LVS novembre 2021

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HAG SAMEACH

49e année - DÉC. 2021 - Kislev 5782

LVSMAGAZINE.COM

ISSN 074-5352

DOSSIER SPÉCIAL

UN MAGAZINE PRODUIT PAR :

2 $


Entrepreneurs, soyez à un coup de fil d’une bonne affaire. bnc.ca/entreprises


Armand Afilalo

Président de la Fondation CSUQ

C’est avec une immense joie que nous sommes très fiers de vous annoncer que la Fondation CSUQ a continué à apporter son soutien financier aux services Jeunesse, et cela pour près de 40 000 $ pour les programmes d’Été 2021. Ce montant a été généré grâce aux revenus d’intérêts par le capital de la Fondation CSUQ. Malgré la pandémie encore présente, mais grâce à l’allégement des restrictions sanitaires , les activités estivales des services Jeunesse de la CSUQ ont connu un véritable succès pour le plus grand bonheur de nos enfants.

Plus de 1000 jeunes de différentes tranches d’âges, qui ont pu se rassembler, apprécier et profiter de leur été à travers les différentes activités financées, et proposées par les services Jeunesse de la CSUQ

La crise sanitaire à renforcer les besoins des jeunes et c’est plus de 1000 jeunes de différentes tranches d’âges, qui ont pu se rassembler, apprécier et profiter de leur été à travers les différentes activités financées, et proposées par les services Jeunesse de la CSUQ , que ce soit le Camp Benyamin, le Camp Kadima, le Camp Vélo ou encore le le nouveau voyage Yahad à Québec. Les sourires sur le visage de ces enfants, leur bonheur, ce rassemblement au sein de la communauté juif, représente une belle et grande satisfaction. Nous ne remercierons jamais assez le soutien indéfectible et la générosité de nos incroyables donateurs, mais aussi la Banque Nationale, partenaire officiel de ce programme, qui a permis à la Fondation CSUQ de connaitre une si belle évolution. Merci du fond du cœur !



L’équipe dévouée à vos projets

Maude Bellemare

Anne-Marie Bavoux

Michel Rizkalla

Lionel Chriqui

Mélissa Doucet

Julie Hardy

Ryan Mago, CFA

Adjointe

Adjointe principale en placement

Conseiller en placement

Conseiller en placement

Adjointe en placement

Adjointe en placement

Gestionnaire de portefeuille

Gestionnaire de portefeuille

Conseiller en placement associé

Planificateur financier

Planificateur financier

Gestionnaire de portefeuille

Joyeux Hanoucca !

Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP) est une division de la Financière Banque Nationale inc. (FBN) et une marque de commerce appartenant à la Banque Nationale du Canada (BNC) utilisée sous licence par la FBN. FBN est membre de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) et du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE) et est une filiale en propriété exclusive de la BNC, qui est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA : TSX).


SOMMAIRE LVS DÉCEMBRE 2021

11

MOT DU PRÉSIDENT DE LA CSUQ

13

ÉDITORIAL

DOSSIER SPÉCIAL PRÉVENIR ET CONTRER L’ANTISÉMITISME

18

Initiatives gouvernementales et actions du CIJA contre l’antisémitisme par Eta Yudin

20

« La lutte contre l’antisémitisme doit être une priorité absolue » Entretien avec le juriste Irwin Cotler par Elias Levy

18

24

22

22

L’ONU et ses agences contribuent à l’antisémitisme par l’Hon. Jacques Saada

24

Éduquer. Éduquer. Éduquer contre l’antisémitisme Entretien avec Daniel Amar, directeur du Musée de l’Holocauste de Montréal par Sylvie Halpern


MONDE JUIF

31

Les Sépharades en Colombie par Elie Benchetrit

33

Historia de los judios de origen sefaradí en Colombia par Victor Alfanderi

33 ÊTRE JUIF ET QUÉBÉCOIS

36

David Ouellette honoré par le gouvernement du Québec par Elias Levy

38

La passion pour la photographie de David Ouellette par Elias Levy

26

Initiatives de la communauté juive pour combattre l’antisémitisme : un bref historique par Elias Lévy

28

Des théories du complot à l’antisémitisme en ligne par Anthony Housefather et Joel Finkelstein

38


CULTURE SÉPHARADE

JUDAÏSME

50

40

Unraveling the Mystery of Psalm 30: The Psalm of Hanuka par rabbin Yamin Levy avec une traduction de Yolande Amzallag

Origine ancestrale des Juifs marocains par l’étude du chromosome Y par Raquel Levy-Toledano

43

51

Visions et perspectives de la Fédération Sépharade du Canada. par Elie Benchetrit

Le prochain Darwin est-il un Rabbin? par David Bohadana

52

Les bases de la loi juive dans le monde sépharade par le rabbin Mikhaël Benadmon

40 54

Kabbale et socialisme dans l’œuvre du rabbin Yehouda Ashlag (1885-1954) par Marc Zilbert

46 CULTURE ISRAÉLIENNE

46

Les Israéliens et les Canadiens aux Jeux olympiques par Amnon Suissa

48

Entrevue avec une grande dame des lettres israéliennes, Emuna Elon par Elias Levy

VIE COMMUNAUTAIRE

56

Hommage à un grand leader communautaire, Elias Malka par Elias Levy

56


LES NOUVELLES DE LA CSUQ

58

Hommage au Rabbin Howard Joseph Z’’L par Edmond Elbaz

62

58

Michel Bitton, nouveau président du financement « Hessed » par Elias Levy

64

Œuvrer pour recevoir la nationalité espagnole Entretien avec Raphaël Assor par Sonia Sarah Lipsyc

NOS CONSTITUANTES

59

Le Cantor Daniel Benlolo nommé Révérend de la congrégation Spanish & Portuguese par Elias Levy

61

Des nouvelles de l’école Maïmonide par Esther Krauze

64

66

Activités des services Jeunesse

69

Carnet de famille coordonné par Cynthia Sazbon

.com

61

Elles et Ils ont publiés par Sonia Sarah Lipsyc

.com

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE

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Nous cherchons des nouvelles plumes pour notre magazine

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Merci de vous mettre en contact avec la rédactrice en chef en écrivant à slipsyc@csuq.org

LE MERCREDI 15 JUIN INFO : CYNTHIA SAZBON | 514-345-2502 | CSAZBON@CSUQ.ORG



«

L’antisionisme est devenu la permission de l’antisémitisme. Léon Poliakof

MOT DU PRÉSIDENT Chers membres de notre communauté, L’année 2022 est à nos portes. Déjà. Cette année sera importante pour notre communauté à plusieurs égards. Après quatre ans de mandat, il va être temps pour moi de laisser la place à la relève à la direction de notre institution. Ce sera donc l’année d’un changement de la garde à la tête de la CSUQ. L’heure n’est pas encore aux bilans détaillés. Je les ferai dans les prochains mois. Tout au long de mes années à la présidence de la CSUQ , j’ai consacré mes énergies à rassembler notre communauté, à lui faire surmonter les ressentiments et les divisions qui ont pu marquer son histoire, à la mettre en lumière et à la faire rayonner, à renforcer sa crédibilité. Vous avez pu constater les résultats de ces efforts dans l’édition spéciale de La Voix Sépharade parue en septembre dernier. Nous vous remercions des très nombreux messages de félicitations que vous nous avez transmis à propos de ce numéro et de son contenu. De tous les dossiers que j’ai eu à traiter par choix ou par obligation, celui de la cacherout est certes le plus difficile. Il s’agit de votre priorité la plus essentielle. Vous me l’avez exprimé quand nous vous avons consultés dans le cadre de nos états généraux en 2019. Vous me le redites à chaque visite que je fais à nos synagogues, ou quand je fais mes courses à Côte-Saint-Luc, ou quand j’assiste à un mariage ou à une Bar Mitzvah. Ces mots résonnent comme autant de cris du cœur contre une énorme injustice. Injuste que l’on doive payer si cher la viande cachère, parfois plus de cinq fois le prix de la viande non cachère. Injuste que le Vaad Ha’ir prélève tant d’argent auprès de notre communauté et que, quand nous parlons de Hessed, d’entre-aide en soutien des familles sépharades, le Vaad semble être aux abonnés absents (il prétend le contraire, mais refuse de nous fournir quelques chiffres que ce soit pour le démontrer). Injuste que nous n’ayons aucun représentant dans ses instances décisionnelles. Injuste que nous soyons si lourdement taxés sans droit de regard sur l’utilisation de ces taxes. Se plaindre de l’injustice est une chose. La corriger est autrement plus complexe, surtout quand ceux qui en sont les auteurs nient leur responsabilité. Une fois constatée de façon définitive l’impossibilité de compter sur le Vaad, malgré de nombreux mois d’efforts, nous nous sommes rendus à l’évidence. Nous n’avons d’autre choix que de compter sur nous-mêmes. Le Vaad Ha’ir n’est pas notre ennemi, mais j’ai le devoir d’exercer, de manière ouverte et intègre, les responsabilités que vous m’avez confiées. Pour commencer, il nous fallait nous rassembler autour de trois grands principes, à savoir : 1) la cacherout doit être un service communautaire (non commercial) qui doit viser à une plus grande accessibilité, notamment pour les plus démunis parmi nous; 2) les critères de cacherout et leur application appartiennent à nos rabbins; et 3) les opérations financières relatives à la cacherout doivent être transparentes et la CSUQ doit pouvoir en tenir la communauté informée.

C’est dans cet esprit qu’il y a quelques semaines, à mon invitation, nous avons tenu une réunion historique en présence du Grand Rabbin Sabbah, des rabbins de nos constituantes et de certains de nos sages. Il nous fallait avant tout une démonstration d’unité sépharade. Cette démonstration est faite. Certes, personne ne sous-estimera les nombreuses questions difficiles auxquelles nous devrons trouver des réponses. Comment définir et mettre en œuvre une cacherout sépharade rigoureuse, uniformément reconnue dans toutes nos synagogues et par l’ensemble du monde rabbinique sépharade, voire non sépharade, d’ailleurs? Comment construire une chaîne d’approvisionnement, de distribution et de détail solide, fiable et commercialement viable? Quels sont les montages financiers qui nous permettront d’y parvenir? Quelles formules adopter pour préserver les revenus de nos synagogues? Comment organiser nos approvisionnements en viande cachère? Comment assurer une distribution équitable et vérifiable des revenus de cacherout auprès des plus défavorisés de notre communauté? Soyons clairs : la complexité de la tâche n’a d’égale que notre détermination à la surmonter. Notre solidarité sera l’ingrédient essentiel de notre réussite. Et à ceux d’entre vous qui auraient souhaité des réponses rapides, je me permettrais de rappeler que, si le Vaad Ha’ir a mis cent ans pour en arriver là où il en est, nous pouvons bien prendre quelques mois. Voilà pour le dossier cacherout. Sur un autre plan, je souhaite vous dire que la mise en œuvre de notre plan stratégique avance bien sur tous les fronts, qu’il s’agisse de financement, de l’organisation de nos festivals, ou de nos programmes jeunesse, notamment. Sous la supervision de notre comité de planification stratégique, notre direction générale en fait d’ailleurs régulièrement rapport au conseil d’administration. Je vous rappelle enfin que 2022 sera année électorale pour la CSUQ et que nous avons modifié nos règlements pour renforcer notre démocratie et faire une place plus large aux jeunes et aux femmes, notamment. Je vous invite à réfléchir à des candidatures éventuelles. Tous les détails vous seront fournis en temps et lieu. Au nom du conseil d’administration et de nos professionnels, je vous souhaite, ainsi qu’à tous ceux qui vous sont chers, une excellente année 2022, une année de retour à la normale sanitaire, une année de réussites professionnelles et familiales, une année de sourires et de fêtes. Hon. Jacques Saada

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saadaj@videotron.ca


LA FONDATION COMMUNAUTAIRE JUIVE DE MONTRÉAL

ENCOURAGE ENCOURAGE LA PHILANTHROPIE LA PHILANTHROPIE ENCOURAGE LA PHILANTHROPIE LA FONDATION COMMUNAUTAIRE JUIVE DE MONTRÉAL

LA FONDATION COMMUNAUTAIRE JUIVE DE MONTRÉAL

EN PROPOSANT DES STRATÉGIES SIMPLES, PRATIQUES ET EN PROPOSANT DES SIMPLES, PRATIQUES ET AVANTAGEUSES SUR STRATÉGIES LE PLAN FISCAL. AVANTAGEUSES SUR LE PLAN FISCAL.

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EN sommes PROPOSANT STRATÉGIES SIMPLES, PRATIQUES ET Nous persuadés queDES la qualité de vie de notre communauté et de la société en général s’améliore lorsque les gens prennentque des etnotre desFISCAL. initiatives personnelles. Alors en que les fonds publics Nous sommes persuadés laresponsabilités qualité de vie de communauté et de la société général s’améliore AVANTAGEUSES SUR LE PLAN assurent desgens services indispensables, la philanthropie permet aux organismesAlors de bienfaisance de publics combler lorsque les prennent des responsabilités et des initiatives personnelles. que les fonds assurent desdeservices indispensables, la philanthropie permet aux organismes de bienfaisance combler les lacunes, répondre aux besoins urgents et de créer un monde reflétant nos idéaux et nosdevaleurs. les lacunes, de répondre aux besoins urgents et de créer un monde reflétant nos idéaux et nos valeurs. Nous sommes persuadés que la qualité de vie de notre communauté et de la société en général s’améliore favoriser et optimiser et la philanthropie répondreAlors aux que idéaux, aux aspirations NOTRE lorsque les gensInspirer, prennent des responsabilités des initiatives pour personnelles. les fonds publics Inspirer, favoriser et optimiser la philanthropie pour répondre aux idéaux, aux aspirations NOTRE MISSION: et auxindispensables, besoins croissants de la communauté de Montréaldeetbienfaisance de la sociétéde encombler général. assurent des services la philanthropie permet juive aux organismes MISSION: et aux besoins croissants de la communauté juive de Montréal et de la société en général. les lacunes, de répondre aux besoins urgents et de créer un monde reflétant nos idéaux et nos valeurs. NOTRE MISSION:

Inspirer, favoriser et optimiser la philanthropie pour répondre aux idéaux, aux aspirations et aux besoins croissants de la communauté et de la collaboration société en général. Je travaille depuis plusjuive de de 10 Montréal ans en étroite avec la Je travaille depuis plus de 10 ans en étroite collaboration avec la Fondation communautaire juive. Dans l’exercice de notre profession, Fondation Dans l’exercice de notredeprofession, nous nouscommunautaire efforçons d’offrirjuive. aux clients une expérience gestion de nous nous efforçons d’offrir aux clients une expérience de gestion de patrimoine irréprochable. Nous pouvons affirmer sans risquer de nous patrimoine irréprochable. Nous pouvons affirmer sans qui risquer tromper que nous avons trouvé un partenaire, la FCJ, offrede le nous même Je travaille depuis plus trouvé de 10 un ans en étroite collaboration avec la tromper que nous avons partenaire, la FCJ, qui offre le même niveau de service et de dévouement. Fondation communautaire juive. Dans l’exercice de notre profession, niveau de service et de dévouement. nous nous efforçons d’offrir aux clients une expérience de gestion de Que ce soit pour les objectifs philanthropiques sans de mes clients ou les patrimoine Nous philanthropiques pouvons affirmerde risquer deou nous Que ce soitirréprochable. pour les objectifs mes clients les miens, la FCJ a avons toujours été un une ressourcela de choix, tantle pour les tromper que nous trouvé partenaire, FCJ, qui offre même miens, la FCJ a toujours été une ressource de choix, tant pour les besoins quotidiens en dévouement. matière de fonds orientés par les donateurs que niveau service et en de besoinsdequotidiens matière de fonds orientés par les donateurs que pour les stratégies de planification plus avancées. pour les stratégies de planification plus avancées. Que ce soit pour les objectifs philanthropiques de mes clients ou les STEVE SEBAG On ne la saurait sous-estimer l’importance d’avoir un partenaire qui parle STEVE SEBAG miens, FCJ sous-estimer a toujours été une ressource tant pour les On ne saurait l’importance d’avoirdeunchoix, partenaire qui parle la même langue, partage les mêmes valeurs et peut répondre à certains besoins en matière de fonds orientés parrépondre les donateurs que Conseiller, gestion privée de la mêmequotidiens langue, partage les mêmes valeurs et peut à certains Conseiller, gestion privée de des besoins philanthropiques des familles à qui nous offrons des services. patrimoine, partenaire pour les stratégies de planification plus avancées. des besoins philanthropiques des familles à qui nous offrons des services. patrimoine, partenaire

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Éditorial Édito.

Sonia Sarah Lipsyc

« (…) l’augmentation de l’antisémitisme dans notre province, au Canada et dans le reste du monde est malheureusement une réalité. (…) nous avons décidé d’y consacrer notre dossier spécial. »

On le sait, l’augmentation de l’antisémitisme dans notre province, au Canada et dans le reste du monde est malheureusement une réalité. Ne serait-ce qu’à Montréal, en 2020, les crimes haineux contre les Juifs ont augmenté de 24 %. Et nul doute que cette tendance s’est accentuée en 2021. C’est pourquoi, même si nous parlons régulièrement dans notre magazine de cette problématique, nous avons décidé d’y consacrer notre dossier spécial. L’ancien ministre de la Justice, le juriste et professeur Irwin Cotler nous présente le plan d’action en dix points qu’il a présenté, en juillet dernier, au sommet national sur l’antisémitisme en présence de notre premier ministre Justin Trudeau. Le but étant l’adoption d’un plan d’action national pour combattre l’antisémitisme. À ce même sommet, notre président, l’Honorable Jacques Saada en relevant la disproportion des décisions de l’ONU contre Israël, souligne « l’instrumentalisation de l’ONU et de ses agences comme vecteurs d’antisionisme et donc d’antisémitisme ». Il s’intéresse aux dispositions internationales qui peuvent être prises comme une « adhésion toujours plus large à la définition de l’IHRA1 de l’antisémitisme ». Le CIJA, l’organe officiel de notre communauté auprès des pouvoirs publics tant au niveau provincial que fédéral, nous rappelle les différentes actions qu’il entreprend pour lutter contre ce fléau et ce qu’il faut faire si on est victime ou que l’on assiste à un acte antisémite. Ce fléau sévit notamment beaucoup sur Internet et dans les médias sociaux. Le député fédéral Anthony Housefather et Joël Finkelstein présentent leurs initiatives pour contrer la désinformation antisémite en ligne. Daniel Amar, le directeur du Musée de l’Holocauste de Montréal souligne l’importance de l’éducation pour démasquer l’antisémitisme qui « peut prendre le visage du radicalisme islamiste, de l’antisionisme d’extrême droite comme celui de l’extrême gauche ». Toujours en matière d’éducation contre l’antisémitisme, un article fait le point sur les actions qui sont menées depuis plus de quarante ans par notre communauté. Nous avons voulu dans ce numéro rendre un hommage à David Ouellette, notre collègue du CIJA qui collabore à notre revue puisqu’il a reçu la médaille de l’Assemblée nationale, la plus haute distinction honorifique décernée par le gouvernement du Québec. David Ouellette, non seulement traque l’antisémitisme dans les médias ou ailleurs, défend inlassablement notre communauté, mais cherche aussi constamment à établir des ponts entre l’identité québécoise et juive. En plus d’être un observateur avisé et dont l’apport est inestimable, il est également photographe et nous vous donnons à voir un aperçu de son talent. La culture sépharade est toujours au cœur de notre magazine. Notre connaissance en français et surtout en espagnol des communautés juives d’Amérique du Sud se poursuit avec cette fois-ci la Colombie. Deux de ces articles sont comme d’habitude en espagnol dont un par Victor Alfanderi, car une partie de notre communauté a encore dans l’oreille cette langue qu’elle parle également. La Dre Raquel Lévy-Toledano, férue de généalogie, pour sa seconde contribution, nous fait l’amitié de nous livrer les prémisses d’une étude scientifique sur les origines ancestrales des Juifs marocains. Avraham Elarar qui a succédé à Moïse Amsellem (ZAL2) à la tête de la Fédération Sépharade du Canada, nous livre sa vision sur plusieurs points du monde sépharade et les projets qu’il entend accomplir. La pertinence de ses réflexions ne manquera pas d’attirer votre attention. En matière de judaïsme, pour la deuxième année, le rabbin Yamin Lévy, nous propose dans sa chronique un enseignement sur les fêtes

1. Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste. Voir 2. Acronyme en hébreu de : que sa mémoire soit une bénédiction.

juives, en l’occurrence Hanouca, car les trois numéros annuels de notre magazine sont rythmés par elles. La traduction en français par Yolande Amzallag de cet article en anglais peut être consultée sur notre édition en ligne. Nous retrouvons pour cette édition Marc Zilbert qui nous dresse le portrait d’un aspect méconnu de l’un des plus grands kabbalistes du siècle dernier, le rabbin Yehouda Ashlag : sa conjugaison de la mystique juive avec la justice sociale et un engagement utopique dans une forme de communisme. Notre graphiste illustrateur David Bohadana change de casquette le temps d’un article et nous fait découvrir le jeune rabbin et physicien Jeremy England qui risque de révolutionner la science d’aujourd’hui. Enfin, vous retrouverez le rabbin franco-israélien, Mikhaël Benadmon que vous avez pu déjà apprécier dans ses conférences pour son érudition et sa modération. Il tiendra une chronique régulière dans nos colonnes, consacrée aux réponses de penseurs juifs sépharades à des problématiques contemporaines. Pour ce premier article, il présente les bases de la loi juive dans le monde sépharade. Les Jeux Olympiques sont derniers, tant il est vrai que l’actualité en chasse une autre. Il reste que nos sportifs canadiens et israéliens se sont distingués et nous avons voulu le souligner. La littérature est comme d’habitude présente avec un entretien avec l’écrivaine israélienne Emuna Elon et ma chronique en ligne « Elles et ils ont publié » dans laquelle je partage avec vous mes lectures récentes sous forme de vignettes afin de vous informer et peut-être vous donner le goût de lire quelques nouvelles parutions. Nous rendons hommage à deux disparus de ces derniers mois : le grand leader communautaire sépharade Elias Malka, l’un des bâtisseurs de la communauté sépharade à Montréal et fondateur de quelques-unes de ses principales institutions et le rabbin Howard Joseph qui, au sein de la Congrégation Spanish & Portuguese, a tant œuvré pour le bien-être des membres de notre communauté. L’activité communautaire de nos constituantes est toujours dynamique, comme le montrent les articles sur l’École Maimonide, ou sur des personnalités comme le nouveau président de Hessed, Michel Bitton ou le chantre Dany Benlolo. Le numéro de septembre que vous semblez être nombreux à avoir apprécié vous a montré l’étendue des activités de la CSUQ que certains ont même découvert à cette occasion! Continuez à vous tenir au courant de tout ce que la CSUQ propose en matière d’activités pour les jeunes, festivals, conférences, etc. en voyant nos pages communautaires. Il ne me reste plus qu’à remercier notre équipe professionnelle, l’ensemble de nos collaborateurs.trices pour ce numéro et de citer en plus des noms déjà mentionnés les contributions d’Edmond Elbaz et d’Esther Krauze et celles régulières d’Elie Benchetrit, Sylvie Halpern, Elias Levy et Eta Yudin. Joyeuses fêtes de Hanouca! Sonia Sarah Lipsyc slipsyc@csuq.org

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LE CENTRE CUMMINGS POUR AJOUTER DE LA JOIE ET DE L’ÉNERGIE DANS VOTRE VIE! Des organisations comme le Centre Cummings espéraient que la programmation en présentiel reprendrait. Cependant, avec la variante Delta, le Centre n’a pas perdu confiance et continue d’offrir des programmes en ligne stimulants et divertissants, dont le nombre de participants a augmenté depuis le début de la pandémie. « Je suis une fanatique du Centre, c’est un véritable coffre aux trésors! Grâce à tous ses programmes virtuels comme, entre autres, la gym, les conférences et la peinture, le Centre m’a permis de me maintenir en forme et en santé spirituelle, intellectuelle, artistique et physique! J’ai même pu découvrir plusieurs

pays d’Europe via Zoom avec des guides extraordinaires et faire une exposition de mes peintures, moi qui n’ai jamais tenu un pinceau de ma vie! Je souhaite ardemment que le Centre continue d’offrir ses merveilleux programmes virtuels, même si le présentiel est autorisé. » Nicole Allio, membre du Cummings.

« Que vous ayez des problèmes de mobilité, des responsabilités en tant que proche aidant, que vous désiriez voyager ou rester chez vous pendant les fraîches nuits d’automne, vous pouvez profiter, en toute commodité, des programmes du Cummings dans le confort de votre maison », explique Mme Grunberg.

La directrice générale du Centre, Pauline Grunberg, note que l’organisation a pu s’étendre au-delà de ses murs physiques et de l’île de Montréal en accueillant de nouveaux membres, enseignants et artistes de partout dans le monde, aussi loin que l’Afrique, Israël, l’Europe et l’Amérique du Nord.

Vous voulez savoir comment assister aux programmes du Cummings par Zoom ou accéder à sa vidéothèque gratuite pour les membres? Le personnel et les bénévoles du Centre Cummings peuvent vous aider: il suffit d’appeler au 514.343.3510.

PROGRAMMES ADAPTÉS ET BIEN-ÊTRE

Le Centre Cummings continue d’offrir des cours en ligne stimulants et innovants aux personnes à mobilité réduite, aux prises avec la maladie de Parkinson et d’autres troubles moteurs, la sclérose en plaques, l’arthrose, ou qui sont en réhabilitation. Ces cours sont donnés par des kinésiologues. Information: téléphonez à Maria Fragapane au 514.734.1797

COURS

DATES/HORAIRE

Chanter pour mieux respirer

Les lundis • 13h / 14h30

Exercices de boxe pour le Parkinson

Les vendredis • 13h30 / 14h30

Exercices adaptés pour mouvements

Les lundis & mercredis • 11h30/12h

Exercices adaptés assis

Les mardis • 5h30 / 16h

Cardio léger

Les mardis • 15h30 / 16 h

Combattre l’incontinence

Les mardis • 13h / 13h45

Classe d’intervalles cardio/force

Les mercredis • 8h30 / 9h30

Équilibre et mobilité

Les mercredis • 11h30 / 12h30

Ballet barre

Les jeudis • 10h30 / 11h30

FAITS SAILLANTS DE LA NOUVELLE SAISON

NOUVEAUTÉ

NOUVEAUTÉ

NOUVEAUTÉ

RIVALITÉ ÉTATS-UNIS, CHINE, RUSSIE VERS UNE CONFRONTATION

UNIVERSITÉ BEN-GOURION DU NÉGUEV

En partenariat avec Or Hahayim. Selon M. Cuccioletta « Il n’y a plus de véritable ordre mondial. Il y a plutôt une toile de rivalités, de chaos et de confrontations entre ceux qui veulent devenir ou redevenir hégémoniques. Au milieu de tout ça, l’Europe tente de jouer ses cartes, tout comme le Moyen-Orient qui ne sait plus sur quel pied danser. »

Avec Simon Bensimon, directeur général. Présentation de l’Université et l’apport qu’elle apporte à Beersheva et à toute la région du Néguev. L’Université vient de fêter ses 50 ans et a lancé le prochain demi-siècle! Lundi 31 janvier • 19 h Gratuit

TOUR VIRTUEL DE L’ESPAGNE Avec David Bensoussan. Voyage dans l’histoire de l’Espagne depuis le règne des Vizigoths jusqu’aux temps modernes en évoquant la civilisation arabo-berbère et la Reconquista, en soulignant l’empreinte historique des Juifs dans les cités légendaires de Cordoue, Tolède, Séville et Grenade. Les mardis 22 février et 1er mars • 19 h Gratuit pour les membres.

Mardi 18 janvier • 19h30 Gratuit

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LES SERVICES SOCIAUX POUR UNE MEILLEURE QUALITÉ DE VIE és Soutenir les aîn auté de la commun

Notre équipe de professionnels fournit des informations, des références, des consultations, une évaluation et une planification ainsi qu’une intervention en cas de crise. En travaillant ensemble, en partenariat avec le secteur public et les organismes communautaires, nous nous efforçons d’assurer le meilleur service et le meilleur soutien. Notre équipe intégrée, comprenant des gestionnaires de cas, des ludothérapeutes, des thérapeutes en arts créatifs et en musique, offre du soutien à domicile. Les services sont fournis dans une variété de langues, notamment: l’anglais, le français, l’hébreu, le russe et le yiddish.

SERVICES AUX SURVIVANTS DE L’HOLOCAUSTE Nous offrons une vaste gamme de services et de programmes spécialisés pour répondre aux besoins des survivants admissibles et pour améliorer leur qualité de vie. • Café Europa du groupe des survivants de l’Holocauste • Gestion de cas • Réclamations et restitution • Demande d’indemnisation • Aide financière d’urgence • Soins à domicile et ménage • Estampillage des certificats de vie

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BÉNÉVOLE AU CENTRE CUMMINGS, POURQUOI PAS VOUS? LE BÉNÉVOLAT RÉINVENTE LE POUVOIR DE SE DÉPASSER Vous sentez-vous inspiré-e pour faire une différence et faire du bénévolat virtuellement? Vous pouvez trouver des moyens constructifs d’enrichir votre vie et celle des autres, et de répondre aux besoins en constante évolution de la communauté des 50+ ans. Faites du

bénévolat en partageant votre temps, votre compassion et vos compétences. Nous offrons des opportunités stimulantes qui vous procureront un sentiment de fierté, de croissance et d’épanouissement. Il n’y a pas de limites à ce que vous pouvez offrir! Que ce soit personnel, professionnel, communautaire ou social, faire du bénévolat au Centre Cummings permet d’assurer la continuité des services sociaux et des programmes aux 50+ ans. Des opportunités variées. Heures flexibles. Que ce soit vous, étudiant-e, jeune adulte actif, ou retraité-e, illuminez la vie des autres!

« Pour les personnes âgées de la communauté, leurs relations avec une personne, surtout en cette période difficile, sont inestimables. Les appels téléphoniques et le soutien technique pour les aider à apprendre à se connecter sont tellement importants. Je suis heureuse de faire ce que je peux. »

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Beverly Zylberberg

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OCCASIONS DE BÉNÉVOLAT EN VEDETTE : • Appels amicaux • Activités et projets intergérationnels • Projets à court terme Autres Choix : • Planification d’événements d’appréciation des bénévoles • Développement du leadership • Travail en comité • Communications

« Cette dernière année, le bénévolat au Centre Cummings, ainsi qu’accompagner Beverly dans des projets de leadership LEDA, ont été fondamentaux. Je reconnais à quel point il est important d’aider les aînés de la communauté. Il y a tellement de personnes âgées qui vivent seules et isolées. J’encourage tous les étudiants à s’impliquer. »

Elsa Dahan

SANDRA.AMAR@CUMMINGSCENTRE.ORG • 514.734.1750


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PRÉSIDENT CSUQ Jacques Saada

NOS COLLABORATEURS.TRICES

DIRECTEUR GÉNÉRAL Benjamin Bitton

Membre du Comité exécutif de la Communauté juive sépharade de Bogota et délégué représentant de la Colombie auprès de Fesela, la Fédération sépharade latino-américaine.

COPRÉSIDENTS LVS William Dery Arielle Sebah-Lasry RÉDACTRICE EN CHEF Sonia Sarah Lipsyc COMMUNICATION ET MARKETING Janice Silverstein GRAPHISME David Bohadana Israël Cohen RÉVISION LINGUISTIQUE ET CORRECTION D’ÉPREUVES Martine Schiefer PUBLICITÉ ET VENTE Claude Benarroch Agnès Castiel Janice Silverstein ABONNEMENT Danielle Kessous Cynthia Sazbon lvsmagazine.com David Bohadana

Victor Alfanderi

Mikhaël Benadmon

Rabbin et docteur en philosophie générale, il dirige le programme de formation rabbinique sépharade Maarava, ainsi qu’un programme de conversion à Jérusalem. Il enseigne la pensée juive à l’Université Bar-Ilan et est rédacteur de plusieurs programmes éducatifs pour les écoles juives de France et d’Israël. Auteur de plusieurs ouvrages en français et en hébreu sur la théologie du sionisme religieux et du fait territorial juif.

Elie Benchetrit Journaliste

David Bohadana

Graphiste illustrateur à la CUSQ. Son cheminement a commencé dans les écoles d’art en France. Après être passé par Toronto et les yeshivot, écoles talmudiques en Israël, il s’installe à Montréal où il entreprend également du coaching.

Edmond Elbaz

Sa carrière, qui s’étend sur une cinquantaine d’années, est une longue chaîne au service de la communauté en tant qu’administrateur scolaire, membre du Comité consultatif auprès du ministère de l’Éducation, conseiller pédagogique à l’Association des écoles juives, délégué général de l’Alliance israélite au Canada et Président sortant de la Congrégation Spanish & Portuguese de Montréal. Récipiendaire du titre honorifique d’officier de l’ordre des Arts et des Lettres de la République française. Sa devise est Servir et toujours pour le bien de chacun et de notre communauté.

Joel Finkelstein

Directeur du Network Contagion Research Institute et chercheur invité à l’université Rutgers

Sylvie Halpern

Elle a été toute sa vie journaliste en presse magazine. Elle a créé Mémoire vive, une entreprise de rédaction d’histoires de vie en publication privée. Prix de vente par numéro : 2 $ IMPRIMEUR / PRINTER : Accent impression Inc. 9300, boul. Henri Bourassa O. Bureau 100 Saint-Laurent H4S 1L5 EXPÉDITION POSTALE : Traitement Postal Express inc. 227-E boul. Brunswick, Pointe-Claire Québec, H9R 4X5 Convention postale 40011565 Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée à : 5151, Côte-Sainte-Catherine, bureau 216, Montréal, Québec, Canada H3W 1M6 Le présent numéro est tiré à 5 000 exemplaires et acheminé par voie postale au Québec, en Ontario et aux États-Unis. Des exemplaires sont également déposés dans différents endroits stratégiques à Montréal. Les textes publiés n’engagent que leurs auteurs. La rédaction n’est pas responsable du contenu des annonces publicitaires. Toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, en tout ou en partie, du présent magazine, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictement interdite. Reproduction in whole or in part, by any means, is strictly prohibited unless authorized in writing by the editor.

Anthony Housefather

Député fédéral de la circonscription de Mont Royal et secrétaire parlementaire de la ministre du Travail. Il est également président du Groupe d’amitié Canada-Israël du Parlement canadien et cofondateur d’un groupe de travail bipartite international de parlementaires pour lutter contre l’antisémitisme.

Esther Krauze

Avocate en droit des affaires, cabinet Lette & Associés et présidente de l’École Maïmonide dont elle fut diplômée de la promotion 1990

Elias Levy

Journaliste, collaborateur au magazine LVS/La Voix Sépharade, au nouveau journal en ligne et magazine The Canadian Jewish News et à Québec Science.

Yamin Levy

Rabbin de la Synagogue Beth Hadassah de Great Neck (NY), fondateur et chef spirituel de la Long Island Hebrew Academy et du Maimonides Heritage Center dont il est également le directeur. Auteur et éditeur de nombreux livres ainsi que d’articles sur la pensée juive, la Bible hébraïque et des textes de Maïmonide.

Raquel Levy-Toledano

Médecin, gynécologue (spécialiste en médecine de la reproduction), et titulaire d’un doctorat de science en endocrinologie moléculaire. Depuis quelques années, elle étudie la généalogie des Juifs marocains. Et sous le même titre, elle a créé un groupe Facebook en 2019 sur le sujet qui réunit aujourd’hui près de 3 600 personnes. Sous la direction de Raquel, « curateur » de Geni, le travail des membres de ce groupe a abouti à l’établissement d’un arbre généalogique de plus de 350 000 personnes juives marocaines et algériennes sur Geni (Geni.com). Elle collabore avec la Fondation Avotaynu (Avotaynuonline.com) pour étudier les origines ancestrales des Juifs marocains par l’étude du chromosome Y. Enfin, avec Jean-Marc Benhamou, Nathaniel Farrouz et Jacob Marrache, Raquel a récemment fondé NAJMA (Nos Ancêtres Juifs Marocains et Algériens), la seule association dédiée spécifiquement à la généalogie des Juifs marocains et algériens.

David Ouellette

Photographe et directeur, recherche et affaires publiques au Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA).

Eta Yudin

Vice-présidente de la section québécoise du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA).

Marc Zilbert

Il a étudié l’histoire et la science politique à l’Université McGill, ainsi que la philosophie et le droit à l’Université de Montréal. Depuis 2014, il pratique le droit et la traduction juridique à Montréal et s’adonne actuellement à la rédaction d’un mémoire de maîtrise sur la pensée d’Emmanuel Levinas qu’il espère terminer d’ici le mois de janvier 2022.


DOSSIER SPÉCIAL

PRÉVENIR ET CONTRER L’ANTISÉMITISME

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Initiatives gouvernementales et actions du CIJA contre l’antisémitisme1 Eta Yudin 2021 aura été le triste théâtre d’une explosion inédite d’antisémitisme au Canada. Dans la foulée de la pandémie de la COVID-19 ont resurgi de vieux clichés antisémites que l’on pensait ne plus revoir dans nos sociétés modernes. Et puis en marge de la pandémie, la guerre lancée par le Hamas en mai 2021 contre Israël et ses civils a déclenché également une vague inattendue d’attaques contre les juifs dans le monde. « Le nombre de crimes haineux contre les Juifs est passé de 34 en 2019 à 42 en 2020, soit un saut de presque 24 %. Il a déjà grimpé à 37 pour la première moitié de 2021, une tendance inquiétante »2 . Un tel fléau impose une action à plusieurs niveaux, que ce soit la sensibilisation de l’opinion publique ou l’action auprès des différents paliers de gouvernement. Depuis le début de cette recrudescence de l’antisémitisme, le CIJA, dont le mandat est de préserver, protéger, défendre et promouvoir les intérêts de la communauté juive, a été sur le pied de guerre. Reconnaître l’antisémitisme Tout d’abord, il a été important d’expliquer que les incidents rapportés constituaient de l’antisémitisme. En effet, force est de constater que certains ne considèrent pas nécessairement les insultes, attaques ou menaces contre les Juifs comme étant constitutifs d’antisémitisme. Le CIJA n’a eu de cesse de travailler avec les différentes instances gouvernementales afin d’attirer l’attention sur la situation et leur demander de réagir face aux attaques dont étaient subitement victimes des Canadiens, ciblés uniquement parce que juifs. L’appel du CIJA a été entendu à tous les niveaux. Ainsi le 26 mai 2021, l’Assemblée nationale du Québec a adopté à l’unanimité une motion condamnant la hausse des incidents antisémites. « Que l’Assemblée nationale dénonce fermement les menaces, violences et agressions envers les Québécois de confession juive, lesquelles ont augmenté dans les dernières semaines; Qu’elle réaffirme que dans une société libre et démocratique, tous peuvent manifester ou exprimer une opinion, dans le respect, la sécurité et de la dignité; Qu’elle réitère la nécessité de maintenir un débat sain et démocratique concernant le conflit israélo-palestinien; Qu’enfin, elle rappelle qu’en tout temps, la violence est intolérable envers quiconque. » Toujours face aux débordements antisémites des manifestations de mai 2021, le premier ministre Justin Trudeau a immédiatement déclaré : « Je suis profondément troublé par les nouvelles récentes faisant état d’actes antisémites à Montréal et ailleurs au pays. Cette intimidation et cette violence sont absolument inacceptables et doivent cesser immédiatement. Aucune forme de haine n’a sa place au Canada. »

DOSSIER SPÉ SPÉCIAL

Le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Benoit Charette de déclarer : « Le droit de manifester en est un réel. Cependant, le vandalisme et les propos haineux n’ont pas leur place. Ils ne favorisent en rien le vivre-ensemble auquel le Québec est en droit de s’attendre. » De même, la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade : « Les actes survenus lors d’une manifestation à Montréal aujourd’hui doivent être condamnés. Unissons-nous contre le racisme, la violence, l’intimidation, l’intolérance et l’antisémitisme. Le Québec est un endroit de tolérance, d’ouverture et de paix. » Et enfin Valérie Plante, mairesse de Montréal a également déclaré : « Montréal a la réputation bien méritée d’être une ville avec différentes communautés qui vivent ensemble dans la paix et la sécurité. Manifester est un droit, mais l’intolérance, la violence et l’antisémitisme n’ont pas leur place chez nous. Montréal est une ville de paix ». Au niveau municipal, Lionel Perez, chef de l’Opposition officielle à la Ville de Montréal, a soumis le 7 juin dernier une motion au conseil de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce dénonçant la situation et prévoyant que le Conseil municipal dénoncera toute forme d’antisémitisme et assurera la sécurité des Juifs. Le 14 juin 2021, le Conseil municipal de la Ville de Montréal adoptera finalement une motion visant à dénoncer l’antisémitisme, les menaces et violences contre les Juifs à Montréal. L’importance de l’éducation La mission d’alerte ne va pas sans une mission d’éducation et il s’avère que le premier obstacle dans la lutte contre l’antisémitisme est la définition même de cette forme de racisme. Le CIJA mène ainsi un travail depuis des années pour sensibiliser l’opinion publique et la classe politique sur le vrai visage de l’antisémitisme qui n’a eu de cesse au cours des siècles de muter. Et le CIJA a concentré ses efforts au niveau de l’adoption de la définition opérationnelle de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Cette définition non contraignante décrit l’antisémitisme comme « une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard » et dirigée contre « des individus juifs ou non juifs et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte. » Tous ces efforts ont porté fruit et le 9 juin 2021 le gouvernement du Québec, à l’initiative du ministre Benoit Charette, a officiellement adopté cette définition. Quoique non contraignante, la définition de l’IHRA permet néanmoins de mieux appréhender le phénomène et de prévenir des débordements comme ceux auxquels on a pu assister en Europe et ailleurs. Un sommet national sur l’antisémitisme Face à la hausse préoccupante des actes antisémites, le CIJA a organisé à l’été 2021 une campagne auprès du public canadien (Agissons! www.agissons. ca) afin d’exhorter le gouvernement fédéral à organiser un sommet d’urgence devant déboucher par la suite sur des actions concrètes. Des dizaines de milliers de Canadiens répondent à l’appel qui sera entendu par le gouvernement fédéral. Un sommet sur l’antisémitisme aura ainsi lieu le 21 juillet 2021. L’événement a permis de réunir plusieurs organismes de la communauté juive qui ont exposé devant le premier ministre Justin Trudeau, des ministres fédéraux, des députés et des représentants provinciaux et municipaux, les préoccupations et inquiétudes des communautés juives partout au Canada, mais aussi de leur présenter des pistes de solutions. Le CIJA a pu y présenter des propositions politiques concrètes axées sur le renforcement de la sécurité, l’éducation, et des initiatives juridiques précises.

La CSUQ : Prévenir et contrer l’antisémitisme


Premièrement, davantage d’investissements dans le Programme de financement des projets d’infrastructures de sécurité pour les collectivités à risque (PFPIS) ont été recommandés afin d’accroître la capacité des communautés à risque à assurer la protection de leurs institutions.

Enfin, le CIJA a recommandé le développement d’un manuel et d’un cours de formation pour le personnel de l’IDE (Inclusion, diversité et équité) des commissions scolaires publiques, comprenant l’étude de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA et son application comme guide pour comprendre les manifestations de l’antisémitisme. Finalement pour lutter de façon efficace contre l’antisémitisme, le CIJA a recommandé plusieurs mesures visant les domaines policiers et juridiques :

Le CIJA a également recommandé de compléter le PFPIS par une initiative offrant aux communautés la capacité d’endiguer les menaces et d’assumer une part de responsabilité dans la protection de leurs institutions communautaires et des usagers, tout en apportant un soutien et une assistance aux forces de l’ordre locales.

• Créer des unités spécialisées en crimes haineux au sein de tous les services du

Enfin, le CIJA a conseillé de désigner des « personnes de référence » au sein des forces de l’ordre – aux niveaux local et national ainsi que dans les services de renseignement – pour assurer la liaison avec la communauté juive organisée. Ce personnel spécialisé devrait avoir la capacité et le mandat de fournir des informations opportunes sur les menaces, les développements et les meilleures pratiques en matière de sécurité communautaire, ainsi que de répondre aux préoccupations qui émergent au sein de la communauté juive. En ce qui concerne le volet éducation, le CIJA a évoqué le besoin d’améliorer l’éducation sur l’antisémitisme dans les programmes scolaires canadiens et de lancer une initiative spéciale partout au pays pour lutter contre les contenus toxiques qui circulent en ligne.

maintien de l’ordre sur l’ensemble du territoire canadien.

• Utiliser la définition opérationnelle de l’antisémitisme de l’IHRA pour se doter

d’une définition uniforme des « crimes haineux » antisémites qui servirait de norme dans tout le pays pour ce qui constitue un crime motivé par la haine. • Renforcer la formation des agents de l’ordre, des procureurs de la Couronne, des procureurs généraux et du système judiciaire concernant l’antisémitisme, savoir comment le reconnaître et quelles réponses appropriées apporter aux incidents antisémites, y compris une approche plus ferme en matière d’enquêtes sur les crimes haineux présumés et le dépôt d’accusations criminelles liées aux crimes haineux. À l’issue de ce sommet, le gouvernement s’est engagé à porter une attention continue sur les efforts déployés, a reconnu le bien fondé des propositions, a annoncé le financement de 150 projets dans le cadre du Programme PFPIS, le soutien aux mesures visant à améliorer l’éducation à l’antisémitisme et la lutte contre la haine en ligne. Victime ou témoin d’un acte antisémite : que faire? Il convient de ne pas hésiter à signaler tout acte suspect au Réseau de sécurité communautaire de la Fédération CJA qui pourra vous aider à entamer des démarches auprès des autorités et qui a également pour mission d’assurer une liaison avec les forces de l’ordre. Si vous êtes victime ou témoin d’un crime haineux (attaque physique, prolifération de menaces, graffitis antisémites) ou en situation d’urgence, composez le 9-1-1. Par la suite, appelez la ligne d’urgence de la Fédération CJA au 514 343-4343.

Dans le cas d’un incident haineux (acte non criminel comme la distribution de matériel offensant ou insécurisant ou encore des insultes haineuses en personne ou en ligne), il convient de remplir un rapport d’incident haineux4, disponible en ligne, afin que l’incident soit relayé aux équipes compétentes. Par ailleurs pour Ainsi a été proposée une tous propos antisémites en ligne ou dans campagne nationale de littératie La plateforme Agissons! (agissons.ca) outille les numérique visant à éduquer et utilisateurs sur les différentes formes de l’antisémitisme les médias, n’hésitez pas à contacter le CIJA à l’adresse info@cija.org à sensibiliser les Canadiens à la contemporain et offre des exemples de messages pour puissance des médias sociaux les réseaux sociaux ainsi que des nouvelles pertinentes. *** et au rôle qu’ils jouent dans les L’on ne vient pas à bout d’un tel fléau comportements destructeurs en quelques semaines, voire quelques années, mais nous pouvons nous réjouir que (intimidation, harcèlement, intimidation, diffusion les gouvernements, tant provincial que fédéral, prennent la mesure du problème et de contenu haineux, menaces directes et ciblage de marquent une volonté réelle de s’investir dans la lutte contre l’antisémitisme. Bien personnes vulnérables). que les Juifs soient les cibles de cette forme de haine particulière, la contrer est la En s’appuyant sur la récente conférence du CIJA responsabilité collective de tous les Canadiens. sur la haine en ligne (qui a eu lieu en avril)3 , la campagne de sensibilisation aux médias sociaux serait complétée par une législation régissant les obligations des plateformes de médias sociaux en matière de surveillance de la haine sur leurs sites et de mise en œuvre de mesures préventives et 1. Cet article a été rédigé à la fin août 2021. correctives afin de garantir que les plateformes sont 2. Source : SPVM, tel que repris dans La Presse : https://www.lapresse.ca/actualites/grand montreal/2021-07-16 sûres et ne sont pas exploitées comme instruments crimes-et-incidents-haineux/une-augmentation-inquietante-en-2020.php 3. Voir https://www.actionsummit.ca/?lang=fr de haine. 4. https://rapportenligne-onlinereport.spvm.qc.ca/dors/fr/startreport/100000200/100739700/fr

LVS décembre 2021


« La lutte contre l’antisémitisme doit être une priorité absolue » Entretien avec le juriste Irwin Cotler

Elias Levy Irwin Cotler, envoyé spécial du Canada pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme, a présenté un plan d’action en dix points pour lutter contre la judéophobie au sommet national sur l’antisémitisme qui s’est tenu le 21 juillet dernier. Ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada, professeur émérite de droit de l’Université McGill, fondateur et président du Centre Raoul-Wallenberg pour les droits de la personne, Irwin Cotler mène depuis de nombreuses années une lutte sans relâche contre l’antisémitisme et toutes les autres formes de racisme. ll a accordé une entrevue au LVS/ La Voix sépharade. Portrait par Jindřich Nosek

Le regain d’antisémitisme qui sévit au Canada est un phénomène troublant et inédit. Quel regard portez-vous sur celui-ci? Depuis un certain temps, nous sommes témoins de la recrudescence très inquiétante d’un antisémitisme mondial, virulent, sophistiqué et même meurtrier, sans précédent depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Cet antisémitisme s’est embrasé lors du dernier conflit armé entre Israël et le Hamas au printemps 2021. Au Canada et dans d’autres pays occidentaux, les Juifs ont été pris pour cible et attaqués dans leurs quartiers, leurs communautés, les campus universitaires… Des synagogues ont été incendiées, des institutions communautaires vandalisées, des cimetières profanés. Les statistiques sont effarantes.

Le premier ministre Justin Trudeau a pris la parole après ces interventions. Il a rappelé l’importance de lutter vigoureusement contre les « trois D », terme forgé par le célèbre refuznik Natan Sharansky : la démonisation, la délégitimation et la pratique d’une politique de double standard à l’encontre d’Israël et du peuple juif. L’une des résolutions les plus importantes de ce sommet a été de considérer celui-ci comme l’amorce d’un processus qui aura comme but principal l’adoption et la mise en œuvre d’un plan d’action national visant à combattre l’antisémitisme.

Aux États-Unis, au Canada, en Europe et dans beaucoup d’autres pays, l’année 2020 a été très sombre, on y a recensé le plus haut niveau de crimes de haine antisémites depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, ce terrible fléau continue à se propager. En juin 2021, on a déjà atteint le taux de crimes antisémites commis durant l’année 2020. Un phénomène délétère me préoccupe particulièrement : la recrudescence de la haine antisémite sur Internet et dans les réseaux sociaux. En une semaine, en mai 2021, 17 000 tweets ont affirmé que « Hitler avait raison ». Une étude récente dénote une augmentation sidérante de 912 % en un an de la haine antisémite sur la très populaire plateforme de réseautage social TikTok, dont 41 % des 1,2 milliard d’utilisateurs sont âgés de 16 à 24 ans.

Vous avez tenu à ce que la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ), représentée par son président, Jacques Saada, participe aussi à ce sommet sur l’antisémitisme.

La tenue d’un sommet national sur l’antisémitisme était donc urgente et impérative.

Vous avez proposé dix mesures concrètes pour combattre l’antisémitisme. Lesquelles?

Absolument. Nous ne pouvons pas rester inertes face à cette flambée d’antisémitisme. Un plan d’action national doit être mis en œuvre pour contrer ce fléau dévastateur. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, dix ministres de son gouvernement, les critiques des partis d’opposition, des leaders de la société civile et des représentants de la communauté juive canadienne ont participé à ce sommet. L’un des moments les plus forts du sommet fut les témoignages de membres de la communauté juive. Particulièrement ceux très poignants d’un étudiant de l’Université de Toronto et d’une femme noire juive. L’étudiant a décrit, avec moult détails, la culture d’exclusion antijuive à l’œuvre sur le campus de cette université, le contraignant à choisir entre son identité juive ou son intégration dans la culture prédominante dans le campus. La femme a décrit les discriminations dont elle fait l’objet en tant que Noire et Juive. Les leaders de la communauté juive ont parlé avec franchise et éloquence.

1. Rendre obligatoire l’enseignement de l’Holocauste dans les écoles primaires et secondaires et sensibiliser les élèves aux conséquences néfastes de l’antisémitisme. Comme l’a rappelé en 2019 le Dr Ahmed Shaheed, rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté de religion et de croyance : « L’antisémitisme est toxique pour les démocraties. Cette plaie est le canari dans le puits de la mine du mal ».

Le discours de Jacques Saada été l’un des plus importants et éclairants du sommet. Il a analysé avec brio les diverses dynamiques de l’antisémitisme à l’œuvre au niveau national et international. Jacques a mis à nu les tentatives de blanchir l’antisémitisme sous le couvert des droits de la personne pour dénigrer Israël et remettre en cause sa légitimité. Son allocution, prononcée en français, a été aussi le reflet du riche multiculturalisme qui caractérise la communauté juive canadienne.

«En une semaine, en mai 2021, 17 000 tweets ont affirmé que « Hitler avait raison ».

DOSSIER SPÉ SPÉCIAL

2. Combattre la négation et la déformation de l’Holocauste dans le cadre de la lutte pour la promotion et la défense de la démocratie et des droits de la personne. 3. Renforcer l’adoption et la mise en œuvre de la définition opérationnelle de l’antisémitisme de l’IHRA – l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste. C’est la définition internationale la

La CSUQ : Prévenir et contrer l’antisémitisme


« Une ONU qui ne place pas la lutte contre l’antisémitisme

au premier plan de son programme de défense des droits de la personne est une ONU qui trahit son passé et renonce à son avenir. Kofi Annan Ancien secrétaire général des Nations Unies

plus complète et la plus consensuelle que nous ayons, adoptée déjà par plus de trente pays. Celle-ci doit être mise en œuvre dans tous les secteurs de la société. 4. Mettre en œuvre le Protocole parlementaire d’Ottawa pour combattre l’antisémitisme, une résolution peu connue, adoptée par le parlement canadien en 2015, qui exhorte le gouvernement canadien à hisser au rang de priorité la lutte contre l’antisémitisme dans sa politique intérieure et étrangère. 5. Renforcer la sécurité des institutions juives qui font l’objet de menaces et d’attaques croissantes : synagogues, écoles, centres communautaires, sites commémoratifs… 6. Combattre l’antisémitisme dans les médias sociaux en adoptant des politiques et des mesures réglementaires plus fermes. Promulguer des lois incitant les plateformes des médias sociaux à bannir toute diffusion de messages haineux antisémites. 7. Les partis politiques canadiens doivent adopter une politique de tolérance zéro à l’égard de l’antisémitisme et éviter que celui-ci ne soit instrumentalisé à des fins de partisanerie politique. 8. Rappeler que l’antisémitisme doit concerner tous les Canadiens et pas uniquement les citoyens juifs. C’est ce qu’a souligné le premier ministre Justin Trudeau dans son intervention lors du sommet. 9. Combattre les crimes haineux antisémites au moyen d’une stratégie basée sur les quatre P : prévention de ces crimes, protection des victimes, poursuite des auteurs de ces exactions et instauration d’un partenariat entre les autorités fédérales, provinciales et municipales. 10. Combattre le blanchiment de l’antisémitisme lorsqu’il se drape sous les oripeaux des valeurs publiques universelles et des droits de la personne. Comme l’a dit l’ancien secrétaire général des Nations Unies, feu Kofi Annan : « Une ONU qui ne place pas la lutte contre l’antisémitisme au premier plan de son programme de défense des droits de la personne est une ONU qui trahit son passé et renonce à son avenir. » Les opposants à la définition de l’antisémitisme de L’IHRA affirment que celle-ci vise davantage

à faire taire les critiques à l’endroit d’Israël qu’à contrer l’antisémitisme. Que leur répondez-vous? Ceux qui critiquent la définition de l’IHRA sont très mal renseignés. Celle-ci est le fruit d’un processus de décision très démocratique, qui a duré 15 ans, auquel ont pris part plus d’une trentaine de pays. Cette définition n’est certainement pas tombée de la dernière pluie. De hauts responsables gouvernementaux, des membres élus d’une trentaine de parlements, des leaders de la société civile, des universitaires, des experts renommés en droits de la personne… ont contribué significativement à l’élaboration de cette définition. Non contraignante, elle a été adoptée par consensus en 2016 et entérinée depuis par plus de trente démocraties. Ce que les contempteurs de cette définition n’apprécient pas du tout, c’est le fait qu’elle soit ancrée dans les lois protégeant les droits de la personne et l’égalité des droits. Cette définition fait allusion explicitement à l’ancien et au nouvel antisémitisme. Critiquer Israël ne peut pas être considéré comme un acte antisémite. Pour preuve : les Israéliens ne cessent de critiquer vigoureusement les politiques de leur gouvernement. Cependant, la définition de l’IHRA rappelle que l’antisémitisme peut se manifester aussi par des attaques à l’encontre de l’État d’Israël lorsqu’il est perçu comme une collectivité juive. La définition de l’IHRA donne une série d’exemples patents où la critique d’Israël franchit la ligne la séparant de l’antisémitisme : le reproche fait au peuple juif ou à l’État d’Israël d’avoir inventé ou d’exagérer l’Holocauste; le reproche fait aux citoyens juifs de servir davantage Israël, ou les priorités supposées des Juifs à l’échelle mondiale, que les intérêts de leur pays; le refus du droit à l’autodétermination des Juifs, en affirmant par exemple que l’existence de l’État d’Israël est le fruit d’une entreprise raciste… Pour combattre efficacement l’antisémitisme, une définition claire de celui-ci s’impose. Bon nombre des opposants à la définition de l’IHRA ne souhaitent pas que l’antisémitisme soit combattu et que nous ayons recours à de nouveaux outils législatifs pour l’endiguer. Croyez-vous que le gouvernement canadien doit renforcer les lois visant à lutter contre l’antisémitisme? Oui. Les autorités fédérales, provinciales et municipales doivent coopérer étroitement pour s’assurer que les auteurs de crimes haineux antisémites seront punis avec la plus grande sévérité. Ces partenariats pangouvernementaux sont plus que jamais nécessaires. Il est impératif que le Canada renforce ses lois et adopte de nouvelles politiques pour combattre la haine antijuive, particulièrement dans les médias sociaux. Une autre arme cruciale pour combattre l’antisémitisme : l’éducation. L’enseignement de l’histoire de l’Holocauste devrait être obligatoire dans toutes les écoles du Canada. J’ai fortement recommandé au gouvernement la tenue d’une réunion des ministres provinciaux de l’Éducation pour discuter de cette question de premier ordre.

LVS décembre 2021


L’ONU et ses agences contribuent à l’antisémitisme Jacques Saada Le 21 juillet dernier, le premier ministre Trudeau a convoqué un Sommet sur l’antisémitisme codirigé par l’hon. Bardish Chagger et l’hon. Irwin Cotler. Le président de la CSUQ, l’hon. Jacques Saada, y a été invité comme panéliste. Voici, en substance, le texte de l’allocution qu’il a prononcée en présence de nombreux ministres, dignitaires et représentants de la société civile. Mesdames et Messieurs, Je tiens tout d’abord à vous remercier, M. le Premier ministre, de vos paroles d’ouverture. J’y ai senti la profondeur et la vérité de votre engagement à combattre l’antisémitisme. Je veux aussi remercier les hôtes, l’hon. Bardish Chagger et l’hon. Irwin Cotler, de m’avoir invité à participer à cet important sommet sur la lutte à l’antisémitisme et à la haine. Irwin Cotler, que je félicite de sa récente nomination comme envoyé spécial pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme. Je salue mes collègues panélistes. C’est pour moi un honneur de partager cette tribune avec Logo de l’ONU eux. Dans ma présentation, j’aurais aimé aborder de nombreux sujets touchant, par exemple, le besoin de responsabiliser les exploitants de réseaux sociaux, vecteurs d’antisémitisme et de haine. J’aurais voulu parler du besoin d’augmenter les investissements du gouvernement canadien pour la protection des populations victimisées, du renforcement des pouvoirs judiciaires de la Commission des droits de la personne et d’autres mesures législatives, de l’appui aux organismes de rapprochement interculturel. J’aurais voulu parler d’éducation, seul instrument de portée réellement universelle pour lutter contre l’antisémitisme et la haine. À ce propos, j’aurais insisté sur le rôle majeur que joue le Musée de l’Holocauste de Montréal et sur le besoin pour le gouvernement canadien de soutenir financièrement le nouveau musée. Monsieur le premier ministre, vous avez fait référence à la mission essentielle de ce musée. J’aurais voulu pouvoir commenter cette citation de Frantz Fanon, qui écrivait : « Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » Cette phrase illustre à merveille le fait avéré que l’antisémitisme ne touche pas que les Juifs. Il traduit une haine universelle dont il n’est bien souvent que le signe annonciateur. J’aurais voulu pouvoir expliquer pourquoi, malgré ses caractéristiques uniques, l’antisémitisme doit nous faire réfléchir sur toutes les autres formes de haine, qu’il s’agisse de celles qui victimisent les Autochtones que l’on a violemment tenté d’acculturer ou de faire disparaître, ou qu’il s’agisse d’islamophobie ou d’asiatophobie. Bref, de toutes ces agressions qui victimisent des êtres humains qui ne sont coupables que d’être eux-mêmes. Mais le peu de temps dont je dispose m’impose des choix. Je me cantonnerai donc à un sujet : le rôle du DOSSIER SPÉ SPÉCIAL

Canada à l’égard de l’antisémitisme qui s’exprime sous le couvert de l’antisionisme. Toute tentative d’expliquer l’antisémitisme est vouée à l’échec. Il n’y a pas d’explication de l’antisémitisme. Il n’y a que des prétextes : l’héritage de l’antijudaïsme chrétien, puis au XIXe et au XXe siècle, les théories de la race, et enfin, depuis la création de l’État d’Israël, l’antisionisme qui cherche à légitimer le nouvel antisémitisme. L’antisémitisme n’a jamais disparu. L’antisionisme lui a redonné la liberté de parole. Comme disait l’historien Léon Poliakov, « l’antisionisme est devenu la permission de l’antisémitisme. » Si l’on veut réellement combattre l’antisémitisme, il faut donc combattre les stigmatisations dont Israël est victime. Il faut combattre les manœuvres visant à démoniser ou à délégitimer Israël, ou à lui imposer un double standard. On ne peut combattre un fléau que si on le définit. Je suis heureux que le Canada ait adopté la définition opérationnelle de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, définition qui se lit comme suit : « L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte. » Le Canada doit poursuivre ses efforts en vue d’élargir l’adhésion à cette définition auprès des États, mais aussi auprès du secteur privé et de la société civile. Personnellement, je soutiens que l’esprit même de cette définition tend à démontrer que l’attitude obsessionnelle de l’ONU et de ses instances à l’égard d’Israël favorise l’antisémitisme. Faut-il rappeler qu’entre 2012 et 2015, l’assemblée générale a adopté 97 résolutions, dont 83 dénonçant Israël? Il faut comprendre le ridicule et l’injustice de la situation. Nous parlons d’une période où la guerre civile fait rage en Syrie, où plusieurs États africains sont en crise majeure, où Daesh, l’État islamique, viole, pille, terrorise et assassine, une période marquée par la guerre du Donbass en Ukraine et la crise de Crimée, où les talibans assassinent de jeunes écolières. Où l’Iran et la Corée du Nord développent leurs capacités nucléaires sans cacher leurs velléités agressives. Sans parler de la Chine et du traitement inhumain de ses minorités. Et dans ce monde chaotique, à quoi les Nations Unies consacrent-elles 86 % de leurs résolutions? À Israël. Entre 2006 et 2016, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté 135 résolutions, dont 68 dénonçant Israël. En 2016, l’UNESCO a adopté un rapport occultant totalement la présence juive sur le mont du Temple à Jérusalem. Le seul pays visé par des résolutions de l’Organisation mondiale de la Santé et de l’Organisation mondiale du Travail, c’est encore une fois Israël. Faut-il rappeler le sommet de Durban de 2002 où Israël a été déclaré pays d’apartheid et pays raciste?

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Faut-il rappeler que, alors qu’elle disposait déjà d’un HautCommissariat aux Réfugiés, l’ONU a créé un organisme, l’UNRWA, voué aux seuls réfugiés palestiniens auxquels on accorde ce statut de façon héréditaire? Un descendant de réfugié continue d’être considéré comme réfugié, quels que soient sa situation, son lieu de résidence ou sa citoyenneté actuelle. Ce statut héréditaire est tout à fait unique dans les annales de l’ONU qui, par ailleurs, n’a jamais reconnu les réfugiés juifs de pays arabes et d’Iran. Deux poids, deux mesures. Faut-il rappeler qu’après le dernier conflit entre le Hamas et Israël, conflit déclenché par le Hamas, cette organisation terroriste qui a lancé des missiles sur des populations civiles et utilisé des boucliers humains, c’est Israël que l’on veut poursuivre pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité? Le Canada a adopté des positions louables à tous ces égards. Il a dénoncé Durban et vigoureusement affirmé qu’Israël n’est pas un pays d’apartheid. Il a rejeté 88 % des résolutions onusiennes visant l’État hébreu refusant ainsi de tomber dans le piège de l’instrumentalisation de l’ONU. Il a mis le Hamas sur la liste des organisations terroristes, un Hamas dont la charte (notamment les articles 7, 17, 22 et 32) est truffée de références antisémites. Le Canada a dénoncé le mouvement BDS. Faut-il d’ailleurs rappeler que ce mouvement est né à l’instigation de la Ligue arabe en 1945, soit avant la création de l’État d’Israël, pour en appeler au boycottage des commerces tenus par des Juifs? Il ne s’agissait donc pas d’un mouvement de soutien à la création d’un État palestinien, mais exclusivement d’un mouvement antijuif. Si le Canada veut poursuivre son combat déjà louable contre l’antisémitisme, je l’invite à la plus grande fermeté à l’égard de l’Iran. Rappelons que c’est en 1935 que la Perse est devenue l’Iran, qui signifie Royaume des Aryens, par décision de Reza Shah en appui aux thèses hitlériennes. On ne peut pas lutter contre l’antisémitisme si l’on ne dénonce pas les manifestations organisées par le leadership iranien où l’on scande « Mort à Israël! Mort aux Juifs! » Bien entendu, il faut s’interroger sur le contexte du rétablissement de la contribution canadienne à l’UNRWA. Foncièrement, j’appuie la décision du Canada de contribuer aux actions de soutien du peuple palestinien en matière d’aide sociale, de santé et d’éducation. Un peuple qui continue de souffrir en attendant une paix qui ne vient pas. Mais l’historique de l’utilisation de ces fonds doit inviter à une prudence extrême. Allégations ou confirmation factuelle de corruption, de népotisme, d’incitation à la haine et à l’antisémitisme dans les écoles palestiniennes, ou de formation d’enfants-soldats dans les « Camps de paradis », etc. Il faut espérer que le Canada s’est doté de moyens rigoureux de vérification de l’emploi des fonds qu’il verse à l’UNRWA. Le temps qui m’est imparti touche à sa fin. Je voudrais donc brièvement résumer mes recommandations au gouvernement du Canada : 1. Encourager une adhésion toujours plus large à la définition IHRA de l’antisémitisme. 2. Continuer de combattre l’instrumentalisation de l’ONU et de ses agences comme vecteurs d’antisionisme et donc d’antisémitisme. 3. Dénoncer, voire sanctionner les États qui incitent à l’antisémitisme et à la haine. 4. Isoler et sanctionner le Hamas et les autres groupes terroristes qui s’abreuvent d’antisémitisme. 5. S’assurer que l’affectation des contributions canadiennes à l’UNWRA ne favorisent pas l’antisémitisme. Einstein disait qu’il est plus facile de désintégrer l’atome que de briser un stéréotype. Malgré la difficulté de la tâche, j’invite le Canada, je nous invite tous, à poursuivre nos efforts en vue de briser les stéréotypes qui sous-tendent l’antisémitisme et la haine. Merci.

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Éduquer. Éduquer. Éduquer contre l’antisémitisme Entretien avec Daniel Amar, directeur du Musée de l’Holocauste de Montréal

Sylvie Halpern « Bien sûr, on peut être éduqué et cruel. Mais nous avons la conviction que l’éducation est une condition indispensable pour combattre la barbarie », assure Daniel Amar qui dirige depuis trois ans le Musée de l’Holocauste de Montréal, la ville qui a accueilli la troisième plus forte concentration de survivants de la Shoah per capita, dans le monde.

ce qui est arrivé à celles de Thessalonique en Grèce, de Tunisie ou d’Algérie. Nous Marocains, nous avons été bénis par l’histoire. D’abord par la présence du souverain Mohamed V qui a toujours accordé sa bienveillance et sa protection à l’ensemble de ses sujets juifs; et grâce au débarquement américain en 1942 à Casablanca. Ces deux facteurs jumelés ont littéralement permis à la communauté juive marocaine d’être épargnée. Mais la Shoah reste mon histoire, quelque chose qui me touche profondément. Est-ce que ce travail de mémoire et d’éducation se poursuit en dehors de la communauté juive montréalaise : ailleurs dans le monde et vers d’autres populations?

Daniel Amar Directeur du Musée de l’Holocauste Quand on pense musée, au passé, à ce qu’il faut Comment est-ce que vous ce devoir de mémoire et d’éducation, de combat?

on pense préserver. conjuguez le travail

Nous travaillons sur les deux plans à la fois. Nous avons bien sûr une action commémorative et de très nombreux objets. Mais le Musée de l’Holocauste est aussi un observatoire capable d’interpréter les grands phénomènes sociaux comme le racisme et un laboratoire du vivre ensemble parce que, par notre action éducative, nous cherchons à bâtir la société de demain : une société meilleure, plus ouverte, plus tolérante. Avant la pandémie, nous comptions plus de 22 000 visiteurs par an et parmi eux, la moitié étaient des jeunes. Car c’est bien dans cet esprit, tourné vers l’avenir, qu’année après année, nous accueillons au musée plus de 10 000 étudiants de tous niveaux – du primaire à l’université – qui viennent seuls ou en groupes. Et notre travail d’éducation et de sensibilisation trouve d’autant plus d’écho que 90 % de nos visiteurs ne sont pas juifs. Vous-même, vous êtes Sépharade, comment avez-vous reçu l’histoire de la Shoah? C’est une histoire qui touche toutes les communautés juives. Il suffit de penser à DOSSIER SPÉ SPÉCIAL

Absolument. Nous sommes en réseau avec d’autres musées. Nous avons par exemple développé des liens avec le Mémorial de la Shoah de Paris et plusieurs musées de l’Holocauste des États-Unis. Nous faisons tous partie de la même association, nous nous réunissons sur une base régulière, nous partageons nos expertises, nos connaissances, et parfois des programmes de conférences. Bien sûr, même si la préservation de la mémoire de l’Holocauste est notre cœur de mission, nous abordons plus largement la question des droits de la personne. Nos outils pédagogiques et notre programmation en témoignent. Chaque année également, nous sommes solidairement associés à la commémoration du génocide des Roms et des Sintis, à celle des Rwandais, celle des Burundais. De nombreuses communautés victimes de génocides viennent nous voir d’elles-mêmes, car elles considèrent, de manière affective, le Musée de l’Holocauste comme leur musée : non seulement comme lieu physique pour organiser leurs propres évènements, mais aussi parfois pour nous demander de les aider à se structurer, à trouver du financement. Il faut dire qu’au Musée de l’Holocauste, nous avons une équipe de 18 professionnels aux spécialisations très pointues en termes d’expositions, de conservation ou d’histoire orale par exemple. La volonté de ces communautés de tisser des liens encore plus étroits nous offre donc l’occasion de renforcer notre présence et nos alliances avec des communautés qui partagent avec nous une communauté de destin. Ce rapprochement avec nous est donc compréhensible, d’autant plus que nous déménagerons d’ici quelques années pour nous redéployer en plein cœur du centre-ville de Montréal, dans un musée redimensionné. À partir de notre communauté, l’Holocauste est donc une histoire universelle. Et une histoire sans fin. Oui. Ce travail de mémoire, nous convie à faire des liens avec le présent. Pour un jeune de 15 ans, l’Holocauste , c’est quasiment la préhistoire, c’est aussi abstrait que lorsqu’on me parlait des guerres napoléoniennes quand j’étais adolescent! Mais quand ce jeune se met à faire le lien entre la Shoah et les génocides plus récents, cette tragédie prend tout son sens pour lui. L’un après l’autre, les survivants, les témoins disparaissent. Comment est-ce que vous allez continuer sans eux? Aujourd’hui, nous avons encore la chance d’avoir 18 survivants de la Shoah qui continuent de témoigner au musée – ils le faisaient en présentiel, ils continuent de le faire en ligne. Cela dit, nous participons actuellement à un projet avec la USC Shoah Foundation (qui a déjà enregistré quelque 52 000 entrevues avec des survivants et des témoins de la Shoah partout au monde) et le Musée canadien pour les Droits de la personne de Winnipeg, afin de développer des expériences novatrices de témoignages virtuels. L’une de nos survivantes, Mme Marguerite Quddus a accepté et nous lui avons préparé plus de 850 questions avant de la filmer. Ces témoignages de survivants sous forme d’hologrammes sont un palliatif

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à l’amenuisement du nombre de ces précieux témoins. C’est une nouvelle dimension. Ces témoins de l’histoire continueront ainsi de répondre aux questions des élèves. Nous investissons beaucoup là-dessus – on parle de plusieurs centaines de milliers de dollars – et ce sera l’une des forces de notre prochain musée. Quand ce nouveau musée devrait-il ouvrir ses portes? En 2025, au cœur de l’ancien quartier juif de Montréal puisqu’il sera au 3535, boulevard Saint-Laurent. Sur le plan symbolique, c’est un retour aux sources puisque ce quartier a été le berceau de la modernité juive d’ici et le foyer de la renaissance de tant de survivants… Le terrain a été acheté et notre collecte de fonds se poursuit avec succès : sur 80 millions de dollars, nous en avons déjà recueilli près de 54. Cet automne, nous avons lancé le concours architectural qui permettra de développer des esquisses et des maquettes parmi lesquelles un jury décidera du projet à retenir. Et là, la construction pourra commencer.

Mme Marguerite Quddus Et en parallèle, nous allons également travailler sur une nouvelle exposition permanente, qui sera présentée sur une surface de 10 000 pieds carrés. Cette nouvelle exposition consacrera d’ailleurs une place plus grande aux Juifs sépharades durant l’Holocauste. Aujourd’hui, nous tremblons tous face à la très forte remontée de l’antisémitisme. Mais comment se battre, comment faire le lien entre la Shoah qui a eu lieu il y a 70-80 ans et ce qui se passe aujourd’hui? L’antisémitisme se déploie sous des formes multiples. Il peut prendre le visage du radicalisme islamiste, de l’antisionisme d’extrême droite comme celui d’extrême gauche. Nous devons tous le combattre et le combattre chacun avec nos moyens. Au musée, nous

n’utilisons pas l’arme juridique ou politique, nous empruntons la voie éducative et pédagogique. Et quand nous faisons le lien entre hier et aujourd’hui, c’est bien parce que le lien existe :la lutte contre ’antisémitisme est un combat permanent. Les statistiques nous indiquent clairement qu’aujourd’hui,19 % des crimes sont motivés par l’antisémitisme et selon Statistique Canada, l’antisémitisme vient expliquer jusqu’à 55 % de tous les crimes haineux de nature religieuse au Canada.. Pour le Musée, les études le prouvent, l’éducation est un extraordinaire moyen de lutter contre l’antisémitisme. Des travaux conduits par la USC Shoah Foundation ont montré que les gens – et notamment les jeunes, qui ont reçu un enseignement sur la Shoah, qui ont visité au moins un musée consacré à l’Holocauste, ont tendance à être plus tolérants face à la diversité, face aux personnes de race, de couleur ou d’orientation sexuelle différentes. La seule chose que nous pouvons regretter, c’est de ne pas avoir les moyens d’en faire encore plus parce que cette recette est éprouvée. L’éducation est un facteur de protection ! Mais, je ne m’illusionne pas. Je ne pense pas que ce travail d’éducation soit suffisant pour éradiquer l’antisémitisme. On peut être à la fois éduqué et cruel, l’Histoire l’a montré. La conférence de Wannsee qui a rendu possible ‘’la solution finale’’ réunissait une quinzaine de dignitaires nazis, tous titulaire d’un doctorat ! Je reste cependant convaincu que c’est une condition nécessaire. L’éducation reste une arme redoutable pour combattre la haine, le racisme, l’antisémitisme et toutes les autres formes de discriminations.

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Initiatives de la communauté juive pour combattre l’antisémitisme : un bref historique Elias Levy

En 1983, l’Allied Jewish Community Services (AJCS), ancêtre de la Fédération CJA, initia un projet interculturel très novateur : Action rapprochement. Objectif : encourager la compréhension mutuelle entre des élèves du niveau primaire d’écoles juives et non juives dans le cadre de rencontres régulières. « Ce projet était destiné aux enfants de huit ans. On se basait sur une étude menée en anthropologie qui avait démontré que c’est à partir de cet âge-là que les préjugés s’intensifient et prennent racine. Lors des rencontres, qui se déroulaient alternativement dans une école juive ou non juive, les animateurs utilisaient un matériel didactique spécialement conçu pour favoriser les échanges interculturels entre les élèves », se rappelle la première directrice du Projet Action rapprochement, Arielle Sebah-Lasry. Des séances de formation étaient données pas seulement aux animateurs, mais aussi aux enseignants afin de leur fournir les outils pédagogiques adéquats pour initier les enfants aux réalités interculturelles des deux communautés. « Les élèves apprenaient à se découvrir mutuellement sur la base du français. Ce projet à permis de renforcer l’enseignement du français dans les écoles juives et aux enfants non juifs de prendre conscience de ce qu’ils partageaient en commun avec leurs petits camarades juifs », ajoute Arielle Sebah-Lasry. Ce projet inédit, qui a duré six ans, a rejoint des centaines d’élèves. « Ces rencontres nous paraissaient nécessaires à une époque où l’interculturalisme n’était pas encore à la mode, dit Arielle Sebah-Lasry. Les élèves ont découvert à travers ces rencontres fort stimulantes des mondes qu’ils méconnaissaient totalement. En concevant le Projet Action rapprochement, la communauté juive a été l’une des pionnières dans le domaine, alors quasi inexistant, du rapprochement interculturel ». Le Projet Action rapprochement a fait des émules. En 1996, la Fédération CJA a été la conceptrice d’un autre projet de rapprochement interculturel qui a laissé des traces indélébiles dans la société québécoise : la Fondation de la tolérance. Des personnalités québécoises renommées, juives et non juives, Marc Gold, Lucien Bouchard, feu Yoine Goldstein, Raymond Bachand, feu Herbert Marx… siégeaient dans le conseil d’administration de cette fondation autonome à but non lucratif. Les Caravanes de la tolérance étaient le principal projet éducatif parrainé par la Fondation de la tolérance. Des ateliers de sensibilisation mobiles et interactifs enrichis d’une exposition de photos, d’écrits et de vidéos. Le tandem d’animateurs s’adaptait chaque fois aux groupes rencontrés afin de les sensibiliser aux valeurs de respect, d’ouverture et de tolérance. Objectif : susciter chez les jeunes une réflexion autour des questions liées à l’intolérance. Les ateliers destinés au deuxième cycle du secondaire abordaient des questions relatives aux préjugés, de même que leurs liens avec la discrimination sous toutes ses formes. Au Québec, les Caravanes de la tolérance ont rejoint quelque 10 000 élèves de diverses confessions religieuses. Ce projet a été opérationnel jusqu’en 2011. Ensuite, d’autres organismes éducatifs s’en sont inspirés pour poursuivre en milieu scolaire un travail de sensibilisation aux réalités interculturelles et lutter contre les préjugés discriminatoires. « Monette Malewski a été l’une des grandes visionnaires de ce projet qui sortait des sentiers battus. Celui-ci a rassemblé les forces vives de la société québécoise. Il a indéniablement contribué à sensibiliser des milliers de jeunes Québécois aux conséquences pernicieuses de toutes les formes de discrimination, pas seulement l’antisémitisme, aux valeurs de tolérance et à l’importance du vivre-ensemble, un concept qui n’était pas très en vogue dans les années 90 », nous a dit Louise Sultan, première directrice générale de la Fondation de la tolérance, fonction qu’elle a assumée pendant cinq ans. Une autre initiative qui a contribué à ériger des passerelles entre Québécois juifs et non juifs : la revue culturelle Jonathan. Fondée en 1981 par l’universitaire et écrivain Victor Teboul, alors directeur du Comité Québec-Israël, cette publication avait comme mandat de faire connaître la diversité DOSSIER SPÉ SPÉCIAL

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autant de la société israélienne que québécoise, tout en rendant compte des multiples facettes de l’identité juive. Des intellectuels indépendantistes québécois réputés, tels que Gérald Godin et Pierre Bourgault, ont découvert les multiples facettes d’Israël et se sont rapprochés de la communauté juive grâce au remarquable travail de sensibilisation réalisé par Victor Teboul par le truchement de Jonathan. « Pierre Bourgault, faut-il le rappeler, avait la réputation dans la communauté juive anglophone de ne pas être très tendre à l’égard d’Israël et des Juifs de langue anglaise du Québec, rappelle Victor Teboul. Au cours d’un voyage en Israël, il fut carrément impressionné par la société israélienne. C’est dans sa chronique du quotidien The Gazette qu’il fit part de ses impressions, et de manière retentissante, comme seul Bourgault pouvait le faire : « Personne ne m’a jamais suggéré, même de la manière la plus subtile, que je puisse être antisémite parce que j’étais en désaccord avec quelque chose ou quelqu’un, écrivait-il au sujet des rencontres qu’il fit en Israël. Personne n’a jamais tenté de me culpabiliser à cause des drames vécus par les Juifs depuis des siècles ou des problèmes qui assaillent aujourd’hui les Israéliens (...) J’ai été témoin de scènes où des Juifs critiquaient d’autres Juifs en présence d’un non-Juif. C’était là un spectacle rafraîchissant. Les Israéliens sont le meilleur remède contre l’antisémitisme. Ils sont à la fois ouverts et généreux, fiers et fragiles, unis sur les principes, mais divisés devant les méthodes, sublimes et ordinaires. Bref, ils sont ce qu’ils sont », écrivit-il », relate Victor Teboul, qui a fondé en 2002 le journal en ligne Tolérance.ca. La revue Jonathan fut publiée pendant cinq ans. Cet automne, Victor Teboul a commémoré avec éclat le 50e anniversaire de la revue en lui consacrant une publication spéciale. Dans les années 90, un éminent neurochirurgien québécois, feu Georges Ouaknine, organisa, avec le concours du Comité Canada-Israël, une série de voyages en Israël auxquels participèrent des médecins et des chirurgiens de divers hôpitaux québécois qui découvrirent l’excellence médicale israélienne et se familiarisèrent avec le système de fonctionnement du réseau hospitalier de ce pays. Au début des années 90, le Comité Québec-Israël, présidé alors par Thomas Hecht, publiait Le Lien, un bulletin d’information trimestriel en français sur Israël et la communauté juive québécoise destiné aux élus de l’Assemblée nationale du Québec. Une publication qui contribua certes à tisser des liens entre la classe politique et la communauté juive québécoises. Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) favorise aussi le rapprochement entre Juifs et non-Juifs en conviant annuellement


l’antisémitisme au Canada ». Une attention CAFÉ LITTERAIRE : QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES DE REGARDS CROISÉS SUR LES CULTURES particulière est accorLA PANDÉMIE SUR LES COMMUNAUTÉS JUIVES, MUSULMANES, ARABES ET BERBÈRES. ISSUES DE L’IMMIGRATION ? dée au contexte du Québec – une brève histoire de la communauté juive de la La Communauté séphaprovince y est relatée rade unifiée du Québec – dans une perspective (CSUQ) a lancé, en plus large incluant l’in2016, un programme de Panel modéré par Sonia Sarah Lipsyc. fluence de l’antisémidialogue interculturel, tisme sur les politiques « Pour une citoyengouvernementales caneté réussie au Quénadiennes, les médias, bec entre Juifs, Mule discours public et les sulmans, Arabes et Séries d’évènements organisés par ALEPH/CSUQ mesures prises en lien Berbères originaires avec la situation des Juifs en Europe et au Canada.
 d’Afrique du Nord », qui connaît un grand succès, qui favorise le Une panoplie d’outils éducatifs sont mis aussi à la disposition vivre-ensemble en tablant sur un dialogue franc et fécond entre Juifs et 1 des enseignants du primaire et du secondaire pour enseigner Musulmans . l’histoire de l’Holocauste. Ils mettent l’emphase sur l’histoire de Le Centre Hillel s’escrime depuis longtemps à déboulonner les préjugés vraies jeunes personnes auxquelles les élèves peuvent facilement antisémites en organisant des activités à caractère interconfessionnel s’identifier, ainsi que sur la solidarité et la résilience. auxquelles participent des étudiants de diverses confessions religieuses, Ces programmes sont offerts en présentiel et en virtuel à des principalement musulmans. groupes (scolaires et grand public). « Ces rencontres interreligieuses permettent à des étudiants juifs et « Quelque 10 000 étudiants visitent chaque année le Musée musulmans de mieux se connaître et d’amorcer un dialogue constructif. de l’Holocauste. Nos programmes éducatifs offrent des pistes Cependant, les étudiants participant à ces rencontres évitent toujours de réflexion axées sur l’enquête historique, l’analyse de d’aborder le sujet qui fâche : le sempiternel conflit israélo-palestinien », sources primaires et les témoignages de survivants », précise dit Simon Bensimon, directeur général du Centre Hillel de 2000 à 2006. Monique McLeod, cheffe des programmes éducatifs au Musée de Grâce à ses nombreux programmes éducatifs, le Musée de l’Holocauste l’Holocauste. de Montréal est en première ligne dans la lutte contre les stéréotypes Pour plus d’informations, visiter le site Web : antisémites et racistes. des élus politiques et des étudiants non-Juifs à découvrir sur le terrain les nombreuses facettes, très souvent méconnues, d’Israël.

Production de la CSUQ en partenariat avec Le Centre Culturel Marocain Dar Al Maghrib à Montréal et la Bibliothèque Publique Juive (BPJ)

Production de la CSUQ en partenariat avec la Maison du Maroc

COUPLE, ÉDUCATION, SANTÉ MENTALE ET RESSOURCES ÉCONOMIQUES :

KARIM AKOUCHE, SYLVIA ASSOULINE, KAMAL BENKIRAN ET MAJID BLAL ELIAS LEVY, VIRGINIE SOFFER ET YSKA ZAIDA RADJA YOLANDE AMZALLAG

Rachida Azdouz

Ghada Chaabi

Marie Hazan

Psychologue, chercheure à l'UDM

Inhalothérapeute de formation

Psychanalyste, prof. à l'UQAM

Sonia Sarah Lipsyc

Selma Rédragui

Rédactrice en chef Directrice de du magazine du LVS 2CCOM, journaliste

Amnon Suissa

Sociologue, professeur associé à l'UQAM

KHALIL MOQADEM

HOUDA ZEMMOURI

SONIA SARAH LIPSYC

POUR PLUS DE DÉTAILS SUR LES LIVRES DONT IL SERA QUESTION, VOIR NOTRE SITE INTERNET : WWW.ALEPHETUDESJUIVES.CA/CATEGORY/UNE-CITOYENNETE-REUSSIE/

Dans le cadre du programme interculturel « Soutien aux communautés, au multiculturalisme et à la lutte contre le racisme » financé par Patrimoine Canadien. INFOS: DANIELLE KESSOUS | 514 734-1338 | RECEPTION@CSUQ.ORG

Le musée fournit aux enseignants un outil pratique pour découvrir l’histoire de l’antisémitisme et mieux comprendre ses diverses manifestations au Canada pendant l’Holocauste (1933-1945) : « Une brève histoire de

Dans le cadre du programme interculturel « Soutien aux communautés,au multiculturalisme et à la lutte contre le racisme » financé par Patrimoine Canadien. INFOS: DANIELLE KESSOUS | 514 734-1338 | RECEPTION@CSUQ.ORG

www.museeholocauste.ca 1. Voir Elias Levy, « La CSUQ à l’heure du dialogue interculturel. Entretien avec Jacques Saada, Raphaël Assor et Sonia Sarah Lipsyc », LVS , septembre 2021

Une écoute attentive depuis 1988

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Des théories du complot à l’antisémitisme en ligne Anthony Housefather et Joel Finkelstein Un groupe parlementaire pour lutter contre l’antisémitisme en ligne Pendant que la pandémie faisait rage, la plus grande partie du monde s’est focalisée sur la neutralisation d’un virus qui a tué jusqu’à présent plus de 4 millions de personnes. La COVID-19 s’en prend à notre corps. Mais un autre virus, parmi nous, s’attaque à notre esprit. Contre lui, aucun vaccin n’existe encore. C’est le virus du complotisme et de la désinformation qui imprègne les médias sociaux. L’évolution des technologies a des conséquences à la fois positives et négatives. Même si les positives l’emportent, chaque forme nouvelle de communication, de la presse imprimer aux médias sociaux en passant par la radio et le cinéma, a favorisé de plus en plus la diffusion de la désinformation. Les médias sociaux ont une portée sans égale. Un message sur Facebook ou un tweet peuvent atteindre des millions de personnes, dans presque tous les pays. Des groupes extrémistes, particulièrement ceux qui sont mus par la haine, peuvent ainsi amplifier la puissance de mensonges qui leur sont profitables. Au cours de la dernière année, j’ai contribué à la création d’un groupe de travail de parlementaires pour lutter contre l’antisémitisme en ligne. Composé de parlementaires du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Australie et d’Israël, il a pour objectif de trouver des solutions législatives communes pour lutter contre l’augmentation alarmante des incidents antisémites dans le monde. Ces incidents surviennent habituellement en ligne, mais ne se terminent pas en ligne. L’objectif du groupe de travail est également de travailler avec les plateformes comme Twitter et Facebook pour veiller à ce qu’elles appliquent leurs règles de façon rigoureuse et équitable. Par exemple, il est bon de voir que Twitter avait suspendu Donald Trump, mais pourquoi l’ayatollah Khameini n’a-t-il pas été suspendu comme chef suprême de l’Iran, alors qu’il préconisait la destruction d’Israël et niait l’Holocauste? Twitter a dit devant une commission parlementaire israélienne que c’était du chahut. Ce n’est pas le cas. C’est purement antisémite et haineux. Le groupe de travail a également tenu de nombreuses réunions avec des groupes de la société civile et des experts en technologie. Ce que nous avons appris, c’est que les tropes, les mèmes et les discours antisémites DOSSIER SPÉ SPÉCIAL

sont souvent insérés dans d’autres théories de conspiration et de désinformation en ligne. Par conséquent, l’antisémitisme en ligne doit être envisagé dans le contexte plus large de la désinformation et de l’extrémisme en ligne, souvent à l’instigation de pays étrangers comme la Russie et l’Iran. Les théories du complot et la désinformation se répercutent sur les préjugés. Souvenonsnous que les admirateurs de Donald Trump qui, en plus, détestaient les démocrates, étaient plus disposés à croire que les médias avaient un parti pris contre lui et, pour cette raison, ils s’informaient uniquement dans les médias sociaux trumpistes. Ils y ont trouvé des milliers d’allégations selon lesquelles les élections avaient été truquées, mais qu’on n’a jamais prouvées devant aucun tribunal. Ils ont appris de groupes comme QAnon que les dirigeants démocrates formaient une confrérie secrète de pédophiles exploitant un réseau de services sexuels à partir d’une pizzeria de Washington. Ils ont commencé à croire que Trump était une figure messianique : il préparait un jour du jugement qui verrait l’arrestation de milliers de ces dirigeants. Avec l’invasion du Capitole, ces mensonges ont abouti à faire de milliers d’Américains des terroristes intérieurs. Ces manifestations ont montré que le virus de la désinformation pouvait littéralement envahir nos assemblées législatives et menacer nos démocraties. Nous ne pouvons pas relâcher notre vigilance. Nous devons combattre ce virus venu de la gauche et de la droite. Nous devons agir avec célérité dans notre pays et en collaboration avec d’autres démocraties occidentales. Œuvrer à un nouvel organisme pour combattre la désinformation La pandémie nous a appris à faire confiance à nos professionnels de la santé. Pour combattre le virus, l’épidémie de la désinformation, adressons-nous également à des professionnels. Le gouvernement canadien a annoncé des mesures énergiques contre les propos haineux. Nous sommes absolument d’accord. Mais les discours haineux ne sont qu’une partie du problème. Une quantité importante de désinformations et un nombre considérable de théories du complot ne se réduisent pas à cette notion. Prenez, par exemple, cette théorie du complot selon laquelle le vaccin contre la COVID-19 transmet la maladie et permet à l’État de vous contrôler. Ces propos

La CSUQ : Prévenir et contrer l’antisémitisme

exceptionnellement dangereux ne sont pas haineux. De plus, les propos haineux pullulent dans les médias sociaux, mais sans s’élever au niveau d’un discours criminel. Comment combattre au mieux la désinformation? D’abord, on ne peut pas s’en remettre aux plateformes de médias sociaux pour se contrôler elles-mêmes. Ça a été un échec. Ensuite, nous ne croyons pas que l’État soit le mieux placé pour les contrôler. Il faut une nouvelle institution pour combattre la désinformation. Financée par l’État et la société civile, elle rendrait des comptes au Parlement, mais elle demeurerait indépendante dans ses décisions, et elle recruterait son personnel chez des experts d’opinions et de cultures diverses. Elle serait chargée de combattre la désinformation par des moyens scientifiques et de la traquer comme on le ferait d’une maladie, en publiant sur elle des rapports d’une objectivité clinique, comme ceux de l’Agence de la santé publique du Canada. Le gouvernement l’autoriserait à centraliser les données prélevées sur les plateformes dans un immense dépôt (un concentrateur de données) à l’usage exclusif des cliniciens de la désinformation qui pourraient ensuite s’en servir pour communiquer leurs rapports au Parlement et aux agences de sécurité sur les menaces terroristes, les menaces à la sécurité, les forces antidémocratiques ou l’ingérence de l’étranger dans les réseaux, tout en protégeant la vie privée des Canadiens. Cette institution pourra communiquer avec les plateformes qui hébergent des propos illégaux qu’il faudra faire taire en leur conseillant des méthodes non illégales sur la conduite à tenir à l’égard des propos haineux ou de la désinformation. À l’instar des agences de santé publique, elle pourra publier des annonces d’utilité publique pour combattre la désinformation et conseiller des pratiques exemplaires à ces plateformes ainsi qu’aux administrations publiques. Il faudra que le Parlement soit vigilant et que ses experts soient représentatifs de divers horizons pour inspirer confiance au public. Idéalement, les démocraties du monde entier la copieraient, et toutes ces institutions collaboreraient, sous l’égide d’une sorte d’Organisation mondiale de la santé, au combat contre le virus. Jusqu’ici, aucun pays ne s’y est pris de la bonne manière pour combattre la désinformation. Si le Canada pouvait démontrer son efficacité dans ce combat, il pourrait servir de modèle au monde entier.


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Les Sépharades en Colombie Elie Benchetrit

Leur histoire racontée par M. Victor Alfanderi, membre de l’exécutif de la Communauté juive Sépharade de Bogota et délégué représentant la Colombie auprès de Fesela, (Fédération sépharade latino-américaine) suivie d’une entrevue avec un jeune sépharade colombien, Isaac Yerushalmi.

l’histoire est intéressante à plus d’un titre. Il exerce la profession de directeur d’une firme spécialisée dans le design d’intérieur. Il est marié et père de deux enfants. Il a réalisé des études juives en mettant l’emphase sur l’aspect talmudique au Ner Israel, Rabbinical College de Baltimore et plus tard à la Yeshiva Mikdash Melech à Jérusalem.

La présence de Juifs sépharades en Colombie, figurant sur les cartes de l’époque comme le Royaume de Nouvelle Grenade, remonte à 500 ans, c’est-à-dire au temps de la découverte par les navigateurs espagnols de ce territoire surnommé également par certains l’Eldorado. La conquête de ce territoire coïncide avec l’expulsion des Juifs d’Espagne lors de l’Inquisition, dont un grand nombre s’exile en tant que « conversos » (convertis) dans plusieurs territoires du Nouveau Monde. Ces cryptojuifs, à la suite de l’instauration du Tribunal de l’Inquisition dans la Ville de Cartagena sur la côte caraïbe, et craignant de nouvelles persécutions, fuient vers l’intérieur du pays et s’installent sur le territoire montagneux de la Province d’Antioquia et fondent dans une belle vallée, la ville de Medellin. Ils pratiquaient la religion catholique à l’extérieur, mais continuaient à observer, de manière occulte, le rituel juif. Il faut également considérer que de nombreux Juifs originaires des Pays-Bas émigrèrent, au cours du XVIIe siècle, vers les Antilles et les côtes de la Mer des Caraïbes, comme en Guyane hollandaise, au Venezuela, en Colombie et au Panama. Tous ces immigrants purent pratiquer leur foi juive et certains d’entre eux contribuèrent au développement de l’économie de ces pays et également au processus de leur indépendance vis-à-vis du Royaume d’Espagne. À la fin du XIXe siècle, des familles sépharades originaires des Antilles Hollandaises s’installèrent au Venezuela, au Panama et en Colombie. Malheureusement sous l’effet de l’assimilation, ils perdirent la pratique de leur judaïsme aux alentours du début du XXe siècle. C’est à ce moment que les communautés juives sépharades commencent à se former dans diverses provinces de la Colombie et particulièrement à Barranquilla, un port très important face à l’océan Atlantique et à Buenaventura un autre port

M. Victor Alfanderi

Il est le fils de parents israéliens embauchés il y a 33 ans par la communauté juive de Bogota, son père comme rabbin shohet, spécialiste de l’abattage rituel des bêtes et responsable de la cachroute et sa mère comme enseignante d’hébreu à l’école juive de la capitale. Il explique que son engagement communautaire tient du fait de sa formation religieuse qui le pousse à « apporter de manière positive, l’aspect religieux et spirituel de ma communauté ». Sa principale motivation qui lui sert d’inspiration est de veiller à ce que les nouvelles générations disposent d’un cadre adéquat où ils puissent développer une vie juive de la même manière que celle qu’il a eue.

sur l’océan Pacifique. Plus tard, vers 1930, ces Juifs commencèrent à s’installer à Bogota, la Le problème de l’assimilation des jeunes fait partie selon Isaac d’un phénomène capitale du pays. général parmi les jeunes. L’attachement de La Colombie a compté dans les années 60 une sa communauté à l’État d’Israël, avec qui population juive de 12 000 âmes (70 % Ashkénazes le gouvernement colombien maintient une et 30 % Sépharades). Cette population en déclin étroite relation par des accords politiques, constant ne dépasse pas le chiffre de 4 000 économiques et militaires, est total et les aujourd’hui. Malgré cela la communauté dispose autorités colombiennes maintiennent des d’organismes charitables, d’un Kolel (lieu d’études relations amicales et respectueuses avec la juives pour adultes) sépharade ainsi que d’une communauté juive du pays. résidence pour aînés, « Bet Avot ». À l’heure actuelle, toutes les différentes communautés La présence d’Isaac à Montréal lors du juives et leurs institutions sont regroupées sous la Congrès des jeunes sépharades à Montréal bannière de la « Confederación de Comunidades (en novembre 2019) venus d’Amérique Judías de Colombia » qui est l’institution centrale latine, d’Israël, d’Italie, des États-Unis et de qui les représente auprès des pouvoirs publics Montréal l’a énormément marqué et renforcé dit-il dans son identité sépharade. Il envisage locaux et à l’international. à moyen terme de faire aliya, de monter en Nous avons eu également le plaisir d’avoir une Israël avec sa famille. entrevue d’un jeune sépharade colombien résidant à Bogota, Isaac Yerushalmi dont

LVS septembre 2021


Isaac Yerushalmi: Encuentro con un joven sefardí colombiano LVS-¿Cual es tu estado civil y profesión? I.Y Actualmente me encuentro ejerciendo como director de una línea de decoración hogar en una agencia de textiles. Estoy casado y tengo 2 hijos. Niña y niño. Realice estudios judaicos con énfasis en estudios Talmúdicos en Ner Israel Rabbinical college en Baltimore USA y luego en Mikdash Melech, Jerusalén Israel

LVS ¿Desde cuándo has estado participando en las actividades comunitarias en Colombia y eventualmente en otras organizaciones judías de tu país? I.Y Realmente puedo decir que me

encuentro involucrado con la comunidad judía de Bogotá prácticamente desde que tengo uso de razón, ya que mi padre y mi madre llegaron de Israel hace 33 años para trabajar directamente con la comunidad. Mi padre para ejercer como rabino Shojet, Mohel, director de Kashrut y mi madre como Mora en el colegio Colombo hebreo de Bogotá.

L.V.S ¿Qué tipo de actividades para la juventud judía desarrollan estas organizaciones? I.Y Son muchas las actividades que se venían realizando en la comunidad, principalmente en cabeza de la agrupación de damas Sefaradí. Lamentablemente la pandemia causó que muchas de ellas se vieran interrumpidas temporalmente. Otras se lograron mantener a través de la virtualidad. Ledor Vador es uno de los programas importantes de la comunidad dedicado a niños y jóvenes. Este programa se divide en varias actividades dependiendo de la edad de los participantes. Por ejemplo, Torah Fun y Story Time está dedicado a niños de 3 a 11 años. Torah Time enfocado a niños de 9 a 12 años. Jewish Legacy dedicado a jóvenes de 13 a 15 años. Minian Virtual Juvenil dirigido a jóvenes de 13 a 18 años entre otros.

LVS- ¿Cuáles han sido los motivos que te han llevado a ser un miembro activo de tales organizaciones? I.Y Creo que el haber visto a mis padres

trabajar por el bien de la comunidad me ha dado a mí también la motivación de involucrarme de manera activa. Por otro lado, mis estudios religiosos me han dado la oportunidad de aportar de manera positiva en el aspecto religioso y espiritual de mi comunidad.

LVS ¿Cuáles fueron las razones que te incitan aún a seguir obrando en favor de tu comunidad? MONDE JUIF

I.Y Mi principal motivación que me inspira

a seguir trabajando en favor de la comunidad es procurar que las nuevas generaciones tengan un marco donde puedan desarrollar su vida judía de la misma manera que yo la tuve. LVS ¿Cuáles son, a tu parecer, las motivaciones de los jóvenes judíos de tu generación en cuanto a su participación en actividades de carácter judío o de índole sionista?

I.Y Creo que al final todos queremos

mantenernos fieles a nuestras raíces y a nuestra tradición. Todos en el fondo sentimos orgullo de pertenecer al pueblo judío. Los múltiples logros y aportes que nuestro pueblo le ha dado a la humanidad en todas las áreas del conocimiento, la cultura y el arte constituyen una motivación importante para que los jóvenes de nuestra generación participen y se involucren en las diferentes actividades comunitarias.

LVS- ¿Existe a tu parecer un problema bastante común en otros países como el de la asimilación a través de casamientos mixtos por ejemplo? I.Y La asimilación es un problema habitual en todas las comunidades del mundo, no solo hoy en día sino a través de toda la historia de pueblo judío. Este ha sido uno de los desafíos más grandes con el cual ha batallado nuestro pueblo. Nuestra comunidad no es ajena a esta problemática.

LVS ¿Qué lugar ocupa el Estado de Israel dentro de tu identidad? I.Y Tanto la tierra como el estado de Israel

son elementos cruciales y prioritarios en la consolidación de mi identidad judía. Al observar los textos bíblicos referentes a la importancia de la tierra de Israel constatamos el énfasis que nuestros sagrados escritos hacen de la tierra como un factor fundamental para el desarrollo del pueblo de Israel como nación.

LVS ¿Puedes describir brevemente la situación política en Colombia, la posición del gobierno actual acerca de las comunidades judías y del Estado de Israel? I.Y La república de Colombia ha mantenido una estrecha relación con el estado de Israel en prácticamente todos los aspectos políticos, económicos, comerciales y militares a lo largo de los distintos gobiernos que se han dado en los últimos años. Esto se ha reflejado en una relación cercana y amistosa con las diversas comunidades judías del país. Colombia ha sido respetuosa de las libertades religiosas que gozan nuestros comunitarios.

LVS Como representante de Fesela Colombia, has estado presente en Montreal en noviembre del 2019 en el Congreso de los jóvenes de Fesela y de jóvenes sefardíes de Montreal. ¿Qué me puedes decir de aquella experiencia? I.Y Me siento enormemente privilegiado

al haber participado en un evento tan importante como lo fue el congreso mundial de jóvenes sefardíes que se llevó a cabo en Montreal. El solo hecho de haber conocido jóvenes judíos de distintas partes del mundo me ha brindado la oportunidad de intercambiar experiencias e ideas con jóvenes que comparten mis mismos valores, ideales y preocupaciones. Destaco de manera muy especial ese sentimiento que sentimos todos los judíos cuando nos encontramos con otros hermanos sin importar su lugar de origen.

LVS ¿Como ves tú porvenir en Colombia o quizás en Israel? I.Y En el corto plazo seguiré viviendo aquí en

Colombia, pero desde ya estoy proyectando y planificando un proyecto de vida en el estado de Israel. Lugar al que todo judío habrá de retornar más temprano que tarde.


Historia de los judios de origen sefaradí en Colombia Victor Alfanderi Por Victor Alfanderi, Miembro en la Junta Directiva de la Comunidad Hebrea Sefaradi de Bogota y delegado representante ante la Federacion Sefaradi Latinoamericana FeSeLa . La presencia de judíos sefaradíes en territorio colombiano tiene 500 años de existencia . Los primeros 300 años corresponden al Nuevo Reino de Granada en la época de la Colonia Española y los últimos 200 años corresponden a la denominada República de Colombia. Durante la conquista española que coincidió con la expulsión de los judíos en el reino de España, llegaron durante el siglo XVI muchos judíos conversos huyendo de la inquisición quienes profesaban de manera oculta su fe y tradiciones, en el siglo XVII, precisamente en el año de 1612, se establece el tribunal de la inquisición en la ciudad de Cartagena el cual creó un inmenso temor a todos estos judíos conversos o cripto-judíos quienes se refugiaron en el interior del territorio llegando a las montañas de la provincia de Antioquia fundando, en un lindo valle, la ciudad de Medellín en el año 1641. Este grupo de gente, temiendo ser delatados ante la inquisición, profesaban externamente la religión católica pero internamente continuaban con sus rituales judíos de una manera muy oculta y conservando sus tradiciones y costumbres. Después de varios siglos encontramos hoy que el pueblo de Antioquia a pesar de que, por el temor de ser delatados, llegaron a profesar profundamente la fe católica sin perder

Cartegena, Colombia

la sangre y genética judía sefaradí . Es un pueblo que conservó su tradición mercantil y se encuentra en la historia de Colombia que son los pioneros del pequeño comercio y el gran comercio y fundadores igualmente del proceso de industrialización del país.Hoy en día están surgiendo diferentes grupos de este pueblo que han vuelto a la fe judía y están estableciendo diferentes comunidades judías los cuales aquí hemos llamado como pueblo “EMERGENTE”. También hay que considerar el tema de los judíos sefaradíes que emigraron de Holanda durante el siglo XVII a las Antillas y a todas las costas del mar caribe que incluían la Guayana Holandesa, Venezuela, Colombia y Panamá. Desafortunadamente no todos estos inmigrantes judíos pudieron continuar la fe judía y terminaron asimilándose. Algunos de estos inmigrantes contribuyeron económicamente, a principios del siglo XIX, al proceso de independencia del reino de España.

La República de Colombia: A finales del siglo XIX se establecieron familias de origen sefaradí holandés provenientes de las diferentes islas de las Antillas, formaron sus pequeñas comunidades judías tanto en Venezuela como Colombia y Panamá desafortunadamente dichas familias no pudieron conservar su fe y terminaron asimilándose en los primeros veinte años del siglo XX. Al inicio del siglo XX es cuando realmente se empiezan a conformar las comunidades judías sefaradíes en diferentes provincias de Colombia, iniciando en Barranquilla aprovechando la ubicación geográfica y puerto sobre el océano Atlántico, seguidamente en Cali también aprovechando la ubicación geográfica cerca al puerto de Buenaventura en el océano Pacífico.

gráfica ubicada en una planicie en las montañas de Colombia fue una ciudad de difícil acceso, en aquellas épocas sólo se llegaba a la ciudad a lomo de mula y fue hasta la década de los años 30 con el establecimiento del transporte aéreo que el desarrollo de Bogotá comenzó a tener importancia e igualmente la comunidad judía comenzó a establecerse. Colombia es un país de muchas regiones y de muchas provincias importantes, se establecieron pequeñas comunidades en Santa Marta, Cartagena, Cúcuta, Bucaramanga, Manizales, Pereira, Popayán y Medellín, ésta última ha sobrevivido. Las ciudades de Bogotá, Cali, Medellín y Barranquilla han tenido sus respectivas sinagogas, centros de educación y sus cementerios. De todas estas comunidades, hoy todas han desaparecido, algunas se establecieron en Bogotá, otros han emigrado en mayor número a la ciudad de Miami en los Estados unidos y pocos hicieron Aliyá en Israel. Colombia ha sido un País muy nacionalista y desde comienzos del siglo XX en el que hubo grandes emigraciones de gentes de Europa y del Medio Oriente al nuevo continente, Colombia permaneció muy cerrado y como consecuencia nunca se benefició de las grandes emigraciones como lo fueron los Estados Unidos, México, Brasil y Argentina. En los años 60’s fue cuando el país logró el mayor número de judíos en general que fue un total de 12.000 judíos un 60% Askenazíes, 30% Sefaradíes y 10% alemanes, distribuidos principalmente en Bogotá, Cali, Barranquilla y Medellín. Hoy en día, por las circunstancias que hemos vivido en los últimos 60 años, se ha presentado a lo largo del tiempo una emigración que ha dado como resultado que se ha disminuido la Comunidad judía en Colombia y a la fecha hay aproximadamente 4.000 judíos. La comunidad sefardí dispone de un Kolel e igualmente de un bello Bet Avot para nuestros ancianos. Hoy todas las diferentes comunidades e instituciones estamos agrupados bajo la Confederación de Comunidades Judías de Colombia, Institución que nos representa ante los gremios públicos del país e internacionalmente

La Capital del País Bogotá, por su posición geo-

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David Ouellette honoré par le gouvernement du Québec Elias Levy

Le 12 juillet dernier, le gouvernement du Québec a décerné à David Ouellette sa plus haute distinction honorifique : la Médaille de l’Assemblée nationale.

du manque de compréhension et des affrontements du passé. Ceuxci pèsent encore sur les perceptions de part et d’autre. C’est tout du moins mon observation. Le travail réalisé ces dernières années par le CIJA en ce qui a trait à la formation de la relève dans la communauté juive m’a permis de constater qu’il y a une grande ouverture de la part des jeunes Juifs pour revoir ce qu’ils croient savoir du Québec, de la majorité francophone et du mouvement national québécois. Le CIJA encourage les jeunes professionnels juifs à s’impliquer davantage au sein de la société civile et à s’engager politiquement. De l’autre côté, les relations que j’ai tissées ces dernières années, en particulier avec des nationalistes et des intellectuels indépendantistes de premier plan, m’ont prouvé qu’il y a de la part de ces derniers énormément de bonne volonté et un désir authentique de rapprochement avec la communauté juive. Je suis optimiste pour le futur.

À cette occasion, le premier ministre du Québec, François Legault, lui a rendu un vibrant hommage. « Cher David Ouellette, c’est avec fierté que je me joins au ministre Benoit Charette pour vous remettre la Médaille de l’Assemblée nationale, un hommage que vous méritez pleinement. Pendant de longues années, vous avez défendu de façon infatigable le peuple israélien dans les médias et auprès de l’opinion publique sans vous opposer aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Vous avez fait montre d’une détermination sans faille pour combattre l’antisémitisme. Je suis convaincu que la communauté juive du Québec vous en est très reconnaissante. Sans jamais dévier de votre route, vous avez aussi protégé la réputation de la nation québécoise. Vous avez expliqué nos aspirations, notre histoire, notre façon de nous inscrire dans le monde. Mais ce que je retiens plus que tout, ce sont vos efforts pour rapprocher la majorité francophone et la communauté juive du Québec. Fils de deux nations, vous êtes un trait d’union précieux. Au nom du gouvernement du Québec, je tiens à vous remercier. »

un combat titanesque contre l’impitoyable maladie qui l’afflige depuis un an.

Directeur chargé de la recherche et des affaires publiques au Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), David Ouellette est un analyste chevronné de la couverture du conflit israélo-palestinien par les médias et les réseaux sociaux. Il est aussi un fin observateur des mouvements islamistes radicaux.

Bâtir des ponts entre les Québécois francophones et la communauté juive a toujours été l’une de vos grandes priorités. S’il est vrai que d’importantes avancées ont été réalisées à ce chapitre, de profonds points de désaccord semblent subsister entre les Québécois nationalistes et la communauté juive.

Cet ardent défenseur d’Israël a contribué notoirement au rapprochement entre la majorité historique francophone et la communauté juive québécoises.

Effectivement, il y a eu d’immenses progrès au chapitre des relations entre Québécois juifs et non juifs, si on compare la situation d’aujourd’hui à l’état des relations qui prévalait il y a 30, 40 ou 50 ans. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Ces relations continuent de payer le prix des désaccords,

David Ouellette

La vague d’antisémitisme qui a déferlé sur Montréal ce printemps vous a-t-elle surpris? Ce que nous avons vécu à Montréal durant le dernier conflit armé entre Israël et le Hamas était absolument terrifiant et inédit. On n’aurait jamais cru que des Juifs seraient insultés, harcelés, agressés en plein centre-ville de Montréal, que des proPalestiniens survoltés se lanceraient à la poursuite de Juifs à Côte-Saint-Luc pour les tabasser, qu’on ciblerait des Juifs québécois sur les réseaux sociaux. Il faut rappeler que ce qui s’est passé à Montréal s’est produit aussi ailleurs en Occident, aux ÉtatsUnis, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne… À Montréal, cette déferlante d’antisémitisme n’émanait pas de la majorité francophone québécoise. Je récuse l’idée de stigmatiser une communauté en particulier, mais en même temps on ne peut pas détourner le regard de la réalité. Tous ceux qui ont agressé, insulté, harcelé ou menacé des Juifs étaient issus des diverses communautés arabes de Montréal.

« Il y a eu d’immenses progrès au chapitre des relations entre Québécois juifs et non juifs

À 53 ans, David Ouellette mène, avec beaucoup de courage et une grande dignité,

ÊTRE JUIF ET QUÉBÉCOIS


Ce phénomène délétère extrêmement inquiétant pose un risque sécuritaire non seulement pour la communauté juive, mais pour l’ensemble de la société québécoise. Il va donc falloir trouver des solutions pour contrer cet antisémitisme venu d’ailleurs qui a importé dans les rues de Montréal le conflit israélo-palestinien. Ce à quoi nous avons assisté en mai dernier à Montréal, c’est ce que la France connaît depuis vingt ans, soit depuis la seconde Intifada palestinienne. Nous savons où cette vague de judéophobie a mené. Celle-ci ne s’est pas limitée à des affrontements dans la rue, elle a pavé la voie à des assassinats et des attentats djihadistes très meurtriers contre les communautés juives de France et de Belgique notamment. Quelles leçons devons-nous tirer de cette période ardue et très sombre pour la communauté juive québécoise? C’est un signal d’alarme qui doit être entendu non seulement par la communauté juive, mais aussi par le reste de la société québécoise. On peut au moins se féliciter du fait que le gouvernement du Québec ait pris toute la mesure de la gravité de la situation. Sous le leadership du ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Benoit Charette, notre gouvernement a dénoncé très robustement cette recrudescence d’actes antisémites et, dans ce contexte alarmant, a adopté la définition de l’antisémitisme de l’IHRA – Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste. Cette définition, qui est en train de devenir normative, a été adoptée par plus d’une trentaine de démocraties occidentales. Sa singularité : elle reconnaît qu’il existe une étroite corrélation entre l’antisémitisme et la stigmatisation de l’État d’Israël. Ce n’est pas une définition, comme le prétendent ses contempteurs, qui assimile toute critique d’Israël à de l’antisémitisme, mais elle reconnaît que l’hostilité à l’égard de l’État hébreu peut franchir parfois le seuil de l’antisémitisme. C’est ce que nous avons vécu à Montréal dernièrement alors que les Juifs étaient devenus des cibles par procuration pour les détracteurs d’Israël.

haine des Juifs et d’Israël dans les mosquées du Québec et du Canada. Il y a des organisations islamiques de premier plan, comme la Muslim Association of Canada, qui invite régulièrement à ses activités des prédicateurs islamistes très radicaux pour s’adresser aux jeunes musulmans. Mais, regrettablement, c’est un sujet épineux que les médias et les politiques préfèrent esquiver craignant d’alimenter la haine des musulmans qui est une réalité factuelle qu’on ne peut pas nier. Or, je ne crois pas que nous rendions service aux musulmans du Québec et du Canada en faisant fi des problèmes structurels qui sévissent au sein de leurs communautés. Il y a une frange de la communauté arabo-musulmane qui adhère sans rechigner aux discours radicaux de ces imams intégristes, incompatibles avec les valeurs pluralistes et démocratiques de notre pays. Cette rhétorique abjecte et maladivement antisémite a indéniablement un impact sur les esprits vulnérables et, à terme, nuit à l’intégration sociale de ces communautés. Le changement doit venir de l’intérieur des communautés arabes et musulmanes. C’est à elles de prendre leur

que Radio-Canada ne voulait pas jeter de l’huile sur le feu en parlant des inquiétudes exprimées par la communauté juive face à cette déferlante inédite d’antisémitisme ». La délégitimation d’Israël s’accentue alors que ce pays n’a jamais été aussi bien intégré au niveau diplomatique sur la scène mondiale. Comment expliquer ce paradoxe? C’est vrai. Israël n’a jamais été aussi bien intégré sur les scènes économique et diplomatique mondiales. Il s’est imposé comme un des leaders mondiaux de l’économie moderne fondée sur le savoir et la technologie de pointe. Au niveau géostratégique, Israël a pris sa place au Moyen-Orient, du moins par rapport aux pays du Golfe qui partagent désormais avec lui des préoccupations d’ordre sécuritaire : la menace nucléaire et expansionniste iranienne, l’extrémisme radical islamiste… En revanche, au niveau sociétal, Israël est de plus en plus dépeint comme un paria dans les médias et par une certaine intelligentsia acquise aux dernières tendances de la rectitude politique. Il y a un prix social à payer pour défendre la légitimité d’Israël. On assiste aux ÉtatsUnis à un déclin du soutien de la communauté juive à Israël, surtout chez les jeunes juifs se targuant d’être progressistes. Ces derniers sont appelés à choisir entre leur appartenance au courant progressiste et leur identification avec Israël. S’ajoute à cet ostracisme le fait que les chantres du « racisme systémique » assignent absurdement les Juifs à la catégorie des « blancs privilégiés » et des « oppresseurs » qui perpétueraient un racisme prétendument consubstantiel aux démocraties occidentales. Au Canada et au Québec, ce phénomène est, certes, moins développé, mais il existe et croît. À terme, la diabolisation d’Israël et l’effacement de la condition juive historique risquent de conduire à un nouvel ostracisme des Juifs. Le silence de la majorité des médias pendant la vague d’antisémitisme au mois de mai dernier en est certainement un symptôme inquiétant.

« Sous le leadership du ministre responsable de la

Lutte contre le racisme, Benoit Charette, notre gouvernement a dénoncé très robustement cette recrudescence d’actes antisémites.

Quelles actions devrait-on envisager pour contrer cette recrudescence d’exactions antijuives? Il y a une question fondamentale qui ne doit pas être éludée : les discours incendiaires et foncièrement antisémites de nombreux imams. Ces sermons religieux radicaux sont diffusés sur Internet. Il est clair qu’il y a aujourd’hui beaucoup d’incitation à la

distance par rapport à ces organisations dites « communautaires » qui martèlent sans ambages des discours radicaux et antisémites. Le mutisme de la majorité des médias francophones québécois face à cette flambée d’antisémitisme était sidérant. Ce silence était scandaleux. En dépit du fait que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), dont l’hyperbole n’a jamais été son credo opérationnel, a déclaré à maintes reprises que la situation était alarmante et qu’on devait prendre des mesures d’urgence pour assurer la sécurité des Juifs montréalais, les médias francophones ont préféré ignorer cette vague d’antisémitisme. À l’exception de quelques-uns, que je tiens à nommer : les médias de Québecor, le Journal de Montréal, la chaîne d’information en continu LCN, QUB Radio. Par ailleurs, ce sont des chroniqueurs connus pour leurs positions nationalistes qui ont rompu le silence. Le mutisme abyssal des autres médias était tellement insupportable que j’ai écrit à Radio-Canada pour leur demander comment la direction de cette société d’État justifiait celui-ci. J’ai reçu une réponse invraisemblable du nouvel ombudsman de Radio-Canada, Pierre Champoux : « Que probablement

LVS décembre 2021


La passion pour la photographie de David Ouellette À l’ère incontournable du numérique, David Ouellette continue à faire de la pellicule. Il développe les négatifs et les numérise ensuite. Le numérique et la pellicule n’ont jamais été pour lui un choix homérique. Il préfère de loin la pellicule pour le piqué distinctif de son émulsion et son rendu plus imparfait, donc plus distant du réel, que le numérique. David Ouellette n’a jamais exposé ses photographies par manque de temps. « On m’a souvent invité à faire des expositions. Ça prend beaucoup de temps et d’énergie de préparer une exposition. Un ami photographe israélien que j’admire beaucoup, Michael Assoun, m’a proposé récemment de m’aider à préparer un livre qui colligera mes meilleures photos. Le seul hic : je trouve très difficile de faire une sélection de mes photos parce que je ne suis pas un bon juge dans ce créneau. Quand je publie mes photos sur les réseaux sociaux, je suis toujours très surpris de voir lesquelles sont populaires. Je n’arrive pas à juger moi-même de leur qualité ou des impressions qu’elles éveillent. »

Photos prises à Montréal et Verdun 2019-2021

David Ouellette a commencé à se passionner pour la photographie à l’âge de 12 ans. Au Collège Jean-de-Brébeuf qu’il fréquentait, il y avait un laboratoire de photos doté d’un studio et d’une chambre noire. Il photographiait ses camarades dans le studio et développait ensuite les pellicules dans la chambre noire. « C’est au Collège Jean-de-Brébeuf que j’ai appris les rudiments de la photographie. Cette passion pour la photo m’a accompagné toute ma vie. Pour moi, la photographie, c’est une échappatoire qui me permet de fuir les aléas du quotidien. J’aime photographier les villes, particulièrement Montréal. La photographie, c’est l’art de flâner, c’est une manière de m’approprier le monde. Elle me permet de donner un sens à des choses banales que nous côtoyons tous les jours, mais que nous ne regardons jamais deux fois. La photographie, c’est rendre intelligible le monde désordonné autour de soi », nous a-t-il confié. David Ouellette voue une passion particulière aux appareils photo allemands de la marque « Leica », inventeur de l’appareil photo portatif 35 millimètres.

La photographie, c’est l’art de flâner, c’est une manière de m’approprier le monde.


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Origine ancestrale des Juifs marocains par l’étude du chromosome Y Raquel Levy-Toledano

Fig. 1 : Transmission patrilinéaire du chromosome Y et matrilinéaire de l’ADN mitochondrial (Crédit : Adam Brown, « Avotaynu »). origines conjoints aient été apparentés. Ce processus appelé endogamie en généalogie génétique Il existe malheureusement très peu de sources réduit considérablement le nombre potentiel historiques, familiales ou documentaires pour d’ancêtres. Cette endogamie peut également identifier nos ancêtres juifs marocains. Au résulter d’un nombre limité de personnes mieux, nous avons connaissance d’un ou de ayant fondé la communauté comme c’est deux ancêtres nés au 18e ou au 19e siècle parce le cas des Ashkénazes. Toutefois, comme qu’ils ont appartenu à une lignée rabbinique en témoigne la diversité génétique des Juifs ou parce qu’ils se sont distingués par leurs marocains, l’endogamie au Maroc est plus liée aux mariages fréquents entre membres actions ou leur position sociale. d’une même famille qu’à un nombre L’étude de l’ADN pourrait être utile pour réduit d’individus qui auraient fondé cette déterminer avec un certain degré de communauté. Dans tous les cas, il serait précision notre origine ancestrale tant comme quasiment impossible de reconstituer l’ADN communauté que comme individu. de nos ancêtres pour en déterminer leur Nous avons chacun hérité de l’ADN de nos origine par l’ADN des juifs contemporains. deux parents, qui l’ont eux-mêmes reçu En effet, comme nous l’avions mentionné, de leurs deux parents (nos quatre grands- ce dernier est constitué d’une mosaïque de parents), etc. Ainsi, le nombre d’ascendants minuscules segments provenant chacun d’une doublant à chaque génération, notre ADN multitude d’ancêtres différents non identifiés est constitué d’une mosaïque d’une multitude du fait du manque de source généalogique. de minuscules fragments d’ADN provenant Comment procéder pour déterminer chacun d’un de nos différents ancêtres. Si l’on l’origine de nos ancêtres par l’ADN? considère qu’une génération dure 30 ans, une personne née dans les années 1970 a environ Il existe deux entités génétiques qui restent, 256 ancêtres nés aux environs de 1700, 512 heureusement, inchangées au cours de la ancêtres nés en 1670 et quelques milliers nés transmission de génération en génération (voir Figure 1). La première est l’ADN autour de 1610 . mitochondrial (ADNmt) transmis par la La communauté juive marocaine étant mère à tous ses enfants, la seconde est le enclose, il était assez fréquent qu’au cours chromosome Y transmis de père en fils. des générations qui nous ont précédées, les Comment identifier ancestrales?

nos

CULTURE SÉPHARADE

Que nous soyons un homme ou une femme, notre ADNmt est identique à celui de notre mère qui l’a elle-même hérité de sa mère, etc. L’ADNmt identifie la lignée matrilinéaire, celle de notre plus lointaine aïeule qui a engendré une lignée de filles jusqu’à nous. Toutefois, si l’ADNmt pourrait être utile pour connaître l’origine de notre lignée matrilinéaire, ces informations restent limitées. En effet, si l’étude de l’ADNmt est essentielle pour déterminer les flux migratoires des populations sur plusieurs dizaines de milliers d’années, il s’agit d’un segment d’ADN relativement court (moins de 20 000 paires de bases contre 3 milliards pour l’ensemble du génome) et il varie assez peu au cours du temps. Par ailleurs, le fait qu’il soit de transmission maternelle stricte ne le corrèle pas à la transmission du patronyme. Ces caractéristiques font que c’est aujourd’hui un marqueur, d’une part, peu étudié et peu testé et d’autre part peu utile pour la datation d’un ancêtre commun entre deux individus qui ont le même ADNmt. Le chromosome Y est transmis d’un père à son fils de façon quasi inchangée. De sorte que les hommes héritent du même chromosome Y que celui de leur ancêtre patrilinéaire (de la lignée strictement paternelle) qui a vécu il y a plus de 1000 ans. Tous les hommes issus de la même lignée ont des chromosomes Y semblables. Les discrètes modifications acquises avec le temps (environ une mutation toutes les 2 ou 3 générations), permettent de dater l’ancêtre commun le plus récent entre 2 individus porteurs de deux chromosomes Y semblables. A qui s’adresse votre ouvrage bilingue français-anglais? Nous avons constaté au fur et à mesure des ventes que plus d’un tiers s’effectuaient à l’étranger et avons réalisé qu’il existait une diaspora de la diaspora dans plus de 20 pays, en dehors même des États-Unis et d’Israël. Nous avions certes, à escient, écrit le livre bilingue français-anglais, mais c’est d’Irlande, d’Espagne, du Canada, du Mexique, d’Italie, du Portugal, d’Allemagne, de Suisse, du Royaume-Uni, de Tunisie, d’Australie dont


la Tasmanie, de Singapour, de la Nouvelle-Zélande et j’en oublie que nous recevons tous les jours des commandes…

Les ancêtres des Juifs marocains sont pour la plupart originaires du Moyen-Orient

Ce constat a fait que nous avons traduit aujourd’hui nos conférences en anglais, en italien, en espagnol et en portugais, afin de pouvoir répondre aux diverses demandes Zoom. Notre ouvrage s’adresse à toutes les communautés juives, sépharades et ashkénazes, mais également à tous les chercheurs et historiens.

Les résultats observés sont globalement conformes à la tradition orale des Juifs marocains. Qu’ils aient séjourné dans la péninsule ibérique (megorashim) ou qu’ils aient vécu au Maroc depuis plus de 2000 ans (toshavim), pour la plupart, les ancêtres des Juifs marocains sont originaires de la Terre Sainte qu’ils auraient quittée au moment de la destruction du Premier ou du Deuxième temple. Il n’est toutefois pas exclu que l’arrivée de certains Juifs du Moyen-Orient coïncide avec celle des Phéniciens (1500 à 1000 ans avant J.-C.) ou aient été concomitante de la conquête arabe (vers l’an 700 de notre ère).

Comment est-il possible de se le procurer? L’unique moyen est de le commander en ligne sur la boutique de notre site : https://www.genealoj.org/fr/boutique/ registres-ketubbot-nation-juive-livourne-1626-1890 En allant sur ce lien : https://www.genealoj.org/fr L’étude « Avotaynu » sur les Juifs marocains La Fondation Avotaynu (avotaynuonline.com) s’est donné pour mission de recenser l’ensemble des ancêtres du peuple juif par l’examen du chromosome Y des hommes juifs contemporains. Ce faisant, elle a développé la base de données de chromosome Y juifs, la plus importante aujourd’hui disponible. Sur les 9 000 hommes juifs étudiés par Avotaynu, environ 8 000 sont ashkénazes et 1 000 sont sépharades originaires de la péninsule ibérique ou d’Afrique du Nord, des Juifs orientaux de Syrie, d’Iran, d’Irak ou du Yémen ou des Juifs d’origine grecque ou turque. Parmi les Juifs sépharades étudiés, environ 180 sont marocains et environ 100 sont algériens ou tunisiens. L’étude « Avotaynu » des Juifs marocains est toujours en cours. Les personnes souhaitant y participer peuvent contacter les gestionnaires de l’étude : Adam Brown (adam.brown@ avotaynudna.org) ou Raquel Levy-Toledano (rletole@ gmail.com). L’étude est réalisée sous l’égide de plusieurs instituts de recherche, dont le Technion à Haïfa, et a été approuvée par le comité d’éthique de ces institutions. La participation est totalement gratuite et anonyme. À ce jour, « Avotaynu » a recensé un peu plus de 600 ancêtres juifs (Ashkénazes et non Ashkénazes) différents. Parmi ces derniers, un peu moins de 120 sont ashkénazes (environ 80 branches majeures et 40 branches mineures). Certains sont communs avec les Sépharades soit parce qu’ils sont d’origine ibérique et ont migré secondairement vers les pays ashkénazes, soit parce qu’il s’agit de lignées très anciennes originaires du Moyen-Orient dont les descendants ont secondairement migré les uns vers les pays sépharades, les autres vers les pays ashkénazes. Tous les autres ancêtres identifiés par le chromosome Y, soit environ 500 ancêtres identifiés à ce jour, sont sépharades, orientaux ou grecs (Figure 2).

De plus, ces résultats confirment les flux migratoires connus des Juifs d’Afrique du Nord (Figure 3). Ils indiquent, en outre, l’extrême mobilité des Juifs marocains. En effet, par les correspondances de chromosomes Y retrouvées entre les Juifs marocains et les autres populations, notamment ibériques, tout laisse penser que les allers et retours entre le Maroc et l’Espagne, mais aussi le Portugal, étaient constants, et ce, probablement avant les inquisitions espagnoles de 1391 et 1492. Les flux migratoires entre le Maroc et l’Amérique du Sud (Brésil, Argentine), peut-être en passant par l’Espagne, sont eux probablement plus récents, au moment du boom du caoutchouc du milieu et de la fin du 19e siècle. Les multiples correspondances de chromosomes Y entre les Juifs marocains, algériens et tunisiens témoignent de la proximité et des échanges entre les communautés juives d’Afrique du Nord Des ancêtres communs avec des Hispaniques et des Américains du Sud Enfin, cette étude révèle une communauté d’ancêtres entre les Juifs marocains et de nombreux Hispaniques et Américains du Sud. Ces derniers sont probablement des descendants de « Nouveaux chrétiens » qui ont renoncé au judaïsme après l’inquisition ou de marranes, des Juifs qui ont secrètement pratiqué le judaïsme après 1492. Lesquels auraient eu un ancêtre commun avec les Juifs marocains contemporains dont l’ancêtre, lui, a fui la péninsule ibérique pour se réfugier au Maroc. Les patronymes des Juifs marocains actuels sont généralement très anciens Contrairement aux Ashkénazes qui ont vu leur nom se modifier considérablement au cours des périodes récentes, les patronymes des Juifs marocains ont été assez souvent conservés au cours du temps. Cela est indéniablement le cas des Cohen, qui en outre ont un chromosome Y proche de celui des Cohen (ou des hommes à tradition Cohen) ashkénazes, de certains Levy, de patronymes aux

Fig. 2 : Nombre d’ancêtres identifiés par l’étude du chromosome Y

Pour ce qui concerne les Juifs marocains (180 étudiés au moment de l’écriture de cet article), nous avons dénombré au moins 95 ancêtres différents et, l’étude étant toujours en cours, nous en identifions de nouveaux tous les jours! Ces ancêtres sont généralement distincts des ancêtres ashkénazes, mais sont souvent communs aux Juifs algériens et tunisiens. Dès lors, une première conclusion s’impose : la diversité génétique des ancêtres juifs sépharades en général et des Juifs marocains en particulier (et, par extension, celle des Juifs algériens et tunisiens) est beaucoup plus importante que celle des Juifs ashkénazes.

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Conclusion orthographes variables tels que Abitbol, Botbol ou Street, Shitrit, Chetrit, Benchetrit. Ainsi, dans notre étude, qu’elles soient originaires de la même région ou de régions différentes du Maroc, les personnes portant le même nom ou des noms assez proches ont généralement un chromosome Y semblable. Le plus souvent, l’ancêtre commun le plus proche a vécu il y plus de 300 ans, parfois même il y a plus de 600 ans!

L’étude du chromosome Y des Juifs marocains est extrêmement riche d’enseignements. Nos ancêtres seraient pour la plupart originaires du Moyen-Orient et ont le plus souvent migré vers l’extrême Ouest de la méditerranée il y a plus de 2000 ans. De nombreux Juifs marocains ont des ancêtres communs avec des Hispaniques contemporains, Espagnols ou Américains du Sud. Les similitudes de chromosomes Y de deux Juifs marocains portant le même nom, associées à la date de l’ancêtre commun le plus proche suggèrent que certains patronymes juifs marocains sont très anciens et ont été conservés au fil du temps. 1. 2G-1 où G est le nombre de générations 2. Relevons qu’une majorité de Cohen ou Levis ashkénazes ont gardé leur fonction sacerdotale, mais ont parfois perdu leur nom

Fig. 3 : Flux migratoires des Juifs de 547 av. J.-C. à 1650 (Crédit : Adam Brown, « Avotaynu »)

À LA RENCONTRE DE NOS ANCÊTRES JUIFS MAROCAINS ET ALGÉRIENS : NAJMA, la nouvelle association de généalogie dédiée aux juifs du Maroc et d’Algérie. La présence de Juifs au Maroc et en Algérie est attestée dès le IIe siècle de l’ère moderne. Arrivés avec les Phéniciens, les Romains, les Arabes, ou à la suite des expulsions d’Espagne et du Portugal, ils forment un patchwork multiculturel. Ils parlent hébreu, araméen, judéoberbère, judéo-arabe ou judéo-espagnol (haketia), pratiquent les rites religieux autochtones, castillans ou catalans et vivent à la ville, dans les villages, dans le désert ou dans les montagnes.

des mariages, les différences d’origine laissent peu à peu place à des différences sociales héritées des puissances coloniales. Ils sont enfin très connectés aux capitales du reste du monde sépharade : Amsterdam, Livourne, Londres ou Lisbonne. On les retrouve en Terre promise, en Europe occidentale et jusqu’au Brésil ou en Afrique subsaharienne.

Ils forment un ensemble relativement intégré. Très mobiles, ils migrent de ville en ville, génération après génération, suivant les opportunités économiques et fuyant les persécutions. Au gré des migrations et

L’objectif de NAJMA : documenter, collecter et connecter, pour que la mémoire demeure et s’enrichisse.

Avec l’exode massif de l’après-guerre, la connaissance de leur histoire et de leur culture si riches, ainsi que des liens familiaux qui les unissent, ne repose de plus en plus que sur la mémoire de quelques personnes.

L’association se propose de:

D’ores et déjà : • Réunir les personnes s’intéressant à notre histoire et mettre en commun les mémoires et les documents; • Mener des projets de recherche, notamment sur nos origines ancestrales, notre histoire, les migrations au cours du temps, les rites et les coutumes de nos ancêtres; • Promouvoir et diffuser la généalogie des Juifs marocains et algériens, notamment par l’animation de groupes Facebook, par la publication d’articles et d’ouvrages et par la collaboration avec d’autres associations généalogiques; • Participer à des colloques de généalogie ou contribuer à des actions entreprises par d’autres associations.

• Un arbre généalogique de plus de 350 000 membres, disponible sur la plateforme Geni, s’enrichit de jour en jour grâce à la méthode généalogique classique et à la génétique. • Un groupe Facebook (Généalogie des Juifs marocains) où 3 600 membres échangent au quotidien documents et articles de recherche, mais aussi anecdotes, souvenirs et photos. • Une étude génétique permettant de retracer les parcours des familles en se basant sur le chromosome Y est en cours, en partenariat avec la Fondation Avotaynu aux États-Unis. • Un livre sur la généalogie et histoire de l’emblématique famille Tolédano est en cours de rédaction.

Curieux, généalogistes amateurs ou historiens chevronnés, rejoignez-nous! Pour adhérer à NAJMA, contactez-nous par courriel à genealogyjm@gmail.com. Shana Tova ou Metouka! Anyada Buena, Dulse i Alegre! ‘Am Mbark! Les membres fondateurs : Raquel Levy-Toledano, Jean-Marc Benhamou, Nathaniel Farouz et Jacob Marrache

CULTURE SÉPHARADE


Visions et perspectives de la Fédération Sépharade du Canada. Entretien avec Avraham Elarar

Elie Benchetrit Vous êtes président depuis quelques années de la Fédération Sépharade du Canada (FSC) qui a vu passer plusieurs présidents, dont le premier fut feu Elias Malka (Z.L) qui sut lui donner un élan particulier par l’entremise de diverses activités. Pouvez-vous nous dire quelles sont les raisons qui vous ont poussé à accepter ce poste? Il y a plusieurs années, lors d’un événement communautaire, un ami non juif m’a demandé d’expliquer ce qui, dans le judaïsme, motive un Juif à donner son argent, ses ressources ou son temps à la communauté. Ma réponse spontanée a été que nous, Juifs, religieux et laïques, naissons avec une dette conceptuelle envers la communauté et la société et passons notre vie entière à rembourser cette dette, que ce soit avec notre argent, nos ressources ou notre temps. J’ai ajouté que notre philosophie n’est pas de donner et de soutenir, mais plutôt de rendre à la communauté et à la société ce qui leur appartient. Cette question et ma réponse ont été au cœur de mon éducation dans un foyer sépharade sioniste en Israël, de mes années dans une école navale et de mon service militaire dans la marine pendant la guerre de Yom Kippour. Dans ce contexte, j’ai trouvé dans la Fédération Sépharade du Canada l’intermédiaire parfait pour actualiser cette philosophie tout en construisant et en renforçant le séphardisme cher à plus de trente mille d’entre nous, Sépharades, membres de la communauté juive du Canada. Après une longue et fructueuse présidence de feu M. Moïse Amselem (Z.L) qui a laissé une empreinte indélébile dans les institutions sépharades à travers le monde, n’était-ce pas un grand défi pour vous de reprendre son flambeau? Moïse Amselem, de mémoire bénie, était l’un des derniers géants à avoir été personnellement témoin d’événements importants dans les annales du judaïsme en général et dans celles du monde sépharade en particulier. Moïse a marqué le sépharadisme sur trois continents, d’abord au Maroc, où il est né, puis en Espagne, où il a étudié, et enfin au Canada, où il a passé le reste de sa vie. Ce parcours long et diversifié lui a permis d’ériger des ponts entre des dirigeants sépharades ayant des priorités et des objectifs différents, tant au niveau local qu’international; son attitude non conflictuelle lui a permis de gagner la confiance de ses collègues qui étaient plus que désireux de coopérer avec lui dans des projets visant à améliorer la vie des sépharades, notamment avec ceux d’Amérique du Sud et d’Amérique latine représentés par la FeSeLa. Moïse voyait le monde juif séculier avec les yeux d’un homme religieux, alors que je vois le monde juif religieux avec les yeux d’un homme séculier. Rien ne l’empêchait de s’intéresser à des concepts philosophiques séculiers, comme rien ne m’empêche de collectionner et de rechercher des livres judaïques vieux de cinq cents ans – les deux points de vue sont vitaux pour l’intégrité des traditions du monde sépharade.

Porter son flambeau culturel sépharade n’est pas seulement un défi, c’est aussi un privilège. Le dévouement de Moïse à faire du Hessed, des actes de générosité, était inégalé, et prétendre le contraire sera vain et prétentieux de la part de quiconque choisira de porter ce flambeau. Parmi les objectifs, d’après les statuts de la FSC qui fut créée en 1973, figure celui de « représenter le judaïsme sépharade canadien vis-à-vis de l’extérieur, d’Israël et auprès de toutes les instances juives mondiales ». Si l’on se réfère à la définition de feu M. Salomon Benbaruk (Z.L) qui figure à la page 138 de son ouvrage Trois-quarts de siècle pêle-mêle1 : pensez-vous que ce mandat est d’actualité aujourd’hui, surtout à Montréal où la notion de séphardisme est très galvaudée? Les objectifs énoncés dans les statuts de la Fédération Sépharade du Canada sont aussi pertinents aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a presque cinquante ans. Représenter le judaïsme sépharade continue d’être désiré et recherché par une population que nous pensions oublieuse d’un tel élément de son identité. Le Congrès des jeunes sépharades organisé par la Fédération en 2019 a prouvé qu’être Juif, Sépharade et Israélien ne sont pas des identités mutuellement exclusives. Au contraire, ces identités multiples peuvent être complémentaires les unes des autres. Quant aux idées exposées dans l’ouvrage de M. Salomon Benbaruk que vous avez mentionné, pour que cet ouvrage soit d’actualité en 2021, il faudra qu’il englobe davantage le séphardisme moderne avec toutes ses composantes, de l’Afrique du Nord aux Balkans et au-delà. Si on se réfère aux statuts proprement dits de la corporation, on peut lire à l’article 3 (3.1) que la FSC a pour mission de « représenter les communautés sépharades du Canada et agir en leur nom auprès des autorités gouvernementales et/ou institutionnelles, nationales et/ ou internationales dans le respect des juridictions de groupements ou associations sépharades déjà existants au Canada ». Pensez-vous, vu la situation qui prévaut à l’heure actuelle quant à la représentativité des Sépharades du Québec, que cet objectif est toujours pertinent? Cette représentation est plus congrue aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été. Les principes fondateurs sur lesquels la Fédération Sépharade du Canada a été créée ont probablement contribué à la cohésion actuelle entre les diverses organisations sépharades du Québec, et si c’est le cas, nous devrions certainement continuer à renforcer la Fédération Sépharade du Canada. Nous devrions le faire non seulement pour les Sépharades du Québec, mais aussi pour ceux des autres provinces qui n’ont pas eu la même clairvoyance qu’eux. C’est pourquoi nous insistons pour ne jamais oublier le mot Canada qui fait partie intégrante du nom de la Fédération. Notre tâche est de construire et de renforcer les autres communautés sépharades à travers le Canada – espérons que cela ne prendra pas cinquante ans pour y parvenir.

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On sait de vous que vous attachez une grande importance en ce qui a trait au maintien d’excellentes relations de notre communauté, majoritairement d’origine marocaine, avec le Royaume du Maroc. Pouvez-vous nous préciser quel type d’activités vous avez promu depuis le début de votre présidence pour resserrer les liens avec les autorités marocaines ici au Canada et au Maroc? Ma relation avec le Maroc a été renouvelée en 1993, soit 31 ans après que mes parents sionistes aient conduit notre famille en Israël. Dès lors, cette relation a été continuellement nourrie par des activités culturelles que j’ai soutenues entre le Maroc et le Canada et entre le Maroc et Israël. Depuis le début de ma présidence à la Fédération Sépharade du Canada, ces activités n’ont fait que s’intensifier. En 2019, sous les auspices de S.E Mme Souriya Otmani, l’ambassadeur du Royaume du Maroc au Canada, la fédération a activement contribué à l’organisation d’une exposition sur le Maroc d’une semaine au Musée Aga Khan de Toronto. L’exposition comprenait, entre autres activités, des conférences sur la Convivence entre les Juifs et les Musulmans marocains.

Le timing des accords d’Abraham n’aurait pas pu être aussi rédempteur pour toute la région qu’il ne l’est en ce moment même, surtout à la lumière de la décision stratégique des États-Unis d’Amérique de se retirer du Moyen-Orient, un processus entamé par le président Obama, poursuivi par le président Trump et précipité par le président Biden. Plus de la moitié des 409 millions d’Arabes ont désormais une relation formelle avec Israël grâce aux accords d’Abraham, et 43 autres millions ont une relation informelle. Aucun État arabe n’a combattu Israël depuis près de 50 ans – la guerre contre le Hezbollah en 2006 s’est déroulée avec un non-État. Plus important encore, le conflit israélo-arabe, qui faisait autrefois office d’idéologie commune, n’existe plus. La région est désormais divisée en trois camps : le camp chiite guidé par l’Iran, qui comprend le régime syrien dirigé par Assad et de puissantes milices chiites en Irak et au Yémen; le camp sunnite dirigé par la Turquie, qui comprend le Qatar, la Libye et une partie de la Syrie; et le troisième, qui protège ses alliés des méfaits des deux autres, est ironiquement piloté par Israël, le pays le plus puissant de la région qui, avec les monarchies du Golfe et le Maroc, apporte la stabilité tant recherchée à la région.

« La Fédération Sépharade du Canada jouit d’un haut niveau de respect et d’estime au sein de la Fédération Sépharade Mondiale.

Un an plus tard, en février 2020, j’ai participé à une conférence organisée par le « Centre d’Études et de Recherches sur le droit hébraïque au Maroc » à Bayt Dakira à Essaouira au Maroc. C’est là que l’idée d’organiser une conférence en Israël a germé - bien avant l’annonce des accords d’Abraham et du renouvellement des relations diplomatiques entre Israël et le Maroc.

La Fédération Sépharade du Canada a maintenant transformé cette modeste idée en une grande conférence sur « La culture juive et le droit hébraïque au Maroc » qui se tiendra du 7 au 8 novembre 2021, au Centre Dahan de l’Université Bar Ilan, au cours de laquelle 25 universitaires, dont dix du Maroc, présenteront leurs idées. Un protocole d’accord de coopération sera signé par le « Centre d’études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc », le « Centre Dahan » et la « Fédération Sépharade du Canada ». Dans le cadre du Festival Sefarad de Montréal 2021, la Fédération Sépharade du Canada, en partenariat avec la CSUQ , le Musée de l’Holocauste de Montréal, Dar Al Maghrib et le FNJ, (Fond National Juif) présentera une conférence majeure intitulée « Shoah et Afrique du Nord ». Cette conférence, qui se tiendra du 14 au 15 novembre, réunira des universitaires juifs et musulmans qui présenteront leurs réflexions sur ce sujet rarement étudié. Pouvez-vous, puisque vous êtes également Israélien, formuler une opinion personnelle quant à la suite des accords d’Abraham et des espoirs que ceux-ci ont suscités au sein de la communauté juive mondiale et de la diaspora juive marocaine en particulier?

Tout ceci ne peut qu’apporter un sentiment de soulagement à l’État d’Israël et à la diaspora juive, qui représente toujours plus de la moitié du peuple juif. L’accord avec le Maroc ferme également un cercle pour la diaspora juive marocaine en Israël et ailleurs, qui, forte de plus d’un million de personnes, continue à nourrir la composante marocaine de son identité. Comment pourriez-vous qualifier les rapports existants entre la Fédération Sépharade du Canada et le reste des fédérations sépharades à l’échelle internationale? La Fédération Sépharade du Canada jouit d’un haut niveau de respect et d’estime au sein de la Fédération Sépharade Mondiale et de ses autres affiliés dans le monde. Les dirigeants des différentes fédérations sépharades recherchent activement nos conseils, et nous partageons avec eux nos expériences et nos projets. En 2019, en collaboration avec la Fédération Sépharade Mondiale, d’autres fédérations sépharades et la CSUQ , nous avons invité 26 jeunes adultes sépharades de plusieurs pays à se joindre à plus de 75 sépharades locaux pour une expérience culturelle et intellectuelle unique en son genre. Du 7 au 11 novembre, nous avons organisé le « Congrès sur l’Identité Sépharade » à Montréal, auquel nous avons invité plusieurs intervenants d’Israël et de France pour parler de l’identité sépharade aujourd’hui. Le congrès a connu un tel succès qu’il a incité un participant et une participante, l’un du Pérou, l’autre de Montréal, à officialiser leur relation en se mariant récemment à Montréal. 1. Édité par les Imprimeurs du 21e siècle inc.

CULTURE SÉPHARADE



Les Israéliens et les Canadiens aux Jeux olympiques Amnon Suissa Créé en 1933, le comité olympique du futur État hébreu a boycotté les jeux de 1936 s’opposant aux lois antisémites du troisième Reich. La première participation officielle d’Israël a eu lieu en 1952. Depuis cette date, et durant 40 ans, Israël n’a pas gagné une seule médaille. On ne peut toutefois passer sous silence la tragédie du massacre des 11 athlètes de la délégation israélienne par des terroristes palestiniens du groupe Septembre noir à Munich en 1972. Outre le boycottage des jeux de 1980 à Moscou, Israël a toujours envoyé une délégation aux jeux. En 1992, à Barcelone, c’est au Judo qu’Israël remporte deux médailles. La première d’argent avec Yael Arad, suivi d’une médaille de bronze pour Oren Smadja. En 1996, Gal Fridman, gagne la médaille de bronze en planche à voile (Mistral) et à Sydney en 2000, une autre médaille de bronze est remportée par Michael Kolganov, en kayak. Mais pour les médailles d’or, il faudra attendre les jeux d’Athènes en 2004 avec Gal Fridman en planche à voile, première médaille d’or aux JO dans l’histoire d’Israël. Forte cette année d’une délégation de 90 athlètes à Tokyo, ces jeux ont été un couronnement avec 2 médailles d’or : Artem Dolgopyat, 24 ans, à l’exercice au sol en gymnastique artistique masculine, et Linoy Ashram, 22 ans, à la gymnastique rythmique. Artem quitte l’Ukraine pour Israël avec sa famille à l’âge de 12 ans. Ayant quelques difficultés à s’acclimater dans son nouveau pays, il trouve un exutoire dans le gymnase et la salle de sport. Depuis son enfance, et grâce à l’exemple de l’expérience de son père en gymnastique, Artem n’a cessé de remporter des victoires et des médailles au fur et à mesure de son ascension dans ce sport. Envers et contre tout, au-delà des blessures et des revers, il a eu comme mentor Shatilov, un autre gymnaste ayant représenté Israël aux Jeux olympiques de 2008, 2012 et 2016. Son futur rêve : obtenir une autre médaille d’or olympique à Paris en 2024, de quoi s’occuper pour les 3 prochaines années! Quant à Linoy, originaire de Rishon Letsion, elle a déjà tout un palmarès! Avant d’atteindre ce sommet à Tokyo, elle a remporté des dizaines de médailles aux championnats mondiaux et européens. À Pésaro en 2017, 2 médailles de bronze; à Sofia en 2018, 2 d’argent et 1 de bronze; et enfin, à Bakou en 2019, 4 médailles d’argent et 2 de bronze!

CULTURE ISRAÉLIENNE

Ne devient pas champion olympique qui veut. Cela exige des années de travail, de détermination et surtout de rêver en grand. Aujourd’hui, on peut dire que ces deux champions, Artem Dolgopyat et Linoy Ashram, sont entrés dans l’histoire des Jeux olympiques. Au judo, Or Sasson, Sagi Moki et Tohar Butbul, qui n’ont pu décrocher en individuel les médailles tellement attendues, ont largement compensé leur déception grâce à leur performance en équipe mixte de judo. Sous la houlette de leur entraîneur Oren Smadja, luimême médaillé de bronze lors des Jeux olympiques en 1992, ils ont ainsi obtenu avec les autres athlètes femmes de l’équipe, le bronze contre la Russie. Une très belle réalisation. Idem au Taekwondo avec la jeune Avishag Semberg, 19 ans, qui décrocha le bronze dans la catégorie des moins de 49 kilos. Il n’y a pas que les épreuves en soi qui marquent les esprits. Il y a aussi, derrière les rideaux, des évènements importants. Parmi ceux-ci, on ne peut taire le cas du judoka iranien Saeid Mollaei qui a fui l’Iran en 2019, après avoir été contraint de refuser d’affronter un judoka israélien Sagi Moki. Depuis, Mollaei a quitté son pays natal pour l’Allemagne et a acquis la nationalité mongole afin de participer à Tokyo. Après avoir reçu sa médaille d’argent, il l’a dédiée à Israël en soulignant sa reconnaissance pour le soutien au fil des ans! Un beau message envoyé au régime des Mollahs. Quand la haine est remplacée par la paix et la reconnaissance, on peut dire qu’il n’y a pas de limite aux multiples possibles et à la coexistence. Depuis sa première participation aux Jeux Olympiques, Israël a obtenu 13 médailles dont 3 d’or, 1 d’argent et 9 de bronze . À Tokyo, Israël a dépassé le résultat combiné des trois derniers Jeux olympiques. En bref, Tokyo est la plus grande réussite dans l’histoire de ce pays. Le Canada et les jeux de Tokyo. Le Canada a décroché à Tokyo 24 médailles, dont 7 d’or, 6 d’argent et 11 de bronze. Aux Jeux olympiques de Rio,

en 2016, le total des médailles était de 22 dont 4 d’or, 3 d’argent et 15 de bronze. Comme Israël, c’est une récolte historique. Les athlètes féminines, comme à Rio en 2016, en sont les grandes responsables. Elles nous ont apporté 18 médailles. En natation, les nageuses ont ouvert le bal avec une médaille d’argent au 4 x 100 m style libre, notamment grâce à une remontée spectaculaire de Penny Oleksiak, dernière relayeuse. Parmi cette équipe, Margaret Mac Neill a dominé le 100 m papillon avec une première médaille d’or alors que Kylie Masse a obtenu l’argent au 100 m dos. À 21 ans, Oleksiak a ajouté une sixième médaille olympique à sa collection au 200 m style libre. En battant ses propres records, elle est devenue l’athlète canadienne la plus décorée de l’histoire des Jeux olympiques. Pour le plongeon au 3 m synchronisé, Jennifer Abel et Mélissa Citrini-Beaulieu ont été couronnées avec une médaille d’argent. Jennifer était arrivée 4e à Rio, en 2016, une revanche. Pour rester dans l’eau, au CanoëKayak, Laurence Vincent Lapointe a réalisé son rêve en décrochant la médaille

photographie par Andrew Seto


d’argent au 1 200 m. En duo, avec Katie Vincent, elles ont récolté la médaille de bronze au C-2 500, une épreuve des plus épuisantes. Laurence Vincent Lapointe a ainsi bouclé ses premiers JO avec deux médailles. En aviron, Caileigh Filmer et Hillary Janssens ont donné au Canada une première médaille de bronze. Le lendemain, c’est la formation canadienne de huit de pointe qui arrache la médaille d’or, une première depuis 29 ans. Parmi les 8 rameuses, Kasia Gruchalla-Wesierski, Québécoise ayant habité à Saint-Bruno et qui demeure aujourd’hui en Alberta. Connaissant personnellement sa famille, c’est avec une plus grande émotion que j’ai suivi cette épreuve! Un conte de fées. Au judo, Jessica Klimkait est entrée dans l’histoire en devenant la première judoka canadienne à rafler une médaille. Vingtquatre heures après, c’est au tour de la Québécoise Catherine BeaucheminPinard de l’imiter, toutes les deux ont gagné la médaille de bronze. On peut se tourner vers d’autres disciplines pour saisir l’ampleur de ces belles réalisations, en haltérophilie, une médaille d’or par la Québécoise Maude Charron avec son meilleur résultat de 105 kg à l’arraché. Elle est la deuxième haltérophile féminine à gagner l’or olympique après Christine Girard aux jeux de Londres, en 2012. En athlétisme, la grâce de André De Grasse a pris son envol. Après une

médaille de bronze pour la course qui consacre l’homme le plus rapide au monde, au temps de 9,89 s au 100 m, il gagne sa médaille d’or au 200 m. Il devient le roi du 200 m avec un chrono de 19,62 s, un record national. En offrant à ses coéquipiers une médaille de bronze au 4 x 100 m, à 26 ans, il a reçu sa troisième médaille aux Jeux de Tokyo et la sixième de sa carrière. L’athlète le plus complet des Jeux olympiques est sans aucun doute Damian Warner, l’homme fort du décathlon. Premier canadien de l’histoire à décrocher l’or à cette compétition constituée de 10 épreuves, il brise le record olympique et devient le quatrième décathlonien à franchir le cap des 9 000 points. L’Ontarien de 31 ans est le porte-drapeau canadien à la cérémonie de clôture. Au 50 km marche, Evan Dufee a effectué une remontée spectaculaire dans le dernier kilomètre pour s’offrir la médaille de bronze tandis que Mohammed Ahmed décroche la médaille d’argent au 5 000 m. Ces deux épreuves ont eu lieu dans des conditions de grande humidité et ont exigé des efforts, c’est le cas de le dire, surhumains. En cyclisme sur piste, Kelsey Mitchell a causé toute une surprise en remportant la médaille d’or au sprint. Dans la même foulée, Lauriane Genest a raflé la médaille de bronze au keirin, le premier podium canadien de l’histoire dans cette épreuve. En softball féminin, l’équipe canadienne a vaincu le Mexique et a remporté la médaille de bronze. Au basket-ball et au volley-ball de plage, la déception est grande. Classées 4e au monde, les basketteuses canadiennes n’ont pu se qualifier aux huitièmes de finale. Idem pour les deux équipes des volleyeuses qui ont gagné tous les matchs préliminaires, mais ont échoué aux épreuves éliminatoires des quarts de finale. Soccer/football féminin. Il y a belle lurette que les Canadiennes n’avaient pas battu les Américaines au soccer. Auparavant, les Canadiennes pouvaient perdre jusqu’à 9-0 contre les États-Unis. En demi-finale à Londres, en 2012, l’arbitre avait rendu une décision controversée, qui avait permis alors aux Américaines d’égaliser, puis de gagner 4-3 dans les

arrêts de jeu. Depuis, les Canadiennes ont souvent tenté de venger cet affront. Sans succès. À Tokyo, elles ont enfin réussi à briser ce tabou avec une victoire de 1-0, même si les Américaines ont largement dominé la partie. La gardienne canadienne Stéphanie Labbé a dû s’illustrer à plusieurs reprises pour parer les multiples tirs des Américaines. C’est la jeune Jessie Fleming, 23 ans, qui a réussi un tir de pénalité. Adolescente, Fleming était surtout une étoile de l’athlétisme ayant remporté trois fois le championnat scolaire de l’Ontario au 1 500 m et au 3 000 m. En finale, le Canada vainc la Suède en tirs de barrage et décroche l’or. Comme avec les Américaines, les Suédoises ont souvent dominé, mais n’ont pu concrétiser de but. Il s’agit du premier titre olympique de l’histoire du Canada. Cette médaille d’or canadienne est d’autant plus remarquable qu’elle est la première depuis plus d’un siècle, dans un sport collectif aux Jeux d’été. Cette victoire, c’est aussi la concrétisation de 10 ans d’efforts de la capitaine et attaquante Christine Sinclair. À 36 ans, le 29 janvier 2020, elle avait été consacrée la meilleure buteuse de toute l’histoire du soccer féminin. Aujourd’hui, à 38 ans, elle qui était là dans les périodes les plus sobres de l’équipe nationale, c’est avec une joie immense qu’elle a fêté cette médaille d’or. Un bref rappel, c’est avec John Herdman comme entraîneur-chef qu’une refonte en profondeur du programme de l’équipe féminine a eu lieu. Il a depuis pris les rênes de l’équipe masculine du Canada avec un succès remarquable. C’est l’entraîneuse Bev Priestman, son ex-adjointe, qui a pris le relais, pour les mener à la médaille d’or. En passant, on peut souligner également une certaine évolution des mœurs olympiques. Pour la première fois, Quinn, la joueuse de soccer canadienne de 25 ans, est la première transgenre se déclarant non binaire à gagner une médaille olympique. Dans la même veine, on ne peut passer sous silence un arbitre de soccer transgenre, Sapir Berman, professionnel dans la première ligue nationale en Israël. L’inclusion de la diversité sociale et culturelle est toujours un défi qu’il faut chérir, surtout en contexte olympique avec la plus grande exposition à travers le monde. Rendez-vous dans 3 ans à Paris pour les prochains jeux en 2024.

LVS décembre 2021


Entrevue avec une grande dame des lettres israéliennes, Emuna Elon Elias Levy « Une vie guidée et enrichie par la Torah, c’est le seul monde qui m’habite depuis que je suis née » Une maison sur l’eau (Éditions Albin Michel, 2021), premier roman de l’écrivaine israélienne Emuna Elon à être traduit en français, est une œuvre poignante et très captivante qui narre les heures les plus sombres de l’histoire des Juifs d’Amsterdam.

Yoel Blum, célèbre écrivain israélien, né à Amsterdam durant la Seconde Guerre mondiale, mais arrivé en Israël lorsqu’il était bébé, retourne quelques décennies plus tard dans sa ville natale en dépit de l’injonction catégorique que sa mère, Sonia, lui a martelée de son vivant : « Ne remets jamais les pieds à Amsterdam ». En visitant le Musée historique juif, il découvre dans un film d’archives diffusé dans une salle des images d’un mariage juif. Il est abasourdi lorsqu’il reconnaît sa mère et son père, lui portant sa sœur aînée Néti et elle un petit garçon qui n’est pas Yoel. Qui est donc cet enfant? Yoel se lance alors dans une quête éperdue de la vérité… La révélation finale est bouleversante. Une maison sur l’eau est aussi une réflexion magistrale sur la mémoire, la perte d’identité et la création culturelle comme moyen de survie. Écrivaine, journaliste et ardente militante des droits des femmes, Emuna Elon est née à Jérusalem dans une famille orthodoxe comptant dans ses rangs des rabbins et des intellectuels renommés. Elle enseigne le judaïsme, le hassidisme et la littérature hébraïque. Elle est l’autrice de quatre romans qui ont connu un grand succès et la

CULTURE ISRAÉLIENNE

lauréate de plusieurs prix littéraires israéliens prestigieux : le Gold Book Prize, le Aminach Prize et le Prix du premier ministre d’Israël. Emuna Elon a accordé une entrevue à La Voix sépharade depuis sa résidence à Jérusalem. Comment est née l’idée d’écrire ce livre? Je n’avais pas prévu d’écrire un roman ayant comme toile de fond cette période très noire de l’histoire des Juifs de Hollande. Je ne suis pas native des Pays-Bas ni issue d’une famille de survivants de la Shoah. J’ai découvert ce que fut la vie quotidienne des Juifs durant l’occupation allemande d’Amsterdam, de 1940 à 1945, lors d’une visite du Musée historique juif de cette ville. J’ai hésité un bon moment avant d’entamer les recherches qui ont pavé la voie à l’écriture de ce livre, car je ne cessais de me demander quelle était ma légitimité pour entreprendre ce projet littéraire moi qui ne suis pas d’origine néerlandaise et dont la famille n’a pas connu dans sa chair les affres effroyables de la Shoah. Finalement, j’ai réalisé que je devais absolument relater cette histoire de souffrances, de courage et de résilience, car celle-ci n’est pas un récit sur l’Holocauste, mais sur la quête d’identité d’un Juif désarçonné, à qui sa mère a caché délibérément son passé, essayant désespérément de découvrir ses vraies origines. Au cours de vos recherches, avezvous découvert des choses que vous ignoriez? Tout comme le personnage central de mon roman, Yoel Blum, j’ai réalisé pour la première fois, en visionnant des films et en consultant des archives de cette époque au Musée historique juif d’Amsterdam, que la survie des Juifs des Pays-Bas pendant la guerre, grâce à l’aide que lui aurait prodiguée un peuple néerlandais valeureux, n’est qu’un mythe tenace. On nous a toujours ressassé que, pendant la Shoah, les Juifs hollandais avaient beaucoup moins souffert que leurs coreligionnaires des autres pays d’Europe. J’ai découvert l’opposé : en Europe occidentale, la communauté juive des Pays-Bas est celle qui a subi les plus grandes pertes humaines, 71,5 % des 100 000 Juifs néerlandais ont été déportés et assassinés par les nazis. Ce qui m’a choquée particulièrement lors de mes recherches, c’est la quiétude, l’indifférence et l’organisation des plus pointilleuses avec lesquelles ce meurtre collectif a été planifié et exécuté. Les Juifs, qui étaient des citoyens exemplaires résolument persuadés que rien de terrible ne pouvait leur arriver dans leur patrie, ont obéi scrupuleusement aux ordres que les autorités

locales, qui secondaient l’occupant nazi dans sa tâche abjecte, leur intimaient. Je décris dans mon livre les diverses phases de ce processus de déshumanisation parfaitement rodé. Les Juifs acceptèrent sans rechigner d’être recensés et spoliés de tous leurs biens et avoirs, y compris de leurs bicyclettes. Un processus d’exclusion mis en œuvre sans chambarder le moindrement l’ordre régnant. Sonia Blum, la mère de Yoel, suspecte ses proches voisins, la famille De Lange, qui la loge clandestinement, de collaborer avec les autorités pronazies d’Amsterdam pour sauver leur peau. Le thème épineux de la trahison est au cœur de ce roman. C’était une période de l’histoire très glauque. Il y avait des héros et aussi beaucoup de salauds. Le grand sage Hillel disait : « Ne juge jamais ton prochain jusqu’à ce que tu sois un jour à sa place ». J’ignore ce que j’aurais fait à la place de la famille De Lange, qui entretenait des relations étroites avec les hautes autorités locales. Plusieurs survivants de la Shoah néerlandais, que j’ai rencontrés en Israël, m’ont raconté que les Juifs qui collaboraient avec la police d’Amsterdam étaient convaincus qu’en agissant de la sorte, ils atténueraient les souffrances de leurs coreligionnaires. Je ne veux absolument pas les juger. Quel rapport les jeunes Israéliens entretiennent-ils avec la mémoire de la Shoah? Mon roman est en cours d’adaptation pour la télévision. Afin de susciter l’intérêt des jeunes pour cette histoire, j’ai suggéré aux concepteurs du scénario de relater, dès le premier épisode de la télésérie, le séjour à Amsterdam de Tal, le petit-fils de Yoel, et de ses amis. Ils vivront dans cette ville frénétique l’un des meilleurs moments de leur vie : musique, jazz enivrant, drogues, alcool… J’ai proposé que la rencontre inopinée entre Yoel et Tal dans un bar ne soit narrée qu’au troisième ou quatrième épisode. Ce dernier ignore que son grandpère séjourne à Amsterdam, et vice-versa. L’horrible tragédie de la Shoah taraude la conscience nationale d’Israël. Les jeunes Israéliens ne peuvent échapper à cette réalité sombre, car un grand nombre d’entre eux ont grandi en écoutant les récits de survivants, membres de leur famille. Israël est la maison nationale des Juifs. Celle-ci tangue sur des eaux turbulentes qui charrient dans leurs flots l’histoire de la Shoah et d’autres tragédies que le


peuple juif a vécues au cours des siècles. De nombreux jeunes Israéliens visitent chaque année les camps de la mort nazis en Europe. L’enseignement de l’histoire de la Shoah fait partie des curriculums scolaires. Ce qui me préoccupe, c’est que les derniers survivants sont en train de disparaître. Dans quelques années, ils ne pourront plus témoigner auprès des jeunes des horreurs qu’ils ont endurées pendant la guerre. C’est pourquoi il est important, et plus nécessaire que jamais, que la Shoah ne soit pas une histoire du passé, mais du présent et du futur. Nous devons rappeler sans cesse aux jeunes que l’être humain est toujours capable de perpétrer les atrocités les plus ignominieuses. Le monde juif orthodoxe dont vous êtes issue influence-t-il votre travail littéraire? Certainement. Une vie guidée et enrichie par la Torah, c’est le monde qui m’habite depuis que je suis née. Pour moi, l’étude intense de la Torah, c’est aussi une recherche de sens et d’identité. Tout comme Yoel Blum est engagé dans une quête désespérée de son identité insaisissable. Mon époux, Benny Elon, décédé en 2017, était un rabbin non-conformiste, ouvert à des approches non traditionnelles pour enseigner le Talmud et le Tanakh. Il a été membre de la Knesset et ministre dans le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Tout en vivant

pleinement dans l’observance religieuse orthodoxe, nous étions toujours ouverts à un vaste monde d’idées et d’influences. J’enseigne aussi le Tanakh et le Midrash. La dimension spirituelle est omniprésente dans tous mes livres. Lorsque j’écris une histoire, j’essaye toujours de trouver les mots justes pour décrire l’essence intérieure d’un être humain. Vous êtes une défenderesse infatigable des droits des femmes orthodoxes. Pendant presque trente ans, j’ai écrit une chronique hebdomadaire sur des questions relatives au monde orthodoxe dans le journal israélien Yedioth Ahronot. J’ai été aussi, pendant deux ans, conseillère du premier ministre d’Israël en matière de condition féminine. Je milite depuis longtemps pour les droits des femmes. Mais, la pionnière dans ce domaine en Israël fut ma mère, feue Pnina Peli, qu’on a surnommée « la mère du féminisme orthodoxe ». Au début des années 70, elle fut la première Israélienne à créer un groupe de prière pour femmes dans sa maison, une idée révolutionnaire à l’époque. J’ai simplement suivi ses traces humblement. Son activisme remarquable a fait depuis de nombreux émules en Israël. Les mynianim, les offices et les établissements où les femmes peuvent étudier la Torah à un haut niveau se sont multipliés ces dernières années en Israël. Cette révolution féminine

dans le monde orthodoxe juif s’est étendue à la diaspora : en Europe, aux États-Unis et chez vous aussi, au Canada. Cette révolution, qui est une grande victoire pour les femmes orthodoxes, fait désormais partie intégrante de la vie juive. Votre fils, Ori Elon, est l’un des cocréateurs de la très populaire série de télévision « Shtisel », qui relate la vie d’une famille Haredi à Jérusalem. Lui avez-vous transmis votre passion pour la création littéraire? Ori est bien plus talentueux que sa mère. Il n’a pas besoin de moi pour être inspiré. Au contraire, c’est moi qui apprends tous les jours de lui. Mon époux Benny et moi avons élevé six enfants très différents. Je suis la saveta (grand-mère) chanceuse de 30 petits-enfants. Ori, qui a 39 ans, est mon quatrième enfant. Il côtoie étroitement depuis son enfance la communauté ultraorthodoxe de Jérusalem qu’il dépeint dans « Shtisel ». C’est un monde très complexe qu’il parvient à représenter avec affection et humour. Les histoires éclectiques de la famille Shtisel ont une portée universelle. C’est ce qui explique le succès mondial que connaît cette télésérie, diffusée dans plus de cent pays. Mon époux et moi n’avons jamais imposé nos valeurs à nos enfants, nous les avons toujours encouragés à faire leurs propres choix.


Unraveling the Mystery of Psalm 30: The Psalm of Hanuka Rabbi Yamin Levy The sages of the Talmud assigned each day of the week as well as every holy day a particular Psalm from the book of Tehillim (Book of Psalms). Psalm 30, which begins with the words Mizmor Shir Hanukat HaBayit Ledavid, A Psalm,– a song of dedication of the house of David –, is selected as the Psalm for Hanuka according to rabbinic tradition (Tractate Soferim, Babylonian Talmud, Ch.18). The word Hanuka means inauguration, implying that the Holy Day of Hanuka, as is well known, celebrates the reinauguration or rededication of the Bet Hamikdash (Temple) by the Hashmonaim. It appears that the sages picked this Psalm for obvious reasons, since it is believed to have been written by King David in honor of the completion of the building of the Bet HaMikdash, the first Temple. They surmised that it was an appropriate Psalm celebrating the Maccabean fighters who rededicated the Bet Hamikdash in the year 164 BCE and relit the menorah with pure olive oil after their victory in Jerusalem. King David, of course, was not alive when his son Solomon built and inaugurated the Bet HaMikdash. The commentators present several possibilities as to how one can understand the linkage between King David and the dedication of the Bet Hamikdash. Yalkut Shimoni, a late aggadic compilation on the books of the TaNaKH (Bible), suggests that King David wrote this Psalm prophetically for the dedication of both the first temple built by King Solomon around 957 BCE and the second temple Photo by Ben Ostrower dedicated by Ezra HaSofer around 480 BCE (Psalm 7:13). The Midrash Tanchuma (Beshalah 10) offers an alternative suggestion, namely that the Psalm is attributed to King David because he desired the building of the Temple and gave his soul for its realization. In other words, his strong yearning to build a house for God earned him the legacy of having built it and dedicating it himself. To read or not to read the first verse of the Psalm The more difficult element of this Psalm is the disconnect between the content of the Psalm and the apparent purpose for which it was written. A cursory reading of the Psalm suggests it is a victory song following a military success. “I praise You, O Lord, for you have lifted me up, and not let my enemies rejoice over me. O Lord, My God, I cried out to You, and You healed me. O Lord, You brought me up from Sheol, preserved me from going down unto the pit.” (Psalm 30:1-4) Why would anyone recite these words, let alone sing them, at the dedication of the first or second Bet Hamikdash? Those must have been moments of great joy and spiritual celebration, not a military victory parade. Rabbi Meir Weiser, author of the commentary Malbim (1809-1879), was bothered by this issue and suggested that the Psalm is indeed a victory song and the words “Hanukat HaBayit LeDavid” – Dedication of the house of David – are actually a reference to King David’s body. He

JUDAÏSME

celebrates the fact that he is alive and able to glorify God. His body is the bayit, the home he dedicates. As was mentioned earlier, Psalm 30 is recited as the “Psalm of the day” during the eight days of Hanuka and recited immediately following the lighting of the Hanukiya lights. Interestingly, this Psalm is recited daily but without the superscription. One wonders if the editors of our daily liturgy left out the first line of the Psalm because they could not reconcile the superscription with the body of the text. During the morning prayers of the eight days of Hanuka, the Moroccan, Turkish, Greek, and Persian communities include the superscription Mizmor Shir Hanukat HaBayit LeDavid, while the Syrian, Lebanese and Iraqi Jews do not include it, even during Hanuka. In support of the minhag (custom) of those communities, Rabbi Ovadia Yoseph notes in his prayer book Hazon Ovadia that even on Hanuka one should not add the superscription. Many have abandoned the minhag of adding the superscription during Hanuka because of Hacham Ovadia’s ruling. Rabbi Mordechai Akiva Lebhar notes in his book of minhagim of the Jews of North Africa, Magen Avot (page 412), that the Moroccan community observe the minhag to include the superscription during the days of Hanuka even though many other Sephardic communities do not. He adds that the minhag is ancient, sacred, and must be observed. A careful reading of Psalm 30 in its totality leads to the conclusion that this Psalm is indeed very appropriate for Hanuka. The Psalm describes the victory of the Jewish people by overcoming, at great odds, an enemy much stronger and greater. “You have turned my lament into dancing for me; You loosened my sackcloth and girded me with joy” (Psalm 30:12) This of course is an apt description of the Maccabean experience and the exact situation that led to the celebration of Hanuka. In addition, the Psalm is unique in that it makes reference to those the author calls, Hassidav, His pious ones, as in the verse: “Sing to the Lord, His pious ones (Hassidav), and give thanks to His holy name” (30:5) Interestingly, in both Books of the Maccabees 1 and 2, the Jewish warriors who led the battles against the Greeks are referred to as Hassidim, pious ones. It is very possible that following the Hasmonean victory in 164 BCE, the sages and leaders of that time noted the reference to their warriors and imagined how King David prophesized about this very victory. The Psalm, for that reason, may have been recited as part of the dedication ceremony on Hanuka in 164 BCE. The Maccabean victory was not only a spiritual celebration of the lighting of the Menorah, but it was also a military celebration of the defeat of the Jewish people’s enemy. If this is indeed correct, and I believe it is, the minhag to recite this superscription during the days of Hanuka is based on tradition, on a careful reading of the biblical text, and on historical evidence. One should never underestimate the power of minhag.

.com Pour la traduction de Yolande Amzallag, voir notre édition en ligne : lvsmagazine.com


Le prochain Darwin est-il un Rabbin? David Bohadana

Si on ne se tenait qu’au titre de son livre Every life is on fire 1 que l’on pourrait traduire par Toute la vie est en feu, on pourrait penser que Jeremy England est un adhérent du hassidisme, ce mouvement religieux juif du début du 18e siècle, se focalisant principalement sur la ferveur religieuse. Pourtant ce n’est pas le cas, England est un jeune physicien qui a acquis sa notoriété après avoir proposé une nouvelle théorie pour expliquer l’origine de la vie, ce qui lui d’ailleurs valut d’être surnommé par ses confrères et des journalistes « le prochain Darwin ». La genèse de ma découverte de ce fascinant personnage ne manquait pas d’ironie : lorsque je prenais des nouvelles de mon frère, matheux, féru de science et philosophie vivant en Israël, il mentionnait dans la conversation que « Richard Dawkins, ce biologiste, partisan très farouche de l’athéisme, a dû ravaler sa pilule et faire figurer sur son site officiel un Juif orthodoxe qui révolutionne la théorie de l’évolution. » J’étais convaincu, je devais en savoir plus. L’on sait que Jeremy a grandi sans affiliation religieuse particulière, son père n’étant pas Juif et sa mère descendante de rescapés de l’Holocauste, ne lui ont pas donné d’éducation religieuse particulière. Il a toujours été un petit garçon curieux et a découvert sa passion pour les sciences assez tôt. Mais lors d’un voyage en Israël, il fit la découverte des textes de la Torah, et conquis par l’étude, décida de vivre selon les préceptes du judaïsme. Il ira même plus loin et est ordonné Rabbin. Le judaïsme est aujourd’hui une partie intégrante de son identité.

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s’accorde avec sa religion. Son livre contient ainsi plusieurs explorations des miracles qui eurent lieu lors de la sortie d’Égypte, tout particulièrement ceux qui juxtaposent la transformation d’objets inanimés en objets vivants, thème central de sa théorie. L’originalité de sa théorie est d’aborder le sujet de l’évolution des espèces, cantonnée principalement dans le domaine de la biologie, avec des outils de la physique, plus particulièrement la thermodynamique. Il explique que cela lui permet de reprendre une définition de la vie d’une manière plus précise d’un point de vue scientifique et surtout mesurable. L’une des implications majeures de cette théorie est que la vie a une grande probabilité d’existence, non une petite probabilité comme le présument certaines théories, dont le « fine tuning » qui postule qu’il aurait fallu des conditions extrêmement précises pour arriver à l’apparition de la vie sur Terre. Ses recherches sont en phase de test et ne produisent pas encore de résultats, donc le sujet n’est évidemment pas clos. Il m’est impossible de ne pas voir un accord parfait entre cette nouvelle avancée scientifique et les fêtes de Hanoukka. Bien qu’en général cette fête soit décrite comme le conflit entre la religion et la science, Israël et la Grèce, il serait utile de rappeler que chaque branche de la Menorah3 qui était placée dans le Temple représente tous les savoirs profanes qui se tournent vers une lumière centrale, la Torah. Rappelonsnous aussi que Hanoukka n’est pas juste une opportunité de manger des friandises (bien que j’y m’attèle religieusement) et de faire la compétition à d’autres célébrations hivernales en s’échangeant des cadeaux. Il est question de célébrer le feu qui anime toute la vie à travers ce symbole de la Menorah, un chandelier qui symbolise également les signes avant-coureurs de la délivrance finale décrits dans l’œuvre Kol HaTor4, qui seront, entre autres l’alignement entre profane et sacré, Torah et science. Peut-être que ce jeune scientifique de Boston a mis une première pierre à cet édifice, seul le temps nous le dira, en attendant n’oublions pas que toute la vie est en feu!

L’originalité de sa théorie est d’aborder le sujet de l’évolution des espèces(...) avec des outils de la physique,

Jeremy England a été introduit au monde public quand l’auteur Dan Brown a créé un substitut fictif de sa personne dans son livre Origin2 dans lequel il donne une description de la nouvelle théorie de England « dissipation-driven adaptation », adaptation poussée par la dissipation d’énergie si l’on peut dire. England n’est pas d’accord avec cette représentation de sa théorie, tout d’abord du fait que la description est vague, ensuite parce que cette même théorie est mise au centre d’arguments théologiques que Jeremy ne partage pas. Poussé par cette divulgation, Jeremy England sortit de sa carapace (ou de son labo) et fit paraître un article critiquant cette esquisse erronée de ses thèses dans le livre de Brown et par la suite publia un livre de vulgarisation de sa théorie pour dissiper toutes confusions. Il décida également de souligner son opinion sur la façon dont la science

1. 2020, édition Basic Books. 2. 2017, édition Doubleday 3. L’allumage des bougies de Hanoukka célèbre les miracles arrivés dans le temple et tout particulièrement avec la Menorah candélabre à sept branches. Les exégèses nous enseignent que les six flammes extérieures étaient penchées vers la flamme du milieu. 4. Œuvre écrite par le Rabbin Rivlin de Shklov, étudiant du Gaon de Vilna et immigrant en Terre sainte. Le chapitre Sha’ar Be’er Sheva décrit les étapes de la venue du Messie à travers le développement de la science en Israël en parallèle avec l’excellence en Torah.

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Les bases de la loi juive dans le monde sépharade Mikhaël Benadmon l’Afrique du Nord du 20e siècle. Nous parlerons de tendances plus que de principes. Posons d’avance que cette description est sujette à débats internes, signe d’une vitalité positive. Notre essai de synthétiser les fondements de la halakha sépharade portera une aura de romantisation, mais il conviendra d’en extraire l’essentiel et d’entamer un débat sur la recontextualisation possible d’une culture déracinée de son berceau d’origine dans un monde radicalement différent et de sa pertinence aujourd’hui.

Mikhaël Benadmon

Halakha et méta-halakha

Être sépharade – pour certains, il s’agit d’une revendication ethnique et géographique qui désigne un lieu d’origine, en l’occurrence l’Afrique du Nord et avant cela l’Espagne. On évoque alors des traits de caractère individuels et collectifs (« chaleureux », « impulsif », « autoritaire », « tribal », « simple », etc.). Pour d’autres, avec lesquels je m’identifie bien plus, il s’agit d’une déclaration culturelle, identitaire, peut-être même existentielle. La sépharadité est alors perçue et présentée comme un mode d’être, comme une façon d’appréhender le monde, comme un état d’esprit. Il ne s’agit pas alors (essentiellement) de folklore, de traditions culinaires, mais d’un certain « être-au-monde », qui s’étant, certes, développé dans un lieu et un temps bien spécifiques n’en est pas pour autant tributaire. La sépharadité ne se limite pas ainsi à un groupe ethnique, elle peut être adoptée et partagée par d’autres; cette réduction à l’ethnie est le fruit de plusieurs facteurs historiques et sociologiques qui ont été analysés depuis fort longtemps par Shmuel Trigano et qui méritent une étude à part. La sépharadité comme état d’esprit est alors bien plus qu’un simple fait culturel ou qu’une ligne d’anthropologie dans l’histoire des juifs. Elle est un projet en devenir, jamais figé sur lui-même; elle est un mode opératoire qu’il est possible de transmettre aux générations futures au moyen d’une éducation et d’un enseignement appropriés, dans le souci d’une adaptation aux conditions environnantes fondamentalement différentes du berceau nord-africain originel. Il convient urgemment de mettre en place ces programmes d’éducation à la sépharadité sans quoi les prochaines générations se suffiront de strates culturelles extérieures contenant uniquement certaines mélodies et senteurs culinaires qui appartiennent au monde d’avant, mais qui n’ont pas grand-chose à dire au juif contemporain. Les lignes qui suivent ont pour objectif de dessiner les contours de cet « être-au-monde » tel qu’il s’est incarné dans la loi juive (halakha), sa pensée et sa production littéraire et juridique dans

JUDAÏSME

La loi juive n’est pas uniquement une juridiction, mais véritablement une culture. Le tronc commun se situe dans les textes bibliques et talmudiques, ainsi que dans l’acceptation de textes halakhiques médiévaux incontournables. Ce tronc commun amène à la mise en place d’une juridiction qui s’impose à tous. Le shabbat, la cacherout, les lois des fêtes et des prières, pour ne stipuler que certains domaines de la vie juive, font partie de ces nombreux sujets de la vie juive réglementée par la halakha. Mais la mise en place de ces domaines dans le monde des humains passe par la médiation des décisionnaires qui, questionnés sur des sujets anciens ou inattendus, vont devoir se prononcer en introduisant une certaine dimension individuelle, locale, culturelle. Ainsi, nous observons des tendances halakhiques bien différentes en des lieux, époques et écrivains différents. Ces diversités sont justement le fruit de tendances émanant d’un certain mode d’être. Elles représentent les conceptions avec lesquelles notre décisionnaire appréhende un problème, le définit, et enfin l’analyse, tant dans les mécanismes juridiques qu’il met en œuvre que dans les valeurs qu’il défend. Toute question halakhique est ainsi précédée d’un apriori conceptuel qui constitue la réflexion méta-halakhique. C’est cet apriori conceptuel que nous nommons tendances halakhiques. La halakha sépharade s’organise, à mon sens, autour de trois tendances fondamentales. La centralité de la communauté La halakha sépharade est axée autour du fait communautaire. La cellule du fait juif n’est pas l’individu, mais le groupe. Afin de définir l’impact et la validité d’une norme halakhique, la situation spirituelle de la communauté est prise en considération : cette norme sera-t-elle intégrée et pratiquée par la forte majorité ou au contraire va-t-elle éveiller des antagonismes? Va-t-elle consolider le groupe ou le dissoudre et engendrer des dislocations internes? Cet intérêt pour la communauté nécessite une proximité humaine de la part du décisionnaire, une sorte de boussole socioreligieuse, une connaissance intime de ses fidèles, lui permettant d’évaluer la mesure de son propos. Dans cette perspective, l’imposition d’une norme doit nécessairement impliquer une évaluation préalable des conséquences et effets éventuels. Déclarer un jeûne obligatoire alors que la majorité de la communauté ne le respecte pas ne revient-il pas à éloigner ce public, à rendre cette norme insensée, à transformer le rabbin en juge et accusateur alors qu’il est fondamentalement un accompagnateur, un éducateur? Interdire la réunion familiale de peur qu’un des membres non respectueux du shabbat ne touche la bouteille de vin et l’interdise à la consommation n’entraînerait-il pas plutôt une fracture du lien social et un éloignement de ceux qui ont fait le choix d’une pratique plus superficielle? Refuser un certificat de cacherout à un restaurant respectueux des bases élémentaires de la cuisine juive n’augmenterait-il pas la consommation de nourritures non cachères? Exclure un fidèle du quorum (mynian) sous prétexte qu’il ne respecte pas le Shabbat ne risque-t-il pas de le détourner de la synagogue qu’il souhaite pourtant fréquenter? Dans ces quatre cas, les textes halakhiques présentent des débats et le choix du rabbin sépharade tendra vers la permission, vers l’adoption d’un avis plus indulgent (koula). Car derrière la conservation de la communauté se cache le souci d’une autre valeur juive fondamentale, l’union, la solidarité, la paix. La cellule familiale est ainsi fondamentale et doit être jalousement conservée. C’est pourquoi il est inenvisageable de jeter l’anathème sur un membre de la famille, car le lien familial est précisément plus fort que tout. Deux autres valeurs


sont ainsi présentes : le respect et la tolérance. Il est possible de penser et d’agir différemment, mais il est impossible de délier les liens sacrés de la famille. Adopter à l’échelle d’une communauté des avis intransigeants et rigoureux serait alors contreproductif. L’analyse des phénomènes d’assimilation d’une part et l’émergence de la réforme d’autre part en terres ashkénazes a entraîné la dislocation des familles par l’accusation d’hérésie, et enfin la création de communautés séparées. Même si les phénomènes de réforme ne sont pas arrivés en Afrique du Nord, il est difficile d’imaginer de telles réactions. La judaïté est perçue comme un consensus social, et à ce titre elle se situe au-delà des idéologies. Cet effort afin de maintenir un judaïsme non idéologisé se ressent fortement dans le rapport des Sépharades aux mouvances du Judaïsme contemporain. Il existe une réelle difficulté à s’identifier avec les mouvances sionistes-religieuses (tant sociologiquement que politiquement), avec les publics ultraorthodoxes (haredi, même avec les tendances sépharades du parti Shass) et avec les mouvances progressistes. Le judaïsme reste profondément attaché à la tradition et au sionisme, mais sans avoir pour autant besoin d’idéologies bien ficelées à leur égard. Ce judaïsme communautaire ne peut alors faire l’impasse sur la question de la justice sociale, de la régulation des prix des produits de base, de la considération des salaires des fonctionnaires du culte jusqu’à la mise en place d’un fond d’entraide pour les familles nécessiteuses. Le rabbin est alors un activiste social. La dimension collective de la prière récitée et chantée à haute voix – contrairement au rite ashkénaze pour une partie du rituel – ainsi que par exemple la culture du piyout (poème liturgique), l’importance des repas partagés et du culinaire ne sont pas des faits premiers de la sépharadité; ils découlent d’une conception de fond sur la primordialité de la communauté. La Torah n’a pas été donnée aux anges La halakha s’intéresse à tous les détails de l’existence; c’est là une de ses facettes essentielles. Mais perçue uniquement sous cet angle, elle risque de se transformer en repère idéal pour psychorigides. La science et la technique ont apporté au monde une meilleure compréhension des phénomènes, des mesures, et en cela augmente nos connaissances dans le sens de la précision. L’application de ces contributions dans le monde de la halakha est présente dans certains domaines, mais là encore, il convient de préciser cette deuxième tendance de la halakha sépharade : la Torah n’a pas été donnée aux anges, mais bien aux hommes, avec leur grandeur et leur limite, leur cœur et leur perception. Ainsi, la mathématisation de la halakha visant à définir au gramme près les quantités de matsa (pain azyme) à consommer à Pessah, la vérification au microscope des insectes pouvant se situer dans les interstices des feuilles de brocoli, le calcul minutieux des temps d’attente entre le lait et la viande à l’aide d’un cadran numérique – tout cela relève de ce même principe qui érige sur un piédestal

le bon sens. Si l’application de la halakha éveille la risée, la raillerie, l’étonnement naturel, non pas par simple effet néfaste de moquerie, mais véritablement par surprise et consternation confondue, c’est qu’il y a une mésentente sur l’action halakhique. Entendons-nous : le détail doit être respecté, mais il s’agit là non pas de l’objet de la halakha (la matsa, le brocoli, etc.), mais bien du sujet, c’est-àdire de l’individu. Le risque de virer dans le culte excessif du détail et d’en faire l’apparence du tout transforme le système halakhique du domaine du sens au domaine du bizarre. Ce bizarre émerge lorsqu’il n’y a plus de continuité entre l’action religieuse et la vie, lorsque l’individu semble pénétrer dans un monde hermétique à tout un chacun, lorsque son humanité disparait derrière la technique. Ce danger de deshumanisation de la personne avait été appréhendé aux débuts de l’ère technique avec la révolution industrielle, et voici qu’elle trouve également une expression religieuse dans le monde halakhique. « La Torah n’a pas été donnée aux anges » implique le fait que la halakha soit pratiquée par un homme (ou une femme) conscient de sa dimension humaine, des potentiels de hauteur comme des faiblesses, et s’ils peuvent tomber, chuter, c’est du fait de cette humanité. Le principe de tolérance à fondement religieux réapparait dans ce contexte. Une autre application de cette tendance réside dans le rapport positif envers le monde. Il n’y a pas lieu de développer à son égard des suspicions démoniaques, de même qu’il y a un aspect positif à mieux le connaitre par l’étude des sciences profanes. Cette relation d’interdépendance et d’enrichissement mutuel des domaines du sacré et du profane constitue l’un des apports essentiels du passé espagnol et de son âge d’or. Nous ne sommes pas meilleurs que nos anciens La troisième tendance de la halakha sépharade tient dans l’argument que « nous ne sommes pas meilleurs que nos anciens ». La famille comme structure de base assurant la transmission de la tradition est le lieu premier d’étude de la halakha. Si un doute surgit concernant une norme halakhique, l’instinct sera de questionner nos anciens, de vérifier ce qu’il en ressortait « à la maison ». Nos anciens, nos rabbins n’étaient pas mal renseignés ni ignorants. Au contraire, ils étaient détenteurs de traditions ancestrales qui ne nécessitaient pas de trace scripturaire pour persister et être reconnues comme légitimes. La Torah est essentiellement dans l’oralité, donc dans la transmission. Consulter des livres est certes une étape essentielle du processus d’étude, mais le livre n’est que la trace de l’enseignement oral, vivant, dynamique qui est véhiculé par les anciens. Rester dans la trace des anciens garantit une continuité, un barrage contre l’extrémisme, contre les argumentaires dialectiques inutiles. Cette tendance halakhique préserve le respect envers les traditions et usages qui tendent à disparaître faute de témoins et de réédition des anciens ouvrages. Il n’implique pas une obéissance aveugle, mais instaure un dialogue qui disparaît entre le mode religieux des anciens et les nouvelles générations. Ces trois tendances recoupent partiellement une autre typologie de la halakha sépharade proposée par le Rav Yossef Messas (18921974) 1. Selon lui, les trois piliers de toute décision halakhique sont le bon sens du décisionnaire, la prise en considération du contexte social et de la communauté et la source de la loi. Ces trois tendances apparaissent dans un contexte halakhique et sont bien entendu ouvertes au débat dans un monde en changement. De même, elles ne recouvrent pas le fait juif dans son intégralité. Ainsi, la question du type de spiritualité mise en place par le monde sépharade reste à méditer, surtout dans un horizon où les tendances hassidiques (Breslev, Habad, New Age, etc.) semblent répondre à un besoin individuel et s’instaurer en complément, voire en substitution à la spiritualité sépharade.

1. Voir Gabriel Abensour, « Rav Yossef Messas – un rabbin nord-africain à l’heure du changement », LVS, Dec 2019 ou sur https://lvsmagazine.com/category/decembre-2019/culture-sepharade-decembre-2019/ (note de la rédaction)

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Kabbale et socialisme dans l’œuvre du rabbin Yehouda Ashlag (1885-1954) Marc Zilbert Bien que son œuvre ait connu un regain d’intérêt au fil de la dernière décennie en Israël, le rabbin et kabbaliste d’origine polonaise Yehouda Ashlag demeure une figure méconnue dans les milieux d’études juives francophones, surtout en ce qui concerne les aspects politiques de sa pensée. En plus d’avoir été l’un des plus grands kabbalistes du XXe siècle, ainsi qu’un des premiers kabbalistes de renom à prôner la diffusion aux masses de l’enseignement de la tradition mystique et ésotérique juive, le rav Ashlag, rabbin et maître, s’est aussi distingué en tant que pamphlétaire politique et théoricien utopiste d’inspiration socialiste1. Dans ce qui suit, nous éclairerons l’interdépendance conceptuelle entre le projet kabbalistique du rav Ashlag et son idéal sociopolitique. R. Ashlag le kabbaliste Si le rav Ashlag s’est fait connaître, un tant soit peu, de son vivant, dans les milieux traditionnels d’étude de la Torah, c’est en tant que commentateur, traducteur et enseignant dévoué à l’explicitation de la littérature et de la pensée mystique et ésotérique juive (kabbale). Né à Varsovie en 1885 et issu d’une grande lignée de maîtres hassidiques, le rav Ashlag s’est mis à l’étude des grands textes de la tradition kabbalistique (le Zohar, l’Ets Hayyim, etc.) dès l’âge de 13 ans. En 1921, il émigra avec son épouse et ses enfants en terre d’Israël où il passa la plus grande partie du reste de sa vie. Une fois installé en terre d’Israël, il s’entoura d’un cercle de disciples et se mit à enseigner la kabbale et à publier des œuvres kabbalistiques qui lui valurent une réputation de grand érudit. Il publia, notamment, au fil des années 1940 et jusqu’à son décès à Jérusalem en 1954, une traduction, en hébreu moderne, du Zohar, écrit initialement en araméen, ce grand classique de la littérature kabbalistique auquel il dévoua consacra aussi une introduction volumineuse, ainsi qu’un Rabbin Yehouda Ashlag commentaire important intitulé Ha-Soulam (L’Échelle) qui lui valut le titre de Baal Ha-Soulam (auteur de L’Échelle). Toutefois, le rav Ashlag ne s’est pas limité à la seule publication de travaux spécialisés et ésotériques. À la différence des maîtres traditionnels qui concevaient la kabbale comme étant une doctrine secrète destinée à l’usage exclusif d’une élite spirituelle qui devait s’adonner à son étude discrètement, le rav Ashlag y voyait un enseignement essentiel à la vie spirituelle et morale du commun des mortels qu’il fallait, en toute urgence, vulgariser et diffuser au grand public. En effet, il publia de multiples lettres et articles prônant l’enseignement aux masses d’une approche de l’étude et de l’observance juives éclairées par la tradition kabbalistique. En bon kabbaliste, le rav Ashlag conçoit la finalité de l’existence humaine comme étant la quête de la dvekout (proximité mystique avec le Créateur). Toutefois, cette quête n’aurait rien, selon lui, d’une démarche individuelle. Au contraire, celleci n’exige rien de moins que la mise en branle d’un processus de purification spirituelle collective de

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l’humanité, l’idée étant de nous faire passer d’un comportement égoïste ancré dans la « volonté de recevoir » à un agir altruiste ancré dans la « volonté de donner ». En quoi ce processus permettrait-il aux êtres humains de se rapprocher de leur Créateur? Par définition, le Créateur du monde, en tant qu’être infini et parfait, ne manque de rien. Il s’ensuit qu’Il a créé le monde de façon purement altruiste, pour le seul plaisir de ses créatures. Afin que Ses créatures puissent jouir de Sa Création, Il les a créées en tant qu’êtres incomplets animés d’une volonté égoïste de prendre plaisir à ce qu’ils reçoivent de Lui. Or, ce mobile Lui est entièrement étranger. En raison de cette différence essentielle entre la créature (égoïste) et son Créateur (altruiste), l’humanité se trouve séparée, spirituellement, de sa Source, ne pouvant s’en rapprocher que dans la mesure où elle parvient, par mimétisme, à développer une « affinité formelle » avec Lui. Ainsi les êtres humains doiventils apprendre à prendre plaisir, à l’instar du Créateur, au fait d’agir par amour pour autrui. Afin de rendre possible cet apprentissage, le Créateur aurait fait don au peuple d’Israël d’un enseignement (la Torah) visant la mise en pratique concrète d’un mode de vie animé du commandement divin « d’aimer son prochain comme soi-même »2. Il s’agirait d’un mode d’existence où le moindre de nos gestes (travail, loisirs, études, rites, etc.) serait entrepris au bénéfice d’autrui (qui prendrait plaisir à recevoir par amour pour le donateur), leur conférant, de ce fait, une signification religieuse inhérente. Bien sûr, en tant que créature incomplète, l’être humain a besoin de manger, se vêtir, s’abriter, etc. pour survivre. Celui-ci ne peut donc pas se permettre d’agir de manière purement altruiste, à moins qu’il n’ait l’assurance que son prochain en fait de même, d’où l’idée selon laquelle la vie spirituelle est un projet collectif. Or, même si le peuple d’Israël parvenait à mettre en pratique l’idéal altruiste de la Torah, ce ne serait que le début de la « réparation du monde » (tiqqun olam), car l’altruisme d’une nation se doit, pour être cohérent, de s’étendre à l’ensemble de l’humanité. Ainsi, le peuple d’Israël aurait-il pour mission d’éduquer les Nations qui, s’inspirant de son exemple, se conformeraient elles aussi à l’idéal altruiste de la Torah, donnant lieu, de ce fait, à l’avènement de l’ère messianique. Il va sans dire que la mise en pratique éventuelle de cet idéal n’est pas sans conséquence sur le plan sociopolitique. L’idéal sociopolitique du rav Ashlag Contrairement à la majorité des rabbins de son époque, le rav Ashlag s’est prononcé, dans de nombreux écrits, en faveur d’une organisation de la société sur un modèle marxiste (ou socialiste) de tendance libertaire (ou antiautoritaire). Inspiré par l’idéal antiégoïste de la Torah, le rav Ashlag s’oppose à toute privatisation de l’exercice du pouvoir, qu’il soit économique, politique ou autre.


Ainsi se prononce-t-il contre la propriété privée des moyens de production économique (ressources naturelles, équipements, infrastructures, entreprises, etc.), la privatisation des profits obtenus par une classe d’exploitants sur le dos d’une classe de travailleurs exploités, ainsi que la concentration du pouvoir politique dans les mains d’une classe de dirigeants. Il préconise plutôt la propriété collective des moyens de production, la distribution des richesses sur la base du principe rendu célèbre par Karl Marx (1818-1883) dans la Critique du programme de Gotha (1875), à savoir : « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins », qu’il reprend explicitement à son compte, ainsi que la gestion collective démocratique et antihiérarchique de l’ensemble des sphères de la société (politique, économie, culture, etc.). Selon le rav Ashlag, bien que la société socialiste libertaire soit le seul modèle sociétal compatible avec l’idéal anti-égoïste de la Torah, aucune société de ce type n’est réalisable tant et aussi longtemps que ses membres seront motivés, comme partout ailleurs, par l’amour de soi. Pour illustrer son propos, le rav Ashlag se réfère au contre-exemple de l’Union soviétique. Malgré la collectivisation de la propriété privée, la distribution équitable des richesses et le transfert d’une grande part de l’autorité politique aux conseils d’ouvriers (les soviets) suivant la révolution du mois d’octobre 1917, l’Union soviétique s’est rapidement transformée en société répressive, autoritaire, hiérarchisée et sujette à de fréquentes pénuries. R. Ashlag explique ce phénomène comme suit : en fonction du principe de distribution socialiste des richesses, le revenu d’un citoyen demeurera stable, peu importe la quantité ou la qualité de ses efforts. Ainsi, pour un travailleur motivé égoïstement, la tentation de resquiller sera énorme. Pour résoudre ce problème, il faudra nécessairement désigner des surveillants pour exercer, à l’endroit des travailleurs, une fonction de contrôle et de contrainte. Mais puisqu’il n’y a, ultimement, personne pour surveiller les surveillants, alors s’ensuivront un phénomène de laisser-faire et de sousproduction endémique et, de ce fait, une dysfonction sociétale généralisée menant à la nécessité d’un exercice répressif et autoritaire du pouvoir politique par des idéologues convaincus et sans scrupules. Une population motivée, dans son travail et sa participation à la prise de décision collective, par un principe d’altruisme, ne serait pas tentée par le resquillage, ce qui permettrait d’éviter la séquence désastreuse décrite précédemment. En dépit de l’échec du modèle soviétique, le rav Ashlag croit qu’il faut mettre en place un système communiste libertaire sur le plan national et (par souci de cohérence) international. Ainsi, plutôt que de se contenter d’un « socialisme égoïste » comme l’ont fait les Soviétiques, il prône l’adoption d’un « socialisme altruiste ». Comment propose-t-il d’y parvenir? C’est en réponse à cette question que se manifeste la fonction sociopolitique du projet éducationnel ashlagien.

ordre des choses situé sur un plan évolutif supérieur qui donnerait lieu, à son tour, à de nouveaux antagonismes et ainsi de suite, jusqu’à la résolution ultime de tout antagonisme possible. S’inspirant de la perspective marxiste, le rav Ashlag croit que les sociétés humaines tendent, naturellement ou providentiellement, à évoluer dialectiquement vers un degré toujours plus élevé de solidarité et, de ce fait, vers une intimité grandissante avec le Créateur. Il s’agit toutefois d’un processus d’une brutalité extrême (guerres, persécutions, exploitation, révolutions sanglantes, etc.). Il est un processus alternatif, ou du moins complémentaire, qui consiste à emprunter la « voie de la sagesse », à savoir l’étude et l’observance pacifique et volontaire de la Torah. Dans un premier temps, le rav Ashlag et ses disciples diffuseraient cet enseignement à l’ensemble du peuple d’Israël qui, en l’incarnant, le partagerait avec l’ensemble de l’humanité. Il ne s’agirait pas toutefois de convertir les Nations au judaïsme, ni de les priver de leurs croyances spirituelles propres, mais de les encourager à interpréter celles-ci à la lumière de ce commandement suprême qu’est l’amour du prochain. Ainsi, l’ère messianique, telle que conçue par le rav Ashlag, correspondrait, sur le plan de l’organisation sociopolitique des collectivités humaines, à l’époque de la résolution ultime des antagonismes (socialisme libertaire) et sur le plan spirituel, à un Monde enfin réparé, devenu le lieu d’une existence humaine vécue dans la proximité (dvekout) la plus intime qui soit possible entre créature et Créateur (altruisme universel). L’échec du projet ashlagien Nous savons aujourd’hui que le projet sociopolitique et religieux du rav Ashlag n’a jamais porté fruit. Il y a, en Galilée, une communauté (Or Ha-Ganouz) fondée par un groupe de ses successeurs qui cherchait à réaliser les idéaux du rav Ashlag, mais à petite échelle seulement, sans les ambitions planétaires du maître. Il existe aussi, à l’heure actuelle, des organismes (notamment Kabbalah Centre et Bnei Baruch / Kabbalah Laam) ayant pour vocation de diffuser, à l’échelle internationale, une version fortement vulgarisée et accessible, voire déjudaïsée, de la doctrine du rav Ashlag, dans une optique de développement spirituel individuel, sans égard notamment aux enseignements sociopolitiques du maître. Aussi la « réparation du monde » sur la base de l’idéal altruiste de la Torah, telle qu’interprétée par le rav Ashlag, devra continuer de se faire attendre.

La voie kabbalistique vers un socialisme altruiste ou de la pédagogie à la politique. Vers un ordre planétaire messianique. Selon le rav Ashlag, il y a deux voies que peut emprunter la mise en place d’un ordre socialiste libertaire altruiste sur le plan international, soit (1) la « voie de la souffrance » et (2) la « voie de la sagesse ». La « voie de la souffrance » désigne le processus de développement évolutif que suivent, selon Marx et (surtout) son collaborateur Friedrich Engels (1820-1895), les sociétés humaines, ainsi que la nature en son ensemble (organismes biologiques, systèmes solaires, etc.). Conçu comme processus dialectique, l‘évolution serait mue par l’entrechoquement violent de forces antagonistes. En principe, ces entrechoquements se perpétueraient jusqu’à ce qu’il y ait résolution de l’antagonisme (adaptation) menant à un nouvel

1. Suivant en cela une certaine tradition interprétative des écrits de Marx et Engels, le Rav Ashlag employait les termes « socialisme » et « communisme » de façon interchangeable. Pour assurer la clarté du présent texte, nous avons choisi d'utiliser les termes « socialisme » ou « socialiste » uniquement. 2. Lévitique 19 ;18

Pour en savoir plus : Ashlag, Yehouda. Le don de la Tora - Matan Tora, traduit par Michel Benhayim. France : Publication indépendante, 2020.

LVS décembre 2021


Hommage à un grand leader communautaire, Elias Malka Elias Levy « Ce n’est pas par hasard qu’on a surnommé Elias Malka le « père » de la Communauté sépharade du Québec » Bob Oré Abitbol Elias Malka a été l’une des figures de proue de la communauté sépharade du Québec. Membre bâtisseur des principales institutions communautaires sépharades, qu’il a présidées successivement avec panache et dévouement, son legs communautaire est immense. Il est décédé à Montréal le 14 août dernier à l’âge de 95 ans. Le bénévolat communautaire a toujours été pour lui une cause fondamentale dans laquelle il s’est investi avec abnégation. Elias Malka a été l’un des principaux membres fondateurs de l’Association sépharade francophone (ASF), qu’il a présidée de 1968 à 1972, de l’École Maïmonide, qu’il a présidée de 1972 à 1976, et de la Fédération sépharade du Canada (FSC), qu’il a présidée de 1971 à 1975. Au début des années 70, il a été président de la section sépharade de l’Appel juif unifié (AJU) de l’Allied Jewish Community services (AJCS), ancienne appellation de la Fédération CJA. Dans le milieu des années 60, Elias Malka a été l’un des pionniers du rapprochement judéo-chrétien au Québec. Il a coprésidé le Cercle du roi David, une association qui œuvrait pour un dialogue constructif et une meilleure compréhension mutuelle entre Juifs et chrétiens. Des personnalités renommées appartenant aux deux religions participaient régulièrement aux rencontres organisées par cette association. « Ce n’est pas par hasard qu’on a surnommé Elias Malka le « père » de la Communauté sépharade du Québec. Sa contribution au développement de celle-ci a été gigantesque. Il a été un leader visionnaire et audacieux qui a travaillé sans relâche pour redonner ses lettres de noblesse au sépharadisme au Canada. C’était une époque où le projet d’édifier une nouvelle communauté relevait plus de l’utopie que de la réalité. C’était un pari fou. Pourtant, une poignée de pionniers admirables, dont Elias fut le chef de file, parvinrent à bâtir, en dépit des multiples écueils auxquels ils se sont heurtés, une communauté dynamique et des plus remarquables dont tous les Sépharades du Québec devraient s’enorgueillir aujourd’hui », rappelle son neveu, l’écrivain et homme d’affaires Bob Oré Abitbol, qui fut pendant de nombreuses années son plus proche conseiller. À la fin des années 60, Elias Malka joua un rôle crucial dans la création de l’École Maïmonide, la première institution d’enseignement sépharade francophone au Québec, au Canada et en Amérique du Nord. Un énorme défi qu’il releva avec les deux autres grands bâtisseurs de cette école, le Dr Jean-Claude Lasry et Judah Castiel. Un pari des plus audacieux qui n’était pas gagné d’avance. Les dirigeants de l’ASF, qu’il présidait alors, souhaitaient ardemment créer une école francophone qui tout en prodiguant une éducation profane de haute qualité conférerait une place importante à l’éducation juive et transmettrait à ses élèves le riche héritage culturel et liturgique sépharade. À cette époque, les choix pour l’éducation des enfants sépharades étaient des plus limités : l’école privée juive anglophone ou l’école publique protestante anglophone, qui accueillait aussi des enfants juifs. L’école publique francophone catholique n’était pas une option pour les enfants sépharades, car à cette époque les élèves non juifs étaient contraints de suivre les cours de catéchisme. Par ailleurs, l’establishment juif ashkénaze montréalais percevait d’un mauvais œil le projet visant à créer une école sépharade francophone craignant que celle-ci ne fasse concurrence aux écoles juives anglophones existantes.

«

« Toute sa vie, Elias Malka a été un rude batailleur. Les obstacles les plus ardus ne l’ont jamais découragé. En 1968, alors que les embûches entravant la création d’une école sépharade à Montréal se multipliaient, il a pris l’initiative de se rendre à Toronto, en compagnie des quelques autres dirigeants de l’ASF, pour solliciter le soutien moral des membres du Congrès juif canadien (CJC), réunis en assemblée générale, pour créer une école juive francophone. La résolution fut adoptée à l’unanimité », relate l’un de ses proches compagnons dans cette aventure communautaire, le Dr Jean-Claude Lasry, ancien président de l’ASF, de l’École Maïmonide et du Centre communautaire juif (CCJ). Elias Malka a assumé avec passion sa triple appartenance à ses trois pays, de naissance, le Maroc, d’adoption, le Canada, et de cœur, Israël. Il a été un fervent ambassadeur du Maroc au Québec et au Canada. Il a œuvré d’arrache-pied pour renforcer les relations entre le Royaume du Maroc et le Canada dans divers domaines : politique, économique, culturel, touristique. En 1983, feu le roi Hassan II lui décerna la plus haute distinction honorifique octroyée par le Maroc, l’Ordre du Ouissam alaouite, le pendant de la Légion d’honneur en France et de la Médaille du mérite civil au Canada, en reconnaissance de son profond attachement à son pays natal et de ses actions en faveur du rapprochement entre le Maroc et le Canada. En 1985, il a été vice-président du Rassemblement mondial du judaïsme marocain. Le premier congrès de cette organisation, qui s’est tenu à Montréal, a réuni les leaders des communautés juives marocaines du Maroc, d’Israël et de la diaspora. Objectif de ce forum : jeter les bases d’un mouvement visant à défendre les causes politiques du Maroc sur la scène internationale et à jouer un rôle d’intermédiaire entre Israéliens et Palestiniens. En 1993, pour souligner avec éclat le 65e anniversaire de feu le roi Hassan II, Elias Malka organisa un voyage mémorable de retour aux sources au Maroc au cours duquel la Troupe de théâtre, fondée et dirigée par feu Solly Levy, et la Chorale Kinor du CCJ se sont produites dans plusieurs villes du Maroc. Une tournée qui a connu un grand succès.

Elias Malka a assumé avec passion sa triple appartenance à ses trois pays, de naissance, le Maroc, d’adoption, le Canada, et de cœur, Israël.

VIE COMMUNAUTAIRE

Au Québec, Elias Malka a joué un rôle majeur au chapitre du rapprochement entre la communauté sépharade et la


société québécoise francophone. Il a noué des liens d’amitié privilégiés avec un bon nombre d’hommes politiques québécois, dont feu Bernard Landry, bien avant que celui-ci n’assume de hautes fonctions au sein du gouvernement du Québec, dont la charge de premier ministre. Il organisait régulièrement, dans son bureau et à son domicile, des événements communautaires auxquels il conviait des personnalités politiques et publiques québécoises, canadiennes, israéliennes et de la diaspora. Israël faisait vibrer intensément ce sioniste de la première heure. Au début des années 70, durant son mandat de président de la FSC, il s’engagea pleinement dans le combat homérique mené par les « Panthères noires » pour améliorer les conditions de vie piteuses des populations sépharades déshéritées d’Israël. En 1972, il dirigea une délégation de leaders sépharades du Canada qui prit part au premier Congrès des Juifs d’Afrique du Nord à se tenir en Israël. À cette occasion, les délégués canadiens rendirent visite au premier ministre d’Israël, David Ben Gourion, dans son kibboutz, à Sdé Boker. En 1972, Elias Malka reçut l’une des plus hautes distinctions octroyées par l’État hébreu : la Médaille du premier ministre d’Israël. La France l’a aussi honoré plusieurs fois en guise de reconnaissance pour sa défense de la langue et de la culture françaises au Québec et au Canada et sa contribution au rayonnement de la francophonie à l’échelle internationale. Il a été le récipiendaire de l’Ordre du mérite national de la République française et de la Médaille du 350e anniversaire de l’Académie française, qui lui a été remise personnellement par le secrétaire perpétuel de cette prestigieuse institution culturelle, l’écrivain renommé feu Maurice Druon. En 2009, la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ) l’a honoré en lui décernant sa plus prestigieuse distinction : l’Ordre du mérite sépharade. Son ami Sylvain Abitbol, ancien président de la CSUQ et de la Fédération CJA, lui a rendu un vibrant hommage dans l’éloge funèbre qu’il a prononcé le jour de ses obsèques.

Newton, à qui on a demandé comment il pouvait voir aussi loin dans la science, me vint immédiatement à l’esprit : « Je me tiens sur les épaules de géants », répondit Newton. Je me souviens que chez mes parents, alors que j’étais étudiant, des discussions se terminaient toujours par : « Il faut demander à Elias, qu’en pense Elias? » Il était le point focal de nos discussions communautaires. Lorsque j’ai rencontré Elias pour la première fois, j’ai été tout de suite séduit par cet homme au regard espiègle, à l’intelligence bouillonnante, au sourire convaincant et par sa capacité d’analyser un problème en une fraction de seconde et de répondre à une question avant même que celle-ci ne soit posée. Elias a joué un rôle prépondérant au chapitre du rapprochement entre la communauté juive anglophone et les nouveaux arrivants sépharades francophones de par son implication communautaire et ses succès phénoménaux dans le domaine de l’immobilier. Il était l’un de ces géants sur les épaules de qui nous nous tenions. Pour moi, Elias était une corrida à lui tout seul, le taureau qui fonce, le toréador qui se bat et la foule qui l’acclame dans l’arène qui a été sa vie. Adieu mon ami, ton sourire me manque déjà. » Elias Malka a laissé une trace indélébile dans le paysage communautaire juif montréalais. Pour son neveu Marc Kakon, ancien président de la CSUQ et des Campagnes générale et sépharade de l’Appel juif unifié (AJU) de la Fédération CJA, Elias Malka a été un « self-made man » qui, pendant six décennies, a mis son intelligence, son temps, sa générosité philanthropique, son dévouement exemplaire et ses nombreux contacts au service d’une cause qui, à ses yeux, était sacrée : l’avancement et le bien-être de la communauté sépharade. « Elias a été toute sa vie un bâtisseur inégalable de ponts interculturels. Il m’a transmis sa passion pour l’engagement communautaire. Il séduisait ses interlocuteurs avec son brio, son talent, sa grande classe et son sens légendaire de l’hospitalité. Notre communauté a été très privilégiée de compter dans ses rangs un leader de sa trempe. »

« Lorsque mon ami Marc Kakon m’a demandé de prendre la parole en hommage à son oncle Elias, une réflexion de Sir Isaac

CLINIQUE D’IMPÔT LE SERVICE D’AIDE EN IMPÔT : PROGRAMME DES BÉNÉVOLES a pour objectif d’offrir gratuitement de l’aide aux personnes qui ne peuvent pas remplir leurs déclarations de revenus et qui n’ont pas les moyens de confier cette tâche à des professionnels.

M. Jacques Zrihen offre gracieusement ses services aux familles qui répondent aux critères du programme.

DU 28 FEVRIER AU 31 MARS 2022* Pour plus d’informations

Cynthia Sazbon | csazbon@csuq.org | (514) 733-4998 poste 3135

*ces dates sont susceptibles d’être modifiées

N’oubliez pas vos formulaires et relevés


Hommage au Rabbin Howard Joseph Z’’L Edmond Elbaz La Congrégation Spanish and Portuguese, première synagogue au Canada est profondément attristée par la disparition de son regretté Rabbin et guide spirituel, Howard Joseph Z’’L. Le Rabbin Joseph présida aux destinées de la Congrégation durant quarante années. Années qui virent à la fois le passage de générations et celui du changement démographique de ses fidèles dont la majorité était à l’époque constituée d’Ashkénazes. Le rituel fut sépharade, transmis par les pères fondateurs de « Shearith Israel », Les rescapés d’Israel, réfugiés à Amsterdam et Londres, après l’expulsion d’Espagne. Les vagues d’immigrants fuyant les persécutions dans le monde arabe depuis les années 50 et 60 ont trouvé un refuge spirituel et accueillant à la Spanish, ce qui modifia notablement le profil de la Congrégation. Accueillies chaleureusement par le Rabbin Joseph, ces communautés iraquiennes, libanaises, marocaines et autres se sentirent immédiatement à l’aise, chacune célébrant ses traditions fraternellement sous le même toit. Le Rabbin Joseph accueillit de même il y a une quinzaine d’années la Congrégation ashkénaze « Hevra Shas » à laquelle s’est jointe plus tard la communauté éthiopienne. Cette diversité religieuse a enrichi notre Congrégation, rajeunie par la diversité des rites qui composent notre peuple. Le Rabbin Howard Joseph est entré en fonction à la Spanish en 1970,

pour remplacer le légendaire et admirable Rabbin Dr Frank Z’’L. Disciple du Rabbin Joseph Solovetchick, à la Yeshiva University de New York, dont la devise était « Torah Ou Mada ». Les études et l’acquisition d’une profession sont inséparables et vont de pair. Le Rabbin Joseph a maintenu ce fil conducteur dans ses sermons s’inspirant à la fois de nos sages sépharades et ashkénazes. À l’instar de notre sage Hillel l’Ancien, Rabbin Joseph fut un grand érudit, humble, chaleureux et aimable, impliqué dans de nombreuses œuvres communautaires. Je ne l’ai jamais vu perdre patience dans des moments difficiles dans une Congrégation tissée d’une tapisserie multicolore aux intérêts variés. Malgré son état de santé précaire et son incapacité de se déplacer ces dernières années, il venait tous les shabbats et jours de fêtes sur sa chaise roulante, accompagné de son épouse Dre Norma Joseph. Tous ceux qui l’ont connu gardent un souvenir ému de sa personnalité et de sa bienveillance. Je me souviens personnellement il y a quelques années de la soirée d’études de la veille de la fête de Shavouot à laquelle le Rabbin Joseph a assisté. Malgré sa difficulté d’élocution, il livra un d’var Torah, un enseignement de Torah, avec l’aide de son épouse Norma, toujours à ses côtés. La Congrégation Spanish & Portuguese, ainsi que la Communauté sépharade unifiée du Québec, son président l’Honorable Jacques Saada et toutes ses constituantes, présentent à Norma Joseph, ses enfants et petits-enfants, leurs condoléances émues et attristées.


Le Cantor Daniel Benlolo nommé Révérend de la congrégation Spanish & Portuguese Elias Levy

Le Cantor Daniel Benlolo est le nouveau Révérend de la Congrégation Spanish & Portuguese de Montréal. Ce titre, qui lui a été octroyé le 12 septembre dernier au cours d’une cérémonie solennelle, est la plus prestigieuse reconnaissance décernée par les Synagogues Shearith Israel, appellation originelle des Congrégations Spanish & Portuguese, établies en Europe, aux États-Unis et au Canada.

De gauche à droite: Le Rabbin Yamin Levy de la Synagogue Beth Hadassah de Long Island, le Rabbin Maimon Pinto de la Congrégation Spanish & Portuguese, Charles Chemi, président de la Congrégation Spanish & Portuguese, Edmond Elbaz, président sortant, et le Révérend et Cantor Daniel Benlolo. (Photo crédit : Marc Perez)

Le titre de Révérend, héritage des dominions de l’Empire britannique (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud…), est décerné depuis 1654, année de la fondation de la Synagogue Shearith Israel, Congrégation Spanish & Portuguese, de New York. À la Congrégation Spanish & Portuguese de Montréal, fondée il y a 253 ans, le dernier membre du clergé de cette institution cultuelle à avoir détenu ce titre a été le célèbre Cantor feu Salomon Amzallag. Daniel Benlolo a obtenu ce titre après avoir accompli cet été à New York un cycle d’études rabbiniques et des entrevues avec deux personnalités rabbiniques orthodoxes, Marc Angel, Rabbin émérite de la Synagogue Shearith Israel, Congrégation Spanish & Portuguese, de New York, ancien président du Conseil rabbinique des États-Unis et éminent connaisseur de la Halakha (loi juive), et Yamin Levy, Rabbin de la Synagogue Beth Hadassah de Long Island, ancien directeur du département d’Études sépharades de la Yéchiva University de New York et fondateur et directeur international du Maimonides Heritage Center, sis à Tibériade, en Israël. Le Rabbin Yamin Levy est venu spécialement à Montréal pour remettre à Daniel Benlolo le certificat entérinant son titre de Révérend. « Daniel Benlolo, que je connais depuis une vingtaine d’années, se consacre depuis quarante ans, avec un immense dévouement, à la communauté juive canadienne. Le titre de Révérend que nous lui décernons aujourd’hui est une reconnaissance du travail admirable qu’il a accompli dans divers domaines : la liturgie, l’enseignement, la transmission du riche héritage sépharade à nos jeunes, son engagement exemplaire envers les personnes atteintes d’un handicap physique ou intellectuel… Daniel a de profondes connaissances en liturgie, en Torah, en Halakha, en Minhagim (traditions juives)… Il est un modèle très inspirant pour les membres de sa communauté », nous a dit le Rabbin Yamin Levy. Edmond Elbaz, président sortant de la Congrégation Spanish & Portuguese, qui a été, en 2019, l’instigateur du retour de Daniel Benlolo à la Spanish & Portuguese, lui a rendu un vibrant hommage. Il a été membre de la chorale de cette synagogue quand il était adolescent. « Daniel Benlolo a à son actif une carrière exceptionnelle. Il se trouve aujourd’hui dans la même voie que ses illustres prédécesseurs qui ont illuminé notre congrégation avec leur sagesse, leur charisme et leurs enseignements érudits de nos traditions : le Rabbin Abraham de Sola, le Rabbin Solomon Frank, le Cantor Salomon Amzallag. Pour obtenir le titre de Révérend, il faut vraiment le mériter. Daniel a fait largement ses marques dans notre communauté, et pas seulement dans le champ de la liturgie ou de la lecture de la Torah, mais aussi au niveau du hessed. Il est le fondateur d’une chorale merveilleuse, Montreal Shira, composée de personnes atteintes d’un handicap

intellectuel ou physique. J’ai les larmes aux yeux chaque fois que j’assiste à une répétition ou à un spectacle de cette chorale hors pair. Il a toujours rempli à merveille ses diverses fonctions. Son certificat de Révérend a été signé par deux éminents rabbins nord-américains, Marc Angel et Yamin Levy. C’est un privilège de compter dans les rangs de notre synagogue un leader de sa trempe se distinguant aussi notoirement dans plusieurs domaines. »

Très ému et reconnaissant, Dany Benlolo a tenu à partager avec sa compagne de tous les instants, son épouse Muriel Benlolo Suissa, ce certificat attestant son nouveau titre de Révérend. « Je dois cette nomination à ma chère épouse Muriel. Ses encouragements sont une précieuse source de motivation. Le titre de Révérend me poussera certes à aller encore plus loin en m’améliorant davantage dans les domaines où j’exerce. C’est un immense honneur pour moi de reprendre le flambeau de Révérend à la Spanish & Portuguese, qui m’a accueilli chaleureusement dans sa chorale quand j’avais 17 ans. Les titres n’ont pas de substance ou de valeur s’ils ne sont pas accompagnés d’actions concrètes. Je ferai tout mon possible pour être à la hauteur de ma nouvelle fonction », nous a dit Daniel Benlolo. Le Rabbin Yamin Levy a prononcé un discours magistral. Il exposa trois modèles de leadership dans la Torah : 1-Noah, qui, lorsque Dieu lui annonça son intention de détruire le monde, construisit une arche pour sauver sa famille. 2-Avraham Avinou, qui, lorsque Dieu voulut détruire Sodome et Gomorrhe, tint mordicus à sauver les justes vivant dans ces villes. 3-Moshé Rabenou qui, lorsque Dieu menaça de détruire le peuple qui lui avait désobéi, rétorqua au Tout-Puissant que s’il l’anéantissait, il devrait l’éradiquer lui aussi, son destin étant fortement lié à celui du peuple qu’il avait libéré du joug des Égyptiens. « Moshé Rabbenou est le modèle de leadership que la Torah entérine. Il est le plus grand prophète, homme de loi et leader que le peuple juif ait eu. Pour lui, chaque Hébreu comptait, dit-il. Personne ne devait être laissé derrière. Le Révérend Daniel Benlolo perpétue le bel héritage humaniste que Moshé Rabbenou nous a légué. Sous son leadership, chaque être humain mérite aussi d’être traité avec le plus grand respect et la plus grande dignité. Il nous le rappelle et nous le prouve chaque jour par ses actions remarquables auprès des personnes les plus vulnérables. »

LVS septembre 2021



Des nouvelles de l’école Maïmonide Esther Krauze ÉCOLE MAÏMONIDE programmes, M"ANXD XTQcomme ZIA l’éveil à la

musique et la robotique dès la maternelle. Ces fonds nous ont également permis d’acquérir du nouveau matériel pédagogique.

L’École Maïmonide est plus qu’une école, c’est une famille, une communauté, un lieu d’appartenance dans lequel tous développent leurs passions et s’épanouissent jour après jour. Nous sommes fiers de pouvoir offrir à nos élèves une éducation d’excellence dans un environnement leur permettant de développer leur plein potentiel intellectuellement et émotionnellement. Au cours des deux dernières années, nous avons dû tous faire face à des ajustements dans nos vies, au quotidien, mais le monde de l’éducation, en particulier, a connu d’incroyables changements, auxquels nous avons dû tous nous adapter. L’École Maïmonide en particulier a réussi à se démarquer et se distinguer parmi ses pairs par la qualité de l’enseignement offert tout au long de cette difficile période. L’École Maïmonide a assuré la progression des apprentissages et la réussite de l’ensemble de ses élèves. Malgré toutes les difficultés et les défis rencontrés à cause de la COVID-19, grâce au dévouement et à la détermination d’une équipe chevronnée de directeurs et d’enseignants, nous avons assuré le succès de notre nouveau secondaire. Outre notre performance

L’École Maïmonide est l’école de demain, l’école juive francophone qui permet à nos remarquable durant la élèves de poursuivre leurs études période pandémique, postsecondaires en français ou en le succès de notre nouanglais avec aise. Avec la formation obtenue et veau secondaire nous démontre qu’il ne faut les bases qui sont données tout au long de leur pas craindre le changement. Il faut oser. Il scolarité à l’École Maïmonide, ils sont prêts à ne faut pas se le cacher, nous appréhendions, continuer leur chemin vers la réussite. les remous que ce changement occasionnerait. Mais D’ merci, nous sommes tellement fiers de Notre mission est de continuer à viser d’être voir que le temps est finalement arrivé où le une école d’excellence qui formera nos leaders nom de l’École Maïmonide résonnerait rempli de demain, pour que nos enfants, nos petits et de positivité dans la communauté et les nom- arrières petits-enfants puissent atteindre leur breux témoignages à cet effet de nos élèves et plein potentiel et réussissent dans tout ce qu’ils de nos parents en sont la preuve. Nous sommes entreprendront. Nos bras sont ouverts et vous d’ailleurs extrêmement heureux de pouvoir attendent pour vous accueillir au sein de notre compter cette année parmi nous un nombre famille et pour que vous aussi compreniez ce impressionnant de nouvelles familles au sein de que veut réellement dire le slogan « Maïmo un la famille Maïmonide et de retrouver plusieurs jour Maïmo toujours ». Nos inscriptions pour 2022-2023 sont ouvertes, ne manquez pas votre élèves revenus à l’école. chance de vivre une expérience académique Grâce aux succès de nos dernières collectes enrichissante et inoubliable. de fonds, nous avons pu continuer à offrir des bourses pour assurer la scolarité juive d’élèves L’École Maïmonide brille et continuera à dont les familles ont des moyens financiers briller dans nos cœurs et au sein de l’ensemble limités. De plus, à titre d’exemple, ces fonds de notre communauté comme les lumières de nous ont permis de continuer à investir Hanouka. dans nos services pour assurer l’excellence Au nom du conseil d’administration, de la en augmentant les ressources aux élèves en direction et de l’ensemble de son personnel. difficultés, en mettant en place de nouveaux Joyeuses fêtes de Hanouka.

Bienvenue au nouveau rabbin de la Congrégation Hekhal Shalom (Ville-Saint-Laurent) suite du départ aux À laÉtats-Unis du Rabbin

une année (2000-2001) à la Knesset Avraham à Jérusalem et également au centre Mekor Israël en France (2001-2003).

Ronen Abitbol qui fut pendant plusieurs années à la tête de la Congrégation, les coprésidents, messieurs Steve Cohen et Paul Maman, ainsi que leur Conseil d’administration, ont le plaisir d’annoncer qu’un nouveau rabbin en la personne de M. Jérémie Asseraf vient d’être engagé et que celui-ci est actuellement en fonction.

Son parcours professionnel s’est déroulé à Paris à la synagogue de Rabbi Pinto et du Kolel Halakha de 2003 à 2005. Il a dirigé un Kolel pour Baalei Batim français Jérusalem (quartier de Bayit Vagan) Or Hanania de 2005 à 2008.

Rabbin communautaire et conférencier à la Synagogue Adath Yeshouroun de Marseille de 2008 à 2013, il a été également Le Rabbin Jérémie Asseraf, âgé de 39 ans est né à Paris. Il a reçu Rabbin au Rabbinat du Consistoire israélite de Marseille et de sa formation en Études talmudiques à la Yeshiva Shaarei Torah de la Synagogue Tifereth Israël de la même ville, de 2013 à 2020. Manchester pendant deux ans (1998-2000) qu’il a poursuivis pendant

LVS septembre 2021


« CEUX ET CELLES QUI ONT ÉTÉ CHOYÉS PAR DIEU N’ONT PAS LE DROIT D’ABANDONNER LEURS FRÈRES ET SŒURS DANS LE BESOIN »

par Elias Levy

MICHEL BITTON EST LE NOUVEAU PRÉSIDENT DU FINANCEMENT DU PROGRAMME SOCIAL HESSED de la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ). Créé en 2007 par Marc Kakon, ancien président de la CSUQ et de la Campagne générale de l’Appel juif unifié (AJU) de la Fédération CJA, Hessed prodigue chaque année une aide financière à des centaines de membres démunis de notre communauté. « Je suis heureux et fier de passer le flambeau de la présidence du financement de Hessed à Michel Bitton, un leader communautaire admirable, généreux et des plus dévoués, très sensible à la notion de Tsédaka et à toutes les autres actions visant à aider les personnes dans le besoin », nous a dit Marc Kakon. Michel Bitton a accordé une entrevue à La Voix sépharade. Parlez-nous de votre engagement communautaire. En 2002, j’ai été président de la Campagne sépharade de l’Appel juif unifié (AJU) de la Fédération CJA. J’ai été aussi président de ma synagogue, la Congrégation Nahar Chalom, à Hampstead. J’ai toujours considéré le bénévolat communautaire comme une action fondamentale et des plus gratifiantes. Nous avons le grand privilège d’être membres d’une communauté juive magnifique et très dynamique, certainement l’une des plus généreuses de la diaspora. Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter la présidence du financement de Hessed? C’est Marc Kakon qui m’a fortement encouragé à m’impliquer dans le programme Hessed et à assumer cette année la présidence de celui-ci. On ne peut rien refuser à ce leader communautaire remarquable qui a toujours été en première ligne dans la lutte contre la pauvreté qui afflige un grand nombre de nos coreligionnaires. Je partage entièrement sa philosophie de vie et d’action : ceux qui ont été choyés par Dieu n’ont pas le droit d’abandonner leurs frères et sœurs dans le besoin. Depuis son plus jeune âge, Marc Kakon s’est toujours beaucoup soucié des conditions de vie des personnes les plus nécessiteuses. La pandémie de la COVID-19, qui s’est abattue sur l’humanité il y a un an et demi, a eu aussi des effets délétères sur notre communauté. Cette terrible pandémie a accentué la pauvreté au sein de notre communauté. Les besoins sont grandissants. Les demandes d’aide émanant de personnes ou de familles en détresse ne cessent de

croître. Nous ne pouvons demeurer inertes face à cette sombre réalité. C’est pourquoi Hessed multiplie les initiatives pour convaincre nos donateurs traditionnels de continuer à soutenir nos actions et solliciter de nouveaux donateurs. Nous nous escrimons à sensibiliser ces derniers à l’urgence d’appuyer la noble cause défendue par Hessed. L’année 2020 fut très éprouvante pour tout le monde. Nous avons constaté une forte augmentation du nombre de personnes fragilisées par la pandémie au sein de notre communauté. Hessed a réagi rapidement à cet appel de détresse. Nous avons prodigué une aide directe à plus de 2 000 familles grâce aux fonds amassés dans le cadre de huit campagnes de financement qui se sont déroulées avant et après les fêtes juives. Quelle est la mission de Hessed? Fournir une aide rapide aux personnes et aux familles les plus démunies. Hessed est un programme très nécessaire qui porte parfaitement bien son nom. Centralisés au sein de la CSUQ, les fonds recueillis par Hessed sont diligemment alloués aux personnes et aux familles dont les besoins sont les plus criants et les plus urgents, confrontées à des situations d’urgence. Qui sont les bénéficiaires de Hessed? Des personnes ayant subi un revers de fortune ou perdu leur emploi, des mères monoparentales privées de leurs pensions alimentaires, des familles monoparentales avec


des enfants ayant des besoins particuliers, des personnes devant défrayer le coût de médicaments ou de soins de santé spécifiques non couverts par le régime public de l’assurance maladie. L’un de nos objectifs est de réduire la dépendance des bénéficiaires à l’aide financière récurrente. Aujourd’hui, nous devons aussi composer avec une autre réalité que nos parents et grands-parents n’ont jamais connue au Maroc : l’implosion de la cellule familiale traditionnelle. Celle-ci a engendré une hausse significative des besoins sociaux. Dans notre communauté, un grand nombre de mères monoparentales ont beaucoup de difficulté à joindre les deux bouts à la fin du mois.

celles qui sollicitent l’aide de Hessed sont réellement aux prises avec une situation d’urgence. Après avoir évalué rapidement leur situation, on détermine leurs besoins et on leur facilite les choses pour qu’ils obtiennent une aide le plus vite possible. Nous ne fermons jamais nos portes à des personnes ou des familles en désarroi, nous allons toujours les écouter et les aider dans la mesure du possible. Hessed distribue 100 % des fonds recueillis à des personnes et des familles nécessiteuses, sans aucune charge administrative puisque celle-ci est assumée par la CSUQ. Hessed est-il en concurrence avec d’autres programmes sociaux offerts dans la communauté juive de Montréal?

Les Sépharades sont-ils sensibles à la mission de Hessed? Dans la communauté sépharade, il y a une perception erronée de la mission de Hessed. Celle-ci ne se limite pas à la distribution de paniers d’aliments à des personnes et des familles nécessiteuses la veille des grandes fêtes juives. La mission vitale accomplie par Hessed s’étend bien au-delà. Nous intervenons tout au long de l’année pour atténuer les difficultés existentielles auxquelles font face beaucoup de membres de notre communauté. Nous nous assurons certes que nos coreligionnaires dans le besoin aient une table respectable pour célébrer les principales fêtes du calendrier juif. Le prix faramineux de la viande casher a indéniablement un impact majeur sur notre latitude budgétaire. La CSUQ et son MICHEL BITTON président, Jacques Saada, prennent très au sérieux ce grand problème qu’ils considèrent désormais comme une grande priorité communautaire. Les prix exorbitants de la viande casher pénalisent particulièrement les plus nécessiteux. Je salue l’action des dirigeants de la CSUQ dans ce dossier épineux. Votre mode opératoire se caractérise par la discrétion et la rapidité. L’approche de Hessed est plus humaine, moins protocolaire et plus facile d’accès tout en respectant, bien sûr, les critères d’allocation de notre processus. Par pudeur, les Sépharades dans le besoin sont souvent réticents à recourir aux services sociaux fournis par des organismes de la communauté juive. Quand ils sollicitent l’aide de Hessed, nous essayons de les convaincre de l’importance de faire aussi appel à ces organismes, qui disposent des outils et des ressources nécessaires pour aider les personnes les plus défavorisées. On s’assure préalablement que tous ceux et

Hessed s’assure qu’il n’y ait pas de dédoublements avec les programmes sociaux offerts par des organismes spécialisés de la communauté juive de Montréal. Hessed ne s’occupe que des cas d’urgence ou des demandes qui ne répondent pas aux critères d’assistance établis par ces organismes d’aide sociale. Notre but n’est certainement pas de nous substituer à eux. Nous collaborons étroitement avec plusieurs partenaires, notamment l’Agence Ometz de la Fédération CJA et le Centre Cummings pour aînés. Souhaitez-vous adresser un message particulier aux membres de la communauté sépharade? Je tiens à leur dire que la communauté sépharade de Montréal est l’une des plus généreuses du monde. Les Sépharades, qui ont toujours eu un grand cœur, n’ont jamais hésité à se mobiliser avec entrain chaque fois que nous les avons sollicités pour une cause importante. J’en ai été témoin durant mes présidences de la Campagne de l’Appel juif unifié (AJU) et de ma synagogue, Nahar Chalom. La cause défendue par Hessed est capitale. C’est pourquoi nous comptons sensibiliser davantage les membres de la communauté sépharade à la mission cardinale remplie par ce programme social. Nous devons absolument élargir notre bassin de donateurs pour faire face aux besoins qui ne cessent de croître chaque année. Aider tangiblement nos frères et sœurs les plus démunis, c’est une magnifique mitzva que tout Juif se doit d’accomplir.

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Œuvrer pour recevoir la nationalité espagnole Entretien avec Raphaël Assor Sonia Sarah Lipsyc

De 2015 à 2021, la CSUQ a traité plus de 300 dossiers pour les candidats qui souhaitaient entreprendre leurs démarches de demande de la nationalité espagnole 1.Veuillez nous rappeler d’abord quand et à partir de quelle décision historique, l’Espagne a décidé d’octroyer la nationalité espagnole aux descendants des Juifs expulsés de leur pays en 1492. En 2015, le ministère espagnol de la Justice a créé le projet de loi 12/2015 accordant la nationalité espagnole à la communauté séfarade. Cette initiative a fait suite à l’intention de réparer les actions commises par l’Espagne en 1492, année au cours de laquelle les Juifs ont été expulsés de la péninsule Ibérique. On se souvient de la déclaration du Roi Felipe VI devant des représentants des communautés sépharades du monde entier réunis au Palacio Réal. « Comme vous nous avez manqué », leur a-t-il dit en conclusion de son intervention. Le gouvernement a donc approuvé cette loi en juin 2015. Cette loi, qui était initialement en vigueur jusqu’en octobre 2018, a été prolongée d’une année supplémentaire, jusqu’en octobre 2019. 2.Quelles sont les conditions qu’il fallait remplir? 1.Il fallait d’abord et avant tout prouver le lien avec son ascendance juive espagnole, c’est-à-dire avec celles et ceux qui ont été expulsés au 15e siècle. D’où venait sa famille? Quelle langue parlait-elle? Quelles étaient les coutumes? Quelles affinités le candidat ou la candidate avait avec l’Espagne? S’y rendait-il souvent? Etc. L’autorité communautaire ou rabbinique de la région où vivait le demandeur procédait à un entretien. Dans le cas de la CSUQ, on demandait aux gens d’expliquer leurs parcours, leurs origines, appuyés par des documents (acte de naissance, passeport, ketouba (acte de mariage) et tout autre document pertinent pour justifier leurs liens avec l’Espagne. Il n’était pas obligatoire d’être Juif, car il y a eu des conversions parfois forcées au cours des siècles. Nos conclusions permettaient à la Fédération des communautés juives d’Espagne ainsi qu’à la CSUQ d’émettre alors un certificat d’appartenance. 2.Il y avait ensuite deux examens que devait passer l’impétrant, à l’exception des personnes de plus 70 ans et des mineurs, le Dele, un examen de langue espagnole. Cet examen oral et écrit se passait à l’Institut Cervantes à Montréal et coûtait 150 $. Et un examen portant sur la connaissance de la vie en Espagne sous les aspects des lois et de la culture. Parfois il fallait d’ailleurs se déplacer dans d’autres consulats aux É.-U., car celui de Montréal n’avait plus de place. Pour réussir ces examens avant la date butoir, il fallait obtenir 60 % de réponses positives. 3.Le candidat envoyait les résultats au ministère de la Justice espagnol qui les mettait en ligne sur une plateforme publique et demandait des documents complémentaires comme des actes de naissance, des extraits de casier judiciaire vierge (moins de 6 mois). Ces documents devaient être préalablement traduits en espagnol et authentifiés. 4.Il fallait ensuite trouver un notaire en Espagne qui instruisait le dossier. 5.Enfin, il fallait se rendre en Espagne pour rencontrer le notaire et valider tous les éléments du dossier.

3.Comment la CSUQ a-t-elle aidé les personnes qui voulaient faire cette demande à partir du Québec? Nous avons informé les personnes par téléphone. Nous les avons reçues pour les entretiens. Nous avons ouvert un dossier et nous les avons accompagnées tout au long du processus pour un prix forfaitaire quasiment symbolique. Nous avons estimé, en effet, que c’était notre devoir d’offrir ce service à nos membres ou à toute personne descendant des Juifs expulsés d’Espagne. 4.Qui faisait partie de l’équipe de la CSUQ dans ce processus? Agnès Castiel, notre secrétaire gérait la plateforme. Pour ma part, j’ai essayé de détecter, de faire sortir ce qui était acceptable, d’aider tout un chacun. Je me suis également familiarisé avec toute la logique du processus et de ses aspects juridiques afin de les traduire dans une langue accessible pour tous. Bien sûr, il y avait aussi à l’occasion quelques bénévoles qui étaient des nôtres et dont certains qui ont fait un travail merveilleux ont tenu à rester anonymes. 5.Quel était le coût de ces différentes étapes? La démarche était coûteuse, car chaque document nécessitait un budget, en particulier le voyage en Espagne. 6.Quels ont été les principaux défis pour les postulants et pour la CSUQ? a.Une procédure longue comme l’est toujours une naturalisation et parfois fastidieuse. Cependant l’exception dont ont bénéficié celles et ceux qui sont allés jusqu’au bout, c’est que recevant la nationalité espagnole, ils ne devaient pas renoncer à leur première nationalité. b.Il y a eu des renoncements en cours de route, car outre la longueur du processus, il y avait un coût à cette demande et il fallait voyager en Espagne aussi. c.Pour certains, comme les ressortissants d’Égypte, il était difficile de fournir des documents comme des actes de naissance. 7.Quels ont été les résultats de toutes ces démarches? De 2015 à 2021, la CSUQ a traité plus de 300 dossiers pour les candidats qui souhaitaient entreprendre leurs démarches de demande de la nationalité espagnole (y compris des enfants). Nous savons qu’un bon nombre de nos candidats ont déjà obtenu la nationalité espagnole. 8.Est-il toujours possible de faire la demande pour obtenir cette nationalité? Il y a eu une prolongation en cours de route, car au début, c’était pour 3 ans, mais maintenant c’est terminé. 9.Est-ce que vous aidez également les personnes à obtenir la nationalité portugaise, car il me semble que là aussi, il y a une possibilité? C’est exact, mais la possibilité de l’obtention de la nationalité portugaise est arrivée bien après que nous ayons lancé notre processus pour la citoyenneté espagnole. Nous avons voulu terminer en priorité celle-ci en accompagnant celles et ceux qui en avaient fait la demande. Toutefois, toute personne peut, à titre individuel, faire la demande pour la citoyenneté portugaise et entreprendre les démarches dans ce sens.


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Carnet de famille NAISSANCES Mazel tov à Nadine Cohen-Scali et Alexandre Elbaz pour la naissance de leur fils Adam Avner Joseph, le 25 août 2021 ainsi qu’aux grands-parents Joëlle Cohen-Scali, Irène Bensimon Elbaz et Joseph Elbaz avec une pensée pour Albert Cohen-Scali (Z’L)

BAR MITSVA C’est avec une très grande joie que nous avons appris la Bar Mitzva de Noah, fils de notre trésorier Marc Oliel. Nous voulions vous adresser Marc ainsi qu’à votre épouse Yaël nos plus sincères félicitations. Le conseil d’administration ainsi que l’équipe des professionnels de la CSUQ se joignent à nous pour vous souhaiter un chaleureux Mazal Tov. Nous vous souhaitons à vous ainsi qu’à vos proches des moments remplis de joie, de bonheur et d’amour. Hon. Jacques Saada, président de la CSUQ et Benjamin Bitton, directeur de la CSUQ.

MARIAGES Après notre mariage qui a eu lieu le 8 août à la synagogue Petah Tikva, nous voulons remercier toute notre famille, amis et invités pour toutes vos attentions en cette merveilleuse journée qui restera à jamais gravée dans nos mémoires. Ainsi qu’à toute la communauté pour tous vos vœux et paroles de gentillesse. Nous sommes très heureux d’avoir commencé ce chapitre de notre vie ensemble, et grâce à tout le monde ce moment fut inoubliable. Laurent Aflalo et Amanda Walsh

Mazal Tov à Laura Gabbay et Josh Pardo pour leur mariage qui a eu lieu le 29 août 2021! ainsi qu’à leurs parents Léon et Sheyla Pardo et André et Miriam Gabbay. Laura, une de nos participants du programme de Leadership de la CSUQ et Josh, se sont rencontrés lors d’un Shabbaton organisé par la CSUQ. Nous leurs souhaitons tous nos vœux de bonheur et un très grand Mazal Tov !

Mazal Tov à Gabriel Benatar et Karine Attias pour leur mariage qui a eu lieu le 27 octobre 2021 à Montreal. Gabriel et Karine ont été impliqués dans les activités des services jeunesse de la CSUQ tel que le camp Kif Kef pendant plusieurs années et ensemble ils ont accompagné le voyage en Israël Yahad ainsi que celui des jeunes adultes, Koulam. Un très grand Mazal Tov aux deux familles.

DÉCÈS C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de M. Simon Eljarrat (Z’L) survenu le vendredi 30 avril 2021 à Montréal. Il était le cher époux de Lisette Eljarrat, le père adoré de Vicky (Dominique Benarroch), Régine (Levy Benchimol), Mario (Guila Eljarrat ) et Betty ( Patrick Benalal). Au nom de la CSUQ et du comité organisateur des Bar – Mitzvot, nous présentons à la famille ainsi qu’à tous ceux qui leur sont chers, nos condoléances les plus sincères et nous leur souhaitons tout le courage nécessaire pour surmonter cette épreuve. Simy Cohen Scali Ohayon, Maman chérie, ton départ subi le 1er août dernier nous laisse un vide énorme. Ton grand cœur, ta foi, ton affection,ton respect, ton sourire nous manquent à tous, enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Ton amour et tes prières nous accompagnent pour toujours et restent gravés dans nos coeurs. Isaac, Victor, Yaacov, Alain, Marc, Evelyne, Monique, Patrick.

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C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès d’Elias Y. Malka (Z’L), survenu à Montréal, dont les obsèques ont eu lieu le 16 août dernier. Il était le père d’Anne Margaret et d’Alain Philippe, le beau-père de Dan Sequerra et le grand-père d’Olivier, Cédric et Jade. Géant parmi les géants, il compte parmi les grands bâtisseurs de la communauté sépharade. Président de l’ASF, de l’école Maïmonide et de la Fédération Sépharade du Canada notamment, il a été récipiendaire de l’Ordre du mérite sépharade de la CSQ, et de la Ouissam Alaouite, plus haute distinction décernée par le Royaume du Maroc. Tous les honneurs qui lui ont été faits ont rejailli sur notre communauté qu’il a su modeler avec une détermination, une vision et un dévouement tout à fait exceptionnels. Son œuvre lui survivra et continuera de nous inspirer. Au nom de la Communauté sépharade unifiée du Québec et en mon nom personnel, je présente aux familles endeuillées mes condoléances les plus attristées. Hon. Jacques Saada, président de la CSUQ À l’intention de Mme Norma Joseph J’ai appris la triste nouvelle du décès de votre époux, le Rabbin Howard S. Joseph (Z’L). Cet homme a consacré sa vie à aider et à réunir. Nombreux sont les Sépharades qui se souviennent de son soutien à leur arrivée dans leur nouveau pays. Pilier de la Spanish & Portuguese, il a travaillé sans relâche à faire en sorte que les différentes communautés s’y sentent chez elles. Son œuvre est immense, faite de petites et de grandes choses. Je tenais à rendre hommage à la mémoire de ce communautaire exceptionnel. Au nom de la Communauté sépharade unifiée du Québec et en mon nom personnel, je vous présente, ainsi qu’à tous ceux que vous chérissez, mes condoléances les plus sincères. Hon. Jacques Saada, président de la CSUQ

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