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Informatique : un problème de relève très large
du canton de Vaud avec d’autres institutions cantonales ou encore l’Année préparatoire pour les futures ingénieures, qui permet aux femmes avec une maturité fédérale ou de diplôme équivalent d’accéder aux filières d’ingénierie à la HEIG-VD.
L’AFFAIRE DE TOUS
Les besoins en personnel dans les métiers IT continuent d’augmenter en Suisse. Une récente étude révèle que notre pays aura besoin de près de 120 0 00 professionnels IT supplémentaires en 2030. Si rien n’est fait, l’économie helvétique connaîtra en 2030 une pénurie de près de 40 0 00 spécialistes, qui est générale, quelle que soit la spécialisation.
Des membres de la CVCI nous ont rapporté que le secteur IT manque notamment de relève dans le domaine des infrastructures informatiques. C’est le cas de Marc Boudriot, CEO de Syselcom, société spécialisée dans les architectures informatiques dédiées aux entreprises. « L e problème, à mon sens, est que l’on ne met pas assez en avant cette filière, estime le professionnel. Il existe trois HES qui forment dans ce domaine en Suisse romande, et elles ne comptent que quelques dizaines d’étudiants. En France aussi, on commence à manquer de relève dans ce secteur. Dans les filières réseaux et télécom, on comptait les étudiants par centaines ces dernières années, puis par dizaines et bientôt plus… Même les bonnes conditions salariales de la Suisse ne permettent plus d’en attirer. » Pour Marc Boudriot, la solution consiste à rendre cette filière plus attractive : « O n ne la met pas assez en avant, estime-t-il. C’est vital pour l’économie. C’est comme si les mécaniciens auto venaient à manquer : l ’entretien des voitures ne serait plus assuré… »
Du côté des Hautes écoles, on assure prendre le problème au sérieux. Doyen et chef du département des TIC à la HEIG-VD, Vincent Peiris constate une pénurie et un manque de relève dans tous les domaines de l’informatique. « L a pénurie dans certains domaines est plus visible, c’est le cas de la sécurité informatique, car c’est un domaine médiatisé. Dans les domaines comme les réseaux et les infrastructures ou les systèmes embarqués, la pénurie est importante, mais moins visible. »
Bassin De Recrutement Largir
Le spécialiste observe que la HEIG-VD peine elle aussi à recruter des talents pour conduire les projets de recherche appliquée avec les partenaires du tissu économique, ou pour recruter du personnel d’enseignement dans certains domaines pointus, ce qui pose un problème de relève dans un sens très large. Vincent Peiris juge ainsi « nécessaire d’élargir le bassin de recrutement ». Pour lui, la médiatisation fait que nombre d’étudiants inscrits à la HEIG-VD en informatique ont plus entendu parler de cybersécurité que de réseaux et d’infrastructures, et les personnes peuvent s’inscrire plus facilement là où elles peuvent se projeter. « De façon sous-jacente se pose la question des moyens mis en œuvre en amont, à l’école obligatoire et post-obligatoire, pour initier les jeunes et visibiliser les opportunités », ajoute-t-il, tout en pointant le problème de la sous-représentation féminine dans les métiers de l’informatique.
Le doyen assure que les Hautes écoles et les universités travaillent fortement à remédier à cette pénurie. La HEIG-VD a ainsi mis en place une série d’actions, comme les nombreux ateliers extrascolaires pour les jeunes proposés dans le cadre du programme PLUS
Cette pénurie est-elle due à un manque de moyens, de volonté politique ? « Je pense que c’est une affaire de toutes les parties prenantes, poursuit Vincent Peiris. Cependant, j’ai l’impression que les Hautes écoles, à l’instar de la HEIG-VD, vont déjà très loin, au sein du périmètre de recrutement qui leur est naturellement dévolu. Avec les modes de dispense à temps plein ou à temps partiel, avec les multiples possibilités d’années passerelles, les ateliers proposés, les présences aux différents salons des métiers, il est difficile d’aller plus loin. » R écemment, le mode PiBS a été déployé pour élargir l’admission aux étudiants avec maturité gymnasiale d’entrer dans la filière d’informatique de la HEIG-VD, pour autant qu’ils soient employés à temps partiel dans une entreprise partenaire de la Haute école. PiBS a déjà attiré l’attention de plus de 25 entreprises de la région.
Le doyen juge le rôle des politiques important, car si l’on veut vendre quelque chose, il est nécessaire d’investir davantage dans le marketing, la publicité et l’information auprès du public cible. Il ajoute qu’il en va de même pour les industriels, « qui peinent parfois à s’engager en se visibilisant pour les jeunes et en affinant leur fibre d’entreprise formatrice. Au fond, je suis émerveillé par le nombre d’entreprises innovantes (grandes, PME, start-up) dans le tissu économique vaudois (et au-delà), ultradynamiques et avec des quantités d’opportunités dans le numérique, mais force est de constater que cela reste très diffus aux yeux des jeunes », conclut-il.