial pour les réfugiés palestiniens, a refusé de reconnaître le statut de « réfugiés » aux Juifs originaires des pays arabes alors que la situation historique de ces derniers correspond à la définition établie par l’ONU. C’est une injustice. C’est pourquoi il est impératif de rappeler au monde ce drame vécu par presque un million de Sépharades et de maintenir vivante la flamme de cette mémoire. » Pour Jacques Saada, ce devoir de mémoire est fondamental. « Il est de notre devoir de transmettre à nos descendants cette histoire, pas seulement dans les écoles et à travers des livres, mais aussi au sein de nos familles. Nous sommes le produit de cette histoire occultée pendant trop longtemps. Ne pas faire connaître cette histoire aux prochaines générations, c’est se priver de la connaissance d’une partie cardinale de notre identité. » Sylvain Abitbol, coprésident de JJAC (Justice pour les Juifs des pays arabes), souligne l’ampleur de ce processus de spoliation : plusieurs milliards de dollars. En 2017, JJAC a commandité un audit des biens et avoirs spoliés aux Juifs dans les pays arabes, réalisé par une firme comptable privée internationale. « Les Palestiniens réclament une justice financière pour les biens qu’ils ont perdus. Des centaines de milliers de Sépharades spoliés et déplacés de force doivent aussi avoir droit à cette justice. Si on veut parvenir à une paix juste et équitable entre Israéliens et Palestiniens, c’est un principe de base qui ne doit plus être ignoré. »
1. En effet, la définition de « réfugié politique » de l’ONU stipule clairement que ces derniers après avoir fui leur pays « exigent une protection internationale ». Les Juifs ayant quitté les pays arabes n’ont jamais « exigé » cette protection, la grande majorité d’entre eux n’ayant pas été accueillis comme réfugiés dans les pays où ils ont rebâti leur vie, notamment en Israël.
LVS mars 2022
Poétesses, dramaturges et paytaniot sépharades au cours de l’histoire Sophie Bigot-Goldblum Bien qu’évoluant dans des sociétés dominées par les hommes, nombreuses sont les femmes séfarades à avoir pu et su marquer l’histoire de leur sceau. Si la puissante Doña Gracia Nasi (1510–1569) est restée célèbre pour son sens diplomatique, la réputation d’érudite de Flora Sasson (1859 –1936) n’est plus à faire comme en témoigne sa correspondance des plus pointues avec le Ben Ish Hai, l’un des plus grands rabbins de la fin du XIXe siècle. Et il ne faudrait pas oublier le rôle de bienfaitrice que jouèrent des femmes comme Benvenida Abravanel (XVIe siècle), célèbre pour avoir libéré un grand nombre de prisonniers, ou plus tard Lady Judith Montefiore au XXe siècle, qui tint les rênes de la fondation caritative financée par son célèbre époux. À l’ombre de ces grandes figures, d’autres s’illustreront dans les sphères littéraires et artistiques. Ce sont ces poétesses, paytaniot1 et parfois dramaturges que nous vous proposons de découvrir ici.
et les communautés, puisque ses poèmes furent publiés dans une anthologie égyptienne du XVe siècle. De sa vie on sait peu de choses, si ce n’est qu’elle grandit en Andalousie. Certains lui prêtent Shmuel Hanagid en personne pour père, d’autre un certain Ibn Bagdala. Mais si l’Espagne est sans conteste la mère patrie de la poésie juive, c’est en Italie qu’un grand nombre de poétesses vont voir le jour. C’est le cas de Devora Ascarelli, (1555-1608), née dans
Notre voyage commence au Yémen, à la lisière de la légende : Sarah la Yéménite aurait vécu au VIe siècle, elle composa une eulogie à la suite de la défaite de sa tribu, les Banu Qurayza, les Juifs de Médine, face aux tribus arabes. Ce poème fut compilé dans le Kitab al-Aghani – le livre des chants, compilation monumentale de poésie de langue arabe datant du Xe siècle. Contemporaine de la naissance de l’Islam, on raconte que Sarah mourut au cours de la guérilla à laquelle elle prenait part contre Mohammed. C’est désormais vers l’Espagne médiévale que nous embarquons, sur la terre qui verra naître parmi les plus grands poètes juifs : Ibn Gabirol, Ibn Ezra, Samuel Ha Nagid et bien sûr Yehuda Halevi. Si c’est en Andalousie que ces poètes vont développer leur œuvre, ce n’est pas sans rapport avec la métrique arabe, où la poésie se déclame en arabe comme en hébreu. Après l’invasion musulmane de 711, l’arabe devient la langue vernaculaire des Juifs. Par son truchement, c’est le monde des sciences, de la philosophie... et de la poésie arabe qui s’ouvre à eux. Dunash ibn Labrat au Xe siècle sera celui qui introduira la métrique arabe dans la poésie hébraïque, et sera considéré comme le père de la poésie juive andalouse. Né, dit-on, à Fez, il part étudier auprès des Sages de Babylone, avant d’être appelé à Cordoue par Hasdai Ibn Shaprut. Mais si l’auteur de Dor Yikra nous intéresse tant, c’est en raison de sa femme. En effet, cette dernière, délaissée lors des voyages de son époux, lui compose cette poignante lamentation traduite par nos soins : « Se souviendra-t-il de sa gracieuse biche [Portant] son unique enfant au bras, le jour de leur séparation? Il avait placé le sceau2 de sa droite sur sa gauche, Et elle avait placé son bracelet à son poignet Elle avait pris son manteau en gage, comme il avait pris le sien. (…) » Comme c’est souvent le cas, on avait d’abord attribué ce poème à un auteur masculin, Dunash lui-même. Mais un nouveau manuscrit, datant du XIe siècle, fut trouvé dans la Geniza du Caire qui contenait également une réponse du poète à son épouse délaissée dans laquelle il complimente sa sagesse et la rassure de son amour et de sa fidélité. Il semblerait que cela ne fut pas que vaines paroles, et que Dunash regrettait sincèrement son exil : dans un autre fragment retrouvé dans la Geniza, on lit : « Je n’ai récolté ni raisins, et je ne récolterai point de graines, J’ai trahi une jeune épouse; une lettre de divorce je lui ai envoyé J’ai abandonné mon héritage et délaissé le fils qu’elle m’a donné » De même que les femmes musulmanes s’étaient emparées de la poésie, certaines femmes juives vont composer en langue arabe. C’est le cas de Kasmunah (XII-XIIe), dont le talent fut reconnu par-delà les frontières DOSSIER SPÉ SPÉCIAL
une des grandes familles du ghetto de Rome, elle traduisit des parties du Mahzor, livre de prières, en italien, y ajoutant ses propres compositions poétiques. Ce choix de traduire la liturgie de Yom Kippour n’est pas anodin. En effet, après avoir fui l’Espagne et ses persécutions, la famille Ascarelli rejoint l’Italie, où l’Église, moins d’un siècle après l’Expulsion des Juifs d’Espagne, n’a de cesse de tourmenter les Juifs : mise en place d’une Inquisition (1542), établissement d’institutions dédiées à l’évangélisation des Juifs, kidnapping d’enfants juifs, autodafés du Talmud (1553), établissement d’un ghetto à Rome (1555). Devora vivra dans sa chair la descente en enfer de sa communauté : chacun à leur tour, les membres de sa famille se convertissent, plus ou moins de mauvais gré. Ses propres enfants lui seront même arrachés. Moins dramatique fut le parcours de Sarra Copia Sullam (1592-1661). C’est, sans surprise, dans l’effervescence artistique et intellectuelle de la cité des doges à Venise que la polémiste et écrivaine tient salon au début du XVIIe siècle. Peu après la découverte du poème épique intitulé Ester, Copia Sullam contacte son auteur pour le féliciter. S’entame alors une correspondance entre la poétesse et le dramaturge, prêtre de son état, Ansado Cebà. S’ils ne se rencontrent jamais, les deux personnages ne sont pas dupes de la valeur intellectuelle et littéraire de leurs échanges : leurs lettres sont déclamées dans les salons mondains, et seront plus tard publiées. Pour autant, les fréquentations de Copia Sullam avec de proéminents intellectuels chrétiens lui causent quelques soucis. Un autre prêtre, le poète Baldassare Bonifaccio l’accusera publiquement
Histoire sépharade : des trésors trop bien cachés
de nier le principe de l’éternité de l’âme – accusation à laquelle elle répondra avec brio en rédigeant un manifeste puisant aussi bien dans les Écritures que chez Dante et Aristote. Mais Bonifaccio, dans une tradition misogyne bien connue, dénigrera ce texte en prétextant les « émotions excessives » de son auteure, et ira paradoxalement jusqu’à affirmer que le manifeste ne peut qu’être le fruit d’un homme – témoignant inconsciemment de la qualité qu’il lui reconnaissait. Plus tard, des jaloux l’accuseront de plagiat, lui inventeront des amants, et rédigeront une grotesque pièce visant à l’humilier. Qu’importe, Copia Sullam marqua les esprits par sa verve et son talent. Si certains hommes ne purent supporter de se voir dépasser par une femme, d’autres sauront lui témoigner reconnaissance. C’est le cas du Rabbin Vénitien Leon Modena, qui lui dédie une pièce. Enfin, impossible de prétendre présenter les écrivaines juives italiennes sans présenter Rachel Morpurgo, (1790-1871) qui incarna le tournant hébraïque que prend la poésie juive italienne à la fin du XVIIIe siècle. Née dans une famille de notables, elle étudie, aux côtés de ses frères, la Bible et ses
Quittons maintenant l’Europe, et embarquons pour le Maghreb, sur les traces de la première femme jamais publiée en Algérie : Berthe Bénichou-Aboulker (1886–1942). Née dans une des grandes familles d’Oran, dont son père est le président de la communauté, elle descend par sa mère du Rashbaz, Rabbi Simeon ben Zemah Duran (XVe). Berthe allie à une instruction juive solide une éducation française bourgeoise : elle joue de la musique, chante et peint. Si elle publie une méditation sur les livres saints, c’est sa première pièce, La Kahéna, du nom de cette reine juive berbère plus ou moins fantasmée qui sera son plus grand succès. Mais peu après sa parution en 1933, la guerre éclate, et Berthe et les siens s’engagent dans la Résistance. Sa fille, Colette, sera décorée de la Croix de Guerre. Dans Pays de flamme, elle chante les louanges d’une terre qui sait allier les peuples : « Tout croît intensément sur ton sol Algérie! Arbres, fleurs et blé d’or protégés par Cérès, Fruits juteux, fruits de chair : Fatma, Rachel, Inès, Zohra la mulâtresse ou la blanche Marie. » Si les séfarades se sont de tout temps distingués dans l’art du piyout, cette poésie liturgique qui accompagne la prière, il ne faudrait pas oublier les contributions apportées par les femmes séfarades à cette discipline. La célèbre Osnat Barazani, qui dirigea de facto une yeshiva, une académie talmudique, au Kurdistan au XVIIe siècle, composa également des piyoutim4. Freha Bat Avraham fut également une de ces paytaniot. Née au début du XVIIIe siècle, elle dut s’enfuir de son Maroc natal pour la Tunisie. Les compositions de la Rabanit Freha – c’est ainsi qu’on l’appelait – révèlent une parfaite maîtrise des sources juives. Ses appels au retour à Sion ne sont pas sans rappeler le style d’un Yehuda Halevi et son célèbre « mon cœur est à l’orient ». La synagogue que son père édifia en son nom devient rapidement un lieu de pèlerinage en Tunisie.
commentaires, mais aussi le Talmud dès l’âge de 14 ans, les classiques de la pensée juive médiévale ainsi que l’italien et les mathématiques. Son cousin, le célèbre Shadal, lui offrira une copie de Zohar, œuvre qui influencera ses écrits postérieurs. La vie de Morpurgo, comme celle de tant des auteures ici présentées, est une triste incarnation des rouages par lesquels les femmes furent empêchées d’écrire que Virginia Woolf sut si bien disséquer dans son célèbre Une Chambre à Soi. Si le talent de Rachel Morpurgo était manifeste, son époux lui interdit d’écrire dès leur mariage, en dehors des jours de Rosh Chodesh, ou tard le soir, à l’abri des regards. Elle ne fut publiée qu’après sa mort, et ne connut qu’une reconnaissance posthume quand celui qui deviendra grand rabbin de Rome, Vittoria Castiglioni – publia un recueil de ses poèmes, accompagné d’une biographie sous le titre de Ugav Rahel, en 1890. Mais n’allons pas croire que seule l’Italie sut produire des poétesses. De l’autre côté de la Manche, en Angleterre des femmes juives emboîtent le pas de Jane Austen. C’est le cas de Grace Aguilar (1816 -1847) qui publie notamment Les femmes d’Israël, où elle tâche de défendre le judaïsme des accusations de misogynie de la bourgeoisie anglicane qui l’entoure. Sa mort, à 31 ans à peine, fit peut-être davantage de bruit aux États-Unis, dans le balbutiement du mouvement des suffragettes. Diverses sociétés de femmes déplorèrent ainsi la disparition « de cette championne de notre foi contre le grand Préjudice3 ».
Cette tradition de femmes paytaniot est plus vivante que jamais, et l’on peut aujourd’hui écouter les voix magnifiques des paytaniot et h’azaniot (chantres) Hadas Pal Yarden et de Yahala Lachmish dans la communauté de Tzion à Jérusalem, ou encore se laisser bercer par la voix de Maureen Nehedar, dont les chants enivrants ont fait redécouvrir la tradition judéopersane en Israël. Conclusion Ici s’arrête notre voyage à travers les siècles et les terres, pour cette fois. De « la femme de Dunan », à jamais réduite à être l’épouse de quelqu’un, jusqu’à Elissa Rhaïsn, juive algérienne, qui se fit passer pour musulmane et rédigea des romans à succès – et Selina Dolaro – qui quitta son mari et l’Angleterre pour faire carrière à Broadway –, ces femmes n’ont de commun, outre leur talent, que d’avoir vu leurs œuvres attribuées à des hommes, et de s’être vues si souvent refuser le droit d’exercer leur art par des époux soucieux des convenances. Nous renvoyons les lectrices et lecteurs à la fabuleuse compilation The JPS Guide to Jewish Women, dont on espère voir un jour une traduction française, ainsi qu’aux travaux de la professeure Renée Levine Melammed, à qui cet article doit tant.
1. Le piyout est un poème liturgique destiné généralement à être chanté (ndr) 2. Le sceau était une forme d’alliance. Selon les usages de l’époque, l’homme donnait le « guet », l’acte de divorce avant de partir en voyage de crainte de ne pouvoir rentrer s’il avait un accident. D’ailleurs dans sa réponse, Dunash ibn Labrat, y fait allusion (voir ci-dessous dans le texte). 3. À entendre l’antisémitisme. 4. Voir Gabriel Abensour, « R. Osnat Barazani – la Tanaïte du Kurdistan juif », LVS, Mars 2020, https://lvsmagazine.com/2020/03/r-osnat-barazani-la-tanaite-du-kurdistan-juif/
LVS mars 2022
La dispersion des Juifs sépharades en Europe : déracinement géographique et ancrage culturel Eric Yaakov Debroise Le décret d’Alhambra, des Rois Catholiques, le 31 mars 1492, met fin à la Convivencia1 de la péninsule ibérique médiévale. Par ce décret, contraints de quitter leurs terres ancestrales, c’est le début pour les Sépharades de leur dispersion géographique, mais aussi de la diffusion de leur culture, de leur langue, de leurs savoirs à travers l’Europe, le Moyen-Orient et le monde. Malgré une histoire brillante, une influence notable dans l’histoire médiévale chrétienne et musulmane, l’histoire sépharade resterait encore largement méconnue. Elle dispose pourtant de nombreux pans cachés dont nous vous proposons la découverte partielle et succincte à travers leur histoire2. Nous soulignons que ce tour d’horizon s’intéresse principalement à l’Europe bien qu’il y aurait de nombreuses choses à dire sur les Juifs sépharades dans les Amériques. Des origines sépharades Les Sépharades (de l’hébreu) selon le Larousse sont : « […] toutes les populations juives du Moyen-Orient et d’Afrique, désigne, à proprement parler, les descendants des réfugiés d’Espagne et du Portugal qui, au cours du XVe siècle, furent contraints par la persécution de quitter la péninsule Ibérique3. » Définir, c’est préciser, mais aussi parfois trahir la complexité de l’ordre des choses. Cette définition du Larousse n’est pas tout à fait adéquate. En l’occurrence, elle classe dans une relation binaire le monde juif entre Sépharades d’un côté et Ashkénazes de l’autre, négligeant dès lors l’existence des autres communautés juives à travers le monde n’appartenant pas à ces deux sphères culturelles. Néanmoins, elle a le mérite de rappeler l’origine géographique des Sépharades soit, la péninsule ibérique. Par extension, le terme Sépharade désignera toutes les populations originaires de l’Afrique du Nord, voire plus4. La caractéristique géographique des Juifs sépharades se retrouve aujourd’hui dans la linguistique hébraïque. On qualifie toute personne hispanophone en disant qu’elle parle Sfardi. Pourtant, l’histoire des Juifs de la péninsule ibérique est bien plus ancienne que le XVe siècle. En voici un bref survol. Sous l’Empire romain, les Juifs sont présents dans la péninsule ibérique tout comme en Gaule. À partir des invasions barbares et de la chute de l’Empire romain d’Occident, les Juifs passent sous la domination du royaume des Wisigoths. Peu à peu, le royaume se christianise avec cette particularité que les Wisigoths sont des chrétiens ariens, c’est-à-dire un christianisme non trinitaire. Sous le règne du roi Récarède (586-601), les Wisigoths adoptent le christianisme trinitaire. En 612, une première loi religieuse est adoptée dans le royaume pour contrer l’arianisme et affirmer le dogme trinitaire, cela pose les jalons de futures persécutions. En effet, malgré la Lex wisigothorum inspirée du droit romain qui établit l’intégrité et l’égalité de tous les sujets, en 694 éclate une persécution de grande ampleur contre les Juifs du sud de la péninsule ibérique. Sous l’autorité du roi Égica qui se méfie des Juifs et pense qu’ils conspirent avec les musulmans, le XVIIe Concile de Tolède5 décrète leur asservissement et la confiscation de leurs biens6. En 711, les Juifs de la péninsule passent sous la domination musulmane. Les Juifs sont soumis à la dhimma, un statut d’infériorité juridique distinctif entre le musulman et le non-musulman. Entre le VIIIe et le XIIe siècle, c’est l’âge d’or de la vie culturelle et religieuse sépharade qui s’épanouit entre l’administration musulmane et chrétienne. Les Juifs de la péninsule ibérique au carrefour de deux civilisations sont des passeurs de savoir. » DOSSIER SPÉ SPÉCIAL
Cette période prend fin au XIIe siècle avec l’invasion musulmane de la dynastie des Almohades. Des persécutions éclatent contre les chrétiens et les Juifs. Maïmonide, par exemple, pour ne pas avoir à abjurer sa foi, se réfugiera en Égypte. Par la Reconquista, l’administration chrétienne affirme son pouvoir par le décret d’Alhambra7 signé par Isabelle et Ferdinand, les rois Catholiques, le 31 mars 1492, lequel met fin à la présence juive et musulmane en péninsule ibérique médiévale. Dès lors, les Juifs de la péninsule ibérique doivent quitter au plus tard le 31 juillet 1492 l’Espagne sous peine de mort et de saisie de leurs biens. Les conditions de départ sont sévères, il est notamment interdit de quitter le territoire avec de l’or, de l’argent ou toutes autres formes de devises. Pour ne pas être soumis au décret, il est permis aux Juifs de la péninsule ibérique de se convertir au catholicisme. Les efforts des « Juifs de la Cour », notamment de Don Isaac Abravanel et du Rabbin Abraham Senior, pour abroger ce décret, seront vains et n’aboutissent qu’à repousser l’échéance de deux jours. Ainsi, le décret d’Alhambra est appliqué le 2 août 1492, coïncidant avec la date du 9 Av 5252, jour de jeûne commémorant la destruction du Premier et du Second Temple. C’est le début de la « diaspora » sépharade! Une « diaspora » sépharade : une dispersion géographique étendue Des suites du décret d’Alhambra, les chiffres des conversions au christianisme ne sont pas clairement établis par les historiens et nous n’entrerons pas dans ce débat. Néanmoins, le Rabbin Abraham Senior et Don Isaac Abravanel sont un exemple de ce qui a pu se dérouler à l’échelle de la péninsule ibérique. Abraham Senior décide de se convertir. Malgré la conversion forcée de nombreux Juifs, les « convertis » seront persécutés par l’Inquisition espagnole, parfois jusque dans le Nouveau Monde. En cause, le maintien des traditions hébraïques par les convertis. Au contraire de Senior, Abravanel refuse la conversion et s’installe tout d’abord au Portugal pour terminer sa vie en Italie. Ainsi, de nombreuses familles sont brisées, éparpillées dans différents royaumes et territoires. • Le Portugal À l’instar d’Abravanel, les historiens estiment que près de 100 000 Juifs s’installèrent au Portugal à la suite du décret d’Alhambra. À cette époque, le royaume du Portugal comptait moins d’un million d’habitants. L’afflux des réfugiés a accru considérablement la proportion des Juifs au Portugal. Perçue comme une menace, la politique de la royauté portugaise s’aligne sur celle de l’Espagne et en 1496-1497, elle donne le choix entre la conversion et l’expulsion. L’épuisement d’une communauté déjà fragilisée par l’expulsion d’Espagne entraîna de nombreuses conversions. Des convertis au christianisme, une résistance spirituelle s’organise. Les « nouveaux chrétiens » tels qu’ils sont appelés sont soupçonnés de judaïser, c’est-à-dire de continuer à pratiquer les coutumes et traditions juives. L’Inquisition tenta par l’intimidation et la terreur de mettre fin à ses pratiques. Néanmoins, ces « nouveaux convertis » ont su être imaginatifs pour conserver leur attache au judaïsme. Pour l’anecdote culinaire, les
Histoire sépharade : des trésors trop bien cachés
Farinheira, ces saucisses du nord du Portugal à base de volaille, farine et pain, seraient d’origine juive. Elles ont toutes les caractéristiques extérieures d’une saucisse de porc, mais respectent toutes les exigences halakhiques de la loi juive, de la cacherout. • La France Pour éviter la conversion forcée, un certain nombre de Sépharades quittèrent le Portugal pour rejoindre les communautés florissantes de la Provence et du Languedoc, au sud de la France. D’autres s’installèrent à Bordeaux. Une fois la menace de l’Inquisition éloignée, ils peuvent reprendre leur vie juive. À Bordeaux, les aptitudes commerciales des Sépharades sont reconnues. Des familles bâtissent de véritables lignées dont l’une des plus célèbres est la maison Gradis. Les Gradis, famille juive sépharade et portugaise, est installée à Bordeaux depuis 1495. Ils contribuèrent à l’essor des rapports commerciaux entre le royaume de France et ses possessions d’Amérique. Ils participèrent aussi à la guerre économique qui opposa la France et le Royaume-Uni pendant la Guerre de Sept Ans (17561763) notamment en approvisionnant la Nouvelle-France. Malgré des cas notables dans l’histoire de France, la situation des Juifs n’a pas toujours été favorable en raison des expulsions et des persécutions du XIIe au XIVe siècle, mais aussi des affrontements politiques entre les seigneurs et les Croisades. Les Juifs du sud de la France sont réputés pour leur excellent sens du commerce, mais ils ont aussi été surtout appréciés pour leur pratique de la médecine et leurs connaissances des savoirs du monde antique. Une famille réputée dans ces deux domaines se démarqua, les Tibonnides. Les Tibonnides sont une famille provençale de rabbins, de médecins, d’intellectuels et traducteurs. Le plus connu est Samuel Ibn Tibbon pour sa traduction de l’arabe à l’hébreu du Guide des Égarés de Maïmonide.
Des Juifs de France, il y aurait tellement à écrire en mentionnant aussi les Juifs sépharades d’Avignon et du Comtat venaissin. La littérature juive souvent ignorée ou inconnue par nos contemporains a été l’une des plus florissantes de l’histoire du Moyen-Âge. • Le Maroc Le Maroc est le cas le plus connu parmi l’univers sépharade. Installés de longue date à Meknès, Rabat ou encore Salé, avec l’arrivée des Juifs de la péninsule ibérique, les Sépharades formeront l’une des communautés les plus populeuses du monde islamique. Cette communauté est reconnue pour ses qualités artisanales, notamment l’orfèvrerie, ses centres d’étude et ses personnalités religieuses reconnues telles que Baba Salé, Rabbi Chaïm ben Attar ou Rabbi Yitzchak Abuchatzira pour n’en citer que quelques-uns. Au XXe siècle, les Juifs marocains sont près de 250 0008. Après la Seconde Guerre mondiale, la communauté juive marocaine devient rapidement résiduelle avec de nombreux départs en France, en Israël et au Canada. Aujourd’hui, il ne reste plus que 2 000 juifs au Maroc. Malgré tout, les Juifs marocains demeurent fortement attachés au Maroc. • L’Empire ottoman et les Balkans En 1492, le sultan Bayezid II (1481-1512) envoie l’amiral Kemal Reis pour soutenir les musulmans de Grenade. Finalement, cette flotte navale permettra de sauver de nombreux musulmans et Juifs des persécutions des Rois Catholiques. L’arrivée de nombreux Juifs d’Espagne et du Portugal à Constantinople (Istanbul) contribuera à l’essor du pouvoir ottoman par l’apport des connaissances juives dans le domaine naval et des puissances européennes en présence. Joseph Nassi est de ces juifs de Cour et d’administration. Il conseille le sultan Selim II sur la politique étrangère. Il négocie la paix avec la Pologne, encourage les Pays-Bas à rompre avec l’Espagne, incite l’Empire ottoman à déclarer la guerre à Venise. De cette guerre, Chypre tombe dans le giron ottoman. La satisfaction du sultan à l’égard de Joseph Nassi est telle qu’il est nommé seigneur de Tibériade. Il reconstruira la ville et les murs grâce au soutien financier du sultan, il souhaite faire de Tibériade un centre textile pour intéresser les Juifs à s’installer dans la région.
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Sous l’autorité ottomane, la communauté juive des Balkans va prospérer notamment avec l’installation des familles juives de la péninsule ibérique. Cette communauté demeurera assez faible en importance numérique, cependant elle contribuera au renforcement des routes commerciales des côtes de l’Adriatique, de l’Italie à l’Empire ottoman. Les Juifs de l’Empire ottoman ont représenté près de 10 % de la population de la capitale à la suite de leur départ de la péninsule ibérique. Avec un antisémitisme culturel fort et ambiant, et avec l’opposition permanente à l’État hébreu des islamistes au pouvoir, la vie juive en Turquie est difficile. Il ne resterait en Turquie que 15 000 juifs. • La Grèce Les Juifs de Grèce sont très largement méconnus de l’histoire juive. Ils sont appelés les Juifs Romaniotes, Juifs de culture et de langue grecque. Avec l’arrivée en grand nombre des Juifs de la péninsule ibérique, ils s’assimilent peu à peu à cette dernière et adoptent le rite sépharade. La Seconde Guerre mondiale est une catastrophe pour cette communauté. L’occupation nazie de la Grèce décimera cette communauté; 84 % des juifs grecs sont exterminés dans les camps de la mort9. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 5 000 en Grèce. • L’Italie La communauté juive de la péninsule italienne remonte à l’Empire romain, elle prospère jusqu’à la christianisation des élites romaines. Après la chute de l’Empire romain, l’Italie ne sera de nouveau unifiée qu’en 1861. Entretemps, l’Italie était fractionnée en de multiples territoires. Les Juifs doivent quitter la Sicile et la Sardaigne, car ces territoires appartiennent à la Couronne d’Espagne. Pour beaucoup, ils remontent vers le nord de l’Italie. De l’Italie sortit une figure majeure du judaïsme kababalistique, Ramhal acronyme de Rabbi Moché Haïm Luzzatto. C’est un auteur connu notamment pour ses ouvrages de moussar (morale ou éthique juive), le Messilat Yecharim (La Voie des justes) et Derekh Hashem, ( La Voie de D.ieu). Les conflits récurrents avec certaines autorités de la communauté juive italienne le poussèrent à l’exil à Amsterdam, puis il termina sa vie en terre d’Israël à l’âge de 39 ans. • Les Pays-Bas Les Pays-Bas espagnols étaient rattachés à la Couronne d’Espagne, mais ces territoires se forgent une solide réputation dans la diaspora sépharade. Tout d’abord, les Pays-Bas éloignés géographiquement de l’Espagne, l’Inquisition espagnole y est moins présente. Celleci rencontre aussi de fortes résistances de la population locale et une montée en puissance du protestantisme plus tolérant envers le judaïsme. C’est alors que se forge la communauté hispanoportugaise d’Amsterdam; de nombreux marranes s’y installent leur permettant d’exprimer à nouveau leur foi. La communauté juive y sera réputée pour ses qualités
commerciales et sa contribution au Siècle d’or (1584-1702) qui hissera les Pays-Bas au rang de première puissance commerciale au monde. D’ailleurs, Joseph de la Vega est l’un des premiers économistes au monde à démystifier dans son ouvrage Confusión de Confusiones les rouages financiers de la bourse. Ouvrage de référence qui contribua à l’essor des techniques d’analyse économique moderne. • L’Angleterre L’Angleterre avait précédé l’Espagne quant à l’expulsion des Juifs. Le roi Édouard Ier expulsa en 1290 les Juifs de son royaume. La situation change lorsque Manassé ben Israël, ami de Rembrandt, rabbin et éditeur-fondateur de la première maison d‘édition de presse hébraïque Emeth Meerets Titsma`h à Amsterdam, se rend en Angleterre. Il y rencontre le révolutionnaire Olivier Cromwell et tente de le convaincre par son ouvrage Apologie des Juifs de l’intérêt pour l’Angleterre de leur présence. Cet ouvrage expose à Cromwell l’utilité des Juifs pour les princes et les dirigeants. Ce n’est pas un succès total, Cromwell n’abroge pas l’interdiction, mais est favorable à l’installation des Conversos en Angleterre. L’Angleterre devient ensuite plus tolérante envers les Juifs, mais pas forcément pour le judaïsme. À titre d’exemple, la conversion au judaïsme orthodoxe du Lord Georges Gordon, fils du Duc de Gordon, choque ses contemporains. À l’âge de 36 ans, il est appelé à la Torah. Emprisonné pour ses pamphlets libertaires, il refuse de voyager pendant Shabbat. La police anglaise respecte sa requête. Sa sincérité dans sa conversion au judaïsme suscite les moqueries et les insultes, les journaux de l’époque caricature avec des traits antijudaïques ce Lord habillé à la manière d’un Juif de Pologne : kapota (longue veste noire), longue barbe et papillotes (peot), qui garde le Shabbat, la cacherout et met les tephilins (phylactères) tous les jours. Une culture riche et vivante De l’expulsion de la péninsule ibérique, de nombreuses familles sépharades ont été brisées par les conversions forcées, les persécutions ou le déracinement. Toutefois, les Juifs sépharades ont fait preuve d’une grande résilience et capacité d’adaptation. Malgré leur dispersion géographique, ils ont su aussi maintenir leurs traditions et une culture commune. De cette dispersion géographique étendue, les Sépharades en ont aussi tiré parti. Installés dans différents royaumes et empires, leurs horizons culturels et intellectuels se sont élargis. Ils sont devenus pour certains des passeurs de savoir, pour d’autres, un pont entre les mondes chrétien et musulman en constante concurrence. Leur mobilité géographique fut aussi un de leurs atouts, leurs habiletés commerciales ou le désir d’étudier dans les meilleurs centres religieux de leur époque ont favorisé la diffusion des idées. En l’occurrence, les Sépharades contribuèrent à l’essor de la Renaissance, le début de l’ère moderne pour l’Europe. En Espagne, le décret d’expulsion d’Alhambra ne fut abrogé qu’en 1967 et en 2015, le gouvernement de Mariano Rajoy adopte une loi qui permet aux Sépharades d’obtenir la citoyenneté espagnole sans renoncer à celle dont ils disposent déjà. En septembre 2019, selon le ministère de l’Intérieur espagnol, près de 130 000 sépharades avaient effectué une demande de citoyenneté.
1. Terme historiographique espagnol qui signifie « coexister, vivre ensemble ». 2. Par souci de concision, la question des Conversos ne sera pas traitée dans cet article. 3. Larousse, terme recherché : Séfarades, [En ligne] : https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Séfarades/143752 4. Notamment parfois les « mizrahim », Juifs originaires d’Irak, Syrie, etc., ainsi que les Juifs d’Iran (note de la rédaction). 5. Voir La géographie du pouvoir dans l’Espagne visigothique, par Céline Martin, Presses de l’Université Septentrion, 2003. 6. XVIIe Concile de Tolède sous le règne du roi Egica, du 8e décret : « Les Juifs ayant ajouté à leurs autres crimes celui de vouloir renverser le pays et le peuple, ils doivent être sévèrement punis. […] Ils sont privés de leurs biens au profit du trésor public, et doivent être faits esclaves à jamais. Ceux à qui le roi les envoie comme esclaves doivent veiller à ce qu’ils ne pratiquent plus leurs usages juifs, et leurs enfants doivent être séparés d’eux, à l’âge de sept ans, et devront se marier avec des chrétiens. » 7. « Nous avons décidé d’ordonner à tous les Juifs, hommes et femmes, de quitter nos royaumes et de ne jamais y retourner à la date du 31 juillet 1492 et ne plus rentrer sous peine de mort et de confiscation de leurs biens… ». 8. Voir Georges Bensoussan, Juifs en pays arabes : le grand déracinement 1850-1975, Paris, 2012. 9. Voir Laurent Joly, L’État contre les juifs. Vichy, les nazis et la persécution antisémite. Grasset, Champs histoire, Paris, 2020, p.226.
DOSSIER SPÉ SPÉCIAL
Histoire sépharade : des trésors trop bien cachés
L’Iran avant, c’était comme ça ! Sylvie Halpern Après l’Irak, c’est au pays de la Rose et du Rossignol que vit depuis 26 siècles la plus vieille communauté juive du monde. Alors avant l’ère des Ayatollahs, elle en a vu d’autres! C’est un ouvrage d’amateur, au sens fort du mot. Car à chaque détour de phrase, on sent combien Nasser Rassekh a aimé le pays où il est né et qu’il a dû quitter peu après la Révolution islamique pour venir s’installer au Québec en 1982. Longtemps directeur des écoles de l’Alliance israélite, comme son père qui y a également enseigné pendant une soixantaine d’années, il a été un témoin privilégié de toute la richesse de cette communauté et de tout ce qu’elle a apporté à l’Iran moderne. Mais son Précis de l’histoire des Juifs d’Iran1, qui a récemment paru ne s’en tient pas qu’aux glorieuses années du 20e siècle où les Juifs se sont enfin vus reconnaître comme minorité religieuse et ont pu déployer leurs ailes pour profiter eux aussi de la prospérité des années de la dynastie Pahlavi. Ce livre touchant traverse avec émotion 26 siècles d’« une odyssée somptueuse parsemée de sévices et d’amertume », comme il l’écrit, celle de la plus ancienne communauté juive du monde après celle de l’Irak. En fait, c’est un devoir de mémoire, le souci de raconter une longue histoire qu’il estime mal connue et que la géopolitique actuelle a tendance à nous faire oublier. Nasser Rassekh dédie d’ailleurs ce livre à ses ancêtres « proches ou lointains qui, en dépit des privations et des épreuves, ont courageusement et tenacement préservé, avec beaucoup d’abnégation, leur croyance, leur identité, leurs valeurs et leur culture juives ».
travailleurs de l’arrivée des ennemis. Ainsi les travaux avancèrent rapidement et Nehamia fut nommé gouverneur de Jérusalem.... Ezra a assisté à la grande cérémonie de la fin de la construction du Temple. Quant à Nehamia, comme il l’avait promis au Roi, il est rentré en Iran après avoir confié la gestion du pays à une assemblée formée de l’élite du peuple juif.
Sous domination de l’islam La conquête arabe de 642 apr. J.-C. a tout changé. Dans ce pays majoritairement zoroastrien jusque là, les Juifs, s’ils n’ont pas été massacrés, se sont retrouvés dhimmis (méprisables et inférieurs) et assujettis au djazieh, la taxe dont étaient frappés les mécréants. Mais cela ne les a pas empêchés de prospérer, souligne Nasser Rassekh en citant les Cahiers de l’Alliance : « Ils avaient une liberté complète dans le domaine économique et ont développé leurs activités dans différentes branches d’artisanat. À partir du 10e siècle, les Juifs s’adonnent au prêt et aux activités bancaires, en particulier pour le compte des califes et des vizirs : ce sont les jahabidha qui ont parfois un rôle politique et qui équipent les armées. Durant les six siècles de la domination islamique sur la Perse, les Juifs connaissent une remarquable expansion Juifs d’Iran dans la Bible et l’Antiquité géographique : des communautés juives iraniennes essaimeront L’histoire des Juifs d’Iran remonte très vers des endroits aussi lointains que la loin, raconte-t-il : à 538 av. J.-C., lorsque Chine ». Cyrus le Grand a fondé l’Empire perse Mais au 13e siècle sont arrivés les Mongols, bientôt suivis de Tamerlan, qui n’ont laissé qui s’étendait à tout le Proche-Orient et en vie aucun homme rencontré sur leur dont la terre d’Israël a fait partie pendant passage et pour effrayer les populations, des siècles. Il rappelle d’ailleurs que dans érigeaient des « minarets de crânes » le Livre d’Esther – dont le mausolée ainsi dans chaque ville traversée. Quelques que celui de Mordechaï est à Hamadan, décennies plus tard, un signe distinctif la ville de villégiature où la Cour passait était inventé pour les Juifs et d’une des ses étés et où l’auteur est né au début des nombreuses occupations à l’autre – arabe, années 30 -, il est question d’un empire turque, mongole – relate Nasser Rassekh, couvrant 127 États, de l’Inde jusqu’à « l’oppression des Juifs d’Iran est entrée l’Éthiopie. Un empire sur lequel le soleil dans les mœurs et ne s’est plus démentie ne se couchait jamais et où les choses ont jusqu’aux débuts du 20e siècle ». semblé bien commencer puisque Cyrus La répression a connu son apogée en autorisa les Juifs à retourner en Israël et à Nasser Rassekh, directeur des écoles 1502 lorsque, chassant les envahisseurs, reconstruire le Temple de Jérusalem. la dynastie Safavide arrive au pouvoir et « Jusqu’à la victoire d’Alexandre le Grand, de l’A lliance israélite, que le nouveau Roi proclame l’indépendance chérie pendant des en 330, l’Iran était vraiment une terre bénie pour les Juifs », dit Nasser siècles par les nombreux poètes iraniens et fait souffler un vent de Rassekh. Et à cette rare époque glorieuse, dans la galaxie des personnages renouveau et de nationalisme chauvin. Du coup, jusqu’à l’Iran importants, il mentionne en tout premier lieu l’action conjointe de deux qui est à des milles de Tolède, les idées voyagent plus vite que la grands Juifs iraniens : Ezra et Néhamia. Ezra le scribe qui, envoyé par lumière. Et une décennie après l’Inquisition, il a suffi que le Chah le Roi à Jérusalem muni d’une grande quantité d’or et d’argent, y a été écoute un jour l’ambassadeur d’Espagne lui vanter les secrets dévasté par l’assimilation des populations juives et l’insécurité dans laquelle de son pays pour établir l’unité nationale, pour qu’il y trouve elles vivaient, et s’est battu pour les recentrer dans leur patrie retrouvée. l’inspiration. « Depuis la destruction du Temple, commente l’auteur, les Juifs pensaient Aussitôt, le Jâm-é-Abbassi, le Statut des Juifs, est promulgué en douze qu’ils n’avaient plus de patrie et toute l’action d’Ezra leur a redonné de points et ouvre l’ère de l’institutionnalisation de l’antisémitisme. l’espoir ». Ainsi, Nasser Rassekh donne en exemple le 12e point : « Les Juifs Quant à Nehamia, c’était le chef des échansons du Roi, l’homme de n’ont pas le droit d’imiter la tenue vestimentaire des musulmans terrain qui a convaincu le souverain de reconstruire Jérusalem en ruines. et ils sont tenus de porter une rouelle jaune ou rouge sur leurs Nasser Rassekh relate qu’à peine arrivé à Jérusalem, Nehamia réunit poitrines. Ils n’ont pas le droit de monter à cheval et s’ils montent les chefs du peuple, leur propose de « tout reconstruire afin que la ville sur un âne, ils n’ont pas le droit de l’enfourcher. Ils n’ont pas le ne soit plus honteuse », et les travaux commencent tout aussitôt. Sauf droit de porter des armes. Sur les voies publiques, ils doivent que systématiquement, les Sumériens s’attaquaient aux ouvriers et passer furtivement sur le côté de la rue. » Quant aux femmes tout ce qui était construit le jour était détruit la nuit. Nehamia a alors juives, comme les prostituées, elles ne doivent pas se couvrir le eu l’idée de diviser les travailleurs en deux – les uns construisaient, les visage. autres surveillaient – et employa même des trompettistes pour alerter les
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Les Juifs du Chili Elie Benchetrit Poursuivant nos articles sur les communautés sépharades d’Amérique latine commandités par la Fédération Sépharade du Canada, nous abordons dans ce numéro la présentation de la communauté juive chilienne. Le premier article est consacré à la présence juive et historiquement sépharade dans ce pays depuis l’arrivée des conquistadors espagnols avec un regard sur l’actualité à partir principalement d’une entrevue donnée par le président de la communauté juive du Chili Gerardo Gorodicher au journal du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) au lendemain de la dernière élection présidentielle au Chili en 2021 qui a porté au pouvoir un président qui n’éprouve pas une sympathie particulière pour l’État d’Israël. Pour garder la tradition, nous avons procédé à une entrevue en espagnol avec un jeune juif chilien Andrès Aguilera Guzman, politologue et chef du personnel au ministère de la Santé qui s’implique bénévolement dans un corps de pompiers juifs de la capitale, Santiago. Ce jeune nous déclare son amour pour sa communauté, le judaïsme et sa passion pour son pays natal, le Chili. L’Histoire des Juifs du Chili Les historiens s’accordent pour situer la présence des Juifs au Chili avec l’arrivée des premiers conquistadors espagnols dans cette colonie de la Couronne à partir du 16e siècle, plus précisément vers 1535. Il s’agissait de Juifs sépharades convertis au catholicisme à cause de l’inquisition et qui souhaitaient bâtir une nouvelle vie aux Amériques. Il faut noter que les tribunaux de l’Inquisition n’opéraient pas encore sur le continent. Parmi ces nouveaux arrivants « conversos », il faut citer le cas du lieutenant général de l’expédition au Chili conduite par Diego de Almagro, Rodrigo de Orgoño, fils d’un savetier juif de la ville d’Oropesa (communauté de Valencia) ainsi que les gouverneurs du Chili de cette époque, Francisco de Villagra, petit-fils d’une juive, Isabel de Mudarra et de Diego Garcìa de Caceres originaire de la ville de Plascencia (Province de Cáceres) et fidèle ami, Pedro de Valdivia. fondateur de l’actuelle capitale du pays, Santiago, On rapporte qu’à l’époque coloniale le personnage d’origine juive portugaise le plus remarquable du pays n’est nulle autre que le médecin chirurgien Francisco Maldonado da Silva. Il fut l’un des premiers directeurs de l’Hôpital « San Juan de Dios. » Il fut accusé devant le Tribunal de la Sainte Inquisition par ses sœurs, des catholiques dévotes, qui accusèrent leur frère d’avoir voulu les convertir au judaïsme, Ceci lui valut d’être condamné à être brûlé vif sur la place publique. En marge de cet épisode, un nombre appréciable de familles juives récemment converties arrivèrent au pays, et continuèrent à pratiquer en privé la religion juive. Cependant, la majeure partie de ces immigrants et ceux arrivés au 19e siècle se sont assimilés. L’apparition d’une communauté juive organisée se situe en 1906. À partir de 1840, après l’abolition de l’Inquisition au Chili, nous assistons à une immigration juive européenne, (allemande et française) qui s’installe à Valparaiso. Citons le nom de Manuel de Lima y Sola qui participa comme membre fondateur du Corps des pompiers de Valparaiso. Ce flux migratoire s’est poursuivi vers Santiago, Valdivia, Osorno, Puerto Montt, Temuco et même dans le désert d’Atacama où la présence de mines et les possibilités de commercer attirèrent les nouveaux immigrants. De la fin du 19e siècle jusqu’en 1930, on assiste à une importante immigration de Juifs sépharades à la suite du démembrement de l’Empire ottoman ce qui aboutit à la création d’une communauté judéo-chilienne. Cette immigration est suivie par une autre vague en provenance de la Russie tsariste provoquée par les pogroms. À cette même époque, il se produit une immigration de Juifs de la Macédoine du Nord, particulièrement de la Ville de Monastir (actuellement Vittola) qui faisait partie du défunt Empire ottoman. De 1933 à 1939, on assiste à l’arrivée de juifs originaires d’Allemagne, d’Autriche et de Tchécoslovaquie, fuyant le nazisme. En 1939, à la suite d’un scandale impliquant des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères qui touchaient des pots de vin de la part des réfugiés juifs pour obtenir leur droit de séjour et qui entraina la démission ministre. Ceci eut pour conséquence la mise en application en 1941 d’un décret d’interdiction de l’entrée des Juifs au Chili, décret qui fut maintenu jusqu’en 1945.
Quelle est la situation actuelle de cette communauté? La communauté juive du Chili compte actuellement 18 000 membres actifs et qui s’est enrichie grâce à l’arrivée d’une immigration en provenance d’autres pays sud-américains tels que l’Argentine, le Venezuela et le Pérou. Elle constitue la 3e communauté en Amérique du Sud par son nombre après celles de l’Argentine et du Brésil La majorité de ses membres est concentrée dans la capitale Santiago avec de petites communautés installées à Viña del Mar, Concepción et Temuco. Cette communauté compte 30 institutions, 3 écoles juives, plus de 10 synagogues. Le président actuel de la communauté est Gerardo Gorodisher qui a accordé une entrevue à la publication du CRIF (Conseil Représentatif de la communauté juive de France). À la suite du résultat qui a vu la victoire du candidat de l’extrême gauche, Gabriel Boric, la communauté juive se trouve confrontée à une situation complexe. En effet Boric avait affirmé lors d’une entrevue qu’Israël était un « État génocidaire et assassin » Le président de la communauté a commenté : « La vision d’Israël de Gabriel Boric est très critique et est très influencée par sa proximité avec certains membres de la communauté palestinienne (400 000 membres au Chili). Il n’a pas été facile pour la communauté juive d’écouter ce discours, mais récemment nous avons travaillé afin de développer des canaux de communication et le nouveau président a fait preuve d’ouverture pour mieux connaître et comprendre la situation. » L’autre candidat José Antonio Kast représentait l’extrême droite et ne se gênait pas pour faire des déclarations antisémites, ce qui ne l’a pas empêché d’être membre du groupe Chili-Israël à la chambre des députés. Une situation en effet peu inviable pour la communauté juive chilienne devant ce drame cornélien puisque devant choisir entre la peste ou le choléra. Face à cette perspective, le président Gorodisher a une réponse très politiquement correcte : « Je pense qu’il n’est pas approprié d’institutionnaliser les élections ou les positions politiques, cela pourrait être très dangereux pour la communauté juive, donc nous ne l’avons jamais fait. » L’avenir nous dira si cette décision était la bonne.
Andrés Aguilera Guzman: Encuentro con un joven sefardí Chileno Elie Benchettrit LVS ¿Puedes presentarte a nuestros lectores , edad, profesión estado civil A.A.G-Primero agradecer la instancia de poder mostrar un poco sobre la comunidad sefaradí de Chile, soy Andrés Aguilera, tengo 29 años, a punto de cumplir mis 30 ahora en febrero, soy soltero y estudié ciencia política y actualmente trabajo en el Ministerio de Salud y además, parte de mi labor voluntaria de servicio a la comunidad, la dedico siendo Bombero Voluntario de la 5ta Compañía de Bomberos de Ñuñoa “Bomba Israel”, una Compañía de Bomberos compuesta en su mayoría por voluntarios judíos. LVS ¿Desde cuándo has estado participando en las actividades comunitarias en Chile y eventualmente en otras organizaciones judías de tu país? A.A.G-Comencé a involucrarme muy activamente a mis 18 años, apenas ingresé a la universidad sentí que tenía una misión por cumplir con mi comunidad, organicé diversas actividades en la universidad relacionadas al conflicto árabe-israelí y poco a poco comencé a activar dentro de la Comunidad. Colaboré activamente con la Federación de Estudiantes Judíos, con los que organizábamos eventos y participábamos en ferias estudiantiles en mi Universidad. Luego al cabo de unos años conocí la Compañía de Bomberos, la cual me inspiró y me llenó de orgullo el poder pertenecer a ella, ya que a cada emergencia a la que concurrimos, lo hacemos llevando la bandera y el nombre de Israel. En diciembre pasado Andrés Aguilera Guzman cumplí 10 años de servicio voluntario en Bomba Israel. Pero la verdad es que al cabo de un tiempo, sentía que podía y que tenía que dar mucho más de mí, por lo que comencé a participar activamente en una red de jóvenes judíos innovadores sociales llamada LAZOS, la cual opera en varios países de Iberoamérica. L.V.S ¿Que tipo de actividades para la juventud judía desarrollan estas organizaciones? A.A.G-“La Bomba Israel” es una entidad que requiere de mucha entrega y sacrificio, una vez al mes, a los jóvenes nos corresponde dormir por una semana completa en la Compañía de Bomberos, para estar dispuestos a concurrir a emergencias durante la noche. Por otro lado, LAZOS ofrece un espacio o plataforma para jóvenes que buscan vivir el judaísmo de una manera distinta, más cerca de la juventud, es un espacio que permite desarrollar o llevar a cabo un sinfín de proyectos, desde Tikún Olam, Shoá, Networking, fiestas, etc.
MONDE JUIF
LVS- ¿Cuáles han sido los motivos que te han llevado a ser un miembro activo de tales organizaciones? A.A.G-“Mis ganas de servir, de participar y colaborar activamente, siento que nosotros estamos llamados a participar de nuestras organizaciones, porque si no somos nosotros ¿entonces quién? Nadie va a hacer las cosas por nosotros y tenemos el deber de preocuparnos por nuestra comunidad. Por tanto, si bien podría quedarme en mi casa, viendo Netflix, durmiendo, comiendo, etc. Prefiero ser aquellos que por lo menos lo intentaron e hicieron un cambio o un aporte por la comunidad. LVS ¿Cuales fueron las razones que te incitan aún a seguir obrando en favor de tu comunidad? A.A.G-“Creo muchísimo en el valor y el sentido de vivir en comunidad, algo de lo que habla el filósofo Maritain que ha inspirado políticamente a mucha gente y partidos políticos. Somos seres que estamos destinados a convivir, por lo que siento un deber, el obrar y trabajar por la comunidad. Prefiero arrepentirme de cosas que he hecho a arrepentirme de cosas que no hice. Prefiero hacer el intento. LVS ¿Cuáles son, a tu parecer, las motivaciones de los jóvenes judíos de tu generación en cuanto a su participación en actividades de carácter judío o de índole sionista? Existen muchas preocupaciones, es claro que existe un cierto nivel de miedo a veces por participar en actividades abiertas o que puedan poner en riesgo la integridad de los miembros. Pero por otro lado, existe una baja motivación porque no hay una oferta adecuada a los gustos e intereses de los jóvenes. Los paradigmas han cambiado, los gustos y los intereses han cambiado, es necesario entender a los jóvenes con la mente del Siglo XXI, con los ojos de los jóvenes. En el caso de Chile, el paradigma Sefaradí/ashkenazí ya no es importante para los jóvenes, por lo que debemos buscar la manera de mantener vivo el espíritu y la identidad sefaradí, pero desde un punto de vista joven, que cautive y que logre que un joven judío sefaradí se reconozca así mismo como sefaradí. Heschel nos dice que la única forma en que el judaísmo sobreviva a los tiempos, es que se adapte, pues es lo que debemos hacer, adaptarnos a las nuevas generaciones para ser atractivos para éstos.
LVS- ¿Existe a tu parecer un problema bastante común en otros países como el de la asimilación a través de casamientos mixtos por ejemplo? A.A.G-“No considero que sea un problema, creo que el matrimonio mixto viene a enriquecer a las personas. Los matrimonios mixtos son un hecho y una realidad. Tenemos dos opciones, o los rechazamos y criticamos a quienes forman parte de un matrimonio mixto, o bien los abrazamos, los incluímos y los hacemos parte de la comunidad. LVS ¿Qué lugar ocupa el Estado de Israel dentro de tu identidad? A.A.G-“Sin duda alguna, el Estado de Israel significa muchísimo, es muy importante, ya que es nuestro hogar nacional. Pero de la misma manera, no debemos olvidar donde nacimos y el país donde actualmente cada uno de nosotros vive y ha podido trascender. Chile en mi caso, es mi casa, es mi hogar, es donde me he podido desenvolver y desarrollar, donde adquirí las herramientas para ser mejor persona. Como judío, tengo el llamado de trabajar por Chile, por esta hermosa tierra que nos cobija y en la cual hoy vivimos. Israel en mi corazón, pero con los pies puestos en Chile. LVS ¿Puedes describir brevemente la situación política en Chile, la posición del gobierno actual acerca de las comunidades judías y del Estado de Israel? A.A.G-“Actualmente el gobierno está a cargo de Sebastián Piñera, un Presidente de centro derecha y que se ha visto muy cuestionado por su forma de llevar las protestas en que se exigía mayor equidad. Si bien Piñera ha tenido una gran relación con la Comunidad Judía, no se espera que sea tan buena con el nuevo Presidente que asumirá en marzo próximo. El Presidente electo Gabriel Boric ha sido acusado de actitudes antisemitas en un par de ocasiones, espero que como juventud trabajemos muy
duro para tender puentes con el nuevo gobierno, para demostrarle que los judíos chilenos queremos contribuir con nuestro país y que somos tan chilenos como un católico o un protestante. LVS Como representante de Fesela Chile, has estado presente en Montreal en noviembre del 2019 en el Congreso de los jóvenes de Fesela y de jóvenes sefardíes de Montreal. ¿Qué me puedes decir de aquella experiencia? A.A.G-“Fue sin duda una experiencia increíble, poder conocer y aprender tanto de la experiencia canadiense, como también de la experiencia de los jóvenes en otros países. Creo que debemos seguir por la senda y reunir a jóvenes sefaradíes constantemente para que compartan, que creen lazos y amistades, para luego, ponernos a trabajar. Primero necesitamos generar los lazos y así generar un trabajo de lujo, en que todos los jóvenes sefaradíes de los distintos países estemos alineados y motivados al mismo nivel. Es necesario que muchos jóvenes puedan ser parte de la experiencia que yo viví en Montreal. LVS ¿Como ves tú porvenir en Chile o quizás en Israel? A.A.G-“En Chile, quiero vivir en Chile y quiero trabajar mucho por la comunidad judía chilena y por Chile. Tenemos muchas necesidades y siento el llamado a trabajar por mi comunidad.
Les combats judiciaires de Georges Bensoussan dans une France du déni. Entretien Elias Levy « Le seul crime de Georges Bensoussan, c’est sa clairvoyance et son engagement. Il témoigne, tout au long de son œuvre, de deux qualités : la lucidité et le courage, qui dans l’action politique ne sont rien l’une sans l’autre, mais qu’il est si rare de rencontrer ensemble », écrit le réputé historien, essayiste et journaliste français Jacques Julliard dans la préface du dernier livre de Georges Bensoussan, Un exil français. Un historien face à la justice (Éditions L’Artilleur, 2021). Historien, auteur de plusieurs livres majeurs sur l’histoire de la Shoah, du sionisme et des Juifs des pays arabes et ancien responsable éditorial du Mémorial de la Shoah de France, Georges Bensoussan relate ses quatre années éprouvantes de combats judiciaires dans ce livre remarquable, audacieux et précis. Il a accordé une entrevue à La Voix sépharade. Vous avez été pendant quatre ans l’objet d’un grand acharnement judiciaire de la part de plusieurs organisations islamistes et antiracistes. Que vous reprochaient-elles? J’ai été poursuivi par le parquet fin 2016 pour « provocation à la haine raciale » sur dénonciation d’une organisation islamiste, le Collectif contre l’islamophobie en France (CICF), aujourd’hui dissoute après l’assassinat en octobre 2020 d’un enseignant, Samuel Paty, par un jeune musulman « radicalisé » (sic). Ce qu’on m’a reproché : les propos tenus en 2015, lors de l’émission « Répliques » d’Alain Finkielkraut, sur la radio France Culture. J’évoquais alors l’antisémitisme qui prévalait dans certaines des familles issues de l’immigration arabo-musulmane en France, en reprenant le constat du sociologue français d’origine algérienne Smaïn Laacher, qui déclarait dans un documentaire auquel j’avais participé moi-même (et diffusé quelques semaines plus tard à la télévision) : « Cet antisémitisme, il est déjà proposé dans l’espace domestique et il est quasi naturellement déposé sur la langue, déposé dans la langue… Une des insultes des parents à leurs enfants, quand ils veulent les réprimander, il suffit de les traiter de Juifs. Bon, mais ça, toutes les familles arabes le savent. C’est une hypocrisie monumentale que de ne pas voir que cet antisémitisme, il est d’abord domestique. Il est comme dans l’air qu’on respire. » Dans le cadre d’un débat m’opposant à un contradicteur agressif et méprisant, en me référant au propos de Smaïn Laacher, j’utilisai, moi, une autre métaphore : « Dans les familles arabes, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère ». On vous a alors accusé de prôner un racisme de nature génétique. Le constat était d’ordre culturel, ce que les juges ont bien compris. Mais pour me traduire devant un tribunal, il fallait tronquer mon propos, transformer le lait en sang et faire de la transmission généalogique dont je parlais une transmission génétique, caractéristique du racisme. Les parties civiles vont s’abstenir de citer Smaïn Laacher. Plus encore, ce dernier demande un droit de réponse à France Culture qui le lui accorde sur le champ, parlant d’« ignominie » à mon propos, en transformant, lui aussi, le lait en sang. Vous avez remporté trois victoires claires en justice. J’ai été relaxé trois fois par la justice : en première instance, en appel et par la Cour de cassation. Un épisode difficile et violent de ma vie, certes, mais révélateur à commencer par ce fait majeur : c’est le parquet, c’est-à-dire l’État profond, qui initie le procès et fait appel de la relaxe. Étrange acharnement dans une affaire où celui qui dénonce l’antisémitisme arabo-musulman, ce secret de polichinelle, est vilipendé comme raciste et envoyé devant les juges. C’est la France de Houellebecq, entre Père Ubu et Kafka. Votre procès n’avait-il pas une finalité plus politique que judiciaire? Vous avez raison. Ce fut un procès politique de bout en bout qui a rencontré un écho important dans la communauté juive de France. Pourquoi la « rue juive » m’a-t-elle exprimé son soutien? Parce que nombreux furent ceux qui comprenaient que ce procès parlait de leur avenir en France. Seule une petite fraction de notables israélites à
MONDE JUIF
l’ancienne, une bourgeoisie financière soucieuse de ses intérêts de caste, m’a tourné le dos. L’histoire la jugera. Comme elle jugera la direction du Mémorial de la Shoah qui a estimé plus prudent de ne pas renouveler mon contrat. Un Juif qui dénonce l’antisémitisme arabo-musulman dans l’institution qui se veut à la pointe du combat contre l’antisémitisme? Il fallait faire cesser ce scandale. Durant votre procès, vos accusateurs se sont surtout acharnés à discréditer votre travail d’historien et d’intellectuel. Mon affaire illustre la réalité de cette partie de la gauche qui a érigé les arabo-musulmans en figures archétypales de la victime. Les islamistes ouvrent le feu, le gauchisme culturel les relaie. Ce procès fut pour moi l’occasion de comprendre que ce qui taraudait ce petit monde n’était pas mes travaux sur la Shoah ou le sionisme, ni même l’ouvrage que j’ai coordonné, Territoires perdus de la République, mais mon livre sur la fin des Juifs en pays arabes1. En éclairant les raisons d’un déracinement si massif, j’avais brisé l’illusion de la « lune de miel judéo-arabe » et mis à nu la vacuité de ce « vivre ensemble » qui est surtout un côte à côte et parfois un face-à-face. Le départ des communautés juives du monde arabe n’avait pas de rapport direct avec la création de l’État d’Israël. C’était d’abord le résultat du choc entre une modernité émancipatrice et un univers mental qui ne conçoit le Juif qu’en position dominée. Le divorce était inévitable. En faire porter la responsabilité au sionisme, c’est épouser la propagande arabe et, du même coup, se voir adoubé par ce gauchisme culturel qui domine encore le monde médiatique français. Pour cette doxa, il importait de démontrer que si le « vivre ensemble » avait jadis régné dans le monde arabe, ce modèle sociétal demeurait donc valable dans la France d’aujourd’hui. Un leurre quand on sait que, depuis vingt ans, la communauté juive de France, qui a perdu près de 100 000 de ses membres, vit souvent en position d’« assiégée ». Selon vous, la France est en plein déni de réalité? Pour voir ce qui s’étale sous nos yeux, il faut surmonter préjugés et habitudes de pensée. Mais le refus de voir est plus reposant et se mue rapidement en condamnation morale et en vocabulaire stigmatisant : « infamie », « climat nauséabond », accolé à l’inévitable étiquette d’« extrême droite ». Ce refus de voir et de nommer aboutit présentement aux 35 % d’intentions de vote en faveur du « fascisme ». Le terrorisme intellectuel dont vous avez été victime estil un phénomène répandu dans la France de 2022? Ce terrorisme intellectuel, héritier de l’ancienne domination de la culture communiste, est le réceptacle de la régression intellectuelle venue des campus américains. Il aboutit à cette Woke et Cancel culture qui génère un climat évoquant l’atmosphère bêtifiante de moralisme du régime de Vichy, ou l’Ordre moral mac-mahonien qui suivit la Commune de Paris (1871). En France, le débat intellectuel serein a vécu. Nul besoin de censure. L’autocensure suffit, la crainte de s’exprimer et de se voir taxer de « racisme » ou de « fascisme » est telle que beaucoup se taisent ou ne s’expriment plus qu’en cercles privés et sûrs. Nous vivons une forme intellectuelle d’occupation
menée par les ténors d’un antiracisme dévoyé qui s’emploient à faire taire toute voix discordante. Au nom bien sûr de la liberté d’expression. Cet antifascisme d’opérette, qui chaque matin rejoue la « guerre civile espagnole », est l’arme la plus efficace de la bourgeoisie française pour déconsidérer les milieux populaires et les faire taire en les renvoyant à leur « xénophobie » et à leur « fermeture d’esprit ».
finale » par l’entremise des fichiers, des rafles et des camps d’internement. Par ailleurs, quand Zemmour déclare qu’on ne saura jamais si le capitaine Dreyfus était innocent, on frôle l’infamie. Au Juif soumis devant la peur des arabo-musulmans qui finit par épouser leur discours répond, en miroir, le Juif soumis devant l’ultra-droite à laquelle il adresse un signe de connivence. Dans les deux cas, ce qui se donne à voir est la même tragédie de l’aliénation diasporique.
Les Français et leurs gouvernants ne sont-ils pas plus conscients du nouvel antisémitisme Le phénomène Zemmour est-il la depuis janvier 2015, quand ils ont subi aussi résultante de ce grand déni de la les affres de la violence djihadiste? réalité sociale? L’antisémitisme n’est plus nié, il est dénoncé. Pour Le phénomène Zemmour est la rançon de autant, il est rare qu’on désigne les antisémites qui quarante ans de déni d’une situation créée Georges Bensoussan tuent alors que depuis le début des années 2000 la par les classes dominantes, économiques France est le seul pays d’Europe où seize Juifs ont été et culturelles, droite et gauche socialiste confondues. Cette tués parce que Juifs. Si l’antisémite est issu de l’extrême droite, il aura affaire réalité sociale irrécusable, souvent dramatique, s’étale sous les à une condamnation unanime. Mais s’il est de culture musulmane (ce fut le yeux des classes populaires et des classes moyennes auxquelles cas pour les seize assassinats), un silence gêné s’installe, voire, pire, ceux qui on répond lorsqu’elles évoquent la dégradation de leur pays : montrent du doigt les « nouveaux antisémites » seront accusés d’« essentialiser « Vos propos font le lit du fascisme ». Un déni de souffrance si les Arabes ». puissant qu’il ne pouvait qu’offrir un boulevard de notoriété à un homme aussi désinhibé qu’Éric Zemmour. Songez-vous à quitter définitivement la France? Tourner la page de cette histoire, oui, quitter la France, non, en dépit du Pourquoi Éric Zemmour s’emploie-t-il à blanchir la pathétique que ce pays inspire quand on le regarde d’un peu loin, comme c’est France de Vichy? souvent mon cas désormais. Alors, pour reprendre un titre célèbre, on balance Zemmour est le Golem du décret Crémieux, un Juif originaire entre « le chagrin et la pitié ». Mais l’histoire de cette nation, ses combats, sa d’Algérie, Français depuis 1870, et à ce point enivré de sa langue dépassent la mièvrerie de ses élites actuelles, et leur « vivre-ensemblefrancité qu’il tend à blanchir la nation idolâtrée. Inutile de citoyen », ce slogan aussi crédible que l’était jadis « l’avenir radieux » des revenir sur l’antisémitisme intrinsèque du régime de Vichy, sa régimes communistes. Parce qu’il reste des combattants en France, tout un participation (même indirecte et involontaire) à la « Solution peuple, il faut continuer à s’y battre en espérant un sursaut libertaire contre cet ordre bourgeois qui, fardé en « camp du bien », l’étouffe littéralement. 1. Juifs en pays arabes. Le grand déracinement 1850-1970, Tallandier, 2012
L’affaire Halimi : un scandale judiciaire Annie Ousset-Krief C’était il y a presque cinq ans, le 4 avril 2017, en pleine nuit, Sarah Halimi, 65 ans, médecin, directrice de crèche à la retraite, mourait assassinée. Assassinée parce que juive. Le meurtrier était l’un de ses voisins, Kobili Traoré, un Franco-Malien musulman. Il la massacra à coups de poing, puis la défenestra, en hurlant « Allah auhkbar! J’ai tué le sheitan (le diable) ». La police, alertée par des voisins, arriva sur les lieux de la tragédie une vingtaine de minutes avant que la malheureuse victime ne soit jetée par la fenêtre, mais attendit une heure pour lancer une intervention. Sarah Halimi était déjà morte, victime de la barbarie islamiste. Son assassin se laissa interpeller sans résistance. Son état mental étant jugé incompatible avec une garde à vue, il fut placé à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris. Kobili Traoré fut mis en examen trois mois après son crime. La juge Anne Lhuellou instruisit l’affaire pendant deux ans. Le 12 juillet 2019, elle conclut à l’irresponsabilité pénale de Traoré sur la foi d’expertises psychiatriques : son discernement aurait été aboli par la consommation de cannabis qui aurait provoqué « une bouffée délirante aiguë ». La chambre d’instruction confirma sa décision le 19 décembre 2019. Entretemps, le caractère antisémite de l’assassinat fut retenu sur décision du Parquet de Paris. Mais il fallut huit mois (février 2018) pour que cette requalification soit entérinée – sans que cela change le verdict d’irresponsabilité et ne permette un procès. La famille de Sarah Halimi se pourvut en appel, mais la Cour de cassation maintint la décision première de la juge Lhuellou, le 14 avril 2021. Kobili Traoré ne sera donc jamais jugé. Placé après son interpellation dans l’unité pour malades difficiles de Villejuif, il en est sorti il y a quelques mois, et se trouve dans le service psychiatrique d’un hôpital de la région parisienne. Il peut sortir tous les jours, et ne suit apparemment aucun traitement, comme en témoignait le journaliste de France 24, Christophe Dansette1 : « Il n’est pas malade, c’est un simulateur », lui avait dit une infirmière de l’hôpital. Depuis le début, la famille de Sarah Halimi – ses trois enfants, son frère William Attal et sa sœur – appuyée par des associations, se bat pour obtenir justice2 . Qu’a relevé la commission parlementaire sur les dysfonctionnements de la justice et de la police dans l’affaire Halimi? À l’initiative de Meyer Habib, député UDI de la 8e circonscription des Français établis hors de France et de la députée des Hauts-de-Seine, Constance Le Grip (Les Républicains), soixante-seize députés issus de différents groupes ont demandé dès le 9 juin 2021 la constitution d’une commission parlementaire chargée de faire la lumière sur ce drame. Le 22 juillet 2021 se mettait en place la Commission d’enquête sur les éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l’affaire dite Sarah Halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement3. Composée de vingt-neuf membres, présidée par Meyer Habib, cette commission a commencé ses travaux le lundi 13 septembre 2021 et a clos les auditions le 20 décembre 2021. Le 6 janvier 2022, elle se réunissait une dernière fois pour examiner à huis clos le rapport final, rendu public le 10 janvier. Vingt séances, des centaines d’heures d’auditions. La commission a entendu plus de quarante personnes : les avocats des parties civiles, la juge d’instruction Anne Lhuellou, des procureurs, des magistrats, les experts psychiatres intervenus dans la procédure, la famille de Sarah Halimi, des voisins et collègues de travail de Sarah Halimi, des ministres et des responsables de la communauté juive. Dans sa présentation du 13 septembre, Meyer Habib affirme le caractère trans-partisan de la commission et l’absence d’intention politique. Il ne s’agissait pas non plus de refaire un procès, car, dit-il, « la justice a
tranché en première instance, en appel, en cassation et elle nous oblige ». La commission s’était donnée pour tâche de travailler sur les différents témoignages afin d’éclairer les nombreuses zones d’ombre qui marquent l’affaire Halimi. L’une des incohérences les plus flagrantes est l’absence de reconstitution, et ce, malgré la demande de toutes les parties impliquées. Comme l’indique Jean-Alex Buchinger, avocat des enfants de Sarah Halimi jusqu’en juillet 2018, « une reconstitution est presque systématiquement ordonnée en matière criminelle. Il est exceptionnel de ne pas l’ordonner4. ». Même affirmation de Maître Gilles-William Goldnadel5, avocat de la sœur de Sarah Halimi. Pourtant la juge d’instruction Anne Lhuellou s’y est opposée. Lors de son audition le 24 novembre, elle réplique qu’organiser une reconstitution est difficile, demande un énorme travail. « Ce dossier était prioritaire, mais ce n’était pas le seul, on a fait au mieux en fonction de nos moyens ». La députée Aurore Bergé (LREM) lui rétorque que « le fait que M.Traoré ait été pressenti dès le départ comme pénalement irresponsable vous a conduit à vous dispenser de certains actes, que vous auriez sans doute faits dans d’autres affaires du même type ». Précipitation? Incompétence? La juge ne s’est même pas rendue sur les lieux du crime : « cet acte ne nous a pas été demandé et ne nous a pas semblé utile à la manifestation de la vérité, les faits étant reconnus ». Or trois membres du bureau de la commission parlementaire, accompagnés d’un expert judiciaire, sont allés le 16 décembre dans l’appartement de Sarah Halimi afin de reconstituer partiellement la séquence des événements6. Ils ont notamment pu constater les incohérences des témoignages des policiers, qui avaient affirmé sous serment ne pas avoir entendu Sarah Halimi crier. La vidéo réalisée sur les lieux montre les députés postés dans le hall de l’immeuble, et dans la cour, afin de vérifier si les cris depuis l’appartement et le balcon étaient audibles. Pour les députés présents, il est impossible que la dizaine de policiers présents n’aient pas entendu la victime crier. Pourquoi ont-ils menti? Pourquoi ne sont-ils pas intervenus? Y aura-t-il enquête pour non-assistance à personne en danger? À la lecture de tous les témoignages, la préméditation du meurtre semble claire. Sarah Halimi avait confié à des proches sa crainte de Traoré, qui l’insultait et la menaçait. La préméditation n’a pourtant pas été retenue. Pas plus que la radicalisation de Traoré, qui fréquentait une mosquée salafiste – qui n’a d’ailleurs pas fait l’objet d’une enquête, malgré la demande des avocats de la famille de Sarah Halimi. De même, pourquoi la juge a-telle ordonné une contre-expertise psychiatrique qui concluait à l’irresponsabilité de Traoré, alors qu’une première expertise, réalisée par le Dr Daniel Zagury, avait conclu à une altération partielle du discernement, ce qui permettait de renvoyer le meurtrier en cour d’assises? Les incohérences multiples laissent soupçonner un dossier vite expédié – sans que l’on puisse en comprendre la raison. Certaines rumeurs avancent une explication politique : à vingt jours de l’élection présidentielle, le gouvernement craignait-il de voir le vote pour la candidate du Rassemblement National se renforcer? Chacun avait à l’esprit l’élection de 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen, leader du Front National, était arrivé au deuxième tour après l’affaire dite « Papy Voise7 ».
lire la suite de l’article sur lvsmagazine.com
1. Commission parlementaire, audition du 1er décembre. 2. Voir aussi les 4 articles sur l’Affaire Halimi dans le numéro du LVS de septembre 2021 : http://lvsmagazine.com/category/septembre-2021/monde-juif-septembre-2021/ 3. https://www2.assemblee-nationale.fr/15/autres-commissions/commissions-d-enquete/commission-d-enquete-sur-les-eventuels-dysfonctionnements-de-la-justice-et-de-la-police-dans-l-affaire-dite-sarahhalimi/(block)/96312 4. Commission parlementaire, audition du 13 septembre. 5. Id. 6. https://www.tribunejuive.info/2021/12/21/meyer-habib-et-quelques-membres-de-la-commission-sarah-halimi-obstinement-ils-gardent-le-cap-ii/ 7. Trois jours avant l’élection présidentielle, un fait divers fait la une des journaux télévisés : Paul Voise, 72 ans, vivant dans un quartier difficile d’Orléans, est agressé chez lui. Après l’avoir tabassé, les deux voyous mettent le feu à sa maison. Il devient malgré lui, le symbole de l’insécurité en France. De nombreux commentateurs attribuent à cette triste affaire le vote pour Jean-Marie Le Pen.
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Passé composé d’Anne Sinclair, le témoignage passionnant d’une femme hors du commun Elie Benchetrit Le ton est donné dès les chapitre de son enfance, l’auteure raconte que « pour soumettre la vie extérieure premières lignes du prologue à la vie familiale, ma mère avait négocié – et le fit durant ma scolarité – que je n’aille de ce beau et combien pas à l’école le samedi. Elle laissait planer le flou sur la raison de mon absence. » émouvant témoignage d’Anne Selon sa mère, celle-ci ne voulait pas, pour préserver la santé de sa fille « Sinclair, l’icône de l’émission sacrifier » ses week-ends! fétiche 7/7 sur TF1 qui En compagnie d’Ivan Levaï, le célèbre journaliste de l’Express et de demeure, comme elle l’écrit France Inter qu’elle a épousé en 1976, elle fait la connaissance de François si bien « dans notre mémoire Mitterrand, candidat défait aux élections législatives de 1978 dans son fief collective » c’est-à-dire celle de Château-Chinon dans la Nièvre. Changement d’ambiance trois ans de toute une génération, qui plus tard, le 10 mai 1981 toujours à Château-Chinon où le candidat du comme moi, et tant d’autres Parti socialiste est élu face à Valéry Giscard d’Estaing lors de l’élection attendaient avec impatience le présidentielle : « une fête mémorable et notre joie considérable face à cette fameux générique annonçant victoire de la gauche après vingt-trois ans de gaullisme ininterrompu. » le début de l’émission. Mais où Nous ne nous attarderons pas, afin de laisser ce plaisir aux lecteurs et sont donc les neiges d’antan lectrices, sur ses rencontres inoubliables avec les ténors de la politique pour ces millions d’auditeurs et française, Pierre Mendès France, Robert Badinter, le Garde des Sceaux, d’auditrices des années 80 qui qui fit abolir la peine de mort à l’Assemblée Nationale et son épouse Élisabeth. D’autres personnages hauts en couleur comme Silvio Berlusconi dans la belle trentaine rêvaient alors de changer le monde? Quarante ans plus tard, tellement d’eau a coulé sous les ponts « au teint toujours orange » et lors d’un G20, en compagnie de son second et pourtant à travers chaque page de ce parcours où l’auteure époux, Dominique Strauss Kahn, la Reine d’Angleterre, Elizabeth II à raconte l’enfance d’une fille née à New York, adulée par son père, qui elle refuse de faire la révérence « mais serre la main un peu molle » que la entretenant une relation à la limite du conflictuel avec sa mère, souveraine lui tend. passionnée à son adolescence par le journalisme et qui entame Une cascade de personnalités célèbres aussi bien du monde du spectacle une carrière difficile où elle flirte avec la célébrité et assume sa que de celui de la politique qu’elle invita sur son plateau lors de son émission 7/7 nous reviennent : Madonna, vie personnelle Belmondo, Paul McCartney, avec ses heures Avancer en âge invite parfois à se retourner Gorbatchev, et… Hassan II, de gloire et de une entrevue mémorable, déboires. Tout ou sur soi : l’avenir se raccourcit, le passé soulignons-le. Et puis le point presque y est dans est un refuge. Je n’échappe pas à la règle, final de son émission phare, ce témoignage avant la dépression, quand elle vibrant. après avoir prétendu l’ignorer ou l’avoir se fait signifier son renvoi de TF1 Anne est la fille même moquée. le 5 juin 2001, après dix-huit ans unique de Robert de bons et loyaux services selon Schwartz devenu Robert Sinclair en 1949 en raison de son pseudonyme de guerre l’expression consacrée, avec un commentaire antisémite de son patron de – il s’engagea dans les rangs de la France libre en 1940 – choisi au l’époque, Patrick Le Lay, en guise d’indemnité de départ1. hasard sur un bottin téléphonique de New York et de Micheline À bon escient, nous omettrons d’évoquer ce que l’auteure décrit comme Rosenberg, fille de riches collectionneurs d’art établis à New le « Chapitre impossible », celui qui relate l’épisode du Sofitel à New York. De retour en France, la petite Anne évoque cette enfance York et que nous confierons à l’appréciation du lecteur ou de la lectrice. bourgeoise dans le 16e arrondissement parisien avec une certaine Cet épisode nauséabond aura marqué la vie d’Anne Sinclair, mère de deux complaisance où nostalgie et tendresse se côtoient. Les fins de adultes, Elie et David qu’elle a eu avec Yvan Levaï, devenue une grandsemaine passées dans la maison de campagne familiale de Fleury mère qui sut se parer de sa robe tissée de courage et surtout de dignité pour la rendent heureuse et elle déclare à ce propos : « Autant mon enfance le raconter en prenant la hauteur nécessaire et la classe qui l’ont toujours caractérisée. fut joyeuse, autant ma jeunesse et mon adolescence furent baignées d’ennui. » Douée pour l’écriture et peu encline à persévérer dans les matières Pour conclure, c’est avec tendresse que nous mettrons en exergue le chapitre scientifiques, elle passe son bac, s’inscrit en hypokhâgne, classe de 12 qui a pour titre : « Carte d’identités », on remarquera le s du pluriel préparation à l’École normale supérieure (lettres), précédant la qui s’adresse à nous tous, les Juifs bien entendu détenteurs d’identités khâgne). Elle tente sa chance sans succès au concours d’entrée en multiples et les non-Juifs dont certains pour ne pas dire plusieurs ont du mal année préparatoire à Sciences Po : « laissant tomber les sept heures de à accepter cette notion d’une identité complexe qui nous caractérise. Anne thème latin de la prépa du Lycée Janson de Sailly que j’avais commencée pour Sinclair se définit ainsi : « Femme, mère, française, juive, de gauche, journaliste et courir rue Saint-Guillaume à Saint-Germain-des-Prés et au Quartier latin. plutôt dans cet ordre. Et puisque j’ai promis la sincérité, j’avoue que dans grand nombre de ces identités, je me trouve inaboutie et incomplète. » Et, pour enfoncer le clou J’avais enfin l’impression d’être grande. » La suite? C’est la fac de droit à Nanterre où elle obtient sa face aux sceptiques de ce monde : l’affirmation sans équivoque de cette maîtrise en droit public et repasse avec succès le concours d’entrée femme qui en 1989 fut désignée comme « Marianne » par un collectif en seconde année de Sciences Po. C’était en mai 68, année de maires qui chaque année sacrait une femme et l’érigeait en symbole emblématique de la révolte étudiante. Anne nous fait en passant de la République. « Française, je le suis jusqu’au bout des ongles, avec le un clin d’œil sur son premier chagrin d’amour de l’époque pour judaïsme comme complément identitaire. Les deux caractéristiques sont conclure : « j’ai longtemps majoré l’intelligence chez un individu, avant de inséparables. Je suis une Française juive. » m’apercevoir avec les années que le courage, l’humanité, la bienveillance lui Un beau livre de lecture agréable paru chez Grasset en 2021, un magnifique témoignage débordant de sincérité. À lire et à relire. sont autrement préférables. » Nous nous accorderons un petit retour en arrière pour signaler un petit détail qui, à notre humble avis, a son importance. Sur le 1. « Vous êtes comme Paul Amar, des marchands de tapis », rapporté par Anne Sinclair dans son livre, p 283.
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La nouvelle haine des Juifs : l’antisémitisme islamiste le Bureau du CIJA L’antisémitisme est en recrudescence partout dans le monde, et le Canada et le Québec ne sont pas à l’abri de sa propagation quasi virale. Bien que l’antisémitisme se retrouve tant au sein de l’extrême droite que de l’extrême gauche et notamment dans les cercles islamistes, le présent texte se penche sur les tactiques insidieuses de ce dernier groupe et sur son rôle dans la propagation de l’antisémitisme dans les sociétés occidentales. Mutation de l’antisémitisme En effet, depuis les années 2000, une nouvelle forme d’antisémitisme s’est installée sans que les sociétés prennent immédiatement la mesure de sa vigueur – ce qui lui permet ainsi de croître sans être combattu efficacement – parce que sa définition, son origine et son mode d’action n’ont été ni compris ni appréhendés à temps. Une fois de plus, l’antisémitisme a muté tant par sa forme et son expression que par ses représentants. Aujourd'hui, ceux qui s’en prennent aux Juifs le font pour leur soutien supposé ou réel au seul État juif, pour la prétendue mainmise des Juifs sur les finances mondiales et les dirigeants de ce monde et ainsi que pour leurs prétendus avantages indus. Il convient de noter que l’antisémitisme ancré dans les mouvements suprémacistes blancs ou néonazis demeure toutefois très préoccupant pour les Juifs, même si l’antisémitisme ne vient plus uniquement de l’extrême droite ou des mouvements néonazis. Les nouveaux visages de l’antisémitisme La haine d’Israël et des Juifs est désormais relayée et portée par des mouvements de gauche radicale. Les individus radicalisés par un islamisme violent sont poussés de l’avant par des « islamistes en cravate », d’apparence plus modérée et ayant accès à des tribunes plus larges que celles des djihadistes. Malheureusement, les évènements auxquels nous avons assisté à Montréal au mois de mai 2021 nous ont démontré la véracité de cette affirmation. Et la prise d’otage dans une synagogue du Texas le 15 janvier 2022 s’inscrit dans cet esprit. L’individu, Malik Faisal Akram a tenu des propos antisémites et antiIsraël1 avant de se rendre dans une synagogue pour sa prise d’otage. Plus visible et plus violent en Europe depuis les années 2000, date de la seconde intifada, l’antisémitisme promu par les groupes islamistes a réussi à convaincre des jeunes de la centralité de la cause palestinienne tout en accusant quiconque dénonçait cette haine contre les Juifs, d’islamophobie et de racisme envers les musulmans. Ce regain de haine contre les Juifs dans les pays occidentaux où ils sont pris comme cible pour leur soutien réel ou supposé à l’État d’Israël, a créé ou mis en lumière une association de destin entre l’État hébreu et les Juifs du monde entier. À titre d’exemple, le terroriste ayant abattu à bout portant des enfants et un enseignant dans une école juive à Toulouse en France en 2012, avait revendiqué son geste au nom de la défense des enfants palestiniens après avoir été sujet à une radicalisation par ses proches, fervents islamistes. Bien qu’Israël soit souvent utilisé dans la propagande antisémite pour « rallier les troupes », il convient de préciser que la haine des Juifs dans la pensée islamiste précède la création de l’état moderne d’Israël puisque les idéologies islamistes identifient souvent les Juifs comme l’ennemi originel de l’Islam et c’est le cas notamment des Frères Musulmans, mouvement fondé en 1928. Il n’est évidemment pas question ici de faire d’amalgames entre les musulmans et les islamistes ou encore entre la critique des politiques israéliennes et la remise en cause de l’existence de l’État d’Israël comme l’expression du droit à l’autodétermination du peuple juif. Ces nuances, ou plutôt la négation de ces nuances ont permis justement à tous les prêcheurs de haine de se jouer de ces subtilités en faisant taire toute critique, en censurant tout débat sur la question de ce nouvel antisémitisme, lui permettant ainsi de s’enraciner et de se développer librement.
ÊTRE JUIF ET QUÉBÉCOIS
Une étude réalisée par l’Union européenne a constaté que les auteurs des actes antisémites les plus graves sont pour 31 % des individus que les victimes ne connaissent pas, pour 30 % des individus se réclamant de la vision islamiste, 20 % des personnes se revendiquant à gauche politiquement et 13 % à droite2. Au Canada, la Muslim Association of Canada (Association musulmane du Canada, « MAC ») est une organisation, qui selon son site Internet est inspirée par le cofondateur des Frères Musulmans, l’Imam Hasan Al-Bana. En juin 2021, la MAC a reçu une subvention de 225 000 $ du gouvernement de l'Ontario pour la création de ressources éducatives numériques. Cette subvention, ainsi que d’autres subventions similaires, a été accordée pour contribuer à lutter contre l’islamophobie. Or, certaines des ressources éducatives créées par la MAC sont questionnables. Ainsi, dans une vidéo éducative sur le thème de « l'industrie de l'islamophobie », le cours fait référence à une étude réalisée aux États-Unis qui aurait identifié 74 groupes, dont « des féministes, des chrétiens, des sionistes et d'importants organes de presse ayant financé ou encouragé l'islamophobie ». L’éducatrice nous apprend que « ces sources médiatiques et la rhétorique islamophobe qui en résultent, de même que les politiques et les lois, ont un impact majeur sur la perception […] à l'égard des musulmans ici au Canada ». Et elle précise que « l'examen des acteurs clés de la fabrication de la haine antimusulmans et de leurs sources de financement permet […] d'exposer les grands systèmes de pouvoir et d'influence et, dans certains cas, les idéologies religieuses et politiques qui les sous-tendent, qui sont formées à partir de l'inculcation de l'islamophobie à l'échelle mondiale3 ». Rappelons par ailleurs que la Gendarmerie royale du Canada avait démontré en 2014 que la MAC avait fait des versements à l’IRFAN, une organisation ayant donné 14,6 millions de dollars au Hamas. Internet : un outil de propagation de la haine Internet et la mondialisation ont permis d’abolir les frontières de la propagation de la doctrine islamiste, ainsi certains doctrinaires arrivent à convaincre des individus vivant à des milliers de kilomètres. Par exemple, Tarek Al-Suwaidan, présenté comme un écrivain, historien, homme d’affaires et érudit musulman koweïtien bien connu au Moyen-Orient et dans le monde entier pour ses émissions de télévision et apparitions publiques, s’adresse à son auditoire en 2014 en ces termes : « Toutes les mères de la nation islamique – pas seulement les mères palestiniennes – devraient allaiter leurs bébés à la haine des fils de Sion. Nous les haïssons. Ce sont nos ennemis. Nous devrions inculquer cela dans l’âme de nos enfants, jusqu’à ce qu’une nouvelle génération se lève et les efface de la surface de la Terre. C’est ce que nous voulons4 ». Toujours en 2014, il décrit les Juifs comme étant « la civilisation sale et sauvage de la barbarie des fils de Sion. Ajoutant : « Notre lutte avec eux nécessite le djihad ». Par ailleurs, comme nous l’avions mentionné5dans une autre édition de cette tribune, au Québec, un prédicateur islamiste, bien connu pour ses positions anti-Israël et soupçonné d’avoir été un agent de al-Qaïda, avait publié une vidéo accusant les pro-Israël d’ « insulter le prophète » et le lobby sioniste de radicaliser la société afin qu’elle se détourne de la cause palestinienne. Une diatribe reprenant les thèmes développés précédemment accusait les Juifs, non seulement de bénéficier d’avantages indus auxquels les musulmans n’auraient pas droit, mais en plus d’instaurer un climat islamophobe en dénonçant l’antisémitisme islamiste.
Des amalgames dangereux Si ces tactiques peuvent s’avérer utiles pour radicaliser encore plus des individus en quête de reconnaissance et de causes à défendre, elles peuvent se révéler néanmoins préjudiciables dans la lutte contre la haine à l’encontre des musulmans. En effet, à l’instar de la haine des Juifs, la haine contre des musulmans doit être définie et identifiée afin de pouvoir la combattre efficacement. Ces dernières années ont vu croître toutes sortes de discours polarisants et haineux dans le monde entier, ayant le plus souvent entraîné une hausse des incidents haineux, y compris des incidents contre la communauté musulmane. Or, si la critique de l’islamisme est assimilée à de la haine contre des musulmans, ces derniers se trouvent pris en otage les laissant impuissants à se défendre, preuve ultime de la toxicité de cette doctrine haineuse qui tente d’imposer au sein même du monde musulman sa propre lecture de l’islam, faisant taire toute divergence d’opinions. Là encore, la preuve en est donnée dans les contrées régies par des islamistes où les femmes, les homosexuels et toute autre minorité ethnique ou religieuse ne bénéficient pas des droits élémentaires. Un récent exemple de la manifestation de cette censure et de l’amalgame malheureux entre islamistes et musulmans nous a été donné lors du retrait du soutien du Toronto District School Board (TDSB) à un club de lecture de jeunes filles. La raison? L’invitation lancée à Nadia Murad, l’activiste yézidie irakienne enlevée par Daesh lors de l’attaque de son village et qui a reçu quelques années plus tard le prix Nobel de la Paix pour son courage à dénoncer Daesh et son expérience traumatisante6. Les représentants de la Toronto School Board craignaient que les propos de la jeune femme « puissent offenser les élèves musulmans ». Cette décision a été largement critiquée et relayée au-delà des frontières du Canada7. Face à ces protestations concernant la décision initiale de bannir le livre
de Murad de crainte qu'il ne favorise l'islamophobie, le TDSB avait annoncé que le personnel s’engageait à lire l’ouvrage, l'approuver sous peu8 . *** Au-delà des musulmans et des Juifs, c’est toute la société dans son ensemble qui peut faire les frais des velléités totalitaires des islamistes. L’Histoire a prouvé que l’antisémitisme n’est que le premier signe d’une mise en accusation plus générale de la société. C'est pourquoi cet antisémitisme doit être combattu sans tomber dans le piège de l’accusation d’islamophobie. La lutte contre la haine sous toutes ses formes devrait être un objectif rassembleur. L’antisémitisme doit être condamné sans ambivalence par toute la classe politique. Plusieurs actions récentes9, tant au niveau provincial que fédéral, sont encourageantes et ont démontrées que nos élus comprennent la gravité de la situation. Il est primordial d’envoyer un message fort à tous les citoyens : l’antisémitisme n’a pas sa place dans la société. Pour citer la Dre Einat Wilf, une ex-députée israélienne membre du parti Haastmaout de Ehud Barak, (tous deux anciens membres du parti travailliste) : « L’une des caractéristiques permanentes de l’antisémitisme et de l’antisionisme est l’inversion des causes et des effets. La violence perpétrée à l’encontre des Juifs et d’Israël et les calomnies qui sont répandues, seraient toujours, d’une manière ou d’une autre, le résultat d’actions juives et jamais d’une idéologie antisémite profondément ancrée et en constante mutation »10.
1. « Acte de terrorisme » au Texas : le preneur d’otages était britannique, Radio-Canada, en ligne : https ://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1854780/texas-acte-terrorisme-synagogue-texas-preneur-otages-britannique. Voir aussi « Antisemitic tropes cited by the Texas synagogue hostage-taker have deep roots », Washington Post, en ligne : https://www.washingtonpost.com/nation/2022/01/18/antisemitism-anti-jewish-texas-synagogue-attack/ 2. https://fra.europa.eu/sites/default/files/fra_uploads/fra-2018-experiences-and-perceptions-of-antisemitism-survey_en.pdf ?fbclid=IwAR3a2L09rHmVhujaC-6ldPKpvvBlyXS5U6vkqt2H5olnGjOK4O-_RPBCmGc 3. Traduction libre, voir : Muslim Association of Canada, “The Industry of Islamophobia”, en ligne: https://www.youtube.com/watch?v=tDV2gb6sMQU 4. Traduction libre, voir : https://www.memri.org/reports/kuwaiti-muslim-brotherhood-leader-tareq-al-suwaidan-hamas-do-not-agree-ceasefire-until-they 5. Voir notre article Retour sur la flambée d’antisémitisme à Montréal paru dans le LVS à l’automne 2021 . https://lvsmagazine.com/2021/10/retour-sur-la-flambee-dantisemitisme-a-montreal/ 6. Livre de Nadia Murad : The Last Girl : My Story of Captivity and my Fight Against the Islamic State. 7. Voir https://www.lefigaro.fr/culture/de-peur-d-offenser-leurs-eleves-des-ecoles-canadiennes-censurent-nadia-murad-nobel-de-la-paix-2018-20211118 8. TDSB reviewing nixing of Nobel Prize laureate appearance and book”, 25 novembre 2021, en ligne : https://torontosun.com/news/local-news/tdsb-reviewing-nixing-of-nobel-prize-laureate-appearance-and-book 9. Nous pensons ici à titre d’exemple à la condamnation unanime de l’antisémitisme par l’Assemblée nationale du Québec en mai 2021, à l’adoption par le gouvernement du Québec de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA en juin 2021 ou encore au Sommet national sur l’antisémitisme organisé par le gouvernement du Canada en juillet 2021 face à la vague d’incidents antisémites. Voir le dossier « Prévenir et contrer l’antisémitisme » dans le LVS de décembre 2021 : https://lvsmagazine.com/category/novembre-2021/la-csuq-prevenir-et-contrer-lantisemitisme/ 10. https://twitter.com/EinatWilf/status/1481558379126571008?t=Qus_EwrlgS-qa3tiwueQUw&s=08
COMMUNAUTE SEPHARADE DE LAVAL COMMUNAUTÉ SEPHARADE DE LAVAL RECHERCHE UN RABBIN JEUNE ET DYNAMIQUE NOUS SOMMES À LA RECHERCHE D'UN RABBIN JEUNE ET DYNAMIQUE POUR DIRIGER NOTRE COMMUNAUTÉ À LAVAL. LE CANDIDAT DOIT AVOIR SA SMICHA DE RABBIN, SUIVRE LE RITE SEPHARADE, ET AVOIR LA MOTIVATION ET L'ÉNERGIE POUR FAIRE GRANDIR NOTRE COMMUNAUTÉ. POUR PRÉSENTER VOTRE CANDIDATURE, VEUILLEZ CONTACTER RAFAEL ANIDJAR, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ SEPHARADE DE LAVAL AU 438-875-7348
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Le Québec catholique des années 30 face à la diversité culturelle, une grande leçon d’Histoire. Entrevue avec l’historien Pierre Anctil Elias Levy Dans un essai d’histoire très fouillé et fort éclairant, Antijudaïsme et influence nazie au Québec. Le cas du journal L’Action catholique – 1931-1939 (Éditions Les Presses de l’Université de Montréal, 2021, 441 p.), l’historien Pierre Anctil décrypte la réaction, dans les années 30, des francophones et de l’Église catholique du Québec face aux premières manifestations de la diversité culturelle, en particulier de l’immigration juive. Un livre qui arrive à point nommé à une époque où l’immigration suscite toujours de vives craintes dans les milieux conservateurs de la société québécoise. Professeur titulaire au département d’histoire de l’Université d’Ottawa et spécialiste reconnu de l’histoire de la communauté juive du Québec, Pierre Anctil a accordé une entrevue à La Voix sépharade.
Qu’est-ce qui vous a motivé à entreprendre cette vaste recherche historiographique? Des recherches antérieures sur l’histoire des Juifs de Québec au début du XXe siècle, publiées dans l’ouvrage collectif Les Juifs de Québec. Quatre cents ans d’histoire, que j’ai codirigé avec Simon Jacob (Presses de l’Université du Québec, 2015), avaient révélé un fait d’actualité hautement significatif pour cette communauté survenu au cours des années 30. En 1932, les instances municipales de Québec et les élites catholiques s’étaient farouchement opposées à la construction d’une synagogue dans les quartiers neufs de la haute ville, à l’ouest du Parlement de la Grande-Allée. En 1942, ce projet se heurta de nouveau à une forte opposition. Je voulais explorer cette question pour comprendre les dessous de ce différend. Vous l’explorez par l’entremise des articles d’un journal catholique. Il y avait deux journaux à Québec à cette époque, Le Soleil, qui existe toujours, et L’Action catholique. Ce journal, fondé en 1907, était sous l’emprise d’une Église militante, qui n’était présente à un tel degré nulle part ailleurs au Canada français. Il cessa d’être publié en 1962. L’Action catholique était la source principale de l’hostilité envers les Juifs de Québec. Au départ, je n’avais aucune idée de ce que j’allais trouver dans ce journal qui reflétait la pensée de l’Église catholique durant les années 30. Combien d’articles avezvous analysés? 1789 textes – articles, éditoriaux, textes d’opinion – parus entre septembre 1931 et Pierre Anctil, historien septembre 1939, soit environ 200 en moyenne par année pendant une période de neuf ans. L’Action catholique est très hostile à l’immigration, particulièrement à celle des Juifs. À l’époque, c’est une tendance présente aussi dans le journal Le Devoir et dans toute la presse conservatrice canadienne-française : une hostilité viscérale envers l’immigration (irlandaise, chinoise…), et plus particulièrement quand il s’agit des Juifs. L’immigration juive n’était pas très importante en nombre. Cependant, les Juifs sont rejetés avec dédain par les instances de l’Église catholique.
ÊTRE JUIF ET QUÉBÉCOIS
Paradoxalement, tout en affichant des positions acrimonieuses à l’endroit des Juifs, l’Église catholique du Québec se distanciera des politiques antisémites promulguées par l’Allemagne nazie. L’Action catholique est un journal foncièrement antisémite qui perpétue dans ses articles et éditoriaux les préjugés antijuifs inhérents à la doctrine de l’Église catholique de l’époque. Mais la centralité de la vie politique allemande dans L’Action catholique ne signifie pas, loin de là, que le journal adhère sans réserve aux politiques de l’État nazi. L’Église catholique, le Vatican et le journal L’Action catholique ne prônent pas la Shoah, l’extermination du peuple juif. L’antisémitisme de l’Église catholique est rhétorique, prononcé du haut de la chaire. Ce n’est pas un antisémitisme militant qui a pour but de mettre en œuvre des idées racistes à travers un État, ça c’est le dessein des nazis. Quand le IIIe Reich hitlérien commence à persécuter sauvagement les Juifs, les politiques nazies, qui paraissaient légitimes à L’Action catholique au début des années 30, deviennent peu à peu intenables et source d’aliénation morale. Lors de mes recherches, j’ai découvert la différence fondamentale entre l’antisémitisme de l’Église catholique, basé essentiellement sur le fait que les Juifs ont refusé de se convertir au catholicisme, et l’antisémitisme nazi, basé sur des caractéristiques raciales. Deux formes distinctes d’antisémitisme qui entreront en conflit à partir de 19331934. Vous consacrez de longues pages à une figure marquante de la communauté juive de Québec, le commerçant Maurice Pollack. Il deviendra le bouc émissaire par excellence de l’Église et du journal L’Action catholique. Maurice Pollack est un immigrant juif né dans un Shtetl d’Ukraine, qui faisait alors partie de l’Empire russe, arrivé à Québec sans un sou en 1902, à l’âge de 18 ans. Il parcourt d’abord la région de la Beauce comme marchand itinérant, puis ouvre un premier commerce dans la rue Saint-Joseph en 1906. Son savoirfaire commercial et ses talents exceptionnels qu’il met à profit en peu de temps, avec des résultats éclatants, l’aident à gravir les échelons socioéconomiques à une vitesse qui dépasse de loin la norme. Il se taille assez vite une notoriété comme entrepreneur. Cette réussite impressionnante n’était pas évidente dans un milieu à très forte majorité d’origine canadienne-française et de foi catholique. À l’automne 1931, il ouvre un premier grand magasin. L’événement est accompagné d’un grand battage publicitaire dans
L’Action catholique et dans le journal concurrent, Le Soleil. Quelques protestataires s’opposent à l’ouverture de ce nouveau commerce. Mais L’Action catholique opte pour le silence et continue à publier les annonces du nouveau magasin Pollack. Les choses se gâtent un an plus tard. Le projet d’ériger une synagogue dans les quartiers neufs de la haute ville soulève un grand tollé. L’Action catholique commence à boycotter les annonces publicitaires de la maison Pollack à partir de la fin 1932. La municipalité de Québec, appuyée par des activistes catholiques, s’oppose aussi vigoureusement à ce projet synagogal. Le boycott contre le magasin Pollack prend alors des proportions démesurées. Ce n’est pas la présence d’un magasin tenu par un Juif qui dérange L’Action catholique, mais plutôt le projet d’édifier une synagogue à Québec. Les élites catholiques et les dirigeants de L’Action catholique sont résolument persuadés que ce projet menace les paroisses catholiques de la ville de Québec et les poussera à la faillite. Ils considèrent que c’est la foi catholique qu’il faut défendre avant tout. On ne peut rien reprocher à Maurice Pollack, il est un homme très respectueux de ses concitoyens catholiques. Mais on lui reproche de financer la construction d’une synagogue dans la haute ville. Cet incident provoqua dans la communauté juive un choc traumatique dont elle n’a pu se remettre que deux décennies plus tard, soit après l’érection en 1952 d’un lieu de culte judaïque à Québec. La Révolution tranquille, au début des années 60, augure une nouvelle ère dans les relations entre catholiques et Juifs. Oui. Avec la Révolution tranquille, il y a une rupture politique majeure qui s’est traduite concrètement par une perte de l’influence de l’Église catholique. L’idéologie catholique des années 30, porteuse d’un antisémitisme virulent, ne pouvait pas perdurer, notamment à partir de 1965, année de la promulgation par le Vatican de la déclaration Nostra Aetate sur les relations entre chrétiens et Juifs, adoptée dans le cadre du Concile Vatican II. Nostra Aetate reconnaît la responsabilité de l’Église dans la propagation de l’antisémitisme. Une période de reconstruction des rapports avec les Juifs et le judaïsme est amorcée. C’est une immense rupture avec les positions traditionnelles défendues par l’Église dans les années 30. L’Église catholique du Québec finira par réhabiliter l’honneur bafoué de Maurice Pollack, qu’elle a combattu avec pugnacité pendant de nombreuses années. Je ne peux pas le prouver parce que les archives des années 50 du diocèse de Québec ne sont pas encore ouvertes, elles le seront dans 75 ans, je n’ai eu accès qu’aux archives
du mandat de l’archevêque de Québec, Monseigneur le Cardinal Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve, décédé en 1947. Mais je pense que l’Église a convenu qu’il fallait rendre hommage à Maurice Pollack, qu’elle a fustigé pendant longtemps, et réparer le grand tort qui lui avait été fait. En 1956, l’Université Laval octroya à Maurice Pollack un doctorat honorifique en sciences commerciales qui lui fut remis en mains propres par le successeur du Cardinal Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve, le Cardinal Maurice Roy. L’année suivante, en 1957, à la suite d’un important don de la Fondation Pollack, un pavillon du même nom fut inauguré sur le nouveau campus de l’Université Laval, à Sainte-Foy. Ces deux événements, et la réconciliation qu’ils symbolisent, ont mis fin à plusieurs décennies de résistance des autorités diocésaines à Maurice Pollack. L’opposition à l’immigration que l’on constate aujourd’hui dans certains milieux conservateurs de la société québécoise puise-t-elle ses racines dans l’histoire des années 30? Tout à fait. Les résistances actuelles vis-à-vis de l’immigration qu’on voit dans le parti au pouvoir, la Coalition avenir Québec (CAQ), et dans certains milieux journalistiques québécois sont enracinées dans la période des années 30. Il y a un lien direct. Dans certains milieux, on n’est pas encore sorti de cette crainte viscérale de l’immigration. La CAQ s’est plutôt fait élire en province, dans les petits centres. À Montréal, les gens sont plus ouverts d’esprit, il y a plus de métissage et de dialogue interculturel. Regrettablement, ce discours antiimmigration est très répandu dans plusieurs pays occidentaux. Par exemple, en France, une société que je qualifierais de plus intellectuelle et de plus réfléchie que la nôtre, il y a des politiques, candidats à l’élection présidentielle, qui tiennent un discours ouvertement anti-immigration extrêmement préoccupant. Ce n’est pas le cas au Québec heureusement. Aujourd’hui, au Québec, c’est une autre forme d’antisémitisme, non catholique celui-ci, qui sévit. La bête a changé de visage. Aujourd’hui, au Québec, l’antisionisme et le suprémacisme racial, qui n’étaient pas inscrits dans les fondements du catholicisme, ont substitué l’antisémitisme traditionnel prôné jadis par l’Église catholique. Désormais, l’hostilité envers les Juifs provient essentiellement de l’antisionisme, la haine vouée à Israël. Une autre forme d’antisémitisme existe aussi en Occident : la négation de la Shoah. Ce phénomène est très marginal au Québec. Il est plus répandu en France. L’histoire de la communauté juive québécoise, dont les premiers membres se sont établis en 1760 dans le Bas-Canada, n’est pas évoquée dans les manuels scolaires d’Histoire du Québec. N’est-il pas temps de pallier cette lacune? Certainement. Bien que dans les études sur l’histoire de Montréal, c’est la communauté juive qui a eu la part du lion les quarante dernières années. En 2018, deux chercheuses et didacticiennes, Sivane Hirsch, de l’Université du Québec à Trois-Rivières, et Sabine Moisan, de l’Université de Sherbrooke, ont conçu un guide de soutien à l’enseignement de l’histoire de la communauté juive du Québec pour les enseignants du primaire, du secondaire et du collégial1.
1. Enseigner l’histoire de la communauté juive au Québec. Guide de soutien aux enseignants, Éducation et Enseignement supérieur, Québec, 2018, 50 p. Voir https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/docs/GSC4394/O0000787247_Jewish_Community_Final_Web.pdf
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Redemptive Teaching and Experiential Education Rabbin Yamin Levy The hallmark of freedom is the opportunity to learn. A free society promises every one of its members the prospect to study, research, investigate and acquire knowledge. It is therefore not surprising that at the heart of the Pesach celebration, the holy day that commemorates the Jewish people’s freedom from bondage and the dream of creating a sovereign society, is the biblical mitzvah of education: And you shall educate your son on that day, saying, ‘because of this, did the Lord do for me when I went out of Egypt’ (Exodus13:8) Freedom and education are two universal values that are inherently related to one another. That is why on Passover the child takes center stage and the parent transforms into teacher. Not just any kind of teacher but rather, one who has personally experienced the saga of bondage and redemption, as the Talmud states: “everyone must see themselves as if they personally were redeemed from Egypt” (TB Pesachim 116b; Mishne Torah Hametz U’Matza 7:6). When an idea and an event interact with life in a relevant manner, learning not only happens, but it inspires and transforms both the teacher and the student. This method in educational circles is called “experiential education.” Indeed, the entire Pesach Seder and its text, the Haggadah, is designed to provide an optimal experiential educational experience. Experiential education often begins with a question that sparks the curiosity of the student. The Pesach Seder, our sages teach, is not complete if questions are not asked. Maimonides (12th century) writes: “The father should make changes on this night so that the children will wonder and be motivated to ask: ‘Why is this night different from all other nights?’ And the father will then have the opportunity to respond: ‘This and this occurred, and this took place.’” (Mishne Torah, “Hametz Umatza” 7:3) If there are no children, the adults ask each other, and if one sits alone, he or she must ask oneself (MT Chametz Umatza 7:45). The entire Passover evening is designed to be experiential. One must drink four glasses of wine, recline, eat bitter herbs, recite text, sing songs, and of course place a tray over each participant’s head as is the custom in Sephardic communities. Experiential education sees every context and resource as a potential educational opportunity. Our sages of the Talmud were masters of informal experiential education. They took upon themselves the awesome responsibility of transmitting Torah, its values, and a Jewish way of life to future generations. They understood that for Judaism to endure, it must be transmitted experientially. A paradigm of this beautiful educational practice is found in Talmud Baba Mezia (page 85b). The Talmud relays a Ma’aseh Rav, a story of the master that we should emulate and that speaks to the task, responsibility, and methodology of teaching and transmitting Torah. The story opens with
JUDAÏSME
Raysh Lakish, one of the great sages of his time, marking the graves of the rabbis who had preceded him in death. The Talmud reports that he was unable to find the grave of Rabbi Chiyyah. He became despondent and interpreted his inability to find the rabbi’s grave as a sign of his lack of merit relative to Rabbi Chiyyah. He was both pained and shocked that he was not worthy enough to be of service to the remains of the great Rabbi Chiyyah. In response to his distress a heavenly voice informed Raysh Lakish that Rabbi Chiyyah’s superiority over him was not in the realm of Torah mastery, but rather in the realm of Torah education. The Talmud continues with a description of how exactly Rabbi Chiyyah taught Torah to his students. He began his endeavor as a teacher by selecting eleven students as an initial cohort. He would then plant flax seeds with his students. The grown flax would be woven into a net to trap deer. He would ritualistically slaughter the deer, cook the meat and feed his students. He would then prepare the deerskin and write the Torah in five different scrolls, and the Mishna in six different scrolls – one scroll for each of the five books of the Torah and one scroll for each of the six books of the Mishna. The great rabbi would then teach each of his students one book of the Torah or a section of the Mishna. Five students each learned a portion of the written Torah and six students each learned a portion of the oral Torah. He would then instruct them: “Until I return, teach one another the Torah and the Mishna that I have taught you.” Rabbi Chiyyah’s approach was a highly integrated method of bringing together teaching with industry. He engaged creatively in all categories of life – not only people, but the world of agriculture, farming, hunting, print and pedagogy. The Rabbi selected eleven students and taught each of them one text. Each student was then required not only to teach his portion to the other ten students but also learn from each of the other students. Each student taught their text ten times, becoming an expert in their material. Per the rabbi’s directive and while he was absent, he successfully transformed his students into teachers. But the transformation continued. Each repeated teaching experience involved a thorough review of the material and as such, created a heightened experience for the teacher. Every review offered a renewed look at the text and the various nuances within its message. Each teaching experience was with a different student. Each student had a different learning style, which forced the teacher to present the material in new ways in order to accommodate their various backgrounds, personalities
and intellectual capabilities. As a result, each teaching experience also became a learning experience. With each “teaching / learning” experience the material was presented in a new light from the freshly acquired knowledge of the previous “teaching / learning” experience. The first “teaching / learning” experience was dramatically different from the tenth such meeting. The tenth time the book of Bereshit was “taught / learned”, it was presented by a more learned teacher and a more sophisticated student. The transformation of student to teacher also involved a simultaneous transformation of teacher to student. For Rabbi Chiyya, Jewish education is not achieved with frontal lectures presenting facts, dates and measurements, but rather involves a creative relationship with the world around him. The goal of education according to Rabbi Chiyyah is not measured in the theoretical potential, but rather in the accomplishment. The sage ensured the preservation of Judaism by enabling his students to master the basic texts of Torah and Mishna, which make up the primary texts of Torah SheBichtav and Torah SheBe’al Peh (the Torah transmitted in writing and the Torah transmitted orally). There is no mention of unique intellectual strengths or analytical abilities. His vision of preserving Torah involved first communicating the basic texts rather than beginning with a profound, highly sophisticated presentation of the material. The sages trusted that students, once armed with mastery of the text, would then pursue an in-depth analysis of Jewish thought, philosophy, and Halakha. Rabbi Chiyya’s educational model is not only a paradigm of enlightened pedagogy, but also represents a profound act of Tikkun Olam. The flax seed, the quill, the ink, the deer, the students, and the teacher are all part of a dynamic equation which endows reality as a whole with ultimate purpose and meaning. Every act in one’s life is measured on the basis of its ultimate contribution to the service of God. Dissemination of Torah is not a static, lateral process but rather a multi-dimensional and dynamic one, harmonizing the reality around us for the purpose of Torah. Rabbi Chiyya’s greatness, however, was most evident in his ability to see in a handful of flax seeds a magnificent vision of intellectual and spiritual transformation. Seeds transformed into flax, which in turn transformed into a net, which caught a deer, which fed the students and transformed into scrolls which ultimately transformed students into teachers and teachers into students and the “teacher /students” into the next link of the Masoretic chain of Judaism. Continuity of Torah is not merely education, but the constant process of transforming students into teachers. Every father and mother, every Jew is in essence a potential educator no less than he or she is a potential student. The holy day of Pesach, the Haggadah, and the Seder night is about asserting our freedom and affirming our ability to communicate the redemptive knowledge of God’s relationship with His chosen people. It is no surprise that the heavens decreed that Rabbi Chiyyah’s grave not be found. In a very real sense, Rabbi Chiyyah is still alive and vital. The name Chiyyah shares an etymological relationship with the word Chaim which means life. The effect of his progressive method of education and his commitment to the dissemination and perpetuation of Torah remains eternal in this world. Mo’adim LeSimcha, Chagim U’Zmanim LeSasson
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La Shoah et l’Afrique du Nord : un colloque qui s’insère dans un contexte prometteur Elie Benchetrit1 « L’objectif de notre colloque n’est autre que de nous aider à mieux comprendre, à travers les exposés et les points de vue d’historiens juifs et musulmans et éminents spécialistes de l’Afrique du Nord qui ont accepté notre invitation, cette tragique période de l’histoire du peuple juif. Notre mission est d’apporter un éclairage nouveau sur les rapports entre musulmans et Juifs pendant la Shoah dans trois pays : Le Maroc et la Tunisie (sous protectorat français) et l’Algérie (département français à cette époque). Nous sommes convaincus du bien-fondé du thème que nous avons choisi, compte tenu de la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël et de la reconnaissance de ce dernier par plusieurs États du Golfe. » Avraham Elarar, président de la Fédération Sépharade du Canada Dans le cadre du Festival Séfarad de Montréal, la Fédération Sépharade du Canada, sous l’égide de la Fédération Sépharade mondiale, en partenariat avec la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ), le Musée de l’Holocauste de Montréal, le Centre Culturel Marocain de Montréal et le Fonds National Juif du Canada (région du Québec) ont organisé un colloque de deux jours les 14 et 15 novembre derniers en 2021. À l’origine, cette activité devait avoir lieu il y a deux ans selon le souhait de M. Avraham Elarar qui après avoir lu l’ouvrage de l’universitaire américain Robert A. Satloff, Among the righteous : Lost memories from the Holocaust’s Long reach into Arab lands, souhaitait mettre en lumière le rôle joué par des citoyens musulmans dans les pays du Maghreb sous le régime de Vichy pour sauver des Juifs. Des circonstances indépendantes de notre volonté ont fait que le projet initial fut reporté à deux ans plus tard. Ce délai nous a permis de le peaufiner pour pouvoir présenter à notre public un produit de qualité. La réalisation de cet événement qui venait à point nommé après la signature des Accords d’Abraham d’Israël avec certains pays du Golfe, le rétablissement de relations diplomatiques entre Israël et le Maroc avec, dans un premier temps la nomination de chargés d’affaires dans les deux pays et surtout la poursuite d’une politique de remise à l’honneur du patrimoine juif au Maroc mené depuis des années par le gouvernement marocain sous la conduite de S.M Mohammed VI, constituait un alignement des étoiles en notre faveur. Malheureusement, la pandémie qui nous affecte depuis deux ans ne nous a pas aidés dans notre projet et nous avons dû présenter des conférences en format hybride et d’autres en virtuel, ce qui a eu une influence non négligeable sur l’affluence du public, mis à part la projection du film Les hommes libres qui a fait salle comble. Ceci dit, ce n’est pas l’absence de têtes d’affiche qui a fait défaut. Les équipes chargées du projet tant du point de vue de la conception que de celui de la réalisation ont, comme on dit dans le langage courant « bien livré la marchandise ». En deux jours, notre public, qui aurait dû être plus nombreux en temps normal, a pu apprécier les interventions magistrales des conférenciers invités : les historiens Benjamin Stora et Georges Bensoussan (France), Abdelhamid Larguèche (Tunisie), Yolande Cohen (Montréal), les universitaires marocains Abdellah Ouzitane, Mohammed Hatmi, Driss Khrouz, qui se sont déplacés à Montréal de même que le cinéaste Ismaël Ferroukhi, présenté lors de la projection de son magnifique film Les hommes libres par le spécialiste cinématographique et membre du Jury du Festival du cinéma
israélien à Montréal, Elie Castiel, l’auteur et universitaire américain Robert Satloff en entrevue avec le journaliste torontois Ralph Benmergui. Les conférences qui ont eu lieu en mode présentiel et hybride se sont déroulées dans la synagogue Spanish & Portuguese et dans la belle et prestigieuse salle de conférences de Dar el Maghrib que le Centre Culturel Marocain a mis gracieusement à notre disposition grâce à sa charmante et efficace directrice Mme Houda Zemmouri que nous tenons à remercier à travers ces lignes. En organisant ce colloque, la Fédération Sépharade du Canada, sous l’impulsion de son président M. Avraham Elarar, a tenu à mettre en avant notre désir de poursuivre et surtout de renforcer le dialogue judéo-musulman amorcé il y a quelques années sous l’égide du groupe « Mémoires et dialogue » et tout particulièrement avec la composante marocaine. L’engagement de notre Fédération dans ce processus de rapprochement qui, au-delà du politique, met l’accent sur la coopération culturelle et scientifique, musicale, entre le Maroc et Israël ne saurait être mieux illustré que par notre participation effective marquée par la présence et l’engagement à Tel-Aviv d’Avraham Elarar au début de novembre lors du colloque qui s’est tenu à l’Université Bar Ilan sur le Droit hébraïque au Maroc, auquel participèrent des chercheurs et universitaires marocains conjointement avec leurs homologues israéliens. L’exemple de Bayt Dakira, inauguré par le Roi Mohammed VI, est un réel espace de tolérance qui vise à préserver la mémoire des Juifs d’Essaouira. « Unique en son genre au sud de la Méditerranée et en Terre d’Islam, la Maison de la Mémoire (traduction directe de Bayt Dakira) témoigne du passé judéo-musulman d’Essaouira, de la destinée exceptionnelle des Juifs de Mogador, de leurs relations avec les populations musulmanes, qui ont toujours été riches et bienveillantes2» . Le Colloque « La Shoah et l’Afrique du Nord » a bénéficié de l’appui humain, technique et moral de la CSUQ dont le président M. Jacques Saada qui nous a soutenus dès le début dans le choix du sujet et bien entendu son directeur général M. Benjamin Bitton dont la disponibilité et celle de son personnel dévoué nous ont été d’une aide précieuse. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés. Benjamin Bitton (directeur exécutif de la CSUQ ) , Ralph Benmergui ( journaliste) , Jacques Saada ( président de la CSUQ ) , Galith Lévy (directrice JNF Montréal) , Karen Af lalo ( présidente JNF Montréal) Paul Hirschon (consul général d’Israël à Montréal) Avraham Elarar ( président de la Fédération Sépharade du Canada) , Abdellah Ouzitane ( professeur à la Faculté de Droit de Bordeaux) Elie Benchetrit (directeur général de la FSC) Simon Bensimon (vice-président de la FSC) Laura Cohen (co-présidente du FSM)
1. Notre collaborateur s’exprime ici en tant que secrétaire général de la Fédération Sépharade du Canada 2. Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Bayt_Dakira
CULTURE SÉPHARADE
Imma Hbiba. Dictionnaire français judéo - marocain. Entretien avec Jacques Chetret. Sonia Sarah Lipsyc Jacques Chetret, natif du Maroc, réside aujourd’hui en Belgique après avoir vécu dans plusieurs pays en Amérique du Nord et en Asie. Ingénieur, arrivé à l’âge de la retraite, il a plongé dans sa mémoire pour retrouver la langue de son enfance, le judéomarocain et laisser en héritage le fruit de ce cheminement aux lecteurs.trices de son ouvrage. Son titre Imma Hbiba est celui de l’une de ces arrière-grands-mères, mais comme je le relève, et il acquiesce, ces deux mots peuvent aussi se traduire par « maman chérie », le lien qui nous unit à une langue maternelle. Il a accepté très aimablement de répondre à nos questions pour le LVS. Dans quel contexte avezvous entendu le judéo-arabe, et plus précisément le judéomarocain? Dans un contexte familial, bien sûr. Ma famille est originaire de la région de Casablanca du côté maternel et de la région de Settat du côté paternel. J’ai connu mon arrière-grand-mère Imma Hbiba, décédée disait-on à 104 ans, mais l’état civil de l’époque était approximatif. Elle ne parlait qu’une seule langue, le judéoarabe du Maroc qui était aussi la langue maternelle de mes grands-parents du côté maternel, les seuls d’ailleurs que j’ai connus. Ma grand-mère parlait également le judéo-espagnol et mon grand-père un peu le français. Quant à mes parents, ils parlaient couramment le judéo-marocain et le français. Parliez-vous vous-même le judéo-arabe dans votre enfance? Né à Casablanca en 1941, j’ai toujours entendu mes parents parler le judéo-arabe, entre eux et aussi avec leurs parents âgés, leurs amis, des commerçants, la femme de ménage, etc. Je comprenais cette langue, mais je ne la parlais pas. En effet, mes parents, habillés à l’européenne, n’utilisaient que le français avec nous. Ils étaient soucieux que leurs enfants – j’étais l’aîné de trois sœurs suivies d’un frère – ne parlent pas autre chose que le français. La France, c’était la liberté, l’égalité, la modernité, le futur. Apprendre l’arabe n’était pas au programme, nous nous tournions vers l’occident. Alors oui, j’ai entendu pendant mes vingt premières années le judéo-arabe et J’ai quitté le Maroc à l’âge de 20 ans pour étudier à Paris, devenir ingénieur et jusqu’à ma retraite en 2006 je n’y ai plus pensé… Je voyageais énormément, j’ai vécu dans des univers très différents. J’étais bien occupé et tout ce qui s’était passé dans ma jeunesse au Maroc, était en quelque sorte « dormant ». Mais j’allais vite me rendre compte à quel point ce langage était ancré dans ma mémoire. Un mot me revenait, puis un autre, et c’est comme ça que j’ai mis le doigt dans l’engrenage… C’est-à-dire? Quand j’ai pris ma retraite en 2006, je me suis installé avec femme et enfants à Bruxelles. J’avais tout à coup plus de temps. Comme je suis passionné par les langues, les mots et leur histoire, je me suis intéressé au judéo-marocain dont des mots et des expressions me revenaient sans cesse en mémoire, très clairs après tout ce temps! Dans les conversations en famille ou avec des amis originaires du Maroc, ça devenait un jeu et un sujet de conversation. Et qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre? Sur Internet, les sites judéo-marocains parlaient de tout, mais finalement peu de la langue. Les ressources m’apparaissaient maigres. J’ai pensé qu’il fallait envisager quelque chose à ce sujet. Témoigner me paraissait d’autant plus urgent que la population juive marocaine
a considérablement diminué ces dernières décennies. Il y avait donc le risque de voir cette langue, le judéo-marocain, disparaître. J’ai décidé qu’il y avait là quelque chose d’important à préserver et qu’il fallait en fixer la trace par écrit. Comment avez-vous procédé? J’ai commencé un forum sur un de ces sites s’intéressant à la culture judéo-marocaine. Les participants, et parmi eux quelques Marocains musulmans, apportaient leurs propres souvenirs du judéo-marocain (mots, expressions, proverbes) pour enrichir le futur dictionnaire. C’est là que j’ai mesuré combien cette redécouverte de leur propre langue apportait à chacun de plaisir, de joies, de rires. Ça m’a beaucoup encouragé! La lecture de dictionnaires d’arabe m’a également aidé en me rappelant d’autres mots, de même que l’écoute de vidéos en arabe. Je ne suis ni linguiste ni universitaire, ma démarche est personnelle, une reconstitution d’une langue à partir de la mémoire et d’échanges. J’ai fait appel à mes amis pour leurs propres souvenirs de cette langue. Mon travail s’est étendu sur plus sept ans. Et j’ai souhaité écrire un livre sur le judéo-marocain en français pour des francophones. Je propose un dictionnaire avec des exemples de phrases pour illustrer un mot, mais aussi une sélection de proverbes ou d’expressions également transcrits en français. Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confronté? La première difficulté a été la collecte des souvenirs d’autres personnes, ces personnes n’ayant qu’un temps limité pour participer au projet. Il faut d’ailleurs poursuivre cet effort pour enrichir encore le dictionnaire, et si quelqu’un se sent prêt à prendre la relève et à continuer le projet, je serais heureux de l’y aider. Le second défi a été la transcription des sons arabes en caractères lisibles par des lecteurs de langue française. La transcription que j’ai créée pour le dictionnaire est, je crois, lisible et précise, pas de « signes cabalistiques », à un son arabe correspond un signe et un seul. Elle est aussi pratique puisque tous les signes sont disponibles sur le clavier français. Qu’est-ce qui caractérise le judéo-arabe marocain? La base du judéo-arabe du Maroc est l’arabe et le berbère, avec des apports hébraïques et plus récemment français et espagnols. Les Juifs du Maroc avaient coutume de rédiger certains documents en judéo-marocain, en utilisant les caractères hébraïques : des contrats commerciaux, des kétouboth (actes de mariage), et même des textes religieux comme la Haggada de Pessah. Mais le judéo-marocain reste essentiellement une langue parlée, avec des variations importantes d’une région à l’autre, dans la prononciation, l’accent et même le vocabulaire. Pour que le dictionnaire reste homogène, j’ai fait le choix de la prononciation de Casablanca, la seule que j’ai personnellement entendue.
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LVS mars 2022
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Kehilla, l’immeuble pas comme les autres Sylvie Halpern Depuis deux ans, un bâtiment de dix étages s’élève dans le ciel de Côte-Saint-Luc, où le dimanche matin, on se dit Shavua tov (bonne semaine). Première réponse de la communauté à la crise du logement social, cette initiative a vraiment changé des vies. Ometz et la Ville de Montréal, qui identifie les candidats le plus en besoin. Outre les critères financiers de l’OMHM, on attribue des points à ceux qui éprouvent des difficultés psychologiques, psychosociales ou familiales – ainsi des femmes victimes de violences conjugales, des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale… - ou qui vivent dans des conditions de surpeuplement.
La bâtisse aurait pu se contenter d’être confortable – elle aurait déjà calmé l’anxiété des personnes seules, des jeunes couples et des familles en précarité psychologique ou matérielle qui y habitent -, mais en plus elle est belle et on y sent une heureuse dynamique. En seulement deux ans, cet espace érigé pour répondre à des situations de crise est devenu un véritable lieu de vie et tout y a été pensé pour y développer un sentiment de bien-être et d’appartenance. Kehilla 1 a ouvert les portes de ses 68 logements au printemps 2020, en pleine pandémie, et quelque 160 personnes y vivent aujourd’hui. Rebecca Lévy, la directrice générale de l’organisme de charité montréalais du même nom qui a fait construire cet immeuble de logement social selon les meilleures normes de l’industrie, assure que « leur vie a vraiment changé ». Dès le départ à Kehilla, on a voulu favoriser la mixité. Pas seulement parce que l’immeuble abrite 30 logements d’une chambre, 19 de deux et autant de trois pour répondre aux besoins de ses occupants, mais parce que la nature des unités diffère : la moitié consiste en appartements abordables dont le loyer est inférieur à ceux du marché, l’autre en logements sociaux subventionnés par l’Office municipal d’habitation de Montréal (l’OMHM). Dans ces derniers, les locataires paient un loyer basé – et réévalué chaque année – sur 25 % de leurs revenus et l’OMHM, la différence. Sous l’égide de la Fédération CJA, l’organisme de charité Kehilla Montréal a obtenu une subvention dans le cadre du programme Accès Logis de la Ville de Montréal et de la Société d’habitation du Québec. Ce qui lui a permis de créer sa filiale, le Groupe Kehilla, l’organisme à but non lucratif qui est propriétaire de ce premier immeuble de CôteSaint-Luc et tente de conjuguer budget viable et loyers accessibles. Mais, fort de cette première initiative dont une récente étude de l’Université Concordia a souligné tout l’impact positif sur ses occupants, le Groupe n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. « Il y a des besoins énormes en matière de logement social, dit Rebecca Lévy. Nous sommes ouverts à tous, mais notre principal objectif est de répondre aux besoins pressants de notre communauté ». D’ailleurs, si les fonds publics ont assuré ses fondations, c’est bien parce que des donateurs communautaires se sont largement impliqués que ce premier immeuble a surgi encore plus chaleureux. Ainsi, chaque unité a été remise équipée de toute la gamme des plus récents électroménagers, et salle et jardin communautaires viennent renforcer l’illusion de vivre dans des condominiums. Pas étonnant que la liste d’attente – de plus de 450 demandeurs – ne cesse de s’allonger. Par un système de pointage très transparent, Kehilla a créé un comité d’adhésion avec le Centre Cummings, l’Agence
Mais pour trouver une solution à cette crise généralisée, l’organisme n’écarte aucune avenue. En ciblant les quartiers – Côte-SaintLuc, Côte-des-Neiges, NDG et Saint-Laurent – où des membres de la communauté sont en demande. « Au départ, nous étions concentrés sur le développement de nouveaux projets, explique Rebecca Lévy, mais vu le ralentissement et le coût de la construction, vu les effets de la pandémie, nous travaillons également à l’acquisition de vieux immeubles que nous rénoverons »; par l’entremise d’hypothèques octroyées par la SCHL, ce qui évidemment prend du temps. Initiative extraordinaire que Kehilla vient de démarrer, c’est ce programme d’allocations au logement communautaire qui est entièrement financé par des donateurs privés de la communauté et par la campagne de fonds annuelle. Concrètement, en attendant de pouvoir leur offrir des logements, l’organisme a déjà commencé à aider les demandeurs dans le besoin à payer leur loyer, peu importe où ils habitent actuellement. Tout ceci est formidable, mais révèle, et Rebecca Lévy le déplore, l’absence de politique de logement social : « Et cela nous ralentit considérablement. Nous devons travailler avec les municipalités pour développer ces politiques. Kehilla est vraiment un projet innovateur au cœur de Côte-Saint-Luc, mais nous aurions besoin d’un coup de pouce quand nous voulons développer un projet : en facilitant les changements de zonage, en nous exemptant de taxes foncières pendant dix ans… Ça nous permettrait de faire encore beaucoup plus! »
Rabbin Jérémie Asseraf : rencontre avec un jeune Rabbin dynamique Elie Benchetrit Comme nous l’avions déjà annoncé dans notre numéro de Hanoukka, la Communauté Sépharade de Ville-Saint-Laurent Hékhal Shalom a engagé un nouveau Rabbin en la personne de Jérémie Asseraf qui succède ainsi au Rabbin Ronen Abitbol appelé à exercer ses fonctions en Floride. À titre de journalistes pour LVS, nous sommes allés rencontrer Rabbi Jérémie dans son nouveau fief d’Hékhal Shalom. C’est un homme avenant et d’allure dynamique qui s’est prêté de manière spontanée à répondre à nos questions. Pouvez-vous nous parler de votre parcours rabbinique? Je dois vous préciser que ce parcours est si j’ose dire atypique. J’ai quitté mes études secondaires en France alors que j’avais 13 ans c’est-à-dire alors que j’étais en secondaire 2 pour me consacrer à un cursus centré sur la Torah. Je tiens à mettre cette décision dans mon contexte familial, c’est-à-dire auprès de parents pour qui il était hors de question de faire pression sur leurs enfants pour qu’ils fassent carrière. Ma mère, de mémoire bénie, souhaitait avant tout que ses enfants soient heureux dans la vie à partir des choix qu’ils voulaient faire. Notre père nous disait toujours : « Faites ce que vous souhaitez faire, mais faites-le bien. » En ce qui me concerne, le choix était simple, mais clair : je voulais, plus que toute autre chose, consacrer ma vie à l’étude de la Torah. J’ai donc, dès mon jeune âge, commencé à fréquenter la yeshiva, l’école talmudique du Rabbin Yaacov Toledano à Rancy, et ce, pendant 3 ans. À la suite de cette période fort enrichissante, je suis parti dans une yéshiva à Manchester, suivi d’un séjour à Hevron à la yeshiva dite « des Français » dirigée par le Rav Grossman. De retour en France, j’ai fréquenté la yeshiva du Rabbin Daniel Heyman à Épinay-sur-Seine et donné plus tard des cours à la yeshiva du Rav David Pinto tout en étant étudiant à son Kolel, lieu d’études talmudiques pour hommes mariés. Plus tard à Marseille, j’ai fait partie de l’équipe de rabbins dirigée par le Rav Ohana, grand Rabbin de Marseille. Une période faste dans ma vie, car cette équipe a accompli un tour de force, le renforcement de notre communauté à Marseille. Je me suis surtout investi auprès des jeunes du 9e arrondissement de cette ville afin de les ramener dans le giron de la Torah et de transformer cette communauté de Tifereth Israel en une communauté consistoriale. J’ai choisi plus tard pour des raisons familiales de m’installer à Montréal et de fréquenter, à mes débuts dans cette ville, la synagogue Petah Tikva de Ville-Saint-Laurent où j’ai été accueilli très chaleureusement par son Rabbin Haïm Nataf. Racontez-nous votre embauche comme Rabbin à Hékhal Shalom. Le départ du Rabbin Ronen Abitbol après de nombreuses années au service de son kahal (communauté), laissait un vide, je l’admets, fort difficile à combler et des amis m’ont conseillé de tenter ma chance parmi d’autres postulants. J’ai eu le bonheur d’avoir été choisi par le comité de sélection pour remplacer mon illustre prédécesseur, et en même temps, relever les nombreux défis qu’il faut affronter en tant que guide spirituel d’une communauté aussi vibrante que Hékhal Shalom. Je tiens à préciser que chaque nouveau rabbin qui prend la tête d’une congrégation a sa personnalité propre et sa vision concernant les problématiques auxquelles il devra apporter des réponses adéquates. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet? Notre communauté d’Hékhal Shalom, comme tant d’autres congrégations d’ailleurs a été confrontée ces derniers temps à ce que je définirai comme des pertes de vitesse : les déménagements de pas mal de ses membres à Côte-Saint-Luc exclusivement pour des raisons de regroupements familiaux, et bien sûr la pandémie de la COVID-19 qui a bouleversé nos habitudes
NOS CONSTITUANTES
à presque tous les niveaux. Ajoutez à cela le décès tragique de notre Hazan, Mokhluf Arzoine Z’’L1 qui a laissé un immense vide dans notre communauté. Il fallait impérativement ranimer la flamme, ramener la vie dans cette communauté qui m’a été confiée. Je crois, en toute modestie, que selon moi, l’élément essentiel pour répondre à cette problématique résidait dans le fait qu’il fallait consacrer l’essentiel de mes efforts envers les enfants n’ayant pas encore atteint l’âge de la bar-mitzva. Nous avons l’habitude de dire que les enfants constituent l’avenir de notre communauté. Permettez-moi de le dire autrement : les enfants sont surtout et avant tout le « présent » de toute communauté et ce sont eux qui devraient bénéficier en premier lieu de notre attention. En me basant sur l’idée qu’il fallait attirer ces enfants dans notre synagogue, il était nécessaire de créer des incitatifs et quel meilleur moyen pour cela que d’offrir à ces enfants la possibilité de venir jouer et passer du bon temps dans un lieu qui ne serait pas seulement un lieu de prières, mais aussi un espace de rencontres, de loisirs et de chaleur. C’est ainsi que j’ai fait installer ici-même une table de ping-pong et des baby-foot. Je suis convaincu qu’une fois chez eux, ces enfants « éduquent à leur tour leurs parents » Pour moi une synagogue où résonnent les rires et les cris d’enfants est l’exemple d’une synagogue vivante et porteuse d’avenir. Sur un plan plus général, vous n’êtes pas sans savoir que l’Honorable Jacques Saada, le président de la CSUQ a entamé depuis quelques mois une vaste action face au Va’ad Hair afin d’avoir plus de transparence quant à la gestion de cet organisme et surtout de veiller à ce que le prix de la viande cachère ne soit pas aussi prohibitif pour les nombreuses familles modestes que compte notre communauté. Qu’en pensez-vous? Personnellement, je suis contre ce que j’appellerai un « totalitarisme de la cacherout » comme c’est le cas actuellement. Malheureusement cette situation se maintient en place par un manque d’unité dans nos rangs qui a des causes multiples, entre autres des conflits d’intérêts. Le problème est très complexe et fait appel à de nombreuses réponses comme celle d’implanter un nouveau marché de la viande avec un nouveau circuit et de nouveaux acteurs qui connaissent le secteur. Nous nous devons surtout de lutter contre le monopole actuel et d’essayer de créer un nouveau modèle où la compétitivité et la libre concurrence auraient leur place. Nous trouvons ce modèle en France et bien entendu en Israël. Nous devrions nous en inspirer. 1. Cet acronyme en hébreu signifie : « que son souvenir soit source de bénédiction ».
Le « programme de réussite » à l’École Maimonide Esther Krauze
Avec de bonnes stratégies et des outils adéquats, chaque élève peut réussir et atteindre son plein potentiel. C’est dans cette optique qu’à l’École Maimonide, nous avons mis en place « le programme de réussite ». Suivant le modèle de Réponse à l’Intervention (RàI) que nous détaillons ci-dessous, nous prenons en charge les élèves de la maternelle à la cinquième secondaire en leur offrant un soutien personnel et un suivi continu. Pour intégrer un élève dans ce programme, les enseignants font tout d’abord des observations en classe, des rencontres avec les parents et une analyse du rapport psychoéducatif. Le tout pour déterminer ensemble les besoins prioritaires de chacun de nos élèves. Puis un plan d’intervention est créé, celui-ci contient, entre autres, les objectifs sur lesquels nous allons travailler et les moyens utilisés pour les atteindre. Enfin, nous déterminons la fréquence et l’intensité de l’intervention dont l’élève a besoin, ce qui va nous aider à le placer dans le palier approprié. Donc, en suivant ce modèle, tous les élèves de notre programme bénéficient de l’intervention sous trois formes différentes. Premièrement, un travail en parallèle durant lequel les élèves sont sortis de certains cours pour travailler en salles des ressources. Ces interventions guidées par des enseignants sont basées sur la reprise des notions vues en classe et le retour sur des connaissances antérieures. Deuxièmement, l’apprentissage et l’application des stratégies. Cette
ÉCOLE MAÏMONIDE M"ANXD XTQ ZIA
intervention est basée sur les forces et les faiblesses de l’élève. Il s’agit d’enseigner à l’élève des stratégies appropriées qui viendront pallier ses difficultés. Ce support est rétroactif de sorte que l’élève applique ces stratégies de manière indépendante. Enfin, les enseignants ressources font de l’intégration en classe. Cette intervention nous donne l’opportunité d’observer nos élèves en classe et de les aider à ajuster leurs habitudes tout en nous assurant que leur transfert de la salle ressource où s’est effectué le travail personnel vers la grande classe soit réussi. Nous voulons voir nos élèves appliquer leurs stratégies et utiliser leurs outils non seulement en intervention, mais surtout en classe et de manière indépendante. Nous nous assurons également que les mesures adaptatives et les accommodements auxquels les élèves ont le droit sont bien respectés. À l’École Maïmonide, nous avons tous un objectif commun qui est d’amener tous nos élèves à atteindre leur plein potentiel en leur offrant du soutien académique et émotionnel. Le dévouement de notre équipe et la persévérance de nos élèves sont les éléments clés qui guident ces jeunes de notre communauté vers la réussite. Pour plus d’informations sur notre programme réussite et les services que nous offrons, nous vous invitons à nous contacter au 514-744-5300 ou par courriel à Info@ecolemaimonide.org
La pandémie et les prix faramineux de nourriture ont accentués, ces deux dernières années, la pauvreté au sein de notre communauté. Les besoins sont grandissants et les demandes d’aide de personnes ou familles en détresse, ne cessent de croître. Grâce à la générosité et au soutien indéfectible de nos donateurs, Hessed a pu multiplier ces initiatives, dont une distribution de cartes alimentaire pour 150 familles et plus récemment, les paniers de fête de Pessah offerts à 260 familles.
MARC KAKON président
Hag Pessah Casher Ve Sameach
« Hessed vient en aide à la communauté tout au long de l’année. Aujourd’hui plus que jamais Hessed est indispensable! »
MICHEL BITTON, président du financement « Aider tangiblement nos frères et sœurs les plus démunis, c’est une magnifique mitzva que tout juif se doit d’accomplir. »
WWW.HESSED.CA
DEPUIS PLUS DE 15 ANS, LA CSUQ OFFRE GRACIEUSEMENT LE SERVICE DE LA CLINIQUE D’IMPÔT Depuis plus de 15 ans, grâce au Programme communautaire des bénévoles spécialisés dans le domaine des impôts, la CSUQ offre des comptoirs gratuits pour aidés les personnes démunies de notre communauté. Du 1er au 22 mars 2022 un employé de la CSUQ a servi de trait d’union entre le comptable bénévole et les clients pour les aider à remplir leurs déclarations d’impôt tout en respectant les mesures sanitaires imposées par le gouvernement. Plus de 70 familles à faibles revenus ont bénéficié de ce service gratuit. Nous remercions M. Zrihen pour son appui et dévouement inconditionnels année après année.
SOLIDARITÉ et ENTRAIDE UNE COLLABORATION INTERGÉNÉRATIONNELLE À l’occasion de Pourim, offrir des cadeaux est un geste qui répand la joie et l’amitié autour de soi. Pour realiser cette mitzva, la CSUQ et son équipe de bénévoles ont eu une pensée pour nos chers résidents des centres gériatriques. Cette année, 250 élèves des écoles UTT, Maimonide Campus Parkhaven et Maimonide Campus VSL ont coloré des cartes de souhaits pour la fête de Pourim. Ces cartes ont été inséré aux michloa’h manot qui ont été distribué le 14 mars dernier dans 5 centres : l’Hôpital Mont Sinai, CHSLD Donald Berman (Maimonide, Juif de l’Espérance, Pavillon Kastner) et la Résidence Lev Tov. Un grand merci à tous ceux qui ont fait de cette journée un succès mémorable. Les résidents ont pu apprécier et vivre de nouveau leur tradition.
HESSED ET LA MISSION BAR-MITZVOT S’ASSOCIENT AVEC LES ANGES D’ESTHER Au mois de décembre, l’organisme Hessed de la CSUQ a livré chez Les Anges d’Esther une grande quantité de nourriture de premier choix tels que de la viande, de la charcuterie, des boîtes de conserve, des céréales et de la farine, afin de distribuer le tout aux familles nécessiteuses. L’association a reçu également des fours individuels pour la cuisson ce qui a facilité la préparation de tous ces savoureux plats distribués pour les shabbat. La responsable de l’organisme, Esther Levy est très reconnaissante : “Cette généreuse donation nous a permis de nourrir et venir en aide à de nombreuses familles. Ça a été une réelle bénédiction qui nous a permis de soulager de nombreuses personnes dans le besoin. Merci à Hessed et à la CSUQ!” Le projet Mission Bar-Mitzvot et l’organisme Les Anges d’Esther collaborent afin d’aider les familles de Montréal à célébrer des Bar-Mitzvot. La Mission Bar-Mitzvot de la CUSQ offre à chaque enfant qui participent à ce programme, des ensembles de taliths, des tefillins et des sidourim. Ainsi, ils ont les outils nécessaires pour débuter leur vie d’hommes. Les familles sont très reconnaissantes de ces cadeaux spirituels et remercient sincèrement les organismes et surtout les donateurs qui permettent à la réalisation de cette belle Mitzvah. Si vous souhaitez soutenir le projet Bar-Mitzvot ou nous référer un enfant qui pourrait bénéficier de ce programme, contacter Sabine Malka par courriel au smalka@csuq.org ou au 514-734-1687
UNE PRODUCTION DE LA
DU 18 MAI AU 1er JUIN 2022
EN PARTENARIAT AVEC
PRÉ-FESTIVAL LITTÉRAIRE du 28 AVRIL au 8 MAI 2022 en partenariat avec le
Festival littéraire international Metropolis bleu
PASSEPORT POUR LE PRÉ-FESTIVAL LITTÉRAIRE: 20 $
LES MERCREDIS EN SALLE FILM D’OUVERTURE
FILM DE CLÔTURE
en partenariat avec le UNITED KING FILMS AND WESTEND FILMS PRESENT:
GUY AMIR
SHIRAH NAOR
YOS S I MARSHAK
H ANAN SAVYON
A FILM BY
R OTE M ABUHAV
MORAN ATIAS
AV I GRAYINIK
LIOR ASHKENAZI
DESIGN BY SHINE HOROVITS
PRODUCTION WESTEND FILMS, UNITED KING FILMS AND LIGHT STREAM SCREENWRITERS GALIT HOOGI, NOA ERENBERG EDITOR RON OMER CINEMATOGRAPHER OFER INOV MUSIC DANIEL SALOMON ARTISTIC DESIGNER EDEN OHANA MAKEUP RONIT DUGO-ARBIV COSTUME DESIGNER KEREN EYAL MELAMED LIGHTING AVISHAI AZOULAY GRIP NISSIM CHEFETZ RECORDING MOTI HEFETZ
MIX & SOUND DESIGN AVI MIZRAHI, AMI ARAD DIRECTOR ASSISTANT SHIR LEVY SHAVIT 2ND UNIT CINEMATOGRAPHER YAEL KLOPMAN SCRIPT SUPERVISOR GRACE BENOISH
CASTING CHAMUTAL ZEREM CASTEL EXECUTIVE PRODUCER IFTACH GABAY PRODUCTION-LIGHT STREAM OR VIVANTE, AVITAL YOSEFI OSTRO DISTRIBUTION MANAGER LIRON EDERY PRODUCERS MOSHE EDERY, LEON EDERY, MICKY RABINOVITZ, SHARON HAREL COHEN, MAYA AMSALEM DIRECTOR LIOR ASHKENAZI
18 MAI 2022 BILLET: 12 $
25 MAI 2022
1er JUIN 2022
BILLET: 12 $
BILLET: 12 $
EN LIGNE du 18 MAI au 1er JUIN 2022
PASSEPORT POUR LE FESTIVAL EN LIGNE : 30 $ INFO BILLETTERIE
514-734-1338 festival@csuq.org @Festival.cinema.israelien.mtl
FCIM.CA
ACTIVITÉS PASSÉES DU FCIM La Communauté Sépharade Unifiée du Québec est fière d’annoncer qu’elle s’est classée, parmi les 200 organisations juives d’Amérique du Nord (Canada et États-Unis) ayant participé à ce Festival, en 3e position en ce qui concerne l e nombre de passeports vendus. L’excellente programmation du Festival de Hanoucca a apporté beaucoup de joie aux spectateurs du Festival. Nous anticipons avec plaisir le prochain Festival de Hanoucca.
Dès 2019, la CSUQ a introduit des séries exclusives au Canada telles que Unchained et Shtisel. Du 7 au 21 février dernier, la communauté a eu le privilège d’avoir accès à la nouvelle série The Women’s Balcony, basée sur le film du même nom qui a connu un énorme succès au box-office en Israël. Un grand nombre de foyers a pu visionner cette série qui a enchanté notre audience. Restez à l’écoute pour en savoir plus sur nos prochaines exclusivités.
En partenariat avec le Festival Vues d’Afrique Yerusalem, L’Histoire Incroyable des Juifs Éthiopiens Ce documentaire, présenté à la Cinémathèque Québécoise le 6 avril dernier, a été suivi d’un échange entre Paul Hirschon, Consul général d’Israël et des représentants de la communauté juive éthiopienne de Montréal.
ALEPH a terminé l’année civile 2021 avec une conférence très attendue : « Le judaïsme sépharade peut-il être exemplaire pour le monde juif? » avec le rabbin Mikhaël Benadmon (Israël). Rabbin et docteur en philosophie générale, il dirige notamment le programme de formation complémentaire rabbinique sépharade Maarava dans le cadre du cursus Amel au sein des institutions Ohr Torah Stone. Il enseigne la pensée juive à l’Université Bar-Ilan. Il est l’auteur d’ouvrages et d’articles, ainsi que rédacteur de plusieurs programmes éducatifs pour les écoles juives de France et d’Israël. Le rabbin Mikhael Benadmon collabore régulièrement au LVS/La voix sépharade. D’ailleurs, ses articles, et notamment celui publié dans le numéro de décembre, « Les bases de la loi juive dans le monde sépharade » ont servi de fil conducteur pour cet entretien-conférence que j’ai eu le plaisir de mener. Nous l’avons ainsi interrogé sur les forces et singularités du judaïsme sépharade ainsi que sur les défis qu’il doit relever afin d’assumer pleinement sa place exemplaire au sein du judaïsme contemporain. Cet entretien-conférence d’une heure trente a réuni une cinquantaine de personnes dans l’après-midi du dimanche 12 décembre, et vous pouvez le retrouver en cliquant le site d’ALEPH : http://alephetudesjuives.ca/events/?event_id=125
LA MISSION BAR-MITZVOT EN ISRAËL EST DE RETOUR Après une longue absence de deux ans, due à la pandémie, le comité organisateur a répondu à l’appel d’Israël afin de célébrer les Bar-Mitzvot de 25 enfants de la région de Beer Sheva. Une délégation d’une dizaine de personnes accompagnées par David Peretz (président de la Mission), Benjamin Bitton (directeur général de la CSUQ) et Sabine Malka (directrice des activités culturelles et communautaires) ont participé à cette mission. L’ambiance, la chaleur et l’émotion étaient au rendez-vous durant la journée des Bar-Mitzvot, le 10 mars dernier au Kotel à Jérusalem. Ces enfants venant de milieux défavorisés se souviendront de ces moments inoubliables. Aujourd’hui, plus que jamais, ils ont besoin du soutien de notre communauté. Merci à tous nos donateurs! Votre générosité et soutien continus sont indispensables à la réussite de La Mission.
PROCHAINE MISSION EN ISRAËL Le prochain voyage est prévu pour l’automne 2022
PROJET BAR-MITZVOT MONTRÉAL Cette année, une nouvelle initiative en partenariat avec l’association Les Anges d’Esther a été lancée parallèlement au projet Bar-Mitzvot Israël. En effet, en collaboration avec les rabbins, les congrégations et les institutions communautaires de Montréal, le comité est venu en aide à des familles de Montréal qui avait besoin d’acheter des taliths, tefilins, livres de prières et cours de préparation pour célébrer les Bar-Mitzvot de leur enfant.
Pour plus d’informations, contacter Sabine Malka. 514-734-1687 | smalka@csuq.org
Le Festival Sefarad de Montréal, événement phare de la communauté aétéoffertpourlegrandplaisirdetous,du6au21novembre2021enformathybride. ENHOMMAGEÀ SOLLYLEVYZ’’L
Le festival a ouvert avec le documentaire produit par la CSUQ dédié à Solly Levy Z’L Lancement de livre en direct de Paris : « les synagogues de l’exil » de David Abitbol
Tobie Nathan, écrivain et ethnopsychiatre, a présenté virtuellement son dernier roman
De nombreuses familles ont appris à préparer des sfenj, ou beignets marocains de Hanoukka avec la chef SINA MIZRAHI
Conférence de Robert A.Satloff à propos des Arabes qui ont sauvés des juifs
Projection : les hommes libres avec le réalisateur Ismaël Ferroukhi et Elie Castiel
Un panel-débat en direct d’Israël, avec trois anlystes; Peggy Cidor, Yehuda Lnacry, Raphaêl Jerusalmy
Rencontre avec le célèbre journaliste et romancier portugais j. R. Dos Santos
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L’ensemble des Paytanim de Montréal, sous la direction du Cantor Daniel Lasry et le chef d’orchestre Tom Cohen avec l’Orchestre Symphonique Andalou de Montréal on clôturé le FSM, avec le spectacle musical - à la mémoire du hazan émérite rabbin ‘Makhlouf Arzouane Z’L
Laura Cohen et Alain Cohen Coprésidents du FSM 2021
Abdellah Ouzitane (chercheur en géopolitique du monde Arabe), Abdelghani Dadès (éditorialiste), Emilie Marchès, Driss Khrouz (économiste, ancien de la Bibliothèque du royaume du Maroc), Lahcen Zinoun (chorégraphe marocain), Nicole Elarar, Avraham Elarar (président de la FSC), Mohammed Hatmi (professeur d’enseignement supérieur)
« Paris Barbès Tel Aviv » DE BENJAMIN ELHARRAR Une pièce de théâtre tordante que tous les spectateurs ne sont pas près d’oublier.
Regards croisés au féminin : Valérie Assouline (avocate), Dany Meloul (directrice générale de la télévision de Radio Canada), Debra Margles (présidente Michaël Kors Canada), Keren Gotsman (coach de bien-être), Lezlie Karls (co-fondatrice et présidente de Mid-day squares).
erci aux 4 000 participants, à nos commanditaires, au comité organisateur et aux bénévo
Jouer, explorer et découvrir 27 JUIN AU 19 AOÛT 2022
5 À 11 ANS
MAT. À 5E ANNÉE
Au Camp Benyamin, votre enfant profitera d’une expérience estivale qu’il n’oubliera jamais! Le Camp Benyamin est rempli d’occasions pour les campeurs de jouer, d’explorer et de découvrir. Notre programme de camp est inclusif et ouvert à tous.
DES ACTIVITÉS INTÉRIEURES ET EXTÉRIEURES, DE LA DANSE, DU SPORT, DES SORTIES ET BIEN PLUS ENCORE!
Un concept unique! 27 JUIN AU 29 JUILLET 12 À 14 ANS 6E ANNÉE AU SEC.2
VOYAGES À TORONTO, QUÉBEC, BROMONT ET MONT-TREMBLANT. Un camp hybride : 1 jour en ville et 4 jours en séjour qui a pour but de développer leur sens de l’initiative et des responsabilités des adolescents. En créant des environnements amusants, nous encourageons les adolescents à sortir de leur zone de confort, à se faire de nouveaux amis, à découvrir leurs passions et à grandir.
PROGRAMMES À VENIR Découvrir les pistes cyclables de Montréal 18 JUILLET AU 5 AOÛT 2022
12 À 15 ANS
L’occasion parfaite de découvrir et de profiter des pistes cyclables de la région de Montréal en toute sécurité tout en s’amusant entre amis à vélo. Ce programme est adapté à tout les niveaux. Le tout est encadré par nos animateurs expérimentés. Voyage passionnant et premier pas vers l’engagement.
Voyage en Israël 3 AU 20 JUILLET 2022
SECONDAIRE 3 ET 5
Un voyage en Israël qui comprend un mifgash (échanges) avec des jeunes israéliens ainsi que des journées de volontariat. De plus, des visites organisées, avec guide, dans les principaux sites touristiques d’Israël. VOYAGE INCLUANT : Vol et transferts; 3 repas par jour strictement cachères; hébergement; guide touristique accrédité; excursions et randonnées.
Vivre une expérience unique 10 AU 21 AOÛT
19 À 23 ANS
Cet été, la destination de Koulam est l’Espagne où les participants pourront fouler les origines du sépharadisme en passant par Barcelone, Madrid, Tolède, Cordoue, Grenade, Gibraltar, Torre Molinos, Marbella et Malaga. Le voyage inclut aussi des activités emballantes et des soirées exceptionnelles. CE PROGRAMME A DEUX OBJECTIFS : 1.Dans un premier temps le projet vise à impliquer les jeunes adultes au sein des Services jeunesse de la CSUQ en tant qu’animateur, chef de mission, responsable de projets, etc. et par la suite au sein de la communauté juive en général. 2.Dans un deuxième temps, le programme sensibilise la jeunesse aux causes humanitaires régionales et internationales dans une orientation de TIKKUN OLAM.
21 AU 25 FÉVRIER
5 À 12 ANS
Quatre-vingt-deux jeunes ont pu retrouver leurs amis lors de la Semaine de Relâche avec une multitude d’activités incroyables! Tout au long de la semaine, les enfants ont eu la chance de participer à des activités ludiques et amusantes : les sports, les arts, les sorties! Les animateurs amènent les enfants à se dépasser au moyen de plusieurs jeux, sports et activités organisés.
« C’est la première fois que j’envoie ma fille de 5 ans au camp. J'étais un peu rétissante au départ mais dès notre arrivée j’ai été agréablement surprise par l’organisation. Ma fille était enchantée! Elle avait hâte à la prochaine journée. C’étaient plusieurs activités différentes tous les jours dans un encadrement sécuritaire. Merci pour toutes les belles photos envoyées, à refaire sans aucun doute! » Sylvie Harroche
« Mon fils Ariel Bellolo a passé une excellente semaine, il s'est fait des nouveaux amis. Il est revenu du camp enchanté chaque jour. Je suis vraiment contente de l'avoir mis au camp et je le referai dans le futur. Félicitations aux organisateurs! »
« What an experience! My son couldn’t wait to return the next day. The days were filled with fun activities and the staff was very professional. A definite re-do! » Ilana Krief Knafo
Sarah Paula Brami
Près de 50 familles ont participé au jeu virtuel Jeopardy, le 5 février dernier, organisé par les Services jeunesse. Les enfants s'en sont donnés à cœur joie en répondant aux questions amusantes et en gesticulant devant l’écran afin de participer à la Roue Bonus.
« C’était top! Merci Beaucoup! » Yael Souffir
"Thank you! It was really a great family fun activity!" Patricia Vanounou
« C’était génial! » Sandy Assouline
Les gagnants sont
Famille Kim et Jacky Amar Carte cadeau d’Apple d’une valeur de 750 $.
Famille Emmanuelle et Shay Weizmann Carte cadeau de Best Buy d’une valeur de 500 $.
Famille Sharon et Emmanuel Amar Carte cadeau d’Amazon d’une valeur de 250 $.
PROGRAMMES PASSÉS Au début de l’année, les directives de la santé publique ont permis seulement des activités à l’extérieur. Par conséquent, afin de répondre à l'afflux inattendu de jeunes, les services jeunesse ont modifié le programme de ski Chéleg en augmentant les participants de 35 à 84 participants. Les animateurs jeunesse ont été mobilisés afin d’encadrer et d'aider les jeunes lors de leurs déplacements et sur les pentes de ski.
À Chéleg, on s’amuse d’abord avant tout ! On transforme un simple plaisir en passion ! 7 DIMANCHES
DE JANVIER À MARS
6 À 16 ANS
Du 9 janvier au 13 mars, 51 jeunes ont pu apprendre et perfectionner leurs techniques de ski et planche à neige avec le programme Chéleg. Les cours ont été donnés par les moniteurs et monitrices de ski certifiés du Mont Avalanche. Sous la direction d’Agnès Castiel, l’équipe d’animateurs des Services jeunesse encadraient les enfants tout au long de la journée. « Our son looked forward to ski school each week! He learned how to ski within a couple of weeks and gained self-confidence as a result. He had so much fun! Thank you so much for the unforgettable moments spent! » Simcha Bohbot
« Eli notre fille a adoré participer à l’école de ski Cheleg! La bonne ambiance et la bonne neige étaient au rendez-vous! A refaire l’an prochain sans hésitation! » Carole Zouari
34 jeunes ont pu s'en donner à cœur joie sur différentes pentes de ski chaque semaine. 6 SEMAINES DE CAMP
DE JANVIER À MARS
10 À 16 ANS
Du 16 janvier au 6 mars, un nouveau programme a vu le jour. Un programme conçu pour les jeunes autonomes en ski et qui veulent découvrir de nouvelles pentes chaque semaine. 34 jeunes ont pu dévaler les pentes de différentes stations de ski tous les dimanches.Les jeunes ont été supervisés par une équipe d’animateurs des Services jeunesse. « Le club de ski Chéleg est une belle initiative jeunesse de la CSUQ. Oren et Ariel ont pu découvrir des centres de ski différents chaque semaine de l’hiver dans une ambiance sportive fort sympathique. La sortie à Bromont a été extraordinaire. À renouveler l’année prochaine avec de nouvelles découvertes. Merci à tous. » Joseph Layani
« My Daughter Mikayla had the best time at the Ski Club. She made new friends and we can’t wait for next season. Thank you! » Megal Benaroch Garfield
Elles et Ils ont publié.es
Anne Élaine Cliche, Le danseur de la Macaza, Le Quartanier, Montréal 2021 Vertigineux. L’auteure plonge les lecteurs dans une sarabande de lettres liées entre elles comme une incantation… Qui est cet homme qui vit sur un banc dans l’une des rues principales de Val-d’Or en Abitibi et que l’on consulte comme un sage? Il porte un nom, oui, Bar Abbas, peut-être, mais est-ce suffisant pour décliner, voire étouffer toutes ses autres identités? Il y a tellement de communautés qui ont tissé ce coin de pays. Pour l’un, il s’agirait de Lucien Grégoire disparu à l’âge de 13 ou 14 ans et dont on n’avait plus retrouvé la moindre trace. À moins que ce ne fût Roman Roudenko, un Ukrainien. Et si c’était le fils de Sem, danseur, bûcheron ici et étudiant là-bas à Montréal auprès du « Rabbi Menachem Zeev Greenglass de mémoire bénie qui arrivait de l’autre monde par le Japon et la Chine où il s’était réfugié? » Ou peut-être était-il Anoki, un Métis, un Algonquin du lac Simon ou un Cri de la baie James? Ou même et plus probablement, le prophète Elie... Il est tout à la fois et surtout lui-même. Odyssée au cœur de la vérité de chacun… Y compris de l’auteur qui mène l’enquête pour tisser un livre qui raconte… un livre... « Il parlait, on arrivait et il était déjà en train de parler, j’allais dire tout seul, mais ça ne convient pas; il parlait, on arrivait et la parole était pour nous, pas bonjour ni rien, pas de manières, comme un livre qu’on ouvre à une page quelconque et voilà on est dans le livre (…) un livre qu’on ouvre au hasard pour tomber sur la phrase qui fait signe ou destin ». Un authentique acte de bibliomancie… Savoir qui l’on est vraiment en ouvrant un livre, ici bien sûr incarné par un être humain portant au paroxysme la confusion entre l’un et l’autre. Anne Élaine Cliche dans une écriture sublime, orale, intime et littéraire, allie ici une connaissance de la judéité, de ses textes, de son âme à une épopée québécoise. Bravo. Assurément, un livre en attente d’un prix, le premier, celui de l’éblouissement. Sonia Sarah Lipsyc
Joseph Erol Russo, La vie absurde d’une chaussure, Montréal, 2021 C’est l’histoire d’une chaussure nommée Oscar, « né un lundi matin dans une fabrique de chaussures ». Bébé Oscar est au début une bottine molle, qui grandit vite et devient bottine de marche. Après quelques années, Oscar s’habille de peau de vache bien cirée, mais aussi de tennis – surtout pour aller à l’école. Une école où se retrouvent baskets, chaussures à talon haut, sabots… Des amitiés se nouent, les souliers se querellent, intellos contre sportifs, ils apprennent les mathématiques et la philosophie. Oscar rencontre Kiki, chaussure à talon haut, une histoire d’amour commence, ils ont un bébé, une toute petite bottine qui portera le nom de Bof. En grandissant, Bof sera un soulier – passant du féminin au masculin – mais tous les personnages du récit sont chaussures ou souliers, souliers ou chaussures, changeant à la convenance de l’écriture… Au hasard de ses promenades, Oscar rencontre une chaussure trouée, Zéro Gelt (sans argent), mendiant éclairé, qui philosophe avec brio. Il l’engage comme précepteur pour Bof. Zéro Gelt a des valeurs humanistes et lutte pour plus de justice et de paix. Il cite avec constance Platon et Socrate. Grâce à lui, Bof est exposé à tous les sujets qui agitent la société des souliers – travail, salaire, écologie, pollution… Il l’initie à la musique : ShoeBert, Shoe-Mann, Shoe-Pin, Pet-Hoven… J. Erol Russo s’amuse tout au long de ces pages à mettre en miroir la société des hommes et la société des chaussures, jonglant avec les analogies et les jeux linguistiques. Dans son introduction, il avoue avoir « laissé vaguer son imagination dans un monde fantasmagorique, plein de contradictions, d’absurdités ». L’avant-dernier chapitre porte sur le virus qui terrorise la planète des humains, une « Cornasse nommée diz-neuf ». Les chaussures débattent, elles aussi, de distanciation, de restrictions… L’histoire s’achève par la rencontre entre Bof et une chaussure élégante, qui donne naissance à une nouvelle petite bottine. « Fin (peut-être) » : Russo n’exclut pas de donner une suite à l’aventure de ses chaussures. Joliment illustré par Irvin Mandel, ce « petit roman pour grands enfants » est assurément destiné aux adultes. Une manière légère de tout aborder, dans la fantaisie et sur le mode humoristique. Un agréable moment de lecture. Annie Ousset-Krief
Évelyne Abitbol, Rilke. L’Andalou. Illustrations Salvador Chica Jimenez, Éditions NordSud, Montréal, 2021 L’auteure, bien connue dans notre communauté, notamment pour ses engagements pour le Québec, nous offre ici une ballade géographique, culturelle et philosophique dans Ronda, en Andalousie. Dans ce premier, mais certainement pas dernier roman, elle nous raconte la visite d’un jeune poète, écrivant une thèse sur Rilke, le maître, dans l’une de ces cités d’Espagne qu’il visita un siècle plus tôt. Tout se passe en une journée, sa rencontre avec le peintre espagnol Jimenez – celui-là même dont les belles peintures illustrent l’ouvrage – et Hannah, cette femme qui fait immanquablement penser à l’auteure. Ils devisent le long des pages et des rues sur tout, l’amour, l’amitié, les anges, André Lou Salomé, les Juifs. Evelyne Abitbol déploie ici quelques-unes de ses passions et son érudition nous charme. « Croyez-vous en Dieu? » - « Je crois en son absence » est l’un des dialogues qu’elle partage avec nous. Le livre est publié dans une édition dirigée par Karim Akouche qui, en tant qu’auteur, a participé à des activités d’Aleph au sein de la Communauté sépharade unifiée du Québec, notamment dans le cadre de notre dialogue avec les Kabyles. Sonia Sarah Lipsyc
Hind Lahmami, La parole aux écrivains judéo-marocains contemporains, Édition de L’Harmattan, 2021 La présence des Juifs au Maroc remonte à des millénaires, pourtant il faut attendre jusqu’à 2011 pour qu’un monarque éclairé, Sa Majesté le roi Mohammed VI, exige qu’ils soient reconnus dans la Constitution marocaine comme citoyens à part entière de la nation marocaine avec la liberté de culte et l’obligation d’inclure dans l’enseignement marocain leur histoire et culture. Enchantée par ces mesures prises par le Roi du Maroc et convaincue que le patrimoine judéo-marocain devrait être préservé et enseigné dans l’école marocaine, Madame Hind Lahmami, docteur en Lettres modernes et enseignante à l’Université Moulay Ismaël de Meknès, a eu l’idée de réaliser cet ouvrage. Dans ce livre, elle présente des écrivain(e)s marocain(e)s qui se sont expatriés depuis plus de 40 ans, mais qui continuent, dans leur pays d’accueil, à préserver leur marocanité dans leurs écrits. Tout en reconnaissant les épisodes de persécution à différentes époques, ces écrivains évoquent aussi les moments de convivialité entre Juifs et musulmans. Leur attachement au Maroc est manifeste dans leurs romans, pièces de théâtre, poésies, films et autres. Les us et coutumes sont évoqués avec beaucoup de nostalgie ce qui fait dire à Hind Lahmami qu’ils sont de véritables ambassadeurs de leur pays natal. Huit écrivain(e)s ont été retenu(e)s. Ils sont présentés dans le livre avec photos à l’appui, de brefs curriculum vitae, des textes inédits, des extraits de leurs œuvres où il est question de marocanité et du vivre ensemble. Avec ces chantres de la marocanité Hind Lahmami « aspire à présenter pour les générations montantes, la communauté juive marocaine dans toute sa splendeur, ses traditions, ses rituels religieux, son amour du pays et le respect mutuel avec ses compatriotes musulmans ». Trois des écrivains retenus sont de Montréal : Georges Amsellem, Sylvia Assouline, David Bensoussan. Et les autres, principalement d’Israël : Gabriel Bensimhon, Ami Bouganim, Asher Knafo, Nessim Sibony et Thérèse Zrihen-Dvir. Ce livre est dédié : À Sa Majesté, le roi Mohammed VI, émir de tous les croyants. Homme de paix et de dialogue
Sylvia Ayelet Assouline. Nous en profitons pour rappeler le dernier ouvrage de notre collaboratrice Sylvia Assouline, Et le jasmin refleurit, éditions Balzac, Montréal, 2021
Carnet de famille NAISSANCES Mazel tov aux heureux parents, Dr Jessica Hazan et Nathaniel Dadoun pour la naissance de Naomi Rae le 8 janvier 2022. Félicitations aussi aux grands-parents, Nathalie Namiash et David Dadoun (membre très actif et investi de notre communauté) ainsi qu’à Joëlle Ohayon et Alain Hazan. Au nom de toute l’équipe de la CSUQ et des participants de la Mission, nous tenons à vous souhaiter Vicky et Dominique Benarroch, un chaleureux Mazal Tov pour la naissance de votre petite fille Liora, le 14 janvier 2022. C’est avec une très grande joie que nous avons appris la nouvelle et nous voulions vous adresser nos plus sincères félicitations. En espérant que la maman se porte à merveille ainsi que ce beau bébé. Nous tenons à vous souhaiter ainsi qu’à toute la famille beaucoup d’autres moments remplis de bonheur, de joie et d’amour. Honorable Jacques Saada
MARIAGES L’Honorable Jacques Saada, toute l’équipe de la CSUQ et les membres du comité de la Mission projet Bar Mitzvot, souhaitent à Sylvia et David Peretz (président de La Mission Bar-Mitzvot), un chaleureux Mazal Tov pour le mariage de leur petite fille Noa avec Nathanel Benchaya, le 4 novembre 2022. Mazal Tov à Batya Boudana et Isaac Altit pour leur mariage qui a eu lieu le 27 février 2022. Isaac a été impliqué dans les activités des services jeunesse de la CSUQ tel que le Camp Kif-Kef pendant plusieurs années. Un grand mazal tov aux parents Sophie et Michael Boudana et Laurence et Charlie Altit. Nous leur souhaitons tous nos vœux de bonheur.
DÉCÈS C’est avec une profonde tristesse que nous vous faisons part du décès du rabbin Moshe Baron (Z’’l), mari de Melissa Baron (née Bitton), père de quatre enfants, fils d’Annie et Benjamin Baron, beau-frère de Benjamin et Jonathan Bitton, et gendre de Mimy et Maxime Nissim Bitton. L’enterrement a eu lieu en Israël. Nous présentons nos plus sincères condoléances aux familles endeuillées ainsi qu’aux frères et sœurs du défunt, Shelly, Shira, Tsahi et leurs familles respectives et les soutenons de tout cœur dans ces moments difficiles. Corps des gouverneurs et du C. A. Cher Benjamin, C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de ton beau-frère en Israël, le rabbin Moshe Baron (Z’’l), le 10 décembre 2021. Au nom du conseil d’administration de la Communauté sépharade unifiée du Québec et en mon nom personnel, je voudrais vous adresser, à toi et à tes proches, mes plus sincères condoléances. Nous partageons ton chagrin en ces moments difficiles et nous sommes de tout cœur avec toi et ta famille dans cette douloureuse épreuve. Nos pensées les plus sincères sont avec vous. Nous vous souhaitons beaucoup de courage et nous sommes à vos côtés. Honorable Jacques Saada auquel s’associe l’équipe des professionnels de la CSUQ C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Michel Elbaz (Z’’L), le 31 décembre 2021. Au nom du comité Mission projet Bar-Mitzvot et en son nom personnel, l’Honorable Jacques Saada adresse à son épouse Angelica ainsi qu’aux membres de sa famille, ses plus sincères condoléances et les assure de sa sympathie Samedi 1er janvier 2022, Sylvia Dahan (née Ohayon), Z’’l, s’est éteinte doucement entourée de l’amour de son mari adoré (durant plus de 63 ans) Jacques Isaac Dahan et de ses enfants Serge et Katia Dahan, de sa belle-fille Linda McWirther, de ses petits-enfants Steve Dahan, Tracy Dahan et son mari Cédric Moryoussef, de ses arrière-petits-enfants, Liam, Jonah, Jacob, Philippe et Jaxon. Elle était la sœur et belle-sœur d’Albert et Betty Ohayon, Olga et feu Salomon Ohayon, feu Raymonde et feu Wilfred Dahan, feu Élianne et Laci Roth, et belle-sœur de Meyer et Nicole Dahan, Olga et feu Joe King, Yolande et feu Bernard Nisenholc, Raphael et Mai et feu Messody Dahan, feu Renée et feu Félix Elfassy, feu Messod et feu Evelyne Dahan, plusieurs neveux et nièces, la famille et les amies de Silvia garderont d’elle des souvenirs tendres et affectueux. Elle était lumière, amour et joie de vivre jusqu’à la fin, une inspiration pour tous. Que son souvenir soit source de bénédiction. La famille offre ses remerciements tout particuliers au Dr Walter Gotlieb pour ses soins exceptionnels et son dévouement, ainsi qu’à toute l’équipe de la maison de soins palliatifs Saint-Raphaël. La famille remercie vivement tous ceux qui lui ont témoigné de la sympathie en ces moments douloureux.
Chère Katia, C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de ta chère maman (Z’’l). Au nom du conseil d’administration de la Communauté sépharade unifiée du Québec, de l’équipe de la CSUQ et en notre nom personnel, nous t’adressons à toi, ainsi qu’aux membres de ta famille, nos plus sincères condoléances. Rien n’est plus douloureux que la perte d’un être cher. Nous tenons à t’exprimer toute notre sympathie. Tu évoqueras avec tous ceux qui te sont chers, tous ces instants de joie, de douceur et de bonheur qu’elle aura partagés avec vous. Nous vous souhaitons qu’ensemble, vous vous sentiez toujours plus forts de l’amour et de la tendresse dont elle a su vous entourer. Puisse l’affection qui vous entoure vous apporter réconfort durant cette douloureuse épreuve. Honorable Jacques Saada Après une maladie qu’il continuait de défier par le mot ou par l’image en nous plongeant dans des univers sans fin, modèle de courage et de lucidité, homme de convictions, David Ouellette, Z’’l, vient de nous quitter. Cette disparition redoutée nous remplit d’une immense tristesse. Nos plus sincères condoléances à son amie, sa complice, Gina Karina Portocarrero, à sa famille et à tous ceux qui ont eu le bonheur de côtoyer David. Honorable Jacques Saada, président de la CSUQ C’est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de Haim Raphël Masliah, Z’’l, le 29 janvier, président du Centre Masliah – Audioprothesistes ainsi que membre de la Congrégation Hékhal Shalom. Il laisse dans le deuil son épouse Maryse Cossette et ses filles Gabrielle (David Cohen), Virginie et Eden, sa mère Denise Abenhaim et ses soeurs Lucie (Moise), Ahouva et Yaël (Stéphane). Époux et père dévoué, brillant homme d’affaires, homme de cœur et de générosité, il a contribué à de nombreux projets communautaires et philantrpiques, avec bonté et discrétion. Son sourire restera dans nos cœurs. L’Honorable Jacques Saada et la CSUQ présentent à sa famille leurs plus sincères condoléances. C’est avec une profonde tristesse que nous vous faisons part du décès de Joseph Bitton, Z’’l, le 18 février 2022. C’était un homme aux qualités humaines remarquables : sa gentillesse, sa bonté, son dévouement, aussi bien à sa famille qu’a la communauté en tant que membre fondateur et ancien président de la communauté sépharade Hekhal Shalom, resteront gravés dans nos mémoires. L’Honorable Jacques Saada et la CSUQ présentent leurs plus sincères condoléances aux familles et assurent de leur soutien dans ces moments difficiles. C’est avec une grande tristesse que nous vous annonçons le décès de Armand Perez, Z’’l, (Amram Yehuda ben Zorah) qui s’est éteint, paisiblement dans son sommeil entouré de sa famille. Ses funérailles ont eu lieu le 28 février, l’Honorable Jacques Saada et la CSUQ présentent leurs plus sincères condoléances à son épouse Marcelle, à leurs enfants Virginie, Lionel et son épouse Faigie, Leslie ainsi qu’à leurs petits-enfants. Nous avons la tristesse de vous annoncer le décès de Leila Paperman (née Weinrauch), Z’’l, le lundi 28 février. Épouse bienaimée de feu Herbert Paperman, mère et belle-mère bien-aimée de Joseph et Heather, Laurence et Kerry, Ross et Séléna. Incroyable grand-mère de Bram et Jess, Evan et Stefanie, Jason et Steph et Stephanie; Noé et Julian, Josh et Daniel; Jarred et Jess, Ali et Joe . Et arrière-grand-mère adorée d’Olivier, Kai et Sophia. L’Honorable Jacques Saada et la CSUQ présentent à la famille Paperman leurs plus sincères condoléances.
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Porsche 911 GT3 2018 Kilométrage : 12 700 km No. d’inventaire : STK174691
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Porsche Macan S 2019
Kilométrage : 25 935 km No. d’inventaire : 21584a
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Kilométrage : 9 096 km No. d’inventaire : p4365
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