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Le Courrier de Russie
COMMUNAUTE
Femmes
Chronique littéraire
Une journée à Moscou avec Pauline de Laboulaye L’épouse de l’ambassadeur de France en Russie se confie au Courrier de Russie C’est à l’intérieur de la Maison Igoumnov au style néo-russe, que Pauline de Laboulaye a reçu le Courrier de Russie. Installée dans le creux d’un canapé de son petit salon, buvant thé sur thé, mon hôtesse semblait aussi curieuse de connaître le quotidien des Françaises à Moscou, que nous le sien. Quotidien pas vraiment simple, pour les plus enthousiastes d’entre nous, franchement pénible, pour les plus découragées. Qu’en est-il pour Pauline de Laboulaye, femme de l’Ambassadeur de France en Russie ?
parcours habituels où les administrations régionales me cantonnent habituellement. J’essaie de rencontrer les artistes locaux, de voir les petits musées, de visiter les écoles de français et les organismes avec qui nous avons une coopération. C’est l’occasion de découvrir un autre pays, à la fois plus ouvert et plus fermé. Moscou : en robes de mariée et guenilles de mendiante
D.R.
En suivant le soleil Je me lève en même temps que mon mari. L’été, je profite du fait que notre chambre est exposée à l’Est, au soleil du matin, pour lire les journaux dans mon lit : Le Monde, Moscow Times, Herald Tribune... c’est un moment agréable où je termine mes lectures inachevées. Ma journée de travail commence dans mon bureau, qui est à côté du petit salon où nous nous trouvons. Ces pièces sont exposées au sud et nous y passons beaucoup de temps même si ce sont les pièces les plus petites de la maison. Je commence par allumer mes ordinateurs, le mien et celui de l’ambassade. La secrétaire me rejoint avec son agenda et le courrier. Nous passons en revue les lettres, les invitations, les visites, les listes d’invités... Excepté l’intendant et le chef qui sont français, le personnel de la résidence est russe. Ils sont là depuis longtemps et connaissent parfaitement leur métier. Ils ont été mon premier contact avec la population russe, un contact positif et chaleureux. Je les côtoie tous les jours et même si nous communiquons plus par gestes que par mots, nous nous amusons bien ensemble.
Amis de La Maison Rouge, Fondation Antoine de Galbert*. À Moscou, ma priorité est bien sûr d’être auprès de mon mari. Je lui apporte un peu d’oxygène dans un emploi du temps saturé. Le temps de se resservir une tasse de thé, elle sourit en pensant à son rôle de femme d’ambassadeur qu’elle juge « à la fois essentiel et insignifiant ». C’est une position un peu étrange, commente t-elle amusée. Le protocole ne prévoit d’ailleurs ni statut ni titre pour nous nommer. Autrefois on pouvait nous
Pour le déjeuner, je dois avouer qu’il n’y a pas de meilleure cantine que la résidence. Laissé à son inspiration, le chef se surpasse dans ces moments-là et je crois que certains jours nous devons être la meilleure table de Moscou. Finalement je passe beaucoup de temps dans cette maison qui est une sorte de bulle où beaucoup de choses se passent. Et je m’en félicite en contemplant les bouchons permanents de la Iakimanka. Je sors souvent en fin d’après-midi pour aller dans les vernissages où je rencontre artistes et acteurs du monde de l’art que je commence à bien connaitre. Certains deviennent même des amis. Lorsque nous ne recevons pas à la résidence, nous allons au concert, une découverte pour moi qui – comme de nombreux Parisiens – avais renoncé aux joies des spectacles du soir. J’adore la ferveur très particulière qui règne dans les salles de concert en Russie. Mes premières impressions de Moscou ? J’y suis arrivée en novembre 2006, sous un ciel de plomb. J’ai eu la sensation d’une ville oppressante, polluée et triste. Les grandes artères, les barres d’immeubles en mauvais état, et la situation de l’Ambassade de France, sur la Bolchaïa Iakimanka, qui me donne parfois l’impression de vivre au bord du périphérique parisien. J’attendais désespérément la neige et
Voyages et rencontres En réalité, la maison tourne très bien sans moi, ce qui me permet de partir facilement. Je me partage entre Moscou et Paris, sans compter nos voyages en province. Tous ces déplacements rendent ma vie moscovite un peu épisodique. À Paris, je retrouve mes enfants qui ont entre 30 et 20 ans, ainsi que mes deux petits-enfants et je suis aussi très prise par l’association que je préside, Les
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« En Russie, le fait d’être un « officiel » vous ouvre de nombreuses portes » appeler Madame l’ambassadrice, mais avec la parité, une femme ambassadeur peut choisir de se faire appeler Madame l’ambassadrice, du coup il n’y a plus de nom pour la femme de l’Ambassadeur ! Ce qui me plait le plus dans ma position, c’est de pouvoir rencontrer des gens intéressants dans tous les domaines. En Russie, le fait d’être un « officiel » vous ouvre de nombreuses portes. Je reçois beaucoup de personnes qui me sollicitent pour patronner un événement, participer à un jury ou simplement me faire part de leur projet. Ma position me permet de les aider, notamment en les orientant vers les services de l’ambassade qui peuvent les conseiller, ou vers d’autres personnes ou organisations. J’aime également suivre mon mari lors de ses déplacements en régions. Parfois je dois me battre pour sortir des
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quand elle est tombée tout est devenu beau. Le printemps nous a replongés dans la grisaille et la boue puis la végétation a de nouveau tout métamorphosé. Moscou est comme une femme qui change de toilette. Il n’y a que le métro qui ne change pas au fil des saisons mais il a sa poésie bien particulière et j’aime beaucoup m’y plonger lorsque je veux aller plus vite à Winzavod ou au Manège. En fait je découvre une ville pleine de poésie, mais une poésie pour initiés. Reviendrai-je à Moscou ? Je reviens peu en général, pour éviter la nostalgie et parce que la vie diplomatique vous oblige à tourner la page pour vous intéresser à un autre pays. Mais je serais ravie d’y revenir si l’occasion se présentait, d’y travailler sur un projet d’art contemporain par exemple, ou pour une foire ou une biennale. Propos recueillis par Maureen Demidoff
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Quand la France a revu ses préjugés Serge Diaghilev – Mémoires La publication des mémoires inédits de Serge Diaghilev permet de découvrir les aspects les moins connus du fondateur des Ballets Russes. Un avant-goût de la célébration du centenaire des Ballets Russes et du quatrevingtième anniversaire de la mort de Diaghilev qui auront lieu en 2009. ondateur légendaire des Ballets Russes, mécène despotique à l’intuition infaillible et aux goûts novateurs, Serge Diaghilev a révélé l’art russe à l’étranger, et a propulsé le monde vers une nouvelle ère, celle du XXe siècle. Au tout début du siècle dernier, la musique russe était méconnue en Occident et considérée comme « d’un ennui mortel » en Russie même, la danse était un art pratiquement oublié ou cadenassé par les règles du XIXe, et les Français prenaient les Russes pour des « sauvages ». C’est dans ce contexte que Diaghilev, en 1909, créa les Ballets Russes à Paris. Ce fut un bouleversement majeur de l’art occidental. Le premier des ma-nagers modernes, Diaghilev, fut un parfait amateur au meilleur sens du terme : guidé par son seul goût, il avait l’art de repérer, avec un sens inné, les génies de demain. Magnétisés par son charisme, compositeurs, chorégraphes, auteurs, peintres, danseurs – parmi eux, Stravinsky, Ravel, Debussy, Prokofiev, Nijinsky, Anna Pavlova, Richard Strauss, Picasso, Matisse, Cocteau, Miró, Derain, Braque et même Coco Chanel – travaillèrent ensemble pour la première fois dans l’histoire de l’art, créant un genre nouveau, celui du spectacle total. Rappelons-nous Parade, ce ballet commandé par Diaghilev à Erik Satie et Picasso, chorégraphié par Léonide Massine sur un livret de Cocteau. Sans attaches et sans le sou, Diaghilev transportait sa vie dans deux valises, d’hôtel en hôtel, toujours prêt à lever le camp. Tel un feu d’artifice, il émerveilla de son vivant mais ne laissa rien après sa disparition… Du moins le pensait-on, jusqu’à ce que l’on découvre l’existence de ces mémoires. Un bien grand mot, d’ailleurs, pour quarante feuillets remplis d’une écriture
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serrée. Mais ces notes se révèlent d’autant plus précieuses que l’on ne connaît Diaghilev qu’à travers les mots des autres, dans les mémoires de Stravinsky, de Serge Lifar, de Tamara Karsavina, de Nijinsky, de Boris Kochno et de tant d’autres : tous le faisant revivre à leur façon… Mais au fond, quel être de chair se cache derrière le mythe de Diaghilev ? C’est à ces interrogations que répond l’ouvrage préparé par Guillaume de Sardes. Dans ces mémoires, retrouvés dans les tiroirs de la Bibliothèque de l’Opéra Garnier, écrits peu avant sa mort, Diaghilev, plutôt que sur les heures de gloire des Ballets Russes, revient sur sa vie en Russie, lorsqu’il ignorait encore l’influence qui serait la sienne sur le devenir de l’art du XXe siècle. Il y narre les débuts difficiles de l’opéra russe en Occident : « A toutes mes demandes, on me répondait invariablement : « Mais, Monsieur, ça ne s’est jamais fait, c’est impossible ! » Quand nous commençâmes enfin à répéter avec l’orchestre (…) les machinistes de l’Opéra se mirent à faire sur le plateau un tel vacarme que lorsque Chaliapine ou d’autres artistes devaient chanter en scène, je devais tenir dans la main une pièce d’or de vingt francs, tout prête à leur être donnée afin qu’ils cessassent tout tapage. A cette condition seulement, les ouvriers s’arrêtaient et partaient pour quelque temps au bistro »1. Des rencontres avec Tchaïkovsky aux rapports avec la famille impériale, des affrontements avec la bureaucratie de l’Opéra de Paris aux déboires avec les critiques, Diaghilev bavarde, raconte des anecdotes, s’énerve, s’enflamme, parle de la mort des hommes célèbres, – pense-t-il alors à la sienne, toute proche – de l’indécision légendaire de l’empereur, des lettres de Pouchkine… Reflet de l’esprit papillonnant de ce prodigieux touche-àtout, dernier éclat d’un personnage insaisissable qui ne laissa en tout et pour tout qu’une paire de boutons de manchettes. Daria Moudrolioubova Sergue Diaghilev. Mémoires. Editions Hermann 1 à propos de la mise en scène de Boris Godounov à l’Opéra de Paris, en 1908.
Programme de TV5 Retrouvez la liste des programmes sous-titrés en russe sur www.tv5.org
Carnet de quinzaine Le Centre Franco-Russe de Journalisme recrute des étudiants pour la rentrée d’octobre 2008 pour une formation en journalisme d’une année, initiée conjointement par le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ) de Paris et l’université d’Etat Lomonossov de Moscou. Cette formation est ouverte aux étudiants justifiant d’une 4ème année de journalisme, d’un diplôme universitaire russe (en privilégiant le journalisme) ou d’un début d’expérience professionnelle. La maîtrise d’une langue étrangère (française ou anglaise) est absolument nécessaire.De septembre à décembre 2008, la formation se déroulera à Moscou. A l’issue du 1 trimestre, les meilleurs étudiants seront sélectionnés pour prolonger leur formation à Paris. L’enseignement est gratuit, une bourse sera attribuée pour les candidats qui seront sélectionnés pour la formation du printemps 2009 en France. Les dossiers de candidaure (CV + lettre de motiva-
tion en français ou en anglais) à envoyer avant le 9 juin prochain aux adresses soukhoroukoval@yandex.ru et international@cfpj.com. Le candidat est prié d’indiquer le nom de la ville où il souhaite passer les examens écrits dans l’objet du courrier électronique. Le concours écrit aura lieu le 12 juin prochain à 10h à la faculté de journalisme, Mokhovaïa, 9, Moscou. Les entretiens de motivation se dérouleront durant la semaine du 23 au 27 juin. Pour en savoir plus : contacter Lidia Sou-khoroukova au numéro (495) 629 44 40 Surprises théatrâles, le nouveau spectacle du groupe de théâtre de l’association Moskva Accueil, sera joué les 6 et 11 juin prochains à 19h30, à l’Ambassade de France. Entrée : 150 roubles. Places à réserver auprès de C.Delpal : cécile.delpal@laposte.net. Pensez à vous munir de vos passeports pour pénétrer sur le territoire de l’Ambassade.
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Le Courrier de Russie
COMMUNAUTE
Logement
Du 6 juin au 20 juin 2008
Chronique littéraire
La face cachée du polar soviétique
Menace de déménagement permanente
Arkadi et Georgui Vaïner – La corde et la pierre
Irina Khlebnikova
Bienvenue dans la jungle !
Le roman La corde et la pierre d’Arkadi et Georgui Vaïner, publié en 2006, fait son entrée chez Folio Policier. L’occasion pour revenir sur ce livre atypique, véritable encyclopédie de la vie soviétique et enquête qui s’immisce dans les recoins les plus sombres de l’histoire russe du XXe siècle.
Vous louez à Moscou? Restez toujours sur le qui-vive
Avec une économie florissante liée aux rentes pétrolières, la consommation explose en Russie et les prix de l’immobilier s’envolent. Depuis 2002, les loyers ne cessent d’augmenter avec une hausse de l’ordre de 30%, selon l’IRN (Indicateur du Marché Immobilier Russe) pour ces deux dernières années. Certains propriétaires sont prêts à tout pour profiter de cette manne financière et les irrégularités se multiplient, mettant parfois les locataires dans de drôles de situations.
« On doit déménager, le loyer est devenu trop élevé ! » La phrase est désormais récurrente à Moscou. « Après un bail de deux ans, mon propriétaire m’a demandé 6000 dollars de plus par mois, ce que je ne pouvais pas me permettre, témoigne Véronique, juriste française de 34 ans et mère de trois enfants. J’ai dû trouver un autre logement. Après une trentaine de visites, j’ai fini par trouver l’appartement que nous occupons actuellement : moins bien, plus petit et plus cher que le précédent. De 12500 dollars pour 340m2, nous en payons 3000 de plus pour 200m2. J’ai même vu des appartements à 10000 dollars, totalement insalubres. »
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Pourquoi les prix augmentent-t-ils ? Pour Yann Sotty, directeur général de Wellcome Abroad, la hausse des prix s’explique avant tout par la chute du dollar : « Les loyers sont annoncés en dollars et les propriétaires sont payés en roubles. Avec la baisse de la devise américaine, les sommes qu’ils perçoivent sont évidemment moindres, ce qui les pousse à augmenter les loyers. » Le billet vert n’a plus la cote et les bailleurs réclament de plus en plus le passage à l’euro, plus stable, pour l’affichage, voire pour le paiement des loyers. L’augmentation des prix est aussi structurelle, due au carcatère relativement limité du parc immobilier moscovite. On trouve, par exemple, peu d’appartements de luxe – entendez par là appartement de standard européen classique – ce qui place la capitale russe au rang de plus chère ville mondiale pour ce type de logement, selon le baromètre de l’immobilier mondial d’ECA International, spécialiste de la mobilité internationale. Un quatre pièces bon standing reviendra à Moscou à 10 000 euros par mois, pour 8000 euros à Londres et 5000 euros à Paris. La demande est forte pour une offre finalement faible, et ce constat vaut pour les autres types d’appartements. Sur la base d’un logement de 80m2, le même baromètre classera Moscou en deuxième position entre Londres et Paris. Il faut compter un minimum de 2000 euros dans la capitale russe, pour 1650 euros à Paris. Méthodes de brigands La montée fulgurante des prix de l’immobilier à Moscou entraîne par ailleurs d’importantes dérives, certains propriétaires adoptant notamment des comportements de vrais voyous, augmentant inopinément les loyers et utilisant tous les moyens possibles pour trouver le meilleur pigeon.
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« Je rentre généralement tard à la maison, raconte Sophie, pédiatre de 31 ans qui loue un studio au centreville. J’ai remarqué plusieurs fois que la serrure était fermée à double tour, alors que j’étais persuadée de n’avoir donné qu’un tour de clé en partant le matin. Vous imaginez ma surprise le jour où, restée chez moi, j’ai entendu la porte s’ouvrir et découvert que quelqu’un faisait visiter l’appartement. » Le propriétaire du studio continuait tout simplement de chercher des locataires plus généreux et n’avait pas hésité à passer sur Internet une annonce indiquant que le studio était loué, mais qu’il règlerait facilement la situation moyennant la promesse d’un loyer conséquent. Yann Sotty estime pourtant que ces cas ne sont pas si fréquents. « Les contrats existent, affirme-t-il. Ils protègent le locataire jusqu’à la fin du bail, et la justice fonctionne bien en cas de litige. » Pourtant, même si le locataire gagne le procès, le propriétaire peut toujours trouver un moyen de le contraindre à déménager, comme l’illustre l’exemple de Stockmann, une chaîne de grands magasins finlandais. Suite à un litige avec leur bailleur à propos d’une augmentation de loyer, les dirigeants de l’entreprise ont porté l’affaire en justice. Le jugement leur a été favorable mais, pour marquer son mécontentement, le propriétaire a coupé l’électricité, et leur magasin de Smolenskaya est fermé depuis le 13 mai dernier. A en croire les témoignages de familles expatriées, ce genre de désagrément arrive aussi à des locataires privés : certains se sont vu couper l’eau ou encore ont reçu de bien étranges visites. Comment éviter ce genre d’ennuis? Le PDG de Wellcome Abroad n’a qu’un conseil à donner : « Il est recommandé, à Moscou, d’entretenir de bonnes relations avec son propriétaire et de l’inviter régulièrement pour qu’il apprécie la façon dont vous prenez bien soin de son appartement. » A bon entendeur... Carine Borg
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Mais que sont allés chercher dans les sombres assassinats antisémites de l’après-guerre les frères Vaïner, auteurs de célèbres polars soviétiques dans la plus pure ligne du parti ? Sous couvert de roman policier, Gueorgui, juriste et journaliste, et Arkadi, juge d’instruction en matière criminelle, s’attaquent à des tabous de l’époque – les activités
gorie et ivrogne de première classe, tente de retrouver les assassins de Solomon Mikhoels, figure éminente de la vie culturelle juive en URSS, grand acteur et metteur en scène, fondateur du GOSET (le théâtre juif d’Etat) et président du comité juif antifasciste. Aliocha est amoureux d’Ula, femme juive dont le père accompagnait Mi-khoels lors de sa dernière soirée à Minsk en janvier 1948 et fut assas-siné avec lui. Secrets d’Etat, intrigues de famille, archives et témoignages, meurtres et coups bas, révélations douloureuses et inutiles sur fond de quotidien des années brejnéviennes – l’action se déroule en 1978 – se confondent dans ce texte noir. Aux événements ayant réel-lement eu lieu en 1948 (l’assassinat de Mikhoels orchestré par le mi-nistère de la Sécurité d’Etat marqua le début des campagnes antisémites et préfigura les fameux procès des années 1950), le roman mêle des personnages sortis de l’imaginaire des frères Vaïner, mais aussi de l’univers ordinaire de tout citoyen soviétique de la période. Des gratte-papiers pitoyables vi-votant à la Maison des écrivains aux employés des instituts divers aux journées vides de sens, des habitants mi-fous mi-monstres des appartements communautaires aux vendeuses de vodka mesquines et laides, le roman est rempli d’individus brisés par des années d’épouvante, ayant perdu toute humanité. Les auteurs emploient d’ailleurs rarement le mot « hommes », lui préférant un bréviaire imagé et peuplé de hongres, d’étalons et de juments, de condors déplumés, de
« Un pas de côté est considéré comme une tentative d’évasion » illégales des services de sécurité et la question juive – dans un roman antisoviétique époustouflant. La Corde et la pierre, écrit entre 1975 et 1977, n’a été publié qu’après la Perestroïka, après avoir traversé des années de censure politique caché sur des microfilms. Dans un monde où « un pas de côté est considéré comme une tentative d’évasion, les convoyeurs tirent sans sommation ! », phrase bien connue des détenus des camps de travail, La corde et la pierre fut précisément cet écart clandestin des frères Vaïner, à mille lieues des productions couardes et lèche-bottes du moment. « Nulle part comme en Russie il n’y a autant d’écrivains qui boivent dur, en se consumant de honte dé-sespérée. » Aliocha, écrivain de troisième caté-
rongeurs variés et d’autres sangsues de tout poil. Ce remarquable duo à quatre mains des Vaïner distille mots empoisonnés et phrases nauséabondes saturées d’effluves éthyliques. La vodka, véritable fil conducteur du roman, coule à flots et accompagne chaque conversation, chaque solitude. Mais « il n’y a qu’un seul sens que la vodka ne peut rendre : celui de l’unité et de l’intégrité du monde ». Ce monde gangréné qui se décompose au fil des pages sans une lueur d’espoir, et où la Terre Promise même n’est qu’illusion, mensonge servant à justifier le chemin d’humiliation qui y mène. Daria Moudrolioubova
Programme de TV5 •Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes Comédie de Jean-Jacques Zilbermann, 1993 1958. Irène se dévoue corps et âme à la cause communiste: militer contre le projet de ñonstitution de la cinquième République. L’ambiance familiale est souvent électrique, entre son époux, un marchand de chaussures aux idées de droite, et Charlot, le frère parasitaire d’Irène. Tout se complique lorsque les chours de l’Armée Rouge viennent donner un récital à Paris. Avec Josiane Balasko, Maurice Bénichou, Catherine Hiegel Le 12 juin à 23h, le 15 à 23h30.
•Le Crabe-Tambour Drame de Pierre Schoendoerffer, 1977 Un commandant d’escadre, atteint d’un mal incurable, recherche un ancien compagnon d’Indochine, surnommé le Crabe-Tambour, dont il a trahi l’amitié lors des événements d’Algérie. Pris de remords, il s’est promis de saluer son courage avant de mourir. Avec Jean Rochefort, Claude Rich, Jacques Perrin. Le 16 juin à 20h30.
•Je m’appelle Elisabeth Drame de Jean-Pierre Améris, 2006 Lorsque sa sour aînee s’en va en pension, Betty, dix ans, se retrouve seule entre ses parents, Régis et Mado, en pleine séparation et Rose, une gouvernante presque muette. C’est alors qu’Yvon franchit le grand mur séparant le jardin familial de l’asile dont Régis est le directeur. Attendrie par sa fragilité, Betty cache Yvon durant plusieurs jours dans la cabane à vélo du jardin. Peu à peu, une sorte d’amitié se tisse entre eux. Mais la cachette n’est pas sûre et Yvon refuse de s’éloigner. Alors Betty décide de s’enfuir avec lui. Avec Stéphane Freiss, Maria de Medeiros, Yolande Moreau.Le 19 juin à 23h. •Les bas fonds de Jean Renoir, 1936 (noir & blanc) Le Baron a deux passions, le jeu et les femmes. Après une partie de poker qui le ruine, il trouve en rentrant chez lui un voleur, Pepel. Amusé par la malchance du voleur, il sympathise avec lui. Au matin, Pepel retourne à l'asile de clochards où il vit. Ce bouge infâme est tenu par le sordide Kostileff et sa femme Vassilissa. Celle-ci a une soeur, très belle, Natacha, que le couple exploite et bat car elle refuse d'épouser un policier stupide. Pepel prend sa défense et tue Kostileff. Dénoncé à la police mais soutenu par les pensionnaires de l'asile, Pepel va en prison. A sa sortie, il retrouve Natacha qui l'attend. Avec Jean Gabin, Louis Jouvet. Le 9 juin à 20h30. Retrouvez la liste des programmes sous-titrés en russe sur www.tv5.org
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Russie sans larmes
Roman à tiroirs cherche lecteur professionnel
Réussir son expatriation : mode d’emploi
Marie Richter
Valéri Iskhakov, Le Lecteur de Tchékhov.
L’immersion culturelle, meilleur moyen de s’intégrer
Seule parmi la foule, lâchée dans un monde sans repères ni logique : c’est ce que ressentent nombre d’Européennes installées à Moscou. Après la vie réglée et confortable de leur pays d’origine, elles ont souvent du mal à appréhender une certaine forme de chaos à la russe, surprenant et dérangeant. Certaines d’entre elles s’en sortent pourtant admirablement. Le Courrier de Russie leur a demandé de dévoiler leurs ficelles pour une expatriation heureuse.
C
élibataires, mariées, femmes au foyer ou actives, leur point commun est d’aimer Moscou et de s’y sentir bien. A chacune sa recette particulière du bonheur dans la mégapole, mais l’ingrédient principal reste la volonté de ne pas renier son indépendance sous prétexte d’avoir, pour la majorité d’entre elles, suivi leur époux. « Vivre à Moscou doit être, avant tout, une décision prise à deux », explique avec conviction Nathalie, Française installée avec sa famille depuis 2 ans dans la capitale. « Nous devons être solidaires pour compenser les bouleversements de la vie à l’étranger. Si cela ne fonctionne pas, ce ne sera pas pas uniquement de la faute de mon mari. Les responsabilités et la pression sont partagées, et c’est aussi à moi AIDE A L'EXPATRIATION
d’organiser ma nouvelle vie et de m’émanciper. »
Le russe sans frontières La liberté, ces femmes l’acquièrent d’abord en apprenant le russe « condition incontournable pour être autonome», souligne Delphine, Française de 37 ans, depuis 5 ans à Moscou, et qui impose les cours de russe à ses enfants : « On est là, autant en profiter ! C’est important de côtoyer des Russes et de partager leur culture ». C’est également le cas de Charlotte, 25 ans, Française célibataire et V.I.E (Volontaire Internationale en entreprise), qui a tenté l’aventure russe pour pratiquer une langue apprise au lycée. Depuis son arrivée en avril 2007, elle travaille dans un environnement russe et a rejoint l’équipe féminine de
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lac Baïkal, en Carélie ou ailleurs : « C’est une opportunité unique de pouvoir voyager dans ces contrées. Irais-je si je n’étais pas à Moscou ? Ces voyages sont des moments exceptionnels, d’une grande intensité, que peu de personnes vivent. Et quelles parties de rigolades entre nous ! ». Le dépaysement et l’exotisme du quotidien augmente le plaisir de vivre à Moscou. Ces femmes voyageuses trouvent la ville explosive, engagée dans un mouvement permanent. Comme le dit la chanson « Moscow Never Sleeps ».
Toujours en mouvement Maria, Argentine de 32 ans, apprécie le rythme soutenu de la capitale : « Il donne à ma vie un aspect trépidant. Je cours tout le temps, je n’ai le temps de rien. C’est un tempo qui me convient ». Mais les
La liberté, ces femmes l’acquièrent d’abord en apprenant le russe, « condition incontournable pour être autonome» rugby Les Ladies Moscow Dragons, entièrement composée de Russes malgré les apparences. « A Moscou, je suis en découverte permanente. En France, j’ai des repères et tout est familier, alors qu’ici j’avance dans le pays avec parfois le sentiment de me surpasser. C’est une source de grande satisfaction quand tout se passe bien. Et puis j’aime les Russes, leurs comportements non conformistes, naturels, leur émotivité », confie Charlotte.
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L’abordage culturel comme mode d’émancipation donne des ailes à ces femmes qui quittent régulièrement Moscou pour découvrir le pays, entre copines ou en famille, toutes les expériences étant bonnes à prendre. Patricia, 42 ans, Belge, vit depuis 8 ans à Moscou et n’hésite pas à laisser mari et enfants quelques jours, le temps d’une virée au
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plus heureuses sont celles qui travaillaient avant de s’installer à Moscou et retrouvent, dans l’effervescence urbaine, les sensations que leur procurait leur vie professionnelle. C’est le cas d’Amanda, Britannique hyperactive de 42 ans, installée à Moscou avec sa famille depuis 18 mois et qui a mis entre parenthèses sa carrière professionnelle pour suivre son mari : « Le speed de la ville me stimule et me rappelle que j’ai aussi de l’énergie. Il en faut à Moscou, sinon la ville te mange. Il faut participer, en conduisant, en prenant le métro, en s’engageant dans des associations. Si je ne cherche pas de travail, c’est pour profiter pleinement de mes enfants. Cela fait partie des privilèges que m’offrent notre expatriation. Il s’agit avant tout d’une aventure familiale ! Découvrir un pays aussi mythique... c’est de l’enrichissement et du plaisir! Davaï ! La vie est belle à Moscou ! » Maureen Demidoff
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Les écrivains se donnaient autrefois le plus grand mal à inventer des histoires : grands drames historiques, personnages loufoques aux aventures improbables, pays imaginaires et amours ensorcelants qui finissent mal. L’écrivain d’aujourd’hui n’a plus à se donner cette peine : il est devenu sujet de son écriture et les autobiographies foisonnent. Valéri Iskhakov fait un pas de plus, dans la lignée de l’intertextualité de Borges et de l’hypertexte de Pavic, avec un roman sur l’écriture, la lecture et le processus par lequel l’écrivain devient lecteur et inversement.
L
e Lecteur de Tchékhov débute comme un roman ordinaire. Un certain vendredi 22 novembre, le critique littéraire Alexeï Skrylnikov de Ekaterinbourg va rejoindre un collègue à la rédaction du journal où ils travaillent pour lui donner une lettre de sa femme (leurs deux épouses, émigrées en Argentine, envoient leurs « lettres remplies de reproches et d’accusations mutuelles dans une seule enveloppe pour économiser les timbres »). Très rapidement pourtant, l’absurde prend le pas sur l’ordinaire. Deux livres vont changer le destin de Skrylnikov. Il tombe d’abord sur Le contrat du littérateur, roman d’Edouard Denissov avec pour personnage principal Edouard Denissov (« procédé typique, au demeurant, d’un auteur contemporain, que d’affubler son héros principal de son propre nom »), puis sur un roman de Dmitri Gourov Le Lecteur de Tchékhov, dont le personnage Dmitri Gourov lit Le Contrat du littérateur de Denissov, dans lequel Edouard Denissov – le personnage – lit l’opus de Dmitri Gourov… Le lecteur perd pied –
si, si ! – en prenant conscience que les livres se lisent l’un l’autre, sans nul besoin de lecteur extérieur. Gourov finit par être assassiné, Denissov passe d’un texte à l’autre, et Skrylnikov, quant à lui, émerge sain et sauf de cette fantasmagorie littéraire. Le lecteur de Tchékhov est aussi, et surtout, un roman destiné aux critiques littéraires. Être, comme le personnage du Lecteur de Tchékhov, payé pour lire, est précisément le rêve de tout critique digne de ce nom. Un « travail, ou plus exactement une sinécure, car on ne peut pas qualifier de travail une aussi légère charge : quatre heures par jour, huit mille par mois, retraite complète, bonne cuisine, vin à volonté… » qui représente le paradis de l’aspirant « littérateur » : « couché dans ton canapé de cuir bien-aimé, les jambes recouvertes d’un plaid écossais bien chaud, une lampe allumée derrière la tête (…) Il y a aussi une coupe avec des pâtes de fruits, des pommes ou du raisin (…), une petite musique douce (…). Et accompagné de cette petite musique tranquille, tu tournes au bon tempo les pages l’une après l’autre, en jouissant non pas d’un plaisir double, mais d’un plaisir au carré… » Quel critique résisterait à cette vision sublime ? Et Iskhakov d’inventer, pour le plaisir de ses heureux lecteurs, une « Bibliothèque Universelle » où chaque écrivain possède son lecteur attitré, chargé de révéler les liens reliant son oeuvre à celles d’autres écrivains, pour créer finalement une immense bibliothèque virtuelle, tel un hypertexte géant. Iskhakov manipule le lecteur (en toute honnêteté, d’ailleurs, l’épigraphe signalant « Le Ministère de la Culture vous met en garde : Lire nuit gravement à votre santé ! ») à l’aide d’un système démoniaque de miroirs où chaque personnage n’est que le reflet imaginé par un autre personnage et ainsi de suite, sans que l’on ne devine jamais qui est à l’origine du premier reflet. Le « Bon Seigneur des Lecteurs » se joue de ce lecteur aux reflets multiples et l’emmène, tour à tour, dans une traduction infernale des cent volumes d’Alexandre Dumas ; dans une lecture de Tchékhov à l’issue fatale ; dans des dialogues fantaisistes avec sa mère, son ex-femme et son psy ; ou encore dans un voyage mystérieux à bord du tramway n°6 en compagnie d’un petit chien blanc… Et l’on se retrouve, finalement, entouré de personnages loufoques aux aventures improbables au pays imaginaire de la Bibliothèque Universelle ! Un roman ordinaire qui se révèle être, avec l’air de ne pas y toucher, un vrai coup de maître. Daria Moudrolioubova Valéri Iskhakov, Le Lecteur de Tchekhov, Hachette, Paris, 2008. Coll : Littérature Etrangère, 220 p.
Programme de TV5 •Union sacrée Policier d’Alexandre Arcady, 1988 Simon est juif et Karim est arabe, tout les sépare. Simon,agressif et percutant, est l’un des meilleurs éléments de la Brigade des Stupéfiants. Agent secret, Karim est à l’opposé : la vie souterraine, la guerre des ombres. Leurs trajectoires vont se croiser lors d’une mission : l’arraisonnement d’un cargo chargé de drogue en provenance du Moyen-Orient. C’est ensemble qu’ils vont mener à bien ce combat, et vont former l’union sacrée. Avec Richard Berry, Patrick Bruel, Bruno Cremer, Claude Brasseur. Le 30 juin à 20h30 •Série noire d’Alain Corneau, 1979 Marié à Jeanne qui ne l’aime plus, Frank Poupart est vendeur de vêtements : il fait du porte-à-porte. Ce jour-là, il vient de vendre sa dernière robe de chambre. Comble du sordide, sa cliente le paye avec sa nièce, Mona, 16 ans, prostituée. Et Mona s’attache à Frank désespérément car il va pouvoir l’aider à récupérer l’argent de la vieille, puis la tuer. Frank se donne alors, enfin, l’impression de vivre, tel un héros de roman policier. Avec Patrick Dewaere, Myriam Boyer, Marie Trintignant, Bernard Blier. Le 23 juin à 20h30
•Mes meilleurs copains Comédie de Jean-Marie Poiré, 1988 Cinq copains, la quarantaine, se retrouvent le temps d’un week-end pour le passage en France de Bernadette, une vedette de rock qu’ils ont aimée autrefois. C’est l’occasion de régler quelques vieux comptes. Avec Gérard Lanvin, Christian Clavier, Jean-Pierre Bacri, Marie-Anne Chazel. Déconseillé aux moins de 10 ans (-10) Le 26 juin à 23h, le 29 juin à 01h35 •La vie d’artiste Comédie de Marc Fitoussi, 2007 Alice, comédienne, rêve que son nom soit à l’affiche. Bertrand, professeur de français, voudrait devenir écrivain à succès. Il tente péniblement de terminer son second roman. Cora espère bouleverser le monde de la chanson française. En attendant, elle doit se contenter d’un poste d’animatrice dans un bar karaoké… le chemin de la gloire est parsemé d’embûches. Avec Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès, Emilie Dequenne, Aure Atika. Le 3 juillet à 23h Retrouvez la liste des programmes sous-titrés en russe sur www.tv5.org
COMMUNAUTE
Le Courrier de Russie
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Mode
Chronique littéraire
Soleil d’Erevan sur les eaux de la Seine Koshka Mashka : griffe arménienne à Paris
D.R.
Mode découverte
Un goût d’Orient parfume la capitale française
Mari Samvelyan Alacache, jolie brune aux traits fins alliant la grâce orientale au raffinement d’une Italienne du Nord, nous reçoit dans son showroom de la rue Montmartre, au coeur d’un quartier qui attire de plus en plus de jeunes créateurs. Sa marque n’a qu’un an et demi mais ses créations sont déjà très prisées : la AIDE A L'EXPATRIATION
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célèbre chaîne anglaise TopShop lui a récemment aménagé un corner au sein de son enseigne londonienne d’Oxford Circus, et ses créations sont proposées dans plus de trente boutiques multimarques des plus prestigieuses, à Paris et en province, mais aussi en Italie, en
De l’Arménie, Mari garde l’amour pour les couleurs orientales, de l’Italie, les beaux tissus et la perfection des coupes. Mais Paris lui offre l’inspiration. « J’adore observer les gens, je pourrais passer des heures assise à une terrasse de café : à Paris, ce sont les Parisiennes qui créent la mode ! Parfois, je demande à mes clientes de m’envoyer des photos de mes créations portées : je suis souvent surprise par leur inventivité et la liberté qu’elles prennent avec les vêtements ! ». « Pensez-vous que les Russes aimeraient mes créations ? », demande-t-elle, curieuse. Lors d’un salon « Jeunes créateurs » à Moscou où elle représentait
A Paris, ce sont les Parisiennes qui créent la mode ! Irlande, en Ecosse et même au Liban. Le nom « Koshka Mashka », exotique pour les oreilles françaises, est largement familier et évocateur pour les Russes, puisqu’il trouve son origine dans le conte « Koshkine Dom », qu’ils connaissent depuis l’enfance (koshka signifie « chat » et Mashka est un diminutif du prénom Maria). Vent de l’Est, donc, sur les Grands Boulevards qui, avant de s’arrêter à Paris, est passé par l’Arménie et l’Italie en emportant avec lui des couleurs, des coupes, des tissus et des motifs dont le mélange insolite plaît à des Parisiennes toujours à l’affut en matière d’élégance et d’originalité.
Réussir l’impossible Née dans une famille d'artistes à Erevan, la capitale arménienne, Mari se passionne dès l’enfance pour la mode. Après des études à l'Institut de l'art du design d’Erevan, elle part pour l’Italie, l'industrie de la mode étant
MESTA•RESTAURANT
l’Arménie en 2005, ses vêtements sont partis en quelques heures. « Les femmes russes s’habillent très bien, elles ont un style très chic et très sexy même si, souvent, elles ont du mal à assortir les pièces entre elles et l’ensemble finit par être trop chargé », juge-t-elle, les yeux rieurs. « En France, les gens ne connaissent pas l’Arménie : ils me parlent de « Chat noir, chat blanc » de Kusturica et prennent l’Arménie pour un pays sousdéveloppé. Ce n’est pas vrai du tout ! », s’indigne la jeune femme. Puis elle ajoute, dans un éclat de rire : « Les gens pensent que je m’appelle Madame Koshka ! Un jour, un vieux monsieur m’a dit : “ Heureusement que tu ne t’appelles pas Madame Chienne !” » Forte de l’intérêt qu’elle suscite — le joailler Mauboussin a choisi ses créations pour promouvoir sa collection 2008-2009 — Mari aimerait partir à la conquête de l’Amérique, avec New York et Los Angeles. L’épopée continue… Daria Moudrolioubova
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Bosch à Bishkil, ou l’esthétique du mal Anatoli Koroliov, Être Hieronymus Bosch
pratiquement inexistante dans son pays natal. De Padoue à Milan, elle étudie et travaille pour des créateurs italiens pendant six ans puis, lors de vacances en Arménie, rencontre son futur époux, Français d’origine arménienne qu’elle suivra à Paris. Lancer sa propre marque à 28 ans dans un pays que l’on ne connaît guère n’est pas tâche facile. Certes, Mari aurait pu chercher de l’aide auprès de la communauté arménienne, encore très présente à Paris et dont une partie travaille dans le textile. Mais elle entend encore le conseil de la soeur de Charles Aznavour : « Si tu veux devenir quelqu’un, fais-toi d’abord connaître dans les milieux français : si les Français t’acceptent, les Arméniens suivront.» Depuis, Mari ne compte que sur ellemême et sur ses quelques collaborateurs. En 2007, elle présente sa première collection au salon parisien Who’s next (où elle s’apprête à revenir avec la collection Eté 2009). « Mais le plus difficile, c’est de vendre dans les boutiques multimarques. Elles n’aiment pas prendre de risques avec de nouveaux créateurs, confie-t-elle. Il faut les rencontrer, insister, les relancer des dizaines de fois ! Je travaille tout le temps, je n’ai plus le temps de profiter de Paris ni de mon fils ! Comme je débute, je fais un peu de tout : du commercial à la comptabilité. »
A Paris, l’Olympe de la mode est depuis longtemps occupé par une poignée de noms célèbres. Mais autour d’eux gravitent des dizaines de jeunes créateurs à la recherche d’idées nouvelles. Peu d’entre eux parviennent à percer, tant la concurrence est rude. Koshka Mashka, petite marque de vêtements qui monte, fait partie des chanceux.
Du 4 au 18 juillet 2008
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Que faire quand le destin d’un autre se retrouve entre vos mains ? Pourquoi le mal est-il parfois si beau ? Comment des garçons s’amusant hier sur les mêmes bancs d’école deviennent-ils des soldats qui s’entredéchirent ? Anatoli Koroliov tente, dans un roman autobiographique encensé par la critique russe, de répondre à ces questions qui le hantent depuis des années .
L
e lieutenant Koroliov, fraîchement diplômé de philologie et sanctionné par le régime parce qu’il a fréquenté des dissidents, est envoyé pour deux ans comme juge d’instruction dans une colonie pénitentiaire à Bishkil, au Sud de l’Oural. Pour échapper à l’horreur quotidienne et à la folie qui menace, Koroliov se plonge dans l’écriture d’un roman sur le peintre Hiéronymus Bosch : son « projet estudiantin d’écrire un livre sur Bosch se réalise de la manière la plus cruelle ». Le jour, il remplit ses fonctions sinistres, rédige des rapports sur les cas de torture et instruit des délits kafkaïens. La nuit, il devient disciple de Bosch – l’auteur est persuadé de l’avoir été dans une vie antérieure – peintre dont on connaît peu de choses et à qui il invente une vie pleine de fables. Être Hieronymus Bosch renferme des personnages si hideux que la fantaisie
morbide de Bosch lui-même n’aurait pu les inventer. Koroliov partage un appartement avec Stonas, paysan letton qui vénère celui qu’il appelle « l’écrivain » (« confronté pour la première fois au degré zéro de l’humain, je me sentis touché, plein d’une affection toute littéraire pour le pauvre bougre. »). Mais c’est précisément ce Stonas qui invente les tortures les plus atroces et pour qui « tout objet se transforme en instrument de supplice dès qu’il pose son regard dessus. » Entouré de zombies qui ont perdu toute humanité, le lieutenant Koroliov a peur de finir par leur ressembler. Face à un soldat déserteur, il se retrouve, par un mouvement imperceptible de l’âme, « dans la peau d’un patricien propriétaire d’esclaves ou même (…) dans celle d’un SS aux bottes bien cirées, [ses] narines aspirant l’odeur alléchante de la panique d’autrui ». Il trébuche même, une fois, en volant des gants en laine confectionnés par une mère aimante pour son fils ba-gnard. Ces gants lui brûlent cependant les mains, et il s’empresse de se débarrasser, tel Raskolnikov, de ce butin honteux. Le jeune Koroliov se perd en conjectures, tentant d’appréhender la nature du mal. Ses conversations avec Samsoniev, capitaine du KGB et étrange érudit doté d’un solide sens de l’humour, lui fournissent des pistes. L’existence d’un bouc émissaire serait fondamentale et nécessaire à toute communauté, concentrant les énergies et la violence présente en chacun sur un ennemi commun. Ses discussions imaginaires avec Bosch, d’autre part, lui apportent une réponse théologique : l’hom-me n’a été créé que pour commettre le mal, seule chose dont Dieu soit incapable. La traduction française ne rend pas toujours les subtilités du style de Koroliov, tantôt âpre et brutal dans les scènes de Bishkil, tantôt baroque et tortueux, lorsqu’il se glisse dans la peau du peintre. Cependant, et même en français, Être Hieronymus Bosch reste le puissant témoignage d’un monde où l’homme est un loup pour l’homme.
L’homme n’a été créé que pour commettre le mal, seule chose dont Dieu soit incapable.
Daria Moudrolioubova
Anatoli Koroliov, Être Hieronymus Bosch, Paris, Calmann-Lévy, 2008, 336 p.
Programme de TV5 •Union sacrée Policier d’Alexandre Arcady, 1988 Simon est juif et Karim est arabe, tout les sépare. Simon,agressif et percutant, est l’un des meilleurs éléments de la Brigade des Stupéfiants. Agent secret, Karim est à l’opposé : la vie souterraine, la guerre des ombres. Leurs trajectoires vont se croiser lors d’une mission : l’arraisonnement d’un cargo chargé de drogue en provenance du Moyen-Orient. C’est ensemble qu’ils vont mener à bien ce combat, et vont former l’union sacrée. Avec Richard Berry, Patrick Bruel, Bruno Cremer, Claude Brasseur. Le 30 juin à 20h30 •Série noire d’Alain Corneau, 1979 Marié à Jeanne qui ne l’aime plus, Frank Poupart est vendeur de vêtements : il fait du porte-à-porte. Ce jour-là, il vient de vendre sa dernière robe de chambre. Comble du sordide, sa cliente le paye avec sa nièce, Mona, 16 ans, prostituée. Et Mona s’attache à Frank désespérément car il va pouvoir l’aider à récupérer l’argent de la vieille, puis la tuer. Frank se donne alors, enfin, l’impression de vivre, tel un héros de roman policier. Avec Patrick Dewaere, Myriam Boyer, Marie Trintignant, Bernard Blier. Le 23 juin à 20h30
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Le Courrier de Russie
COMMUNAUTE
Les Français en Russie
Du 18 juillet au 1 août 2008
Chronique littéraire
Laurence Bapaume : « Il y a ici un dynamisme qu’il n’y a plus en France »
Ile libératrice Vassili Golovanov, Eloge des voyages insensés « La vie, de quoi est-elle faite, capitaine ? Comment, en quelles unités mesurer le sentiment qui naît du mélange léger de la brume du soir, du crépuscule et de l’odeur du samovar fumant sur le pont du bateau qui remonte le fleuve ? Que diriez-vous, capitaine ? »
Entretien avec la directrice de l’agence de recrutement Brainpower
D.R.
C Laurence Bapaume en compagnie de Michel Perhirin et son épouse
Monter une agence à partir de zéro ? Se lancer dans un métier pratiquement inconnu ? Réussir malgré les nombreuses contraintes ? Laurence Bapaume, décorée le 26 juin dernier de l’Ordre National du Mérite, l’a fait. Et elle explique comment.
Le Courrier de Russie : Voici maintenant 16 ans que vous êtes en Russie. Quelle mouche vous a-t-elle donc piquée, en 1992, quand vous avez décidé de vous installer à Moscou ? Laurence Bapaume : Le hasard ! Eh oui, je suis arrivée en Russie en y rejoignant mon petit ami de l’époque. La Russie ne m’attirait pas du tout et j’avais un bon poste à Paris. En arrivant en 1992, j’ai eu un choc. Au début, c’était très difficile, les conditions de vie n’étaient pas celles d’aujourd’hui, il y avait très peu d’étrangers et je ne connaissais personne. LCDR : Et puis, en 1993, vous montez une société de recrutement. Pas banal pour une juriste en propriété industrielle... L.B. : En fait, fin 92, je me retrouve dans un dîner au milieu d’hommes d’affaires qui font tous le même constat : « Ici, c’est incroyable, on ne sait pas comment AIDE A L'EXPATRIATION
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recruter du personnel : pour embaucher, on passe par la secrétaire qui a une sour, un cousin, une belle-soeur qui pourrait faire l’affaire. » Les anglosaxons hallucinaient ! En sortant du restaurant, mon ami me dit : « Et pourquoi ne monteraistu pas une société de recrutement ? ». Pour trois raisons, je ne vois pas comment… je ne connais pas le métier, je ne connais personne et je n’ai jamais géré de personnel de ma vie. L’idée germe dans ma tête. Bref, pour les fêtes de Noël, je rentre en France, je vais voir un ami « chasseur de tête », et lui demande de m’expliquer son métier. Ensuite, je dévalise la FNAC de tous les livres sur le recrutement et en janvier 1993 je me lance ! Avec un fax, un ordinateur… à l’époque, il n’y avait pas de mail. LCDR : Le succès est quasiment immédiat… L.B. : Le patron de la Société générale me fait confiance et me demande de constituer son équipe… Certains d’entre eux l’auront suivi dans toute sa carrière en Russie. Il me met ensuite en contact avec d’autres grosses sociétés comme Exxon, City Bank, American Express… LCDR : Et les candidats, d’où viennentils ? L.B. : A l’époque, les diplômés se trouvaient plus facilement que les gens expérimentés… Je suis donc allée faire des présentations dans les grands instituts et les universités en expliquant ce qu’était un CV, une carrière professionnelle. Le niveau d’étude est excellent en Russie et j’ai rencontré des étudiants motivés et parlant anglais, ce qui était primordial pour mes clients. LCDR : Vous restez donc en Russie ? L.B. : Oui, car quand j’ai commencé à travailler, ma vie a changé… J’ai eu envie de rester car j’ai rencontré dès le départ des gens extraordinaires, russes et occidentaux qui m’ont donné envie de
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continuer… J’ai reçu énormément de ce pays et j’y suis arrivée à une époque où tout était encore possible. Certes, ce n’était pas tous les jours évident… J’ai vécu une période où je devais me lever à 2 heures du matin pour envoyer des fax au Kazakhstan, car les lignes téléphoniques étaient saturées pendant la journée… Je ne vous parlerai pas non plus de la milice débarquant dans mon appartementbureau, me forçant à stopper mon activité sur le champ et à déménager dans les 48 heures pour rédémarrer ailleurs. LCDR : Et aujourd’hui, quel est votre métier ? L.B. : Nous ne nous occupons que de recrutement de cadres, russes et occidentaux, pour les sociétés russes et étrangères. Le marché est très différent ici de ce qu’il est en Europe. C’est un marché récent, avec seulement 15 ans d’existence. Au départ, les Russes allaient se former et acquérir un savoir-faire au sein de sociétés occidentales. Maintenant, pour des raisons financières, ces mêmes candidats sont attirés par des sociétés russes. Les salaires y sont très élévés. Beaucoup de Russes avaient quitté leur pays après la perestroïka car on leur offrait ailleurs, au Canada par exemple, des opportunités interessantes. Certains sont partis faire des MBA et maitenant ils reviennent. Les Russes sont très patriotes, et leur pays leur offre maintenant des opportunités bien plus intéressantes qu’en Occident. LCDR : La Russie attire-t-elle les Occidentaux ? L.B. : Bien évidemment. Le marché russe est un véritable eldorado pour qui a de l’ambition. En Europe, les problèmes économiques rendent les opportunités bien moins intéressantes, en termes de postes comme en termes de salaires. Il y a ici un dynamisme qu’il n’y a plus en France. Tout est encore possible en Russie ! Propos recueillis par Carine Borg
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ertains livres, forts de leur succès national, traversent les frontières à la conquête de nouveaux lecteurs. D’autres passent inaperçus dans leur pays d’origine avant de percer à l’étranger une fois traduits – nul n’est prophète en son pays ?. L’Eloge des voyages insensés de Vassili Golovanov fait partie de ces derniers. Remarqué par un libraire de Tulle – petite ville du Limousin – qui en a commandé et vendu quelques centaines d’exemplaires, le livre est devenu un phénomène de la dernière rentrée littéraire en France. Pendant des siècles, les voyageurs ont tant exploré et décrit les moindres recoins de la planète que les nouvelles générations, semble-t-il, ne peuvent plus éprouver l’ivresse de la découverte. Aux voyageurs d’aujourd’hui, il appartient de restituer le mystère dévoilé par leurs prédécesseurs et de sauver l’humanité du « cauchemar de l’omniscience et de la fatuité ». « C’est l’idée de l’île que j’ai aimée, bien avant d’y mettre le pied », avoue l’auteur, rappelant à la vie les fantômes de Stevenson, Defoe et Jules Verne. Il n’est pas le seul à invoquer leurs esprits car « la généalogie poétique des îles » a toujours exercé sur l’homme une attraction particulière : de Gauguin à Rockwell Kent, de Robert Merle à Michel Houellebecq,
d’Antonioni à Pavel Lounguine, les voyageurs du siècle dernier ont souvent rêvé « l’île », où le rêve et le réel s’entremêlent et se font gardiens des secrets. Mais tout voyage n’est-il pas en réalité un voyage à l’intérieur de soi ? Il permet de fuir un monde devenu pâle copie de celui que l’on nous promettait à l’adolescence, et surtout de « comprendre de quoi est faite une vie humaine, ce qui reste en mémoire jusqu’à la vieillesse, ce qui, dans cette vie, est le plus important ». C’est ce voyage qu’entreprend le journaliste Vassili Golovanov en 1992 sur l’île de Kolgouev, ellipse presque parfaite perdue dans la mer de Barents. Là, sur ce morceau de terre austère aux couleurs polaires, l’auteur se plonge dans la vie des Nenets, un peuple du Nord oublié de tous, même si « en Russie, être loin des autorités a toujours été considéré comme un bien. » Golovanov porte un regard de lumière sur ces terres perdues, comme s’il venait de mettre un peu de neige fraîche sur ses paupières engourdies par la vie « sans destinée ni destin », celle des gens qui connaissent la malédiction de Sisyphe sans avoir « commis ses crimes ni accompli ses exploits : stupidement, rouler encore et encore la pierre de la vie jusqu’au sommet de la montagne, sans réfléchir ». Sa plume, précise et évasive à la fois, insaisissable, rêveuse, rappelle les aquarelles de Ciurlionis. L’histoire de ce « voyage insensé » dans le Nord est ponctuée par des digressions et des incursions dans la mythologie, la littérature ou la philosophie, et le roman devient conversation, échange spirituel avec un ami proche. Mais Golovanov dirige notre regard encore au-delà de la vie des habitants d’une île polaire ou des errements d’un intellectuel dans le chaos de l’après-perestroïka. Plus qu’une simple entité géographique, son « Île » est un bouquet composé de rafales de vent, de couleurs du soleil couchant et de l’odeur du feu de bois. Renversant.
Le roman devient conversation, échange spirituel avec un ami proche.
Daria Moudrolioubova Vassili Golovanov, Eloge des voyages insensés, ou L’Île, Paris, Editions Verdier, 2008. 505 p. Traduit du russe par Hélène Châtelain.
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