Final Fantasy X

Écrit par Dante_Sparda_62 pour Dante_Sparda_62's Novels.

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- I'C'estton histoire'

Il n’avait jamais été réellement sûr de lui. Mais la célébrité le forçait à se montrer plus extraverti qu’il ne l’était. Il ne rêvait pas. Il était bel et bien, en l’espace d’une année, devenu champion des Zanarkand Abes, l’une des plus prestigieuses équipes de Blitzball au monde. Tout comme son père avant lui… son père qu’il haïssait… son père qui avait disparu alors qu'il s'entraînait en mer il y avait de cela dix ans… C'était une belle vengeance. Il n'avait alors que sept ans à l'époque. Ce soir, le jeune homme devait jouer l'ouverture d'un tournoi en mémoire à son père. Ce soir une fois de plus, il gagnerait. C’était bien sûr. Il était le meilleur… “ Tes tirs sont minables ! ” entendait-il pourtant résonner dans sa tête. La voix de Jecht le hantait. Son « vieux » comme il se plaisait à l’appeler ne le laisserait-il donc jamais en paix ? Il était temps, grand temps de sortir. Près de chez lui, une petite foule de fans l’attendait déjà. Le soleil s’était évanoui laissant place à un sublime ciel étoilé, loin derrière les hauts immeubles de la ville de Zanarkand sur lesquels coulaient d’immenses cascades, et étaient fixés d’énormes écrans qui ce soir diffuseraient le match en direct. Un gigantesque arc aquatique surplombait la ville entière. Les routes étaient telles de longs, très longs ponts sur lesquels on ne pouvait voir que des gens le sourire aux lèvres marcher en direction du stade. C’était cette ambiance de fête que le joueur vedette des Zanarkand Abes aimait par-dessus tout.

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Car il faut savoir que dans cette ville comme dans bien d'autres, les êtres humains passaient le plus clair de leur temps à s'amuser, confiant tout le labeur à des machines de leur conception. Depuis des décennies, le monde fonctionnait ainsi et jamais personne ne s'en était plaint. Les sports tels que le Blitzball avaient attiré toujours plus de spectateurs et de passionnés, mais ce n'était pas tout : vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de passe-temps que les gens avaient développé, tous plus intéressants les uns que les autres, et bien souvent surprenants. Les villes ne dormaient jamais, et Zanarkand en particulier.

Il fit un pas vers le petit groupe de fans. Chacun se tut quand on aperçut enfin le jeune homme, blond, ses cheveux en pétard, vêtu d’un pull jaune avec une manche courte et l’autre longue, muni d’une capuche blanche, et qui formait un V au niveau du col découvrant un torse relativement musclé. Par-dessus le pull en question, il portait une sorte de salopette noire en jean, qui formait un short dont la jambe droite était plus longue que la gauche. Sur cette dernière, un dessin rouge, qui par ailleurs se trouvait également au niveau d’un pendentif autour du cou du jeune

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homme : le logo des Zanarkand Abes, longtemps porté par Jecht, son père. Trois jeunes enfants d’à peine dix ans étaient là, l’attendant d'un air timide, devant tous les autres. Ils tenaient chacun entre leurs petites mains une balle bleue et blanche, ronde, dont la surface n’était pas lisse puisque couverte de bosses. Le premier le supplia de dédicacer son ballon de Blitzball, rapidement suivi des deux autres. Les enfants sautillaient de joie. “ Pas de problème ! ”, répondit le champion d’une voix enjouée. Il attrapa le marqueur que lui tendait le petit et signa « Tidus » sur chacune des balles. L’un de ses autres fans, un jeune adulte dont il remarquait souvent la présence, s’approcha de lui et lui demanda comment il se sentait. “ Aussi bien que d’habitude ! Merci ! ” “ Génial ! ” répondit le fan. “ On est tous derrière toi ! ” Quelques encouragements plus tard et après avoir promis à deux jeunes filles plutôt mignonnes qu’il leur ferait un signe, en guise de dédicace, lorsqu'il marquerait un but, Tidus annonça qu’il était temps pour lui d’y aller. Les trois jeunes garçons le supplièrent alors en cœur de lui apprendre à jouer au Blitzball. « Euh… j’ai un match à jouer, là », rappela le jeune homme. Les petits insistaient : il leur apprendrait après le match. “ Peut-être… ce soir… euh… ” répondit Tidus embarrassé. “ Tu ne peux pas, ce soir ”, le sauva la voix calme et sage d’un jeune garçon encapuchonné d’un châle mauve derrière lui. Surpris, le champion se retourna et regarda le petit qu’il n’avait pas encore remarqué. Il ne l'avait jamais vu auparavant... pourtant... il lui semblait étrangement familier. “ Promis ? ” demandèrent les enfants pleins d’espoir. Et Tidus confirma d'un signe de tête. Les trois jeunes garçon exécutèrent alors un geste fort particulier, qui était le signe de la victoire, dans le monde du Blitzball : ils levèrent d'abord les deux bras à l'horizontale, puis les redescendirent majestueusement par le côté. Cela fait, les avants-bras parallèles au sol, les paumes face à face, ils s'inclinèrent légèrement.

Quelques minutes plus tard, Tidus courait sur l’autoroute surélevée de Zanarkand, sur laquelle aucun véhicule ne circulait en raison du match. Çà et là discutaient hommes et femmes, surexcités à l’idée de ce nouveau tournoi qui commencerait d’ici quelques minutes. Pourtant chacun sentait comme une flamme brûler au plus profond de son âme. Était-ce dû à l'excitation d'assister ce soir à ce qui allait être un match d'une rare intensité ? Une femme s'était même écroulée, éprise d'un malaise.

Mais l'insouciance demeurait maîtresse. Sur sa gauche, Tidus remarqua sur l’un des énormes écrans fixé à un immeuble aux couleurs orangées l’image de son père. Il s’arrêta de courir. Son vieux semblait le fixer. De la tristesse au dégoût, en passant par la colère, il ne lui fallut pas plus de cinq secondes avant d’émettre un « Hum ! » de dédain et de se remettre à courir vers le stade.

La voix du commentateur, maussade, résonnait depuis les nombreux hautparleurs disséminés dans toute la ville. “ J’étais dans un café, et je m’étais enfui de chez moi quand j’ai appris la nouvelle… Notre héros, Jecht. Disparu. Envolé… Mon père était son plus grand fan… il devait être bien triste… tout comme nous l’étions tous, ce jour. Je me suis dit… « Hey, mais qu’est-ce que tu fiches encore ici ? »… Et je suis directement rentré à la maison. Nous avons parlé de Jecht toute la nuit… Mon père et moi n’avions jamais tant discuté. Mais bon… je ne suis pas là pour vous raconter ma vie ! En tout cas, cela va bientôt faire dix ans, et c’est aujourd’hui la

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Jecht Memorial Cup qui se joue ! Les deux équipes finalistes sont bien sûr les Abes de A-Est et les Duggies de C-Sud. Je suis certain que vous êtes nombreux aujourd’hui à être venus voir la star des Abes ! En seulement un an, ce Tidus est devenu le joueur numéro 1 de l’équipe ! Il est le sang de Jecht, et un nouvel espoir du Blitzball ! Quel nouveau super tir va-t-il nous montrer, aujourd’hui ? Verrons-nous le tir légendaire de son père ? Je crois ne pas me tromper en avançant que je suis ne pas le seul à ne plus tenir en place ! ”.

Tidus arriva enfin en vue de l’entrée de l’énorme stade circulaire. Il se fraya un chemin parmi la foule qui l'acclamait, puis réussit à entrer. A peine quelques minutes plus tard, il était là, cherchant à se détendre quelques secondes au bord de l’énorme bassin hermétique, en forme de boule, au centre du stade. Ses yeux étaient fermés.

La pression qu’il avait subie auprès de ses fans diminuait peu à peu. Il était dans son élément. Il aimait l’eau. Il aimait nager. En bref, il aimait le Blitz. Soudain, il sentit une intense lumière derrière les paupières closes de ses yeux. Il les ouvrit brusquement.

Son cœur se mit à cogner frénétiquement contre sa poitrine. Cela commençait. Une énorme charge d’électricité grésillait au milieu du grand stade de Zanarkand. Peu à peu, une sphère énorme se formait, telle une goutte d’eau géante grossissant au centre du stade. C’était le « terrain ». Deux buts face à face étaient là, dans l'eau, à l'intérieur de cette sphère, chacun appartenant à l’une des deux équipes. Tremblant d'excitation, mais peut-être de stress, il se leva lentement. La foule hurlait, n’en pouvant plus d’attendre.

A un kilomètre de là, sur un toit, se trouvait un homme. Auron, l’air calme et serin, son œil mort par lequel passait verticalement une longue cicatrice sur un visage légèrement ridé par des années difficiles et son bras gauche rangé dans sa longue veste rouge, ses cheveux grisonnants à la racine et ses petites lunettes de soleil rondes et noire sur le bout du nez, détourna le regard du grand stade de Zanarkand et se tourna vers l'océan. Il était là. Il arrivait. Ce soir. Soudain, la mer toute entière sembla se soulever, telle une montagne s'élevant en quelques secondes à peine.

Quelques reflets permirent d’entrevoir sous l’épaisse couche d’eau la carcasse d’un monstre, énorme, de plusieurs centaines de mètres de long. Auron le fixait, l’air à la fois triste et soulagé. Il attrapa sa gourde et comme pour saluer le monstre, la tendit vers la bête qui s’approchait de la ville tout en s’élevant dans les airs, entourée d’une sphère d’eau de mer faisant penser à celle du stade de Blitzball.

Pendant ce temps dans l’autre sphère, bien plus petite, au centre du stade, la balle blanche et bleue se voyait persécutée, envoyée de personne en personne, frappée par quelques tirs au pied, tandis que tous nageaient dans l’eau chauffée de la boule d'énergie dans laquelle ils se trouvaient. Tidus fonça et éjecta un membre de l’équipe adverse hors du terrain, faisant au passage, fier de lui, les bras croisés et souriant, un clin d'œil à la foule.

Auron marchait désormais en direction du stade. Calmement. Toute la partie de la ville la plus proche de l’océan tremblait. Le sol semblait vibrer sous les pieds des habitants de Zanarkand. L’une des bottes de Auron claqua dans une flaque d’eau.

Les gouttes ne retombèrent pas au sol. Elles s’envolèrent. Comme aspirées. Aspirées vers la masse monstrueuse qui s’approchait dangereusement de la ville. Les quelques rares personnes à ne pas être scotchées devant un écran commençaient à paniquer. Ils couraient vers la direction opposée de la ville. Peu à peu des morceaux d’immeubles tout entiers se mirent à se tordre, puis furent arrachés, aspirés par

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cette immonde bête. Qu’était-ce donc ?

Un but venait d’être marqué par l’équipe de Tidus. Se sentant comme soulevé par les acclamations du public, ce dernier fonça vers la balle à la première occasion. Il allait le faire. Oui. Il devait le faire. Un tir spécial, de sa confection. Il lança la balle vers le ciel étoilé de toutes ses forces, la faisant ainsi jaillir haut, très haut au-dessus du terrain qu’était la sphère aquatique. Il se lança à la poursuite du ballon, se propulsant à son niveau tout en effectuant un salto arrière. Il vit d’abord le ciel, puis s’attendit à voir le ballon. Il n’aurait alors plus qu’à frapper dedans de ses pieds tout en visant le but, en contrebas. Il allait réussir. C'était simple. Mais il sursauta alors qu’il était la tête en bas dans le ciel, prêt à achever son geste. Une énorme boule se trouvait là au loin et expulsait ce qui semblaient être des projectiles d’énergie qui détruisaient tout sur leur passage. L’un des tirs manqua de toucher Tidus qui vit l’instant passer au ralenti, bouche bée. Zanarkand était en flammes. Sa ville. Tout explosait de toute part. Le niveau des eaux commençait à grimper dangereusement et à faire exploser le sol sous les pieds des gens. Le jeune homme s’accrocha instinctivement à l’un des bords du toit du stade, entendant des explosions partout au-dessous de lui. C'était la panique, les gens hurlaient, se bousculaient, se réfugiaient où ils le pouvaient. Il ne se tenait que d’une main, et le souffle des déflagrations le fit perdre l’équilibre. Il tomba, criant de peur, et par chance atterrit dans ce qui restait d’eau dans le stade.

La mer. Les immeubles. Les gens. Tout était aspiré et détruit par cette chose étrange dans le ciel. Quand il ouvrit les yeux, Tidus était devant le stade. L’eau s’était déversée jusque là, l’emportant avec elle. Les gens fuyaient vers le sud, espérant que la bête ne les suivrait pas jusque la montagne. Le champion fit quelques pas en titubant et reconnut alors… “ Auron ! Qu’est-ce que tu fais là ?! ”. Le visage du sage était impassible. Il était là, seul être vivant immobile et calme au milieu de tous les autres. “ Je t’attendais ”, répondit-il. “ Qu'est-ce que tu me chantes, encore !? ” demanda Tidus n’attendant pas de réponse de la part de son ami.

Ce dernier était déjà parti, marchant d'un pas soutenu mais néanmoins calme vers l’autoroute. Les gens couraient dans le sens inverse du leur. Eux se dirigeaient droit vers le monstre. Soudain quelque chose arriva. Tidus n’entendit plus un son. Juste sa propre respiration. Les gens autour de lui... ils ne bougeaient plus. Comme figés. De véritables statues sans vie. Il s'aperçut alors que l'étrange petit garçon à la capuche mauve de toute à l’heure était juste là, devant lui. Il le fixait. “ Ça commence ”, dit calmement l’enfant. Tidus fit un tour sur lui-même, bouche bée. Que se passait-il ? Il n’y comprenait rien. Il fixa de ses yeux bleus le jeune garçon d’un air interrogateur. “ Ne pleure pas ”, dit le petit. Soudain, un flash passa devant les yeux de Tidus et le temps reprit son cours. L’enfant avait disparu. Les gens hurlaient et couraient de nouveau. Zanarkand brûlait et de la fumée s'élevait dans les airs. Il repéra alors Auron, plus loin devant, qui suivait l’autoroute droit vers la sphère dans le ciel. “ Hé ! Attends ! ” cria Tidus se mettant à courir vers lui. Lorsqu’il fut à son niveau, à l’arrêt, il lança essoufflé : “ Pas par-là ! ” “ Regarde ”, demanda Auron impassible. Il fixait avec intensité la boule aquatique dans le ciel. “ Nous l’avons appelé Sin. ” Tidus s'apercevant de la taille colossale du monstre enveloppé par cette couche

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d’eau répéta son nom en un murmure. Sin, le péché. Soudain, ils entendirent tous deux un bruit sourd sur leur gauche. La bête venait d’envoyer se planter dans un immeuble une monstruosité ressemblant à un grand tentacule noir d'environ quinze mètres de hauteur. La queue de ce dernier semblait constituée d’écailles... et chaque « écaille » fut propulsée partout autour du tentacule. La plupart se plantèrent sur le pont de l’autoroute. Elles se mirent à bouger, puis à se lever, laissant apparaître de petits monstres grisâtres munis d’ailes étranges. La plupart des bêtes se trouvaient près de Tidus. Trois d'entre elles avancèrent vers lui, tentant de le mordre de leurs dents tranchantes comme des rasoirs. Il se débattit, les repoussant à coups de poing, fouettant l’air autour de lui, si bien qu’il perdit l’équilibre et tomba sur les fesses. Il vit alors scintiller au-dessus de lui une superbe lame rouge que lui tendait Auron.

L’épée avait une forme étrange, arrondie, très bien faite, et n’était pas aussi lourde qu’elle n'en avait l'air. “ Un cadeau de Jecht ”, dit Auron. “ De mon vieux ?! ” s'exclama Tidus surpris.

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Il frappa devant lui avec sa nouvelle arme, faisant reculer les monstres. Peu habitué à manier les armes, il manqua de tomber de nouveau. Auron, qui avait également sorti une lourde épée qu’il tenait sur son épaule à l’aide du bras qu’il gardait habituellement sous sa veste dit alors : “ J’espère au moins que tu sais t’en servir… ”. Essoufflé, Tidus fit un léger signe de tête en guise d’acquiescement. Il se jeta alors sur l’ennemi le plus proche, lui portant un violent coup. Auron fit de même avec les deux autres. Lorsqu’ils mourraient, les monstres dégageaient de magnifiques lucioles d’un bleu/vert superbe : les furolucioles. Bizarrement, Tidus sentait qu’il s’agissait sans doute d’âmes déchues. D’autres « écailles » tombaient en grand nombre sur le pont. Ils se mirent à courir, les évitant, et frappant de leur épée les bêtes qui par mégarde se redressaient trop vite sur leur route. Soudain un nouveau tentacule vint se planter juste devant eux, faisant trembler le pont tout entier. Il leur barrait la route. De petites branches visqueuses partaient en tous sens au niveau de ce qui devait être sa tête.

D’autres monstres ailés s’en vinrent afin de la défendre. Tidus ne savait pas vraiment se battre, mais il faisait de son mieux : sa vitesse était un atout de taille, de même que son agilité et sa vivacité d'esprit en général, qui lui permettait d'esquiver les dangereux coups de ses ennemis. Toutefois, Auron effectuait la majorité du travail. Une fois le tentacule abattu, une pluie de ces « écailles » tomba de nouveau sur le pont. Devant eux comme derrière eux. Ils ne pouvaient combattre sans être défaits, mais la fuite n'était plus envisageable non plus. Auron repéra alors un coupleur d’énergie sans doute tombé d’un toit sur la droite du pont. Séparer les deux parties de l'engin causerait une explosion. Il fonça et frappa lourdement de sa puissante épée. La majeure partie du coupleur tomba du pont, explosant en vol, détruisant le pilier qui supportait l’énorme autoroute. L'immense écran où la photo de Jecht était affichée clignotait, et l'immeuble sur lequel il était accroché semblait se rapprocher dangereusement, tombant en avant. Le sol semblait gronder. Le pont, doucement, amorçait sa chute. Il se scinda en deux, à un mètre d’eux à peine. La moitié sur laquelle les deux hommes se trouvaient demeurait stable. Calmement, Auron se tourna vers Tidus. “ Cours. ” Comprenant, ce dernier ne chercha pas plus loin. Il sauta sur la partie du pont en train de choir, suivi de près par Auron. Ils devaient atteindre l’autre moitié stable avant que cette partie ne tombe totalement. Il sauta aussi haut que possible… et réussit à agripper le bord de l'autre bout du pont. Il était sur le point de lâcher prise lorsqu'il vit Auron le regarder, au-dessus de lui. Tidus appela son nom, horrifié, à bout de souffle. Au-dessus de son sage ami, il pouvait voir l’énorme sphère qui enveloppait Sin approcher lentement, dangereusement. Le morceau de pont sur lequel ils se trouvaient et auquel le jeune homme se cramponnait commençait peu à peu à se soulever, aspiré par le dessous de la sphère, qui consistait en une sorte de spirale. Auron regarda le trou qui aspirait la ville toute entière. “ Tu en es sûr… ? ” sembla-t-il demander au monstre. Tidus se tenait fermement, quand enfin son ami se baissa afin de l’aider à se redresser. “ Nous y voilà… ” dit-il de sa voix monotone et fatiguée, mais d'un air ému et solennel. “ C'est ton histoire. Tout commence ici. ” Soudain, choqué, Tidus vit la tête de son ami s’allonger verticalement, suivie de tout son corps, puis disparaître par le « trou » en-dessous de Sin. Puis il se sentit luimême aspiré, hurlant de peur devant cette sensation étrange et inconnue qui sembla l’étourdir lourdement. Une lumière blanche plus aveuglante que tout ce que

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l'imagination humaine peut se représenter entourait le jeune homme qui fut contraint de fermer les yeux.

L’intense lumière se dissipait peu à peu alors qu’une voix s’élevait. “ Hé ! ” apostropha Jecht. Tidus rouvrant les yeux observa autour de lui. L’endroit ressemblait fortement au stade de Blitzball de Zanarkand… en ruines… flottant au milieu d’une ville elle-même dévastée. Tout était flou. Rien ne semblait réel. Quant à lui, il était au beau milieu du stade. Il volait… ou plutôt, il nageait dans les airs.

Quelque chose brûlait face à lui. Il reconnut le symbole qu’il portait autour du cou et sur ses vêtements, symbole que son père, Jecht, avait également porté bien longtemps auparavant sous forme de tatouage sur le torse : le logo des Zanarkand Abes. Sur une plate-forme en contrebas se trouvait un enfant, l’air maussade. Le champion de Blitzball s’approcha de lui en nageant, et surpris, s’aperçut qu’il s’agissait de lui-même quelques années plus tôt. Il pensa alors à bien des choses. Où était-il ? Qu’allait-il devenir ? C’est alors que soudainement, il se mit à avoir le tournis, l'image de cette Zanarkand chaotique disparaissant rapidement... puis le sommeil le prit en l’espace de quelques secondes.

Il n’osa point ouvrir les yeux de nouveau lorsqu’il reprit lentement connaissance. Il était dans une eau froide et nauséabonde d’après ce qu’il pouvait sentir. Il se souvint alors avoir fait un rêve, lors de cet étrange sommeil dont il venait de se tirer. Un rêve dans lequel il était seul. Dans lequel il ne désirait qu’une chose : avoir quelqu’un, n’importe qui, près de lui. Pour ne plus jamais avoir à se sentir seul.

Il se risqua à laisser ses paupières se lever et découvrit avec horreur un paysage désolé, perdu, chaotique, bien loin de la lumineuse et vivante Zanarkand dans laquelle il avait grandi. Une brume épaisse couvrait l’étrange étang dans lequel il flottait. Il était proche des ruines d’une sorte d’ancien Temple que personne ou presque n’avait dû visiter depuis des centaines d’années, peut-être plus. “ Il y a quelqu’un ? ” demanda-t-il sans crier, trop effrayé pour cela. Il n’eut pour seule réponse qu’un écho de sa propre voix. Il appela le nom d’Auron, sans succès. Se demandant s’il avait réellement quitté son rêve, il hurla un grand “ Hé ! ”. Pas de réponse. Un sombre oiseau s’envola non-loin de lui, effrayé par le cri, en direction de l’énorme Temple à quelques centaines de mètres de là. Un orage permanent semblait planer au-dessus des lieux. Ce monde apocalyptique n’était pas le sien, et Tidus le savait. Il nagea quelques minutes durant, inquiet, guettant le moindre bruit.

Il atteignit enfin la terre ferme, non loin de l’entrée du grand Temple. Le sol était terreux. Fragile. De vieux ponts faits de pierres menaient au Temple. Il devait y entrer : il était frigorifié et mourrait de faim. Peut-être y trouverait-il quelque chose.

Il s’engagea sur le petit pont, étroit, au-dessus d’un bassin rond à l’aspect peu rassurant. Mais ce qui devait arriver arriva. La vieille construction céda sous son poids pourtant léger. Il tenta maladroitement de se rattraper mais il sentit bientôt l’eau froide le submerger de nouveau. Surpris, il vit alors foncer vers lui deux étranges bêtes vertes qui nageaient habilement et qui semblaient fort dangereuses.

Il attrapa son épée, habitué à maîtriser son corps en milieu sous-marin, et frappa le premier monstre à trop s’approcher de lui. Quelques secondes plus tard, d’autres monstres verts vinrent encercler Tidus qui se trouva pris au piège. C’est alors qu’un grondement se fit entendre, quelque part à la droite du jeune homme. Il ne pouvait rien distinguer bien clairement dans cette eau marécageuse, mais il devina que cela

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ne présageait rien de bon. Les monstres verts s’enfuirent à toute vitesse, quand soudain une énorme bête marine, que l’on appelait en réalité Geosgaeno, surgit de l’ombre. Il était rond. Rond et laid. La quasi-totalité de son corps était en fait une sorte de cage : il aspirait ses victimes et les y enfermait afin de les manger par la suite. Paniqué, Tidus fonça vers le mur du Temple, espérant trouver une embouchure. Par chance, une fissure demeurait en effet dans le bas de la façade de pierre. Il y plongea alors que l’énorme gueule du monstre s’ouvrait derrière lui, aspirant avec puissance ce qui se trouvait en face. Le champion de Blitzball continua de nager de toutes ses forces afin de retarder le moment où il serait avalé, quand soudain un morceau du mur s’effondra sous la pression exercée par le Geosgaeno, séparant ce dernier de sa proie.

Tidus s’allongea sur la terre ferme, dans un petit couloir humide, sombre et étroit.

Il était vidé. Non, il ne rêvait donc pas. Mais où donc était-il ? Il était trempé, et le froid le paralysait. La faim faisait gronder son estomac. Il demeura ainsi quelques minutes. Peut-être quelques heures. La notion du temps n’est plus en de tels moments. C’est finalement son instinct de survie qui le poussa à se lever. Il lui fallait du feu. Il s’aventura plus avant dans le Temple, jusque la salle principale : une grande pièce ronde, humide, où chaque petit bruit faisait écho quelques secondes durant. Il pleuvait à l'extérieur, et le plafond partiellement effondré de la pièce faisait... qu'il pleuvait aussi à l'intérieur. Il chercha quelques minutes durant et trouva de vieilles brindilles sèches, miraculeusement épargnées par l’humidité. Il se mit ensuite à chercher des pierres capables de provoquer des étincelles. Après quelques minutes de plus, il trouva enfin un silex parmi les nombreux cailloux, et se mit à essayer d’allumer le feu. Il finit après plusieurs tentatives par y parvenir, et il s'allongea

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devant, profitant de ce confort inespéré, et essayant de sécher ses vêtements mouillés qu'il n'avait pas la force de retirer. Il surveilla ainsi le foyer, le faisant perdurer aussi longtemps que possible. Puis peu à peu, la fatigue l’assomma, et il s’endormit malencontreusement. “ Qu'est-ce que tu veux ? ” demandait Tidus irrité à Auron. Ce dernier le sermonnait alors, lui disant que son équipe avait perdu le match par sa faute, qu'il avait fait une erreur de débutant. Exaspéré, honteux, et en colère, le jeune homme l'envoyait balader. “ Cela fait dix ans, aujourd'hui... ” fit remarquer Auron. Je pensais te trouver en train de pleurer. ” “ Qui ça, moi ?! ” rétorqua Tidus en colère. “ Pourtant, tu pleurais bel et bien ”, lança une voix. Le fils de Jecht se tourna et vit avec surprise l'enfant encapuchonné qu'il avait l'étrange impression de très bien connaître. Les mêmes furolucioles que celles qui émanaient des monstres à leur mort flottaient autour du gamin.

Le froid le réveilla soudain. Il eut à peine le temps de se demander si ce rêve en était réellement un, si ce qu'il venait de voir aurait dû se passer dans son monde, qu'il sursauta. “ Hé ! Non attends ! Me fais pas ce coup-là ! ” hurla-t-il s’adressant au feu qui avait presque entièrement disparu. “ Une minute, je vais chercher ce qu’il faut ! ”. Mais il ne trouva pas. Dépité, il s’assit près de son camarade éteint, le fixant pour oublier sa faim. Mais les gargouillements de son estomac résonnant dans le Temple tout entier ne facilitaient point la tâche. Il ferma les yeux, bien que ne parvenant plus à s’endormir. L’humidité ambiante devenait insupportable à mesure que le temps passait. Bientôt, il crut sentir quelque chose bouger loin au-dessus de lui. Levant la tête vers le plafond il vit un nouveau monstre ramper à toute vitesse tel une araignée. C’est alors que l’une des portes du Temple s’ouvrit à la volée, et en surgirent contre toute attente un groupe d’êtres humains vêtus de manière bien étrange. Ils portaient des lunettes qui les faisaient ressembler à des mouches, et des combinaisons de plongée de différentes couleurs. L’un de ces étranges êtres était une fille, âgée d'à peine seize ans, le visage casqué, sa combinaison rouge. Elle lança quelques mots dans une langue que Tidus ne comprenait pas, et les hommes qui l’accompagnaient s’occupèrent du monstre en quelques secondes à peine. Le champion des Zanarkand Abes heureux d'avoir trouvé des amis n'eut pas le temps de sourire que brusquement un coup lourd tomba à l'arrière de sa tête. Sa joie ébranlée, sa vision troublée, Tidus s'évanouit.

Il lui semblait qu'il avait dormi des siècles durant. Sa nuque endolorie si bien par le coup qu'il avait reçu que par la position dans laquelle il avait passé ces dernières heures ne l'empêcha pas de lever la tête et d'ouvrir les yeux. Encore une fois il faisait froid. Humide. Mais c'était différent du vieux Temple dans lequel il s'était trouvé plus tôt. Il se trouvait sur une sorte de vieux bateau, qu'il serait assez difficile de décrire.

Imaginez un petit pétrolier, tout grisâtre, et çà et là rongé par la rouille. Le ciel était toujours très sombre, nuageux. Sans doute était-ce la nuit... et il commençait à se demander s'il arrivait seulement qu'il fasse jour dans ce monde. Le navire était apparemment à l'arrêt, au beau milieu de ce qui semblait être l'océan. Tidus était seul, mais cela ne durerait pas : une porte coulissa vers le haut, et les humains qui l'avaient trouvé plus tôt en sortirent. Il reconnut le premier : c'était le grand gaillard

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qui l'avait assommé. A côté de lui se trouvait la fille de toute à l'heure. Elle avait retiré une partie de son casque, ce qui permit à Tidus de discerner des cheveux blonds attachés et des yeux bleus, dans lesquels on lisait comme un grain de folie.

Son nom était en réalité Rikku, et l'autre, c'était son frère. Aussi, pour des raisons techniques, nous appellerons ce dernier Frangin.

Frangin, des tatouages plein son torse nu, et une petite crête blonde pour toute coiffure s'approcha donc du jeune homme qui se demandait s'il devait s'inquiéter ou non. A nouveau le type s'exprima dans une langue que Tidus ne maîtrisait pas du tout. Voyant que son invité ne comprenait pas, Frangin tenta de mimer un plongeon et des mouvements de brasse, ajoutant quelques “ huh ” “ heh ” et “ hah ” quelque peu ridicules pour animer ce qu'il voulait montrer. “ Heu... Ouais, si tu veux ”, répondit Tidus le regardant comme s'il était fou. Frangin sortit d'une de ses poches des lunettes de plongée similaires aux siennes et les tendit au jeune homme, répétant ses “ huh ” et ses “ hah ”. “ Je t'ai dit que je comprenais pas ! ” s'impatienta le champion de Blitz. L'un des hommes présents s'énerva et pointa un fusil vers lui. La voix de Rikku furax s'éleva, et Tidus devina qu'elle venait de lui ordonner d'arrêter. “ Il a dit que tu pouvais rester à condition de te rendre utile. ” “ Tu me comprends ?! ” répondit-il ébahi à la jeune fille. Ou bien peut-être avait-il rêvé ?

Il reçut un léger coup de crosse dans le dos et fut contraint de dire qu'il allait travailler avec eux. A vrai dire, Tidus n'avait pas vraiment le choix. Il espérait seulement ne pas être traité comme un animal jusqu'à la fin de ses jours. Rikku expliqua qu'ils avaient trouvé des ruines en-dessous. Pour l'instant, rien ne fonctionnait, mais sans doute restait-il un peu d'énergie. S'ils arrivaient à trouver le moyen de la rétablir, ils auraient pêché le gros lot. “ Ok, mettons-nous au boulot ! ” lança la jeune fille. “ Ça marche. ” répondit Tidus se jetant déjà à l'eau. La jeune Al Bhede – car ces gens étaient des Al Bhed – le suivait de près. La mer n'était pas aussi froide qu'elle n'en avait l'air et le jeune homme ne comprenait pas encore ce qu'ils cherchaient, mais au fur et à mesure de leur descente, la silhouette d'une sorte de machine d'une taille astronomique se profilait. On eut dit l'épave d'un navire venu du futur. Et le plus incroyable reste que l'engin semblait encore en très bon état. Pas une trace de rouille, pas un impact.

Les projecteurs du navire des Al Bhed n'éclairant malheureusement pas l'intérieur de la machine antique gisant au fond des eaux, il leur fallut progresser dans les ténèbres bien plus inquiétants des couloirs du vieux vaisseau à la recherche d'un moyen de rétablir l'énergie. C'est à ce moment que Tidus commença à se sentir menacé, et il n'avait cesse de jeter des regards inquiets derrière lui. Il connaissait l'eau par cœur, c'était son élément en tant que joueur de Blitzball, et il lui semblait ressentir du mouvement plus loin. Quelques poissons ressemblant à des piranhas rôdaient mais ils semblaient eux-mêmes assez effrayés par la présence des deux jeunes gens. Ils trouvèrent finalement un générateur de secours, et la lumière fut rétablie. Soudain rassuré, le fils de Jecht baissa sa garde sur le chemin du retour.

C'est alors qu'une sorte d'immonde pieuvre, énorme, s'attaque à Rikku. Il attrapa son épée et se jeta sur le monstre, le tuant d'un coup puissant. Des furolucioles s'envolèrent, et Rikku reconnaissante sourit à Tidus. Ce dernier espérait franchement que cet acte lui vaudrait d'être mieux traité à l'avenir.

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De retour sur le bateau, le prestigieux vaisseau qu'ils avaient trouvé dores et déjà embarqué par les Al Bhed et leurs machines, il voulut les suivre à l'intérieur du navire, au chaud. Mais l'un des hommes le repoussa à l'extérieur. Frustré, Tidus scanda qu'il avait fait ce qu'on lui avait demandé, mais évidemment l'autre n'y comprit rien. Alors il s'allongea sur le pont, contre un mur. Bientôt, son estomac refit des siennes, gargouillant plus que jamais. Il lui semblait n'avoir rien avalé depuis mille ans. C'est alors que Rikku apparut, un plateau entre les mains, rempli de nourriture à ras-bord. Se demandant s'il ne rêvait pas, Tidus fixa ce don quelques secondes avant de littéralement de jeter dessus. Il attrapa une énorme poignée d'une sorte de légume dans sa main et la fourra dans sa bouche. Si bien que bientôt, il en vint à suffoquer. Rikku lui frappa dans le dos et lui tendit une gourde remplie d'eau qu'il s'empressa de vider. Elle était vraiment gentille, comparée aux autres.

S'accroupissant devant lui, elle lui dit en riant qu'il mangeait bien trop vite.

Son estomac soulagé, Tidus se leva et s'étira. Il s'approcha du bord du navire, s'appuyant sur la rambarde. Il fixait l'horizon, se demandant où pouvait être sa Zanarkand. Ils échangèrent leur prénom, et le jeune homme eut alors la confirmation qu'elle comprenait réellement ce qu'il disait. Quel soulagement ! Il se mit à rire, car finalement il n'était peut-être pas si perdu que ça. “ Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? ” demanda Tidus. Et elle lui répondit qu'elle n'en avait pas eu l'occasion. Ce qui en un sens était vrai, avec Frangin qui jouait au mime et les autres qui se méfiaient du nouveau venu. “ Tout le monde pensait que di étais un monstre ! ” ajouta Rikku. “ Heu, « dit » ? ” “ Oh, « di » veut dire « tu » ! ” “ Hum... Mais, vous êtes qui en fait ? ”, demanda Tidus curieux. “ On est des Al Bheds, ça se voit pas ? Attends, tu n'as rien contre les Al Bheds, hein ? ” “ Je ne sais même pas ce qu'est un Al Bhed ”, répondit-il un peu perdu. “ D'où est-ce que tu viens ? ”, demanda la jeune fille étonnée. “ Zanarkand ”, répondit-il simplement. “ Je suis un joueur de Blitzball. La star des Zanarkand Abes. ” Il y eut un blanc. Rikku le fixait de ses étranges yeux bleus. S'était-il cogné la tête ?

Elle lui posa la question, se demandant franchement s'il n'était pas fou. Pour plaisanter, Tidus répondit qu'ils l'avaient frappé, dans le Temple. “ Oh, oui... et tu te souviens de quelque chose avant ça ? ” demanda-t-elle prenant cette réponse très au sérieux. Et le jeune homme lui raconta tout ce qu'il y avait à dire sur Zanarkand.

De la vie dans cette ville, du Blitzball, et de l'attaque de Sin. Et de la façon dont Auron et lui avaient été comme aspirés par cette intense lumière. Il disait les choses telles qu'elles lui venaient à l'esprit, mais au plus il parlait, au plus Rikku semblait inquiète. Tous deux fixaient l'horizon. Le soleil allait se lever très bientôt. “ Est-ce que... j'ai dit un truc bizarre ? ” “ Tu t'es approché de Sin ? ” demanda à nouveau Rikku. Tidus acquiesça. “ Ne t'inquiète pas dans ce cas, tu iras mieux très vite ! Il paraît qu'on disjoncte un peu quand on s'approche de lui. Tu as peut-être simplement fait une sorte de rêve ? ” “ … Tu veux dire que je suis malade ? ” demanda le jeune homme dubitatif. “ A cause des toxines de Sin, ouaip. ”

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“ Tu es sûre... ? ” Tidus n'envisageait même pas la possibilité d'être malade, ou amnésique, ou quoi que ce soit d'autre. Ce qu'il venait de traverser était vrai. Il le savait. “ Bah... ouais ! ”, répondit Rikku. “ Y'a plus de Zanarkand ! Sin l'a détruite il y a mille ans... alors... personne ne joue au Blitzball là-bas. ” Tidus figé la regarda d'un air interdit. C'était impossible. Absolument impossible.

La jeune fille s'éloigna lentement de la rambarde, pensant qu'il valait mieux laisser le pauvre jeune homme un peu seul afin qu'il puisse encaisser la nouvelle. Mais la voix de ce dernier s'éleva contre toute attente. “ Comment ça... « il y a mille ans » ? Mais je... j'ai vu Sin attaquer Zanarkand ! Et tu dis que c'est arrivé il y a mille ans ? Impossible. ” Un moment passa, et tous deux demeurèrent silencieux. Puis Rikku, très concernée et qui avait passé tout ce temps à réfléchir, lui dit que si comme il le disait, il jouait au Blitzball, il devrait peut-être se rendre à Luca. Quelqu'un le reconnaîtrait sans doute, ou bien peut-être que luimême reconnaîtrait quelqu'un. Tidus n'avait aucune idée de ce qu'était Luca, mais il devina qu'il s'agissait d'une ville où le Blitz tenait une place importante. Rikku faisait les cent pas sur le pont tandis que lui restait là, vidé, appuyé sur la rambarde. Il ne pouvait pas croire ce que racontait cette « Al Bhede ». Zanarkand avait été détruite quelques heures plus tôt à peine. S'arrêtant soudain, la jeune fille lança “ Ok, laissemoi faire, je vais t'emmener à Luca, je te le promets ! ”. Tidus ne réagissant pas, elle lui demanda s'il préférait rester là, connaissant très bien la réponse au vu de la manière dont il était traité par ses camarades. Elle se dirigeait vers la porte pour prévenir les autres lorsqu'elle se retourna une dernière fois. “ Oh, encore une chose... ne dis à personne que tu es de Zanarkand, ok ? Selon Yevon, c'est un lieu sacré. Ça pourrait être très mal pris. ” Tidus hocha la tête bien qu'il n'avait aucune idée de ce que pouvait être Yevon.

Rikku disparut par la porte. Plus que jamais, le jeune homme se mit à penser à sa ville. Sa Zanarkand... une sorte de terre sacrée ? Ouais, bien sûr... depuis quand ?

Sin ? Yevon ? Luca ? Il pensait au départ que Sin l'avait envoyé en un lieu étranger duquel il pourrait revenir en un ou deux jours. Mais mille ans dans le futur ? Non, impossible. Il donna un coup de pied sur le sol, de rage. Et une seconde plus tard, le bateau trembla, un bruit sourd se fit entendre, et l'étranger trébucha. Paniqués, les Al Bhed se réunirent sur le pont. L'un d'eux se penchant au-dessus des eaux hurla alors terrifié : “ Sin ! ”. Ils criaient, ils chargeaient leurs armes. Une énorme vague passa par-dessus bord, et fit perdre l'équilibre à Tidus, qui frappa la rambarde et passa par-dessus. Rikku s'était jetée vers lui pour lui tendre la main... mais il était déjà trop tard. Impuissants, les Al Bhed virent le jeune homme disparaître dans les abysses.

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- IIBesaid

Lorsqu'enfin Tidus ouvrit les yeux, il s'aperçut qu'il avait la tête sous l'eau. Il flottait à la surface de la mer. Il pouvait entendre quelques mouettes chanter audessus de lui. “Rikku ?!” appela-t-il, regardant tout autour. Mais il n'y avait personne.

En revanche, il faisait jour. Il devait être midi, le soleil et le ciel étaient magnifiques, l'eau limpide était d'un bleu turquoise des plus superbes. Un coup léger frappa le jeune homme à la tête. Il se retourna. Une grosse balle bleue et blanche, avec des sortes de bosses se trouvait là. Surpris et heureux, il lança “Du Blitzball ?!”. C'est alors qu'une voix chaleureuse s'éleva au loin, sur une plage. Un groupe d'homme se trouvait là, sur une île de taille moyenne. Le plus costaud d'entre eux demanda s'il allait bien. Pour toute réponse, tout excité, Tidus plongea sous l'eau, leva la balle et l'envoya dans les airs, la poursuivant, et tirant puissamment dedans lors d'un magnifique salto. “Wouah” lancèrent tous les hommes sur la plage paradisiaque, réellement impressionnés par ce tir.

Nageant jusqu'au sable blanc, la star du Blitz distingua bientôt les visages des gens qui s'y trouvaient. Tous étaient habillés de jaune, généralement une sorte de salopette très simple, le torse ainsi presque nu. C'était compréhensible au vu du climat idéal qui régnait en ces lieux. Le grand costaud de toute à l'heure semblait aussi être le leader de cette équipe de Blitzball. Il avait des cheveux roux, et une gigantesque mèche remontait sur le devant de sa tête, le tout soutenu par un bandana bleu. Il était aussi mal rasé. “ Tu pourrais... refaire ça ? ” demanda-t-il à Tidus ne se remettant pas de ce qu'il venait de voir. Tidus lui sourit. Enfin, les choses commençaient à s'arranger. On lui donna une balle, et il effectua à nouveau ce mouvement bien à lui. Le leader de l'équipe comprit qu'il n'avait pas affaire à un amateur. “ Pour qui est-ce que tu joues ? ” lui demanda-t-il. Et sans réfléchir, le jeune homme répondit qu'il était chez les Zanarkand Abes. Tout d'un coup, on se mit à s'éloigner de lui, à chuchoter à l'oreille de son voisin, et se souvenant de ce qu'avait dit Rikku, Tidus se rattrapa en prétextant “ qu'il s'était trop approché de Sin et qu'il déconnectait un peu par moments, et que bien entendu il ne connaissait pas cet endroit, ni même d'où il venait ”. “ Oh, t'as été touché par le mal de Sin... mais au moins t'es toujours en vie ! ” lança le grand costaud considérant Tidus avec respect. “ Loué soit Yevon ! ” C'est alors que les six hommes se mirent à plier un genou, écartant les bras à l'horizontale, et les ramenant en parallèle, une paume vers l'autre, pour finalement s'incliner. Tidus connaissait parfaitement ce geste. Le signe de la victoire en Blitzball. Sauf qu'ici... il semblait qu'on utilisait ce mouvement comme une prière. “ Allez les gars, reprenez l'entraînement ! ” lança alors le rouquin costaud. “ Moi c'est Wakka. Entraîneur et capitaine des Besaid Aurochs ! ” Il lui tapa dans la main très amicalement après que Tidus lui ait à son tour dit son nom. Mais l'estomac du jeune homme vint rompre le petit silence qui venait de s'installer. http://dantesparda62novels.free.fr/

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“ Quoi, t'as faim ? ” demanda Wakka amusé. “ Ok, on va jusqu'au village, j'vais te trouver quelque chose. ”

Se mettant à le suivre, Tidus se sentit suffisamment en confiance pour poser des question à Wakka. Après tout, il n'avait pas l'air d'être une mauvaise personne. “ Heu, c'est vrai que Zanarkand a été détruite, hein ? Il y a mille ans ? Donc... c'est juste un tas de ruines maintenant... c'est ça ? ” Wakka répondit que bien longtemps auparavant, il y avait des tas de villes sur Spira. D'énormes villes, avec des machines pour les entretenir. Les gens jouaient toute la journée, et laissaient les machines travailler. “ Et ensuite, eh bien... jette un œil... ”. Regardant autour de lui, Tidus s'aperçut que cette île paradisiaque, couverte d'une végétation d'un vert magnifique, cachait les ruines de ce qui avait effectivement dû être une immense ville. Une cité similaire à Zanarkand. “ Sin est arrivé, et a détruit les villes-machines ”, continua Wakka. “ Et évidemment, Zanarkand en faisait partie. C'était y'a à peu près mille ans, http://dantesparda62novels.free.fr/

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comme tu l'as dit. Pour moi, Sin est notre châtiment pour avoir laissé les choses déraper. Ce qui m'énerve... c'est qu'on doive souffrir à cause de conneries faites par nos ancêtres. Bien sûr, on doit toujours payer pour nos pêchés, c'est important... c'est juste que, c'est dur de tenir le coup parfois, tu vois ? ”.

Tidus se sentit soudain plein de nostalgie. Des flashs montrant des gens s'amuser dans des rues lumineuses et chaleureuses, l'ambiance avant un match de Blitz... tout cela était-il perdu à jamais ?! C'était exactement ce que Rikku avait dit. Wakka et Rikku ne pouvaient pas mentir tous les deux. Pourquoi le feraient-ils ? Wakka éclata de rire et enlaça la tête du jeune homme autour de son bras musclé “ Mais le coup des Zanarkand Abes, c'était excellent, mec ! Enfin, je dis pas que cette équipe n'a jamais existé hein, mais 'faut bien se rendre compte que des mecs qui vivaient dans le luxe et tout ça devaient faire une belle équipe de ramollis, non ? ”. Le jeune homme fixait ses pieds. Il appréciait le fait que Wakka essaie de lui remonter le moral. Mais il ne pouvait se retirer de l'esprit que tout ce qui lui était arrivé, tout ce qu'il venait de traverser... tout avait commencé avec Sin. Et peut-être que s'il pouvait retrouver Sin, il pourrait rentrer chez lui. Pour l'instant, il allait devoir vivre jusque là, sans se préoccuper de l'époque ou du lieu dans lesquels il se trouvait. Il était très difficile de ne pas penser à chez lui. Mais il commençait déjà à se sentir mieux. Juste un peu... peut-être...

Perdu dans ses pensées, Tidus s'aperçut que la route s'arrêtait quelques mètres plus loin. C'était un gouffre. S'approchant lentement, il se pencha par-dessus. Un peu moins de dix mètres plus bas, il y avait de l'eau, toujours aussi claire et magnifique que celle de la mer dans laquelle il s'était réveillé. Surpris, il sentit des mains le pousser dans le vide. Wakka le rejoignit très vite en riant. La température de l'eau était absolument parfaite, et peu à peu la tête de la vedette de Blitz se vidait de tous ses problèmes. Ils nageaient depuis cinq bonnes minutes lorsque Tidus s'aperçut que son nouvel ami avait disparu. Soudain, ce dernier surgit du dessous et l'attrapa par derrière, riant toujours. “ Hé, lâche-moi ! ” lança le jeune homme qui n'était pas d'humeur à chahuter. “ J'ai une faveur à te demander ” fit Wakka le serrant moins fort mais ne le lâchant pas pour autant. “ Tu veux que j'entre dans ton équipe, c'est ça ? ” C'était évident, et Tidus n'avait eu aucun mal à le deviner. Le capitaine des Besaid Auroch le lâcha, et Tidus fit la planche, fixant le ciel, buvant les paroles de Wakka. “ Y'a un énorme tournoi de Blitz bientôt. Toutes les équipes de Spira vont y être.

C'est tellement énorme que je suis sûr que quelqu'un là-bas va te reconnaître. Après ça tu pourras retourner dans ton ancienne équipe, non ? Ce sera drôle. Qu'est-ce que t'en dis, hein ? Allez, allez ! ” Les questions envahissaient de nouveau l'esprit du fils de Jecht. Wakka avait eu la même idée que Rikku, et sans doute était-ce la meilleure chose à faire. Même s'il savait qu'il ne reconnaîtrait personne et que personne ne le reconnaîtrait, Tidus n'avait d'autre choix que de suivre son nouvel ami, juste au cas ou ces gens auraient raison. Au cas ou il serait réellement atteint du mal de Sin. “ C'est d'accord. ”, répondit-il alors de façon presque automatique. “ Cool ! On va s'éclater ! Hein, mec ? ” Tidus réfléchissait. Le Blitzball et Sin semblaient être les deux seules choses que Spira et Zanarkand avaient en commun. Et à vrai dire il n'était pas très loin de la

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vérité. Ils arrivèrent bientôt au sommet d'une falaise, et en contrebas se trouvait un petit village pittoresque, composé essentiellement de tentes. Seul un bâtiment était de pierre. Un grand Temple. C'était le village natal de Wakka, comme celui-ci l'expliqua à son nouvel ami. Il avait commencé le Blitz à l'âge de cinq ans. Aussi, dix ans plus tôt, alors qu'il n'avait que treize ans, il était entré chez les Besaid Aurochs.

Dix ans, et l'équipe n'avait jamais gagné un match. Wakka avait essayé de quitter l'équipe suite au tournoi de l'année précédente. Écoutant ce récit avec attention tandis qu'ils marchaient, l'estomac de Tidus ne put toutefois s'empêcher d'exprimer son impatience dans un nouveau gargouillement. “ Et puis j'ai trouvé ce nouveau boulot. Mais à chaque fois que j'avais un moment, j'en revenais au jeu. ” continua Wakka n'ayant visiblement pas entendu. “ C'est sûr que ça doit être frustrant de ne pas avoir gagné une seule fois en dix ans. ” “ Ouais... le premier match de l'an dernier, on a failli gagner. Mais... j'avais des trucs en tête, je pouvais pas me concentrer. ”, dit sombrement Wakka. “ La belle excuse ! ” plaisanta Tidus. Mais le capitaine des Aurochs ne semblait pas amusé du tout, donc il se rattrapa. “ Alors tu voudrais gagner le prochain tournoi ?

Faire un coup d'éclat ? Hum... alors, c'est quoi notre but ? ” “ Je me moque du résultat... tant qu'on fait de notre mieux. Si on donne tout ce qu'on a, je pourrai me retirer la conscience tranquille. ” “ Oh, non non non. Si je demande « quel est notre but ? », tu réponds « la victoire ! ». Quand tu participes à un tournoi de Blitzball, tu joues pour gagner ! ” “ La victoire... t'es sérieux ? ” répéta Wakka comme si Tidus venait de lui apprendre que l'être humain savait voler.

A quelques pas du village, ils croisèrent Luzzu et Gatta, des Bannisseurs. Surpris que Tidus ait aussi oublié ce qu'était ce groupe, Gatta expliqua que les Bannisseurs étaient des hommes et des femmes ayant juré de combattre Sin. Ils avaient des bases dans tout Spira, et acceptaient quiconque voulant entrer dans leurs rangs.

Mi'ihen, grand héros d'atan, avait formé les Bannisseurs huit cent ans plus tôt. “ Huit cent ans et vous n'avez toujours pas battu Sin ?! ” lança Tidus ahuri. Mais Luzzu expliqua que, essentiellement, les Bannisseurs tenaient Sin éloigné des villes, des routes, et des lieux sacrés. Ils ne pouvaient rien faire d'autre, il leur était impossible de vaincre le terrible monstre. Les Bannisseurs faisaient tout leur possible pour protéger les habitants de Spira. Tout naturellement, Tidus demanda à qui revenait la tâche d'essayer de vaincre Sin. Les trois autres décidèrent qu'il était sans doute préférable pour lui qu'il s'en souviennent de lui-même.

Enfin arrivés sur la place centrale du minuscule village, Wakka annonça “ Bienvenue au village de Besaid ! ” N'en pouvant plus, Tidus demanda s'il y avait un endroit où manger. Son ami lui indiqua une tente où on lui donnerait quelque chose à se mettre sous la dent. Mais pour le moment, Wakka emmena le jeune homme dans un coin à l'écart et lui demanda discrètement s'il se souvenait de la prière. “ De quoi est-ce que tu parles ? ” demanda Tidus inattentif. Évidemment, il n'avait jamais prié dans sa vie, mais ce bon Wakka ne pouvait pas le savoir. Ce dernier lui montra le signe de la victoire du Blitzball à nouveau. Il n'y avait pas de doute, c'était bien le même geste. Mais pourquoi... une prière ?

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“ Ok, vas au Temple te présenter à l'Invokeur ”, proposa Wakka. “ Je vais te préparer un truc à manger en attendant ! ”. Et il se retira en direction de sa tente.

Tout le monde – c'est à dire dans l'absolu peu de personnes – savait qu'un dénommé Tidus était arrivé ce matin par la mer et présentait des signes d'intoxications à Sin. Visitant rapidement les lieux, il apprit que le village survivait essentiellement grâce à des tissus faits de manière artisanale et traditionnelle. Leur qualité était excellente, mais évidemment, la productivité était moindre. Une vieille dame au centre du village s'approcha en souriant et lui dit de ne pas hésiter à lui poser la moindre question. Tidus se risqua alors à demander ce qu'était Yevon. “ Quelle tristesse d'oublier jusqu'aux Préceptes de Yevon... Yevon nous aide à surmonter les souffrances que Sin nous fait subir. Sans doute suivais-tu ces préceptes avant d'être atteint par le mal de Sin. Tâche de te rendre régulièrement au Temple pour prier, afin de te les remémorer. ” Finalement, Tidus pénétra dans le Temple. Une grande pièce circulaire apparut devant lui, éclairée par des torches. Le sol était pavé, et les murs étaient de pierre. D'immenses statues avaient été érigées autour de la salle. Aussi, un escalier montait jusqu'à une porte, quelques mètres face à l'entrée. Et les gens s'affairaient devant les statues, priant, pleurant pour la plupart. C'est alors qu'il commença à réaliser à quel point ce monde était différent du sien. Sortant de ses pensées, Tidus se souvint que Wakka avait parlé de saluer l'Invokeur. Sans doute était-ce ce vieux prêtre chauve qui se tenait là-bas. Il s'en approcha mais s'arrêta en route afin d'examiner une statue plus grande et sans doute plus belle que les autres. Un homme, le regard bienveillant, tenant un long bâton dans la main. Le prêtre s'approcha alors et expliqua au jeune homme : http://dantesparda62novels.free.fr/

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“ Dix ans ont passé depuis que Sire Braska est devenu Grand Invokeur et nous a apporté la Félicité. Et nous avons enfin reçu une statue pour notre Temple. ” “ Qu'est-ce qu'un... Grand Invokeur ? ” se risqua Tidus très curieux. Quelques personnes autour de lui le regardèrent comme s'il était fou. Alors, et sans doute allait-ce devenir un réflexe, il s'excusa prétextant être touché par le mal de Sin. Surpris, le prêtre exécuta une prière à l'instant où il eut terminé sa phrase. Tidus trouvait vraiment bizarre de s'entendre répéter encore et encore la même excuse.

Bizarre... et sans doute un peu triste. Le prêtre expliqua alors, l'air compréhensif, que les Invokeurs étaient les praticiens d'un art sacré destiné à protéger le peuple de Spira. Seuls quelques élus devenaient des Invokeurs, alors capables de faire appel à des entités animées d'un grand pouvoir : les Chimères. Les Chimères entendaient les prières des élus, et venaient à eux. Elles étaient la bénédiction de Yevon. Tidus traduisit ceci dans sa tête par “ Il faut respecter certains mecs parce qu'ils sont importants... ou un truc comme ça. ” Ainsi, les plus grandes statues étaient toutes à l'effigie de Grands Invokeurs. Il y en avait cinq.

Tidus avait presque oublié sa faim. A vrai dire, il était comme apaisé par un chant qui semblait venir des profondeurs du Temple. Un chant qu'il avait l'étrange impression de connaître parfaitement. Il quitta le Temple sans avoir trouvé l'Invokeur, et se rendit dans la tente de Wakka. Après avoir mangé, il s'endormit dans un fauteuil, mort de fatigue. Wakka resta là, fixant le jeune étranger, se posant bien des questions. Le prêtre entra alors dans la tente et s'adressa à lui. “ Tu pourrais au moins aller voir comment ils s'en sortent. ” “ On peut pas intervenir, c'est la règle ! ” répondit catégoriquement Wakka. “ Mais... ça fait presque... ” Pendant ce temps, Tidus rêvait de Zanarkand, encore une fois. Une voix disait : “ Mais... ça fait presque... ça fait presque une journée entière, maintenant ”.

Puis il vit sa mère, l'air inquiète, demandant si l'on ne pouvait pas faire des recherches. On lui répondit que des gens faisaient dores et déjà tout leur possible. “ Merci... ” dit-elle l'air désemparée. Tidus se vit ensuite lui-même, simple enfant à l'époque, alors que sa maman lui expliquait que son père ne semblait pas reparaître. Il était parti s'entraîner au Blitzball très loin, en pleine mer, et avait disparu depuis. “ Je me moque qu'il revienne ou non ! ” “ Mais il pourrait mourir ! ” “ Bon débarras ! ” lança méchamment Tidus. “ Est-ce que... tu le hais à ce point ? ” demanda sa mère les yeux ronds. “ S'il meurt... tu ne pourras jamais plus lui dire à quel point tu le hais. ” Lorsqu'il ouvrit les yeux, le jeune homme s'aperçut qu'il était seul. Depuis combien de temps Wakka était-il parti ? Sortant de la tente, il fut surpris de voir qu'il n'y avait presque plus personne à l'extérieur. Comme si le petit village s'était soudainement figé. On lui dit que tout le monde se trouvait au Temple, que quelque chose d'anormal se passait. De nature curieuse, Tidus ne put s'empêcher de se ruer vers le Temple. Tout le monde priait, l'air inquiet, au pied des statues. Juste en face de lui, il vit Wakka et le prêtre auquel il avait parlé plus tôt discuter d'un air anxieux.

Le jeune homme s'approcha afin de demander si quelque chose n'allait pas. “ L'Invokeur est entré dans la salle de l'épreuve et n'en sort pas ”, répondit

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Wakka tandis que le prêtre se retirait. “ Hum ? ” fit Tidus avec un air de « ne m'en voulez pas, j'ai le mal de Sin ». “ Heu... l'apprenti Invokeur, en fait. Y'a une pièce là-dedans qu'on appelle la Salle de l'Épreuve ”, expliqua-t-il en pointant du doigt la porte en haut des marches qui faisaient face à l'entrée. “ Et derrière cette salle, c'est l'endroit où l'Invokeur doit prier. Si la prière est entendue, l'apprenti devient Invokeur pour de bon... ça te dit vraiment rien ? ” “ Donc euh, y'a quelqu'un là-dedans, quelque part, et il en ressort pas. Ouaip, j'ai pigé. ” “ Ça fait déjà toute une journée... ” “ Est-ce que c'est particulièrement... dangereux, à l'intérieur ? ” Wakka répondit par l'affirmative. Surpris, Tidus se sentit soudain plus concerné. Il demanda donc pourquoi personne n'entrait pour aller aider. Mais son ami répondit que d'une part, il y avait déjà des Gardiens avec l'Invokeur... et que d'autre part, il serait contre les règles d'intervenir. Mais Tidus n'était pas de ce monde, et lui et les règles, surtout celles d'un monde qu'il ne connaissait pas, ça faisait deux. Un déclic se fit dans sa tête, et il se mit à gravir les marches en courant. S'arrêtant à michemin, il se retourna et vit une dizaine de personnes le fixer d'un air ébahi. “ Et si quelque chose arrivait ? Et si l'Invokeur mourrait ?! ” lança-t-il convaincu de faire le bon choix. “ Les Préceptes doivent être respectés ! ” menaça le prêtre d'un ton autoritaire. “ Comme si je m'en souciais ! ” répondit Tidus se remettant à grimper et passant la porte sous les cris de surprise des habitants de Besaid, outrés.

La grande porte portant le mystérieux symbole de Yevon refermée, le jeune homme jeta un œil sur l'endroit dans lequel il était tombé. Et c'est à ce moment qu'il se dit que finalement, ça n'était peut-être pas une si bonne idée. La salle était minuscule, simplement quatre murs, et sur l'un d'eux des symboles étranges qui devaient sans doute signifier beaucoup pour qui les comprenait. Ces derniers étaient lumineux. Tidus ne s'en rendit pas compte, mais cette lumière n'avait strictement rien à voir avec les néons alimentés par tout type d'énergie de sa Zanarkand. Non, ils étaient illuminés par une force magique bien plus complexe à expliquer que le phénomène de l'électricité. Mais il sentait que cette magie inexplicable flottait dans l'air. Cet endroit était vraiment des plus mystérieux. Il effleura les étranges formes sur le mur du bout des doigts, et le mur tout entier se souleva laissant apparaître un petit escalier de pierre qui descendait. Plus bas, il trouva un socle dans un couloir sur lequel avait été posée une étrange sphère qui brillait d'un bleu azur et qui lui servit à ouvrir une porte. Les choses se compliquaient peu à peu, et il lui fallut quelques minutes avant de comprendre que l'orifice sur le mur au bout de ce nouveau couloir pouvait être comblé en récupérant la sphère bleue laissée sur la porte. Ceci ouvrit un passage qui menait à une nouvelle sphère, cette fois verte. Il se dégageait du socle de pierre des tuyaux transparents qui couraient le long des murs et dans lesquels semblait circuler de l'énergie. Tidus en vint bientôt à remplacer la sphère verte par la sphère bleue, et l'énergie sembla se propager avec plus de puissance. Une explosion retentit dans le couloir. Paniqué, il se demanda s'il n'avait pas fait une bêtise.

Heureusement, il avait simplement fait sauter un pan de mur, dévoilant un nouveau passage.

Un autel se trouvait là, une nouvelle sphère posée sur lui, des inscriptions

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magiques faites des mêmes symboles étranges flottaient par-dessus le tout. Elles disaient qu'il fallait pousser l'autel afin de dévoiler un passage. Tidus ne s'aperçut même pas qu'il venait de lire et de comprendre des symboles qu'il ne connaissait pas, se mettant plutôt à faire ce qu'on lui demandait. Bientôt le socle se mit à s'enfoncer dans le sol, lentement. C'est alors qu'une voix s'éleva dans son dos. “ Hé, qu'est-ce qui t'a pris ? ”. C'était Wakka. Avant que Tidus ait eu le temps de s'excuser, son ami vint se poster à côté de lui et dit : “ Hum, ça ira... Y'a que les Invokeurs, les apprenti-Invokeurs, et les Gardiens qui ont le droit de venir ici en principe. C'est une tradition. Super important. ” “ Et... et toi alors ? ” demanda le jeune homme inquiet à l'idée d'attirer des ennuis à Wakka. “ Moi ? Je suis un Gardien. ” “ Un Gardien ? ” répéta Tidus qui s'aperçut qu'il ne savait pas non plus ce qu'était un Gardien.

Exaspéré, Wakka soupira, et l'élévateur se mit en marche. Tandis qu'ils descendaient, une voix s'éleva. Une voix magnifique, apaisante, qui chantait un air à la fois doux et reposant, qui semblait faire disparaître en un instant tous les problèmes. Tidus avait l'impression de connaître cet air. Bien sûr il l'avait déjà entendu dans le Temple avant le repas, mais il lui semblait l'avoir toujours connu, depuis sa naissance même. La voix ne semblait pas surprendre Wakka, qui expliqua certaines choses basiques à Tidus. “ Les Invokeurs partent en pèlerinage pour prier dans tous les Temples de Spira, et les Gardiens les protègent. ” Lorsque la descente fut terminée, et que seule une porte les séparait de l'ultime salle, il ajouta : “ Les Gardiens qui sont là-dedans, y'en aune qui est super impulsive, et l'autre... bah on sait pas trop en fait, y s'exprime pas souvent. Bon... puisqu'on est allés aussi loin, autant continuer, je suppose. ” Ils franchirent la porte et Tidus découvrit une salle sombre, vaguement éclairée par quelques flammes qui dansaient au bout de torches disposées çà et là.

Un escalier montait jusqu'à ce qui ressemblait à une porte qui devait sans doute coulisser vers le haut par quelque procédé magique ou sacré. Un être des plus étrange se tenait là, les bras croisés. Il était bleu. Tout bleu, et très grand. Il dépassait Wakka d'au moins deux têtes, ce qui n'était tout de même pas rien. Une corne cassée s'élevait sur son front. Son visage était tel celui d'un félin, et sa peau était couverte d'une fourrure d'épais poils bleus. De longs cheveux blancs et une barbe assortie entouraient sa tête. Il se tenait droit, les bras croisé, l'air fier. C'était un Ronso, les Ronsos étant de fiers guerriers protecteurs de la montagne sacrée. L'autre personne était assise au pied des marches. C'était une femme. Elle était sublime. Des yeux proches du rouge, des cheveux d'un noir profond assortis à une longue robe composée d'une multitude de ceintures à partir du bassin jusqu'aux pieds. Son visage semblait froid et dur, et son maquillage noir renforçait cette impression, de même que ses lèvres qui abordaient un magnifique mauve. Enfin, elle tenait dans ses bras une petite peluche blanche, qui ressemblait à un ourson avec un nez tout rose, de tout petits yeux, deux minuscules ailes rouges dans le dos et un pompon tout mignon au-dessus de la tête, Kupo ! Et que serait un visage froid sans le caractère qui l'accompagne ? “ Qu'est-ce que tu fabriques ici ? Tu pensais qu'on ne s'en sortirait pas ? ” assassina-t-elle calmement Wakka tout en se levant.

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“ Non, c'est... euh... c'est juste... ” balbutia le grand gaillard effrayé.

Elle s'avança vers eux, et ce fut au tour de Tidus de commencer à avoir peur.

Wakka lui murmura à l'oreille qu'il l'avait bien prévenu qu'elle se mettait vite en colère. “ Heu... est-ce que l'Invokeur va bien ? ” demanda le jeune champion de Blitz en se grattant la tête, gêné. Mais Lulu sembla surprise lorsqu'elle vit son visage jusqu'alors difficile à distinguer dans la pénombre. “ Qui... es-tu ? ” demanda-t-elle les yeux ronds. Il n'eut pas le temps de répondre. L'étrange porte en haut des marches commença à trembler, puis elle s'éleva lentement. Une intense lumière les aveugla, tandis qu'une silhouette se dessinait peu à peu en plein centre de cette source lumineuse. C'était une jeune femme. Elle fit quelques pas en se tenant au mur, et Tidus distingua un visage tout simplement parfait, des traits fins, son œil gauche bleu comme l'océan, son œil droit vert comme l'émeraude. Jamais dans sa vie il ne lui avait été donné de voir quelque chose d'aussi magnifique. La jeune femme, qui devait avoir environ l'âge de Tidus, à savoir dix-sept ans, semblait http://dantesparda62novels.free.fr/

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absolument exténuée. Des gouttes de sueur coulaient sur son front, et ses jambes tremblaient, ne semblant plus tenir toutes seules. Morte de fatigue, elle se laissa tomber en avant, manquant la première marche de l'escalier. Tous se ruèrent pour l'attraper, mais le Ronso fut le plus rapide. Cette jeune demoiselle avait visiblement souffert spirituellement ces dernières heures. Elle releva la tête et se mit à sourire.

Tidus sentit son cœur fondre. Elle était magnifique. De plus, le chant qui résonnait dans le Temple tout entier semblait l'emplir d'espoir et de joie. C'était fait. Il était tombé amoureux. “ Je l'ai fait ”, annonça la jeune femme d'une voix douce. “ Je suis devenue un Invokeur. ”

Lorsque le petit groupe reparut par la porte de la Salle de l'Épreuve, tous les gens qui priaient abandonnèrent leur statue et se ruèrent vers la jeune femme. Celle-ci leur sourit et pria devant eux. Tidus était vraiment surpris : il était persuadé que les Invokeurs étaient tous des vieillards. Tout le monde quittait le Temple et il suivait le mouvement lorsqu'il passa devant le prêtre qui lui jeta un regard sévère. “ Fermons les yeux sur ce que vous avez fait pour le moment, et fêtons ensemble la naissance du nouvel Invokeur ”, lui dit-il finalement d'un ton bienveillant. Tous les habitants de Besaid étaient déjà réunis au milieu du village , sur la petite place, l'Invokeur Yuna au centre de toutes les attentions. C'était un sublime après-midi, les oiseaux chantaient dans les arbres autour du village, et le ciel était exempt de tout nuage. Wakka s'aperçut que Tidus semblait un peu perdu : il tournait sur lui-même, cherchant ce qu'il fallait regarder. Il l'attrapa par derrière – bousculant au passage maladroitement toutes les personnes qui se trouvaient alentour – et le força à faire demi-tour afin qu'il regarde la jeune femme.. “ Faut que tu voies ça ! ” lança-t-il.

La belle Yuna était de dos, habillée d'une longue robe blanche et bleue. Elle tenait un long bâton bleu dont la tête était faite de symboles en or qui devaient sans doute représenter quelque chose de magique. Elle le tint droit devant elle, puis se concentrant, elle le brandit soudainement en avant tout en avançant majestueusement la jambe, comme s'il s'agissait d'un pas de danse. Soudain un magnifique sceau lumineux apparut sous ses pieds, de plusieurs mètres de diamètre,

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et quatre boules d'énergie d'un bleu/vert éblouissant s'élevèrent à toute vitesse vers les cieux. Quelque chose se mit alors à fuser, tombant du ciel en piquée à une vitesse incroyable. Lorsque la Chimère déploya ses longues ailes au dernier moment, un puissant souffle décoiffa tout le monde. Yuna venait d'invoquer Valefore, un énorme oiseau rouge qui mesurait plus de trois mètres de large une fois ses ailes déployées.

Sa tête était similaire à celle d'un aigle, et ce qui ressemblait à ses cheveux flottait derrière elle, attachés. Tidus n'avait jamais rien vu de tel dans sa vie. Bien sûr, il était un peu effrayé... mais cette créature dégageait une sorte de bienveillance, de gentillesse, qui touchait chacun des spectateurs au plus profond de leur âme.

Valefore se posa devant Yuna et frotta délicatement sa tête contre la joue de la jeune femme. Bientôt, elle reprit son envol vers les cieux.

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- IIILa fille du Grand Invokeur

Ce soir-là, l'ambiance était à la fête. Un feu avait été allumé au centre de la petite place de Besaid, éclairant les visages à l'apparence détendue de tous les villageois.

Mais Tidus sentait comme un goût amer au milieu de toutes ces cérémonies. Comme si certains n'étaient que partiellement heureux. Comme si certains ne voulaient pas voir Yuna devenir Invokeur. Wakka et Lulu, notamment, bien qu'ils faisaient leur possible pour ne rien laisser transparaître. Le leader des Besaid Aurochs fit rassembler son équipe. “ Les gars, Tidus veut absolument participer au tournoi... alors j'ai décidé de l'intégrer à l'équipe. Sa mémoire en a pris un coup alors faut pas faire gaffe si y dit des trucs bizarres. Allez, dis bonjour ! ” Il poussa le jeune homme en avant. Gêné, celui-ci se gratta la tête et dit simplement “ Heu... salut les gars... alors... c'est quoi notre but ? ”. Les autres répondirent en cœur que c'était de faire de leur mieux. Wakka les interrompit. “ Non non. On en a un nouveau. La victoire ! ”. Confus, les Aurochs murmurèrent entre eux, comme s'il s'agissait d'un concept nouveau, d'une véritable révolution. Puis ils lancèrent après quelques secondes : “ La victoire ! ”. Puis ils se mirent à chanter joyeusement. Mais le regard de Tidus ne pouvait se détacher du jeune Invokeur.

Yuna sentait bien qu'elle était observée, alors elle tourna la tête et son regard croisa celui du jeune homme, dont le visage rougit de honte à la lueur des flammes qui dansaient. Elle lui sourit, et la honte, le feu, les Aurochs, et le monde entier disparut. Ne demeurait plus qu'elle. Un bol entre ses mains, et un sourire sur ses lèvres. Sans réfléchir, il fit quelques pas, comme attiré irrésistiblement par la jeune femme. Mais une voix désagréable le ramena à la réalité. “ Ne t'approche pas de l'Invokeur, infidèle ! ”, avait lancé une vieille dame assise près de Yuna. Un jeune garçon de neuf ans renchérit avec un “ T'es qu'un méchant ! ”. Décidément, on lui en voulait beaucoup plus qu'il ne l'aurait cru de n'avoir pas respecté les Préceptes.

Mais contre toute attente, Yuna se leva et leur fit doucement signe de la laisser faire. Elle s'approcha de Tidus dont le cœur cognait frénétiquement contre sa poitrine. “ Mais... c'était ma faute, en réalité ”, le défendit-elle s'arrêtant devant lui. “ Je m'appelle Yuna. Merci infiniment pour ton aide, toute à l'heure. ” “ Oh heu... je suis désolé ”, bredouilla Tidus. “ J'aurais pas dû en fait, hein ? Je me suis un peu... laissé emporter. ” “ Ce n'est pas de ta faute ”, assura Yuna. “ J'étais un peu trop confiante, dès le départ. ” Elle inclinait la tête, ses mains jointes devant elle, affichant toujours un profond respect et une politesse marquée pour les personnes auxquelles elle parlait, qui qu'elles soient.

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“ Heu... J'ai vu cette heu, « Chimère », toute à l'heure. C'était fantastique ! ” lança Tidus essayant de converser et de complimenter à la fois. “ C'est vrai ? ” répondit Yuna un sincère éclair de reconnaissance dans les yeux. “ Tu crois que je réussirai à devenir Grand Invokeur ? ” Tidus hocha la tête positivement, souriant à la jeune femme. L'enfant de toute à l'heure arriva en courant et demanda, sautillant, à ce que Yuna joue avec lui. Celle-ci se pencha pour se mettre à son niveau et lui sourit, inclinant la tête. Puis elle se tourna vers l'inconnu de nouveau. “ Eh bien... à demain alors. ” “ Demain ? ” demanda Tidus surpris. “ Nous partons sur le même bateau, non ? ” “ Ah bon ? ” Il fit de son mieux pour ne pas hurler de joie. “ Nous pourrons discuter un peu plus. Tu pourras... me parler de Zanarkand. ” Son estomac fit un bond dans sa poitrine alors que Yuna s'éloignait. Était-ce possible ? Est-ce qu'elle le croyait ? Ou se moquait-elle de lui ? La voix de Wakka le surprit, juste derrière lui. “ Elle est plutôt mignonne, hein ? ”, dit-il lui donnant un coup de coude. “ Ça oui... ” laissa échapper Tidus sans faire attention. “ Hé, te fais pas d'idées... ” répondit sombrement Wakka. Plaisantant, le jeune homme lui lança que c'était elle qui finirait par lui faire des avances. Mais lorsqu'il vit l'expression triste et désolée sur le visage de son ami, il préféra se taire. Wakka changea de sujet et lui dit qu'on lui avait préparé un bon lit dans la tente des Bannisseurs s'il voulait aller dormir. Il ne fallut pas le lui répéter deux fois. Tidus était exténué par ce qu'il avait traversé, par ces questions sans réponse qui le harcelaient, par ces gens qui le prenaient pour un fou... mais quelque chose le soulageait. Une pensée positive. Enfin une. Yuna. Il fit alors un étrange rêve. Il se trouvait sur le pont, à Besaid, attendant le bateau qui viendrait les chercher lui et Yuna. Mais que diable faisait ce bateau ? S'il n'arrivait pas rapidement, les autres allaient les trouver. La magnifique jeune femme lui demandait alors “ Emmène-moi à Zanarkand... ”. Mais la voix de Rikku les interrompait, et la jeune Al Bhede lançait qu'il lui avait promis de l'emmener elle. “ Et puis, je croyais que Wakka t'avait dit de pas te faire d'idées ! ”. Puis les deux filles se disputaient pour savoir qui il emmènerait à Zanarkand, jusqu'à ce que Tidus se retrouve seul. Seul face à son père, qui avait pris les deux filles avec lui. “ Arrête de rêver. Toi avec une fille ? T'arrives même pas à attraper une balle. ” Tidus murmura alors qu'il le détestait. On lui demanda de parler plus fort. Il hurla de toutes ses forces “ Je te hais ! ” Il se réveilla brusquement, se demandant s'il avait réellement crié ou non.

Visiblement pas : tout le monde dormait autour de lui. Il entendait des voix à l'extérieur, et il ne put s'empêcher de se lever et de jeter discrètement un œil. Il devait être très tard, et les seules personnes se tenant encore sur la place du village étaient Wakka et Lulu. Ils semblaient se disputer. “ Il est mort, tu comprends ?! Mort ! ” lança Lulu visiblement agacée. “ D'accord, il ressemble à Chappu. Moi aussi, j'ai été surprise quand je l'ai vu. Mais il ne fait que lui ressembler. Il ne le remplacera jamais. Tu n'aurais jamais dû l'amener ici... ” “ Mais... il avait besoin d'aide... ” se justifia Wakka. “ Encore des excuses ? ” “ Mais... ” “ Stop ”, coupa Lulu. “ Ça suffit, Wakka ! J'en ai assez ! ”

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Et elle se retira laissant le pauvre Wakka seul au milieu du village. Tidus se sentait terriblement mal à l'aise, car la conversation semblait comme il le craignait le concerner. D'autant qu'il devinait que son ami tenait beaucoup à Lulu. Il le rejoignit afin de lui tenir compagnie, craignant quelque peu d'être haï par le capitaine des Aurochs. Mais celui-ci ne semblait pas en vouloir le moins du monde au jeune homme. Ils entrèrent silencieusement dans sa tente, et s'assirent chacun sur un lit, face à face. “ Qui est Chappu ? ” demanda timidement l'étranger. “ Mon petit frère... il te ressemblait beaucoup. Il était chez les Bannisseurs. Ils ont combattu Sin l'an dernier... il s'en est pas sorti. Je l'ai appris le jour du tournoi de Blitz... ” “ Oh ”, comprit Tidus gêné. Voilà donc ce qui avait empêché de son ami de se concentrer le jour du tournoi. “ Je suis devenu Gardien pour combattre Sin. ” “ Pour le venger ? ” “ Au départ, ouais... ” fit Wakka. “ Mais maintenant, je suis plus occupé par un stupide sport que par la vengeance de mon frère. Après le prochain tournoi, je deviendrai Gardien à plein temps. Je sais que tu dois penser que je me sers de toi mais... c'est pas le cas. ” “ Hé, t'en fais pas ”, rassura Tidus. “ Dans tous les cas, je te dois bien ça. Tu m'as vraiment beaucoup aidé, tu sais ? Ce que je veux dire, c'est... merci, Wakka. ” Il se leva et tendit la main. Wakka releva la tête et se mit à rire “ Hé arrête, tu vas me faire rougir ! ” Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, Tidus espérait presque se rendre compte que tout ça n'avait été qu'un mauvais rêve interminable, et qu'il serait de retour chez lui à Zanarkand. Mais non. Il était dans un lit relativement confortable, dans la tente des Bannisseurs, à Besaid. Et il devait être tard. Il décida que ce jour-ci, il ferait tout son possible pour ne pas se laisser bercer par toutes ces questions insupportables. Il allait plutôt essayer de découvrir ce nouveau monde. Et de la découvrir, elle. Il mourait d'impatience de la revoir. Au centre du village se trouvaient Lulu et Wakka.

Ce dernier tenait entre ses mains une magnifique épée à la lame bleue, comme faite d'une eau pure, mais aussi tranchante et étonnamment maniable. “ Hé, le dormeur ! ” lança Wakka amusé. “ Y'a un truc que je veux te donner ”. Il lui tendit l'épée. “ Ouah ! Tu me la donnes ?! À moi ? ” fit Tidus émerveillé et surpris. “ Ouaip. Fais-en bon usage. ” Tidus empoigna l'arme et fut étonné de sa légèreté. Elle conviendrait parfaitement à son style rapide et moyennement puissant. Il s'apprêtait à fendre l'air afin de tester quelques mouvements quand la voix de Lulu s'éleva. “ C'est l'épée que tu avais donnée à Chappu. ”. Tidus fut comme gelé sur place. “ Bah... il ne l'a jamais utilisée ”, répondit Wakka.

Lulu semblait un peu triste, mais en même temps bien moins en colère que la veille. Un soulagement. Ils attendirent Yuna un moment. Les deux autres en profitèrent pour raconter à Tidus l'histoire de la jeune femme. Yuna était arrivée dans ce village dix ans plus tôt, au début de la dernière Félicité. Bien sûr Tidus ne savait pas ce qu'était la Félicité, mais il passa outre. Depuis, la jeune fille avait été comme une petite sœur pour Lulu et Wakka. Mais elle avait un talent. Un don. Et elle

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était devenue apprenti. Et ce jour, elle allait repartir en tant qu'Invokeur. C'était leur voyage. Et c'est pourquoi ils allaient partir ensemble.

Quelque peu touché par cette histoire sans bien savoir pourquoi, Tidus aperçut la magnifique Yuna sortir du Temple, suivie d'une armée de bagages. “ Tu n'as pas vraiment besoin de toutes ces affaires ! ” lança Lulu amusée. Mais Yuna répondit qu'il s'agissait de présents pour les Temples qu'ils allaient visiter. Il ne fallut pas plus de dix secondes aux deux Gardiens pour convaincre la jeune fille de ne pas s'embarrasser de tout cela. Et ils se mirent à marcher. Tous, sauf Yuna, qui se tourna vers le Temple et pria avec toute la force spirituelle qu'était la sienne. Une certaine tristesse se lisait sur son visage. Tristesse que Tidus ne comprenait pas. Qu'il ne voulait pas comprendre.

Quelques monstres vinrent embêter le petit groupe tandis qu'il marchait tranquillement sur la route. Tidus fut le premier à réagir et il découvrit à quel point cette nouvelle épée lui plaisait. “ Pas mal ! Tu ferais un bon Gardien ! ” avait alors lancé Wakka. Ce dernier se battait avec l'arme la plus improbable qui soit : une balle de Blitzball. Il assommait les monstres en leur lançant puissamment le ballon. Quant à Lulu, son arme, aussi surprenant cela puisse-t-il paraître, n'était autre que le Mog qu'elle tenait entre les bras. Cette étrange peluche lui obéissait au doigt et à l'œil.

Tidus comprit vite qu'il avait affaire à une spécialiste de la magie noire. Elle maîtrisait des sorts d'une puissance inouïe, et cette petite peluche ensorcelée semblait décupler sa force. Yuna quant à elle maîtrisait dores et déjà quelques sorts de magie blanche, qui les préviendraient de certaines attaques, de certains poisons, et qui les guériraient en cas de besoin. Elle n'invoquerait sa Chimère qu'en cas d'urgence.

Ils atteignirent bientôt la colline qui surplombait le village. Lulu et Yuna s'approchèrent du bord afin d'observer une dernière fois les tentes et le Temple en contrebas. “ Prends ton temps ”, dit la magicienne à l'Invokeur. Tidus ne comprenait pas pourquoi on ne se dépêchait pas de foncer vers le bateau. Bientôt Yuna eut terminé de fixer Besaid, et ce fut au tour de Wakka de marquer un arrêt devant une vieille statue brisée afin de prier. Il raconta à Tidus que ne pas prier devant cette statue avant de quitter l'île portait malheur. Que son frère n'avait pas prié, l'année passée, avant cette bataille contre Sin, parce qu'il était en retard et avait peur de manquer le bateau. Par pur respect, Tidus pria. Lulu et Yuna firent de même.

En chemin, ils traversèrent une petite forêt où les ruines de l'ancienne villemachine se faisaient plus visibles. Tidus flânait à l'arrière du groupe, si bien qu'il les perdit bientôt de vue. C'est alors que quelque chose attira son attention au-dessus de lui. On l'observait. Il en était sûr. Bientôt, une silhouette bleue vola d'arbre en arbre, et atterrit violemment devant lui. Le Ronso en réalité dénommé Kimahri, cet étrange personnage à la fourrure bleue qu'il rencontré en même temps que Lulu, semblait en vouloir pour quelque raison incompréhensible à Tidus. Ce dernier hésita.

Devait-il brandir son épée ? C'était totalement idiot. Kimahri tenait sa lance entre ses pattes, et il semblait bien déterminé à s'en servir. Le Ronso était d'une agilité surprenante, et sa vitesse était supérieure encore à celle de Tidus. Ce dernier se décida à frapper le premier, et rapidement, il sentit qu'il était loin d'avoir l'avantage.

Lorsque toutefois le jeune homme manqua de blesser légèrement Kimahri, la voix de Wakka résonna derrière eux et calma les deux adversaires. “ Ça suffit. ” Kimahri réagit instantanément, et il s'éloigna en marchant calmement.

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“ C'est quoi son problème ?! ” lança Tidus à bout de souffle et irrité. “ C'est Kimahri Ronso, de la tribu des Ronsos ”, expliqua Lulu. “ Toutes ses techniques de combat, il les tient de monstres qu'il a observés. C'est aussi un gardien de Yuna. ” “ Parfois, nous ne le comprenons pas, nous non plus ”, reprit Yuna en riant. “ Kimahri ne parle pas beaucoup. Mais il me protège depuis que je suis enfant. ” Sur la plage, à l'endroit où Wakka avait trouvé Tidus, se trouvait la grande majorité des villageois. La plupart avaient l'air solennel. D'autres encore pleuraient le départ de la jeune femme. En tout cas, c'était l'évènement tant attendu sur toute l'île, tous avaient l'air se reposer sur l'avenir de Yuna. On lui offrit nombre de présents avant qu'elle n'embarque, et à mesure que le bateau s'éloignait, les larmes coulaient, certains craquaient et s'effondraient malgré les promesses qu'ils s'étaient faites. Et Yuna, elle, souriait, encore et toujours, leur faisant des signes de la main, l'air bienveillant, priant de temps à autres dans leur direction. Et elle demeura là, sur le pont du bateau, à fixer l'île de Besaid qui s'éloignait, jusqu'à ce qu'elle eut

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totalement disparu de sa vue.

La traversée paraissait infiniment longue à Tidus qui ne tenait pas en place. Il repéra un homme observant tranquillement au large à l'aide de jumelles, et il ne put s'empêcher d'aller l'embêter, essayant de les lui emprunter en chahutant. Lorsqu'il eut enfin atteint son but à force d'acrobaties improbables, il essaya de voir à quelle distance se trouvait le navire en bois sur lequel ils se trouvaient, le SS Liki, de l'île de Kilika sur laquelle ils se rendaient. Puis il se tourna vers le pont, et tomba par pur hasard sur le décolleté de Lulu. Remontant les jumelles il s'aperçut qu'elle le regardait. Son estomac fit un bond dans sa poitrine et il manqua de tomber pardessus bord. Est-ce qu'elle allait le foudroyer sur place ? Est-ce qu'elle l'avait vu faire ? Il vit bientôt Yuna passer par-là. Elle le vit à son tour, et lui fit de grands signes de la main en souriant. Tidus se rapprocha des Gardiens de Yuna. Lulu n'avait pas confiance en lui. Elle ne savait après tout pas qui il était, ni d'où il venait. Wakka lui ne se faisait, comme à son habitude, aucun souci. Ce dernier lui expliqua qu'ils se rendaient tout d'abord sur l'île de Kilika afin que Yuna puisse aller prier au Temple qui s'y trouvait, puis ils changeraient de bateau afin d'aller à Luca, pour le tournoi. Ils prieraient aussi pour la victoire de Aurochs, au Temple de Kilika, alors Tidus allait devoir les accompagner. Une petite foule s'était formée autour de Yuna. On se disait que cet Invokeur avait du sang noble, qu'elle était la fille du Grand Invokeur Braska.

Tidus se souvint alors de la grande statue dans le Temple de Besaid. Le petit groupe ne se dissipant pas, il décida d'attendre un peu avant d'aller discuter à nouveau avec la jeune fille. En fait, il n'attendait que ça depuis la veille.

Il se rendit donc dans les cales, et tomba par hasard sur la « salle des machines ».

Il n'en crut pas ses yeux. D'énormes roues dans lesquelles tournaient de très gros oiseaux jaunes qu'on appelait Chocobos. Les machines étant interdites par les Préceptes de Yevon, c'était en effet une solution comme une autre. En réalité les Chocobos avaient une place importante dans Spira. En plus d'être capables de faire tourner d'immenses roues qui permettent de faire avancer les bateaux, ils étaient aussi assez forts pour tirer des charrettes, ou encore pour être montés par des humains. Un peu comme les chevaux, par chez nous. Sauf qu'évidemment, les Chocobos étaient mille fois plus mignons. Tidus comprit que des miracles et des bizarreries, il allait avoir le loisir d'en voir de toutes les sortes durant ce voyage...

Il eut ensuite aussi la nette impression de s'être fait arnaqué par un vendeur du nom d'O'aka XIII, qui se proclamait Roi des marchands : le type l'avait convaincu de lui prêter quelques Gils qu'il lui rendrait à sa manière un jour ou l'autre. Il croisa aussi les Bannisseurs, Luzzu et Gatta, qui gardaient une porte, l'air fier, imperturbables.

Personne n'avait le droit de passer, car cela concernait la prochaine grande opération des guerriers. Tidus était bien curieux de savoir ce qu'ils mijotaient... Il remonta sur le pont et croisa Wakka de nouveau, il se risqua alors à lui demander : “ Dis, le père de Yuna, il est célèbre, c'est ça ? ” “ Le Grand Invokeur Braska, oui... tu as vu sa statue au Temple. C'est le Seigneur Braska qui a vaincu Sin il y a dix ans. Yuna a hérité d'un sacré nom ! ” “ Ouais... c'est dur parfois... d'avoir un père célèbre... ” Devant l'air ahuri de Wakka, Lulu intervint et lança que ce dernier n'avait pas une imagination débordante, en quelque sorte. Riant en voyant l'expression hébétée de son ami, Tidus en prit bien note.

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Le vent caressant doucement son visage, Yuna se trouvait tout à l'avant du navire, sur le pont. Elle fixait l'horizon se demandant quels dangers l'attendaient. La petite foule qui s'était formée autour d'elle s'était dissipée depuis peu, et c'était tant mieux. Sourire encore et toujours était un exercice difficile, et un peu de repos lui ferait le plus grand bien. Mais Tidus approchait, hésitant. Et elle se mit à sourire de façon sincère. Il se plaça à côté d'elle, regardant lui aussi au loin, avant de s'étirer maladroitement ne sachant trop que dire. “ Le vent... il est agréable ”, commença Yuna.

Tidus répondit d'un hochement de tête, et s'aperçut qu'il n'avait toujours rien à ajouter. Les secondes qui s'ensuivirent lui parurent durer une éternité, et la jeune Invokeur semblait aussi gênée que lui. Leurs regards se croisant, ils se mirent alors à rire ensemble. Ils ne savaient ni pourquoi ni comment, mais ils riaient tous deux de bon cœur. “ Alors... tu es un joueur de Blitzball, hm ? De Zanarkand ? ” demanda timidement Yuna un peu plus détendue. “ Hm... tu tiens ça de Wakka ? Wakka... il ne me croit pas du tout ”, fit-il l'air maussade tout en s'asseyant sur le rebord, face à la jeune femme.

“ Peut-être... mais moi, je te crois ”, répondit-elle de sa voix douce en souriant. “ Il paraît qu'à Zanarkand... il y a un énorme stade. Tout éclairé... même la nuit. De grands tournois de Blitzball y ont lieu, et les gradins sont toujours pleins. ” Surpris, Tidus crut revoir le grand stade de sa ville natale tant la description de Yuna y correspondait. “ Comment est-ce que tu sais ça ?! ” demanda-t-il se levant soudainement. Yuna expliqua : “ Un homme appelé Jecht me l'a dit. C'était le Gardien de mon père. ” Jecht. Impossible. Ce n'était pas le même Jecht. Ou peut-être que... non. Bien sûr http://dantesparda62novels.free.fr/

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que non. Tidus ne s'était jamais senti si mal. Il avait l'impression de sombrer dans la folie. C'était comme si une trappe s'était ouverte sous ses pieds et qu'il y chutait inéluctablement sans aucune chance d'un jour pouvoir remonter. Tout était toujours plus sombre dans son esprit. Plus rien n'avait de sens. Non, rien n'existait. “ Jecht... ” répétait-il sans en avoir conscience, totalement vidé, sous le regard inquiet de Yuna. “ Mon père... son nom est Jecht ”, expliqua-t-il après quelques secondes se penchant par-dessus bord pour fixer la mer. “ Incroyable ! ” fit Yuna visiblement excitée qui effectua d'ailleurs une rapide prière sans que le jeune homme en prenne note. “ Tu sais, notre rencontre doit être une grâce de Yevon. ” “ Non... c'est le même nom, mais ça ne peut pas être lui ”, se décida Tidus remontant la pente. “ Pourquoi pas ? ” “ Mon vieux... il est mort. Il y a dix ans. Au large de Zanarkand. ” Yuna se sentit mal à l'aise, elle avait le sentiment d'avoir réveillé de vieilles blessures. Elle s'excusa. “ Il est parti s'entraîner en pleine mer, un jour... il n'est jamais revenu. Et personne ne l'a revu depuis. “ Tidus vit alors Yuna se retourner brusquement, son visage illuminé. “ C'est le jour où Sire Jecht est arrivé sur Spira ! ”. Avant que le jeune homme ait le temps de la contredire, elle ajouta : “ C'est vrai ! J'ai rencontré Sire Jecht il y a dix ans et trois mois ! Je m'en souviens parce que c'est le jour où mon père est parti. ” Elle souriait.

Tidus, lui, ne savait pas s'il devait éclater de rire ou fondre en larmes. Les dates correspondaient. C'était absurde. Tellement absurde. Il émit un rire nerveux. “ Ouais mais... comment est-ce qu'il serait arrivé ici de toute façon ? ” “ Eh bien... tu es ici... non ? ” répondit simplement l'Invokeur.

Elle lui souriait et soutenait son regard, plongeant ses yeux vairons dans les siens et hochant la tête comme pour le rassurer. Le bateau tout entier se mit alors à vibrer et à pencher de côté. Ils avaient heurté quelque chose. Ou quelque chose les avait heurté. Tidus agrippa le rebord d'une main et attrapa Yuna qui perdait l'équilibre de l'autre. Cette fois Sin ne le séparerait pas de ce nouvel espoir. Il n'en était pas question. Il ne tomberait pas à l'eau, et il ne laisserait personne tomber à l'eau. Mais le navire penchait presque au point de se retourner, si bien que la petite main de Yuna glissait petit à petit de celle de Tidus. Les passagers hurlaient et se cramponnaient à tout ce qu'ils trouvaient. La mer s'agitait et d'énormes vagues persécutaient le SS Liki, qui ne tiendrait pas bien longtemps dans de telles conditions. Puis Yuna échappa à Tidus, poussant un cri de surprise. Et elle serait sans doute tombée à la mer sans l'intervention de Kimahri, qui la rattrapa au vol et planta sa lance dans le sol afin de les stabiliser. La mer se calmait et le bateau était de nouveau droit, mais un énorme aileron émergeait lentement de l'eau. Cette simple partie du corps de Sin était trois à quatre fois plus haute que le Liki. La plupart des hommes sans réfléchir se jetèrent sur les énormes harpons qui étaient placés çà et là sur le navire. “ Hé non ! Qu'est-ce que vous fabriquez ?! ” lança Wakka. “ Si vous lui balancez ces harpons il va nous emmener au fond ! ” “ Sin se dirige vers Kilika ! On doit le distraire ! ” répondit l'un des hommes. “ Nos familles sont à Kilika... pardonnez-nous Mademoiselle l'Invokeur ”, fit un

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autre.

Yuna se montra compréhensive et hocha la tête d'un air grave. “ Attendez ! Oh ils sont dingues... ” paniqua Wakka se plaçant instinctivement devant Lulu comme pour la protéger. L'aileron de Sin était déjà à plusieurs centaines de mètres devant eux, mais les tirs de harpon firent mouche, et les longues cordes se tendirent brusquement, le monstre entraînant le bateau qui accéléra brusquement, se lançant malgré lui à sa poursuite. Sans doute mécontent d'être ralenti par quelques parasites, l'énorme bête rebroussa chemin et fit rapidement le tour du SS Liki. Des vagues incroyablement hautes vinrent percuter de toute part le navire, glissant pardessus le pont, emportant quelques hommes avec elles, et brouillant la vision de tout le monde. Puis Sin décida de reprendre sa route vers Kilika, emportant avec lui le bateau. Des « écailles » furent propulsées de son corps et de petits monstres ailés tels que Tidus en avait combattus aux côtés de Auron à Zanarkand apparurent sur le pont. Le jeune homme se jeta sur le premier qu'il aperçut, tandis que Lulu foudroyait celui d'à côté.

Les monstres s'en prenaient à tous les passagers et les plus faibles d'entre eux n'avaient aucune chance. Voyant Wakka aux prises avec une de ces sales bêtes, Tidus vola à son secours et trancha en deux la vermine. “ Non ! ” hurla Wakka. Le jeune homme se retourna et comprit. Il était trop tard. Il vit la scène passer au ralenti. Le monstre se jetait sur lui, la gueule grande ouverte. Une seconde plus tard, sa vie, son histoire, prendraient fin. C'est alors qu'il tomba en arrière et qu'il sentit comme un ouragan emporter le monstre dans ses griffes acérées et le jeter à la mer.

Valefore, la Chimère de Yuna venait de lui sauver la vie.

Yuna voulait envoyer sa Chimère combattre Sin, mais rien n'y faisait : cette dernière refusait. La jeune femme n'était pas encore prête. Les monstres ailés de moins en moins nombreux, il fallait désormais trouver un moyen de faire fuir Sin. Se comprenant d'un simple regard, Lulu et Wakka se mirent en mouvement. Le Blitzeur fit tournoyer sa balle en équilibre sur son doigt, et la sorcière leva la main et la laissa retomber en fixant la balle des yeux. Celle-ci sembla grésiller. De l'électricité en émanait. Wakka frappa du pied la balle électrique, de toutes ses forces. Lors qu'elle toucha Sin, celui-ci plongea sous l'eau afin de se protéger. Le nez du bateau piqua et de nouvelles vagues plus énormes les unes que les autres s'en prirent au navire. A vrai dire, le SS Liki aurait suivi la bête jusque dans les profondeurs si les cordes n'avaient pas choisi ce moment pour céder.

Regardant autour d'eux, les Gardiens s'assurèrent que Yuna était saine et sauve.

Kimahri ne l'avait pas lâchée d'une semelle et elle se trouvait donc bien là, essoufflée et quelque peu terrifiée. Elle jeta un regard circulaire, cherchant partout sur le pont.

Il n'était plus là. Wakka s'en était aperçu lui aussi. “ Tidus ! ” appela-t-il se jetant à la mer. Yuna voulut le suivre mais Kimahri l'attrapa fermement par le bras et secoua la tête. Wakka émergea bientôt, aidant son ami à nager. Ce dernier avait reçu un violent coup sur le crâne lorsqu'une vague avait fait voler une lourde caisse dans sa direction. La douleur l'étourdissait quelque peu, mais au grand soulagement de tous, il allait bien.

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- IV PortoKilika

Allongé sur le pont, fixant le ciel, Yuna agenouillée à ses côtés, Tidus réfléchissait.

Quand Sin avait attaqué Zanarkand, il s'était retrouvé sur Spira. Il avait espéré jusqu'alors que cela fonctionnerait dans l'autre sens... mais il savait qu'il se faisait des idées. Ce fut ce soir-là, sous le soleil couchant qui embrasait le ciel, que Tidus commença a abandonner l'espoir d'un jour rentrer chez lui. Il était dans un monde étranger, et il ne reverrait plus jamais le sien. C'était sa nouvelle réalité. Il allait devoir s'y tenir, pour toujours. Yuna quant à elle était plus déterminée que jamais.

Elle allait vaincre Sin. Elle devait le vaincre.

Le petit village de Kilika était pauvre et fragile... et surtout loin d'être à l'abri de Sin, puisque construit en bord de mer afin d'accueillir le SS Liki et le SS Winno, ces bateaux étant la principale source de revenus des habitants. Pas de route pavée, mais essentiellement des ponts en bois construits sur la plage, allant de cabane en cabane. Nombre de celles-ci étaient des habitations, bien que quelques magasins et une auberge survivaient depuis quelques années.

Lorsque le SS Liki arriva, il ne restait plus rien du village. Les ponts, les cabanes, les gens. Sin venait une fois encore de répandre la tristesse sur Spira. La plupart des quelques marins qui avaient de la famille ici hurlèrent de douleur en découvrant leurs maisons totalement volatilisées, ou effondrées, et leurs familles disparues. Le bateau lui-même en mauvais état s'arrêta au milieu des débris, dans ce qui aurait dû être son port. Quelques personnes mal en point vinrent les accueillir. Les deux tiers

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des pauvres habitants n'avaient pas survécu à l'attaque.

Débarquant avec Yuna, ses amis la virent se diriger vers les gens qui attendaient là le bateau. “ Je suis l'Invokeur Yuna. Je viens du Temple de Besaid. ” Les villageois se ruèrent alors sur elle, comme ravivés d'un espoir. “ S'il n'y a pas d'autre Invokeur ici, s'il vous plaît permettez-moi d'effectuer la Cérémonie d'Accompagnement. ” Tout le monde sembla soulagé et remercia Yuna pour sa bonté. On l'emmena alors le long d'un pont en bois vers un bassin où flottaient des cercueils. Beaucoup de cercueils.

Trop de cercueils, pensa Tidus.

Ce dernier ne comprenait pas bien ce qui se passait. Il aurait bien posé la question à Wakka mais celui-ci était parti avec les Besaid Aurochs voir s'il pouvait aider à quelque chose ailleurs dans Kilika. Il se fraya donc un chemin parmi tous les villageois jusque Lulu. “ C'est quoi une Cérémonie d'Accompagnement ? On va quelque part ? ” demanda-t-il naïvement. “ Tu es vraiment irrécupérable ”, remarqua Lulu en soupirant. “ Tu es sûr que c'est seulement ta mémoire qui est défaillante ? Les défunts ont besoin d'être guidés.

Regrettant leur propre mort, ils refusent d'affronter leur sort. Ils voudraient être encore là, et en veulent à ceux qui sont toujours en vie. Tu comprends ? Ils sont jaloux des vivants. Et le temps change cette jalousie en colère... voire en haine. Si ces âmes restent sur Spira, elles se réincarnent en monstres... et s'en prennent aux vivants. Triste, n'est-ce pas ? Cette cérémonie les guidera jusque l'Au-Delà, où ils pourront reposer en paix. ” “ Les Invokeurs font ça ? ” demanda Tidus quelque peu touché par cette histoire.

Lulu acquiesça. Yuna était au bord de l'eau, les pieds nus, et son magnifique bâton entre les mains. Derrière elle, le soleil avait presque disparu et le ciel était réellement sublime, vacillant entre orangé et rosé. Elle prit une profonde inspiration et fit quelque pas, marchant délicatement sur la surface de l'eau. Tidus ne s'attendait réellement pas à cela, et il fut plus déstabilisé encore lorsque la sublime jeune femme se mit à danser, faisant tournoyer son bâton, commandant l'eau sous ses pieds qui la souleva à quelques mètres de hauteur tandis qu'elle continuait, comme possédée, de danser avec conviction. Les flammes rougeoyantes qui dansaient sur les torches improvisées sur le pont changèrent brusquement de couleur pour un bleu beaucoup plus doux. Les premières furolucioles s'élevaient des cercueils qui flottaient, et voilà que les villageois se mettaient à pleurer. Leurs amis, leurs femmes, leurs enfants, s'en allaient pour de bon. A ce spectacle aussi magnifique que bouleversant semblait s'ajouter, résonnant discrètement dans les oreilles de Tidus, le sublime chant qu'il avait entendu dans le Temple de Besaid. Cette mélodie douce et apaisante qu'il appréciait tant. Lorsque Yuna revint sur le pont, remerciée par tous les villageois, Tidus exprima sa pensée à haute voix : “ Ce doit être dur d'être Invokeur... ” “ Yuna a choisi sa voie ”, répondit Lulu. “ Elle sait depuis le tout début ce que cela implique. Tout ce qu'on peut faire, c'est la protéger le long de sa route, jusqu'à la fin. ” “ Jusqu'à la... fin ? ” demanda-t-il n'aimant pas le ton que la sorcière venait d'employer. “ C'est quoi, la fin ? ” Lulu soupira encore une fois, et se mit à marcher vers l'Invokeur, répondant : “ Jusqu'à ce que Yuna ait vaincu Sin. ” La jeune femme s'inquiétait de savoir si elle

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s'en était bien sortie, et Lulu la rassura immédiatement avant de la prendre dans ses bras. “ Ils ont atteint l'Au-Delà, maintenant... mais pas de larmes, la prochaine fois, d'accord ? ” Tidus se dit alors qu'il voudrait qu'il n'y ait jamais de prochaine fois. Plus jamais de gens tués par Sin. Plus jamais de Cérémonie d'Accompagnement pour Yuna. Tout le monde se tenait là, à la regarder. C'était étrange... et d'une certaine manière, terrifiant. Il ne voulait plus jamais voir ça. Le lendemain matin, après avoir passé la moitié de la nuit à aider les villageois à reconstruire ce qui était vital, et l'autre moitié dans l'auberge miraculeusement épargnée par Sin, la petite troupe se mit en route vers le Temple, qui était situé au centre de l'île. Les Aurochs les accompagnaient, et ils expliquèrent à Tidus que le Grand Invokeur Ohalland avait vécu au Temple de Kilika, et qu'autrefois, il avait été un grand joueur de Blitzball. Ils allaient prier pour la victoire, mais Tidus se demandait si ce n'était pas un peu déplacé. Il fit part de ses doutes à Wakka, qui lui expliqua que contrairement à ce qu'il pensait, il était plus que jamais nécessaire de se concentrer sur le Blitzball. “ Les joueurs se battent de toutes leurs forces. Les fans encouragent leur équipe préférée. Les gens oublient leurs problèmes, et il n'y a plus que le jeu qui compte. C'est pour ça que le Blitz existe depuis si longtemps. Enfin je pense... Bref. Jouons, et gagnons ! ” Une fois le village derrière eux, il leur fallut traverser une petite jungle qui grouillait de monstres dont le groupe d'amis se débarrassait aisément. Soudain tout le monde s'arrêta de marcher. “ Qu'est-ce qui se passe ? ” demanda Wakka qui progressait aux côtés de Tidus en bout de file. Lulu s'approcha de ce dernier. “ Yuna dit qu'elle veut que tu restes avec nous ”, dit la sorcière à la grande surprise de Tidus. “ Je veux te demander... d'être mon Gardien ”, fit timidement l'Invokeur. “ Hé, c'est pas l'heure de blaguer, hein ? ” commença Wakka. “ C'est peut-être un génie du Blitz, mais en matière de combat, c'est un débutant. ” “ Pas un Gardien alors... ” renonça Yuna. “ Je veux juste qu'il reste avec moi. ” Le visage de Wakka se tordit en une étrange expression de surprise totale. “ Qu'est-que tu veux dire ? ” demanda Tidus intrigué et au fond assez heureux de cette demande. “ C'est juste que... bien... ” bredouilla-t-elle. “ Nous allons tous au Temple, pour l'instant ”, interrompit Lulu. “ Je pense que cela peut attendre un peu, non ? ” Ils reprirent leur marche, mais Yuna resta près de Tidus. “ Je suis désolée... je n'aurais pas dû... ” “ Tu n'as pas à être désolée ! ” rassura le jeune homme. “ Je ne suis juste pas bien sûr de comprendre ce qui se passe. ” “ Mes excuses... ” fit-elle une dernière fois avant de rejoindre Lulu et Kimahri.

Finalement, ils vinrent à bout de cette petite jungle et arrivèrent au pied d'un grand escalier de pierre. Cet escalier, comme l'expliqua Wakka, avait une histoire bien à lui, puisque Sire Ohalland s'y entraînait à l'époque où il jouait au Blitzball. Les marches menaient à une grande cour pavée, où un deuxième escalier montait jusqu'au Temple. Les Aurochs ne purent s'empêcher de provoquer Tidus à la course : le premier arrivé au Temple aurait gagné. Yuna se plaça à côté d'eux pour donner le départ. “ Prêts... ” et elle se mit à courir en riant, les devançant tous, tandis que les

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autres démarraient leur course en catastrophe, riant aux éclats. Lulu, bien que marchant calmement, riait elle aussi. “ De vrais enfants ! ”.

Mais bientôt Lulu et Kimahri virent redescendre en catastrophe les Besaid Aurochs, hurlant à l'aide. La voix de Wakka les appelait également. “ Une squame de Sin ! ”. Deux tentacules sortirent du sol de la grande cour pavée, suivies d'un énorme monstre hideux qui ressemblait à une énorme plante dans sa coquille. Lulu voulut embraser le monstre, mais ses tentacules semblaient absorber les sorts. Tidus quant à lui manqua de se briser le poignet en frappant l'épaisse carapace. Yuna lança quelque sort qui empêcheraient les tentacules d'avancer vers ses amis, puis Kimahri d'un rapide coup de sa lance mit à bas l'un de ces deux serpents de cinq mètres de haut qui sortaient du sol. Tidus trancha le second, et la coquille de la Squame n'eut d'autre choix que de s'ouvrir. Le monstre était hideux. Vert et rouge, comme un énorme champignon avec une bouche nauséabonde munie de dents jaunes de la taille d'un avant-bras. Lulu mit le feu à la bête, puis Wakka, Tidus et Kimahri l'achevèrent d'un même geste. La Squame morte, elle s'évapora sous forme de furolucioles, et Tidus se laissa tomber à terre, essoufflé. “ La vache ! ” fit-il. “ Désolé, il était peut-être un peu gros pour un débutant ! ” lança Wakka en riant. “ C'est crevant d'être Gardien ”, s'aperçut Tidus. “ Bah, tu t'es bien débrouillé ! ” admit son ami. “ T'es plutôt doué, tu as du potentiel. ” Les Squames de Sin, comme Lulu l'expliqua à Tidus, étaient des monstres qui tombaient du corps de Sin, et qu'il laissait derrière lui. Si on les laissait en vie, Sin revenait les chercher. Il fallait donc être rapide. Puis ils reprirent leur ascension par le second escalier, laissant trois gros trous dans le sol de la cour pavée. Tidus était assez flatté du compliment de Wakka. Plutôt doué au combat... c'était la seule chose qui le rebutait à devenir Gardien, après tout... alors... pourquoi pas ? Wakka l'interrompit dans ses pensées. “ Alors heu, dis... y'a des monstres aussi à Zanarkand ? ”. “ Très peu ”, répondit simplement Tidus. “ C'est la panique dès qu'il y en a un qui se montre. Hé... mais depuis quand tu me crois pour Zanarkand, au fait ? ” “ J'ai réfléchi... peut-être que les gens tués par Sin ne meurent pas. Peut-être qu'il les fait voyager dans le temps. Genre mille ans en arrière... un peut-être qu'un jour, y reviennent comme y sont venus ! ” “ C'est dingue ”, coupa Lulu désespérée. “ Tout simplement dingue. Tu vas de théorie en théorie pour ne pas avoir à affronter la vérité telle qu'elle est. Sin n'a emmené Chappu nulle part. Il l'a écrasé, et l'a laissé pour mort sur la plage de Djosé.

Ton frère ne va pas reparaître d'un coup. Oh, et encore une chose. Tu peux le vouloir autant que tu voudras, personne ne prendra jamais la place de Chappu. Tout comme personne ne peut remplacer Sire Jecht. Et on ne remplacera pas Sire Braska non plus.

Il est totalement inutile de penser à tout cela. Inutile, et triste. ” Yuna et Tidus qui avaient assisté bouche bée à la dispute se sentaient impuissants.

Wakka s'assit dépité sur une marche et Tidus s'approcha de lui. L'Invokeur quant à elle rattrapa la sorcière plus loin devant. “ Je... je pourrai jamais être comme Chappu ”, fit Wakka d'un air sombre. “ Enfin... t'en fais pas, c'est rien tout ça. ” Puis il se mit à gravir les marches de nouveau. Tidus sentait bien qu'il s'était passé quelque chose entre Wakka, Lulu, et Chappu, longtemps auparavant. Il sentait aussi qu'il avait

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tout intérêt à ne pas s'en mêler sous peine de finir en barbecue.

Et puisque l'on parle de barbecue, le Temple de Kilika semblait idolâtrer les flammes : il en dansait de partout. De nombreux habitants du village étaient venus prier pour leurs défunts. A l'entrée du Temple, un groupe de quelques hommes, la poitrine bombée, l'air fiers et sûrs d'eux, revenait de prier. Lorsqu'il les aperçut, Wakka eut l'air en colère. Le capitaine des Besaid Aurochs approcha de celui de l'équipe des Luca Gowers. Il leur demanda gentiment s'ils étaient eux aussi venus prier pour la victoire. “ Nous, prier ? Pas besoin de ça, les Luca Goers gagnent toujours ! ” rétorqua l'autre sous les rires de ses co-équipiers. “ Et donc, qu'est-ce que vous faites là ? ” “ On est venus prier pour avoir des adversaires à la hauteur cette année. Alors, c'est quoi votre but, déjà ? Vous allez encore « faire de votre mieux ? » ”, se moqua le capitaine des Goers. “ Dommage que « votre mieux » c'est de perdre dès le premier match. Autant rester chez vous si c'est pour ça, vous savez ? ” “ Hé, gros dur ! ” lança Tidus irrité. “ Cette fois, on joue pour gagner. ” “ C'est ça, oui... « jouez »... même les gosses savent jouer à la baballe... ” répliqua le Goers avant de s'en aller avec son équipe qui riait aux éclats.

Yuna ressentant la colère de Tidus s'approcha de lui. “ On va les battre ”, lança ce dernier en rage. “ Tu connais cette équipe ? ” demanda l'Invokeur qui avait cette impression. “ Non, c'est... cette façon de rabaisser les gens. C'est tout mon père. ” “ Mais... Sire Jecht était un homme gentil et amusant ! ” “ Eh bien pas mon Jecht. ” Même dix ans après sa disparition, le simple fait de penser à son vieux suffisait à Tidus à se mettre en colère. Mais peut-être que c'était juste sa façon de ne pas l'oublier... Non. Non, bien sûr que non. A l'intérieur du Temple, qui était à peu près similaire à celui de Besaid mise à part l'omniprésence du feu, la plupart priaient pour la victoire des Kilika Beasts, car un tel événement redonnerait le moral aux habitants de l'île après ce qu'ils venaient de subir. Wakka à son tour vint se mettre à genoux devant l'immense statue de Sire Ohalland et pria pour qu'on lui donne la force de ramener la coupe sur son île. Tidus l'imita. La porte de la Salle de l'Épreuve en haut des marches s'ouvrit alors, et une femme à la peau foncée, de longs cheveux noirs descendant le long de son corps peu habillé, sortit avec son Gardien, un gros bonhomme plein de muscles, avec un air idiot. Elle s'arrêta devant le petit groupe. “ Un Invokeur ? ” fit-elle visiblement surprise. “ Mon nom est Yuna, je viens de l'île de Besaid ”, se présenta la jeune femme. “ Moi, c'est Dona. Alors, tu es la fille du Grand Invokeur Braska ? Tu as intérêt à assurer. Ah la la... tous ces gens sont tes Gardiens ? Tu parles d'un troupeau. D'après mes souvenirs, Sire Braska n'avait que deux Gardiens. La qualité importe plus que la quantité, ma chère. Non mais qu'est-ce que tu as dans le crâne... Moi, je n'ai besoin que d'un Gardien. N'est-ce pas, Barthello ? ” Ce dernier hocha bêtement la tête, alors que Kimahri venait se poster devant lui, l'air provocateur. “ J'ai avec moi autant de Gardien que de gens sur qui je peux compter ! ” rétorqua Yuna. “ Je leur confie ma vie. Avoir autant de Gardiens est une joie, et un honneur.

Plus encore que d'être la fille de mon père. Bien sûr, je ne me permettrais pas de remettre en question votre point de vue. Alors, Mademoiselle Dona, je vous le

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demande, s'il vous plaît, laissez-nous tranquilles. ” “ Comme tu veux. Barthello, on s'en va. ” Puis ils s'éloignèrent, laissant Yuna soupirer de dépit et de soulagement. Tidus, qui priait machinalement sans penser à ce qu'il faisait, avait tout écouté et ressassait les paroles de Yuna dans sa tête. Un Gardien est quelqu'un sur qui un Invokeur peut compter au point de lui confier sa vie. Est-ce que c'est ce qu'elle pensait de lui ? Et... pourquoi lui souriait-elle ? Yuna, Lulu, Wakka, Kimahri et Tidus franchirent la porte de la Salle de l'Épreuve. “ Le Priant est en bas. Allons-y. ”, fit Wakka. “ Le friand ? ” demanda Tidus. “ Mais d'abord, la salle de l'épreuve ”, reprit Lulu sans prêter attention à la bêtise du jeune homme. Une énorme et puissante main repoussa Tidus en dehors de l'élévateur qui descendait vers la Salle de l'Épreuve. C'était Kimahri. “ Tu n'es pas encore Gardien ”, expliqua Lulu devant l'air ahuri du champion de Blitz. “ On sera de retours bientôt, d'accord ? ” promit Yuna. “ Oh, oui, bientôt. Genre demain, c'est ça ? ” lança Tidus un peu vexé alors que la plate-forme descendait sans lui. La porte de la salle s'ouvrit alors et Dona entra avec son Gardien en demandant où était Yuna. Tidus, qui boudait, pointa du doigt l'élévateur qui n'était pas encore remonté. “ Alors qu'est-ce que tu fais là ? ” demanda Dona perplexe. Le jeune homme lui expliqua qu'il n'était pas Gardien et qu'il n'avait donc pas le droit d'y aller. L'Invokeur eut un sourire en coin et fit un signe à Barthello. “ Pas un Gardien, hein ? ”. Le gros dur attrapa Tidus et le souleva, le portant sur son épaule sans broncher devant les insultes et les coups frénétiques de son fardeau jusque l'élévateur où il le laissa tomber. Dona riait, et Tidus n'eut pas le temps de se retirer que l'élévateur descendait vers la salle de l'épreuve. Encore une fois, il allait s'attirer des ennuis. “ Détends-toi ! Ça n'est qu'un petit jeu ”, lança Dona. Jeu ou pas, Tidus n'appréciait pas du tout. D'autant que cette salle semblait bien plus dangereuse que celle de Besaid. Impossible de remonter par l'élévateur. Il y avait du feu partout, qui barrait sa route. Il lui fallut une fois encore jouer avec les sphères et les piédestaux afin de se frayer un chemin vers la Salle du Priant. Raconter en détails la série d'énigmes qu'il dut résoudre serait à la fois long et ennuyeux, c'est pourquoi nous ne nous y attarderons pas. Après quelques heures à se perdre dans les sous-sols du Temple et à se dire que de toute façon, ça n'était pas trop grave, pas sa faute, et qu'en plus de cela, il était presque Gardien, le jeune homme arriva dans le petit hall de la Chambre du Priant, où attendaient patiemment Wakka, Lulu et Kimahri.

Lorsqu'ils l'aperçurent, le premier cacha sa tête entre ses mains, dépité, la sorcière le regarda d'un air de « tu as une bonne explication ou tu souffres », et quant au Ronso... eh bien, comme d'habitude : bras croisés, torse bombé. “ C'est pas ma faute... c'est Dona et l'autre gros-plein-de-muscles ”, se justifia Tidus vraiment gêné. “ Et c'est Yuna qui en paiera le prix ! ” lança Lulu. “ Heu... quel prix ? ” demanda Tidus soudain inquiet. “ Elle pourrait être excommuniée ! ” répondit Wakka.

Le jeune homme se sentait très, très mal à l'aise. Qu'il y ait des conséquences pour lui, à la rigueur, tant pis. Mais pour Yuna, non ! Elle ne méritait pas cela. Tous demeurèrent silencieux une heure ou deux, laissant le chant du Priant qui résonnait

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dans le Temple apaiser leurs âmes soucieuses et colériques. Puis sa curiosité reprenant le dessus, Tidus demanda à son ami ce qu'il y avait à l'intérieur, en montrant la porte derrière laquelle se trouvaient Yuna et le « friand ». “ Le Priant ! ” rappela Wakka. “ Les Priants sont des gens qui ont donné leur vie pour combattre Sin ”, expliqua Lulu. “ Yevon a pris leurs âmes, offertes de manière consentie de leurs corps encore en vie. Maintenant, elles vivent éternellement, enfermées dans des statues. Mais quand un Invokeur les appelle, les âmes des Priants se matérialisent. C'est ce qu'on appelle une Chimère. ” “ Tout ça dans cette pièce ? ” comprit Tidus un peu dépassé. “ Et heu... Qu'est-ce que Yuna fait, là-dedans ? ” “ Elle prie de tout son cœur pour qu'on l'aide à vaincre Sin ”, répondit Wakka. “ Cette pièce, à côté, est un lieu hautement sacré ”, continua Lulu. “ Seuls les Invokeurs ont le droit d'y entrer. Pas même les Gardiens. ” Soulagé de voir que ses amis ne lui en voulaient pas tant que ça mais avaient bien compris que la faute revenait aux deux idiots qu'ils avaient croisé, Tidus attendit encore quelques heures, en silence. Calmé. Puis la porte coulissa vers le haut, et Yuna en sortit doucement, tenant difficilement sur ses deux jambes. Kimahri l'aida à avancer. Les regardant ainsi murmurer entre eux, et la porte n'étant pas encore refermée, Tidus entendit plus clairement que jamais la chanson qui résonnait dans le Temple. C'est alors qu'il se rendit compte qu'effectivement, il la connaissait depuis toujours. Depuis sa plus tendre enfance. Il n'osa pas en parler aux autres, les mots ne venaient pas...mais cela prouvait que Spira et Zanarkand étaient connectées d'une certaine manière. Du moins, pour lui. Et voilà que soudain, il eut terriblement envie de rentrer chez lui.

La nouvelle Chimère s'appelait Ifrit. Un puissant monstre qui maîtrisait le feu. Son corps était extrêmement musclé, et son visage était celui d'un loup au niveau du museau, avec deux énormes cornes noires sur le front. A l'extérieur du Temple, tout le monde félicitait Yuna en applaudissant excité ce nouvel espoir d'avoir un Grand Invokeur. Et Tidus se surprit à ressentir comme un soupçon de jalousie, car cette célébrité, cet engouement, cette joie... tout cela tournait autour de lui, à Zanarkand.

Ici, il n'était plus rien. Il pensait pourtant avoir enfoui sa nostalgie de Zanarkand au plus profond de lui-même. Mais elle était là. Elle amplifiait. De plus en plus. Prête à exploser. Alors que le groupe se dirigeait vers les marches pour redescendre vers la jungle, Tidus traînait en arrière, marchant la tête baissée, plongé dans ses pensées et dans sa nostalgie. Mais une douce voix le sortit de ses troubles. “ Est-ce que ça va ? ” demanda Yuna se penchant vers lui. “ Je... je sais pas. ” “ Qu'est-ce que tu veux faire ? ” demanda-t-elle voyant qu'il tremblait, comme s'il allait exploser. “ Crier de toutes mes forces ”, répondit calmement Tidus.

Et il le fit. Tout le monde se retourna, sursautant. Kimahri avait déjà attrapé sa lance, prêt à combattre l'éventuel assaillant. On décida de laisser le jeune homme un peu seul, puisqu'il semblait en avoir grand besoin. Ainsi, ils retournèrent à Kilika par la jungle, et passèrent une deuxième nuit à l'auberge. Le lendemain soir, le SS Winno, bateau qui les emmènerait jusque Luca, s'arrêta dans le port, qui lentement

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était réparé par des hommes qui travaillaient dur depuis l'attaque de Sin afin que le village puisse passer à autre chose.

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- VBlitzball et Ténèbres

Le soleil s'était déjà couché, contrairement aux passagers du Winno. Les Besaid Aurochs stressés comme jamais essayaient de se détendre, sachant que les matchs commenceraient peu après leur arrivée sur place le lendemain. Ils discutaient amicalement de Blitzball avec l'équipe des Kilika Beasts, qui avait embarqué avec eux. Les arrogants Luca Goers restaient à l'écart, préférant de loin se moquer de leurs faibles adversaires, bien qu'ils eurent le respect de saluer et de féliciter Yuna lorsqu'ils la croisèrent sur le pont. Tidus vit Wakka et Lulu échanger quelques mots et se diriger vers la plus haute terrasse du navire, déserte. Il n'osa pas les suivre et se dirigea plutôt vers les Goers et Yuna. “ Alors, ça discute ? ” lança-t-il amicalement. Le capitaine de l'équipe rivale se retourna l'air hautain et avança vers lui. “ Et tu es censé être qui, toi ? Oh, je me souviens, le type de Kilika qui parlait des Aurochs gagnant la coupe. Ouais, c'est bien toi, l'idiot du village. ” “ Ne dites pas ça ! ” défendit Yuna outrée. “ Mais, c'est ce qu'il est ! ” répondit l'un des Goers. “ Il faut être réaliste, les Aurochs ne peuvent pas gagner la coupe. ” “ Maintenant que je suis là, ils le peuvent ”, rétorqua Tidus l'air provocateur et sûr de lui. “ Oui, ils vont gagner ! ” renchérit l'Invokeur. “ Tidus est la vedette des Zanarkand Abes ! ” Les Goers pouffèrent de rire. “ Ouais, comme si quiconque vivait dans ces ruines ! ” Mais Yuna fronça les sourcils et répondit sèchement : “ Ce ne sont pas des ruines ! Il y a une grande ville, là-bas. ” L'équipe s'arrêta de rire et les joueurs fixèrent Yuna comme si elle était devenue folle. Constatant le malaise, Tidus eut le réflexe habituel. “ Je... me suis trop approché de Sin et heu... ” Mais l'Invokeur le coupa et continua sur sa lancée, prônant que cette ville existait réellement. Les Goers restaient de marbre, et s'en allant, ils saluèrent Yuna une dernière fois en se moquant implicitement d'elle. L'Invokeur se retourna et baissa la tête, l'air maussade. Kimahri suivait des yeux le capitaine des Goers, et il semblait à Tidus qu'il faisait de gros efforts pour ne pas lui donner une bonne leçon. Il se demandait pourquoi Yuna se donnait tant de mal à le défendre. Pourquoi elle prenait le risque de passer pour une folle, voire une hérétique, aux yeux de tous. Il s'approcha d'elle. “ Hé, ça va pas ? Tu m'as l'air sur les nerfs ”, dit-il. “ Ils étaient grossiers... et... je crois vraiment que ta Zanarkand existe. J'y crois dur comme fer ”, expliqua Yuna. “ Pourquoi ça ? ” “ Sire Jecht m'en parlait très souvent. J'aimerais beaucoup voir comment sont les choses chez toi, un jour. Oui... j'adorerais y aller. ” Elle souriait.

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“ Ouais ”, répondit bêtement Tidus souriant à son tour. Il savait bien que ça n'était qu'un rêve, qu'il n'avait rien à lui montrer. Qu'il n'avait plus de maison, plus de chez lui. Et il ne pouvait s'empêcher de se dire que ce gentil Jecht qui racontait des histoires aux enfants sur une grande et magnifique ville illuminée n'était pas son père. Il fit un signe de tête à Yuna et se retira, la laissant discuter doucement avec Kimahri dont il n'avait jamais entendu la voix. Ne pouvant trouver le sommeil, et rongé par la curiosité, il se rendit tout près de la terrasse sur laquelle se trouvaient le capitaine des Aurochs et Lulu, épiant leur conversation. “ Eh bien ? Dis quelque chose ”, exigeait la sorcière. “ Tu vas prendre cette responsabilité ? ” “ Du calme, il va trouver quelqu'un qui le connaît à Luca ”, répondit Wakka. “ Et s'il n'y a personne ? ” “ Il pourra toujours entrer dans une équipe de Blitz... dans tous les cas ça vaut mieux que de le laisser tout seul à Besaid. ” “ Tu songes vraiment à le laisser à Luca ? ” demanda Lulu visiblement surprise. “ Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?! ” “ Yuna le veut comme Gardien ”, rappela la sorcière. “ Oh, ouais, y'a ça aussi... ” “ A qui la faute ? ” “ Pas à moi ! ” se défendit Wakka. “ Hm... si... en fait, c'est ma faute... Mais pourquoi elle voudrait en faire un Gardien ? ” Ils continuèrent ainsi à parler de Tidus quelques minutes durant. Selon Lulu, Yuna voulait l'avoir près de lui parce qu'il était « le fils de Sire Jecht ». Wakka se demandait si vraiment son ami était le fils de Jecht, et Lulu partageait ses doutes. Mais Yuna en était convaincue. Et tous deux, pour une fois, tombèrent d'accord sur un point : c'était à Tidus et à Yuna de décider et à personne d'autre. “ Pourquoi est-ce que tu ne lui dis pas de le faire ? ” proposa Lulu. “ De devenir Gardien, je veux dire. Pourquoi toi ? Parce que tu le connais un peu mieux que nous, et que Yuna ne peut pas le faire. ” “ Pourquoi est-ce qu'elle ne pourrait pas ? ” “ Il déteste son père. Ce qu'il était. Ce qu'il faisait. Tu crois vraiment qu'elle pourrait lui dire « Je veux que tu sois mon Gardien, tout comme ton père était celui du mien. » ? ” Wakka décida qu'il lui en parlerait après le tournoi. Il serait discret et le laisserait prendre sa décision de lui-même. Il se demandait toutefois pourquoi Tidus détestait tant son père. “ Haïr son propre père, hein... il ne sait pas quelle chance il a. Je ne me souviens même pas de mes parents... Je ne peux même pas dire si je les aime ou pas. ”Lulu répondit : “ J'avais cinq ans, à l'époque... je me souviens un tout petit peu d'eux. ” “ Bon sang... ” lança Wakka cognant du poing sur une table. “ Sin nous prend tout ce qu'on a. ” Allongé dans son lit, Tidus ressassait ce qu'il avait entendu, encore et encore. Il avait très envie de devenir le Gardien de Yuna. Juste pour être près d'elle.

Pour veiller sur elle. Pour garder vif cet espoir d'emmener le jeune Invokeur jusque Zanarkand. Sa Zanarkand. Puis il se mit à penser à son père. Est-ce qu'il le détestait tant ? Wakka avait raison. Qu'il l'aime ou non, Tidus avait au moins la chance d'avoir connu Jecht. Ne pouvant s'arrêter de penser, il se releva, et sortit de nouveau sur le pont. Les autres étaient encore là, profitant de l'agréable brise. Attrapant une balle de Blitzball, Tidus voulut une fois pour toutes chasser ses vieux démons. Il allait

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prouver à tout le monde qu'il était au moins aussi bon que son père. Plongé dans ses souvenirs, il revoyait Jecht lui montrer, fier et détestablement arrogant, ce qu'il appelait le « Jecht Shoot », un tir extrêmement puissant et technique. “ Tu n'arriveras jamais à le faire, petit. Mais t'en fais pas, mon garçon, tu n'es pas le seul.

Personne d'autre ne peut le faire. C'est moi le meilleur ”, semblait entendre Tidus dans sa tête. Sans réfléchir, il frappa du pied la balle qui cogna contre le mât du bateau et rebondit à plusieurs mètres de hauteur. Il sauta, ne prêtant pas attention aux moqueries de Jecht, et se mit à tournoyer sur lui-même, tel une toupie avant de frapper à nouveau la balle du pied et de retomber souplement sur le sol. Il regarda avec satisfaction le ballon s'envoler au loin. Il se mit alors à rire. “ Le meilleur hein ?

Cause toujours ”. Il s'aperçut alors que tout le monde le regardait, les yeux ronds, et que les Aurochs s'étaient regroupés autour de lui. “ Ouah ! Comment ça s'appelle, ça ? ” demanda Wakka bouche bée. “ Ça n'a pas de nom. Et n'importe qui peut le faire à force d'entraînement ! ” Datto, l'un des membres des Aurochs, attrapa alors une balle et essaya le tir, s'écrasant lamentablement au sol au moment de tournoyer dans les airs. Tout le monde se mit à rire, et Yuna qui observait la scène s'approcha doucement de Tidus. “ C'était le Jecht Shoot, n'est-ce pas ? ” dit-elle. “ Sire Jecht me l'a montré quand j'étais petite. Il appelait ça le « Sublimement magnifique tir de Jecht numéro trois » ”, ajouta-t-elle en riant. Tidus ouvrit bêtement la bouche et laissa s'échapper un son de surprise. Cette fois il n'y avait plus de doute. Le Sire Jecht de Spira était bien son père. “ Un nom stupide, hein ? ” fit-il remarquer. “ Et tu sais quoi ? Il n'y a pas de « numéro un » ni de « numéro deux ». Mon vieux disait que le coup du « numéro trois » n'était qu'un truc pour attirer le public. Il disait qu'ils reviendraient tous les soirs en s'attendant à voir le « un » et le « deux ». Et... effectivement, ils revenaient. Ça me rendait dingue. ” Yuna émit un léger rire, visiblement très amusée par cette anecdote. Mais Tidus n'était pas d'humeur à rire, ou à se moquer de son père. Une seule question hantait son esprit. “ Il est vivant, à ton avis ? ” “ Je ne sais pas ”, admit Yuna. “ Mais Sire Jecht était le Gardien de mon père... ” “ Donc il est célèbre ici aussi ”, comprit amèrement Tidus. “ Oui. Donc si quelque chose lui était arrivé... je pense qu'on en aurait vite eu vent. Qu'est-ce que tu ferais... si tu le trouvais ? ” “ Qui sait... je le croyais mort il y a dix ans. Mais... je pense que je lui en collerais une. Après ce qu'il nous a fait traverser, ma mère et moi. Et puisqu'il était célèbre je me sentais toujours... enfin, tu sais ce que c'est, Yuna. Ton père est célèbre aussi.

Tout le monde sur Spira le connaît, non ? Tu ne trouves pas ça dur ? ” Yuna prit quelques secondes avant de répondre à la question, choisissant avec précaution chacun de ses mots. “ Il est difficile de suivre ses traces, en tant qu'Invokeur... mais l'honneur d'avoir un père comme lui surpasse tout cela, je pense. ” Tidus s'attendait à ce genre de réponse, et il répondit que dans tous les cas, il n'y avait pas de quoi être fier du sien. Et alors qu'il était sur le point de plonger à nouveau dans ses pensées, une balle le heurta doucement à la tête. Wakka le sommait de leur montrer son tir encore une fois. Tidus ne ferma presque pas l'œil de la nuit. Son père ne viendrait pas au tournoi, il avait toujours détesté regarder les autres jouer. Mais quelque chose allait se passer là-bas. Il en était persuadé. Et

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malheureusement, ce genre de pressentiment ne le trompait que rarement. Et il y avait cette pression insupportable qu'il s'était lui-même infligée en assurant à Wakka qu'il leur ferait gagner la coupe... il n'était finalement plus si sûr d'en être capable.

Le lendemain matin, Luca était en vue. C'était une énorme ville, et l'ambiance y était à la fête. Un nombre incalculable de bateaux arrivaient de toute part, transportant aussi bien des équipes que des spectateurs ou des marchands venus profiter de l'évènement. Le stade de Blitzball était en pleine mer au bout d'un pont, gigantesque, bien que minuscule en comparaison à ce que Tidus connaissait de Zanarkand. Le navire jeta l'ancre dans l'un des nombreux quais de la ville. Une voix résonnait à travers tout Luca et des images des bateaux arrivant à quai étaient diffusées dans des écrans qui fonctionnaient à l'aide de sphères, elles-mêmes faites de furolucioles. L'agitation était palpable : ce jour, certains l'avaient attendu depuis un an, et il était évident que ce tournoi allait retirer Sin de la tête des habitants de Spira pour quelques jours. La voix annonça que cette année, on célébrait également le cinquantenaire de l'avènement de Maître Mika, avant de subitement s'arrêter lorsque le commentateur eut aperçu l'un des nombreux bateaux. “ Là-bas ! Je vois sortir les Kilika Beasts ! Le Grand Invokeur Ohalland a joué dans cette équipe, un sacré challenge pour la relève ! Leur village ayant été récemment attaqué par Sin, ils feront tout leur possible pour ramener la coupe chez eux cette année ! Oh, mais qui voilà ! Ce sont les Besaid Aurochs ! Cette équipe est une aberration statistique vivante ! Rarement on a vu une si mauvaise équipe ! ” Tidus ne s'attendait pas à un accueil si décourageant. Seuls quelques irréductibles fans venus de Besaid étaient là.

Pas plus d'une dizaine. “ En vingt-trois ans, ils n'ont jamais passé le premier tour !

Ah ! Les voilà ! La fierté de notre ville ! Les Luca Goers ! ”. Une véritable foule se précipita alors sur le quai, hurlant, applaudissant pour leurs héros. Les Aurochs s'éloignèrent dans un coin, faisant profil bas.

C'était tout simplement insupportable. Humiliant. Wakka rassura Tidus en lui disant de ne pas s'en faire, que c'était comme ça tous les ans. Mais n'en faisant qu'à sa tête, Tidus refusait de se laisser faire. Après avoir extirpé un mégaphone des mains d'un crieur, il escalada un conteneur devant lui afin de surplomber la foule et l'équipe favorite du tournoi. “ On se calme, les Goers ! ”, lança-t-il à la surprise de tout le monde. “ Vous riez bien pour l'instant, mais profitez-en, ça ne va pas durer !

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Parce que cette année, les Aurochs gagneront la coupe ! ”. La foule s'était calmée et regardait Tidus, l'air blasé. Lorsqu'il redescendit, Wakka lui sauta dessus. “ Au nom de Yevon, mais qu'est-ce que t'es allé foutre là-haut ? ” “ On nous a remarqué, au moins ! ” lança Datto enchanté. “ On est même passés sur les sphère-écrans ! ” Quelques minutes passèrent, puis on annonça l'arrivée imminente du bateau de Maître Mika au quai numéro 3. “ Il se passe quoi, encore ? ” demanda Tidus. Yuna lui répondit que Maître Mika était le souverain du peuple de Spira. Il avait fait la route depuis Bevelle, et le tournoi avait été essentiellement organisé en son honneur, pour sa cinquantième année en tant que Maître de Yevon. “ Cinquante ans ?! Il ne devrait pas être à la retraite depuis ? ” remarqua Tidus sans réfléchir. “ Hé ! Fais gaffe à ce que tu dis ! ” rétorqua Wakka visiblement en colère. En effet, ce dernier était très croyant et tenait à ce que chacun affiche beaucoup de respect pour le clergé Yevonnite. Une foule plus dense encore que lors de l'arrivée des Goers attendait sur le quai numéro 3, devant un énorme bateau, sublime, avec le symbole de Yevon dessiné sur ses gigantesques voiles pourpres.

Les gens demeuraient silencieux, scrutant le moindre mouvement au niveau du bateau amarré. Tidus ne voyait rien, les gens devant lui gâchant sa vue, et il s'agitait, se dressant sur la pointe des pieds et bousculant parfois ses voisins. Un orchestre se mit alors à jouer l'air du chant qui résonnait dans les Temples, l'Hymne des Priants.

C'est alors qu'apparurent des chevaliers en armure, se postant de part et d'autre du petit pont de bois allant du navire à la terre ferme. Derrière eux apparut un grand homme, jeune et puissant, vêtu d'un long manteau bleu. Son visage et sa chevelure trahissaient ses origines : il n'était pas tout à fait humain. Il était né de l'union d'un Guado et d'une humaine. Ses longs cheveux bleus coiffés de manière extravagante descendaient aussi bien dans son dos que devant son visage, lui-même traversé de lignes bleues. Ses mains étaient démesurément grandes, son manteau était très large, et son torse dénudé montrait de grands tatouages noirs. On ressentait en lui à la fois l'assurance, l'ambition, et la puissance. Et Tidus n'aimait pas cela du tout. Les gens murmuraient, se demandant qui était ce grand homme. “ Ne serait-ce pas Maître Seymour ? ”, entendit Tidus. Le dénommé Seymour se retourna vers le bateau et se mit à genou, effectuant une prière en direction d'un vieil homme minuscule muni d'une prestigieuse robe blanche, rouge, et pourpre et portant un http://dantesparda62novels.free.fr/

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chapeau noir qui en sortait. Il portait une barbe blanche. Et tous se mirent à prier, sauf Tidus qui n'eut pas le temps de réagir. Maître Mika, salua la foule. “ Peuple de Spira, je vous remercie pour votre accueil généreux ”, lança-t-il de sa voix tremblante. Il se plaça devant Seymour et lui demanda : “ Levez-vous, Maître Seymour. Et vous tous, également. Je vous présente le fils de Maître Jyscal Guado, qui nous a quittés pour l'Au-Delà il y a peu. Comme certains d'entre vous le savent sans doute, il a été officialisé Maître de Yevon. ” Seymour s'inclina devant le peuple et se présenta. Puis il amorça un court discours. “ Mon père, Jyscal, a passé sa vie à tisser des liens entre les humains et les Guados. Je m'engage à suivre ses traces, et à remplir mon devoir en tant que Maître du mieux que je le pourrai. ”, annonça-t-il.

Tout le monde s'inclina et Wakka entraîna Tidus avec lui afin qu'il ne demeurât pas le seul debout face à Seymour. Lorsqu'elle releva la tête, Yuna croisa le regard du Maître et sursauta. Il ne la quittait pas des yeux, ne sourcillant pas, et le temps semblait s'être arrêté. Tidus s'en était bien aperçu, et il dévisageait son amie, inquiet. Pourrait-elle... tomber amoureuse ?

Vingt minutes à peine s'étaient déroulées depuis l'arrivée des deux Maîtres, et voilà que l'équipe des Aurochs se trouvait dans son vestiaire. Seul Wakka manquait à l'appel : il était parti au tirage au sort. Letty, un joueur de l'équipe, fit part de ses craintes à Tidus, lui expliquant que cela faisait trois ans de suite qu'ils tombaient sur les Goers dès le premier match. Kippa, le gardien de but de l'équipe, fit remarquer que de toute façon, ils auraient perdu contre n'importe qui. Le capitaine de l'équipe fit alors irruption dans le vestiaire, le sourire aux lèvres. “ Al Bhed Psyches ! ” annonça-t-il. “ Et si on gagne, on est directement en finale ! On est en tête de série !

Deux victoires, et la coupe est à nous ! ” Les Aurochs n'en croyaient pas leurs oreilles. Ils se mirent à crier de joie, excités. Wakka entreprit ensuite de revoir leur stratégie pour le match, aidé par Tidus pour deux ou trois détails. Ils n'avaient pas eu le loisir de jouer tous ensemble par manque de temps, mais une certaine complicité liait déjà Tidus aux autres, et il était persuadé qu'ils s'entendraient bien sur le terrain. Il somnolait sur un banc alors que Wakka se répétait pour la neuf cent quatre-vingt deuxième fois, lorsque Yuna fit irruption dans la pièce avec Lulu et Kimahri. “ Il paraît que Sire Auron a été aperçu dans un café ! ” annonça-t-elle à Tidus.

Il ne comprit pas tout de suite ce qui se passait, sortant de son demi-sommeil.

Auron... c'était le même Auron qui l'avait mené à Sin, et à Spira. Son ami de Zanarkand. Il en était persuadé. “ Auron ?! ” répéta Tidus. “ Oui ! Sire Auron ! Allons le trouver ! ” proposa-t-elle. “ Lui aussi était Gardien de mon père. Peut-être qu'il saura où se trouve Sire Jecht ! ” Tidus se leva brusquement du banc et se précipita vers la sortie. “ Hé ! Woho pas si vite ! ” hurla Wakka. “ Le match va bientôt commencer ! Tu reviens vite, hein !? ”. Après avoir rassuré le capitaine et lui avoir conseillé de se relaxer au lieu d'être si crispé, Tidus sortit avec Yuna et Kimahri, se dirigeant à grands pas vers le centre de la ville. Ils croisèrent la route de bien des personnes, parmi elles, des Al Bheds qui se murmurèrent quelque chose à l'oreille après le passage de Yuna, ce que Tidus n'appréciait pas du tout.

Toutefois il s'arrêta à leur niveau afin de leur demander s'ils ne connaissaient pas une certaine Rikku, une fille qui l'avait aidé et lui avait donné à manger... mais les Al Bheds ne comprirent rien à ce qu'il racontait, ne parlant pas la langue commune.

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Plus loin alors qu'ils avaient quasiment achevé de traverser le pont qui allait du stade à la ville, un groupe de quelques personnes les retarda en saluant l'Invokeur plusieurs minutes durant. Lorsqu'enfin ils atteignirent le centre de la ville, il y avait encore beaucoup de monde dans les rues. “ J'espère qu'on ne va pas être séparés... ” fit Yuna à Tidus. Pour toute réponse, ce dernier porta ses doigts dans sa bouche et siffla puissamment. Surprise et amusée, Yuna essaya de l'imiter sans succès. “ Qu'est-ce que c'était ? ” demanda-t-elle émerveillée. “ A Zanarkand, on fait ça pour encourager les joueurs de Blitz ! ” expliqua Tidus en riant. Il essaya de lui montrer comment faire, et lui dit de siffler si jamais elle le perdait de vue. Il arriverait en courant. Yuna était très amusée par cette idée, et décida qu'elle s'entraînerait dur à siffler. En attendant, ils allez simplement rester collés l'un à l'autre jusqu'au café. Tidus était assez impressionné par la taille de Luca, qui était la deuxième plus grande ville de Spira. Il s'était imaginé qu'il ne trouverait que de petits villages, comme Besaid et Kilika. Mais comme le lui expliqua Yuna, les villes n'avaient généralement pas le temps de grandir... parce que quand beaucoup de gens commençaient à se réunir... “ Sin ? ” comprit Tidus. Il regarda autour de lui.

La ville était vraiment bondée. Étaient-ils en sécurité, ici ? Mais comme le lui expliqua son amie, les Bannisseurs se battaient de toutes leurs forces pour protéger la ville, et en particulier le stade. Le Blitzball était vraiment le seul loisir des habitants de Spira. “ Dis-moi, est-ce que Zanarkand ressemble à cette ville ? ” demanda Yuna, toujours suivie par Kimahri. “ Eh bien... ” commença Tidus observa autour de lui. “ Chez moi, il y a plus de bâtiments, plus d'immeubles, tous immenses, et très serrés les uns aux autres. ” Yuna s'imagina impressionnée la taille que pouvaient avoir de tels bâtiments, si bien qu'elle en avait presque le vertige.

Ils arrivèrent enfin dans le café quelques minutes plus tard. Il était rempli de fans des différentes équipes. Un énorme écran était mis à disposition des consommateurs. Pourtant, aucun signe du long manteau rouge et des éternelles lunettes de soleil d'Auron. Tidus était quelque peu déçu, et Yuna également. Elle se dirigea vers le barman afin de lui demander s'il savait où était parti celui qui fut le Gardien de son père. Deux Ronsos accostèrent alors Kimahri, beaucoup plus grands que lui, et environ deux fois plus grands que Tidus, et dont les cornes n'étaient pas cassées. Ils semblaient le provoquer et lui en vouloir. Ils lui parlaient de leur voix extrêmement grave, qui semblait faire vibrer la poitrine, et le ton montait progressivement. Tidus vint se poster à côté de Kimahri. “ Pourquoi Kimahri pas parler ? Kimahri n'a pas vu Yenke depuis dix ans ! ” lança le premier. “ Kimahri a oublié Yenke ? Oublié Biran ? ” “ Laisse Kimahri, Yenke ”, continua l'autre. “ Kimahri est un petit Ronso. Kimahri est si petit qu'il ne peut pas voir les visages de Yenke et Biran. ” “ Kimahri a oublié ses amis Ronsos ? ” lança Yenke. “ Nous lui avons appris beaucoup quand sa corne a poussé ! Biran a appris à Kimahri à être fort ! ” “ Peut-être trop appris ! ” renchérit l'autre. Kimahri restait impassible. Tidus ne supportait pas cette attitude. Se moquer du physique de son ami qui, il est vrai, faisait deux têtes de moins que les autres Ronsos, était intolérable. “ Fous-leur une raclée ! ” lança-t-il, l'encourageant. Yenke éclata de rire, et reçut un puissant coup de poing bleu en plein visage. Les gens autour sursautèrent et reculèrent, et le barman

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leur ordonna de sortir. “ Allez vous battre dehors ! Le tournoi commence ! ” Tidus surpris se retourna vers l'écran. Le match commençait en effet, sans lui. Kimahri reçut un coup de la part de Biran, mais resta droit et fier, montrant ses dents pointues à son ennemi. Mais la jeune star du Blitz était perdue. Tidus tournait en rond, quelque chose n'allait pas. Maître Mika commençait son discours d'inauguration quand les mots se décidèrent à sortir de sa bouche. “ Kimahri ! Yuna a disparu ! ” Dans le stade, l'énorme sphère qu'était le terrain s'était déjà remplie d'eau, et les joueurs des Al Bhed Psyches et des Besaid Aurochs entraient en piste, nageant avec anxiété. Les Aurochs étaient découragés, et tout particulièrement Wakka, pour bien des raisons. Kimahri et Tidus quittèrent le bar en courant, laissant derrière eux les deux Ronsos enragés, cherchant désespérément leur Invokeur. Il n'y avait plus personne. Personne excepté Lulu qui courait vers eux. “ Bon sang, où est-ce que vous étiez ?! Yuna a été kidnappée par les Al Bhed Psyches ! ” lança la sorcière. “ Ils veulent que les Aurochs perdent, sans quoi ils ne la relâcheront pas ! ” “ Quoi ?! ” fit Tidus bouche bée. “ Si ce ne sont que des joueurs de Blitz, je doute qu'ils lui fassent du mal... ” analysa Lulu. “ Mais on ne va pas prendre de risque ! Allons-y ! ” Le bateau des Al Bhed était au quai numéro 4. De petites machines, interdites par les Préceptes de Yevon, gardaient le navire. Ce dernier était en tout point similaire à celui sur lequel Tidus avait voyagé avec Rikku et Frangin à son arrivée sur Spira. Non loin du quai, ils croisèrent O'aka XIII, ce marchand qui avait réussi à convaincre Tidus de lui prêter quelques Gils. Lorsqu'il le reconnut, il courut lui offrir ses services, à prix réduit s'il vous plaît. Il avait vu les Al Bheds emmener Yuna sur ce bateau, et bien que cette dernière n'avait pas l'air blessée lorsqu'il l'avait aperçue, il leur conseilla de prendre quelques potions et autres remèdes qui pourraient leur servir. A leur approche, ils virent les machines antiques récupérées par les Al Bheds foncer vers eux et les attaquer. Lulu utilisa un sortilège de foudre afin d'en détruire la plupart, et Tidus acheva les derniers avec l'aide de son ami Ronso. Sur un écran au-dessus de leur tête, ils virent que les Aurochs maintenaient le score à 2 – 2 grâce à une défense remarquable. Wakka avait la balle entre les mains lorsque deux Al Bheds se jetèrent sur lui violemment, le frappant à la tête tout en récupérant le ballon. L'arbitre n'avait pas jugé qu'il y avait faute. Et le capitaine des Aurochs était assommé, immobile dans l'eau. “ Il ne tiendra pas le coup... ” dit sombrement Lulu. “ C'est toujours comme ça avec Wakka. ” Alertés par leurs machines, les Al Bhed savaient que ses Gardiens venaient chercher Yuna. Le bateau était en train de se mettre en route vers le large quand les trois amis sautèrent sur le pont. Mais rien n'étant simple, un énorme robot ressemblant à un araignée géante, de deux mètres de large, se mit en marche et s'en prit à eux. Ni la magnifique lame bleue de Tidus, ni la piquante lance de Kimahri, ni même la foudre de Lulu n'en venaient à bout. C'est finalement un éclair de génie qui poussa Tidus à se jeter sur les commandes de la grue du navire, attrapant le robot d'acier et le soulevant de quelques mètres, hors d'état de nuire. Il ne restait plus que quelques secondes avant la fin du match. Un match de Blitzball durait simplement le

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temps de deux mi-temps de cinq minutes. Wakka vit dans le ciel des étoiles mauves s'envoler au niveau du quai numéro 4. C'était le signe dont ils avaient convenu avec Lulu. Elle avait trouvé Yuna, qui était saine et sauve. Reprenant ses esprits et faisant quelques signes aux membres de son équipe, ils attaquèrent en formation, tel qu'ils l'avaient programmé avant le match. Une passe. Une autre. Une esquive. Un tir de Wakka. Un but. Le public en délire hurla, couvrant le son du gong qui annonçait la fin du match. Les Besaid Aurochs avaient gagné leur premier match depuis vingt-trois ans, et sans l'aide de personne.

Lulu prit Yuna dans ses bras sur le pont du navire Al Bhed. “ J'espère que tu les as faits souffrir ”, lança-t-elle en plaisantant. Tidus ne put s'empêcher de regarder si les Al Bheds désormais sans défense qui se trouvaient là n'étaient pas ceux qui lui avaient sauvé la vie à son arrivée sur Spira. Il décida de raconter cette histoire à ses amis, partageant ses craintes : peut-être étaient-ils tous morts après l'attaque de Sin. “ Y avait-il quelqu'un qui s'appelle Cid, sur ce bateau ? ” demanda Yuna anxieus “ Je sais pas ”, répondit Tidus. “ Ils parlaient presque tous en Al Bhed... Qui est Cid ? ” “ C'est mon oncle, mais je ne l'ai jamais vraiment rencontré. ” “ Je vois... hé, donc tu es Al Bhede toi aussi, Yuna ? ” “ Du côté de ma mère, oui. Cid est le frère de ma mère. Il est devenu... distant, après qu'elle se soit mariée avec mon père. Mais elle m'a dit de le trouver, si j'avais un jour besoin de quoi que ce soit. ” “ Ne dis rien à Wakka sur les origines de Yuna ”, avertit Lulu. “ Il n'a jamais beaucoup aimé les Al Bheds... ” Une heure plus tard, dans les vestiaire des Aurochs, on célébrait la victoire tout en s'inquiétant de l'état de Wakka. Le coup qu'il avait pris durant le match l'avait salement étourdi, et il ne serait apparemment pas en mesure de jouer la finale du lendemain, contre les Goers. Lulu était la seule à ne pas être satisfaite de cette victoire. Selon elle, “ le vainqueur faisait peine à voir ”, et “ si ça avait été Chappu, il serait encore debout ” “ Hé, tu crois pas que t'es un peu injuste, là ? ” coupa Tidus. “ Excuse-moi ? ” demanda la sorcière l'air menaçant. “ Écoute, je sais que je pourrai jamais prendre la place de Chappu. C'est toi qui as dit ça à Wakka, je me trompe, Lulu ? Et je ne pense pas non plus que Wakka essaie de prendre la place de... ” “ Tu ne veux pas terminer cette phrase ”, coupa lentement Lulu d'un air glacial. Et Tidus prit la fuite. Yuna se sentait coupable de la blessure de Wakka. Ce ne serait sans doute pas arrivé si elle n'avait pas été capturée. Elle passa donc le plus clair de son temps à s'excuser. “ Mais comment t'as pu laisser des Al Bhed te kidnapper ?

T'approche plus des Al Bhed, ok ? Ils attirent que des ennuis... ”, dit Wakka d'une voix faible lorsqu'elle s'excusa devant lui. Elle essaya ensuite de prier pour la guérison du capitaine, et Tidus lui fit ingurgiter quelques heures avant la finale les produits qu'il avait achetés à O'aka. Le capitaine tenait debout, bien qu'il fût encore en piteux état. Alors que l'équipe était partie s'échauffer, Lulu rejoignit Wakka dans le vestiaire. “ Je t'ai vu perdre connaissance, sur les écrans. ” “ Ouais... bah j'aurais autant aimé que t'aies rien vu ”, répondit le capitaine gêné.

Exténué, il perdit l'équilibre et Lulu le rattrapa dans ses bras. “ Tu as vraiment...

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donné tout ce que tu avais, pas vrai ? ” Enfin, quelques minutes avant le match, Wakka rassembla une dernière fois l'équipe. “ J'ai un truc à vous dire, les gars...

Après ce match, je prends ma retraite. Je me suis promis que ce serait mon dernier tournoi. Victoire ou défaite, j'arrête le Blitzball. Mais bon... tant qu'on y est, autant gagner ! ” Les Aurochs émus étaient plus déterminés que jamais à gagner. “ Alors, hm... je vais rester sur la touche ”, proposa Botta. Mais Wakka refusa.

C'était lui qui resterait sur la touche, et Tidus le remplacerait. Sans doute était-ce la meilleure chose à faire, pour l'équipe.

Dans le stade, c'était la folie. Les Aurochs avaient bien plus de soutien maintenant, car beaucoup rêvaient de voir ces prétentieux de Goers perdre la coupe.

Le commentateur fit son petit discours, et les joueurs entrèrent dans la sphère. De là, Tidus pouvait voir Yuna et Kimahri, Lulu étant restée au vestiaire avec Wakka. Les Goers semblaient très amusés de tomber face aux faibles Aurochs en finale, et jamais Tidus n'avait si ardemment désiré gagner un match. Et sous le regard des Maître Mika et Seymour confortablement installés aux premières loges, le match débuta. Dès les premières secondes, Tidus sentit qu'il serait très, très difficile de l'emporter. Les Aurochs étaient lents, faibles, et peu ordonnés, là où les Goers étaient rapides, puissants, et très organisés. Le pauvre avait l'impression d'être seul contre cinq tant ses équipiers étaient inefficaces. Une passe à Botta mal réceptionnée leur valut de perdre la balle, et le capitaine de Goers n'eut aucune peine à marquer un but. Quelques secondes avant la mi-temps, Tidus réussit à bloquer une attaque et à contre-attaquer, tirant de toutes ses forces en direction du but adverse. Malheureusement, le gardien des Goers stoppa la balle. Le moral des Aurochs baissait, et Wakka fit tout son possible durant la mi-temps pour les motiver à nouveau. Durant la seconde mi-temps, l'équipe jouerait la défense, et tenterait de contre-attaquer comme Tidus l'avait fait quelques minutes auparavant. Et en effet, à deux minutes de la fin, Tidus s'empara de la balle et effectua le « Jecht Shot » qu'il s'était entraîné à faire sur la bateau, surprenant tout le monde, et marquant un but mémorable. Mais dès que la partie reprit, le jeune homme se sentit comme épris d'un malaise. Que faisait-il là ? Ce monde n'était pas le sien, et ce match par conséquent n'était pas le sien non plus. Le public en folie appelait un nom. Il s'imaginait qu'il s'agissait du sien, comme il en avait l'habitude à Zanarkand. Mais non. Les spectateurs appelaient au retour de Wakka. En cas d'égalité à la fin du temps imparti au Blitzball, la première équipe à marquer gagne. Tidus sentit qu'il était temps pour lui de quitter le stade. Il se dirigea en plein jeu vers le vestiaire, et bientôt, Wakka apparut dans la sphère aquatique, faisant hurler de joie ses fans, et redonnant du courage aux Aurochs. Les Goers peu habitués à ne pas avoir le public de leur côté semblaient déstabilisés. Wakka, finalement, fit une passe décisive à Botta qui détourna la balle dans le but adverse. C'était incroyable, et le capitaine des Aurochs avait peine à le croire. Ils avaient gagné la coupe, et vaincu les Luca Goers.

Bientôt, Tidus revint dans l'eau, rejoignant un Wakka détendu, aux anges, et fier de cette victoire, pour frapper dans sa main en souriant. C'est alors que des hurlements les extirpèrent de leurs pensées. Le public criait. Que se passait-il ?

Wakka pointa son index vers les gradins et Tidus y vit des monstres apparaître de nulle part. Surpris, il sentit quelque chose bouger derrière lui : il y en avait également dans l'eau. C'était la panique dans le stade, personne ne comprenait d'où venaient

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les monstres, et personne ne s'était préparé à ça. Kimahri cacha Yuna derrière lui et prépara sa lance, prêt à recevoir comme il se devait ces invités surprise. Marchant calmement au milieu de la panique, un homme portant un long manteau rouge et des lunettes de soleil noires sur son nez camouflant une cicatrice qui traversait son visage en biais sortit son épée. Auron s'attaqua à ce qui ressemblait à un dragon qui s'en prenait à des enfants non loin de lui. Tidus qui avait quitté le terrain arriva derrière lui et appela “ Auron ! ” en même temps que Wakka interpelait “ Sire Auron ! ”. Cette fois plus de doute. “ Alors, tu le connais vraiment ?! ” fit Tidus. “ Ouais ! Le meilleur Gardien de tous les temps ! ” Ils se jetèrent sur le dragon pour l'aider. C'est alors que Tidus vit Seymour sur son balcon observer la situation. Le Maître leva soudain les bras pour faire une prière. Sortit alors du sol un monstre plus hideux que tous ceux qu'il avait vus jusqu'alors, et aussi beaucoup plus grand puisqu'il dépassait largement les murs du stades. Et voilà que le monstre, qui semblait prendre ses racines sous le sol, dans les Enfers même où il était enchaîné, se mit à détruire par sa simple force mentale toutes les autres bêtes. La Chimère de Seymour s'appelait Anima. C'était la Chimère des ténèbres, et Yuna n'en croyait pas ses yeux. Elle était tellement puissante, tellement efficace. Ifrit, sa Chimère de feu qui s'affairait dans le stade à combattre une sorte de loup géant, semblait ridiculement faible en comparaison. Faible, mais aussi... beaucoup plus rassurante.

Quelques secondes plus tard, la totalité des monstres avaient disparu, laissant place à un véritable nuage de furolucioles. Les gens impressionnés et reconnaissants se mirent à applaudir et à prier en direction de Seymour. Leur sauveur. Ce nouveau Maître avait beau être jeune, c'était quelqu'un de bien, se disait-on.

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- VI Le GardienLégendaire

Les Aurochs s'apprêtaient à repartir pour Besaid en bateau. Wakka confia la gigantesque coupe de cristal à Botta, confirmant son départ de l'équipe parce que Yuna avait besoin de lui, et motivant ses amis pour la suite. Alors que les Besaid Aurochs s'éloignaient, Wakka se dirigea vers Yuna, Lulu et Kimahri. L'Invokeur lui demanda s'il était bien sûr de faire le bon choix, mais la détermination du Blitzeur était de fer. “ Et désolé de t'avoir fait perdre du temps, Yuna. J'avais une promesse à tenir. A partir de maintenant, je suis ton Gardien à plein temps ” Puis il demanda avec anxiété s'ils avaient du nouveau sur ce qui s'était passé au stade. “ Pas vraiment ”, répondit Lulu. “ On ne sait pas d'où venaient ces monstres.

Maître Mika est sain et sauf grâce à Maître Seymour. C'est à peu près tout ce qu'on sait. ” Et Yuna se mit de nouveau à penser à la terrible Chimère de Seymour. Si puissante...

Sur un autre quai, le ton montait entre Auron et Tidus. Du moins le ton montait-il pour Tidus, Auron demeurant calme et impassible. “ Hé ! Tu m'écoutes, oui ?! ” hurla la star de Zanarkand. “ Tout ça, c'est ta faute !

Je me suis fait aspirer par Sin, envoyer sur Spira, et je ne peux pas retourner à Zanarkand, tout, tout ça c'est ta faute ! ” Auron se mit à rire froidement. “ Qui es-tu, à la fin ? ” demanda Tidus essayant de se calmer. “ T'as connu mon père, c'est ça ? ” “ Oui. ” “ Et tu as aussi connu le père de Yuna ? ” “ C'est exact. ” “ Non, ça ne se peut pas ! C'est juste impossible ! ” répliqua Tidus dont le cerveau tournait à plein régime. “ Ça n'a rien d'impossible ”, répondit calmement Auron. “ Jecht, Braska, et moi... ensemble, nous avons vaincu Sin, il y a dix ans... Puis je suis allé à Zanarkand, où j'ai veillé sur toi... pour un jour pouvoir t'emmener sur Spira. ” “ Pourquoi moi ? ” lança Tidus plein de rancœur. “ Jecht me l'a demandé ”, répondit Auron toujours aussi calmement. La star de Zanarkand hésitait à poser la question. En réalité, il craignait sans doute la réponse.

Pourtant, après quelques secondes d'hésitation, les mots sortirent malgré lui : “ Est-ce qu'il est vivant ? ” “ Ça dépend de ce que tu appelles « vivant » ”, répondit lentement Auron. “ Il... n'a plus rien d'humain. Mais... j'ai senti la présence de Jecht, quelque part dans cette carapace. Pas toi ? Tu as dû la ressentir, quand tu es entré en contact avec Sin. ” Tidus eut l'impression que le monde entier s'écroulait sur ses épaules. C'était impossible... mais Auron semblait dire vrai. Désemparé, il se mit à trembler, faisant de son mieux pour contenir les larmes qui ne demandaient qu'à couler. “ C'est pas possible... ” dit-il finalement d'une voix tremblante.

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“ C'est un fait ”, reprit le sage de la même voix fatiguée. “ Sin est Jecht. ” L'entendre dire aussi clairement manqua de faire tomber Tidus en arrière. Il cherchait les mots, il cherchait une parade, mais rien ne venait. Finalement il hurla simplement que c'était ridicule, qu'il lui racontait n'importe quoi, qu'il ne le croyait pas. “ Mais c'est la vérité. Tu le verras par toi-même. Viens avec moi. ” “ Et si je dis non ? ” “ Toute histoire doit avoir une fin ”, répondit simplement Auron. “ Je me moque de tes histoires ! ” répliqua Tidus en colère. “ Je vois. Désolé que tu le prennes comme ça. Viens ou ne viens pas, la décision t'appartient. ” Tidus croyait qu'il allait devenir fou. Il hurla de rage alors qu'il voyait son ami se retourner et se mettre à marcher. “ Qu'est-ce que je suis censé dire ?! Tu dis que c'est ma décision, mais c'est pas comme si j'avais le choix ! Tu es le seul à pouvoir me dire ce qui se passe ! Je dois partir avec toi, je... je suis obligé de te suivre ! ” Auron s'était arrêté et fixait la mer. “ Irritant. Je sais. ”, répondit-il avant de lui demander s'il avait peur. Le jeune homme ne répondait pas, perdu, essoufflé, honteux. Oui, il était effrayé. Le sage posa amicalement la main sur son épaule et lui dit calmement : “ Tout va bien. C'est normal. ” “ Auron... ” demanda Tidus d'une petite voix, cette fois triste et calme. “ Est-ce que je pourrai rentrer chez moi, un jour ? A Zanarkand ? ” “ Cela dépend de Jecht ”, répondit son ami après quelques secondes. “ Je vais proposer mes services à Yuna. Viens. ” L'Invokeur et ses Gardiens attendaient à la périphérie de la ville, devant l'entrée de la longue route de Mi'ihen. Wakka avait lancé le sujet de conversation. Tidus allait-il décider de rester avec eux ? Visiblement Sire Auron le connaissait, et Wakka avait eu raison de l'amener au tournoi : il avait bel et bien rencontré quelqu'un à même de l'aider. “ Vous pensez qu'il va trouver un moyen de rentrer à Zanarkand ? ” s'inquiéta Yuna. “ En tout cas, il va me manquer... ” admit Wakka. C'est alors que le jeune homme et Auron apparurent sur le chemin, Tidus traînant des pieds, la tête baissée. “ Sire Auron ?! ” salual'Invokeur surprise alors que tous effectuaient une prière. “ Yuna ”, commença le légendaire Gardien. “ Sire ? ” “ Je voudrais devenir ton Gardien, si tu l'acceptes. ” Surprise générale. “ Vous êtes sérieux ? ” demanda Wakka. “ Tu refuses ? ” fit Auron voyant Yuna chercher ses mots. “ Non ! ” répondit l'Invokeur. “ Nous acceptons ! Pas vrai, tout le monde ? ” “ B-bien sûr ! ” bafouilla Wakka impressionné. Pas de problème ! ” “ Mais... pourquoi ? ” demanda Lulu. “ Je l'ai promis à Braska. ”, répondit simplement Auron. Les yeux de Yuna s'illuminèrent à la mention du nom de son père. Elle le remercia, et lui souhaita la bienvenue parmi eux. Auron tourna la tête vers Tidus, qui semblait s'intéresser de près à ses propres chaussures depuis toute à l'heure, et l'attrapa par le bras, le faisant avancer devant lui. “ Et... il vient aussi. Lui, c'est une promesse faite à Jecht. ” “ Est-ce que Sire Jecht est en vie ? ” demanda naïvement Yuna. Tidus eut soudain envie de hurler encore une fois. Ou peut-être de pleurer. Ou de rire. Oui Yuna, Jecht

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est en vie. On l'a croisé l'autre jour, alors qu'il partait ravager un petit village paisible. “ Je ne sais pas ”, mentit Auron. “ Je ne l'ai pas revu depuis dix ans. ” “ Je... vois ”, répondit Yuna confuse. “ Nous finirons bien par le rencontrer ”, assura son nouveau Gardien. “ Oui. Je m'en fais déjà une joie ”, répondit-elle poliment.C'en était trop. Tidus s'éloigna et s'approcha du bord de la colline, observant tantôt Luca en contrebas, tantôt ses chaussures. Il sursauta lorsqu'un sifflement strident retentit dans son dos.

Yuna avait appris à siffler. Il la félicita, moins amusé néanmoins qu'elle ne l'était. “ Tu as l'air triste ”, remarqua l'Invokeur s'approchant de lui. “ Ouais, peut-être... ” répondit Tidus effacé. “ Tu veux crier ? ” plaisanta Yuna se souvenant de ce hurlement devant le Temple de Kilika. “ Hm... je ne crois vraiment pas que ça m'aidera, cette fois... ” Ils restèrent ainsi côte à côte quelques instants, jusqu'à ce que Yuna reprenne la parole, souriant encore et toujours. “ Tu sais... c'est embarrassant de le dire moi-même... mais les Invokeurs et leurs Gardiens sont l'espoir de Spira. Beaucoup de gens sur Spira comptent sur nous. J'ai appris à sourire... même quand je me sens triste... Je sais, c'est difficile ”. Se tournant vers son ami, elle lui souriait de bon cœur. Tidus répondit qu'il comprenait. Du moins, qu'il croyait comprendre. “ Bien ! Alors voyons ce que tu sais faire ! ” lança Yuna enjouée. “ Allez ! ”, insista-t-elle en riant devant l'air ébahi de son ami. Tidus essaya d'étendre ses lèvres, mais elles refusaient de lui obéir. Il entrouvrit alors la bouche afin de montrer ses dents, mais sa mâchoire tremblait. Il posa alors les mains sur ses joues et les remonta afin de simuler un sourire. S'imaginant dans cette position, il lui vint soudain l'envie d'éclater de rire. “ Ça fait bizarre ! ”, lança-t-il à Yuna, amusé. “ Maintenant, essaie de rire à haute voix. Allez, montre-moi ! ” Surpris, Tidus se tourna vers Luca en contrebas, et après quelques profondes inspirations, sa voix se mit à résonner dans les airs au-dessus de la ville. Évidemment, le rire n'étant pas naturel, on eut plutôt dit quelque corbeau malade qui hurlait par saccades. “ Tu... devrais peut-être arrêter de rire ”, conseilla la jeune fille amusée et un peu gênée.

Mais Tidus n'en avait plus envie. Crier ainsi le soulageait. Toute sa colère, sa nostalgie, et toutes ces questions semblaient être expulsées par sa bouche. Bientôt, Yuna se plaça à côté de lui et l'imita, et leurs voix à l'unisson résonnèrent au-dessus de toute la ville. Ce rire forcé ce transforma après quelques secondes en un rire sincère, et de se jeter des regards complices et amusés. Les autres Gardiens derrière eux les regardaient comme s'ils avaient perdu la tête, bien qu'ils souriaient devant ces deux enfants qui jouaient. “ C'était vraiment trop drôle ! ” riait Yuna. “ C'était ton idée ! ” répondit Tidus plié en deux. Puis lorsqu'ils furent calmés, la jeune femme se tint toute droite et plongea son regard dans le sien. “ Merci ”, dit-elle simplement. Tidus la regarda d'un air interrogateur, et Yuna lui expliqua qu'elle voulait que son voyage soit jalonné de rires. “ OK ! ” comprit Tidus. “ Et si on se retrouvait séparés... tu n'auras qu'à siffler. J'arriverai en courant. Je te le promets. ”, ajouta Yuna. Son cœur battant à tout rompre, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de s'imaginer l'embrassant. Maintenant et tout de suite. Elle était si belle, si sage, et son esprit était si fort... Sans elle, il serait perdu. Il ne voulait

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jamais plus la quitter. Il avait enfin trouvé le réconfort qui lui faisait presque oublier Zanarkand, Sin, et son père. Il afficha un grand sourire et posa simplement la main sur son épaule. “ Bon... allons-y ! ”, lança-t-il désormais soulagé de ses sombres pensées. “ Très bien... nous allons marcher jusqu'au Temple de Djosé ”, annonça Yuna à la petite troupe. “ Et, Gardiens... n'oubliez pas de sourire ! ”, ajouta-t-elle affichant ellemême un sourire magnifique.

Ils se mirent donc en marche pour un voyage qui s'annonçait long, très long. Cette traversée jusque Djosé leur prendrait plusieurs jours, durant lesquels ils traverseraient tout d'abord la grande route de Mi'ihen, qui était remplie d'histoire.

Cette large route sinueuse faite de terre et de cailloux et encadrée à la fois de verts pâturages et de ruines très anciennes, longeait tout d'abord la côte avant de partir vers les terres, puis de revenir vers la plage au niveau d'un autre chemin, appelé « route des Mycorocs ». Le grand problème de cette route de Mi'ihen est qu'elle grouillait de monstres plus ou moins dangereux, qui menaçaient les très nombreux voyageurs de passage. Mais l'Invokeur et ses Gardiens se débrouillaient à merveille.

Auron était de loin le plus doué des protecteurs de Yuna, sa lourde épée terrassant violemment jusqu'aux monstres les plus coriaces, parfois blindés d'une carapace épaisse comme la roche contre lesquels Tidus et les autres ne pouvaient généralement rien.

Quelques heures déjà après avoir quitté Luca, les voyageurs croisèrent une grande statue représentant un homme visiblement célèbre, debout sur une charrette, une longue lance dans la main. C'était une statue de Sire Mi'ihen. Huit siècle plus tôt, il avait fondé le groupe désormais connu sous le nom des Bannisseurs. Quelques années à peine après sa fondation, l'organisation s'était déjà répandue à travers tout Spira. Les Maître de Yevon, à l'époque, craignant une insurrection, et ils les accusèrent de trahison. Alors Sire Mi'ihen avait emprunté cette longue route pour aller répondre à ces accusations, et les réfuter. Il parvint à gagner la confiance des Maîtres, et les Bannisseurs furent reconnus par le clergé de Yevon. Quant aux ruines qui berçaient le long chemin, elles étaient celles d'une très ancienne cité. Elles symbolisaient à elles-seules la puissance destructrice de Sin. La plupart des voyageurs frissonnaient lorsqu'ils les découvraient pour la première fois. Ce jour-là, les Bannisseurs étaient très actifs sur la route, se dirigeant en tout hâte dans la http://dantesparda62novels.free.fr/

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même direction que Yuna et ses Gardiens. La plupart d'entre eux traversaient ce périple à dos de Chocobo, ce qui leur permettait de gagner un temps considérable.

Heureusement, quelques auberges étaient disséminées çà et là pour les voyageurs et les pèlerins tels que Yuna et sa garde.

Au fil des jours, Tidus se sentait gagner en confiance. Il aimait combattre ces monstres, et il y développait un certain talent, majoritairement grâce à sa vitesse exceptionnelle. Et le simple fait d'être Gardien d'une si charmante demoiselle le motivait à s'améliorer encore et encore. Trois Chocobos s'arrêtèrent à leur niveau, un après-midi relativement calme en monstres. “ Mademoiselle l'Invokeur je présume ? ”, dit une femme en armure sur le dos de la bête. “ Oui, je suis Yuna ”, répondit cette dernière en souriant. “ Je suis Lucile, capitaine des Chevaliers Chocobo de Djose. ” “ Et moi c'est Elma ”, ajouta une autre femme. L'homme visiblement maladroit et peu sûr de lui qui les accompagnait n'osa pas se présenter. “ On nous a chargés de surveiller la route ”, expliqua Elma. “ On dit qu'un énorme monstre aurait été vu dans la zone ”, continua Lucile, “ et qu'il aurait un goût prononcé pour les Chocobos. Soyez prudents si vous comptez louer des Chocobos ! ” “ Merci ”, répondit Yuna en priant. “ Nous ferons attention. ” “ Nos prière vous accompagnent ”, dit Elma avant que les Chevaliers Chocobo ne s'en aillent. Tidus trouvait les Chocobos vraiment géniaux. Ces gros oiseaux jaunes ne lui évoquaient rien de chez lui, simplement il les trouvait affectueux et amicaux.

Alors, si un monstre désirait se les mettre sous la dent... “ Un gros monstre, hein... ” fit-il après le départ des chevaliers. “ On va s'occuper de son cas ! ” “ Pourquoi ? ” demanda Auron calmement. “ C'est la meilleure chose à faire ! ” “ C'est la meilleure chose à faire ? ” répéta le grand Gardien. Surpris, Tidus vit son ami éclater de rire. Il lui demanda ce qu'il avait dit de si bizarre, et Auron répondit : “ Jecht disait souvent ça, lui aussi. Et à chaque fois, c'était synonyme d'ennuis pour Braska et moi ”. Yuna rit légèrement, et bizarrement Tidus n'en voulut pas une seconde à Auron de l'avoir comparé avec son père. C'était comme si sa rancœur s'était trouvée refoulée. Comme si la pitié avait désormais pris le dessus. Sin était Jecht. Jecht était Sin. Mais était-ce ce que désirait son père ? Cela, Tidus n'y croyait pas une seconde. Non, Jecht était coincé malgré lui par cette gigantesque carcasse de la taille d'une ville.

Quelques heures plus tard, une femme et sa fille du nom de Calli vinrent saluer Yuna alors qu'ils se croisaient sur la route. La petite demanda à l'Invokeur si elle allait leur apporter la Félicité, et sa mère renchérit, disant qu'ils étaient impatients de voir venir la prochaine Félicité. Yuna leur répondit que le moment viendrait bien assez tôt. Tidus avait déjà entendu ce terme de « Félicité » à Besaid : Wakka et Lulu lui avaient alors expliqué que Yuna était arrivée dans le petit village avec Kimahri durant la Félicité, dix ans plus tôt. Il demanda alors : “ C'est quoi, la Félicité ? ” “ La Félicité est une période de paix ”, répondit Lulu. “ Elle commence lorsqu'un Invokeur défait Sin... et dure jusqu'à ce qu'il réapparaisse. ” “ Sin meurt, puis il renaît ”, expliqua Yuna devant l'air étonné de Tidus.

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“ Ah ! ” comprit le jeune homme. “ Je me disais bien que c'était bizarre : le père de Yuna a vaincu Sin il y a dix ans, c'est ça ? Mais Sin est toujours là ! Ça n'avait aucun sens jusqu'à maintenant. Mais, attendez... s'il revient à chaque fois... ” “ Ne dis pas que ça n'en vaut pas la peine ”, coupa Yuna. “ Parce que, si. Même pour un petit moment, les gens peuvent dormir dans leurs lits sans avoir peur. Ce genre de période vaut tous les risques du monde. Alors ne dis pas que ça n'en vaut pas la peine. ” Tidus comprit, et jamais il n'oublierait ces mots.

Le lendemain, ils en vinrent à croiser deux Bannisseurs aux visages familiers : Luzzu et Gatta, leurs amis du village de Besaid, que Tidus avait croisés à l'entrée du village natal de Wakka et Lulu. Évidemment, l'agitation générale avait mis la puce à l'oreille à tous les Gardiens depuis plusieurs jours déjà. Tous, sauf Tidus, qui semblait un peu dépassé par les évènements. Depuis des semaines, les Bannisseurs se préparaient à une opération d'envergure. Une opération dont ils gardaient pour le moment les détails secrets. Les deux inséparables, Gatta étant la jeune recrue, et Luzzu son capitaine, escortaient une charrette tirée par un Chocobo. Les deux amis complimentèrent d'abord les Blitzeurs de l'équipe pour leur victoire avec les Aurochs. “ Hé, vous avez fini de traînailler ? ” lança la voix du capitaine Lucile qui passait par-là sur le dos de son Chocobo. “ Heu... ” commença le jeune Gatta embarrassé. “ Mademoiselle l'Invokeur et ses Gardiens sont nos... ” “ Cette mission requiert notre totale attention ”, coupa Lucile. “ Nous n'avons pas de temps à perdre ! C'est compris ? ” “ Oui, madame ! Nos excuses, madame “ répondit Luzzu au garde à vous la main sur le cœur. Lucile repartit à toute vitesse, et Luzzu se tourna vers Gatta : “ Tu vois ? tu baisses la tête, tu es poli, et tout se passe bien ”. L'Invokeur rit légèrement. “ Hé, Yuna ”, fit Luzzu. “ Yevon nous a rejetés pour l'opération que nous allons mener, mais nous croyons toujours en toi. Ça ne changera jamais. ” “ Merci, à vous deux. Mais... vous savez, il n'est pas trop tard. Vous pourriez retourner à Besaid et... ” “ On devrait y aller, Monsieur ”, coupa Gatta qui tremblait en réalité de peur et qui mourrait d'envie de rentrer chez lui plutôt que d'aller risquer sa vie. Ils inclinèrent la tête devant leur amie et repartirent à la poursuite de la charrette.

Une jeune adepte de Yevon plus loin se disputait avec un Bannisseur en armure.

Le soldat disait qu'ils mettraient tous les moyens en œuvre pour vaincre Sin. La jeune femme lui répondait que leurs méthodes allaient à l'encontre des Préceptes de Yevon, et qu'ils devaient à tout prix renoncer. Mais le soldat agacé s'en alla, suivant la charrette lui aussi. Dépitée, la jeune femme s'assit à terre, le regard vide. Yuna lui demanda si elle allait bien, et la jeune femme se leva aussitôt. Toutes deux échangèrent une prière, l'Invokeur recevant une fois encore tous les honneurs et tout le respect dû. La jeune femme se dénommait Shelinda. La jeune disciple de Yevon expliqua qu'elle avait entendu dire que les Bannisseurs comptaient utiliser des machines interdites, et que pour cette raison, elle essayait de les arrêter. Tidus ne comprenait pas bien pourquoi. On lui expliqua alors que l'utilisation de machines était l'un de pires pêchés selon Yevon. Mais Auron les coupa tous dans leur conversation de sa voix grave et monotone. “ Laissez-les utiliser ce qu'ils veulent. De toute façon, ils ne vaincront pas Sin. ” “ Mais, je n'ai rien contre leur volonté de détruire Sin ! ” répondit Shelinda. “ C'est

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juste que les Préceptes doivent être respectés ! ” Wakka la soutenait pleinement, bien qu'il n'aimait pas beaucoup l'idée de contredire Sire Auron. “ Mais vous ne comprenez pas ! reprit la disciple. Les Bannisseurs ne m'écoutent même pas ! Tout ça parce que je ne suis qu'une simple disciple... ” “ Ne dites pas ça ”, la rassura Yuna. “ Je ne suis moi-même Invokeur depuis peu de temps. Je ne peux pas pour autant baisser les bras à chaque échec. Les gens comptent sur moi. Ils dépendent de nous deux. ” Yuna avait trouvé les mots. Plus enthousiaste désormais, Shelinda se lança à la poursuite des Bannisseurs. Puisqu'elle n'était pas en mesure d'empêcher cette folie, elle s'occuperait de soigner les éventuels blessés.

En fin d'après-midi, la petite troupe passait devant une auberge Al Bhede lorsque Auron annonça : “ Nous dormirons ici ”. Wakka ne put s'en empêcher, et il lança que “ c'était un comptoir Al Bhed ” avec dédain. Le légendaire Gardien s'arrêta net et plongea son regard dans celui de Wakka à travers ses lunettes de soleil noires. “ C'est un problème ? ” demanda-t-il. “ Ils... ils ne croient pas en Yevon ”, bredouilla l'ancien capitaine des Aurochs. “ Et à Luca ils... ils ont kidnappé Yuna. ” “ Où étaient ses Gardiens ? ” Tous se sentirent visés, faisant mine de se gratter le nez et de s'intéresser à leurs mains. Yuna tenta de raisonner Wakka, lui disant que Sire Auron ne faisait que s'inquiéter pour sa santé. Préférant passer une nuit blanche plutôt que de dormir dans un comptoir Al Bhed, Wakka rétorqua qu'il n'était pas du tout fatigué. “ Eh bien moi, je le suis ”, clôt Auron pénétrant à l'intérieur. Le petit bâtiment coloré faisait face à la mer : il était construit sur une falaise par laquelle la grande route de Mi'ihen passait. Derrière lui se trouvait un enclos où vagabondaient quelques Chocobos apprivoisés, prêts à être loués. A l'intérieur, il y avait tout ce qu'il fallait pour les voyageurs. Des guides, des manuels pour apprendre l'Al Bhed, des armes... ce petit magasin appartenait à une grande chaîne : les comptoirs de Rin, Rin étant le propriétaire Al Bhed des lieux. Il se trouvait justement sur place, ses longs cheveux blonds et sa voix grave surprirent Tidus alors qu'il s'intéressait à un manuel d'Al Bhed. Fort sympathique, il était très heureux d'accueillir dans son auberge un Invokeur et ses Gardiens, et en gage de sa bienveillance et de sa surprise de voir un jeune homme s'intéresser à sa langue natal, il offrit à Tidus le manuel qu'il était en train de feuilleter. Wakka ne l'admit pas, mais il était plutôt soulagé. Il s'attendait à voir des tonnes d'objets interdits, de machines, et d'autres sacrilèges. Mais Rin semblait être un homme tolérant, et sans doute avait-il pris garde à ce que sa chaîne de comptoirs reste ouverte à tous, Yevonnites inclus.

Le soir venu, Tidus sortit de l'auberge et tomba nez-à-nez avec un énorme soleil d'or se couchant paisiblement à l'horizon, en pleine mer, derrière les ruines d'un ancien pont désormais bancal dont les pieds se trouvaient dans l'océan. C'était une vision tout à fait magnifique. D'autant plus magnifique que Yuna se trouvait là, assise à quelques mètres du bord de la falaise, au milieu des fleurs et de plantes. Ses jambes se mirent à fonctionner toutes seules, le conduisant vers Yuna. “ Qu'est-ce que tu fais ? ” lui demanda-t-il s'approchant. Elle sursauta et afficha un grand sourire en se retournant. Il vint s'assoir à côté d'elle. “ C'est magnifique ”, dit-elle après quelques secondes, fixant elle aussi l'horizon. “ J'aimerais pouvoir vivre dans un tel endroit... si paisible. Vivre avec un sourire sur

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les lèvres chaque jour qui passe. ” “ Tu pourras quand tu auras battu Sin, non ? ” Hésitant un instant, elle inclina la tête en signe de oui. “ Mais un nouveau Sin naîtra de toute façon ”, dit-elle pessimiste. “ Eh bien tu n'auras qu'à le battre encore une fois ! ” lança Tidus enjoué. “ J'aurais... aimé pouvoir. ” “ Hé ! Tu peux ! Crois-moi ! Tu es la meilleure des Invokeurs ! ” Le sourire de la jeune fille était là, mais il semblait un peu plus amer. A quoi pensait-elle ? Est-ce qu'elle souffrait ? Après quelques minutes, Tidus posa une question qui l'empêcherait de dormir s'il n'obtenait pas de réponse avant de se coucher. “ Yuna... pourquoi est-ce Sin revient toujours ? ” “ Sin est... notre punition pour avoir été vaniteux. Et il ne s'en ira pas avant que nous nous soyons rachetés. ” “ Et comment on fait ça ? ” demanda Tidus perplexe. “ Et qu'est-ce qu'on a fait de si mal, à la base ? C'est parce qu'on utilisait beaucoup de machines ou quelque chose comme ça ? Mais... c'était vraiment si mal que ça ? ” L'Invokeur sembla troublée. “ C'est drôle... ” bafouilla-t-elle. “ Depuis ma plus tendre enfance, je ne me suis jamais posé la question... Mais maintenant que tu me demandes si c'est si mal... je ne sais pas. Il y a tant de choses que je ne sais pas.. ”. “ Je te le fais pas dire ”, plaisanta Tidus. “ « De telles pensées ne sont pas dignes d'un Invokeur » ”, dit-il en imitant la voix tremblante du vieux Maître Mika. Tous deux éclatèrent de rire au grand soulagement du jeune homme qui se demandait si cela ne la mettrait pas mal à l'aise. Elle lui fit simplement remarquer en plaisantant que ce n'était pas très gentil. Il se leva et s'étira, et Yuna se leva à son tour, les mains jointes devant le bassin. “ Tu sais ”, commença Tidus, “ pendant un match, il faut penser au Blitz et à rien d'autre. Tu ne peux pas te dire « tiens, elle est mignonne

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cette fille dans le public », et tu ne peux pas te demander ce que tu as à faire après le match, parce qu'à la seconde où tu le fais, tu perds. Yuna, ce que je veux dire... c'est que tu ne devrais vraiment pas t'en faire, tu sais ? Ce n'est qu'après avoir battu Sin qu'il faudra t'inquiéter du futur. ” L'Invokeur sembla particulièrement déroutée.

Cherchant ses mots, il lui fallut une éternité avant de simplement dire : “ Je suppose que tu as raison ”, sans sourire. Les questions fusaient dans la tête de Tidus et il ne pouvait plus s'arrêter. “ Mais Yuna, comment est-ce que tu es censée battre un truc aussi gros ? ” “ L'Invocation Finale. C'est le seul moyen de défaire Sin. Le seul. On peut alors faire appel à l'Ultime Chimère. C'est le but du pèlerinage. Le Priant de l'Invocation Finale nous attend dans le grand nord, là où s'achève le pèlerinage. Au bout du monde. A Zanarkand. ” “ A Zanarkand ? ” répéta Tidus surpris. “ Elle parle des ruines d'une cité détruite il y a mille ans ”, répondit la voix de Auron derrière eux. Tidus toutefois se demandait si cette ville était vraiment en ruines. Il demanda à Yuna si elle en était sûr, et Auron qui s'approchait désormais lança qu'il le verrait bien assez tôt de lui-même. Puis il demanda à Yuna de revenir à l'intérieur car les monstres rôdaient la nuit, avant de s'éclipser les laissant de nouveau seuls. Tidus irait à Zanarkand avec Yuna. Oui. Il irait, pour le voir de ses propres yeux. Il savait que cela ne pouvait être sa Zanarkand. Mais il devait s'en assurer.

Il demanda au vendeur du comptoir s'il n'avait pas une carte de Spira sous la main, et celui-ci la lui en vendit une pour la ridicule somme de 2 Gils. Lorsqu'il trouva Zanarkand, puis l'endroit où il se trouvait, il comprit qu'il y avait encore bien du chemin à parcourir. Il ne dormit que très peu cette nuit-là, car les réponses aux questions qui causaient ses insomnies le travaillaient tout autant que les questions elles-mêmes. Et ces rêves qu'il n'avait cesse de faire, toujours en lien avec Zanarkand, ou avec son père. Des rêves qui semblaient plus vrais que la réalité ellemême. Plus vrais qu'une réalité qui n'était pas la sienne. Et il s'était par ailleurs également aperçu de la présence dans chacun de ses songes de l'enfant en capuche mauve, ce gosse si intrigant qui l'avait abordé lors de l'attaque de Sin à Zanarkand. Et à chaque fois, il se demandait pourquoi il avait l'impression de connaître ce gamin.

Tout comme il se demandait pourquoi il connaissait l'Hymne des Priants depuis toujours. Ce chant n'était-il pas constamment dans sa tête lorsqu'il était à Zanarkand ? Non... ou peut-être que si ? Oui... et le chant avait faibli ces dernières années.

Le lendemain matin alors qu'ils prenaient leur petit déjeuner, un cri féminin retentit à l'extérieur du bâtiment. “ A l'aide ! Les Chocobos ! ” Auron se leva et annonça que c'était à eux de jouer. Rin surgit alors de nulle part et remercia d'avance les pèlerins pour leur aide, leur offrant quelques potions de soin en gage de son soutien et les avertissant d'être prudents, car la bête était féroce. A l'intérieur de l'enclos, les Chocobos se bousculaient, sautillant dans tous les sens en poussant de petits cris aigus semblables à ceux des poussins. Le Chocobogre était gros et laid. Sa peau dure, toute bleue, recouvrait de longues jambes qui grimpaient directement jusqu'à la tête de lézard du monstre : il n'avait pas de torse. Dans sa gueule étaient parsemés des dizaines et des dizaines de dents toutes plus pointues les unes que les autres, et ses deux longues langues mauves dépassaient constamment, flottant hors

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de sa bouche. Quant à ses bras, ils étaient démesurément grands : ils mesuraient bien trois mètres chacun, et les mains à leur extrémité étaient de la taille d'un Chocobo. L'enclos était tel un large pont de verdure. Au sud, le comptoir. Au Nord, la route vers les Mycorocs et Djosé, suite de Mi'ihen. A l'ouest, l'océan en contrebas de la falaise. Et à l'est, en contrebas, l'ancienne route abandonnée de Mi'ihen. Le terrible monstre, visiblement mécontent de se voir privé de repas, essayait de pousser les combattants vers l'ancienne route de Mi'ihen, désirant les faire chuter dix mètres plus bas. Le combat était rude, car les énormes et puissants bras de la bête paraient les attaques tout en repoussant la compagnie. Mais bientôt, ils trouvèrent le point faible du Chocobogre : il craignait le feu. Lulu fit donc bon usage de sa magie noire, faisant à son tour reculer le monstre. Et, alors que celui-ci s'apprêtait à prendre la fuite, coincé entre les Gardiens et le gouffre qui le ferait aller se fracasser sur les rochers en contrebas, sur la plage, Auron se mit à courir vers lui et lui porta un puissant coup. La terre sembla trembler sous les pieds de Tidus tant le choc entre l'épée et le montre avait été violent. Quelques instants plus tard, le Chocobogre n'était plus que furolucioles.

Rin et les Al Bheds vinrent les remercier d'avoir sauver les Chocobos, et leurs proposèrent d'en louer gratuitement. Yuna accepta avec joie, et ils reprirent la route à dos de Chocobo, c'est-à-dire très, très rapidement. Tidus et Yuna partageaient l'une des bêtes, Wakka et Lulu une autre, et enfin Auron et Kimahri étaient grimpés sur la dernière. Tidus appréciait vraiment ce moyen de transport à la fois amusant, reposant, drôle, et agréable : le soleil, très puissant ce jour-ci, les aurait considérablement gênés s'ils étaient repartis à pied, mais en l'occurrence, ils n'avaient même pas à s'en soucier.

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- VIIEpicfail

Les Chocobos permirent aux voyageurs d'atteindre l'entrée de la route des Mycorocs dès le lendemain, au petit matin. Ils laissèrent les Chocobos au nouveau comptoir de Rin qui se trouvait là, et découvrirent avec surprise que plus loin devant eux se trouvaient plusieurs centaines d'hommes, s'activant en tout hâte sur la route.

La plupart étaient armés, tous étaient en armure. Quelques Chevaliers Chocobo étaient également présents, les gros oiseaux eux-même portant une légère armure.

Il y avait là un petit tunnel, qui était en fait un vieux bâtiment en ruine sous lequel les voyageurs devaient passer pour arriver aux Mycorocs. Mais le chemin était gardé par des Bannisseurs. Dona et Barthello, l'Invokeur et son Gardien qui avaient jeté Tidus dans la Salle de l'Épreuve de Kilika, semblaient se disputer avec ces les gardes. “ Combien de fois faut-il vous le dire ? Je suis un Invokeur. ” “ Désolé, Madame. Pas d'exception ”, répondit catégoriquement le garde. “ Vous osez entraver le pèlerinage d'un Invokeur ? ” “ Désolé, Madame, pas d'exception ! ” insista l'autre. De rage, Dona se retira, emmenant Barthello avec elle. Au niveau du tunnel se trouvaient Luzzu et Gatta, les amis Bannisseurs de Yuna et ses Gardiens, ainsi que la charrette qu'ils avaient escortée. Yuna et ses Gardiens découvrirent avec horreur qu'un énorme monstre se trouvait à l'intérieur de cette dernière. “ C'est le dernier ”, dit un Bannisseur à l'arrivée des deux autres. Luzzu vit Tidus s'approcher et lui dit que bientôt, il aurait tout le temps de leur apprendre à jouer au Blitz : Sin serait battu en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire. Puis ils s'avancèrent par la route des Mycorocs avec leur charrette. Un capitaine Bannisseur s'en vint vers Yuna et ses amis, s'excusant pour la gêne occasionnée. Tidus leur demanda ce qu'était cette opération. “ Quoi, on ne vous a pas dit ? On amène des squames de Sin de tout Spira jusqu'ici. Les squames attirent inévitablement Sin, voyez-vous ? Nous allons l'attirer dans un piège. Cette mission, appelée Opération Mi'ihen, est réalisée grâce à une coopération Bannisseurs – Al Bheds. Nous autres Bannisseurs attirons Sin, tandis que les Al Bhed le mettent à bas. Les Al Bhed haïssent Sin au moins autant que nous, vous voyez ? Ils ont réussi à récupérer d'anciennes machines. Ils disent qu'elles sont aussi puissantes qu'une Chimère. Bon, bien sûr, les machines sont interdites par Yevon... de fait, tous les Bannisseurs participant à l'Opération Mi'ihen ont été excommuniés... Ma propre famille refuse de me parler, à présent. Alors, nous devons vaincre Sin, aujourd'hui.

Autrement, nous n'aurons plus nulle part où aller. ” L'Invokeur et ses Gardiens se jetèrent des regards inquiets. Ils n'allaient tout de même pas faire ça ? Comprenant qu'ils ne pourraient pas passer, les ordres des Bannisseurs étant stricts, la petite compagnie dépitée fit machine arrière. Alors qu'ils s'apprêtaient à reprendre la route de Mi'ihen, un visage familier apparut au loin, avec sa garde personnelle composée de deux Guados. Ces derniers portaient eux aussi des cheveux bleus, et leurs bras

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étaient si longs qu'on eut dit qu'ils traînaient à terre. “ Comme on se retrouve ! ” dit le jeune Maître Seymour lorsqu'il reconnut Yuna. “ Heu... ” bredouilla Yuna d'autant plus impressionnée que le Grand Maître se souvenait de son visage. “ Oui. ” “ Vous semblez ennuyée. Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire ? ” demandat-il.

“ Oh, eh bien... ” fit Yuna jetant un regard gêné aux Bannisseurs derrière elle. “ Je vois ”, fit Seymour. Lorsque le grand Maître s'approcha du capitaine, celui-ci le salua et lui proposa de l'amener au poste de commandement. “ Attendez ”, coupa Seymour. “ Je dois vous demander quelque chose. Il faut que vous laissiez passer l'Invokeur Yuna et ses Gardiens. ” “ Mais... ” bredouilla le Bannisseur. “ Ne vous en faites pas, j'en prends l'entière responsabilité. ” “ … Très bien. Ils peuvent passer. ” Le Maître se retourna vers Yuna et plongea son regard dans le sien. Gêné, l'Invokeur baissa les yeux.

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“ Voilà qui est fait ”, dit-il. Elle le remercia, s'inclinant et priant, continuant même cette cérémonie alors que Seymour s'en allait vers la route des Mycorocs. Jaloux comme jamais, Tidus murmura dans l'oreille de Wakka : “ Non mais pour qui il se prend ? ”. Son ami lui répondit qu'après tout, Seymour était Maître, et que Tidus ferait mieux de s'y habituer.

Plus loin devant, le paysage changeait radicalement. La verdure disparaissait au profit d'énormes rocs bien souvent infesté de champignons, d'où le nom, route des Mycorocs. Le sol était relativement accidenté et il était aisé de se prendre les pieds dans quelque bosse naturelle. Quelques Bannisseurs restaient là, en arrière, mais tous les autres se rendaient plus avant vers la plage de Djosé. Aussi, quelque chose ne plaisait pas du tout à Tidus à propos de cet endroit. Il ne voyait plus le ciel, qui était couvert d'épais nuages gris. Ce jour allait être sombre. Et ce Seymour... il semblait excessivement puissant. Si puissant qu'il en était avide de plus de pouvoir encore. Mais peut-être Tidus se trompait-il. Peut-être ses pensées étaient-elles le fruit de sa jalousie. Est-ce que Yuna pourrait aimer Seymour ? Les Bannisseurs saluaient le grand Maître à mesure qu'il avançait. Celui-ci les encourageait à l'aide de discours et de prières. “ Grands Bannisseurs de Spira ! Protecteurs de tout Spira !

Croyez en la voie que vous avez choisie ! Que votre foi soit votre force ! Moi, Seymour Guado, Maître de Yevon, je serai le témoin de vos action aujourd'hui ! ” Wakka, plus loin derrière, sursauta. “ Qu'est-ce que... pourquoi Maître Seymour supporte les Bannisseurs ? Ils utilisent des machines Al Bhedes ! Ils vont à l'encontre des Préceptes ! ” “ Même en allant à l'encontre des Préceptes, ils risquent leur vie pour le meilleur et pour le pire ”, dit Yuna. “ Wakka, je pense que c'est ainsi que raisonne Maître Seymour, lui aussi. ” “ … Lulu ? ” bredouilla-t-il cherchant un soutien. “ Hm... je ne peux être sûre de rien ”, répondit la sorcière. “ Demande-lui toi-même ”, dit Auron. Car effectivement, Seymour approchait. Il traversait la foule de Gardiens jusque Yuna, lorsqu'il s'arrêta en passant devant Auron. “ Oh ”, fit-il. “ Sire Auron. C'est un honneur. J'aimerais beaucoup que vous me racontiez ce que vous avez fait ces dix dernières années. ” Tidus sentit que les paroles du Maître dégageaient une sombre ironie ne visant qu'à blesser et à mettre Auron mal à l'aise. “ Je n'ai rien à dire là-dessus ”, répondit lentement ce dernier sans daigner regarder Seymour dans les yeux. Auron s'éloigna. “ Je... vois ”, fit Seymour. Puis se tournant vers Yuna : “ Sire Auron doit être un atout de taille, en tant que Gardien. ” “ Votre grâce ”, fit Yuna inclinant la tête, paniquée. “ S'il vous plaît ”, demanda Seymour. “ Oubliez ces formalités. ” “ Excusez-moi... ” commença Wakka. “ Maître Seymour... heu... pourquoi votre Seigneurie... est-elle présentement... heu... présente ici, Monsieur ? ” “ S'il vous plaît, parlez comme vous en avez l'habitude ”, demanda à nouveau le Maître. Inspirant profondément, Wakka se lança. “ Heu, cette opération ne va pas à l'encontre des Préceptes de Yevon ? Vous allez pas les arrêter ? ” “ J'admets qu'en tant que Maître, c'est ce que je devrais faire. Toutefois, les

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Bannisseurs comme les Al Bheds aspirent réellement à la paix sur Spira. Cette Opération Mi'ihen est née de ce vœu commun. Bien qu'il s'agisse d'un sacrilège pour Yevon, leurs intentions sont pures. Et moi, Seymour Guado, en tant qu'habitant que Spira – pas en tant que Maître de Yevon, je leur souhaite de réussir. ” “ Mais... utiliser des machines, c'est mal, non ? ” renchérit Wakka. “ Faites comme si vous ne les aviez pas vues ”, répondit simplement le Maître.

Outrés, tous lancèrent une expression de surprise. “ Je vous demande pardon ”, fit Wakka choqué, “ mais ce n'est pas le genre de choses qu'un Maître devrait dire. ” “ Alors, faites comme si je ne l'avais pas dit ”, dit simplement Seymour. “ Ce... c'est une blague ? ” bredouilla l'ancien capitaine des Aurochs. Seymour inclina poliment la tête vers Yuna et se retira, suivant la route des Mycorocs vers la plage. Depuis la toute première fois qu'il avait posé les yeux sur lui, Tidus n'aimait pas Seymour. D'un autre côté, la plupart des choses qu'il avait dites ce jour lui paraissaient sensées. Finalement, il ne savait plus que penser. Alors il ne pensait plus. Traversant la route des Mycorocs, Yuna et ses Gardiens croisèrent plusieurs dizaines de Bannisseurs qui s'occupaient de nourrir les troupes, entre autres. Mais la rencontre la plus surprenante qu'ils firent, demeure celle d'O'aka, tapi dans l'ombre. « L'empereur des marchands » s'était infiltré dans le dos des gardes, et vendait armes et remèdes de toute sorte aux soldats à un prix exorbitant, profitant du monopole. Après quelques minutes de marche encore, un Chevalier Chocobo s'arrêta devant eux. C'était Clasko, le timide jeune homme qui accompagnait Lucile la première fois qu'ils l'avaient rencontrée. Il leur annonça que Maître Seymour requérait la présence de Yuna au poste de commandement.

Ils étaient à deux pas du fameux poste, la tête pleine de questions, lorsqu'ils croisèrent Luzzu et Gatta. Visiblement, ils se disputaient : Luzzu avait ordonné à Gatta de ne pas aller combattre et de rester pour garder le poste de commandement, une décision que le jeune homme ne comprenait pas, désireux de se battre avec les autres. Il avait fait tout ce chemin depuis Besaid pour combattre Sin. Mais Luzzu ne voulait rien entendre. Après le départ de Gatta, nos amis s'entretinrent avec son chef. “ Ils vous ont laissé passer, à ce que je vois ? ” fit Luzzu étonné. Tidus, les bras croisés pour se réchauffer malgré ce vent froid, s'avança. “ Gatta mérite mieux ”, dit-il. “ Au moins il ne risque pas de se faire blesser ”, fit remarquer Wakka derrière lui. “ Pourquoi vous vous battez de toute façon ? Les « magnifiques » machines Al Bhedes ne suffisent-elles pas ? ” “ Ils ont besoin de temps pour les préparer ”, expliqua Luzzu. “ Nous allons retenir Sin dans la baie jusqu'à ce qu'ils aient terminé. ” Wakka voulait dire quelque chose, il n'en pouvait plus de cette histoire. Mais les mots ne venaient pas. Il grimaça de rage avec de grands gestes et grognements à la place, puis il se retourna, et croisa les bras en boudant. “ Wakka ”, dit le Bannisseur. “ Je n'aurai peut-être pas d'autre chance de te dire ça. C'est à propos de ton frère. ” Lulu sursauta et s'interposa. “ Luzzu, non ! ” “ Quoi ? ” demanda Wakka surpris. “ Ton frère... c'est moi qui l'ai convaincu de s'enrôler ”, répondit Luzzu en baissant

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les yeux. “ Je suis désolé. ” Wakka s'avança, les larmes aux yeux. Et sans qu'il ait eu le temps d'y réfléchir, son bras partit tout seul, son poing cognant contre la mâchoire de son ami. Tidus se jeta pour le retenir alors que Luzzu tombait à terre. Une fois calmé, Wakka dit en pleurant à moitié : “ Quand on jouait au Blitz ensemble, Chappu disait... il disait que... quand on aurait gagné la coupe... il demanderait Lulu en mariage. Puis un jour, il s'en va et devient Bannisseur. Comme ça. ” “ Chappu m'a aussi dit ”, répondit Luzzu en se relevant, “ qu'être avec sa petite amie, c'est bien... mais que garder Sin aussi loin que possible d'elle, c'était encore mieux. ” Des larmes coulaient sur les joues de Wakka, et Lulu se cachait derrière son épaisse mèche, pleurant sans doute elle aussi. “ Lu, tu savais ? ”, demanda Wakka. “ Luzzu me l'a dit avant qu'on parte ”, admit-elle. “ Elle m'a frappé, elle aussi ”, ajouta le Bannisseur en riant légèrement. La voix de Lucile qui faisait le tour des lieux à dos de Chocobo s'éleva : “ Tous les Bannisseurs sont attendus à leur poste ! ” Alors, Luzzu salua ses amis.

C'était à lui de jouer. Avant qu'il ne disparaisse, Wakka lança : “ Luzzu ! Ne t'avise pas à mourir, là-bas. ” “ Pour que tu puisses encore me frapper ? ” “ Oh que oui ”, répondit le Blitzeur en riant. “ Encore et encore ! ” Yuna quant à elle était éprise d'un soudain mauvais pressentiment. Elle tenta une dernière fois d'empêcher Luzzu de s'en aller. Mais Auron la prit par l'épaule “ Laissele partir. Cet homme a déjà choisi sa voie. Tout comme tu l'as fait quand tu es devenue Invokeur. ” Yuna troublée se retira, la tête baissée. Tidus ne comprenait pas encore, à l'époque, pourquoi ces mots avaient suffit à convaincre Yuna de laisser passer Luzzu. Un petit élévateur Al Bhed (ce qui fit pester Wakka) les emmena jusqu'au sommet de la falaise de roc qui surplombait la plage. Sur le côté de la falaise se trouvaient d'énormes canons et d'autres armes antiques, sur lesquels s'affairaient des Al Bheds. Wakka ne put s'empêcher de donner un grand coup de pied dans l'une de ces machines de métal. Lulu expliqua alors à Tidus surpris d'où venait cette profonde haine : “ Chappu... il a laissé l'épée donnée par Wakka à Besaid, et s'est battu avec une machine Al Bhede à la place. ” Tidus comprit alors l'immense valeur sentimentale qu'avait l'épée qu'il portait.

Tout était fin prêt pour la grande opération. Quand Sin sortirait de l'eau, des centaines de canons feraient feu, l'immobilisant suffisamment longtemps pour que la puissante machine Al Bhede sur la falaise nord achève le monstre. Sur la plage en contrebas, plusieurs centaines d'hommes étaient prêts, armés jusqu'aux dents. Les Chocobos étaient agités. Les dents tremblaient. Les gouttes de sueur tombaient. Il ne manquait plus qu'un signal, et tout commencerait. Ou tout finirait. On avait forcé toutes les squames de Sin, de tailles et de formes différentes, à entrer dans une énorme cage, que l'on avait ensuite soulevée grâce à une grue à quelques dizaines de mètres au-dessus du sable et des rochers. Wakka était persuadé que cela ne fonctionnerait pas, et persistait à penser que les machines ne devraient pas être utilisées : elles n'étaient pas interdites pour rien. Mais Yuna, elle, se disait que même si c'était sans doute une opération sans espoir, et que cela défiait les Préceptes de Yevon, les Bannisseurs et les Al Bheds faisaient de leur mieux pour vaincre Sin. Ils voulaient débarrasser Spira de Sin pour toujours. Et c'était exactement ce qu'eux

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voulaient également.

Le poste de commandement se situait juste au-dessus de la plage, sur la falaise.

De là, on voyait absolument tout. La mer en face, les canons sur les falaises de droite, et l'énorme machine antique sur celle de gauche. Sin serait encerclé. Gatta pestait de devoir surveiller les lieux, mais Auron lui dit que s'il voulait faire ses preuves, il lui fallait commencer par remplir les tâches qu'on lui assignait. Cela avait visiblement suffit à le calmer. Maître Seymour n'était pas le seul Maître de Yevon présent. Il y avait également Maître Kinoc. Un gros bonhomme, chauve, et l'air plutôt sympathique. Lorsque Kinoc reconnut Auron, il se leva surpris et se dirigea vers lui pour le prendre amicalement dans ses bras. “ Seymour m'avait dit que tu étais là, je me ne pensais pas qu'on se rencontrerait. ”, dit-il. “ C'est bon de te voir, Auron. Ça fait dix ans, c'est ça ? ” Wen Kinoc était l'un des quatre Maîtres de Yevon. Tidus en avait dores et déjà rencontré trois : Mika, Seymour, et Kinoc. Le dernier n'était autre que Kelk Ronso, qui évidemment est un semblable de Kimahri. Kinoc était à la tête des moines guerriers, et commandait également les Bannisseurs. Curieux, le vieil homme demanda naïvement à Auron où il avait été ces dix dernières années. “ Nous n'avons pas le temps de parler de ça, pour l'instant, je crois ”, répondit le Gardien. “ Ce plan ne fonctionnera pas, et tu le sais ”, fit Kinoc d'une voix cette fois exempte de toute bonhomie. “ Nous les laissons juste... rêver encore un peu. ” “ Quoi ?! ” fit Tidus révolté son cœur s'accélérant soudain. “ Seigneur Kinoc ? ” demanda Seymour. “ Oh, oui ”, répondit le vieil homme. “ Allez-y. ” L'opération allait commencer.

Tidus voulait hurler, hurler à ces hommes en bas de fuir, leur hurler qu'on se moquait d'eux. Mais il savait que ce serait totalement inutile. La détermination des Bannisseurs et des Al Bheds était inébranlable, surtout après les innombrables discours et la pression exercée par la présence de deux Maîtres de Yevon et d'un Invokeur de talent. “ Kinoc, un Maître... ? ” murmura Auron n'en croyant pas ses yeux. “ J'ai entendu, Auron ”, fit l'autre. “ Beaucoup de choses se sont déroulées en dix ans. Où étais-tu et pourquoi ? ” “ Je remplissais une promesse faite à un ami. Et je n'ai pas terminé. ” “ Dis-moi juste une chose : as-tu vu Zanarkand ? ” Auron ne répondit pas. Il souffla du nez avec mépris et se retira. Yuna était au bord de la falaise. Tidus à côté d'elle. Il ne la lâcherait pas d'une semelle. Ils ne se sentaient pas à leur place. Ils n'auraient jamais dû venir. Chacun était anxieux. Les troupes étaient prêtes. On n'attendait plus que la venue de Sin. Même Kimahri semblait inquiet. Lui aussi, restait près de Yuna.

Un capitaine Bannisseur leur expliqua que afin d'être sûrs que Sin viendrait chercher ses Squames, ils allaient encourager les monstres à l'appeler. “ C'est inutile. Il va venir. ”, coupa Auron sûr de lui. Dans sa tête, Tidus entendit à nouveau les mots de son ami : « Sin est Jecht ». La grande cage se mit à vibrer. On faisait visiblement mal aux Squames, en les électrocutant. Soudain, la cage explosa.

Surpris, les quelques centaines d'êtres présents sursautèrent. Six énormes squames s'était libérées sur la plage. L'une d'entre elles sauta sur la falaise, juste devant Tidus et Yuna. Les Gardiens accoururent. Le monstre était hideux : c'était un mille-patte géant muni de deux énormes bras cuirassés et d'une queue de scorpion. Ifrit, la Chimère de feu de Yuna, vint à bout du monstre en quelques minutes, aidée par les

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Gardiens.

Dans la baie, la mer s'agitait. D'énormes vagues surprenaient les combattants qui attendaient avec anxiété sur la plage. Surgissant soudain de l'eau, Sin était là, enveloppé d'une armure magique qui scintillait. Il était réellement énorme. Sa tête était similaire à celle d'une baleine, hormis fait qu'elle mesurait la taille d'une grande maison et qu'elle comportait quatorze yeux. Quant à son corps, il était large et long, et on eut dit qu'une petite ville était posée sur son dos. Sin avait également d'énormes bras, qui flottaient au-dessous de lui. Sa queue enfin était longue et souple, semblable à celle d'un poisson. Mais évidemment en beaucoup plus gros. Les cœurs cognaient à tout rompre. La tension n'avait jamais été telle. L'opération devait réussir. Soudain, une véritable pluie de projectiles vinrent exploser violemment sur Sin. Les canons détruisaient des morceaux de son épaisse carapace, qui devenaient des monstres divers en se détachant. Ces monstres nageaient jusque la plage afin d'attaquer. Les Bannisseurs ainsi que les quelques Chevaliers Chocobo présents lancèrent la charge, la peur au ventre.

Auron observait la scène avec attention. Plus particulièrement, il observait Sin. Son armure magique se dissipait, laissant apparaître la carcasse grisâtre en ellemême. “ A l'abri ! ” hurla-t-il. Une boule d'énergie apparut autour de Sin, menaçante.

La boule grossit, et grossit encore, si bien qu'elle atteignit la plage à une vitesse folle.

Et à l'instant où elle toucha le premier Bannisseur, celui-ci fut littéralement désintégré en une fraction de seconde. Son corps disparut, ne laissant qu'un tas de

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poussière qui vint se mêler au sable entaché de sang. En trois secondes à peine, plusieurs centaines de corps disparurent ainsi. Bannisseurs, Chocobos, personne ne fut épargné par cette mort horrible et instantanée.

La grue qui tenait la cage ayant explosé, le désordre était total sur la falaise. Yuna ouvrit les yeux avec difficulté. Tout était devenu si calme. Pourquoi n'y avait-il plus de bruit ? Elle n'y voyait rien. Autour d'elle, le monde n'était plus que cendre et fumée. Faisant appel à un sort de magie blanche pour chasser cette épaisse brume de la mort, elle scruta ce qui restait du poste de commandement. Auron était à sa gauche, debout. Plus loin, Seymour était aux prises avec l'énorme squame millepatte qu'ils avaient combattue plus tôt. Seul, à mains nues, il retenait les deux puissants bras du monstre. Mais où étaient les autres ? Tidus ? Lulu ? Wakka ?

Kimahri ?

Elle rejoignit Seymour avec Auron afin de l'aider. Le combat fut rapide. Les sortilèges que maîtrisaient Maître Seymour étaient d'une puissance inouïe, aussi bien dans le domaine des soins avec la magie blanche, que dans celui de l'offensive avec des sorts élémentaires dévastateurs. Lorsque la squame fut défaite, Yuna se mit à paniquer. “ Les autres ?! ” lança-t-elle désespérément à Auron. Elle se mit à courir vers le bord de la falaise. Sin était toujours là, et ce bouclier dévastateur qui détruisait tout sur son passage également, bien qu'il n'aille cependant plus jusque la plage à présent : il se contentait de protéger le monstre. L'énorme machine antique des Al Bhed était toujours debout sur la falaise à gauche du poste de commandement, et à l'intérieur, paniqués, les hommes avaient enfin fini de préparer le tir. Un rayon électrique d'une puissance incroyable quitta le gros canon et frappa le bouclier, le faisant reculer. Sin résistait, se concentrant pour repousser cette attaque, mais le bouclier continuait de se rétracter. Yuna qui voyait parfaitement la scène priait de toutes ses forces pour que cela fonctionne. Mais dans un ultime effort, Sin fit exploser le bouclier qui le protégeait, détruisant par la même occasion la machine Al Bhede, tuant tous ceux qui la manipulaient. La bataille était perdue.

Lorsque Tidus ouvrit les yeux, il était allongé au bas de la falaise, entre deux énormes rochers, sur la plage. Il releva la tête et vit Sin dans la mer, à environ deux cent mètres. Il vit Sin, et il ne vit rien d'autre. Il n'y avait plus personne. Tous étaient morts. Ne jonchaient plus sur la plage que quelques membres, et quelques dizaines de corps encore chauds, mais vides de vie. Tidus cherchait du regard quelqu'un, n'importe qui, qui serait encore en vie. Il vit alors Gatta, plié en deux, hurlant de colère. Il s'approcha de lui. Le jeune Bannisseur pleurait, tremblant de tous ses membres, criant “ Qu'est-ce qui se passe ?! Pourquoi ?! ” d'une voix frêle. A ses pieds, le corps sans vie de Luzzu, coupé en deux. Tidus n'avait jamais été aussi choqué de toute sa vie. Autant de morts, en quelques minutes ? En quelques secondes ? Comment pouvait-on être abominable à ce point ? Jecht... non. Les poings serrés, la gorge nouée, et tremblant de rage, il se retourna vers la mer. Sin faisait alors lentement demi-tour, repartant vers le large. Et sans réfléchir, sans savoir pourquoi, sans comprendre quelle force le poussait à agir, Tidus se lança à sa poursuite. “ Où est-ce que tu crois aller comme ça ?! ” hurla-t-il à s'en arracher la voix. Courant à toute vitesse, il plongea à la mer, nageant, encore, encore et encore, de toutes ses forces, au milieu des ruines antiques qui gisaient au fond de l'océan.

Ces villes détruites par Sin. Combien de vies avait-il pris ?

Il ne faisait plus que penser à Zanarkand. Et à son père. Il ne savait pas du tout ce

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qu'il faisait là, à poursuivre à la nage un monstre marin de la taille d'un village. Peutêtre était-ce la colère. Ou peut-être voulait-il rentrer chez lui. Pour le moment, il ne se posait pas même la question. Il était là, et c'était tout. Puis sa vision se troubla.

Ses paupières s'alourdirent. Et apparut devant lui une vision incroyable. Il y avait un grand arbre. Un arbre qui, bien que Tidus ne le savait pas, venait de la forêt de Macalania. Le ciel et les étoiles étaient floues et devant eux dansait à toute vitesse ce qui ressemblait à une aurore boréale. Sur le sol de glace, Tidus vit marcher les spectres, à moitié transparents, des Bannisseurs morts ce jour-là. Luzzu s'arrêta devant lui, et à sa vue, il baissa les yeux, l'air triste et désolé. Un seul de ces êtres n'était pas transparent. Un enfant. Dans une capuche mauve. Encore lui. Il vint se planter devant Tidus et tous les autres disparurent. Le fils de Jecht ne pouvait pas parler. Il ne pouvait pas bouger. C'était comme s'il n'avait plus de corps. Il vit simplement l'enfant faire « non » de la tête. Et lorsqu'il se retira, un ballon de Blitzball tournoyant sur lui-même prit sa place et vint frapper Tidus en pleine tête.

Puis la vision s'évanouit. Cette fois, il vit Zanarkand. Sa maison. Il se voyait enfant... à travers les yeux de Jecht. “ On dit que tu t'entraînes plus et que tu vas prendre ta retraite ”, disait Tidus. “ Hah ! ” répondait Jecht. “ Laisse les gens parler. Je suis toujours le meilleur. ” “ On dit que tu ne vaux plus rien parce que tu bois tout le temps. ” “ Je peux arrêter de boire quand bon me semble ! ” rétorquait son père. “ Alors fais-le ! ” “ Quoi ? Répète ? ” s'énervait Jecht. “ Tu viens de dire que tu peux le faire! ” se défendait Tidus. “ Heh. Demain. Peut-être. ” “ Pourquoi pas aujourd'hui ? ” “ Pourquoi faire aujourd'hui ce qu'on peut remettre à demain ? Oh, et voilà qu'il recommence à chialer. Vas-y, pleure, pleure. Tu sais rien faire d'autre. ” Tidus en était persuadé désormais. Il avait ressenti quelque chose de son père dans cette carapace horrible. Dans Sin. Quelque part... ou peut-être les toxines de Sin avaient-elles altéré son esprit. Lorsqu'il rouvrit les yeux, la mer l'avait déposé sur la plage de Djosé à nouveau. Il se redressa et resta là, assis à regarder Yuna plus loin qui dansait sur la plage au milieu des furolucioles, envoyant les âmes vers l'Au-Delà.

Combien de morts, ce jour ? Les gens mouraient, et Yuna dansait. Quand s'arrêteraitelle de danser ? Quand tout cela cesserait-il ? Yuna n'arrêterait pas de danser... pas avant que Sin ne soit parti. La voix d'Auron le sortit de ses pensées. “ Je vois que tu es toujours là ”, dit-il. Devant le regard interrogateur de Tidus, il ajouta, l'air plus fatigué que jamais : “ Beaucoup d'histoire ont pris fin, aujourd'hui.

Mais, la tienne continue, on dirait ” Sin était venu et reparti. Et lui était toujours là. Pourquoi ? Longeant la plage vers l'entrée de la route de Djosé en traînant des pieds, Tidus fut soulagé de découvrir que tous les Gardiens de Yuna avaient survécu. Auron se dirigea vers Maïtre Kinoc, son ancien ami qui avait bien changé. “ Une retraite bien rapide ”, fit-il remarquer. “ Satisfait ? ” “ Que veux-tu dire ? ” “ Ceux qui ont tourné le dos à Yevon ont péri, tandis que les croyants vivent encore. ”

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“ Hm... ces dix dernières années t'ont changé, à ce que je vois. ” Seymour pendant ce temps vint parler avec Yuna. Peut-être craignait-il qu'elle lui en veuille : après avoir vaincu la Squame, la jeune femme paniquée avait tenté sans succès d'invoquer une Chimère pour combattre Sin. “ Vous ne pouvez pas. Vos pouvoirs sont encore trop faibles ”, lui avait-il dit sèchement. “ Vous n'avez pas l'air bien ”, lui dit-il. “ Mais maintenant plus que jamais, vous devez incarner la force du peuple. Sa confiance. On attend de n'importe qui d'autre de montrer sa tristesse. Mais vous... vous êtes un Invokeur. Vous êtes l'espoir de Spira. Jusqu'à ce que Sin ait été vaincu, vous ne devez pas vous relâcher. Vous comprenez ? ” “ Oui, je comprends ”, répondit-elle gênée. “ Vous avez peur ? ” Il plongea son regard dans le sien, et poursuivit. “ Yuna.

Prenez-moi comme pilier de votre force. Tout comme Yunalesca avait le sien : le Seigneur Zaon. Mademoiselle Yuna, jusqu'à notre prochaine rencontre, adieu. ” Il se retira, laissant derrière lui une Yuna plus troublée que jamais, qui n'oublia pas pour autant de prier en direction du Maître qui s'éloignait.

Yuna et ses Gardiens étaient désormais seuls sur la plage. Les blessés étaient à l'entrée de la route de Djosé. Shelina, la jeune disciple qu'ils avaient croisé sur la route de Mi'ihen, s'occupait d'eux. Leurs blessures, bien souvent, étaient graves.

Membres perdus, artères sectionnées, abdomen perforé... mais le pire dans tout cela était le choc psychologique de voir amis et frères disparaître en un instant sans laisser de trace pour ne jamais revenir. Gatta ne se remettrait probablement jamais de la mort de Luzzu. Tandis que Wakka priait devant chaque corps qu'il croisait, Auron discutait avec Tidus. “ Sin est Jecht ”, dit-il. “ Ouais... ” admit Tidus. “ Pendant un moment, j'ai pu sentir sa présence. Mais ça ne veut pas dire que je te crois. ” “ Sin est Jecht ”, répéta Auron. “ Et il est venu ici pour toi. ” “ Alors il a tué tous ces gens pour avoir une chance de me voir ?! ” “ C'est ce que fait Sin. Il tue. Il voulait te le montrer. Sais-tu pourquoi ? ” “ Comment suis-je censé le savoir ? ” lança Tidus en colère. “ Pour que tu le tues ”, répondit le Gardien. “ Aussi longtemps qu'il sera Sin, Jecht continuera à tuer. Il veut que tu l'arrêtes. ” “ C'est une blague ? Et comment tu sais tout ça, de toute façon ? ” Auron rit légèrement et se mit à marcher vers Yuna. “ Hé ! J'ai pas fini de te parler, ne t'enfuis pas ! ”. Auron s'arrêta un instant sans se retourner. “ C'est toi qui t'enfuis ” Ils se mirent en marche, silencieux, vers la route de Djosé.

Ils croisèrent là O'aka. Le marchand s'était fait une petite fortune en vendant ses produits durant l'opération, mais il était réellement attristé que les choses aient tourné ainsi. Assis dans un coin, face à la mer, O'aka ne prononça pas un mot lorsque nos amis passèrent. Mais son expression montrait son soulagement de voir que l'Invokeur était saine et sauve. Il reversa la quasi-totalité de son argent et de ses potions de soin au Temple de Djosé où l'on emmenait les nombreux blessés.

La route de Djosé s'ouvrit enfin devant eux. Elle était toute droite, et relativement courte. Il ne leur faudrait que quelques heures pour en venir à bout. Les moines et autres disciples de Yevon s'affairaient sur la route à voyager entre la plage et le

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Temple de Djosé où l'on ramenait les survivants qui ne demandaient qu'à se repentir de leurs péchés et à se remettre sur le droit chemin, respectant à nouveau les Préceptes, ce que le prêtre du Temple de Djosé semblait accepter. Comment de toute façon pourrait-on refuser à ces gens traumatisés de se repentir ? Tidus traînait le pas, déprimé. Kimahri marchait à ses côtés. Plus loin devant, Yuna se retourna en souriant. “ Hé vous deux ! On se dépêche ! ” plaisanta-t-elle avant de se remettre à marcher. La jeune star de Blitz s'arrêta, imité par Kimahri. “ C'est dingue de savoir sourire même dans un tel moment ”, dit-il admiratif. Et contre toute attente, une grosse voix, très grave, qui semblait faire vibrer la gorge et la poitrine, lui répondit. “ Dans moments sombres, Yuna doit sourire. Yuna doit rayonner. ” Tidus sursauta.

C'était la première fois qu'il entendait la voix chaleureuse de Kimahri. “ C'est un moment sombre ”, reprit-il. “ Yuna faire de son mieux. ” “ On devrait l'aider alors. ” “ Si on s'inquiète, Yuna faire encore plus d'efforts. Ne fronce pas les sourcils. ” “ Je fais mon possible ” répondit Tidus. “ Kimahri essayer aussi. ” “ Souris, fais-moi voir ! ” Ses bras croisés, le Ronso tordit son visage de félin afin d'ouvrir la bouche, montrant ses crocs pointus. C'était plus effrayant qu'autre chose, mais Tidus était plutôt amusé. Au bout de la route de Djosé, le chemin se divisait en deux. A droite, le Temple de Djosé. A gauche, la route vers le fleuve appelé Moonflow. Tidus s'arrêta là et demanda à tout le monde s'ils étaient encore loin de Zanarkand. On lui répondit qu'il leur faudra encore traverser le Moonflow, passer par la cité de Guadosalam, venir à bout de la Plaine Foudroyée jusqu'au Temple de Macalania... en bref, au grand désarroi de Tidus, ils n'étaient pas arrivés du tout.

Yuna rit et les devança. “ Et avant tout, commençons par aller prier au Temple de Djosé ! ” lança-t-elle. “ On peut pas zapper tout ça et aller là-bas directement ? ” plaisanta Tidus. “ Je dois prier le Priant de chaque Temple si je veux acquérir l'Ultime Chimère. ” C'était en effet l'entraînement des Invokeurs. Yuna devait préparer son esprit et son corps afin d'être prête pour l'Invocation Finale. Tidus se disait que ce devait être dur, mais Yuna le rassura : “ Tout ira bien tant que tu seras là ” Et tout le monde prit la route du Temple. Auron restait en retrait, et il attira Tidus de son côté. “ Qu'est-ce que je peux faire pour toi, chef ? ”, demanda ce dernier. “ Ne dis pas à Yuna ce que tu sais sur Sin et Jecht. Tu la connais... elle prendrait ses distances vis-à-vis de toi. Nous n'avons pas besoin de ça. ” “ Je vois... je pense. Enfin, même si je disais quelque chose, personne me croirait. ” “ Yuna, si ”, répondit Auron sûr de lui. “ Ouais... Tu marques un point. A y repenser, est-ce que j'avais vraiment besoin de savoir pour Jecht ? Et les miens, de sentiments, t'en fais quoi ? ” “ Je préfère ça plutôt que de te voir le découvrir à un moment critique et voir ton côté émotionnel prendre le dessus. ” “ Quoi ? Moi, émotionnel ? ” se défendit Tidus. “ J'ai entendu dire que tu étais un jeune pleurnichard ”, plaisanta Auron.

Peut-être. Quand il était enfant, oui. Et... peut-être encore un peu aujourd'hui.

Juste un peu.

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- VIIIDisparitions, Shoopuf,et Al Bheds

A l'entrée du Temple, ils croisèrent un Chocobo à l'air triste, que caressaient Lucile, Elma, et Clasko. C'était le seul Chocobo à avoir survécu à l'opération. Les Chevaliers Chocobos n'étaient donc plus. Devant eux se dressait un énorme Mycoroc. Soudain le sol se mit à trembler férocement, et le roc explosa. La roche toutefois ne vola pas s'écraser au loin, elle gravita autour du Temple désormais visible, ne tenant en l'air que grâce à l'électricité statique qui émanait du bâtiment.

Le Mycoroc Foudroyant ne s'ouvrait que lorsqu'un Invokeur s'adressait au priant.

Quelqu'un était donc arrivé avant eux. Peut-être était-ce Dona ? Lorsqu'ils entrèrent dans le Temple, la porte de la salle de l'épreuve se refermait tout juste tandis que deux hommes et un enfant descendaient les marches. L'Invokeur portait le nom d'Isaaru. Il salua chaleureusement Yuna, lui présentant ses Gardiens, qui étaient en réalité ses frères : Maroda, et le petit Pacce. Isaaru était devenu Invokeur car il était passionné par Braska, le père de Yuna. Il était donc très honoré de la rencontrer. “ Vous devez porter en vous le talent de votre père... je suis certain que vous serez rapidement en mesure de nous débarrasser de Sin ” Puis après avoir discuté quelques minutes, Isaaru proposa amicalement de faire avec Yuna la course à celui qui vaincrait Sin le premier. La jeune femme accepta le défi.

Alors que lui et ses frères s'en allaient, le Gardien Maroda se retourna et avertit la garde de Yuna : “ J'ai entendu certaines rumeurs, ça pourrait vous être utile de le savoir : il semble que des Invokeurs partis en pèlerinage aient juste... disparu. Des monstres pourraient les avoir tués... mais autant d'Invokeurs en si peu de temps, cela m'étonnerait franchement. Désolé, nous n'en savons pas plus... mais soyez prudents ”. Les Gardiens de Yuna ne savaient pas bien que penser de cette rumeur.

Toujours était-il qu'il leur fallait pour le moment passer la salle de l'épreuve.

Ils eurent donc à résoudre une énigme complexe pour mener l'électricité à certains points précis à l'aide de sphères, dans le but de d'allumer entièrement un immense symbole de Yevon au sol. Ceci fait, un élévateur les mena à la Chambre du Priant. Yuna entra dans la salle sacrée tandis que ses Gardiens s'installaient dans ce que Tidus se plaisait à appeler « la salle d'attente ». Une petite heure plus tard, Dona et Barthello apparurent. L'Invokeur ne manque pas de se moquer une fois encore du « troupeau » de Gardiens qui accompagnait Yuna, mais Barthello, lui, resta bouche bée lorsqu'il aperçut Auron. Il vint se placer devant lui. “ Qu'est-ce qu'il y a Barthello, tu connais ce clochard ? ” demanda Dona que tout le monde ignorait. “ Vous êtes... Auron, non ? ” demanda le Gardien de Dona. “ Je peux vous serrer la main ? ” fit-il gonflant tout ses muscles et ayant l'air plus stupide que jamais. “ Auron... non... Sire Auron. Vous êtes la raison qui m'a poussée à devenir Gardien. ” Amusé, Auron tendit sa main gantée, que Barthello saisit et secoua frénétiquement.

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“ Merci, monsieur. Cela signifie beaucoup pour moi ” Outrés, Wakka et Lulu s'en prirent à Dona. Elle avait osé appeler le Gardien de Sire Braska « clochard », et elle se prétendait Invokeur ? Finalement, Barthello et Dona s'assirent dans un coin, le Gardien en admiration devant sa propre main jurant de ne plus jamais la laver. “ Touche-moi avec cette main et je te la coupe ”, lui répondit Dona désespérée.

Mais les tensions furent rapidement calmées, car l'Hymne du Priant résonnait dans la pièce. La voix de ce Priant était plus grave, ce qui donnait au chant un aspect plus paisible encore.

Une heure plus tard encore, la porte coulissa vers le haut, et Yuna sortit en titubant, s'appuyant sur Kimahri qui l'attendait là. Dona se moqua d'elle et l'attaqua de nouveau “ Tu dois beaucoup à ton père. Tous ces Gardiens, et Sire Auron en prime ? Et il paraît que Maître Seymour t'apprécie beaucoup. Le monde doit avoir l'air différent quand on est la fille de Lord Braska ” Yuna se défendit, répondant que cela n'avait rien à voir avec son père et qu'elle faisait son pèlerinage comme elle l'entendait. “ Tes Gardiens ne pourront pas te protéger, le moment venu ”, lança Dona avant d'entrer dans la Chambre.

La nouvelle Chimère de Yuna portait le nom d'Ixion. Elle était semblable à une licorne noire avec néanmoins certaines parties du corps qui étaient celles d'un mouton, et elle maîtrisait l'électricité. Elle serait sans doute un allié de taille. Le lendemain matin, tous les Gardiens attendaient Yuna à l'extérieur du Temple. Mais l'Invokeur dormait profondément dans une petite salle annexe, une disciple veillant sur elle. Yuna avait travaillé dur toute la nuit. Soignant les blessés, envoyant les défunts... Lorsqu'elle se réveilla, elle sortit en catastrophe du Temple et s'excusa mille fois, en particulier auprès de Auron. “ Rien ne presse, Yuna ”, rassura Lulu. “ Regarde, tes cheveux. ” “ Un Invokeur avec un épi ! ” lança Wakka. “ Où va le monde ? ” “ Vous auriez dû me réveiller ! ” dit Yuna. “ Eh bien, on t'a appelé... ” commença Lulu. “ Mais tu ronflais si fort que... ” “ Mais ! Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ? Tout le monde se moque de moi ! ” se plaignit Yuna. Tidus éclata de rire le premier, imité par tous les autres, même Auron, qui ajouta : “ Nous partirons quand Mademoiselle Yuna se sera coiffée ” Tidus n'avait pas ainsi ri depuis longtemps. Ce qu'il ne réalisa que plus tard, c'est qu'il était le seul à rire de bon cœur, ce jour-là. La route jusqu'au fleuve n'était pas bien longue. Quelques monstres relativement puissants s'y trouvaient, et Yuna et ses Gardiens gagnaient beaucoup en expérience à combattre toujours plus. D'autant que Auron était un excellent conseiller. Après quelques heures de marche, ils croisèrent deux grands Ronsos que Kimahri avait reconnus de loin. Biran et Yenke, ses deux semblables qui s'en étaient pris à lui à Luca durant le match d'ouverture du tournoi de Blitzball. Ils ne manquèrent pas de se moquer de lui. “ Sans-corne ! ” chantaientils en riant. “ Vous êtes venus insulter Kimahri ? ” demanda ce dernier. “ Non. Nous sommes venus prévenir petit Kimahri ”, rectifia Biran. “ Les Invokeurs disparaissent et ne reviennent jamais ”, dit Yenke “ Le prochain sera l'Invokeur de Kimahri ”, menaça l'autre. “ Pauvre Kimahri ! ” se moqua Yenke. “ Perdu sa corne, et il va perdre son Invokeur ! Kimahri fait pitié ! ” Puis les Ronsos se retirèrent, poursuivant leur route.

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Tidus curieux demanda à Kimahri ce que ces deux types avaient contre lui. “ Kimahri s'occuper d'eux ”, assura le Ronso. Tidus avait bien envie de l'y aider, mais les Ronsos réglaient leurs problèmes entre eux. C'était très important, dans leur culture. Wakka expliquait lui expliquait cela alors qu'ils avançaient lorsque Lulu éleva la voix. “ Je suis inquiète... ” “ Kimahri saura se débrouiller ”, répondit naïvement Wakka. “ Je veux dire que je m'inquiète au sujet de ces Invokeurs qui disparaissent. ” “ Hé, si on fait notre boulot, pas de problème, non ? ” lança Tidus enthousiaste. “ Confiant ! ” remarqua Lulu agréablement étonnée. En effet le jeune Gardien gagnait en confiance, tout en sachant rester très humble. Il apprenait beaucoup à observer ses camarades, et leur façon de penser.

Finalement, Tidus en tête, ils atteignirent en fin d'après-midi le fameux fleuve du Moonflow au bout de la route. Et quelle ne fut la surprise du jeune homme : c'était magnifique. A la surface du fleuve flottaient des nénuphars, sur lesquels se dressaient des fleurs aussi mauves que les lèvres de Lulu. Et au-dessus de ceux-ci planaient des dizaines et des dizaines de furolucioles. Yuna lui dit que d'après ce qu'elle avait entendu, des nuages de furolucioles se réunissaient ici à la tombée de la nuit. Et la rivière toute entière scintillait, comme une mer d'étoiles.

“ Vraiment... ? ” fit Tidus émerveillé à cette idée. “ Hé, j'ai une idée ! ” “ On n'attendra pas la tombée de la nuit ”, coupa Auron. Tidus déçu ne lâcherait pas tout à fait l'affaire pour autant : “ Alors une fois qu'on aura battu Sin, on reviendra ! ” Il s'attendait à voir des sourires enthousiastes sur les visages, mais il n'en était rien. Au contraire, certains baissèrent la tête en silence. Seule Yuna sembla réagir positivement. Un long silence http://dantesparda62novels.free.fr/

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s'installa alors. Troublant. Inquiétant. Gênant. Wakka le brisa en posant sa main sur l'épaule de Tidus : “ Allez, on ferait mieux de se grouiller si on veut pas manquer le shoopuf ! ” “ Shoopuf ? C'est un genre de bateau ? ” demanda Tidus. Wakka le prit par le bras et lui montra le shoopuf, plus loin en longeant la rive. Mais le jeune homme ne voyait pas bien clairement d'ici. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant une sorte d'éléphant géant dont la trompe était enroulée sur elle-même, et dont les oreilles n'étaient pas démesurément grandes. “ Ouah ! C'est quoi ça ?! Trop cool ! ” lança Tidus. Wakka lui annonça que cette bête, c'était un shoopuf. Pressé, le jeune homme s'agitait dans tous les sens, exprimant son impatience de grimper sur la bête.

Une sorte de cabine avait été installée sur le dos du shoopuf, et les voyageurs grimpaient jusque là grâce à une grue. Oui une grue. Une machine. Néanmoins, cette machine-là avait été autorisée par Yevon, alors personne n'était choqué. Ils attendirent leur tour, flânant dans la station, risquant à chaque instant de tomber sur quelque vendeur peu scrupuleux prêt à leur vendre n'importe quoi à n'importe quel prix. D'ailleurs, O'aka rôdait. Yuna raconta à Tidus qu'elle n'était pas montée sur un shoopuf depuis bien longtemps. Cela remontait à dix ans. “ Tu te souviens, Kimahri ? ” “ Shoopuf a bougé ”, dit le Ronso. “ Yuna tombée dans l'eau. Shoopuf a récupéré Yuna avec long nez. Yuna sauté trois fois pour rire. Kimahri était inquiet. ” “ Oups... ” “ Mais Yuna s'est amusée. Kimahri heureux. ” Puis Tidus alla voir Auron, qui lui raconta que dix ans plus tôt, Jecht avait vu un shoopuf pour la première fois, ici même. Surpris, il avait dégainé son épée et l'avait attaqué. Les yeux ronds, Tidus demanda pourquoi. “ Il était ivre. Il a cru que c'était un monstre. Nous avons donné tout l'argent que nous avions en dédommagement.

Jecht n'a plus jamais bu. En tout cas, on dirait bien que c'est toujours le même shoopuf ”

Tidus aperçut au loin un Chocobo, avec Lucile, Elma et Clasko qui se dirigeaient vers le nord afin de trouver de nouvelles montures. Visiblement, le pilote du shoopuf, un maigre petit bonhomme, tout bleu qui prononçait ses « S » « Ch », refusait de laisser monter le Chocobo à bord. Ils auraient donc à trouver une autre route. “ Quand on veut, on peut ”, avait dit le Capitaine Lucile à un Clasko ahuri de devoir faire un tel détour. Cette phrase marqua Tidus. Il ne le savait pas encore, mais

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il n'aurait jamais plus l'occasion de revoir Lucil et Elma. Ils embarquèrent bientôt tous ensemble, l'Invokeur et ses Gardiens lentement portés par l'énorme shoopuf, conduit par l'Hypello assis sur sa tête .Pour la petite histoire, il y avait beaucoup de chose que l'on ne savait pas à propos des shoopufs. Par exemple, que mangeait-il ? Il ne mangeait rien ! L'eau qu'il avalait par la trompe semblait suffire à leur taille considérable. Certains pensaient qu'il se nourrissait d'organismes microscopiques qui vivaient dans l'eau. Quant au petit bonhomme tout bleu qui le pilotait, c'était un Hypello. Les Hypellos étaient un peuple qui vivait sous les eaux. Ils étaient lents, sur la terre ferme, mais dans l'eau, ils étaient rapides comme des poissons. Ils feraient a priori d'admirables joueurs de Blitzball, mais leur paresse les prévenaient de toute activité physique intensive.

Le fleuve du Moonflow était relativement large, et la traversée durerait approximativement vingt minutes. Tidus somnolait, profitant du soleil qui déjà commençait à se coucher, quand Wakka l'interpela. Il lui montrait la surface de l'eau.

Se levant pour se pencher par-dessus bord, le jeune homme sursauta. Une cité toute entière se trouvait sous leurs pieds. Une cité immergée. Elle devait avoir coulé bien longtemps auparavant. Wakka lui expliqua que c'était une ville-machine vieille de plus de mille ans. Elle avait été construite sur des ponts qui traversaient la rivière.

Mais le poids de la cité avait causé l'effondrement des ponts, emportant le tout au fond des eaux. “ C'est une bonne leçon. ” “ Une leçon ? ” demanda Tidus surpris. “ Ouais. Pourquoi construire une ville sur une rivière, hein ? ” “ Hm... bah, ça devait être pratique, toute cette eau ”, défendit le jeune homme de Zanarkand. “ Non, c'est pas pour ça ”, corrigea Wakka. “ Ils voulaient juste prouver qu'ils pouvaient défier les lois de la nature ! ” “ Hm... je n'en suis vraiment pas sûr ” Mais Wakka renchérit, expliquant que Yevon leur avait appris que quand les humains avaient le pouvoir, ils cherchaient à l'utiliser. Et que si on ne les arrêtait pas, ils allaient trop loin. “ Ouais, mais... vous aussi vous utilisez des machines ”, fit remarquer Tidus. “ Au stade notamment, ou encore pour cette grue toute à l'heure. ” “ C'est Yevon qui décide quelles machines nous pouvons utiliser, et lesquelles nous ne pouvons pas ”, répondit Lulu. “ Et quel genre de machine ne sommes-nous pas censés utiliser, alors ? ” “ Tu te vois l'Opération Mi'ihen ? Ce genre-là ”, répondit sombrement Wakka. “ Ou la guerre fera rage, à nouveau ”, renchérit Lulu. Surpris, Tidus répéta le mot. Ce fut au tour de Yuna de prendre la parole, et d'expliquer que plus de mille ans auparavant, l'humanité s'était engagée dans une guerre, se servant de machines pour tuer. Ils construisaient des machines toujours plus dangereuses. Des armes si puissantes qu'elles auraient pu détruire le monde entier.

Les gens craignaient la destruction de Spira. Mais la guerre ne s'était pas arrêtée pour autant. “ C'est alors que Sin arriva, et détruisit les villes et leurs machines. La guerre prit fin, et notre récompense, c'était Sin ”. Ce monstre était leur punition pour avoir laissé les choses déraper. Et Tidus trouvait cette punition démesurée. De plus, il ne pouvait se retirer son idée de la tête : les machines n'avaient pas que de mauvais côtés. Tout dépendait de qui les utilisait.

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Il fut interrompu lorsque le shoopuf manqua de tomber à la grande surprise de tout le monde. Quelque chose venait de l'attaquer, sous l'eau. “ Qu'eche que cha pourrait être ?! ” paniqua l'Hypello. A nouveau, le shoopuf trembla, et l'Invokeur et ses Gardiens se levèrent brusquement de leurs sièges. “ Reste assise ! ” demanda Auron à Yuna. Mais il était trop tard. Un Al Bhed sorti de nulle part, attrapa Yuna par le col, et la tira en arrière, la faisant tomber du shoopuf. Une seconde plus tard, Tidus et Wakka se jetaient à l'eau. Au milieu des ruines de cette ancienne citée, Yuna était enfermée dans une énorme machine Al Bhede. Les deux Gardiens se lancèrent à l'attaque, esquivant les coups de l'engin, et le frappant quand l'occasion s'en présentait. Wakka fit signe à Tidus qu'il allait faire diversion. Comprenant, le jeune homme passa derrière la machine Al Bhede et trouva un panneau qui semblait vital au bon fonctionnement de l'engin. Il y planta son épée, et le robot se figea sur place, coulant lentement vers le fond des eaux, entre deux immeubles en ruine. Ils sortirent Yuna de là et virent la machine Al Bhede exploser au-dessous d'eux quelques secondes plus tard.

On fit asseoir Yuna après que les shoopuf ait remis les trois amis sur son dos, lui demandant si elle allait bien. Elle semblait sous le choc, mais elle était saine et sauve.

Après quelques minutes, l'Hypello qui s'impatientait demanda : “ Eche que tout le monde est prêt ? “ Yuna s'apercevant qu'on l'attendait se leva d'un bond et s'excusa, répondant qu'il pouvait repartir. Auron la gronda de s'être relevée, et surprise, l'Invokeur se rassit tout de suite. Le groupe d'amis passa le reste de la traversée du Moonflow à se demander ce que voulaient les Al Bheds. Wakka ne manqua pas de les insulter de “ foutus macaques qui n'ont rien dans le crâne ” et se demanda si cela avait un rapport avec le fait qu'ils avaient perdu le coupe de Blitzball, ou encore avec l'Opération Mi'ihen qui avait échoué. “ Je me demande... ” commença Lulu, “ peut-être que ce sont les Al Bheds qui ont fait disparaître tous ces Invokeurs. ” “ Ce serait encore un de leurs sales coups ?! ” reprit Wakka de plus belle se lançant à nouveau dans un plaidoyer anti-Al Bhed. Lulu et Yuna, gênées au vu des origines de cette dernière, baissèrent la tête. Tidus intervint, assurant à Wakka qu'il était inutile de se plaindre du comportement des Al Bhed, et qu'il leur suffisait de surveiller Yuna pour l'instant. Cela suffit à faire taire son ami, et l'Invokeur, assise en face de Tidus, murmura “ merci ” Heureux de devenir chaque jour un Gardien un peu plus efficace, le jeune homme venu de Zanarkand mit pied à terre sur la rive nord du Moonflow et découvrit un petit centre similaire à celui de la rive sud. Ils allaient à présent devoir longer le rivage jusqu'à une petite forêt, dont le sentier les mènerait droit à la ville des Guados : Guadosalam. Mais pour l'heure il fallait lutter contre un groupe d'une dizaine de personnes qui entouraient Yuna, la félicitant, la saluant, et lui offrant des présents dont elle n'aurait sans doute jamais l'utilité. S'aventurant seul plus avant, Tidus croisa de nombreux Guados, leurs cheveux tantôt verts, tantôt bleus, et leurs bras démesurément longs qui leur arrivaient sous les genoux. Ces Guados sentaient la présence de Yuna qui réchauffait le cœur des gens alentours. Ils demandèrent à Tidus s'il comptait rendre visite à quelqu'un dans l'Au-Delà une fois arrivé à Guadosalam, et celui-ci troublé répondit qu'il verrait bien une fois sur place, bien que ne comprenant pas tout à fait le sens de la question.

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Il s'éloigna encore un peu de la plate-forme d'embarcation du shoopuf, longeant la rive. Surpris, il vit alors une forme rouge au sol à quelques mètres devant lui. Se préparant à dégainer son épée, s'imaginant qu'il s'agissait d'un monstre, il eut la surprise de s'apercevoir qu'il s'agissait d'un être humain dans une combinaison de plongée, qui s'était visiblement échoué sur la rive, rejeté par le Moonflow. Il s'approcha, méfiant. “ Tu n'es... pas mort ? ” La jeune Al Bhede se releva soudainement, pleine d'énergie. Elle retira sa combinaison trempée, son casque, et ses lunettes de plongée, avant de dire “ J'ai bien cru que j'allais y passer, làdessous ! ” “ Rikku ?! C'est bien toi ? ” lança Tidus bouche bée et heureux d'avoir retrouvé la jeune fille. “ Tu vas bien ? Qu'est-ce que tu deviens ?! ” Rikku portait un pull orange, et un court short vert. Ses yeux bleus étaient toujours aussi étranges. Des yeux Al Bheds, en somme. La jeune fille, du haut de ses quinze ans, ne répondit pas à Tidus et tomba au sol, à quatre pattes, crachant de l'eau. Enfin, elle lança “ très mal ”. “ Ouais, t'as pas l'air d'aller bien ”, remarqua naïvement Tidus se penchant vers elle. “ Qu'est-ce qui s'est passé ? ” “ Tu m'as fichu une raclée, ça te revient ? ” rétorqua-t-elle furieuse. “ Hm ? Oh ! Cette machine ? C'était toi ? ” “ Ça fait vraiment mal, tu sais ? T'es pas sympa ! ” répondit Rikku après s'être relevée. “ Hé, attends, tu nous as attaqués ! ” “ Nah, ça n'est pas exactement ce que tu crois. ” Une voix chaleureuse les interpela derrière Tidus. C'était Wakka, et tous les autres, qui arrivaient. “ Une amie ? ” demanda l'ex-Blitzeur à Tidus. “ Euh... on peut dire ça ”, répondit Tidus gêné. “ Ravie de vous rencontrer ! ” lança la jeune fille enjouée. “ Moi c'est Rikku ! ” “ Yuna, Lulu, je vous ai parlé d'elle, vous vous souvenez ? ” rappela Tidus. “ C'est elle qui m'a aidé avant que je me retrouve à Besaid ! C'est un Al B... beh... héhé. ” Par chance, Wakka n'avait visiblement pas fait attention et dit : “ Oh, donc tu lui dois la vie en quelque sorte ! Quelle chance de se rencontrer dans un endroit pareil !

Loué soit Yevon ! ” Et de prier généreusement en direction de Rikku. Il lui demanda ensuite si elle allait bien, mais la voix de Lulu l'interrompit, puis celle de Yuna. “ Il y a quelque chose dont nous devons parler ”, avec Rikku. Cette dernière se joignit aux deux autres, et lança enthousiaste : “ Seulement pour les filles ! Les garçons, on s'éloigne ! ” Elles discutèrent ainsi en messe basse quelques minutes durant. Tidus devinait parfaitement les sujets qui étaient évoqués. Wakka était un anti-Al Bhed, et il faudrait donc veiller à ne pas dévoiler les origines de Rikku. Et sans doute Yuna avait-elle demandé à Rikku si elle connaissait son oncle Cid. Il ne le comprit que plus tard, mais à ce moment, Rikku et Yuna découvrirent qu'elles étaient cousines : Cid était le père de Rikku. Et Tidus n'était pas au bout de ses surprises. “ Sire Auron ? ” demanda Yuna après avoir rejoint les autres. “ Je voudrais que Rikku devienne l'un de mes Gardiens. ” Auron, qui faisait bien deux têtes de plus que la jeune Al Bhede, s'approcha d'elle et l'observa scrupuleusement. Intimidée, Rikku baissa la tête. “ Montre-moi ton visage. Regarde-moi. Et ouvre les yeux ”, demanda le légendaire Gardien avec autorité. La jeune fille ouvrit d'abord une paupière, puis l'autre. Elle savait que Auron démasquerait ses origines en voyant cette étrange

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lueur dans ses yeux. “ Comme je le pensais ”, dit le Gardien. “ Hm... je suis recalée ? ” demanda timidement Rikku. “ Tu es sûre de ton choix ? ” “ A cent pour-cent ! Alors heu... je peux ? ” “ Si c'est ce que veut Yuna. ” “ Oui, c'est ce que je veux ! ” assura l'Invokeur.

Tidus assura à Wakka qui avait l'air pensif que Rikku était une fille bien, et qu'elle l'avait vraiment aidé. Après quelques secondes, son ami annonça qu'il était pour. “ Plus on est de fous, plus on rit ! ” “ Ça tombe bien, en matière de folie je m'y connais ! ” plaisanta la jeune Al Bhede... ou peut-être ne plaisantait-elle pas. “ Rikku, à votre service ! ” Le plus étrange reste que malgré toute la haine que Wakka éprouvait envers les Al Bheds... jamais il ne réaliserait de lui-même que Rikku en était une.

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- IX La volontédu défunt

La nuit venait de tomber lorsque l'Invokeur et ses six Gardiens atteignirent enfin l'entrée de Guadosalam. Surpris, Tidus découvrit une sorte de tronc d'arbre géant, creusé, dans lequel une route descendait vers une ville très étrange. Des lumières verdâtres luisaient sous leurs pieds, dans ce qui ressemblait à de l'ambre. Des racines d'arbres étaient entortillées un peu partout dans la ville, et les maisons de terre étaient couvertes de petites branches. La ville se situait sous la terre, et quelques torches éclairaient le chemin, des flammes bleues et vertes dansant éternellement à leur sommet. Guadosalam était un véritable labyrinthe, car il fallait marcher le long des énormes racines qui se dirigeaient en tout sens. Et ces racines pouvaient se montrer capricieuses. Il arrivait qu'un jour, sans raison apparente, elles se déplacent et ne mènent plus du tout au même endroit. C'était aussi une ville entourée de mystère, car c'est là que se trouvait l'incroyable Au-Delà dont nous aurons l'occasion de reparler. Un vieux Guado, ses cheveux et sa barbe verts assortie à la veste qu'il portait, s'approcha d'eux. Cet individu dénommé Tromell était l'un des principaux serviteurs de Seymour, le Maître de Yevon mi-humain, mi-Guado, dont le père Jyscal avait longtemps auparavant contribué au rapprochement des deux espèces.

Trommel vint à leur rencontre et dit : “ Nous vous attendions, Mademoiselle Yuna. Bienvenue à Guadosalam. Par-ici Mademoiselle. Suivez-moi ” Il voulut prendre l'Invokeur par le bras mais Wakka l'en empêcha, surpris par la vitesse à laquelle cet inconnu voulait l'emmener. S'excusant, Tromell se présenta et expliqua que le

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Seigneur Seymour avait à discuter d'une affaire très importante avec Yuna. Il les invita donc à se rendre au manoir où tout leur serait expliqué. Ils s'exécutèrent, curieux. Traversant tranquillement la ville en direction du nord, vers la plus vaste et somptueuse construction qu'était la demeure du Maître, Auron agacé les incitait à presser le pas : ils n'avaient pas de temps à perdre et Yuna avait besoin de repos.

Le gigantesque manoir était similaire à l'extérieur de Guadosalam. Les murs couverts de racines grimpaient à cinq ou six mètres au-dessus des pèlerins, dans le hall. Deux escaliers circulaires, symétriques, menaient à l'étage supérieur sur un balcon duquel on pouvait voir tout le grand hall. Sur les murs de l'escalier, des portraits, visiblement affichés à l'aide de furolucioles, tout comme les écrans de Luca retransmettaient les matchs de Blitzball. Sur ces grandes affiches, des Guados tous très ressemblants. Tous sauf Seymour dont le portrait était également affiché : sa mère étant humaine, il ne ressemblait pas à ses prédécesseurs.

On leur demanda d'attendre, et chacun prit sa place. Une délicieuse odeur semblait émaner des profondeurs du manoir, et Rikku se demandait déjà ce que cela pouvait être, rêveuse. “ Kimahri pas aimer Maître Seymour ”, dit le Ronso à haute voix. Yuna surprise et honteuse sursauta, murmurant « Ssshh ! » en mettant le doigt devant la bouche afin de le faire taire. Impatient, Tidus se mit à faire les cent pas. C'est alors qu'enfin, une porte s'ouvrit, laissant reparaître Tromell qui les invita à la suivre. Au bout d'un interminable couloir, le serviteur Guado ouvrit une nouvelle porte qui donnait sur une salle de réception. L'endroit était vaste et accueillant. Sur une table ronde munie d'une sublime nappe blanche, des centaines et des centaines de fruits étaient disposés autour d'un énorme bouquet de fleurs. Lulu qui était restée près de Tidus lui expliqua qu'il était inhabituel pour un Invokeur de rester à Guadosalam, car il n'y avait pas de Temple à cet endroit. Généralement, ils ne faisaient que traverser la ville et continuer leur route. Surpris, Tidus lui fit remarquer qu'elle lui expliquait les choses avant même qu'il n'ait posé de question. “ Tu préfères que je ne dise rien, peut-être ? ” répliqua Lulu. “ Non ! C'est pas ça ! Simplement... peut-être que tu as fini par me croire, et que tu pars du principe que je ne sais rien à propos de Spira. Et peut-être que tu me crois pour Zanarkand, aussi ? ” “ Hé bien... il y a bien des choses que je ne sais pas. Ta Zanarkand en fait partie. Je suppose que je ne peux pas donner d'opinion sur le sujet. Mais sois prudent. Évite d'en parler aux autres gens. ” Tout le monde attendait patiemment, sentant bien que Seymour ne les avait pas simplement invités à dîner. Tandis que Rikku s'en donnait à cœur joie, dégustant tout ce qui lui tombait sous la main sous le regard ahuri de ses amis, Auron semblait troublé. Peut-être même mal à l'aise. Tidus s'approcha de lui, remarquant bien que quelque chose n'allait pas. “ Reste sur tes gardes ”, dit-il au jeune homme. “ Pourquoi ? Ce type est juste un prêtre, non ? ” “ Ceux qui ont du pouvoir utilisent ce pouvoir ”, rappela Auron. “ Les Maîtres ont du pouvoir. Énormément de pouvoir. ” “ Attends voir... tu n'aurais pas quelque chose contre Yevon ? ” “ J'ai vécu longtemps à Zanarkand ”, répondit le légendaire Gardien après avoir émis un petit rictus.

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Yuna était très inquiète, l'estomac noué, elle tremblait de tous ses membres. Que voulait Seymour ? Le temps leur semblait long, interminablement long. Tidus commençait à s'intéresser à d'étranges boules accrochées au plafond, qui semblaient dégager une énergie magique incompréhensible et attirante, quand enfin Tromell reparut. “ C'est vraiment bon d'avoir de nouveau des invités. Depuis le décès du Seigneur Jyscal, ces grandes pièces sont bien trop calmes... ” Yuna répondit poliment que la mort de Jyscal avait été une grande perte pour tout Spira. “ Une réelle perte pour nous tous, en effet ”, reprit Tromell. “ Mais maintenant, le Seigneur Seymour, notre nouveau leader, représente un espoir considérable. Il sera le lien qui nouera nos deux races. Mais pas seulement, selon moi. Le Seigneur Seymour deviendra sûrement l'étoile brillante illuminant le chemin de tous les peuples de Spira ! ” Une voix l'arrêta dans son discours. “ Il suffit, Tromell. Dois-je passer mon temps à subir de tels éloges ? ” “ Maître Seymour ”, salua le serviteur Guado en s'inclinant. Le leader Guado pria vers ses invités et leur souhaita la bienvenue. “ Seigneur Seymour ”, commença timidement Yuna. “ Vous vouliez me voir ? ” “ Je vous en prie, faites comme chez vous, le temps ne presse pas ”, répondit le Maître de Yevon. “ Réglons cela vite, s'il-vous-plaît ”, coupa Auron. “ Le pèlerinage de Yuna n'attend pas. ” “ Pardonnez-moi ”, répondit Seymour en s'inclinant poliment. “ Je n'ai pas eu d'invités depuis bien longtemps. Mademoiselle Yuna, approchez. ” Instinctivement, les Gardiens la suivirent jusqu'au luxueux tapis vert sur lequel se tenait Seymour.

C'est alors que les boules magiques au-dessus d'eux se mirent à bouger, et bientôt la salle de réception du manoir disparut. Tout était noir autour d'eux. Des points brillants apparurent au sein de ce noir complet. C'était l'espace, les étoiles. Bouche bée, les pèlerins observaient la scène les yeux grands ouverts. Voyageant à travers les planètes, le monde qui les entourait zoomant bientôt sur l'une d'entre elles.

Et ils se retrouvèrent dans une gigantesque ville. Une ville magnifique, brillant de mille feux, traversée par un sublime arc aquatique, au milieu d'immenses immeubles sur lesquels de longues cascades coulaient indéfiniment. Un énorme stade de Blitzball se trouvait également là, au loin. “ Cette sphère est une reconstruction parfaite d'une ville antique, à partir de souvenirs des morts se trouvant dans l'Au-Delà ” expliqua Seymour. “ Zanarkand ?! ” lança Tidus sans réfléchir, surpris et ému, revoyant défiler devant ses yeux tous ces lieux, ces gens, cette ambiance qui lui manquaient tant. “ C'est exact ”, confirma Seymour. “ Zanarkand, telle qu'elle était il y a mille ans. ” A cet instant, tout le monde comprit que Tidus ne mentait pas sur ses origines. Lulu ne le quittait plus des yeux, songeuse. Seymour, qui se trouvait juste derrière Yuna, presque collé à elle, continua. “ La grande et sublime ville-machine, Zanarkand. Là où elle vivait autrefois. ” “ « Elle » ? ” demanda Yuna. Auron qui avait très bien compris souffla du nez avec mépris.

Leur voyage les mena dans un appartement de la ville antique. Une chambre, magnifique, munie d'un grand lit sur lequel était assise une femme. Cette femme, Tidus l'avait déjà vue : elle avait sa propre statue dans les Temples. Elle était plutôt jolie, ses longs cheveux blancs descendant jusqu'au-dessous du bassin. Elle semblait

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également plutôt triste. “ Dame Yunalesca ! ” reconnut Yuna. “ Elle a été la première personne à vaincre Sin, et à sauver le monde de ses ravages ”, raconta Seymour. “ Et vous avez hérité de son nom. ” “ C'est mon père qui m'a nommée. ” “ Le Seigneur Braska a placé sa confiance en vous, et une lourde tâche vous accable de ce fait. Il voulait que vous affrontiez Sin, tout comme Dame Yunalesca l'a fait, autrefois. Toutefois, Dame Yunalesca n'a pas sauvé le monde à elle seule. Pour vaincre l'invincible Sin, il fallut un puissant lien d'amour – du genre de ceux qui lient deux cœurs pour l'éternité. ” Un homme, lui aussi magnifique, et bizarrement vêtu, entra dans la pièce. Le fantôme passa au travers de Yuna comme si elle n'existait pas, et prit Dame Yunalesca dans ses bras, ravivant son sourire et sa joie. Tidus vit alors Seymour se pencher vers Yuna afin de murmurer quelques mots à son oreille. Celleci visiblement choquée porta la main à sa bouche afin d'étouffer une exclamation de surprise. Seymour se retira, et soudain, Yuna ne souriait plus.

La sphère qui avait créé ce monde artificiel se désactiva, et tous se retrouvèrent de nouveau dans la salle de réception du manoir du leader Guado. La jeune Invokeur tournait en rond, et elle se rua sur le premier verre d'eau qu'elle trouva, l'ingurgitant cul-sec. Ses Gardiens accoururent, et elle se tourna vers eux. “ Wouaw, ton visage est écarlate ! ” fit remarquer Rikku amusée. Yuna essayait de parler, mais sa voix tremblait tellement que ses amis ne comprenaient pas ce qu'elle disait. Après un effort considérable, elle parvint à dire : “ Il... il... m'a demandé de l'épouser ! ” “ Sérieusement ?! ” fit Tidus. Jusqu'alors indécis, le jeune homme se mit à haïr Seymour. Il lui semblait qu'il brûlait de l'intérieur. Oui, il brûlait de jalousie.

Cherchant quelque chose à dire, il se tourna vers le grand Maître et lança “ Hé ! ”.

Mais rien d'autre ne vint. Auron parla pour lui. “ Vous savez ce que Yuna doit faire ” “ Bien sûr ”, répondit calmement Seymour. “ Yuna... non, tous les Invokeurs... sont chargés d'amener la paix sur Spira. Mais cela implique plus que de simplement défaire Sin. Elle doit apaiser les maux de tout Spira. Elle doit être une personnalité importante pour le peuple. Je propose cette union à Mademoiselle Yuna en tant que Maître de Yevon. ” “ Spira n'est pas un théâtre ”, rétorqua froidement Auron s'approchant de Seymour pour se mettre à son niveau. “ Un moment de diversion amuserait peutêtre le public, mais cela ne changera rien. ” “ Malgré cela, les acteurs doivent jouer leur rôle ”, répondit calmement le Maître.

Seymour fit quelque pas vers Yuna, qui recula légèrement. “ Il n'est pas nécessaire de répondre tout de suite. Je vous en prie, prenez le temps qu'il vous faudra ” “ Nous le ferons, dans ce cas ”, annonça Auron. “ Nous partons. ” “ Mademoiselle Yuna, j'attends avec impatience votre réponse favorable. ” Auron s'éloignait vers la grande porte, lorsqu'il entendit de nouveau la voix de Seymour porter dans sa direction. “ Pourquoi êtes-vous encore parmi nous, Sire ? ” Le légendaire Gardien se figea sur place. On eut dit que ces mots l'avaient transformé en statue. Dans son dos, Seymour s'inclina. “ Je vous demande pardon... nous autres Guados sommes sensibles à l'odeur de l'Au-Delà. ” Ne comprenant pas, Tidus perplexe se planta

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devant Auron et se pencha vers lui afin de le renifler. Les sourcils froncés, visiblement très en colère, son ami le repoussa sur le côté et se remit à marcher vers la sortie à grands pas. Les autres le suivirent en silence.

Ce n'est qu'une fois à l'extérieur du grand manoir qu'ils se remirent à parler, Yuna assise sur un banc la tête baissée. Lulu réfléchissait à haute voix. “ Seymour, leader des Guados. Yuna, fille du Grand Invokeur Braska. Mariés au nom de Yevon, dépassant la barrière des races. Cela donnerait à Spira un sujet de conversation réconfortant, pour une fois. ” “ Mais ce ne sera qu'un rêve passager, comme le dit Auron ”, continua Wakka. “ Allez, laissez tomber et reprenons simplement le pèlerinage ! ” proposa Tidus effrayé à l'idée de voir Yuna se marier. “ Je veux dire, un mariage ? Non mais sérieusement... ” “ Hm... tu serais pas jaloux ? ” murmura Rikku à son oreille. “ Quoi ? Bien sûr que non ! ” mentit Tidus. “ On doit battre Sin, la romance peut attendre. ” Wakka trouvait que Seymour ne choisissait pas le bon moment pour proposer cela. Mais la voix de Yuna s'éleva enfin. “ Peut-être... que c'est justement le bon moment... Si mon mariage peut aider Spira... s'il rendait les gens heureux. Si je peux faire ça pour le peuple, alors peut-être faut-il que j'accepte... Je n'avais jamais imaginé faire quoi que ce soit de ce genre. Mais je me demande si ça n'est pas le mieux à faire ” “ Sérieusement ?! ” demanda Tidus bouche bée et contenant sa colère. “ Tu peux toujours abandonner ton pèlerinage pour te marier ! ” proposa Rikku l'air pleine d'espoir – ce que ne comprit pas Tidus. “ Je vais continuer ”, assura Yuna. “ Je suis sûr que Maître Seymour comprendra.

Je suis un Invokeur. Je dois combattre et vaincre Sin. ” “ Comme Braska avant toi ”, ajouta Auron afin de la conforter dans son choix.

Cette nuit-là, dans l'auberge de Guadosalam, Tidus dormit terriblement mal. Ce maudit Seymour allait lui voler ce qu'il avait de plus précieux sur Spira. Yuna devait refuser. Ce qui le rongeait plus que toute autre chose, c'est que personne n'avait daigné demander à Yuna si elle aimait Seymour. Si elle l'appréciait seulement. C'était tellement étrange. Il était prévu que les pèlerins se rendent dans l'Au-Delà le lendemain matin, et Tidus se demandait bien ce qu'il allait y trouver. Yuna désirait parler de ce dilemme à son père.

L'entrée de l'Au-Delà était similaire à l'entrée d'une grotte. Un Guado était posté là. Le peuple Guado était gardien de l'Au-Delà depuis toujours, et veillait au respect des défunts. Dans le couloir qui menait à ce lieu sacré flottaient paisiblement quelques furolucioles. Puis ils atteignirent une grande salle au fond de cette étrange caverne où un escalier montait jusqu'à ce qui ressemblait à une énorme vitre ronde.

Mais ce n'était pas une vitre. C'était un portail. La curiosité déliant sa langue, Tidus demanda : “ Question ! A propos de cet Au-Delà... quand les gens meurent, un Invokeur les envoie vers l'Au-Delà, c'est ça ? Alors leurs âmes, ou je ne sais quoi... elles vont dans l'Au-Delà, hm ? Ce même Au-Delà dans lequel on est en train de se rendre ? Et... le père de Yuna y est ? C'est là que vivent les morts, en fait ? ” Tidus frissonna, se représentant déjà entouré d'esprits difformes aux longues mains pointues qui

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tentaient de l'attraper. “ Oh, toi, t'es encore en train de t'imaginer des trucs bizarres, hein ? ” lança Wakka amusé. “ Tu verras quand on y sera. ” Alors que les autres grimpaient les marches, Auron s'assit sur l'une d'elles, tournant le dos à l'Au-Delà. “ Tu ne viens pas ? ” lui demanda Tidus. “ Je n'appartiens pas à cet endroit ”, répondit sagement Auron de sa voix fatiguée. “ Tu as peur ! ” spécula le jeune homme. “ Fouiller dans le passé pour trouver le futur... c'est tout ce qu'il y a, ici. Je n'ai pas besoin de ça. Tu ferais mieux d'y aller, maintenant. ” Rikku resta avec le Gardien de légende, elle aussi. Elle expliqua à Tidus que de toute façon, ce qu'il verrait à l'intérieur n'était qu'illusion. Le portail au sommet des marches ressemblait à une bulle magique. Il hésita quelques instants, mais prenant son courage à deux mains, il le traversa pour rejoindre les autres.

L'Au-Delà est un endroit où les furolucioles nées des cérémonies d'Accompagnement se rassemblent. Elles se manifestent sous la forme de ceux qui sont décédés et qui ont rejoint l'Au-Delà. Comment, cela demeure un mystère. Les Al Bheds ont une théorie à ce sujet, c'est ce dont Rikku parlait plus tôt : selon eux, les furolucioles ne feraient que réagir aux rêves et aux pensées des visiteurs. Toutefois, on n'a jamais vu apparaître un vivant dans l'Au-Delà. Seulement les défunts. C'était un grand mystère, mais qui sait, peut-être les morts laissaient-ils une part d'euxmêmes dans le cœur des vivants. Et cette infime part emprunterait leur pouvoir aux furolucioles pour se manifester.

Quant aux furolucioles, malgré leur nom et comme vous le savez déjà, elles n'étaient pas réellement des lucioles. Ces lumières étranges qui se dégageaient des monstres qui mourraient étaient responsables d'un certain nombre de phénomènes absolument fantastiques. Visions du passé à travers des sphères, sphère-écrans comme celles qui rediffusaient le match de Blitzball à Luca, monstres... tout ceci était du fait des furolucioles. Elles avaient même un rapport avec les Chimères : les rêves du Priant atteignent le plus profond de l'esprit de l'Invokeur... et ce qui était jusqu'alors irréel devient soudain réel et apparaît aux yeux de tous, par le biais des furolucioles.

Mais ce que découvrit Tidus derrière ce portail était loin d'être ce qu'il s'était imaginé. Les pèlerins se tenaient là, sur un petite plate-forme rocailleuse qui volait, pas plus grande que la salle de réception de Seymour. La plate-forme se trouvait au milieu des nuages qui défilaient à toute vitesse. Et lorsque ceux-ci se faisaient moins dense, on découvraient des nuées de furolucioles dansant au gré du sol, très loin endessous, parmi les sublimes cascades, les fleurs, et les grandes plaines verdoyantes.

L'Au-Delà était sublime, mais Tidus ne pouvait s'empêcher de penser à Yuna. Elle se trouvait là, debout, au bord de la plate-forme de roc, devant ses deux parents défunts qui flottaient au-dessus du vide, à moitié transparents. Braska et sa femme avaient l'air tellement heureux, ensemble. Cela inquiétait Tidus, car peut-être que le fait de les voir ainsi inciterait Yuna à accepter la proposition de Seymour.

Devant Wakka flottait un jeune homme, roux, ressemblant à la fois à Tidus et à Wakka lui-même. “ Yo, Chappu ! J'aurais bien voulu venir te voir plus tôt, tu sais ? Désolé. Je sais que tu m'en voudras pas... j'ai abandonné le jeu. Je suis Gardien maintenant, vois-tu ? Et

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y'a ce type qui te ressemble beaucoup qui a débarqué... en voyageant avec lui, je me suis dit que peut-être, tu étais encore en vie quelque part, tu vois ? Mais, bon. Tu es là, dans l'Au-Delà. J'imagine que c'est ta place, désormais... Alors, comment tu vas ?

Oh, ce type dont je viens de te parler, je lui ai donné ton épée. Il l'aime bien ! ”. Tidus aimait effectivement beaucoup cette lame, et il en prenait soin. Il savait combien elle comptait pour son ami.

Lulu observait la scène, et Tidus la rejoignit.

“ Lui est mort, et moi, je suis toujours en vie. C'est très clair, quand on est ici. Je devrais me concentrer sur ce que j'ai à faire maintenant. ” Elle se mit à rire légèrement, l'air désolée. “ Qu'est-ce qu'il y a ? ” demanda Tidus. “ Je ne suis même pas sûre de ce que je dis. ” “ Ce que tu veux dire, c'est que tu devrais passer à autre chose, vis-à-vis de Chappu, non ? Je suis persuadé que c'était quelqu'un de génial. Mais il y en aura d'autres ! ” “ Hm... c'est une possibilité. ” “ Que penses-tu de Wakka ? ” “ Quoi ? Moi, avec Wakka ?! ” “ Ouais ! Vous allez bien ensemble ! ” “ Ça ne suffit pas. Loin de là. Tu ferais bien de t'en souvenir. T'y connaître un peu en matière de femmes pourrait t'être utile, un de ces jours. Je ne l'oublierai pas, moi non plus. Au revoir, Chappu... tu disais toujours que j'avais l'air de mauvaise humeur... mais c'étaient les plus beaux jours de ma vie. ” Tidus attendit encore un peu, et rejoignit Yuna. Elle lui annonça qu'elle avait pris sa décision. “ Oh, vraiment ? C'est bien ! ” répondit Tidus plus inquiet que jamais. Elle lui raconta qu'alors qu'elle n'avait que sept ans, et qu'elle se trouvait à Bevelle, la plus grande ville de Spira, son père venait de vaincre Sin, et tous le monde se trouvait dans les rues. Riant. Fêtant. Tous avaient l'air heureux.

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“ Si je bats Sin, cela rendra tout le monde heureux, non ? Je dois faire ce que tout le monde veut, et pas seulement ce que moi, je veux ” Tidus proposa nerveusement d'aller prévenir Seymour, mais Yuna le retint. “ Avant ça... appelle Sire Jecht. Essaie !

Ne t'en fais pas, il ne viendra pas. ” Tidus fit tout son possible pour ne pas penser à son père. Ce qui bien sûr était la meilleure façon de penser à lui, au final. “ Tu vois, je te l'avais dit ”, fit Yuna en souriant. Jecht n'était pas là parce qu'il n'était pas mort. Il était Sin. Devant l'expression terrible de Tidus, Yuna se mit à rire. “ Ça veut dire qu'il est vivant, tu sais ? ” Mais l'esprit du jeune homme était ailleurs.

Si son vieux était vraiment Sin... que dirait-il à Yuna ? Bon sang, que dirait-il à tous les habitants de Spira ? Et puis, pourquoi aurait-il à s'excuser pour lui, de toute façon ? “ J'aimerais autant ne jamais le revoir ”, laissa-t-il sortir de sa bouche. “ Qu'est-ce qui te fait le haïr à ce point ? ” demanda Yuna ne comprenant pas son jeune Gardien. “ Tout ce qu'il me fait me rend dingue. C'est sa faute si moi et ma mère... ” Il s'arrêta surpris. Les furolucioles s'étaient rassemblées devant lui, faisant apparaître l'image d'une femme au regard attendri, ses traits fins ressemblant aux siens. Il manqua de tomber en arrière. “ Maman ? ” La gorge serrée, il contenait difficilement ses larmes. “ C'est elle ! ” fit-il étonné à Yuna. “ Elle est très belle. ” “ Mais... attends... personne n'a effectué de cérémonie d'Accompagnement pour elle. ” “ Elle a dû accepter sa mort alors même qu'elle était encore en vie ”, expliqua Yuna de sa voix douce et réconfortante.

Ils demeurèrent là quelques instants de plus, fixant cette femme décédée plus de mille ans auparavant. Cette femme qui était sa mère. Et à force de penser à elle, il comprit quelque chose. Il comprit pourquoi il détestait son père. Il raconta à Yuna cette soirée dont il se souvenait parfaitement. Il avait à peine six ans à l'époque.

Jecht et sa mère penchés par-dessus le balcon de leur appartement discutaient.

Comme d'habitude, son père vantait ses exploits. “ Tu vois ? ” avait dit Jecht. “ Alors je lui ai dit ce que je pensais de lui. Comme ça. ” “ Vraiment ? ” avait demandé sa mère impressionnée l'embrassant sur la joue. “ Maman ! ” avait alors appelé la petite voix capricieuse de Tidus à l'intérieur de l'appartement. “ Juste une seconde, mon chéri ! ” avait répondu sa mère. Oui, c'était bien ça.

Chaque fois que son père était dans les parages, sa mère ne prenait même plus le temps de le regarder. C'est pour cette raison que Tidus avait commencé à en vouloir à Jecht. A le détester. “ Quand il nous a quittés, maman a commencé à perdre toute forme d'énergie...

La vieille dame qui vivait près de chez nous m'a dit à l'époque qu'en amour, quand un membre du couple meurt, celui qui survit... abandonne simplement la vie, afin de rejoindre l'être perdu. C'est ce qui s'est passé. Et j'ai détesté mon père d'autant plus.

Mais en fait, il... ” “ Maman ! ” “ Juste une seconde, mon chéri ! ” “ Tu devrais aller voir ce qu'il veut ”, avait conseillé Jecht. “ Il va pleurer

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autrement. ” Soudain, Tidus s'aperçut combien il devait avoir l'air stupide. Il s'excusa auprès de Yuna, expliquant ce qu'il ressentait. “ Je ne pense pas que tu aies l'air stupide, non ”, rassura la jeune femme. “ C'est super embarrassant ! ” lança Tidus se grattant la tête. “ J'ai raté quelque chose ? ” demanda la voix de Lulu derrière eux.

Lorsque Auron et Rikku virent revenir le groupe, ils se levèrent. Yuna les remercia d'avoir attendu et annonça qu'elle allait donner sa réponse à Seymour. C'est alors que quelques Guados qui se trouvaient là manquèrent de hurler, outrés. “ Seigneur Jyscal ? ” Un spectre était en train de traverser le portail depuis l'Au-Delà. Le père de Seymour était livide. Faible. Mais il semblait aussi déterminé. “ Il n'a rien à faire ici ”, dit sèchement Auron. “ Yuna, envoie-le ! ”. La jeune femme grimpa les marches à nouveau, et personne ne vit Auron tomber à genoux, visiblement pris d'une terrible douleur, luttant de toutes ses forces. Lorsque Yuna fut face à Jyscal, celui-ci sembla essayer de lui parler. Mais ne sortirent que des grognements difformes. Elle attrapa son bâton et se mit à danser quelques instants.

Bientôt le spectre disparut en un nuage de furolucioles qui s'en retournèrent vers l'Au-Delà par le portail. Mais en plus des furolucioles, quelque chose tomba au sol, que Yuna se hâta de ramasser et de cacher, visiblement très surprise. Auron se releva, comme soulagé de ses maux. “ Partons, maintenant ”, dit-il.

Sur le chemin du retour vers Guadosalam, Yuna se demanda comment un homme comme le Seigneur Jyscal pouvait mourir et ne pas être envoyé. “ Je pense qu'il a bien été envoyé ”, dit Lulu. “ Mais il est resté sur Spira. Quelque chose, une puissante émotion, l'aura maintenu en ce monde. De telles choses arrivent, parfois ” Selon Auron, cela pouvait aussi signifier qu'il n'avait pas eu une mort digne. La plupart des Guados étaient déjà au courant de ce qui était arrivé, et le garde à la sortie de la grotte les pria de ne pas ébruiter cette histoire, pour le bien et l'harmonie de Spira.

Le petit groupe se réunit devant le manoir de Seymour. L'Invokeur se préparait à entrer, seule, dans la vaste demeure du Maître. “ Yuna, Jyscal est le problème des Guados, pas le tien ”, tint à rappeler Auron. Mais la jeune femme disparut bientôt derrière les deux grandes portes rouges. Anxieux, les Gardiens attendirent quelques minutes. Tidus en profita pour discuter avec Lulu. La sublime sorcière ne semblait pas préoccupée par cette histoire de mariage. Tant que le pèlerinage continuait, ça lui était égal. Que Yuna apprécie ou non Seymour n'était pas important. Les gens se mariaient pour bien des raisons, et parfois un mariage pouvait très bien se faire sans amour, chose que Tidus ne daignait pas comprendre. Vaincre Sin et apporter la joie à Spira. Se marier et apporter la joie à Spira. Pour Yuna, les deux routes menaient au même résultat. Il ne lui fallait que la détermination nécessaire. La détermination, et non l'amour.

Tidus ne voulait rien entendre. Il campait désespérément sur ses positions. Lulu en vint à dire que si Yuna devait se marier, elle préfèrerait de loin qu'elle le fasse par amour. “ D'un autre côté, si Yuna voulait se marier à celui qu'elle aime, je serais contrainte de m'y opposer ” Cela n'avait aucun sens pour le jeune Blitzeur de Zanarkand, mais la sorcière refusa d'apporter plus amples explications, disant

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calmement : “ Nous avons fait le tour de la question. Tu comprendras, un de ces jours. Je ne veux pas te le dire directement. Pas encore ” Elle commença à s'éloigner, et s'arrêta au bout de quelques pas pour se retourner. “ Je ne devrais pas avoir à dire ça, dit-elle, mais ne tombe pas amoureux d'elle. ” “ Heu ”, commença Tidus cherchant une pirouette, “ en fait, ce serait plutôt toi mon type ! ” Plaisanta-t-il. “ Intéressant ”, répondit Lulu prenant visiblement cette réponse au sérieux. “ Je suppose que je pourrais t'ajouter à ma liste. Je te souhaite bonne chance, jeune homme. Tu vas en avoir besoin. ” Rouge de honte, Tidus s'éloigna le plus vite possible. En ville, il croisa une jeune femme au visage familier. C'était Shelinda, la jeune disciple de Yevon qu'ils avaient déjà rencontrés sur la route de Mi'ihen, juste avant l'opération des Bannisseurs. Elle demanda au jeune Gardien pourquoi Yuna n'était pas avec lui, et celui-ci répondit qu'elle se trouvait chez Seymour. “ C'est Maître Seymour, ou Seigneur Seymour ! ” corrigea Shelinda avant d'ajouter que le leader Guado avait quitté Guadosalam quelques heures plus tôt, se rendant au Temple de Macalania, dont il était le Grand Prêtre.

La remerciant, Tidus repartit en courant vers le manoir. Si Seymour n'était pas là, pourquoi Yuna était-elle si longue ? Il expliqua aux autres ce qu'il venait d'apprendre, et les Gardiens se demandèrent s'ils devaient entrer au risque de causer un scandale, ou attendre quelques minutes de plus. Rikku et Tidus, n'aimant pas réfléchir, ouvrirent la porte du manoir à la volée et pénétrèrent dans le hall.

Yuna ne se trouvait effectivement pas en compagnie de Seymour. Elle n'avait même pas quitté la grande salle aux portraits. Se tenant debout, l'air anxieuse, devant l'image de Lord Jyscal Guado dont elle avait renvoyé le spectre à l'Au-Delà une heure plus tôt à peine, elle priait, demandant au défunt ce qu'elle pouvait faire pour lui venir en aide. Elle semblait troublée, voire choquée. Elle tenait dans ses mains une étrange boule bleue. Surprise, elle la rangea en tout hâte lorsque ses deux amis pénétrèrent dans la pièce. Elle pria une dernière fois devant le portrait, et quitta le manoir. “ Apparemment, Seymour est parti au Temple de Macarena ”, annonça Tidus à l'Invokeur. “ Le Temple de Macalania ”, corrigea Wakka désespéré. “ Mais je ne comprends pas. Pourquoi est-ce qu'il est parti comme ça, sans prévenir personne ? ” “ Peut-être qu'il ne s'attendait pas à une réponse si rapide ! ” spécula Rikku. “ Yuna ”, coupa Auron qui fixait l'Invokeur. “ Qu'y a-t-il ? ” “ Oh, rien, répondit l'Invokeur d'un ton évasif en relevant la tête. “ Hm... tu faire une piètre menteuse. ” “ Non, vraiment, ce n'est rien ! Allez, partons. ”

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- XDes éclairs et des sphères

“ Oh non... ” murmura Rikku tremblant de tous ses membres. “ Nous y sommes... ” Un flash lumineux éblouit les voyageurs l'espace d'un instant, suivi d'une terrible détonation, faisant hurler la jeune Al Bhede. La sombre Plaine Foudroyée de Gandof était là, s'étendant devant eux jusqu'à l'horizon. Elle se trouvait à quelques kilomètres de Guadosalam. En ces lieux régnait un orage permanent, depuis un âge oublié, et pour des raisons difficilement compréhensibles. Autrefois, cette plaine était le cauchemar des voyageurs, et ce jusqu'à l'apparition d'un homme que l'on appelait Bilghen. A l'aide de machines, il avait érigé des tours le long du chemin, qui servaient de para-tonnerre à ceux qui s'aventuraient en ces lieux maudits. Enfin, les voyageurs étaient en mesure de traverser en sécurité. C'est alors qu'il érigeait la toute dernière tour de son œuvre que Bilghen fut frappé par la foudre, tué sur le coup. Bilghen étant un Al Bhed, les livres d'histoire de Spira ne le mentionnèrent jamais.

Lorsque Lulu expliqua à Tidus qu'ils allaient devoir passer près des tours, mais pas trop, s'ils ne voulaient pas finir grillés. Il fit son possible pour masquer son http://dantesparda62novels.free.fr/

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appréhension. C'était vraiment dangereux. “ Je crois que j'ai oublié un truc à Guadosalam ”, annonça Rikku d'une voix tremblante, tentant le tout pour le tout. “ Content de t'avoir connue ”, répondit Auron de sa voix calme et fatiguée. “ D'accord, d'accord, je viens... ” La foudre frappa à nouveau, la faisant sursauter une fois de plus. Ce périple serait long et pénible. D'autant que la zone grouillait de monstres aux propriétés électriques. L'épée de Tidus, qu'il avait décidé de baptiser Fraternité, semblait particulièrement efficace contre ces ennemis. La magie de Lulu toutefois n'était pas à négliger elle non-plus. Quant à Rikku, tremblante, elle arrivait tout de même à se battre. Ses amis ne comprenaient pas bien ce qu'elle fabriquait à mélanger potions de soin et objets en tout genre, jusqu'à ce qu'elle les fasse exploser sur un groupe d'ennemis particulièrement coriace. Impressionnant. Très peu de voyageurs s'aventuraient sur cette route. Mais le peu de personnes qu'ils rencontrèrent semblaient souriantes et relativement insouciantes. Ils comprirent bien vite pourquoi. Les Guados avaient visiblement répandu la rumeur : Seymour et Yuna allaient se marier. Tidus était outré d'un tel comportement. Ils forçaient la main à la jeune femme. Mais les autres ne bronchaient pas. Le jeune homme commençait à comprendre, voyant ces gens rire et et vagabonder gaiement sous ce ciel apocalyptique, que Yuna n'avait de toute façon pas le choix. Ne pas se marier, c'était priver Spira d'un bonheur certain. Passager, certes, mais pas moins qu'un match de Blitzball.

Le petit groupe d'amis marchait depuis plusieurs heures. Peut-être moins. Mais le soleil, caché derrière cette épaisse couche de nuages, ne les aiderait pas à se repérer. Ils croisèrent alors un comptoir de Rin, une de ces sympathiques auberge Al Bhedes. Rikku, pliée en deux depuis le début de la traversée, fixait le petit bâtiment avec espoir. Soudain, un éclair frappa à quelques mètres derrière eux. Celui-là n'était vraiment pas passé loin. Wakka son visage ruisselant de pluie ria de bon cœur pour se détendre. “ Un peu plus et on y passait ! ” Lulu le réprimanda bien évidemment dans la seconde. Mais cette fois, c'en était trop pour Rikku. La jeune fille était paralysée de peur. On eut pu croire qu'il s'agissait d'une statue sans le rictus nerveux qu'elle émettait toutes les deux secondes, les dents serrées. “ Hé, tu me fiches la frousse ! ” lança Tidus essayant de la ramener parmi eux.

Mais un autre éclair tomba, frappant une tour pas très loin. La jeune Al Bhede tomba à plat ventre. Puis devant les yeux ébahis de ses amis, elle se mit à ramper à toute vitesse, comme un insecte, pour agripper fermement la jambe de Auron. “ Je veux rentrer chez moi ! Je déteste la foudre ! Je hais le tonnerre ! Allons nous reposer là-bas, je vous en supplie ! ” lança-t-elle d'une petite voix en pointant du doigt l'auberge. “ Cette tempête ne s'arrête jamais. On ferait mieux de traverser rapidement ”, répondit sagement Auron. “ Je sais, mais... juste un peu ? ” Le légendaire Gardien soupira. Il se baissa, et la remit de bout à la force d'une seule main. Le groupe se remit en marche en direction de l'auberge... passant devant sans daigner s'arrêter. Désespérée, Rikku, elle, tentait de les rappeler, de les faire revenir, ne bougeant plus de l'entrée du bâtiment. Tidus était à ses côtés. D'une part parce qu'il avait lui aussi envie de se reposer, et d'autre part parce que Rikku refusait

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de lâcher son bras. Elle se mit à pleurer nerveusement, stipulant qu'elle était trop jeune pour mourir. Amusés, les pèlerins ne s'arrêtèrent pas pour autant. “ Vous êtes méchants ! Cruels ! Vos mamans auraient honte de vous ! … Ça vous amuse de me faire subir ça ? ” Finalement Auron s'arrêta et tout le groupe se retourna vers Rikku. Le légendaire Gardien annonça : “ Bien. Finalement, reposons-nous. Cette fille est pire que la tempête ” Dès qu'ils pénétrèrent dans la petite auberge, similaire à celle dans laquelle ils avaient dormi sur la route de Mi'ihen, où Rin leur avait prêté des Chocobos, Yuna annonça qu'elle était fatiguée, et qu'elle allait se reposer. Une employée la conduisit immédiatement dans une chambre. Les Gardiens surpris la regardèrent s'éloigner en gardant le silence : ça ne lui ressemblait pas. Kimahri semblait le plus inquiet. Tidus avait remarqué qu'il scrutait les moindres faits et gestes de Yuna depuis l'incident aux portes de l'Au-Delà.

Rikku leur raconta que quand elle était petite, un monstre l'avait attaquée alors qu'elle nageait, à la plage. “ Mon frère a essayé de le repousser avec un sort... mais il a raté son coup et c'est moi qui ai été frappée ! C'était un sort de foudre, « Bzzzzzzt ! ». J'ai peur de la foudre, depuis... ” Lulu expliqua que son frère avait bien réagi en voulant utiliser un sort électrique face à un monstre marin, et proposa à Tidus et Rikku de leur apprendre quelques sortilèges si leur cœur leur en disait, un jour.

Rin, sorti de nulle part, salua chaleureusement les pèlerins. Il afficha des yeux ronds lorsqu'il reconnut Rikku parmi les Gardiens. Celle-ci lui fit signe de se taire et le gérant de l'auberge les sourcils froncés s'exécuta néanmoins. Rin demanda à Tidus si son étude du langage Al Bhed avançait, et celui-ci qui parfois feuilletait le bouquin lorsqu'il ne trouvait pas le sommeil lui répondit que « oac », ce qui signifiait « oui ».

Puis Rin lui demanda discrètement si l'homme assis au fond n'était pas, par hasard, Sire Auron. Il se posait la question depuis leur rencontre à Mi'ihen. Tidus confirma, et l'Al Bhed s'approcha du légendaire Gardien. “ Sire Auron ? Vous vous souvenez de moi ? Il y a dix ans, au tout début de la Félicité du Seigneur Braska ? ” “ Oui ”, répondit le Gardien. “ Je vous remercie encore. ” “ Il n'y a pas de quoi. Je ne pouvais pas abandonner un homme blessé à la mort.

J'ai toutefois été surpris de vous voir disparu le matin suivant, avec une telle plaie.

Un homme ordinaire n'aurait pas été capable de marcher. ” “ Je préfère... éviter ce sujet, Rin ”, demanda Auron. “ Oh. Comme vous voulez. ” Tidus se demandait ce qui était arrivé, à l'époque. La tête pleine de question, il demanda au comptoir s'il pouvait avoir une chambre, et une charmante Al Bhede lui indiqua le chemin à emprunter. Il marchait dans le couloir lorsqu'il passa devant la porte close de la chambre de Yuna. Il sursauta lorsqu'il entendit une voix masculine s'élever à l'intérieur. La voix d'un vieil homme, sans doute. Son cœur cognant violemment contre sa poitrine, il se demanda ce qu'il devait faire. Il ne comprenait pas ce que disait la voix, alors il colla doucement l'oreille contre la porte après s'être assuré que personne ne rôdait dans les parages. Mais la voix était trop faible. Il n'entendait rien de plus. Il se baissa afin de regarder par le trou de la serrure, et sa

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maladresse fit qu'il s'agrippa à la poignée, la faisant basculer, et il tomba au travers de l'encadrement de la porte désormais ouverte.

Yuna paniquée se rua sur le meuble devant elle, bredouillant “ Oui ? ” d'une voix tremblante. Tournant la tête, Tidus vit l'image réduite de Jyscal disparaître dans une sorte de sphère bleue que l'Invokeur dissimula en toute hâte dans sous une serviette de toilette. Le système de cette sphère qu'il avait entrevue fonctionnait visiblement comme les hologrammes qu'il connaissait. “ Je, que, c'est, juste, heu, rien, vraiment, heu, juste... ” bafouilla Tidus rouge de honte. “ Je suis désolé... je n'aurais pas dû... entrer. Dis... c'était pas ce type, heu, Jyscal Guado ? ” Prise au dépourvu, la jeune femme n'eut d'autre choix que d'acquiescer d'un signe de tête, tremblant de tous ses membres, prise de spasmes musculaires tant le stress la rongeait. “ Cette sphère est son testament ”, expliqua Yuna. Il y demande à ce qu'on s'occupe de son fils. “ Oh... Son fils ? Seymour ? Ouais, bah je m'occuperais bien de son cas à ma façon, moi ”, lança Tidus. Ces mots semblèrent troubler Yuna plus que jamais. En une seconde, elle passa du rouge au vert, puis au blanc cadavre. “ Excuse-moi ” fit-elle se mettant à courir en toute hâte dans le couloir vers les toilettes les plus proches. Tidus inquiet hésita quelques instants, puis il se décida à tendre la main vers la serviette qui cachait la sphère. C'est alors qu'un énorme bras musclé l'attrapa par derrière et qu'un poing fermé se mit à lui frotter vigoureusement le cuir chevelu. Wakka l'emmenant à l'extérieur en chahutant lui demanda ce qu'il fabriquait, et le jeune homme inventa une excuse à dormir debout qui néanmoins sembla satisfaire son ami.

Quelques heures plus tard, malgré les plaintes incessantes de Rikku qui tremblait comme une feuille, ils reprirent la route. La jeune fille se fâcha contre Auron qui était trop direct à son goût. “ Tu pourrais être plus réconfortant ! Tu pourrais me le dire autrement... ” Si bien qu'elle finit par hurler qu'elle n'avait pas peur, et qu'elle se mit à courir comme une dératée de part et d'autre de la plaine, les bras levés vers les nuages menaçants, sous les yeux ronds de ses amis.

Encore un certain temps plus tard, le soleil commençait lentement à filtrer parmi les nuages, et la pluie se faisait moins dense à mesure que l'intervalle entre les coups de foudre s'allongeait. La forêt de Macalania était en vue, à deux ou trois kilomètres.

Yuna demanda alors à ses Gardiens de s'arrêter. Abrités près de l'un des derniers paratonnerres de la route, elle annonça qu'elle avait quelque chose à leur dire. “ J'ai... décidé de me marier ” Tidus voulut réagir, mais sa bouche n'était plus la sienne. Son corps ne lui répondait plus. La décision de Yuna était prise. “ Comme je le pensais... ” fit Lulu en soupirant à moitié. “ Mais pourquoi ? ” demanda Wakka. “ Pourquoi avoir changé d'avis ? ” “ Pour l'avenir de Spira, et l'unité de Yevon ”, répondit Yuna. “ Je crois que c'est la meilleure chose à faire. ” “ Ça ne suffit pas ”, fit remarquer Auron. “ Attends... est-ce que c'est en rapport avec le Seigneur Jyscal ? ” demanda Lulu inquiète. Sentant l'usage de son corps lui revenir brutalement, Tidus poussé par quelque force incompréhensible et inconsciente lança :

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“ Hé, ouais, cette sphère que tu regardais à l'auberge ! ”. Il s'aperçut qu'il n'aurait peut-être pas dû parler. Auron s'avança et se planta devant Yuna. “ Montre-moi ”, ordonna-t-il. “ Je ne peux pas ”, répondit l'Invokeur reculant d'un pas. “ Je dois d'abord parler à Maître Seymour. Je suis... vraiment désolée, mais c'est... c'est une affaire personnelle. ” “ Tu plaisantes ? ” demanda Wakka en colère. “ Comme tu veux ”, fit Auron après quelques instants en faisant demi-tour. “ Juste une chose... ” “ Je n'abandonnerai pas mon pèlerinage ”, répondit Yuna anticipant la question. “ Alors c'est bon. ” Tidus agité ne pouvait plus se taire. “ Une petite minute, Auron ! Tu t'en fiches ? Je veux dire, tu ne vas pas l'arrêter ?! ” “ Non ”, répondit catégoriquement le Gardien. “ Tant qu'elle aspirera à combattre Sin... tout le reste la regarde. C'est un des privilèges des Invokeurs. Du moment qu'elle continue son pèlerinage. ” “ Mais c'est... ” reprit Tidus cherchant ses mots. Mais cette fois, c'est son cerveau qui semblait paralysé. Il n'avait rien à dire. Rien du tout. Wakka voyait que son ami n'était pas à l'aise, et il posa une dernière question à l'Invokeur : “ Yuna, tu ne peux pas te contenter de parler à Maître Seymour, te rapprocher de lui ? Je veux dire, tu tiens vraiment à te marier avec lui ? ” Elle répondit qu'elle ne savait pas. Mais qu'elle pensait en tout cas que c'était la meilleure chose à faire.

Rikku s'approcha d'elle posa les mains sur ses épaules. “ Yunie... ” commença-t-elle, s'arrêtant un instant pour insulter un coup de tonnerre. “ J'aimerais qu'on puisse t'aider, d'une manière ou d'une autre... ” “ Tout vas bien, répondit l'Invokeur. Ça ira. ” Le cerveau de Tidus semblait au bord de l'explosion. Elle disait être désolée. Il répondait que ça lui allait. Elle aspirait à combattre Sin. Elle avait des privilèges. Il ne comprenait pas. Ce genre de moment lui rappelaient qu'il n'appartenait pas à ce monde. Lui donnaient cet amer sentiment d'exclusion. Mais s'il n'appartenait pas à ce groupe, il serait coincé sur Spira, seul. Et être seul en ces lieux... il préférait ne pas l'imaginer.

Reprenant la route, ils arrivèrent après moins d'une heure à la lisière de la forêt de Macalania. Émerveillé, Tidus découvrit des arbres argentés, scintillant comme des étoiles, dans lesquels étaient incrustés des saphirs gros comme des éléphants. Le sol était de terre, une terre dure et bleue sur laquelle marcher était un vrai plaisir.

Quant à l'herbe, en tant que telle, elle se faisait rare... on trouvait plus aisément des cristaux, transparents et magnifiques, sur les bords de la route. Tellement beaux que Tidus n'osa pas essayer d'en arracher un. Admirant le splendide paysage qui reflétait le peu de lumière qui venait du ciel, leur permettant de parfaitement y voir clair malgré l'heure tardive, Tidus continuait de réfléchir, fermant la marche. “ Tu t'inquiètes pour Yuna ”, comprit Auron qui marchait près de lui en s'arrêtant. “ Bien sûr que je m'inquiète pour elle. Qu'est-ce qu'elle a en tête ? ” “ La réponse la plus simple serait... qu'en échange de son accord pour le mariage... elle espère pouvoir négocier avec Seymour. ” “ Négocier quoi ? ” “ Je me le demande... ” avoua sombrement Auron.

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“ Et puis, pourquoi est-ce qu'elle veut faire ça toute seule ? ” “ Elle est forte... mais Seymour est bien meilleur négociateur ”, dit Auron après avoir émis un rictus froid et amer. “ Alors pourquoi est-ce qu'on ne fait rien ? ” s'impatienta Tidus. “ C'est ce que veut Yuna. ” “ Je ne comprends pas... elle ne nous fait pas confiance ? ” “ Au contraire ”, rectifia Auron. “ Elle ne veut pas que nous nous retrouvions embarqués dans ce qu'elle est en train de préparer. ” “ Ouais, ça semble plausible... et ça me rend d'autant plus inquiet. Elle pourrait nous le dire... ” Auron expliqua que telle était Yuna. Naïve, sérieuse, et trop fière pour demander de l'aide. Il était aisé de la comprendre... mais difficile de la protéger. “ Reste près d'elle. Toujours. ” Rejoignant le reste du groupe, Tidus se surprit lui-même : il demeurait calme.

Comme apaisé. Peut-être était-ce parce qu'il savait désormais que Yuna n'allait pas épouser Seymour par amour. Pas vraiment. C'était juste son devoir. Une formalité à remplir avant d'en revenir à son pèlerinage. Et puis, il s'était fait des idées : jamais rien n'arriverait entre elle et lui. La route de la forêt de Macalania, si mystérieuse et magique, était toujours plus magnifique. A mesure qu'ils s'enfonçaient vers le nord, les arbres étaient non seulement couverts de pierres précieuses en tout genre, mais également de glace, rendant les lieux plus sublimes encore. Bientôt, le chemin de terre s'arrêta : le groupe allait devoir continuer sur un très large et infiniment long tronc d'arbre renversé qui s'entortillait entre les plantes et autres beautés qui s'offraient à eux, les emmenant parfois à quelques mètres d'altitude.

C'est à ce moment qu'ils croisèrent Barthello, le Gardien de Dona. Le pauvre homme paniqué courait dans tous les sens, appelant le nom de son Invokeur. Dona avait disparu. Ils essayèrent de le calmer, mais seul Auron l'idole du grand gaillard, réussit à lui faire entendre raison. “ Ce n'est pas en courant comme un dératé que tu avanceras à quoi que ce soit.

Pour l'instant, tu dois te calmer, et chercher. ” “ Mais... ” “ Garde tes émotions. Ensuite seulement, sois garde de ton Invokeur. ” Barthello inspira profondément, méditant ces mots qui l'avaient semblait-il touché au plus profond de son être. “ Vous avez raison ”, finit-il par dire. “ On t'aide à chercher ? ” proposa Auron poliment. “ Non, merci, je vous ai fait perdre suffisamment de temps ”, refusa Barthello reconnaissant. “ Je vous remercie, Sire Auron ”, ajouta-t-il en priant. Et le Gardien de Dona, calmement, partit à la recherche de cette dernière. Tidus jeta discrètement un regard interrogateur en direction de Rikku, qui baissa la tête. Comme il le pensait, sans doute les Al Bheds avaient-ils enlevés Dona. Mais dans quel but ? Il était évident que les Al Bheds désiraient autant que les Invokeurs la disparition de Sin. Alors pourquoi arrêter les seuls à même de le vaincre ? Pourquoi capturer et faire disparaître les Invokeurs ? Et que leur faisaient-ils ?

Ils étaient sur le point de quitter la forêt quand Auron les arrêta, au beau milieu du chemin. “ Attendez... c'est ici, quelque part ”. Il y avait en ces lieux particulièrement paisibles et vides de monstres quelque chose que Tidus devait voir. Cela ne prendrait

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pas longtemps.

S'écartant du sentier, Auron les mena à une clairière magnifique, toute bleue, dont le sol scintillait en reflétant les étoiles. Un unique arbre, gigantesque, se dressait là. Surpris, Tidus reconnut l'arbre qu'il avait aperçu lorsqu'il était entré en contact avec Sin, au moment où il avait vu les spectres de Luzzu et de tous les combattants qui avaient perdu la vie lors de l'Opération Mi'ihen. Au fond de cette clairière se déversait un petit ruisseau, formant une marre tout à fait limpide. Ce liquide n'était pas de l'eau. C'était autre chose. Quelque chose que Tidus ne connaissait pas.

“ C'est ce dont sont faites les sphères ”, expliqua Auron. “ Cela absorbe et préserve les souvenirs des gens. ” Son regard balayait le sol de la zone. Lorsqu'il trouva la petite sphère bleue, il la ramassa et la tendit à Tidus. Elle était vieille, d'après Wakka. Peut-être qu'elle ne fonctionnerait plus. “ Jecht l'a laissée ici il y a dix ans ”, expliqua Auron. Le jeune homme sentit son cœur accélérer. Son père ? Avait-il envie de voir cette sphère ? Avant même d'avoir pu se poser la question, il l'avait activée.

Il vit alors Braska et Auron jeune, son visage exempt de toute cicatrice et de toute trace de fatigue, quitter une gigantesque ville. Jecht enregistrait le tout. “ Qu'est-ce que tu filmes ? ” demanda Braska. “ Bah, t'as dit que ce serait un long voyage ”, répondit Jecht. “ On va voir plein de belles choses, non ? Alors je me suis dit que j'allais tout enregistrer là-dedans, histoire de les montrer à ma femme et à mon gosse. ” “ On ne part pas en vacances ”, rétorqua froidement Auron qui semblait porter peu d'amour à Jecht. http://dantesparda62novels.free.fr/

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“ Hé, Braska ”, interpella le père de Tidus. “ C'est pas censé être une grande occasion ? Où est la foule pour nous encourager ? Les femmes qui pleurent ? Tout ça ? ” “ Les gens n'aiment pas les au revoir ”, répondit le père de Yuna. “ Ouais, bah ça a intérêt à être un peu plus joyeux à notre retour. Un défilé pour Braska, qui aura vaincu Sin ! ” Riant, Braska recommença à marcher, disant à son ami que le jour se coucherait bientôt et qu'ils devaient se dépêcher. Puis l'enregistrement prit fin, pour reprendre visiblement bien plus tard dans leur aventure. Ils se trouvaient en pleine neige, devant un comptoir de Rin. Braska enregistrait, essayant tant bien que mal de filmer Jecht et Auron. “ Auron, tu peux te rapprocher de lui ? ” “ Bah alors, t'as peur que je te morde ? ” plaisanta Jecht alors que le jeune Auron s'approchait en pestant. “ Hé, Braska, tu devrais en prendre une, toi aussi. Ça ferait un super cadeau pour la petite Yuna ! ” “ Je suppose ”, répondit l'Invokeur appréciant l'idée. “ Seigneur Braska, nous ne devrions pas perdre notre temps de cette manière ”, intervint Auron.

L'enregistrement se coupa à nouveau l'espace de quelques instants. Tidus ne comprenait pas l'attitude de son père. Comment pouvait-il être si détendu ? Il se croyait réellement en vacances. Enfin, la sphère reprit pour la dernière fois. Jecht filmait le paysage autour de lui. Ce même paysage magnifique et scintillant où se tenaient désormais Yuna et ses Gardiens. Puis il posa l'enregistreur devant lui et s'agenouilla. “ Hé, petit. Si tu es assis là, à regarder ce truc... ça veut dire que tu es coincé sur Spira, comme moi. Tu ne sais sans doute pas quand tu rentreras à la maison, mais c'est pas une raison pour pleurer, ok ? Bien que je crois que je te comprendrais...

Mais tu sais quoi ? Il vient un temps où il te faut arrêter de pleurer et passer à autre chose. Tout se passera bien. Après-tout, tu es mon fils. Et... hé bien... euh... bah, oublie, je suis pas doué pour ce genre de truc. Enfin... je crois en toi. Fais de ton mieux. Au revoir ” Tidus était surpris, et il demeura ainsi quelques secondes, fixant la sphère désormais éteinte. Enfin, il réagit : “ Il avait l'air presque sérieux... mais c'est un peu tard. ” “ Il était bel et bien sérieux ”, coupa Auron. “ Jecht avait déjà accepté son destin.

Il... il parlait sans arrêt de rentrer chez lui, à Zanarkand. C'est pour ça qu'il prenait toutes ces photos, qu'il filmait tant de moments : pour te les montrer quand il reviendrait. Mais, voyageant avec nous, il a compris Spira au fur et à mesure, ainsi que la résolution de Braska. C'est arrivé peu à peu... mais Jecht a changé. Il a décidé de se réellement se joindre à Braska dans son combat contre Sin. ” “ Alors... il a abandonné l'idée de rentrer ? ” demanda Tidus qui contenait ses larmes depuis plusieurs minutes déjà. “ C'était sa décision... ” répondit Auron.

Tidus comprenait. Son père savait qu'il n'y avait aucun moyen de rentrer chez lui.

De rentrer à Zanarkand. Il voulait rentrer, mais il savait qu'il ne le pouvait pas. Il n'avait pas pu progresser avant de l'avoir accepté. Et puis, même s'il avait trouvé un moyen de rentrer... sans doute n'aurait-il pas abandonné ses amis avant la fin de leur voyage. Peut-être était-il temps que Tidus lui-même accepte son propre destin. Tout

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le monde retournait vers le sentier, mais le jeune homme demeura là, observant une dernière fois la beauté de la scène. Lorsqu'il se retourna, il tomba nez-à-nez avec Auron. “ Attends, dit le Gardien. “ Ouais ? ” demanda Tidus la gorge nouée. “ Jecht t'aimait. ” “ Oh, allez, je t'en prie ”, lança le jeune homme prêt à exploser. “ Il ne savait simplement pas comment l'exprimer, comme il le disait. Je pensais que ça t'intéresserait de le savoir. ” Auron se retourna et se mit en marche.

Instantanément, des larmes se mirent à couler des yeux de Tidus, qui murmura « merci » en direction de son ami qui s'éloignait.

La sphère de Jecht contenait d'autres fragments de ces enregistrements, qu'il regarderait plus tard. A la lisière de la splendide forêt de Macalania qu'ils venaient de traverser se trouvait un nouveau comptoir de Rin. Le paysage s'était transformé à mesure qu'ils avaient progressé vers le nord : de légers flocons de neige se déposaient allègrement sur un tapis blanc et poudreux à leurs pieds. Il faisait également bien plus froid, mais rien d'insupportable pour les pèlerins. La petite auberge de Rin se trouvait au bord d'un grand lac gelé. D'après les Guados qui se trouvaient là, Seymour passerait plusieurs jours encore au Temple de Macalania. De fait, ils avaient tout leur temps pour se reposer au moins pour cette nuit. La journée avait été interminable, et leurs jambes ne les emmèneraient pas plus loin. Rikku en particulier peinait à tenir la cadence, sa faible corpulence ne la gratifiant pas d'une endurance propice à ce genre de périple.

Clasko, le jeune homme timide qui accompagnait le capitaine des Chevaliers Chocobo, Lucile, se trouvait là, seul avec le gros oiseau jaune au regard triste rescapé de l'Opération Mi'ihen. Clasko n'avait jamais aimé les batailles. Sa passion, c'était le dressage de Chocobos. Et en effet, les animaux lui obéissaient au doigt et à l'œil, ce qui était extrêmement rare, car les Chocobos étaient d'un naturel têtu. Il hésitait donc à se retirer du groupe d'élite des Chevaliers Chocobo, et Tidus lui conseilla de suivre son cœur. Sa décision prise, Clasko grimpa sur son Chocobo et se rua vers la forêt afin de rejoindre Elma et Lucile, pour leur annoncer sa démission.

Cette nuit-là parut calme à Tidus. Si calme qu'il fut épris d'un nouveau pressentiment. Quelque chose allait arriver, forcément. Il y avait trop de questions en suspens concernant Seymour. Ne pouvant trouver le sommeil, il décida de regarder la sphère qu'il avait héritée de Jecht, s'apercevant à mesure que les images défilaient que son père n'était peut-être pas un si mauvais homme. Littéralement plongé dans le parcours de celui qu'il avait l'impression de tant détester, il s'aperçut que leurs voyages suivaient finalement les mêmes étapes. Il vit ainsi comment Braska, le père de Yuna, avait sorti Jecht de prison, lui expliquant qu'il se rendait en pèlerinage à Zanarkand et qu'il espérait y trouver le moyen de le renvoyer chez lui.

Jecht avait aussitôt accepté, au grand désarroi du jeune Auron, qui ne pouvait comprendre le choix de l'Invokeur d'engager “ un alcoolique comme Gardien ” En effet, une bien drôle d'équipe se formait alors. Braska était un Invokeur déchu marié à une Al Bhed, et personne ne pensait qu'il parviendrait à vaincre Sin. Quant à Auron, il était l'un des meilleurs moine-guerriers, dégradé pour avoir refusé la main de la fille d'un prêtre alors qu'il était sur le point de passer commandant. Il fut

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d'ailleurs remplacé par Kinoc, qui était par la suite devenu Maître de Yevon.

Les trois hommes avaient découvert quelques semaines après leur rencontre le paisible petit village de Besaid, où Braska avait fait promettre à Auron d'amener sa petite fille une fois leur voyage achevé. Puis il y eut leur traversée par la mer, grâce au SS Liki qui n'avait pas changé depuis. Les doutes de Jecht sur la possibilité de retourner ou non chez lui. Leur arrivée, plus tard, à Luca, où Jecht avait convaincu Auron d'enregistrer un match de Blitzball. “ C'est pour mon gosse... il joue un peu au Blitz, il espère pouvoir me surpasser un jour. Une fois, je lui ai dit qu'il n'avait aucune chance, et que j'étais le meilleur... il ne m'a plus adressé la parole pendant un mois.

Je me demande comment il va... j'espère qu'il a bien grandi... qu'il a pris un peu de muscle... ”, avait-il expliqué se retournant afin de camoufler des larmes qui ne demandaient qu'à couler.

Tidus vit également un Jecht visiblement éméché allongé sur le rivage du Moonflow, fixant le ciel l'air désolé. Ce jour, Auron était particulièrement en colère, et il s'en prenait à Jecht pour avoir attaqué le Shoopuf. “ J'ai dit que j'étais désolé... et puis, c'est décidé. A partir de maintenant, je boirai plus que du lait de Shoopuf. Tout le monde compte sur nous pour battre Sin... et si je continue à tout faire foirer, et qu'on échoue par ma faute... ma femme et mon gosse me le pardonneront jamais ”, avait promis Jecht.

Il eut également l'occasion de rire lorsqu'il vit son père faisant le malin sur la Plaine Foudroyée être assommé par un éclair, annonçant à son réveil lorsqu'il vit l'enregistreur : “ une scène mythique pour la postérité... ”.

Il était très tard lorsqu'enfin la sphère s'arrêta. Jecht était remonté dans l'estime de Tidus. Il lui en voulait toujours autant, mais il savait désormais que son père n'avait jamais eu un mauvais fond. La célébrité l'avait rendu arrogant, mais il avait appris lors de ce voyage l'humilité et le respect. Pour finalement devenir Sin... ? Sur ces pensées devenant de plus en plus sombres, le jeune homme s'endormit enfin.

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- XI L'ambitiondu Maître

Le lac de Macalania était gelé tout le long de l'année, et même les jours les plus chauds n'en venaient pas à bout. Selon les légendes, le Priant du Temple était la cause de ce fantastique phénomène. Les pèlerins allaient devoir le traverser afin d'atteindre le fameux Temple de Macalania, dont Maître Seymour Guado était le Grand Prêtre. L'inquiétude des Gardiens était d'autant plus grande que Yuna ne souriait plus du tout. Un mariage n'était-il pas supposé rendre les gens heureux Avançant avec précaution sur la glace glissante, ils virent un Guado s'approcher. Il s'agissait de Tromell, le bras droit de Seymour qui les avait accueillis à Guadosalam. “ Mademoiselle Yuna, nous vous attendions ”, dit-il s'inclinant. “ Nous avons été surpris par la vitesse de votre prise de décision. Une agréable surprise, bien sûr. Le seigneur Seymour vous présente toutes ses excuses pour avoir quitté Guadosalam sans vous prévenir. ” “ Ça n'est rien ”, répondit poliment Yuna. “ J'ai une question, si je puis me permettre, monsieur. Je veux continuer ce voyage, même si je me marie. Pensezvous que Maître Seymour m'y autoriserait ? ” “ Mais bien sûr, Mademoiselle ! Je suis même convaincu que le seigneur Seymour n'en attend pas moins ! ” Puis, invoquant la tradition Guado, Tromell demanda aux Gardiens d'attendre ici un moment, tandis qu'il emmenait Yuna jusqu'au Temple de glace. Il enverrait quelqu'un les chercher rapidement. Visiblement inquiète à l'idée de quitter ses Gardiens, Yuna jeta un regard interrogatif en direction d'Auron. “ Vas-y, nous sommes derrière toi ”, rassura-t-il. Elle se mit alors en marche. Se tournant vers Tidus, Auron dit : “ Désolé. C'était à toi de dire ça. ” Surpris, celui-ci avança de quelques pas en courant, et appela Yuna. Celle-ci se retourna, et vit son ami siffler, les deux doigts dans la bouche. Se souvenant de leur accord, elle émit un léger rire et fit un signe de tête à Tidus. Il resta là quelques instants à rêvasser. Elle était vraiment belle... mais elle était partie se marier. La voix terrifiée de Rikku l'interrompit. “ Oh non ! ” cria-t-elle. “ Des Al Bheds ! ” lança Wakka. Il en arriva un groupe de cinq, sur des motosneige, encerclant Yuna et Tromell sur le lac de glace. Les Gardiens accoururent, leurs armes brandies en avant. Le serviteur de Seymour, terrifié, remercia les amis de Yuna et tenta de l'emmener par la route tandis que ceux-ci retenaient les Al Bheds.

Mais Yuna refusait de laisser ses Gardiens combattre seuls, elle repoussa donc la main du Guado. “ Rikku ! ” appela une voix qui portait l'accent Al Bhed. Tidus reconnut Frangin, le frère de Rikku. Ce grand gaillard qui l'avait frappé sur le bateau qui l'avait recueilli à son arrivée sur Spira. Il portait toujours une unique crête blonde sur son crâne rasé, ainsi que de nombreux tatouages. “ N'interfère pas, ou tu y auras droit toi aussi ! ” crut comprendre Tidus des mots Al Bheds qui suivirent. Une énorme machine arriva alors. Elle ressemblait fortement à un tank. “ Votre magie et vos Chimères ne http://dantesparda62novels.free.fr/

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fonctionneront pas ! ”, ajouta Frangin avant de disparaître.

Et effectivement, Lulu ne parvint pas malgré tous ses efforts à faire tomber la foudre sur la machine antique. Privés de leurs principales forces, les Gardiens se ruèrent à coups d'épée sur le blindage de l'engin, qui tentait tant bien que mal de mitrailler où il le pouvait. Les balles du tank Al Bhed n'étaient pas mortelles. Elles semblaient plutôt viser à assommer les cibles. Rikku, évitant maladroitement les coups, se faufila jusque la machine de son frère. Elle cherchait désespérément quelque chose, quand soudain, elle se jeta sur une sorte de boîtier. Tidus, qui s'était planté juste devant Yuna afin de la protéger des coups, vit la jeune Al Bhede pirater quelque circuit électrique, avant d'annoncer fièrement “ Le champ anti-magie n'est plus un problème ! Yunie, à toi de jouer ! ” Yuna fit alors tournoyer son bâton quelques instants, et un cercle magique apparut devant elle, flottant dans les airs. Bientôt, le cercle se brisa, et en surgit la puissante licorne électrique, Ixion. La Chimère acquise au Temple de Djosé planta sa corne dans l'épaisse carcasse de métal, et envoya une décharge électrique d'une puissance inouïe. En quelques instants, la machine s'arrêta de bouger, totalement court-circuitée, une épaisse fumée noire en émanant.

Frangin reparut au loin, interpelant sa petite sœur. “ Je vais le dire à notre père ! ”, menaça-t-il en Al Bhed. “ Je suis le Gardien de Yuna, vois-tu ? ” répondit Rikku dans sa langue natale. “ Yuna est en sécurité ! Nous allons la protéger ! Elle est en sécurité ! ” “ Et tu fais ça toute seule, petite sœur ? ” Frangin prit la fuite, et Rikku se tourna vers ses amis, leur expliquant ce qui venait d'être dit. Tromell partit alors, Yuna à son bras. “ Comment ça se fait que tu parles Al Bhed ? Pourquoi ? ” demanda Wakka les yeux ronds. “ Parce que... je suis Al Bhede... et lui, c'était mon frère... ” admit Rikku baissant la tête. “ Vous saviez ? ” demanda Wakka se tournant vers les autres. “ Pourquoi ne pas me l'avoir dit ? ” “ On savait que tu t'énerverais ”, répondit Lulu. “ C'est génial, vraiment ”, répondit Wakka. “ J'arrive pas à croire que j'ai voyagé avec une Al Bhede ! Une hérétique ! ” “ Tu as tort ! ” se défendit la jeune fille. “ Nous n'avons rien contre Yevon ! ” “ Mais vous autres Al Bhed utilisez les machines interdites ! Vous savez ce que ça veut dire ? Sin est né parce que les gens utilisaient des machines ! ” “ Tu en as la preuve ? ” demanda Rikku. “ C'est dans les Préceptes de Yevon ! Que tu ne connais évidemment pas ! ” “ Ça ne suffit pas ! Yevon dit ceci, Yevon dit cela. Tu n'es donc pas capable de penser par toi-même ? ” “ Alors dis-moi, d'où vient Sin, hein ? ” demanda Wakka les bras croisés et l'air hautain. “ Je... j'en sais rien ! ” admit Rikku. “ Tu insultes Yevon et c'est tout ce que tu trouves à dire ? ” “ Mais... ça ne veut pas dire que tu peux faire tout ce qu'ils disent sans y réfléchir !

Rien ne changera jamais, en faisant comme ça ! ”

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“ Rien n'a à changer ! ” rétorqua Wakka qui haussait le ton à chaque nouvelle phrase. “ Tu veux que Sin continue de revenir ? Il doit y avoir un moyen de l'arrêter ! ” “ Sin partira quand on se sera repentis pour nos erreurs passées ”, répéta Wakka pour la énième fois. “ Il faut garder la foie envers les Préceptes et il partira un jour ou l'autre ! ” Mais Auron les interrompit, appelant le nom de la jeune fille. “ Est-ce que ce truc peut bouger ? ”. Il désigna l'une des motos-neige abandonnées par les Al Bheds. Wakka protesta, hors de lui. “ Attendez, Sire Auron est pas Al Bhed lui aussi, hein ?! ” Tout le monde était agacé par le dogmatisme de Wakka. Tidus fit son possible pour le calmer, avançant l'argument de leur bonne entente avec Rikku avant qu'il ne découvre ses origines. Le Blitzeur de Zanarkand ne pouvait se vanter de beaucoup connaître Spira, et sans doute en savait-il moins encore au sujet des Al Bheds, mais il savait que Rikku était une bonne personne. Lulu était du même avis que Tidus, et elle refusa donc de soutenir Wakka. Seul contre tous, ce dernier décida de partir à pied par la route de glace, fou de rage.

Les Gardiens décidèrent de le laisser aller, car il lui fallait du temps pour réfléchir.

Rikku s'excusa, terriblement désolée d'avoir créé des tensions au sein du groupe.

Mais les autres la rassurèrent : elle n'avait rien fait de mal et n'avait aucune raison de s'excuser. Ils partirent ainsi après quelques minutes en direction du Temple, suivant la route de glace sur leurs motos-neige. Lulu était assise derrière Tidus, et ils prirent le temps de discuter un peu. Elle pensait de Rikku qu'elle n'était pas une mauvaise personne. Selon Tidus, si Wakka était si têtu, c'était peut-être à cause de Yevon même. Puis Lulu lui rappela que la haine de Wakka venait avant tout de la mort de son frère. “ Ah, oui, Chappu a utilisé une arme Al Bhede, c'est ça... ? et il a été tué par Sin... tué par mon père... sois maudit, Jecht... ” “ Quoi ?! ” fit Lulu se demandant si elle avait bien entendu. Tidus se rattrapa et mit fin à la conversation pour quelques secondes. Enfin, il demanda : “ Dis, Lulu, tu crois que quelqu'un, comme un humain, peut devenir Sin ? ” “ Je ne connais pas la réponse. Pourquoi ? ” “ Juste un truc que j'avais en tête ”, répondit précipitamment le jeune homme. “ Hm... Sin est la punition pour nos crimes, et il en est l'incarnation... Personne ne sait ce qu'il est. Le savoir ne changerait rien, alors personne ne se pose la question.

Fuir ou se battre, c'est vraiment tout ce qu'on peut faire. ” “ Et c'est tout ? Vous ne vous posez même pas la question ? ” “ Tu viens vraiment d'un monde où il n'y a pas de Sin, comme tu le dis... ”, comprit la sorcière émettant un léger rire.

Ils quittèrent les motos-neige après deux ou trois minutes de route, et découvrirent le magnifique Temple de Macalania. A côté, au-dessus, en-dessous : tout était de glace, et les rayons du soleil étaient partiellement filtrés par le plafond naturel parsemé de stalactites. Un pont – là encore de glace – les mènerait au Temple. Loin en contrebas se trouvait un autre lac gelé, plus gigantesque encore que le précédent. Sans doute le premier se déversait-il dans le second, en des temps anciens. Ils se dirigèrent donc vers le luxueux Temple, bientôt rejoints par Wakka,

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l'air calmé, mais néanmoins muet. Un prêtre qui se trouvait à la porte voulut empêcher Rikku d'entrer, mais Auron l'interrompit et lui expliqua qu'elle était l'un des Gardiens de Yuna, et ce, quelles qu'étaient ses origines. Le Temple grouillait de personnes en tout genre, venues voir Yuna et Seymour. Mais ceux-ci étaient absents : visiblement, le Maître de Yevon avait accompagné la jeune Invokeur dans la Salle de l'épreuve. Tout le monde discutait du mariage. Shelinda, la jeune disciple de Yevon, les accueillit, accompagnée de Tromell. Ils parlèrent de choses et d'autres, mais la conversation en revenait sans cesse à cette grande occasion qui se profilait.

Le mariage de Yuna et de Seymour allait redonner espoir au peuple. Rien ne devait entacher cet heureux événement.

Le temps leur semblait terriblement long, et l'inquiétude rongeait le cœur de Tidus. Un orchestre jouait une musique lente et entraînante, à la fois joyeuse et mélancolique, comme indécise. Chaque son qu'émettaient les talentueux musiciens résonnait plusieurs secondes dans la grande salle aux statues du Temple avant de s'évanouir doucement. Soudain, un hurlement retentit, et une jeune disciple quitta une petite salle en courant, tremblant de tous ses membres, avant de tomber à genoux en sanglotant : “ Le seigneur Jyscal, il... la sphère, dans les effets de Mademoiselle Yuna, c'est... ” Et elle tomba évanouie. Les Gardiens se ruèrent dans la salle et Auron trouva la petite sphère bleue. Cette même sphère que Yuna avait ramassée devant les portes de l'Au-Delà après y avoir renvoyé le père de Seymour, et qu'elle avait cachée tant bien que mal depuis. “ Voilà qui devrait éclaircir quelques points ”, dit Auron tendant la sphère Tidus.

Celui-ci l'activa, et Jyscal Guado apparut, livide et abattu. “ Ce que je suis sur le point de vous dire est la stricte vérité. Je le jure sur mon honneur de Guado. Écoutez-

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moi bien, car je vais vous révéler la vérité sur mon fils, Seymour. Son esprit est insondable, même pour moi, un Maître de Yevon. Mais je sens les flammes des ténèbres brûler dans son cœur. Il se sert de Yevon, des Guados, et mêmes des Invokeurs. Si personne ne l'arrête, il ne fait nul doute qu'il amènera la destruction et le chaos sur Spira. Je... vais bientôt quitter ce monde. Tué par mon propre fils. Mais je ne lui en veux pas. A cause de mon manque de sagesse, il a souffert, et s'est perverti.

Je n'ai pas su les protéger, lui et sa mère, de la cruauté de ce monde. Je vais accepter la mort, comme punition pour mes actes. Mais qui que vous soyez, vous qui regardez ceci... Je vous implore d'arrêter Seymour. Arrêtez mon fils... ” “ Magnifique ”, conclut calmement Auron. “ Est-ce que Yunie est en sécurité ? ” demanda anxieusement Rikku. “ Sans nous, non ” Auron se retira à grands pas en direction de la salle principale du Temple. Tous le suivirent, à l'exception de Wakka qui était comme figé, en conflit avec lui-même. “ Où est-ce que vous allez ?! ” “ Tu l'as vu comme nous, non ? Seymour est un sale type ! ”, répondit Tidus. “ Mais c'est un Maître ! ” “ Très bien ! ” rétorqua violemment le jeune homme, hors de lui. “ Reste là si tu veux ! ” “ Allez, Wakka. Allons au moins écouter ce qu'il a à nous dire ”, proposa Lulu.

Continuant de protester, il céda néanmoins et suivit le groupe en courant. Tidus et Kimahri qui avait bousculé plusieurs personnes en passant étaient en tête, plus rapides que les autres. Ils protègeraient Yuna contre n'importe qui, même contre un Maître, ce qui rendait fou Wakka qui riait nerveusement. Par chance, la salle de l'épreuve n'avait pas encore été réinitialisée : de fait ils n'eurent pas à effectuer le puzzle déjà résolu par Seymour.

Ils atteignirent le hall devant la Chambre du Priant en quelques minutes à peine .

Le Maître se trouvait là, l'air fier, accompagné de deux gardes Guados. “ Seymour ! ” hurla Tidus en rage. “ Je vous en prie, faites silence. Mademoiselle Yuna est avec le Priant. ” “ La ferme ! ” rétorqua le jeune Gardien sans réfléchir.

Le Maître visiblement amusé plongea son regard dans le sien et s'avança lentement. Il souriait. Un sourire malsain, affichant à la fois de sombres pensées et une personnalité sans scrupules. La porte de la Chambre du Priant s'ouvrit alors, et l'Invokeur apparut, titubant légèrement. “ Yuna ! ” appela Tidus. “ Mais... pourquoi ?! ” fit celle-ci embarrassée, sursautant lorsqu'elle vit tous ses amis réunis devant Seymour. “ On a vu la sphère de Jyscal ! ” “ Tu l'as tué ”, lança calmement Auron qui sondait Seymour. Yuna rejoignit ses Gardiens, encore tremblante de l'effort que lui avait coûté l'acquisition d'une nouvelle Chimère. “ Et alors ? ” répondit simplement le Maître Guado. “ Mademoiselle Yuna, vous étiez certainement au courant de ce détail, n'est-ce pas ? Alors, pourquoi être venue jusqu'ici ? ” Contournant lentement Seymour, elle rejoignit ses amis et Gardiens, cherchant les mots et la détermination au plus profond de son être.

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“ Je suis venue... Je suis venue vous arrêter ”, lança-t-elle sûre d'elle. “ Je vois ”, fit Seymour. “ Vous êtes venue me punir, donc. ” Il s'approcha, fixant Yuna dans les yeux, et tendit la main. La jeune Invokeur sembla hésiter l'espace d'un instant, puis elle recula encore vers ses Gardiens. “ Quel dommage... ”, lança calmement le Maître. Tous ses amis se placèrent devant Yuna afin de la protéger. “ Oh, bien sûr ”, dit Seymour amusé. “ « Protéger l'Invokeur au prix de sa propre vie ». Le Code des Gardiens. Comme c'est admirable. Eh bien, si vous offrez vos vies, je vais devoir les prendre. ” “ Maître Seymour ”, coupa Yuna, “ je confie ma vie à mes Gardiens, mais ils sont également mes amis. Je ne resterai pas en retrait. Je vous combattrai, moi aussi ! ” “ Bien dit ! ” lança Tidus une boule au ventre. “ Maître Seymour ! ” essaya Wakka désespéré à l'idée de combattre une des plus hautes figures de sa religion. “ Ainsi soit-il ”, répondit le leader Guado, défiant du regard les sept individus qui s'opposaient à lui.

Auron se jeta sur l'un des deux gardes Guados et le transperça de son épée avant qu'il ait le temps de jeter un sort. Kimahri fit de même avec le second. Soudain un gigantesque mur de glace vint séparer la salle en deux, coinçant Lulu, Wakka, et Rikku en dehors du combat. Rassemblant tout son courage, Tidus attrapa son épée, Fraternité, et se mit à courir vers Seymour. Mais il se sentit soudain perdre le contrôle de son propre corps, et une puissante décharge électrique le fit voler au travers de la pièce. Yuna essaya de créer un mur magique qui les protègerait des attaques terriblement puissantes du Maître, mais rien n'y faisait : le charme était brisé à chaque tentative. L'énorme mur de glace fondit brutalement grâce à un sortilège de feu de Lulu, et l'eau qui se répandait dans la salle circulaire, l'inondant rapidement, se souleva bientôt et fonça en direction de Seymour, tel un gigantesque raz-de-marée. Celui-ci recula d'un pas, mais il semblait plus amusé qu'autre chose. “ Ressentez ma douleur... Viens à moi, Anima ! ».

Un grappin de la taille d'un Chocobo, suspendu au bout d'une interminable chaîne de métal, tomba du plafond et traversa le sol. La chaîne se mit alors à remonter lentement, et le grappin reparut bientôt, faisant sortir la sombre Chimère des abysses en la tenant par le cou. Anima hurla devant le groupe d'amis, et Tidus qui venait de se relever avec peine se sentit soudain totalement sans défense. Il savait combien la Chimère de Seymour était efficace pour l'avoir vue tuer des dizaines de monstres en quelques instants au stade. Désespéré, il cria : “ Yuna ! Ta nouvelle Chimère ! ” Sans réfléchir, Yuna fit tournoyer son bâton en se concentrant. Bientôt, trois blocs de glace vinrent se planter devant elle, très serrés les uns aux autres. Quelque chose bougeait à l'intérieur. La glace explosa violemment en mille morceaux, et apparut Shiva, la Chimère de glace, qui avait la forme d'une magnifique femme à la peau bleue.

Anima concentrait son énergie, et elle frapperait bientôt, détruisant par la simple pensée ses ennemis. Shiva tendit les mains et entoura la Chimère des ténèbres de glace. Ifrit, Valefore, et Ixion, les trois autres Chimères de Yuna, apparurent de nulle part et se mirent elles aussi à attaquer Anima, la brûlant, l'électrocutant, et la griffant à un rythme insoutenable. Bientôt une aveuglante lumière les éblouit tous, et Anima explosa en une horde de furolucioles. “ Ce pouvoir qui a vaincu Anima... il sera mien ! ” lança Seymour les yeux brillant

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d'avidité. Il se dirigea vers Yuna en marchant calmement, expulsant au loin ses Gardiens à mesure qu'ils se mettaient au travers de sa route. Lorsque tous furent hors d'état de nuire, il tendit une main menaçante vers la gorge de l'Invokeur.

Soudain, Seymour vit du sang jaillir devant lui. Son sang. Il baissa les yeux. Une lame bleue avait transpercé son corps. Du dos au ventre. Tidus à bout de souffle arracha l'épée et tomba en arrière, au bord de l'évanouissement. Le Maître tomba à genoux, son sang coulant à flot sur le sol. La jeune Invokeur accourut. “ Yuna... auriez-vous pitié de moi, maintenant ? ” dit-il d'une voix faible.

Et de tomber en arrière, expirant une dernière fois au moment où ses paupières se fermaient. Yuna s'agenouilla près de lui, des larmes coulant sur ses joues. Ils avaient fait ce qu'il fallait... et sans doute cela leur coûterait-il cher. Tromell et deux autres Guados pénétrèrent dans la salle, paniqués. Le serviteur du leader Guado, tremblant, hurla de terreur lorsqu'il découvrit le corps sans vie de Seymour qui baignait dans son propre sang. Il demanda des explications aux pèlerins d'un air menaçant. “ Qu... qu'est-ce qu'on a fait... ” bredouilla Wakka se laissant tomber sur les genoux. “ Hé, une minute, c'est pas du tout notre faute ! ” lança Tidus. “ C'est Seymour qui a commencé, c'est lui le sale type. ” “ Ce... c'est vous qui avez fait ça ?! ” demanda Tromell les yeux ronds, qui venait de découvrir avec horreur que Seymour n'avait plus de pouls. “ Yuna, envoie-le ”, demanda calmement Auron. La jeune femme commença à danser afin d'envoyer l'âme du Maître vers l'Au-Delà, mais une énorme main l'attrapa et la jeta au sol. “ Non, arrêtez ! ” lança Tromell. “ Ne vous approchez pas de lui, traîtres ! ” Les deux Guados qui l'accompagnaient attrapèrent Seymour chacun par un bras et l'emmenèrent en dehors de la pièce, suivis de près par le fidèle serviteur. Le dernier mot de Tromell semblait résonner dans la grande salle circulaire. Yuna tomba à genoux, s'apercevant de la gravité de leur situation. “ Traîtres ? ” “ On est foutus... ” se lamenta Wakka.

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“ C'est Seymour le méchant, non ? ” reprit Tidus sûr de lui. “ Il suffit d'expliquer à tout le monde ce qui est arrivé ! ” “ Ce ne sera pas si simple... ” répondit Auron plus pessimiste. “ Sortons d'ici... ” La tête baissée, anxieux, ils se mirent en route sans échanger un mot vers la sortie de la Salle de l'Épreuve. Qu'allait-il leur arriver ? Toutes ces questions rongeaient Yuna et Wakka plus que tous les autres qui estimaient avoir agi dignement. Lorsqu'ils reparurent dans la grande salle aux statues au sommet des marches, les gens étaient silencieux. Les musiciens ne jouaient plus. On n'entendait plus que le souffle du vent glacial qui caressait les parois du Temple de Macalania. Ils descendirent lentement les marches, affrontant l'insoutenable regard des habitants de Spira, jusqu'à se voir barrer la route par Tromell et un certain nombre de Guados. “ Je vous en prie... ” demanda Yuna. “ Donnez-nous une chance de nous expliquer ”, proposa Auron. “ Inutile ”, répondit Tromell. “ Je sais déjà ce que je dirai aux autres Maîtres. ” “ Ce qui signifie ? ” “ Le seigneur Seymour était le leader des Guados avant de devenir Maître. ” Comprenant, Tidus eut une poussée d'adrénaline. Tous ressentirent ce nœud dans l'estomac se resserrer, les étouffant presque, les poussant à quitter les lieux aussi loin que leurs jambes tremblantes le leur permettraient, et à se cacher, se cacher n'importe où, loin de ces accusations qui pesaient sur eux, loin du danger que représenterait bientôt chaque être humain sur Spira envers les hérétiques qu'ils étaient. “ Vous n'allez pas nous laisser partir ”, dit le jeune homme. “ Vous laisser partir ? ” répéta Tromell d'un air malsain. “ Le seigneur Seymour ne nous le pardonnerait jamais. ” “ Attendez, attendez ! ” lança Rikku sentant la pression monter à chaque instant. “ La sphère de Jyscal ! On peut la leur montrer ! ” Mais Tromell leva son interminable bras, tenant dans la paume de sa main la petite sphère bleue. Il serra le poing, et elle éclata en morceaux. “ Les Guados s'occupent des problèmes des Guados ”, annonça-t-il formellement.

Kimahri se mit en position de combat, brandissant sa longue lance. “ Hors de mon chemin ! ” menaça-t-il de sa grosse voix. “ Courrez ! ” lança Auron se jetant en avant et bousculant Tromell ainsi que d'autres Guados. Ils défoncèrent la porte du Temple, filant à toutes jambes sur la route de glace. Des Guados, des prêtres, et même des civils les poursuivaient, gagnant rapidement du terrain. Par chance, les motos-neige étaient toujours là. Ils les enjambèrent et foncèrent aussi vite que possible, n'osant pas regarder derrière eux.

Une embuscade tendue par les Guados les força à quitter leurs véhicules arrivés sur le grand lac de glace. Les Guados firent alors apparaître des monstres de nulle part, et ceux-ci leur obéissaient au doigt et à l'œil. Choqué, Tidus comprit comment les monstres avaient pu entrer dans le stade lors de la finale du tournoi de Blitzball. Il comprit comment Seymour avait ordonné aux Guados de les faire apparaître afin de démontrer son immense pouvoir au peuple. Créer un problème pour ensuite le résoudre. Quoi de mieux pour attiser la confiance d'un peuple effrayé et malléable ?

L'un des monstres, une sorte de gros ogre poilu avec deux bras de la taille de

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massues, semblait fou de rage. Il se mit à sauter sur place, écrasant lourdement l'épaisse couche de glace. Si bien que peu à peu, le sol se fendit, et les pèlerins eurent à peine le temps de comprendre qu'ils tombaient, loin, très loin en contrebas, sous le lac de Macalania.

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XII - La vérité-

Tidus avait perdu conscience quelques secondes plus tôt. Ou peut-être quelques heures. Toujours est-il qu'un chant au loin parvint jusque ses oreilles, le ramenant progressivement de ses rêves à la dure réalité dans laquelle il vivait désormais. Il ouvrit lentement les yeux. Tout lui revint en l'espace d'un instant. Ils avaient tué Seymour. Un homme. Pas un monstre, mais un être capable de réflexion et sans doute de sentiments. Était-ce bien juste ? Avaient-il eu raison ? Cet acte le rongeait jusqu'au plus profond de lui-même depuis l'instant même où le sang rouge du Maître s'était mêlé au bleu pur de sa lame. Et désormais, Yuna était en danger, plus que jamais. Elle et tous ses amis. Il n'avait pas encore ouvert les yeux, ses paupières encore trop lourdes pour daigner se soulever. L'endroit était humide. Humide et froid. Il était allongé dans ce qui devait être une flaque d'eau, glaciale. Mais il était vivant. Il ouvrit enfin les yeux. “ Loué soit Yevon ”, c'est du moins ce qu'il aurait dit, s'il avait été praticien de la religion de Spira. Ils étaient tous là, en un seul morceau.

Même s'il avait une migraine terrible à force de se demander ce qui les attendaient ensuite. Ils se trouvaient au fond de l'ancien lac asséché, au milieu de ruines antiques. Des morceaux de bâtiments oubliés depuis des siècles. Peut-être plus. De l'eau jusqu'aux chevilles, ils découvrirent des furolucioles planant çà et là, paisibles et apaisantes. Le chant qui résonnait dans l'immense sous-terrain émanait du Temple de Macalania, à un kilomètre de là. Ils voyaient la base du bâtiment depuis leur position. Tous étaient debout, sauf Yuna, qui ne semblait pas prête à se réveiller. Kimahri veillait sur elle. “ Et maintenant... ? ” murmura sombrement Auron en retrait dans un coin. “ « Et maintenant » ? ” répéta Tidus. “ Hé, on compte tous sur toi. Tu pourrais être un peu plus responsable... ” “ C'est un sermon ? ” “ Non ! Juste une suggestion ! ” “ Tu peux faire confiance à tes amis. Mais ne t'attends pas à avoir toujours quelqu'un pour te protéger. Tu ferais bien de ne pas l'oublier. ” “ C'est un sermon ? ” demanda à son tour Tidus, gêné. “ C'est un conseil ”, répondit calmement Auron.

Chacun demeurait plus ou moins silencieux, écoutant l'Hymne du Priant qui émanait du Temple. Wakka fixait le sombre néant droit devant lui, le regard vide. Ils avaient fait ce qu'il fallait... mais ça n'avait aucune importance. Il avait toujours suivi la voie de Yevon... et désormais, il n'était plus qu'un traitre. Il ne comprenait pas comment c'était arrivé. Pourtant, ils étaient là, vingt mètres sous la route de glace, peut-être perdus à jamais. Les autres ne comprenaient pas ce qu'il ressentait.

Rikku essayait de remonter le moral de tout le monde, sans succès. Elle semblait fascinée par le calme déroutant de Lulu. Elle confessa à Tidus qu'elle espérait apprendre à devenir comme elle, qu'il ne lui faudrait que quelques années.

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“ Hé, Kimahri, comment on va se sortir de là ? ” demanda Tidus. “ Dis donc ! ” coupa Rikku s'imposant. “ Change pas de sujet ! ” “ On escalade ”, répondit le Ronso. “ Seuls ceux qui essaient vont devenir ”, ajouta-t-il à l'attention de la jeune Al Bhede. “ Je crois qu'il veut dire que tu dois travailler dur si tu veux être comme Lulu ”, expliqua Tidus devant l'air interrogatif de Rikku. “ Kimahri pense que Rikku doit rester Rikku ”, reprit la grosse voix derrière eux. “ Hé, tu veux dire que je ne serai jamais comme Lulu ? ” demanda Rikku d'une voix capricieuse.

Tidus éclata de rire, ce qui lui permit d'évacuer un peu de cette pression qu'il ressentait, de cette boule qui se tortillait dans son estomac. Mais un instant plus tard, la voix de Wakka retentit, hurlant qu'il ne comprenait pas comment on pouvait rire dans un moment pareil. C'est alors que Yuna se mit à bouger légèrement, sortant peu à peu de ses sombres rêves. Quelques minutes passèrent, et bientôt, l'Invokeur s'excusa auprès de tout le monde, les larmes aux yeux. Elle leur raconta qu'elle avait voulu obtenir des explications de la bouche de Seymour à propos de son père, Jyscal. Elle avait espéré pouvoir le convaincre de s'en remettre au jugement de Yevon. Et ce, en échange du mariage, si c'était le prix à payer. Mais Seymour ne lui avait rien dit. Rien du tout. “ A présent... je crois que ça n'en valait pas la peine... J'aurais dû vous dire ce que j'allais faire... ” “ Ça suffit ”, coupa sèchement Auron. “ S'apitoyer sur le passé est futile. Nous n'avons pas de temps à perdre à écouter de vains regrets. ” Rikku protesta, lui faisait remarquer qu'il n'avait pas à le dire de cette manière. Mais Auron l'ignora et reprit, disant que leur problème dans l'immédiat était le pèlerinage de Yuna. Envisageaitelle de continuer ? Évidemment, oui. Mais, et comme s'en inquiétait l'Invokeur, Yevon ne le permettrait pas. “ Les Priants sont ceux qui confèrent leur pouvoir aux Invokeurs ”, dit Auron. “ Pas l'église, ni même les Préceptes. Si l'église essaie de nous arrêter... alors nous combattrons Yevon s'il le faut. ” Personne n'en crut ses oreilles.

Le légendaire Gardien, bras droit du Grand Invokeur Braska, défiant le clergé de se mettre au travers de sa route. “ Oubliez ”, répondit Wakka. “ C'est sans moi. On doit se repentir pour nos pêchés. Bien sûr, c'est pas comme si j'avais jamais aimé Maître Seymour... mais c'est pas une raison. Tout notre groupe, se liguer contre Yevon ? Pas question. ” “ Il faut qu'on aille à Bevelle ”, décida Yuna. “ Nous devons parler à Maître Mika, et lui expliquer ce qui est arrivé. Je pense que c'est le seul moyen. ” La plupart des Gardiens, dont Lulu et Wakka, acquiescèrent. “ Alors, c'est décidé ”, annonça Auron. “ Viendrez-vous avec nous ? ” lui demanda timidement Yuna. “ C'est moi le trouble-paix, après tout ”, répondit le Gardien. “ Ouais, c'est vrai ça ! ” confirma Tidus amusé. “ On peut toujours compter sur Auron pour compliquer les choses ! ” “ Ouais ! ” renchérit Rikku. “ Kimahri a grogné, et Auron est parti en courant et en bousculant tout le monde ! et... ” “ Je ne t'ai jamais demandé de me suivre ”, coupa le légendaire Gardien. “ Hé, c'est pour ça que sont faits les amis, non ? ” répondit Tidus. Des amis.

Lorsqu'il eut évoqué ce mot, les yeux de Rikku s'illuminèrent. Elle était leur amie. Al

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Bhede ou non, enfin, pour la première fois de sa vie, elle s'était faite des amis en dehors du cercle restreint des Al Bheds. Le conflit réglé, Yuna s'approcha du fils de Jecht et plongea ses magnifiques yeux dans les siens. “ Merci ”, dit-elle. Mais Tidus ne l'entendit pas. Son cerveau était fixé sur une seule et unique pensée : cette sublime jeune femme était plus qu'une amie à ses yeux.

Le chant semblait gagner en intensité. C'était le Priant qui chantait, et Yuna expliqua à Tidus qu'il s'agissait d'un don de Yevon, qui apaisait le cœur des croyants.

Lui n'était pas croyant. Il n'en était pas moins apaisé. Les minutes défilaient et les fuyards exténués n'avaient toujours pas bougé du petit tas de ruine au sein duquel ils se trouvaient. Wakka fit part d'un étrange sentiment qui l'envahissait peu à peu, que la plupart des Gardiens semblaient partager. Quelque chose de toxique, de dangereux, une aura malveillante, se trouvait là quelque part. Lulu avait même l'impression de sentir le sol trembler sous ses pieds. Mais ils se concentraient sur l'Hymne, essayant de se convaincre que ça n'était rien d'important.

Auron aborda alors Tidus, lui expliquant que Jecht chantait toujours cette chanson. Soudain, il se souvint. Ce n'était donc pas une simple impression. Toujours, depuis sa plus tendre enfance, il avait connu ce chant magnifique qui résonnait depuis la Chambre du Priant dans tous les Temples de Spira. Son père l'avait sans cesse en tête, et le fredonnait très régulièrement. Puis après la disparition de Jecht, Tidus lui-même l'avait chanté de temps à autres, seul, assis au bord du quai, scrutant l'océan. Auron le savait : il n'avait jamais été bien loin du jeune homme, ces dix dernières années. Et il l'écoutait alors chanter parce que cela lui rappelait Spira. “ Dis-moi, comment est-ce que tu as pu atteindre Zanarkand, en fait ? ” demanda Tidus qui n'avait toujours pas eu de réponse satisfaisante à cette question. “ Grâce à Sin ? ” Aucune réponse, mais le jeune homme put lire dans les yeux du sage qu'il avait vu juste. Cela confirmait sa théorie. Sin était le lien entre Zanarkand et Spira. Ce qui signifiait que s'ils tuaient Sin, jamais il ne pourrait rentrer chez lui.

Le temps passait à une vitesse folle, et l'Hymne du Priant commençait à s'évanouir. Ils n'entendirent bientôt plus que l'inquiétant souffle du vent loin audessus de leur tête, et quelque bourdonnement très sourds dont ils peinaient à localiser la provenance. Soudain le sol sembla se dérober sous les pieds de Tidus, qui se jeta vers Yuna afin de la protéger. Qu'arrivait-il ? Tout tremblait, le sol, les ruines, quelque chose d'énorme se mettait en mouvement. Levant la tête et regardant au loin, Yuna sursauta. “ Sin ?! ” Le monstre était là, flottant derrière le mur de glace qui empêchait les eaux marines de se répandre dans le bassin de l'ancien lac. Il ne semblait pas en colère. Aucune agressivité ne se lisait dans ses mouvements. Il semblait au contraire plus ou moins calme. Mais la maladresse de la massive bête causa la rupture gigantesque mur naturel. En l'espace d'un instant, tous les pèlerins se sentirent malades, leur esprit se troublant, incapables de réfléchir à quoi que ce soit. Les toxines de Sin se répandirent dans l'ancien lac, dans lequel se déversait puissamment l'eau de la mer. Bientôt, Tidus perdit connaissance.

A son réveil, Tidus comprit. Il le savait, désormais. Sin était son père. Pour la première fois, il y croyait réellement. Le terrible monstre, aussi meurtrier pouvait-il être, était resté là près d'eux à écouter la chanson du Priant, passivement, sans

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doute pendant des heures. Il savait que durant ce contact avec Sin et ses toxines, quelques heures plus tôt déjà, si ce n'était plus, il avait ressenti des choses. Jecht lui avait montré ce qu'il éprouvait. Ainsi, il avait vu Zanarkand. Sa Zanarkand. Sous tous les angles imaginables. Comprenant ainsi que son père avait lui aussi le mal du pays.

Puis il avait vu trois balles de Blitzball alignées dans une cour où s'entraînait Jecht autrefois. “ C'est plus pour toi, tout ça... Tu es Sin, maintenant... ”, avait-il pensé.

Enfin, il s'était vu lui-même, âgé d'à peine sept ans, maigrichon, l'air triste, et il essaya de dire à son père : “ Hé, je suis plus vieux, maintenant, tu sais ? ” La dernière image qu'il avait gardée en tête de ce contact avec le mal de Spira, était celle de son père, se tenant là, l'air abattu. “ Je sais. Tu veux que cette folie prenne fin. Je trouverai un moyen. Je te le promets ” Il flottait à la surface de l'eau, ressassant ces pensées qui l'obnubilaient, lorsqu'il ouvrit enfin les yeux. Mais bon sang, où était-il ? Le ciel était bleu, et le soleil l'assommait. Rien à voir avec la froid agressif de Macalania. Il flottait au bord d'une plage. Non. Il était dans un petit oasis. Au beau milieu d'un vaste désert. Quel désert ? Aucun de ses amis n'était en vue. Ni Wakka ni Lulu, ni qui que ce soit ne lui avait jamais mentionné l'existence d'un tel endroit sur Spira. “ Je te pardonne, pour cette fois... sois sage un petit moment, ok ? ” dit-il dans sa tête comme s'il se sentait encore lié à Sin. Se demandant s'il devait attendre ici et profiter de cette eau ou avancer, il commença par boire quelques gorgées. Il décida alors de grimper sur une dune afin de prendre de la hauteur. Et ce qu'il vit ne le surprit pas : une étendue de sable fin à perte de vue. Il était totalement perdu.

Auron avait eu raison de le prévenir. Aussi forte qu'était sa confiance envers ses amis, cette fois, il n'avait personne pour le protéger. Il était seul face à une route totalement inconnue. Il s'aventura donc au hasard parmi les dunes, longeant la côte de ce qui semblait en réalité être une grande île. L'Île de Bikanel comme on l'appelait était très peu connue des voyageurs. Et pour cause, rien d'intéressant ne s'y trouvait.

Ni Temple, ni village, ni ville. Et pas question de partir en vacances dans le dangereux désert du Sanubia. Pourtant, après quelques minutes de marche, Tidus surpris croisa la route d'une tente, ancrée solidement dans le sol, vide. Puis il en trouva une autre quelques centaines de mètres plus loin. Et encore une autre. La plupart contenaient des outils étranges, ou de vieilles machines rouillées.

De drôles de monstres rôdaient, et l'un deux, fondit sur Tidus avant même qu'il ne comprit ce qui arrivait. L'énorme oiseau noir, donc les ailes déployées faisaient chacune trois mètres de long, se mit à essayer de l'attraper dans son bec. Fouettant l'air à l'air de son épée, il vit soudain la foudre tomber devant lui, tuant instantanément le monstre qui disparut, ne laissant derrière lui qu'une pluie de furolucioles. Lulu et Auron apparurent derrière lui. Soulagé, il leur demanda s'ils savaient où étaient les autres. Mais ils n'avaient vu personne, eux non plus. Les Gardiens étaient censés ne pas bouger en cas de séparation, comme l'indiqua Lulu. “ Attends là si tu veux... lui n'attend pas. ”, dit Tidus désignant Auron qui s'éloignait déjà. Après quelques heures, ils croisèrent Wakka, assis seul au pied d'une tente. Il fut très en colère quand il découvrit que Yuna n'était pas avec eux non plus.

Cette journée commençait à peine, et il avait à la fois perdu son Invokeur et été attaqué par de petites machines Al Bhedes. Puis ils aperçurent Kimahri, qui essayait désespérément de grimper sur une immense dune, glissant à chaque tentative. Ce puissant soleil n'était pas du tout adapté au mode de vie des Ronsos, qui vivaient

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dans les montagnes, en plein blizzard. Kimahri s'en voulait : Yuna avait disparu. Il avait échoué. Son flair pourtant très développé percevait chacun de ses amis, mais l'Invokeur n'était pas là. Il en était sûr.

Tous les Gardiens avaient eu le bon sens de rester près de la côte. Ils trouvèrent ainsi logiquement Rikku plus loin. Elle semblait enchantée de se trouver sur cette île désertique. Ils lui expliquèrent que Yuna manquait à l'appel, et la jeune Al Bhede sembla hésiter quelques instants. “ Je voudrais vous dire quelque chose... mais vous devez me promettre de ne rien répéter... ” dit-elle regardant Wakka plus que les autres. “ Je sais où nous sommes.

Sur l'île de Bikanel, totalement à l'ouest sur les cartes de Spira. Il y a un endroit dans les parages que nous appelons notre Refuge, nous autres Al Bheds. Yunie doit être là-bas ! J'en suis sûre ! Les autres Al Bheds ont dû lui porter secours ! ” “ Tu veux dire qu'ils l'ont kidnappée, plus clairement ? ” demanda Wakka méfiant. “ Quelle importance, tant qu'elle va bien ! ” fit remarquer Tidus. “ Exactement ! renchérit Rikku. Je vais vous y emmener, si vous me promettez... que vous n'en parlerez à personne. Et surtout pas aux Yévonnites, ok ? Vous savez qu'ils n'apprécient pas les Al Bheds... qui sait ce qu'ils feraient s'ils savaient ? ” “ C'est pas vrai ”, coupa Wakka. “ De quoi est-ce que tu accuses Yevon, cette fois ? ” “ Yevon nous a vraiment été horrible avec nous par le passé... ” répondit Rikku. “ Eh bien c'est que les Al Bheds devaient le mériter ! ” rétorqua le Blitzeur de Besaid aveuglé par la colère. Tidus intervint afin de faire cesser cette querelle et parvint tant bien que mal à convaincre son ami de promettre qu'il ne parlerait à personne de cette île. En réalité, le lien qui unissait le jeune homme de Zanarkand à l'ancien capitaine des Besaid Aurochs s'effritait depuis que les origines de Rikku avaient été dévoilées. L'acharnement de Wakka était insupportable, et Tidus – comme tous les autres Gardiens – s'éloignaient de lui inconsciemment, le laissant seul et isolé à pester contre ces hérétiques d'Al Bheds.

Ils se mirent à suivre Rikku, la jeune fille gambadant joyeusement au milieu des dunes, des tentes, des rares ruines, et des quelques roches, heureuse à l'idée de rentrer chez elle. Son père, Cid, était depuis bien longtemps le leader spirituel des Al Bheds. Sans doute serait-il en colère lorsqu'il découvrirait qu'elle était devenue Gardien. Mais elle arriverait à le persuader. S'enfonçant toujours plus profondément dans cet aride désert, le groupe d'amis aperçut bientôt une gigantesque structure à quelques kilomètres. Une énorme tour, entourée de huit autres plus petites, se trouvait là. Elles mesuraient plus ou moins la taille des immeubles de Zanarkand, comme le remarqua Tidus. Mais quelque chose n'allait pas. De la fumée en émanait par endroits. Le Refuge brulait. Rikku, son teint devenant terriblement pâle, hurla de surprise lorsqu'elle comprit ce qui arrivait. Choqués, ils se mirent à courir à toutes jambes vers le grand bâtiment.

Après quelques minutes, ils arrivèrent au pied de la plus grande tour. Les Al Bheds, munis de leurs lunettes de plongées, et de leurs étranges combinaisons, couraient dans tous les sens. L'endroit grouillait de monstres puissants, sur lesquels ils tiraient à l'aide de fusils antiques évidemment interdits par Yevon. L'un d'entre eux vola d'un bout à l'autre de leur champ de vision, retombant brutalement au pied d'un mur. “ Keyakku ! ” appela Rikku les yeux ronds reconnaissant visiblement l'un de ses

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amis. Se précipitant vers lui, elle comprit qu'il n'avait plus que quelques instants à vivre. “ Qui ?! Qui nous attaque ?! ” lui demanda-t-elle en Al Bhed. “ Yevon... Guados... ” murmura l'autre dans un dernier effort. Des larmes se mirent à glisser sur les joues de Rikku, agenouillée devant le corps sans vie de son ami. Tidus le reconnaissait : il était de ceux qui l'avaient trouvé à son arrivée sur Spira. “ Une guerre entre Yevon et les Al Bhed ? ”, se demanda Lulu troublée à haute voix. “ Pas du tout ”, répondit une voix derrière eux en Al Bhed (seuls Tidus et Rikku comprirent ce qu'il disait, évidemment). “ Les Guados sont venus pour l'Invokeur. ” “ Père... ” salua Rikku.

Le grand homme, son crâne rasé, son visage partiellement ridé affichant des traits sévères, s'approcha. Il s'accroupit devant le corps de Keyakku, et l'embrassa sur le front l'air affligé. Puis il se releva d'un bond. “ Vous êtes les amis de Rikku ? Ne restez pas là ! Allez ! On va virer ces Guados de notre Refuge ! ” Cid, le leader des Al Bheds, se mit à courir vers une grande porte au pied de la tour centrale, suivi par les Gardiens de Yuna. Il y avait partout de gigantesques machines qui servaient à bien des choses, mais la plupart étaient déjà en feu. La fumée et la chaleur rendaient l'atmosphère irrespirable. Ils s'aventurèrent plus avant, tombant nez-à-nez avec un Guado. Celui-ci fit apparaître des monstres afin de le soutenir, et les attaqua. Il tomba quelques secondes plus tard, assommé par Wakka lui-même. Celui-ci venait de remettre en question tout ces principes qui peut-être finalement n'étaient pas les bons. Qu'est-ce que ces fous de Guados avaient en tête ? Des centaines de personnes devaient vivre ici, incluant des femmes et des enfants. La violence de l'attaque avait permis à Wakka de réaliser combien il était immoral de ne pas être dans le camp des Al Bheds. Envoyer des monstres pour exterminer ces gens... juste parce qu'ils pensaient différemment ?

Cid dit quelques mots à Rikku, et disparut par une porte. Le visage de la jeune fille devint livide. “ Oh non... il faut qu'on se dépêche ! ” lança-t-elle. Ils couraient dans les couloirs du Refuge dont le plafond s'effondrait, enjambant les corps des Al Bheds et des Guados. Rikku leur expliqua que Yuna se trouvait dans le Sanctuaire des Invokeurs, au sous-sol. Soudain un autre morceau de plafond tomba non loin d'eux. “ Cet endroit est foutu... ” constata Wakka les yeux ronds. “ Tu as raison... ”, fit Rikku. “ Tu as raison, Wakka. Nous autres Al Bheds avons toujours vécu comme ça... Sin a détruit l'île sur laquelle nous vivions, suite à quoi nous avons été séparés, dispersés dans tout Spira... Puis mon père nous a rassemblés à nouveau afin de construire cet endroit. Nous avons travaillé dur, mais nous avions enfin une nouvelle maison... jusqu'à maintenant... ” Wakka pesta plus que jamais contre les Guados, dégoûté par leurs actes. Puis ils empruntèrent un escalier, continuant de suivre la jeune Al Bhede. “ Rikku, qu'est-ce que c'est, ce Sanctuaire des Invokeurs ? ” demanda Lulu. “ Le Sanctuaire des Invokeurs... est l'endroit où nous gardons les Invokeurs. Afin de les maintenir en sécurité. ” “ Vous les avez kidnappés ”, rappela Wakka sans agressivité. “ Je sais que c'est contre les Préceptes et tout ça... ” s'excusa la jeune fille.

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“ Je comprends pourquoi vous avez fait ça, coupa Wakka. Mais... ” “ Eh bien moi, je ne comprends pas ”, coupa Tidus perplexe qui avait la nette impression qu'on lui cachait quelque chose d'important. “ Ils pourraient se faire blesser durant leur pèlerinage, alors vous les kidnappez ? Je veux dire, si les Invokeurs ne font pas leur boulot, alors qui va vaincre Sin ? Vous voulez les protéger, je le comprends, mais les Gardiens sont là pour ça. Si les Gardiens font bien leur boulot, les Invokeurs n'ont rien à craindre ! ” Son cœur accélérait, cognant puissamment dans sa poitrine à mesure qu'il croyait comprendre. Son cerveau brûlait tant il réfléchissait et tant il avait peur. Personne ne répondait. Tous les Gardiens avaient la tête baissées. “ Pas vrai ?! ” Aucune réaction. “ N'est-ce pas ?! ” insista-t-il. Mais personne ne semblait vouloir – ou pouvoir – lui répondre.

Les explosions autour d'eux se faisaient moins nombreuses, et Tidus n'entendait plus que le son de son propre cœur, qui résonnait dans tout son corps à chaque pulsation. Kimahri s'avança vers l'escalier, et annonça qu'il passait devant. Puis chacun des Gardiens, silencieux, passa à son tour devant Tidus, sans lui jeter un regard. Sans daigner lui adresser le moindre signe. Wakka, Lulu, Auron, et même Rikku, empruntèrent l'escalier d'un air grave, solennel. Tidus refusait de le comprendre. Il ne cessait de se demander pourquoi ses amis adoptaient cet étrange comportement. Il les vit disparaître derrière une porte métallique coulissante au bas de l'escalier, et inspirant profondément, il les suivit. Il avait l'impression qu'une fois cette porte franchie, tout allait changer. Un changement qu'il redoutait. Il se sentait proche de l'implosion, descendant l'escalier lentement comme pour profiter de chacune des marches, fixant la porte. Cette grande porte métallique. Se demandant ce qui allait arriver. Il n'entendait plus les signaux d'alarme. Il ne voyait plus le feu danser sur le côté. Il n'y avait plus que lui, cette porte, et des questions. “ Yunie, je t'en prie, sois là ! ” lança la voix de Rikku alors que la porte se refermait automatiquement derrière elle.

Il y était. La porte coulissa vers le haut. Un gigantesque hangar se trouvait derrière. Au-dessus de leur tête tournaient d'immenses turbines rouillées. “ Yuna ! ” appela désespérément Kimahri de sa grosse voix. “ Elle n'est pas là ”, coupa tristement la voix de Dona. Elle s'avança, accompagnée de Isaaru. Les deux Invokeurs les saluèrent et s'inclinèrent respectueusement. Sur le sol jonchaient les corps inanimés d'une demi-douzaine de Al Bheds. “ Ils on donné leurs vies pour nous sauver ”, expliqua tristement Isaaru. “ Ça n'est pas grand chose, mais le moins que l'on puisse faire est de les envoyer dignement vers l'Au-Delà. ” “ Pouvez-vous patienter un moment, le temps que nous nous en occupions ? ” demanda Dona.

Tidus, son cerveau embrouillé rejetant désormais toute forme de réflexion, observait les deux Invokeurs qui dansaient au milieu des cadavres encore chauds et des furolucioles qui s'envolaient les unes après les autres. Il vit alors arriver vers lui le jeune Pacce, cet enfant de sept ou huit ans qui était Gardien d'Isaaru, son grand frère. “ Dis, ça veut dire quoi, « sacrifié » ? ” demanda le petit. “ Les Al Bheds ont dit que les Invokeurs se sacrifiaient ! Qu'ils n'avaient pas à faire ça ! ” “ Hm... ” fit Tidus tremblant. “ Pourquoi ne peuvent-ils pas simplement faire confiance aux Gardiens ? ” Cette fois c'en était trop. Rikku prit son courage à deux

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mains, et lança avec conviction : “ Les pèlerinages doivent cesser ! S'ils continuent, et que les Invokeurs atteignent Zanarkand... ” Elle s'arrêta un instant afin de respirer. C'était visiblement plus dur qu'elle ne l'aurait cru. “ Ils peuvent vaincre Sin... Yuna pourrait le vaincre... Mais... elle... ” Des larmes coulaient sur ses joues, lorsqu'elle lança brutalement : “ Yunie va mourir, tu sais ?! ” Tidus eut l'impression qu'une lame venait de transpercer son corps. Une lame qu'il avait vue arriver, mais qu'il avait laissée le frapper violemment. Pourquoi ?

Pourquoi ?! Essoufflé, il espérait de tout son cœur que ce soit juste un mauvais rêve, qu'il allait se réveiller en sursaut. Mais il ne rêvait pas. Rikku s'avançait lentement vers lui. Elle lui parlait, mais il n'entendait plus rien. Il ne voyait plus rien. Il se revoyait, parlant joyeusement à Yuna, caressant du regard ses superbes yeux, lui proposant de revenir plus tard dans tel ou tel lieu magnifique... Il tomba à genoux, n'ayant même pas la force de pleurer. Rikku quant à elle continuait d'une voix tremblante : “ Le pèlerinage des Invokeurs pour acquérir l'Ultime Chimère. Yuna ne te l'a-t-elle pas dit ?! Si elle obtient l'Ultime Chimère... même si elle l'utilise, et qu'elle détruit Sin... ça la tuera elle aussi... ” “ Étais-je le seul à ne pas savoir... ? ” murmura Tidus la gorge nouée. Il se rua sur Rikku, fou de rage, et la secoua par les épaules. “ Dis-moi pourquoi ! Pourquoi me l'avez-vous caché ?! Pourquoi ne rien m'avoir dit ?! ” “ On ne le cachait pas... ” répondit lentement la voix fébrile de Wakka derrière lui. “ C'était juste... trop dur à dire... ” acheva Lulu.

Tous les Gardiens regardaient Tidus, les yeux baissés, gênés de voir leur ami souffrir à ce point, son cœur écorché à vif. D'autant qu'il était évident qu'il était fou amoureux de Yuna. Impuissant, trahi, détruit, le jeune homme tomba de nouveau à genoux, hurlant de douleur, frappant le sol de son poing. C'était impossible, juste impossible. “ Lulu ! ” lança-t-il en larmes. “ Comment as-tu pu... ? Comment as-tu pu ?! N'estelle pas comme une sœur pour toi ? Je croyais que vous étiez une famille ! Pourquoi n'as-tu rien fait, Wakka ?! ” “ Tu crois qu'on n'a pas essayé de l'arrêter ? ” rétorqua Lulu. “ Elle a décidé de suivre son cœur. ” “ Yuna savait ce qu'elle faisait quand elle a choisi de devenir Invokeur... ” dit Wakka d'une voix faible. “ Yuna savait ! ” “ Mais Wakka, c'est mal ! ” reprit Rikku. “ Les Invokeurs ne peuvent pas simplement se sacrifier pour que le reste de Spira soit heureux ! ” Un monstre choisit ce moment pour faire irruption dans le hangar. “ Mais c'est notre choix ”, dit Isaaru qui venait de s'arrêter de danser. “ Nous vivons tous dans la crainte de Sin, comme vous le savez ”, poursuivit Dona. “ Un monde sans Sin ”, reprit le premier. “ Voilà le rêve de tous les enfants de Yevon. Et nous utiliserons ce pouvoir même au prix de notre vie ! ” ajouta-t-il fermement tout en invoquant ses Chimères qui se ruèrent sur le monstre et n'en firent qu'une bouchée.

L'une de ces Chimères, n'était autre que Valefore, envoyée là par le Priant de Besaid. C'était l'invocation de l'une de ces créatures qui tuerait sa bien-aimée... Tidus ne réfléchit pas. Il fonça vers la bienveillante Chimère, et se mit à la frapper de ses

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poings, de toutes ses forces. Le monstre encaissait les coups sans se mettre en colère, partageant plutôt d'un air attristé la peine du jeune homme qui criait en pleurant : “ Et moi qui disais à Yuna « allons ensemble à Zanarkand, allons vaincre Sin », et tout ce temps je ne savais rien ! Rien du tout ! ” Il se laissa glisser le long du ventre de Valefore, sa voix faiblissant : “ Et Yuna... elle... elle souriait... ” La Chimère versa elle aussi quelques larmes, posant délicatement son aile sur le bras de Tidus comme pour le réconforter.

Il voyait repasser devant ses yeux ces instants magiques, ces discussions qu'il avait eues avec la jeune femme, et qui désormais semblaient totalement différentes.

Cette journée à l'entrée de la route de Mi'ihen, sur la colline qui surplombait Luca, où Yuna lui avait expliqué comment elle avait appris à sourire même lorsqu'elle était triste. Ce coucher de soleil devant le comptoir de Rin. Tout cela était voué à disparaître. C'était impossible. Il ne le tolèrerait pas. Yuna n'était pas encore à Zanarkand. Il ne la laisserait pas continuer. Séchant ses larmes, il se releva. “ Je ne peux pas la laisser mourir ! ” lança-t-il fermement. “ Je vais la trouver ! ” Quelques instants plus tard, Rikku les emmenait dans une autre pièce similaire, par une petite porte dérobée. Quelle ne fut sa surprise lorsque Tidus reconnut le vaisseau antique qu'il avait découvert au fond de la mer avec Rikku lors de leur rencontre. Tous embarquèrent, et visiblement tous les Al Bheds ayant survécu étaient déjà à l'intérieur. Le navire, comme neuf, était splendide : ses couloirs luisaient, et des tas de petits appareils électriques nécessaires à son bon fonctionnement émettaient des bips à intervalle régulier. Tandis que des dizaines de personnes se trouvaient dans les couloirs, les Gardiens rejoignirent Cid dans le grand cockpit. Remplie d'ordinateur, la salle de pilotage tenait en son centre une sorte d'hologramme bleu qui représentait une sphère. Devant la gigantesque vitre numérique qui donnait sur l'extérieur se trouvait un fauteuil, dans lequel était confortablement assis le pilote : Frangin. Le frère de Rikku semblait anxieux, et pour cause, il n'avait sans doute jamais piloté cet engin auparavant. “ Allez ! On n'a pas le temps ! ” lança Cid qui commandait quelques hommes installés devant des écrans de contrôle. “ Où est Yuna ?! ” coupa Tidus ne pouvant attendre une minute de plus. Le leader Al Bhed l'ignorait, continuant de diriger ses semblables. “ J'ai dit, où est-elle ?! ” insista le jeune homme attrapant Cid par le col. “ Réponds-moi ! Réponds-moi, bon sang ! ” “ Et que feras-tu quand tu l'auras trouvée, hein ? ” répliqua calmement le vieil homme. Tidus le lâcha, et lui expliqua qu'il n'avait jusqu'alors aucune idée de ce qu'un Invokeur était censé faire. “ Et je lui ai dit toutes ces choses sans même savoir... Je dois lui dire. Je dois lui dire que je suis désolé ! ” “ C'est tout ? ” demanda Cid. “ Tu vas lui dire que tu es désolé ? Puis tu la traîneras jusque Zanarkand pour qu'elle combatte Sin, hein ? Vous êtes tous les mêmes ! Laissons crever les Invokeurs et vivons en paix ! ” jeta-t-il avec dédain tout en bousculant puissamment Tidus qui tomba à la renverse. “ Non ! ” répliqua ce dernier. “ Je ne laisserai pas Yuna mourir ! ” “ Des mots... je veux des actions, moi. ” “ Je te dis qu'elle ne mourra pas ! ” cria le jeune homme sûr de lui. Un silence

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s'installa, durant lequel Cid sembla juger Tidus du regard. Lorsqu'il fut décidé, il annonça : “ Mon garçon, n'oublie pas ces mots... autrement... je te le ferai regretter. ” Tidus acquiesça.

Malheureusement, Cid ne savait pas où était sa nièce. Mais ils chercheraient à l'aide ce ce vaisseau. Wakka sursauta lorsque le leader Al Bhed prononça ce dernier mot. “ Vaisseau ? ” répéta-t-il. Soudain le sol se mit à trembler, et Frangin annonça dans sa langue natale qu'ils étaient prêts à partir. Le plafond au-dessus du vaisseau coulissa, et le navire se mit à prendre lentement de l'altitude, quittant lentement le sous-sol pour les cieux. Les Al Bheds ne semblaient pas bien sûrs eux-mêmes de la fiabilité de l'engin, mais lorsqu'ils virent en-dessous d'eux les gigantesques tours en feu, des monstres volant entre elles, ils comprirent qu'ils volaient bel et bien. Éloignant le vaisseau du Refuge, Frangin commença à chanter l'Hymne du Priant, rapidement imité par Cid, et par tous les Al Bheds présents dans le cockpit. Wakka surpris demanda ce qui se passait à Rikku. “ On... on va faire sauter notre Refuge... ” répondit la jeune femme les larmes aux yeux. “ Comment ? ” demanda Lulu. “ Avec une machine interdite ! ” répondit Cid. Il ordonna à Frangin de faire feu.

Soudain, une véritable pluie de missiles quitta le vaisseau et fonça droit sur leur ancien repère. L'explosion fut terrible, et son souffle fit brusquement accélérer le navire. En un instant, ce fut terminé. Les Al Bheds pleuraient la disparition de leur maison, de ce lieu secret qu'ils avaient construit à la sueur de leur front. La disparition également de la plupart de leurs semblables, dont le corps était retourné à la poussière et au sable du désert du Sanubia.

Wakka essaya de remonter le moral de Rikku, qui fixait le sol d'un regard vide.

Mais sa maladresse n'était pas du goût de tout le monde. “ Hé, fais pas la tête... Boum ! Comme les feux d'artifices qu'on trouve dans les fêtes ! Non ? ” La jeune Al Bhede le traita de « gros méchant », mais elle était heureuse de constater que Wakka avait enfin changé. Elle n'était plus « une saleté d'hérétique d'Al Bhede ». Elle était Rikku. Juste Rikku.

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XIII - Via Purifico-

Flânant dans les couloirs du vaisseau, Tidus croisa les Al Bhed Psyches, l'équipe de Blitzball, qui était sortie indemne du Refuge. Puis il vit Isaaru et ses deux frères Gardiens. Le petit Pacce pleurait, assis contre le mur, car il venait lui aussi d'apprendre que son frère allait mourir à la fin de leur voyage. Ils étaient très reconnaissants envers les Al Bheds. Ils avaient sacrifié leurs vies pour eux, et cela ils ne l'oublieraient jamais. Mais Isaaru allait reprendre son pèlerinage coûte que coûte.

Il devait le faire. Sa philosophie était la suivante : si lui ne le faisait pas, alors quelqu'un d'autre le ferait. Quelqu'un d'autre aurait à mourir. Si le temps ne manquait pas, on pourrait réfléchir à un moyen de vaincre Sin sans que personne ne meurt. Mais le temps de trouver ce moyen, tout le monde aura déjà été tué par Sin. Alors, tant pis. L'important était d'agir.

Il croisa également Rin, le propriétaire des comptoirs à son nom. Ce dernier était simplement allé au Refuge afin de récupérer quelques biens à vendre, et sans comprendre ce qui arrivait, il s'était retrouvé là, sur ce vaisseau. Toutes les recettes de ses magasins seraient désormais vouées à la construction d'un nouveau Refuge pour les Al Bheds. Puis Tidus croisa Dona dans un autre couloir, seule, l'air exténuée, assis contre un mur. Elle lui demanda de la laisser tranquille, mais alors qu'il s'éloignait, elle le rappela. “ Attends ! Qu'est-ce que tu dirais si je... si j'abandonnais mon pèlerinage ? ” Le jeune homme rangea sa rancœur vis-à-vis de leurs premières rencontres, et épris de pitié, il lui dit que ce serait vraiment une bonne chose. Elle répondit : “ Inhabituel... la plupart des gens ne pardonneraient jamais un Invokeur qui abandonne. Ils diraient dans mon dos que j'ai failli à mon devoir ” Mais le jeune Gardien la persuada qu'il était idiot de s'occuper des dires des autres, et qu'elle devrait simplement faire ce qu'elle voulait. Bientôt, la voix de Cid retentit, appelant Tidus à revenir dans la salle de commande. Lorsqu'il arriva, il vit Auron qui parlait d'un air très sérieux avec le leader Al Bhed. “ Après avoir sauvé Yuna, qu'est-ce qui arrivera ? ” demanda le Gardien. “ Tu veux la mettre à l'abri, n'est-ce pas ? Tu crois vraiment qu'elle arrêtera son pèlerinage ? ” “ Bien sûr ! ” répondit Cid. “ Si elle continue cette saloperie de voyage, elle mourra ! C'est pas moins sûr que si tu la tuais toi-même ! Aucune loi à la noix, ni un quelconque Précepte n'enverra ma nièce à la mort ! Quand je l'aurai trouvée, je lui ferai renoncer à son pèlerinage plus vite que glace fond au soleil ! ” “ Même contre sa volonté ? ” “ C'est mieux que de la voir morte ! Et je m'occuperai du cas de ceux qui ne sont pas d'accord ! ” “ C'est vous le chef ”, annonça le légendaire Gardien de sa voix monotone. “ Bien ! Alors c'est réglé ! ” Tidus savait parfaitement qu'en réalité, Auron ne faisait que le laisser dire ce qu'il voulait. Yuna n'abandonnerait pas si facilement. Par ailleurs, Wakka avait fait les http://dantesparda62novels.free.fr/

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yeux ronds lorsqu'il avait entendu le mot « nièce », mais au-delà de sa surprise, il n'y avait aucun problème à ce que Yuna ait elle-même des origines Al Bhedes.

Cid et les Al Bheds utilisaient la sphère-hologramme au milieu de la salle afin de localiser Yuna. En réalité, ils ne savaient pas bien comment elle fonctionnait. “ A vrai dire, on sait pas bien non plus comment ce rafiot fait pour voler ”, admit même Cid. Toujours est-il qu'après plusieurs heures à survoler Spira de long en large, Frangin hurla qu'il avait trouvé Yuna. Quelques instants plus tard, un gigantesque écran projeta l'image de la jeune femme. Ses cheveux étaient attachés, et elle portait une robe blanche. Une robe de mariée. Elle se trouvait au sommet de marches sur lesquelles avaient été déroulé un tapis rouge. Des dizaines de moines guerriers étaient postés le long des marches. A côté d'elle, la tenant fermement par le bras, se tenait un grand homme, ses cheveux bleus trahissant ses origines de Guado. Il souriait de satisfaction. Et soudain l'image se coupa.

“ C'était où, ça ?! ” demanda vivement Tidus. “ Le palais de Sainte Bevelle ”, répondit Lulu. “ Le cœur de Yevon. ” “ Alors on fonce ! ” lança le jeune homme. “ Doucement, petit ! ” coupa Cid. “ Les défenses de Bevelle, c'est pas de la rigolade. ” “ Et alors, t'as peur, vieil homme ? Yuna y est. Alors on y va, et on la récupère. Et c'est tout ! ” Impressionné par la détermination du jeune homme, Cid éclata de rire. “ T'as du cran ! Direction Bevelle ! A pleine vitesse ! ” ordonna-t-il à Frangin.

Soudain le vaisseau prenant brutalement de la vitesse manqua de faire perdre l'équilibre à Tidus. Il leur faudrait quelques minutes avant d'arriver à Bevelle. Pour l'instant, la grande préoccupation des Gardiens était toute autre : “ Qu'est-ce que Seymour fait encore en vie ? ” demanda Rikku qui avait reconnu l'homme qui tenait Yuna. “ Il est mort, répondit Auron. Aussi mort que Jyscal l'était. Son attachement à ce http://dantesparda62novels.free.fr/

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monde l'a empêché de basculer vers le suivant. Yuna essaie sans doute de l'envoyer... mais le seul moyen est qu'il ne s'y attende pas. ” Ils survolaient à présent la forêt de Macalania, juste à l'ouest de la capitale de Spira, Bevelle. Mais soudain, le vaisseau se mit à trembler. Rin apparut dans le cockpit, l'air extrêmement serein : “ On est attaqués par une sorte de dragon géant ” Méfiant, Cid lui fit remarquer qu'il avait l'air bien calme. Rin amusé répondit simplement que c'était dans sa nature “ Un dragon... ” fit Cid. “ Il n'y a rien à faire, sauf... ” “ Sauf faire exploser le vaisseau et l'entraîner avec nous ! ” coupa joyeusement Rikku.

Il y eut un blanc. “ Hein ? ” finit par demander Cid l'air inquiet. Rikku soupira, et dit : “ Tu devrais apprendre à te contrôler, papa. Si on fait sauter le vaisseau, on ne pourra pas sauver Yunie ! Laisse le monstre aux professionnels ! ” Elle prit fièrement la pose aux côtés de Tidus et des autres Gardiens qui se disaient que cette fille avait vraiment un problème. Les Al Bheds leur souhaitèrent bonne chance, et ils partirent dans les couloirs du vaisseau en courant, en direction de l'escalier qui menait au toit de l'énorme navire, à l'extérieur, sur le pont. Alors qu'ils passaient près d'une fenêtre, Auron se figea pour regarder le monstre à l'extérieur. La plupart sursautèrent. Le dragon était énorme. Plus long que le vaisseau, mais avec un corps fin, tel celui d'un serpent géant, muni de deux courts bras, et de deux gigantesques ailes mauves et translucides. C'était Evrae, le dragon sacré, protecteur de Bevelle. “ Le tapis rouge a des dents et compte nous mordre ”, plaisanta Auron alors que la capitale de Spira était toute proche. Ils arrivèrent bientôt sur le pont du vaisseau, le vent fouettant leur visage. La surface blanche sur laquelle ils marchaient était lisse, et il fallait être prudent car toute chute serait mortelle. Le terrible dragon les défiait du regard, flottant au loin, prêt à attaquer. L'effrayant gardien sacré ne devait pas s'approcher, sans quoi il réduirait le vaisseau en poussière. Cid avait besoin de temps pour charger les armes du vaisseau et tirer une salve de missiles sur le dragon, et les Gardiens de Yuna allaient devoir combattre jusqu'à ce que le moment soit venu. Ils n'avaient aucune chance concrète de gagner.

Lulu eut le courage de frapper la première, envoyant s'abattre une pluie de boules de feu sur le monstre. Mais celui-ci y semblait tout à fait insensible. Sa seule réaction fut de se rapprocher dangereusement du groupe, collé au bord du vaisseau. Auron se rua en avant afin de frapper entre ses écailles. Tidus et Kimahri imitèrent le légendaire Gardien, tandis que Rikku essayait de lancer des grenades et communiquait avec Cid, le faisant dévier à gauche ou à droite afin d'éloigner Evrae le plus longtemps possible.

Wakka ne bougeait plus. Et pour cause, Lulu s'aperçut qu'il avait été changé en pierre. C'était un puissant sortilège que celui de la fossilisation, et elle n'eut d'autre choix que de fuir, faisant léviter la statue de son ami avec précaution hors du combat. A l'intérieur du vaisseau, elle peina plusieurs minutes avant de trouver un sort de magie blanche qui convenait.

A l'extérieur, Evrae se débattait férocement, ses griffes s'entrechoquant contre les épées et la lance des Gardiens. La situation devenait critique lorsqu'enfin Cid annonça par un haut-parleur qu'ils étaient parés à tirer. Le vaisseau s'éloigna brutalement, manquant de faire chuter Tidus, et des dizaines de missiles se ruèrent

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vers le dragon. Celui-ci sembla dans un premier lieu insensible à l'attaque. Puis après quelques instants, il commença à trembler, puis à hurler, et soudain, il explosa. Des dizaines, voire des centaines de furolucioles se mirent à errer illuminant le ciel, en direction de Bevelle.

Les Gardiens se hâtèrent d'aller à l'abri, mais il était trop tard : alors que Lulu et un Wakka flambant neuf reparaissaient sur le pont, ils s'aperçurent qu'une épaisse fumée noire se dégageait de l'un des moteurs du navire. Bevelle était juste devant eux, et le vaisseau perdait déjà de l'altitude. Ils se cramponnèrent férocement à à tout ce qu'ils trouvaient.

Pendant ce temps, au sommet du saint Palais de Bevelle, la procession du mariage se déroulait presque normalement. Un mariage calme, silencieux, qui ressemblait en réalité plus à un enterrement. Seymour souriait, son énorme main solidement accrochée au bras de Yuna, qui elle pleurait. A mesure qu'ils gravissaient les marches de pierres couvertes d'un luxueux tapis rouge en direction des autres Maîtres de Yevon, Kinoc, Mika, et Kelk Ronso, les moines installés çà et là inclinaient la tête à leur passage, tandis que le peuple, un étage plus bas, s'impatientait, fou de joie à l'idée de voir cette union enfin se réaliser. Ils ne pensaient plus à Sin. Ils ne pensaient plus à leurs familles perdues, à leurs défunts amis, ni même ne craignaient la moindre attaque. Tout le monde se concentrait simplement sur le mariage.

L'heureuse marche funèbre prendrait bientôt fin, alors que les futurs époux approchaient de la plate-forme où Kinoc les marierait, les liant pour l'éternité. Du moins, officiellement. Car dans son cœur, jamais Yuna ne considèrerait ce manipulateur, cet assassin, comme son mari. Jamais elle ne l'aimerait, ni ne le chérirait. Elle ne chercherait qu'à l'envoyer une fois pour toutes à la place qui devrait être la sienne : l'Au-Delà. Elle tenaient bien sûr son bâton d'Invokeur dans la main, mais Seymour ne la laisserait pas s'en servir. Pourquoi les Maîtres de Yevon ne l'avaient-elle pas écoutée ? Pourquoi Maître Mika avait-il refusé de l'entendre parler ?

Soudain, Maître Kinoc vit quelque chose scintiller dans le ciel au-dessus de sa tête.

Une furoluciole. Puis deux, puis trois, puis des centaines. Comprenant, il appela ses moines-guerriers en armure à se mettre en position. Ceux-ci brandirent leurs fusils en direction des cieux, tandis que des machines rouillées portant la marque de Yevon apparaissaient en soutien, prêtes à tirer à l'aide de puissants canons.

Traversant une épaisse couche de nuage, le vaisseau des Al Bheds apparut, surprenant la foule, et manquant de s'écraser contre le palais. Les Gardiens profitèrent de l'instant pour sauter hors de l'engin, et atterrirent tout au bas des marches, essuyant les coups de feux des guerriers en armure. “ Viens ! ” ordonna Seymour à Yuna la traînant en courant jusqu'au sommet des marches.

Lorsque Tidus l'aperçut, il hurla son nom. Épris d'un courage inexplicable, il dégaina son épée et fonça vers les guerriers, frappant brutalement quiconque se http://dantesparda62novels.free.fr/

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mettant sur son chemin. Ses amis le suivaient, épuisés par le combat précédent, mais non moins combatifs. Se frayant ainsi un chemin jusque l'escalier qui les mènerait à leur Invokeur, les Gardiens détruisirent nombre de machines. Des machines qui n'avaient rien à faire chez les Yevonnites... Mais soudain, ils virent arriver autour d'eux une nouvelle vague d'hommes, déterminés à les empêcher de passer. Une vingtaine de fusils pointés vers eux, les Gardiens furent contraints malgré toute la volonté du monde de s'arrêter au pied des marches. Le peuple avait fui, et Tidus craignait que les moines n'en profitent pour les exécuter sur place.

Maître Kinoc, ce vieux moine chauve, un peu grassouillet, et à l'air sympathique, ancien ami de Auron, s'approcha brandissant lui-même un fusil. “ Cette fois, c'est allé trop loin ! ” dit-il.

Tidus voulut se ruer sur lui, mais Auron le retint. “ Stop ”, lui dit-il admettant leur échec. Les armes se chargeaient autour d'eux. Chaque moine était prêt à appuyer sur la détente. Seymour du haut des marches semblait satisfait. Il souriait. Mais il ne s'aperçut pas tout de suite de son erreur : il avait lâché Yuna. Tidus vit scintiller le bâton de l'Invokeur, et tenta de faire diversion en avançant vers Kinoc. Ce dernier, menaçant, planta le canon du fusil juste sous son cou, écrasant sa gorge. Mais Yuna en avait déjà profité pour s'éloigner de Seymour de quelques pas, et elle brandissait désormais son bâton devant elle. Le Guado s'en aperçut. “ Tu jouerais les mariées juste pour une chance de m'envoyer ? ” dit-il d'un air moqueur. “ Ta résolution est admirable. ” Quelques furolucioles commençaient déjà à émaner du corps de Seymour, mais une voix fébrile s'écria : “ Stop ! ”. C'était Maître Mika, ce vieil homme barbu au corps courbé, plus haut et ancien Maître de Yevon. “ La vie de tes amis n'a-t-elle aucune valeur a tes yeux ? De tes actions découle leur destin. Protège-les... ou rejette-les. Le choix t'appartient. ” Dans sa tête, Tidus espérait que Yuna n'arrêterait pas malgré cette mise en garde.

Il espérait qu'elle ferait le bon choix, malgré le lourd prix à payer. Mais la jeune Invokeur était naïve et tenait bien trop à ses amis. Le bâton tomba de ses mains, dégringolant les marches jusqu'aux pieds de Tidus. “ Sage décision ”, dit Seymour qui affichait de nouveau de ce sourire malsain. Il s'approcha d'elle et posa les mains sur ses épaules. Ses yeux d'un bleu électrique étaient plongés dans les siens. Lentement, son visage se rapprochait. Les Gardiens tremblaient de colère, Tidus plus que tout autre. Enfin, les lèvres de Seymour se collèrent à celles de Yuna. Sa haine atteignant son paroxysme, Tidus vit Yuna tremblante serrer le poing de rage. Des cloches se mirent à sonner quelque part audessus de leur tête, tandis que la plupart des moines applaudissaient légèrement.

Cet interminable baiser prenant fin, Seymour se tourna vers Kinoc et dit froidement : “ Tuez-les. ” Kinoc pointa de nouveau son fusil, cette fois vers Auron. “ Je suis désolé, mais c'est pour Yevon ” “ Ces armes ne sont-elles pas interdites par Yevon ? ” fit remarquer le légendaire Gardien. “ Il y a des exceptions... ” “ Non ! ” hurla la voix déterminée de Yuna. Toutes les têtes se tournèrent soudain vers elle. La jeune femme était au bord de la plate-forme au sommet des marches.

Au bord du toit du palais. Faisant dos au vide, et reculant lentement vers le précipice de plusieurs centaines de mètres de hauteur. “ Lâchez vos armes, laissez-les partir

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sinon... ” Seymour fit un geste du bras afin d'ordonner aux hommes de baisser les armes. Ils s'exécutèrent ,et Tidus suivi de ses amis se rua vers Yuna. Mais celle-ci fit « non » de la tête, et elle leur demanda : “ Partez, maintenant, je vous en prie ! Ne vous en faites pas ! Allez ! ” “ C'est idiot ”, coupa Seymour. “ Si tu tombes, tu meurs. ” Yuna jeta un regard meurtrier au Guado et s'essuya les lèvres avec dédain, rejetant ce baiser empoisonné. “ Ne t'inquiète pas ! ” reprit-elle à l'attention de Tidus qui la regardait avec des yeux ronds, effrayé. “ Je sais voler ”, assura-t-elle. “ Fais-moi confiance. ” Et à la grande surprise de tout le monde, l'Invokeur posa la mains sur sa poitrine, joignant les doigts, fermant les yeux, avant de lentement se laisser basculer en arrière. “ Yuna ! ” hurla Tidus désespéré se jetant en avant. Mais il était trop tard. La jeune femme était déjà loin, très loin en contrebas. C'est alors qu'un éclat de lumière aveugla tous ceux qui s'étaient penchés par-dessus le vide, et ils virent avec surprise un gigantesque oiseau foncer vers l'Invokeur et la rattraper délicatement sur son dos. En sécurité, allongée sur la rassurante Valefore, Yuna disparut bientôt entre les immeubles de Bevelle. “ Couvrez-vous les yeux ! ” lança Rikku. Soudain un flash d'une puissance inouïe aveugla l'assemblée, et lorsqu'ils recouvrirent la vue, les Yevonites s'aperçurent que les Gardiens de Yuna avaient disparu. “ Laisse-moi ! Je vais le tuer ! Je vais le tuer ! ” hurlait Tidus traîné par Kimahri. Il haïssait Seymour comme jamais il n'avait haï personne, mais le Ronso ne le lâcherait pas, le forçant à fuir.

Lorsqu'ils furent à l'abri des regards, les Gardiens s'arrêtèrent afin de réfléchir à l'endroit où avait pu aller Yuna. Ils s'accordèrent pour dire que la jeune femme irait sans doute jusque la Chambre du Priant du Temple de Bevelle. A leur grande surprise, ils ne rencontrèrent aucune difficulté majeure à atteindre le Temple, et lorsqu'ils pénétrèrent à l'intérieur, Wakka fut choqué de voir un écran de contrôle électronique que Rikku s'empressa de manipuler. “ Qu'est-ce que ça fait dans un Temple ? ” se demanda-t-il à haute voix. “ Bah, ça doit être utile ”, répondit simplement Rikku. “ C'est pas ce que je veux dire ! Et les Préceptes alors ?! ” Le panneau déclenchait un ascenseur, qui les mena beaucoup plus loin en bas. Et quelle ne fut leur surprise lorsqu'ils découvrirent que la totalité du Temple fonctionnait à l'aide de machines.

Même la Salle de l'Épreuve. C'était donc là le vrai visage de Yevon. Ils trahissaient leurs propres préceptes. Depuis mille ans, ils se moquaient du peuple. Évidemment, les Gardiens n'étaient pas dupes : ils savaient pertinemment qu'ils fonçaient droit dans un piège. Le Temple était effectivement vide de monde, ce qui n'était absolument pas normal. Leur traversée de la Salle de l'Épreuve se fit sans grande difficulté grâce à l'aide de Rikku, qui utilisa les nombreuses machines présentes afin de les faire avancer.

Enfin, ils atteignirent la petite salle où attendaient traditionnellement les Gardiens tandis que leur Invokeur priait. Appelant le nom de Yuna, Tidus se rua vers l'énorme porte de métal qui portait le sceau de Yevon et qui les séparait de la Chambre du Priant, et tenta de la soulever afin de la faire coulisser vers le haut. Elle était extrêmement lourde, et elle ne daigna bouger que lorsque Kimahri vint l'aider.

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Wakka protesta, mais Tidus lui rétorqua qu'il pouvait “ se mettre ses Préceptes où il pensait ”. La porte entrouverte, Kimahri fit signe à Tidus de passer en-dessous. Celuici s'exécuta et pénétra ainsi dans la Chambre du Priant. Il ne savait pas bien à quoi s'attendre, et finalement ce qu'il découvrit le surprit beaucoup. Une petite pièce circulaire, aux murs de pierre ornés de symboles Yevonnites. Au sol se trouvait une sorte de bulle de verre, dans laquelle résidait une statue à mi-chemin entre l'homme et la Chimère. Une statue qui dégageait tant de puissance, tant de vie, qu'il en émanait ce chant magnifique qu'était l'Hymne des Priants. Et le Priant était là, lui aussi. Matérialisé au-dessus de cette bulle de verre qui protégeait la statue. Yuna, toujours en robe de mariée, priait devant lui. Le Priant flottait là, à moitié translucide, jeune garçon à la peau foncée encapuchonné d'un châle mauve.

Bien sûr, Tidus l'avait déjà vu à plusieurs reprise. A Zanarkand, juste avant – et pendant l'attaque de Sin. Puis dans ses rêves... souvent... très souvent. Yuna, qui était à genoux, semblait en osmose avec le spectre. Auron apparut derrière Tidus, et lui expliqua que les Priants étaient des âmes humaines emprisonnés dans la pierre par d'anciens rites de Yevon. “ Les morts devraient avoir droit au repos... ” ajouta-t-il d'un air triste. Le petit spectre se mit alors à bouger, et fonça vers Yuna, disparaissant à son contact. La jeune femme perdit connaissance. Tidus la prit dans ses bras, et la porta jusque l'extérieur de la Chambre du Priant. Et surpris, il vit ses amis les mains levées, encerclés par une vingtaine de moines-guerriers dirigés par Kinoc. “ Et voilà les derniers ”, dit le Maître lorsqu'il vit Tidus et Yuna reparaître. V ”ous allez être jugés. ” Auron émit un rictus amer. “ On peut s'attendre à un procès équitable, évidemment ”, dit-il. “ Bien sûr que oui ”, répondit Kinoc en riant.

Quelques heures plus tard, ils étaient en prison, attendant le procès. En prison, ou plutôt en cage. Des cages suspendues au-dessus des eaux. Tidus fut bientôt convoqué et quelques moines le libérèrent, le menant jusqu'à une immense salle dans laquelle siégeaient les Maîtres. Yuna était seule, devant tous ses Gardiens, pour se défendre des accusations qui portaient sur eux. “ La Haute Court de Yevon est désormais ouverte ”, annonça la voix profonde de Maître Kelk Ronso qui siégeait au-dessus de Yuna. “ Les offices sacrés de cette court ne visent qu'à découvrir l'absolue vérité, au nom de Yevon. Que ceux qui sont jugés croient en Yevon, et ne disent que la vérité ”. Kelk Ronso inspirait confiance aux pèlerins : les Ronsos étaient connus pour leur justesse et leur bon sens. C'est pourquoi Yuna espérait pouvoir convaincre le Maître de ce qui était réellement arrivé. Sur un balcon à sa gauche, Yuna vit Seymour qui observait la scène avec amusement. A droite, Kinoc. Et derrière Kelk Ronso, Mika. “ Invokeur Yuna ! ” lança le Maître Ronso. “ Vous avez juré de protéger le peuple de Spira. Vrai ? ” “ Oui ”, répondit la jeune femme intimidée. “ Alors expliquez-nous ceci : vous avez infligé de graves blessures à la personne de Maître Seymour Guado, ici présent, et conspiré avec les Al Bheds, rejoignant leur insurrection. Ce sont des crimes impardonnables qui perturbent l'ordre de Yevon.

Dites à cette Court ce qui vous a poussé à recourir à une telle violence. ” “ Votre Grâce... ” commença Yuna d'une petite voix. “ Le vrai traître est Maître Seymour ! ” assura-t-elle. “ Il a tué son père, Jyscal, de ses propres mains ! ” Le Ronso

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sursauta et eut un mouvement de recul, frappé par ces mots. “ Qu'est-ce que vous dites ?! ” “ Hm ? ” fit Seymour plus amusé que jamais. “ Vous n'étiez pas au courant ? ” “ Et de plus... ” reprit Yuna devant l'air choqué de Kelk. “ Maître Seymour est déjà mort ! Il est du devoir sacré des Invokeurs d'envoyer les âmes des défunts vers l'AuDelà ! Je ne faisais que jouer mon rôle d'Invokeur ! ” Elle se tourna vers le vieil homme courbé. “ Grand Maître Mika... Je vous en prie, laissez-moi envoyer Seymour, maintenant ! ” “ Envoyer ceux qui ne l'ont pas été là où ils devraient être ? ” demanda le Grand Maître de sa voix tremblante s'avançant à la place de Kelk Ronso. “ Oui ! ” supplia Yuna. Mais Mika se mit à rire légèrement. Yuna fronça les sourcils, ne comprenant pas. “ Envoyer les morts... hm... ” répétait Mika en riant. Soudain quelques petites boules blanches, bleues, vertes et roses se mirent à tournoyer autour du Maître. Les furolucioles en témoignaient : Maître Mika lui aussi était décédé. Horrifiée, Yuna comprit qu'elle n'avait plus aucune chance de se défendre. “ Il te faudrait m'envoyer également ”, dit-il. “ Le Grand Maître Mika est un sage dirigeant ”, expliqua Kelk Ronso. “ Même dans la mort, il reste indispensable à Spira. ” “ Le règne éclairé des défunts est préférable aux erreurs des vivants ignorants ”, ajouta Kinoc. “ La vie est comme un rêve qui passe ”, continua Seymour. “ Mais la mort qui la suit est éternelle. ” “ Les hommes meurent. Les bêtes meurent. Les arbres meurent. Même les continents périssent ”, reprit Mika de sa voix frêle. “ Seul le pouvoir de la mort commande réellement Spira. Résister à sa force est inutile. ” Perdue, les larmes aux yeux, Yuna ne put s'empêcher de protester. “ Mais... et Sin ?! Je suis un Invokeur, Monseigneur. Tout comme mon père l'a été avant moi. J'accomplis un pèlerinage pour arrêter la mort que Sin répand autour de lui. Êtes-vous... êtes-vous en train de me dire que ça aussi, c'est inutile ?! Grand Maître Mika, je ne suis pas la seule ! Tous les gens qui se sont opposés à Sin... leurs batailles... leurs sacrifices... êtes-vous en train de dire qu'ils ont été vains ?! ” “ Pas vains ”, répondit Mika. “ Qu'importe le nombre d'Invokeurs qui donneront leur vie. Sin ne peut être réellement défait. Sa renaissance ne peut être empêchée.

Toutefois, le courage de ceux qui combattent donne de l'espoir au peuple. Il n'y a rien de futile dans la vie et la mort d'un Invokeur. Ce cycle sans fin est l'essence même de Yevon. Yevon est incarné par cette spirale funeste éternelle, jeune Invokeur. ” “ Non... ” répondit Yuna en larmes qui pensait à son père, à l'Opération Mi'ihen, et à tous ces morts. “ C'est impossible ! ” “ Ceux qui remettent en question ces vérités sont des traitres ! annonça solennellement Mika.

Auron, qui partageait la même prison que Tidus, demeurait calme, assis dans un coin, tandis que son ami hurlait à s'en arracher la voix à travers les barreaux. Il lui dit qu'il gaspillait sa salive. Tidus était inquiet pour Yuna. “ Elle est forte. Elle s'en sortira. ”, assura Auron.

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“ Pour qu'elle puisse mieux mourir ensuite, c'est ça ? ”, rétorqua le jeune homme. “ Pourquoi... est-ce que tout sur Spira semble tourner autour de la mort des gens ? ” “ C'est la spirale de la mort ”, répondit calmement Auron. “ Les Invokeurs défient le messager de la mort, Sin, et meurent, ce faisant. Les Gardiens donnent leur vie pour protéger leur Invokeur. Les Priants sont les âmes des morts. Même les Maîtres de Yevon sont décédés. Spira est inondé par la mort. Seul Sin est voué à renaître... pour apporter la mort à nouveau. C'est un cycle de la mort, sans faille, sans fin. ” Quelques heures plus tard, sur la passerelle en face d'eux, Kinoc apparut. Il leur annonça que leur sentence avait été décidée, et il les fit sortir. “ Sentence ? Tu veux dire exécution ? ” demanda amèrement Auron. “ Voyons, quel genre de personne exécuterait un de ses plus chers amis ? ” “ Toi. ” On les sépara, et Tidus ne vit plus aucun de ses compagnons. On le conduisit au niveau d'une trappe, et on le força à sauter dedans. Le « Via Purifico », Chemin de la Rédemption, consistait en un gigantesque labyrinthe qui s'étendait sous tout Bevelle.

La sortie en était gardée, ce qui était bien sûr inutile, puisque jamais personne n'était parvenu à la trouver. Ainsi donc, chacun des pèlerins avait été envoyé sur cette terrible route, condamné à y mourir de faim ou de soif, ou à y perdre la raison.

Pendant ce temps, les Maîtres Seymour, Mika, et Kinoc discutaient dans la grande salle du palais. Ils s'inquiétaient du cas du Maître Ronso. Le meurtre de Jyscal semblait effectivement le troubler. Ainsi étaient les Ronsos, selon Mika. Entêtés, et rarement utiles. “ En revanche, l'Invokeur Yuna, fille du Grand Invokeur Braska... elle pourrait être utile, en vie ”, dit Seymour. Mais Mika ne pouvait l'autoriser : elle avait perturbé l'ordre de Yevon. Kinoc fit remarquer que de toute façon, personne n'avait jamais survécu au Via Purifico. Mais Mika doutait : il y avait bien une infime chance qu'ils en sortent vivants. Seymour proposa alors de garder lui-même la sortie pour tuer quiconque tenterait de fuir. Le vieux Mika éclata de rire. “ D'abord ton père, maintenant ta femme ? ”. Kinoc méfiant décida qu'il accompagnerait le Guado. “ Tu ne me fais pas confiance ? ” demanda Seymour. “ Tu ferais confiance à un homme qui a assassiné son père ? ” “ Très bien, accepta l'autre d'un ton effacé. Comme tu veux. ” Dans le Via Purifico, Yuna errait, seule, armée de son bâton que les gardes lui avaient remis avant de l'envoyer en ces lieux sombres. Tous les couloirs se ressemblaient et s'enchevêtraient dans tous les sens. Les murs étaient tous les mêmes, gris, ornés çà et là de graffitis quelconques. Des squelettes ornaient le sol par endroits, et des monstres en tout genre rôdaient, ne demandaient qu'à tuer les pauvres prisonniers qui étaient condamnés à traverser cet immonde endroit.

Tidus de son côté avait emprunté un chemin tout à fait différent : il était dans l'eau, visiblement quelque part sous la ville lui aussi, étant parti du principe que si Wakka trouvait ce bassin, il y plongerait sans doute lui aussi. Des monstres vagabondaient, et son épée lui fut encore une fois très utile dans cette situation.

Bientôt, il tomba nez-à-nez avec Rikku et Wakka. Les trois nageurs du groupe avaient eu la même idée, et ils avaient eu bien raison. Ou peut-être pas. Un grondement terrible retentit derrière eux. Des centaines de furolucioles passaient par-là. Elles se regroupèrent, et bientôt apparut de nouveau... Evrae. Seuls face au spectre du

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défunt protecteur sacré de Bevelle, ils se mirent à nager de toutes leurs forces afin de fuir le monstre. Comment le vaincre ?

De son côté, Yuna se fiait à son sens de l'orientation et à sa magie blanche, éclairant les endroits par où elle était déjà passée... et espérant que quelqu'un suive les lumières. Bientôt, elle arriva dans une salle plus grande que les autres. Un homme se tenait là, plus loin devant elle. Surprise, elle reconnut Isaaru. “ Mademoiselle Yuna... ” dit-il surpris. “ Alors c'est vous. ” “ Que faites-vous là ? ” demanda l'Invokeur inquiète. “ Nous avons posé le vaisseau sur la Plaine Félicité, puis je suis venu jusque Bevelle. Maître Kinoc nous a alors convoqué, et nous a ordonné de « nous occuper des traîtres ». Pardonnez-moi, mademoiselle... les ordres de l'église font loi... même si vous êtes la chère et le sang du Seigneur Braska... vous êtes une traître.

Pardonnez-moi, mademoiselle Yuna... ” Il brandit son bâton d'Invokeur, et une Chimère de feu que la jeune femme identifia comme Ifrit apparut. Yuna comprenant qu'elle n'avait pas le choix fit appel à la Chimère inconnue qu'elle venait d'acquérir au Temple de Bevelle. Soudain, sortant du plafond comme d'un portail, une énorme bête apparut, plus grosse que toutes les Chimères que Yuna avait eues jusqu'à présent. Il semblait faite entièrement de métal noir et d'or, et ses gigantesques ailes colorées de rouge et de rose mesuraient presque la largeur de la pièce. Ses bras croisé, Bahamut, Chimère sacrée, se tenait droit. Fier face à l'ennemi. Un immense anneau d'or sur son dos semblait lui conférer toute sa puissance.

Impressionnée par ce qu'elle venait elle-même d'invoquer, Yuna entra littéralement en osmose avec sa Chimère, contrôlant ses mouvements, ressentant sa douleur, sa force. Le combat parut étonnamment simple à Yuna. A vrai dire, sa détermination influait beaucoup sur la résistance de sa Chimère, et Isaaru semblait troublé, et peut-être doutait-il de ce qu'il était en train de faire. Si bien qu'après un combat épique, rempli d'explosions et de détonations toutes plus puissantes les http://dantesparda62novels.free.fr/

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unes que les autres, le Ifrit de l'Invokeur tomba et disparut en un nuage de furolucioles. Isaaru tomba à la renverse, sur le dos. Yuna se précipita pour l'aider, mais il lui ordonna de ne pas approcher. “ Il y a un chemin vers la surface, plus loin... ”, dit-il enfin. La jeune femme le salua poliment, attristée. Lulu, Kimahri, et Auron, apparurent alors. Ils avaient suivi les lumières et les explosions. Comprenant ce qui était arrivé, Auron annonça à Isaaru : “ Ton pèlerinage prend fin ici ”.

Tidus, Wakka, et Rikku venaient au même moment de venir à bout d'Evrae.

Comment ? Tidus s'est simplement souvenu de ce que lui avait un jour raconté Lulu.

Les éléments s'opposent. Ainsi, une magie de feu sera efficace face à un monstre de glace. Et inversement. De même que l'eau est efficace face à l'électricité, et vice versa. Partant de ce principe, Tidus s'est dit que Evrae était de type « mort ». Et qu'il fallait donc l'attaquer avec le type « vivant ». Quelques objets de soin vendus par O'aka l'empereur des marchands des semaines auparavant avaient suffit à tuer le légendaire dragon. Qui eut crut que ce serait si simple ? “ Yunie ! ” lança Rikku encore trempée prenant l'Invokeur dans ses bras. Tous les pèlerins s'étaient retrouvés là, à l'entrée de Bevelle, près des grandes portes. Un très long pont séparait la forêt de Macalania et la capitale de Spira, qui était construite sur la mer. Ils se trouvaient donc au bout de ce pont, côté ville. Après s'être assurés que tout le monde était sain et sauf, les Gardiens s'excusèrent auprès de Yuna de l'avoir laissée seule si longtemps. Tidus voulut lui aussi s'avancer et prendre la jeune femme dans ses bras, mais des bruits de pas derrière lui attirèrent son attention.

Seymour s'avançait, accompagné de quatre Guados et d'un moine-guerrier qui traînait derrière lui un vieux tas de vêtements tâchés de sang. Ce dernier lança le tas devant lui, et Tidus s'aperçut avec horreur qu'il s'agissait d'un être humain. “ Kinoc ! ” reconnut Auron sursautant. “ Espèce de... ” lança Tidus à Seymour. “ Je l'ai sauvé ”, répondit le Guado. “ C'était un homme avide de pouvoir. Il possédait un grand pouvoir, mais il craignait de le perdre. Tremblant devant des ennemis invisibles, il passait ses journées à s'inquiéter, rongé par de sombres pensées. Pourchassé par ses craintes. Ne connaissant jamais le repos. Voyez-vous, maintenant il n'a plus d'inquiétude à avoir. Il s'est vu accorder le repos éternel. La mort est un doux sommeil. Toute la douleur de la vie est délicatement éloignée...

Alors, voyez-vous, si toute vie disparaissait sur Spira, toute souffrance cesserait. Ne comprenez-vous pas ? N'êtes-vous pas d'accord ? Voilà pourquoi j'ai besoin de toi, Yuna. ” Il tendit la main vers elle. “ Viens, Yuna. Viens avec moi jusque Zanarkand, la cité perdue des défunts. Avec la mort de notre côté, nous sauverons Spira. Et pour cela... je vais prendre ta force, Yuna. Je prendrai ta vie, et je deviendrai le nouveau Sin. Je vais détruire Spira ! Je vais la sauver ! ” “ T'es complètement barge ! ” jeta Tidus qui avait déjà dégainé son épée. Soudain Kimahri s'élança sans prévenir, et d'un coup sec, il planta sa lance dans le cœur de Seymour. Celui-ci ne sourcilla pas. “ Déplaisant. Très bien... Je vais vous donner la mort. On dirait que c'est ce que vous voulez... ” Seymour sortit son bâton et le leva au-dessus de sa tête. Soudain, les quatre Guados, le moine-guerrier, et le corps de Kinoc disparurent en un nuage de furolucioles qui se mirent à tournoyer autour du défunt Maître. Celui-ci disparut lui-

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même en partie, se transformant peu à un en un terrible monstre, tout gris, rond, qui n'avait gardé du Guado que le visage. Kimahri, sa lance toujours plantée dans le corps de défunt, n'avait pas peur d'un simple tour de magie. “ Courrez ! Protégez Yuna ! ” lança-t-il. “ Allez ! ” lança Auron alors que tous hésitaient. “ Pas question ! ” répliqua Tidus. “ Je vais me battre ! ” Le légendaire Gardien sortit sa lourde épée et en posa la tranche sur l'épaule de Tidus, l'air menaçant.

Celui-ci manqua de s'étrangler en avalant sa salive. “ J'ai dit, partez ! ”, répéta Auron. Tous se mirent alors à courir le long du pont, abandonnant Kimahri seul dans un combat qu'il ne gagnerait pas. Mais à mi-chemin, Yuna s'arrêta, stipulant qu'elle n'abandonnerait pas le Ronso. Auron lui répondit que Kimahri était Gardien, et que la protection de l'Invokeur passait donc avant tout pour lui. “ Auron ! ” supplia l'Invokeur les larmes aux yeux. “ Ouais ! ” coupa Tidus. “ On est tous tes Gardiens. Et tu sais ce que ça veut dire ?

Yuna, où que tu ailles, je te suivrai. ” “ N'importe où ? ” demanda la jeune femme comprenant où il voulait en venir. “ Ouais, n'importe où ! ” répondit le jeune homme amusé devant l'expression désolée d'Auron. Yuna et Tidus se mirent donc à courir en sens inverse, revenant vers Seymour et le Ronso, suivis par les autres Gardiens. “ Hé, Kimahri ! Laisse-nousen un peu ! ”, lança Tidus pour plaisanter. En réalité, il était effrayé. La puissance de Seymour avait décuplé. Yuna frappant la première, envoya ses cinq Chimères, Valefore, Ifrit, Ixion, Shiva, et Bahamut, à la rescousse de Kimahri. Mais les pouvoirs du Maître Guado étaient sans limite, et en un claquement de doigt, les cinq dons des Priants disparurent purement et simplement, s'évanouissant sans laisser la moindre trace.

Auron était dans une colère noire. Regardant le peu d'humain qui restait en Seymour dans les yeux, il lui lança : “ Bien qu'il n'était plus l'homme que j'ai connu... Kinoc était mon ami. Tu vas payer pour sa mort, Seymour ! ” Il le frappa violemment de sa puissante épée, et le Maître recula sur le coup, sa voix métallique résonnant en un léger cri. Puis le monstre se tourna vers Yuna, et lui dit : “ Je suis heureux de vous voir revenir à moi, mais vous n'avez pas l'air contente de me voir ”. Le bras de Seymour, qui était désormais un énorme ciseau extrêmement coupant au bout d'une chaîne s'approchait dangereusement de la jeune femme.

Tidus ne comprit pas bien ce qui lui arriva. Tenant fermement Fraternité dans sa main, il se mit à courir vers le gigantesque Seymour, et il sauta dessus. Prenant appui sur l'épaule de ce dernier, il se retrouva quelques mètres au-dessus du sol, son épée levée au-dessus de la tête. Puis Fraternité se mit à scintiller comme jamais, se chargeant à bloc d'énergie magique. Et d'un coup, violemment, toute l'énergie quitta la lame et fonça droit sur Seymour qui recula brusquement alors que la puissance de cette magie blanche explosait à son contact. Le Maître se mit alors à trembler, puis il disparut en un nuage de furolucioles, à la grande satisfaction de Tidus qui venait de trouver en lui une force nouvelle qu'il ne connaissait pas.

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- XIV La déterminationde Yuna

Ils s'étaient tous échappés, sains et saufs, mais Yuna avait beaucoup perdu. Tidus le sentait déjà : le destin de la jeune femme était troublé. Yevon l'avait trahie. Il voulait faire ou dire quelque chose... n'importe quoi. Mais rien ne venait. Il était aussi perdu qu'elle l'était. Ressassant ses pensées, assis sur le sol brillant de la forêt de Macalania, il s'aperçut que tout le monde semblait au moins aussi troublé que lui.

Ils n'avaient pas échangé un mot depuis leur arrivée, et depuis la seconde disparition de Seymour. La nuit était tombée rapidement, et le soleil, qui avait été généreux ces jours-ci, avait rendu l'air doux et agréable. Leur méditation au milieu des cristaux et autres miracles de la nature n'en était que plus bénéfique. Les pèlerins s'étaient arrêtés en ces lieux à la fois pour se cacher, et pour laisser le temps à l'Invokeur de réfléchir. Après ce qu'ils avaient appris, Yuna continuerait-elle jusque Zanarkand ?

Allait-elle, comme tant d'autres, sacrifier sa vie tout en sachant pertinemment que Sin reviendrait quelle que soit l'issue de la bataille ? Elle s'était éloignée des autres, accompagnée par le fidèle Kimahri qui avait été légèrement blessé au bras par Seymour alors qu'il le retenait devant les grandes portes de Sainte Bevelle. Anxieux, Lulu, Wakka, Tidus et Kimahri virent enfin revenir Auron, qui était parti s'assurer que personne ne rôdait dans les environs.

Ils étaient en sécurité, selon lui. Il leur fallait juste éviter de s'aventurer du côté de Bevelle pour un moment. Tidus se demandait s'il devait aller parler à Yuna maintenant, ou la laisser prendre seule sa décision. Évidemment, il souhaitait de tout son cœur qu'elle abandonne l'idée d'acquérir l'Ultime Chimère. Mais que Yuna décide de continuer ou non, il ne la laisserait pas mourir. Après tout, si les Gardiens devaient protéger leur Invokeur, ils n'avaient de fait pas le droit de les laisser mourir pour tuer Sin. Enfin, trouvant le temps long, il prit son courage à deux mains et se leva. Les autres le regardèrent s'éloigner entre les arbres reluisants, sans dire un mot. Seule Rikku sembla hésiter à lancer quelque encouragement au jeune homme, mais elle s'en retint finalement. La tête pleine de question, les yeux éblouis par ce monde brillant et bleu, il avançait à grands pas, décidé à faire tout ce qu'il pouvait pour empêcher celle qu'il aimait de commettre une erreur.

Il vit bientôt Kimahri à l'entrée d'une petite clairière, les bras croisés, surveillant Yuna de loin. Tidus passa devant lui, et le Ronso lui fit un respectueux signe de tête, silencieusement. Avançant vers le centre de la clairière, il découvrit la chose la plus magnifique qu'il avait jamais vue. Un petit lac dans lequel se baignaient joyeusement quelques groupes de furolucioles se trouvait là. La plupart des âmes émergeaient parfois de la surface de l'eau, leur reflet faisant briller plus encore cette dernière. Les arbres qui entouraient la clairière scintillaient, incrustés de pierres précieuses. En plein centre du lac se trouvait le plus gros et le plus magnifiques d'entre eux. Sans doute le plus bel arbre de Macalania. Peut-être le plus bel arbre de Spira. Et entre l'arbre au tronc entortillé sur lui-même et Tidus se trouvait la plus jolie des Invokeurs, et la plus belle des femmes. De l'eau jusqu'en-dessous des épaules, elle

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avait entendu le jeune homme arriver.

“ J'ai toujours cru que ce serait facile... ” dit-elle à haute voix d'un air doux et absent. “ Je pensais que tout le monde m'aiderait. Que mes amis seraient toujours à mes côtés... J'ai donné tout ce que j'avais... ” Tidus comprit que l'esprit de la jeune femme souffrait de ce qu'ils avaient traversés. Sans doute était-ce égoïste, mais il ne pouvait que profiter de l'occasion pour essayer de la convaincre d'arrêter. “ Peut-être... que tu veux en donner trop ”, dit-il tout en s'enfonçant dans l'eau tiède. “ Ils m'ont tout dit... ” “ Tout ?! ” demanda Yuna surprise se retournant vers lui. “ Alors, maintenant, tu sais... ” Elle se tourna de nouveau, la tête baissée. Tidus se rapprocha encore un peu. “ Je suis désolé... ” dit-il. De nouveau, elle fit demi-tour, ses yeux scrutant les siens. Perdant ses moyens, il bafouilla quelques instants avant de réussir à dire : “ C'est juste... tu sais... à propos de toutes ces choses que je t'ai dites... comme « allons combattre Sin »... ou à propos de Zanarkand... Je ne savais pas ce vers quoi tu te dirigeais, Yuna. Je... j'espère ne pas t'avoir fait mal... Pardonne-moi. ” Contre toute attente, elle afficha un grand sourire. “ Je n'étais pas triste. J'étais heureuse ”. Soulagé d'un poids, Tidus vit de nouveau la jeune femme se retourner pour contempler le grand arbre au milieu du lac. Il plongea alors sous l'eau et émergea à quelques mètres devant elle, sur le dos, observant les étoiles et une aurore boréale sublime qui éclairaient le ciel. La lune http://dantesparda62novels.free.fr/

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semblait gigantesque, ici, à Macalania. Il devait à présent passer à la partie la plus délicate de la conversation. Comme à son habitude, il prit un ton aussi détendu que possible, comme s'il disait simplement ce qui lui passait par la tête sans réfléchir. “ Yuna... tu pourrais simplement arrêter ! ” “ Le pèlerinage ? ” demanda-t-elle surprise. “ Oui ! Oublier Sin, oublier tes pouvoirs d'Invokeur... oublier tout ça. Tu sais... pour vivre une vie normale ! Allez, Yuna, qu'est-ce que tu en dis ? ” “ Peut-être que oui... ” répondit-elle en souriant, presque surprise par ses propres paroles. Un espoir naissant dans son cœur, Tidus s'immergea de nouveau sous l'eau et ressortit juste devant Yuna, plongeant ses yeux bleus dans ses yeux vairons. De l'eau ruisselait des cheveux et du visage des deux jeunes gens, qui se fixaient sans relâche. Enfin, l'Invokeur détourna lentement les yeux vers les ciel, rêveuse. “ Tout le monde serait surpris, n'est-ce pas ? ” “ Oui ”, répondit Tidus. “ Sauf Rikku : elle serait avec toi. Et... Lulu et Wakka ne montreraient pas beaucoup de résistance non plus. ” “ Kimahri serait d'accord, lui aussi, j'en suis sûre... Mais Sire Auron ? ” “ Je lui ferai comprendre, Yuna ! C'est le moins que je puisse faire pour toi ! ” “ Non... ” déclina-t-elle. “ Ce serait à moi de le lui dire. Je lui dois bien cela ”.

Ce fut alors au tour de Yuna de se laisser tomber sur le dos, flottant doucement à la surface du lac, dans la forêt totalement silencieuse. Elle se demandait ce qu'elle ferait si elle abandonnait son pèlerinage. “ Zanarkand ! ” lança alors Tidus. “ Allons à Zanarkand ! Pas celle de Spira, celle d'où je viens ! ”. Il lui dit avec engouement qu'ils pourraient tous voler jusque là-bas grâce au vaisseau. Ils emmèneraient tous leurs amis, et ils feraient une énorme fête chez lui. Puis il les emmènerait à un match de Blitzball. Les Zanarkand Abes joueraient, et ses amis regarderaient Tidus à l'œuvre, dans le stade lumineux. Ils l'encourageraient jusqu'à n'en plus pouvoir. Et après le match, ils sortiraient s'amuser : Zanarkand ne dormait jamais. Et finalement, ils iraient jusque la mer, avant lever du soleil. “ Les lumières de la cité qui s'éteignent les unes après les autres. Les étoiles qui s'évanouissent. Puis l'horizon qui scintille, comme s'il était en feu. Un peu rosé, d'abord dans la mer, puis il s'étend vers le ciel, puis sur la ville tout entière. Le monde devient de plus en plus clair... jusqu'à ce que tout brille de mille feu. ” Pris par surprise par une nostalgie qu'il avait réussi à garder enfouie depuis longtemps, Tidus avait la gorge nouée. Il termina, lentement : “ Je suis sûr que tu adorerais... ” “ J'aimerais beaucoup... ” murmura Yuna désormais debout, de l'eau jusqu'audessus des épaules. “ Tu peux, Yuna ! ” lança-t-il se retournant vers elle. “ On peut y aller tous les deux !”

Mais il sursauta. Ce qu'il vit, il croyait ne jamais le voir. Entre les gouttes d'eau qui dégoulinaient sur son visage, de grosses larmes glissaient sur les joues de Yuna, en pleurs. “ Je ne peux pas... ”, répétait-elle en sanglotant, sa voix se brisant. Tidus s'approcha, la prenant par les épaules afin de la réconforter. C'est alors qu'elle releva lentement la tête et qu'elle plongea son regard dans le sien, et il sentit son cœur fondre. Les lèvres tremblantes de Yuna attirant irrésistiblement les siennes, il craqua.

Sans avoir le temps de comprendre ce qui arrivait, de se demander s'il devait contenir ou non ce désir irrésistible, sa bouche entrait délicatement en contact avec

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celle de la jeune Invokeur. Yuna d'abord surprise fit des yeux ronds, mais il ne lui fallut que quelques instants avant de clore les paupières, profitant simplement de cet instant magique et incompréhensible. Se baignant ainsi au milieu des furolucioles et des pierres scintillantes de Macalania, ils plongèrent sous l'eau, nageant ensemble au milieu des milliers de bulles qui reflétaient la lueur de la lune et des étoiles qui brillaient sous les eaux. Ils s'embrassèrent, encore et encore, se contemplant avec amour, libérés de toute question, libérés de tout chagrin. N'était-ce pas magnifique ?

Kimahri afficha un grand sourire attendrit lorsqu'il comprit qu'enfin l'amour s'était manifesté, et il se retira, décidant que sa protégée était en sécurité dans les bras de Tidus.

Assis au bord de l'eau, laissant l'air tiède les sécher, ils fixaient le grand arbre au milieu du lac. Ils demeurèrent ainsi un long moment, avant qu'enfin Yuna ne décide de dire quelque chose : “ Je vais continuer... il le faut. Si j'abandonne maintenant... je pourrai faire tout ce que je veux. Et pourtant... même avec toi à mes côtés... je ne pourrai jamais oublier. ” Tidus ramené à la dure réalité s'attendait à ces mots. Il réfléchit quelques instants, sondant le visage triste de la jeune femme, avant d'annoncer qu'il irait avec elle, souriant pour masquer son désespoir. “ Je suis ton Gardien, après tout ! Enfin, à moins que je ne sois... renvoyé ? ” Yuna rit légèrement, et après quelques secondes, elle lui demanda en souriant tristement : “ Reste avec moi... jusqu'à la fin. S'il te plaît. ” “ Pas jusqu'à la fin ”, corrigea Tidus. “ Pour toujours. ” “ Pour toujours alors... ” répéta-t-elle d'un air rêveur. “ Peut-être que tu devrais retourner au campement le premier ”, dit-elle après quelques minutes de silence.

Ils s'observèrent une dernière fois, et Tidus se leva le cœur léger et les épaules lourdes. Il se mit en marche vers le campement, laissant derrière lui Yuna qui scrutait le lac, debout. Il repassait en boucle les images de cet instant magique qu'il avait http://dantesparda62novels.free.fr/

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vécu. Cet amour ne devait jamais périr, et jamais il ne laisserait Yuna partir. Après à peine une minute de marche, il entendit siffler derrière lui. Surpris et effrayé, il rebroussa chemin, courant à toutes jambes vers le lac. Yuna était-elle en danger ?

Mais il manqua de tomber sur elle : elle courrait elle aussi, un sourire sur les lèvres, dans sa direction. “ Attends ! Je pars avec toi ”, dit-elle. Ils s'embrassèrent une dernière fois, et marchèrent lentement en direction des autres, main dans la main, profitant de l'atmosphère magique de la forêt de Macalania. Lorsqu'enfin ils arrivèrent au campement, Rikku sauta sur Tidus, l'emmenant dans un coin afin de lui demander quelle était la décision de l'Invokeur. Le jeune homme fit « non » de la tête et posa amicalement la main sur l'épaule de Rikku avant de retourner vers les autres. “ Sire Auron... ” commença Yuna. “ Wakka... Lulu... Kimahri... Rikku... Nous partons à l'aube. Et... je suis désolée de vous avoir entraînés dans cette histoire. Et... je... ” “ C'est bon ”, coupa gentiment Auron qui la voyait chercher en vain ses mots. “ Tu as besoin de repos. ” “ Oui... bonne nuit, tout le monde Et... merci. ” Tidus, pour une fois, dormit profondément cette nuit-là. Ils n'avaient pas eu de repos depuis l'auberge de Rin de Macalania, plusieurs jours auparavant déjà. Lorsque le soleil commença à illuminer la forêt, les pèlerins se réveillèrent les uns après les autres. Ils mangèrent les quelques vivres qui leur restaient, et se mirent en route vers l'est. Ils l'atteignirent avant midi : l'immense Plaine Félicité. C'était un espace d'une taille titanesque. Le sol de la Plaine Félicité était couvert d'herbe, et l'on n'en voyait pas le bout. Le terrain n'était pas tout à fait plat, puisque partiellement accidenté par endroits, comme si quelque gigantesque colosse s'était écrasé là. A l'ouest, la plaine s'arrêtait brutalement, dominant d'autres contrées des centaines de mètres en contrebas. Contemplant l'horizon, et quelque peu découragés, les pèlerins comprirent qu'il leur faudrait des jours, peut-être des semaines pour venir à bout de cette nouvelle épreuve.

Autrefois, les Grands Invokeurs combattaient Sin sur cette plaine. La route s'arrêtait ici. Plus aucun sentier ne guiderait leurs pas. Plus aucune ville ni aucun village ne les réconforterait. Beaucoup d'Invokeurs perdaient leur chemin et abandonnaient sur cette plaine. Yuna, elle, avait toujours su où aller. Elle savait qu'elle allait droit vers la mort, et vers une période de Félicité. Mais dans son esprit, Tidus n'avait cesse de se promettre qu'il ne la laisserait pas mourir. Après ce qui s'était passé la veille, c'était maintenant impossible. Il trouverait un moyen. Rikku cherchait elle aussi. Ils trouveraient forcément quelque chose. Il l'avait promis à Yuna. Mais au fond de lui, il voulait croire que le simple fait de le dire suffirait à ce que le miracle arrive. Il n'avait aucune idée de ce qui allait arriver...

Cette plaine regorgeait de ruines, et de machines antiques totalement détruites depuis des siècles. En réalité, bien longtemps auparavant, en un temps antérieur encore à celui des Grands Invokeurs combattant Sin, une grande guerre avait eu lieu entre Bevelle et Zanarkand. Une guerre que les hommes avaient menée à l'aide de terribles machines. C'était précisément cette guerre qui avait fait de cet endroit une terre désolée, vide de toute forme de vie. Et c'est parce que plus rien ni personne ne vivait là que les Invokeurs en étaient venus à combattre Sin sur la plaine. De grandes

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batailles eurent donc lieu à cet endroit, sans aucun risque de blesser les habitants de Spira dans le feu de l'action. Et lorsque Sin mourait, ici même, une nouvelle Félicité débutait, d'où le nom de la Plaine.

Quelques monstres surgissaient parfois de nulle part, s'attaquant férocement aux voyageurs. Mais les Gardiens de Yuna avaient acquis une expérience non-négligeable le long de leur voyage, et rien ne les arrêterait. La nuit allait tomber lorsqu'ils aperçurent au loin un petit bâtiment. C'était inattendu, mais un comptoir de Rin se trouvait là. Et visiblement, il y en avait plusieurs sur la plaine. Le monde étant petit, les pèlerins rencontrèrent Clasko à l'intérieur. L'ancien Chevalier Chocobo allait dès le lendemain s'essayer au dressage, et il promit à Yuna qu'il leur trouverait quelques Chocobos afin de rendre leur voyage moins pénible.

Trois jours plus tard, à dos de Chocobo, ils s'arrêtèrent dans une nouvelle auberge. Un prêtre se trouvait là. Tidus sursauta lorsqu'il reconnut le sigle de Yevon dessiné sur sa robe. Mais le vieil homme semblait sympathique. Il s'approcha de Lulu. “ Père Zuke ! ” reconnut-elle. “ Ça faisait longtemps ”, salua l'autre. “ Vous êtes Yuna ? ” demanda-t-il à l'attention de l'Invokeur. “ Hm... en tout cas vous n'avez pas l'air de quelqu'un qui a assassiné Maître Kinoc. ” “ Qu'est-ce que vous dites ?! ” demanda Wakka les yeux ronds. “ S'il vous plaît ”, demanda Yuna tremblante, “ dites-nous ce qui s'est passé. ” “ Maître Mika a personnellement envoyé à tout le clergé d'urgentes missives ”, répondit Zuke. “ Elles stipulent que vous et vos Gardiens avez assassiné Maître Kinoc avant de prendre la fuite. Nous sommes supposés vous tuer sans sommation. Enfin, ce sont du moins les directives. ” “ Et Bevelle ? ” demanda calmement Auron. “ Les choses sont calmes à la surface, mais les profondeurs bouillonnent. Après la mort de Maître Kinoc, Kelk Ronso a quitté Yevon. ” “ Très bien ”, fit Auron. ” La suite sera plus simple avec Yevon désordonné. ” “ En effet. Mais soyez prudents. Vous êtes désormais les ennemis de Yevon. Vous devriez éviter d'approcher les Temples pour un moment. ” Yuna le remercia de tout son cœur de les avoir avertis. Mais Lulu, curieuse, ne put s'empêcher de demander au Père Zuke s'il n'était venu que pour les prévenir. “ Pour te dire la vérité, j'étais un peu curieux de voir... cet Invokeur que tu gardes. J'espère que votre pèlerinage se http://dantesparda62novels.free.fr/

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passera bien. Pour votre propre sécurité... ” Car si Yuna défaisait Sin, ses Gardiens seraient hors de danger : jamais Yevon n'oserait les faire exécuter, ni même les emprisonner. La vie de Yuna contre la sécurité de ses Gardiens. Ainsi résonnait la jeune femme. Mais pour Tidus, c'était intolérable. Après le départ du Père Zuke, Lulu expliqua au jeune homme que ce prêtre était un Invokeur, jusqu'à six mois plus tôt.

Wakka et elle étaient ses Gardiens. Mais Zuke avait abandonné sur cette plaine, avant de devenir prêtre au Temple de Bevelle.

Le lendemain, alors qu'ils vagabondaient dans la plaine à dos de Chocobo, ils virent se profiler au nord, très loin encore, une gigantesque montagne. “ Le Mont sacré Gagazeth, terre des Ronsos. Maison de Kimahri ”, annonça gravement ce dernier à Tidus. “ Hé, peut-être qu'on va rencontrer ta famille ! ” lança celui-ci enjoué. “ Kimahri pas de famille. ” “ Oh, désolé ” “ Mais Kimahri pas tout seul : Yuna et Gardiens famille de Kimahri ”.

Ils progressaient encore et toujours en direction du nord, dormant sur le sol à la belle étoile lorsque venait la nuit, les comptoirs de Rin ne couvrant pas la partie nord de la plaine. A cause des monstres qui rôdaient, ils étaient obligés d'organiser des tours de garde par roulement. Ils durent bientôt faire un détour, car une gigantesque crevasse leur barrait la route : on avait appelé ce ravin « la cicatrice ». La légende disait que lorsque le Grand Invokeur Gandof avait mis à bas Sin, ce dernier avait déchiré la terre en deux, utilisant ses dernières forces. Le Grand Invokeur et Sin tombèrent tous deux au fond de cet interminable gouffre. Le sacrifice du Seigneur Gandof avait apporté la Félicité au peuple. Depuis, on jetait les corps des défunts de la région dans ce gouffre, car trop peu d'Invokeur parvenaient jusque là pour les envoyer vers l'Au-Delà. On supposait donc qu'au fond de cet interminable ravin devaient vivre des centaines de monstres tous plus puissants les uns que les autres.

Puis un jour, ils se levèrent à l'aube dans l'espoir d'atteindre le mont Gagazeth avant la tombée de la nuit. A mesure que la titanesque montagne semblait grandir devant eux, dissimulant le soleil de midi, Tidus et Rikku sentaient l'urgence de la situation s'intensifier. Ils allaient atteindre la montagne, la traverser, et ils arriveraient à Zanarkand où Yuna obtiendrait l'Ultime Chimère. Pourtant, aucune solution ne leur venait à l'esprit. Ils n'en savaient pas suffisamment sur le processus de l'obtention de l'arme qui déferait Sin pour sauver Yuna. La tension était palpable, et lorsqu'ils descendirent de leurs Chocobos au pied de la montagne, Lulu sembla à son tour perturbée.

La route se séparait ici en deux. Ils pouvaient au choix continuer vers la montagne, ou prendre un petit chemin qui descendait dans la vallée. Un chemin tortueux, inquiétant, qui semblait hanté par quelque sombre et terrible secret. Lulu s'y aventura la première, sans prévenir, à la grande surprise de tout le monde. On eut dit qu'elle était totalement plongée dans ses pensées, et qu'elle n'était plus tout à fait présente mentalement. Puis après plusieurs heures de descente à se poser mille questions sans jamais dire mot, ils découvrirent une petite entrée dans l'un des murs de roc qui se trouvait là. Devant l'embouchure de la ténébreuse grotte planaient quelques furolucioles égarées. Une fumée tantôt pourpre, tantôt noire, s'élevait du sol et des murs à l'intérieur de la cavité qui semblait mener sous la terre. “ Il y a un Priant à l'intérieur ”, annonça sombrement Lulu alors que tous

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contemplaient avec effroi les lieux. “ Et aussi des monstres. ” “ Hé... ” commença Wakka qui venait de comprendre. “ Est-ce que c'est là que... ? ” Lulu acquiesça, puis expliqua aux autres : “ L'Invokeur que je gardais lors de mon premier pèlerinage... est mort ici. Yuna, allons-y. Le Priant t'attend. ” Pénétrer dans la Grotte du Priant Volé après tant d'années était difficile, pour la sorcière. Elle s'en était tant voulue. Néanmoins, inspirant profondément, elle s'y enfonça, bientôt suivie par les autres. Le sol composé de sable et de roches laissait parfois s'échapper de pauvres furolucioles, piégées à l'intérieur depuis des siècles.

Rikku avait très peur de cet endroit maléfique, et elle finit par demander ce qu'un Priant ferait dans un endroit pareil. “ On raconte qu'il a été volé dans un Temple, il y a bien longtemps ”, raconta Lulu. “ Sans Priant, les Invokeurs ne peuvent pas s'entraîner ”, poursuivit Auron devant l'air étonné de Tidus et Rikku. “ Sans entraînement, ils ne peuvent pas obtenir l'Ultime Chimère. Sans l'Ultime Chimère, ils ne peuvent vaincre Sin. Voilà pourquoi. ” “ Et comme ça les Invokeurs ne meurent pas ! ” comprit la jeune Al Bhede. “ C'est sûrement ce qu'avait le voleur en tête. ” Lulu baissa sombrement la tête, et ils continuèrent à s'enfoncer dans la pénombre, guidés par la faible lueur des furolucioles. Les monstres se faisaient particulièrement nombreux et terrifiants, mais les Gardiens ne se laissaient pas impressionnés. Encouragés par Auron qui ne craignait rien, ils ne pouvaient se résigner à afficher le moindre signe de faiblesse. Après quelques heures de marche, et alors que les pèlerins se demandaient quel moment de la journée il était en réalité, Lulu afficha des yeux ronds et prit les devants, pressant le pas. La plupart des furolucioles se mirent à se rassembler afin de dessiner la forme d'un être humain.

Une femme, vêtue d'une longue robe beige et verte, l'air déterminée. “ Une errante ”, dit Kimahri dès qu'il la vit. La sorcière du groupe continuait d'avancer, émue. “ C'est... c'est vous, n'est-ce pas, Mademoiselle Ginnem ? Pardonnez-moi... J'étais trop jeune. ” Yuna comprit et sortit son bâton, passant devant Lulu et s'approchant lentement pour accomplir une Cérémonie d'Accompagnement. Mais le spectre du défunt Invokeur leva le bras brusquement et lança un sort qui frappa aux pieds de la jeune femme. “ Il ne reste plus rien d'humain en vous, désormais... n'est-ce pas ? ” comprit Lulu. “ Très bien, dans ce cas... permettez-moi d'accomplir mon dernier devoir envers vous. Mon dernier devoir de Gardien. ” Les pèlerins suivirent Lulu qui s'apprêtait à combattre, sa peluche ensorcelée s'agitant dans ses bras. Ginnem se mit à danser brièvement, agitant les mains, invoquant une Chimère étrange du nom de Yojimbo. Ce garde du corps, accompagné d'un étrange chien, était muni d'un masque d'or qui camouflait son visage, et d'un étrange chapeau d'un autre métal précieux. Lulu frappa la première, envoyant le petit Mog entre ses bras courir vers la Chimère, et lui grimper dessus, la frappant de sortilèges élémentaires et d'attaques plus puissantes et dangereuses les unes que les autres. Tidus, qui avait demandé quelques conseils à la sorcière durant leur voyage sur la Plaine Félicité, s'essaya à un sortilège de Magie Blanche qui était supposé ralentir les mouvements de la cible, la faisant aller au ralenti. Il se concentra de toutes ses forces, et vit Yojimbo diminuer sa vitesse de moitié. Satisfait, il vit ensuite Kimahri observer la Chimère avec attention. Il décela un point faible au niveau de la

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poitrine de Yojimbo et y planta sa lance. Pendant ce temps, évidemment, le garde du corps ripostait, leur lançant des couteaux terriblement coupants, et envoyant son étrange chien les attaquer. Soudain, les pèlerins furent aveuglés par une intense lumière blanche, qui vira au pourpre, puis au noir complet. Puis le noir se mit à perdre en étendue, n'enveloppant plus que Yojimbo lui-même, devenu presque invisible. Le Mog de Lulu plongea furieusement la main à l'intérieur de la Chimère, et en ressortit une sorte de furoluciole rouge qu'il écrasa d'un coup sec. Et Yojimbo tomba au sol, s'évaporant lentement en un groupe de furolucioles.

Après avoir envoyé avec tristesse l'Invokeur déchu vers l'Au-Delà, Yuna se tourna vers Lulu qui fixait le sol. “ C'est étrange ”, dit-elle. “ Je pensais être plus triste. Peut-être que je me suis habituée aux adieux. ” “ Tu es plus forte, maintenant ”, réconforta Wakka qui vint poser la main sur son épaule. “ J'espère que tu as raison... ” Elle plongea ses yeux rouges dans ceux de son ami, et après quelques instants, elle proposa à Yuna de continuer : le Priant était juste au détour du couloir suivant. Après avoir passé quelques heures à prier silencieusement, Tidus à ses côtés, Yuna vit apparaître devant elle le spectre du Priant. Yojimbo, la Chimère qu'ils avaient vaincue quelques instants auparavant, était sienne.

De retour au pied de la montagne, exténués, les pèlerins virent arriver vers eux deux Guados à l'air menaçant. Ils leur demandèrent de les suivre, par ordre de Maître Seymour. “ Nous n'avons rien à dire à Maître Seymour ! ” rétorqua Yuna. “ Surveillez votre langage. Le Maître veut vous voir. Morts, ou vifs. ” Soudain le marchand O'aka qui passait par-là son énorme sac sur le dos, sortit quelque chose de sa hotte et le lança en direction de Wakka. Celui-ci rattrapa délicatement la balle de Blitzball un peu spéciale que venait de lui donner le marchant et sursauta : elle était munie de pointes extrêmement dangereuses, et il ne ferait qu'une bouchée de ses ennemies avec cette nouvelle arme. Lâchant sa traditionnelle balle de Blitzball, il lança ensuite la nouvelle en direction de l'un des deux Guados qui prirent la fuite. Admiratif, Wakka remercia O'aka, qui lui vendit cette nouvelle arme à un prix dérisoire. Mais le marchand devait disparaître rapidement : “ Vous avez tout mon soutien, Mademoiselle Yuna. Prenez ces vivres, car je crois savoir que vous en aurez grand besoin dans le périple qui vous attend. Je ne puis vous accompagner, car je crains d'être recherché par le clergé pour vous être venu en aide. J'affronterai mon destin, coûte que coûte. Je crois en vous, et toutes mes prières vous accompagnent. ” Et O'aka disparut, faisant route à grands pas vers la Plaine Félicité.

L'interminable étendue d'herbe disparaissait derrière eux et les températures baissaient rapidement lorsque Yuna se retourna afin de fixer une longue minute ce qu'ils avaient traversés ces derniers jours. Tidus comprit alors pourquoi sans arrêt, elle agissait de la sorte. Pourquoi elle observait ainsi l'horizon dès qu'elle en avait l'occasion. Elle disait simplement au revoir à ces lieux qu'elle ne reverrait jamais.

Kimahri avait pris les devants car il connaissait parfaitement le mont Gagazeth qui

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jamais n'avait changé ces derniers siècles. Alors qu'ils approchaient de l'arche de pierre construite par les Ronsos bien longtemps auparavant, ils aperçurent quelques uns des semblables de Kimahri qui semblaient les attendre. La neige tombait éternellement en ces lieux sacrés, et les nuages semblaient toujours plus gris et plus proches. Des températures extrêmes auxquelles les Ronsos étaient habitués : ils étaient vêtus du strict minimum. Observant son peuple, sa corne brisée attirant tous les regards, Kimahri avait honte, mais il gardait la tête haute. C'est alors que deux guerriers Ronsos tombèrent lourdement devant eux, montrant leurs crocs d'un air menaçant. Biran et Yenke se tenaient là, entre eux et le mont Gagazeth. Un vieux Ronso courbé s'avançait derrière lui, et les pèlerins reconnurent Kelk Ronso, anciennement Maître de Yevon jusqu'à la mort de Kinoc. “ Invokeur Yuna, vous et vos Gardiens... quittez ces lieux immédiatement ”, lança Kelk de sa voix profonde qui résonna dans toute la montagne. “ Gagazeth est la terre des Ronsos, la montagne sacrée de Yevon. La montagne ne tolèrera pas le passage d'infidèles. ” “ Ennemis de Yevon être ennemis des Ronsos ”, lança Biran. “ Partez, traîtres ! ” “ J'ai rejeté Yevon ”, répondit Yuna ne le laissant pas intimider par ces créatures deux fois plus hautes qu'elles. “ Je ne suis plus les ordres de l'église ! ” “ Ces mots causeront ta perte ”, dit simplement Kelk. “ Ainsi soit-il ”, rétorqua fermement l'Invokeur. “ Yevon a violé ses propres Préceptes et nous a tous trahis ! Nous ne regrettons rien. ! ” Biran et Yenke se mirent en position de combat et lancèrent d'une même voix : “ Blasphémateurs ! ” Kimahri se rua vers Biran et se planta devant lui, le torse bombé, surplombé par la gigantesque corne du guerrier Ronso qui le dépassait de cinquante centimètres. “ Un Invokeur et ses Gardiens... ” réfléchissait Kelk. “ Seigneur Kelk Ronso, si je puis me permettre ”, demanda Lulu. “ N'avez-vous pas vous-même tourné le dos à Bevelle ? ” “ Mais vous continuez de protéger Gagazeth, en tant que Ronso. Pas en tant que Maître ”, continua Auron. “ C'est la même chose pour Yuna. ” “ Seigneur Kelk ! Laissez Biran les réduire en poussière. Pas de fuite. Pas un seul ! ”, lança Biran au seigneur des Ronsos. La vingtaine de guerriers Ronsos qui les encerclaient observaient avec attention la réaction de l'ancien Maître tout comme celle de l'Invokeur. “ Nous ne fuirons pas ”, rétorqua fermement Yuna. “ Nous nous battrons jusqu'au bout. ” “ Vous êtes officiellement une traître ”, dit le vieux Kelk, “ mais vous voulez tout de même combattre Sin ? Rejetée par l'église, haïe par le peuple, vous continueriez tout de même votre pèlerinage ? Vous avez tout perdu ! Pourquoi vous battezvous ? ” “ Je me bats... Je me bats pour Spira ”, répondit-elle déterminée, un doux sourire sur ses lèvres, après quelques instants de réflexion. “ Le peuple aspire à la Félicité. Je peux la leur offrir. C'est tout ce que je peux leur donner. Vaincre Sin, mettre fin à la douleur... je peux le faire pour eux. ” Les yeux verts du vieux seigneur Ronso prirent un air triste, et il baissa la tête; “ Même s'il vous faut vous sacrifier... ? ”, dit-il enfin de sa voix apaisante. Puis il éleva la voix à nouveau et ordonna aux Ronsos de les laisser passer. “ Invokeur Yuna,

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votre volonté est plus forte que l'acier. Un acier si fort que même le plus brave des Ronsos ne saurait le faire plier. Yuna, nous nous inclinons devant votre volonté !

Maintenant, allez. Les hauteurs sacrées de Gagazeth vous accueillent. ” Ils décidèrent de se reposer quelques heures à l'entrée du mont Gagazeth, sous cette arche de pierre incrustée de symboles anciens. Kimahri était inquiet. Biran et Yenke avaient disparu. Le premier était le héros des Ronsos, et le second était un puissant guerrier. Tidus discuta quelques instants avec Kelk qui avait été profondément touché par la force de Yuna. “ Une petite voix, une petite corpulence, mais une volonté qui surpasse les hauteurs de la montagne. ” Ils se mirent en marche, sachant que leur périple durerait plusieurs jours, et que leur survie n'était pas assurée. Mais après dix minutes à peine, Kimahri qui flairait quelque chose prit les devants. “ Halte ! ” lança une voix grave et profonde plus loin sur leur route. Dépité, Tidus fronça les sourcils lorsqu'il vit arriver Biran et Yenke. “ Invokeur peut passer ”, dit Biran, “ Gardiens peuvent passer... Kimahri pas passer ! Kimahri faire honte à ses frères Ronsos. Kimahri oublié son peuple. Oublié sa montagne. Petit Ronso ! Faible Ronso ! Gagazeth détester les faibles, détester les petits. Si Kimahri veut grimper... ” “ Alors Kimahri devoir prouver sa force ! ” acheva le Gardien Ronso qui semblait avoir longtemps attendu ce moment. Subissant à nouveau les quolibets de Biran et Yenke, Kimahri empêcha Tidus de leur sauter dessus. “ Problème de Kimahri, Kimahri s'en occupe ”, assura-t-i brandissant sa lance et se jetant seul face aux deux puissants Ronsos. La querelle entre Biran et Kimahri avait éclatée dix ans plus tôt. Les jeunes Ronsos se battaient entre eux pour se prouver leur force. Dans ce peuple, tous étaient de vaillants guerriers, jeunes ou vieux. Biran avait à l'époque vaincu Kimahri à plate couture, mais ce dernier n'avait jamais admis sa défaite. Fou de rage, Biran avait fini par briser sa corne. Couvert de honte, Kimahri avait quitté le mont Gagazeth, et ne parlait que très peu depuis lors.

Kimahri se rua sur Yenke, le frappant puissamment de ses énormes poings bleus.

Mais Biran arriva derrière lui et le souleva du sol, le projetant à plusieurs mètres.

Déterminé, le Gardien de Yuna se releva néanmoins, et prit appui sur sa lance pour sauter, loin au-dessus des deux autres, avant de retomber lourdement sur Yenke. Ce dernier tomba à la renverse, et ne se relèverait pas de sitôt. Fou de rage, Biran fonça tête baissée vers Kimahri et frappa entre ses côtes. Le Ronso tomba, le souffle coupé par le puissant coup qu'il venait de recevoir. Mais Biran revenait déjà, et le Gardien se releva à nouveau, luttant contre son rival. Mais la force de ce dernier était largement supérieur à la sienne. Biran, le surplombant de sa corne, le tirait vers le bas. Mais soudain Kimahri joua de la force de son adversaire afin de lui faire perdre l'équilibre, et le frappa d'un violent coup de poing sur le museau. Biran tomba, essoufflé et surpris. Tidus s'attendait à voir le puissant Ronso hurler de colère, mais au lieu de cela, Biran sourit. “ Tu as gagné, Kimahri Ronso. Kimahri devenu fort. Biran est heureux. ” Le héros des Ronsos se releva avec difficulté et se tourna vers la route de la montagne. “ Mont Sacré Gagazeth ! ” cria-t-il sa voix résonnant plusieurs secondes durant. “ J'honore le nom de puissant guerrier qui a battu Biran. N'oublie jamais, Gagazeth !

Ce nom être Kimahri ! ”. Puis Yenke, qui se relevait avec difficulté leur dit que la montagne savait désormais que Kimahri était fort, et qu'il pouvait désormais passer. “ Invokeur ! ” lança puissamment Biran d'un air solennel. “ Les Ronsos arrêteront

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poursuivants de l'Église. ” “ Vraiment ? ” demanda Yuna surprise d'une petite voix. “ Pour avoir cassé la corne de Kimahri, auparavant. Pour s'excuser. ” “ Nous écraserons ennemis qui viennent par derrière ! ” confirma Yenke. “ Kimahri écrasera ennemis qui viennent par devant ”, reprit Kimahri lui-même l'air sûr de lui et libéré de toute honte. Puis Yenke annonça que les Ronsos feraient briller la statue de Yuna. Et si Yevon n'érigeaient pas de statue pour l'hérétique qu'elle était, alors les Ronsos la feraient eux-mêmes. Avec une grande corne sur le front. Yuna se mit à rire : ce serait merveilleux. Tidus voulait lui aussi voir cette fameuse statue. Mais il voulait la voir... avec Yuna à ses côtés.

Alors qu'ils s'éloignaient par la tortueuse route de glace qui grimpait jusqu'au sommet de la montagne, prise dans une éternelle tempête de neige, ils entendirent derrière eux résonner un chant magnifique, puissant. Le peuple Ronso tout entier chantait l'Hymne des Priants en l'honneur de Yuna et de Kimahri. Et les voix graves des braves Ronsos rendaient la sublime mélodie plus magnifique que jamais. Émue, Yuna manqua de laisser s'échapper une larme. Le chant sembla faire écho dans Gagazeth tout entier des heures durant. A la tombée de la nuit, ils firent une pause, et Lulu utilisa sa magie afin d'allumer un feu. Ils se relayèrent tout au long de la nuit afin de surveiller le petit campement improvisé, car les monstres rôdaient. A l'aube, ils repartirent en direction du sommet, suivant Kimahri dans la tortueuse route, jusqu'à ce qu'ils trouvent un rocher duquel dépassait une arme rouillée. Ces pierres, nombreuses dans la montagne, marquaient les tombes des Invokeurs et de leurs Gardiens qui avaient échoués. Émus, les pèlerins passèrent respectueusement devant le roc, continuant leur route. Peu à peu, les pèlerins se mirent à discuter de moins en moins, sentant la fin de plus en plus proche.

Le lendemain, Auron prit la tête de la marche, et les emmena sur un petit sentier naturel que Kimahri savait ne pas être celui qui menait au sommet. Ils arrivèrent au final dans un cul de sac, mais le légendaire Gardien semblait savoir ce qu'il faisait. Il se baissa et se mit à balayer la neige de sa main gauche, jusqu'à en extirper une petite sphère bleue qu'il confia à Yuna. La jeune femme l'activa, et vit alors son père, Braska, se tenant exactement au même endroit qu'elle, son visage fatigué par des mois de voyage, tout comme l'était le sien. Jecht et le jeune Auron s'affairaient derrière lui. “ Bonjour, Yuna. J'espère que tu vas bien. Je me demande quel âge tu as, au moment où tu regardes cette sphère. Tu dois être magnifique, tout comme l'était ta mère. J'aimerais tellement pouvoir te voir. Oh, au fait. Jecht et Auron t'envoient leurs salutations. Jusque là, notre voyage a été très amusant. Bien sûr, ce fut aussi difficile. Mais je ne regrette rien. C'est la voie que j'ai choisie. Yuna, tu as grandi. Tu vas devoir trouver ta propre voie. Fais ce que tu as à faire, de la manière dont tu veux le faire. Les portes s'ouvrent toujours à ceux qui veulent les franchir. Écoute bien, Yuna. Ton avenir t'appartient. Vis comme tu l'entends. Et quel que soit ton choix, tu as le soutien total de ton père. Yuna, je serai toujours avec toi ! ” Et l'enregistrement s'arrêtait là. Émue, l'Invokeur afficha un triste sourire en direction de Tidus, et sans échanger un mot, ils se remirent en route à travers les vents glacials du mont Gagazeth. Et à mesure qu'ils progressaient vers le cœur de la montagne de glace, les tombeaux d'Invokeurs se multipliaient sur la route. Les pèlerins attristés savaient que la plupart des monstres qu'ils combattaient depuis leur arrivée à Gagazeth étaient en fait des Invokeurs décédés. En effet, ceux-ci mourraient seuls.

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Personne ne les envoyait vers l'Au-Delà. Et avec le temps, certains devenaient des monstres.

Ils estimaient pouvoir atteindre le sommet dès le jour suivant, lorsqu'ils croisèrent contre toute attente un jeune homme qui semblait les attendre. “ Bienvenue, Mademoiselle Yuna. Mon nom est Wantz. ” Yuna et Tidus avaient l'impression d'avoir déjà vu ce Wantz à plusieurs reprises. Il fouilla dans sa mémoire.

Souvent, ce drôle de type passait près d'eux, prenait Yuna en photo, et partait en courant. Il l'avait vu sur le SS Liki, au Temple de Djosé, ou encore près de la Plaine Foudroyée. “ Nous nous sommes déjà rencontrés ”, dit Tidus. “ Tu ne cours pas aujourd'hui ? ” “ Je dois m'occuper du business de mon frère ”, répondit Wantz avec un sourire. “ Vous le connaissez. O'aka XIII, le marchand extraordinaire. ” “ Tu es son frère ?! ” demanda Tidus surpris. “ Oui. Mon frère voulait venir aider Mademoiselle Yuna. Mais l'église l'a emprisonné pour conspiration avec des traitres. ” “ Ils l'ont emprisonné par notre faute... ? ” demanda Yuna pensant tristement au drôle de marchand qu'ils avaient tant de fois croisés. “ Il ne regrette rien ”, assura Wantz. “ En fait, avant qu'ils ne l'emmène, il m'a dit : « Ne t'en fais pas pour moi, contente-toi d'aller aider Mademoiselle Yuna ! ». ” “ Mais... pourquoi votre frère ferait-il ça pour nous ? ” demanda Yuna troublée. “ Hé bien... oh, le moment n'est pas choisi pour discuter. Je vous ai apporté des provisions, et évidemment, ce sera à moindre coût pour vous ! ” Il leur fournit de la nourriture et des vivres en grande quantité pour une somme de Gils frisant le ridicule. En réalité, cela tombait à pic, puisque les pèlerins n'avaient quasiment plus rien à manger depuis le matin. Ils reprirent alors leur route vers le sommet, remerciant Wantz. Yuna dit au jeune homme que son frère serait dans toutes ses prières, et Wantz assura qu'elle était dans toutes celles d'O'aka.

Frigorifiés, la gorge sèche, la peau rouge et le bout des doigts bleus, les pèlerins virent bientôt la longue route de glace toucher à sa fin. Ils n'étaient plus qu'à quelques centaines de mètres du sommet de Gagazeth. A mesure que le sommet approchait, Tidus ne pouvait que constater son échec : il n'avait toujours trouvé aucun moyen de sauver Yuna de son funeste destin. Ils passaient près du flanc de la montagne sans oser regarder en bas de peur d'être saisis de vertige, quand Rikku s'arrêta au niveau de Tidus, laissant le reste du groupe avancer. Zanarkand était de l'autre côté. Yunie allait obtenir l'Ultime Chimère. Et elle n'avait toujours rien trouvé, elle non plus. “ Qu'est-ce qu'on va faire ? ” demanda-t-elle inquiète. “ On avisera ”, répondit Tidus avec assurance. “ On n'en sait pas encore assez !

Tant que ce ne sera pas le cas, on ne peut rien pour aider Yuna. Allons à Zanarkand.

On y trouvera quelque chose. Tout se dénouera là-bas. Je le sais. ” “ Hé... tu sais que tu avais l'air d'un leader là ? ” fit remarquer la jeune Al Bhede amusée. “ Je suis la star des Zanarkand Abes ! On ne t'a pas dit ? ” répondit Tidus en riant, bombant le torse. Rikku s'inclina pour plaisanter, et lorsqu'elle releva la tête, elle eut l'air effrayée. Comme si elle avait vu un mort. Tidus se retourna brusquement, et vit presque sans surprise l'air froid et hautain de Seymour sur le visage de ce dernier. Il souriait, toujours de façon aussi malsaine.

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“ Ah, le fils de Jecht ”, dit-il à l'attention de Tidus. Ce dernier demanda à Rikku de courir chercher Auron. Elle hésita quelques instants à le laisser seul, mais elle s'exécuta. Seymour riait désormais. “ Maintenant, il est temps pour toi de mourir ”, annonça-t-il calmement. “ Prépare-toi, fils de Jecht ”. “ Cause toujours ! ” provoqua Tidus brandissant son épée. Il se rua sur son adversaire, frappant vers Seymour qui bloqua la lame à l'aide de son bâton d'Invokeur. Le Maître riait de cette voix aigüe et ridicule que Tidus ne supportait pas.

Soudain Tidus sentit Fraternité vibrer dans sa main, comme si elle essayait de s'échapper de ses doigts. A bout de force, il vit la lame lui glisser des mains et léviter quelques instants dans les airs, entre lui et Seymour. Ce dernier claqua des doigts et la lame bleue se mit à fuser, fonçant droit vers Tidus qui plongea de côté pour l'éviter. Pourtant, une terrible douleur lui traversa la jambe. Sa propre épée plantée dans le mollet, Tidus hurla de douleur en arrachant la lame, laissant le sang couler à flot. Il se relevait avec difficulté, quand soudain une voix retentit derrière lui : “ Laisses-en pour Kimahri ! ” cria le Ronso qui accourait, suivi par tous les autres Gardiens. “ Mademoiselle Yuna, c'est un plaisir ”, salua Seymour de sa voix empoisonnée. ” Pour toute réponse, la jeune femme se mit à danser afin d'envoyer le Guado vers l'Au-Delà. “ M'envoyer ? Déjà ? Permets-moi de dire quelques mots au dernier des Ronsos avant que je ne parte. ” Yuna s'arrêta net. Seymour émit un nouveau rire aigu lorsqu'il vit Kimahri se mettre à trembler de rage, les yeux ronds. Il ajouta : “ Tes semblables formaient vraiment une vaillante race. Ils se sont tous jetés sur moi pour me barrer la route ” Il se remit à rire : “ Les uns... après les autres... ” “ Non... ” fit Kimahri manquant de tomber à la renverse. “ Tu pourrais mettre fin aux souffrances de ce pauvre Ronso ”, reprit Seymour à l'attention de Yuna. “ Je ne vous comprends pas ! ” répliqua la jeune femme les larmes aux yeux. “ Accorde le repos éternel à Kimahri... et libère-le de sa douleur ! ” expliqua Seymour le regard illuminé. “ Spira est une terre de souffrance et de chagrin prise dans une spirale de la mort. Pour détruire – pour soigner – Spira, je vais devenir Sin. Oui. Avec ton aide. Viens avec moi, Yuna. “ Tidus s'interposa entre elle et lui. “ Lorsque je serai devenu le prochain Sin ”, dit Seymour au jeune homme, “ ton père sera de nouveau libre ! ” Surpris, Tidus laissa retomber son bras, hésitant. Puis il releva brusquement la tête, tremblant de rage. “ Qu'est-ce que tu en sais ?! ”. Il se rua en boitant vers Seymour, mais celui-ci décolla du sol, s'envolant au-dessus d'eux. “ Misérable mortel ”, lança-t-il avec dédain dans sa direction. S'entourant de furolucioles, il se mit à grossir à nouveau, et se transformant cette fois en un monstre volant, hideux, tenant deux gigantesques épées dans chacune de ses mains.

Tidus tomba à la renverse, désemparé. La douleur dans sa cuisse le paralysait, même si le froid contribuait à la lui faire oublier. C'est alors que Yuna leva les bras, marmonnant quelque formule de magie blanche, et qu'il sentit comme une sensation de chaud au niveau de sa jambe. Lentement, la blessure se refermait, et une sensation agréable vint remplacer la pinçante douleur qu'il ressentait jusqu'alors. Guéri, il brandit de nouveau son épée, rejoint par Kimahri. Les deux guerriers, aidés de Auron qui bloquait les coups extrêmement puissants de Seymour, retinrent toute l'attention du monstrueux Maître, faisant diversion aussi longtemps

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de possible afin de permettre à Yuna d'invoquer Yojimbo, cette Chimère acquise dans la Grotte du Priant Volé. La force spirituelle de Yuna avait atteint un niveau tel que Seymour ne parvenait plus que difficilement à détruire ses murs de protection magiques. Yojimbo frappa, lançant plusieurs couteaux à la suite en direction du monstre volant, avant de disparaître d'un claquement de doigt de Seymour. Celui-ci était néanmoins blessé, et Kimahri en profita pour le frapper une dernière fois.

N'ayant pas l'avantage, Seymour prit la fuite. “ Et cette fois, reviens pas ! ” hurla Tidus à bout de souffle. Tout le monde se tourna discrètement vers Kimahri. Ce dernier demeurait fier et droit, mais il préféra s'éloigner, prenant les devants vers le sommet du Mont Gagazeth. Néanmoins, le Ronso pouvait flairer qu'au pied de la montagne, tous n'avaient pas péri. Il devait rester une demi-douzaine de Ronsos en vie. Maître Kelk Ronso, Biran, et Yenke, étaient tous trois tombés de la main de Seymour. C'était une mort brave et digne d'un Ronso, et Kimahri s'efforçait de se souvenir de ce qu'on lui avait apprit : mourir au combat était le plus bel honneur que l'on pouvait avoir. Les autres le suivirent lentement, mais Yuna était troublée par les mots de Seymour et restait figée sur place. “ Il va devenir Sin... avec mon aide ? ” répétait-elle. “ Mensonges ”, répondit fermement Auron. “ Oublie ça. ” “ S'il devient Sin... Sire Jecht sera sauvé ”, continuait-elle. “ Nous partons ”, coupa de nouveau Auron. “ Vous savez quelque chose ! Dites-le moi ! ” Auron refusait de prononcer la moindre parole. Il se tourna néanmoins vers Tidus, comme s'il lui laissait le choix de dire ou non la vérité. Yuna se rua vers le jeune homme et le supplia de tout lui dire. “ Sin est... mon père. ” “ Tu t'es cogné la tête ?! ” demanda Wakka inquiet. “ Sin est mon père ! ” répéta Tidus honteux avec plus d'assurance. éMon père est devenu Sin ! Je ne sais pas comment ni pourquoi il a fait ça. Mais je l'ai ressenti quand je suis entré en contact avec Sin. Dès ce moment, j'ai su que c'était vrai. Mon père est la cause même la souffrance de Spira. Je suis désolé... ” Évidemment, tous se demandaient s'il n'était pas devenu fou. Tous sauf Auron et Yuna. “ Même... en sachant que Sin est ton père... ” commença-t-elle. “ Je dois quand même... tu sais... ” “ Je sais ”, coupa Tidus avec un sourire amer. “ Occupons-nous de lui. Je crois que c'est ce qu'il veut. ” “ Tu combattrais ton propre père ?! ” demanda Lulu à la fois ahurie et admirative. “ Ouais. C'est pas vraiment un problème. ” Du moins n'en était-ce pas un tant que cette ultime bataille était encore loin devant eux.

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- XV Zanarkand

C'était surprenant, mais à mesure qu'ils approchaient du sommet de Gagazeth, la neige se faisait moins épaisse, et le blizzard se calmait. Comme si quelque force inconnue repoussait la tempête. Tidus pensait tristement aux Ronsos qui s'étaient sacrifiés pour eux. Seymour devait disparaître, une fois pour toute. Mais pouvait-il vraiment... ramener Jecht ? Et s'il disait vrai ? Et si ce fou pouvait sauver son père en devenant lui-même Sin ? Le sol n'était plus que de roche, et les pèlerins silencieux sentaient les températures lentement remonter. Il était en bout de file lorsque Tidus entendit devant lui Yuna faire « woah ! ». Relevant la tête, il découvrit avec stupeur l'une des scènes les plus insolites qu'il lui ait jamais été donné de voir. Ils se trouvaient au beau milieu des plus hauts pics de la montagne. De tous les murs de roc coulait une douce brume bleue, qui se répandait au sol avant de dégringoler lentement la montagne, formant un immense lac de fumée sur leur gauche. Au milieu de ce lac se tenait un éternel et lent geyser bleu qui s'entortillait sur luimême. Dans tous les murs dont émanait cette brume magique se trouvaient des statues, en des proportions incalculables, enfermées dans la roche depuis bien longtemps. Au milieu de toutes celles-ci, un immense cercle d'or portant le symbole de Yevon, et celui de Zanarkand.

Soudain, Tidus se sentit pris d'une étrange sensation. Comme si ces statues l'appelaient. Comme si elles criaient son nom. Il eut l'impression de ne pas être à sa place, de devoir quitter Spira coûte que coûte. Il ne se sentait plus vivant. L'était-il seulement ? Zanarkand était derrière la montagne, mais d'une certaine manière,

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Tidus avait la sensation que Zanarkand se trouvait également ici même.

Irrésistiblement attiré, il s'approcha lentement de la paroi rocheuse. Les autres parlaient, mais il ne les entendait qu'à peine. “ Ce sont des Priants... ” sentit Yuna. “ Une Invocation ! Quelqu'un utilise ces Priants ! Quelqu'un draine leur énergie, à tous. ” “ Tous ?! ” répéta Rikku abasourdie. “ Qui aurait besoin d'un si grand pouvoir ? ” se demanda Lulu à haute voix. “ Et qu'est-ce qu'ils peuvent bien Invoquer ? ” “ Hé... ” coupa la jeune Al Bhede qui semblait juger Auron du regard. “ Tu sais quelque chose, toi, hein ? Allez, crache le morceau ! ” “ Ne compte pas sur les autres pour tout te dire ”, répondit Auron de sa voix fatiguée. “ C'est aussi ton voyage. ” “ Mais Yunie pourrait mourir ! ” lança Rikku d'une voix suppliante. “ Non ”, coupa Tidus absent. “ Auron a raison. C'est notre... ” il marqua une pause, comme comprenant enfin ce que Auron lui avait toujours dit. “ C'est mon histoire. ” Il avança doucement la main vers l'un des Priants. Et à mesure que son bras se tendait, il avait la sensation de voir, de sentir sa Zanarkand. Oui. Elle était là. Il effleura à peine la statue, et soudain il se sentit passer au travers et tomber. Il n'entendait presque plus les autres appeler son nom, le supplier de se réveiller.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il se sentait enfin vivre de nouveau. Et paradoxalement, il ne se sentait plus exister. Il vit avec surprise quelques furolucioles s'échapper de son propre corps. Paniqué, il regarda autour de lui. Il était de retour à Zanarkand. Sa Zanarkand. Juste devant chez lui, au bord de l'océan. Mais tout semblait différent.

L'immense arche aquatique qui surplombait la ville était là. Le luxe et les hauts bâtiments n'avaient pas bougé. La ville brillait toujours de mille feux... mais... tout semblait tellement... flou... irréel. Les gens avaient disparu, mais la ville était intacte.

Sans doute n'était-ce qu'un rêve... oui, c'en était forcément un.

Tremblant, il se releva avec difficulté, et une fois debout, il se mit à marcher vers la porte de son bateau, que son père utilisait autrefois pour aller s'entraîner en mer.

A l'intérieur du petit navire, tout était comme il l'avait laissé. La table en bois, basse et ronde, qui se trouvait au milieu du salon, n'avait pas été débarrassée. Ses balles de Blitzball étaient entreposées en vrac dans un petit placard derrière la porte. Les néons et autres écrans flottants affichant des informations sur la mer et ce qui s'y passait étaient également présents. Et le ventilateur au plafond... tournait au ralenti.

Soudain, il sentit comme une présence près de lui. Pas une présence physique, mais plutôt une force. Il tourna la tête et sursauta. “ Bienvenue chez toi ! ” résonna la voix de l'enfant encapuchonné d'un châle mauve. Tidus n'eut pas le temps de répondre. “ Tu te souviens de moi ? Nous nous sommes rencontrés, à Bevelle. Mais ça n'était pas la première fois. Je te connais depuis longtemps. Très, très longtemps. ” “ Je... j'ai le sentiment de te connaître, moi aussi ”, répondit Tidus à l'enfant autour duquel flottaient des furolucioles. “ Où est-ce qu'on est ? ” Le jeune Priant émit un léger rire. “ Mais enfin, tu ne reconnais pas ta propre maison ? ” Soudain tout sembla disparaître, l'enfant, le salon, le sol, le plafond. Et apparut alors Wakka, l'air paniqué, les yeux ronds. “ Qu'est-ce qui t'arrive, bon sang ?! Réveille-toi ! ” La voix tremblante de Rikku

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résonna également, appelant son nom. Soudain tout réapparut, et il vit de nouveau l'enfant assis contre un des murs de son salon. “ Attends ”, dit Tidus qui réfléchissait. “ C'est un rêve. ” “ Précisément ”, répondit le Priant avec un sourire. “ Un rêve... bon sang, je n'ai pas le temps de rêver, pas maintenant ! ” lança le jeune homme en colère contre lui-même et cherchant un moyen de se réveiller. “ Non, tu te trompes ”, coupa l'enfant encapuchonné. Il se leva et vint se planter devant Tidus, l'air grave. Leurs voix résonnaient dans l'air, et le fils de Jecht était un peu effrayé. Le Priant dit alors : “ Tu n'es pas en train de rêver... Tu es un rêve. ” Tidus sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Que voulait dire l'enfant ? Le petit se mit à courir vers l'extérieur du petit bateau, et il se lança à sa poursuite. Il le retrouva sur le pont du navire, se fiant au doux cri des furolucioles qui en émanaient pour retrouver le Priant. Ce dernier fixait la ville, sublime, de Zanarkand. Tidus s'accroupit afin de se mettre à sa hauteur. Et le petit garçon raconta : “ Il y a bien longtemps, la guerre régnait. Une guerre entre Zanarkand et Bevelle.

Les machines de Bevelle leur assuraient la victoire dès le départ. Jamais Spira n'avait connu un tel pouvoir. Les Invokeurs de Zanarkand n'avaient aucune chance.

Zanarkand était condamnée à la destruction, c'est pourquoi nous avons essayé de la sauver... au moins en tant que souvenir. ” “ Qu'est-ce que vous avez fait ? ” demanda Tidus aussi inquiet qu'intéressé. “ Les Invokeurs et les habitants de Zanarkand qui ont survécu à la guerre... sont tous devenus des Priants, pour l'Invocation. ” “ L'Invocation... ” réfléchissait Tidus. “ Tu parles de Sin ? ” “ Non. Je parle de cet endroit. Une Zanarkand qui ne dort jamais. ” “ Quoi ?! ” “ Les Rêves des Priants ont Invoqué les souvenirs de la ville, expliqua le petit. Ils ont Invoqué tous les bâtiments, tous les gens qui vivaient là. ” “ Les gens... que... ce sont tous des rêves ? ” Tidus commençait à comprendre, et s'inquiétait de son propre sort. “ Tous des rêves, et... moi aussi ? ”, demanda-t-il. Le jeune garçon acquiesça. “ Oui. Tu es un rêve des Priants. Toi, ton père, ta mère... tous sont des rêves. Et si les Priants s'arrêtent de rêver... ” Soudain, tout Zanarkand devint sombre, bien que les lumières étaient toujours allumées. Si sombre que Tidus ne voyait pas ses propres pieds. Comme si un voile noir s'était glissé entre ses yeux et le monde. Tremblant plus que jamais, les larmes aux yeux, il comprit alors. “ Non ! ” protesta-t-il d'une voix suppliante. “ Qu'est-ce que ça peut faire que je sois un rêve !? Je... ça me plaît d'être là ! ” “ Nous rêvons depuis si longtemps... nous sommes fatigués ! ” répondit le Priant avec sincérité. “ Toi et ton père... est-ce que vous nous laisseriez nous reposer ? Vous avez tous deux été touchés par Sin. Sin, celui qui fait que la spirale funeste qui s'abat sur Spira ne s'arrête pas. ” “ Qu'est-ce que tu dis ? ” demanda Tidus ne comprenant pas. “ Vous êtes bien plus que de simples rêves, maintenant. Encore un peu... et peutêtre... peut-être que tu seras le rêve qui a enfin mis fin au rêve. ” Confus, le jeune homme était totalement perdu, ne sachant plus que comprendre. Il entendit soudain la douce voix de Yuna l'appeler, suppliante. C'est alors qu'il se sentit tomber en arrière, et que la sombre Zanarkand s'évapora. Lorsqu'il ouvrit les paupières, il vit six

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paires d'yeux ronds braqués sur lui. Yuna était penchée au-dessus de son visage. Lui était allongé sur le sol, dans l'étrange brume bleue.

Il se leva brusquement, troublé, haletant. Combien de temps était-il resté là, immobile ? “ Tout va bien ?! ” demanda Yuna l'air soulagée. “ Bon sang on s'inquiétait ! ” lança Rikku sur un ton de reproche. “ Je, heu... tout va bien ”, assura-t-il. “ Ça va ! Rien de grave. Un coup de fatigue, je suppose. Je... rêvais... vous m'avez appelé, et je me suis réveillé ! C'est tout ! Allez, en route ! ” Il fit mine de s'étirer paresseusement. “ Rien ne vaut une bonne sieste !

C'est parti ! ”. Et il prit la tête de la marche, sous le regard ahuri de ses compagnons.

Tidus ne pouvait s'empêcher de regarder ce grand geyser qui s'entortillait sur luimême au milieu du lac de brume magique. Il sentait au plus profond de lui que son destin, que son existence même, étaient liés à cette puissante Invocation. Il s'engagea alors dans une intense réflexion. Il n'était donc qu'un rêve qui s'était matérialisé. Mais par définition, un rêve n'existait pas. Il ne devrait donc pas exister, et pourtant, il était là, accompagnant Yuna dans son périple. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu qu'il goûte au monde réel ? Il ne voulait plus partir. Il voulait simplement vivre sur Spira, avec Yuna, cette magnifique jeune femme qui était désormais tout ce qu'il avait.

Longeant la paroi rocheuse où demeuraient les Priants emprisonnés, ils virent bientôt se profiler devant eux l'entrée d'une grotte. La grotte de Gagazeth était immense, et ô combien dangereuse. La sombre caverne traversait la montagne vers le bas, en direction de Zanarkand. Elle grouillait de monstres rusés et dangereux, qui avaient su venir à bout de nombre d'Invokeurs et de Gardiens. Le noir labyrinthe n'était éclairé que par quelques champignons phosphorescent qui grimpaient le longs de colonnes de pierre, sur le sol, ou sur les murs de roc. La grotte était également inondé en plusieurs points, et il fallut tantôt nager, tantôt marcher, et ce des jours durant. De plus, quelque mécanisme très ancien semblait boucher certains passages, et il leur fallut faire appel à leur intelligence afin de trouver le moyen de contourner la plupart des obstacles. Par exemple, un interrupteur faisait bouger la

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roche et rendait le chemin traversé précédemment totalement différent.

Le chemin devenait de plus en plus clair à mesure qu'ils avançaient, et la sortie n'était plus loin. Tidus appréhendait. Dans quel état allait-il découvrir Zanarkand ?

Quelle serait alors sa réaction ? Auron marchait devant tout le monde, inépuisable, allant même jusqu'à presser le pas, assurant « qu'ils » seraient là bientôt., et « qu'elle » allait envoyer des monstres pour tester l'Invokeur. “ Qui ça... « elle » ? ” demanda timidement Yuna. “ Yunalesca ”, répondit calmement Auron. “ Elle attend l'arrivée des plus braves, au cœur de Zanarkand. ” “ Elle est toujours en vie ? ” “ Autant que Mika et Seymour. Tu perds ton sang-froid ? ” “ Non ”, assura Yuna. “ Rien ne me fait plus peur, désormais. ” “ Braska serait fier ”, conclut Auron avec un léger sourire.

Et c'est ainsi qu'enfin, ils quittèrent la grotte de Gagazeth pour découvrir un ciel orangé, loin de la tempête de la montagne, laissant derrière eux ces pénibles jours de marche. Ils étaient encore loin au-dessus du niveau du sol, et il leur faudrait contourner le roc sur lequel ils se trouvaient afin de découvrir, enfin, la ville-machine détruite mille ans plus tôt. Et cette fois, Tidus et Rikku le savaient : il fallait gagner du temps, car ils ne savaient toujours pas comment sauver Yuna. La jeune Al Bhede demanda donc à ce qu'on se repose ici. Mais Auron lui répliqua qu'ils seraient bientôt devant la ville, et qu'il était inutile de perdre du temps ici. “ Rikku... ” murmura Yuna. “ Très bien, je vais réfléchir sur la route... ” répondit la jeune fille découragée.

Wakka vit Tidus baisser la tête et il s'approcha de son ami. Il savait ce qu'il ressentait. Ils venaient de vivre une aventure hors du commun, et tout allait prendre fin avec la disparition de Sin... et de leur amie. “ Hé, allez, viens, on y va ”, lui dit-il posant la main sur son épaule l'air compatissant. “ On y est presque... pas vrai ? ” demanda Tidus. “ Tu me fais penser à moi ”, coupa Auron qui était près d'eux en riant amèrement. “ A l'époque... au plus nous approchions de Zanarkand, au plus je me posais des questions. Braska obtiendrait et invoquerait l'Ultime Chimère à notre arrivée... Il combattrait Sin, puis il mourrait. Je croyais m'être fait à cette idée longtemps auparavant. Mais en arrivant ici même, ma résolution s'est ébranlée. ” “ Huh, je n'aurais jamais cru ça ”, fit Wakka avec un sourire triste. “ Même les Gardiens de légende ont leurs moments de faiblesse ? ” “ Gardien de légende ? ” répéta Auron surpris. “ Je n'étais qu'un jeune garçon.

J'avais à peu près ton âge, en fait. Moi aussi, je voulais changer le monde. Mais... je n'ai rien changé du tout... ” Il exécuta une pause et son unique œil valide roula lentement vers le bas, l'air triste. “ Voilà mon histoire ”, conclut Auron la gorge nouée, reprenant la route. Tidus comprit alors la fatigue, la lassitude, la rage que l'on lisait sur le visage du Gardien de Braska. Il avait dû être détruit par la disparition de Braska au terme de leur voyage. Et peut-être par celle de Jecht ? Sa peine l'avait rongé, creusant son visage, le vieillissant, lui faisant prendre vingt ans en dix ans.

Ainsi plongé dans ses pensée, Tidus marcha plusieurs minutes avant de s'arrêter, s'apercevant que tous regardaient au-dessous d'eux un véritable champ de

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bâtiments antiques en ruine. Une ville qui était morte mille ans plus tôt. Une ville qu'il devait voir de ses propres yeux. La destination finale du voyage de Yuna. Le dernier chapitre de son histoire. Zanarkand. Ses pensées semblaient flotter quelques instants avant de lui glisser entre les doigts, s'échappant avant qu'il ne puisse poser les mots sur elles. “ Yuna, je dis non ! ” lança Rikku les larmes aux yeux, ramenant Tidus à la réalité. “ Si on descend, tu... ” “ Rikku ”, coupa l'Invokeur d'une voix douce. “ Tu es une vraie amie, et je te remercie... mais je dois aller... à Zanarkand. ” “ Je ne dis pas que tu ne dois pas y aller ”, lança la jeune fille. “ Mais est-ce qu'on ne peut pas y réfléchir encore un peu ? Il y a forcément un moyen de te sauver, Yuna !” “ Toute ma vie, j'ai su que ce moment arriverait ”, assura Yuna d'une voix tremblante. “ Yunie... ” L'Invokeur s'avança alors pour prendre sa cousine Al Bhede en pleurs dans ses bras. Quelque chose glissa alors de la robe de Yuna et tomba au sol, attirant le regard de Tidus. “ Merci, Rikku... ” fit Yuna. “ Merci pour tout... ” “ Ne dis pas ça, Yunie ! Ça n'est pas encore fini... “ “ Dis merci à Cid de ma part ”, reprit l'Invokeur. “ Non. Tu pourras lui dire toi-même. ” “ Je t'en prie... ” “ Yunie, ne dis pas ça, parce que... tu ne vas pas mourir, d'accord ? ” Quelques secondes plus tard, tous se remirent en route. Tous sauf Tidus, qui attendit que les autres soient partisi pour s'approcher de l'objet qu'avait laissé tomber Yuna. C'était une sphère, et la curiosité de Tidus prit le dessus : il l'activa, plongeant son regard dans la petite boule bleue et brillante. Il vit alors la jeune Invokeur assise au bord d'une falaise, sur la route de Mi'ihen, devant le comptoir de Rin et l'enclos Chocobo qui se trouvait là, le soleil se couchant derrière un pont en ruine, bancal, au beau milieu de l'océan. Tidus se souvenait parfaitement du merveilleux moment qu'il avait passé avec Yuna ce soir-là. Et visiblement, avant que le jeune homme ait rejoint l'Invokeur, elle s'était affairée à préparer cette petite sphère, d'une petite voix tremblante. “ Sire Auron. Kimahri m'a dit... quand mon père a voulu que je quitte Bevelle pour Besaid... c'est vous qui avez demandé à Kimahri de m'y emmener, n'estce pas ? J'ai toujours voulu vous rencontrer. Je suis vraiment heureuse d'en avoir eu la chance. Vous avoir comme Gardien aura été un si grand honneur que je ne sais comment vous remercier. Peut-être que parvenir à vaincre Sin serait un moyen de vous dire merci. C'est donc ce que je vais faire. Oui. Je vais défier Sin, et je vais le battre. Si vous êtes tous là, à regarder cette sphère, alors je suppose que Sin est déjà parti... et... moi aussi, je suppose.... Enfin, je voulais juste dire : Sire Auron, je vous remercie. ” “ Kimahri ”... reprit-elle riant légèrement, les larmes aux yeux. “ Te souviens-tu de notre première rencontre ? Je n'avais que sept ans. Mon père avait battu Sin, et tout Bevelle était en fête. Tout le monde se racontait quel héros mon père était. J'étais si heureuse. Mais... quand la nuit est tombée, l'évidence m'a traversé l'esprit. Mon père avait vaincu Sin, et désormais, il était mort. Désormais, j'étais seule. Je ne pouvais pas dormir, alors j'ai erré dans la ville, loin de la foule et de la fête. Je suis restée sur

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le pont de Bevelle, là où mon père et moi nous étions séparés. De là, seule, je pouvais voir les champs sur lesquels il avait combattu Sin, au loin. C'est alors que tu es apparu, Kimahri. Tu as dit que tu “ cherchais la fille de Braska ”, tu te souviens ? J'ai eu tellement peur, sur le coup ! Jusqu'à ce que je réalise combien tu étais quelqu'un de bien. Tu n'avais pas l'habitude de parler aux enfants. Quand je t'ai dit que j'étais la fille de Braska, tu as dit que tu m'emmènerais aussi loin de Bevelle que tu le pourrais. Que c'était le vœu d'un homme aux portes de la mort. Je crois avoir pleuré, à ce moment... parce que j'ai alors su que mon père était mort, et que je ne le reverrais jamais. Tu m'as simplement prise dans tes bras, sans dire un mot. J'ai aussi pleuré à notre arrivée à Besaid. Quand tu as essayé de quitter l'île, me confiant au Temple... Je me suis accrochée à toi en larmes, te suppliant de ne pas partir. Et tu as écouté, Kimahri. Tu es resté. Kimahri... merci. Merci pour tout. Et... j'ai toujours aimé ta corne cassée ! ” “ Wakka, Lulu. Je n'oublierai jamais ces jours passés à grandir avec vous, à Besaid.

Nous jouions toujours ensemble, nous et Chappu. C'est ce qui me rendait toujours si heureuse, je crois. Et... quand vous avez refusé de me laisser devenir Invokeur, et que je l'ai fait malgré tout... je suis désolée. J'ai toujours voulu m'excuser. Vous savez, quand vous avez essayé de m'arrêter... vraiment, j'étais heureuse. Parce que je savais que vous teniez réellement à moi. Vous étiez comme mon grand frère et ma grande sœur. Non... je crois que vous étiez vraiment mon grand frère et ma grande sœur.

Que dire d'autre... oh, j'adore te regarder jouer au Blitzball, Wakka ! Et je t'aime même quand tu me grondes, Lulu ! Vraiment ! ”, fit-elle en riant. “ Je crois qu'il ne reste donc plus que... le nouveau Gardien... Tidus. Le joueur vedette des Zanarkand Abes... Tu es... je suis... heu... je suis heureuse... heureuse qu'on se soit rencontrés. On ne se connait pas depuis longtemps, mais... c'est drôle.

Alors... c'est ce qu'on ressent quand... C'est un sentiment encore plus merveilleux que tout ce que j'avais imaginé. Merveilleux... mais douloureux, parfois. Je veux juste te remercier, pour tout... Peut-être est-ce pour ça que ça fait mal : quand je pense qu'on ne sera jamais ensemble... j'ai peur. Non... je ne devrais pas dire ça... Je vais refaire cette partie... hm... “ “ Qu'est-ce que tu fais ? ” avait alors demandé la voix de Tidus qui venait de quitter l'auberge derrière elle. Paniquée, Yuna avait rangé l'enregistreur en toute hâte. Ainsi s'achevait le testament de l'Invokeur. Tidus touché tremblait de tous ses membres. Elle l'aimait. Il l'aimait lui aussi. Et pourtant, il était là, sur la face nord du mont Gagazeth, l'emmenant tout droit à la mort. Il ne pouvait la laisser partir. Il se mit à courir afin de rattraper les autres, qui avaient pris de l'avance. Ils descendaient vers la ville, sans échanger la moindre parole, observant la puissance destructrice de Sin qui n'avait rien épargné de Zanarkand. Tidus essayait en vain de localiser l'endroit où il vivait : le niveau de la mer ayant considérablement baissé en un millénaire, il n'arrivait pas à se repérer.

Lorsqu'ils atteignirent enfin le niveau du sol, laissant derrière eux la montagne de Gagazeth et les longues et pénibles journées de marche, Tidus fut pris aux tripes par ce qu'il avait sous les yeux. La ville où il avait grandi, vide de monde, vide de toute vie. Immobile, telle une image figée. Vestige d'un monde sans Sin, d'un monde meilleur. Au-dessus des restes de la ville-machine flottaient des milliers de furolucioles, formant un courant qui traversait la ville par les cieux. Le soleil se

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couchait, et le ciel orangé faisait briller plus que jamais les magnifiques âmes déchues. Demeurant silencieux, les pèlerins pensaient tous à la même chose : sans doute était-ce le dernier moment tranquille qu'ils passaient tous ensemble. Tidus agit le premier. Il planta son épée dans le sol. Quelques instants plus tard, Yuna planta son bâton au même endroit. Puis Wakka posa sa balle. Lulu fit s'assoir son Mog ensorcelé. Seul Auron semblait refuser de poser son arme, sans doute inquiet d'une éventuelle attaque.

Assis en cercle près de leurs armes, autour d'un petit feu que Lulu avait allumé à l'aide de sa magie, chacun était replié sur lui-même, chose que Tidus avait peine à supporter. Après quelques minutes passées à dévisager ses amis les uns après les autres, il se leva et posa délicatement la main sur l'épaule de Yuna en passant. Puis il s'éloigna de quelques mètres afin de gravir un petit tas de débris qui formait une crête surélevée. De là, il pouvait mieux encore apprécier cette vision incroyable de Zanarkand. Cette ville qu'il croyait si bien connaître, et dont il ne restait rien. C'était quelque part, au milieu de ces ruines que Yuna allait acquérir l'Ultime Chimère. Son père, Jecht, avait sans doute été aussi accablé que lui lorsqu'il avait découvert ce qui restait de Zanarkand. Cette ville qui l'avait si longtemps acclamé, soutenu. Une ville pleine de vie et de lumières. Désormais, plus rien ne bougeait, et les seules lumières étaient les furolucioles. Yuna le rejoignit et se tint silencieusement à ses côtés quelques minutes. Puis, décidant de prendre le dessus sur sa nostalgie et ses craintes, oubliant même la finalité du pèlerinage de Yuna, oubliant cette peur de l'idée de n'être qu'un simple rêve éphémère et destiné à disparaître tôt ou tard, il se décida à rejoindre les autres.

“ Écoutez mon histoire ”, demanda-t-il d'un air calme et posé qui ne lui ressemblait pas. “ On n'en aura peut-être plus l'occasion ” Et il se mit à tout leur raconter. L'attaque de sa Zanarkand par Sin, sa rencontre avec les Al Bheds et Rikku, son arrivée sur la plage de Besaid, leur périple et tous ces moments étonnants et http://dantesparda62novels.free.fr/

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magiques qu'il avait vécu. Il se souvenait du vœu de Yuna : « Je veux que mon voyage soit jalonné de rires ». Il insistait donc au possible sur les détails les plus drôles, les plus positifs. Toutes les merveilles de Spira qu'il avait pu découvrir en quelques mois. Et à mesure qu'il parlait, la nuit tombait et le feu mourait. Dans le ciel scintillaient des milliers de grosses étoiles, qui semblaient se confondre au loin avec les furolucioles qui dansaient. Chacun des Gardiens savourait cet instant magique, riant, s'amusant, une dernière fois avant la fin.

Bientôt toutefois, Auron l'interrompit amicalement, annonçant qu'il était peutêtre temps de se remettre en route. Détendus, les pèlerins reprirent leurs armes, prêts à traverser la dernière ligne droite de leur voyage. L'incroyable détermination de Yuna ne semblait pas faiblir, et Tidus se demandait comment il allait s'y prendre pour la sauver. En fait, il s'était aperçu que son propre cas passait après celui de Yuna. Qu'il disparaisse était une chose, que Yuna meurt en était une autre. Il ne laisserait pas sa bien-aimée périr. Ne la quittant pas des yeux, il avançait parmi les ruines de sa cité, au milieu de ces bâtiments qu'il reconnaissait à peine. A mesure qu'ils avançaient, des monstres de plus en plus gros se mettaient en travers de leur chemin. Approchant lentement du cœur de Zanarkand, ils se trouvaient sous l'épais nuage de furolucioles qui éclairait leur chemin. Ils ne pouvait plus différencier les étoiles dans le ciel des âmes qui volaient au-dessus de leur tête. Il y avait tant de ces petites lucioles qu'ils ne purent s'empêcher de comparer ces lieux à l'Au-Delà de Guadosalam.

Bientôt, ils se mirent à marcher le long d'un pont écroulé, qui semblait mener à un gigantesque bâtiment rond, en ruines. Les furolucioles semblaient se diriger vers ce point précis, et Auron essayait visiblement de les suivre. Après tout, il était déjà venu, et il connaissait la route. Tidus, lui, était totalement perdu. Il n'était même pas capable de dire où se trouvait le stade de Blitzball. Mais il n'en avait que faire. Une seule chose importait : Yunalesca attendait, plus loin. Et Yuna allait mourir, peut-être avant la fin de cette sublime nuit. Mais toujours pas l'ombre d'une solution.

Lorsqu'enfin ils atteignirent le gros bâtiment rond, dont le plafond s'était totalement effondré et dont seuls les murs tenaient le choc, ils s'avancèrent prudemment. C'est alors qu'un petit homme habillé d'une robe Yévonnite émergea du Temple antique, courbé, visiblement très vieux. Il ressemblait curieusement à Maître Mika. “ Voyageurs, veuillez vous identifier ”, demanda-t-il lentement. “ Je suis l'Invokeur Yuna ”, répondit-elle. “ Je viens de l'île de Besaid. ” “ Vos yeux, ma chère. Montrez-moi la longue route que vous avez traversée. ” Il s'approcha de Yuna et scruta son visage un temps qui parut interminable aux pèlerins. Enfin, il s'exclama : “ Très bien ! Un beau parcours. Dame Yunalesca va sans doute vous accueillir à bras ouverts. Allez à elle, maintenant. Et emmenez vos Gardiens avec vous. Allez ! ”. Et le vieil homme passa derrière eux, prenant la route de Zanarkand. Les pèlerins ne le virent pas s'évaporer, ne laissant derrière lui que quelques âmes lumineuses. A l'intérieur du grand bâtiment, qui à la réflexion ressemblait plus ou moins à un stade de Blitzball réaménagé et totalement détruit, ils découvrirent un véritable labyrinthe de gravats, où flottaient inlassablement d'autres furolucioles. On appelait cet endroit le Dôme de Yevon. Et alors que Tidus avançait aux côtés de Yuna, il sursauta lorsque trois spectres apparurent subitement devant lui. “ Si donner ma vie peut profiter à l'avenir de Spira, alors je le ferai avec joie ”, dit

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une femme habillée dans des vêtements d'époque. “ C'est le plus grand honneur qu'un Gardien puisse demander. Prenez ma vie, Dame Yocun, et débarrassez Spira de Sin. ” Et les trois spectres disparurent aussi promptement qu'ils étaient apparus. Rikku, tremblante, les yeux rondes, demanda ce qui s'était passé. “ Nos prédécesseurs ”, répondit calmement Auron. Il leur expliqua que ce Dôme étant rempli de furolucioles, il agissait comme une gigantesque sphère. Les pensées des gens demeuraient là pour toujours. Personne n'osa se prononcer, mais tous se demandaient ce que signifiait ce qu'ils venaient de voir. Dame Yocun était l'un des quelques Grands Invokeurs, l'une de ces personnes qui avaient donné leur vie afin de détruire Sin... avant son retour. Les Grands Invokeurs étaient, dans l'ordre, Yunalesca près d'un millénaire auparavant, Gandof environ quatre cent ans plus tôt, Ohalland également grand joueur de Blitzball avait quant à lui vaincu Sin plus de deux cent ans avant ces évènements, et Yocun quant à elle avait défait Sin le siècle précédent.

Enfin, Braska, père de Yuna, avait détruit Sin dix ans plus tôt.

Se frayant avec difficulté un chemin parmi les débris, les pèlerins étaient aux aguets. Ils savaient qu'à tout moment un ennemi de taille pouvait apparaître. Guidés par Auron, ils atteignirent bientôt un chemin sur-élevé, où les furolucioles étaient plus nombreuses encore. Le sol n'était pas stable, et le groupe d'amis devait faire preuve de prudence afin de ne pas tout faire s'écrouler. Soudain, un flash lumineux les aveugla l'espace d'un instant, et un nouveau spectre apparut juste devant Tidus.

C'était un enfant. Un enfant d'environ dix ans, habillé d'une robe Yévonnite. Il cachait sa tête coiffée de longs cheveux bleus dans ses énormes main. Seymour pleurait à chaudes larmes. “ Non ! ” criait-il. “ Mère, non ! Je ne veux pas que tu deviennes un Priant ! ” “ Il n'y a pas d'autre moyen ”, répondit une femme à l'air doux mais néanmoins sûre d'elle. “ Utilise-moi et fais ce qui doit être fait. Dès lors, le peuple t'acceptera. ” “ Je me moque de ce qu'ils pensent ! ” continuait le jeune Seymour sanglotant. “ J'ai besoin de toi, Mère ! De personne d'autre ! ” “ Il ne me reste pas beaucoup de temps... ” Les Gardiens surpris échangèrent des regards inquiets lorsque les spectres eurent disparu. Suivant toujours Auron, ils voyaient au loin se profiler une entrée dans le mur. Évitant de regarder en bas, ils se concentraient sur un point fixe devant eux afin de ne pas perdre l'équilibre. Tidus, qui avait Auron dans son champ de vision, vit alors un second Auron plus jeune dépasser le premier en courant, suivi par Jecht et Braska. Ils s'arrêtèrent non loin d'eux. “ Hé, Braska ! ” lança le spectre du père de Tidus. “ Tu n'as pas à faire ça. ” “ Merci de t'inquiéter ”, répondit celui du père de Yuna avec un sourire. “ Bon ”, admit Jecht croisant les bras. “ J'ai dit ce que j'avais à dire. ” “ Moi non ! ” coupa le jeune Auron. “ Seigneur Braska, faisons demi-tour ! Je ne veux pas vous voir... mourir. ” “ Tu savais que ce moment arriverait, mon ami ”, dit Braska l'air solennel. “ Oui, mais je... je ne peux pas l'accepter. ” “ Auron, je suis honoré que tu t'en fasses pour moi. Mais je suis venu jusqu'ici pour détruire le deuil incarné. Je vaincrai Sin et lèverai le voile de chagrin qui couvre Spira.

Je t'en prie, comprends-moi, Auron. ” Et les trois spectres se reprirent leur route vers le petit passage dans le mur avant

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de disparaître. Le véritable Auron demeurait interdit. Il n'avait visiblement pas du tout envie de ressasser ces souvenirs douloureux. Tidus le comprenait parfaitement, car ce qu'il avait vécu dix ans plus tôt, lui le vivant à l'instant même. Il voulait supplier Yuna, tomber à genoux devant elle, mais il savait que rien n'ébranlerait sa détermination. Encore moins maintenant qu'elle se voyait suivre les traces de son défunt père. Lorsqu'enfin ils atteignirent un sombre couloir dans lequel moisissait un tapis rouge couvert de poussière et de morceaux de plafond, de colonnes, et de pans de mur, les spectres de Braska et ses Gardiens apparurent de nouveau. Peut-être les souvenirs d'Auron incitaient-ils les furolucioles à réagir malgré lui. “ La Salle de l'Épreuve est devant, c'est ça ? ” demanda Jecht. “ Probablement ”, répondit Braska qui semblait ailleurs. “ Ici aussi, hein... jamais tranquilles ! Je m'attendais à autre chose... des défilés ! Et des feux d'artifice ! ” “ Tu les auras lorsque Sin ne sera plus un danger ”, répondit le père de Yuna toujours aussi absent.

Et ils pénétrèrent sous une arche dans le mur qui menait visiblement à la Salle de l'Épreuve. Heureusement, il semblait que quelque force magique avait épargné ces lieux de l'attaque de Sin. Cette fois-ci, pas de labyrinthe périlleux, pas d'énigme, ni même de sphères colorées à placer au bon endroit. Il y avait simplement au centre de la grande salle carrée un gigantesque élévateur, rond. Yuna, qui tremblait légèrement, se mit à genoux devant l'engin antique et pria. Après quelques instants, le symbole de Yevon apparut au milieu de l'ascenseur, et les pèlerins grimpèrent dedans. C'est alors qu'un dragon hideux, muni de deux bras fins mais puissants et d'une queue pointue et dangereuse apparut au milieu du groupe d'amis, l'air menaçant. L'élévateur choisit ce moment pour amorcer sa longue descente.

Le Gardien des Limbes comme on l'appelait était un monstre au service de Dame Yunalesca, qui évaluait les compétences des Invokeurs les plus téméraires, de leur force spirituelle à leur capacité à faire obéir leurs Chimères. Yuna comprit que c'était un combat qui lui était destiné, et elle se mit à faire tournoyer son bâton jusqu'à ce que Shiva, la Chimère de glace, apparaisse entre elle et le monstre. Shiva ne tenait presque plus debout lorsque Yuna décida de la rappeler pour invoquer Bahamut, plus robuste et puissant. Ce dernier déchargea la totalité de son énergie sur le Gardien des Limbes, en parfaite osmose avec Yuna, avant de s'en aller. Le dragon de Yunalesca disparut alors, et les bruits sourds du combat furent bientôt remplacé par un chant. L'Hymne du Priant résonnait en-dessous des pèlerins. Le dernier Priant.

Celui de l'Ultime Chimère. Toutefois, le chant contenait certaines dissonances presque dérangeantes, désagréables. Lorsqu'enfin l'élévateur s'arrêta, ils se trouvèrent tous devant une petite pièce circulaire. Dans le sol, sous une bulle de verre, se trouvait une statue. Yuna s'approcha du Priant. C'est alors qu'ils entendirent s'élever de quelque part la voix de Jecht, outré : “ Quoi ?! Comment ça, pas d'Ultime Chimère ? ” La jeune Invokeur qui priait devant la statue dans le sol se releva brusquement. C'était impossible. Cette statue n'avait plus aucune énergie. Plus aucune vie ne résidait à l'intérieur. “ Ce n'est pas un Priant ”, expliqua-t-elle perplexe aux autres. “ Cette statue est vide de toute vie. ” Un pan du mur s'ouvrit alors, laissant apparaître une sorte de portail magique qui scintillait. Un vieux prêtre en sortit. Son teint était livide. Proche

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du vert. Encore un errant. Il leur expliqua que cette statue avait perdu son pouvoir bien longtemps auparavant. C'était Lord Zaon, premier Priant de l'Ultime Invocation.

Son âme était partie. “ Partie ? ” répéta Wakka ahuri. “ Vous voulez dire... ” commença Rikku hésitant à sauter de joie. “ Vous voulez dire qu'il n'y a pas d'Ultime Chimère ? ” “ N'ayez crainte ”, rassura le prêtre. “ Dame Yunalesca va vous montrer la voie.

L'Ultime Chimère sera vôtre. Entrez à présent. Dame Yunalesca vous attend ! ” Le vieil homme au teint verdâtre se volatilisa en priant, laissant derrière lui quelques furolucioles. Les pèlerins hésitaient. Tidus était pris d'un très mauvais pressentiment.

Mais Yuna s'avança la première. “ Yuna, attends ! ” appela Tidus. “ Auron, tu savais ce qui allait arriver, pas vrai ? ” Son ami répondit par l'affirmative, et Rikku s'indigna qu'il ne les ait pas prévenus. “ Si je vous avais dit la vérité ”, répondit Auron, “ cela vous aurait-il empêché de venir jusqu'ici ? ” “ Yuna... ” fit doucement la grosse voix de Kimahri. “ Je ne ferai pas demi-tour ”, annonça-t-elle fermement. “ Kimahri sait ”, répondit le Ronso. “ Kimahri passer le premier. Yuna en sécurité.

Kimahri protège. ” Et le brave Ronso traversa ainsi le portail magique, suivi par l'Invokeur, puis par tous les Gardiens. La salle qu'ils découvrirent alors était juste gigantesque, et massivement décorée. Elle ressemblait à un Temple tel que l'on en trouvait dans tout Spira, mais en bien plus luxueux. Tout semblait briller. Un long tapis rouge protégeait les marches qui s'offraient à eux. Au plafond, un condensé de furolucioles éclairait la pièce. Sans qu'ils ne s'en aperçurent, Dame Yunalesca se matérialisa au sommet de l'escalier, ses longs cheveux blancs descendant jusqu'aux cuisses, presque nue. Tidus reconnaissait bien la femme qu'il avait vue chez Seymour, dans cette vision brève de Zanarkand, avant que le leader et Maître Guado ne demande Yuna en mariage. Yunalesca s'avançait gravement. Yuna s'inclina et la salua. “ Bienvenue à Zanarkand ”, dit l'errante. “ Je te félicite, Invokeur. Tu as terminé ton pèlerinage. Je vais désormais te récompenser en te donnant ce que tu es venue chercher. L'Invocation Finale sera tienne... ” Elle marqua un arrêt et dévisagea un à un les pèlerins. “ Maintenant, choisis. Tu dois choisir celui dont je ferai le Priant de ton Ultime Invocation. ” Tous eurent un mouvement de recul, laissant échapper une exclamation de surprise. C'était donc ça. Yuna semblait totalement déboussolée.

Tidus, lui, se demandait déjà ce qu'il fallait faire. Si Yuna devait choisir quelqu'un... autant que ce soit lui. Il ne s'imaginait pas vivre sans la jeune femme... et il n'était qu'un rêve des Priants... peut-être trouverait-il la solution en devenant lui-même un Priant ? Peut-être était-ce le seul moyen de sauver Yuna et de vaincre Sin pour de bon ? “ Il doit y avoir un lien fort, entre l'élu et l'Invokeur ”, expliqua Yunalesca. “ Car c'est ce qu'incarne l'Ultime Invocation. Un lien tel que celui qui unit mari et femme, parent et enfant, ou amis proches. Si ce lien est suffisamment fort, sa lumière aura raison de Sin. Il y a mille ans, j'ai choisi mon mari, Zaon, comme Priant. Notre lien était sincère, et j'ai obtenu l'Ultime Chimère ” Elle s'arrêta devant le visage tantôt ahuri, tantôt triste des pèlerins. “ Il n'y a rien à craindre ”, assura-t-elle à Yuna qui était plus troublée que jamais. “ Vous serez bientôt libérée de toute forme d'inquiétude ou de douleur. Car lorsque l'Ultime Chimère sera appelée, votre vie

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s'achèvera. La mort est la libération finale. Votre père, Braska, a choisi cette voie ” C'est alors qu'un nouveau flash apparut devant eux et Auron sursauta. Les spectres de Jecht, du jeune Auron, et de Braska se tenaient là, l'air perplexe. “ Il n'est pas encore trop tard ! ” suppliait Auron. “ Faisons demi-tour ! ” “ Si j'abandonne, qui vaincra Sin ? ” répondit Braska la gorge nouée. “ Pas question qu'un autre Invokeur et d'autres Gardiens traversent tout cela. ” “ Mais... Monsieur ! Il doit y avoir un autre moyen ! ” “ C'est le seul que l'on ait pour le moment ”, dit Jecht d'un ton ferme et sûr de lui.

Il croisait les bras et semblait avoir mûrement retourné la situation dans sa tête. Tout comme le faisait Tidus à cet instant même. “ Très bien. Fais de moi ton Priant. J'ai bien réfléchi. Mon rêve est resté dans l'autre Zanarkand. Je voulais faire de mon rejeton une star du Blitz. Lui montrer le monde, vu d'en haut. Mais maintenant je sais que je ne rentrerai jamais chez moi. Je ne le reverrai jamais. Mon rêve ne se réalisera jamais. Alors fais de moi ton Priant. Je combattrai Sin à tes côtés, Braska. Peut-être que ça donnera un sens à ma vie, tu vois ? ” Tidus tremblait, luttant pour contenir les larmes qui ne demandaient qu'à couler. Ses yeux piquaient, sa gorge était nouée. Le véritable Auron semblait dans un état similaire : de rage, il serrait les poings dans ses gants. “ Ne fais pas ça, Jecht ! ” lança le spectre du jeune Auron. “ Si tu vis... on trouvera un autre moyen ! On va y réfléchir, et on trouvera, j'en suis sûr ! ” “ Crois-moi ”, répondit calmement Jecht. “ J'ai retourné le problème dans tous les sens. Et puis... je suis plus tout jeune, alors autant que je me rende utile ”. “ Jecht... ” dit Braska qui s'approchait de lui. “ Quoi, tu vas pas essayer de m'arrêter, toi aussi ?! ” demanda le père de Tidus. “ Désolé ”, répondit simplement Braska les larmes aux yeux. “ Je veux dire... merci. ” Jecht posa les mains sur les épaules de l'Invokeur, lui souriant. “ Braska devra encore combattre Sin, Auron ”, dit-il. “ Protège-le bien. Assure-toi qu'il arrivera sain et sauf jusqu'à lui ”, ajouta-t-il. Le jeune Auron tremblait, de peur et de rage. Ses yeux humides demeuraient fermés. “ Hé bien, allons-y ”, lança Jecht de sa voix rauque. Il tremblait également mais faisait de son mieux pour le cacher.

Les pères respectifs de Yuna et Tidus grimpaient les marches, lorsqu'à nouveau Auron les appela dans un dernier et vain espoir. “ Sin revient toujours ”, tenta Auron. “ Il revient après la Félicité. A chaque fois ! Le cycle va continuer et vos morts auront été vaines ! ” “ Mais il y a toujours une chance qu'il ne revienne pas cette fois ”, répondit Braska. “ Ça vaut le coup d'essayer. ” “ Je comprends ce que tu dis, Auron ”, dit Jecht. “ Je trouverai un moyen de briser le cycle ! ” assura-t-il. “ Tu... as un plan ? ” demanda son ami. “ Fais-moi confiance. Je trouverai quelque chose. ” Jecht se mit à rire nerveusement de sa voix grave. Puis il entra dans la salle où attendait Yunalesca, suivi par Braska. Le jeune Auron tomba à genoux, impuissant, des larmes coulant sur ses joues. Pour le véritable Auron, c'en était trop. Il empoigna son épée et se mit à fouetter l'air avec rage là où se trouvait son spectre, le faisant disparaître en dissipant les furolucioles. “ Et... le cycle a continué... ”, acheva-t-il d'un air sombre lorsqu'il fut calmé.

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“ On le brisera ! ” lança Tidus sûr de lui. “ Mais comment ?! ” demanda Wakka. “ Tu as un plan, peut-être ? ” Les minutes passaient et chacun demeurait silencieux. Yunalesca avait disparu, et sans doute les attendait-elle de l'autre côté de la porte au sommet des marches.

Après un moment de réflexion, Lulu s'avança vers Yuna. “ Si l'un d'entre nous doit devenir un Priant... je suis volontaire. ” “ Moi aussi, Yuna ! ” renchérit immédiatement Wakka. “ Ça ne changera rien ! ” hurla Tidus hors de lui. “ Vous apporterez la félicité... et alors ?! Sin reviendra ! Le cycle se perpétuera ! ” “ Mais il faut qu'on fasse quelque chose ”, répondit Wakka. “ C'est la seule solution. ” “ A tout vouloir, tu finiras par ne rien avoir ”, ajouta Lulu en direction de Tidus. “ Mais bien sûr que je veux tout ! ” rétorqua le jeune homme. “ Arrête de faire l'enfant... ”, répondit Wakka. Tremblant de colère, Tidus lança, sa voix faisant écho dans la grande salle : “ J'abandonne ! Alors qu'est-ce qu'un adulte ferait ? Ah, oui, c'est vrai. Laisser mourir une ou deux personnes pour faire partir Sin quelques mois. C'est tellement simple, de sacrifier un Invokeur et un Gardien de temps en temps ! Que ce soit bien clair : il n'est pas question que je laisse Yuna mourir ! Et... lorsque Auron a dit il y a dix ans qu'il doit y avoir un autre moyen... je pense qu'il avait raison ! J'en suis même persuadé ” Rikku qui reprenait espoir releva la tête et lui demanda ce qu'il comptait faire. “ e vais aller demander à Yunalesca ”, répondit-il fermement. “ Elle sait forcément quelque chose ! ” “ Tu crois vraiment qu'elle t'aidera ? ” demanda la jeune Al Bhede inquiète. “ Je n'en sais rien. Mais je dois essayer. C'est mon histoire... elle se déroulera de la manière dont je l'entends, ou elle s'arrêtera ici ! ” “ Attends ”, coupa Yuna qui n'avait pas dit un mot depuis que Yunalesca leur avait annoncé que l'un des Gardiens devait se sacrifier. “ Tu dis que c'est ton histoire... mais c'est aussi la mienne. Ce serait... si facile de laisser mon destin me porter. De suivre le chemin qui m'a toujours été ouvert... mais... je ne peux pas. Ce que je fais, je le fais sans aucun regret... ” Elle se mit alors à gravir lentement les marches, suivie de Kimahri, puis de Auron, puis de tous ses Gardiens. Inquiet de ce qu'avait pu décider ou non Yuna, Tidus suivit le mouvement, le cœur battant la chamade.

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- XVILa finde toutespoir

Lorsqu'il eut franchi la porte, Tidus découvrit un lieu des plus étranges. Le sol pavé semblait vieux de plusieurs millénaires. Les murs et le plafond quant à eux n'existaient tout simplement pas. Il n'y avait que les étoiles, brillant dans le néant, tantôt diffuses, tantôt concentrées en galaxies. Étaient-ils dans l'espace ? Tout semblait si étrange. Se tenant fièrement au milieu d'un cercle dessinant le symbole de Yevon sur le sol, Yunalesca leur sourit. “ Avez-vous choisi celui qui deviendra votre Priant ? ”, demanda-t-elle à l'Invokeur. “ Puis-je vous demander quelque chose, d'abord ? ” demanda timidement Yuna. “ Est-ce que Sin reviendra même si j'utilise l'Ultime Invocation pour le vaincre ? ” “ Sin est éternel ”, répondit catégoriquement la défunte. “ Lorsqu'une Chimère en vient à bout, elle devient Sin à sa place. Et ainsi, Sin renaît. ” “ Voilà pourquoi Jecht est devenu Sin ”, comprit Tidus qui pensait à haute voix.

Yunalesca expliqua d'un ton convaincu que Sin était partie intégrante de la destinée de Spira. Jamais il ne disparaitrait. Wakka avait certes perdu confiance en l'église, mais sa foi était jusque là restée plus ou moins restée intacte. “ Jamais ? ”, répéta-t-il outré. “ Mais... si on se repentit pour nos crimes, Sin arrêtera de revenir, pas vrai ?! ” “ L'humanité peut-elle vraiment atteindre une telle pureté ? ” “ C'est impossible ! ” coupa Lulu qui elle aussi avait toujours cru en ce principe fondamental. “ Les Préceptes stipulent qu'en expiant nos pêchés, Sin disparaîtra !

C'est notre seul espoir, et ce depuis toutes ces années ! ” “ L'espoir ”, répondit l'errante, “ est réconfortant. Il nous permet d'accepter notre destin, aussi tragique puisse-t-il être. ” Pour Tidus, c'en était trop. Il attrapa son épée et hurla de colère, se mettant à courir vers elle. Mais il sursauta et s'arrêta lorsqu'il entendit une autre voix hurler à l'intérieur de lui. Un spectre passait à travers lui, une énorme épée à la main. Le jeune Auron haletant tremblait de rage. “ Ça n'a pas de sens ! ” hurla-t-il au spectre de Yunalesca. “ Braska croyait aux Préceptes de Yevon et il est mort pour eux ! Jecht croyait en Braska et il a donné sa vie pour lui ! ” Le spectre de Yunalesca répondit d'une voix douce : “ Ils ont choisi de mourir... parce qu'ils avaient espoir ” Hurlant de rage, le jeune Auron se rua sur elle, son épée brandie en avant. Il sauta et frappa aussi puissamment que sa force le lui permettait. Mais Yunalesca invoqua un puissant bouclier magique autour d'elle. La lame ne fit que rebondir brusquement sur le champ de force et échappa au jeune Gardien qui fut violemment projeté en arrière.

L'épée tournoya quelques instants dans les airs avant de retomber, toute droite, pour se planter d'un coup sec dans la poitrine de Auron. Mortellement blessé, celuici n'eut pas le temps de crier, son souffle coupé. Les spectres disparurent et la véritable Yunalesca reprit comme si rien ne s'était passé.

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“ Les préceptes de Yevon et l'Invocation Finale soit le seul espoir du peuple. Sans espoir, les gens se noient dans leur chagrin. Maintenant, choisissez, Yuna. Lequel de vos Gardiens renouvellera l'espoir de Spira ? ” Mais tous étaient encore sous le choc, aussi bien pour ce qu'ils venaient d'apprendre que pour ce qu'ils venaient de voir.

Auron demeurait silencieux, évitant les regards, caché derrière ses lunettes de soleil rondes qui masquaient la gigantesque cicatrice qu'avait laissé le bouclier du Yunalesca sur son visage. “ Personne ”, répondit Yuna d'une voix douce après un moment. “ Je serais morte avec joie... Je vis pour le peuple de Spira et je me serais volontiers sacrifiée pour lui...

Mais ça suffit ! ” lança-t-elle cette fois ferme et combative. “ L'Ultime Invocation est une tradition faussée qui devrait être rejetée ! ” “ Non ”, coupa Yunalesca catégorique. “ C'est notre seul espoir. Votre père s'est sacrifié pour donner cet espoir au peuple. Pour que les gens oublient leur peine. ” “ C'est faux ”, répondit Yuna. “ Mon père... mon père voulait que la peine de Spira disparaisse ! Et non pas la cacher derrière de vils mensonges ! ” “ Le chagrin ne peut être arrêté. Inutile d'essayer. ” “ Mon père... ” continua Yuna en l'ignorant. “ Je l'aimais... Alors je... je vais vivre avec ma peine. Je vais vivre ma propre vie ! Je vaincrai le chagrin, à sa place ! Je persisterai, je serai forte. Je ne sais pas quand, mais un jour, je vaincrai la tristesse. Et je le ferai sans faux espoir ! ” L'expression douce de Yunalesca changea subitement en un visage terrifiant, avec d'énormes yeux qui semblaient briller, débordant de puissance. “ Pauvre créature ”, dit-elle sa voix résonnant dans le néant. “ Tu rejetterais l'espoir... ? Très bien. Je te libèrerai avant que tu ne te noies dans tes propres larmes.

Mieux vaut pour toi mourir dans l'espoir que vivre dans le chagrin ” Des furolucioles apparurent autour de Yunalesca qui commençait comme le devinaient Yuna et ses amis à se transformer comme le savait faire Seymour. “ Laisse-moi te libérer ”, dit l'errante avant de disparaître. Lorsqu'elle reparut quelques instants plus tard, ses cheveux étaient devenus noirs et prenaient racine dans le sol, la surélevant de quelques centimètres. Elle avait un regard menaçant et semblait défier quiconque de l'approcher. “ Maintenant ! ” hurla solennellement Auron. “ Nous y sommes ! Il est temps de choisir ! Mourir et être libéré de la souffrance, ou vivre et combattre votre chagrin !

Le moment est venu d'écrire vos histoires ! Votre destin est entre vos mains ! ” “ Yuna besoin de Kimahri, Kimahri protège Yuna ”, dit le Ronso brandissant sa lance. “ Et bah moi, je me bats ! ” lança joyeusement Rikku. “ J'arrive pas à croire qu'on soit sur le point de combattre Dame Yunalesca ”, lança Wakka sa balle prêtre à être lancée. “ Ça n'en finit plus ! ” “ Tu peux toujours partir en courant ”, fit remarquer Lulu qui tenait son Mog ensorcelé prêt à combattre. “ Ça, je ne me le pardonnerais jamais. Impossible. Pas si je m'enfuis maintenant.

Plutôt... mourir ! ” “ Tu m'ôtes les mots de la bouche ”, dit Lulu qui défiait Yunalesca du regard.

Tidus s'approcha de l'Invokeur, son épée dans la main. “ Yuna ! C'est notre histoire. Écrivons-la ensemble ! ” Soutenue par tous ses amis, Yuna souriait amèrement. Elle brandit son bâton et s'avança vers Yunalesca, avec

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Tidus et Kimahri. Ces deux derniers n'essayèrent pas d'attaquer de front : ils avaient vu grâce aux furolucioles comment Yunalesca n'avait fait qu'une bouchée d'Auron dix ans plus tôt, et ils ne commettraient pas la même erreur. Yuna commença par invoquer Valefore, qui apparut dans le ciel et fonça en piquée sur Yunalesca. Celle-ci sourit et soudain le sol explosa sous ses pieds. La partie humaine de son corps n'était que la partie émergée de l'iceberg : une bête immonde de cinq mètres de hauteur se trouvait là, de longues tentacules dont le bout représentait des crânes squelettiques ne demandant qu'à mordre.

Auron se rua sur l'un des tentacules, le tranchant de sa puissante épée. Au même moment, Lulu concentrait toute son énergie afin d'ensorceler la lame de Tidus, mêlant à l'élément aquatique naturellement présent dans Fraternité une légère décharge électrique tout à fait dévastatrice. Et le combat dura ainsi plusieurs minutes. La puissante Yunalesca manipulait la mort, jouant avec les furolucioles pour empêcher ses adversaires de se soigner : le moindre soin aurait l'effet inverse et risquerait de les tuer sur le coup, absorbé par les furolucioles. Lorsque Tidus frappa un point sensible du monstre à l'aide de son épée, le sol explosa à nouveau, et ils s'aperçurent que ce qu'ils prenaient pour un monstre n'était que les cheveux en forme de tentacules d'une bête bien plus énorme encore. Ce monstre était la tête d'une femme-serpent, qui hurla à leur percer les tympans en émergeant du sol.

Mais Auron ne se laissa pas impressionner et se mit à courir parmi les tentacules, dégageant celles qui étaient sur sa route à puissants coups de lame. Valefore, aux ordres de Yuna, tira de son bec un puissant rayon d'énergie qui affaiblit la carcasse http://dantesparda62novels.free.fr/

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de la tête. Auron frappa au même endroit avec son épée et passa au travers. Le monstre se mit à hurler, et tomba la langue pendante, disparaissant lentement en une nuée de furolucioles. Yunalesca, au sol, avait retrouvé sa forme humaine. “ Si je meurs... ” murmura-t-elle. “ L'Ultime Chimère meurt aussi. Et avec elle disparaît l'espoir de Spira. ” “ Alors on trouvera un autre espoir à Spira ! ” lança Tidus d'une voix enjouée. “ Pauvre idiot... Il n'y a pas d'autre moyen. Et même si vous en trouvez un... Yu Yevon, l'immortel, recréera simplement un nouveau Sin. ” “ Yu Yevon ?! ” “ Pardonne-moi, Zaon ”, dit-elle regardant le ciel étoilé. “ Spira a perdu tout espoir. Ne demeurera plus que le chagrin... ” Et elle se laissa porter vers l'Au-Delà, succombant à la danse de Yuna qui ne pouvait croire ce qu'ils venaient de faire. “ Et on va faire un truc encore plus incroyable ! ” proposa Tidus. “ Quoi ? ” demanda Rikku surprise. “ Détruire Sin. Pour qu'il ne revienne jamais. Et sans Ultime Chimère. Je ne sais pas encore comment. Mais je vais trouver ! ” A la fois soulagés et inquiets, ils quittèrent l'étrange pièce étoilée afin de retourner dans le hall du Temple, descendant les marches à nouveau. Lorsqu'ils arrivèrent, le plafond de furolucioles disparut brusquement, rendant la salle bien plus sombre. Leurs amis avançaient, traversant le portail magique, mais Tidus et Auron restaient en arrière. “ Nous devons parler “, dit le sage de sa voix calme et froide. “ Il y a quelque chose que tu es en droit de savoir ” Comprenant, Tidus baissa les yeux d'un air triste. “ Je sais... ” dit-il. “ C'est à propos de toi, c'est ça ? ” “ Je suis moi aussi un errant ”, confirma Auron d'un air amer. “ Tu n'es pas surpris ? ” “ Je crois... que je m'en doutais un peu. C'est Yunalesca, n'est-ce pas ? ” “ Quand Braska est Jecht sont morts en battant Sin... Je ne pouvais pas l'accepter.

Je suis revenu ici. Pour essayer de les venger. Mais elle m'a eu. Malgré mes blessures, je me suis accroché à la vie, traversant le Mont Gagazeth en rampant à moitié. Rin a fait de son mieux pour panser mes blessures, sur la Plaine Félicité. Je savais que mon temps était compté. J'ai donc repris la route malgré ses conseils.

Mais mes forces m'ont quittées juste devant Bevelle. C'est là que Kimahri m'a trouvé.

Je lui ai parlé de Yuna... puis je suis mort. J'erre depuis tout ce temps, évitant soigneusement l'Au-Delà. ” “ Auron... ” commença Tidus qui ne savait pas bien s'il devait présenter ses condoléances ou simplement se taire. “ Ne fais pas cette tête ”, répondit son ami. “ Être mort comporte certains avantages. J'ai pu trouver Sin dès son retour, et je me suis ainsi rendu dans ta Zanarkand. ” “ Et... tu me surveilles depuis, pas vrai ? Pourquoi ? Pourquoi moi ? ” “ C'est l'une de ces choses qui sont difficiles à expliquer ”, répondit Auron. “ Très bien, je vais te montrer. Mes souvenirs. ” L'ami de Tidus se concentra quelques instants et à la grande surprise du jeune homme, Auron disparut tandis que quelques furolucioles apparaissaient. Les furolucioles vinrent encercler la tête de Tidus qui vit alors aussi clairement que l'on voit les choses dans une sphère son propre père depuis les yeux d'Auron. Jecht parlait à Auron :

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“ Je peux te demander une dernière faveur... ? … hm... non... oublie ” Mais Auron le pressa afin qu'il lui dise tout de même ce qu'il avait en tête. “ Ok, écoute bien.

Prends soin de mon fils... Mon fils, à Zanarkand. Il est sensible, il pleure tout le temps... Il a besoin de quelqu'un qui soit là pour lui tenir la main, de quelqu'un qui soit la pour lui plus que je ne l'ai été... tu vois ? Prends soin de lui, tu veux bien ? ” “ Mais comment suis-je censé aller à Zanarkand ? ” demanda Auron surpris. “ Hé, tu l'as dit toi-même ! ” répondit Jecht. “ Il doit y avoir un moyen d'y aller, non ? Tu le trouveras. ” “ Très bien. Je le trouverai, ” promit Auron. “ Je prendrai soin de ton fils. Je le protègerai au prix de ma vie. ” “ Merci, Auron ”, fit Jecht qui le prit dans ses bras. “ T'as toujours était une vraie plaie, mais c'est ce que j'aimais chez toi. ” Puis Tidus revint à la réalité et vit le véritable Auron s'éloigner calmement vers le portail magique après avoir dit “ voilà pourquoi ”. Reprenant ses esprits, il le suivit.

Ils rattrapèrent rapidement le reste du groupe, traversant la Chambre du Priant éteint, Zaon, puis reprenant l'élévateur et traversant le dôme rempli de furolucioles dans l'autre sens. Dans son esprit, Tidus se demandait s'ils n'avaient pas réellement détruit tout espoir. Mais dans son cœur, il savait que quelle que soit la réponse à cette question, ils avaient fait ce qu'il fallait. Il avait pris la tête de la marche, allant même jusqu'à s'aventurer seul jusque la sortie du dôme. Le jour se levait déjà et dans un subtil dégradé, le rose gagnait lentement du terrain sur le bleu marine étoilé. C'était superbe. Comme si les cieux cherchaient à apaiser son âme et à lui dire qu'il allait trouver une solution.

C'est alors qu'il se figea sur place, sentant quelque chose d'énorme bouger sur sa droite. Lentement, il tourna la tête, et il vit à cent mètres au-dessus de lui la gigantesque tête de Sin, qui le fixait de ses nombreux yeux. Le corps de l'ennemi de Spira était partiellement immergé dans la mer. Mais le monstre ne bougeait pas : il semblait affligé, regardant Tidus à la fois avec rancune et avec espoir. Tidus savait, il sentait que Jecht, désespéré, se trouvait quelque part dans cette immense carcasse. “ Papa ? ”, dit-il dans son esprit. “ Je sais... il n'y a plus d'Ultime Invocation. Mais je vais trouver quelque chose ! Donne-moi juste encore un peu de temps ! ” Et comme si le titanesque monstre l'avait compris, Sin fit lentement demi-tour en direction de la mer. Le vaisseau de Cid passa délicatement à côté du montre qui sembla ne pas le remarquer, et se posa près de Tidus. Le reste du groupe arriva bientôt, et ils virent bouche bée Sin s'éloigner, déjà très loin de Zanarkand.

Lorsqu'ils furent tous dans la salle de pilotage de l'antique vaisseau volant que les Al Bheds avaient mis du temps à réparer, le père de Rikku scruta le visage des Gardiens les uns après les autres. “ Vous faites de ces têtes ! ” remarqua-t-il. Frangin pressait son père depuis plusieurs minutes afin de savoir où il devait les conduire : il avait visiblement pris goût au pilotage de l'engin. Rikku, sa sœur, le fit taire. “ Eh bien ”, commença Auron l'air sérieux. “ Quelqu'un a une bonne idée ? ” “ Allez, aide-nous ! ” demanda Tidus qui pensait dur comme fer que son ami connaissait au moins en partie la solution. “ Qu'est-ce qu'on sait ? ” demanda le défunt. “ Sin est Jecht. De fait, tu as un lien certain avec Sin. C'est peut-être notre clé. ”

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“ Alors, on fait quoi ? ” “ On réfléchit, et on attend ”, répondit calmement Auron qui s'éloignait déjà dans le couloir pour s'appuyer contre le mur. “ Deux trucs que j'adore ”, lança Tidus ironique.

Et alors que Auron quittait la salle de pilotage, il croisa Yuna qui y pénétrait. La jeune femme gênée avançait d'un pas lent, peu sûre d'elle, visiblement angoissée.

Cid, le frère de sa mère, l'attendait, la fixant, visiblement tout aussi troublé qu'elle ne l'était. Yuna s'arrêta à trois mètres du leader Al Bhed, et ils demeurèrent ainsi face à face à s'observer quelques instants. Enfin, sa nièce s'inclina respectueusement. Mais lorsqu'elle releva la tête, elle s'aperçut que Cid lui avait tourné le dos. Surprise, elle comprit que son oncle avait besoin de temps et s'éloigna. Ce qu'elle ne vit pas, c'est que le leader Al Bhed était en larmes : Yuna était saine et sauve... et elle ressemblait tant à sa mère, tuée par Sin onze ans plus tôt, que Cid ne put s'empêcher de craquer.

S'engagea alors une longue phase de doute et de réflexion, durant laquelle chacun cherchait une solution à leur problème. Il y avait beaucoup moins de monde dans le vaisseau que lors de leur premier vol : seuls une quinzaine de Al Bheds étaient restés à bord, décidés à aider comme ils le pouvaient à en finir avec Sin. Le vaisseau planait lentement, survolant Spira sans but, en direction du sud. Il survolaient la titanesque Plaine Félicité lorsque Tidus, qui errait dans le vaisseau depuis plusieurs heures, trouva Yuna et Kimahri qui regardaient par un hublot la vaste étendue verte. “ Je ne suis d'aucune aide... ” fit Yuna d'un air sombre. “ Hé, ne dis pas ça ”, essaya de réconforter Tidus. “ Depuis tout ce temps, je réfléchis à un moyen vaincre Sin. Mais je... au-delà des Préceptes de Yevon, je... je ne sais rien. Je suis désolée... ” “ Yuna, pas d'excuses ”, coupa la grosse voix chaleureuse de Kimahri. “ S'excuser c'est fuir. Yuna jamais fuir. ” “ Merci, Kimahri ”, fit la jeune Invokeur. “ Alors, heu, Kimahri... pas d'idée toi non plus ? ” demanda Tidus se grattant la tête d'un air nonchalant. “ Préceptes de Yevon ”, répondit le Ronso. “ Les Préceptes ne nous seront d'aucune aide face à Sin ”, rappela Yuna. Mais Kimahri s'était mal exprimé. “ Pas de réponse à l'intérieur des Préceptes. Réponses sont à l'extérieur. Il faut connaître les deux aspects pour trouver réponse. Mika sait beaucoup. Il doit parler ” Exalté, Tidus trouvait l'idée excellente. Ils iraient jusque Bevelle, par la porte de devant. Le Maître de Yevon n'aurait nulle part où fuir. Défunt ou non, il ne pouvait courir aussi vite qu'un vaisseau. Alors Tidus se rua vers la cabine de pilotage où il trouva Rikku et Wakka qui se chamaillaient. “ Hé ! J'ai eu une super idée ! ”, lança Wakka l'air fier de lui. “ C'est mon idée ! ” coupa Rikku plaçant sa main devant la bouche de Wakka pour le faire taire. “ Laisse-moi leur dire ! ” “ Écoute bien ! ” lança Wakka repoussant maladroitement Rikku. “ e me suis dit que... ” commença Rikku. “ L'Hymne est la clé ”, acheva Lulu qui avait assisté à la conversation au grand dam des deux autres. “ Sire Jecht aime l'Hymne des Priants, pas vrai ? C'est pour ça qu'il l'écoutait à Macalania. Sin, la violence incarnée, écoutant paisiblement un

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chant. ” “ Je sais que c'est ton vieux ”, dit Wakka, “ et je veux pas paraître irrespectueux, mais... ” “ Non, ça va ”, coupa Tidus avec un sourire amer. “ Je m'y suis fait. ” “ Si on attaque Sin de front, on a peu de chance de gagner ”, dit Lulu. “ Toutefois, s'il entend l'Hymne des Priants, il deviendra plus docile. Et ce sera alors à nous de jouer. ” “ Bon, c'est un peu de la triche ”, s'excusa Wakka, “ mais qu'importe, non ? Ça pourrait vraiment marcher ! ” Tidus réfléchissait. L'idée lui semblait insensée. Insensée, mais tellement intelligente. Un espoir inespéré. Il annonça qu'il était d'accord, que ça valait le coup d'essayer, et leur expliqua ce qu'ils venaient de décider avec Kimahri et Yuna.

Immédiatement, Cid hurla à Frangin de foncer vers Bevelle, capitale de Spira.

Le vaisseau volant déposa Yuna et ses Gardiens dans la forêt de Macalania, à quelques kilomètres à pied du gigantesque pont qui séparait la lisière de la forêt de la ville sainte. Il était étrange et sans doute inquiétant de revenir en ces lieux alors que tant de mauvaises choses leur étaient arrivés à Bevelle. Le mariage, le procès, la Via Purifico, la mort de Kinoc, la trahison de Yevon... Devant les gigantesques portes de la ville au bout du pont se tenait un groupe de personnes qui semblait garder l'entrée. A mesure qu'ils approchaient, les Gardiens et l'Invokeur s'aperçurent qu'il s'agissait de moines-guerriers en armure, brandissant leurs fusils. Il y en avait des dizaines. Ils pointèrent leurs armes vers le groupe d'ami, leur sommant de ne pas approcher. La plupart des Gardiens avaient déjà préparé leurs armes lorsque quelqu'un cria. “ Stop ! ” hurla désespérément une voix féminine derrière les gardes en armure.

Une jeune femme habillée de vert, portant une robe Yévonnite, s'avança vers eux en courant, essoufflée, et visiblement un peu perdue. Surpris, Tidus reconnut Shelinda, la jeune disciple de Yevon qu'ils avaient croisée à plusieurs reprises par le passé. “ Mon capitaine ? ” demanda le moine-guerrier qui avait parlé. “ Dame Yuna ne doit pas être blessée ! Ce n'est pas une traître ! C'est une immonde rumeur répandue par les Al Bheds ! ” lança Shelinda. Rikku outrée allait protester mais Tidus lui écrasa le pied, la faisant hurler à la place. “ Maître Mika lui-même me l'a dit ”, continua Shelinda. “ Baissez vos armes ! ” Et les moines-guerriers troublés s'exécutèrent, laissant passer la troupe de Gardiens qui entourait Yuna. Shelinda les accueillit, toujours essoufflée. Cette dernière ne comprenait pas pourquoi, mais Maître Mika lui avait bel et bien dit de dire aux gardes que Yuna n'était pas une traitre et que c'était une rumeur Al Bhede. Yevon tout entier semblait nager dans la confusion la plus totale. La veille, ils avaient convoqué Shelinda et l'avaient nommée capitaine de la garde, alors même qu'elle n'avait aucune expérience. Auron émit un léger rire : “ En manque de croyants ? ”, dit-il ironiquement. La situation était effectivement difficilement supportable. Le chaos régnait dans les Temples, les prêtres s'accusaient les uns les autres de choses et d'autres. Shelinda s'inquiétait réellement de l'avenir de Yevon. “ Dame Yuna, je dois vous le dire : votre courage a été une grande source d'inspiration pour moi ! ”, lança-t-elle remerciant l'Invokeur.

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“ Nous sommes venus pour voir Maître Mika ”, interrompit Tidus qui ne tenait pas en place. “ Il est là ? ” “ Oui ”, répondit Shelinda qui semblait hésiter. “ Je vais vous obtenir une audience. Attendez ici s'il-vous-plaît ! ” Et elle partit en courant à nouveau, traversant les grandes portes de Bevelle. Tous se demandaient pourquoi Mika aurait décidé de retourner sa veste et de déclarer que Yuna n'était pas une traitre. Mais pour Auron, la réponse semblait évidente.

Yuna était devenue le seul espoir du Maître. Si elle ne détruisait pas rapidement Sin, le peuple perdrait définitivement toute confiance envers l'église. Ils attendirent un temps qui leur parut interminable aux portes de Bevelle, les moines-guerriers leur jetant des regards suspects de temps à autres. Lorsque Shelinda revint, toute essoufflée, elle leur demanda de les suivre jusque dans la salle des Maîtres, là où avait eu lieu leur procès ce qui leur semblait être des siècles plus tôt. Ils traversèrent Bevelle en direction du gigantesque bâtiment, croisant çà et là des citoyens surpris des les voir. Enfin, lorsqu'ils se trouvèrent dans la grande salle aux trois balcons, installés sur le balcon central, Shelinda repartit en courant, leur assurant que Mika arriverait rapidement. Après un temps, le vieil homme apparut, courbé, son visage pâle et ridé et sa barbe blanche contrastant avec le chapeau noir qu'il portait. Le Maître prit un air grave : “ Que faites-vous là ? ” demanda-t-il surpris et inquiet à l'attention de Yuna. “ Vous devez aller vaincre Sin, vite ! Vous avez obtenu l'Ultime Chimère avec l'aide de Yunalesca, n'est-ce pas ? ” “ Bah, on l'a bien rencontrée... ” dit Tidus. “ Nous l'avons combattue, et vaincue ”, annonça Yuna d'un ton ferme. “ Quoi ?! ” hurla Mika qui devint plus livide que jamais, son visage se tordant en une étrange expression de douleur et de surprise, les yeux ronds. “ Les Invokeurs et les Gardiens ne seront jamais plus sacrifiés pour l'Ultime Chimère ”, lança Auron. “ Vous... vous avez profané et mis fin à une tradition millénaire ?! Idiots ! Réalisezvous seulement ce que vous avez fait ? Vous avez fait disparaître le seul et unique moyen de calmer Sin ! ” “ Hé, c'est peut-être pas le seul, justement ! ” coupa Tidus. “ On pense en avoir trouvé un autre ! ” “ Pourquoi... ” se lamentait Mika qui semblait ne pas l'avoir entendu. “ C'est impossible... le seul espoir du peuple, envolé ! ” “ Le Grand Maître prend la fuite ? ” demanda Auron d'un ton sarcastique. “ La destruction de Spira est désormais inéluctable ! La spirale funeste de Yu Yevon nous consumera tous. Je... je n'ai aucune envie de regarder Spira mourir... ” La voix de Mika se brisait, et le vieil homme semblait être au bord des larmes. “ C'est qui ce Yu Yevon ? ” demanda Tidus curieux. “ Yunalesca l'a mentionné, elle aussi. ” “ Celui qui rassemble les âmes des morts pour en faire une armure impénétrable ”, expliqua Mika. “ Une armure appelée Sin. A l'abri à l'intérieur du monstre, Yu Yevon est immortel. Et la seule chose qui aurait pu percer cette armure, vous l'avez détruite ! Plus rien ne peut l'arrêter. Rien ! ” Et surpris, Yuna et ses Gardiens virent le Maître lever les bras vers le ciel et disparaître lentement, ne laissant que quelques furolucioles qui s'envolèrent

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directement en direction de l'Au-Delà. Le dernier Maître de Yevon s'était volatilisé, sans leur apporter une aide suffisante. “ C'est ça, casse-toi, sale fils de shoopuf ! ” hurla Wakka sous les yeux ébahis des autres. C'est alors que Shelinda reparut en courant et leur demanda inquiète où était le Grand Maître. “ Il n'est pas encore là ”, mentit Auron. “ Combien de temps on va devoir attendre ? ” Shelinda repartit à toutes jambes à la recherche de Mika. Les Gardiens se jetèrent des regards désolés. Plus personne ne pouvait les renseigner.

C'est alors que Yuna leva les yeux, comme si elle voyait quelque chose flotter juste devant elle. Tidus vit le spectre d'un enfant encapuchonné d'un châle mauve. “ C'est toi ”, dit-il au Priant. “ Venez dans la Chambre ”, leur demanda-t-il. “ D'accord ”, répondit timidement Yuna. Les autres les regardaient d'un air surpris, et Wakka demanda à qui ils parlaient. Yuna annonça qu'elle devait aller voir le Priant. Ils se rendirent donc au Temple de Bevelle, traversant à nouveau la Salle de l'Épreuve remplie de machines étranges. Puis Yuna et Tidus pénétrèrent dans la Chambre du Priant dans laquelle résonnait éternellement l'Hymne. L'Invokeur pria quelques instants, à genoux devant la statue dans le sol, et le spectre de l'enfant se matérialisa à nouveau au-dessus. “ Salut ”, dit-il. “ Je te remercie pour la Chimère ”, fit Yuna s'inclinant. “ Alors, qu'est-ce qui se passe ? ” demanda Tidus. Il leur demanda s'ils avaient trouvé un moyen de réellement vaincre Sin, et Tidus lui parla d'abord de leur idée d'utiliser l'Hymne pour calmer le monstre. Le Priant semblait peu convaincu. “ Hm... peut-être. Mais cela fait très longtemps que ton père est devenu Sin. Il pourrait bien ne plus être capable d'entendre l'Hymne ” “ S'il y a la moindre chance que ça marche, il faut essayer ! ” “ En effet ”, répondit l'enfant mystérieux avec un sourire. “ Je suis heureux que tu fasses cela pour nous. Tu es quelqu'un de bien, vraiment. ” “ Je ne suis pas qu'un simple rêve, c'est ça ? ” demanda Tidus éveillant la curiosité de Yuna à qui il se précipita de dire que c'était une longue histoire.

Puis le Priant les interrompit, leur demandant ce qu'ils feraient si l'Hymne fonctionnait. Tidus se mit à réfléchir, écoutant le paisible chant qui résonnait dans la salle. Il passe en revue tout ce qu'il savait de Sin, et en particulier le point qui avait attiré son attention dans les discours de Yunalesca et de Mika. “ On combattra Yu Yevon ! ” lança-t-il avec assurance. “ Oui ”, répondit le Priant. “ Si vous venez à bout de Yu Yevon, tout sera terminé.

Dis-moi, que sais-tu de Yu Yevon ? ” “ C'est ce qui fait que Sin revient ? ” proposa Tidus cette fois moins sûr de lui. “ Sin est son armure, il le protège ”, compléta Yuna. Le Priant leur sourit à nouveau. “ Yu Yevon était un Invokeur, autrefois. Son pouvoir était sans égal. Et désormais, il ne vit plus que dans un but : invoquer. Il n'est ni bon, ni mauvais. Il est éveillé, et pourtant, il rêve. Mais... peut-être pas pour toujours ” “ Ouais ”, fit Tidus croisant les bras. “ Pas si on y met un terme. ” “ Oui ”, répondit le Priant. “ Lorsqu'un Invokeur bat Sin avec l'Ultime Chimère, Yu Yevon y survit. Il fusionne avec l'Ultime Chimère, et la transforme en un nouveau

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Sin. ” Yuna plongea dans une intense réflexion, répétant cette dernière phrase. Ce cycle infernal qui servait à Yu Yevon à invoquer pour l'éternité devait cesser. “ Yuna, écoute bien ”, dit le Priant. “ Quand tu combattras Yu Yevon, nous t'aiderons.

Promets-moi de nous invoquer. Promets-moi d'utiliser tes Chimères, car j'ai bien peur que vos épées et votre magie ne suffisent pas. ” “ Oui, je te le promets ”, répondit Yuna s'inclinant. Le Priant lui sourit, puis il se tourna vers Tidus et son visage devint grave. “ Mais, tu sais... ” dit-il. “ Quand tout sera terminé... nous nous réveilleront, et notre rêve prendra fin. Notre rêve s'évanouira. ” “ Oui ”, répondit Tidus la gorge nouée et faisant de son mieux pour ne pas laisser transparaître sa peur. “ Vous avez rêvé longtemps, hein ? ” “ Je suis désolé ”, répondit le petit garçon baissant la tête. “ Je vous suis reconnaissant ! ” lança Tidus avec un sourire. “ Sans vous, je... ” Il ne put terminer sa phrase, sentant sa voix se dérober. C'est ce moment que choisit le Priant pour disparaître, laissant seuls les deux amants, silencieux, sous le chant réconfortant qui émanait de la statue dans le sol. Yuna était inquiète, et cherchait à mettre un sens aux derniers mots que s'étaient échangés Tidus et le Priant. “ Hé, fais pas cette tête ! ”, lança-t-il. “ Allez, on va en finir avec Sin ! Alors on sourit, d'accord ? ” Mais l'Invokeur savait désormais qu'il cachait quelque chose, et rien ne servait de nier. Effrayé, Tidus préféra fuir, rejoignant les autres à l'extérieur.

Ils retrouvèrent Shelinda qui leur annonça l'air désolé que Maître Mika était introuvable. Rikku lui demanda alors un service, jetant un regard à Tidus comme pour lui demander la permission. “ En fait, on a besoin que tu dises quelque chose à autant de personnes que possible. Un bateau dans le ciel va chanter l'Hymne des Priants. Quand les gens l'entendront, ils faudra qu'ils chantent eux aussi, tous ensemble ! Tout le monde sur Spira ! ” Shelinda ne comprenait pas, mais lorsque Tidus ajouta que si les gens chantaient, peut-être qu'ils arriveraient à vaincre Sin, et ce, pour toujours, la jeune disciple de Yevon leur lança qu'ils pouvaient compter sur elle.

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- XVIILe bateau quichantaitdans lescieux

De retour à bord du vaisseau, Yuna et ses Gardiens savaient qu'il ne leur restait que quelques jours à peine avant l'ultime combat. La bataille qui mettrait fin à la peine de Spira, ou qui mettrait fin à leurs vies. Tidus se mit à errer dans le vaisseau, tout comme chacun de ses amis, anxieux. C'était son histoire. Il avait depuis le tout début la sensation de ne pas être arrivé sur Spira par hasard. Son rôle serait décisif.

Chacun des pèlerins finit par trouver rapidement un coin tranquille où dormir. Leur long périple les avait épuisés, et ils avaient grand besoin de repos. Tidus rêva longuement, voyant tantôt Sin, tantôt ces lieux de Spira qu'il avait explorés. Soudain, il se réveilla en sursaut alors que son rêve tournait au cauchemar. Il venait de revoir cet étrange lieu marécageux au milieu duquel gisaient les ruines d'un Temple, et dans lequel il s'était réveillé à son arrivée sur Spira. Ce lieu sombre où Rikku, Frangin, et d'autres Al Bheds l'avaient trouvé et pris pour un monstre à cause de ses drôles de vêtements.

Il se leva brusquement et se mit à courir vers le fauteuil dans lequel dormait Rikku d'un sommeil agité. Il appela son nom, et la jeune fille se réveilla en sursaut, l'insultant de tous les noms. Mais il lui demanda quel était cet endroit où elle l'avait trouvé en premier lieu. “ Le Temple de Baaj ”, expliqua la jeune fille. “ C'est un endroit totalement perdu, à l'ouest, sur une petite île. Attends voir, tu crois qu'il y a un Priant là-dedans ? ”. C'était l'idée. Tidus prévint Yuna, et demanda à Frangin et Cid de les amener au vieux Temple de Baaj, où sans doute pourraient-ils acquérir une nouvelle Chimère, et donc un nouvel allié qui les aiderait dans la bataille.

Lorsqu'il revit de ses yeux le sombre marais sous un ciel orageux qui ne laissait filtrer aucun rayon du soleil, Tidus se sentit mal à l'aise. Il savait qu'à l'entrée du Temple l'attendait sans doute le monstre qui l'avait attaqué et auquel il avait échappé du justesse à son arrivée sur Spira. Lorsqu'il se jeta à l'eau avec Wakka et Rikku, ils s'occupèrent néanmoins de Geosgaeno en quelques minutes. Tidus comprit alors combien il avait gagné en expérience au combat. Il aurait été bien incapable d'agir ainsi quelques moins plus tôt. Mais sur Spira, il fallait apprendre à se battre pour sa vie. Ils pénétrèrent tous ensemble dans le vieux Temple humide au toit effondré, au centre duquel demeuraient les restes du feu que Tidus avait allumé quelques mois auparavant. Ils trouvèrent la porte de l'entrée de la Chambre du Priant, et ils y pénétrèrent avec Yuna. Cette dernière pria devant la statue dans le sol, et le spectre d'une femme à l'air triste, doux, et fatigué apparut tandis que l'Hymne du Priant commençait à résonner. Ils avaient déjà vu cette femme, à Zanarkand, dans le dôme de Yevon. “ Vous êtes la mère de Maître Seymour ”, reconnut Yuna avec surprise. “ Mon fils... ” répondit la femme qui semblait sonder l'âme de l'Invokeur. “ Ne le haïssez-vous pas ? Ne vous en faites pas. C'est lui qui s'est attiré la haine des gens.

C'est sa faute. Mais je suis également fautive, pour l'avoir laissé devenir ce qu'il est. Il http://dantesparda62novels.free.fr/

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était toujours seul. Mi-Guado, mi-humain. Je voulais lui donner la force de vivre par ses propres moyens. Et je suis donc devenu un Priant. Mais... ce faisant... le laissant goûter au pouvoir... je lui ai donné soif de plus encore de puissance. Ma Chimère ne le satisfaisait plus. Il en voulait plus. Toujours plus de pouvoir. ” “ Et il a trouvé Sin... ” comprit Tidus. “ Oui ”, répondit la mère de Seymour. “ Approchez, Invokeur. Je vais vous faire don de mon pouvoir : la Chimère des Ténèbres, Anima. Détruisez Sin, et l'obsession de mon fils avec lui. ” Et elle fonça vers Yuna, rentrant à l'intérieur d'elle. La jeune fille manqua de tomber, mais elle avait gagné en force, et elle réussit à tenir seule sur ses deux jambes. En réalité, la pauvre femme avait voulu élever Seymour de telle sorte qu'il soit à l'image de la réussite du lien entre humaine et Guados. Atteinte d'une maladie dont elle ne guérirait pas, elle avait amené Seymour à Zanarkand afin de devenir son Priant, de telle sorte que le jeune garçon puisse vaincre Sin et prouver à tout Spira que l'union fait la force.. Mais celui-ci, trop attaché à sa mère, avait refusé d'utiliser le Priant. Lorsqu'il devint Maître des années plus tard, il fit transporter le Priant de sa mère jusqu'au Temple de Baaj, abandonné depuis bien longtemps. Faisant acquisition de la puissante Anima alors même qu'il avait déjà tué son père de ses propres mains afin de prendre sa place, Seymour devint plus que jamais une menace pour Spira dans sa soif de toujours plus de pouvoir. Et désormais, il voulait devenir Sin, le contrôler de l'intérieur, et détruire le monde afin de le sauver, comme il le disait. Pour Tidus, c'était une bien triste histoire, en un sens.

Mais il savait que Seymour était irrécupérable.

De retour à bord du vaisseau, chacun décida de se reposer à nouveau. Un vieil historien avait trouvé le moyen de grimper à bord du navire. Le drôle de bonhomme, à l'évidence passionné par son métier, accosta Tidus qui observait les nuages qui défilaient au travers d'un hublot, confortablement assis dans un fauteuil. L'historien, qui portait le drôle de nom de Maechen, se mit à lui parler longuement de l'histoire de Spira, et bien qu'au départ, Tidus n'écoutait qu'à peine le vieil homme, il s'aperçut bien vite que Maechen était une véritable mine d'or de savoir. Ainsi, il lui parla des légendes de Spira, des mensonges de l'église, et de bien d'autres choses dont voici l'essentiel.

Selon la légende, juste avant l'apparition de l'horrible Sin, une guerre sanglante faisait rage entre Bevelle et Zanarkand. Quand les armées de Bevelle attaquèrent le Mont Gagazeth, elles entendirent un chant qui résonnait le long des parois neigeuses. “ Ce chant vient d'un autre monde ”, s'étaient dits les hommes de Bevelle.

Les soldats paniqués prirent la fuite. Et alors, comme pour poursuivre l'armée qui battait en retraite, Sin apparut. Plus tard, des éclaireurs de Bevelle gravirent la montagne. De l'autre côté, ils découvrirent les ruines de ce qu'avait été Zanarkand.

La cité détruite, et plus âme qui y vivait. Disparue. A la place, une multitude de Priants s'étaient rassemblés sur Gagazeth, et chantaient une chanson. Un chant que tout le monde connaissait depuis sous le nom d'Hymne des Priants.

Les rumeurs couraient à Bevelle concernant l'apparition soudaine de Sin, rumeurs qui stipulaient que le peuple de Zanarkand s'était changé en un groupe de Priants afin d'Invoquer Sin. Et que l'homme responsable de cette horreur n'était autre que l'Invokeur Yevon, qui gouvernait Zanarkand. Le père de Dame Yunalesca. Dès la destruction de Zanarkand, Dame Yunalesca avait pris la fuite avec son mari, Zaon.

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Plus tard, tous deux firent appel à l'Ultime Invocation pour vaincre Sin. Mais le peuple de Bevelle craignait toujours Yu Yevon. Afin de calmer sa colère, ils se mirent à le vénérer, et à répandre ses Préceptes. Ainsi naquit l'église de Yevon. Peut-être Dame Yunalesca avait-elle prédit un tel revirement de situation. Un juste sacrifice : mettre à bat Sin en échange de la gloire de son père. Bien sûr, il n'existait plus aucune preuve, et la vérité était perdue depuis bien longtemps. De plus, qui oserait admettre que Yevon fut un temps l'ennemi juré de Bevelle ? L'église faisait de son mieux depuis toujours pour cacher la vérité.

Quant à l'Hymne des Priant, autrefois, il n'était autre qu'un chant de Zanarkand, chanté dans le seul but de défier Bevelle. Bien sûr, le clergé Yévonnite de Bevelle l'avait interdit. Puis, le temps passant, ceux qui ne portaient pas Yevon en leur cœur se mirent à chanter l'Hymne. Les Al Bheds, en l'occurrence. L'Hymne des Priants devint le symbole de la défiance envers Yevon. Et l'église ne put au final que capituler. Ils levèrent l'interdiction de chanter ce doux chant, et répandirent une nouvelle et fausse histoire, offrant au chant une dimension Sainte. C'était la raison pour laquelle désormais, l'Hymne était chanté dans tout Spira. En un sens, bien que Zanarkand n'était plus de ce monde, elle vivait toujours au travers de ce chant.

Enfin, décidant que Tidus avait besoin de se reposer, Maechen se retira de luimême, s'excusant de s'être laissé emporter et de lui avoir pris son temps. Le jeune homme, de nouveau seul, ressassa ce qu'il venait d'apprendre. Yu Yevon, père de Yunalesca. “ Bah, l'entreprise familiale a pas trop mal fonctionné ”, se dit-il dégoûté avant de lentement s'endormir.

Le lendemain, en tout début d'après-midi, alors que le soleil rayonnait sur tout Spira dans un ciel bleu exempt de nuages, les signaux d'alarme du vaisseau Al Bhed se mirent à s'affoler. Se ruant vers la salle de pilotage, Tidus retrouva tous ses amis qui observaient la sphère holographique qui tournait sur elle-même au centre de la pièce. Frangin, qui était aux commandes, semblait paniqué. Ils avaient enfin trouvé Sin. Le monstre se trouvait près de Bevelle. Les Al Bheds dans le vaisseau, Rin compris, étaient déjà prêts à chanter. Il leur faudrait moins d'une heure avant d'atteindre Sin. “ Y'a un truc que je veux dire avant qu'on parte se battre ”, dit Wakka anxieux se tournant vers Cid et Rikku. “ Je... je suppose que je ne savais vraiment rien des Al Bheds. Je ne savais rien, et je ne voulais rien entendre. J'ai vraiment agi comme un crétin. Alors, heu, je... je suis désolé. Pardonnez-moi, s'il-vous-plaît. ” “ Ho, laisse tomber ”, lança amicalement Cid. “ Hé, parfois, je me sens moi-même un peu coupable de détester ces ordures de pourritures de Yévonnites ! Enfin... il y a bien des gens en ce monde. La plupart sont bons, et d'autres ne le sont pas. C'est tout ce qu'il y a à retenir. ” Le stress montait, et Yuna et tous ses Gardiens se regardaient avec anxiété.

Wakka s'approcha de son éternel compère, Tidus, et lui assura qu'une fois qu'ils en auraient terminé avec Sin, ils chercheraient un moyen d'aller jusque sa Zanarkand. Le jeune homme s'efforça de sourire, tout comme le faisait Yuna lorsqu'il lui disait toutes ces choses qu'elle savait que jamais elle ne pourrait faire. Une fois Sin vaincu, le rêve s'arrêterait. Il ne savait pas comment le dire aux autres, et bien qu'il y eut pensé des heures durant, il ne semblait y avoir aucun moyen de le faire. Alors il ne dirait rien. Et après tout, peut-être un espoir demeurait-il. Peut-être... mais il n'y

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croyait pas. “ Alors, nous y voilà, hein ? ” fit Cid fier de participer à cette ultime opération. “ Donc, résumons. Yu Yevon se trouve quelque part à l'intérieur de Sin, et il vous suffit de le trouver. Ça semble plutôt simple. ” “ Hé, les trucs simples, c'est ce que tu aimes, non ? ” plaisanta Tidus. “ Ça, c'est pas faux ”, répondit le père de Rikku. Ce dernier approcha de l'un des nombreux tableaux de bord et pressa quelques boutons. “ Les gars, à vous de jouer ! ”, lança-t-il dans un micro sa voix résonnant dans tout le bateau volant. Les Al Bheds à bord du vaisseau se mirent alors à chanter aussi fort que possible l'Hymne du Priant, leurs voix portant jusqu'aux villes que le navire survolait. Et partout où le peuple à terre voyait passer le navire volant et chantant, les gens accompagnaient le chant de toute la force de leur voix. Shelinda avait fait un excellent travail. Elle s'était retrouvée malgré elle à la tête de l'église suite à la disparition de Maître Mika, et avait décrété que le vaisseau volant était autorisé par les Préceptes et qu'il devait être soutenu. Des missives partant de Bevelle vers les quatre coins de Spira avaient averti en quelques jours à peine la majorité des gens, de même que le bouche à oreille avait été efficace.

Bientôt, Frangin sursauta et hurla quelque chose à Cid, en Al Bhed. Sin était en vue, à quelques kilomètres à peine, au-dessus de la mer et à deux pas de Bevelle. “ Très bien ! ” lança Tidus avec foi. “ On lui rentre dedans ! ” “ Mais comment tu comptes rentrer à l'intérieur ?! ” demanda Wakka surpris. “ De la plus simple des façons, évidemment ! ” répondit son acolyte. Ils se mirent tous à quitter en courant la salle de pilotage, suivis par Tidus que Cid arrêta. Ce dernier inquiet lui demanda d'un air grave quel était son plan pour pénétrer à l'intérieur de Sin. Tidus lui répondit : “ Si on ne peut pas entrer par la bouche, on lui fera un nouveau trou ! ” Cid ahuri éclata de rire, longuement, nerveusement. Ce plan était totalement fou. Si fou qu'il lui plaisait. “ Je te dirai pas d'être prudent, petit ”, dit le leader Al Bhed. “ Faites de votre mieux, les enfants ! ” “ Attends ! ” lança la voix de Frangin alors que Tidus allait partir à toutes jambes. “ Rikku... toi... protéger ”, dit-il maladroitement dans la langue commune alors qu'il ne parlait usuellement qu'en Al Bhed. Lui souriant, Tidus lui promit qu'il veillerait sur sa petite sœur, et se mit à courir dans le couloir, quittant la salle de pilotage. Il retrouva bientôt ses amis, qui prenaient déjà l'élévateur qui les mènerait sur le pont du vaisseau, à l'extérieur. Le chant résonnait désormais de plus en plus fort, et Tidus priait pour que l'Hymne ait l'effet escompté sur Sin. Il fallait que cela fonctionne. Il fallait que Jecht y réagisse. Lorsqu'enfin les combattants sentirent l'agréable souffle du vent sur leur visage, ils aperçurent l'énorme silhouette de Sin qui se profilait devant eux. Ils survolaient Bevelle, désormais, et il leur semblait que Spira tout entier les regardait, chantant avec espoir cet Hymne magnifique. Et en effet. Civils et prêtres participaient dans la ville de Bevelle, chantant avec toute la conviction possible. Les Besaid Aurochs et les Luca Goers, ennemis jurés, chantaient eux aussi tous ensemble avec espoir, se tenant tous par les épaules, observant au loin les deux points dans le ciel qui se rapprochaient l'un de l'autre au-dessus de la capitale. “ Ils nous ont écouté ! ” lança Rikku avec joie, tendant l'oreille pour mieux apprécier la chanson. Se sentant comme porté par ce flux sonore, cette énergie vocale qui émanait de tous ces gens qui espéraient la fin de toute terreur, Tidus annonça qu'ils

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ne les laisseraient pas tomber. Puis il se tourna vers celle qu'il aimait, qui était à quelque mètres de lui. “ Yuna ”, dit-il sortant une sphère de sa poche et la lui montrant. “ Tu n'as plus besoin de ça, n'est-ce pas ? ” La jeune femme déconcertée reconnut le testament qu'elle avait enregistré à l'attention de ses Gardiens. Elle bafouilla, et Tidus afficha un grand sourire avant de jeter la petite boule bleue par-dessus bord, dans le ciel, de toute ses forces. Reconnaissante, Yuna lui retourna sou sourire et s'inclina légèrement. Soudain, le vaisseau tout entier se mit à trembler sous leurs pieds. Rien de bon en perspective. Sin n'était peut-être pas si calme, finalement. Le navire approchait dangereusement du monstre, irrésistiblement attiré par un champ de gravité. Soudain tout disparut autour d'eux. Sin, le chant, les nuages, le ciel. Tidus qui avait perdu l'équilibre se releva et jeta un regard circulaire, inquiet.

Bientôt l'univers reparut, bien que le chant semblait avoir définitivement cessé.

Surpris, Tidus s'aperçut que quatre gigantesque sillons semblaient avoir été creusés sur des kilomètres autour d'eux, dans la terre comme dans la mer, et se croisaient exactement sous le vaisseau. Soudain le silence total se rompit, et le groupe d'amis vit déferler depuis chaque sillon de véritables vagues d'énergie qui allaient se rencontrer quelques instants plus tard juste sous leurs pieds. Lorsque vint le moment de la collision, le navire sembla décoller de plusieurs centaines de mètres, emporté par le souffle de l'explosion. Tidus se cramponnait fermement aux petites constructions sur le toit du vaisseau, et lorsqu'enfin l'antique machine fut stabilisée, il se trouva nez-à-nez avec l'immonde Sin, les innombrables yeux du monstre le fixant avec colère. Il maudit son père et se releva brusquement.

Cid hurla dans un mégaphone qu'ils ne pouvaient plus faire demi-tour, que Sin les empêchait de partir. Depuis la salle de pilotage, lui et Frangin avaient cru repérer un énorme point bleu à la base des bras du monstre, et ils pensaient qu'il pouvait s'agir d'un point faible. Ainsi, ils amenèrent tant bien que mal le vaisseau au premier bras, et foncèrent littéralement sur Sin. Les habitants de Spira reprenant courage se mirent à chanter de plus belle, calmant légèrement le monstre et encourageant grandement Tidus qui frappa le point sensible de son épée dès que le vaisseau en fut suffisamment près. Il s'agissait en fait de l'un des mécanismes d'attaque de Sin, mais l'énorme carapace ne semblait pas capable, ou ne pas avoir envie, de l'utiliser.

Avec l'aide de Valefore, la Chimère venue des cieux, Yuna réussit bientôt à percer ce point bleu, le rendant totalement inoffensif. Brusquement, le vaisseau s'éloigna, visiblement libéré du champ magnétique qui le forçait jusqu'alors à rester collé à Sin. Les habitants de Bevelle, les yeux rivés sur l'épique bataille dans la ciel, au-dessus des eaux, virent le vaisseau déployer un gigantesque canon antique, viser la base du bras, et tirer. Et à la surprise de tous, le titanesque bras de Sin se détacha et tomba lourdement au fond de l'océan. Ils répétèrent bientôt l'opération avec l'autre bras, toujours encouragés par le chant rempli d'espoir qui flottait dans les airs.

A la place des deux bras de Sin gisaient désormais deux énormes trous qui dégageaient une intense lumière blanche. Mais Frangin s'aperçut que le canon principal qui avait réussi à détruire l'armure du monstre avait surchauffé et ne fonctionnait plus. C'était terminé. Ils avaient perdu. “ Rentrez à l'intérieur, tous ! On doit trouver un autre plan ! ”, hurla la voix de Cid par le mégaphone. Les autres commençaient déjà à se replier lorsque Tidus sentit une force mystérieuse au fond de lui le pousser à la parole.

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“ Non ! ” cria-t-il. “ On lui fonce dedans ! Règle d'or pour un Blitzeur : quand tu as la balle, alors il faut marquer ! ” Lulu courut le long du toit du vaisseau et lui cria au passage : “ On n'a jamais le temps de s'ennuyer avec toi ! ”. Puis elle se jeta du bord de la machine volante, suivie par Tidus, puis par tous les autres. Ils atterrirent lourdement sur le dos cuirassé de Sin. Des dizaines de squames, ces bêtes immondes qui vivaient sur Sin et s'en détachaient parfois, se ruèrent sur les Gardiens tandis que Yuna invoquait Bahamut afin d'attaquer un autre point bleu qui se situait juste sur le dos de Sin. La Chimère sacrée lança une attaque d'une puissance inouïe, imparable, utilisant une magie blanche complexe et qui n'était pas à la portée de l'être humain. Si bien que bientôt, Sin se mit à perdre de l'altitude, glissant lentement vers le niveau de la mer, laissant derrière lui d'immenses trainées de lumière blanche qui sortaient des trous dans ses bras. Ces lumières étaient en réalité des milliers et des milliers de furolucioles. Surpris par la chute de Sin, Yuna et ses amis virent le vaisseau de Cid passer près du monstre pour les rattraper, et ils sautèrent dessus au dernier moment. Le terrible Sin vint s'écraser dans un fracas terrible à la périphérie de la ville de Bevelle. Un gigantesque nuage de poussière s'éleva, dépassant jusqu'aux plus hauts bâtiments de la ville. Tidus et Yuna, main dans la main, observaient la scène depuis le pont du vaisseau. Sin ne bougeait plus du tout.

Lorsqu'ils retrouvèrent Cid et Frangin, son crâne rasé excepté l'éternelle crête blonde au sommet de sa tête, dans le salle de pilotage, ceux-ci débordaient de joie et ne pouvaient croire ce qu'ils avaient sous les yeux. Sin abattu, complètement hors d'état de nuire. Mais Yuna ne partageait pas leur enthousiasme. “ Il va revenir... n'est-ce pas ? ” dit-elle. “ Oui... ” confirma Tidus qui coupa de fait les Al Bheds dans leur joie. “ Du moins, tant qu'on ne se sera pas occupés du type à l'intérieur. ” “ Sin est affaibli ”, dit Auron soutenu par Lulu et Rikku. “ C'est le moment ou jamais. ” “ Bon ”, se résigna Cid. “ Je vais voir ce que je peux tirer du canon principal. ” Et il s'éloigna, attrapant Rin au passage, afin d'aller réparer l'imposant canon tant qu'il était encore temps. Kimahri sentait au plus profond de lui grâce à ses sens de Ronso que Sin vivait toujours. Yuna se retira discrètement, et Tidus décida de la suivre. Ils se retrouvèrent sur le toit du vaisseau qui planait au-dessus de Sainte Bevelle, et de la carcasse inanimée de Sin. Il prit sa main de nouveau, car il savait que bientôt, il n'aurait plus l'occasion de sentir l'agréable contact de la douce peau de Yuna, ou de sentir son parfum similaire à celui d'une fleur. Bientôt, il ne pourrait plus plonger son regard d'un bleu aquatique dans les yeux vairons de l'Invokeur. Car rapidement prendrait fin le rêve des Priants. Il avait envie de pleurer, sachant que son existence même prendrait fin avant la fin de cette journée historique pour Spira. Mais d'un autre côté, il était heureux : il disparaîtrait le cœur léger, assuré de la sécurité de ses amis et de celle qui importait tant pour lui, assuré d'avoir contribué à la libération d'un monde, assuré d'avoir sauvé son père d'un destin qu'il ne maîtrisait plus.

Ils demeurèrent ainsi silencieux quelques minutes durant, tandis que l'après-midi touchait déjà à sa fin. Jusqu'à ce que la jeune femme rompe le silence de son agréable voix. “ Je me demande si Sire Jecht souffre... ” dit-elle.

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“ Finissons-en rapidement ”, répondit simplement Tidus qui se posait au même moment la même question. “ Les Priants ont dit qu'ils nous aideraient, donc tout se passera bien, non ? ” “ La manière dont ils ont dit cela... ça me perturbe ”, confessa Yuna. “ Je veux dire, depuis le tout début ils combattent à nos côtés, et maintenant, ils disent qu'ils vont nous aider ? Attends... ” L'expression sur son visage disait qu'elle venait de comprendre quelque chose. Quelque chose d'important, mais aussi de très déroutant. “ Sin renaît quand Yu Yevon fusionne avec une Chimère... n'est-ce pas ? Si j'invoque une Chimère... Yu Yevon en prendra possession. Mais au départ... il sera petit, non ? ” “ Oui ! ” comprit Tidus. “ Et donc on pourrait réussir à le battre sans Ultime Invocation ! ” “ Je ne sais pas... ” pensa la jeune femme à haute voix. “ Et si Yu Yevon fusionne avec une autre Chimère ? ” “ Alors on le battra encore ! ” lança Tidus avec conviction. “ On le combattra jusqu'à ce qu'il n'ait plus nulle part où se cacher ! ” Yuna baissa la tête, les yeux emplis de larmes. Elle n'aurait jamais cru en arriver là. Mais Tidus la prit par les épaules et lui expliqua que les Priants en avaient assez de toute cette histoire, eux aussi. Qu'ils avaient besoin de repos. “ Le Priant a dit... qu'il était inutile de continuer à rêver ”, dit Yuna sa voix se dérobant au fil des mots. “ Il a dit que le rêve disparaîtrait. Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Et... qu'est-ce que Yu Yevon invoque depuis l'intérieur de Sin ? ” “ Le rêve des Priants ”, répondit lentement Tidus. “ Tu ne vas pas... partir, n'est-ce pas ? ” demanda la jeune fille qui sondait son visage.

Et c'est alors que Tidus cherchait les mots qu'ils sursautèrent tous deux. Sin se relevait. En quelques instants, de gigantesques ailes dorées lui poussèrent à la place des bras, et il prit son envol, se posant au sommet de la plus haute tour du saint palais de Bevelle qui surplombait la capitale. Puis il s'arrêta de bouger, pour de bon.

Comme s'il les attendait, les défiant de ses innombrables yeux globuleux. Tidus serra le poing, résolu à mettre fin à cette folie. Silencieux, Yuna et lui retournèrent à la salle de pilotage dans laquelle tous leurs amis étaient déjà réunis.

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“ Jecht... ” dit Auron lorsqu'il vit le jeune homme. “ Il t'attend. ” “ Fiston, je suis désolé ”, s'excusa Cid l'air dépité. “ On ne peut pas réparer le canon principal. On ne pourra pas vous couvrir. ” “ Hé, amène-nous à l'intérieur, et on s'occupe du reste ! ” lança Tidus.

Tous ses amis étaient là, devant lui. En un sens, toute sa vie. Son cœur fit un bond dans sa poitrine : il s'aperçut que d'ici quelques heures, il les perdrait tous. Il jeta un regard circulaire de droite à gauche, croisant successivement les visages de Lulu, Rikku, Wakka, Kimahri, Auron, et Yuna. Ces gens avec qui il avait tant vécu, tant appris, ces personnes qu'il aimait et avec qui il avait passé tant de bons moments. Il se mit à avoir peur. Une peur incontrôlable qui le rongeait de l'intérieur. Il allait les perdre. Faisant mine de se gratter afin d'essuyer une larme qui s'échappait, il s'avança la gorge nouée vers Cid et la sphère au centre de la salle. Frangin attendait les ordres. Le leader Al Bhed s'approcha et lui lança fermement : “ En avant, vers la bouche ! Pas d'erreur, ou je t'arrache cette horreur qui te sert de cheveux ! ” Tidus et ses amis se cramponnèrent à tout ce qui leur passait sous la main tandis que Frangin poussait le vaisseau jusqu'au bout de ses limites. Sin était juste devant eux, immobile, les défiant du regard, attendant patiemment toujours posé sur le toit du palais de Bevelle. Il ouvrit grand la gueule, tel une baleine, afin de hurler, et Frangin poussa le levier une dernière fois, les propulsant violemment entre deux des énormes dents de la bête. Tout était noir, et désormais ils n'avaient plus aucun échappatoire.

Soudain, tout s'éclaira, et ils découvrirent devant eux un ciel sublime, bleu marine, entaché de longues trainées blanches laissés par des furolucioles toutes séparées de quelques mètres les unes des autres. Des nuages gris et visiblement magique flottaient par endroits. C'était un véritable autre monde qui résidait à l'intérieur de Sin. Soudain, un énorme visage sembla se dessiner dans les nuages devant eux, et un petit rire insupportable résonna dans leur tête l'espace de quelques instants avant de disparaître. La plupart des Gardiens avaient parfaitement reconnu ce rire, et ils s'échangèrent des regards sombres. Le vaisseau se posa lentement dans l'épaisse brume au sol, et Yuna sortit avec ses Gardiens, posant le pied dans instable et mouillé. “ Papa !? Où est-ce que tu es ? ” lança Tidus de toutes ses forces. “ Nous devons aller à lui ”, expliqua calmement Auron. “ Très bien ! Laissez-moi passer devant ! Suivez-moi ! ” Et sans que ses amis n'aient eu le temps de broncher, Tidus avait déjà pris la tête de la marche, résolu à en finir. Il allait à grands pas, scrutant l'horizon, faisant à peine attention aux symboles étranges qui flottaient dans les airs ou sous ses pieds. Tout ce qui importait était de retrouver Jecht et de mettre un terme à ses souffrances, et aux souffrances du peuple de Spira. Rikku observa la petite boussole antique qu'elle avait emmenée afin de se repérer, mais l'aiguille s'affolait, tournant sur elle-même à toute vitesse. Bientôt, une première vague de monstres apparut, bloquant leur route, comme envoyée pour tester leur force. Lorsque les Gardiens s'en furent occupés, Tidus reprit sa marche, sa course, d'un rythme d'autant plus soutenu. Ils marchaient dans l'eau, une eau légèrement salée, tout comme le sont les larmes.

Oui, c'était une Mer de Chagrin qui se trouvait là. Les pleurs des morts et de

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l'assassin mal-fortuné qu'était Jecht malgré lui.

Ils errèrent ainsi dans ce monde étrange durant une heure environ jusqu'à ce qu'ils se trouvent devant une vision pour le moins insolite : un sublime escalier qui montait, juste devant eux, jusqu'à ce qui ressemblait à un grand autel. Méfiants, leurs armes prêtes, ils gravirent les marches lentement. Dans le fond se trouvaient trois gigantesques sceaux magiques, et devant eux, un homme se tenait là, les attendant, un sourire ironique aux lèvres. Ses longs cheveux bleus balançaient lorsque le vent frais les emportait. Seymour semblait déterminé à ne pas les laisser passer. “ Tu n'abandonnes jamais ?! ” demanda Tidus surpris tandis que le leader Guado riait devant son expression. “ Sin m'a choisi ! ” lança-t-il d'une voix d'illuminé. “ Je fais partie de Sin. Je ne fais plus qu'un avec lui, pour toujours. Immortel ! ” “ Sin t'a juste avalé ”, rétorqua Tidus qui espéra un instant convaincre Seymour d'abandonner. “ J'apprendrai à le contrôler de l'intérieur ”, continua le Guado sur le même ton? Il semblait ne pas avoir entendu Tidus. “ J'ai tout le temps du monde pour cela.

Puisque vous avez été assez généreux pour vous débarrasser de Yunalesca... le seul moyen de détruire Sin est à jamais perdu. Plus rien ne peut nous arrêter ! ” “ C'est ce qu'on va voir ! ” menaça Tidus brandissant Fraternité devant lui. “ Essaie si cela t'amuse ! Tu devrais plutôt me remercier. Vos morts garantiront la survie de ton père ! ” Seymour disparut l'espace d'un instant pour reparaître contre les trois sceaux magiques derrière lui, qui semblaient flotter dans les airs. Le leader Guado était devenu une nouvelle fois monstrueux. Il était translucide, et brillait. On pouvait distinguer deux énormes ailes qui brillaient derrière son dos presque invisible. Les trois sceaux magiques circulaires se mirent à tourner sur eux-mêmes, conférant à Seymour une énergie surpassant l'imagination. Maîtrisant les éléments, Seymour déchaîna sa puissance sur Yuna et ses Gardiens, qu'il s'agisse de sortilèges de feu, de foudre, de glace, ou d'eau. Mais Lulu contrait la plupart des attaques à l'air des sorts qui les annulaient. Ainsi, elle éteignait le feu à l'aide de l'eau, et ainsi de suite.

Seymour agacé fit bientôt sauter le centre de l'autel, manquant de faire tomber dans le vide infini Wakka et Kimahri. Tidus rattrapa d'une main son ami Blitzeur, tandis que le Ronso réussissait à se hisser de lui-même en dehors du gouffre.

Soudain, Yuna leur cria de tous se mettre derrière elle. Surpris, les Gardiens s'exécutèrent néanmoins. Seymour visiblement amusé fit tourner les trois sceaux à toute vitesse, visiblement prêt à décharger une attaque dévastatrice. C'est alors qu'un gigantesque grappin de métal tomba du ciel et traversa le sol. Puis peu à peu, la chaîne métallique remonta, tirant juste devant Seymour une immense créature ignoble, ses mains liées par de solides menottes, le seul œil valide au milieu de son visage brisé fixant le Maître avec défiance. Les sceaux magiques s'arrêtèrent brusquement de tourner, Seymour perturbé de voir sa propre Chimère se dresser contre lui. “ M... mère ? ” demanda-t-il d'une voix tremblante. Pour toute réponse, la brutale Anima se mit à forcer sur ses gigantesques menottes jusqu'à ce que la chaîne qui les reliait ne cède. Puis elle le frappa violemment du poing gauche, puis du droit, puis du gauche, de plus en plus vite, de plus en plus fort, jusqu'à cogner trop vite pour que

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l'œil humain puisse voir les coups partir. En une dizaine de secondes, Seymour avait déjà été touché une centaine de fois. Vaincu, brisé, le Guado invisible tomba au sol, reprenant sa forme normale, à demi humain. Essoufflé, à genoux, il s'écria : “ Non ! ” “ Maintenant ! Yuna, envoie-le ! ” lança Tidus. L'Invokeur se précipita devant le Maître, et fit tournoyer son bâton au-dessus de sa tête, commençant à danser, tournant majestueusement sur elle-même, sa robe suivant le gracieux mouvement.

Seymour leva une dernière fois la tête et dit : “ C'est donc toi qui m'enverras vers l'Au-Delà, au final... Mais même après mon départ, la peine de Spira perdurera ” Et il disparut pour de bon, les furolucioles fonçant déjà vers l'Au-Delà de Guadosalam. “ Sin te rejoindra bientôt ”, lança Tidus en direction des petites âmes.

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- XVIIILa find'un rêve

Progressant plus avant vers l'intérieur de Sin, Tidus sentait une peur grandissante s'installer dans son cœur. Comment allait-il finir ? Où irait-il, une fois disparu ? Nulle part, évidemment. Même l'Au-Delà ne serait pas sa dernière demeure : il n'allait pas mourir, car il n'avait jamais vécu. Il allait simplement disparaître sans laisser de trace, s'en aller pour ne jamais revenir, laissant tous ses amis vivre des jours heureux. Il ne savait toujours pas comment le leur dire, et à mesure qu'ils avançaient vers son père, son visage habituellement si joyeux s'assombrissait. L'intérieur de Sin était tel une petite ville-labyrinthe, dans laquelle rôdaient des monstres tous plus gros les uns que les autres. Le groupe les évitait autant que possible afin de conserver ses forces, mais c'était comme si les bêtes étaient attirées par eux, comme si elles avaient été envoyées pour leur barrer la route. D'immenses murs de pierre se dressaient de part et d'autres du chemin pavé sur lequel ils marchaient à grands pas. Parfois, alors qu'ils s'aventuraient dans l'un de ces étranges couloirs, le sol s'élevait devant eux comme pour leur barrer la route, leur indiquant qu'ils ne prenaient pas la bonne direction. Le ciel était étrange, et néanmoins, il paraissait familier à Tidus. Il brillait, parsemé de grosses étoiles, une gigantesque aurore boréale le traversant de part en part. Mais, chose plus intrigante, il tournait, tel un vortex, replié sur lui-même. Le fils de Jecht se souvint alors avoir remarqué ce même ciel lorsqu'il était entré en contact avec Sin suite à l'opération Mi'ihen.

Ils marchaient depuis près d'une heure lorsqu'ils virent devant eux une balle de Blitzball. Tidus le sentait : ils approchaient du but. Pressant le pas, il prit de nouveau la tête de la marche, trouvant bientôt une seconde balle plus loin devant. Puis, suivant ainsi les balles, ils finirent par se retrouver devant une immense tour à l'aspect peu rassurant. Les autres se jetaient des regards inquiets, hésitant à s'aventurer plus avant, mais Tidus ne semblait pas s'en faire. Il posa la main sur la grande tour, et tout d'un coup, il se sentit passer au travers. Il y était. La Tour des Âmes. En réalité, il était déjà venu à cet endroit. Des centaines, des milliers de personnes erraient, à moitié transparentes, dans une clairière brumeuse et brillante, près d'un gigantesque arbre de Macalania. Ses amis le rejoignant à l'intérieur découvrirent avec surprise toutes ces âmes prises par Sin lors du dernier millénaire.

Lorsque Sin tuait un homme, une partie de son âme restait piégée en lui. Et il se servait de ce fragment d'âme afin d'accroître sa puissance, de renforcer cette carapace gigantesque qui le protégeait.

Dehors, Spira continuait de chanter l'Hymne du Priant, et les Al Bheds à bord du vaisseau, quelque part à l'intérieur de Sin, chantaient également. Ils entendaient encore vaguement toutes ces voix qui chantaient à l'unisson, mais en un sens, il semblait qu'elles n'étaient plus réelles. Comme si elles étaient bien là, tout en étant distantes. C'est alors que les spectres disparurent, et que quelques rares furolucioles s'approchèrent des pèlerins. Elles se mirent à tourner délicatement autour de Yuna, qui vit apparaître avec surprise un magnifique bâton d'Invokeur entre ses mains.

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Grand, bleu, et rouge, qui semblait dégager une puissance magique sans égal. C'était le bâton de son père, Braska.

Avant même qu'ils n'aient eu le temps de comprendre ce qui venait d'arriver, ils se sentirent tous pris de nausée, et la tête se mit à leur tourner à toute vitesse. Tout devint blanc, et bientôt il n'y eut plus de ciel, plus de clairière brumeuse, plus d'amis, plus d'amour. Puis lentement, la vision leur revint, et tout sembla redevenir normal.

Tidus reconnut le stade de Blitzball de Zanarkand, en ruines. Au lieu de l'habituelle sphère aquatique qui servait de terrain pour le jeu, flottaient quelques débris semblant échapper à la loi de la gravité. Le stade lui-même planait loin au-dessus de la lumineuse Zanarkand, qui ne leur apparaissait pas clairement. Elle était floue, diffuse. Ils se trouvaient sur une plate-forme qui s'avançait jusqu'au-dessus du centre du stade. En face d'eux volait le logo des Zanarkand Abes qui Tidus portait en pendentif, en boucle d'oreille, et avait dessiné sur ses vêtements. Enfin, un brasier tournoyait en-dessous d'eux, au pied des tribunes qui encerclaient le stade.

Tidus fronça les sourcils, ne comprenant pas cette soudaine colère qui montait en lui. Au bout de la passerelle se tenait un homme, de dos, de longs cheveux bruns emmêlés soutenus par un bandana rouge, et son éternelle barbe couvrant la partie inférieur de son visage ridé. Sur son torse nu était tatoué le logo de l'équipe de Blitzballl de Zanarkand. Jecht croisait ses bras musclés, se tenant droit, sûr de lui. Il les attendait. La colère changeait progressivement, et d'une seconde à l'autre, il passait de divers sentiments opposés. Tout était confus, rien n'était clair. Auron, ému, fit quelques pas vers Jecht, restant néanmoins derrière Tidus. “ T'es en retard, Auron ”, lança doucement la voix rauque de Jecht qui ne s'était toujours pas retourné. “ Je sais ”, répondit le Gardien avec un sourire amer, heureux de revoir son ami avant la fin. Lentement, le père de Tidus fit demi-tour, s'arrêtant d'un air gêné lorsqu'il fut en face de lui. “ Hé ”, salua Jecht avec un léger sourire et un signe de main maladroit. “ Salut ”, répondit Tidus tout aussi maladroitement. Ils s'observèrent quelques instants, ne bougeant pas d'un cil. Plusieurs mètres les séparaient. “ Hah ! T'as bien grandi, mais t'es tout maigre ! ”, lança Jecht avec un sourire. “ Tu manges, au moins, mon grand ? ”. Il marqua de nouveau une pause, la gorge nouée. “ Tu... tu as vraiment poussé. ” “ Ouais... mais t'es toujours le plus balèze ”, admit Tidus la tête baissée. “ Eh bien, je suis Sin, tu sais... ” plaisanta sombrement son père de sa voix rauque. “ Ça n'est pas drôle ”, répondit le fils de Jecht d'une voix tremblante.

L'ancien Gardien de Braska émit un léger rire, puis un silence gêné s'installa de nouveau. Tidus voulait lui parler, il voulait lui dire ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait en cet instant. Mais il en était incapable. Il savait pourtant que c'était sans doute sa dernière occasion de parler avec son père, mais rien n'y faisait. Cette occasion, il allait la gâcher malgré lui. Et Jecht semblait dans la même situation. Après un temps, ce dernier se gratta la tête d'un air effacé et dit : “ Bon, eh bien... enfin, tu sais... finissons-en. ” “ Papa ? ” “ Ouais ? ” “ Je te déteste ”, affirma Tidus d'une petite voix tremblante. Jecht émit un léger rire, affichant un air compréhensif.

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“ Je sais, je sais... ” répondit-il avec un sourire amer. “ Tu sais ce que tu as à faire. ” “ Ouais. ” “ Je... J'entends presque plus l'Hymne. D'ici peu je serai Sin. Complètement. Je suis content que tu sois là. Juste une chose... Quand ça commencera, je ne serai plus moi-même. Je ne pourrai pas retenir mes coups. Je suis désolé. ” “ Ça suffit ! ” hurla Tidus de sa voix tremblante, au bord des larmes. “ Finissonsen, ok ? ” “ Tu as raison ”, répondit Jecht. Il fit demi-tour et se mit à marcher lentement le long de la passerelle, jusqu'au bout de la plate-forme. “ Très bien... allons-y... ” Au bord du gouffre qui donnait sur le centre du stade enflammé, il se retourna une dernière fois vers Tidus et lui sourit. Soudain, une intense lumière se mit à briller au niveau de la poitrine de Jecht. Il se mit à trembler, luttant visiblement contre luimême. Il semblait peu à peu perdre le contrôle de son corps. Il basculait lentement en arrière, prêt à tomber dans le gouffre, quand Tidus en larmes se rua vers lui, la main tendue pour le rattraper. Mais il arriva trop tard, et vit son père disparaître dans le brasier qui tournoyait. Soudain, le sol se mit à trembler sous ses pieds, et Yuna et ses amis brandirent leurs armes, prêts à combattre. Une gigantesque furoluciole parcourait Zanarkand, en-dessous d'eux, la rendant plus proche, plus nette, retirant ce flou qui la rendait irréelle et allumant au passage toutes les lumières de la ville scintillante. C'est alors que quelque chose d'énorme agrippa le bord de la passerelle devant Tidus. Une main enflammée, gigantesque, horrible. Puis derrière cette main apparut une tête, puis un corps tout aussi monstrueux et gros.

Jecht, l'Ultime Chimère, se dressait devant eux, son tatouage brillant sur son torse et ses yeux bleus semblant les défier d'avancer. Surpris, Tidus manqua de tomber à la renverse. “ Je te promets que ce sera rapide ! Donne tout ce que t'as, papa ! ”, lança-t-il à l'attention de la Chimère. Il dégaina son épée et fut bientôt rejoint par ses amis qui http://dantesparda62novels.free.fr/

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étaient restés en retrait.

D'entrée de jeu, l'Ultime Chimère frappa du poing, forçant Wakka et Lulu à se jeter de côté afin de ne pas être écrasés. Auron en profita pour frapper la main de Jecht à l'aide de sa lourde épée. Le monstre sursauta retirant sa main endolorie. Son père souffrait, et Tidus le savait. Il fallait que cette bataille prenne fin au plus vite.

Yuna lança un sortilège sacré, envoyant une pluie de rayons éblouissants s'abattre sur Jecht. Celui-ci, fou de rage, attrapa la jeune femme dans sa main, prêt à la broyer de sa poigne d'acier. “ Relâche-la ! ” hurla Tidus. “ Je ne te laissera pas gagner, pas cette fois ! ”. Jecht troublé sembla hésiter un instant, réagissant à la voix de Tidus. Il plongea ses yeux terrifiant dans ceux de son fils, et ce temps d'hésitation suffit à Lulu pour faire tomber la foudre sur son bras, le forçant à relâcher la fille de Braska qui retomba dans les bras de Kimahri. Wakka lança sa balle avec force, mais le monstre la fit exploser au vol d'un simple regard. Rikku, quant à elle, préparait quelque mélange composé de potions et de grenades, de ce genre de met explosif dont elle avait le secret. Bientôt, elle lança le tout vers Jecht, qui recula sous le choc.

L'Ultime Chimère de Braska se mit alors à trembler. Était-ce terminé ? Le logo des Zanarkand Abes qui flottait derrière le monstre s'embrasa soudain, et Jecht porta la main à sa poitrine, sur son gigantesque tatouage. Il en extirpa alors à la stupeur de Tidus et ses amis une titanesque épée à l'aide de laquelle il se mit à attaquer les Gardiens et l'Invokeur. La jeune femme n'utilisait pas ses Chimères : elle ne devrait les utiliser qu'une fois Yu Yevon sorti de sa cachette.

Kimahri et Auron attirèrent les coups de Jecht, permettant à Tidus de s'en approcher plus encore. Il attendit le bon moment, et il sauta sur la main gauche de l'Ultime Chimère, s'agrippant tant bien que mal tandis que son père secouait frénétiquement le bras afin de le faire lâcher prise. Le moment venu, Tidus se jeta vers la poitrine de Jecht et y planta son épée, Fraternité, avec force.

Se mettant à trembler de nouveau, Jecht baissa la tête pour regarder son fils arracher la lame bleue et retomber sur la passerelle. La gigantesque épée de la Chimère tomba, se plantant dans le sol, et une sorte d'énorme furoluciole rouge s'éleva du corps de Jecht qui s'était échoué sur le bord de la passerelle. Soudain, l'Ultime Chimère de Braska explosa, aveuglant les pèlerins. Lorsqu'il rouvrit les yeux, Tidus vit son père, dans son véritable corps, qui titubait au bout de la passerelle. Il se jeta vers lui pour le rattraper alors que ses jambes fléchissaient. Allongé sur les genoux de son fils, Jecht était fier. Fier d'avoir un enfant comme le sien. L'énorme furoluciole rouge, qui n'était autre que Yu Yevon en personne, tournoyait autour du stade en ruines. “ Tu vas pleurer, j'en suis sûr. Tu vas pleurer. Tu pleures toujours ”, dit Jecht d'une voix faible. “ Tu vois ? Tu pleures. ” “ Je te déteste, papa ! ” répondit Tidus qui pleurait toutes les larmes de son corps.

Mais il n'en pensait pas un mot. Non. Il aimait son père. C'était juste plus facile de le dire à l'envers. “ Garde ça pour plus tard ”, conseilla Jecht. “ Tu as raison. On a encore un boulot à terminer, c'est ça ? ” “ Oui, c'est exact. Tu es bien le fils de ton père, après tout. ” “ Tu sais... ” commença Tidus séchant ses larmes, “ pour la première fois, je suis heureux que tu sois mon père. ” Yuna s'approcha derrière eux, l'air gênée, au bord

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des larmes elle aussi. “ Sire Jecht ? ” demanda-t-elle. “ Je devrais... ” “ Non, Yuna ! Il n'y a pas de temps à perdre ! ” coupa brusquement le père de Tidus se relevant avec difficulté. Yu Yevon s'approcha dangereusement d'eux, menaçant. “ Toi, tu dégages ! ” hurla Tidus avec colère. “ Yuna, tu sais ce qu'il te reste à faire ! ”, lança Jecht. “ Les Chimères ! Appelleles ! ” “ Invoque-nous ! ” lança la voix du Priant qui apparut entre elle et le Gardien de son père, la main sur le cœur. C'est alors que Jecht tomba à genoux, puis son corps sans vie s'écrasa sur le sol. Ainsi allongé sur le ventre, il s'évapora lentement en une nuée de furolucioles sous les yeux d'un Tidus bouleversé, mais qui pour autant ne pleurerait pas. Il devait être fort, désormais. Le regard vide, il demeura ainsi quelques instants, jusqu'à ce que Yu Yevon le ramène à la réalité. La boule noire et rouge qui flottait dans les airs s'arrêta devant eux, et Yuna se rua juste entre elle et ses Gardiens.

C'est alors que le stade tout entier disparut autour d'eux, et que tout se mit à tourner à toute vitesse. Le monde n'existait plus, tout n'était plus qu'un amas de couleurs et de formes sans aucun sens, mise à part la plate-forme sur laquelle ils se trouvaient. Déterminée, ayant devant elle l'occasion de libérer Spira du joug de Sin qui durait depuis plus de mille ans, elle se tourna vers ses Gardiens et leur fit un

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signe de tête. Puis elle brandit devant elle le bâton de son père et se mit à danser, et bientôt un sceau magique magnifique apparut sous ses pieds. Quatre boules d'énergie s'élevèrent loin au-dessus de leur tête, et Valefore, la sublime Chimère ailée, tomba en piquée, se dressant devant les Gardiens. Sortant de nulle part, Yu Yevon fonça droit sur Valefore et rentra à l'intérieur d'elle. C'est alors que l'énorme oiseau rougeâtre à l'aspect si rassurant devint noir et effrayant, prêt à attaquer les Gardiens.

Ceux-ci frappèrent rapidement, blessant mortellement Valefore qui s'écrasa au sol, hors d'état de nuire. C'est alors que Yu Yevon quitta le corps désormais inutile de la Chimère afin de se remettre à tournoyer autour des Gardiens. Yuna invoqua ainsi toutes ses Chimères bien-aimées, pleurant leur disparition, souffrant avec elles, la gorge nouée de voir ces précieuses alliées avec qui elle ne faisait qu'un se faire sacrifiées les unes après les autres. Ifrit, le monstre de feu. Shiva, la dame de la glace.

Bahamut, le dragon sacré. Yojimbo, le mystérieux garde du corps. Et enfin, Anima, la Chimère des ténèbres. Toutes les unes après les autres furent invoquées, possédées, puis vaincues. C'était une étrange sensation pour chacun des pèlerins qui avaient combattu à l'aide de ces dons de Priants durant tout leur voyage.

Toutes les Chimères étaient vaincues. Yu Yevon ne pouvait plus se cacher nulle part. Tidus le savait : bientôt, tout serait terminé. L'Invokeur fou de Zanarkand s'arrêta juste en face d'eux, laissant apparaître sa véritable forme. Une petite boule noire munie d'antennes et de petites tentacules, sur laquelle brillait le logo de l'église de Yevon. “ Toute le monde, écoutez-moi ”, commença Tidus d'une voix solennelle mais enjouée, refusant de passer ses derniers instants à déprimer. “ C'est la dernière fois qu'on se bat ensemble, d'accord ? ” “ Hein ? ” fit Wakka bouche bée. “ Ce que j'essaie de dire, c'est que... ” il fit une pause, cherchant les mots, s'avançant lentement vers Yuna qui le dévisageait. “ … quand on aura battu Yu Yevon, je vais disparaître ! ” “ Qu'est-ce que tu racontes ?! ” demanda Lulu effarée. Yuna semblait perdue, comme figée, ne pouvant quitter des yeux ce jeune homme amusant, qui répandait la bonne humeur partout où il passait. Ce jeune homme qui donnait maintenant sa vie pour la liberté de Spira. Ce jeune homme qu'elle aimait. Ils s'observèrent l'un l'autre quelques secondes de plus. Elle ne pouvait rien dire. Il était de toute façon impossible de reculer maintenant. Et après tout, elle-même avait refusé de fléchir lorsque c'était à elle de se sacrifier. Puis il détacha douloureusement les yeux des siens, se dirigeant vers Yu Yevon son épée prêtre à frapper. “ Je vous dis au revoir ! ” lança-t-il en souriant. “ Pas maintenant ! ” se plaignit Rikku au bord des larmes. “ Je sais que c'est égoïste... mais c'est mon histoire ! ” Tidus fonça sur Yu Yevon, mais celui-ci esquiva le coup et lui jeta un sortilège qui le fit tombe en arrière. La drôle de boule noire n'attaquait pas. Elle ne faisait que se défendre et se soigner, constamment. Comment pouvaient-ils vaincre une créature qui se soignait à chaque instant ? Cherchant une solution, chaque Gardien tentait sa chance de temps à autre, frappant, jetant des sortilèges, et appréhendant à chaque instant les représailles de celui qui contrôlait Sin depuis plus de mille ans. Et à chaque tentative, Tidus se demandait si c'était celle qui mettrait fin à son existence.

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Il cherchait lui aussi une solution, sans doute plus activement encore que ses amis qui n'avaient aucune envie de le voir choir. Il passait en revue tout ce qu'il savait sur Spira, sur ce monde qu'il avait découvert et appris à aimer en quelques mois à peine.

Yu Yevon était le père de Yunalesca. Évidemment, sans doute avait-il un jour été humain. Seulement il ne l'était plus. Yunalesca...

Soudain, un éclair de génie lui traversa l'esprit. Il avait la solution. Et c'était Yunalesca qui la leur avait montrée. La gardienne de l'Invocation Finale leur avait prouvé lors de leur combat contre elle combien elle manipulait la vie et la mort à la perfection. L'un des sortilèges qu'elle leur avait alors lancé leur avait alors causé problème : toute tentative de soin les aurait tué sur le champ. “ Lulu ! Il faut lancer l'un des sorts qu'utilisait Yunalesca, celui qui fait que les soins affaiblissent la cible ! ” Comprenant, la sorcière se jeta vers Yuna. Ses pouvoirs n'étaient pas assez grands pour envoyer ce sort à elle seule. Mais en combinant sa force spirituelle avec celle de Yuna, peut-être y arriverait-elle. Bientôt, une onde verte frappa Yu Yevon de plein fouet. Celui-ci utilisa instantanément un sortilège de soin très puissant. La boule noire se mit alors à trembler, et peu à peu, sous le regard satisfait de Tidus, à se dissoudre littéralement. Une unique furoluciole s'envola du petit corps rond et noir qui disparaissait. C'était terminé.

Sur l'île de Besaid, sur la place centrale du village au milieu de laquelle un grand feu brûlait, tous les regards étaient rivés vers le ciel étoilé. Quelques Bannisseurs qui avaient chanté là toute la journée observaient maintenant en silence le combat mystérieux qui avait lieu depuis des heures à l'autre bout de Spira. Les villageois étaient tous fiers de l'Invokeur Yuna, qui serait peut-être le dernier des Grands Invokeurs. Soudain, on se mit à hurler de joie, à embrasser et prendre dans ses bras son voisin, à sourire et à rire. Gatta, ému, pensa à son défunt ami Luzzu et posa la main sur le cœur. C'était terminé.

A l'intérieur des temples, au fin fond des ancestrales constructions, dans chaque Chambre du Priant, l'Hymne perdait peu à peu en intensité. Au fur et à mesure que la vie abandonnait les statues dans lesquelles étaient piégées les Priants, le doux chant s'amenuisait, jusqu'à s'évanouir pour de bon. Le Priant de Valefore à Besaid disparut le premier. Puis tous, les uns après les autres, perdirent toute énergie, libérés de leur éternelle prison de pierre, voués à un repos bien mérité. L'enfant encapuchonné de Bevelle allait lui aussi pouvoir se reposer. C'était terminé.

Yuna et ses Gardiens étaient de retour dans le stade en ruines de Zanarkand, sur la passerelle. Tidus était là, attendant que les Priants de Gagazeth aient tous disparu.

Quant à Yuna, elle dansait, envoyant les quelques furolucioles qui erraient en ces lieux. Se retournant vers ses Gardiens, elle s'arrêta net, sursautant. On eut dit qu'elle avait vu un fantôme. Et pour cause. Des furolucioles s'élevaient de Sire Auron. “ Ne t'arrête pas ”, demanda-t-il. “ Mais, je... ” “ Tout va bien ”, assura Auron. Il observa les visages de ses amis, fier de ce qu'ils avaient accompli ensemble. Tous le regardèrent avancer d'un air solennel vers l'Invokeur. Kimahri, le regard triste, lui fit un signe de tête, et le légendaire Gardien lui donna une tape amicale sur l'épaule. Tidus dévisageait son ami de ses yeux d'un bleu aquatique. Auron s'arrêta juste devant lui, toujours tourné vers Yuna. “ Ça fait

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bien trop longtemps. ” Ils le regardèrent s'éloigner, s'évaporant peu à peu. Au bord de la passerelle, il se retourna une dernière fois, les regardant de son seul œil valide par-dessus ses lunettes de soleil rondes. “ C'est votre monde, maintenant. ” Et il disparut, pour de bon, s'envolant en direction de l'Au-Delà, devant tous ses amis émus.

Le jour était déjà sur le point de se lever lorsque le vaisseau Al Bhed émergea, sortant de Sin. Yuna et ses Gardiens se tenaient sur le pont, dans le ciel encore parsemé d'étoiles. La jeune Invokeur dansait, alors que flottaient autour d'eux les corps presque inanimés de toutes ses Chimères, ainsi que la carapace vide de Sin. Bientôt, unes à unes, les magnifiques monstres explosèrent en des flots et des flots de furolucioles, jusqu'à ce qu'enfin, Sin lui-même éclate en plusieurs milliers, peutêtre plusieurs millions de petites âmes plaintives qui foncèrent tout droit vers l'AuDelà de Guadosalam. Tidus était toujours là, et un léger espoir le saisissait au cœur alors qu'il voyait la sublime jeune femme danser pour la dernière fois sur le toit blanc du vaisseau. Pourtant, alors que les Priants de Gagazeth perdaient un à un leur pouvoir, et que l'éternel geyser bleu voyait sa puissance diminuer, il sentait quelque chose changer à l'intérieur de lui.

Le soleil commençait à faire rosir les nuages lorsque, surpris, Tidus s'aperçut qu'il pouvait voir au travers de son propre bras, de sa propre main. Il releva lentement la tête. Yuna le regardait les larmes aux yeux. Elle secoua frénétiquement la tête en signe de “ non ”, mais il savait qu'il était déjà trop tard. Tidus se tourna rapidement vers tous ses amis qui riaient et fêtaient déjà la disparition du fléau de Spira. “ Heu... Yuna, je dois y aller ! ”, lança-t-il d'un air décontracté, cachant sa gêne autant qu'il le pouvait. “ Je suis désolé de ne pas avoir pu t'emmener à Zanarkand. ” Il passa rapidement devant elle, allant à grands pas vers le bord du vaisseau. “ Au revoir ! ”, lança-t-il à tout le monde. “ Hé ! ” cria Wakka ahuri. “ On va te revoir bientôt, hein ?! ” demanda la petite voix de Rikku. Tidus ne répondit pas, avançant vers le soleil et les nuages. Yuna se rua vers lui pour le prendre une dernière fois dans ses bras. Elle ne pouvait le laisser partir ainsi. “ Yuna ! ” appela Kimahri qui tenta de la rattraper. Mais celle-ci courut jusqu'à celui qu'elle aimait et tendit les bras en avant. C'est alors qu'elle tomba à plat ventre, devant les yeux ronds de tout le monde. Elle venait de passer au travers de Tidus, comme s'il n'existait tout simplement pas.

Le jeune homme, tourné vers ses amis, l'Invokeur derrière lui, vit quelques furolucioles s'envoler calmement de son propre corps. Yuna se releva, les larmes aux yeux, fixant le soleil levant. “ Je t'aime ”, dit-elle simplement d'une voix tremblante. Il se retourna, surpris par ces mots qu'on ne lui avait jusqu'alors jamais dits. “ Je t'aime aussi ”, répondit-il contenant ses larmes. Et lentement, il s'avança vers elle, l'entourant de ses bras qu'il colla aussi près que possible de sa peau. Puis il posa délicatement le menton sur l'épaule de Yuna, profitant de ce dernier instant d'amour, revoyant défiler devant lui les images de ce moment merveilleux qu'ils avaient passé dans la forêt de Macalania.

Puis il inspira profondément et traversa Yuna, ne s'arrêtant qu'à un mètre à peine du bord du pont du vaisseau. Il se retourna vaguement et vit la plupart de ses amis

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lui faire un signe de la main d'un air triste. Son cœur battait à tout rompre lorsqu'enfin Tidus serra les dents, serra les poings, et se mit à courir, sautant dans le vide, planant quelques instants au milieu des nuages rosis par les premières lueurs du jour. Il lui sembla alors croiser entre deux nuages Braska, le père de Yuna, ainsi que Auron, et derrière eux, Jecht, qui tendait la main. Souriant, Tidus frappa dans celle-ci, et père et fils échangèrent un clin d'œil. Puis tout devint flou, virant du rose au blanc. Le rêve avait mis fin au rêve.

Peu à peu, Spira, libérée de l'infernal Sin, se transformerait. L'église aurait bientôt perdu tous ses adeptes, jusqu'au dernier. Les machines seraient à nouveau autorisées, aidant à la construction de grandes villes, et à la protection des routes sur lesquelles rôdaient encore et toujours des monstres. Le nom de Tidus était inconnu du grand public, mais ceux qui l'avaient côtoyé, ceux qui l'avaient croisé, qui s'étaient un jour moqué de lui, le prenant pour un fou, s'accordaient tous à dire qu'il était sans doute devenu le meilleur des Gardiens que Spira ait jamais porté. Le Gardien qui avait brisé le cycle en empêchant la mort d'un énième Invokeur, et qui avait détruit Yu Yevon à l'intérieur de Sin. Ce jour-là, à Luca, le stade de Blitzball était plein à craquer. Des habitants de tout Spira, venus du monde entier, étaient venus écouter le discours de Yuna, libératrice des peuples. La jeune femme, au bout d'un quai derrière le grand stade circulaire, était penchée au-dessus de l'océan. Fixant ainsi les remous des eaux, quelques mouettes criant au-dessus d'elle, elle sifflait avec espoir, portant les doigts à la bouche, comme le lui avait appris Tidus. “ Tu n'auras qu'à siffler, je viendrai en courant ”, avait-il promis. Mais il ne venait pas. Jamais plus il ne viendrait. Parce qu'il n'était plus là. “ Yuna ? Il est temps ”, appela la voix de Lulu derrière elle. La sorcière avait elle aussi la gorge nouée, mais elle s'efforçait de rester forte devant sa jeune amie.

Quelques minutes plus tard, Yuna se tenait debout sur le plus haut balcon du stade. Derrière elle, Wakka, Lulu, Kimahri, et Rikku l'observaient et l'écoutaient avec attention, ne pouvant s'empêcher de repenser à ce long périple lors duquel ils s'étaient faits et avaient perdus deux précieux amis : Auron, et Tidus. Les milliers de personnes présentes applaudissaient, hurlaient de joie, et attendaient avec impatience les mots de la jeune femme. “ Tout le monde... ” commença-t-elle. “ Tout le monde a perdu quelques chose de précieux. Tout le monde ici a perdu maisons, rêves, et amis. Mais maintenant, Sin est enfin mort. Maintenant, Spira est de nouveau nôtre. Main dans la main, nous pouvons désormais reconstruire nos maisons, nous trouver de nouveaux rêves. Bien que la route soit encore longue... nous avons tout notre temps. Ensemble, nous allons rebâtir Spira. C'est un nouveau chemin s'ouvre à nous, alors commençons dès aujourd'hui. ” Tout le monde se mit à applaudir l'Invokeur qui s'efforçait de sourire au peuple. Yuna se retourna discrètement vers ses amis, qui lui firent un signe d'encouragement. Elle aurait tant aimé qu'il soit là, lui aussi, pour la soutenir, et pour l'aider à faire de Spira un monde meilleur... Puis son regard se porta de nouveau devant elle. Son visage avait changé, son sourire semblait plus effacé, lorsqu'elle fit signe au peuple de faire silence et qu'elle reprit la parole. “ Encore une chose... Les gens et les amis que nous avons perdus... ” Sa voix baissa d'un ton comme si elle se parlait à elle-même, fébrile. “ ou... les rêves qui se sont évanouis... ” Tout repassait

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devant ses yeux à une vitesse folle, tout ce long voyage avec Tidus à ses côtés. Son cœur et sa voix se brisèrent lorsqu'elle sembla revoir ce baiser dans la forêt magique de Macalania. “ … ne les oubliez jamais. ”

Tidus sentit derrière ses paupières closes une douce lumière qui passait devant lui. La petite furoluciole s'en alla alors qu'il ouvrait les yeux. Il était au fond de l'océan. Où ? Depuis quand ? Comment ? Pourquoi ? Il n'en savait rien. Il n'avait en fait qu'une certitude : il existait. Affichant un grand sourire, le cœur battant la chamade, il se mit à nager à toute vitesse vers la surface.

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Sommaire

- Chapitre I : “ C'est ton histoire ”

page 3

- Chapitre II : Besaid page 17

- Chapitre III : La fille du Grand Invokeur

page 29

- Chapitre IV : Porto Kilika page 39

- Chapitre V : Blitzball et ténèbres

page 47

- Chapitre VI : Le Gardien légendaire page 59

- Chapitre VII : Epic fail

page 69

- Chapitre VIII : Disparitions, Shoopuf, et Al Bheds page 81

- Chapitre IX : La volonté du défunt

page 89

- Chapitre X : Des éclairs et des sphères page 99

- Chapitre XI : L'ambition du Maître

page 109

- Chapitre XII : La vérité page 119

- Chapitre XIII : Via Purifico

page 129

- Chapitre XIV : La détermination de Yuna page 141

- Chapitre XV : Zanarkand

page 157

- Chapitre XVI : La fin de tout espoir page 171

- Chapitre XVII : Le bateau qui chantait dans les cieux

page 181

- Chapitre XVIII : La fin d'un rêve page 191

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