O-ticias L’actualité franco-espagnole
Paris - Mai 2013
Dossier especial
Yann Barthès, icône politiquement incorrecte
Hugo Chavez
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Edito Hugo Chávez est arrivé au pouvoir, en 1999, le pétrole se négociait à 11 dollars le baril. Treize ans plus tard, l’incombustible président vénézuélien brigue un quatrième mandat – avec de grandes chances de succès. Entretemps, le prix du baril a été multiplié par dix, et Chávez, tel un Shadok*, a pompé, pompé, pompé… pour le meilleur et pour le pire. Côté pile : les Vénézuéliens pauvres sont aujourd’hui moins démunis grâce aux nombreux programmes sociaux de la « révolution bolivarienne », financés par le brut extralourd du bassin de l’Orénoque, qui se jette dans la mer des Caraïbes. Aucun président vénézuélien n’en avait jamais fait autant. Côté face : le « Venezuela saudita » est plus que jamais victime de la malédiction de l’or noir, maladie répertoriée dans les années 1970 et dont les symptômes ont été depuis identifiés. Plus un pays est pétrodépendant, plus il est susceptible de sombrer dans l’autocratie, la corruption, le clientélisme, et moins son économie se diversifie pour donner leur chance aux générations futures, quand le pétrole n’existera plus ou qu’il ne servira plus à rien. Seule la Norvège a aujourd’hui échappé à ce mal endémique. Le Venezuela campe sur la plus grosse réserve de brut du monde, de quoi voir venir pendant trois siècles au rythme actuel de l’extraction. Mais le budget de l’Etat et les réserves de devises, gonflés à ces stéroïdes visqueux (plus de la moitié des recettes fiscales, 80 % des exportations), n’ont jamais été autant à la merci d’un retournement de la conjoncture pétrolière. Par un raccourci de la finance mondiale, les programmes sociaux d’Hugo Chávez dépendent ainsi des traders de l’or noir de Wall Street et de la City – vomis par le portevoix de l’extrême gauche mondiale –, comme ils dépendent de la situation économique de «l’empire» américain honni, premier client du brut vénézuélien. Hugo Chávez s’en moque. Comme disait l’un des Shadoks : «Je pompe, donc je suis.»
Sommaire Actualité 4
Ibère syndiquée
La France adopte le mariage homosexuel dans un climat de tension 5
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Le tour du monde en brèves
Dossier Le régime Chàvez peut-il fonctionner sans lui ?
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Comprendre le chavisme par-delà les 10 effets déformants du mythe
Portrait Yann Barthès, enquête sur une icône politiquement incorrecte
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Oración a Francisco
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Télévision Amar en tiempos revueltos, amar a España en el siglo XXI
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Actu
Actualité Le mois
Ibère syndiquée
Dévouée à la défense des droits des travailleurs, Catherine Pajares Sanchez, syndicaliste, trouve son inspiration dans le labeur de son père et sa fierté dans le regard de sa fille. « Mon dernier contact avec un journaliste remonte à l’immolation d’un homme dans les locaux de la CAF de Mantes-la-Jolie ». Au nom de la CFDT, Catherine Pajares Sanchez n’a pas son pareil pour mettre des mots sur le désespoir social vécu par d’autres. Rompue à l’exercice médiatique de par ses fonctions, elle semble déconcertée lorsqu’il s’agit de s’épancher sur sa propre personne. « Pourquoi faire un portrait de moi ? » Une humilité que la secrétaire générale en charge de la Sécurité sociale au sein de la première centrale syndicale française abandonne à mesure que l’entretien avance. Elle reçoit dans son bureau niché au troisième étage d’un immeuble austère du 19e arrondissement parisien. L’amas de dossiers multicolores qui tapisse le sol, ajouté aux ouvrages juridiques qui s’amoncellent dans les étagères, laissent deviner la charge de travail qui incombe à ce petit bout de femme. L’allure frêle, le teint pâle et une coupe de garçonne savamment négligée, Catherine Pajares Sanchez n’est pas sans rappeler une autre quinquagénaire qui œuvre dans le camp d’en face… Pas question cependant de profiter de cette tribune offerte pour lancer des piques. La CGT, le Medef, autant de sujets expédiés à la va vite afin
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d’évoquer l’actualité de la confédération. Affectée par le départ de François Chérèque, « j’en avais les larmes aux yeux en assemblée générale », elle salue l’intronisation de Laurent Berger : « J’ai déjeuné avec lui la semaine dernière, c’est un homme accessible et qui a de l’humour. La CFDT est entre de bonnes mains ». Le seul à ne pas trouver grâce à ses yeux est le président de la République. Elle ne digère pas l’inconstance de François Hollande sur le dossier Florange et le dit sans mâcher ses mots. « Je ne l’ai pas élu pour ça, on ne peut pas jouer avec les espoirs des salariés ainsi ! ».
Ma mère, cette « combattante » La défense des salariés, « le terme ‘travailleur’ est désormais banni à la CFDT », est une cause chevillée au corps de cette fille d’immigrés castillans pas en odeur de sainteté dans l’Espagne franquiste. En mémoire d’un paternel trimant sur les chantiers pour offrir à sa descendance une vie meilleure. « Je ne supportais pas la façon dont était traité mon père au travail en tant qu’ouvrier étranger ». Ainée d’une fratrie de trois, elle sera la première de la famille à obtenir un diplôme
Bio Express • 12 février 1962 : Naissance à Boulogne-Billancourt • 1981 : Naturalisation française • 1988 : Naissance de sa fille unique • 1989 : Elle entre à la CPAM de Créteil • 2010 : Elle est nommée secrétaire générale
universitaire et la seule à requérir la nationalité française. Incarnation de la méritocratie républicaine, elle se destine à devenir psychologue. C’était sans compter avec la naissance de sa seule et unique fille. Mère célibataire par la force des choses, elle entend parler d’une campagne de recrutement lancée par la Sécu. « Il me fallait un emploi alimentaire, c’était être employée dans la fonction publique ou devenir caissière chez Monoprix ». Un univers qui lui sied finalement bien. Au service du public, en faveur des plus modestes, elle s’inscrit dans la droite ligne des valeurs véhiculées par le Conseil national de la Résistance dont elle se réclame explicitement. Portée par son enthousiasme militant, elle gravit pas à pas les échelons avant d’être approchée par la CFDT. La centrale syndicale se cherche un nouveau visage parmi les employés de l’institution. « J’ai fait le choix de tirer un trait sur une carrière pour m’engager au profit de la cause syndicale ». Une licence en droit du travail plus tard et la voilà propulsée au rang de secrétaire générale. Un poste ô combien exposé qui génère son lot d’opposants. Qu’importe. Catherine Pajares Sanchez s’en accommode sans difficulté. Elle vit en accord avec ses idées et, couronnement suprême, le mot qui revient dans la bouche de sa fille pour décrire cette mère omniprésente est « combattante ».
Actualité
Tour du monde France
Des partisans du mariage homosexuelexultentaprès l’adoption de la loi par le Parlement français, le 23 avril 2013 à Paris (Photo Mehdi Fedouach. AFP)
La France adopte le mariage homosexuel dans un climat de tension Le Parlement français a ouvert mardi le mariage civil et l’adoption aux couples homosexuels par un vote solennel des députés qui clôt des semaines de débats passionnés, faisant de la France le 14e pays au monde à reconnaître le mariage gay. «Après 136 heures et 46 minutes de débat, le Parlement a adopté le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe», par 331 voix contre 225 et 10 abstentions, a annoncé le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone, sous les acclamations des élus de gauche qui scandaient «égalité, égalité». Le président François Hollande doit encore promulguer le texte qui permettra aux premières unions de se conclure dès cet été. Mais l’opposition ne désarme pas: les sénateurs et députés de l’opposition de droite ont saisi le Conseil constitutionnel pour contester la conformité du texte de loi avec la Constitution française et le droit international. Le Conseil constitutionnel a un délai d’un mois pour rendre sa décision. Si le gouvernement demande l’urgence, ce délai peut être ramené à une semaine. «C’est l’honneur de notre pays de sortir de l’ombre des milliers de couples et de familles homoparentales, des milliers d’enfants et de parents en leur offrant la protection de la loi»,
a déclaré la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine. Environ 200.000 Français déclarent être en couple avec une personne de même sexe (soit 0,6% des couples) et dans un cas sur dix vivre avec un enfant, selon une récente enquête. La tension qui a présidé aux débats parlementaires était encore présente mardi: deux opposants ont tenté de déployer une banderole dans les tribunes du public avant d’être évacués. Et plusieurs centaines de personnes manifestaient en début de soirée aux cris de «Hollande démission», derrière une grande banderole «Touche pas au mariage, occupetoi du chômage», en direction de l’Assemblée.
Premiers mariages dès juin ? Le porte-parole de la Conférence des évêques de France, Mgr Bernard Podvin, a fait part à l’AFP de «sa profonde tristesse» après l’adoption de la loi sur le mariage homosexuel, «même s’il n’y a évidemment pas eu de surprise». «La démocratie représentative s’est exprimée», a-t-il ajouté. Mais une loi à ce point controversée ne fera pas la cohésion sociale». Mais «tout cela va retomber», a assuré la ministre de la Justice Christiane Taubira, en rappelant le pré-
cédent du PACS, un contrat civil ouvert aux homosexuels adopté en 1999 malgré les virulentes contestations et qu’aujourd’hui plus personne ne conteste. Mme Taubira a dit sa «fierté» d’avoir porté ce texte «de liberté, d’égalité et de fraternité». Elle s’est aussi adressée aux jeunes homosexuels «désemparés» par la montée du climat d’homophobie qui a accompagné le débat dans le pays. «Si vous êtes pris de désespérance, balayez tout ça, restez vousmêmes, gardez la tête haute, vous n’avez rien à vous reprocher», a-t-elle dit. Selon les juristes, le mariage ne posera aucun problème constitutionnel. En revanche, certains pensent que le Conseil pourrait remettre en cause la possibilité d’adoption plénière, qui rompt tout lien de filiation entre l’enfant et ses parents biologiques, au motif qu’elle irait à l’encontre d’un principe du droit français de la filiation, celui de l’altérité sexuelle. Une fois la décision du Conseil tombée, François Hollande promulguera la loi. Dans la foulée, l’un des premiers mariages pourrait être célébré dès juin à Montpellier (sud). Signe de la normalisation d’ores et déjà en marche pour cette réforme, un premier salon du mariage gay ouvre samedi à Paris. No-tícias .......
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Actualité en brèvesen brèves Le tour duLe monde monde COLOMBIE Abandon du mariage pour tous El Tiempo 25 avril 2013 «Le projet de loi de mariage ‘égalitaire’ s’est noyé au Congrès le 24 avril», affirme le quotidien. La Colombie ne deviendra donc pas le quinzième Etat au monde à légaliser le mariage pour tous. En revanche, la loi obligera à partir du 21 juin les notaires (ce sont eux qui procèdent au mariage et non les maires comme en France) à unir légalement les couples homosexuels qui le souhaitent, sans que cet acte porte le nom de «mariage», précise le journal. La Cour constitutionnelle a accordé l’égalité des droits sociaux et patrimoniaux aux couples homosexuels en 2007.
ARGENTINE L’opposition dans la rue contre une réforme judiciaire La Razón| 19 avril 2013 «Indignados», titre le quotidien de Buenos Aires qui observe un retour des indignés en Argentine alors que des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues de la capitale le 18 avril. «Ils se plaignent de la corruption, de l’insécurité et de l’asservissement de la justice par [Cristina] Kirchner», constate La Razón. La présidente tente de faire passer une réforme qui prévoit que 7 des 19 membres du Conseil de la magistrature, chargé de la nomination des juges, seront directement élus par les citoyens. Pour l’opposition, cette mesure est destinée à contrôler le pouvoir judiciaire.
Afrique du sud Au chevet de Mandela La Razón| 19 avril 2013 Nelson Mandela est hospitalisé depuis le 28 mars, pour soigner une pneumonie. L’ancien président de l’Afrique du Sud avait déjà été hospitalisé en janvier 2011 puis en décembre 2012 pour des infections pulmonaires, probablement liées aux séquelles d’une tuberculose contractée pendant son séjour sur l’île-prison de Robben Island, au large du Cap, où il avait passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime raciste de l’apartheid. Si Mandela, âgé de 94 ans, vit retiré depuis plusieurs années – sa dernière apparition publique remonte à juillet 2010, lors de la finale de la Coupe du monde de football, à Johannesburg –, celui que les Sud-Africains surnomment affectueusement «Mandiba» (son nom de clan tribal) a gardé une présence symbolique forte ; il incarne mieux que tout autre la nation «arcen-ciel» et ses aspirations à l’égalité et à la fraternité.
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VENEZUELA «Ils nous ont volé les élections» El Nacional 26 avril 2013 «Le leader de l’opposition affirme que le Conseil national électoral (CNE) s’est moqué du pays et du monde», titre le quotidien. Henrique Capriles conteste toujours les résultats de l’élection présidentielle du 14 avril remportée par Nicolás Maduro avec moins de 2% d’avance. Il a derechef lancé que «Nicolás Maduro et son petit groupe de pistonnés ont volé les élections». L’opposition a demandé un audit des votes au CNE et dénoncé près de 3000 irrégularités.
brésil Une injustice réparée après soixante-cinq ans Courrier international| 22 avril 2013
Maria Prestes (à gauche), veuve de Luís Carlos Prestes, aux côtés de la présidente Dilma Roussef Agencia Senado / Flickr
Le Sénat a voté le 16 avril la restitution du mandat de sénateur à l’une des grandes figures du Parti communiste brésilien (PCB), Luís Carlos Prestes, décédé en 1990 à l’âge de 92 ans. La décision a été publiée dans le journal officiel le 19 avril. Celui que l’on surnommait le «chevalier de l’espérance» avait été élu en 1945 avant d’être déchu de son mandat en 1948, le PCB ayant été déclaré illégal. Connu pour avoir traversé le Brésil entre 1925 et 1927 à la tête d’une colonne militaire réclamant des réformes politiques et sociales, il fut souvent emprisonné et s’exila pendant la dictature [1964-1985]. Dans une lettre adressée au Sénat, sa veuve a salué un «acte de justice «historique» alors qu’il avait été «chassé en raison de sa lutte pour le socialisme», rapporte O Globo.
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Dossier
Le régime Chàvez peut-il fonctionner sans lui ?
Tôt ou tard les systèmes politiques fondés sur le culte de la personnalité et la concentration des pouvoirs aux mains d’un seul homme, un Chef suprême à la fois omniscient et omnipotent, sont confrontés au problème de sa maladie et de sa disparition. La littérature et la presse, notamment celles d’un XXème siècle qui a connu son lot de régimes totalitaires et de chefs d’Etat despotiques, regorgent de références dramatiques aux longues et douloureuses agonies de ce genre de dirigeants. La liste est longue et variée, mais le scénario est toujours plus ou moins le même. On commence par essayer de cacher la maladie le plus longtemps possible, puis une fois que la
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nouvelle est rendue publique, c’est le mal et le type de traitement qui sont auréolés de mystère. Et c’est seulement à la toute fin, une fois les questions de succession ou de transition résolues, qu’on commence à préparer le peuple à l’imminence de la mort du chef suprême et aux somptueuses funérailles qui lui permettront de rejoindre l’Olympe. Que l’homme soit de droite, comme Franco, ou communiste comme Staline et Mao, le scénario reste inchangé. Deux de ces longues agonies sont restées dans les mémoires pour leur durée et pour les souffrances qu’ont subi les dirigeants malades : celle de Tito, le dictateur yougoslave, et celle de Boumediène, le héros de l’indépendance algérienne.
Des héritiers rarement à la hauteur La plupart de ces dirigeants autoritaires, mégalomanes et parfois charismatiques, ont pour caractéristique commune de se maintenir au pouvoir jusqu’à leur dernier souffle parce qu’ils savent mieux gouverner que tous ceux qui les entourent. Le premier cercle de leurs collaborateurs craint plus que tout de ne pas pouvoir se montrer à la hauteur de la tâche et que le dirigeant n’emporte avec lui dans la tombe l’unité du projet politique et l’appareil du pouvoir. Dans les cas de Tito et de Boumediène, leur disparition a déterminé la chute du régime. Privée de Tito, la nation yougoslave s’est dislo-
Dossier
Chronologie Hugo Chávez : quatorze ans au pouvoir 1998
Le 6 décembre, Hugo Chávez Frías est élu président de la République avec 56 % des voix.
1999
Une nouvelle Constitution est adoptée par référendum. Le Venezuela prend le nom de République bolivarienne du Venezuela – référence au libertador Simón Bolívar (17831830).
2000
Réélection pour un mandat de six ans. Le Mouvement Cinquième République (MVR), fondé par Chávez en 1997, obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale.
2002
Un très bref coup d’Etat contraint Hugo Chávez à démissionner, le 11 avril. Moins de 48 heures après, grâce à une partie de l’armée restée loyale, el Comandante fait à nouveau son entrée dans le palais présidentiel soutenu par la foule. Lancement des premières missions sociales (programmes sociaux).
2003
Une grève dans le secteur pétrolier paralyse le pays jusqu’en février. L’opposition recueille des signatures pour organiser un référendum de révocation du président.
2004
Le 15 août, par référendum, 58 % des électeurs vénézuéliens disent non à la révocation du mandat de Chávez.
2005
Un décret prévoit le démantèlement des grandes propriétés foncières en janvier. En juillet lancement de Telesur, chaîne de télévision d’information latino-américaine destinée à contrecarrer l’influence des chaînes nord-américaines. L’opposition boycotte les législatives de décembre et l’Assemblée nationale devient donc à 100 % chaviste.
2006
Seconde réélection d’Hugo Chávez, avec 61,3 % des voix.
2007
Nationalisation des principales grandes entreprises (pétrole, électricité, télécoms). En décembre, première défaite électorale de Chávez : les Vénézuéliens rejettent une réforme constitutionnelle qui aurait supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels.
2009
Les électeurs autorisent par référendum la réélection du chef de l’Etat le 15 février.
2010
La coalition des partis de l’opposition fait une percée significative aux élections législatives du 26 septembre.
2011
Hugo Chávez annonce avoir été opéré à Cuba d’une tumeur cancéreuse le 10 juin.
Février 2012
Le gouverneur Henrique Capriles Radonski est élu candidat unique de l’opposition à la présidence lors d’élections primaires. Deux semaines plus tard, Chávez est à nouveau opéré d’une tumeur cancéreuse à Cuba.
Mai 2012
Après deux mois de traitement à Cuba et un silence total sur son état de santé, Chávez rentre au Venezuela.
Juin 2012
Le président apparaît en public pour la première fois depuis avril. Un mois plus tard, il se déclare lui-même “totalement libéré” de son cancer.
Juillet 2012
Après six ans d’attente, le Venezuela intègre le Marché commun du Sud (Mercosur).
7 octobre 2012
Hugo Chávez remporte une nouvelle fois les élections, battant son rival Henrique Capriles avec 54,42 % contre 44,97 %.
10 décembre 2012
Il part à Cuba pour subir sa quatrième opération, et rentre à Caracas le 18 février
10 janvier 2013
Son état de santé l’empêche de revenir au Venezuela pour prêter serment. La cérémonie est repoussée sine die
5 mars 2013
Hugo Chávez décède, à l’âge de 58 ans.
quée et est devenue le théâtre d’affrontements sanglants et de nettoyages ethniques parmi les plus violents du XXe siècle européen. Sans Boumediène, le régime politique qu’il avait mis en place a pris fin et une période de transition lui a rapidement succédé. En revanche, dans les pays où existait un parti unique très puissant et une idéologie politique clairement définie, avec ses livres sacrés, ses dogmes et un appareil politique intact, comme l’URSS de Staline et la Chine de Mao, le système politique a perduré en se modernisant sans être remis en cause.
Le Venezuela, entre démocratie et pouvoir charismatique Au Venezuela, nous allons bientôt être confrontés à ce genre de situation. Pourtant, certaines composantes sont inédites. D’une part, nous bénéficions d’un cadre institutionnel formellement démocratique qui a clairement défini les dispositions à prendre en cas de départ du Président. Mais d’un autre côté, nous avons un dirigeant charismatique élevé par son propre parti au rang de grand personnage de l’Etat et de chef unique comme dans un régime autoritaire. Chávez n’a pas été un dirigeant exceptionnel. Ni un révolutionnaire radical qui aurait éliminé la propriété privée et imposé une économie d’Etat centralisée. Mais il a réussi en grand prestidigitateur, et c’est là sa principale qualité, à faire croire à ses fidèles partisans que le pays était en train de vivre sa révolution et s’acheminait vers un avenir meilleur. Et c’est sans doute la fin de cette illusion qui laissera le plus grand vide. No-tícias .......
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Dossier
Comprendre le chavisme par-delà Par Oilivier Dabène Professeur à SciencePo,président de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes (Opalc)
La fièvre de mars 2013 retombée, loin des unes de journaux et des plateaux de télévision où les approximations succèdent aux caricatures, le chavisme s’apprête à devenir un fascinant objet de recherche. Comme le péronisme pour l’Argentine, il sera sans doute à l’origine de la reconstruction des sciences sociales au Venezuela. Les Argentins n’en finissent pas depuis cinquante ans de réinterpréter le péronisme. Les Vénézuéliens débattront longtemps pour trouver les clés de compréhension du tsunami qui a tout emporté de leur vie politique depuis quinze ans. Et, comme les Argentins, il leur faudra lutter contre les effets déformants du mythe qui est déjà en train de naître. Comprendre le chavisme passera par trois opérations de recherche simples à formuler, mais complexes à mettre en œuvre : historiciser, contextualiser et comparer. Que représente Hugo Chávez dans l’histoire du Venezuela et de l’Amérique latine ? Que doit cette expérience à la conjoncture économique des années 2000 ? Qu’a-t-elle de différent des autres expériences de gauche dans le continent ? Je me limiterai ici à cette dernière ques-
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tion, en m’appuyant sur un livre bilan (la Gauche en Amérique latine, 1998-2012, Presses de Sciences-Po) publié il y a quelques mois. Personnage complexe, Chávez a alimenté des tendances contradictoires, ce qui explique la polarisation qu’il a suscitée. Au plan politique, il a bien approfondi et dégradé la démocratie. Le développement de pratiques participatives au niveau local, comme le budget participatif au Brésil, a suscité un réel engouement. Que les dispositifs mis en place dans les quartiers
soient politisés n’enlève rien au mérite d’avoir permis aux oubliés de la démocratie vénézuélienne de délibérer sur des questions qui les concernent. Dans le même temps, les chavistes ont mis en place ce que la science politique qualifie aujourd’hui d’«autoritarisme électoral», qui repose sur des élections libres mais précédées de campagnes (très) déséquilibrées. Il est vrai que l’opposition a longtemps refusé le jeu de la compétition électorale, préférant tenter un coup d’Etat (2002) et paralyser le pays (2003).
Dossier
les effets déformants du mythe Au plan économique, Chávez a bien étatisé l’économie et accru la dépendance du Venezuela visà-vis de l’économie internationale capitaliste. Aucun autre pays d’Amérique latine n’a autant nationalisé d’entreprises, mais aucun autre n’est à ce point dépendant de ses exportations de matières premières (pétrole). Comparé au reste du continent, le Venezuela a connu ces dernières années des taux de croissance parmi les plus faibles et des taux d’inflation parmi les plus élevés. Sa monnaie a dû être dévaluée à plusieurs reprises. Au plan social, Chávez a bien réduit la pauvreté et les inégalités et exposé ses concitoyens aux pénuries et à la violence. C’est bien au Venezuela, ainsi qu’en Bolivie, en Argentine et au Nicaragua, dans cette Amérique latine de gauche, que les inégalités ont fortement baissé. Le Venezuela est même devenu le pays d’Amérique latine le moins inégalitaire. La proportion de pauvres y est passée de 48,6% en 2002 à 27,8% en 2010. Peu de pays ont fait mieux ou aussi bien. En Colombie, la diminution a été moins sensible, de 49,7% à 37,3%. Mais le Venezuela est aussi devenu un pays où le lait, l’huile et le sucre sont parfois absents des rayons des magasins et où surtout la sécurité personnelle est aléatoire. Caracas a été classée troisième ville la plus dangereuse du monde en 2012. Au plan international enfin, Chávez a bien entretenu des amitiés douteuses et ardemment milité
pour l’intégration régionale en Amérique latine. Sa diplomatie du «mégaphone» et de la provocation l’a positionné à la tête du camp anti-impérialiste sans pour autant convaincre les grands pays (Brésil, Mexique, Argentine, Colombie, Pérou). Hugo Chávez a placé l’énergie et la finance au centre de l’agenda d’intégration, au détriment du commerce. Son empressement à bâtir un régionalisme «postlibéral» s’est toutefois heurté aux ambitions du Brésil d’offrir à ses grandes entreprises un marché élargi à tout le continent. L’Union des nations sud-américaines (Unasur) porte la marque de Chávez, mais aussi du Brésil de Lula. Un bilan à ce point contrasté résiste aux simplifications. Toutefois, deux pistes mériteront d’être creusées et croisées. La trajectoire de vie du «Comandante» et ses qualités personnelles devront être appréciées à leur juste valeur. Chávez n’a pas été un adolescent endoctriné par le communisme, comme cela a été écrit. Il était plutôt obsédé par le base-ball. Mais le jeune Hugo a grandi dans le dénuement et a très tôt admiré des personnages comme Ezequiel Zamora qui, au XIXe siècle, avait pris la défense des pauvres dans sa région natale des llanos. Né pauvre dans un pays riche, il a développé un penchant anti-oligarchique conforté par la répression sanglante du soulèvement populaire de 1989. Le leader du coup d’Etat manqué de 1992 s’est alors révélé charismatique et visionnaire. Une fois au pouvoir,
il s’est montré aussi démagogue, autoritaire et surtout saisi par l’urgence des réformes au-delà de toutes contraintes imposées par l’Etat de droit. L’économie politique du pétrole, en second lieu, est un grand classique des sciences sociales. Nous savons à quel point l’exploitation d’une rente est défavorable à la démocratie. Parce qu’elle rend inutile le prélèvement de l’impôt, la richesse pétrolière défait le lien citoyen. De plus, elle convertit l’Etat en un butin que les détenteurs du pouvoir confisquent à leur profit et refusent de soumettre à la compétition électorale. Hugo Chávez n’était pas un dictateur. Il a su donner une dignité à son peuple en l’érigeant au rang de sujet politique. Mais il n’a pas dissuadé son entourage de se constituer en nouvelle bourgeoisie (que les Vénézuéliens appellent la «boli-bourgeoisie», ou «bourgeoisie bolivarienne»). La recherche devra croiser ces variables pour montrer comment le Venezuela a engendré un révolutionnaire impatient, mais mauvais gestionnaire. Hugo Chávez était assurément un personnage hors norme, comme seule la littérature latino-américaine en a décrit. Un défi pour les sciences sociales.
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Portrait
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Yann Barthès, enquête sur une icône politiquement incorrecte Figure incontournable de Canal +, Yann Barthès a apposé en moins d’une dizaine d’années sa patte sur le PAF. Décriée autant qu’adorée, son émission Le Petit Journal révolutionne la couverture du débat politique.
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« Il est quand même bien plus beau à la télé » lâche une jeune fille venue assister en plateau à l’enregistrement du Petit Journal dans un studio sous terrain du quinzième arrondissement de Paris. Une sentence abrupte à destination du gendre idéal, de l’icône générationnelle qui chaque soir rassemble plus d’un million et demi de téléspectateurs, le susnommé Yann Barthès. Au-delà de toute considération physique, ce qui frappe en voyant débouler le trublion télévisuel c’est la dissemblance entre l’image perçue à travers la lucarne et le rendu véritable ! L’animateur vibrionnant à la gouaille langagière laisse place à un adulescent chaussé de baskets montantes et doté de bras trop longs dont il ne sait que faire. L’air hagard, Barthès semble mal à l’aise au contact d’un public galvanisé par les harangues incessantes du chauffeur de salle. « Vous allez bien ? Je vous souhaite une bonne émission » verbalise-t-il difficilement avant de se précipiter vers son fauteuil et d’attendre avec appréhension, un chewing-gum en guise d’exutoire, la prise d’antenne imminente. Puis la magie de la télé finit par opérer. D’introverti hors antenne, Barthès se mue en un chef d’orchestre hors pair au service d’un show mêlant séquences drolatiques, décryptages inspirés et interviews décalées. La recette d’un succès qui ravit les hiérarques de la chaîne cryptée et agace nombre d’acteurs de la sphère politicomédiatique. Les premiers voyant dans ce quasi-quadra débraillé à la lecture corrosive de l’actualité le digne héritier du fameux esprit Canal, là où les seconds pointent sa malhonnêteté chronique et son absence de probité journalistique. Yann Barthès ne laisse décidément personne indifférent, pas même ces quelques spectateurs qu’il oubliera de remercier une fois la prise du jour dans la boîte. À l’instar de son non moins célèbre
homonyme, Yann Barthès est un taiseux. En particulier lorsqu’il s’agit de lever le voile sur sa vie privée. L’homme tronc de l’une des émissions phares de Canal cultive le secret. Nombreux sont les journalistes à avoir essuyé les refus compassés du service presse suite à une demande d’entretien. Snobisme ultime ou volonté vraie d’échapper à la pipolisation ambiante ? Attitude contradictoire de la part d’un homme qui se pose en champion de la transparence. On le dit timide, ne supportant pas l’hypermédiatisation. Aux trop curieux on rétorque que le natif de Chambéry est un type « normal », épithète contemporain, occupé le jour a visionné inlassablement des rushes et qui, le soir venu, enfile son costume de scène pour faire rire dans les chaumières. « Une image d’Epinal pas si éloignée que ça de la réalité » consent à admettre une proche collaboratrice. Titulaire d’un Deug d’anglais, il franchit pour la première fois les portes de Canal + le temps d’un stage estival en 1998. Petite main parmi tant d’autres, il est préposé au découpage d’articles pour la revue de presse. Bien décidé à gravir les échelons de la maison mère, il consent à reprendre place sur les bancs de la faculté afin d’étoffer son CV. Il suit alors un master en journalisme à Bordeaux. Un cursus ne disposant pas, a contrario de l’IJBA (Institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine) qui dément formellement avoir eu affaire à Yann Barthès, de la sacro-sainte reconnaissance professionnelle et qui donne encore aujourd’hui du grain à moudre aux détracteurs de l’animateur. S’en suivent un contrat de monteur au sein de la chaîne tout info iTélé, puis un poste de programmateur sur l’émission + Clair, présentée à l’époque par Daphnée Roulier. Se voulant force de propositions, il mûrit l’idée d’une rubrique
traitant de l’actualité médias sur un ton décalé. Déjà attaché aux détails, il dénombra le nombre de « ouais » prononcés par Thierry Ardisson au cours d’une émission. Yann Barthès a d’ores et déjà posé sa patte sur le PAF.
« J’adore le théâtre de la politique » La consécration viendra en 2004. Par l’entremise de Laurent Bon, rédacteur en chef de + Clair transféré au Grand Journal, Barthès se voit confier une chronique de quelques minutes dédiée au people dans la grand-messe de Canal. Chaque soir, sous la férule de Michel Denisot, il use de son bagout et de montages au cordeau pour moquer des célébrités en quête de médiatisation à tous crins dans le Petit Journal people. Cantonné à une voix-off dans un premier temps, Barthès entre sous le feu des projecteurs à la rentrée 2007. La France découvre enfin son visage. Engoncé dans une veste sombre, la cravate à motifs en évidence, il distille ses lancements à grand renfort de mimiques et autres effets de manche. Autre évolution de taille en cette année électorale, la pastille satirique délaisse progressivement ces people de troisième zone qui faisaient son miel pour investir le champ de la politique. Yann Barthès fait évoluer son registre. Retour aux fondamentaux pour celui qui déclare « adorer le théâtre de la politique » lors d’un entretien accordé au Monde. Un théâtre qui regorge de langue de bois, de mise en scène et autres trahisons, autant de matières brutes à raffiner le soir venu par le Petit Journal, nouvelle appellation déposée. En seulement quelques mois, l’émission trouve son rythme de croisière et renouvelle le traitement médiatique du débat politique. Barthès et consorts délaissent le fond pour se concentrer sur la forme. L’enjeu étant de mettre en lumière No-tícias .......
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ce qui échappe aux autres rédactions. De fouiner dans les coulisses des grands raouts politiques à la recherche du détail qui permettra de démonter la communication officielle. Leurs faits d’arme ? Les papillonnages de Jacques Chirac en compagnie d’une élue corrézienne lorsque Bernadette prend la parole en public, les errements de Rachida Dati lors des séances interminables du Conseil de Paris ou encore les discours remâchés par Nicolas Sarkozy à quelques mois d’intervalle devant deux assemblées distinctes. À la faveur de ces séquences mémorables, l’émission gagne en parts de marché et Yann Barthès devient l’un des animateurs préférés des Français. Une reconnaissance populaire qui s’accompagne nécessairement de son lot de critiques. La corporation des journalistes ne goûte guère le mélange des genres inhérent au Petit Journal. La chronique, devenue en septembre 2011 une émission à part entière co-produite par le tandem Barthès-Bon, surfe sur la vague de l’infotainment. L’information y côtoie, non sans dommage collatéral, le divertissement. En résulte une imbrication de journalistes, comédiens, monteurs et graphistes au sein de Bangumi, boîte de production nouvellement créée, dont la commission de la carte de presse (CCIJP) peine à entrevoir les contours. En 2012, son président, Eric Marquis avait refusé le renouvellement à une poignée de salariés oeuvrant à la réalisation du programme. Depuis la nouvelle direction de l’organe paritaire a revu à la marge ses positions. « Nous procédons au cas par cas désormais. Nos décisions se font plus dures car la tendance est à jouer sur les deux tableaux, ces émissions sont sur la crête » estime Richard Lavigne, président en exercice de la CCIJP. Le Petit Journal a-t-il une rigueur journalistique ? Les faits rapportés sont-ils systé-
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matiquement vérifiés, hiérarchisés et mis en perspective ? Des questions déjà tranchées par Luc Chatel, journaliste indépendant et auteur du livre Les Tartuffes du petit écran. « Cette émission ne recherche pas l’information mais juste des images qui, montées de manière plus ou moins honnêtes, sont susceptibles de faire sourire ou de créer le buzz ». Et l’ancien rédacteur en chef de Témoignages chrétiens d’ajouter : « les méthodes employées, sous le vernis du rire, relèvent d’une mécanique inquisitoriale qui ne laisse aucune chance à celui ou celle pris pour cible. » Souffre-douleur régulier du Petit Journal, le présentateur-vedette de la matinale de BFM TV, Christophe Delay, a lui une vision plus pragmatique des choses : « on ne fait pas le même boulot. Notre travail constitue leur fonds de commerce et tant mieux car d’une certaine manière ça nous fait de la pub ».
« Entre la rigolade et le journalisme » Lancés dans leur croisade contre la politique spectacle, Yann Barthès et sa horde de sbires assoiffés d’images n’hésiteraient pas à bidonner, truquer, traquer et user de montages fallacieux pour arriver à leurs fins. Jean-Luc Mélenchon a indiscutablement pris la tête de la fronde des politiques contre le Petit Journal. Le député européen allant, dans son outrance coutumière, jusqu’à qualifier Barthès et son équipe de « fumiers » (voir in-
terview). Il faut dire que les équipes du Petit Journal ont été prises à diverses reprises en flagrant délit de tricherie caractérisée. La dernière en date remonte au mois d’octobre dernier. Dans un discours tenu à Singapour, Jean-Marc Ayrault reprend in extenso les mots prononcés par François Hollande quelques mois plus tôt. Le Petit Journal propose un comparatif des deux discours et déclenche l’hilarité du public. Seulement, le Premier ministre avait débuté sa prise de parole par cette phrase liminaire : « Comme l’a souligné en août dernier notre président de la République ». Il citait donc à dessein le locataire de l’Elysée, ce qu’a omis de stipuler Barthès en lancement. Daniel Schneidermann, fer de lance du site Arrêt sur images qui a dénoncé la manipulation, crie alors au bidonnage et appelle le Petit Journal à faire un choix « entre la rigolade et le journalisme ». Sommée par Matignon, la production de l’émission reconnaît une « erreur » via Facebook sans daigner s’excuser pour autant. Malgré la méfiance que leur inspire l’émission, eu égard aux tentatives de désinformation répétées, les politiques continuent à s’y presser et se montrent bien souvent disponibles à l’approche des micros siglés Petit Journal. Un paradoxe qu’explique Damien Lempereur, le directeur de la campagne de Nicolas Dupont-Aignant : « Ils ont fait des manipulations mais cette émission est d’abord du divertissement, de la caricature. Et plus on est caricaturé, plus on compte dans le jeu politique donc on va pas s’en plaindre ». Les rapports de force se trouvent désormais inversés. Le show a pris une telle ampleur que les politiques acceptent d’y être épinglés dans la mesure où on parle d’eux. L’émission finit par devenir un rouage de la politique spectacle qu’il entend mettre à mal. C’est le serpent qui se mord la queue.
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« Cette émission fait marrer sans faire avancer » Jean-Luc Mélenchon, le président du Parti de Gauche, dresse un portrait au vitriol du Petit Journal et s’insurge contre les méthodes de ses journalistes.
Qu’importe, Yann Barthès n’est pas à une contradiction près. L’animateur apparaît plus que jamais intouchable au sein de la chaîne cryptée, tant son aura est devenu un vecteur d’image. Dernier dépositaire en date de l’esprit Canal, Barthès incarne l’impertinence, l’anticonformisme qui ont forgé l’identité propre de la quatre. « Le Petit Journal constitue l’un des derniers bastions du Canal historique, celui des pères fondateurs Rousselet et Lescure. Un mélange de recul, de distanciation et de dérision » analyse Jonathan Escarpiado, diplômé du CELSA et auteur d’un mémoire sur l’esprit Canal. La belle gueule et la décontraction du Savoyard ont encore de beaux jours devant eux. Sauf si ce dernier décidait de voguer vers d’autres horizons. On lui prête une volonté de s’essayer à la comédie, une manière de trancher dans le vif ce tiraillement permanent entre information et divertissement. « Lui-même a trop la tête dans le guidon pour penser à l’après » décrypte sa collaboratrice. En attendant, il poursuit son OPA sur la chaîne cryptée. En plus de sa quotidienne en semaine, Yann Barthès produit depuis septembre dernier Le Supplément, une émission présentée par Maïtena Biraben sur la tranche de midi le week-end.
Que pensez-vous du Petit Journal de Yann Barthès ? Le Petit Journal est une machine à débiter le même discours, tout politique est un menteur, tout pouvoir est abusif ! Cette émission est pleine de présupposés idéologiques. Elle fait marrer sans faire avancer ! Tout le monde en rigole mais moi je les déteste et s’ils franchissent d’un millimètre la ligne, ils seront traités comme ils doivent l’être, c’est-à-dire pas comme des journalistes qu’ils ne sont pas.
Pourquoi une telle animosité à l’égard de ce programme ? Il y a de la consommation pour ce type d’émission, moi je sais ce que j’ai vu et je ne l’accepte pas. À Hénin-Beaumont, j’ai vu une équipe venir me poser la même question du moment où je suis sorti de ma chambre d’hôtel jusqu’à la nuit tombée. Ils me mettaient le micro dans la figure en permanence pour me faire craquer. Ce que j’ai fini par faire à un moment, c’est d’ailleurs ça qui a été diffusé, Mélenchon en train de vociférer et tout le monde se fend la poire. Leurs méthodes sont scandaleuses, ils sont prêts à tout pour décrédibiliser les hommes politiques.
Le Petit Journal vous a reproché de leur avoir interdit l’accès à vos réunions ? C’était à Metz, une rencontre était organisée avec une association de lutte contre la pauvreté. Ce sont des gens pour qui la vie est dure et ces fumiers sont là, flairant le bon client. Je demande aux camarades de leur interdire l’accès à la réunion, je ne voulais pas les voir ! Une interdiction valable uniquement pour cet événement, ils avaient par ailleurs libre accès à l’intégralité de mon déplacement en Moselle. Ils ont harcelé le service d’ordre, jusqu’à ce qu’ils trouvent un type qui dise : « oui on m’a dit qu’il ne faut pas vous laisser passer ». Ils ont fait leur truc avec ça, moi en noir et blanc, présenté comme un dictateur. Avec eux je n’ai pas d’alternative, je ne vais pas docilement les laisser faire. Je préfère payer cher, recevoir le mépris des gens car cette émission influence beaucoup de gens. Il faut être dur avec les gens qui se foutent de la gueule de nos militants ! Olivier Rozencwajg
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Oración a Francisco Papa nuestro, que estás en el vaticano, santificado sea tu nombre ; venga a nosotros tu sabiduría ; hágase tu voluntad en Roma como en el corazón de todos los católicos. Dales hoy el perdón de cada día; perdónales sus ofensas, porque nosotros ya no podemos más, ya que todos los días (casi) nos ofenden; no los dejes (más) caer en la tentación, y líbranos del mal, si puedo decir, de ellos. Su buena conciencia de cada día dásela hoy. Francisco, perdónales porque pecaron Llegaste a Roma hace poco tiempo y ya tienes mucho por hacer. Pero quizás vos, si creo lo que dicen de ti los periódicos, te salgas con la tuya. En Le Monde dicen que eres « el Papa de las primeras veces », que eres « el porta voz de los desheredados ». En cuanto a Le Figaro te presenta como el « Papa de la fraternidad ». Francisco te quedan muchos milagros por hacer porque el mundo esta hecho una mierda como dice Mafalda. Es que la quiero mucho. A Mafalda. Vos estás lleno de bondad, aunque por tu cargo estás obligado, entonces perdónalos porque la semana del 25 de marzo se cometió muchos pecados.
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Francisco perdónales porque pecaron, sintieron avaricia Si por avaricia se entiende atarse de manera compulsiva a las riquezas materiales o simplemente amar al dinero, creo que el caso de Chipre es perfecto para hablar de uno de los pecados mas extendidos entre los humanos, ¿ no crees Francisco ? « Europa quiere cerrar el casino » explicaba Libération. Porque Chipre se averigua ser un Estado, no exactamente un paraíso fiscal, pero tampoco una zona de virtud bancaria. « Chipre pasa del « shock » a los escándalos por corrupción » constata El Mundo explicando que « [s]i algo le faltaba a Chipre para igualar su crisis a la de los países del sur de Europa era la corrupción de sus políticos. » ¡ Dicho y hecho ! En efecto, la semana pasada conoció una enorme crisis económica y un rescate de parte de la zona europea. Citando de nuevo El Mundo : « según el diario isleño Haravgi, varios de sus familiares políticos podrían estar implicados en un escándalo bancario por el supuesto uso de información de privilegiada sobre el futuro del país en los días previos al corralito ». Al ver lo que paso en Argentina, y eso si que vos lo vistes,
y ahora en Chipre y en mucho mas países europeo da un poco miedo. Por favor, haz oír nuestro temor al señor de arriba.
Perdónale, o no, porque pecó, sintió ira Al perder la presidencia de Francia, Nicolas Sarkozy se volvió un francés normal. Ya no puede escapar a la justicia de los hombres. ¡Qué palo! El ex presidente esta acusado de abuso de « faiblesse » /debilidad. Se dice que abusó de una anciana muy rica, la señora Bettencourt, para financiar a su campaña. También pecó por avaricia. ¡ Pero más que todo que mala onda tiene el nene ! « Caso Bettencourt : la ira de Sarkozy frente al juez », explica el Huffington Post. En cuanto a Le Monde pone de relieve el carácter difícil del ex presidente : « Nicolas Sarkozy al juez Gentil : ¡ no lo dejaré aquí ! ». Pero lo más inquietante se pudo leer en el artículo de La Tercera : « El juez francés que inculpo Sarkozy recibe amenazas de muerte ». ¿ Tan mala leche tendrá el hombre ?
Perdónale porque dicen que pecó, le ven perezoso pero intenta ponerse las pilas
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tous, bonnes Pâques et bon repas/ Felices Pascuas a todos, felices Pascuas y que aprovechen ». Entonces así hicimos, de Francia a Estados Unidos. La voix du Nord relata que « Wambrechies : la búsqueda de huevos de pascua reúne a muchos niños en el parque de Robersart » y « Búsqueda de huevos : el césped de la Casa blanca invadido » releva 20 minutes.
Perdónales porque aunque, según tu, pecan, hay que perdonar Los hombres políticos al parecer son unos pecadores, pero algunos menos que otros. El pasado jueves, el presidente Hollande sufrió el difícil ejercicio de la entrevista televisiva. Y la verdad, es que no le fue muy bien. « Hollande » « no es convincente » en la televisión por el 68 % de los Franceses, se podía leer en Le Monde o « François Hollande ou l’optimisme à côté de la plaque » titulaba Le Courrier International. ¿ Las razones ? El desempleo en alza de 0,6 % en marzo en Francia, explicaba 20 minutes. O sea unos 16 600 mas de desempleados que acabaron con la ilusión francesa de tener un presidente normal. Le nouvelobs.com explica el fracaso del presidente con el siguiente titular: « Hollande en France 2 : contra el desempleo, su voluntad política no es suficiente ». Pero « desocupación : Hollande mantiene su voluntad de invertir la curva » concluye Le Monde. A ver si ocurre el milagro…
Perdónalos porque pecaron, fueron orgullosos Dicen que el deporte es el opio del pueblo pero al parecer también es el opio de los nacionalistas. El martes pasado se afrontaron Fran-
cia y España para la calificación en Copa del Mundo. Fue la ocasión perfecta para ambos de gritar su orgullo nacional (por una vez) mediante las portadas respetivas de su país. El periódico Aujourd’hui aprovecha de la ocasión para elegir en su portada una cita que resume perfectamente la apuesta del partido : « Ribéry : on est pas une petite nation/no somos una pequeña nación ». « Francia-España, el partido ya ha empezado en la prensa de los dos países » señala Le Nouvel observateur.com. Y en efecto, por un lado se podía leer « Es nuestra noche. A Brasil se va por Paris » titulaba el periódico español Marca. Y del otro el periódico francés L’Equipe anuncia “una noche de sueño” que « daría a los « Bleus » una gran oportunidad de calificarse ». Pero al final solo puede haber un campeón. « España baja Francia a la tierra dice la prensa francesa » ya que « el campeón volvió a Francia » se emociona As. Porque eso si, la victoria no es humilde…
Sé que perdonarás porque fuimos golosos En el día de Pascuas, en 20 minutes nos deseaste : « Bonnes Pâques à
Francisco tu fe en la religión te prohíbe asentir, pero no te impide comprender. Aún más que como Francisco de Asís, te preocupas de los pobres más que todo. Y justamente la pobreza es uno de los factores más importante de los embarazos no deseados. Por eso, en Francia se decidió conceder la gratuidad de la píldora para los menores de edad y del aborto en general a todas las mujeres. « El aborto se vuelve gratuito, la píldora también (pero solo para las menores) » se podía leer en Rue89.com. Libération titula que « [l]es médecins brésiliens souhaitent dépénaliser l’avortement/ los médicos brasileros desean legalizar el aborto » Y justamente estarás tu ahí en julio para las jornadas mundiales de la Juventud católica. En Brasil como en Argentina, el aborto es autorizado en caso de violación o de peligro mortal para la madre. Y vos y yo sabemos que no es en adecuación con la manera de vivir de nuestra época. Vos, el primero sabes cuantas mujeres mueren en Argentina y en América del Sur en general por causa de abortos ilegales. Quizás es el momento perfecto para ser « el papa de las primeras veces ». Gracias por escucharme Amen Ludmir Pajares No-tícias .......
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Amar en tiempos revueltos, amar a España en el siglo XXI El pasado mes de septiembre Televisión Española se despidió de su serie estrella Amar en tiempo revuelto. Se acaba una historia de amor de 7 años entre la telenovela y los españoles. Unos 3 millones de espectadores se sentaron delante su pantalla para despedirse del Asturiano, Manolita, Marcelino y Pelayo. Efectivamente en época de crisis, los ahorros son cosa de todos y TVE tuvo que separarse de su programa clave a favor de Antena 3. A la hora de la globalización, los medios de masas pueden, a veces, sustituirse o complementar a los padres, la escuela o el Estado al nivel educativo. « Aprender la historia de nuestro país divirtiéndose » podría ser el lema de Amar. ¿ Pero para qué ? Quizás para permitir a los españoles hacer la paz con su pasado, entre ellos mismos y sentirse de nuevo una Nación, como « Dios manda » El pasado mes de septiembre Televisión Española se despidió de su serie estrella Amar en tiempo revuelto. Se acaba una historia de amor de 7 años entre la telenovela y los españoles. Unos 3 millones de espectadores se sentaron delante su pantalla para despedirse del Asturiano, Manolita, Marcelino y Pelayo. Efectivamente en época de crisis, los ahorros son cosa de todos y TVE tuvo que separarse de su programa clave a favor de Antena 3. A la hora de la globalización, los medios de masas pueden, a veces, sustituirse o complementar a los padres, la escuela o el Estado al nivel educativo. « Aprender la historia de nuestro país divirtiéndose » podría ser el lema de Amar. ¿ Pero
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para qué ? Quizás para permitir a los españoles hacer la paz con su pasado, entre ellos mismos y sentirse de nuevo una Nación, como “Dios manda”. « La televisión disemina la propaganda y orienta el consumo que inspira la formación de identidades » (Néstor García Canclini) Con el desarrollo de los medios de masas la Cultura -en un sentido de “saberes”-, ha dejado de ser cosa de elite. Los procesos de globalización que la sociedad experimento han permitido el libre acceso a los contenidos para un gran publico. La sociedad de masa y de consumo favorece el uso de los medios de
masas al diario. Efectivamente, focalizándonos en el caso de la televisión, hoy en día 95 % de los hogares poseen una.
Ver a España por la televisión Gracias a Amar en tiempos revueltos resulta especialmente eficaz transmitir valores y conceptos culturales, y más allá definir una identidad nacional española. Amar en tiempos revueltos fue difundido por primera vez en el otoño del 2005 en Televisión Española. Subrayemos que en sus principios la televisión era órgano de propaganda estatal y sirvió en eso mucho a Franco. Justamente, de Franco se trata en esta superproducción nacional
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que relata la historia de una España dañada por la dictadura. Con la llegada de la democracia, la televisión pasa de ser instrumento de propaganda a herramienta a favor de la democracia. Citando a Baltasar Magro, « la televisión española era la plataforma ideal para vender la democracia ». En este sentido, la telenovela fue encargada por Televisión Española. En la misma época, durante el gobierno Zapatero, se habló de una ley de reconciliación nacional llamada Ley de Memoria Histórica que tenderá a normalizar la historia de un país reconociendo los daños hechos por ambas partes.
tuvieron familiares que sufrieron el franquismo. El publico siendo ya sensibilizado al tema, traslada sin dificultades las normas enunciadas a su historia personal o familiar. Sin embargo, Amar propone una visión del mundo maniquea donde los pro franquistas suelen ser malvados terratenientes que impiden a la clase obrera ávida de igualdad acceder a un nivel de vida correctos. La televisión impone una realidad simplificada individualizando el conflicto mediante unos personajes que suscitan emociones al espectador y que le impone proyectarse.
« Gracias a la serie mucha gente está aprendiendo la historia de España » dijo Ana Turpin, la actriz quien encarna Andrea Robles en Amar, en El País en febrero 2006 al iniciarse la difusión de la telenovela. En la sociedad de comunicación de masas en la que vivimos, los medios cumplen con varias funciones. En el caso de Amar, el entretenimiento conlleva un aspecto educativo. Efectivamente, mediante un formato original, la telenovela relata la historia nacional española y de ahí plantear las bases de una memoria colectiva compartida. Al proponer historias de amor en tiempos revueltos, la narrativa borra las fronteras preexistentes entre los que fueron republicanos y franquistas. Cada uno de los españoles
Para concluir, « Cuando una novela galvaniza el país, en ese momento actualiza su potencial de sintetizar el imaginario de una nación, esta es su identidad.» (María Immacolata Vassallo de Lopes) La televisión, mediante ésta telenovela, sobrepasa la dimensión de distracción. Se ha tratado de construir mecanismos de interactividad y dialéctica entre tiempos vividos y narración. Además, se ha construido sociabilidad accionando espacios comunes y, mediante su sitio web crea ocasiones para el usuario de participar en conversaciones. Vale decir, que se genera un entorno que crea un mundo de sociabilidad, reconocimiento e intercambio en torno a esta produc-
ción televisiva. Aunque sea verdad, que la serie propone diversión también hay que asumir que hay un lado educativo. La identificación de los españoles por la serie explica la alta audiencia porque hay una parte emocional que los seduce. En este sentido, es interesante ver cómo los medias pueden influir en las personas. Amar son unos 1700 capítulos, 7 temporadas o sea 7 anos de difusión. La producción de un capitulo costaba a la cadena publica 56 000 euros multiplicados por unas 12 000 euros de rodaje por una cuota media de pantalla cerca del 20 % - alrededor de 2,5 millones de españoles - Fueron miles de actores españoles que participaron a la serie. En términos de producción y de difusión, la serie se vuelve verdadera industria cultural, capaz de movilizar inversiones y generar interés. Efectivamente, tras el suceso de la telenovela, varios libros fueron escrito respeto al tema tales como Azucena de noche que cuenta la historia de una misteriosa locutora radiofónica, Si tú me dices ven basada en la vida de Alicia Pena y El día que me quieras inwspirada por uno de los personajes de la telenovela, el comisario Hector. Amar en tiempos revueltos es un verdadero fenómeno social que traviesa la historia de España, mediante la coordinación de los medios y su fuerte influencia en su población. No-tícias .......
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PARIS MADRID
M N E A D T 2013
MAI - JUILLET 2013 Madrid à Paris
www.tandem2013.com
flamenco, sevillanas, musiques actuelles, danses, cinéma, théatre, installations
GRANDE BAL FLAMENCO electronico avec la participation des champions du monde de flamenco
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Dimanche 20 Mai 2013 de 17h à 22h
Terrasse du Trocadéro - ouvert à tous - entrée libre