Gestion et Technologie Agricoles

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Jeudi 22 octobre 2020

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Volume 45

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10 e Numéro

GRANDES CULTURES ET PRODUCTION BOVINE

La richesse de nos terres

Aussi dans cette édition : Surveillez les cicadelles..................................................... p. 10 Formations pour les producteurs de bovins........................ p. 14 Réduire les risques de chrysomèle des racines du maïs en 2021............................................................... p. 16


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FERME JOHANNE FONTAINE - SAINT-IGNACE-DE-STANBRIDGE

De la viande d’ici pour vous! Véronique LEMONDE GTA

Depuis 2016, Johanne Fontaine veille avec rigueur sur ses troupeaux de bœufs, à la suite du décès de son conjoint. Maintenant, avec l’aide de ses fils, Gabriel et Olivier Santerre et de sa belle-fille, Stéphanie Guérin, la productrice de bovins poursuit une aventure agricole débutée il y a plus de 20 ans. C’est un peu avant les années 2000 que Jean-Paul Santerre et ses frères commencent la production laitière et l’élevage porcin. Puis, prenant des chemins différents, les associés se séparent et M. Santerre se lance pendant quelques années dans le mouton et commence la production de bœufs et de veaux d’embouche, à Saint-Ignacede-Stanbridge. « Cela fait une vingtaine d’années que la famille élève des vaches et des veaux de race croisée Angus,

Simmental, Charolais et Limousin. Nous avons 60 vaches reproductrices, quelques taureaux et taures de remplacement. Le tout est élevé de manière très naturelle que ce soit nos veaux d’embouche qui partent pour l’engraissement à 750 livres ou pour nos bœufs qui se rendent à 1200 livres au moins », indique Stéphanie Guérin, la conjointe d’Olivier Santerre. Cette dernière s’occupe principalement des commandes et du marketing pour l’entreprise agricole. Alors que les deux frères Olivier et Gabriel sont surtout responsables de la régie de troupeaux et des travaux en tout genre, Johanne Fontaine veille à l’administration générale de l’entreprise agricole. Leur autre frère, Denis, s’occupe de la coupe de bois et de tout l’aspect forestier des terres de la famille. « Chacun a des aptitudes dans des domaines précis et c’est ce qui fait, en fin de compte, un beau travail d’équipe sur la ferme », ajoute Mme Guérin.

Boîtes pour tous les goûts!

Les veaux de la Ferme Johanne Fontaine sont principalement élevés aux champs avec leur mère et finissent leur croissance dans un bâtiment prévu pour

ÉDITEUR : Benoit Chartier

DIRECTEUR DE LA PUBLICITÉ ET PRODUCTION :

RÉDACTEUR EN CHEF : Martin Bourassa

Guillaume Bédard

ADJOINTE À LA RÉDACTION : Annie Blanchette TEXTES ET COORDINATION : Véronique Lemonde CONTRÔLEUR : Monique Laliberté DIRECTEUR DU TIRAGE : Pierre Charbonneau

PUBLICITAIRES :

Louise Beauregard Michel Bienvenue Manon Brasseur Candy Corriveau Ginette D’Amour Luc Desrosiers Josée Malo Isabelle St-Sauveur

Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien.

Johanne Fontaine avec ses fils Olivier et Gabriel Santerre.

PUBLIÉ PAR:

TÉL. : 450 773-6028 TÉLÉCOPIEUR : 450 773-3115 SITE WEB : www.dbccomm.qc.ca COURRIEL : admin@dbccomm.qc.ca

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propriétaire de La Coulée Suisse. Ce projet, la Boîte Montérégienne, offre une boîte de produits variés chaque deux semaines pour les personnes intéressées. Les commandes se font en ligne à boitemonteregienne.com. Parmi les produits offerts dans ces boîtes, on retrouve, par exemple, des produits de l’érable de La Coulée Suisse, du bœuf de la Ferme Johanne Fontaine, des produits de la pomme du Verger Keesler, du porc de la Porcherie Ardennes et des produits laitiers de la Fromagerie Missiska, tous des producteurs de la région du sud-est de la Montérégie (Farnham, Mont-SaintGrégoire, Bedford…). « C’est une superbe visibilité pour notre viande. Nous souhaitons augmenter notre troupeau et nous avons plein de beaux projets comme la recherche de partenariats avec des boutiques par exemple. Pour 2021, nous aimerions aussi procéder à l’ouverture d’une boutique directement sur la ferme, à Saint-Ignace, et j’aimerais beaucoup organiser des visites de la ferme pour les visiteurs. » Les personnes intéressées peuvent commander de la viande à la Ferme Johanne Fontaine en se rendant sur leur page Facebook fermejohannefontaine.

26 500 exemplaires distribués dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe et par la poste aux producteurs agricoles dans les régions suivantes : Montérégie-Est Montérégie-Ouest

Merci de recycler ce journal.

Centre-du-Québec

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La Ferme Johanne Fontaine élève des vaches et des veaux de race croisée Angus, Simmental, Charolais et Limousin. Photos gracieuseté

cela. Surtout nourris de fourrage, seulement 25 % de leur alimentation est composée de maïs-grain. Pendant de nombreuses années, la ferme vendait sa viande en quartier de bœuf, complet ou demi. Ça, c’était avant la COVID ce printemps! « Avec notre inscription sur la plateforme du gouvernement, Le Panier bleu, nous avons changé notre mise en marché, car nous y avons vu une réelle opportunité de rejoindre une nouvelle clientèle. Nous avons alors misé sur la livraison et ce fut très bien pour la ferme », explique Stéphanie Guérin. L’entreprise a alors mis en marché des boîtes thématiques contenant plusieurs coupes de viandes que ce soit une boîte économique, fumée, familiale ou découverte. « C’est tout un défi de concevoir ces boîtes, d’avoir l’espace suffisant pour réfrigérer les pièces de viande, la logistique de livraisons, etc., mais c’est très profitable pour notre ferme. Aussi, il y a une réelle conscientisation des gens pour tout ce qui est local, la demande est en hausse constante. » C’est pourquoi la Ferme Johanne Fontaine est aussi embarquée dans le projet de Julien Pasquier, acériculteur et


OLIMÉGA - SAINT-ÉDOUARD

Le goût délicat de la caméline Véronique LEMONDE GTA

Issue d’une grande famille de maraîcher du sud-ouest de la Montérégie, Chantal Van Winden a fondé Oliméga il y a déjà cinq et demi. Avec son conjoint Raymond Durivage, agriculteur de grandes cultures à Saint-Édouard, l’idée leur est venue d’intégrer la caméline en rotation dans leurs champs de maïs et de soya. Ancienne physiothérapeute, Mme Van Winden a tout de suite vu en la caméline, une plante de la famille des Brassicaceae apparentée à la moutarde, des qualités

santé indéniables pouvant être intégrées à nos assiettes. En ouvrant une bouteille d’huile de caméline Signé Caméline, nous découvrons immédiatement un arôme herbacé qui peut surprendre. Pourtant, avec son goût doux et subtil en bouche, rappelant la noisette, celle-ci est parfaite pour la cuisine de tous les jours et remplace sans problème l’huile de sésame ou d’olive. « La caméline est une plante qui a plus de 3000 ans originaire de l’Europe du Nord et d’Asie centrale, un peu oubliée au fil des époques, mais c’est une plante qui regagne en popularité depuis quelques années. Depuis nos débuts il y a plus de cinq ans, notre production augmente de 30 % par année », signale Chantal Van Winden, présidente-directrice générale d’Oliméga.

Comme les superficies détenues par Oliméga ne sont pas suffisantes, l’entreprise agricole fait également affaire avec d’autres producteurs de caméline ailleurs au Québec pour sa production d’huile.

Des produits fins

En plus de l’huile de camélin, produite directement à l’usine d’Oliméga à SaintÉdouard, l’entreprise met aussi sur le marché du miel de caméline, des graines de caméline – excellent substitut aux populaires graines de chia – et des chocolats produits avec de l’huile de caméline.

« Très bientôt, nous sortons aussi des graines de caméline torréfiées qui seront parfaites sur un poke bowl par exemple, un peu comme des graines de sésame grillées. L’huile de caméline, c’est une saveur assez différente et nous voulions que ce soit bon. Et en plus, l’huile de caméline contient 35 % d’oméga-3! » Les produits d’Oliméga sont distribués dans plusieurs points de vente, dont sur le site en ligne des Fermes Lufa, de l’épicerie Maturin et aussi sur le site même de l’entreprise. olimega.com

Champs de fleurs jaunes

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Chantal Van Winden dans un champ de caméline.

Avec ses fleurs délicates et jaunes, les champs de caméline font contrastes avec ceux d’autres grandes cultures. « Nous avons dû apprendre à bien cultiver la caméline. C’est une plante qui demande un sol pauvre, mais qui ne tolère pas les mauvaises herbes. C’est pourquoi nous la semons dès la fin de mars pour qu’elle s’implante très solidement dans les champs. Nos superficies doivent toujours être "propres" pour la caméline et nous travaillons en rotation de cultures pour apporter de la diversité. La caméline agit comme un répulsif et aide à l’élimination de plusieurs ravageurs pour d’autres cultures. »

Le goût délicat de l’huile de caméline peut remplacer votre huile d’olive habituelle. Photos gracieuseté


VERCHÈRES - GRANDES CULTURES

La mission agricole de Ginette Blondin Véronique LEMONDE GTA

La toute nouvelle deuxième vice-présidente de l’UPA de la Montérégie, Ginette Blondin, est venue vers le monde agricole avec sa curiosité insatiable et une mission à peine voilée pour protéger le territoire agricole. Ayant grandi à Montréal-Nord, la dame ne se destinait sûrement pas à la production de grandes cultures au départ! Avec son conjoint, Ginette Blondin acquiert vers 2004 une ferme à Verchères et devient par la suite propriétaire unique de quelque 70 hectares de culture de maïs-grain et de soya. Son conjoint poursuit une production de grandes cultures, lui aussi, en parallèle. « Je suis une personne qui aime essayer de nouvelles choses, j’aime les grands espaces. Alors, pour moi, avoir des terres, c’était quelque chose qui allait de soi, alors que je constatais combien nous sommes en train de perdre notre territoire agricole. C’était une préoccupation que j’avais bien avant d’être productrice en grandes cultures », souligne Mme Blondin, qui a également été conseillère municipale à Verchères et membre de l’organisation Rues Principales.

Impliquée dans les dossiers agricoles auprès de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), Ginette Blondin signale les très grandes pressions sur le territoire agricole dans les environs de Verchères, mais également sur toute la Rive-Sud comme dans le cas de la localisation du nouvel hôpital de VaudreuilSoulanges directement situé sur des terres agricoles. « Pour moi, il est important que l’agriculture demeure familiale, mais aussi que nos terres nous rapportent, qu’elles restent en agriculture. Nous pouvons avoir de mauvaises années en grandes cultures, par exemple, mais peu importe, nous y récolterons du maïs ou du soya et c’est ce qui compte. Il faut préserver cela. Comme nouvelle deuxième vice-présidente de l’UPA de la Montérégie, je suis super contente d’avoir encore plus de coudées franches pour aider les producteurs dans tous ces dossiers chauds. »

Été difficile et stressant

Après un beau printemps côté température, Ginette Blondin confirme que l’été fut difficile pour les producteurs de grandes cultures en Montérégie. « Nous avons manqué d’eau et tout poussait croche! », lance-t-elle. Cependant, comme ses terres sont face au fleuve Saint-Laurent, la productrice peut compter sur un certain

microclimat retardant souvent les premières gelées dans ses champs. Un petit répit pour rattraper la sécheresse de l’été. « Disons que ce fut une année très ordinaire. » Malgré tout, Mme Blondin reste philosophe. « Parfois, nous n’avons pas toujours le rendement voulu, mais cela reste toujours enrichissant. Nous ne sommes jamais totalement perdants. Lorsque je marche mes champs, que je suis en pleine nature, si près de la ville, je le constate chaque fois et c’est pour cela que je suis venue à l’agriculture en bonne partie. Nous essayons, comme producteurs de grandes cultures, de nous améliorer constamment même si nous avons parfois mauvaise presse. Nous tentons de travailler de moins en moins le sol, nous avons mis en place des mesures pour protéger nos bandes riveraines, oui, des pesticides sont toujours utilisés, il y a encore beaucoup de travail à faire et nous en sommes très conscients. Mais, nous demandons aux gouvernements d’avoir des contreparties. Aidez-nous à prendre mieux soin de nos terres, investissez dans la recherche pour trouver des alternatives plus naturelles en culture, nous sommes ouverts et nous voulons protéger nos terres », conclut Mme Blondin.

Ginette Blondin, une productrice pleinement investie. Photo Sophie Caron

Un concessionnaire Kubota bientôt à Saint-Jean-sur-Richelieu C’est le 11 septembre que Kubota Canada entérinait l’établissement d’une nouvelle concession Kubota à Saint-Jean-surRichelieu. Ce territoire était déjà desservi depuis de nombreuses années par Kubota Aubin & St-Pierre, situé à La Présentation. Les besoins et la demande toujours en croissance ont incité à un dialogue et, de là, est né un tout nouveau partenariat. Les concessionnaires Kubota, Aubin & St-Pierre Inc. et Brosseau et Lamarre Inc. de Mercier annoncent qu’ils ouvrent ensemble une troisième concession Kubota qui sera située à Saint-Jean-surRichelieu plus précisément au 382, boul. Croisetière (secteur Saint-Athanase). La clientèle johannaise demandait depuis un certain temps déjà que l’offre des produits et des services Kubota se rapproche d’elle. Le Haut-Richelieu bien connu pour, entre autres, sa grande superficie en terres agricoles, aura enfin

l’opportunité d’avoir tout près un service de premier plan pour toute la gamme des produits et services offerts par un concessionnaire Kubota. Récemment, les entrepreneurs que sont Rathé, Brosseau et Lamarre, ainsi que la haute direction de Kubota Canada ont signé le projet qui prendra concrètement forme au cours de l’année 2021. Ce projet permettra d’unir une précieuse expérience des uns à la fougue de deux hommes originaires de la région qui rêvaient depuis longtemps d’établir la bannière Kubota dans leur patelin! Aubin & St-Pierre situé à La Présentation, est dans le paysage de l’équipement agricole depuis 1939, soit plus de 80 ans. L’entreprise a pris un virage important en 1990 en devenant l’un des premiers distributeurs des produits Kubota au Québec. L’équipe de travail compte 28 employés d’expérience ayant à cœur la marque Kubota.

Brosseau et Lamarre, un jeune concessionnaire Kubota, est établi à Mercier depuis juillet 2016. Déjà en 2017, il remportait le titre de concessionnaire ayant obtenu la plus forte croissance des ventes sur son territoire. Les 17 membres

de l’équipe y travaillent avec fierté et ardeur. Rappelons que Kubota est une marque japonaise centenaire établie au Canada depuis 1975. Elle est spécialisée dans les équipements agricoles, commerciaux et résidentiels.

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FERME BROVIN - SAINT-HYACINTHE

Du bœuf nourri à l’herbe populaire! Véronique LEMONDE

GTA

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Le troupeau de bœufs Galloway grossit et la famille de Caroline Brodeur et de Vincent Deslauriers également. À la veille de mettre au monde leur troisième enfant, le couple constate que la COVID n’a pas été la catastrophe annoncée par plusieurs pour les petits producteurs de bœufs. En fait, la période est même très positive et propice aux nouveaux défis. « Ce qui est très positif depuis ce printemps, c’est vraiment l’engouement des gens pour l’achat local. Ils sont plus soucieux de ce qu’ils mettent dans leur assiette », souligne Caroline Brodeur. Dans la petite boutique qui accueille un client à la fois – mesures sanitaires obligent! –, c’est Caroline qui manipule les paquets emballés sous vide pour la clientèle. Bœuf nourri à l’herbe dans toutes les coupes, veaux et poulets de grain, légumes durant la saison estivale et quelques produits transformés attendent les amateurs de produits frais et écoresponsables. Le couple a maintenant un permis de vente et de transformation alimentaire du MAPAQ, ce qui rassure grandement les clients. L’abattage des poulets (environ 300 par année) se fait dans un abattoir fédéral à Granby, tandis que le bœuf et le veau passent par Marieville avant d’être apprêtés par un boucher de Saint-Pauld’Abbotsford. « Sincèrement, pour ce qui est du bœuf sur l’herbe, nous ne fournissons pas! Les gens ont envie de décou-

vrir cette viande moins grasse et au goût différent, plus près de la viande de gibier. C’est pourquoi nous souhaitons grossir notre troupeau et offrir encore plus de quantité à nos clients. Notre formule fonctionne vraiment, même pour les coupes les plus dispendieuses », ajoute Mme Brodeur. Très appréciées des gens, les boîtes découvertes proposées par la Ferme Brovin, plus économiques, permettent de goûter à une belle variété de coupes de bœuf. Présentement, pour l’automne, la boîte Mijote-moi contient par exemple un paquet d’osso bucco, un rôti de bœuf, un paquet de fondue de veau, une douzaine d’œufs et plusieurs autres pièces de viandes.

ment jusqu’au ras du sol. Et l’hiver, nous changeons leur foin et les ramenons à leur abri couvert », de dire M. Deslauriers. Très fier, le couple récupère et rentabilise toutes les parties de ses bêtes, allant même jusqu’à faire tanner des peaux pour en faire des tapis. « Un hôtel nous a approchés pour avoir un beau tapis de bœuf Galloway dans son entrée. Puis, avec le suif, je fais des savons. Nous

vendons aussi des os pour les chiens. Je suis assez fière de récupérer au maximum, car cela fait partie des valeurs de développement durable de notre entreprise », indique Caroline. La boutique de la Ferme Brovin est ouverte les samedis de 9 h à 13 h et les autres jours sur rendez-vous. Facebook boutiquebrovin

Au pâturage

Les quelque 30 bœufs nourris à l’herbe font la belle vie au pâturage, attirés momentanément par le gros sac de pommes que leur exhibe Vincent Deslauriers, leur seule gâterie de l’année! Après trois ans à découvrir la race Galloway, force est de constater que le couple a trouvé l’équilibre dans son élevage. Après plusieurs essais, ils ont constaté que les bœufs développaient encore plus de gras en se rendant à 28 mois avant d’être abattus plutôt que les 22 mois prévus au départ. « C’est quand même une race facile. Les femelles vêlent quasi seules, parfois on ne découvre un veau que le lendemain, une tête qui dépasse un peu de l’herbe. L’été, nous les changeons de parquet en rotation, car ils broutent vrai-

Vincent Deslauriers et Caroline Brodeur devant le réfrigérateur de leur boutique rempli de bœuf sur l’herbe et de veaux de grain. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©


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IQDHO

Les cicadelles ne sont pas passées inaperçues cette année MARILYN LAMOUREUX, DTA, AGR.

Agronome en horticulture ornementale IQDHO

Les cicadelles ont causé bien des soucis cette année, que ce soit dans les aménagements paysagers ou en pépinières ornementales. Une population plus élevée a été constatée comparativement aux années précédentes. En général, les dommages sont observés sur les arbres comme les érables, les chênes et les pommiers ainsi que sur certains arbustes et vivaces. Cet été, plusieurs autres espèces ligneuses ont été durement atteintes jusqu’à devenir méconnaissables. Ce qui a été le cas des micocouliers, des féviers d’Amérique et des érables de Freeman.

À qui la faute?

Il existe de nombreuses espèces de cicadelles au Québec, mais l’espèce la plus courante en pépinière est la cicadelle de la pomme de terre (Empoasca fabae). C’est un insecte polyphage qui s’attaque à plus de 200 espèces végétales. Les conditions chaudes et sèches de cet été ont contribué à l’augmentation rapide de sa population.

Biologie

Cette cicadelle ne passe pas l’hiver au Québec. L’adulte hiverne aux États-Unis et migre ensuite au Canada par les courants d’air chaud. Elle arrive ici généralement au début du mois de juin. C’est un insecte piqueur/suceur de couleur jaune ou vert pâle. En piquant le végétal pour se nourrir, la cicadelle injecte une toxine dans la plante, ce qui cause des désordres physiologiques. Elle peut également être un vecteur de virus.

L’adulte peut voler et mesure environ 3 à 5 mm. La femelle pond de 3 à 5 œufs par jour et il peut y avoir plusieurs générations par année.

Dépistage et dégâts

Les larves se cachent principalement sous les feuilles, le long des nervures. Elles prennent la forme de minuscules points blancs que l’on peut observer avec une loupe. Elles se déplacent en marchant sur le côté ou en sautant. Les pièges collants jaunes installés près du feuillage permettent de dépister l’arrivée des adultes et de suivre l’évolution des populations. Le bourgeon apical, les jeunes feuilles et tiges sont le plus souvent atteints par cet insecte. Les dommages de Empoasca fabae peuvent être confondus avec des désordres physiologiques causés par des facteurs abiotiques. Ils se reconnaissent par un enroulement du feuillage sur lui-même ou par une décoloration des feuilles. Le bout des feuilles commence par jaunir en formant une tache en forme de V caractéristique et peut devenir nécrosé. Les entre-nœuds de la tige deviennent plus courts, le plant peut alors sembler rabougri et sa croissance devient ralentie.

Pépinières ornementales en collaboration avec l’IQDHO, ont été menés à l’été 2019 contre ce ravageur afin de réduire l’utilisation de pesticides de synthèse en pépinière ornementale. L’utilisation du Surround WP (kaolin) semble prometteuse, bien que ce produit ne soit pas homologué contre cet insecte en pépinière pour le moment.

Nécrose en V à l’extrémité d’une feuille d’Acer ginnala. Photo IQDHO

Conclusion

La cicadelle a plusieurs ennemis naturels et peut être contrôlée en partie à l’aide de pièges collants jaunes ou de filets. Lorsque les populations sont importantes, des produits domestiques peuvent être efficaces. La pulvérisation doit atteindre le dessous des feuilles et le traitement doit être répété durant la saison. Des essais de biopesticides, effectués par le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) –

Dommages de cicadelle de la pomme de terre sur des érables de Freeman (Acer x freemanii). Photo IQDHO

Des drones pour assister des producteurs de gazon ANNIE CHRISTINE BOUCHER, M. SC.

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Chargée de projets IQDHO

Depuis plusieurs années, on assiste à un engouement pour la technologie des drones, et ce, dans plusieurs domaines: mission de sauvetage, échantillonnage de l’air, détection d’indicateurs de santé dans une foule (comme la toux ou la fièvre), etc. En agriculture, ils sont utilisés pour améliorer la productivité, produire des plans de nivellement ainsi que le lâcher d’insectes bénéfiques, pour ne nommer que ces applications. La production du gazon en plaques comprend ses propres défis, particulièrement en matière de surveillance phytosanitaire. En effet, comme cette production n’est pas une culture sarclée mécaniquement, l’accès par véhicules motorisés est plutôt limité, excepté pour la tonte. De plus, le passage de la machinerie lourde peut aussi provoquer une compaction du sol suffisante pour affecter négativement la croissance et la récolte. Ainsi, la surveillance des ennemis des cultures peut s’avérer difficile.

L’IQDHO, en collaboration avec GEOGRID et le Centre de géomatique du Québec, a réalisé un projet portant sur l’utilisation potentielle des drones comme méthode de surveillance phytosanitaire dans la production du gazon en plaques. Ce projet, d’une durée de deux ans, a permis d’optimiser les paramètres de vol pour la détection des mauvaises herbes et de la rouille. Ainsi, il a été déterminé que l’imagerie visible, c’est-à-dire les photos prises avec les couleurs naturelles, était plus adaptée que les indices de végétation tirés de l’imagerie multispectrale (méthode de traitement des images qui permet d’estimer certains paramètres de la végétation) pour y parvenir. La rouille, principale maladie dans les gazonnières, a été observable à au moins 60 m de hauteur. Cependant, comme il est nécessaire d’examiner certaines structures sur le gazon pour identifier adéquatement cette problématique, il n’a pas été possible de faire la différence sur des photos entre la rouille et des zones de sécheresse. Quant aux adventices, il a été constaté que leur similarité spectrale avec le gazon rendait leur observation et leur identification très difficile. La hauteur de vol requise pour détecter celles à feuilles larges s’est située sous le 60 m, tandis que 20 m était le plus élevé pour les graminées. L’identification, quant à elle, s’est avérée tout un

défi, en fonction de la hauteur, de l’espèce d’adventices et du stade de la culture. En conclusion, comme le drone doit voler à une altitude relativement basse pour l’identification des problématiques, le coût associé à leur utilisation dans les gazonnières reste relativement élevé. Cependant, la technologie des drones est en constante évolution, et l’amélioration des différents capteurs pourrait permettre éventuellement d’arriver à cet objectif tout en diminuant le temps de vol requis. De

plus, l’utilisation de cette technologie couplée à celle de la robotique pourrait mener à une avenue très intéressante pour diminuer l’utilisation des pesticides. À suivre… Ce projet a été réalisé en vertu du sous-volet 3.2 du programme Prime-Vert 2013-2018 et il a bénéficié d’une aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

Drone en action dans une gazonnière avec GEOGRID. Photo IQDHO


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FORMATION

Information et formation pour les producteurs de bovins ÉDITH LUSSIER

Répondante en formation agricole Collectif en formation agricole Montérégie

L’automne sera chargé en information et en formation pour les producteurs de bovins. Congrès, webinaires et formations leur sont proposés. La Fédération des producteurs de bovins du Québec propose aux éleveurs de veaux d’embouche et de bouvillons un webinaire sur la certification Verified Beef Production+ (VBP+). Pour une plus grande accessibilité, le webinaire est donné quatre fois dans des plages horaires différentes entre le 2 et le 5 novembre. VBP+ vise à garantir aux consommateurs que le bœuf qu’il achète est produit de façon durable. Il garantit que le produit répond à des exigences de salubrité, de bien-être animal et d’environnement.

Un congrès virtuel

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Le Congrès Bœuf 2020 se déroulera le vendredi 13 novembre dans une toute nouvelle formule en webdiffusion d’une demi-journée. Les conférences porteront sur plusieurs sujets tels que le développement d’une ferme bovine durable, l’utilisa-

tion des pâturages au Québec et ailleurs dans le monde, l’évolution des pâturages et l’utilisation des minéraux et des oligoéléments dans la ration bovine. La Financière agricole du Québec va clôturer la journée en présentant différents programmes disponibles aux producteurs et productrices. Le comité organisateur souhaite offrir dans cette édition aux producteurs et productrices de vacheveau des connaissances pour aider à améliorer l’efficacité de leurs troupeaux.

Des journées en ligne

Du 20 novembre au 4 décembre, il y aura les Journées des élevages en pâturage dans une formule de trois séances en ligne. Les sujets abordés seront de la production à la mise en marché, les ruminants bios au pâturage : comment vivre avec les parasites internes? Et l’élevage des truies au pâturage : fourrages dans l’alimentation et huttes de mise bas. Plusieurs panelistes de renom seront présents pour l’événement dont Brain Maloney, Pascal Hudon, François Labelle, Troy Bishopp et plusieurs autres.

En salle avec Robert

Finalement, Robert Berthiaume, agronome et spécialiste des cultures fourragères, se rendra à Nicolet le 9 février 2021 pour donner la formation « Produire du bœuf à l’herbe ». Pour plus d’information, consultez uplus.upa.qc.ca et www.agrireseau.net.


COHABITATION HARMONIEUSE EN ZONE AGRICOLE

« Notre campagne, un milieu de vie à partager » - Le partage de la route Partout, les routes sont de plus en plus sollicitées et demandent à chaque usager de les partager, que l’on soit automobiliste, conducteur de machinerie lourde ou cycliste. L’UPA de la Montérégie, 13 MRC et l’agglomération de Longueuil, souhaitent informer la population sur l’importance du partage de la route en milieu agricole. Cette initiative est issue de la campagne de sensibilisation à la cohabitation harmonieuse en zone agricole qui a été lancée grâce au soutien financier du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Le partage représente un défi quand le véhicule devant nous ou qui nous croise est un tracteur imposant, souvent très large et qui se déplace lentement, la vitesse maximale pour les véhicules agricoles avec une machinerie étant de 40 km/h. Autorisés à circuler sur les routes, il leur est interdit de circuler dans l’accotement. Patience, prudence et respect mutuel doivent donc être la règle d’or. Il en va de la sécurité à tous.

Comment dépasser une machine agricole

Le Code de la sécurité routière permet le dépassement d’une machinerie agricole en empiétant sur une ligne continue, simple ou double, uniquement si cette manœuvre de dépassement est sans danger pour soi et pour les autres usagers. Pour le faire en toute sécurité, il faut s’assurer que la voie est libre sur une distance suffisante avant d’amorcer

la manœuvre et que le conducteur du tracteur ne s’apprête pas à tourner à gauche, par exemple pour s’engager dans un champ. Conserver une distance sécuritaire avec le véhicule agricole, avant et après le dépassement, est également un bon comportement à adopter, tout comme ralentir à l’approche d’une ferme ou d’une entrée de champ cultivé. La présence de machineries agricoles sur les routes est concentrée à certaines périodes de l’année, particulièrement à l’automne durant la période des récoltes, et au printemps durant la période des semis. Il est primordial d’adopter un comportement prudent et compréhensif afin d’éviter des collisions et des accidents qui peuvent occasionner des blessures graves, voire être mortels. La route se partage. Rappelons que le projet de cohabitation harmonieuse en zone agricole est d’envergure régionale. Il a pour objectif de favoriser le vivre ensemble et le dialogue entre les producteurs agricoles et les résidents. Les différents partenaires veulent démystifier les croyances, atténuer les contrariétés et aborder les enjeux liés au travail agricole. Il est important pour les instigateurs de ce projet de faire ressortir la multifonctionnalité de la zone agricole comme lieu de vie, de travail et de loisir. Ce projet a été financé par le MAPAQ dans le cadre du programme Territoires : priorités bioalimentaires et il se poursuivra jusqu’au mois d’octobre 2021.

FORMATION

Il y aura une saison de formation GUYLAINE MARTIN, AGR.

Répondante en formation agricole Collectif en formation agricole Centre-du-Québec

Du bon ressort de la pandémie, la formation n’a jamais été aussi accessible. U+, le portail de la formation agricole affiche 100 formations en ligne ou à distance. La formation se rend partout. L’ITA a pris le virage à distance. en proposant plusieurs de ses populaires formations en transformation alimentaire à distance. L’ITA fait également une nouvelle offre en agroécologie, permaculture et sols. Un bloc de trois heures sur les outils boursiers pour la mise en marché des grains est en préparation. Le Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+) proposera 29 formations en grandes cultures, en productions maraîchères et fruitières et en gestion financière. À la demande générale, une formation sur le conditionnement et l’entreposage des légumes est en écriture. L’offre en ligne est beaucoup plus large. Parfois le formateur est devant son écran, parfois la formation est proposée dans un format où le participant suit la formation à son rythme. Par exemple, le

29 octobre, Nicolas St-Pierre, enseignant au Collège d’Alma, donne une formation sur l’ajustement de la moissonneusebatteuse dans une formule mixte, en classe et en ligne.

Formation à 1$ de l’heure

Il faut également surveiller l’offre de formation pour tous les secteurs économiques. Les frais d’inscription tournent autour de 1 $ de l’heure. On y retrouve des cours de langues, d’informatique, de marketing, de gestion des ressources humaines et beaucoup plus encore.

En salle aussi

Parcours Formation attend les participants dans ses grands locaux pour ses neuf formations en acériculture. En mars, son atelier mécanique a été réservé pour un cours de soudage de base des équipements agricoles. Pour les producteurs qui accueillent leurs premiers travailleurs étrangers temporaires, des formations d’espagnol en agriculture s’organisent. Pour connaître l’offre de formation sur mesure en agriculture et en transformation agroalimentaire : www.uplus.upa. qc.ca. Vous pouvez aussi soumettre une idée de formation à votre répondante en formation agricole. Pour la Montérégie, Edith Lussier, au 450 774-9154, poste 5210 ou elussier@upa.qc.ca; pour le Centre-du-Québec, Guylaine Martin, au 819 758-6401 poste 2702 ou gmartin@ formationagricole.com.

Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 22 octobre 2020 - 15


Comment réduire les risques de chrysomèle des racines du maïs en 2021? maïs en 2021. En effet, la meilleure pratique culturale pour réduire les populations de CRM dans un champ est d’y implanter une autre culture que le maïs pour au moins un an (soya, luzerne, canola, céréales, herbe de Soudan, etc.). Ainsi, les larves mourront peu après leur éclosion, faute de nourriture, et la population sera très réduite, voire éliminée. BRIGITTE DUVAL

Agronome Conseillère en phytoprotection Direction régionale du Centre-du-Québec MAPAQ

AMÉLIE GRONDIN

Agronome Conseillère en grandes cultures et en conservation des sols Direction régionale du Centre-du-Québec MAPAQ

L’automne rime avec le battage du soya et du maïs ainsi qu’avec l’achat des semences pour la saison prochaine. Toutefois, si vous faites face à un problème de chrysomèle des racines du maïs (CRM), c’est aussi le bon moment pour planifier une stratégie de lutte dans les champs touchés pour l’année 2021.

16 - Jeudi 22 octobre 2020 - Gestion et Technologie Agricoles

Déterminer les champs à risque

Les CRM adultes pondent leurs œufs à la fin de l’été dans les champs de maïs où elles se sont nourries des panicules, du pollen, des soies et parfois même des feuilles. Les œufs passent l’hiver dans le sol et éclosent au printemps suivant lorsque le sol atteint 10 degrés Celsius, soit au mois de mai environ. Les larves se nourrissent peu à peu des racines de maïs, la seule plante hôte de cet insecte, en commençant par les petites radicelles et en finissant par les racines principales quand elles remontent près de la surface du sol et atteignent la maturité, avant les stades de pupe et adulte. Les champs en sol lourd (argile ou loam argileux) sont les plus susceptibles de subir des dommages causés par la CRM, comparativement aux champs en sol léger. Un sol lourd a tendance à se fissurer vers la fin de l’été, en période sèche. La CRM utilise ces fissures pour aller pondre ses œufs dans le sol. Les champs de maïs continu sont propices au développement de l’insecte et au maintien de populations élevées. Une simple alternance maïs-soya élimine les risques d’établissement de la CRM. De même, l’utilisation répétée d’hybrides de maïs comportant le même caractère de résistance à la CRM (Bt-chrysomèle) favorise le développement de la résistance de l’insecte à cette méthode de lutte. La verse des plants à l’automne est un indicateur possible de la présence de la CRM. Il faut faire attention toutefois, car la verse peut être provoquée par bien d’autres facteurs. Seul un examen approfondi des racines permet de vérifier si des dommages occasionnés par la CRM ont entraîné la verse.

Planifier la rotation

Si vos champs sont à risque d’abriter des CRM, que vous suspectez leur présence ou que votre dépistage a bien confirmé une population importante dans vos champs, planifiez une autre culture que le

Une liste des caractères transgéniques est publiée à cette adresse Internet : https://tinyurl.com/hybridesBt. En outre, optez pour un hybride qui a une bonne tenue; cela réduira les pertes de grains au sol et diminuera le risque de trouver du maïs spontané dans la culture l’année suivante. L’utilisation d’un traite-

ment de semence insecticide (néonicotinoïde) ne contrôle que partiellement les CRM lors de fortes infestations. À l’opposé, les autres méthodes de lutte (rotation ou hybride Bt-chrysomèle) se révèlent très efficaces. Un traitement de semence insecticide n’est donc pas une méthode à retenir pour contrôler les CRM.

Réduire le risque de maïs spontané

Les grains de maïs ou les épis tombés au sol au moment de la récolte peuvent germer au printemps suivant. Des quantités importantes de ce maïs spontané réduisent l’effet de rotation qui permet de briser le cycle des CRM, comme nous l’avons mentionné précédemment. En effet, une population suffisamment importante de maïs spontané dans un champ ayant un historique de CRM peut donner aux larves de chrysomèles la possibilité de s’alimenter à même les racines de maïs au cours de l’année du soya et de mener à terme leur cycle vital. De plus, si ce maïs n’est pas maîtrisé et qu’il produit des soies, des CRM adultes pourraient être attirées pour manger ces soies et par la suite pondre dans le champ. Aussi, il est bien documenté que le maïs spontané issu d’un précédent de maïs Bt-chrysomèle peut contribuer au développement de la résistance, en exposant les larves de la CRM à des doses inférieures à celles qui sont nécessaires pour provoquer leur mort. La réduction des pertes de grains et d’épis au sol au moment des battages atténuera le risque de présence de maïs spontané la saison prochaine. Prêtez une attention particulière à l’ajustement de la batteuse et ralentissez la vitesse d’avancement. Aussi, les champs susceptibles d’être touchés par la verse, peu importe la cause, devraient être récoltés en premier. De plus, la réduction des pertes de grains et d’épis dans les champs maximisera vos revenus. Malgré tout, si des pertes de grains ou d’épis se produisent dans les champs cet automne, un enfouissement en profondeur de ces résidus empêchera la germination au printemps suivant. On optera donc pour un labour au lieu d’un travail plus léger du sol. En situation de semis direct et surtout dans le cas d’un travail minimum du sol, il sera bon de planifier un traitement herbicide contre le maïs spontané ou une campagne d’arrachage manuel en 2021. Pour plus d’information sur le maïs spontané, consultez la fiche technique à : https://tinyurl.com/fichemaisspontane.

Racines de maïs endommagées par des larves de chrysomèles des racines du maïs. Photos B. Duval, MAPAQ

Choix de l’hybride de maïs

Si l’option de semer une autre culture que le maïs n’est pas envisageable dans un champ jugé à risque, il vous faudra choisir le bon hybride. Sélectionnez un hybride qui permet d’assurer une rotation des caractères Bt-chrysomèle. La résistance est bien connue aux États-Unis et elle est à nos portes. Parlez-en avec votre conseiller : il saura vous guider dans le choix du caractère Bt à privilégier.

Population importante de maïs spontané dans un champ de soya.


AGENCE FORESTIÈRE DE LA MONTÉRÉGIE

Devenir chasseur pour une meilleure santé de nos forêts MARIANNE CUSSON

Biologiste M.Sc. Agence forestière de la Montérégie

ANAÏS GASSE

Biologiste M.Sc. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs

Vous souhaitez chasser le cerf pour contribuer à la protection des forêts de la Montérégie contre le broutement répété? Si vous n’êtes pas déjà chasseurs, vous pouvez commencer votre expérience en demandant un permis d’initiation à la chasse. Celui-ci permet de s’initier à l’activité en achetant, une seule année dans sa vie, le ou les permis de chasse souhaités, sans être détenteur d’un certificat du chasseur. Pour vous le procurer, vous devez d’abord obtenir un numéro d’autorisation en téléphonant au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs au 1 866 4CHASSE (1 866 424-2773), puis acheter le ou les permis de chasse, à tarif régulier, chez un agent de vente possédant le système informatisé de vente de permis. Le futur chasseur devra être accompagné d’un résident du Québec âgé d’au moins 25 ans, titulaire du certificat du chasseur approprié. Si vous désirez chasser pendant plusieurs années, vous devrez obtenir votre certificat du chasseur et pour cela suivre et réussir un ou deux cours (selon l’engin de chasse choisi) offerts par la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FédéCP). Pour chasser à l’arc, il suffit d’un seul cours : Initiation à la

chasse avec arc ou arbalète (ICAA). Cette formation d’une durée de 6 heures est offerte en ligne au coût de 54 $. Pour chasser à l’arme à feu, vous aurez deux cours à suivre, soit le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu (CCSMAF) donné en classe et la formation à suivre en ligne intitulée Initiation à la chasse avec arme à feu (ICAF). Ces formations durent respectivement 10 et 5 heures et coûtent au total 132 $. Un permis de possession et d’acquisition d’arme à feu (PPA) émis par la GRC est également obligatoire pour l’achat, la possession et le transport d’une arme à feu. Veuillez consulter le site de la FédéCP pour plus de précisions (www. fedecp.com). Une fois votre certificat du chasseur en main, trouver un terrain de chasse peut constituer un certain défi pour ceux qui ne sont pas propriétaire d’un lot. La consultation des petites annonces ou des médias sociaux est une bonne avenue pour trouver un site. Ensuite, vous n’aurez plus qu’à acheter votre permis de chasse et à bien vous préparer. Si personne de votre entourage ne chasse, le site de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs peut aussi vous aider à trouver un mentor. Que ce soit pour cette année ou pour l’an prochain et quel que soit l’engin de chasse que vous choisirez, ne tardez plus à faire les démarches pour devenir chasseur! Ainsi, vous pourrez bientôt profiter de cette belle activité en nature en contribuant à la protection des forêts!

Photo Mélanie Bergeron, AFSQ

Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 22 octobre 2020 - 17


L’agriculture de demain sera-t-elle bio ou traditionnelle? LOUIS ROBERT

18 - Jeudi 22 octobre 2020 - Gestion et Technologie Agricoles

Agronome Direction régionale de la Montérégie-Est MAPAQ

C’est une question qui prend de plus en plus de place dans l’espace public, avec raison. L’agriculture, par sa finalité première qu’est l’alimentation de la population, concerne tout le monde et, ne serait-ce que pour les répercussions sociales qu’elle engendre (occupation du territoire, vitalité économique, impact environnemental, etc.) et les mesures de soutien que le public paie, ce dernier a son mot à dire dans les orientations gouvernementales en matière d’agriculture. Bien que personne ne puisse dire avec certitude quelle direction prendra finalement l’agriculture québécoise, il est impératif que ses méthodes de production, ainsi que ses produits, s’accordent davantage avec les aspirations des citoyens consommateurs. Pour ce faire, il faut donner au grand public l’occasion de s’exprimer et l’écouter. Dans tout débat, des opinions divergentes sont exprimées et certaines surprennent sans doute plus que d’autres, dans le contexte des connaissances actuelles. C’est le cas, récemment, de Serge-Étienne Parent.1 Cet ingénieur écologue veut nous mettre en garde contre la montée de l’agriculture biologique et locale, un choix de société qui semble rassembler une majorité de ses concitoyens, mais qui, à son avis, mènerait tout droit dans une impasse. Le bio produit moins d’aliments par unité de surface (rendements moindres). De ce fait, il exige l’accaparement de beaucoup plus de superficie pour produire les aliments et, conséquemment, il augmente les dommages environnementaux. M. Parent propose comme solution de rechange l’« intensification écologique de l’agriculture industrielle ». Cela dit, le texte de M. Parent donne toute la place aux énoncés subjectifs par rapport aux faits scientifiques; dans ce contexte, l’opinion de M. Parent ne vaut pas plus que la mienne ou la vôtre, en tant que citoyen. On a tendance parfois à accorder de facto aux professeurs d’université et aux autres détenteurs de doctorat un capital de crédibilité. Quand il est question de choix de société aussi complexes, il vaut mieux définir son propre point de vue, de préférence en se basant sur des faits et des synthèses de résultats scientifiques. Il est indéniable, par exemple, que le rendement en maïs obtenu présentement dans les fermes biologiques est en moyenne inférieur au rendement de maïs issu des cultures traditionnelles. Cependant, il est hasardeux de conclure à une productivité supérieure du traditionnel. D’abord, les méthodes culturales bio en sont encore à l’étape du développement et du perfectionnement, de la même

Photo Éric Labonté, MAPAQ

façon que les entreprises bio le sont elles-mêmes souvent. Celles-ci n’ont pas atteint leur vitesse de croisière, alors que les exploitations agricoles traditionnelles sont bien établies, depuis des décennies. Ensuite, les efforts de recherche ont jusqu’à présent favorisé largement le modèle industriel traditionnel. Pour reprendre l’exemple du maïs, jusqu’aux années 2014-2015, il n’y avait pas de différence marquée ou stable entre les hybrides GM (génétiquement modifiés) et traditionnels en matière de rendement.2 Les hybrides GM se sont distingués de plus en plus ces dernières années. Les sommes investies dans le développement d’hybrides GM résistants à des pesticides ou à des insectes n’ont rien à voir avec celles qui ont été investies pour le développement d’hybrides non GM, de sorte que l’avantage est nettement du côté des premiers. Malgré cela, on observe dans les fermes bio bien établies une augmentation impressionnante du rendement de maïs, au point où certains producteurs rapportent des récoltes de près de 10 tonnes par hectare, soit un rendement très comparable à celui des cultures traditionnelles pour la zone et la saison. Dans la culture de soya, il n’y a pratiquement pas de différence encore aujourd’hui entre le rendement moyen des OGM (organismes génétiquement modifiés) et celui des traditionnels.2 Dans le cas du maïs comme dans celui du soya, la rentabilité du bio n’a rien à envier à celle qu’enregistraient ces entreprises quand elles étaient traditionnelles, bien au contraire. Bref, pour ce qui est de l’argument de la productivité (rendement par unité de surface), nous avons toutes les raisons de croire que le bio peut relever le défi. Une des conditions, cependant, est que l’on parvienne à réduire la dépendance au travail du sol, par exemple pour le contrôle

des mauvaises herbes. Le travail du sol (labour, hersage, etc.) au moyen de tracteurs aussi puissants et lourds que dans la culture traditionnelle, parfois même plus fréquent, non seulement cause des émissions importantes de gaz à effet de serre, mais endommage aussi la structure du sol. Il n’est pas rare d’observer des couches de sol et de sous-sol extrêmement compacts dans des champs bio, ce qui limite leur productivité à long terme. La production bio a des aspects à améliorer et nous avons tous les outils pour y arriver, ou tout au moins des pistes de solution. On avance à grands pas actuellement grâce à de nouvelles méthodes peu coûteuses pour la maîtrise des mauvaises herbes, sans travail du sol, notamment par l’implantation de cultures de couverture adaptées à la rotation (seigle d’automne roulé en post-levée du soya, trèfle incarnat détruit par l’hiver, etc.), avec les cultures relais et des cultures principales compétitives. L’amélioration de la qualité du sol résultant de la réduction des passages de la machinerie conduira le bio à d’importants gains de productivité. De l’autre côté, le traditionnel est confronté à des problèmes encore plus difficiles à résoudre, comme le développement de mauvaises herbes résistantes au glyphosate, la dégradation de la structure du sol et la dépendance aux pesticides. Avec eux aussi, des progrès ont été concrétisés au point où certaines entreprises sont qualifiées de traditionnelles seulement parce qu’elles ne sont pas certifiées bio. C’est le cas des avantgardistes adeptes du semis direct permanent, cultivant plus de cinq espèces différentes et recourant à encore plus de cultures de couverture. Il y a là aussi du travail à faire, surtout pour réduire l’usage des pesticides (on a déjà réduit très considérablement les épandages d’engrais).

Ultimement, les deux modes de production vont se rejoindre. Ce sera donc un « bio amélioré » : on verra bientôt des entreprises qui auront augmenté leur productivité et leur rentabilité, tout en délaissant presque entièrement l’utilisation des engrais minéraux et des pesticides de synthèse et en ne procédant au travail du sol qu’à l’occasion. La difficulté principale reste d’éviter de bâtir de telles entreprises en empruntant le modèle industriel. En effet, il est difficile d’imaginer comment des entreprises certifiées bio uniquement sur la base du respect de normes minimales (aucuns engrais minéraux ni de pesticides) seraient plus durables ou souhaitables s’il s’agit d’immenses superficies de cultures spécialisées destinées à l’exportation, dépendantes d’équipement gigantesque incompatible avec la santé du sol et très éloignées de ce qu’attendent les consommateurs. En fait, la durabilité de l’écosystème agricole dépend aussi de sa biodiversité (contrôle des ennemis de culture), de la qualité et de la structure du sol (rendement et stabilité par rapport aux changements climatiques) et de l’occupation du territoire (prospérité des communautés).

Références

1. PARENT, Serge-Étienne. « L’agriculture locale et bio est-elle vraiment meilleure pour l’environnement », Le Soleil, 5 août 2020 [https://www. lesoleil.com/opinions/point-de-vue/lagriculturelocale-et-bio-est-elle-vraiment-meilleure-pourlenvironnement--f9c69ef5aa7feafb72b6fd9eb7 abc2bd]. 1. TREMBLAY, Gilles. « Bilan sur les OGM : impacts sur les rendements », Agri-Réseau, 2017 [https://www.agrireseau.net/grandescultures/ documents/96648/bilan-sur-les-ogm-impactssur-les-rendements?a=1&r=OGM]. 2. ABDI, Dalel. « Performance agronomique au champ de cultivars de canola et d’hybrides de maïs-grain non génétiquement modifiés », Agri-Réseau, 2018 [https://www.agrireseau.net/ documents/Document_97588.pdf].


Limiter les effets négatifs de la sécheresse sur les plantes fourragères MARIE-ÈVE DUBUC Agronome En collaboration avec

FERNAND TURCOTTE

Agronome Direction régionale de la Montérégie-Ouest MAPAQ

Les changements climatiques sont bien réels et les données scientifiques confirment que leurs effets se font déjà sentir et qu’ils continueront de le faire pour les prochaines décennies. Le sud du Québec, qui comprend la Montérégie, subira une augmentation de sa température annuelle moyenne de l’ordre de 2,8 ˚C à l’horizon 2050, selon les modèles climatiques. Cette hausse devrait contribuer, sur le plan agricole, à l’allongement de la saison de croissance et les hypothèses suggèrent un gain moyen de 22 jours d’ici 2050, variant selon les scénarios climatiques et les régions. Les précipitations annuelles seront aussi susceptibles d’augmenter. Les changements climatiques obligeront les agriculteurs, dont ceux qui cultivent des prairies et des pâturages, à adapter leurs pratiques agricoles.

L’importance de bien choisir les espèces et d’adapter le rythme des coupes

La hausse prévue des températures causera un allongement de la saison de croissance et une vitesse de croissance plus élevée chez certaines plantes, comme la luzerne. Cela signifie que l’écart entre les coupes sera légèrement réduit et qu’il sera possible de récolter une coupe supplémentaire, selon les espèces et les régions. Les répercussions sur le rendement annuel pour la luzerne devraient être positives. L’hypothèse peut s’appliquer aussi au lotier corniculé, à promouvoir dans les pâturages. Cependant, pour les plantes qui ont une température optimum de croissance plus basse (qui préfèrent le temps frais), comme la fléole des prés (mil), les changements climatiques n’auront pas d’effet positif sur leur vitesse de croissance. C’est pourquoi les conditions chaudes et sèches nuiront

davantage aux rendements de la fléole des prés. Il faudra envisager de cultiver d’autres graminées vivaces, mieux adaptées aux conditions futures, notamment le dactyle et l’alpiste roseau. Des essais sont en cours actuellement pour évaluer le potentiel de la fétuque des prés, de la fétuque élevée et du brome des prés, en remplacement de la fléole des prés. Un projet de recherche s’intéresse également au potentiel d’espèces fourragères annuelles comme plantes-abri.

Bonnes pratiques pour la persistance des plantes

En Montérégie, la luzerne rencontre de plus en plus de difficulté à survivre à nos hivers. Malheureusement, les changements climatiques vont aggraver le problème et les risques de dommages hivernaux seront accentués. Les producteurs devront faire preuve de stratégie dans le choix des espèces fourragères en privilégiant des espèces plus résistantes aux conditions hivernales. Surtout, ils devront adopter une série de bonnes pratiques pour améliorer la persistance des plantes fourragères, et cela repose notamment sur un enracinement profond des racines et des réserves nutritives suffisantes. Voici quelques bonnes pratiques à privilégier : • Éviter de couper trop fréquemment les jeunes plants au cours de l’année de l’implantation de la luzernière. Si l’objectif est de récolter un volume important, il est recommandé d’opter pour une plante-abri comme l’herbe de Soudan, qui doit cependant être semée plus tard, quand la température du sol est de 12 ˚C. Deux coupes de la plante-abri peuvent être effectuées, à une hauteur de six à sept pouces du sol, en touchant le moins possible aux plantes fourragères semées récemment. • Augmenter la hauteur de coupe à chaque fauche estivale dans les années suivant l’implantation (minimum de quatre pouces) et au moment de la dernière récolte avant l’hiver (minimum de six pouces). • Suivant la décision de faire une coupe automnale de luzerne, viser le stade

« début floraison » et garder un intervalle d’au moins 50 jours (ou tenir compte d’un total de 500 degrésjours [base de 5 ˚C]) entre la fauche précédente et la nouvelle coupe. Deux options sont possibles : • Effectuer une fauche à la fin du mois d’août ou au début du mois de septembre au plus tard (cela varie selon les régions), pour obtenir également un écart d’au moins 50 jours (ou un total de 500 degrés-jours [base de 5 ˚C]) entre cette fauche et le premier gel mortel; • Privilégier une coupe faite tôt après le premier gel mortel de l’automne (- 3 ˚C pendant au moins deux heures). Le paragraphe suivant porte sur des facteurs qui ont une incidence sur la persistance des plantes pérennes.

Propice pour un semis tardif au printemps : • Graminées annuelles de saison chaude (sorgho, hybrides sorghoSoudan, herbe de Soudan, millet perlé sucré, millet japonais), • Légumineuses annuelles (trèfle incarnat et trèfle d’Alexandrie). Propice pour un semis d’automne (septembre) et une récolte de fourrage au printemps suivant : • Céréales d’automne (seigle d’automne, triticale d’automne). Propice pour un semis hâtif au printemps ou un semis au début d’août : • Raygrass annuel, • Avoine fourragère.

Les scénarios climatiques prévoient des déficits hydriques pour de nombreuses espèces végétales durant la saison chaude, en raison de l’élévation de la température et de l’évapotranspiration. En parallèle, les épisodes de précipitations intenses seront plus fréquents en été. Une façon de s’assurer que l’eau de pluie profite réellement aux plantes est d’améliorer la santé des sols, notamment par une diminution de la compaction, pour favoriser une meilleure infiltration de l’eau. Face aux déficits hydriques, les plantes ayant un meilleur enracinement en profondeur seront avantagées et cela passe, entre autres choses, par une bonne structure du sol et de bonnes conditions de semis.

Êtes-vous prêt pour 2021?

Vu les canicules et le déficit hydrique qui ont marqué le printemps et l’été de 2020, il y a lieu de tirer quelques leçons et de les mettre à profit dès aujourd’hui pour se préparer à la prochaine saison. Prenez le temps d’adapter votre stratégie concernant les plantes fourragères. Cela commence par une bonne réflexion sur le choix des espèces fourragères, et ce, dès cet automne, avant de passer la commande des sacs de semences. Le climat change et il faut également adapter vos méthodes de gestion des coupes et améliorer la santé du sol et la gestion de l’eau. En réaction aux conditions de sécheresse vécues dans plusieurs régions du Québec durant la saison 2020, les conseillers du MAPAQ ont regroupé plusieurs références sur les solutions potentielles sur le site d’Agri-Réseau.

Relever le défi des ravageurs

Face au réchauffement climatique, il faudra s’attendre à devoir composer avec plus d’insectes. La cicadelle de la pomme de terre est un ravageur de la luzerne et du trèfle à surveiller, car elle prolifère durant les périodes de température élevée et de conditions sèches. La pression des insectes pourrait se traduire par des effets négatifs sur les rendements. Il sera nécessaire de miser sur le dépistage et la surveillance et de développer des stratégies de lutte intégrée pour contrôler les insectes.

Pour bien positionner leur entreprise de manière avantageuse, les agriculteurs doivent analyser les risques et faire des choix stratégiques. Pour pratiquer l’agriculture dans un contexte de changements climatiques, il est recommandé de diversifier les cultures et les rotations, autant pour sécuriser l’approvisionnement en fourrages des animaux que pour assurer la santé économique de l’entreprise. Une entreprise qui cultive des plantes fourragères pérennes et annuelles, qui ont des caractéristiques distinctes, sera moins vulnérable si un problème survient. Comme le dit le proverbe, il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier! Cela s’applique notamment aux

Références -

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Jégo, G., Delmotte, S., Delisle, S., Bélanger, G., Thivierge, M.-N., Martel, H et Ruel, D. Changements climatiques et plantes fourragères : impacts attendus et exemples d’adaptation. Colloque Plantes Fourragères, CRAAQ, 20 février 2020. En ligne : https://www.agrireseau.net/documents/Document_102140.pdf Bélanger, G., Couture, L., et Tremblay, G. Les plantes fourragères. CRAAQ, 209 pages, 2005. Turcotte F. L’herbe de Soudan en plante-abri et autres graminées annuelles de saison chaude. 9 juin 2020. En ligne : https://www. agrireseau.net/documents/Document_ 102726.pdf Turcotte F. Nouveau semis de prairies et particularités avec l’herbe de Soudan. 15 mai 2020. En ligne : https://www.agrireseau. net/documents/Document_102582.pdf Bélanger, G. La gestion des coupes. Colloque Plantes Fourragères, CRAAQ, 27 novembre 2013. En ligne : https://www.agrireseau.net/ Plantes-Fourrageres/documents/Belanger_Gilles.pdf Dossier sécheresse 2018 et 2020,Agri-Réseau. https://www.agrireseau.net/plantes-fourrageres/documents/98430/dossier-secheresse2018-et-2020

Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 22 octobre 2020 - 19

Photo France Bélanger, MAPAQ

Diversification des cultures fourragères

Promouvoir la santé des sols et la bonne gestion de l’eau

La diversification comme outil de gestion des risques

Des plants de luzerne dans des conditions de sécheresse.

mélanges d’espèces à privilégier, plutôt qu’à des semis purs. Aussi, en cas de bonnes récoltes, il est conseillé de se bâtir une réserve de foin pour ne pas être pris au dépourvu.


Se lancer dans la transformation alimentaire (deuxième partie) CARROLYN O’GRADY

Avec la collaboration

D’ABDEL AHRAIBA ET DE JULIE PIVIN

Conseillers en transformation alimentaire - MAPAQ

Le présent texte est la suite d’un article paru précédemment, dans l’édition de septembre du journal GTA. Dans cette première partie, les sujets des besoins des consommateurs, de l’offre de formation et des permis nécessaires ont été abordés. De précieuses sources d’information ont aussi été détaillées. Vous n’avez pas cette édition antérieure du journal sous la main? Vous pouvez toujours lire le texte intégral dans notre site Web. www.mapaq.gouv.qc.ca/ demarragetransformation

Aménagement du lieu de la préparation alimentaire

20 - Jeudi 22 octobre 2020 - Gestion et Technologie Agricoles

Maintenant que votre projet est clairement défini, que vous avez suivi les formations appropriées et obtenu les permis nécessaires, il est temps d’aménager le lieu où vous procéderez à la préparation et à la transformation des aliments. Vos installations de transformation doivent satisfaire aux dispositions du Règlement sur les aliments. La page 17 de l’Aide-mémoire pour les exploitants d’établissements de restauration et de vente au détail contient des précisions sur les règles à respecter pour les lieux de transformation. Voici quelques règles générales :

• Les surfaces qui entrent en contact avec les aliments doivent être dures, lisses, lavables et exemptes de particules détachables, d’aspérités ou de fissures; • La présence d’un distributeur à savon et de papier à main est obligatoire; • Les portes et les fenêtres doivent être ajustées pour empêcher l’entrée d’insectes et de rongeurs (il faut veiller aussi à assurer l’absence d’animaux domestiques); • De l’eau chaude courante, d’au moins 60 °C, doit être disponible; • Deux analyses de l’eau doivent être effectuées annuellement pour en évaluer la composition bactériologique. Il est possible de louer un local pour transformer vos produits. Vous pouvez aussi explorer la possibilité de profiter d’un incubateur d’entreprises, tel que le Centre de recherche et de développement de Saint-Hyacinthe. Cet organisme compte quelques usines pilotes qui peuvent être louées à des entreprises agroalimentaires pour satisfaire leurs besoins en matière de transformation des aliments et pour procéder à des essais à petite échelle.

Étiquetage

Pour connaître l’ensemble des éléments qui doivent se trouver obligatoirement sur les étiquettes de vos produits, utilisez l’Outil d’étiquetage pour l’industrie de l’Agence canadienne d’inspection des

aliments (www.inspection.gc.ca). Une liste de vérification des exigences en matière d’étiquetage est également mise à votre disposition pour valider l’information nécessaire pour votre produit. Voici les éléments de base qui doivent se retrouver sur les étiquettes : • Nom usuel (ex. : betteraves marinées); • Indication de la quantité nette; • Liste des ingrédients et mention des allergènes; • Nom et adresse de l’établissement; • Datation des inscriptions « meilleur avant » ou « empaqueté le » (requis pour la conservation des produits de 90 jours ou moins); • Indication de la durée de vie du produit (pour les produits dont la durée de conservation est supérieure à sept jours); • Directives de conservation ou d’entreposage (ex. : « Réfrigérer après ouverture »); • Étiquetage bilingue, si cela est exigé; • Tableau des valeurs nutritive (TVN). Le TVN n’est pas obligatoire dans certains cas, par exemple pour la vente sur les lieux de production ou dans un marché public, si le produit est vendu par l’individu qui l’a transformé et préparé

Registre de traçabilité

Il est très important d’assurer la traçabilité des produits transformés, depuis la réception des ingrédients jusqu’à la vente au client. Des modèles de registre utiles

sont accessibles en suivant les onglets « Qualités des aliments – Sécurité des aliments – Procédés de fabrication » du site Web www.mapaq.gouv.qc.ca/ transformation.

Calcul du coût de revient

Le calcul du coût de revient des produits alimentaires est une étape qui est souvent négligée. Cependant, il s’agit d’une analyse essentielle qui permet de prendre des décisions stratégiques quant à la gestion de l’entreprise, de son portefeuille de produits, et pour la commercialisation de ceux-ci, afin d’améliorer la rentabilité de l’entreprise. Il existe d’un outil gratuit à la portée des entreprises qui désirent effectuer ce calcul, à savoir l’Agro-calculateur (https://www.cetab.org/en/outilsgestion). Notons que l’accompagnement d’un conseiller est fortement recommandé pour mener à bien cette tâche; le réseau Agriconseils de votre région peut soutenir financièrement la réalisation de ce calcul qui nécessite la collaboration d’un agroéconomiste. Vous désirez obtenir de plus amples renseignements? Communiquez avec le conseiller en transformation alimentaire de votre région. www.mapaq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocments/Formlaires/Liste_conseillers_ transformation.pdf


Gestion et Technologie Agricoles - Jeudi 22 octobre 2020 - 21


ASSOCIATION DES PRODUCTEURS DE PIERRE À CHAUX NATURELLE DU QUÉBEC

Attention au pH en semis direct

ANDRÉ BEAUDET,

Agronome et agriculteur Collaborateur spécial

La planification et la décision d’opter pour le semis direct en continu demande une bonne réflexion. Plusieurs points doivent être considérés comme l’état de compaction du sol, sa fertilité ainsi que les équipements de semis et de récolte. Nous allons regarder ici un point en particulier, soit le pH du sol.

Le chaulage avant

22 - Jeudi 22 octobre 2020 - Gestion et Technologie Agricoles

Prendre la décision d’aller en semis direct demande une bonne préparation. Comme la chaux est très peu mobile dans le sol, il est impératif d’en corriger le pH avant d’opter pour le semis direct. L’incorporation de la chaux sur une profondeur de 17 cm permet d’augmenter la disponibilité des éléments nutritifs du sol et d’obtenir de meilleurs rendements. Un sol ayant un pH près de 7 au départ ne verra pas de baisse avant un cycle d’échantillonnage de deux à trois ans dans l’horizon de surface. L’acidification du sol se fera graduellement en fonction de la pluie, de l’activité racinaire et microbienne et, surtout, selon la quantité d’azote appliquée au sol.

En effet, le processus de nitrification est une cause principale d’acidification. Il est connu, par les chercheurs en fertilité des sols, que des quantités de 360540 kg de chaux sont nécessaires pour neutraliser chaque 100 kg d’azote actif appliqué.

Le chaulage pendant

Une fois en semis direct, il est important de bien suivre l’évolution du pH du sol. Si l’application de l’azote est appliquée principalement en surface, le sol va graduellement s’acidifier. Un bon suivi est donc nécessaire pour éviter d’avoir un sol trop acide dans les premiers 5-7 cm de profondeur. À un pH de 5,7 et moins, l’aluminium se solubilise. La plante absorbe cet aluminium qui lui est toxique. La toxicité de l’aluminium a plusieurs effets néfastes dont, entre autres, des racines courtes et trapues. Il est important de corriger le pH du sol lorsque celui-ci commence à baisser. Dr Mengel, chercheur de l’Université du Kansas spécialisé en semis direct, a étudié l’effet d’une application de chaux à 25 % de la dose recommandée une fois par année pendant quatre ans, comparativement à une dose unique appliquée à 100 % pour couvrir les quatre années. Dans les deux cas, le pH du sol s’est neutralisé. Même si le résultat est semblable, il recommande d’appliquer la dose réduite, à plusieurs fréquences, afin de bien voir l’évolution du pH en surface du sol.

À noter que les tableaux de recommandations d’application de chaux selon le pH du sol et sa CEC sont basés sur une quantité à incorporer sur 17 cm de profond. En semis direct, s’il y a application en surface et que celle-ci n’est pas incorporée, il faut donc réduire du tiers cette recommandation, puisque la chaux sera mobile que sur 5-7 cm environ.

En résumé, il est important de bien suivre le pH du sol en semis direct, surtout dans les premiers 5-7 cm du sol, afin de faire la correction du pH par la chaux lorsque requis. Ce texte a été rendu possible grâce à la collaboration de l’Association des producteurs de pierre à chaux naturelle du Québec (APPCQ).

Il est important de suivre le pH du sol en semis direct, surtout dans les premiers 5-7 cm du sol photo; blé d’automne en semis direct 2020. Photo André Beaudet


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