La bande végétative filtrante : une solution efficace et économique MARIE-ÉLAINE SMITH, AGRONOME,
Conseillère en productions animales, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
FERNAND TURCOTTE, AGRONOME,
Conseiller en productions animales et plantes fourragères, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
Les animaux d’élevage, tels que les bovins de boucherie, sont parfois logés à l’extérieur de novembre à mai, en enclos d’hivernage. Cette pratique est bénéfique pour la santé des animaux, puisque cela leur permet de faire de l’exercice et de profiter de l’extérieur. De plus, les animaux en groupe expriment plus facilement leurs comportements naturels. Par contre, dans les cours d’exercice (durant l’été) et dans les enclos d’hivernage (durant l’hiver), les superficies ne sont pas dotées des caractéristiques nécessaires afin de bien gérer le fumier des animaux. Les eaux de ruissellement provenant des enclos d’hivernage ou de cours d’exercice de bovins ou d’autres animaux sont souvent des sources de contamination environnementale. Lorsqu’elles se retrouvent dans un cours d’eau sans être filtrées par une bande végétative filtrante (BVF) ou un fossé filtrant, ces eaux sont polluantes. La bande végétative filtrante est une solution à ne pas négliger : elle est à la fois économique et efficace et
Crédit photo : Guy Lapointe.
permet de réduire la contamination de l’eau. Qu’est-ce qu’une bande végétative filtrante ? Il s’agit d’une bande du champ qui longe la cour d’exercice ou l’enclos d’hivernage sur toute la largeur. Cette bande végétative possède un couvert végétal dense, avec une pente idéale de 2 %, jusqu’à 5 % au maximum. Cette bande doit être uniforme au niveau de sa topographie. Son efficacité a été démontrée : elle retient de 70 % à 90 % des éléments
fertilisants sortant des enclos d’hivernage (Pelletier et autres, 2008). Elle permet d’intercepter une grande partie des sédiments et des nutriments provenant des champs situés en amont. Ce processus diminue ainsi la concentration de la charge polluante pour l’eau, puisque ces éléments sont utilisés par les plantes pour leur croissance. Pour que ce système fonctionne bien, une forte proportion de graminées vivaces est à privilégier dans l’aménagement de la BVF.
16 - Jeudi 21 octobre 2021 - Gestion et Technologie Agricoles
Semis initial de la BVF (espèces les plus recommandées)
Les espèces choisies pour semer dans la BVF doivent s’adapter aux conditions du sol, le couvrir rapidement, avoir une croissance hâtive au printemps et maintenir un couvert végétal dense pour optimiser la filtration. Elles doivent être utilisées dans une rotation de sept ou huit années et doivent résister à la chaleur et à la sécheresse. Leur système racinaire doit également être abondant et profond, pour leur permettre de tolérer de grands écarts de température. Les espèces ayant une très bonne rusticité sont donc à privilégier pour leur persistance et leur résistance à l’hiver. La vitesse d’établissement des espèces choisies doit être jumelée avec un fort potentiel de rendement afin de produire un minimum de deux coupes de foin ou d’ensilage d’herbe pendant la saison. L’ensemencement doit être fait au printemps pour tous les types de sols, qui doivent être bien drainés et avoir un pH entre 6 et 6,5. Les semis peuvent être faits avec un semoir à semis direct avec boîte à brome. Les graminées et l’avoine pourront être récoltées en vert comme un ensilage d’herbe, au stade pâteux du grain de l’avoine. Pour obtenir des conseils sur la conception, l’ensemencement et la gestion d’une bande végétative filtrante, veuillez communiquer avec le conseiller en productions animales du MAPAQ de votre région ou avec votre conseiller Bovi-Expert. Restez à l’affût, car le nouveau Guide des aménagements alternatifs en production bovine sortira bientôt. Il contiendra des informations détaillées sur les bandes végétatives filtrantes.